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The neon demon

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Your soul is mine
Orihime Hasegawa
Orihime Hasegawa
Your soul is mine
ASHES YOU WERE

En un mot : Une reine dans l'ombre
Qui es-tu ? : ⛧ Cheffe yakuza qui a mérité sa propre branche dans le règne familiale.
⛧Modelée par 37 ans de terreurs infligées par le prince sadique qui l'a engendrée. Elle a néanmoins accepté sa part démoniaque et embrasse son pouvoir, bien qu'elle est consciente de n'être encore qu'un pantin dans un jeu qui dépasse les Hommes.
⛧ Boulimique de pouvoir, elle cherche constamment à éteindre on influence et se nourrit de la peur qu'elle inflige aux autres.
⛧ Respecte le code d'honneur des yakuzas, dans l'énorme majorité des cas au moins. Mais sa condition d'engeance la pousse parfois à tordre les principes de sa mafia.
⛧ Bois, fume, s'envoie en l'air, elle se vautre sans complexe dans ces petits plaisirs de la vie.
⛧ En façade, elle est une élégante chef d'entreprise à qui tout sembre sourire. Elle fait même des dons à des organismes caritatifs. L'envers du décor, c'est le monde du crime, où elle est connue sous le nom Joō, "la reine".

⛧⛧

⛧ 1m61 / ~55 kg;
⛧ Cheveux sombres & yeux noirs insondables.
⛧ Toujours élégamment vêtue, ne porte jamais de robe ou de jupe.
⛧ A trois tatouages : un chrysanthème (plexus), cerisier en fleur (dos), vague d'hokusaï (avant-bras).
Facultés : ⛧ Orihime incarne la peur. Croiser son regard peut déjà mettre mal à l'aise et, sans raison apparente, stimuler la zone du cerveau qui traite la peur.
⛧ Elle peut déployer une aura d'une dizaine de mètres dans laquelle toutes les personnes présentent ressentent une peur inexplicable à son égard.
⛧ Pendant une durée limitée, elle peut devenir une sorte de cauchemar vivant. Elle ne se transforme pas vraiment, mais ceux qui la regardent y voient un patchwork de leurs terreurs les plus profondes.

⛧ Vieillissement ralentit par la grâce de Beleth.

⛧ Bilingue anglais/japonais
⛧ Ceinture noire de Jissen karaté, manie les armes à feu et le katana.
The neon demon Pyhc
ASHES YOU WILL BE

Pseudo : Ori
Célébrité : Kiko Mizuhara
Double compte : Myrtle & Isalín
Messages : 130
Date d'inscription : 30/05/2023
Crédits : Moi-même / holdthgirl (gif)
Ven 9 Juin - 10:42 (#)


Mai 2021 ⛧

La nuit est bien avancée lorsque le SUV aux vitres teintées s’arrête aux pieds des Kingston buildings. Le chauffeur, au blazer classieux aussi sombre que le véhicule, vient ouvrir la portière à son Oyabun. Orihime quitte l’habitable avec l’assurance qui la caractérise, pantalon tailleur et blouse Chanel blanche. Elle aurait presque l’air ordinaire, sans le masque qu’elle arbore en s’avançant vers les immeubles défraîchis qui empestent la misère. Une bande d’ados avachis au pied d’un escalier, le nez dans leurs téléphones en fumant des joints, lève le nez sur les nouveaux arrivants. Il ne faut qu’un geste de l’escorte pour qu’ils se dispersent comme une volée de moineaux. Au premier étage, dans un appartement un peu plus correct que la moyenne du quartier, attendent un Kyodai, Hikaru, et son grand échalas de fils nommé Paul. Tous deux se penchent respectueusement en avant et attendent la prise de parole de leur grande cheffe pour s’exprimer.

- Il parait que vous avez une histoire intéressante pour moi.
- Oui Ane-dono, Paul a vu quelque chose lors d’une soirée à Gilbert Drive. Raconte-lui ce que tu m’as dit, presse-t-il son rejeton d’une vingtaine d’année en le poussant en avant.

Ce dernier s’incline à nouveau, intimidé par la personne qu’il a conscience de voir se tenir dans sa garçonnière, et commence avec maladresse :

- Yo, hum… j’étais en rave là-bas, j’ai été branchés par des amis et tout. Bref. Un moment, ça a dégénéré, ça a tiré, les gens ont paniqué, c’était le chaos. J’ai pas trainé, pour pas être impliqué dans c’bordel v’voyez ? Mais j’ai… j’ai cru voir un truc tuer des gens.
- Tu « as cru » ? Je me suis déplacée pour ça ?
- N-non, pas du tout Ane-dono. Il l’a vu, n’est-ce pas Paul ?
- Carrément oui. Mais pas assez bien. C’était la zone, les gens couraient partout et c’truc était rapide. Ça avait une forme pas humaine, mais j’peux pas dire c’que c’était… rien qui ressemblait à ces vampires ou loups-garous, v’voyez ?

Orihime ne dit rien. C’est très vague comme information, mais c’est en même temps terriblement intriguant. Un type créature meurtrière encore non-référencé ? Sur le principe, elle veut savoir. Quelle est cette chose ? Est-elle seule ? Est-elle contrôlable ? Elle toise un instant les deux kobuns, ses yeux invisibles derrière son masque.

- Merci Paul. Je considère que ce que tu me rapportes compense ta présence sur cet événement. Mais à l’avenir, je te suggère fortement d’éviter ce genre d’endroit.

Les yakuzas ont une politique anti-drogue très strict et tout comme son père lui a dit il y plusieurs années de cela, pour représenter le camp, il faut être clean. Ni stupide, nu ignare. L’organisation Baku n’a pas besoin d’un petit-frère qui termine au poste de police pour s’être fait choppé en rave party.

*

Quelques jours plus tard ⛧ Mai 2021 ⛧

- Vous avez la vidéo sous les yeux ?
- Oui.

Orihime expire la fumée grisâtre de son cancer en tube et actionne le replay. Pour la troisième fois, elle visionne la séquence d’une qualité approximative où l’on voit une femme… égorger un individu semble-t-il. Il s’effondre en tout cas.

- On a aucune information sur cette fille et très peu de moyen pour l’identifier. Entre la panique générale et les substances qui circulaient, c’est déjà un miracle quand les personnes qu’on arrive à choper se souviennent de leur prénom.
- Je vois. Vous êtes sur l’affaire ?
- Deux de mes hommes le sont. Officiellement, on n’envisage pas l’implication de surnaturels, alors on procède comme d’habitude : appels à témoin, garde-à-vue et surveillance des hôpitaux.
- Bien. Faites en sorte que cela reste le cas.
- Il y a quelque chose que je devrais savoir sur cette affaire ? Vous êtes impliquée ?
- Ne soyez pas stupide. Mais j’ai mes raisons de m'y intéresser. Brouillez les pistes, jouer de la flûte à la presse.                                                                                                                     
- … Ok madame. Autre chose ?
- Non. Mais je veux être la première informée si de nouveaux éléments vous arrivent.

Elle raccroche et le silence se fait dans son bureau baigné par la lueur agrume du crépuscule. Ce sergent de la SPD lui a été bien utile pour le coup. La vidéo en elle-même n’apporte pas grand-chose, mais elle donne un peu de matière au témoignage confus du jeune Paul. L’engeance consume la fin de sa cigarette et écrase le filtre dans son cendrier. Nouvelle pression sur une touche du pavé de son téléphone, qui lui permet de joindre directement l’un de ses lieutenants de l’ombre.

- Je vais vous envoyer une vidéo. Retrouvez-moi la fille qu’on voit dessus.

*

6 décembre 2021 ⛧

Il a fallu le temps d’identifier leur cible. La séquence était trop mauvaise pour une analyse faciale précise, alors cette enquête accessoire a exigé des heures de fouilles informatiques et quelques visites à l’ancienne. Au final, c’est « elle » la bonne, à priori. La seule qui n’a pas encore d’alibi pour cette fameuse soirée, et qui a un match de 71% avec ce que ses hackers ont pu extraire de la vidéo.

Orihime attend dans l’un des bâtiments abandonnés au nord de Shreveport, loin de la folie a actuelle de la ville, dressé comme un furoncle dans le paysage après de longues minutes sur un sentier que plus personne n’emprunte. Une ancienne usine céréalière, dont les entrepôts vides ont été investis par les yakuzas deux ans auparavant, et servent notamment pour ce genre de rencontre particulière. Un endroit isolé, impossible à reconnaître, et idéal pour faire disparaître un corps en cas de besoin. La consigne a été d’interpeler la jeune femme et de la convaincre de les suivre jusqu’ici, sans heurt.

Celle-ci met enfin le pied dans ce grand espace qui sent encore l’humidité et la rouille. Il reste de vieilles machines endormies, des chaînes pendues au plafond et de grandes étagères tristes. Masquée, l’engeance attend que son invitée approche un peu. Deux hommes bloquent chaque issue, munis d’armes en argent, elle-même tient dans ses mains son fidèle wakizashi, rangé dans son fourreau. Orihime libère son aura d’épouvante, pour astreindre sa proie à une peur somme toute légitime, et quelle n’est pas sa surprise de sentir que ce n’est pas un garou qui se tient devant elle…

- Enchantée. J’imagine que vous ne me connaissez pas encore, mais vous pouvez m’appeler Joō. Cela fait quelques mois que je vous cherche, Alexandra, accentue-t-elle pour bien montrer qu’elle a bien connaissance de son identité, j’espérais que vous pourriez m’aider sur une certaine rave party du mois de mai.
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NAPALM ROACH : j'adore l'odeur du non-respect au petit matin
Alexandra Zimmer
Alexandra Zimmer
NAPALM ROACH : j'adore l'odeur du non-respect au petit matin
FULL DARK NO STARS
En un mot : We're all mad here. I'm mad. You're mad.
Qui es-tu ? :
- Infréquentable et associable romancière pleine de mauvaises humeurs, d'ironie cinglante et d'indifférence, cachant une âme noire et liée aux enfers.
- Allergique à l’autorité avec une langue trop bien pendue pour sa propre sécurité, elle cherche à fuir ce monde humain dans lequel elle se sent étrangère.
- Écrivaine autrefois invisible dont seul le site internet attestait de son existence, elle est l'auteur anonyme d'un livre étrange et dérangeant, dicté par son propre père.
- Américaine et pourtant guère attachée au moindre patriotisme, elle erra longtemps sans attaches ni allégeances, avant d'être l'alliée forcée du plus terrifiant des Princes.
- Une antre modeste dans les Kingston Buildings masque ses noirceurs, ses poches trouées, ses écrits en vrac et une Honda 350 récemment achetée.

Facultés :
- Fille longtemps ignorante du Prince Hornet, l’ombre de celui-ci a influé sur sa vie, en étouffant une à une les dernières lueurs de son âme.
- Au gré des rencontres, des créatures de la nuit et du rêve d'une sorcière noire, ses perceptions se sont aiguisées et lui ont révélé bien des choses.
- Monstrueuse créature, la forme du cafard l'habite depuis toujours, bientôt sublimée et portée à son paroxysme par l'influence d'Hornet.
- Remarquable plume, ses mots sonnent justes, acérés, et empreints d'une ombre beaucoup plus grande qu'elle-même.
- Une insupportable teigne dont les répliques teintées de fiel déclenchent vexations, colères et peines autour d'elle.

Thème : Nick Cave & The Bad Seeds : Red Right Hand
You'll see him in your nightmares
You'll see him in your dreams
He'll appear out of nowhere but
He ain't what he seems
You'll see him in your head
On the TV screen
Hey buddy, I'm warning
You to turn it off
He's a ghost, he's a god
He's a man, he's a guru
You're one microscopic cog
In his catastrophic plan
Designed and directed by
His red right hand

Pseudo : Achab
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Dim 18 Juin - 18:08 (#)
En ligne

The Neon Demon

C’était l’heure des cendres.
L’instant de l’artiste.

La pendule indiquait neuf heures du soir. En cette saison, la nuit vorace avait avalé le jour depuis des heures déjà, et les néons urbains jouaient le rôle des étoiles. Au pied de mon immeuble de Mansfield, s’étiraient les traînées lumineuses et filasses des voitures, que les distances et la vitesse faisaient baver entre les masses symétriques des bâtiments. La lune n’existait plus ici. Chaque nuit, le fourmillement humain embrasait le ciel, délavait ses ténèbres, et tuait sa poésie ; ce soir, il avait la texture d’une flaque de mercure. Morne et acide, comme les cendres. Dans le reflet de ma fenêtre voilée de tâches de pluie, le cercle de ma clope scintillait par intermittence, au rythme lent et profond de mes inspirations, comme un œil unique flottant dans l’obscurité épaisse d’une vitre mal lavée ; la pupille d’un cyclope qui ne surveillait ni moi, ni personne.

Je n’étais personne dans ces moments-là.
Une braise dans un foyer malade.

Mes pensées avaient alors l’inconstance des cendres. Celles-ci chutaient d’entre mes lèvres, dans le lavabo vide, où terminaient de se dissoudre les dernières bulles souffreteuses du liquide vaisselle. Une odeur de cuisine flottait autour de moi. J’avais trop bouffé. La sensation d’écœurement alourdissait mon estomac, quand les prémices d’une nuit d’insomnies jouaient sur mes nerfs, électrisaient mon esprit, et me faisaient osciller entre fébrilité créatrice et paresse physique. J’ai contemplé un court instant mon vieux carnet de notes. Je l’avais posé sur le plan de travail, entre la cafetière et le placard vertical, où ces feuilles écornées se recourbaient, en s’imbibant des relents de cuisson. Trois mots étaient couchés sur le papier jauni.

Jeudi des Cendres.
Quoique que ça puisse vouloir dire, hé.

J’ai écrasé ma clope dans le cendrier. Un étau cotonneux serrait mon crâne, comme à la suite d’une rasade d’alcool, et toute ma soirée était prévue autour de cette unique sensation ; suivre le fil de ma paresse, pour voir où cela me menait. Écrire, peut-être. Regarder une série, sans doute. Je n’avais rempli aucun carnet depuis la rédaction du livre de Père, cet espèce de presse-cervelle qui avait découpé au chalumeau un trou puant dans mon imaginaire. Qu’avais-je créé ainsi, je n’en avais aucune idée, seulement la certitude d’avoir accouché de quelque chose de merveilleux et d’ignoble à la fois. Pareil à un millier de pattes crochues, un frisson a escaladé mon échine à ce souvenir, avant de sembler pénétrer sous mon épiderme.

Je me suis frottée machinalement l’avant-bras, mal à l’aise, en dépit d’une âme dont les racines nocives se nourrissaient des cendres humaines. La nuit allait se dérouler sur le canapé, entre errance littéraire et jeux vidéo d’horreur. Pas d’internet. Les réseaux étaient saturés de bulletins d’informations sur les incidents en ville, et je n’avais aucune envie de les lire, encore moins d’écouter les actualités.

Les humains s’entre-tuaient et je m’en fichais éperdument.
J’ai tendu la main pour récupérer mon carnet de notes, avant d’être interrompu par la sonnette de l’entrée.

J’ai froncé les sourcils. J’ai abandonné mon carnet pour fixer, au-dessus de moi, la pendule qui indiquait bien les neufs heures passées, tandis que, au-dehors, la nuit enveloppait le quartier de son aura malade typique des ruelles mal famées. Incertaine et insécuritaire. J’ai saisi mon téléphone posé sur la table de la cuisine, et vérifié la discussion avec Dana ; aucun nouvel SMS ne prévenait de sa visite impromptue. Bizarre. Le voisin qui a encore une merde dans son appart ? Dans le couloir de l’immeuble, quelqu’un a encore appuyé sur la sonnette, deux fois, si bien que je me suis décidée, non sans ronchonner, à enfiler mon t-shirt ; la pièce était alors encore enveloppée de chaleur confortable, dans laquelle j’aimais me balader en simple jean et soutif.

La sonnette a encore insisté.
J’ai sifflé entre mes dents. « Putain, quoi encore... »

J’ai défait le verrou, en entrebâillant avec prudence le vieux battant de PVC qui me servait de porte. Derrière celle-ci, deux types en costumes cravates poireautaient, avec leurs chaussures cirées et leur allure stoïque, à la façon des agents du MIB. Je les ai examinés de la tête aux pieds, sans rien dire, déchirée entre la curiosité moqueuse, et l’envie impérieuse de refermer la porte au nez de ces hommes qui puaient les emmerdes. Les chaînes d’informations résonnaient trop d’altercations et d’incidents pour faire confiance à des inconnus.

« Mademoiselle Zimmer ? » a commencé l’un d’entre eux. Il avait une voix posée, précise, et économe, à la façon dont on applique un couteau sur la jugulaire. Quant à son acolyte, il s’est contenté de me dévisager.

J’ai fixé un moment le second, avant de me tourner vers le premier. « Non. » J’ai montré l’opposé du couloir d’un signe du menton. « C’est la porte en face. »

L’homme a perdu son sourire. Comme le second jetait un coup d’œil, par réflexe, derrière lui, j’ai commencé à refermer la porte, avant que son coéquipier ne m’en empêche en posant sa main sur ma porte. Il appuyait fort, moi aussi, et à sa propre surprise, c’est lui qui cédait peu à peu du terrain.

Un ton autoritaire a sifflé entre ses lèvres. « Vous allez nous suivre. » J’ai senti un frisson de colère onduler sur ma peau, tout en appuyant de toutes mes forces sur le battant de la porte. « Non. »

L’autre s’en est mêlé. Il a intercalé son pied dans l’espace entre le battant et l’encadrement et, à eux deux, ils sont parvenus à ouvrir sèchement la porte. Ma prise a cédé. Je me suis reculée juste à temps pour éviter de recevoir le battant en pleine face et de tomber sur le cul, tandis que les deux types extirpaient deux armes à feu de leurs holsters, cachés sous leurs chemises d’un blanc impeccable et leurs vestes de costumes.

J’ai levé les mains sur le côté, en signe de reddition.
Simultanés et habitués, putain. C’est quoi cette merde.

Le second jumeau a enfin ouvert la bouche. Le timbre de sa voix était d’un calme souverain, comme s’il n’était absolument pas en train de me menacer avec un pistolet. « Maintenant. »

Je suis restée un moment indécise.
Les deux bouches noires des canons me fixaient, tandis qu’une foule de questions déferlait à l’intérieur de mon crâne ; qui étaient ces types, d’où me connaissaient-ils, est-ce que je vais jamais avoir la paix, bordel de merde ? Au milieu de cette cascade d’incompréhension, des sarcasmes et des commentaires acides se sont bousculés derrière mes lèvres entrouvertes, hébétées, que j’ai refoulé avec violence.

« Pour faire quoi, au juste ? » ai-je placé, en étudiant à toute vitesse mes options. Elles étaient réduites avec deux armes pointées sur ma tête : je n’avais nullement envie de redécorer mon intérieur avec ma cervelle.

Le premier type a craché. Son amabilité initiale s’était effacée au profit d’un ton sifflant et pressé. « Voir quelqu’un d’important. Grouille-toi, elle n’aime pas attendre. »

J’ai pointé de l’index ma paire de bottes de moto laissées en tas dans l’entrée. « J’peux enfiler mes putains de godasses au moins, ou j’dois faire le chemin pieds nus ? »

Les deux ont hoché la tête, en simultané. J’ai été équiper mes bottes sous les airs méfiants et attentifs des deux jumeaux, ainsi que l’un de mes sweats à capuche favori qui était imprimé d’un slogan "fuck you, you fucking fuck", avant de les suivre dans le couloir désert. Entre ces parois de plâtre craquelé, des néons projetaient nos ombres filiformes sur le sol de béton froid, où crissaient les chaussures cirées des types. J’ai eu le privilège de fermer ma porte à clé avant que, leurs armes cachées sous leurs costumes, mon escorte ne me fasse descendre jusqu’au parking, où nous attendait une berline noire aux vitres teintées.

Personne à l’intérieur. Je me suis avancée jusqu’à la portière arrière, suivie de près par les deux acolytes, qui m’ont déverrouillé le véhicule, en m’incitant à monter rapidement du bout de leurs canons. Aucun des deux n’osait me toucher. Détail intéressant. Beaucoup trop consciente des pistolets cachés sous les costumes, je me suis installée à l’intérieur, tandis que l’Emmerdeur numéro un s’asseyait derrière le volant, et que l’Emmerdeur numéro deux se plaçait à côté de moi, la main sur son arme. Moi, j’étais nerveuse à minima.

« Tu peux arrêter de pointer ça sur moi ? » J’ai désigné la boursouflure sous son costume. « Je sais pas où on va, mais j’ai pas envie que le coup parte à cause d’un trou sur la route. »

Le type s’est contenté de sourire, en bouclant sa ceinture. Super.
Durant quelques secondes, j’ai hésité à profiter du moment de flottement pour métamorphoser mes mains, et tenter de lui arracher ce petit sourire suffisant accroché à ses lèvres. J’ai laissé tomber. Bien trop risqué. Je repoussais mes violentes envies de les injurier et de les provoquer, tout en cherchant furieusement un biais pour me sortir de ces nouvelles emmerdes en un seul morceau.

Durant ce laps de temps, la voiture avait démarré.
Les minutes ont défilé, aussi épaisses que le mutisme de mon escorte. Toutes mes questions sont restées inassouvies, si bien qu’un silence de tombeau a ponctué le voyage vers l’inconnu. Nous sommes sortis de la ville et, derrière les vitres noircies, s’éteignaient les lueurs des réverbères, remplacées par une obscurité opaque et étouffante, qui caractérisait les frontières abandonnées de Shreveport. Des étendues remplies de ténèbres ponctuaient un horizon qui rendait uniforme une nuit sans électricité, où seuls les vieux bâtiments et autres maisons désaffectées témoignaient d’une ancienne présence humaine. Le décor avait l’allure d’un cimetière à ciel ouvert, que les herbes hautes et les taillis épineux avaient reconquis au fil du temps.

Moi, je bouillais. Une fureur naissante créait une torsion viscérale dans mon ventre, et je sentais mes nerfs tressauter à intervalles réguliers ; un état que le silence de mon escorte ne faisait qu’empirer. Quand nous nous sommes finalement arrêtés sur un bord de route envahie d’herbes folles, j’étais sur le point de leur hurler dessus des insanités, avant qu’un revolver ne me force à descendre de la voiture, et à suivre un foutu sentier dans l’obscurité. L’un des types a allumé une lampe torche. Je me suis avancée en marmonnant des insultes, suivie par les deux acolytes, qui m’éclairaient le chemin à suivre au fur et à mesure ; un étroit fil de terre, à demi cachée sous les ronces. Au terme de quelques minutes de marche, nous sommes finalement parvenus devant les silhouettes énormes et alignées d’une série d’entrepôts céréaliers abandonnés.

L’un d’entre eux semblait éclairer.
Les deux connards m’ont escorté jusqu’à une porte dérobée sur le flanc du bâtiment, dans lequel je me suis faufilée ; à l’intérieur, ça sentait le métal rouillé et la glaise humide. Les lampes électriques installées ici et là m’ont aveuglé un instant, pendant que les deux hommes derrière moi s’installaient aux sorties, leurs armes en évidence. J’ai plissé les yeux. Le décor a pris lentement forme sur ma rétine malmenée : des murs de tôle où moisissaient des vieilles machines, et quelques bidons abandonnés. Au centre de tout cela, qui semblait m’attendre, une troisième silhouette féminine portant un masque aux couleurs criardes blanc et carmin.

Je me suis arrêtée net.
Merde, c’est quoi ce truc.

Un frisson de stupeur m’a saisi. De cette inconnue, émanait une puissante sensation d’agression, comme le brusque déferlement d’un maelstrom de malaise ; durant quelques dizaines de secondes, l’effet de surprise m’a rendue muette à sa présentation polie. Tous mes instincts se sont révulsés face à « ça ». Quelque chose d’intensément mauvais suintait de tous les pores de cette femme, et provoquait chez moi, un sentiment de torsion et de révolte, comme si l’on cherchait à s’introduire au plus profond de ma conscience. J’ai mis presque une minute entière à comprendre : devant moi se tenait l’une des nôtres. J’ai mis quelques instants de plus à sortir de mon hébétement initial, et à reprendre le contrôle de mes pensées bousculées.

J’ai cherché à meubler le silence. Ne serait-ce que le temps d’ordonner ma réplique, et de ne pas échapper une stupidité dès le départ.

« Et un coup de téléphone aurait pas suffit ? »

Une seconde. Elle sait pour… ça ?
L’effet d’écrasement initial s’est atténué. J’ai rassemblé le puzzle de mes facultés intellectuelles, et j’ai repris contenance, en dépit de cette abominable pression qui s’acharnait à pénétrer mon esprit. Cette créature était dangereuse. Mon horrible conscience ouvrait ces pupilles jaunâtres, et flairait à son tour ce semblable, qui se tenait là, derrière un masque que je soupçonnais cacher des difformités physiques. Cette phase, je l’avais trop bien connue. Toutefois, au vu des circonstances, coincée entre elle et ses sbires en pleine nuit, au beau milieu de nulle part, mentir était clairement une approche à utiliser avec parcimonie.

Au moins, elle et ses acolytes ne semblaient pas faire partie des fous furieux qui traquaient actuellement les CESS dans les rues. J’ai opté pour une approche prudente. Tâter le terrain.

« C’est-à-dire ? Qu’est-ce que vous voulez savoir ? »

Cela ne servait à rien de nier. Cette femme devait déjà connaître une partie de l’histoire, sinon elle n’aurait pas déployé tant de moyens, ni cette mise en scène, pour me sortir de chez moi. Tout ce que j’espérais, c’est que cette créature ne sache pas tout, ni ne soit sur le bord opposé de l’échiquier ; sinon, j’étais mal partie. Je n’avais pas souvent rencontré les miens. Je m’en méfiais. Je me méfiais même de moi-même.

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En un mot : Une reine dans l'ombre
Qui es-tu ? : ⛧ Cheffe yakuza qui a mérité sa propre branche dans le règne familiale.
⛧Modelée par 37 ans de terreurs infligées par le prince sadique qui l'a engendrée. Elle a néanmoins accepté sa part démoniaque et embrasse son pouvoir, bien qu'elle est consciente de n'être encore qu'un pantin dans un jeu qui dépasse les Hommes.
⛧ Boulimique de pouvoir, elle cherche constamment à éteindre on influence et se nourrit de la peur qu'elle inflige aux autres.
⛧ Respecte le code d'honneur des yakuzas, dans l'énorme majorité des cas au moins. Mais sa condition d'engeance la pousse parfois à tordre les principes de sa mafia.
⛧ Bois, fume, s'envoie en l'air, elle se vautre sans complexe dans ces petits plaisirs de la vie.
⛧ En façade, elle est une élégante chef d'entreprise à qui tout sembre sourire. Elle fait même des dons à des organismes caritatifs. L'envers du décor, c'est le monde du crime, où elle est connue sous le nom Joō, "la reine".

⛧⛧

⛧ 1m61 / ~55 kg;
⛧ Cheveux sombres & yeux noirs insondables.
⛧ Toujours élégamment vêtue, ne porte jamais de robe ou de jupe.
⛧ A trois tatouages : un chrysanthème (plexus), cerisier en fleur (dos), vague d'hokusaï (avant-bras).
Facultés : ⛧ Orihime incarne la peur. Croiser son regard peut déjà mettre mal à l'aise et, sans raison apparente, stimuler la zone du cerveau qui traite la peur.
⛧ Elle peut déployer une aura d'une dizaine de mètres dans laquelle toutes les personnes présentent ressentent une peur inexplicable à son égard.
⛧ Pendant une durée limitée, elle peut devenir une sorte de cauchemar vivant. Elle ne se transforme pas vraiment, mais ceux qui la regardent y voient un patchwork de leurs terreurs les plus profondes.

⛧ Vieillissement ralentit par la grâce de Beleth.

⛧ Bilingue anglais/japonais
⛧ Ceinture noire de Jissen karaté, manie les armes à feu et le katana.
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Lun 19 Juin - 11:59 (#)

Un petit rire filtre à travers son masque. Son invitée reste vive d’esprit, en dépit de la situation, et de la peur qui infuse dans ses veines. C’est amusant. Les prunelles noires d’Orihime détaillent cette femme avec la précision impitoyable d’un scalpel. Elle ne la craint pas véritablement, mais il serait stupide de ne pas respecter un minimum l’une de ses pairs. A ce jour, elle en sait assez pour être consciente de son potentiel meurtrier. Reste à savoir si elles peuvent jouer dans la même cour ou si sa tête viendra compléter son macabre tableau de chasse…  

- Laissez-nous, ordonne-t-elle en japonais aux hommes qui gardent les issues.

Ils disparaissent dans la seconde. Le sentiment de tête-à-tête est en partie factice : les yakuzas se sont éloignés, sachant pertinemment qu’il n’est pas de bonne augure d’écouter aux portes, néanmoins, ils seront toujours suffisamment proche pour revenir en cas de besoin. Un sourire inquisiteur fend le visage de l’engeance sous le persona dissimulant ses traits. Direct dans le vif du sujet, pas de temps perdu dans les jérémiades et les complaintes inutiles. Un point pour Alexandra.

- On m’a parlé du massacre de ce jour-là. Quelqu’un aurait entraperçu une « créature », ni vampire, ni loup-garou. Disons que ça m’a intrigué.

Sa voix est maitrisée, dénuée du moindre artifice émotionnel, comme si elle ne ressentait absolument rien. Ce sont des faits froids, les cadavres de ce jour tragique sont des anecdotes, toute cette situation n’est qu’un puzzle qu’elle remet en place.

- J’aime à me dire que l’enquête de police a piétiné grâce à moi, j’avais besoin de temps pour vous trouver avant eux.

En disant cela, Orihime veut faire passer le message que pour l’instant, elles sont dans le même camp. En réalité, ce n’est pas certain que son pion à la SPD ait pu changer quelque chose, car le PASUA s’en est rapidement mêlé et à partir de là, son influence sur les autorités prend du plomb dans l’aile. Elle est aveugle dans les grandes instances de l’agence régulatrice des CESS – et c’est un défaut qu’elle compte réparer un jour.

- Pour être honnête, je m’attendais à un type inédit de garou ; mes hommes étaient même équipés à l’argent, se moque-t-elle se sa propre méprise. Je ne pensais pas rencontrer une consœur.

Son timbre traîne sur ce dernier mot. « Consœur » ne signifie pas qu’elles ne sont pas rivales, voire ennemies. L’engeance ne la quitte pas des yeux, attentive au moindre geste, à la moindre anomalie. Un entêtant frisson s’obstine à dégringoler son échine. Est-ce de la faute de cette graine des Enfers, ou de l’atmosphère générale qui s’est chargée de souffre au petit matin ?

- Je n’ai pas de raison de vous faire du mal, je vous prie de ne pas m’en donner. Et je suis navrée pour la visite impromptue que vous avez reçue, j’espère que l’escorte n’a pas été trop… musclée.

Là, une pointe d’inflexion dans sa voix. Elle s’amuse. Tel un chat devant une grosse souris : celle-ci peut mordre et se défendre, mais en fin de compte, les griffes sont de son côtés. Orihime prend une grande inspiration, comme si au-delà de l’odeur infecte de rouille qui poisse l’air ambiant, elle cherchait le parfum démoniaque de leur dimension tissée d’horreur absolue.

- Parlez-moi de vous. Savez-vous pour qui vous œuvrez ?

Qui. Quel Prince, si tant est qu’elle ait une allégeance particulière. Leurs appétits, leurs actions, dépendent d’un plan qui transcendant l’humanité. Et dans le chaos apparent des Enfers où ne règnent que les plus forts, il est des camps virtuellement immuables. Si cette Alexandra se trouve être dans le sien, alors l’intérêt de la pupille de Beleth peut être double. Nourrir son entreprise mortelle, et renforcer leurs chances de rendre son coup d’éclat à Scox.
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NAPALM ROACH : j'adore l'odeur du non-respect au petit matin
Alexandra Zimmer
Alexandra Zimmer
NAPALM ROACH : j'adore l'odeur du non-respect au petit matin
FULL DARK NO STARS
En un mot : We're all mad here. I'm mad. You're mad.
Qui es-tu ? :
- Infréquentable et associable romancière pleine de mauvaises humeurs, d'ironie cinglante et d'indifférence, cachant une âme noire et liée aux enfers.
- Allergique à l’autorité avec une langue trop bien pendue pour sa propre sécurité, elle cherche à fuir ce monde humain dans lequel elle se sent étrangère.
- Écrivaine autrefois invisible dont seul le site internet attestait de son existence, elle est l'auteur anonyme d'un livre étrange et dérangeant, dicté par son propre père.
- Américaine et pourtant guère attachée au moindre patriotisme, elle erra longtemps sans attaches ni allégeances, avant d'être l'alliée forcée du plus terrifiant des Princes.
- Une antre modeste dans les Kingston Buildings masque ses noirceurs, ses poches trouées, ses écrits en vrac et une Honda 350 récemment achetée.

Facultés :
- Fille longtemps ignorante du Prince Hornet, l’ombre de celui-ci a influé sur sa vie, en étouffant une à une les dernières lueurs de son âme.
- Au gré des rencontres, des créatures de la nuit et du rêve d'une sorcière noire, ses perceptions se sont aiguisées et lui ont révélé bien des choses.
- Monstrueuse créature, la forme du cafard l'habite depuis toujours, bientôt sublimée et portée à son paroxysme par l'influence d'Hornet.
- Remarquable plume, ses mots sonnent justes, acérés, et empreints d'une ombre beaucoup plus grande qu'elle-même.
- Une insupportable teigne dont les répliques teintées de fiel déclenchent vexations, colères et peines autour d'elle.

Thème : Nick Cave & The Bad Seeds : Red Right Hand
You'll see him in your nightmares
You'll see him in your dreams
He'll appear out of nowhere but
He ain't what he seems
You'll see him in your head
On the TV screen
Hey buddy, I'm warning
You to turn it off
He's a ghost, he's a god
He's a man, he's a guru
You're one microscopic cog
In his catastrophic plan
Designed and directed by
His red right hand

Pseudo : Achab
Célébrité : Rooney Mara
Double compte : Elinor V. Lanuit & Inna Archos
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Lun 19 Juin - 23:06 (#)
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The Neon Demon

L’air était lourd ici.
Immobile et malodorant, comme un mausolée profané.

À des dizaines de mètres au-dessus de nous, le toit formait une chape de ténèbres uniforme, que les lampes branchées ici et là, ne pouvaient éclairer. Alourdi d’une épaisseur de poussière, un réseau de poutres flanquait les murs et se perdait dans les hauteurs, depuis lesquelles pendaient des toiles d’araignées garnies de vieilles fibres de céréales. Des relents de moisissures saturaient tout. Le sol exhalait une odeur de vieille terre fraîchement remuée, comme une tombe éventrée, et la fraîcheur nocturne créait des écharpes de vapeur translucide qui rampaient entre les squelettes des machines. Celles-ci puaient le métal humide, et la rouille ; l’atmosphère en devenait piquante, comme si notre présence avait remué un cadavre frais.

Peut-être n’était-ce que moi.
Mes idées tordues. Mon imagination.
Peut-être, en fin de compte, était-ce cette femme.

Cette créature derrière le masque. Ce monstre jumeau.
Ces sbires désertant les lieux, la voilà en train de se lancer dans une tirade, que je suis forcée d’écouter dans un silence attentif, tandis que cette pression émanant de sa personne ne cessait jamais vraiment. Comme le canon d’un fusil pointé directement dans mon crâne, quelque chose de froid et de brutal s’infiltrait dans mes pensées, fouillant et cherchant à me déstabiliser. Je la connaissais bien cette sensation, je l’avais déjà ressentie mille fois plus forte. Lors d’un cauchemar, il y a un an de ça. Passée l’effet de surprise, et mettant à profit le silence que m’offrait son monologue, je me suis murée dans mes propres réflexions défensives.

Je suis restée plantée là, les mains derrière le dos.
Mes pensées tournaient à toute allure. Je devais raisonner.

Quelque part, cette créature ressemblait à l’avocate. À cette pimbêche de Janowski, et son foutu pouvoir de charisme, qui m’avait poussé à lui écrire un article beaucoup trop favorable à mon goût. Une saloperie. L’un de ces dons de manipulatrice qui s’introduisait dans les recoins de ma cervelle, et cherchait à y creuser son nid malsain à mon insu. Pas cette fois. Alors que cette femme, au surnom de Joō, continuait de déballer ses menaces à demi-mots, mes raisonnements silencieux contribuaient à dompter cette violente sensation de frayeur qui m’avait frappée auparavant. J’ai senti ma lucidité revenir peu à peu. Moi aussi, je détenais l’une de ces facettes horrifiques, qui ne souffraient ni de terreur, ni d’aucun sentiment capables de l’entraver.

Un peu trop sûr de toi, chérie.
Mes mains se sont crispées, invisibles, dans mon dos.

Je réfléchissais furieusement. La mention de la police m’a fait tiquer et, durant une fraction de seconde, un rictus contrarié a déformé le coin de ma bouche ; les autorités savaient-elles vraiment quelque chose ? Je le reconnais désormais volontiers, cet épisode de violence au Gilbert Drive était inconsidéré ; appelons-ça, un excès de zèle, ou bien une lubie de jeunesse. J’aurais mieux fait de laisser crever l’idiote blonde, voire Anaïs aussi. La boucherie qui avait suivi, bien que l’exercice m’ait confirmé mes talents en situation réelle, était un incident beaucoup trop voyant avec le recul, et que je commençais à regretter. Un coup de sang, voilà tout.

Qu’importe. Le Mal était fait. Quant aux autorités, j’étais presque certaine que celles-ci n’avaient découvert aucune preuve, aucune piste pointant dans ma direction. Comment auraient-elles pu ? Les seuls témoins, je les avais taillés en pièces, et personne n’avait assisté à ma transformation. Qui plus est, n’auraient-ils pas déjà frappé à ma porte depuis des mois ? Cette créature mentait. Alors, comment était-elle parvenue à retrouver ma trace ? Était-ce dû à cette nature commune, que je devinais filtrer derrière ce masque ? Elle ne devait faire partie d’aucune agence officielle, certainement pas avec ce genre de méthodes, ni de nature.

Alors, quoi ?
Et surtout, que me voulait-elle ?

Les muscles de mes avant-bras ont tressauté. De face, cela ressemblait à un haussement d’épaules, que j’ai confirmé par une déclaration neutre, simplement pour meubler la conversation.

« J’ai vu pire comme visite. » Pas d’indice. Rien. Je ne voulais rien laisser transparaître tant que je ne savais ni son identité, ni avec qui elle travaillait, et ce qu’elle me voulait.

J’épiais ces mouvements. Immobile, les bras derrière moi, je réfléchissais nerveusement à une façon de ne pas perdre la face, encore moins la vie si les choses viraient à la violence ; cette femme ne savait rien de moi et mes possibilités. Et ça, c’était un net bénéfice. Continue à me comparer aux garous. Durant l’intervalle, j’élaborais lentement, prudemment, une approche, une réponse suffisante pour la satisfaire, sans risquer de trahir mes propres secrets ; une danse sur le fil du rasoir, à laquelle je n’étais pas habituée. La franchise et la brutalité verbale me seyaient mieux, non ces petits jeux mesquins et ces menaces couvertes sous le velours.

Sa dernière question est tombée avec la force d’un coup de poing. J’ai entrouvert la bouche, surprise, avant de la refermer aussitôt en reprenant contenance.
Durant une fraction de seconde, les visions d’un désert noir et d’un soleil mort ont éclaté dans mon esprit, à la manière d’un flash d’appareil photo, comme si ces considérations infernales m’avaient ramené là-bas.

Dans cette zone éternelle, entre mort et révélation. Je suis restée muette un moment. Mes pensées se sont heurtées les unes aux autres, en cherchant une parade, une réponse à proposer, qui m’aurait évité de jouer à pile ou face avec la mort. Je n’en ai trouvé aucune à l’instant. Nous savions toutes deux ce que nous étions véritablement, et cela aurait été inutile, stupide, de ma part de le nier ; nous étions consœurs. Nos âmes se flairaient déjà, telles deux chiennes prêtes à mordre aux jugulaires, et cette fois, je le savais, je n’avais pas le loisir d’avoir une longueur d’avance sur elle et de la manipuler, comme avec la connasse Janowski.

Bas les masques. Apparemment. Jouer les idiotes me nuirait.
J’ai soupiré. Jamais je n’avais été confronté à ça.

« Je sais. »

J’ai marqué une pause. Faisais-je une erreur ? Cette crainte a résonné dans mon crâne, alors que jamais cette situation ne s’était présentée. Celle d’être en face d’une semblable, qui savait. Qui nous étions. Qui se tenait derrière notre dos. Qui nous observait. Mais elle, qui se trouvait derrière elle ?

J’ai décidé de jouer à pile ou face. Tant pis. « Le Monarque. Je marche avec la Mort. »

Mes mains sont finalement retombées contre mes hanches. Illuminée par les lumières électriques, la chitine qui les recouvrait désormais, luisait d’un éclat ambré, lisse, où l’on voyait circuler les capillaires et l’absence d’ossature se remarquer dessous la carapace. Mes bras étaient transformés jusqu’à l’épaule. Pendant qu’elle monologuait, mes mains avaient été remplacées par des membres hybrides, aux phalanges recouvertes d’une carapace dure, que terminaient des serres tranchantes. Les mécanismes nerveux qui activaient alors ces membres d’insectes  à la précision mécanique frémissaient sous mon pull, comme des câbles tendus.

« J’vous retourne la question. Vous êtes qui, et avec qui ? » J’ai remué nerveusement mes doigts. La menace était implicite. « Et j’en ai une autre : qu’est-ce que vous me voulez au juste ? »

La distance entre nous était raisonnable. Je n’étais pas absolument certaine de pouvoir l’atteindre avant que ses acolytes ne viennent à son secours, mais j’estimais mes chances suffisantes pour risquer le coup, plutôt que de mourir sans riposter. Grâce aux manches de mon pull, l’étendue de ma métamorphose était impossible à deviner. Elle ne voyait que mes mains, qui avaient la force de lui déchirer la gorge, ou de la serrer dans un étau suffisant pour s’en servir d’otage. Mon adrénaline est montée en flèche.

Je n’allais pas lui faciliter la tâche. Que cette créature cherche à m’éliminer du jeu, je l’emmènerai aux Enfers avec moi.

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Your soul is mine
Orihime Hasegawa
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En un mot : Une reine dans l'ombre
Qui es-tu ? : ⛧ Cheffe yakuza qui a mérité sa propre branche dans le règne familiale.
⛧Modelée par 37 ans de terreurs infligées par le prince sadique qui l'a engendrée. Elle a néanmoins accepté sa part démoniaque et embrasse son pouvoir, bien qu'elle est consciente de n'être encore qu'un pantin dans un jeu qui dépasse les Hommes.
⛧ Boulimique de pouvoir, elle cherche constamment à éteindre on influence et se nourrit de la peur qu'elle inflige aux autres.
⛧ Respecte le code d'honneur des yakuzas, dans l'énorme majorité des cas au moins. Mais sa condition d'engeance la pousse parfois à tordre les principes de sa mafia.
⛧ Bois, fume, s'envoie en l'air, elle se vautre sans complexe dans ces petits plaisirs de la vie.
⛧ En façade, elle est une élégante chef d'entreprise à qui tout sembre sourire. Elle fait même des dons à des organismes caritatifs. L'envers du décor, c'est le monde du crime, où elle est connue sous le nom Joō, "la reine".

⛧⛧

⛧ 1m61 / ~55 kg;
⛧ Cheveux sombres & yeux noirs insondables.
⛧ Toujours élégamment vêtue, ne porte jamais de robe ou de jupe.
⛧ A trois tatouages : un chrysanthème (plexus), cerisier en fleur (dos), vague d'hokusaï (avant-bras).
Facultés : ⛧ Orihime incarne la peur. Croiser son regard peut déjà mettre mal à l'aise et, sans raison apparente, stimuler la zone du cerveau qui traite la peur.
⛧ Elle peut déployer une aura d'une dizaine de mètres dans laquelle toutes les personnes présentent ressentent une peur inexplicable à son égard.
⛧ Pendant une durée limitée, elle peut devenir une sorte de cauchemar vivant. Elle ne se transforme pas vraiment, mais ceux qui la regardent y voient un patchwork de leurs terreurs les plus profondes.

⛧ Vieillissement ralentit par la grâce de Beleth.

⛧ Bilingue anglais/japonais
⛧ Ceinture noire de Jissen karaté, manie les armes à feu et le katana.
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Mar 20 Juin - 0:34 (#)

Elle sait.

Deux mots, et c’est comme si l’atmosphère lourde de cette nuit de chaos se met à battre d’une ferveur d’outre-monde. L’air se gorge de leurs essences maléfiques, si fondamentalement mauvaises que l’oxygène semble se changer en souffre. Alexandra a le verbe net, court et tranchant. Elle ne se laisse ni impressionner, ni dominer. D’ordinaire, l’engeance déteste ça. Elle préfère voir la peur enflammer les prunelles de ses rivaux, avant qu’elles ne s’éteignent dans la douleur ou qu’ils ne courbent l’échine. Mais ce soir ne ressemble à aucun autre. Et la réponse de la jeune femme entérine cette sensation d’être au tournant d’un jeu qui dépasse l’humanité.

Le Monarque.
Le premier démon.

Sous son masque, ses lèvres s’étirent d’une expression carnassière. Ce moment est important. Terriblement important. Jusqu’à lors, rares ont été ses interactions avec d’autres démons, et elle ne saurait dire quelle était la nature de ces derniers, ni s’ils avaient seulement conscience du Jeu funeste auquel ils contribuaient. Ils étaient morts, obstacles sur ses chemins humains et surnaturels ; et aujourd’hui, ils ne ressemblaient plus qu’à des dégâts anecdotiques. Face à elle se tient une parcelle du Prince juge, celui qui fait défait les Titres ultimes.  

- Hornet, souffle-t-elle, comme pour symboliser qu’elle ne craint pas de l’appeler par son nom.

L’un de ses noms. Pourtant, elle frissonne, mélange d’excitation et d’appréhension. L’invitée lui fait l’honneur d’une démonstration, agitant une main transformée en guise de menace muette. Impressionnant, mais Orihime ne bouge pas d’un iota. Alexandra peut tuer, elle l’a déjà prouvé, rien de nouveau dans l’équation. Celle qui navigue dans le brouillard de l’ignorance, c’est justement la jeune femme. A ce sujet, l’engeance consent à dissiper la brume.

- Je suis aussi du côté de la Mort, au service de Beleth.

Elle est certaine que cette rencontre lui vaudra une visite onirique. Ce n’est pas anodin de croiser le chemin d’un pair initié, et surtout pas d’une entité aussi importante dans la hiérarchie insaisissable des démons. Leur situation est d’autant plus particulière que leur Prince respectif a chacun un statut particulier. L’une se proclame premier de son espèce, l’autre règne sur une dimension dont il est le seul à avoir la Clef.

- A l’origine, je voulais comprendre ce que vous êtes. Peut-être vous proposer un travail, poursuit-elle sans se soucier de la métamorphose contre-nature luisant à la lueur crasse des vieilles lampes de l’entrepôt, mais maintenant… peut-être que nos intérêts peuvent s’aligner.

L’engeance emploie des termes prudents, n’évoquant pas la notion naïve « d’alliance ». Il n’existe rien de tel dans leurs rangs, qui se nourrissent littéralement des mensonges, des meurtres et des trahisons. Le Grand Jeu des démons a ce paradoxe qu’ils sont réunis en « camps », dont les succès s’additionnent, mais où chaque individu le composant nourrit sa propre boulimie de puissance. Orihime ne veut pas d’une égale, elle veut se « servir » d’Alexandra. Et il est probable que d’une manière ou d’une autre, son homologue aient les mêmes intentions.
   
- Par exemple, j’imagine que nous tirerions toutes les deux profit d’un coup d’éclat qui éclipse celui de Scox.

Ou bien elles peuvent s’affronter. Là, maintenant. Mains serrées sur son sabre dissimulé dans son fourreau, la trentenaire attend. Régler cette entrevue dans le sang serait aussi dans la pure tradition des démons, telles deux entités incapables d’exister sans chercher à phagocyter celles qu’elles croisent. Dans tous les cas, la Mort aurait son dû.
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NAPALM ROACH : j'adore l'odeur du non-respect au petit matin
Alexandra Zimmer
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- Américaine et pourtant guère attachée au moindre patriotisme, elle erra longtemps sans attaches ni allégeances, avant d'être l'alliée forcée du plus terrifiant des Princes.
- Une antre modeste dans les Kingston Buildings masque ses noirceurs, ses poches trouées, ses écrits en vrac et une Honda 350 récemment achetée.

Facultés :
- Fille longtemps ignorante du Prince Hornet, l’ombre de celui-ci a influé sur sa vie, en étouffant une à une les dernières lueurs de son âme.
- Au gré des rencontres, des créatures de la nuit et du rêve d'une sorcière noire, ses perceptions se sont aiguisées et lui ont révélé bien des choses.
- Monstrueuse créature, la forme du cafard l'habite depuis toujours, bientôt sublimée et portée à son paroxysme par l'influence d'Hornet.
- Remarquable plume, ses mots sonnent justes, acérés, et empreints d'une ombre beaucoup plus grande qu'elle-même.
- Une insupportable teigne dont les répliques teintées de fiel déclenchent vexations, colères et peines autour d'elle.

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Mar 20 Juin - 23:52 (#)
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The Neon Demon

Des noms dans le noir.
Maudits.

L’obscurité a paru frémir. Coïncidence ou non, une brise brève et malodorante a sifflé entre les interstices du bâtiment, dans les fissures des vieux murs et dessous le seuil de la porte, faisant virevolter des volutes de poussière livide. L’une des lampes a grésillé. L’espace d’un battement de cils, l’odeur pénétrante de moisi est devenue insoutenable, diffusant une puissante puanteur de putréfaction, comme si l’on avait lancé un rat mort au milieu de notre conversation. Parmi les poutres de la charpente, quelque chose a crissé, comme si des ongles cassants creusaient des sillons dans le couvercle d’un cercueil métallique ; la construction toute entière a semblé se tasser sous une masse invisible, que l’obstacle des murs nous empêchait de voir.

Un frisson a dévalé mon échine.
Jamais je ne prononçais ces noms à voix haute.
Jamais.

Deux syllabes, telle la pointe d’une craie crissant sur un tableau noir. Deux syllabes, qui avaient le pouvoir de conjurer un mauvais présage à l’intérieur de mon crâne, une ombre attentive, un battement d’ailes et un soleil mort qui surplombait un désert noir et immobile. Tout cela n’existait que dans ma tête. Néanmoins, je n’osais jamais articuler Son nom, quand bien même il ne semblait constituer pour Lui qu’un accessoire parmi d’autres ; une moquerie envers ceux qui chercheraient à concevoir l’inconcevable. On n’enfermait pas la mort en bouteille. Ni dans une appellation humaine. Et ces noms contenaient le même potentiel que les termes que Père m’avait fait inscrire dans un livre, avant d’en faire cadeau à l’humanité toute entière.

Ces syllabes me crispaient. Un rictus mal à l’aise a déformé mes traits, alors qu’une violente sensation de claustrophobie s’emparait de moi ; durant quelques secondes, je me suis sentie prisonnière de mon propre corps. J’ai avalé ma salive, nerveusement. La femme continuait de déballer ses offres dans cet entrepôt qui ressemblait, de plus en plus chaque minute, à un titanesque cercueil que deux dieux malsains s’amusaient à refermer sur nous. Je détestais ces impressions. Une fureur noire s’est embrasée au fond de mon âme, tel un violent désir de destruction, que le timbre calme et velouté de cette créature ne cessait d’alimenter ; une colère croissante qui dévorait la chape de terreur émanant de derrière ce masque de démon de carnaval.

« Ça suffit. » Je perdais mon calme. Des nuances de pure haine faisaient vibrer ma voix.

Un ricanement désabusé a franchi mes lèvres. Cette masse noire de terreur pesait encore de tout son poids sur ma psyché, mais cette femme, cette entrevue et ces manières, m’avaient mise dans une brûlante colère, qui enflammait cette peur artificielle comme une torche. Des tressautements incontrôlés ont parcouru les muscles de mes bras, en même temps que mes nerfs étaient traversés d’impulsions électriques. J’ai pointé du bout de mon index chitineux la créature en face de moi, dont les mains avaient rejoint l’intérieur de son vêtement, et serraient sur ce qui ressemblait au manche d’une lame. Tant mieux, un point pour moi.

« T’es sacrément culotté. Tu me forces à venir ici, tu me menaces, tout en exigeant des réponses. Et ensuite, tu t’attends carrément à ce que j’bosse avec toi. J’sais même pas qui tu es, ni ce que tu fais. Tu te planques même derrière un masque, et tu espères que je vais te croire sur parole ? »

J’ai levé les yeux au ciel, au comble de l’exaspération, en jurant dans ma barbe. « Putain de merde. J’aurais dû aller picoler chez Dana. »

J’ai serré les dents. De colère. De frustration. Ce coup d’éclat était probablement une stupidité au vu de la situation précaire, mais toute la pression accumulée pendant la soirée venait juste d’exploser comme un bouchon de lave. Le stress et la rancune avaient outrepassé toute prudence. J’ai serré et desserré frénétiquement les mains, avec la furieuse envie de m’en servir. L’un de ces horribles appendices a balayé ma chevelure, tandis que, au travers de mes pulsions destructrices, mes pensées tâchaient de s’ordonner.

J’ai articulé avec lenteur, entre mes dents serrées. « Je t’écoute. »

Mon cœur battait à se rompre. Non de crainte cette fois-ci, mais par la terrible tentation de me laisser aller à une nouvelle boucherie ; durant un instant, j’ai vu la face masquée de cette femme rouler sur le sol, en dévidant une traînée de sang. Elle jouait beaucoup trop avec mes nerfs. Elle évoquait des noms que des bouches, à l’apparence humaine, n’auraient jamais dû prononcer. Nul ne savait réellement qui nous écoutait ici. Nul ne pouvait deviner qui nous scrutait derrière les portes malsaines de nos esprits, entrouverts sur des abysses sans fond aux innombrables yeux attentifs. Je détestais cette idée. Elle me rendait malade.

« J’veux du concret. Tu pourrais très bien me mentir depuis le début, me prends pas pour une conne. » J’ai secoué la tête, dépitée, toute trace de peur désormais étouffée par cette colère qui irradiait mes sens. « Je bosserai pas avec n’importe qui, pour n’importe quoi. »

Qui était-elle, au juste ? Qui était cette chose, qui en savait au moins autant que moi ? Elle ne pouvait être une créature banale, simplement pervertie, mais un être malin qui avait contemplé ces mêmes abysses que moi, et en était revenue plus forte. Quelqu’un capable de supporter ces visions d’horreur. Quelqu’un capable de survivre au sein des pires ténèbres. Grâce à cette saine colère, mes réflexions s’imbriquaient désormais avec clarté, et je l’ai fixé avec une acuité nouvelle, scindée entre rancœur et curiosité naissante.

Est-ce qu’elle m’intéressait ?
Peut-être.

« Tout a un prix. » Un rictus malin a tordu mes lèvres.

Je suis restée ainsi, immobile, les bras ballants en surveillant ces mouvements, parmi les lampes de fortune qui parvenaient tout juste à disperser les ténèbres qui nous entouraient. Je voulais en savoir plus. Je voulais savoir ce qui se dissimulait derrière ce masque, et au-delà ; elle me voulait ? Qu’elle s’en donne les moyens. Impressionne-moi.

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En un mot : Une reine dans l'ombre
Qui es-tu ? : ⛧ Cheffe yakuza qui a mérité sa propre branche dans le règne familiale.
⛧Modelée par 37 ans de terreurs infligées par le prince sadique qui l'a engendrée. Elle a néanmoins accepté sa part démoniaque et embrasse son pouvoir, bien qu'elle est consciente de n'être encore qu'un pantin dans un jeu qui dépasse les Hommes.
⛧ Boulimique de pouvoir, elle cherche constamment à éteindre on influence et se nourrit de la peur qu'elle inflige aux autres.
⛧ Respecte le code d'honneur des yakuzas, dans l'énorme majorité des cas au moins. Mais sa condition d'engeance la pousse parfois à tordre les principes de sa mafia.
⛧ Bois, fume, s'envoie en l'air, elle se vautre sans complexe dans ces petits plaisirs de la vie.
⛧ En façade, elle est une élégante chef d'entreprise à qui tout sembre sourire. Elle fait même des dons à des organismes caritatifs. L'envers du décor, c'est le monde du crime, où elle est connue sous le nom Joō, "la reine".

⛧⛧

⛧ 1m61 / ~55 kg;
⛧ Cheveux sombres & yeux noirs insondables.
⛧ Toujours élégamment vêtue, ne porte jamais de robe ou de jupe.
⛧ A trois tatouages : un chrysanthème (plexus), cerisier en fleur (dos), vague d'hokusaï (avant-bras).
Facultés : ⛧ Orihime incarne la peur. Croiser son regard peut déjà mettre mal à l'aise et, sans raison apparente, stimuler la zone du cerveau qui traite la peur.
⛧ Elle peut déployer une aura d'une dizaine de mètres dans laquelle toutes les personnes présentent ressentent une peur inexplicable à son égard.
⛧ Pendant une durée limitée, elle peut devenir une sorte de cauchemar vivant. Elle ne se transforme pas vraiment, mais ceux qui la regardent y voient un patchwork de leurs terreurs les plus profondes.

⛧ Vieillissement ralentit par la grâce de Beleth.

⛧ Bilingue anglais/japonais
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Mer 21 Juin - 1:59 (#)

Les apparences se fendillent, l’assurance d’Alexandra se mue en colère noire. Caractérielle, lunatique. Orihime note en pensée, sans se laisser déstabiliser pour autant. Son passé est peuplé d’individus au verbe tranchant, capables d’exploser au moindre faux-pas. S’il suffisait de cela pour la désarçonner, elle ne serait pas à sa place aujourd’hui. En revanche, elle contemple avec une admiration malsaine les mouvements des membres métamorphosés et hideux. La chair n’est plus, cette chitine tranchante évoque l’allégorie d’une horreur sans nom. Un monstre, tel que même les mortels à l’imagination la plus aguerrie ne peuvent concevoir.

Mais finalement, elle l’écoute.
A-t-elle un autre choix ?

Inutile de l’évoquer pour faire consensus sur le fait qu’aucune d’elle n’est assez naïve pour croire l’autre sur parole. Elles jongleront en permanence, la méfiance dans une main, les intérêts dans l’autre. Mais les jeux ne font-ils pas partie des vices infernaux ? L’ordre, le rationnel, la confiance, ne découlent pas de leur essence. Elles sont chaos, violence, duperie. Le Grand jeu est une partie d’échec, pas un match de football : on peut gagner la partie en ayant sacrifié son effectif en cours de route.

- On nous appelle le clan Baku, concède-t-elle, lâchant d’une main son wakizashi pour plonger dans sa veste. Une carte de visite te tranquilliserait sur le « sérieux » de notre entreprise ?

Le ton est un brin moqueur. En revanche, elle sort effectivement un petit carton de son revers, flanqué d’un tapir sur une face, et un numéro accompagné d’un masque d’hannya sur l’autre. Bien évidemment que ça ne changerait rien, pas plus qu’Alexandra n’attendait un listing complet de son pédigré. Orihime n’a jamais trop aimé exhiber ses exploits de toute façon : ceux qui parlent le plus sont souvent ceux qui ont quelque chose à compenser. Ici, maintenant, elle n’a rien à prouver à personne. Que la jeune femme la croit ou non, la marche de son projet se poursuivra dans tous les cas. Elle a l’intention d’être ta tumeur de cette ville, et elle grossira jusqu’à se répandre en métastase.

- Tu le sens, pas vrai ? Cette tension dans l’air, depuis hier.

Elle-même a entamé une série de rêves étranges. Les Forces bougent. Deux ans auparavant, Scox n’a fait qu’agiter l’eau du bocal, s’amusant de voir les poissons s’agiter dans tous les sens. L’engeance, elle, veut faire voler le réceptacle en éclat. Et quand il n’y aura plus rien à réparer, le PASUA ne pourra pas cacher le désastre derrière une confortable amnésie collective. A la crise succèdera le chaos, terrain propice pour que la Mort se goinfre jusqu’à plus faim.

- On est à la limite d’un basculement. Ce que je veux, c’est aider le conflit à éclater, ce qu’elle fait déjà par infusion, en vendant des armes à la pelle, indépendamment de leur acheteur. Avec juste ce qu’il faut de motivation, les vampires et les loups-garous ne se laisseront pas chasser sans rien faire.

N'ont-ils d'ailleurs pas commencé ? Ce sont eux les cibles premières et ce sont aussi les plus faciles à titiller. Grâce aux informations qui ont fuité sur les réseaux, Orihime a même des noms. De nouvelles créatures à extirper de leur caveau en pleine journée, tout en prenant la précaution d’imiter les méthodes théâtrales du « Soulèvement de l’humanité ». Les idées ne manquent pas, mais ce n’est évidemment pas le lieu pour déballer tous ses petits secrets gratuitement. Les humains ont déjà leurs épouvantails. Et quand les monstres de pacotille jailliront des ténèbres en quête de sang, la société moderne aura atteint le point de non-retour.

- Le monde a les yeux rivés sur Shreveport en matière de surnaturel. Si la ville sombre dans une guerre de « race », que risque-t-il de se passe partout ailleurs ?

La question est rhétorique, l’engeance a déjà sa réponse à cette question. La violence se répandra, les morts s’accumuleront. Et plus les autorités perdront en contrôle, plus elle gagnera de latitude pour en obtenir. Elle est une de ces plantes qui fleurissent dans les massacres, les racines nourries à la chair des dépouilles. Cette version du monde serait l’Eden d’Orihime.

- Je ne m’attends pas à une réponse immédiate de ta part. Tu peux en être et répondre à ton instinct ou tu peux te contenter de ta vie simple, elle hausse les épaules, indifférente. Je vais te faire raccompagner, avec ma carte. Appelle quand tu es prête et propose moi ton prix.

Pour ses services, elle est prête à faire des efforts. Cette créature serait un ajout de taille à sa collection, aussi dangereuse soit-elle.
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NAPALM ROACH : j'adore l'odeur du non-respect au petit matin
Alexandra Zimmer
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FULL DARK NO STARS
En un mot : We're all mad here. I'm mad. You're mad.
Qui es-tu ? :
- Infréquentable et associable romancière pleine de mauvaises humeurs, d'ironie cinglante et d'indifférence, cachant une âme noire et liée aux enfers.
- Allergique à l’autorité avec une langue trop bien pendue pour sa propre sécurité, elle cherche à fuir ce monde humain dans lequel elle se sent étrangère.
- Écrivaine autrefois invisible dont seul le site internet attestait de son existence, elle est l'auteur anonyme d'un livre étrange et dérangeant, dicté par son propre père.
- Américaine et pourtant guère attachée au moindre patriotisme, elle erra longtemps sans attaches ni allégeances, avant d'être l'alliée forcée du plus terrifiant des Princes.
- Une antre modeste dans les Kingston Buildings masque ses noirceurs, ses poches trouées, ses écrits en vrac et une Honda 350 récemment achetée.

Facultés :
- Fille longtemps ignorante du Prince Hornet, l’ombre de celui-ci a influé sur sa vie, en étouffant une à une les dernières lueurs de son âme.
- Au gré des rencontres, des créatures de la nuit et du rêve d'une sorcière noire, ses perceptions se sont aiguisées et lui ont révélé bien des choses.
- Monstrueuse créature, la forme du cafard l'habite depuis toujours, bientôt sublimée et portée à son paroxysme par l'influence d'Hornet.
- Remarquable plume, ses mots sonnent justes, acérés, et empreints d'une ombre beaucoup plus grande qu'elle-même.
- Une insupportable teigne dont les répliques teintées de fiel déclenchent vexations, colères et peines autour d'elle.

Thème : Nick Cave & The Bad Seeds : Red Right Hand
You'll see him in your nightmares
You'll see him in your dreams
He'll appear out of nowhere but
He ain't what he seems
You'll see him in your head
On the TV screen
Hey buddy, I'm warning
You to turn it off
He's a ghost, he's a god
He's a man, he's a guru
You're one microscopic cog
In his catastrophic plan
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Mer 21 Juin - 22:56 (#)
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The Neon Demon

Ma vision a basculé.

Aussitôt, les contours de la créature ont perdu en netteté. Je fixais alors sa main, qui brandissait un carré de papier rendu absurde par les ténèbres qui nous encerclaient. Le courant que ce mouvement anodin a créé, a semblé soulever des relents de sépulcre d’une telle intensité, qu’une vive nausée a menacé de submerger mon estomac. Mon cœur battait beaucoup trop fort. Dans ce calme sinistre de l’arrière-pays, j’entendais son battement saccadé marteler les murs métalliques de l’entrepôt avec l’intensité d’un lugubre tambour. Et cette damnée odeur. Les ombres autour de nous avaient acquises une telle densité, que je me suis sentie ainsi cernée de toute part, comme si une poigne d’une noirceur opaque me serrait dans un étau dans lequel je ne pouvais qu’étouffer. Dans les tréfonds de mon âme déformée, la fureur brûlait toujours, mais quelque chose de bien pire prêtait désormais attention à cette conversation au bord de la folie et du suicide.

Il écoute.

J’ai vacillé un court instant. Un étourdissement maladif m’a pressé les entrailles, au point de sentir le sol pris de convulsions ; mais ce n’était que moi, bousculée de l’intérieur comme un pion de jeu d’échec. En dépit de la température basse de la saison, je transpirais sous mon pull. Ma bouche était sèche. Je n’ai pas tendu la paume vers cette ridicule carte, -elle ne m’était d’aucun secours-, mais suis restée stoïque, plus pâle qu’à mon arrivée ici. Une terreur aux racines terriblement profondes venait de glacer mon sang, et je n’osai ciller, tant le tissu de la réalité me paraissait sur le point de se rompre ; ce nom, elle n’aurait pas dû le prononcer. Dans ce cercueil de métal et de poussière, l’obscurité a perdu de sa texture, et les lampes se sont mises à grésiller par intermittence, pendant que mon âme s’habituait tant bien que mal à ce malaise persistant.

« Je sens, » ai-je fait, mais en for mon intérieur, ces deux mots avaient un double sens.

Je la sens cette tension.
Je le sens aussi.

Et cette créature continuait. À distribuer mort et destruction entre chaque syllabe, cette consœur déballait une telle noirceur, que ces mots jouaient sur des cordes au fond de mon âme, dont je n’avais pas soupçonné l’existence ; elle avait de l’ambition, je lui accordais bien cela. Se faisant, tassée dans la poisse qui ne sommeillait que d’un œil dans un coin de ma cervelle, s’éveillait un intérêt croissant, éclipsant peu à peu la fureur qui m’avait transie. J’étais contrariée. J’aurais voulu la haïr. J’aurais voulu éprouver de la rancune. J’aurais voulu continuer de vouloir la tuer. Mais je n’éprouvais rien de cela. Seulement une mince étincelle d’excitation, qui menaçait de se transformer en un nouveau brasier de pure délire, au fil de ses paroles.

Elle m’attirait.
Elle m’offrait tout ce que je cherchais depuis des mois.
Elle était comme une fièvre. J’avais mal à l’écouter, et j’en voulais plus.

Des mois durant, ces objectifs m’avaient paru insurmontables. Combien de fois, avais-je perdu le sommeil ? Combien de fois, m’étais-je acharnée à trouver un biais pour accomplir ces tâches ? Oh bien sûr, il y avait eu les autres, l’avocate que j’avais tenté de manipuler à ma cause, mais au fil des mois, je n’étais que Sisyphe poussant un rocher d’ordres et d’objectifs, que je me sentais incapable de mener à bien. Un cafard pris dans un pot en verre. J’ai senti cette tempête de conjectures et de sentiments malsains entremêlés me balayer de la tête aux pieds, au point d’oublier momentanément mes ressentiments envers cette femme. J’ai repris une inspiration : mes poumons se sont rouverts, comme un caveau ayant retenu trop longtemps un air vicié.

Peut-être était-ce enfin elle.
Celle que je cherchais.

J’ai laissé un silence s’étirer entre nous, après qu’elle ait terminé d’exposer son offre. Puis, j’ai secoué la tête, et mon attention s’est perdue quelque part, dans l’obscurité de la charpente et des toiles d’araignées.

« Je sais. » J’ai un fixé un point qui n’existait nulle part, là-haut dans l’immensité de l’entrepôt, entre irréalité de l’instant et délires malsains dans mon crâne. « Je sais tout ça. Mais je ne peux pas. »

Nouveau rire désabusé. « Aussi monstrueuse que je sois, c’est con, je suis toujours coincée par le purement matériel et ces putains d’interactions humaines. J’ai besoin de moyens. J’ai besoin d’un réseau. J’ai besoin d’apprendre. À me battre, à m’améliorer. C’est un partage équitable qu’il me faut. »

J’ai redressé le menton. « Je ne veux pas servir, je veux une partenaire qui soit à la hauteur. »

Une masse a remué au fond de moi. Comme un ver au centre d’une nappe de pétrole. J’ai baissé à nouveau les yeux vers cette femme, en cherchant à déceler des indices de sa réaction derrière le masque. En vain. J’ai continué à déballer mon offre, pour laquelle ma voix prenait des inflexions moins colériques, plus posées et plus lentes. La colère vacillait toujours à la lisière de mes sens, mais sa ferveur avait été parasitée par cette pointe d’excitation que je ressentais désormais, presque les prémices d’une ambition que je n’avais jamais eu.

« En retour, je prêterai mes… capacités. Mais pas seulement. »

Un torrent de lucidité m’est brutalement tombé sur les épaules. Une vanne s’était ouverte dans mon esprit, qui assemblait et déversait un ensemble logique d’informations valables accumulées ces dernières années, que je n’avais pas su utiliser. Peut-être était-ce, enfin, le bon moment pour les exploiter.

« Tu parles des vampires et des loups, mais ils ne sont pas les plus importants. Les arcanistes sont des clés, ils peuvent ouvrir des portes vers Eux, vers nos Créateurs. Je le sais, j’y ai assisté moi-même. »

À mon tour de donner un échantillon de ce que je pouvais apporter. J’ai marqué une pause. « J’ai des noms. Des adresses. Des liens. Mais pas les moyens suffisants pour en profiter. »

Un sursaut nerveux a traversé mes tarses d’insectes. Dans les trous de son masque, je voyais les yeux de ma consœur fixer mes appendices, quand les faisceaux électriques déchirant l’obscurité environnante, faisaient briller ses pupilles d’un semblant d’intérêt. Jamais, depuis Morgane Wuntherson, quelqu’un n’avait examiné avec tant d’intensité, ni aussi longtemps, la monstrueuse matière composant mon corps. Elle restait stoïque. Un bon point pour elle, elle ne flippe pas, ai-je remarqué, non sans une certaine admiration.

« Je peux t’aider pour ça. » J’ai pointé de l’index son masque. « Tu le mets à cause des mutations, c’est ça ? Je suis passée par là. Je sais ce que ça fait. »

Un soupir. Un saut dans un bain d’eau froide. « Tu sais mon prix. Ça t’intéresse ? »

J’ai tendu la main. Un mouvement qui, cette fois-ci, ne contenait aucune menace, aucune intimidation. Mais une offre de pacte, que je n’aurais jamais cru proposer un jour, envers une créature que je pensais ne jamais exister. Une semblable. Aussi atroce et déformée d’âme que moi.

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Your soul is mine
Orihime Hasegawa
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En un mot : Une reine dans l'ombre
Qui es-tu ? : ⛧ Cheffe yakuza qui a mérité sa propre branche dans le règne familiale.
⛧Modelée par 37 ans de terreurs infligées par le prince sadique qui l'a engendrée. Elle a néanmoins accepté sa part démoniaque et embrasse son pouvoir, bien qu'elle est consciente de n'être encore qu'un pantin dans un jeu qui dépasse les Hommes.
⛧ Boulimique de pouvoir, elle cherche constamment à éteindre on influence et se nourrit de la peur qu'elle inflige aux autres.
⛧ Respecte le code d'honneur des yakuzas, dans l'énorme majorité des cas au moins. Mais sa condition d'engeance la pousse parfois à tordre les principes de sa mafia.
⛧ Bois, fume, s'envoie en l'air, elle se vautre sans complexe dans ces petits plaisirs de la vie.
⛧ En façade, elle est une élégante chef d'entreprise à qui tout sembre sourire. Elle fait même des dons à des organismes caritatifs. L'envers du décor, c'est le monde du crime, où elle est connue sous le nom Joō, "la reine".

⛧⛧

⛧ 1m61 / ~55 kg;
⛧ Cheveux sombres & yeux noirs insondables.
⛧ Toujours élégamment vêtue, ne porte jamais de robe ou de jupe.
⛧ A trois tatouages : un chrysanthème (plexus), cerisier en fleur (dos), vague d'hokusaï (avant-bras).
Facultés : ⛧ Orihime incarne la peur. Croiser son regard peut déjà mettre mal à l'aise et, sans raison apparente, stimuler la zone du cerveau qui traite la peur.
⛧ Elle peut déployer une aura d'une dizaine de mètres dans laquelle toutes les personnes présentent ressentent une peur inexplicable à son égard.
⛧ Pendant une durée limitée, elle peut devenir une sorte de cauchemar vivant. Elle ne se transforme pas vraiment, mais ceux qui la regardent y voient un patchwork de leurs terreurs les plus profondes.

⛧ Vieillissement ralentit par la grâce de Beleth.

⛧ Bilingue anglais/japonais
⛧ Ceinture noire de Jissen karaté, manie les armes à feu et le katana.
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Ven 23 Juin - 0:28 (#)

Elle sent. Bien sûr. Les abysses palpitent et ça ne peut pas être déconnecté de ce qui a commencé à se passer. Comme si le rituel de Scox avait balafré Shreveport, laissant une empreinte derrière lui. Ce stigmate sanguinolent, mal cicatrisé, menace de se rouvrir sous la pression des prémices meurtrier et de dégueuler sur Terre toutes les horreurs de l’Enfer.

Un rictus de dédain ourle le visage d’Orihime quand sa cadette prétend qu’elle ne « peut pas ». Elle frôle la désillusion. Un tel potentiel gâché par un manque de hargne ? Alexandra est encore empêtrée dans son humanité, elle le dit elle-même, mais c’est la première des choses dont elle va devoir faire le deuil si elle veut se transcender. Le baku lui a appris dans la douleur : les démons n’ont virtuellement pas de limite, à condition qu’ils acceptent d’embrasser leur existence maudite. Il faut faire sauter les verrous et les illusions des apparences. Une créature qui renonce ou capitule n’est pas digne des honneurs de l’outre-monde. On ne vend pas son âme à moitié.

Pendant quelques instants alors, l’engeance craint d’avoir affaire à une enfant capricieuse, qui veut se tailler la part belle au moindre effort, mais elle se rattrape. Orihime s’est jusque-là tenue loin des arcanistes, car elle se méfie de leurs dons tentaculaires et multiples. Les buveurs de sang et les animaux sont faciles à cerner ; ils souffrent tous des mêmes dilemmes, des mêmes tares, et se vautrent dans les mêmes demi-mesures affligeantes. Les manipulateurs magiques en revanche, sont trop diversifiés pour les appréhender d’un bloc, mais ce genre d'obstacle est fait pour être contourné. Il est question de noms, d’adresses et de connexion, alors l’Oyabun retrouve le sourire. Elles parlent de nouveau le même langage. La sollicitude d’Alexandra est même touchante.

- Un simple masque ne suffirait pas pour mes « mutations », articule-t-elle avec lenteur. Je m’en sers pour des raisons bien plus triviales.

Son identité est précieuse, car si les yakuzas peuvent opérer en plein jour au Japon, les États-Unis sont beaucoup moins portés sur la cohabitation mafieuse. Elle a besoin de ses deux facettes pour gangréner Shreveport et elle ne peut se permettre de faire confiance à tout le monde quand les rues se remplissent de médium et autres CESS doués de pouvoirs de persuasion. A son tour de prendre une grande goulée de cet air irrespirable.

- Tu as ce dont j’ai besoin, j’ai ce dont tu as besoin, je suis évidemment intéressée.

Orihime lorgne la main tendue et franchit la distance qui les sépare pour refermer ses doigts sur la chitine d’Alexandra. Ni tremblement, ni hésitation. De si près, la jeune femme doit pouvoir capter la lueur démente de ses yeux noirs insondables à travers les fentes de son masque. L’influence de son don n’en est que plus oppressante. Un grand sourire lui découpe le visage. L'engeance perçoit la magnifique énergie de cette consœur, elle est prometteuse.

- Toutefois, je ne peux te proclamer ma partenaire « équitable » sur de belles paroles, elle récupère sa main mais ne recule pas. Et la réciproque est vraie, n’est-ce pas ? Elle le devrait en tout cas, car l’une et l’autre sourde la noirceur. Je n’aime pas le système yakuza uniquement parce que c’est mon éducation humaine, mais parce que sa méritocratie ressemble à celle de nos Créateurs… sois loyale, efficace, et tu seras récompensée en gagnant du pouvoir.

Trahis ou détourne-toi du clan, et tu en paieras le prix jusqu’à ce qu’il ne reste plus rien de ton existence. L’ancienneté n’a pas d’importance majeure, seule compte à quel point es-tu prête à vendre ta conscience ? Le tri se fait rapidement, car ceux qui se donnent des limites se retrouvent sur le carreau.

- Mettons-nous à l’essai. Transmets-moi des informations, voyons ce qu’elles donnent avec mon réseau. Je peux te former comme tu le demandes, je peux même te prêter de l’argent si tu en as besoin, léger haussement d’épaules - ce n'est qu'une formalité. Lorsque les résultats viendront, on saura l’une et l’autre si la coopération mérite d’être plus étroite.

Équitable, mais Orihime sait s’ores-et-déjà que leurs destins sont scellés. Les entités princières qui les observent dans l’ombre n’aimeront pas se quitter sur un match nul. Si ce pacte ne fonctionne pas, l’engeance s’attend à ce que la commande du tapir soit d’éliminer le rejeton de son pair démoniaque. Elles ont été damnées, au moment où leurs chemins se sont croisés.

C'est excitant.
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NAPALM ROACH : j'adore l'odeur du non-respect au petit matin
Alexandra Zimmer
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Facultés :
- Fille longtemps ignorante du Prince Hornet, l’ombre de celui-ci a influé sur sa vie, en étouffant une à une les dernières lueurs de son âme.
- Au gré des rencontres, des créatures de la nuit et du rêve d'une sorcière noire, ses perceptions se sont aiguisées et lui ont révélé bien des choses.
- Monstrueuse créature, la forme du cafard l'habite depuis toujours, bientôt sublimée et portée à son paroxysme par l'influence d'Hornet.
- Remarquable plume, ses mots sonnent justes, acérés, et empreints d'une ombre beaucoup plus grande qu'elle-même.
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Ven 23 Juin - 23:25 (#)
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The Neon Demon

Cette main était obscène.
Comme un accroc dans la réalité.

Dans les ténèbres de l’entrepôt, la chitine infernale brillait faiblement. Une vision de malheur faite chair, qui frémissait à l’aune de mon existence maudite, en prévision des crimes à venir. À l’intérieur de mon bras, ces véritables câbles de matière insectoïde remplaçant les muscles, battaient sourdement comme un potentiel de violence, câblé sur les battements de mon cœur impatient. Les lumières illuminaient cette pulpe interne, lui conférant la couleur et la consistance de l’ambre, que des nervures noirâtres et pulsantes parcouraient. À l’intérieur, circulaient des flux que je ne comprenais pas moi-même, à la vitalité et aux forces démentielles qui prenaient leur puissance, non pas uniquement via un parfait ensemble de mécanismes articulaires, mais dans les profondeurs de mon âme ; dans cette cicatrice béante qui vomissait une force venue d’ailleurs.

La main était tendue. L’offre était posée.
Je suis restée immobile, dans l’attente de sa réponse.
Mon cœur battait la chamade, à cause de cette fièvre mentale qui m’électrisait.

Une mouche a voleté entre nous. J’ai entrevu brièvement cette minuscule poussière de ténèbres, qui volait de ci, de là, dans le halo des lampes, avant de disparaître quelque part, dans la poisse qui nous entourait. Je me suis néanmoins concentrée sur les explications de ma consœur. Un étincelle de curiosité a fait bondir la chose qui me servait de cœur, comme ces déclarations laissaient entrevoir les contours d’une créature aussi damnée que moi ; une créature qui avait survécu à ces horribles difformités. Une question me brûlait alors les lèvres. Qu’avait-elle accepté contre une apparence humaine ? Dans ce moment délicat, où notre entente oscillait sur le fil d’un couteau, j’ai ravalé cette curiosité surprenante qui me saisissait soudainement. Moi qui ne m’intéressait jamais à personne, voilà que le cheminement maudit de cette femme m’interpellait.

Peut-être était-ce simplement le besoin de rencontrer un être semblable. Peut-être était-ce, finalement, le triste résultat d’une vie d’opprobre, de sévices et de solitude, qui m’avait rendue dysfonctionnelle au point de rechercher un reflet dans un miroir aussi aberrant que le mien. À cet instant, j’aurais voulu voir derrière son masque, et même au-delà. Non une banale curiosité, mais une tentative de déceler ce qui existait au-delà de ce tortueux sentier qui s’étirait devant moi, et dont j’avais franchi le seuil voilà un an de ça. J’aurais voulu contempler cette facette jumelle qui marchait sur un chemin parallèle au mien, dans l’espoir d’apercevoir… Un fanal. Un exemple. Quelque chose de similaire, un aperçu de ce qui m’attendait là-bas.

J’étais déformée, vraiment. Damnée. Alors, quand elle a finalement accepté mon offre, j’ai senti de nouveau cette féroce excitation remonter du fond de mes entrailles et exulter ; comme si, moi et ma facette difforme avions franchi quelques étapes nécessaires. Vers l’acceptation de soi-même. Une descente dans des abîmes plus lointaines encore. Je n’ai pas bronché en dépit de la proximité avec cette femme. L’éclat blanchâtre des lampes faisait étinceler les yeux sombres de la créature, accentuant encore cette monstrueuse pression qui cherchait à soumettre mes pensées dans un étau de terreur. Je ne me suis pas défilée. Cette fureur qui me consumait auparavant s’était interposée à la manière d’un rempart, et j’ai affronté la tempête de face.

Je n’étais pas faible. Je ne l’avais jamais été.
Sans cela, comment aurais-je pu survivre à mon horrible mère ? Comment aurais-je pu affronter ce que j’étais ? N’avais-je ouvert les portes de mon esprit de plein gré, et foulé les sables d’un désert de mort ?
J’avais bravé l’indescriptible proximité avec mon Père, je pouvais encaisser le pouvoir de Joō.

« Ouais, non, j’parlais à l’avenir. » Je restais méfiante. En dépit de l’impatience ressentie, de ce pas en avant, je n’avais aucune intention de la suivre bêtement.

Loyale. Efficace.
J’étais moins certaine de la première mention.

La mouche est réapparue. Elle a traversé mon champ de vision, dépassant ma désormais complice, avant de s’enfoncer dans les ténèbres alentour quelques secondes. Puis, elle est apparue sur mon épaule droite. J’ai senti à travers le tissu de mon pull, le poids de ce minuscule corps, et les frottements de ces pattes effilées, qui heurtaient les fibres avec une intensité et une lourdeur anormale. Mon oreille captait les tapotements de cette mouche, avec la précision et l’intensité de percussions branchées à plein volume. Tous les muscles de mon corps se sont tétanisés. J’ai fait mine de ne rien remarquer, alors que mon infernale consœur scellait finalement les principes de notre futur accord ; la mouche, elle, paraissait écouter.

« Ça m’va, » ai-je simplement complété, beaucoup trop consciente de l’insecte sur mon épaule et de ce que cette présence apparemment anodine démontrait.

J’ai réfléchis durant un instant de flottement. Toutes les informations grappillées au fil de mes errances ont défilé dans mon crâne à la vitesse de l’éclair comme si, en une fraction de seconde, ma cervelle avait décidé de les traiter à cet instant précis. La mouche a patiemment nettoyé ses ailes. À la périphérie de ma vision, je voyais sa silhouette ailée, minuscule point d’obscurité, tournée vers moi, comme si l’insecte m’observait.

Hm.

Un rictus malicieux a déformé le coin de ma bouche. « Justement, ça tombe bien. Je sais exactement où l’on peut jeter une étincelle pour mettre le feu aux poudres. »

Ma boîte de Pandore s’ouvrait. Tout ce sac de malices accumulées durant un an, m’offrait désormais toutes ces graines de Mal recueillies avec parcimonie, que cette nouvelle alliance allaient pouvoir faire éclore. Je me suis sentie entière. J’étais prête à m’atteler à ma tâche. Sur mon épaule, la mouche s’est envolée.

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