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Apocalypse Now • Salâh & Eoghan

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Anonymous
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Mer 23 Juin - 23:39 (#)


I will fall for you.

Octobre 2020.

« Je ne saurais dire si j'aime cette saison, Eoghan. »
La mélancolie de l'automne avait en effet supplanté l'enthousiasme estival, et tout autour d'eux, tandis que la voiture avalait l'asphalte à une vitesse largement supérieure à la limite autorisée, la nature fanait. Les nuits s'allongeaient paresseusement, un confort non négligeable pour l'Immortel. A l'intérieur de l'habitacle, l'atmosphère climatisé était tout à fait respirable ; un jazz discret rythmait les cinq heures de route qu'ils affrontaient pour rallier Shreveport à la Nouvelle-Orléans. L'Oriental avait même poussé le vice jusqu'à confectionner ces mêmes pâtisseries qu'il avait offertes à la jeune Fadia, quelques mois plus tôt : des baklavas à l'amande et à la fleur d'oranger, désormais coutumier de la cuisine du sorcier. Avec régularité, ses phalanges pianotaient le volant lorsque la musique lui plaisait. Ils parlaient peu désormais, la plus grosse portion de route délaissée derrière eux, lointain souvenir de ce qui leur apparaîtrait peut-être bientôt comme un Eldorado regretté.
« J'aime le renouveau que ce cycle m'inspire, cet éternel recommencement ; l'équilibre me rassure, quelque part. La Nature, tout comme moi, est une donnée inaltérable de l'univers. Mais moi, je ne fane pas. Je ne me décompose pas pour redonner la vie, ailleurs, autrement. »
Il n'attendait pas de réponse véritable de la part de l'arcaniste, perdu dans ses propres divagations qui, il l'espérait, altéreraient quelque peu la nervosité de son passager. Car l'humour trouble d'Eoghan emplissait ses narines comme sa poitrine depuis qu'il lui avait annoncé, deux nuits plus tôt, que Salâh ad-Dîn Amjad avait formulé le désir aussi officiel qu'impérieux de le rencontrer à la Nouvelle-Orléans.

Étonnamment, il éprouvait assez peu d'appréhension à l'égard de cette rencontre, qu'il aurait pourtant toutes les raisons du monde de redouter. Mais la stabilité de sa relation avec le sorcier, tout comme les retrouvailles récentes avec son Sire, lui inspiraient une confiance presque délirante. Car il était intimement persuadé que la convergence des destinées opérerait le lendemain, dans la Ville de Mardi Gras, un univers qu'il avait hâte de découvrir en compagnie de son acolyte, n'ayant que trop peu eu l'occasion d'y flâner avec son Sire, que la paranoïa maintenait dans un état d'hyper-vigilance constant. Et lui assurer qu'il y avait probablement peu de chance pour qu'Aliénor Bellovaque traîne ses escarpins jusqu'à la métropole bariolée n'avait en rien amélioré son humeur, la simple évocation de ce nom engendrant les pires tumultes chez l'Oriental trahi.
Alors, pour dérider son compagnon, il se surprend à faire la conversation, à remarquer un détail dans l'évolution du paysage, à lui parler de ce qu'il avait entrevu à la Nouvelle-Orléans lors de sa première visite le mois dernier, à évoquer son impatience à arpenter les quartiers colorés et gorgés d'odeurs et de musique à ses côtés.
Mais Eoghan n'était pas dupe : la légèreté apparente de la conversation ne servait qu'à le détourner de sa préoccupation première.

Un regard vers le chemin bleu du GPS de son acolyte l'informe qu'ils atteindront leur destination d'ici plusieurs dizaines de kilomètres. Après concertation, ils avaient pris la décision conjointe d'effectuer le voyage la veille de l'entretien si redouté, afin de ne pas amputer cette nuit si importante. Et puisque son Sire l'avait missionné de lui ramener le sorcier jusqu'à l'une de ses nombreuses planques, où il ruminait et préparait sa vengeance envers celle qui n'aspirait qu'à la Chute du Maître, il avait même pris l'initiative de prendre le volant. Pour le ménager. Pour lui permettre de relâcher la pression et de se laisser porter. Mais à en juger par l'inconfort évident d'Eoghan Underwood sur le siège passager, l'Immortel avait fini par remettre en question certaines de ses décisions.

Inquiet, il opte alors pour un revirement d'attitude et décide plutôt d'aborder le vif du sujet, bien conscient que les discussions sur les saisons et la flore locale ne bernaient nullement le natif de Louisiane.
« Eoghan ? »
Ses prunelles d'ambre se décrochent sans hésiter de la route, un geste qu'il exécute un peu trop souvent.
« S'Il t'a convoqué, c'est qu'Il est prêt à te rencontrer. Je ne peux affirmer qu'Il n'aura aucune parole fâcheuse, car Il se doute bien que toi et moi… enfin, tu sais. »
Ce qui s'apparente à un sourire trouble un court instant sa fossette, avant de disparaître tout aussitôt. Illusion fugace d'un bonheur indicible, lorsqu'il songe à la simplicité que leur relation avait épousé, depuis qu'il avait cessé de jouer de sa supériorité vampirique sur l'arcaniste.
« Mais je suis certain qu'Il sera très intéressé par toi, par tes pouvoirs, même si tu n'es pas un sorcier noir. Et puis, Il désire avant tout s'entretenir avec toi à propos d'un rapprochement entre l'Irae et lui. Tu n'as pas à t'en faire. Il n'a aucune raison de se montrer intimidant avec toi. Et puis… »
Dans l'obscurité de l'habitacle, ses phalanges intactes se nouent à leurs jumelles, dans une promesse qu'il lui formule en un murmure serein.
« Je serai là. »

Il ne songe pas aux menaces que Salâh ad-Dîn profère parfois, dans un élan d'emportement. Ni à sa requête explicite, proférée après un énième échange autour de la personne d'Eoghan.
« Yago, je ne suis pas idiot. Quelques écarts, je peux les tolérer. Mais si une récurrence s'instaure, il te faudra choisir. Et limiter les entrevues avec ton… ami… à ce qu'elles se doivent d'être, c'est à dire : de l'amitié. »
Et s'il n'y pensait jamais avec lucidité, le souvenir des paroles de son Sire solidement enlisé sous un déni protecteur, à la lisière de sa conscience, ses visites chez le sorcier s'étaient toutefois considérablement espacées. Même si les discussions n'avaient cessé de les lier, depuis le mois dernier, les gestes s'étaient raréfiés. L'affection ne transparaissait presque plus que dans les mots qu'il avait à l'égard du sorcier, car les rapprochements tactiles avaient presque tous été proscrits par l'Immortel, dans cette éternelle crainte que le moindre indice olfactif ne déclenche l'ire de son Sire. Et si les entrevues avec ce dernier demeuraient pour l'heure épisodiques, l'imprévisibilité de Salâh ad-Dîn impactait indubitablement le comportement de l'Infant. L'échine moins franche, les prunelles plus agitées, la crainte au bout des doigts lorsque le désir les animait.
Il ne dupait personne, faussement confiant dans l'habitacle de cette énième voiture volée : au fond de lui, il était tiraillé entre la peur de décevoir son Créateur, et celle de briser ou ne serait-ce qu'altérer l'intensité de son lien avec le sorcier. Et à force de jouer sur les deux tableaux, il savait qu'il risquait gros.
Alors il n'y pense pas. Il oublie. Pire, il reporte ses propres angoisses sur le sorcier qu'il a le culot de questionner, incapable de s'avouer à lui-même qu'il n'avait aucune assurance quant au déroulé de cette rencontre.
« De quoi as-tu peur, Eoghan ? »
Son esprit frôle le sien, probablement le rapprochement le plus intime qu'il lui ait offert durant ces quatre dernières semaines, pour le rassurer et renouveler la promesse de sa proximité à ses côtés. Quoi qu'il en coûtera.
Je serai là. Il ne t'arrivera rien. Pas en ma présence.

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ADMIN ۰ Se faire péter la vitrine : bien plus qu'un métier, une passion. Featuring : Dramaking
Eoghan Underwood
Eoghan Underwood
ADMIN ۰ Se faire péter la vitrine : bien plus qu'un métier, une passion. Featuring : Dramaking
⛤ SMALLTOWN BOY ⛤

Apocalypse Now • Salâh & Eoghan 1E5CfUE Apocalypse Now • Salâh & Eoghan AoZyjkn Apocalypse Now • Salâh & Eoghan BvRyGpi

"This is not the right way."

En un mot : Sorcier venimeux ondulé de la toiture. Gosse du bayou.
Qui es-tu ? :
"Let it spread like a disease."

⛤ Maître des arcanes, sorcier à l'essence écarlate. 37 ans de vice (et râles) et de chair corrompue. Manipulateur d'hormones, télépathe patenté.
⛤ Second, bras droit de Circé van derr Ven dans la secte de l'Irae. S'y démarque pour sa loyauté ciselée par les griffes de Morgan Leroy (missing). Mais les failles perlent.
⛤ Incube de Louisiane ; fils de ces terres marécageuses, du bayou poisseux et des routes cahoteuses. Né à Bâton-Rouge, n'a connu que Shreveport et les frontières de son État.
⛤ Né seul homme dans la famille des sorcières irlandaises Mulligan. Privé de père (tué) par la harpie noire : élevé par Sylia Mulligan, descendant du Rouge de sa grand-mère Julianna.
⛤ Cauchemar des femmes ; nourrit sa magie (Rougeoyante) des hormones sexuelles de ses partenaires, ainsi que des émotions primaires.
⛤ Traître à ses passions, criminel et meurtrier de Johanna Andros (missing). Pourfendeur d'amitiés, éternel débiteur, clébard soumis à ses attaches.
⛤ Ne vit que pour les Mardi-Gras de New Orleans ; caresse le rêve de s'y installer un jour dans son propre "shotgun", malgré le fantôme de Katrina.
⛤ Mystique, déchiré entre deux hommes : partagé entre le sorcier et l'humain, entre la sagesse et une ire destructrice. Le latin s'efface sans mal sous l'accent du Sud, coriace sous sa langue.
⛤ Commerçant du Downtown (Crawling life), antre de ses serpents vénérés, lézards et autres reptiles, dont il cède les corps, les soins et les cages de verre.
⛤ Pratique à l'arrière de sa boutique, dans un laboratoire farouchement défendu et protégé par les runes. Recèle secrets et savoirs, expérimentations douteuses et dangereuses.
⛤ Mauvais mentor. L'une de ses apprenties en a subi les conséquences. Guide de Morgane Wuntherson et d'Halina Meyer. Meilleur ami indigne de Vinzent Henkermann et cousin de Shannon Mulligan.
⛤ Pacte tissé avec Scox : Prince démon s'étant dissimulé derrière les brumes de Baal. Immortalité odieusement acquise, âme vouée à obéir et marcher aux côtés des Antiques.
38 ans d'âge réel ; 36 ans d'apparence.

⛤ ENAE VOLARE MEZZO ⛤

Apocalypse Now • Salâh & Eoghan KOVXegv Apocalypse Now • Salâh & Eoghan WZKlL7H Apocalypse Now • Salâh & Eoghan J8B1rxa

"I put a spell on you."

Facultés : ⛤ La Rougeoyante s'infiltre dans les corps et y bouleverse les hormones ; flèche apollonide : distille poison, fléau, mort, mais aussi fièvre rouge saphique. Chaos total.
⛤ Télépathe raisonnable : ne s'infiltre de préférence que dans les esprits des humains misérables. Capable de communiquer en pensée avec quiconque lui ouvre les grilles de son esprit. Savant fou ; capable désormais de connecter sa psyché aux êtres muets, cobras et crotales comme cobayes, corbeaux et autres créatures rampantes.
⛤ Herboriste né, sa maîtrise des potions n'a d'égale que celle de son mentor maternel. Capable d'élaborer des philtres complexes ; créateur infatigable de breuvages en tous genres.
⛤ La Rougeoyante se défend et protège son hôte plus férocement qu'elle n'attaque : limitée par la nécessité d'un contact physique. Sorcier doué au corps-à-corps, secondé par son aisance au maniement d'athamés et autres lames rituelles.
⛤ Chercheur d'artefacts, quémandé des Longue-Vies : détisseur de leurs malédictions et autres mauvais sorts.
Thème : The Way ⛤ Zack Hemsey.
Apocalypse Now • Salâh & Eoghan KL9jJO9
⛤ VENGEANCE ⛤

Apocalypse Now • Salâh & Eoghan ZfHtADc Apocalypse Now • Salâh & Eoghan Jq60QrG Apocalypse Now • Salâh & Eoghan MaP8TbX

"Before I die alone."

Apocalypse Now • Salâh & Eoghan GIeraGW
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Crédits : Lune noire (ava') ; Amiante (signa')
Lun 12 Juil - 1:50 (#)


Red Swan
Il n’avait jamais roulé de nuit ainsi. Pas pour se rendre dans la ville qu’il aimait le plus au monde. Ils avaient toujours pris la route à l’aube, profitant de la lumière du jour ; soleil éclatant, chaleur incroyable ou averses torrentielles. Ainsi, il peinait à réaliser que le siège sur lequel il était assis n’appartenait pas à son pick-up. Exactement comme il peinait à croire qu’il ne conduisait pas, se tournant les pouces nerveusement – et passant surtout ses nerfs sur un élastique qui ne tiendrait probablement pas le coup d'ici à ce qu’ils ne soient arrivés. Son sac était à l’arrière. Des affaires pour quelques jours. À l’intérieur, il y avait entreposé certains de ses vêtements les plus coûteux, et ce avec une telle délicatesse, une telle méticulosité, que même Sylia en aurait été surprise. Il ne cessait, stupidement, de passer et repasser dans sa tête la vision de lui-même habillé comme il l’avait prévu. Bien sûr, il n’en avait pas parlé à Yago. Il refusait de passer pour un imbécile nerveux. Il conserverait toujours cette fierté propre aux miséreux, à la basse classe moyenne. Il savait qu’il ne serait jamais aussi élégant que l’homme qui conduisait près de lui. L’hébreu avait une « race » que lui ne possédait pas. C’était cela, son don inné. Cette manière de marcher avec une souplesse perpétuelle, aérienne. Il lui rappelait Lilas, en cela. Quelque chose se froissa en lui, à cette pensée. Lilas lui manquait, et son aura, son rire stupide et jusqu’à ses remarques plus ou moins pertinentes avaient laissé une béance que les mois ne parvenaient toujours pas à combler, presque un an plus tard. Quant à Vinzent… Il remua sur son assise, jusqu’à coincer le talon de sa ranger fatiguée contre le faux cuir. Sa jambe reposant contre la portière, il posa son coude sur une cuisse à portée et retint un soupir. D’ordinaire, voyager jusqu’à New Orleans le comblait de joie, d’une euphorie impossible à effacer. Même les trajets effectués pour le compte de l’Irae, autrefois, n’avaient pas réussi à tuer ce plaisir éternel de convoler vers sa ville phare. Aujourd’hui toutefois, tout était différent. Il n’était pas retourné là-bas depuis le nouvel an 2020, étrange nuit l’ayant vu se perdre à divers degrés, point final d’une année terrible, majuscule d’une autre, plus morale. Le temps filait à une vitesse ahurissante, exactement comme la bagnole dont les excès ne lui inspiraient nulle peur. Il faisait confiance à Yago, et le nombre ridiculement faible de véhicules croisant leur route y était aussi pour beaucoup.
Ce dernier se mit à gloser sur à peu près tout et n’importe quoi, ce qui tira un vague sourire à l’arcaniste. Jolie tentative, pensa-t-il. L’élastique claqua discrètement entre ses phalanges occupées. Il ne cessait de faire rouler le plastique le long de ses articulations, observant la matière s’étirer, se distendre, menacer de céder pour mieux reprendre sa forme originelle, ou presque. Il songea avec dépit que pour une première fois à New Orleans avec son amant infernal, il aurait préféré éviter d’avoir à rencontrer l’homme dont l’ombre planait sur sa vie depuis des années maintenant. À cette idée, il sentit son estomac se nouer, et dut inspirer profondément pour contenir une nausée de stress. Il avait rarement connu l’immortel aussi bavard. Admirant ses efforts, il demeura pendant un long moment incapable de répondre autrement que par un borborygme incompréhensible, un hochement de tête plutôt vague ou un sourire amusé, irrépressible. Lorsque Yago mit les pieds dans le plat en abordant frontalement le sujet responsable de sa tension, il s’en voulut aussitôt. Il ne voulait pas prendre les traits d’un lâche à ses yeux, et il baissa les siens vers leurs mains entremêlées. Cette vision parvenait à le surprendre encore, tant il ne s’était jamais fait à cette relation profonde, faite de respect, d’une affection intarissable et de secrets inavoués qui, jour après jour, cimentaient davantage les bases de leur duo improbable. Il rendit l’étreinte, gentiment, pressant les doigts frais de l’Oriental. Ce genre d’attentions avait toujours été mesuré entre eux deux, mais depuis quelques semaines, le Caïnite faisait preuve d’une réserve, d’une distance qu’il n’était pas sûr de comprendre ni de bien accepter. Il ne pouvait rester muré dans le silence plus longtemps. Ses prunelles se reportèrent sur la nuit dehors. Pas si sombre.

Il murmura. « C’est la pleine lune… je n’avais même pas remarqué. » Sa nuque reposa pleinement contre l’appuie-tête. « L’automne est la meilleure saison, en Louisiane. La plus belle. C’est avant que tout ne refroidisse, mais après les chaleurs les plus insupportables. C’est vraiment un chouette moment. Les bayous sont très beaux, en automne. » Il fit défiler sous son crâne les souvenirs de pêche, de promenades et de cueillettes auprès de Bob et des autres. L’automne avait toujours compté comme sa saison préférée. Celle qui l’avait le plus comblé d’espoir, et le moins déçu. Celle qui l’avait fait le moins souffrir, la plupart des années. Il ne savait quoi répondre au positionnement étrange mais compréhensible de Yago sur la question. Alors il se contenta de reprendre, soufflant : « Et puis après, les serpents filent hiberner. » Tout en mordillant nerveusement sa lèvre inférieure, légèrement gercée – bien davantage des conséquences de son stress que d’un excès de baisers –, il se détacha gentiment de lui pour recommencer à asticoter son élastique. « Tu es moins venu, ces temps-ci. Ça a un rapport avec lui ? » Pas vraiment de reproche. Après tout, le temps était loin qui voyait Yago s’absenter parfois pendant des mois, une véritable éternité, sans lui donner la moindre nouvelle. Peut-être s’était-il justement fait à ce nouveau traitement de faveur, cette présence quasi-constante depuis son plein retour. « J’ai envie de croire que tout se passera bien, mais je ne peux pas. Ce n’est pas que je ne me fie pas à ton jugement, mais je ne le connais pas. Et chaque fois que tu m’as parlé de lui, j’ai eu… je pense que j’ai eu peur de l’image que je m’en faisais. Il me rappelle Morgan Leroy. » Le parallèle était d’autant plus aisé à effectuer en raison du type de magie autrefois maîtrisée par Salâh ad-Dîn Amjad. Quant au fantôme du prédicateur, lui aussi planait sur ses jours et ses nuits. Il avait passé l’entièreté de son existence sous la coupe d’hommes comme eux. Il n’était plus certain de pouvoir encaisser cette forme d’autoritarisme planquant les affres d’une folie qui n’avait rien de doux. Et puis, il y avait l’endoctrinement. Si Salâh était le sire de Yago, comment ce dernier pouvait-il en parler avec l’objectivité nécessaire ? Autant demander à Alessio Davis de brosser un tableau juste et soumis à critères vérifiés au sujet de l’ancien gourou de l’Irae. « Tu m’as tellement prévenu. Tellement averti, le concernant. Je ne peux pas oublier ça. » Il n’avait pas l’impression de marcher vers sa mort. Pourtant, son instinct lui disait qu’il ne s’en sortirait peut-être pas sans dommages. « Je ne sais même pas si c’est une bonne chose… qu’il soit intéressé par moi et par mes dons. Mais oui, j’imagine que si on s’en tient aux rapports entre vous et l’Irae… » Bien que cela non plus ne le comblait pas d’aise. Il se sentait déchiré, contrarié par ce qu’il s’était produit dans le clan vampirique. Ce coup d’État qui avait tué les uns, séparés les autres, le positionnait malgré lui sur un échiquier duquel il aurait préféré fuir, fuir sans se retourner. Par ailleurs, c’était sans compter l’opinion de Circé…

« Je serai là. »

L’élastique se tendit.
Se distendit.
Claqua, puis reprit sa forme habituelle.

« J’aurais préféré te montrer New Orleans autrement. » Dès qu’il mentionna les deux mots avec sa déférence habituelle, son cœur s’allégea un tant soit peu. Il s’efforça de lui sourire avec plus de conviction. « Mais je suis content qu’on dorme dans le French Quarter, en tout cas. D’habitude je préfère loger en-dehors de la ville, mais là… ça change. »

Ils approchaient. De loin, les immeubles, les ponts, la vie de la ville côtière leur apparurent. Il se redressa imperceptiblement, tout en demeurant confortablement calé. Il savoura l’instant, mettant de côté Salâh et tout sujet fâcheux pour reprendre : « C’est… c’est vraiment le plus bel endroit que je connaisse, tu sais. »

Là était son rêve. Le seul qu’il caressait encore avec un besoin tel qu’il l’avait compris immortel, lui aussi. Il ne fanerait jamais. Ne connaîtrait jamais la torsion des saisons. Depuis ses premières années, cette bulle de désir était apparue, là, et l’homme qu’il était devenu l’entretenait avec un amour déraisonnable, une foi en l’avenir bien prétentieuse, compte tenu des ennuis dont il avait pour coutume de s’embarrasser en permanence. « Je ne veux pas mourir à Shreveport. » S’entendre prononcer ces mots lui fit l’effet d’un électrochoc. Depuis la mort de Johanna, il voyageait sans compagnie, vers cet éden convoité. Plus de réflexions communes, de discussions interminables sur le charme de la région, ses mystères. Ses réflexions et son opinion, il avait fini par les garder pour lui, sa passion uniquement trahie, rendue perceptible par une profusion de signes plus ou moins discrets. « Je veux mourir à New Orleans. Je veux être enterré là-bas. Dans l’un des cimetières Lafayette. » Malgré ce testament macabre, verbalisé si tôt, il ne ressentait pas de tristesse particulière. Même la mort lui semblait plus douce, auréolée de cette promesse ultime. Son sourire se fit même plus grand. Ses orbes un peu plus brillants, aussi. « Je ne retrouverai jamais ailleurs ce que je ressens quand je marche dans Bourbon Street. Ni la couleur du Mississippi. Les odeurs, le goût des épices. Tout est unique là-bas. New Orleans, ce n’est pas les États-Unis. Ce n’est pas l’Amérique. C’est autre chose. »

Si proche.
Si proches les tours illuminées bien plus hautes, plus nobles que celles de Shreveport.
La route, élevée haut sur le pont surplombant la cité, les fit plonger vers ce monde urbain et sauvage à la fois, cette fausse civilisation masquant un folklore inimitable entre ses rues, même jusqu’aux plus modernes. Une bouffée d'amour pur lui coupa le souffle quelques secondes durant, rendant l'émotion bouillonnante en lui, trop forte. Il étouffait, tout en exultant, comme si chaque parcelle de lui avait compris qu'il retournait aux sources. Shreveport avait beau être son foyer depuis toujours, il n'y avait qu'ici qu'il se sentait libre. Libre, sans la moindre entrave. Il ne se rendit compte qu’il pleurait en silence que lorsque les lignes noires et bleutées par millions, ponctuées des milliards de fenêtres dorées, se confondirent les unes en travers des autres, bouillie visuelle le rappelant à l'ordre.  

Clac.
Le clac final.
L’élastique retomba à son pied, vaincu par une tension trop forte, et il profita de ses mains libérées pour balayer rapidement l’iode sur son visage marbré par le choc systématiquement produit par ce fantasme qu’il espérait bien concrétiser un jour. Ils amorcèrent la descente vers Canal Street. Il renifla, un peu gêné, haussa les épaules et ne trouva finalement rien d’autre pour conclure qu’un vague :

« C’est mon anniversaire demain. Dans la nuit. »

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Louisiana Burning

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Mer 4 Aoû - 22:18 (#)


I will fall for you.

De plus en plus régulièrement, et au fur et à mesure que la discussion plongeait vers le véritable cœur de l'échange, vers une levée potentielle de la tension pesant sur l'habitacle, ses yeux quittaient le macadam de la route pour s'enquérir de l'état de son passager. Ils avaient traversé de nombreux états d'âme tous les deux, survécu à de multiples épreuves, mais il n'avait pas souvenir de l'avoir déjà vu aussi nerveux. L'élastique claque, irrégulièrement, créant une dissonance désagréable pour son ouïe hypersensible. S'il ne s'agissait pas d'Eoghan Underwood, un geste agacé et impulsif aurait probablement déjà arraché l'objet pour s'en débarrasser tout aussi sèchement. Mais l'affection qui l'unissait au sorcier l'avait assagi et apaisé, avec les années. Lorsque le Métronome le canalisait, il savait se montrer doux et compréhensif. Peut-être même se reconnectait-il, sans le savoir encore, à ce qu'il avait été autrefois. A cet homme tendre et sensible, rêveur et passionné. Un souvenir qu'il ne possédait presque plus, dont sa mémoire ne s'encombrait pas. A quoi bon ?

A sa remarque, il détache ses iris de sa silhouette pour consulter le ciel à son tour. Et comme si elle s'était dérobé à sa vue jusqu'alors, la pleine lune lui apparaît effectivement, pleine et entière, le nargue de sa superbe et surtout, de la promesse d'une remontrance.
« La pleine lune… j'avais oublié. »
Reproche retourné contre lui-même, tandis qu'il réalise qu'il a délaissé le chevet d'un Sire agonisant, pour lui préférer la compagnie de son amant durant cet étrange trajet. Trop absorbé par la nécessité de céder aux exigences de Salâh ad-Dîn et d'organiser dans la précipitation l'entrevue réclamée avec l'arcaniste, il en avait totalement omis de consulter le calendrier lunaire. Comme si les quelques mois de séparation avec le Perse avaient suffi à lui faire oublier cette nécessité pourtant criante.
Il doit fournir un effort grandiose pour ne pas exprimer son mécontentement par un signe équivoque, qui induirait le sorcier vers la piste d'un secret qu'il avait promis de taire à quiconque. Même à lui. C'est en silence qu'il prend conscience que ce manquement ne jouera peut-être pas en la faveur d'une humeur conviviale, de la part de celui qui les recevra demain.
Mais qu'importe, puisque je serai là. Je Te connais. Malgré Ton imprévisibilité. Je T'apaiserai. Je m'interposerai s'il le faut. Cette rencontre se déroulera sans heurt. Il le faut.
Une croyance aussi délirante qu'infondée, que tout esprit un tant soit peu lucide aurait pu déceler bien avant les présentations fatidiques. Mais puisqu'il était plus confortable de s'enterrer sous un déni évident, et ce malgré cette brusque prise de conscience, l'Immortel conserve le silence, se contentant de décocher un regard mauvais à cet astre qui le nargue, tout là-haut.

Ca a un rapport avec lui ?
Après tout, hiberner n'était peut-être pas si mal.
Lentement, ses épaules s'ouvrent comme si elles se préparaient à une inspiration qui ne viendra jamais. La remarque perpiscace d'Eoghan appelle une réponse qu'il lui est douloureux de fournir. Et une fois encore, s'il ne s'agissait pas de lui, probablement se serait-il retranché dans cette attitude d'éternel fuyard, pour éviter soigneusement ce qui le dépassait.
« … c'est à cause de lui, en effet. »
Et puisqu'il estimait qu'Eoghan avait le droit de savoir, il poursuit sur un ton plus bas, en proie à un malaise évident, heurté par le choix des mots qu'il s'efforce malgré tout d'utiliser. Pour lui.
« Il m'a… fait comprendre que, toi et moi… »
Il grince des dents. Il exècre cette sensation, celle de l'étau qui se resserre, de la menace latente qui plane sur son amant plutôt que sur lui-même. Car il ne connaît que trop bien la fourberie de son Créateur.
« … cela devait cesser. Je veux dire… tu sais. »
Non, il ne sait pas.
« Ce qui dépasse l'amitié, pour reprendre ses termes. »
Il réalise les conséquences de ses paroles en les prononçant, et pivote une énième fois vers le sorcier auquel il s'adresse cette fois avec plus d'assurance, comme pour contrebalancer les propos intolérables. Ceux qu'il ne parviendra jamais à assimiler.
« Que les choses soient claires, je ne veux pas cesser ce que nous vivons, toi et moi. J'aime cela, et je ne cesserai de le désirer. Tu m'entends ? Mais la période n'est pas très propice à argumenter cela avec Lui. Il est furieux, à cause d'Aliénor. Je Le connais, je préfère attendre que les choses se tassent un peu. Et Il sait, Il sait lorsque je te vois… »
Il s'arrache à son regard pour ne pas le laisser entrevoir les colères brutales de son Sire, lorsque le sujet est abordé.
Mais maintenant qu'Il t'aura rencontré… tout ira mieux.
Une certitude insensée dont il s'abrutit et dont il inonde son compagnon, incapable d'accepter un possible déchirement, ou privation de cette relation qu'il lui est devenu bien plus que bénéfique : indispensable. L’Évidence. L'Inaltérable.

La ville les inonde de cette chaleur étrange, de cette convivialité accueillante qu'il n'a jamais trouvée à Shreveport. Si les États-Unis figurent aisément parmi les pays qu'il apprécie le moins, il se doit de reconnaître que l'ambiance de la Nouvelle-Orléans avait particulièrement retenu son attention, lorsqu'il était venu rendre visite à son Sire le mois précédent. Écouter Eoghan en parler comme de son premier amour l'emplit d'une joie teintée de mélancolie, tandis qu'il ne peut s'empêcher d'entendre l'écho avec le berceau de sa vie, au travers des mots employés, et ce malgré la pudeur.
« C'est ta Jérusalem, n'est-ce pas ? »
Le plus bel endroit qu'il connaissait. Cela suffisait à renforcer son envie de parcourir la ville en sa compagnie, de découvrir cette culture, cette étrangeté parmi la Louisiane. Ce havre de paix auquel le sorcier aspirait, même après la mort. Surpris par cette révélation, il prend le temps de l'écouter s'imprégner en lui, d'entendre ce souhait criant, exigence anticipée d'une idée qui le révulse : la possible finitude d'Eoghan Underwood. Une pensée qui l'achèverait, s'il la laissait le submerger. Alors il la refoule, comme tant d'autres, aux confins de sa conscience.
Il se contente de recueillir la confession en un murmure, et un léger hochement de tête entendu marque la promesse tacite qui enfle déjà dans son esprit dérangé.
« Je comprends. »
Plus que tout au monde, il aurait ardemment désiré mourir et être enterré dans la ville sainte, lui aussi. Sinistre parallèle entre ce destin inaccessible, et le désir macabre d'Eoghan Underwood, auquel il se jure en silence de subvenir.
Je t'y assassinerai et t'y enterrerai moi-même.

Sensible à l'émotion qui émanait du sorcier par ses retrouvailles avec la ville-monde, il détourne le regard avec pudeur lorsque cette émotion déborde et barbouille le visage de son compagnon. Il ne cherche nullement à le consoler, conscient qu'Eoghan n'a besoin d'aucun réconfort : seulement de savourer et d'entamer à nouveau cette fusion avec son futur tombeau, à l'endroit précis où il retournerait au Grand Tout, au crépuscule de sa vie humaine.
La voiture s'engouffre dans le French Quarter, ralentissant l'allure tandis qu'il tâche de décrypter les noms des rues ainsi que les numéros inscrits sur les façades des bâtiments, afin de dénicher le motel modeste où ils passeront la nuit, avant de rejoindre Salâh ad-Dîn le lendemain. Les bruissements et les odeurs de la ville l'appellent, mais il ne cèdera pas cette nuit. Les enjeux étaient trop grands, trop oppressants. La ville attendrait. Demain.

Ce n'est qu'une fois garés devant l'établissement qu'il prend le temps de se tourner vers lui et de lui certifier avec une fermeté presque autoritaire, comme vexé que le sorcier ait pu envisager un oubli de sa part.
« Je sais que c'est ton anniversaire demain, Eoghan. »
Les sourcils se froncent légèrement, courroucés, mais se détendent bien vite à la perspective de passer la nuit avec l'arcaniste, dans cet endroit si important pour lui, en ce jour si particulier.
« Et je suis heureux que tu le passes avec moi, et pas avec une de ces Elles acariâtres. »
Une complicité noue le céruléen et l'ambre, avant que son regard ne migre indubitablement vers cette bouche convoitée. Un infime mouvement l'attire vers le sorcier, comme animé par des fils invisibles, mais il détourne finalement le regard de la tentation, la nuque piquée par l'interdit encore trop vif. Pas encore. Pas maintenant. Sa main amputée déverrouille alors la portière et il s'extirpe du véhicule, jette son sac sur le dos puis attend le natif pour cheminer en sa compagnie jusqu'à l'accueil. Sobrement, il réclame les clés de la chambre qu'il a réservée pour eux deux, tâchant de ne pas promener son regard sur les murs et la décoration des lieux. Les odeurs diffèrent, tout comme l'éclairage, mais il sait que s'il s'attarde sur certains détails, le souvenir du lieu dérobé et revendiqué par Aliénor flotterait à nouveau dans sa conscience. Et c'était la dernière chose qu'il souhaitait cette nuit.

Les yeux rivés aux quelques marches qu'ils gravissent pour atteindre leur chambre à l'extrémité de la rangée, il déverrouille la porte et entre le premier dans une habitation sommaire, à la décoration minimaliste mais trahissant son emplacement géographique. Un long cadre surmonte la tête de lit, simple photographie plongeante de Bourbon Street, et réchauffe la pièce de ses couleurs chatoyantes et dynamiques.
« Welcome home. »
D'un geste furtif, il abandonne son sac au pied du matelas et entreprend de découvrir olfactivement les lieux, et une grimace agite parfois ses narines frémissantes lorsqu'il découvre la présence trop marquée d'un produit d'entretien, ou le souvenir de la nuit mouvementée du couple précédent.
« Béni soit ton odorat humain… »
Son nez se fronce légèrement lorsqu'il passe la main sur un morceau de tapisserie à moitié arraché, quelques centimètres carrés uniquement mais qui suffisent à faire claquer sa langue contre son palais.
« Je suppose que cela conviendra pour cette nuit. Tu es fatigué ? »
Il abandonne son exploration et pivote vers lui, attentif à ses réactions, au moindre signe trahissant un potentiel épuisement qu'il guette, voire qu'il espère. Une réponse affirmative écarterait toute possibilité d'un rapprochement charnel, et par conséquent tout risque de transgresser à cette règle douloureuse mais salvatrice qu'il s'était fixé, malgré sa cruauté. Pas avant de L'avoir vu.
« Je ne t'en tiendrai pas rigueur, si tu t'endors avant moi. »
Avec inquiétude, il considère l'étroitesse du lit, qui le ramène immanquablement à l'étroitesse des hanches d'Eoghan Underwood. Les paupières s'affaissent et les lèvres se pressent l'une contre l'autre, ultimes remparts entre sa volonté émiettée et l'objet de son désir.
« Hum. »
En proie à une gêne palpable, il s'efforce de se détacher de ces considérations incohérentes avec sa nature, et loge à nouveau ses prunelles dans celles du sorcier pour le questionner.
« Comment désires-tu célébrer ton anniversaire, demain ? »

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ADMIN ۰ Se faire péter la vitrine : bien plus qu'un métier, une passion. Featuring : Dramaking
Eoghan Underwood
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"This is not the right way."

En un mot : Sorcier venimeux ondulé de la toiture. Gosse du bayou.
Qui es-tu ? :
"Let it spread like a disease."

⛤ Maître des arcanes, sorcier à l'essence écarlate. 37 ans de vice (et râles) et de chair corrompue. Manipulateur d'hormones, télépathe patenté.
⛤ Second, bras droit de Circé van derr Ven dans la secte de l'Irae. S'y démarque pour sa loyauté ciselée par les griffes de Morgan Leroy (missing). Mais les failles perlent.
⛤ Incube de Louisiane ; fils de ces terres marécageuses, du bayou poisseux et des routes cahoteuses. Né à Bâton-Rouge, n'a connu que Shreveport et les frontières de son État.
⛤ Né seul homme dans la famille des sorcières irlandaises Mulligan. Privé de père (tué) par la harpie noire : élevé par Sylia Mulligan, descendant du Rouge de sa grand-mère Julianna.
⛤ Cauchemar des femmes ; nourrit sa magie (Rougeoyante) des hormones sexuelles de ses partenaires, ainsi que des émotions primaires.
⛤ Traître à ses passions, criminel et meurtrier de Johanna Andros (missing). Pourfendeur d'amitiés, éternel débiteur, clébard soumis à ses attaches.
⛤ Ne vit que pour les Mardi-Gras de New Orleans ; caresse le rêve de s'y installer un jour dans son propre "shotgun", malgré le fantôme de Katrina.
⛤ Mystique, déchiré entre deux hommes : partagé entre le sorcier et l'humain, entre la sagesse et une ire destructrice. Le latin s'efface sans mal sous l'accent du Sud, coriace sous sa langue.
⛤ Commerçant du Downtown (Crawling life), antre de ses serpents vénérés, lézards et autres reptiles, dont il cède les corps, les soins et les cages de verre.
⛤ Pratique à l'arrière de sa boutique, dans un laboratoire farouchement défendu et protégé par les runes. Recèle secrets et savoirs, expérimentations douteuses et dangereuses.
⛤ Mauvais mentor. L'une de ses apprenties en a subi les conséquences. Guide de Morgane Wuntherson et d'Halina Meyer. Meilleur ami indigne de Vinzent Henkermann et cousin de Shannon Mulligan.
⛤ Pacte tissé avec Scox : Prince démon s'étant dissimulé derrière les brumes de Baal. Immortalité odieusement acquise, âme vouée à obéir et marcher aux côtés des Antiques.
38 ans d'âge réel ; 36 ans d'apparence.

⛤ ENAE VOLARE MEZZO ⛤

Apocalypse Now • Salâh & Eoghan KOVXegv Apocalypse Now • Salâh & Eoghan WZKlL7H Apocalypse Now • Salâh & Eoghan J8B1rxa

"I put a spell on you."

Facultés : ⛤ La Rougeoyante s'infiltre dans les corps et y bouleverse les hormones ; flèche apollonide : distille poison, fléau, mort, mais aussi fièvre rouge saphique. Chaos total.
⛤ Télépathe raisonnable : ne s'infiltre de préférence que dans les esprits des humains misérables. Capable de communiquer en pensée avec quiconque lui ouvre les grilles de son esprit. Savant fou ; capable désormais de connecter sa psyché aux êtres muets, cobras et crotales comme cobayes, corbeaux et autres créatures rampantes.
⛤ Herboriste né, sa maîtrise des potions n'a d'égale que celle de son mentor maternel. Capable d'élaborer des philtres complexes ; créateur infatigable de breuvages en tous genres.
⛤ La Rougeoyante se défend et protège son hôte plus férocement qu'elle n'attaque : limitée par la nécessité d'un contact physique. Sorcier doué au corps-à-corps, secondé par son aisance au maniement d'athamés et autres lames rituelles.
⛤ Chercheur d'artefacts, quémandé des Longue-Vies : détisseur de leurs malédictions et autres mauvais sorts.
Thème : The Way ⛤ Zack Hemsey.
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"Before I die alone."

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Mer 18 Aoû - 1:43 (#)


Red Swan
Ils n’étaient pas dans leur état normal. Yago semblait préoccupé, bien moins léger qu’à l’ordinaire. Cela, le sorcier près de lui ne pouvait faire autrement que de le remarquer, même s’il ne respirait pas les émotions habituellement dégagées par les vivants. Il trouva étrange de le voir rebondir quant à la pleine lune remarquée, mais ce n’était pas assez frappant pour l’inciter à l’interroger sur ces quelques mots chuchotés avec ce qui ressemblait à une vague inquiétude. Le reste lui était bien plus douloureux. Sans mot dire, les muqueuses légèrement irritées par le sel de l’iode, il absorba en lui-même, longuement, les sentences émanant du Sire. Il les voyait comme autant de punitions venant sanctionner plusieurs années d’une relation à la fois intime, préservée et secrète. Il avait estimé que personne, pas même Salâh ad-Dîn, n’avait son mot à dire dans tout cela. Après tout, il s’était délié des jugements de ses proches. Il ne leur avait donné aucune prise, avait découragé toute tentative de le ramener à la raison, comme les bonnes âmes le pensaient nécessaire. Sa décision était prise. C’était à lui de décider le cours que prenait son existence, et sa conviction était renforcée par plusieurs mois d’une introspection portant peu à peu ses fruits. La déception l’envahit, un sentiment de plus venant se joindre à la boule emprisonnant les autres, culbutant douloureusement dans sa poitrine. Elle le rendit muet, et le poussa à s’abîmer dans la contemplation des immeubles de Canal Street, pour oublier l’espace de quelques instants que même Yago, peut-être, ne pourrait lui permettre de goûter à cet absolu ardemment désiré. Il était seul. Seul, dans l’habitacle partagé avec un vampire qui ne se souviendrait plus des traits de son visage, une fois quelques siècles écoulés. Son orgueil, il devait le tamiser. Il l’avait souvent fait, avec lui. Il pourrait probablement le faire une fois de plus. L’élastique n’était pas prêt à casser, ici. Pourtant, l’amertume était palpable. Il ne lui ferait pas de scène. Il ne provoquerait pas une dispute. Il se contenta de protéger ce qui ressemblait moins à du ressentiment qu’à une peine profonde, un dégoût profond tourné à son propre endroit. Il se maudissait de cultiver encore, à son âge, des idéaux aussi risibles que ceux de partager une vision unique, similaire, de cette relation chaotique qu’ils avaient réussi à mener jusqu’à présent. Yago freinait des talons. En se pliant à cette hiérarchie vampirique à laquelle il ne devait rien, il tournait en partie le dos à cette folie qu’ils avaient construite puis entretenue ensemble. Il s’en remettrait, mais le constat était rude. Il sentit son amant se tourner vers lui pour le rassurer. Il n’écoutait qu’à peine, acquiesçant cependant poliment pour ne pas lui donner l’impression de l’ignorer. Il ne voulait pas le regarder. Il préférait observer sa ville. Celle qui ne le décevrait jamais, elle.

Ils se ressemblaient.
Tous deux vivaient le même chant du cygne.
Ils se comprenaient.
Il l’aimait, et à sa façon, la ville l’aimait en retour.
Elle l’avait protégé des pires rencontres qu’il aurait pu faire dans le Quartier français alors qu'il se trouvait dans des états seconds.
Elle l’avait protégé des fusillades, des vols à main armée, des visages agressifs de cette pauvreté défiant tous ceux qui survivaient à peine mieux qu’eux.
Elle l’avait protégé, en toutes circonstances, et il savait que son âme ne serait pas complète – déjà morcelée – tant qu’il n’aurait pas posé ses bagages entre ses murs. Il guérirait. Lorsque Yago finirait par partir, retourner en Orient ou se lasser de lui, il guérirait grâce à New Orleans.  

Avec un temps de retard, imprégné d’un commentaire qu’il trouvait juste et flatteur, compte tenu de l’amour de l’horloger pour sa contrée natale, il finit par souffler.

« Oui. C’est ma Jérusalem. »

Il soupira lorsque le véhicule s’arrêta, ne prenant pas ombrage de la vexation de son compagnon, et se gardant bien de lui rappeler que ce serait bien une première, que le Longue-Vie ait gardé à vue une ligne temporelle suffisamment fiable pour ne pas avoir oublié ce détail pourtant insignifiant, à bien y regarder. Il lui sourit, touché par cette attention révélatrice de leur évolution, pourtant prête à se fracasser contre un mur. Il crut à un baiser qui ne vint pas, et il le regarda sortir le premier dans la rue éclairée par les antiques candélabres, ainsi que les flammes de quelques lumignons. Il récupéra ses affaires, adressant un coup d’œil curieux à l’hôtel comme il en figurait une poignée dans le cœur de la cité. Rien de bien luxueux, mais un charme qui lui plaisait autant que les balcons ouvragés. Comme toujours, il se sentit aussitôt à son aise en pénétrant à l’intérieur, ne jugeant ni la décoration délicieusement adéquate, lui évoquant une familiarité agréable, ni les odeurs qui ne l’offusquaient en rien. Il entra à sa suite et posa aussitôt son sac dans un coin de la chambre. Il se redressa, prit le temps de balayer la pièce des yeux, sourit en remarquant le balcon minuscule laissant tout juste la place à deux chaises et une table, et se contenta de répondre sincèrement :

« C’est parfait. »

À voir l’expression de Yago et le ton presque acerbe employé, pas besoin de dessin pour que le sorcier comprenne que l’opinion n’était pas partagée. Il haussa les épaules, sans plus désormais le perdre de vue. La nuit promettait d’être compliquée, rendue agitée par la nervosité manifeste du Caïnite. Il ne pouvait rien y faire. S’approcher, c’était prendre le risque de se faire repousser. Il n’en aurait pas le courage. Toutefois, demeurer froid et distant n’était pas non plus dans ses intentions. Il le décortiqua afin de comprendre ses réactions, de deviner ce que dissimulaient ses sous-entendus, ses silences, le vocabulaire soigneusement choisi. Il glissa ses mains dans ses poches arrière face à son manège, conservant une attitude sobre, pour sa part.

« Écoute… Si ça t’ennuie qu’on reste ensemble d’ici à l’aube, tu n’as qu’à t’en aller. Ce ne sont pas les calices potentiels qui manquent, ici, depuis la Révélation. Je ne le prendrai pas mal. » Il finit par se laisser tomber assis sur le matelas, le fixant toujours. « Et je ne suis pas incommodé par les odeurs, en effet. Les motels, les petits hôtels comme celui-ci… à moi, ça me convient très bien. Ça me sort de mon quotidien… » Salâh avait beau être absent, il le sentait là, tournoyant autour d’eux. Il ne réalisait pas encore la portée de l’interdiction. À quoi bon, sa présence ici ? Finalement, il reçut de plein fouet l’absurdité de ce voyage, de ce déplacement qui n’aurait plus aucun sens, si le duo infernal se voyait désormais emprisonné dans un rôle strictement politique, de toute façon rendu compliqué par les événements catastrophiques de Shreveport depuis un an. Il n’avait jamais fantasmé un échange extraordinaire entre Salâh et lui, mais il n’aurait jamais imaginé que la possessivité de ce dernier puisse les acculer dans une telle impasse. Évoquer son anniversaire lui parut plus ridicule encore. Il abandonna, tournant finalement la tête vers la fenêtre et la nuit illuminée des lampions disséminés dans la ruelle.

« On verra, pour mon anniversaire. Une chose à la fois. Et puis… ça ne risque pas d’être très festif, du coup, si j’comprends bien. » Il ne put s’empêcher de rajouter. « Si déjà je suis encore vivant au sortir de cette réunion de la bonne humeur, je suppose que ce sera déjà une célébration en soi. » Il ne plaisantait qu’à moitié. « Désolé de ruiner tes plans, mais je ne suis pas fatigué pour le moment. Je vais sûrement moi-même sortir. Et je peux aussi attendre que tu tombes en torpeur pour rentrer me coucher, si tu as aussi peur d’un éventuel contact physique, bien sûr. » Cette fois, le mordant de sa voix ne put rester réprimé. Il se releva d’ailleurs aussi sec, se dirigeant vers la salle de bain pour laver ses mains et rafraîchir son visage d’eau froide, évitant de découvrir son reflet. Il n’avait pas besoin de vérifier la teneur de sa lassitude, même atténuée par une ampoule jaunie et conciliante avec son apparence et ses espoirs détruits.  

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Louisiana Burning

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Jeu 19 Aoû - 18:48 (#)


I will fall for you.

L'accumulation de ses maladresses avait annihilé toute légèreté, tout comme cette confiance solide et mutuelle qu'ils avaient bâti avec le temps, et qu'il croyait inébranlable. Mais son manège ne dupait personne, ni lui-même ni Eoghan, dont il percevait le mal-être et probablement la déception, sensible plus que de raison à cet homme qui l'équilibrait. La disharmonie qu'il avait générée malgré lui crissait désagréablement à son oreille, grinçait sous son derme, et il s'en voulait de lui imposer une telle ambiance, dans cette ville qu'il savait désormais si importante pour le sorcier. Il refusait d'être cette nécrose, ce vent de tristesse et de malheur qui soufflerait dans les plaines autrefois apaisées de l'arcaniste. Mais chaque mot prononcé paraît endiguer la situation, les précipiter toujours davantage vers cette inéluctable descente aux Enfers. Il voudrait être solide pour lui, le bercer de la certitude que les choses se dérouleront le mieux du monde, que cette parenthèse un peu plus fade n'entacherait nullement l'entièreté de leur relation. Mais il peinait lui-même à croire à ce doux mensonge, trop familier de l'imprévisibilité de son Sire. Seule la pensée qu'il serait présent pour éviter une confrontation directe parvenait à ne pas le faire flancher, céder à l'angoisse de la violence d'une collision qu'il désirait éviter à tout prix. Mais il ne bernait nullement le sorcier, à s'acharner à parler de l'automne ou d'une décoration qui ne lui plaisait que moyennement, car elle lui rappelait tout ce dont il s'était privé, en quittant le motel et en refusant de rejoindre les rangs d'Aliénor.

Les remarques de son acolyte l'extirpent finalement de son mutisme, et c'est d'un claquement de langue agacé qu'il lui répond enfin, toujours debout, dans cette pièce trop petite, cette pièce qui ne peut les contenir tous deux sans risquer de commettre le blasphème.
« Ne sois pas ainsi, Eoghan… »
L'hypocrisie résonne dans toute sa carcasse poussiéreuse lorsqu'il prononce ces mots. S'ils n'avaient pas franchi le cap décisif de la réciprocité de leur relation, probablement se serait-il entêté dans cette détestable mauvaise foi qu'Aliénor lui reprochait tant. Sois un homme. Alors il s'arrache difficilement à son immobilisme, accepte son attitude inconvenable, et s'assied à son tour sur le bord du matelas aux côtés du sorcier. Il hésite une seconde, un instant de trop, à initier un contact entre eux, une goutte de temps suffisante à arracher Eoghan à cette proximité. Les prunelles d'ambre suivent le mouvement de la silhouette jusqu'à la salle de bain, tandis qu'il s'empêche cette fois de le rejoindre. Peut-être que le toucher, sans cette promesse de lui offrir une véritable étreinte, aggraverait seulement les choses.
« Je te demande pardon. »
Confortablement hors de portée de son champ visuel, il puise enfin la force de s'excuser auprès de celui qu'il sait avoir blessé.
« J'ai conscience d'être de mauvaise compagnie, ce soir. Et je sais que ce que je t'impose est cruel. »
Pour toi comme pour moi.

Les yeux baissés, il s'acharne à froisser le couvre-lit de ses doigts nerveux, à l'écoute des bruits d'eau en provenance de la salle de bain. Ses pensées s'affolent, à la recherche de celle qui leur octroierait un répit provisoire, jusqu'à la rencontre du lendemain. Il n'aspirait plus qu'à trouver les paroles les plus adéquates, celles qui les souderaient de nouveau l'un à l'autre, sans qu'il ne ressente cette criante fracture qui les tenait, pour l'heure, diamétralement opposés.
« Tu n'as pas à adapter ta soirée à ma Torpeur. Rentre quand bon te semblera. Tu es ici chez toi, tu l'as dit tout à l'heure. C'est ta ville, je ne t'imposerai rien. »
Cette promesse-là, il était en mesure de la tenir.
Attentif à toute réaction dans la pièce adjacente, il finit par se lever pour s'approcher, jusqu'à l'encadrement de la porte où il se fige pour étudier la tension entre les omoplates, écouter les soupirs de lassitude. Il hésite à réduire la distance qui les sépare encore à néant, mais choisit finalement de demeurer à sa place, par crainte que le rapprochement de trop ne l'incite à céder à l'interdit.
« Je n'ai pas peur d'un contact physique. Mais je Le connais depuis près d'un siècle. Je ne veux pas risquer d'envenimer cette rencontre entre toi et Lui à cause d'un caprice lubrique de ma part. Tu m'en tiendras rigueur si tu le souhaites. Peut-être que demain, après tout cela, tu comprendras. Je me ferai même pardonner. »
Il demeure encore un court instant à la lisière de la salle d'eau, avant de s'écarter pour migrer vers la fenêtre, à travers laquelle il contemple les cieux sombres, annonciateurs d'un chaos qu'il refuse encore d'accepter.

La proposition d'Eoghan de quitter les lieux lui traverse l'esprit. Non pas pour chasser, mais pour rendre visite à son Sire et être à son chevet, l'aider à surmonter les douleurs de la malédiction qui l'infecte chaque mois. Mais la crainte d'une réaction colérique, d'un reproche quant à son absence durant la première partie de la nuit, le tiendra à l'écart de son Créateur. Et s'éloigner d'Eoghan dans un moment si critique reviendrait à accentuer encore davantage le déséquilibre entre eux, et il refusait de prendre ce risque.
Sois un homme.
« Je ne sors pas chasser ce soir. Je me nourrirai sur toi, avant d'aller Le voir. Si tu es d'accord, bien sûr. »
Une promesse qu'il honorera. Quitte à présenter Eoghan à Salâh ad-Dîn, autant ne pas commettre l'affront de lui faire croire qu'il ne s'abreuvait jamais au cou du sorcier rouge.
Le matelas affaissé accueille de nouveau sa silhouette troublée, et il extirpe un livre de son sac de voyage, des contes et légendes hébraïques dont il s'imprègnera jusqu'à l'aube. Il retire ses chaussures et cale son dos contre les coussins, avant d'endormir sa conscience entre les lignes et les mirages orientaux.

* * *

Ils se tiennent tous deux devant la porte de la suite de Salâh ad-Dîn, dans l'hôtel luxueux pour lequel ce dernier a opté afin d'orchestrer la rencontre. Une énième excentricité que l'Infant peine toujours, malgré les décennies, à comprendre et à partager. S'il n'appréciait pas les odeurs artificielles du motel où il a séjourné avec Eoghan, il ne se sent pas plus à l'aise dans cet endroit richement décoré, dont l'opulence l'oppresse plus que ne l'encourage. Mais porté par ce désir toujours constant de rassurer le sorcier présent à ses côtés, son faciès n'arbore aucune contrariété, et parvient même à retranscrire une certaine confiance, sincère.
Un regard admiratif pour la tenue vestimentaire de l'arcaniste, plus soignée que d'ordinaire, confirme cette volonté de l'encadrer de bienveillance.
« Tu es très beau. »
Son esprit frôle le sien, trouve le chemin creusé par plusieurs années de télépathie entre eux, tout comme cette main illusoire qui lui caresse la joue avant de se poser sur son épaule. Invisible, imperceptible, un secret que même Salâh ad-Dîn ne saurait débusquer.

« Attends-moi ici. »
Le pas solennel s'affirme lorsqu'il devance le sorcier, jusqu'aux lourdes portes de la suite qu'il pousse sans effort. La présence de son Sire palpite en lui comme un myocarde envahissant. Ses pupilles décortiquent la pièce jusqu'à déloger la silhouette multicentenaire, et il s'avance avec déférence, conscient que chaque comportement sera décortiqué par l’œil vigilant le Créateur. C'est l'arabe qui franchit ses lèvres lorsqu'il s'adresse à lui, le ton respectueux et le phrasé mesuré, conscient des enjeux de la rencontre imminente.
« Salâh ad-Dîn. Il attend dehors. Puis-je le faire entrer ? »
Debout au centre de la pièce, à quelques mètres de lui, il scrute son regard sombre, dans l'attente de l'ordre qui amorcera la triangulation, prêt à céder à tout caprice tant que cela ne nuit pas à l'intégrité d'Eoghan.
Quelques pas réduisent la distance entre le Sire et l'Infant, manifestent son impatience de le saluer et d'initier l'échange dont il espère ardemment la réussite, malgré ses réticences initiales.
Ne sois pas dur avec lui. Ne le blâme pas pour des erreurs qui ne sont pas les siennes.
« Je suis heureux que vous vous rencontriez enfin. »
Il éprouvera surtout un soulagement évident lorsque l'entrevue prendra fin, et que son Sire aura accepté le sorcier comme un rouage essentiel de son existence.

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Ven 10 Sep - 19:33 (#)

Apocalypse Now



Seul dans l’immense suite, Salâh s’habille devant le grand miroir du dressing, nouant habillement sa cravate. La nuit passée a été épouvantable, comme toujours les soirs de pleine lune, ni plus, ni moins. Son humeur s’en ressent et ses gestes sont légèrement plus impatients qu’à son habitude. Un mordu est passé, à sa demande, tout à l’heure, apaisant la soif intense qui brûlait au fond de sa gorge ; Il a été remercié dès la dernière goutte avalée.

Vêtu de son costume trois pièces, fait sur mesure dans les ateliers d’une grande marque italienne, il accroche une chaînette au bouton prévu à cet effet et glisse la montre à gousset dans la poche. Depuis que Yago la lui a offerte, il ne s’en sépare pratiquement jamais, hormis pour les chasses, la peur de la perdre étant bien trop grande. Ayant apposé une dernière touche à sa chevelure, il laisse son esprit vagabonder, cherchant la position de l’Infant. Ils sont en route et l’appréhension taraude le Jeune, elle en est presque palpable. Cela le fait sourire, quelques secondes, sourire qui tarit trop vite. L’inquiétude de l’Infant va le pousser à imposer sa présence, il en mettrait sa main à couper. Salâh le connait, par cœur, car le Jeune craint pour son Ami, pour l’Ersatz d’amant lorsqu’il n’est pas là. Il n’est pas stupide et tolère que partiellement cette relation. Toutefois, l’entrevue n’a pas pour but de palabrer sur les fréquentations du Caïnite volage. Verrouillant sa conscience, il s’installe dans le canapé, son regard se perdant dans un imaginaire personnel empli d’ocre, d’espace infini et d’une lune, partiellement pleine, illuminant les dunes qu’il chérit tant.

Le temps s’écoule, sans prise sur l’Immortel, il n’y a que l’aube qui le fera fuir. Les minutes s’égrainent, bercées par l’infime tic-tac de la montre à gousset dormant dans sa poche. La présence du Jeune s’impose, son visage se tourne vers les portes qui sont poussées, laissant apparaître celui qu’il a créé. Si la vie habitait encore ce corps, il aurait pu entendre un battement de cœur frénétique, il pourrait parier son empire sur cette affirmation. Un sourire poli accueille Yago, accompagné d’un signe de la tête.

- Bonsoir mon cher Infant.

Visiblement, les salutations ne sont pas d’usage, l’angoisse faisant perdre toute bienséance à sa jeune création.

- Installe-toi, je te prie, je m’en charge.

Les mots sonnent comme une invitation, mais l’intonation ressemble plus à un ordre. Immobile, il attend l’exécution de sa demande. Ceci fait, la statue prend enfin vie. Avec souplesse, il quitte le canapé, boutonne son veston et rallie le fauteuil de Yago. A l’aide d’un geste infiniment tendre, il lui caresse la joue du revers de ses doigts, se penche et dépose un baiser sur son front. Dans un murmure, il lui adresse une dernière volonté.

- Ne bouge pas, nous revenons très vite.

Se redressant, il lui tourne le dos et se dirige vers la porte qu’il ouvre à peine et se glisse dans l’embrasure, happé par le couloir impersonnel de l’hôtel.

Pour Yago, une ou deux minutes s’écoulent avant de voir revenir un Salâh au visage impassible et un Eoghan, comme il l’a laissé un moment plus tôt, derrière la porte. Les deux hommes s’installent sur le canapé et échangent quelques banalités jusqu’au moment où, leurs images et leurs paroles s’étiolent lentement, faisant comprendre à l’Infant qu’il s’agit que d’une simple illusion. La solidité de la baie vitrée a été testée et la porte spécialement conçue pour résister aux intrusions forcées des CESS, est verrouillée, la clef magnétique dormant au fond de la poche du quatre centenaire.

L’épaisse moquette absorbe les pas de l’Ancien qui remonte rapidement l’artère déserte jusqu’à l’ascenseur qui l’attend, les battants métalliques largement ouverts. Trois hommes encadrent l’Arcaniste qui a été invité à les suivre. La cabine se met en mouvement, vers le haut. Salâh se tourne vers le Sorcier, hochant la tête en haussant les sourcils. La montée est courte mais lui permet d’attribuer quelques mots avares au seul humain présent. Il s’exprime en anglais, un accent trahissant ses origines.

- Pardonnez-moi d’agir de façon si cavalière, mais je connais trop bien Yago. Je vous promets de répondre à toutes vos questions dès que nous serons seuls.

Une voix féminine synthétique annonce l’arrivée sur le toit qui abrite un héliport. Les pales tournent, les turbines émettent des rugissements, rendant toute conversation impossible. L’humain est dirigé vers l’hélicoptère, où il est installé et harnaché rapidement avant que l’appareil décolle. Malgré la réticence de Salâh pour les technologies modernes, il arbore un visage serein malgré les secousses du décollage. Désignant les casques audio, muni de micro, il en dépose un sur son crâne et encourage Eoghan à l’imiter.

- Ce vol sera très court. Soyez assuré qu’aucun mal ne vous sera fait et qu’au plus tard à l’aube, vous serez à nouveau à la Nouvelle-Orléans.

La descente se fait déjà sentir, c’est à peine s’ils ont eu le temps de regarder la ville vue depuis les airs. Lorsque la porte s’ouvre, laissant un vent frais et nimbé de kérosène pénétrer l’habitacle, ils sont invités à changer de moyen de transport. Avec toutes les attentions qu’impose la situation, Eoghan est prié de grimper dans un jet dont la porte est rapidement fermée derrière eux.

Des fauteuils en cuir leur sont proposés ainsi qu’un rafraîchissement au Sorcier. Les ceintures sont bouclées et l’avion prend son envol, permettant à Salâh de se détendre enfin. Prenant ses aises, il déboutonne sa veste et croise les jambes. Assis face à l’Arcaniste, il lui tend un faciès neutre.

- Une nouvelle fois, je vous présente mes excuses pour ces manières grossières qui ressemblent, à quelques détails près, à un mauvais enlèvement. Je ne vous veux aucun mal, je n’ai aucun grief à votre encontre. Il me semblait important de pouvoir vous parler seul à seul. D'ailleurs, je suis persuadé, qu'actuellement, mon jeune Infant doit me haïr de tout son être, d’avoir agi de la sorte.

Un steward fait son apparition et dépose discrètement quelques mets sur la tablette du côté du Sorcier, se composant de toutes petites portions de spécialités locales. Un verre opaque est servi au Maître du Chaos, sans mystère pour son contenant.

- Je ne savais ce qui vous conviendrait, j’ai opté pour un assortiment. Une gorgée est prise, prenant garde à ne laisser aucune trace carmine rôder sur ses lèvres, Salâh poursuit sa diatribe. Mais nous ne sommes pas ici pour diverger sur les coutumes culinaires, n’est-ce pas ? Parlez-moi de vous, je vous prie, Monsieur Underwood.


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Eoghan Underwood
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"This is not the right way."

En un mot : Sorcier venimeux ondulé de la toiture. Gosse du bayou.
Qui es-tu ? :
"Let it spread like a disease."

⛤ Maître des arcanes, sorcier à l'essence écarlate. 37 ans de vice (et râles) et de chair corrompue. Manipulateur d'hormones, télépathe patenté.
⛤ Second, bras droit de Circé van derr Ven dans la secte de l'Irae. S'y démarque pour sa loyauté ciselée par les griffes de Morgan Leroy (missing). Mais les failles perlent.
⛤ Incube de Louisiane ; fils de ces terres marécageuses, du bayou poisseux et des routes cahoteuses. Né à Bâton-Rouge, n'a connu que Shreveport et les frontières de son État.
⛤ Né seul homme dans la famille des sorcières irlandaises Mulligan. Privé de père (tué) par la harpie noire : élevé par Sylia Mulligan, descendant du Rouge de sa grand-mère Julianna.
⛤ Cauchemar des femmes ; nourrit sa magie (Rougeoyante) des hormones sexuelles de ses partenaires, ainsi que des émotions primaires.
⛤ Traître à ses passions, criminel et meurtrier de Johanna Andros (missing). Pourfendeur d'amitiés, éternel débiteur, clébard soumis à ses attaches.
⛤ Ne vit que pour les Mardi-Gras de New Orleans ; caresse le rêve de s'y installer un jour dans son propre "shotgun", malgré le fantôme de Katrina.
⛤ Mystique, déchiré entre deux hommes : partagé entre le sorcier et l'humain, entre la sagesse et une ire destructrice. Le latin s'efface sans mal sous l'accent du Sud, coriace sous sa langue.
⛤ Commerçant du Downtown (Crawling life), antre de ses serpents vénérés, lézards et autres reptiles, dont il cède les corps, les soins et les cages de verre.
⛤ Pratique à l'arrière de sa boutique, dans un laboratoire farouchement défendu et protégé par les runes. Recèle secrets et savoirs, expérimentations douteuses et dangereuses.
⛤ Mauvais mentor. L'une de ses apprenties en a subi les conséquences. Guide de Morgane Wuntherson et d'Halina Meyer. Meilleur ami indigne de Vinzent Henkermann et cousin de Shannon Mulligan.
⛤ Pacte tissé avec Scox : Prince démon s'étant dissimulé derrière les brumes de Baal. Immortalité odieusement acquise, âme vouée à obéir et marcher aux côtés des Antiques.
38 ans d'âge réel ; 36 ans d'apparence.

⛤ ENAE VOLARE MEZZO ⛤

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"I put a spell on you."

Facultés : ⛤ La Rougeoyante s'infiltre dans les corps et y bouleverse les hormones ; flèche apollonide : distille poison, fléau, mort, mais aussi fièvre rouge saphique. Chaos total.
⛤ Télépathe raisonnable : ne s'infiltre de préférence que dans les esprits des humains misérables. Capable de communiquer en pensée avec quiconque lui ouvre les grilles de son esprit. Savant fou ; capable désormais de connecter sa psyché aux êtres muets, cobras et crotales comme cobayes, corbeaux et autres créatures rampantes.
⛤ Herboriste né, sa maîtrise des potions n'a d'égale que celle de son mentor maternel. Capable d'élaborer des philtres complexes ; créateur infatigable de breuvages en tous genres.
⛤ La Rougeoyante se défend et protège son hôte plus férocement qu'elle n'attaque : limitée par la nécessité d'un contact physique. Sorcier doué au corps-à-corps, secondé par son aisance au maniement d'athamés et autres lames rituelles.
⛤ Chercheur d'artefacts, quémandé des Longue-Vies : détisseur de leurs malédictions et autres mauvais sorts.
Thème : The Way ⛤ Zack Hemsey.
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"Before I die alone."

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Mar 12 Oct - 4:07 (#)


Red Swan
« Je te demande pardon. »

Il regrettait de ne pas s’être tenu droit devant l’immortel, lorsque celui-ci avait prononcé des mots aussi importants. Aussi rares. Qui lui avait déjà demandé pardon, dans sa vie ? Qui s’était tenu devant lui pour reconnaître les graines mauvaises plantées dans l’âme du garçon encore immature ? Il savait que calomnier autrui pour ses propres torts ne l’aiderait pas à avancer. Cependant, il conservait en son for intérieur une forme de rancœur éternelle, car dirigée à l’envers de tout le monde et personne. Lui, être faussement solitaire, ne pouvant s’épanouir que dans le choral d’une secte ou l’agitation d’une rue animée, les interactions avec ses pairs, de charmants familiers ou de parfaits inconnus… Un millier d’Eoghan pour un millier de tentateurs, d’hommes et de femmes dont le toucher l’avait sali, irrémédiablement, au fil des années. Jamais de pardon. Jamais. Même celui formulé par son amant ne pouvait réellement toucher sa cible. Trop loin. Deux pièces séparées, l’équivalent d’un monde. Il avait alors fixé la glace, la lumière propre aux pièces du genre donnant à sa peau un aspect cireux, presque semblable à celle de certains vampires dont le vivant les voyait déjà si pâles, si blêmes. Il avait aspiré l’air douloureusement, un poids cranté au niveau du sternum, foutu parasite invisible, impossible à retirer.

« Je sais que ce que je t'impose est cruel. »

Toujours les mêmes questions.
Toujours les mêmes réponses.
Sylia.
Il ne voulait plus entendre cela de la part des êtres qu’il aimait. Cette commisération, parfois réelle, parfois forcée, pour justifier les horribles punitions qu’il se devait d’absorber, d’avaler sans faillir, jamais. Ce n’étaient pas des excuses. Il n’en voulait pas. Il aurait encore préféré les voir se draper éternellement dans leurs certitudes, leurs convictions – c’est la seule chose à faire – plutôt que de se satisfaire de ces piteuses remarques comme on jette un os encore parsemé de viande faisandée à un clébard cherchant à apaiser une faim atroce. Venant de Yago, il avait toujours eu l’habitude d’user de compromis, de céder du terrain en espérant, un jour, voir ses efforts payer en retour. Cette nuit si particulière le voyait dépourvu de cette énergie qu’il déployait d’ordinaire sans mal. Pas ce soir. Pas maintenant. Il ne se souvenait pas avoir répondu à sa proposition. Sûrement que oui. Une sorte d’acquiescement barbare, un borborygme vaguement esquissé.

Il était sorti.
New Orleans valait mieux que n’importe quelle femme, homme ou compagnie de toutes races pour soigner ses vagues à l’âme.



Le temps était passé comme un mirage.
Il lui semblait avoir perdu le compte des heures, n’avoir jamais été pleinement éveillé ou endormi, avant de fouler presque sans bruit la moquette des longs corridors de l’hôtel luxueux qu’ils traversaient, Yago et lui. Engourdi et à l’affût à la fois, il marchait en éprouvant chacun de ses mouvements dans la chemise aux nuances entre ébène et indigo qu’il avait revêtu pour la rencontre qu’il redoutait plus que de raison. Il avait à peine mangé, dans la journée. Impossible. La ponction de sang que l’Oriental avait prélevé sur lui ne l’aidait pas à se sentir réellement alerte, ou du moins autant qu’il l’aurait voulu. En un sens, cela valait mieux. La fatigue tapait sur ses nerfs, l’empêchant de se tendre autant qu’il l’aurait été, sans cela. La fatigue tuait le désir, tuait la frustration de devoir surveiller ses attitudes, ses gestes, ses mots avec l’Infant de Salâh ad-Dîn. Il marchait mécaniquement en accordant son pas au sien, en baissant les yeux pour la énième fois vers une paire de montantes à la propreté irréprochable, maintes fois cirées, et bien plus élégantes que les rangers préférées qu’il portait pour ses escapades. Le jean sombre qui moulait ses cuisses, la montre de son père brillant à son poignet gauche, le poids d’une chevalière à l’annulaire droit, les odeurs typiques des produits ménagers, des draps propres trimballés par le personnel, les relents de nourriture émanant des cuisines pour le service du soir, les portes qui claquaient çà et là dans les étages, les roulis provenant du moteur des ascenseurs… Il se dispersait, sensible à tout. Il lui devenait difficile de se sentir en accord avec l’ici et maintenant. Ce qui ne lui disait rien qui vaille. Se fiant à son instinct, il ne parvenait pas à faire taire ce mauvais pressentiment, cette idée que rien de bon ne pourrait sortir d’une entrevue dont l’objet véritable se confondait sous toutes les couches, les enjeux, les non-dits et le sous-texte que représentait l’alliance entre Eoghan Underwood et Yago Mustafaï.

Lorsqu’ils s’arrêtèrent devant la porte du Sire, il se retint de chercher à effleurer Yago. Il en aurait eu besoin, mais il ne réclama rien. Il obtint quand même. Un mince contact de leurs esprits au diapason, au moins cette fois, prévint la main grise étonnamment tendre qui s’attarda contre sa joue. Doux-amer. Elle ne remplacerait jamais celle dont un doigt manquait depuis près d’un siècle. Il hocha simplement la tête, obéissant en se reculant d’un pas, les yeux levés vers l’embrasure riche en décorations, en détails, en fioritures typiques de cette Louisiane qu’il aimait aussi à sa façon. Démunie ou opulente, sobre ou excessive, discrète ou démonstrative… Il n’y avait rien que le sorcier n’aimât dans la cité de ses rêves.

Il n’était pas resté seul très longtemps. En quelques instants, la paix illusoire procurée par sa solitude s’est changée en un face à face brutal. Il avait immédiatement reconnu Amjad. Tout en lui revendiquait un charisme, une lourdeur de l’âme, un parfum de désuétude et de redoutable faculté d’adaptation, tout en lui le consacrait aussi impressionnant qu’il le lui semblait, aidé en cela par les nombreux récits et conversations qui avaient tourné autour de sa personne. Pas le temps de prendre la pleine mesure de cette découverte. Il n’entrerait jamais dans cette suite. Et comme l’on connaît une mélodie par cœur, sur le bout des doigts, l’appréhension qui avait résonné si fort en lui déroulait sous leurs pas sa partition courue d’avance. Emporté dans un élan irrépressible, torrent mince mais déterminé des quatre hommes qui le guidaient et l’encadraient, il retrouva plus rapidement que prévu les parois métalliques de l’ascenseur dont la montée ne lui disait rien qui vaille. Tétanisé par une peur sourde contre laquelle il tenait à se battre, il prit à peine garde aux paroles de Salâh, dont la politesse ne le rassura bien évidemment pas. Il accrocha son regard du sien, comme pour espérer y lire un indice de ce qui l’attendait pour la suite. Devenu assez proche des Antiques pour deviner qu’il n’en obtiendrait rien, il ne pouvait s’empêcher de dévisager l’homme qui avait façonné Yago, de la pire des manières. Pourtant, c’était bien grâce à cet inconnu qu’il avait pu rencontrer l’horloger de Jérusalem. Aux préjugés qu’il éprouvait forcément à son encontre se disputaient une forme de gratitude et de reconnaissance : par son égoïsme, sa détermination et sa concupiscence, Salâh avait propulsé entre les bras du sorcier une créature aussi fascinante, qu’il n’aurait probablement jamais pu croiser autrement. Cet enchevêtrement sinueux reliant leurs trois destins lui colla un vertige qui n’était que le début du calvaire qui s'ensuivrait.

Il aurait pu croire à une plaisanterie grotesque en apercevant un hélicoptère comme jamais il n’en avait vu d’aussi près auparavant. Le mouvement de freinage involontaire qu’il opéra resta bien évidemment vain, et il était trop concentré sur l’option de ne pas hurler ou paniquer comme un chat balancé dans un lac pour contrer réellement l’élan impulsé. Dès lors que ses pieds ne touchèrent plus terre, dès lors qu’il se vit arraché à la ville pour les cieux, l’arcaniste n’eut de cesse que de mordre l’intérieur de ses joues pour réprimer la nausée de trouille menaçant de le faire vomir dans l’habitacle. Incompréhension. Terreur. Ses tempes battaient avec une fureur telle qu’il en vint à craindre une rupture d’anévrisme, et fut incapable de fixer autre chose que le sol entre ses cuisses la plupart du temps, plutôt que de risquer d’apercevoir le monde défilant bien trop vite en contrebas. Là encore, les propos rassurants de Salâh n’y firent rien.

Il ignora comment ses jambes trouvèrent le moyen de le remettre debout pour passer d’un engin du diable à un autre. Il pensa à Circé. Il parlait en son nom. Laisser parler ses peurs personnelles était bien évidemment hors de question. Il eut le temps de se questionner, de se demander comment il aurait réagi, si ses intérêts seuls étaient à défendre. L’obsession de défendre son clan, son rang, sa position et jusqu’à sa dignité, l’empêchèrent de tourner les talons et de réagir comme un imbécile ; par exemple en utilisant sa magie pour rompre coûte que coûte les rangs modestes mais efficaces des vampires cernant sa personne. Les mantras qu’il se récitait en tête se tournaient vers sa mère, vers ses proches et amis, vers sa disciple. Il affronterait sa peur. Même si elle tordait son organisme en tout sens, même s’il comptait douloureusement chaque seconde. Il le devait à Yago. Il ne pouvait se permettre de lui faire honte, et cependant, lorsqu’il se laissa enfin tomber dans le siège marquant la fin du voyage et le début d’un autre, il crut que le hoquet secouant sa carcasse aurait raison de lui. Les mâchoires serrées, les ongles fichés dans les accoudoirs, il eut du mal à renouer de ses prunelles dans celles de son interlocuteur. Toute la délicatesse du pilote ne l’empêcha pas d’éprouver avec peine les remous dus au décollage du jet. Pour se dérider, il songea que Diatlov n’aurait pas manqué de se foutre de sa gueule allègrement. De quoi relativiser au moins un brin la situation.

Le contraste entre lui et Salâh n’aurait pu être plus fort. Ce dernier respirait une aisance manifeste, et cet enchaînement improbable était révélateur d’autre chose : l’homme était un magnat. Un richissime, capable d’obtenir en un claquement de doigts le faste qu’il n’aurait jamais pu s’offrir, même au terme de cent vies mises bout à bout. Il ne regrettait pas d’avoir accepté cette rencontre, mais il se rendit compte seulement alors à quel point la barre était haute. Il ne l’avait pas vue venir.

Il lui fallait se reprendre. Et vite.
Il évita soigneusement d’observer tout ce qui pouvait être proposé de comestible, et la simple odeur de la nourriture menant à ses narines constituait en une épreuve supplémentaire.

« Je… »

Parlez-moi de vous.

Il se rendit compte de sa posture, respirant une paralysie trahissant le sentiment de vulnérabilité qui était le sien depuis que Yago avait disparu derrière cette satanée porte. Il fit de son mieux pour se redresser, pour tendre sa nuque et durcir son assise jusqu’à ce que ses omoplates frôlent réellement le dossier confortable, en appelant au fond de prestance qu’il avait hérité de sa mère. Pauvre, oui. Miséreux, parfois. Soumis, jamais vraiment.

« C’est un peu… hors de ma zone de confort, j’peux pas vous le cacher… »

Il éprouvait difficilement cette sensation de se savoir en apesanteur sans vraiment l’être, tentait d’ôter de son esprit les potentielles théories impliquant un crash d’avion, un trou d’air, et autres possibilités mille fois exploitées dans les films et les séries de sa connaissance. Sourire relevait de la fable. Pourtant, il fit de son mieux pour étirer un tant soit peu le fil de ses lèvres closes.

« Vous vous êtes donné beaucoup de mal. » Le luxe. Partout. « Pourquoi… ? Si vous souhaitiez une rencontre sans Yago… il y avait d’autres manières plus… aisées, non ? » Mauvais point. Vouloir contredire celui duquel sa survie dépendait jusqu’à leur retour sur la terre ferme n’était pas la stratégie la plus intelligente. Mais tant pis. Il ne pouvait camoufler qui il était, et il n’en avait pas la moindre envie. Quelque chose lui disait que jouer au plus fin n’était de toute façon pas la meilleure des idées. Jouer la transparence ne lui donnerait aucun regret. Politique ou non, il y avait des limites à son engagement auprès des siens. Jamais instaurées auparavant.

Parlez-moi de vous.

Il ne pouvait se contenter d’attendre des réponses. Il devait en donner. Montrer patte blanche.

« Vous me connaissez déjà de réputation, j’imagine… alors je ne voudrais pas me montrer redondant ou vous parler de ce que vous savez déjà à mon sujet. » Il humecta brièvement ses lèvres sèches, et prit une grande bouffée d’air conditionné. Sec. Désagréablement sec. « Je représente le bras droit de Circé van derr Ven, prédicatrice de l’Irae, deuxième guide et membre fondatrice de notre ordre. Nous ne sommes qu’un regroupement d’arcanistes en prise idéologiquement avec d’autres covens ou groupes d’Éveillés mais qui ne cherche rien de plus et rien de moins que de cohabiter pacifiquement à Shreveport et dans le reste de la Louisiane. Nous avons deux autres antennes, implantées à Bâton-Rouge ainsi qu’à New Orleans, mais le plus gros des nôtres se concentre là où j’ai rencontré Yago, il y a plusieurs années maintenant. »

Ses phalanges se détendirent, mais seulement pour laisser sa paume embrasser le cuir, s’y raccrocher sans pourtant rien en attendre. « J’entends parler de vous depuis toujours. Même si j’ai du mal à cerner les raisons de votre présence en ville. Les motifs des uns et des autres autour de la Révélation sont parfois… nébuleux. » Un regard plus appuyé. Une question déguisée. « Avant toute chose, et en-dehors de toute notion protocolaire, je… je suis heureux de vous rencontrer. Même si je ne pensais pas que cela aurait lieu dans de telles circonstances… »  

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Louisiana Burning

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Anonymous
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Sam 11 Déc - 20:27 (#)

Apocalypse Now




Haut dans le ciel, ils ne sont qu’une lumière supplémentaire, une de celle qui scintille et qui se déplace en laissant un fin sillon plus clair derrière lui. Le pilote a déposé un plan de vol de quelques heures, il suit le programme imperturbable. Mais pour l’heure, tout est tranquille dans la cabine. Un écran lui permet de visionner les deux hommes assis dans les fauteuils. L’horizon est clair, le pilote automatique est enclenché, il peut baisser sa garde, un peu, le temps de se restaurer, de boire un verre.

Les éloges concernant Underwood de Yago retentissent dans la caboche du Caïnite mais ce qu’il a en face de lui est bien loin des fanfaronnades de son Protégé. L’homme est suintant, il transpire la peur par chaque pore de sa peau. Ce n’est pas tant sa présence qui le met dans cet état mais plutôt l’environnement qui ne lui convient guère. Il ne le nie pas, bien au contraire, il confirme. Le timbre est chevrotant, insécure. Même si sa posture est rehaussée, il est minable. L’avion n’était peut-être pas si mal choisi en fin de compte, le hasard sourit aux audacieux parfois. Le Vampire n’est pas un adepte de cette boîte volante, faite d’acier, de tôle et d’autres matériaux dont il ne connaît même pas le nom, mais il s’y est habitué, admettant que ce moyen de transport facilite les déplacements. L’humain se tortille, cherche sa place, sans réellement trouver le confort. L’appréhension reste, elle le hante, le dévore. Pas besoin de magie, de dons exceptionnels ou longues études pour apercevoir l’auréole de chaleur laissée sur l’accoudoir, trahissant l’état du Sorcier. Arcaniste certes, mais terriblement humain.

L’Homme parle, peu, au début, sans aucune assurance, permettant à l’Eternel de rétorquer d’une voix calme, exempte de grief.

- Dans un ailleurs lointain, je vous aurai mené à travers un palais. Par les fenêtres, largement ouverte, une brise nocturne aurait rafraîchi votre être. Les bassins des jardins auraient contribué à votre apaisement. De là, je vous aurais conduit dans un des nombreux salons ou cabinet afin de nous installer dans les coussins. Vous auriez pu goûter quelques merveilles qui auraient éveillés votre palais. Mais nous sommes bien trop loin de mes terres pour rendre cela possible. Quant à Yago… à vous entendre, vous ne le connaissez donc pas si bien que cela, ce qui m’étonne fortement, je ne vous le cache pas.

Les paroles sont légères, le ton nettement moins. Un regard aussi sombre que le ciel figé dans le hublot se pose plus durement sur le Sorcier, l’emprisonnant dans ce fauteuil qui semble trop grand pour lui. La ténacité et les caprices de l’Infant ne sont plus à démontrer et les agissements de l’aîné sont parfaitement justifiés. Ils le savent, tous les trois. Il ne scille pas, son faciès ne donne aucune information sur ses pensées qui pourtant tourbillonnent dans sa conscience. Immobile, il scrute son interlocuteur, attend qu’enfin l’autre veuille bien répondre à sa question. Puis, le flot coule mais déverse des eaux souillées, sans consistance et sans personnalité. L’Immortel hoche la tête, doucement, se faisant penser à ses chiens planté sur une plage arrière d’un véhicule. La patience, déjà précaire du Vampire, s’amenuise. Une bourrasque, sortie de nulle part, traverse l’Arcaniste et meurt dans le nulle part. Brève et chaude, reflet du caractère tempétueux du Caïnite. Simple illusion certes, mais prédicatrice de tempêtes bien plus dévastatrices.

- Monsieur Underwood…

Il inspire, profondément et relâche son attention visuelle, préférant, le temps de quelques secondes, admirer les milliers de petites lumières qui défilent en contre-bas. La coupe est saisie d’un geste souple et une longue rasade est prise avant d’être reposée, vide, sur la tablette à ses côtés. Ses lèvres se pincent brièvement, seul indice démontrant que la réponse est insatisfaisante. Aucun muscle ne trésaille et l’intonation dont il use, ne porte un caractère menaçant.

- Le temps n’est pas encore venu de parler de votre congrégation. Je connais votre position dans vos rangs et je vous en félicite. Vous avez certainement travaillé d’arrache-pied pour en être là… Combien de tête ont dû être coupées ? J’ai demandé une rencontre avec vous, pour apprendre à connaître l’homme qui a su amadouer Yago et qui l’a, récemment, protégé d’une mort certaine. Vous saisissez ?

Les turbines imperturbables émettent leur ronflement, plus audible en cet instant de suspend. La jalousie n’anime pas l’Immortel. L’Infant est libre même si Salâh lui voue un amour inconditionnel.

- Je veux savoir à qui j’ai à faire. Je n’apporte que peu de crédit aux ragots. J’aime me faire ma propre idée. Puis, plus tard, oui, nous parlerons de l’Irae, de vos opinions, de votre pacifisme. Qu’est-ce qui vous anime ? Quels sont vos projets à long et moyen terme.

Son regard se pose sur la nourriture intouchée, sur le verre vide qui n’attend qu’un ordre pour être empli.

- Il me tardait de faire votre connaissance et pourtant vous vous cachez derrière des phrasés protocolaires. Il n’y a personne ici pour juger votre prestation, ne serait-ce moi. De quoi avez-vous peur ? De l’avion ou de moi ? Concernant l’appareil, je vous rassure, il est parfaitement fiable, à moins que je ne donne l’ordre de l’écraser au sol. Quant à moi… Cela ne dépend que de vous.

Les orbes sombres du Caïnite s’égarent sur l’habitacle de la cabine, le temps de l’explication pour revenir en flèche, se planter dans celles, si clairs, de l’humain, s’y accrochant durant de longues secondes, avant d’être reportés sur sa coupe vide. Un claquement de doigt et le steward réapparaît, emplissant une nouvelle fois le récipient. Tout en sirotant légèrement la vitae, le ton se fait plus aérien, glissant presque dans l’amusement.

- Et qu’avez-vous donc entendu à mon sujet. Faites-moi honneur, je vous prie, et contez moi, tant mes méfaits que mes hauts faits. Et surtout, régalez moi vos propres déductions et opinions. Vous le voulez bien ?

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"Before I die alone."

Apocalypse Now • Salâh & Eoghan GIeraGW
Pseudo : Nero
Célébrité : Ian Somerhalder.
Double compte : Sanford R. De Castro, Aliénor Bellovaque, Ian C. Calloway & Gautièr Montignac.
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Lun 17 Jan - 3:08 (#)


Red Swan
Un bourdonnement désagréable ainsi que la douleur consécutive à l’altitude au niveau de ses tympans vinrent se joindre à son malaise. Le son se répercutait différemment, ici. Il n’avait pas l’habitude, et se trouva perturbé par ce détail supplémentaire à prendre en compte. Il déglutit avec peine, remua encore à peine au fond de son siège. Il fallait qu’il tienne. Se rappelant d’un conseil entendu il ne savait plus où, il entreprit de pincer son nez rapidement, soufflant pour déboucher ses oreilles et retrouver un minimum de confort. Cependant, les interventions du vampire le perturbèrent suffisamment pour s’accaparer toute son attention. D’un froncement de sourcils, il marqua son incompréhension, sans l’interrompre tout de suite. Leur échange n’avait commencé que depuis quelques minutes et, déjà, les remises en cause étaient étalées entre eux deux, injustes. Il conçut une forme de révolte soigneusement dissimulée – il en avait toujours eu l’habitude – : comment Salâh ad-Dîn pouvait-il déjà se prononcer sur l’intensité de sa relation avec Yago ? Le sorcier aurait défendu bec et ongles sa conviction : il connaissait l’Infant, à un point dont il pouvait se targuer, sans pour autant nier tout ce qu’il lui restait à apprendre le concernant. Cette fois, il n’était plus question de détourner le regard. Ses yeux clairs restèrent enfoncés dans ceux de son interlocuteur. Il en oublia temporairement le vertige, la peur de l’avion, la situation ubuesque. Salah souhaitait entamer un bras de fer ? Il s’assurerait de ne pas lui livrer une victoire trop aisée. Au moment même où il se sentait reprendre des forces, une sensation à la fois atrocement familière et terriblement inconnue le traversa, lui tirant un sursaut et l’obligeant à réprimer un feulement surpris.

Les Mains grises étaient là.

Elles venaient de le toucher, sous la forme d’un courant d’air désagréable, atroce, et sans la bienveillance que Yago utilisait avec lui, désormais. Même leurs jeux plus vicieux ne laissaient plus aucun doute sur la nature de leur lien. En dépit de tout ce qu’auraient pensé des observateurs extérieurs, il était sûr et certain, prêt à parier sa vie, que l’horloger de Jérusalem ne lui voulait aucun mal et ne le blesserait jamais consciemment. Ce qui n’était pas le cas de son Maître ici présent. À la fois heurté, outré et sur ses gardes, l’arcaniste aspira l’air avec plus de force ; il entendait le sang battre contre ses tempes, et une pointe sur le côté du crâne confirma le pic de tension supplémentaire qui venait d’être atteint. Ce n’était pas le moment de perdre pied. Il se raccrocha désespérément aux éléments fournis par l’Antique, et contint cette fois son étonnement : certains éléments n’étaient, sinon faux, du moins pas aussi exacts qu’il semblait le penser. Se pouvait-il que toute l’assurance, toute cette mise en scène ne soient là que pour camoufler les failles d’un tableau incomplet ? Jusqu’à quel point devait-il se montrer honnête ? Et que devait-il conserver pour lui seul ? La ligne de sa mâchoire se durcit un peu plus.

« J’ai entendu… » Les visages de Serguey, d’Aliénor, de Yago, se superposaient les uns au-dessus des autres. Leurs voix également. Il en avait entendu, des choses. Pas toujours des belles. Sans avoir trop eu besoin de creuser le sujet avec son amant, il avait rapidement compris le mépris planqué entre deux phrases « légères » de la compagne de Serguey. Ce dernier semblait ne pas le porter dans son cœur, mais il l’avait toujours respecté également. Quant au fils spirituel du magnat… « J’ai entendu dire que vous étiez exigeant, cela va sans dire. Que vous n’aimiez pas que l’on vous résiste. Et que… vous régnez sur une sorte d’empire, en Orient. » L’ongle de son index vint taquiner celui de son pouce, un peu nerveusement. « Vous tentez de vous établir sur le continent, vous êtes toujours par monts et par vaux… vous imposeriez une forme d’obéissance totale à ceux qui se placent sous vos ordres… et vous êtes… » Ah. Quel terme employer ? Quel mot qui ne serait pas redondant avec la nature même de celui qu’il ne considérait pas du tout comme un allié ? « … parfois cruel. Ou du moins… plus cruel que la moyenne de vos congénères, j’entends. » Il décida de conclure par une mention plus honorifique : « J’ai cru comprendre que vous ne vous rattachiez pas à la politique vampirique telle qu’elle se pratique officiellement. Que vous formiez une sorte de clan de renégats. Et que… » Que le motel est désormais occupé par une autre. Il se racla doucement la gorge. « Je passe parfois devant le Lucky Star Motel. Là où vous avez choisi de vous installer. J’ai toujours pensé qu’il s’agissait d’un choix intelligent, pour l’emplacement de votre… repaire ? » Pour ce qui était de ses déductions personnelles, c’était une autre paire de manches. Le sorcier prit le temps de laisser passer un silence, et tourna la tête à son tour vers le hublot laissant percevoir les lumières de la ville, en contrebas. Ne plus le regarder était comme reprendre son souffle entre deux épisodes d'une course intense. Il prit une longue inspiration. « Mon opinion à moi, c’est qu’en effet, vous me faites peur. Vous représentez… quelque part, la quintessence de l’imagerie que je me faisais des vampires, avant d’en côtoyer. Je ne suis pas certain de comprendre toutes vos ambitions, et je suis loin de pouvoir imaginer ce qui vous relie à Yago. Je ne fais qu’avec le peu qu’il me confie de vous. »

Savait-il ?
Salâh ad-Dîn savait-il, pour lui ?
Il priait bien que non.
Il n’en avait jamais reparlé avec Yago, et pour l’heure il voulait croire en sa chance. Que le calme entre eux deux n’était pas factice, mais voué à durer.

Les iris translucides retrouvèrent les puits noirs du Caïnite.

« Je ne pense pas que vous m’appréciez. Ni de réputation, ni de ce que vous en voyez, maintenant. D’autant que j’ai cru comprendre que ma relation avec Yago pouvait vous poser problème. Mais là encore, ce n’est que pure supposition de ma part. » Il se pencha légèrement, intensifiant l’accroche de ses orbes sur lui. « En revanche, vous faites erreur sur un point. Je connais bien, votre Infant. Nous avons noué des liens étroits, et… je le respecte plus que je ne saurais l’expliquer. » Ils avaient traversé trop d’épisodes, ensemble. Ils ne pourraient plus revenir en arrière, et ce n’était plus quelque chose qui le taraudait. Il était prêt à l’accepter. Une fois ensemble, il se sentait capable d’exprimer, de vivre et de ressentir tout un faisceau d’émotions différentes et éloignées de son quotidien d’humain, de fils de l’Irae, d’anonyme. Il ne voulait pas s’abaisser à en verbaliser le pourquoi ni le comment. Il y avait une part de sacré, dans le mystère unissant les deux hommes, que même le Sire ne serait à même de pouvoir percer entièrement. Il mourrait en emportant dans la tombe le secret de son attachement envers lui. « Je protégerai toujours Yago, autant que faire se peut, et à ma mesure. Même les immortels ne peuvent se prémunir de tout. Je continuerai de rembourser la dette que je lui dois, depuis qu’il a sauvé ma propre vie à deux reprises. »

Il préféra taire les approximations et les autres erreurs prononcées par Salâh. Elles étaient anodines compte tenu de ce qu’il tentait d’établir, de construire maintenant. « Ce qui m’anime… c’est l’Essence qui coule en moi et qui m’habite. C’est la préservation de mes traditions, la pratique du Rouge tel que mes mentors me l’ont enseigné. La (re)découverte permanente de mes dons ainsi que de mon potentiel, au service d’une recherche qui n’aura jamais de fin. » Il manqua de sourire. Il n’y avait bien que la Rougeoyante pour lui redonner cette passion dont il ne se déparerait jamais. « Mes projets sont nombreux, et se concentrent principalement en mes travaux personnels. Vous êtes vous-même un ancien sorcier… Je ne vous apprends rien, je suppose, concernant le temps et l’investissement que demandent l’expérimentation et la recherche. » Il estimait avoir suffisamment parlé. Il se redressa de nouveau et conclut, le plus sobrement possible : « Rien ne m’importe plus que de protéger les miens. Quel que soit le moyen. Quelle que soit la menace. »

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Louisiana Burning

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Ven 4 Fév - 18:27 (#)

Apocalypse Now



L’attente ne se fait pas, l’arcaniste aurait-il compris ce que l’Immortel lui demande ? Sans interruption, il l’écoute, patiemment, même s’il ne possède pas cette qualité, il se fait violence. Ses muscles le tiraille, lui susurrent d’agir, de se dégourdir les jambes en faisant quelques pas dans cette allée trop petite pour accueillir un prédateur tel que lui. L’impression d’assister à une leçon que trop bien apprise lui est donnée. Est-ce vraiment trop demandé que de s’exprimer librement ? Underwood en sait largement plus sur lui qu’il veut bien le dire, c’est flagrant, c’en est presque insultant. La cerise sur le gâteau tombe, forçant le vampire à imprimer une mine défaite et plissée, comme s’il avait mordu dans un homme-bête. Infecte et indigeste. Il secoue la tête lentement, inspire faussement l’air conditionné qu’il rejette doucement, expulsant quelques pulsions assassines. A aucun moment, il quitte la source claire, scintillant dans ce visage qui se veut impassible. Le sorcier n’est pas mauvais à ce jeu, le perse le lui concède, mais sera toujours moins bon que lui-même. Toutefois, il ne sous-estime pas son interlocuteur, bien au contraire ; l’un et l’autre savent que trop bien qu’il faut toujours se méfier des sourires un peu trop polis et des paroles flatteuses. La diatribe hésitante et décousue d’Eoghan est accueillie par un applaudissement bref et un sourire amer.

- Monsieur Underwood êtes-vous conscient de votre position ? Votre leçon a bien été apprise. Je vous en félicite mais une fois encore, toutefois la sincérité est absente de vos dires. Je suis surpris par cette réticence que vous vous efforcez de vous imposer. N’êtes-vous pas capable de vous exprimer de manière libre et authentique ? Prêcher le faux pour connaître la vérité est un jeu dangereux, surtout lorsque l’on connaît les réponses. Non ?

Silence.

La question reste en suspens, erre un instant entre les deux êtres puis s’étiole, absorbée par les esprits, s’ancrant dans les consciences. Salâh Ad-Dîn n’hésite pas, sachant qu’il ne va rien apprendre à son interlocuteur. Il reprend, gardant un débit serein et une intonation neutre. Son expression est amène, comme s’il divergeait de la météo sauf, qu’il ne parle jamais du temps qu’il fait.

- Rectifions quelques points, même si vous les connaissez déjà parfaitement. La résistance rend les choses plus intéressantes, demandant toujours plus d’ingéniosité. C’est n’est pas une « sorte » d’empire. C’est un Empire. Sinon dites-moi comment vous appelleriez un territoire aussi grand, si ce n’est plus, que les Etats-Unis ? Je ne tente nullement de m’établir en ses terres, je tisse des liens. J’apprends à connaître le monde occidental, les us et coutumes, bien différents de ma patrie. Ce qui rejoint justement ma façon de penser concernant l’Essaim. Mes avis divergent par méconnaissance, d’où ma présence. Et comme le dit si bien l’adage, qui se ressemble, s’assemble.

Une nouvelle pause est imposée. Les orbes sombres délaissent l’invité, errent dans la cabine, semblant chercher ses mots ou se remémorer les paroles de son interlocuteur, lui offrant un faciès débonnaire. Il hoche la tête et revient, doucement sur Eoghan, mais de manière plus acérée, un éclat vif vibrant au fond des prunelles d’encre.

- En ce qui concerne ma cruauté…

Usant de la célérité que l’Immortalité lui a offerte, il se retrouve, en moins d’un battement de cil, debout aux côtés du sorcier, arc-bouté, ses lèvres à moins d’un centimètre de l’oreille de l’arcaniste, afin de lui murmurer quelques mots. Une main posée sur l’accoudoir, l’autre trônant sur le haut du dossier.

- Je peux l’être, oui. De façon brutale ou nettement plus subtile, surtout lorsque l’on se moque de moi. Cessez ce petit jeu, où, je vous le garantis, vous en sortiriez perdant. Il se redresse après avoir soufflé dans le pavillon de l’arcaniste. Vous savez pertinemment ce qui s’est passé au Lucky Star Motel. Vous avez raison de me craindre, ne vous arrêtez surtout jamais car je suis imprévisible.

Il le toise, de toute sa hauteur. Durant un court instant, une envie folle de le jeter par-dessus bord, lui chatouille la conscience. Idée qu’il réfute, il a promis et il tient toujours parole, quelle que soit la promesse. Yago. Immobile, le regard dans le vide, il sourit à l’invisible. Le feu de la passion embrase son être, apaisant la colère.

- Ce qui me lie à Yago ? Il cligne des paupières, réellement surpris par les mots émit. C’est mon Infant ! Celui que j’aime, plus que tout, inconditionnellement. C’est mon Autre. La raison même de mon existence. Ma faiblesse, ma terrible faiblesse.

Il secoue la tête, ahurit par cette question. Et puisque le sujet de leur conversation tourne autour de l’Infant, il poursuit.

- Détrompez-vous, je n’ai aucun avis pour l’heure à votre sujet, hormis que je vous trouve extrêmement stupide à être ainsi sur la défensive. Je ne comprends pas ce que vous pouvez offrir à Yago et cela m’échappera très certainement jusqu’à la fin des temps. Il me serait, d'ailleurs, fort agréable que vous m’illuminiez à ce sujet. Quoi qu’il en soit, je ne porte pas de jugement à votre liaison, il n’y a pas d’interdit même si cela me déplaît. Vous n’êtes pas un rival mais une simple relation supplémentaire dans l’univers de Yago. Et pour votre gouverne, lorsque j’ai dit que vous ne connaissiez pas mon Infant, c’était sarcastique… N’oubliez jamais qu’entre Infant et Sire, nous possédons une alchimie particulière.

Le chapitre de Yago se clos même s’il avait pu en parler toute la nuit. Enfin, le Sorcier vient à parler de lui et de ses aspirations, apportant à nouveau le calme dans la cabine, faisant taire les divers courants d’air chaud qui s’étaient mis à errer dans l’habitacle. Le Caïnite retrouve son assise et boit avidement les mots de l’Arcaniste.

- Oui, la connaissance des dons est primordiale. C’est un monde si vaste que jamais nous aurons toutes les réponses. C’est frustrant. Dites m’en plus, je vous prie. Sur quoi portent vos recherches. Vous manipulez le Rouge mais vous est-il déjà arrivé de dériver ? De titiller des forces plus sombres ? Avez-vous déjà levé des sorts ?

Les contrariétés précédentes sont reléguées au passé, même si elles ne sont oubliées. Les coudes de l’Immortel se posent sur ses cuisses, ses mains jointes et son menton s’y
dépose. Il est avide d’informations, il aime les forces régies par les arcanistes. Et surtout, un espoir s’éveille dans sa conscience.

- Comment vous voyez-vous dans vingt ans ? Que pensez-vous faire de votre existence ? Souhaitez-vous procréer ? Avoir une descendance afin de reprendre le flambeau ? Parlez librement, je vous prie. Ne vous ai-je pas donné ma parole qu’aucun mal ne vous serait fait ? Si cela n’était pas le cas, il y a longtemps que je vous aurais jeté de l’avion. Mangez donc, détendez-vous en prenant un rafraîchissement et conversons comme deux êtres normaux afin de faire plus ample connaissance, c’est finalement, le but de cette rencontre. N’êtes-vous pas de mon avis ?


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ADMIN ۰ Se faire péter la vitrine : bien plus qu'un métier, une passion. Featuring : Dramaking
Eoghan Underwood
Eoghan Underwood
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"This is not the right way."

En un mot : Sorcier venimeux ondulé de la toiture. Gosse du bayou.
Qui es-tu ? :
"Let it spread like a disease."

⛤ Maître des arcanes, sorcier à l'essence écarlate. 37 ans de vice (et râles) et de chair corrompue. Manipulateur d'hormones, télépathe patenté.
⛤ Second, bras droit de Circé van derr Ven dans la secte de l'Irae. S'y démarque pour sa loyauté ciselée par les griffes de Morgan Leroy (missing). Mais les failles perlent.
⛤ Incube de Louisiane ; fils de ces terres marécageuses, du bayou poisseux et des routes cahoteuses. Né à Bâton-Rouge, n'a connu que Shreveport et les frontières de son État.
⛤ Né seul homme dans la famille des sorcières irlandaises Mulligan. Privé de père (tué) par la harpie noire : élevé par Sylia Mulligan, descendant du Rouge de sa grand-mère Julianna.
⛤ Cauchemar des femmes ; nourrit sa magie (Rougeoyante) des hormones sexuelles de ses partenaires, ainsi que des émotions primaires.
⛤ Traître à ses passions, criminel et meurtrier de Johanna Andros (missing). Pourfendeur d'amitiés, éternel débiteur, clébard soumis à ses attaches.
⛤ Ne vit que pour les Mardi-Gras de New Orleans ; caresse le rêve de s'y installer un jour dans son propre "shotgun", malgré le fantôme de Katrina.
⛤ Mystique, déchiré entre deux hommes : partagé entre le sorcier et l'humain, entre la sagesse et une ire destructrice. Le latin s'efface sans mal sous l'accent du Sud, coriace sous sa langue.
⛤ Commerçant du Downtown (Crawling life), antre de ses serpents vénérés, lézards et autres reptiles, dont il cède les corps, les soins et les cages de verre.
⛤ Pratique à l'arrière de sa boutique, dans un laboratoire farouchement défendu et protégé par les runes. Recèle secrets et savoirs, expérimentations douteuses et dangereuses.
⛤ Mauvais mentor. L'une de ses apprenties en a subi les conséquences. Guide de Morgane Wuntherson et d'Halina Meyer. Meilleur ami indigne de Vinzent Henkermann et cousin de Shannon Mulligan.
⛤ Pacte tissé avec Scox : Prince démon s'étant dissimulé derrière les brumes de Baal. Immortalité odieusement acquise, âme vouée à obéir et marcher aux côtés des Antiques.
38 ans d'âge réel ; 36 ans d'apparence.

⛤ ENAE VOLARE MEZZO ⛤

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"I put a spell on you."

Facultés : ⛤ La Rougeoyante s'infiltre dans les corps et y bouleverse les hormones ; flèche apollonide : distille poison, fléau, mort, mais aussi fièvre rouge saphique. Chaos total.
⛤ Télépathe raisonnable : ne s'infiltre de préférence que dans les esprits des humains misérables. Capable de communiquer en pensée avec quiconque lui ouvre les grilles de son esprit. Savant fou ; capable désormais de connecter sa psyché aux êtres muets, cobras et crotales comme cobayes, corbeaux et autres créatures rampantes.
⛤ Herboriste né, sa maîtrise des potions n'a d'égale que celle de son mentor maternel. Capable d'élaborer des philtres complexes ; créateur infatigable de breuvages en tous genres.
⛤ La Rougeoyante se défend et protège son hôte plus férocement qu'elle n'attaque : limitée par la nécessité d'un contact physique. Sorcier doué au corps-à-corps, secondé par son aisance au maniement d'athamés et autres lames rituelles.
⛤ Chercheur d'artefacts, quémandé des Longue-Vies : détisseur de leurs malédictions et autres mauvais sorts.
Thème : The Way ⛤ Zack Hemsey.
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Sam 4 Juin - 18:42 (#)


Red Swan
Rien n’allait.
Avec une horreur grandissante, Eoghan se rendit compte de la fracture profonde qui l’opposait à Salâh. Il n’était plus seulement question d’une différence de race, de génération, de caractère, d’ambitions. La communication elle-même ne passait pas. Quoi qu’il fasse, quoi qu’il dise, l’immortel semblait insatisfait. Il accueillit avec une mine sombre les applaudissements moqueurs en face de lui. Il se redressa de nouveau, imperceptiblement sur son siège. Il le considérait désormais d’un œil le plus neutre possible, sans pouvoir toutefois complètement dissimuler la question intrinsèque : À quoi joues-tu ? Peut-être était-ce là la preuve ? Peut-être assistait-il enfin au spectacle de cette cruauté dont il le savait en effet bel et bien capable. En son for intérieur, il se sentit profondément déçu. Il pensait pouvoir être accueilli avec un tant soit peu d’estime, un respect minuscule, mais tout de même bien présent. Il comprit qu’il n’avait probablement jamais eu aucune chance, dès l’instant où Salâh avait posé les yeux sur lui. Il resterait pour toujours un insecte forcément en-deçà des attentes ou du contentement éventuel de ce maître sarcastique. Il se demanda également comment Yago avait fait pour supporter tout ce temps durant une telle ascendance. À moins que leurs moments d’intimité ne laissent la part belle à une tendresse dont il ne pourrait jamais se faire le témoin. En attendant, une colère sourde commençait à gonfler en lui. Était-ce ce qu’il attendait ? Le voir dégoupiller comme une grenade en carafe, lui donnant ainsi une raison de rétorquer avec une violence à laquelle il ne survivrait pas ? Le simple fait de respirer dans cet avion, d’y rester immobile, devenait une sorte de torture sagace et coûteuse. Il écouta, gardant dans un coin de sa tête les réponses les plus avisées à lui présenter en retour, en assemblant les rouages par un mélange de sagesse, de conviction et de fureur froide sur laquelle il devait continuer de garder le contrôle.  

Ce fut sans compter le mouvement fourbe du Longue-Vie. Le mortel sursauta, lorsque la créature se retrouva si proche de lui qu’ils auraient pu partager le même oxygène, si tous deux en avaient une égale capacité. Il baissa à peine la tête, fixant la main plus blême que de son vivant, encaissant la menace gratuite du mieux qu’il le put. Il décida de puiser dans les trésors de patience qu’il avait fait sien ; forgée au fil des ans pendant son adolescence, lorsqu’il avait comprit que hurler en vain sur Sylia en retour de ses élans sadiques ne lui apporterait rien d’autre que de se laisser contaminer à son tour par le Noir, comme de s’épuiser. Il referma ses paupières, ne parvenant pas à croire que Salâh ait pu réellement penser à son ignorance concernant ce qui le liait à Yago. Il réalisa qu’il devrait se battre pour chaque mot, appuyer chaque terme de son empreinte féroce, s’il ne voulait pas devenir fou avant de pouvoir descendre de ce foutu appareil. L’insulte glissa sur lui. Il avait entendu pire, et il ne se révolta pas autrement qu’en grattant l’abord de son pouce de l’ongle d’un index nerveux.

Ne rien rétorquer trop vivement. Ne pas s’énerver. Ne pas donner l’occasion de…

Il recouvra une latence plus agréable, l’Oriental ayant lui-même retrouvé son siège. Il n’avait plus envie de le fixer comme auparavant. Son vis-à-vis n’aurait lu au fond de ses prunelles qu’une hostilité qu’il n’avait pas envie d’exposer frontalement. Il ne perdit rien de l’avalanche d’interrogations qui, il n’en doutait pas, exposerait de nouveau son flanc à l’Antique, ne manquant pas de mal interpréter ses propos ou de les croire enveloppés de mensonges ou d’hypocrisie. Fatigué par avance, il prit une profonde inspiration et, lorsque le céruléen retrouva l’obsidienne, il avait réintégré un calme façonné par sa propre Essence.

« Je ne sais pas ce qu’il en sera de moi, dans vingt ans. Peut-être que je serai mort. Peut-être que je vivrai toujours à Shreveport. Dans l’idéal, je souhaiterais vivre à la Nouvelle-Orléans. Changer de vie, pour au moins une bonne partie. Respirer, de nouveau. » Fuir tous ceux qui n’ont cessé d’émigrer dans les environs de Bossier City, du Downtown, les nouveaux immeubles de Western Hill, et jusqu’à son petit centre chaud de délinquance et de crasse qu’était resté Stoner Hill. « Comme je vous l’ai dit, je compte progresser sur la voie des arcanes. Augmenter mon savoir, mes connaissances. Je n’ai pas spécialement prévu d’engendrer une descendance, non. Ma lignée ne s’éteindra pas forcément avec moi, alors cela m’importe peu. » Il parlait « librement », comme le lui avait demandé le Sire. Cependant, il conservait un ton monocorde, lancé sur des rails solides et bien installés. Si la peur, l’hésitation, le doute et ses réticences déplaisaient tant à son adversaire, autant parer ses palabres de chrome et de plomb, afin de parer à toute onde néfaste. Le verre plein dégageait des vapeurs d’alcool. Il s’en empara afin de ne pas opposer de résistance à Salâh, trempant les lèvres pour soulager son palais et répondre à l’invitation. Il retint une grimace. Du putain de gin. Il détestait le gin. « Mes recherches se portent sur la communication télépathique avec le vivant. Entre autre. À cela s’ajoutent la lecture des travaux de mes aïeules avant moi, ainsi que plusieurs expérimentations relatives à ma pratique d’herboriste. » Il reposa le socle translucide à sa place, et se renfonça un peu plus au fond du dossier, toisant l’attitude pour le moins concentrée et attentive de Salâh. Il ne savait quoi en penser. Il aurait pu s’en voir flatté comme s’inquiéter du prochain revers. Il continua pourtant, vaille que vaille. « Je ne sais pas ce que vous entendez par dériver. Comme tout arcaniste, il m’est arrivé de toucher aux limites de ce que l’on pourrait nommer ‘éthique’. C’est le passage obligé pour n’importe quel Éveillé, surtout en période d’apprentissage. Les pratiques du cercle de magie que je côtoie ont en effet conduit à ce que ma magie rouge se frotte très souvent au noir. Elle s’en trouve entachée, mais elle est suffisamment puissante pour ne pas se laisser totalement dévoyer. En d’autres termes, je n’ai jamais eu à souffrir d’un basculement m’ayant conduit à… remettre en cause totalement la vision que j’ai de mon essence, de qui je suis fondamentalement. »

Cela n’était pas immuable, songea-t-il. La présence de Scox, rôdant à l’intérieur, souillant la vie carmine qui le tenait debout, constituait une gageure qui, jusqu’à présent, ne s’était pas montrée aussi retorse que le duel qui l’avait conduit jusque dans cet avion, cette nuit. Il pinça légèrement ses lèvres l’une contre l’autre, lorsqu’il rajouta, avec une sobriété de rigueur : « J’ai en effet déjà eu à détisser des malédictions. » La question n’était pas anodine. Il aurait voulu être sûr qu’il ne s’agissait là que d’une fumerolle de curiosité, agglutinée avec toutes les autres. Rien de plus. Il ne s’imaginait pas se placer sous les ordres d’un tel mécène, si un nouveau maléfice, quel qu’il soit, était à briser sous son égide. Il reprit son souffle, et son regard tomba sur le creux de son poignet gauche. Autrefois, une cicatrice bien plus palpable qu’aujourd’hui avait déchiré la chair. Les lèvres de Yago s’y étaient posées, cherchant à réparer le méfait commis par l’arcaniste lui-même, autant qu’à goûter la saveur de ce sang défendu. Il se rappelait encore de la sensation, du désir fulgurant qui avait hanté ses reins, révélateur de la tension qui régnait déjà, entre l’horloger et lui. Il s’empêcha de sourire, afin de ne pas alerter quoi que ce soit, chez le Caïnite. « Je peux comprendre que vous trouviez… peut-être étonnante ma relation avec Yago. En dépit de ce que vous sous-entendez, je suis honnête avec vous. Je ne suis sûrement pas aussi à l’aise que je le voudrais… » Et tu ne fais rien pour m’y aider. « …mais je ne mentirais jamais le concernant. J’ai réussi à plusieurs reprises à le calmer, lorsqu’il se sentait troublé. » Il tairait le terme de Métronome. Ce mot leur appartenait, et à eux seuls. Il s’en serait voulu de le livrer à Salâh. « J’aimerais… » Il fallait qu’il joue franc jeu. Il ne voulait pas continuer sur cette lancée. Lorsqu’il accrocha de nouveau les orbites du vampire, une pointe de détresse se lisait dans les siennes. « Je suis désolé, de… Je dois mal me faire comprendre, de mon côté. Ou mal m’expliquer. Mais je suis sincère. Je n’ai aucune raison de mentir, ni de jouer à vous raconter n’importe quoi. Je sais que Yago est votre Infant. Je sais à quel point il est important pour vous. Je… Je me demandais réellement ce qu’il en serait de notre rencontre, et j’aurais voulu… enfin, je l’avais imaginée autrement. » Foutu pour foutu, il aurait difficilement pu moins exposer son flanc à la vindicte du camp d’en face. Cependant, il ne supportait pas qu’on remette en doute l’authenticité qui n’avait toujours su lui apporter que des emmerdes ou, paradoxalement, des relations dont l’éclat avait lui ou luisait encore, dans les échanges qu’il avait partagé avec ses proches.

« Je n’ai appris aucune leçon. Je tente simplement de faire de mon mieux. Je ne sais pas ce que vous attendez de moi, dans le fond. Je souhaitais me montrer respectueux, envers vous. Visiblement, c’est l’inverse qui s’est produit, et je vous demande de m’en excuser. Sincèrement. » Montrer patte blanche. Courber l’échine. La colère avait fondu, au profit de ce besoin sourd de ne pas mordre la main qui dominait. Ce comportement était gravé à vie dans son code génétique, et toute la rancœur qui exsuderait plus tard aurait largement de quoi compenser cette volonté de le convaincre de sa bonne foi. Il ignorait si cette tentative porterait ses fruits. Mais lui, au moins, saurait qu’il avait essayé de ne pas défier Salâh ad-Dîn, cet empereur d’un monde qu’il n’aurait jamais l’occasion de voir de ses yeux d’Occidental.

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Jeu 1 Sep - 16:56 (#)

Apocalypse Now



Les dernières paroles émises se voulaient rassurantes. Le Perse souhaite réellement parvenir à une conversation plus productive; cet échange tendu dans lequel ils évoluaient est toxique et aucun avenir commun ne peut se dessiner. Ce n’est pas le but, loin de là. Les circonstances et la ténacité légendaire de Yago, l’ont poussé à agir de la sorte, ne mettant guère l’Arcaniste dans les meilleures conditions mentales. Cela, il peut le comprendre et l’accepter. Mais la réserve dans laquelle le Mortel se mure agace Salâh Ad-Dîn, profondément.

Les questions plus légères, sont adoptées, même si une certaine lassitude peut se ressentir. Il ne comprend pas cet Humain, tout semble l’ennuyer, le fatiguer. Les soupires sont légion mais la force de caractère de son interlocuteur couvre l’épuisement qui ne peut être feint. Il l’écoute, attentivement, apprécie l’ouverture dont fait preuve le sorcier. Il sourit même, un air presque compatissant. Il comprend le besoin d’ailleurs, l’envie de changer de ciel, retrouver des lieux connus, sécurisants.

- La Nouvelle-Orléans, prononcée à la française, fief des colons français, vendue par Bonaparte et berceau de quelques génies musicaux. Est-ce son histoire, sa beauté ou sa magie qui vous attire dans ses bras ? Pourquoi attendre ? Qu’est-ce qui vous retient à Shreveport ? Vous n’avez pas l’éternité devant vous. Les hésitations créent des regrets. Quelle que soit l’existence menée, il ne faut jamais rien regretter. Qu’en pensez-vous ? Jambes croisées, mains jointes, l’Oriental hoche la tête. Sa voix est calme et sincère. Ma patrie est dans mon cœur et dans ma tête. Je ne reste jamais bien loin d’elle. Regardez…

Son regard dévie, se perdant quelques brèves secondes dans ses Terres lointaines, aimées et chéries. A leurs côtés, doucement la carlingue s’efface, laissant place à une étendue sablonneuse sans fin. Une lune incomplète, mais puissante, illumine les dunes ocres. Un vent léger, brûlant, s’infiltre dans la chevelure de l’Arcaniste, caresse les angles de son visage. La chaleur sèche du désert enveloppe les corps spectateurs. En tournant la tête, le palais de Salâh Ad-Dîn troue l’immensité. Bâtisse imposante, aux murs sophistiqués et finement taillés, promettant une fraicheur bienfaisante. Des jardins d’un vert profond côtoient de larges bassins où l’ondine somnole, troublée par des fontaines scintillantes. Avec douceur, l’illusion se tarit et s’efface.

- Si je vous invitais, viendriez-vous ?

Il sourit, dardant son regard sur son interlocuteur. Qu’importe la réponse, elle n’entrainera pas de sanction. C’est un choix, pas une obligation.

Malgré l’invitation à s’exprimer librement, Eoghan persiste à envelopper ses paroles dans une chappe de plomb. Pourquoi ? N’a-t-il pas de passion pour ses dires ? D’engouement pour son savoir ? Et même lorsqu’il décrit le Rouge, il n’y a pas d’embrasement au fond de ses prunelles, ses yeux restent exempts de cette flamme qui devrait les illuminer. A se demander qui est le trépassé et qui est le vivant ? Salâh se souvient, même après toutes ces années, ces siècles, l’excitation qui le consumait lorsque jeune adulte, il maniait le Noir. Le Mage exprime des faits, placidement. L’Oriental ne s’attendait pas à voir une personne aussi « vide ». Il l’imaginait plus fougueux, plus exubérant, tout du moins, nettement plus enjoué. Un petit discours, bien tissé, trop propre, trop net, lui est fourni. L’attention de l’hôte ne faille pas, son regard reste rivé sur son interlocuteur. Toutefois une phrase, parfaitement anodine, pique l’intérêt du caïnite. Eoghan Underwood serait-il capable de détruire ce qui galvanise ces nuits de pleine lune ? Il ne bouge pas, adoptant cette immobilité offerte par l’éternité.

- Dénouer ce qui a été tissé par des fils occultes est un jeu dangereux. Ne craignez-vous pas les répercussions ? Pouvez-vous en parler librement ou préférez-vous garder cet épisode pour votre mémoire seule ?

Un moment de flottement s’installe, nullement gênant, chacun des deux protagonistes perdus dans ses pensées. Toutefois, le Caïnite suit les iris bleutées qui caressent son propre poignet. Nul besoin de posséder des dons divinatoires pour comprendre ce qui se passe dans la caboche de l’Arcaniste, vu la teneur de ses paroles.

- Et je vous en remercie, sincèrement. Il appose sa main sur son torse, signifiant sa gratitude. Mon Infant est impulsif et très souvent capricieux. Un tendre sourire fait irruption sur son visage. Mais cela fait partie de lui et le rend si attendrissant. Je suis heureux qu’il ait rencontré un homme tel que vous, c’est une bonne chose.

Un changement notoire s’opère, quelque chose s’est déverrouillé et les mots s’alignent avec plus de ferveur, coule avec plus de facilité. Une porte s’est entrouverte. Enfin. Aucune interruption ne vient fendre le discours de l’humain.

- Comme je vous l’ai dit, je n’entrave ni ne condamne les faits et gestes de Yago, tant qu’ils ne nuisent pas à nos éternités. Et je réitère, sincèrement, mon contentement de le voir en votre compagnie. Il abaisse respectueusement la tête à ses dires, usant de gestuelles issues de ses contrées. Vous n’aimez pas le gin, n’est-ce pas ? Taquin, il maîtrise un sourire et claque des doigts, faisant apparaître un employé. Apportez donc autre chose à mon invité, ce qu’il voudra.

Aucune colonne de sable ne danse plus dans la cabine, l’atmosphère est plus sereine. Reprenant assise plus confortable, il patiente que les vas et vient des stewart se terminent et reprend la parole en formulant une question.

- Comment aviez-vous imaginé cette rencontre. Quelles sont vos attentes ?

La véritable entrevue peut désormais débuter. La manière, plutôt surprenante, d’évincer Yago a dû secouer le petit sorcier. Salâh ad-Dîn le pensait moins impressionnable, se serait-il trompé ? Ou n’est-ce que duperie ?

- Monsieur Underwood, ou permettez-moi de vous appeler par votre prénom, Eoghan. Le patronyme s’habille d’une étrange consonnance sur la langue de l’Oriental. J’ai une question qui taraude mon esprit depuis bien longtemps. Quel rôle a joué l’Irae en octobre 2019. Et vous, qu’avez-vous vu, ressenti, fait ? Quelles forces ont été à l’œuvre ? A-t-on réveillé quelque chose… quelqu’un ?

Direct et sans détour. Il sait que l’Arcaniste ne va pas se confier intégralement sur les évènements de cette terrible période. Mais son Ordre reste dans la tourmente depuis, une fissure dans un talon d’Achille. Une brèche dans laquelle Salâh ad-Dîn vient de s’engouffrer et compte bien obtenir quelques éclaircissements et pas seulement ceux qu’il détient déjà.


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