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When she came back | Tasya

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Anonymous
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Jeu 7 Déc - 20:42 (#)


Give me some time



Décembre 2021

Les portes automatiques coulissent sur son passage. Automate qui ne pense déjà plus, les gants sont retirés, masque et calots arrachés, surblouse déchiquetée d’un coup sec avant d’être jetée.
La hanche rencontre la porte dont les battants se referment cruellement derrière elle dans un bruit sourd caractéristique. Pantin mécanique, elle retire le reste de sa tenue stérile dans les vestiaires du bloc opératoire, appuie de la pointe du pied sur la pédale, attend que le battant se relève, jette dédaigneusement ce bleu aux oubliettes avant de se laisser tomber sur l’un des bancs courant le long des casiers, les coudes sur les cuisses, la tête entre les mains, expiant dans un soupir une fatigue qu’elle ne peut montrer. Presque nue, la peau couverte de sous-vêtements pratiques dénués de toute fantaisie, elle ressemble davantage à une sportive dénutrie qu’à la brillante petite chirurgienne pimpante. Elle cherche une échappatoire, loin dans ses souvenirs, loin de ce présent si chaotique, si misérable. La vie ne lui avait-elle pas donné assez de leçons? N’avait-elle pas suffisamment cinglé ses joues de gifles magistrales? Indirectement touchée, indirectement brisée. Culpabilité insensée. Qu’aurait-elle pu faire? Qu’aurait-elle pu changer? Elle n’était ni justicière, ni héroïne, juste une femme prisonnière d’un ego trop grand et de fêlures plus béantes encore. Dans un bloc, elle se plaisait à prendre des allures de magicienne, frôlant du bout du doigt le pouvoir prêté à certaines vieilles déesses que le temps avait érodé des esprits. Il était vrai, le dicton prétendant que certains chirurgiens adoptaient le complexe de Dieu. Mais sortie de ces quatre murs aseptisés, de ces lumières électriques, de cette blancheur éclatante, elle n’était rien. Ni personne. Une sorcière médiocre. Une femme aigrie. Était-elle encore fille?

Inspirant avec hargne les larmes qui menacent de couler, elle se redresse, jetant un regard morne au reflet que lui renvoie le miroir. La pulpe de ses doigts longe les côtes trop proéminentes, s’attarde plus qu’elle ne le devrait sur le creux que s’est remis à former son bassin, sur les quelques cicatrices qu’une ancienne intervention a laissées. Les kilos perdus trop rapidement ces derniers temps la rendent presque fantomatique. Évanescence famélique. Disparaîtrait-elle complètement, si elle s’en donnait les moyens? Fermant les yeux face à sa propre stupidité, elle attrape un jean et un débardeur, les enfile lentement avant de remonter le fermeture éclair de la veste en coton gris trop grande, relace les baskets lui offrant le confort salutaire que son métier réclame avant de quitter définitivement la zone opératoire de l’hôpital.

L’ambulatoire, la réa, les urgences, les services administratifs, elle ne compte pas le nombre de services qui défilent sous ses pas, dans ce labyrinthe que la chir connaît par cœur. C’est sa nouvelle routine après son service, depuis quelques jours.

452. Comme un numéro de condamné
S. Wheelan. Comme un écho et un reflet cruels.

Sa main se heurte à la poignée et comme tous les jours qui ont précédé cet instant, il y a cette seconde d’espoir, celle qui porte la vision de sa mère, les yeux ouverts, tournant ses yeux clairs dans sa direction, la mine fatiguée mais l’air serein, un sourire rassurant accroché aux lèvres.
Hélas, quand la porte s’ouvre, les paupières demeurent closes, les tubes fixés par des sparadraps lui assurent encore une respiration régulière et chaque inspiration forcée mécaniquement se voit associée un bip insupportable. Une dizaine de fils s’extirpent des draps en direction des différentes machines, bleu, rouge, noir, vert… arc-en-ciel morbide qui la maintient en vie.
Elle n’a le droit qu’à son statut de fille ici. Son opinion de médecin n’est nullement prise en compte dans la balance, distanciation oblige, règlement intérieur et assurance en haut de la pyramide évidemment, mais son regard se porte en premier lieu sur les constantes que les trois monitoring lui renvoient. Stable. Siobhan est stable. Les ecchymoses sur son visage se sont atténuées, laissant réapparaître les ridules au coin de ses yeux. Les joues se sont creusées de par l’alimentation exclusivement liquide que l’intraveineuse lui prodigue. Sous ses draps trop blancs, le buste surélevé, les pieds légèrement aussi, elle lui paraît pathétiquement…faible. Trop petite, trop malingre, la gueule pas assez ouverte et le verbiage pas assez fleuri. Mais les yeux sont clos et les mots se meurent. Rien d’autre qu’une inspiration forcée que la machine agrémente d’un bruit d’air caractéristique.
Contournant le lit, Maeve attrape les derniers compte-rendus de la patiente et commence à en feuilleter les résultats, les prérogatives, la suite des évènements. Siobhan a été placée en coma artificiel afin de la préserver de tout risque d’oedème cérébral ou d’ischémie, en vain. Deux interventions ont déjà été réalisées et seul son réveil prochain offrira les précisions qui leur manquent sur l’état de son cerveau.

Les conclusions sont timides, ses collègues jouent la sûreté en sachant que le temps jouait contre eux. Des timorés. Incapables de prendre le moindre risque. Ses mâchoires se serrent tandis qu’entre son index et son majeur sont écartées les trois premières pages.

Elle ne voulait pas penser aux dommages possibles dans son cerveau.
Ne le pouvait pas.
Sa mère, en légume? Impensable.

Le temps. Elle voulait juste du temps.
Mais ce dernier jouait contre elles.



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When witches don't fight, we burn
Tasya Espinoza
Tasya Espinoza
When witches don't fight, we burn
ASHES YOU WERE

En un mot : Let's goooo
Qui es-tu ? : - Infirmière à l'hôpital de Shreveport & serveuse pour combler des fins de mois difficiles.
- Née dans une famille de mage au Mexique. Sa famille a été tué il y a quelques années et lui a laissé quelques dettes.
- Est en Amérique depuis quelques années dans le but de devenir infirmière.
- Sa tante a été tuée par un chasseur d'arcaniste.
- Utilise ponctuellement ses pouvoirs à l'hôpital quand elle est certaine que personne ne peut la voir ou au bar où elle travaille pour distiller un peu de "bien-être" dans les cocktails qu'elle prépare
Facultés : - Mage avec comme élément de prédilection l'eau.
- Pratique la magie blanche.
- Kinésie, Aquagénèse et Hémokinésie sont des capacités acquises. Elle peut donc maitriser l'eau mais aussi le sang.
- Discerne les auras (différencie les différentes races) et les émotions immédiates des personnes autour d'elle.
- Contrepartie : se déshydrate beaucoup plus vite qu'une personne lambda
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ASHES YOU WILL BE

Pseudo : Gaïa
Célébrité : Adria Arjona
Double compte : Aucun
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Date d'inscription : 20/05/2023
Crédits : Tumblr
Dim 7 Jan - 23:11 (#)

Je suis en retard. Un soupir m'échappe tandis que je cours presque dans les couloirs de l'hôpital, aussi bondé qu'à l'accoutumée. Je salue quelques collègues au passage, ne perdant pas de temps dans des bavardages inutiles. Si je suis en retard pour la relève de la garde, je vais louper le débriefing sur les patients et c'est hors de question. C'est indispensable pour pouvoir prendre en charge les patients de manière correcte et bienveillante. Outre le côté indispensable pour les soins, j'aime savoir dans quel état d'esprit je vais les retrouver, cela me permet d'adapter mes paroles et mes gestes en conséquence.

Je me change rapidement avant de prendre enfin mon tour de garde. Dans le couloir, je tombe nez à nez avec Liam. Oh non, je réprime avec difficulté un soupir et me contente de lever les yeux au ciel discrètement. Ce collègue est prétentieux et machiste comme pas possible et visiblement, nous allons partager la prochaine garde ensemble. Je sais d'avance que j'aurais droit à quelques blagues bien lourdes... Une fois dans la salle des infirmières, ma collègue, Alice, me fait un débriefing rapide sur les derniers patients arrivés et sur ceux déjà présents dans le service. Il ne s'est pas passé grand chose depuis ma dernière garde : quelques nouveaux arrivants, des états stationnaires dans ceux qui étaient déjà là, des évolutions positives ou négatives pour d'autres... Je note toutes les informations sur mon calepin : ce sont tous et toutes des patients que je vais aller voir dans la journée, chaque détail a son importance. Mon intérêt est tout particulièrement attiré par les derniers mentionnés au cours du débriefing : Il n'y a aucune amélioration pour la patiente du 452, mais le jeune du 403 s'est réveillé du coma dans lequel il était plongé. Il semble aller bien. C'est un garçon dont l'opération au cerveau a rencontré quelques difficultés.

Alors qu'Alice s'en va, je m'accorde quelques minutes pour boire un café. Je me sens particulièrement fatiguée en ce moment. Les trois boulots que j'enchaine pour payer mes dettes me prennent toute mon énergie et j'ai conscience que je ne tiendrais pas longtemps à ce rythme. J'ai l'impression de sans cesse courir entre l'hôpital, le bar ou le garage de Samuel. Les nuits sont courtes, les journées trop chargées, le peu de temps libre qu'il me reste, j'en profite généralement pour aller me ressourcer à la piscine, mais là encore, c'était il y a bien trop longtemps. Mon café est rapidement avalé, et je commence le tour des différentes chambres.

Les premières chambres, les patients sont seuls. Je prends le temps pour chacun d'entre eux, je fais les soins nécessaires ou je discute avec eux s'ils en éprouvent le besoin. J'aime mon travail pour cela : il est humain. Mon don n'est pas forcément indispensable ici. Oh, il l'est parfois : pour les urgences, en cas d'hémorragie, mais la plupart du temps, mon diplôme d'infirmière me suffit. Et puis, j'ai toujours été très discrète sur mon don. Personne ici, ou presque, ne sait que je suis une arcaniste. Je ne veux pas risquer de retomber sur les chasseurs qui s'en sont pris à ma famille.

La patiente du 452 est celle dont l'état n'a pas connu d'amélioration. Je rentre en lisant les dernières notes fournies au dossier. Je prends le temps de m'annoncer avec une voix bienveillante. Même si cette dernière est dans le coma, peut-être entend-elle tout ce qu'il se passe. « Bonjour Madame Wheelan, comment allez-vous aujourd'hui ? » Ma voix s'arrête net quand je m'aperçois qu'elle n'est pas seule. « Oh, bonjour... » Un instant, j'hésite en reconnaissant la chirurgienne. « Madame Wheelan » Après tout, ici, elle n'est pas médecin, elle est la fille de la patiente allongée sur le lit. « Je ne savais pas qu'elle avait de la visite. » Je suis toujours légèrement troublée en présence de la jeune femme. Je sais qu'elle est une sorcière, son aura ne peut pas me tromper. Pour autant, nous n'avons jamais discuté de tout ça de vive voix. A-t-elle perçu que j'étais moi aussi, différente ? J'esquisse un sourire avant de prendre les constantes de la patiente.

Mon regard se détourne pour se poser sur la jeune femme. « Comment allez-vous ? Est-ce que vous tenez le coup ? » Je n'ai pas de mal à imaginer ce qu'elle peut ressentir. Il n'y a rien de pire que lorsqu'on touche à la famille. Si mon rôle est de veiller sur les patients, prendre soin de l'entourage est tout aussi indispensable. Et une fois de plus, je m'adresse maintenant à la fille et non à la chirurgienne.  
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