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Cannot a Beast be tamed
Samuel Miller
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Cannot a Beast be tamed
ASHES YOU WERE

En un mot : Bolverk de la Meute
Facultés : Thérianthrope de naissance, Samuel maitrise toutes les phases de transformation (glabro, crinos, hispo, ferus). Loup de grande taille au pelage gris argenté, allant des teintes plus claires au plus foncées.
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Sam 8 Avr - 18:21 (#)

Humpf.

Les bras chargés, j’étouffe un juron quand je me rends compte que je me suis trompé, pour la énième fois, de rue. Franchement, si j’avais su, je lui aurais demandé de venir au garage, au Caern, n’importe où ailleurs. Mais ce quartier, définitivement, je m’y perds. Impossible de savoir pourquoi, surtout que c’est vraiment le seul endroit de la ville que j’ai du mal à appréhender, le jour comme la nuit. Trop d’odeurs, trop d’endroits différents qui me sont totalement étrangers. Et mon côté vieux râleur s’en donne à cœur joie. Enfin, peu importe. Sans compter la modernité des bâtiments qui me hérisse, sans que j’arrive à saisir pourquoi. Enfin si, je sais, mais j’ai pas envie de le reconnaitre, nuance importante.

Visiblement, au troisième ordinateur cassé, notre informaticienne de service décide qu’elle n’a plus envie de se déplacer. Je peux comprendre. Surtout en moins d’un an. Mais autant dire que ma patience atteint vite ces limites avec ces engins démoniaques. Alors, quand je l’ai prévenue, j’ai eu droit à un soupir, son adresse et celle du restaurant du coin qui fait le jumbalaya qu’elle préfère. J’avoue que j’ai potentiellement arqué un sourire, un brin agacé et que j’ai peut-être un peu, mais alors juste un peu, grogné au téléphone. Avant de me souvenir que j’ai besoin de cette saloperie pour faire mes achats et pour gérer l’agenda des clients.

C’est comme ça que je me retrouve au pied de l’immeuble d’Elizabeth, un nouvel ordinateur portable sous le bras, les restes de l’autre dans un sac à dos et de quoi manger pour quatre. C’est un minimum je suppose. Autant dire que je suis pas dans les meilleures dispositions du monde, mais je m’efforce de souffler longuement avant de sonner. Un bzzzz en réponse alors que la porte s’ouvre et je grimpe les escaliers rapidement.

Quelques coups à la porte et j’ai un vague sourire à l’attention de la jeune femme quand elle m’ouvre. « Je suis passé prendre des beignets en plus. Mais t’en auras que si tu m’épargnes les sarcasmes sur ma façon de traiter mes ordinateurs. » La menace par la bouffe avec elle ? Totalement. Je la connais peu, mais suffisamment pour savoir que ça, ça marche. A dire vrai, la situation est un peu étrange avec elle. J’ai bien connu son père qui a été d’une grande aide à mon arrivée à Shreveport. Elle ? Comme tous les enfants en bas âge, je l’ai évitée, durant des années, sans chercher à me rendre sympathique ou quoi que ce soit du même genre. Et elle a fini par quitter la ville, pour n’en revenir qu’à la mort de son père, il y a deux ans. De fait, je la connais pas vraiment, même si je l’ai suivie de loin depuis toute sa vie ou presque. Sans compter que je sais pas trop sur quel pied danser pour avoir été proche de son père. Depuis ? Je la croise de temps à autre, lors des évènements de la Meute principalement. Mais elle a pris le temps de faire mon site web et … de s’occuper des deux dernières victimes de ma mauvaise humeur. Il parait que ça crée des liens, je suis tout de même un brin dubitatif à ce sujet. Du moment que ça concerne les nouvelles technologies, je suis tout le temps dubitatif de toute façon.

Enfin, peu importe. Je tends le tout à la brune. « Ah ouais, j’en oublie la politesse. Salut. La forme ? » Là voilà, j’ai épuisé mon quota de questions.
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Elizabeth Finch
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Facultés : Lycanthrope, elle a tous les avantages qui vont avec... Tous les handicaps aussi accessoirement. Elle maîtrise les transformations en Hispo et Glabro, mais a du mal avec le Ferus, surtout depuis la mort de son père.
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Jeu 20 Avr - 20:16 (#)

Je fixe le téléphone d’un air mécontent, comme s’il était responsable de ce qui vient d’arriver. Il m’a grogné dessus ? Non mais l’audace de ce mec ! J’hallucine ! Il a osé me grogner dessus ! Pas directement, mais c’est pareil, ça se fait carrément pas ! Surtout alors que j’ai l’obligeance d’accepter de l’aider – encore – et d’être super gentille – malgré son caractère de cochon. Il a intérêt à pas oublier le repas sinon je lui ouvre même pas.

Et comment il fait en plus ? Il les balance par la fenêtre ou quoi ?… Non, je suis pas sûre de vouloir de réponse à cette question, ça risquerait de m’énerver. Mais quand même, à ce niveau-là, c’est karmique, c’est un talent, je sais pas, mais il devrait songer à une reconversion. Mais ce serait sans doute moins rentable que son garage de vieux tacots, vu qu’il peut se permettre de racheter un millième ordinateur sans même sourciller. Surtout que je lui conseille de bons trucs, donc qui coûtent un minimum de fric. Des trucs qui devraient durer dans le temps, surtout pour son usage. Peut-être que je devrais lui prendre un genre de tank, au sens propre, qui rebondirait contre les murs et lui ferait un fuck en redémarrant. J’y songe sérieusement.

Est-ce que j’y peux quelque chose, moi, s’il est encore plus réfractaire que ma mère concernant les ordinateurs ? Et la modernité en général ? Pourtant, ils ont grandi, ou vieilli, avec, c’est pas comme si c’était apparu du jour au lendemain… Oh pitié, faites que je devienne jamais comme ça. Je sais que les vieux aiment pas le changement, et que c’était toujours mieux de leur temps, mais pitié, faites que ce soit pas mon cas. Je pense pas que ce soit possible, je suis trop douée quand on me met de la technologie entre les mains, et je refuse d’être l’acariâtre de service qui agite sa canne en maudissant les jeunes générations… quoi que ça doit être fun ça en vrai, comme le grand-père Simpson. Ou je sais plus qui.

Bref !

Je vais lui ouvrir quand il débarque, les bras chargés fort heureusement pour lui, et je m’appuie contre le chambranle de la porte en haussant les sourcils. En plus, il débarque en me menaçant ? Mes yeux se plissent alors qu’il me tend tout son bordel. « Salut. » Est-ce que je vais prendre sur moi parce qu’il a des beignets ? La tentation est grande. Vraiment. J’attrape les sacs de bouffe et jette un coup d’oeil à l’intérieur. « Hum. Offrande acceptée.  » Je m’écarte pour le laisser entrer, avant d’aller poser le tout sur la petite table basse, poussant vaguement le bordel qui s’y trouve déjà. Je le poserai bien ailleurs, mais la table est prise par mon propre ordinateur, courriers, tasse de thé, dossiers, maquillages, places de ciné et j’en passe… Comme tout le reste de l’appartement. Déjà, y a pas de petites culottes qui trainent, je trouve ça bien. « Mais les beignets, ce sera pour te faire pardonner de m’avoir grogner dessus. » Je me tourne vers lui en croisant les bras sous ma poitrine. « Tu sais que je médite à mettre en place une carte de fidélité rien que pour toi ? Si t’as envie de me voir, y a d’autres moyens que de faire souffrir ces petites choses fragiles. » Je soupire et tends la main. « Fais voir la catastrophe. Et assieds-toi. »Et non, je lui demanderai pas comment il va, il mérite pas. « Tu veux boire un truc ? »
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Samuel Miller
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Sam 22 Avr - 18:39 (#)

Je sais, je sais, je devais être plus sympa. Je veux dire, elle a rien fait contre moi, c’est même tout le contraire. Mais de me sentir aussi stupide avec ces engins diaboliques, forcément, ça me fout un peu les nerfs en pelote. Surtout que je sais que je peux pas m’en passer vu la façon dont le monde entier semble avoir décidé que c’était impossible de s’en passer. Ouais, ouais, je sais, je vire vieux con acariâtre, mais je le vis bien. Plus ou moins.

Pour autant, je suis pas de la meilleure des humeurs quand je me retrouve devant sa porte. Et je sais que je pourrais faire des efforts. Je sais que je lui suis redevable. Mais possible que ça m’agace encore plus. J’agite le sachet de beignets sous son nez en voyant qu’elle hésite, ayant compris depuis un moment déjà que, pour réussir à l’amadouer, il faut passer par son estomac. Elle est impressionnante d’ailleurs à ce propos. Et j’avoue que je trouve ça plutôt amusant. Si je me trouve gourmand, je lui arrive même pas à la cheville en réalité. « Ah, super. » Quand elle finit par me laisser passer.

Par contre, je peux pas m’empêcher de lever les yeux au ciel quand elle parle que c’est pour me faire pardonner de lui avoir grogné dessus. « Sérieusement ? T’abuse là ! C’est pas vraiment contre toi que j’ai grogné. Plus contre ma lutte sans espoir contre les nouvelles technologies. » Je tends mes deux paumes vers elle en signe de reddition, alors qu’elle continue de me toiser, visiblement toujours pas trop décidée à savoir si elle va me filer un coup de main ou pas. Franchement, si elle refuse, hors de question de retourner voir l’informaticien qui bosse pas loin du garage. Je risque de vouloir encastrer son sourire goguenard dans le mur. « Si je te dis que t’es mon dernier espoir, ça passe mieux ? » Je tente un sourire, avant de finir par tousser un rire au reste de ses propos. « Je gagne quoi au dixième ordinateur cassé ? Que je sache si ça vaut la peine d’investir autant. » Bon, l’idée c’est quand même de pas totalement la braquer. Et si je suis un vieux râleur, je sais aussi arrondir les angles quand c’est nécessaire pour la survie. Surtout la mienne. Ou plutôt celle de mes affaires. « Je pourrais t’inviter à dévaliser tous les magasins de beignets de la ville par exemple, ce serait plus sympa, j’avoue. » Si elle m’a dit ça en plaisantant, ça me fait quand même un brin tiquer. Mais je laisser filer, grimaçant quand il s’agit de lui tendre l’objet du délit.

Et je finis par sortir le pc de la sacoche, prenant un air aussi innocent que possible ce qui, avec moi, marche absolument pas, bien évidemment. L’écran a été potentiellement un peu – mais juste un peu – éclaté. Claqué un peu trop fort, quand j’ai réalisé que j’arrivais pas à récupérer ma connexion internet. Humpf. Je me fais pas prier pour m’assoir, me retenant à grand peine de ranger le bordel que j’ai sous les yeux. Sans m’en rendre compte, je pousse légèrement un magazine du doigt, juste pour l’aligner avec celui d’en dessous. « Euh… ça dépend, tu proposes quoi ? » Notons que je fais quand même beaucoup d’efforts de sociabilisation. En même temps, avec elle, difficile de faire autrement. Sans compter que, la connaissant, elle serait foutue de parler pour deux si je réponds pas.
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Ven 5 Mai - 18:34 (#)

J’aime tout le monde, toute la meute, même les vieux râleurs jamais contents qui te grognent dessus sans raison. Peut-être qu’en le répétant assez souvent, je finirais par m’auto-convaincre. Non mais en vrai, c’est pas que je l’aime pas, mais vache, même ma mère fait plus d’efforts que lui avec les ordinateurs, avec la technologie tout court. Elle a bien été obligée en même temps, avec moi à la maison… Même avec mon père qui s’amusait toujours à tout démonter pour comprendre comment ça marchait, et puis, c’est lui qui m’a mis mon premier clavier entre les mains. Ils étaient amis d’ailleurs avec le ronchon non ? Le connaissant, mon père devait le tanner avec ça… C’est marrant qu’il m’en parle pas d’ailleurs. Enfin, ‘marrant’, je me comprends quoi.

Mais, tout agaçant qu’il soit, il a fait le déplacement, avec de la bouffe, et des beignets en prime. Je peux décemment pas prendre les sacs de bouffe et lui claquer la porte au nez, quand bien même la tentation est grande. « J’abuse, moi ? J’étais au bout du fil, je te parlais, donc si, tu m’as grogné dessus ! » Je soupire en voyant sa pseudo capitulation. « Et c’est toi qui crée cette lutte, elles t’ont rien fait, les technologies, elles demandent qu’à être aimées tu sais… Si on les aime pas, ça finira en mode Skynet, et personne ne veut ça. » Je secoue la tête, me demandant un instant s’il est aussi réfractaire au cinéma qu’au reste. Et si ça se fait de foutre quelqu’un dehors pour cette raison. Mais quand même, il est obligé de connaître Terminator non ? Je lève les yeux au ciel devant son baratin et son semblant de sourire. « Ça fait un peu genre t’as écumé toutes les autres possibilités avant de te rabattre sur moi, donc c’est pas hyper flatteur je trouve. Et je suis ton seul espoir, on le sait tous les deux. Ça, ça passe mieux. » N’empêche que j’arrive à le faire rire, je pensais pas qu’il en était capable tiens, sans exagération aucune. Ça me surprend assez pour que ce soit un semblant de sourire qui lui réponde et pas un énième regard contrarié. « Un cours particulier d’informatique. Un téléphone digne de ce nom. Le droit de pas te faire tabasser. J’ai pas encore décidé. T’as une préférence ? » J’écarte les mains dans un signe d’évidence. « Et bah voilà, tu vois, t’as de bonnes idées ! Des beignets, c’est cool, tout le monde aime les beignets, j’adore les beignets !... Même si je suis preneuse pour toutes les initiatives qui impliquent de goûter des trucs. » C’est bizarre dit comme ça non ? Trop tard, on s’en fout.  

Mais on en revient rapidement à la raison de sa présence, et sa tête l’incrimine plus qu’elle ne l’innocente. Je l’ouvre, fixe l’écran, silencieuse, ma main passant lentement dessus. « Tu peux m’expliquer ce qu’il s’est passé ? » Un léger sourire accompagne à merveille cette question d’une suavité que n’importe qui trouverait suspecte. « C’est la trace de ton poing ça ? Ou tu l’as juste claqué contre le mur ? » Mais comment c’est possible ?! Non, ne t’énerve pas. Respire. « Peut-être que je pourrais juste te changer l’écran. » Je parle plus pour moi que pour lui, alors que j’examine l’ordinateur comme si je voyais à travers. Evidemment qu’il n’y a plus de batterie de toute façon. « Okay, d’accord, c’est pas grave. » Je soupire à nouveau, le referme et le pose sur un coin du bureau. Plus tard. Les plats sentent trop bon, c’est en train de refroidir, un vrai sacrilège.

Je me tourne vers lui et rassemble rapidement ce qui traine sur la table basse pour le poser – jeter – sur un des fauteuil. « Coca, thé glacé, vin rouge… et sans doute à peu près n’importe quoi. Un whisky ? » Il est l’heure pour ça ? Y a une heure pour ça ? Il mérite ? Tout en parlant, je sors deux assiettes creuses et des couverts que je lui tends, avant d’aller chercher les boissons. Je m’installe à côté de lui sur le canapé, jambes repliées sous moi, et je le fixe sans lui donner son verre. « Mais en plus, tu répares des vieilles caisses non ? Les trucs qui tombent en morceau si tu tapes trop fort dessus ! Tu dois faire preuve d’un peu de doigté non ? En quoi c’est si compliqué de faire pareil avec un ordinateur ? Ils t’ont rien fait les pauvres ! » Je fronce les sourcils et je grimace, agitant un peu les mains, les liquides effleurant dangereusement le bord des verres.« Le cours d’informatique est inclus d’office avec cette réparation, c’est pas négociable. »
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Mer 10 Mai - 10:56 (#)

Il y a quelque chose de vraiment solaire chez cette… non je peux pas dire gamine, elle a l’air de tout sauf d’une gamine, même si la différence d’âge est assez marquée pour que forcément, j’ai ce qualificatif qui me vienne en tête spontanément. Mais, de fait, difficile de rester de mauvaise humeur, même avec toute la bonne volonté du monde. En plus, je ramène de la bouffe et, franchement, même moi l’odeur me met l’eau à la bouche. « J’ai grogné contre le monde qui m’en veut, c’est pas tout à fait la même chose. » Mauvaise foi ? Possible, mais je vais pas reconnaitre totalement ma défaite quand même.

Du reste, j’ai un sourire en coin. « Je proteste. Si les machines savent qu’on peut les éclater d’un coup de poing, moins de risque qu’elles se soulèvent. C’est parce qu’on a laissé trop de liberté à Skynet que c’est parti en vrille. » Au moins, elle tire moins la gueule, c’est une petite victoire. « Allez Obi-Wan, t’es mon seul espoir, ça te va comme ça ? » A défaut de savoir utiliser ces engins diaboliques, au moins j’ai un minimum de références cinématographiques. Il faut dire que j’ai pas mal de soirées à occuper et que la lecture, ça va deux minutes. Et puis, là, on est dans les classiques, même moi je connais. « Tu voudrais vraiment me tabasser ? Ca, je demande à voir. » Forcément, ma Bête s’agite, se demandant si c’est le moment de jouer, avant de se rendormir, pas vraiment intéressée par le reste. Elle connait Elizabeth et sa Bête, l’apprécie sans y voir la moindre menace, alors, tant qu’elle est pas sollicitée, autant dire qu’elle se moque un peu de nos échanges. « Un nouveau téléphone ? C’est pas toi qui m’as refilé celui-là parce que j’étais trop mauvais avec l’autre ? » J’agite un smartphone dont je sais à peine me servir, à part le minimum syndical quoi.

Bizarrement, je me retrouve à trouver le plafond très intéressant quand elle me parle de l’ordinateur et de l’état dans lequel il est. « J’ai juste refermé le … truc-là. L’écran. Un peu fort. » Ca va, je l’ai pas balancé par la fenêtre celui-là. Je la vois bougonner toute seule, retenant un sourire amusé et surtout, surtout, me passant de tout commentaire qui pourrait me valoir une œillade noire. Même s’il est possible que ça aussi, je trouve ça marrant. Et inattendu.  

Mon sourire se fait plus taquin au reste de nos échanges et je la fixe quelques secondes, franchement amusé. « Je note donc que pour te faire plaisir, il faudra qu’on fasse le tour de toutes les boutiques qui vendent des beignets dans cette ville. Tu sais que ça va prendre du temps hein. » J’évite de relever tout ce qui pourrait être mal interprété, c’est pas trop mon genre de toute façon. Et je la suis des yeux quand elle ramasse ce qu’il y a sur la table pour… le jeter un peu plus loin. Possible que je fasse un AVC silencieusement, alors que je me retiens de faire le moindre commentaire. C’est pas chez moi, c’est pas mon bordel, j’ai pas mon mot à dire.

M’efforçant de prendre une grande inspiration, c’est à peine si j’ai écouté ce qu’elle m’a proposé. « Oh euh… mmmh… thé glacé, c’est bien. » Le whisky quand elle aura fini de me faire la morale, ce sera bien comme ça. J’attrape la vaisselle qu’elle me tend et je commence à faire le service, lui remplissant copieusement son assiette, alors qu’elle reprend la parole. « Ce… c’est pas du tout la même chose. Déjà, mes bagnoles sont plus solides que ces machins-là. Suffit que tu serres un téléphone un peu trop fort et il éclate. T’imagines si ça faisait pareil avec une voiture ? » Oui bon, je suis potentiellement un peu – mais alors juste un peu – de mauvaise foi. Toujours est-il que je lève un index dans sa direction, alors que je suis incapable de détacher mon regard du verre dont le contenu va bientôt passer par-dessus bord à ce train-là. « Mais je demande à voir ce que tu donnes face à un moteur de voiture par contre. » Parce que bon, c’est facile de juger sans avoir testé les deux hein. « C’est vraiment obligé le cours ? » Soufflé alors que je bats des cils, me demandant à quel point je vais devoir abandonner cette bataille aussi. « Si c’est le cas, je vais troquer le thé glacé contre le whisky hein. Enfin sauf si tu comptes tout renverser avant. » Une œillade amusée, alors que je laisse filer un silence et que je lui tends son assiette avec mon plus beau sourire.
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Mar 16 Mai - 21:54 (#)

Cette mauvaise foi m’impressionne presque. Mais j’ai grandi avec deux frangins, alors j’ai l’habitude. Que ce soit son mauvais caractère, sa fourberie ou cette mauvaise foi justement, j’ai déjà affronté pire et sans y avoir été préparé. Autant dire que maintenant, je sais gérer, et surtout, j’en ai un peu rien à faire. Je le toise donc d’un air à la fois sceptique et désabusé, sans en rajouter pour autant. Il a tort, mais plus important encore, j’ai raison. Et il le sait bien, c’est tout ce qui compte.

Et puis, même s’il est moins doué qu’un enfant de trois ans avec un ordinateur, il a au moins le bon sens de ne pas être nul partout. Je sais pas jusqu’où va sa culture cinématographique, mais il connaît au moins les bases, je vais pas devoir lui faire la leçon sur les sagas les plus connues. « Tu marques un point. Sur les libertés, pas sur la violence. Je valide pas du tout ça. » Mais je suis obligée de lui sourire pour de bon. « Du coup, ça veut dire que t’es Leila ? Tu serais mignon avec des macarons ! » Je secoue la tête, sans perdre mon sourire, d’autant qu’il ricane et que c’est suffisant pour me perturber. Pas que ça lui arrive pas souvent, mais un peu quand même, il est plus souvent ronchon que souriant d’ordinaire. « Tu m’en crois pas capable ? C’est le côté macho ou le côté vieux dominant qui en doute ? » La frontière entre les deux est plus que mince, si jamais il y en a une du moins. « Je suis sûre que j’en suis capable. » Un coup, rien qu’un coup, je devrais pouvoir… Non ? Même si c’est le Bolverk. Ouais… En tout cas, elle en est persuadée. Et elle a grave envie de tenter. « Parce que tu avais cassé l’autre, nuance. Et il n’y a rien de compliqué là-dessus, c’est… » Je soupire et attrape son téléphone. « Au moins, lui n’est pas cassé. Pas encore. » Je le regarde en lui rendant. « Fais en sorte que ça dure. »  

Contrairement aux ordinateurs que je lui confie donc. Je devrais pas m’en plaindre, il me paie pour ça après tout, mais franchement, ça me fait mal au cœur pour ces petits ancêtres fragiles de Skynet. Ce truc. Il a juste refermé ce truc. Qu’est-ce que je disais, un enfant de trois ans. Il écoute jamais rien et a zéro patience. Il est pas censé être vieux et sage et toutes ces conneries ? Oh je suis agacée, à défaut de vraiment être en colère, mais à quoi bon ? Comment lui en vouloir vraiment, alors qu’il a ramené à manger, dont des beignets et qu’il surenchérit sur des bêtises ? Il s’en amuse aussi, c’est plutôt chouette. Surprenant, mais chouette. « Je suis une fille simple que veux-tu. Les petits plaisirs de la vie font mon plus grand bonheur… un truc du genre. » Je lui rends son sourire. « Et j’ai plein de temps libre tu sais. »

Mais en attendant ce tour du monde des beignets de la ville, je me montre polie et bien élevée, ma maman serait fière de moi. Je le fixe. « Je suis, une nouvelle fois, impressionnée par ton aplomb et ta mauvaise foi. Tu vas me faire croire que les ampoules ou les filtres sont plus solides qu’un téléphone ? » Je secoue la tête, sans lâcher les verres pour le moment, et mes sourcils se haussent. « C’est quoi le rapport ? Je te demande pas de trifouiller dans un ordinateur, juste de pas le casser ! » Je montre ma manucure, dans les tons verts, à motif géométrique. « Je vais pas mettre mes mains dans le cambouis parce que t’es incapable de faire une recherche internet. » Je fronce les sourcils quand il parle des verres. Ah oui. Je me tais et le fixe, alors qu’il se fout ouvertement de moi. Mais il sourit, genre vraiment, avec les yeux qui pétillent et tout. Mon regard passe de son sourire à l’assiette, pour revenir vers lui.

Je lui tends son verre et pose le mien, attrapant l’assiette sans rien dire. Un soupir de plaisir m’échappe alors que je mange religieusement quelques instants. Putain, c’est trop bon. Pas longtemps en silence. « Et oui, c’est obligé. » Je le dévisage. « Je te ferais des cours simples, l’essentiel. Et te plains pas, tant que tu me nourris, je suis hyper cool. »
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Lun 22 Mai - 17:27 (#)

Y a pas à dire, des fois, j’ai quand même l’impression de vivre sur une autre planète. Probablement que je devrais faire un peu plus d’efforts pour me sentir moins à côté de la plaque. Mais, fondamentalement, ça fait aussi partie de ce que je suis. Je me vois pas changer juste pour… pour quoi au juste ? Rien au final. Que ce soit mon caractère pas toujours facile ou ma lutte sans fin contre les ordinateurs, j’ai pas la moindre envie de changer. Et puis, même si certains s’en plaignent, c’est pas comme si ça avait vraiment une incidence sur leur existence.

Mais, pour une fois, j’ai pas envie de rester ronchon trop longtemps. Déjà parce qu’à mon avis, avec quelqu’un comme Elizabeth, ce serait beaucoup trop fatiguant et compliqué. Trop de bonne humeur en une seule personne, c’est effarant. « Chacun sa façon de défendre sa liberté. Pense à notre belle Constitution et au port d’armes plus important que le droit de vote. » Soufflé avec une ironie que j’essaie même pas de cacher. Il faut dire que les armes et moi, on est pas super potes. Trop de possibilités de nous faire la peau, j’aime moyen. Au reste, j’ai un rire silencieux et je souffle, le plus sérieusement du monde. « Je suis toujours mignon, avec ou sans macaron. Mais je suis pas sûr d’avoir le bon profil. »

Et je lève un index dans sa direction. « Les deux ne sont pas incompatibles jeune fille. » Je suis parfaitement conscient d’être macho et vieux dominant. D’autant que les deux vont plutôt en réalité souvent de pair, autant assumer. « Et tu m’as l’air vraiment sûre de toi. Tu sais qu’on va devoir vérifier que tu en es vraiment capable hein ?! » Est-ce que ça m’amuse d’avance ? Evidemment. Est-ce que je suis un peu trop sûr de moi ? Oui, mais les années aident pas vraiment à ce que je me la joue humble, surtout face à quelqu’un comme Elizabeth. Je sais de quoi je suis capable, je sais de quoi la Bête est capable et, surtout, je sais que la demoiselle est pas assez en harmonie avec la sienne pour espérer réellement l’emporter. « On fait un deal. On se fait un petit combat à l’amiable. Si t’arrives à me toucher une fois, on passe la journée d’après à faire le tour de toutes les boutiques de beignets. Si t’y arrives pas, tu me laisser parler avec l’autre partie de toi. » Elle sait très bien où je veux en venir, pas besoin de détailler plus que ça.

Bon, forcément, elle ramène encore le sujet sur ces foutues technologies. Et elle a droit à un roulage d’yeux d’une mauvaise foi parfaite. « Comment ça je l’ai pas encore cassé ? Je casse pas tout non plus. » Bon, certains trucs plus que d’autres. Du coup, je suis partagé entre l’envie de le broyer sous ses yeux pour le principe ou tout faire pour pas qu’il se casse. Pour le principe aussi. Autant dire que c’est un peu trop contradictoire à mes yeux pour que j’ai réellement envie de me pencher sur le sujet. Et je la fixe quelques secondes en silence quand elle continue. « Gaffe, je vais finir par croire que tu apprécies ma compagnie. Même si on sait tous les deux que ce serait juste pour les beignets. »

Evidemment, j’ai un petit sourire victorieux quand elle parle de mon aplomb et de ma mauvaise foi. « Ca n’a absolument rien à voir. Vraiment. » Je secoue la tête en parfait miroir avant de jeter un regard curieux à sa manucure. « Oh joli. C’est toi qui le fais ? » Vraiment, j’aime bien. Et si c’est elle qui a assez de patience pour faire ça, je serais vraiment impressionné. « Et je sais parfaitement faire une recherche internet. Comment tu crois que je trouve tout mon matos ? » Quand même. Non mais. Bon, j’ai du mal à la jouer offusqué trop longtemps, parce que la scène m’arrache un vrai sourire, de ceux que j’ai pas si souvent que ça. Je commence à manger en même temps qu’elle avant de souffler, non sans un hochement de tête. « Faudra que je commande plus souvent chez eux tiens. C’est juste à côté du boulot en plus. » Juste que ouais, ils sont un tantinet anti-CESS, de quoi refroidir quand on passe les portes avec leurs affiches pas très accueillantes. « Qu’est-ce que t’appelles essentiel ? » Ouais, ouais, je tente encore de négocier pendant que je le peux encore.
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Cannot a Beast be tamed
Elizabeth Finch
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Facultés : Lycanthrope, elle a tous les avantages qui vont avec... Tous les handicaps aussi accessoirement. Elle maîtrise les transformations en Hispo et Glabro, mais a du mal avec le Ferus, surtout depuis la mort de son père.
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Dim 28 Mai - 21:37 (#)

Je laisse échapper un mix entre un geignement et un grognement, non sans lever les yeux au ciel. « T’as déjà entendu les laïus de ma mère concernant le port d’armes ? Et les liens avec la violence gratuite ? Ou les conséquences quand tu es afro-américain ? » Evidemment que oui. « J’ai très bien retenu ses discours et arguments. Tu  veux pas me lancer sur le sujet, crois-moi. » Et j’ai carrément la flemme de le faire, d’autant qu’on s’en fout dans l’immédiat. Surtout qu’il se prend pour Leila. Oui, la seule et unique. Et qu’il fait ça avec un tel sérieux qu’il m’arrache un rire. « Oui. Mais tu le serais encore plus avec des macarons, c’est à tenter moi je dis ! Même si t’as pas assez de boobs et un peu trop de poils au menton pour ça en effet, c’est dommage. »

Je grimace. Evidemment que les deux vont ensemble, naïve que je suis. Mais ça change rien. Il se prend – à raison – super au sérieux, sauf qu’il a un peu tendance à pas du tout le faire avec moi. C’est vexant ça non ? Ouais, en tout cas, elle apprécie pas trop. Et moi non plus. Enfin, je m’en cogne un peu, mais quand même quoi ! Il pourrait faire semblant ! Mes yeux se plissent alors qu’il poursuit et que je sens l’arnaque arriver à plein nez. Ah. Carrément. Quel sale con. Oui, mais des beignets… gratos… toute la journée… c’est grave tentant ! La louve elle est plus partagée. Elle a envie de gagner, juste pour prouver qu’elle peut y arriver et pour claquer le museau d’un vieux macho, bolverk qui plus est. Et en même temps, elle a aussi envie de le voir. Perso la contrepartie me freine légèrement et ça doit légèrement se voir. « Te toucher une fois, genre ça ? » Tout en parlant, je tends la main et lui poke le nez du bout de l’index le plus sérieusement du monde. Avant de soupirer. « Tu te prends trop au sérieux. Et j’ai pas le droit d’être sûre de moi ? » Je le fixe sans sourciller et finis par acquiescer en lui tendant la main. « Marché conclu. Une fois. Toutes les boutiques de la ville. Je les connais toutes, tu pourras pas m’arnaquer. » J’ai une moue. « Elle est plus insupportable que moi, ton aura dominante là… elle va juste vouloir te la faire manger. » Est-ce qu’elle se pense plus dominante que lui ? Non, quand même pas… quoique, elle l’envisage. Pire, elle aimerait bien. Toute façon, j’ai clairement pas envie de me transformer juste pour ses beaux yeux. donc je peux pas perdre.

N’empêche que son roulement d’yeux est quasi  aussi parfait que le mien. Mon sourcil se hausse d’un air moqueur devant sa provocation, et je suis presque persuadée qu’il hésite à le casser pour me faire chier. Mais il est pas aussi immature que ça, fort heureusement. « Si on sait tous les deux que ce serait pour les beignets je vois pas le soucis ! » Je hausse les épaules, même si un sourire en coin réapparait bien rapidement sur mes traits. « Et quand tu bougonnes pas, t’es pas la pire compagnie qui soit, aussi surprenant cela soit-il. »

Je saurais pas trop dire si ça arrive vraiment souvent, qu’il ne râle pas, mais en l’occurrence, c’est plutôt cool tellement il semble s’amuser. J’ai rarement vu quelqu’un d’aussi satisfait de son effronterie. « Y a pas de quoi te réjouir, c’était pas un compliment. » Même si je peux pas m’empêcher de lui sourire en retour. « Sérieux t’aime bien ? Ceux-là oui c’est moi. Quand ça devient plus compliqué, je vais en boutique, j’ai pas la patience… » Là déjà, j’ai donné mon maximum et la main droite laisse un peu à désirer quand on regarde bien. Mon regard passe de mes mains aux siennes et je fronce un peu les sourcils. Usées et martyrisées par des dizaines d’années de bricolage, j’en attrape une que je retourne pour l’examinant, après m’être débarrassée des verres. « Je connais une super nana qui te fait des onguents magiques de ouf pour les peaux abimées… J’irai t’en chercher. » Ça servira à rien que je lui file son adresse, déjà que là, il va sans doute me rire au nez. « Je pensais que tu passais par des pigeons voyageurs, comme au Moyen-âge. » Je déconne qu’à moitié, mais c’est encore plus drôle – et terrible – de l’imaginer en train de taper laborieusement sur un clavier avec un seul doigt.

« Quand je disais que c’était un de mes restos favoris, c’est pas pour rien. J’ai très souvent raison… surtout sur la bouffe. » Et puis, ils sont plutôt sympas, si l’on omet les quelques détails méprisants et dangereux nous concernant… Mais je suis faible face à de la nourriture, c’est comme ça, j’y peux rien. « Première leçon, taper dans un écran ne résout jamais rien. Ja-mais. Et on va déjà voir ce que tu sais réellement faire. Genre une vraie recherche internet, un copier/coller, utiliser excel ou… comment tu fais ta compta ? Et tu sais utiliser une boite mail ? Ton site internet est à jour ? » Je finis ma bouchée et regarde mon assiette vide. « Il en reste ? Ou des beignets… T’en as pris beaucoup ? » Question légitime.  En attendant de me décider sur la suite du repas, je le dévisage et secoue la tête. « Les technologies c’est pas si compliqué tu sais. Aujourd’hui, tu peux pas faire sans. Et sois heureux, t’as la meilleure prof du monde sous la main. »
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Facultés : Thérianthrope de naissance, Samuel maitrise toutes les phases de transformation (glabro, crinos, hispo, ferus). Loup de grande taille au pelage gris argenté, allant des teintes plus claires au plus foncées.
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Mer 31 Mai - 11:06 (#)

J’ai un rire silencieux quand elle lève les yeux au ciel. « Oh ça oui. » J’y ai eu droit et pas qu’un peu. « Et j’ai pas besoin d’une redite, ça ira. De toute façon, je reste persuadé que laisser des humains avec trop d’armes à portée de main est la pire idée du monde. » Ou alors, c’était la Révélation qui était la pire idée du monde. Entre les deux, mon cœur balance, probablement parce que les conséquences de l’un comme de l’autre sont bien trop mortelles pour que je puisse me contenter de râler dans mon coin. Mais, pour une fois, je vais éviter de m’engouffrer dans la brèche. La fraicheur et la bonne humeur qui se dégagent d’Elizabeth – quand bien même elle est agacée – m’en empêchent. Et c’est quelque chose de particulièrement appréciable, même si je sais qu’après cette discussion je vais avoir besoin d’un long moment seul, sans personne à qui parler. Non pas qu’elle soit épuisante, ce serait pas franchement pas sympa pour elle. C’est juste que je suis plus vraiment habitué à tant de… vie ? Le terme peut paraitre un peu hasardeux, voire inapproprié, pourtant, c’est celui qui colle le mieux. Je me suis habitué à force, à une vie en demi-teinte, à apprécier ce que j’ai sous les yeux sans pour autant me sens pleinement heureux. Et sans chercher à changer les choses. J’ai réussi à retrouver un équilibre, c’est déjà bien plus qu’espéré. Alors, le reste, les émotions fortes, les condensés de bonne humeur, je laisse ça à d’autres. Quelques moments grappillés çà et là, pourquoi pas, mais pas plus.

J’arque un sourcil quand elle surenchérit à propos de Leia et des macarons. « Abuse pas non plus. Et je compte pas me raser pour lui ressembler, je te vois venir. » Index pointé dans sa direction, alors que, comme à chaque fois avec la jeune femme, la discussion part dans tous les sens. Je sais même pas comment elle fait pour pas perdre le fil, même si j’ai un sourire un brin narquois quand elle plisse les yeux à ma proposition. Une tape sur sa main quand elle me touche le nez. « Absolument pas. Un vrai coup. Que j’aurais pas su parer. Commence pas à essayer de tricher. » Et j’ajoute, un brin amusé. « Au contraire, il faut que tu sois sûre de toi. C’est la base. Mais il faut bien que mon grand âge m’accorde un avantage dans cette histoire. » Et l’assurance en fait partie. Je suis parfaitement conscient que ça peut être agaçant pour les plus jeunes. Mais c’est aussi une nécessité pour maintenir l’équilibre dans la meute. « Et je triche pas moi. Si tu réussis ton coup, tu auras droit à la totale. » Pour la visite des boutiques, évidemment. Je me penche vers elle quand elle me parle de sa Bête, le regard pétillant, alors qu’une lueur inhabituelle prend le relai quelques secondes. Ma propre Bête qui se réveille, clairement prête à relever le défi et surtout, prête à s’amuser un peu. « Mais qu’elle essaie. J’ai hâte de voir ça. » Des décennies de cours en tout genre pour apprendre à me battre, faut bien que ça serve.

Du reste, je la fixe quelques instants. « Je le savais. Pour les beignets. » La suite me surprend un peu plus, mais c’est pas ça qui va me décontenancer. « Vraiment ? J’en prends bonne note alors. Que je … attends c’est quoi ? Ah oui, que je suis pas la pire compagnie qui soit donc. » Soufflé d’un ton un peu moqueur. Avant d’en rajouter une couche à sa tête. « Oh, c’en est un pour moi. » De compliment. « J’aime bien oui. » Pour ses ongles. Je saurais pas dire pourquoi ou même ce qui m’est passé par la tête pour lui balancer ça. Et j’ai un temps d’arrêt, retenant tout juste un grognement quand elle m’attrape la main. « Hum. Elles ont quoi mes mains ? » Vexé, moi ? Un peu. Comme quand elle enchaine en parlant de pigeons voyageurs. « Ca fout des saloperies partout les pigeons, c’est un mauvais plan. Et moi au moins, je suis pas au bout de ma vie quand il y a plus Internet ou d’électricité. »

J’essaie même pas de masquer mon soupir quand elle enchaine, me demandant vaguement où est planqué le whisky donc. « Ca passe les nerfs. » A défaut d’être productif. Et, quand elle parle de ce que je sais réellement faire ou non, je plisse des yeux dans sa direction. Elle est sérieuse là ? Bordel, on dirait bien que oui. « Ma compta ? Je paie quelqu’un pour le faire. Et j’espère bien que mon site internet est à jour, vu que je te paie aussi pour ça. » Des fois qu’elle aurait oublié. Le reste est habilement – ou pas – passé sous silence, alors que je désigne les boites en aluminium. « Il en reste petit estomac sur pattes. Et j’ai pris assez de beignets. Mais il y en a pour ta petite coloc aussi. Alors mange pas tout. » je me fais plus sérieux quand elle parle des technologies et de la place qu’elle a dans nos vies maintenant. Avant de reprendre, sur un ton bien différent. « Sans elles, on aurait nettement moins de problèmes aujourd’hui. On a réussi pendant des dizaines, des centaines d’années, à se planquer, à vivre en dehors du système sans avoir à nous inquiéter de quoi que ce soit. Et maintenant ? Une foutue vidéo sur un dérapage et voilà que le monde entier est au courant en quelques minutes. Alors franchement, va falloir me trouver un meilleur argumentaire que ça pour me convaincre que c’est une bonne chose tout ça. » Parce que, clairement, les nouvelles technologies jouent pas pour notre camp. A noter que j’ai pas dit que c’était mieux avant. Juste que ouais, j’aime pas trop l’idée de nous faire chasser et décimer à cause de ce genre de trucs quoi.
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Mar 13 Juin - 21:24 (#)

Je peux pas m’empêcher de sourire, riant à moitié, en voyant sa réaction. Toute façon, je suis persuadée qu’elle fait les mêmes leçons et morales même  à Joaquin, sans se démonter un instant. « Peut-être, sauf que c’est pas à nous de décider, on a pas à avoir de droit sur eux et puis… la violence n’est pas inhérente aux hommes uniquement. Enfin à l’humanité. » Je me retiens de justesse d’ajouter qu’il est compréhensible qu’ils puissent avoir peur, parce que ce n’est pas tout à fait ça. Mais la peur mène à la haine après tout, qui elle est terrifiante. Mais bon, je vais pas m’appesantir là-dessus, et lui non plus visiblement. Je comprends son point de vue, et même si c’était pas le cas quand il est arrivé, je comprends sa colère et son intolérance à ce sujet. Néanmoins comme dirait ma mère, et Yoda, c’est un cercle vicieux, et il faut bien que quelqu’un fasse le premier pas pour en sortir… Plus tard, peut-être que plus tard, je trouverai le moyen de le faire parler. De le faire avancer. Personne ne devrait garder autant de tristesse et de douleur enfouies.
… ouais, je saisie parfaitement l’ironie de la situation. Mais c’est pas pareil. Moi, c’est tout récent, ça change tout… ou un truc du genre.

Et puis, l’ambiance est plutôt cool, je vais pas tout gâcher. J’arrive même à le faire sourire et rire, c’est dire ! « Ah, tu dis pas non aux prothèses mammaires ! » Je glousse et lève les mains en reddition avant même qu’il ne réplique. « Je plaisante, je plaisante. Tu serais un Chewie parfait. » Ou un Han Solo. Mais je le dirais pas, parce qu’il continue et que la suite est un peu moins drôle. J’aurais préféré continuer parler beignets et… je sais plus quoi. On parle toujours beignets, mais il y a le côté challenge qui me déplait autant qu’il plait à ma louve. Je grimace quand il me donne une tape sur la main, les yeux toujours plissés. « C’est pas de la triche, c’est de la stratégie ! Un vrai coup, c’est pas forcément un coup à la loyale. » Mais là-dessus aussi, il doit être bien meilleur que moi. Ouais, ouais, aussi… Je suis pas stupide, il est bolverk depuis une éternité, il est entrainé… Moi aussi, mais moi, je me contente de frapper des sacs en général. Je lève les yeux au ciel. « Ma mère est grave plus âgée que toi, pour elle, tu peux parler de grand âge. Toi, t’es… entre deux. » Mes lèvres se serrent et je reprends presque en chuchotant. « Lui dis pas que j’ai dit ça, je serais privée de dessert pour un mois au moins. » Ce serait terrible. Mes yeux s’illuminent malgré moi quand il confirme que ce sera gargantuesque, avant de se teinter d’ambre à leur tour, en réponse à son propre regard. Son loup veut jouer. Marrant, je m’y attendais pas, à ce qu’il soit joueur. Ou alors il veut juste m’écraser, ce qui est possible aussi. Mais je pense pas. Et elle, elle aime bien. Elle veut toujours lui montrer qu’elle est plus forte, mais… Ouais, non, elle veut juste lui mettre la pâté. Et jouer. J’esquisse un sourire. « Ton égo se remettra de te faire battre par une femme ? » Plus jeune qui plus est… Je hoche la tête. « Quand tu veux donc. »

Lui rendant son regard, je hausse nonchalamment une épaule. « Je t’aurais pas proposé de manger avec moi, si t’étais insupportable ou trop chiant. » Même si bon, il essaie de l’être un peu je crois. Pas sérieusement, il semble s’amuser, ce qui est d’autant plus surprenant. Je souris un peu plus, stupidement fière de ma manucure, avant de m’arrêter aux siennes. « Elles ont une éternité de maltraitance et de manque de soins. » Je tapote doucement celle que je tiens, possiblement amusée à mon tour de son air… vexé ? « Mais rien d’irrémédiable, t’en fais pas, on les sauvera. » Un ricanement m’échappe et meurt dans une nouvelle grimace. « Je suis pas au bout de ma vie non plus. Je peux lire et courir et manger des beignets et frapper des gens et me faire les ongles et manger des bonbons et… Okay, faut que je m’achète un groupe électrogène. » Je lui fais un clin d’œil. Je dis ça en déconnant, mais ce serait pas une si mauvaise idée.

« Je vais t’offrir un punching-ball. » Je fronce les sourcils, franchement dépitée de sa nonchalance à ce sujet. Je parle sans doute un peu trop, pour changer, sans trop réfléchir, pour changer. « Ah ouais, je gère ça… donc ça c’est fait… par d’autres. Donc t’as zéro compétence en informatique. Cours pour débutant, ça marche. » Qu’il croit pas que je vais oublier la base quoi. Même si le repas détourne un peu mon attention. « Je dépense beaucoup d’énergie, faut que je mange sinon je meurs. Et laquelle de coloc ? Sofia y a pas le droit ? c’est pas très sympa, je lui dirais. » Mais je pose quand même mon assiette pour aller piocher un premier beignet. Que je mange religieusement en l’écoutant. « J’ai essayé de la faire disparaître dès qu’elle est apparue cette vidéo… Je sais bien que ça nous a pas servi, loin de là, mais… » Je soupire. « Les technologies ont permis des avancées médicales spectaculaires, que ce soit au niveau des opérations, des soins, des vaccins. On est capable de prévoir les catastrophes naturelles. On est allés dans l’espace. On peut rester en contact, même en étant à l’autre bout du monde.
Je sais que tu parlais peut-être davantage des vidéos ou d’internet. Mais tout est lié. »
Je le dévisage et reprends d’une voix douce. « Oui, le monde est devenu trop petit pour que l’on puisse se cacher. Mais, je considère que devoir se planquer pour vivre, comme tu dis, c’est pas franchement une vie. On fait partie de ce monde, on peut pas vivre en dehors, coupés de tout, et c’est peut-être utopique, mais on devrait pas avoir à se cacher. » J’esquisse un sourire. « Tout le monde sait qu’on existe maintenant. A nous de faire en sorte de leur montrer qu’on est pas les monstres que certains imaginent. » Ouais, ma naïveté me perdra. « Le bien et le mal existe partout Samuel, chez eux comme chez nous, il faut juste le rappeler à certains. » Chez eux comme chez nous.
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Jeu 15 Juin - 11:34 (#)

Je me fais un brin plus songeur à la remarque d’Elizabeth, laissant filer un silence, avant de souffler, dans un murmure, mon regardant se perdant un instant dans le vide. « C’est pas tant une question de droit que de responsabilité. C’est facile de tirer sur quelqu’un sans assumer derrière, ou en se retranchant derrière de fausses excuses. » Un froncement de sourcils, alors que je continue, toujours sur le même ton. « Et la violence est partout, je te confirme. » Une vague grimace, avant de chasser tout ça d’une pichenette mentale. J’aime le pays où je suis né mais, clairement, j’aurais préféré qu’on ait pas aussi facilement accès aux pires armes létales possibles. Comme ça, on aurait une chance de leur survivre.

Et, plutôt que me focaliser sur ça, je préfère arquer un sourcil au reste. « Des prothèses mammaires. J’ai même pas envie de me dire que tu pourrais avoir imaginé la scène. » Secouant la tête, je finis par lui lancer un nouveau regard. « Ca va, Chewie est un perso plutôt cool. Je vais pas m’offusquer donc. » Si je dégomme mon assiette, elle est loin d’être en reste et, même si je suis habitué à l’appétit de mes congénères, y a quand même toujours quelque chose de fascinant à voir un petit gabarit comme ça descendre une assiette surchargée de bouffe. « Mmmh j’ai comme un doute que ce soit de la stratégie. Mais soit. J’attends de voir. » Au reste, j’ai un temps, dubitatif. « Mais tu crois que j’ai quel âge au juste ? » Parce que j’ai comme un doute sur le fait d’être beaucoup plus jeune que sa mère en vérité. Ce qui pourrait sembler étrange, mais ça fait longtemps que j’ai arrêté de vraiment m’arrêter sur ce genre de chiffres. De par notre nature, notre rapport avec les années qui passent est quelque peu biaisé. Et notre espérance de vie fait relativiser beaucoup de choses. Encore plus quand on tombe sur un vampire plusieurs fois centenaire et qui a vécu bien plus qu’on en vivra nous-même. Alors oui, je me sens fatalement plus âgé, plus expérimenté que des gens comme Elizabeth, c’est un fait pragmatique contre lequel on peut rien. Pour autant, j’ai des fréquentations de son âge et ça me pose aucun problème. « Ce serait terrible si tu étais privée de dessert. T’aurais plus que 47 beignets par jour. » Soufflé avec un ton malicieux avant de tousser un rire au reste. « Je perdrais pas. Donc mon égo ira parfaitement bien. Samedi après-midi ? » Autant fixer une date tout de suite non ?

Si je trouve sa manucure… jolie, ou quelque chose du genre, je m’attendais pas au retour de bâton par contre. Et je laisse échapper un grognement un brin vexé au reste de ses propos. « De maltraitance ? Rien que ça ? Bien la première fois qu’on me l’a fait celle-là. » Humpf. « Je suis presque curieux de voir comment tu te comportes sans ordi ou sans téléphone tiens… » Un clin d’œil un brin provocateur en retour, avant de hausser une épaule. « J’ai déjà un punching-ball. Pas franchement efficace soit dit en passant. Et… » Je finis même pas ma phrase, elle a de toute façon acté que j’étais un parfait débutant. Elle a pas tort, c’est pas pour autant que ça me plait. « Et Sofia dégomme déjà les beignets, je pensais plutôt à sa petite cousine. La pauvre, entre vous deux, je suis sûr qu’elle lutte pour arriver à en avoir un. »

Mais la conversation prend un tour autrement plus sérieux. Je l’écoute en retour, fronçant les sourcils alors que je m’installe un peu plus confortablement dans le canapé. Je lui laisse sa montagne de beignets, préférant de loin le salé au sucré et je réprime un sourire en voyant qu’elle en pioche plusieurs à mesure qu’elle parle, comme si de rien était. « C’est pas toi qui m’avais dit qu’une fois que c’était sur Internet, ça pouvait jamais disparaitre ? » Probablement que si. Ou alors c’était Ciàran, je sais plus. Et j’ai un soupir silencieux à ses paroles. « Je dirais vraiment pas non à un whisky finalement. » Parce que oui, je suis bien conscient que la situation est autrement plus complexe que de me contenter de tout foutre sur le dos des nouvelles technologies. « Ce sont pas les technologies qui ont permis toutes ces avancées mais les cerveaux humains qui étaient derrière. » Ca me parait un point de détail important quand même. « On peut faire tout ça oui. Et pourtant, l’obscurantisme dont certains font preuve est digne du Moyen-âge. » A quand le moment où ils vont de nouveau ériger des bûchers pour brûler des sorcières ? Franchement, j’ai aucun doute sur le fait que ça arrivera tôt ou tard. « Je suis d’accord avec toi. On fait partie de ce monde. Sauf qu’en face, on a des gens qui ont peur. Qui refusent d’accepter ce qui est trop différent d’eux. » Et ça marche même entre humains cette histoire. « Il y a aussi ceux qui détestent l’idée même de pas pouvoir nous contrôler. » Mais oui, tout le monde sait qu’on existe et probablement de la pire des façons. « Certains refuseront d’entendre raison, quoi qu’on dise. Tu le sais ça hein… » Je lui lance une œillade à la fois triste et blasée. Parce que ce sont ceux-là les pires. Ceux qui voudront quand même nous éliminer, même si on arrive à prouver par A+B que globalement, on est là depuis des centaines d’années sans que l’humanité ait eu à en pâtir. « Et la peur ou l’ignorance sont que des excuses foireuses au final. » Surtout pour ceux qui agissent en sachant déjà de quoi il en retourne.
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Jeu 22 Juin - 21:49 (#)

Est-ce vraiment facile ? De tirer sur quelqu’un ? Je me dis que ça doit te hanter à vie, mais il a probablement raison. Certains n’ont pas vraiment la même morale, voire n’en ont pas du tout, et puis, si on agite le terme lycanthrope sous leur nez, ces mêmes personnes se dédouaneront en se disant que ce n’est pas humain. Que nous ne sommes pas humains. J’aime à penser que ces derniers sont minoritaires, mais il paraît que je suis parfois d’une naïveté effarante.

Mon rire se fait plus franc, même si je secoue la tête. « Non, j’avais pas été jusque-là. Je préfère te garder comme tu es. » Est-ce que maintenant, je visualise à moitié la scène ? Evidemment. Mais Chewie est le plus cool de tous, on est d’accord là-dessus. Si, c’est quasiment ce qu’il a dit. Quant au reste, c’est une autre paire de manches, vachement moins drôle. Je le dévisage et réfléchis un peu. Il est là depuis quoi ? Trente ans ? Ouais, il est arrivé quand j’étais gamine. Il avait quoi en arrivant, au moins 30 ans non ? Mais il devait pas être bien plus vieux non plus. « Je sais pas… la soixantaine ? » Je secoue la tête, et mon sourire se fait plus doux. « Mon père avait 82 ans. Et ma mère va sur ses 105 ans. Je crois. T’es plus jeune, me fais pas croire le contraire ! » Même si ce serait carrément possible, vu que le vieillissement est pas du tout linéaire pour un loup. ça veut pas dire grand-chose en vrai, c’est déjà un peu compliqué de jauger l’âge d’une personne en temps normal, chez un thériathrope, c’est carrément la misère. Mais il y a toujours des détails qui aident, en particulier quand on parle de technologies et autres donc. Il a le droit à une autre pichenette, sur la main ce coup-ci, et à un regard courroucé. « Je mange pas autant de beignets !… Je mange plein d’autres trucs, comme des glaces, des cronuts, des donuts,… Faut diversifier son alimentation il paraît. » Je souris. « Mais ouais, ce serait terrible donc. » Je perds mon sourire dans la seconde qui suit, laissant filer un grognement. « L’arrogance faite homme. Tu souriras pas autant samedi, tu verras. » Autant profiter de l’assurance de la louve, non ?

Toujours est-il que je pensais pas faire mouche, surtout pour quelqu’un d’aussi sûr de lui justement. « ça fait quoi ? 40 ans que tu bosses sur des moteurs et autres ? Forcément qu’elles ont morflées ! Boude pas, j’ai dit que c’était rattrapable ! » C’est fragile sur des sujets inattendus ces petites bêtes-là. Grimaçant à mon tour, je plisse le nez en secouant la tête. « C’est déjà arrivé. Je suis insupportable. Je m’ennuie en deux minutes montre en main, faut me trouver un milliard de trucs pour m’occuper. » Je sais, c’est pathétique un peu, mais j’y peux rien. Je lui lance un regard blasé, dans lequel il peut parfaitement lire que claquer un écran d’ordi est encore moins efficace, mais je suis sage et ne dis rien. « Isa ? Tu crois qu’on la nourrit pas ou quoi ? Quand même, c’est la famille ! Elle a le droit à un repas si elle finit ses corvées et le ménage !… Même si elle est toute petite et qu’elle a pas besoin de manger tant que ça. »

Mon air faussement sérieux devient malheureusement véritablement sérieux alors qu’on poursuit sur son ennemi de toujours. Je hausse une épaule avec une moue navrée. « Je me suis dit qu’en m’y prenant assez rapidement, ça marcherait peut-être. C’était il y a 10 ans, j’étais jeune, je pensais que j’étais plus forte qu’eux… Que tout le monde. » Je me lève, et reviens rapidement avec deux verres et une bouteille de Red Breast que je lui montre. « T’as vu, je fais ça bien. » Je nous sers et lui tends son verre en reprenant. « Ce sont des cerveaux humains derrière c’est vrai. Et derrière l’obscurantisme comme tu dis également. Ce qui en soit devrait suffire à démontrer que la technologie n’est pas mauvaise en elle-même, c’est l’utilisation qui en est faite qui change tout. Les plus belles et les plus terribles choses peuvent être créées ou réalisées. La technologie, c’est cool donc. » Un semblant de sourire étire mes lèvres, avant que je ne soupire à mon tour. J’entends bien ce qu’il dit, et oui, je sais. C’est pas comme si j’avais pas déjà entendu ce discours mille fois. « Il y aura toujours des personnes qui refuseront d’entendre et qui rejetteront tout ce qui est différent. Mais ce n’est pas pour autant qu’il faut faire comme eux. Tout rejeter et se montrer hostile envers ceux qui ne font pas partie de notre groupe ne fera que renforcer l’animosité des deux parties. La plupart des gens pourraient comprendre et accepter ce que l’on est, si on avait les moyens de leur parler… » J’esquisse un sourire. « Sofia était horrifiée, et terrifiée, quand elle a vu la vidéo, comme tout le monde. Mais… je n’ai même pas eu à lui dire, elle a juste compris au fil du temps. Et ça n’a rien changé entre nous. »

Je fais tourner mon verre et me passe la langue sur les lèvres. « Ce que je veux dire, c’est que je suis pas d’accord avec toi là-dessus, ce sont pas forcément des excuses foireuses. Il y a en face des personnes qui s’échinent à nous présenter comme les méchants de l’histoire, à faire de nous des monstres. Et au final, la population n’entend quasiment que cette partie de l’histoire. Le résultat est forcément faussé. Quand on a peur, on repousse, on se construit des défenses, on se protège de ce qu’on craint. C’est ce qu’ils font. On peut pas leur en vouloir, c’est humain. Et on fait pareil…
Mais je suis persuadée que l’on peut inverser la tendance. Je suis persuadée que la peur ou l’ignorance peuvent être combattues et endiguées. Qu’on peut les remplacer par la compréhension et l’acceptation. Il faut juste trouver comment toucher le plus de monde possible. »
Je descends la moitié de mon verre d’une traite et hausse les épaules sans le regarder. « Et t’en fais pas, on me répète assez souvent que je suis beaucoup trop naïve pour mon propre bien. »
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Sam 1 Juil - 11:45 (#)

Je vois bien que ça cogite là-dedans et qu’Elizabeth est plus sérieuse que d’habitude. Il faut dire que le sujet est un brin sensible. Et finalement, je préfère pas insister plus que nécessaire, alors que je me fends d’un rire silencieux à sa remarque. « C’est bien aimable de ta part. Tu es fort urbaine. » Je sais pas pourquoi ça me fait aussi plaisir de l’entendre dire ça. Surtout que c’est sur le ton de la plaisanterie. Mais c’est toujours plus agréable d’être apprécié non ? Ou quelque chose du genre.

Mon sourire se fait plus large au reste. « T’as presque tapé dans le mille. Rajoute une petite dizaine d’années et tu seras bien. » Surtout que, comme dit, c’est toujours compliqué de deviner ce genre de choses pour les gens de notre espèce. Alors ouais, j’imaginais sa mère plus jeune j’avoue. « Elle fait encore moins son âge que moi au final. Et donc… elle est plus douée que moi avec un ordinateur, c’était ça l’idée ? » Je penche la tête sur le côté, me demandant si je dois ou non m’en offusquer. Pas le temps pour ça, vu qu’on aborde un sujet autrement plus important pour la jeune femme… la bouffe. Ouais, autant dire que là, si je veux lui faire plaisir, je sais quoi apporter. « Oh, je vois. » Une œillade pétillante à son regard courroucé. « On va redéfinir la notion de diversification alimentaire hein… y a des légumes des fois au milieu de toutes ces sucreries ? Ou c’est uniquement quand tu vas voir ta mère ? »

Son joli sourire disparait aussi sec alors que je pousse la provocation un plus loin. Et je penche vers elle, soufflant, avec une arrogance que j’essaie même pas de camoufler. « On parle d’assurance faite homme plutôt. Mais je te la ressortirais samedi, t’en fais pas. » Une grimace alors que j’examine mes mains et j’ai un haussement d’épaules. « Tu peux bien rajouter 15 ans à ton calcul, j’ai le nez dans les moteurs depuis le lycée. » Mouais bon, ça justifie rien au final. Encore moins cette vexation sortie de nulle part. Comme si ça me posait problème jusque-là. Probablement parce que personne m’avait encore fait de remarque, allez savoir. Du reste, j’ai un rire à sa répartie. « Je vois. Faut qu’on ait des cahiers de coloriage en stock juste au cas où ? » Je sais, je me moque et elle va probablement me sortir une moue un peu vexée, mais c’est le jeu un peu non ? « Oh, je vois que tu la traites particulièrement bien. Et dis-toi que les gens imaginent peut-être que toi non plus, t’as pas besoin de manger tant que ça. Imagine, si on te filait des rations normales. » Perso, je préfère pas le faire.

Bon, on aurait peut-être dû continuer de parler bouffe et autre joyeusetés. Parce que clairement, on a pas du tout le même point de vue sur les technologies et les effets qu’elles ont pu avoir sur notre espèce. Je suis bien plus frileux qu’elle – et c’est un euphémisme. « L’arrogance faite femme alors ? » Soufflé d’un ton léger, avant de hocher la tête en voyant la bouteille qu’elle ramène. « Oh, impressionnant. Je pensais pas que c’était ton truc. » J’ai un temps, avant de reprendre. « On s’est tous laissés surprendre. On aurait dû anticiper et savoir qu’un tel truc allait fuiter tôt ou tard, surtout après les différents coming-outs. Mais je m’attendais pas à ce que ce soit… comme ça. » Je fais tourner le liquide ambré dans le verre, sentant légèrement le parfum qui s’en dégage, alors qu’elle continue dans sa lancée.

Quelque part, entendre un tel optimisme fait du bien. Elle a une vision des choses bien plus belle, bien plus constructive que moi. J’en suis parfaitement conscient. Et j’avoue que j’ai pas mal moindre envie de la casser dans son élan. Parce que je sais qu’on a besoin de personnes comme elles. Qui pensent que les choses sont possibles, qu’on peut avancer et arriver à vivre tous ensemble en communauté. Mais comme dit, chat échaudé craint l’eau froide, alors difficile pour moi d’être totalement d’accord avec elle. Ou même un peu. J’ai un temps, avant de souffler, pensif. « Et tu aurais fait quoi ? Si Sofia n’avait pas compris ? Si les choses avaient changé ? » Je bois une gorgée de mon verre, hochant la tête, appréciateur, avant de continue. « Eriger les défenses, c’est une chose. Et je peux parfaitement l’entendre. C’est une réaction naturelle. Sortir les armes et attaquer, c’est un autre stade. Et c’est aussi ce qu’ils font. » Je me frotte la nuque, mon regard un peu dans le vide. « Je dirais pas que t’es naïve Elizabeth. Je dirais que t’as un optimisme qui force l’admiration. » En tout cas, c’est l’impression qu’elle me donne.  
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Sam 22 Juil - 22:27 (#)

Fort urbaine. Sérieux, mais qui parle comme ça ? Les vieux ouais. Mais je suis assez sage pour éviter de le dire à haute voix, d’autant que les sujets abordés ne se prêtent guère à la plaisanterie malgré tout, même pour moi. Ou peut-être bien que si.

Du moins dévie-t-on assez pour revenir sur un sujet un minimum plus léger… Mais qui rejoint donc sa façon de parler. « J’étais pas loin ! Je deviens douée à ce petit jeu, ça devient presque facile quand tu fais attention aux détails. » Tu parles. Je lui offre un sourire aussi grand que le sien en retour. « Ma mère est cheatée, paraît que c’est génétique, ce serait cool. Et puis, vous faites toujours un peu plus vieux que nous… Les blancs j’entends… C’est raciste de dire ça ? » Sans déc, ça me ferait chier. « Quant au reste, j’ai commencé à trifouiller des ordinateurs et à me perdre sur le web quand j’avais 10 ans, elle a bien été obligé de suivre un minimum. » Je grimace un sourire. « En vérité, je l’ai tellement tanné et je me suis tellement foutue d’elle, que c’est devenu une question d’égo ou un truc du genre.. » Je hausse les épaules, fataliste. Avoir les gens à l’usure, les titiller juste assez sans les braquer (ou pas), ce sont des trucs pour lesquels je suis pas mal douée. « Comme toi en ce moment, qui hésite à être vexé d’être moins doué qu’elle au final. »  Faut juste que je trouve le bon dosage pour être chiante sans être insupportable quoi.

Et Dieu sait que j’ai déjà largement de quoi être insupportable au quotidien. Certes, je suis formidable, mais ça ne m’empêche pas d’avoir quelques menus défauts. Parmi lesquels la nourriture et mon appétit ne figurent absolument pas. La cuisine par contre… Je grimace pour de bon. « Je mange des fruits ? Ça compte non ? » Je soupire. « Je sais PAS cuisiner. Ma mère me laisse approcher sa cuisine que sous haute surveillance depuis que j’ai fait brûler un truc. » Ou dix. Et des trucs qui sont pas trop censés pouvoir brûler comme ça… « Et techniquement, y a des poivrons et des tomates dans le plat que t’as ramené. Donc oui, j’en mange. » Je plisse les yeux à la suite, avant de les lever au ciel, d’un air faussement exaspéré. Que ce soit l’un ou l’autre, je me doute que c’est justifié. Ce qui n’empêche pas la louve de vouloir gagner à tout prix.

Arrogance ou assurance, elle s’efface bien vite derrière une susceptibilité à peine voilée. Entre les ordinateurs et ses mains, du haut de son grand âge, il n’en reste pas moins très facilement contrarié. Et oui, ça m’amuse. « Ah ouais ? T’as vraiment fait ça toute ta vie ! Tu dois être encore plus calé que ce que j’imaginais… t’as déjà tenté de réparer un moteur ou je sais pas quoi les yeux bandés ? » Quoi ? C’est une excellente question je trouve, faut bien mettre un peu de challenge de temps en temps. Je lui tire la langue, pas vraiment vexée, mais un peu quand même, alors que je viens moi-même de dire que j’étais insupportable. « … Les cahiers de coloriage, c’est nul, faut trop s’appliquer. Mais j’aime bien apprendre. Faut juste m’intéresser à ce que tu me montres. » Bon c’est pas si facile que ça en vrai. « Les échecs ! Papa m’avait appris, tu jouais aussi avec lui non ? Le poker aussi un peu… » A quel point ça se ressent qu’il me manque encore ? Hum. J’y jouerais pas pendant des heures, mais c’est un souvenir de papa, donc ça marche un minimum. « Elle est comme un coq en pâte, rassure-toi. » Un clin d’œil. « Et je peux manger des rations normales. C’est juste… c’est comme quand tu vas dans un resto gastronomique tu vois ? Dès que tu sors, tu vas te payer cinq McDo pour compenser. »

J’ai un léger rire et j’acquiesce. « Ouais, ça m’arrive aussi. L’arrogance est un vilain défaut, mais quand on est douée… » Je hausse les épaules, et j’ai une légère moue. « Encore un reste de mon père. Achète un bon whisky ou n’en achète pas. » Après cette tentative mitigée d’imitation, je hoche de nouveau la tête. « Aussi violent. Et dévastateur. » Difficile de remonter la côte de popularité des thérianthropes depuis ce fiasco.

Sans doute que je m’emporte toute seule dans ce monologue, mais il est important de rappeler certaines évidences… qui ne le sont peut-être pas tant que ça, évidentes.  Il fait partie de ces gens qui ont besoin qu’on leur montre que la bonté et l’espoir sont présents un peu partout, qu’il faut ‘juste’ les trouver, les réveiller. Et je suis plutôt douée pour ça aussi il paraît. Apporter de l’optimisme et de la lumière.

Je stoppe néanmoins à sa question, une moue incertaine déformant mes lèvres. Pas que je ne me sois pas posée mille fois ce genre de questions, mais j’ai toujours pas de réponse précise à y donner. « J’aurais peut-être fini par lui dire, si elle n’avait pas deviné. Quitte à voir de la peur ou du dégoût dans son regard. On peut pas avancer dans une relation, quelle qu’elle soit, en mentant sans arrêt… Bon, à la base, c’est qu’on peut pas avancer ou construire une relation sur un mensonge, mais là, c’est un peu plus compliqué. Je sais pas. Ce que j’aurais fait après, si ça avait changé. Je crois que j’aurais continué de vouloir lui montrer que ça ne change pas qui je suis, ou ce qu’on a vécu ensemble. Dans l’espoir qu’elle comprenne. » Je ramène mes jambes sous moi, m’installant en tailleur, et je lui jette un regard attristé. « La peur ne rend pas rationnel Samuel. Surtout quand des forces obscures s’échinent à vouloir de la violence et des morts. Je cautionne pas et je suis pas d’accord, mais prendre les devants évite de se retrouver blessé, ou pire, de voir les siens blessés. La première image qu’ils ont eu de nous a été celle d’une bête monstrueuse dévorant vivant un homme… C’est plutôt hard. Et comme on dit, la meilleure défense, c’est l’attaque. C’est ce que les hommes ont toujours fait. » Je soupire. « Et c’est justement ce cycle qu’il nous faut briser. J’ai pas de solution miracle, mais… Ecouter, apprendre, comprendre. Tout le monde en est capable, ou presque. On doit leur montrer que nous ne sommes si pas différents d’eux. » Mon regard perdu dans liquide ambré se relève vers lui. Mon coeur s’allège un peu et un plaisir vacillant remplace ce sentiment d’être à côté de la plaque, faisant s’ourler mes lèvres. « L’admiration carrément ?… C’est pas souvent que j’ai cette réponse à ce genre de discours. » Je me mordille la lèvre et me penche assez pour le pousser de l’épaule. « Merci. » J’ai une hésitation avant de reprendre avec un regard de chat potté. « … Je peux prendre un dernier beignet ? Ça m’a épuisé de parler autant. »
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Mer 26 Juil - 11:50 (#)

Marrant comme la discussion est facile avec elle. Je m’attendais vraiment pas à ça. Faut dire que jusque-là, on avait jamais pris le temps comme ça. Quelques échanges çà et là, mais en général, elle passait au garage et ça tournait vite court. J’avoue que ça me déplait pas de pouvoir échanger avec elle comme ça. De voir que, même si je suis en décalage avec certaines choses, on arrive à parler sans problème. Je sais, c’est un peu ridicule, surtout avec le recul, mais des fois, il m’arrive un peu, mais alors juste un peu, de me sentir dépassé, en décalage. Ce genre de trucs que je refuse d’avoir à haute voix, question d’égo. « Et c’est quel genre de détails qui t’a mis la puce à l’oreille ? A part ma guerre contre la technologie évidemment. » Soufflé d’un ton amusé, avant de tousser un rire au reste. « Je m’offusquerais pas que t’aies dit que j’ai l’air aussi vieux que ta mère va. Mais du coup, elle avait une bonne raison de suivre le mouvement ouais. » Ca va, j’arrive à ne pas faire de mauvais amalgame avec mes propres enfants, voire les petits enfants que j’aurais pu avoir aujourd’hui si les choses avaient pas tourné comme ça, quand elle parle de tout ça. J’ai mis des mois, des années même, avant de réussir à faire la part des choses, à éviter de voir mes gamins dans tous les gens qui grandissaient autour de moi, à me demander ce que les miens auraient pu devenir. Ce genre de trucs. Partir de Camden m’a aidé. Joaquin m’a aussi beaucoup aidé.

Je chasse tout ça d’une pichenette mentale, avant de lever les yeux à sa remarque. « Je suis pas du tout vexé. Je vois pas de quoi tu parles. » Et cette fois, c’est un rire qui m’échappe quand elle renchérit sur la nourriture. « Les fruits dans les beignets ça compte pas hein, qu’on soit bien d’accord. » Je lève un sourcil au reste. « Tu sais vraiment pas cuisiner ? C’est pas une blague ? » Sifflement impressionné avant de secouer la tête quand elle chipote. « Je vais devoir te faire à manger plus souvent on dirait. » J’ai dit ça sans réfléchir ou sans même songer au fait que ça pourrait être mal interprété. A dire vrai, ça me ferait même plaisir de cuisiner pour elle.

Du reste, j’ai un bref hochement de tête. « J’ai toujours été passionné de voitures oui. Je fourrais mon nez dans les moteurs alors que j’étais même pas ado. Et… j’ai jamais essayé de faire ça. Pour le moteur. Tu retapes des ordis les yeux fermés toi ? » Bon, elle a moins d’expérience, c’est certain, mais ce serait bien le genre à faire ça, juste pour déconner. Une moue amusée à l’évocation des cahiers de coloriage. « Genre t’es pas appliquée toi ? Ca m’étonne. Surtout que tes ongles là, ça demande peu ou prou la même concentration non ? » Par contre, au reste, j’ai une œillade intéressée. « Je jouais avec lui oui. C’était un excellent joueur. Mais j’ai toujours été nul au poker, il arrêtait pas de me plumer à chaque partie. » Un silence, alors qu’elle me rassure sur Isalin. Elle s’appelle bien comme ça non ? J’ai un vieux doute, mais je vais éviter de le dire à haute voix. « Un coq en pâte donc. C’est noté. Mais je rajouterais quelques rations, dans le doute. Et me dis pas que tu vas au McDo après un resto gastro, par pitié. »

J’ai un mince sourire en regardant le verre de whisky quand elle me le glisse entre les mains et qu’elle évoque encore son père. Et ma voix se fait plus douce. « Il te manque hein… » C’est pas vraiment une question. Ca se voit à la façon dont elle en parle. Sa posture change, sa façon de parler aussi. J’aurais presque préféré qu’on continue de parler de ça et pas de cette foutue vidéo, de tout ce qu’elle implique pour notre Meute. Et oui, même si je suis pas d’accord avec elle, sa vision des choses m’impressionne. Tant d’optimise sur l’avenir, sur ce qui peut arriver. Sur ce dont on est capables, les humains comme les garous. « Je trouve ça courageux. De vouloir avouer ce genre de choses à tes proches. » C’est probablement à cause de mon propre passif, mais perso, j’en ai pas la moindre envie, à moins d’être forcé.

Et je garde le silence, alors qu’elle me donne son point de vue sur la peur et ce qu’elle implique. « Prendre les devants évite pas forcément les blessures, je suppose que t’en es tout à fait consciente. » Est-ce ça permettrait d’arranger les choses ? Que les gens soient plus enclins à nous écouter ? C’est probablement pour ça que les vampires ont fait leur coming-out j’imagine. Comme les sorciers. On aurait anticipé, peut-être que les choses se seraient mieux passées. Difficile à dire vu qu’on doit maintenant subir la situation. « Et t’as des idées pour leur montrer qu’on est pas si différents ? » Je la fixe, vraiment curieux, avant de hausser une épaule au reste. « C’est le cas pourtant. Ca fait… du bien. De voir que des gens continuent d’y croire vraiment. » C’est pas mon cas, mais ça, elle le sait déjà.

Un rire alors que je lui tends le sachet de beignet. « Fais-toi plaisir. » Et j’ajoute, à mi-voix. « Tu veux faire une partie d’échecs ? » Après tout, pourquoi pas ? Et ce sera mieux que le cours d’informatique qu’elle avait en tête pour moi.
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Lun 21 Aoû - 21:33 (#)

« Le fait que tu t’entendes super bien avec mon père. Que tu aies des vinyles plutôt que des CD, je parle même pas d’avoir une liste numérique. Ta façon de parler, ton comportement parfois. » J’ai un sourire taquin. « Sinon, très pragmatiquement… T’es arrivé il y a plus de 20 ans, tu devais avoir à peu près mon âge en arrivant. Les calculs se font vite. » Je lui adresse un clin d’œil, souriant de plus belle en l’entendant rire. C’est marrant, je le vois sourire et je l’entends rire davantage en quelques instants que depuis des années… peut-être parce qu’on s’était jamais vraiment parlé, ça doit jouer effectivement. Mais, aussi surprenant cela soit-il, ça se passe plutôt bien. Alors que franchement, c’était pas gagné, avec sa tête de grumpy cat, et son talent inné pour casser mes bébés. Et c’est plutôt agréable, et facile, de discuter avec lui.

Mais je vais peut-être revenir sur ce que j’ai dit alors qu’il rit de nouveau. Ouais, finalement, quand il se moque de moi, j’aime moins. Même s’il se moque pas vraiment. « Alors si ça compte déjà. Et je mange des fruits ! Genre des pommes, des fraises, de l’ananas... » Je fronce un peu les sourcils, prenant un moue boudeuse, et un peu vexée malgré moi vu son ton. « Non, je  sais pas et je vois pas le soucis, je survis très bien sans savoir. » Comme si c’était une obligation de devois savoir cuisiner. « Tu m’as jamais fait à manger, ça c’est préparé, ça compte pas. Tu sais cuisiner toi ? Et… » Je le dévisage un instant en silence, avant qu’un sourire ne vienne ourler mes lèvres. « … C’était une invitation ? Tu m’invites ? » Je continue sans trop lui laisser le temps de faire marche arrière, il avait qu’à réfléchir avant de parler. « J’accepte. Et t’as dit plus souvent, donc ça veut dire plusieurs fois… » J’ai un léger rire. « Panique pas, je plaisante !… On va déjà commencer par un dîner, juste pour me montrer que tu sais cuisiner. J’apporterai du vin. » Quoi ? C’est lui qui m’a tendu la perche, je saute juste sur l’occas’ d’avoir un repas maison. C’est pas vraiment un rencard, je le taquine juste un peu.

« Ton père bosse là-dedans aussi ? En général, ça vient de quelqu’un quand ça commence aussi jeune. C’est le mien qui m’a offert mon premier ordinateur, maman l’a un peu détesté après coup je crois… J’ai déjà tenté, une fois, mais c’était pas trop une réussite. Du coup, tu tenterais ? Genre si je te chronomètre et tout, de faire les yeux fermés ? » Je souris de nouveau en regardant mes ongles. « Ouais, mais c’est pas pareil. Je le fais pas souvent et une fois commencé, je suis obligée de finir. » Un haussement d’épaules. « Je me débrouille pas mal au poker, je parle trop, ça déconcentre certains joueurs, et ça en gonfle d’autres. Et j’ai plein de tics, mais c’est jamais les mêmes, du coup, c’est difficile de savoir quand je mens. Mais il gagnait quand même ouais… T’es meilleur aux échecs ? » Je hoche la tête en le rassurant concernant Isalin, et la secoue à la suite. « Non, je ne fais pas ça. Evidemment que non. » Bien sur que si. Mais c’est pas comme si je faisais souvent des resto gastro non plus de toute façon.

Je cligne des yeux en le regardant, plongeant mon regard dans le liquide ambré, sans vraiment savoir quoi répondre. Je pourrais dire que c’est juste occasionnel, sur certains sujets, à certaines occasions. Mais le fait est que je vais toujours lui parler au cimetierre. Le fait est que j’ai toujours l’impression d’avoir quinze ans quand je pense à lui. Le fait que je m’attends toujours à le voir venir embrasser ma mère dans le cou quand elle cuisine, piquer à manger pour la faire râler, me faire un clin d’oeil en souriant. Que des trucs hyper pathétiques. « Parfois oui. C’est difficile. Mais il aurait détesté que je me morfonde et que je sois trop triste pour lui. Alors ça va. » Oui, ça va. Sans mentir, ça va beaucoup mieux, même s’il me manque toujours. Quite à parler de sujets déprimants, j’aime autant que ce soit moins personnel. Pas que ça me touche pas, mais j’ai quand même un semblant d’amour-propre, et je risque moins de pleurer devant lui en parlant de tout le reste. Je lui offre une ébauche de sourire. « Je l’ai pas fait au final, je suis pas si courageuse que ça. » Mais je devrais peut-être avec d’autres, Ethan et Isalin, par exemple, au hasard.

Du coup, tout mon petit discours vaut pas un pet de chèvre, ce n’est qu’une idéalogie misant sur l’humanité et compréhension dont peuvent faire preuve les gens. Même si j’y crois dur comme fer. « J’en suis consciente. Et eux aussi. Comme je l’ai dit, la logique n’entre pas toujours en ligne de compte. » La peur et la haine sont tellement plus faciles à accepter et à embrasser que les autres émotions et sentiments. Alors lutter contre ça ? « Des idées précises ? Non. Il faudrait déjà que les meutes se mettent d’accord. C’est aussi pour ça que ça a marché pour les vampires et les arcanistes, ils parlent d’une seule voix, ou presque… Une figure de proue qui mène le mouvement, comme Martin Luther King ou Malcolm X pour les afro-américains. » Un nouveau soupir. « Les humains ont besoin de voir, ils ont besoin qu’on leur réponde, ils ont besoin de comprendre et… On se contente de se cacher. Je comprends, mais… c’est naze. » Et accessoirement, ça n’a jamais empêché les massacres et tueries de masse, de se cacher, au contraire. Quant à sa déclaration, c’est un sourire timide qui finit par lui répondre, même si je peux pas m’empêcher d’en rajouter une couche. « C’est déjà ça. Si j’aide un peu les vieux rabats-joie. »

Je pique un énième beignet et lui accorde un sourire bien plus grand alors que je me lève déjà, répondant la bouche pleine. « Je vais chercher l’échiquier ! »
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Cannot a Beast be tamed
Samuel Miller
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ASHES YOU WERE

En un mot : Bolverk de la Meute
Facultés : Thérianthrope de naissance, Samuel maitrise toutes les phases de transformation (glabro, crinos, hispo, ferus). Loup de grande taille au pelage gris argenté, allant des teintes plus claires au plus foncées.
Thème : https://www.youtube.com/watch?v=7yHTpGog0IY
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Mar 29 Aoû - 15:13 (#)

Je la fixe quelques secondes, un peu surpris par tous les détails qu’elle a glanés me concernant. Et probablement encore plus surpris par le fait que ça me fasse… plaisir. Probablement parce que je suis plus habitué à ce qu’on m’observe autant, difficile à dire. Ou tout simplement parce que j’en aurais autant à dire sur elle. Et que l’idée me déplait pas. Pour autant, je la chasse d’une pichenette mentale quand elle souligne, même sans le vouloir, une différence d’âge notable. Et je préfère laisser tout ça de côté, un nouveau rire m’échappant malgré moi. « Je vois que rien ne t’échappe en tout cas. »

Soufflé d’un ton léger, avant de voir sa mine offusquée quand on parle nourriture. « Tu vas vraiment me lister tous les fruits que t’as mangé ? » Je cache encore moins mon rire, surtout à sa moue boudeuse. « Je cuisine très bien oui. Ca t’étonne ? » Au reste, j’ai une hésitation avant de finir par hausser une épaule. « Ouais, c’est une invitation à diner. » On parle juste de diner, pas d’un rencard, qu’on soit bien d’accord. Qui j’essaie de convaincre ? Juste moi ouais. Hum. Passons. « A voir si tu me supportes déjà toute une soirée. Et si ça se trouve, tu vas trouver ma bouffe dégueulasse. Va savoir. » Bon, j’ai assez d’expérience pour être à peu près certain que non. Surtout avec ce ventre sur pattes. « Va pour le vin. » Un clin d’œil pour ponctuer mes propos, alors que la discussion s’enchaine avec une facilité presque déconcertante si j’y faisais vraiment attention.

« Mmmh ? Bizarrement, non. Oh, il a retapé une voiture quand j’étais gamin, mais il était garde-forestier. La meilleure planque quand on est Ulfric. » Un nouveau rire. « On pourra tenter si tu veux. [/color]» Un bref hochement de tête au reste. « Je me débrouille plutôt bien oui aux échecs. » Est-ce que je suis bon ? Je saurais pas vraiment dire et ça n’a pas vraiment d’importance. C’est surtout l’ambiance, le contexte, la personne avec qui je joue. Tout cet ensemble de choses qui m’ont toujours fait aimer ces moments un peu hors du temps. Avec un peu de musique en fond sonore et tout est parfait. Je me contente d’un sourire un peu triste à l’évocation de son père et je préfère laisser filer un silence. Je peux comprendre ce qu’elle veut dire. Mais perso, j’ai toujours du mal à ne pas me morfondre. J’y arrive, la plupart du temps. Et il y a les jours sans. Ca va, il y en a eu beaucoup moins ces derniers mois.

Et voilà qu’elle expose les idées qu’elle a en tête concernant cette foutue Révélation. Je l’écoute avec attention, gardant un silence presque rêveur, notant dans un coin de ma tête tout ce qu’elle raconte. « C’est compliqué de parler maintenant d’une seule voix maintenant que tout a fuité comme ça mais… c’est intéressant ce que tu racontes. » Je peux pas le nier. Même si je partage pas entièrement son avis, je peux accepter de l’entendre. C’est déjà pas mal non ? Au reste, je lui rends un sourire plus doux. « Tu les aides bien ouais. » Je la vois se relever d’un coup, le beignet dans le bec, la fixant quelques secondes en silence, alors qu’elle s’éloigne pour chercher son échiquier. Et finis par souffler, à mi-voix. « J’espère que t’es prête à perdre. »

Au fond, peu importe le résultat. Je peux juste constater qu’Elizabeth a réussi à souffler un peu plus sur les nuages qui m’entourent. Et c’est plutôt sympa. Plus que ça même. Mais j’y réfléchirais plus tard.
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