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Carnage • Groupe 3 : Elias, Elinor, Jean, Myrtle, January, Stanislas, Blanche

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You shall be a restless wanderer
Stanislas Nevers
Stanislas Nevers
You shall be a restless wanderer
THE HARDEST THING IN THIS WORLD

En un mot : Aiguille et boutons
Qui es-tu ? : Vampire torturé par sa condition, étreint en 1871 à l'âge de 40 ans.
Vit en vase clos avec son Marqué et amant, Oscar, depuis plusieurs décennies.
Cherche un clan pour de nouveau vivre auprès de son espèce.

En vrac : Gentil mais affirmé ; Ambitieux ; Réfléchi ; Ordonné et soigneux ; Possessif et jaloux ; Loyal ; Matérialiste mais généreux.
Facultés : Couturier de talent, peut créer vos rêves les plus fous sur un patron et en faire un vêtement parfait.

Capacités de vampire : Métamorphose N0-P0, Occultation N1-P1, Voie de la conjuration N3-P1.
IS TO LIVE IN IT

Pseudo : Finduilas ou Pouik
Célébrité : Orlando Bloom
Messages : 77
Date d'inscription : 05/09/2023
Crédits : Photoshoot
Mar 16 Avr - 20:16 (#)

Stanislas perçut le moment où sa frénésie s’arrêta. Le moment où la Bête se retrancha. Le soulagement ne dura qu’une fraction de seconde. Une douleur telle qu’il n’avait jamais connu le traversa de part en part et il fut presque éjecté de sa proie. Allongé au sol, Stanislas tremblait alors que ses blessures se refermaient.

Dans sa poitrine, son cœur, lent et imperceptible depuis cent cinquante ans, sembla battre un peu plus fort. Des sensations qu’il avait oubliées se réveillèrent. Son accès presque instinctif à ses capacités s’évapora presque de sa conscience. Quelque chose était en train de se passer. Quelque chose était en train de le changer. Il ne savait pas ce que c’était et cela le terrifia. Oscar ! Ce qui l’affectait allait-il avoir un impact sur Oscar !?

“ Oscar ! Où es-tu, Oscar ?” tenta-t-il, la peur de ne plus pouvoir le joindre tordant ses entrailles.

“ Je suis bloqué par une espèce de barrière magique, la même que tout à l’heure.

Le soulagement envahit Stanislas : le lien avec Oscar était toujours là.

“ Je vais essayer de te rejoindre, continue à me parler.”

Les éclairs se remirent à tomber autour de lui et il s’éloigna de l’homme dont il avait bu le sang en rampant sur le dos. Son corps hurlait de douleur, ses muscles étaient raides, ses tendons étaient tendus, ses os brûlaient. Stanislas ignora la douleur et recula davantage lorsque des appendices noirs fleurirent sur les murs. Des moignons qui se transformèrent en sorte de mains qui semblaient chercher quelque chose.

Avec un sursaut de dégoût, Stanislas se leva en chancelant. Son corps ne réagissait pas exactement comme il aurait dû, il le sentait lourd et maladroit, engourdi et douloureux. Il secoua la tête et reprit un peu ses esprits. Il se rendit compte qu’il ne ressentait plus autant l’effet de Torpeur, c’était déjà ça. Cependant, l’odeur de la fumée qui provenait du Lounge lui indiqua que le feu brûlait toujours. Il était en danger et devait fuir. Il devait retrouver Oscar et partir.

Sans un regard un arrière, Stanislas se mit en chemin le plus vite qu’il put sur ses jambes flageolantes, mais qui reprenaient de la force au fur et à mesure. De toute façon, il n’avait pas le choix, il fallait partir. Il s’engouffra dans le labyrinthe des couloirs du Capri, guidé par la voix d’Oscar dans sa tête.

400 mots:
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Forgive me, Father, for I am sin
Le mauvais oeil
Le mauvais oeil
Forgive me, Father, for I am sin
SHUFFLE THE CARDS

Carnage • Groupe 3 : Elias, Elinor, Jean, Myrtle, January, Stanislas, Blanche - Page 4 YXpWPvj
En un mot : An eye for an eye leaves the whole world blind
Thème : Witchcraft - Akira Yamaoka
WITHER AND DIE

Carnage • Groupe 3 : Elias, Elinor, Jean, Myrtle, January, Stanislas, Blanche - Page 4 I2XukXq
Messages : 538
Date d'inscription : 27/03/2017
Ven 3 Mai - 2:32 (#)

Chapitre 3 : Carnage

In girum imus nocte ecce et consumimur igni


Cette mélancolie qui te frappe, Myrtle, Sainte Lucie la ressent également. Un vide, un espace perdu qui bée là comme une cicatrice aveugle et pas tout à fait refermée. Une faille dissimulée dans l'esprit et la chair qui semble contenir tout le silence du monde. Un quelque chose d'un peu triste, un peu désespéré. Tu avais en ta possession ce qui s'apparentait au cœur de Sainte Lucie, vraiment ?, aussi incongru cela puisse paraître. Et pourtant, tu le lui avais rendu, sans trêve, sans malice, sans négociations. Était-ce là l'acte qui allait achever de faire éclater la réalité autour de toi ? De rendre la vue à cet artifice immatériel devenu hors de contrôle ?

Peut-être.
Peut-être pas.

Quand les petits moignons boudinés servant d'appendices à l'entité se posèrent sur le cuir de l'attaché-case, ils suspendirent leur geste, un instant pris par la curiosité, avant de lancer plus avant cette exploration à tâtons. Bien vite, une frénésie certaine s'empara de ces ersatz de mains : celles sur les murs se tendirent dans les airs dans la direction de la petite mallette, hors de portée néanmoins de celle-ci, tandis que de nouvelles se mettaient à fleurir à foison un peu partout autour du cœur, autour de toi, dans toute la pièce, Myrtle. Fouillant, attrapant, dévorant fragment par fragment la matière dans une proximité immédiate, on eut bientôt dit une forêt d'algues suspendues sous l'eau. Seul l'attaché-case se voyait relativement épargné, alors que plongeaient à l'intérieur, dans cet espace boursouflé qu'il contenait, de plus en plus de ces appendices avides.

Au contact de la première de ces mains à toucher la relique, c'est comme une onde électrique qui parcourt le cœur, le tentacule, toutes les tentacules, et qui remonte jusqu'à toi, January, jusqu'à Sainte Lucie elle-même, alors que c'est comme un électrochoc qui te parcourt et qui rend sa complétude à cette figure sainte.

Tout autour, le Voile, cette surface distendue de sphère devenue un patatoïde de plus en plus déformé, semble se cristalliser, se fêler en plusieurs endroits et parfois casser, comme deux plaques tectoniques fracturant la terre dans deux sens contraires. Ici et là, c'est une partie du sol des étages qui se fracture en même temps, comme si une partie du théâtre s'était élevée d'une dizaine de centimètres ; ailleurs, c'est verticalement que la fissure se propage, faisant trembler les murs et les fondations, alors que de la poussière suinte des jointures de murs et du contreplacage des cloisons. Presque instantanément, des filaments de matières en forme de petites mains sortent de ces plaies du bâti pour tenter de coudre ces blessures et de les combler, dans un spectacle à la fois fascinant et inquiétant, veines de matériaux bruts ne charriant aucun sang. Une seconde, le Capri glisse, s'enfonce comme s'il venait de décrocher d'une quinzaine de centimètres avant de se stabiliser de nouveau. Chaque manifestation alchimique, après tout, enlevait un peu de matière ici et là pour pouvoir en former quelque chose de nouveau, fragilisant chaque fois un peu plus l'édifice.

En cet instant, le poids de la Torpeur bascule brutalement, ôtant une partie de la pression exercée sur les impies piégés à l'intérieur du théâtre.

Myrtle, tu assistes au spectacle d'une marée croissante de ces appendices-mains qui plongent à l'intérieur de l'attaché-case pour s'emparer du reliquaire, crépitant à chaque contact, comme de petites ancres envoyées pour harponner leur cible. Petit à petit, tu aperçois la silhouette de l'artefact sortir lentement de son sac magique, comme un naufrage inversé, alors que chaque main désintègre une poignée de sa matière. Déjà, la structure contenant l'organe n'est presque plus et les mains s'emparent de cette chair morte qui pulse encore, de plus en plus lumineuse, soleil miniature d'énergie aux reflets bleutés. C'est une fournaise de Foi qui te frappe au visage, même éloignée de quelques mètres, difficilement supportable. Pourtant, aucune hostilité n'est dirigée contre toi, personne ne tente de te désintégrer.

C'est là que tu l'aperçois.

Cet œil sorti du mur et fixé sur toi. Un œil construit à partir de la matière ambiante, qui n'a rien d'organique ni de vivant, mais qui pourtant bouge et se tourne vers toi.

Puis là, un autre au plafond, qui apparaît par le miracle de l'Alchimie, fixé sur toi à son tour. Puis un autre, sur la hampe d'un lustre ; un autre sur la poignée d'une porte ; un autre au sein du reliquat gargouillant de fluides de Georges ; un autre, né de la moquette rouge synthétique ; et ainsi de suite, jusqu'à ce que des centaines d'yeux ne s'ouvrent, en un instant.

Une constellation d'yeux qui jaillissent, créés ex-nihilo, pour te regarder toi et uniquement toi. Tu sens, en cet instant, la communication silencieuse d'un quelque chose de plus grand, d'inconnu, un quelque chose qui dépasse l'entendement et le possible, dont la conscience affleurant à la surface de la réalité se pose - peut-être un peu trop prématurément - sur toi.

Au sein de cette mer de brins de bras qui dansent au rythme d'une brise inexistante, levés vers le ciel, arrivant à hauteur de mi-cuisse, tu perçois un changement, un frémissement, alors qu'une partie de ceux-ci se replient, un peu à la manière d'une anémone qui implose pour protéger son centre, les petites mains se concentrant en un point unique juste devant toi, quasiment à portée de ton bras.

Au début, tu ne vois pas ce dont il s'agit vraiment, mais tu perçois les crépitements, les mouvements qui agitent cette mer d'algues singulières, les lueurs bleutés qui témoignent d'une activité intense de création. Il y a, là, la masse de quelque chose qui grossit, encore et encore, au point de devenir aussi gros que deux formes de tailles moyennes nouées sous les flots filandreux.

Alors, de cette masse, jaillit une petite main fragile à la chair rosâtre encore en train de se composer, parcourue à l'intérieur et à l'extérieur de ces éclats bleutés. Une main qui se veut humaine, une main d'enfant, mais qui est grossière et mal dessinée. Un quelque chose de brutal qui tient plus du brouillon que de la finesse des sculptures antiques, une mécanique mal câblée où les veines et les tendons ne sont pas très bien exécutés. Une main au bout d'un bras mal proportionné, bientôt suivis par l'émergence d'une tête à la peau claire, déformée, aux deux yeux bien trop grands et pas tout à fait correctement positionnés. Un nez, un visage, une bouche qui bée sans qu'aucun son n'en sorte encore et aux dents trop peu nombreuse qui tentent de se positionner sur la gencive, comme si la chair était encore modelée avec hésitation. Il y a là le grotesque d'une tentative de construction humaine, l'ébauche de quelqu'un qui n'a pas les savoirs suffisants pour achever une telle œuvre mais qui s'y essaie quand même en une première fois inédite. Là, c'est une deuxième tête qui émerge des petites mains noire, tout aussi mal formée, ses cheveux se mettant à pousser et à changer de couleur sans jamais se décider sur la teinte définitive. Plus les formes se définissent et plus tu comprends qu'il s'agit de corps d'enfants. Et quelque chose en eux semble t'évoquer un sentiment lointain. Un souvenir, une blessure, un espoir perdu. Deux formes que tu ne pensais plus jamais revoir, et qu'il semble que tu n'aurais jamais vraiment reconnues sans les revoir. Mais même maintenant, arrive-tu seulement à saisir ce dont il s'agit vraiment ?

Ces deux homoncules sont poussés lentement vers toi, avec insistance mais aussi avec presque douceur par les appendices alchimiques en formes de mains. Tu les vois, ces ébauches grossières d'êtres vivants, qui bougent vaguement des muscles pas encore terminés, inconscients. C'est comme une nouvelle naissance, mais réalisée au sein d'un cauchemar. Deux copies grotesques, deux pantomimes mal dégrossis de ce que fut la réalité, deux noms perdus sacrifiés il y a peu, et qu'une tentative maladroite de compassion tente de rendre à la vie : Hailey et Elizabeth. Deux noms lointains qui semblent évoquer quelque chose, derrière un Voile, opaque.

Si opaque.

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Guidé par la voix d'Oscar, Stanislas, tu tentes tant bien que mal de mettre du sens dans les indications qu'il te transmet pour t'aider à t'enfuir. Autour de toi, le chaos se révèle un peu plus alors que tu aperçois sur les murs, le sol, les objets, les moquettes, ces déconstructions-reconstructions qui ôtent une partie de la matière à un endroit et la changent, la remodèlent, brisent les lois d'une réalité qu'on voudrait de nouveau immuable.

Tu tentes de t'enfuir, le cœur fendu par la faiblesse de la torpeur, de tes blessures, de cette expérience de souffrance vécue il y a quelques instants à peine. Que se passe-t-il vraiment au Capri ? Plus personne ne saurait exactement le dire, mais tu files dans les couloirs, guidé par la voix intérieur de ton amant encore miraculeusement épargné, tandis que là, au détour d'un angle, tu aperçois le Voile de Sainte-Lucie, ce construct translucide et immatériel qui dans le flash d'un éclat violent et colossal se brise en deux au même moment, fendant le Capri dans un grondement qui te fait craindre une seconde que le bâtiment entier ne s'effondre. En cet instant, une partie de la Torpeur semble disparaître.

Alors, auras-tu la chance de ta vie, Stanislas ?

[Rendez-vous dans la roulette russe]

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Elias, te voilà seul désormais, abandonné par ton agresseur mystérieux qui s'enfuit, te laissant bien en mal au milieu de cette pièce visiblement maudite. Là, juste à l'extérieur, tout le bar est en train de prendre feu, une flambée qui devrait rapidement s'étendre à tout le théâtre si rien n'est fait. Il y a bien, ici et là, quelques buses du système anti-incendie qui se sont allumées et qui déversent leur eau en une pluie intense, mais la majeure partie du système semble trop ancienne pour s'être efficacement déclenchée, ou a été endommagée par les transformations en cours du Capri. Pire encore, l'une des buses a été touchées par une altération alchimique, et se met maintenant à faire pleuvoir non plus de l'eau, mais une substance métallique suspecte, dont les projections dégagent de la fumée et rongent lentement le synthétique de la moquette, le faisant fondre. Qui sait ce qu'il adviendrait, si le feu parvenait jusqu'à cette flaque en formation ?

Malheureusement, tu n'as pas beaucoup d'espace mental pour réfléchir à tout ça, encore imprégné de la douleur de ton corps meurtri et qui se reconstitue sans ménagement, bien trop de fois en deux minutes à peine pour rester sain d'esprit. Et si la douleur te paralyse, quand tu reviens plus ou moins à un niveau de conscience te permettant d'agir à nouveau, tu découvres avec horreur que la pièce est presque complètement envahie de ces petits appendices-mains qui tâtonnent, ici, partout autour de toi, et qui se posent sur toi, sur tes vêtements, sur ta chair, entamant des transformations alchimiques en boucle, tandis que chacun de ces contacts semble t'envoyer une micro décharge, leurs doigts boudinés tentant de fusionner avec les veinules de ta peau. Ton esprit se crispe, ton corps également. Te voilà toi aussi connecté directement à l'esprit de Sainte Lucie au travers de ce lien mental initié par ses mains informes, mais en le subissant plus qu'autre chose. Et tu comprends alors ce qu'elle cherche, tandis qu'une multitude d'yeux émergent de la matière ici et là, sur les murs, le plafond, le sol, les objets, sur toi, partout.

C'est toi qu'elle veut.

Ou plutôt ce qui vit en toi. Cette connaissance, cette force, celle que tu lui as partagée partiellement : elle en veut plus. Il lui en faut plus. Tu le sens, comme un besoin urgent, un impératif vital. Sainte Lucie veut tes savoirs avancés en alchimie, pour maîtriser le réel à un niveau qui ne soit plus aussi brouillon, et l'abnégation de martyr dont fait preuve sa volonté est proprement terrifiante. Tu sens, au travers des connections qu'elle établit via la multitudes de petites mains, qu'elle commence à aspirer cette force vitale dorée de Panacée qui pulse en toi. Ce n'est pas mal, non. C'est juste ce qu'elle désire et ses désirs ne connaissent pas la raison.

Seras-tu prêt, toi aussi, à endurer les pires outrages pour conserver ce trésor d'apprentissage, ou bien accepterais-tu de lui céder quelque chose ? Peut-elle seulement comprendre ce que tu ressens ? Ce que tu penses ? Ce que tu souhaites ?

Trouve une solution Elias, et vite, ou dans quelques secondes ses mains auront terminé de fouiller en toi et t'auront arraché cette précieuse connaissance de l'intérieur. Déjà, tu vois sur le sol juste à côté de toi, une forme émerger de la moquette. Une masse informe qui s'affine par itérations successives alors que des sceaux alchimiques se font, se défont, s'entremêlent tout autour et tentent de percer le plafond de verre d'un enseignement qui n'a pas été dispensé. Petit à petit, on dirait les formes grossières d'un visage.

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January, tu sens ce choc, celui d'un cœur retrouvé, d'une incomplétude douloureuse qui finit par se combler finalement, petit à petit, à l'image d'une plaie dont les bords se refermeraient avec la lenteur d'un rideau de théâtre. C'est douloureux et triste, terriblement, à en mourir. À l'image des lamentations d'une mère qui tient dans ses bras les corps sans vie de ses enfants. Tu te sens perdre le contrôle, l'aisance, l'ampleur d'action qui étaient tiennes en cet instant, alors que tu flottais au sein de cette entité, que tu pouvais agir comme si ta volonté était la sienne propre. Et ça fait mal, car Sainte Lucie naît, enfin, ouvrant les yeux sur cette réalité qu'elle explorait à tâtons, écrasant l'espace creux dans lequel tu avais pris place, écrasant ta propre existence, écrasant ta propre conscience pour la remplacer par la sienne.

Pendant quelques secondes, tu perçois le Voile qui te-vous retient prisonnières se fissurer, éclater à quelques endroits, mais pas partout, pas complètement. Tu la sens qui lentement commence à filtrer au-dehors de cette prison de magie et de Foi qui lui avait été imposée, petit à petit, comme une mécanique défaillante verrait son huile jaillir et quitter son corps.

Quelque chose cloche, mais tu n'arrives pas à comprendre quoi, soudainement assaillie par un millier d'angles de vues différents, percevant en même temps ce que chaque œil s'ouvrant dans le théâtre pouvait voir. Et, en ton propre sein, le lien avec Myrtle te brûle, comme un tison ardent plongé dans la poitrine, un bûcher, une épée en travers de la nuque, tu ne sais plus.

Tu sens le lien de Marqué se faire atomiser par la Foi pure issue de la simple existence de Sainte Lucie. Il est sur le point de disparaître, tu es sur le point de perdre Myrtle, et peut être de te dissoudre toi-même dans la Sainte si tu ne fais rien très vite.

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Blanche, tu sens que le vent tourne salement alors que du côté du couloir où les assaillants sont venus le feu fait désormais rage, embrasant le couloir dans une fournaise mortelle sur une dizaine de mètres de profondeur et débordant dans le salon Lounge depuis l'embrasure, commençant à mettre le feu à la moquette des murs et aux divers accessoires décoratifs suspendus depuis le plafond. Des flammes qui font déjà plusieurs mètres de haut en cet endroit. De l'autre côté, l'entrée du couloir où s'est enfuit Stanislas est également en train de flamber. C'est à peine si tu aperçois, au travers, la silhouette d'Elias plus ou moins agonisante au sol, plus ou moins morte, difficile à dire, engloutie petit à petit par une marée de... Mains-tentacules ? Tu ne sais pas trop, peut-être est-ce un mirage liée à la fournaise des flammes mais traverser celles-ci de ce côté-là risque d'être très douloureux, sans garantie de succès.

Au moment où tu te rends compte que les tirs ont cessé, tu comprends que les assaillants ont levé le camp, contraint d'abandonner dans les flammes le corps de leur soldat tombé au combat. Pourtant, pourtant, là dans le cœur de la fournaise, entre les deux battants de portes en train de noircir à grande vitesse, tu jurerais apercevoir ces éclats d'éclairs alchimiques jaillir du corps du défunt et, tu en mettrais ta mains à couper, voir celui-ci bouger. Es-tu finalement en train de débloquer complètement ?

Mais réfléchir est un luxe que tu ne peux te permettre alors qu'une sorte de secousse agite l'édifice tout entier, causant ça et là fissures et craquèlements, te faisant perdre l'équilibre une nouvelle fois. Un fracas titanesque retentit alors que tu comprends que tu es coincée entre deux départs de feu et qu'entre toi et le seul couloir encore viable - celui par lequel vient de partir Ken - le sol s'est effondré sur une grande largeur, emportant ses débris à l'étage inférieur dans la promesse d'une chute semi mortelle.

Ça sent le roussi, Blanche. Sauras-tu traverser les flammes sans t'immoler ? Sauras-tu sauter par-dessus ce gouffre à l'abîme menaçant ? Ou n'abandonnerais-tu pas simplement, laissant ton corps partir dans les flammes ? Il reste bien les toilettes mais elles sont sûrement un cul-de-sac. Peut-être peux-tu grimper dans la cuvette pour rester humide et te protéger des flammes ? Quoi qu'il en soit, dépêche-toi si tu tiens à survivre.

C'est à ce moment-là que tu remarques, sur les lustres, les murs, le métal en fusion des portes - partout en fait - ces dizaines d'yeux qui s'ouvrent et qui observent tout autour. Qui t'observent toi, et qui te regardent sans rien dire. Un cauchemar.

Un véritable cauchemar.

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Elinor, la tension est à son comble alors que ta question reste en suspens dans l'atmosphère perturbée et lourde du Capri. Qu'êtes-vous ? Peut-être est-ce bien cette interrogation que tu aurais dû poser à la manifestation de la force qui faisait trembler le corps de Joseph.

Il n'y a pas de réponse, rien d'autre que cette brusque désarticulation d'un corps qui tente coûte que coûte de fonctionner correctement. Ses yeux sont douloureusement fixés sur toi, exorbités presque, tandis que le corps ne sait toujours pas comment faire pour tourner simplement son cou. Pourtant, elle te voit, Elinor, cette force, quelle qu'elle soit. Elle te voit, et elle tente d'agir.

Pour qui ? Contre qui ? Personne ne saurait vraiment encore le dire alors que le corps de Joseph émet un râle baveux où les mots tentent de sortir sans succès, se heurtent les uns aux autres, s'encombrent et s'agglutinent en une mélasse incohérente. Ça ne dure que quelques instants terriblement longs, Elinor, durant lesquels tu te dis que tu aurais peut-être mieux fait de fuir ou d'utiliser ton pistolet.

Néanmoins, c'est une toute autre distraction qui parvint à tes oreilles tandis que le grésillement de l'oreillette en ta possession vint se rappeler à ton bon plaisir.

< Georges à tout le monde.
   Sainte Lucie est hors de contrôle, les clones aussi.
   Abandon de la mission. Équipe 1 dirigez-vous vers l'issue 2.
   Équipe Sainte Bénédicte soyez prête à décoller.
   Mettez les reliques sous quarantaine dès que possible.
   Georges terminé. >


Soudain, un brusque décrochage dans la pesanteur de la Torpeur, une montagne russe du cœur qui semble aspirer l'âme avant que celle-ci ne s'écrase violemment sur son siège. Une fraction de seconde qui suffit à Joseph pour enfin réussir à tourner la tête, à aspirer l'air, à expulser ces centaines de mots restés muets au moment même où le Capri semble se fendre en deux.

Des mots qui prononcent tous la même chose, en deux cent langues différentes, chuchotées, hurlées, implorées, apaisées, pleurantes... Toutes, condensées en une parole si dense de subtilités et de vérités qu'elle en devient atrocement douloureuse, manquant de fracturer l'esprit des plus faibles. Une parole pourtant prononcée si délicatement, ciselée et définie d'une manière si riche qu'elle en acquiert toutes les variations de sens en ce seul nom prononcé par Joseph : Sainte-Lucie de Syracuse. C'est un titre, un mythe, une identité, un archétype, un espoir, un poids, un rôle, un outil, un pouvoir, un rituel. Tout ceci à la fois, tu le devines, Elinor, alors que sa réponse te définit exactement ce qu'elle est, t'apportant la connaissance intégrale de son mythe et de toutes ses variantes, presque comme si tu venais d'asssister intégralement à toutes ces vies racontées à la foi.

Un flash, tandis qu'un éclair alchimique extrêmement fin et lumineux jaillit pour relier le front de Joseph au tiens, Elinor, qui t'arrache brutalement à cette salle de surveillance. Car tu n'es plus vraiment dans le monde physique en cet instant, non, mais dans un espace mental parallèle où les concepts se passent de mots. Devant toi se dresse la masse informe et lumineuse d'une chose qui se forme et se reforme, qui tente, essaie, expérimente à mesure qu'elle arrache des fragments de réalité autour d'elle pour apporter de la matière à sa propre construction. Des fragments physiques comme des mémoires, des souvenirs, des deuils, des joies et des espoirs. Toutes ces choses qui portent la conscience, elle tente de les expérimenter à mesure qu'elles surviennent. Et, au centre, un cœur de Foi qui bat, subtilement plus rapidement à chaque battement, subtilement plus fort, irradiant d'une force inédite.

Il y a là une grande souffrance, mais aussi l'habitude d'endurer- par définition - un tel poids et bien plus encore. C'est un éveil, une existence en pleine naissance, à la puissance brute, mal canalisée, tâtonnante et radiant autour d'elle ces forces surnaturelles contradictoires qui font mal sans même qu'elle ne s'en rende compte. Ton esprit est éblouit par un tel amas de possibilités et de chaos, Elinor, mais en ce non-lieu tu ne ressens ni la Torpeur ni la morsure de la Foi.

Et, tout autour de ce soleil miniature qu'est Sainte Lucie, tu perçois ces filaments d'énergie qu'elle jette à droite et à gauche, ici et là, des éclairs comme autant d'ancres dans le vaste océan du réel. Tu perçois également cette multitudes de points de vue différents, jetés sur le monde du théâtre, qui sont les yeux par lesquels elle voit et regarde, désormais. De nouveaux s'ouvrent à chaque seconde, étendant son emprise et sa compréhension, et bientôt c'est le théâtre entier qui semble se dévoiler, sous tous les angles, toutes les facettes, toutes les vérités. Cet univers paraît presque vierge, un canvas qui se forme, sur la base de ce qui lui a été donné, de ce qui l'a construit. Un potentiel sincère mais terriblement cruel dans son manque de compréhension.

Il y a Stanislas qui tente de fuir et de franchir la frontière qui le sépare de son amant, son corps parcouru d'une énergie surnaturelle qui oscille entre agir tantôt comme un poison, tantôt comme un remède, et n'arrive pas tout à fait à le tuer ni à le réparer.
Il y a la fausse Myrtle qui appuie sur la gâchette contre Jean et César, qui pulse d'auras complexes, comme un halo mêlant plusieurs des énergies surnaturelles primordiales.
Il y a le groupe d'assaillants du Lounge qui s'enfuient en direction de l'entrée principale du théâtre, auréolés des mêmes sortes d'auras complexes que la fausse Myrtle.
Il y a Blanche, coincée entre deux feux et un éboulement, dans une situation difficile.
Il y a Elias, dans lequel Sainte Lucie plonge ses tentacules, fouillant avec avidité, à la recherche de ce qui sonne comme un espoir, une lueur de compassion et de chaleur.
Il y a Myrtle, et cette gratitude éprouvée en silence alors qu'une tentative de lui rendre ses enfants perdus est en cours.
Il y a January, en train d'être écrasée pour devenir une sorte de conduit de pouvoir, un tuyau à embranchements multiples pour canaliser l'énergie, sorte de robinetterie vivante.
Il y a aussi tous ces autres vivants et morts : l'assaillant mort englouti par les flammes dont Sainte Lucie commence à sauvegarder le template physique, désintégrant son corps au passage ; l'homme aux crocs dorées assommé au sol auquel des dizaines de petites mains se sont connectées, aspirant sa conscient au-dehors de son enveloppe pour en explorer les possibilités ; il y a cet homme armé qui vient de quitter Blanche et qui hurle le nom Curtis avec la résolution touchante d'un ami prêt à tout ; il y a le directeur du théâtre, Georges, recroquevillé sous une chaise et qui hurle face aux multiples yeux qui l'entourent et l'examinent, une auréole différente et aux désagréables relents de fumets acides l'entourant ; il y a cet employé électricien que tu as déjà vu dans les caméras se métamorphoser physiquement, Elinor, tenant sa petite mallette à outils, courant en direction de l'avant du théâtre. Eux, et quelques trois ou quatre dernières âmes égarées dans les tréfonds du Capri.

L'entité t'observe, Elinor, émane une attente confuse qui te perce le cœur pendant qu'elle continue d'agir au travers de ses sens qui s'éveillent peu à peu. Elle est comme transpercée de l'intérieur, rendue folle par le manque de ce qui lui a été arraché, et laboure la réalité pour le retrouver. Et, en cet instant, son attention a été en grande partie détournée sur toi, qui as tenté d'entrer en communication avec elle. Pour le meilleur, comme pour le pire.

Sainte-Lucie ne comprend pas : son cœur vient de lui être rendu. D'où vient-il, alors, que cette souffrance n'ait pas cessé, comme elle aurait dû ? Qu'elle sente toujours cet appel hurler la béance dans sa poitrine ? Qu'elle perçoive le To-toum infernal qui l'obsède, résonner en plusieurs échos dans cette prison ?
Cette interrogation flotte en suspens, dévorant toute autre chose.
Elle t'est adressée, Elinor.

Qu'as-tu a lui répondre ?
Qu'as-tu pour la soulager ?

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Il y avait eu, à un moment donné, quelque chose qui était parti en live. Quelque chose qui avait fait déraper un plan qui aurait fonctionner. Là, dans ce couloir où fleurissaient des phénomènes de transmutation tous plus étranges les uns que les autres, Michael Adamson ⇗ se tenait prêt. Prêt à ouvrir le feu sur sa cible, prêt à tenter de semer la zizanie pour monter les engeances non-mortes les unes contre les autres et saper leurs forces internes. Prêt à aller jusqu'où il faudrait et avec la violence qui serait nécessaire.

Car il avait perdu toute communication avec son autre soi-même, celui qui affrontait la vampire dont il portait les traits actuellement et dont les dernières paroles avaient été des menaces qu'il s'efforçait de saboter. Voilà qui était particulièrement perturbant. Son autre corps aurait dû se contenter de disparaître sous les balles de Mrs Blackstone mais, à son grand étonnement, il avait saigné et était mort d'une manière tout à fait usuelle. Jamais son don d'ubiquité n'avait ainsi réagi, et il en venait à la conclusion que la débauche de perturbations surnaturelles inédites entrait en conflit avec ses propres capacités. Lui-même se sentait différent de d'habitude et avait la sensation d'être devenu une copie autonome et différenciée. Qu'allait-il advenir de lui ? Il n'en savait rien, mais il sentait, au fond de sa psyché, les autres exemplaires de lui-même se poser l'exacte même question, tandis que sa première itération envoyait des ordres de repli au travers de la radio. À la fois présent dans le théâtre et à la fois présent en dehors de celui-ci, dans la petite ambulance qui était stationnée devant le Capri, il pouvait suivre ce qu'il s'y passait en direct sans pour autant être perturbé par la division de son attention. L'escouade de Sainte Bénédicte, armée jusqu'aux dents dans le faux véhicule de secours, était prête à décoller.

Car les Purificateurs qui maintenaient le rituel du Voile de Sainte Lucie étaient formels : le construct de Foi qu'ils avaient établi avait dégénéré. Les liens entres la chose et ses maîtres avaient été rompus au moment où son cœur avait été rendu. Cette assertion soulevait beaucoup de questions sans réponses, considérant le To-toum géant et assourdissant qui se dégageait tout autour de lui, de plus en plus vite.

Oh, il n'avait pas peur de la mort, il était prêt à affronter toute épreuve qui lui serait imposée, mais il ne pouvait s'empêcher de se demander quelle sorcellerie était à l’œuvre en cet instant, qui faisait fleurir de plus en plus de petites mains tâtonnant à l'aveugle un peu partout.

Devant lui se tenaient, accompagné d'un autre vampire, Cesar Nieves, le traître qui avait déclenché une partie de cette apocalypse, et si sa capture était un trésor convoité pour la somme de connaissances qu'il possédait sur deux Essaims, sa mort serait nécessaire en dernier recours.

Michael Adamson, sous les traits de Myrtle Blackstone, leva donc son arme en direction des deux non-morts et tira quatre fois. Il aurait pu leur infliger l'ordalie du feu, il aurait pu leur envoyer l'aube sur le coin de la figure ou tout simplement leur faire face à nu, armé uniquement de sa Foi, mais le Purificateur tentait ici très précisément de transformer Mrs Blackstone en un danger public à abattre.

DONNE-MOI CESAR ET JE TE LAISSE LA VIE SAUVE.

Une chance, pour Jean et Cesar.
Vraiment ?

En cet instant, une vague brutale secoue la Torpeur imposée qui devient d'un coup beaucoup moins lourde, libérant d'un poids colossal, tandis que le Capri se fissure dangereusement, s'ébranlant avant de se stabiliser de nouveau, des yeux artificiels se mettant à fleurir un peu partout.

[Rendez-vous dans la roulette russe]


Résumé et précisions:



Got the evil eye. You watch every move, every step, every fantasy. I turn away but still I see that evil stare. Trapped inside my dreams I know you're there. First inside my head, then inside my soul.
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Daddy's little bloody candy -
Blanche de Lantins
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ASHES YOU WERE

En un mot : Humain
Facultés : Tes capacités, tes dons.
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Ven 3 Mai - 15:33 (#)

Le révolver de Ken se tait. Je me relève, sans aucune grâce. Mes vêtements sont couverts de suie. Je n’ai plus ma veste, vu qu’elle s’est embrasée au contact de la femme-lumière. Mes chaussures sont perdues, quelque part dans un couloir de ce maudit théâtre. J’ai du mal à comprendre comment tout cela a pu arriver alors que les restaurations allaient bon train. Ce lieu a définitivement perdu toute sa splendeur. Sans un mot, Ken tourne les talons, j’ai un mouvement pour le retenir mais je dois d’abord retrouver les Immortels, c’est primordial.

La crainte de me mouvoir est omniprésente, les arcs électriques sont une réelle menace. Ma pensée n’a pas fini de s’imprimer dans mon cerveau que déjà, je me fais toucher par un éclair. La douleur revient instantanément, vrillant ma conscience et me remettant à terre. Abasourdie, je crapahute à quatre pattes. Je dois sortir d’ici et retrouver Jean au plus vite. Fuir le brasier, laisser Christophe et les siens à leur folie destructive.

Mon téléphone vibre dans ma poche, je le sors et vois un nom s’afficher sur l’écran. Alaric Lanuit. Qui est cette personne ? Et comment a-t-elle atterri dans mon répertoire ? Je n’ai pas le temps pour des conversations avec un inconnu, je dois sauver ma peau et retrouver Jean. Je mets un terme à l’appel et range l’appareil. Je rappellerai peut-être cette personne quand je serai sortie de cet enfer.

Campée solidement sur mes jambes, je regarde autour de moi ayant l’impression d’avoir les idées nettement plus claires. Je jette un coup d’œil par-dessus mon épaule et vois ces femmes et ces hommes armés jusqu’aux dents subir également les attaques imprévisibles par les zébrures qui ont envahi notre environnement. Une ou deux personnes sont à terre et une pensée mesquine « bien fait » me traverse l’esprit. L’injonction de Christophe a disparue, qu’il brûle en enfer. Le feu gagne du terrain, les poussant à fuir, laissant derrière eux, le cadavre d’un de leur camarade. En y regardant de plus près, j’ai un sentiment étrange, qui me tord les entrailles, engendrant une peur sourde. La dépouille semble se mouvoir. Le surnaturel ne me pose pas de soucis, mais les morts qui se relèvent, reste tout de même quelque chose de particulièrement effrayant. Sortir de la lounge devient une priorité vitale, je dois agir, rapidement. La fumée s’épaissit et l’air est nettement plus chaud. Un second brasier prend naissance, là où je devine la silhouette d’un jeune homme à terre (Elias). Je ne peux rien pour lui malheureusement. Les flammes sont trop importantes et la chaleur trop intense pour tenter un sauvetage. Il me reste une troisième échappatoire.

Quelques buses anti-incendie se mettent péniblement en marche, déversant par endroit, un fin filet d’eau, une belle pluie ou même une substance étrange dont je ne m’approche pas. Mon chemisier et mes cheveux se collent contre mon derme, j’essuie mon visage afin de chasser l’eau qui ruissèle dans les yeux et découvre avec consternation des traînées carmines. Je frotte ardemment jusqu’à ce que mes doigts reviennent clairs.

Une terrible secousse agite une nouvelle fois le théâtre, le sol s’ouvre dans un fracas assourdissant emportant avec lui, une partie du plancher. A terre, une fois de plus, je vois mes options diminuer drastiquement. Crapahutant vers le trou, je jette un coup d’œil rapide dans le vide. C’est haut, mais pas impossible. Indécise, mais sentant l’urgence vitale m’étreindre, je regarde autour de moi et constate la venue d’un nouveau phénomène. Des mains et des yeux apparaissent un peu partout. C’est la goutte d’eau de trop pour mon esprit, certes ouvert, mais terriblement humain. La peur se transforme en terreur, me faisant agir instinctivement. La raison n’a plus son mot à dire.

M’approchant de la nouvelle ouverture, je cherche un endroit plus ou moins stable me permettant de m’asseoir au bord du gouffre. Je me retourne, m’accroche de toutes mes forces au rebord, espérant réduire ainsi un peu la hauteur de ma chute. Dans un cri strident, j’ouvre mes mains, me laissant tomber à l’étage inférieur.


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You shall be a restless wanderer
Jean Delaube
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You shall be a restless wanderer
DANS LE NOIR

En un mot : Lalalalaaa
Qui es-tu ? : Immortel usé de 610 ans • Torturé et incisif, sentimental et indiscipliné • A grandi dans les traditions de l'Est et parcouru une partie du monde • Musicien virtuose • Libertaire dans l'âme • Sire d'Elinor Lanuit • Déclaré mort en 1895, il réapparait seulement aujourd'hui • En marge du monde moderne
Facultés : • Voie du sang : Niveau 4-1
Goûteur de sang professionnel. Source de vie et de puissance pour lui-même et ses congénères, il sait le sonder, le manipuler et le sublimer. Attention, il lui arrive de le voler...
• Présence : Niveau 1-4
Sait attirer l'attention sur lui et forcer l'adhésion
• Voile cendré : Niveau 1-1
Perçoit naturellement brièvement les esprits, mais s'il concentre son sang, c'est l'intégralité du plan semi-astral qui se révèle à lui
DERRIÈRE LE BROUILLARD

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Sam 4 Mai - 15:45 (#)

Alors qu’il avait tenté une approche de cette autre version de Myrtle, Jean n’avait aucune intention de faire dans la dentelle. Il n’en eut pas l’occasion. Car cette dernière ne semblait pas chercher à prétexter jouer non plus sur une quelconque entente entre eux. Elle leva effectivement son arme, avant que le vampire ne soit suffisamment près. Son instinct, comme celui de Cesar, les amena à tenter un brusque changement de trajectoire pour espérer éviter les coups de feu qui allaient s’en suivre. Quatre coups, qui ne firent cependant aucun dommage, car au moment où la brunette appuyait sur la gâchette, des petites mains se matérialisèrent à partir de rien autour de l’arme. L’une d’entre elle avait déjà attrapé le poignet de la fausse caïnite quand celle-ci tenta de s’en défaire. En vain.

Le français, comme son acolyte, resta interdit devant ce spectacle quelques secondes, alors des centaines d’yeux se dessinaient aussi sur les murs. La Torpeur qui s’exerçait sur eux diminua cependant significativement au même moment et l’urgence s’imposa à eux plus que jamais : le temps entre ces murs était compté…

Jean ne prit pas la peine de répondre et ne perdit pas davantage de précieux instants. Michael était maintenant submergé par la panique - de ne plus disposer de son arme contre des monstres sanguinaires comme de se faire chatouiller par des doigts étrangers – et la fascination quand la silhouette du sexcentenaire s’approcha dangereusement de lui, ses mains s’emparant de sa tête, sans qu’il puisse réagir. Avant d’éteindre sa lumière. Le corps, toujours sous les traits de Myrtle, s’écroula comme celui d’Elias quelques minutes auparavant, le cou brisé. Les deux vampires n’assistèrent cependant pas au spectacle de sa décomposition soudaine et écœurante, car ils repartirent plus rapidement encore.

- Traitresse, souffla le texan d’adoption, à l’intention de Myrtle, ou ce ne fut d’Alienor. Il ignorait la supercherie du Purificateur.

Déboulant finalement enfin dans le couloir principal qui menait quelques mètres plus loin au Lounge, ils perçurent rapidement la chaleur des flammes qui mangeait le salon et envahissait progressivement le théâtre. Il eut une pensée pour Blanche et Stanislas. S’ils étaient toujours là-bas, ils étaient définitivement perdus. La mâchoire de l’Aîné se crispa dévoilant ses canines acérées et mettant son véritable visage à nu.

- Si on retrouve ceux qui ont fait ça, montre leur de quoi tu es capable. Il posa en même temps sa main sur le bras initialement meurtri de Cesar et le juge put sentir un boost de sa Vitae guérir ses nombreuses plaies pour le remettre sur pied. Un sacrifice mésuré de son acolyte, qui avait besoin de lui. Montre moi, intimait aussi son regard perçant. Le Quietus. Ou n’importe quoi. Une lueur de détermination brilla dans les yeux de Cesar.

Les deux créatures de la nuit s’éloignèrent du brasier, se dirigeant à leur tour vers la sortie, sur les pas de leurs assaillants. Se déplaçant bien plus rapidement qu’eux, ragaillardis. Les yeux étaient partout et continuaient de les suivre.

- Où es-tu ? glissa tout de même la voix de Jean dans l’esprit de son Infante. La perçut-elle ? Il ne pouvait croire qu'elle était restée dans son local.

Bientôt, Marie, Paul, Jeanne, Bernard, ou quels que soient leurs noms, se trouvèrent dans son champ de vision. Quelques secondes et il les rattraperait. Et avec son partenaire, ils les attaqueraient.

Spoiler:
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Tea For Two - Ils t'entraînent au bout de Lanuit, les démons du mépris
Elinor V. Lanuit
Elinor V. Lanuit
Tea For Two - Ils t'entraînent au bout de Lanuit, les démons du mépris
Let's spend an evil night together
En un mot : Don't be afraid ; It's only death. It's just as natural as your first breath.
Qui es-tu ? :
- Immortelle britannique du XIXème siècle, issue de la bourgeoise florissante du début de l’ère victorienne. L’élégance et le flegme de son époque vivent encore dans ses manières.
- Femme fatale au charme venimeux, calculatrice sans scrupules, elle manipule les cœurs aussi bien que les lettres et les chiffres.
- Perfectionniste à l’extrême, séduite par le pouvoir et reine stratège, son plaisir de tout contrôler égale sa soif de connaissances en arts obscures.
- Vampire accomplie, fille des Lanuit, et éternelle solitaire dont l’amour empoisonne les malheureux attirés par une élégance inaccessible aux simples mortels.
- Monstre évoluant dans l’anonymat des ombres, elle traverse les siècles sans fléchir ni se lasser, se proclamant véritable immortelle avide de vie et de savoir.

Facultés :
- Chacun de ses menus gestes contient une grâce et une sensualité étonnante, comme si son corps figé par les siècles ne connaissait aucune autre manière de se mouvoir.
- Un rare talent pour la stratégie économique dont son clan profite à souhait, elle détient une précieuse capacité à s’ancrer sans difficulté dans cette époque.
- Une Présence (niveau 2, palier 5) cultivée avec patience se lit dans son regard enjôleur, rendue redoutable par un siècle de manipulations opportunistes.
- L’Occultation (niveau 2, palier 2) masque son être pour mieux agiter les fils de ses marionnettes, tandis que son esprit demeure son sanctuaire interdit, où elle ne tolère personne.
- Un Animalisme (niveau 0, palier 0) incongru la colle, sans qu’elle ne daigne y accorder le moindre intérêt, quand ce talent bestial semble si éloigné de son tempérament et de ses valeurs.

Thème : Jill Tracy : Evil Night Together
We'll drink a toast in the torture chamber
And you'll go down on a bed of nails
We'll rendevous in cold blood
I'll tie you up to the third rail
No need for cake or flowers
Let's spend an evil night together

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Sam 4 Mai - 18:44 (#)

Carnage - Groupe 3

L’oreillette l’arrêta dans son avidité à savoir. Car chez Elinor, c’était bien la clé de voûte de sa personnalité, ce besoin de toujours plus, cette boulimie de savoirs, d’explorer plus avant les recoins obscurs d’une réalité qui allait bien au-delà de la Révélation. Et ce désir irréfrénable la tenaillait à cet instant-là, face à cette chose qui fut autrefois Joseph, en dépit des crevasses fissurant la réalité de la matière ; le monde s’écroulait autour de la vampire, et néanmoins cette érosion ne parvenait pas à étouffer sa soif de comprendre. Par réflexe, Elinor toucha l’oreillette coincée dans son oreille, comme les voix lointaines et militaires aboyaient des ordres dont la pleine signification lui échappait encore à ce moment-là. Sainte Lucie, Sainte Bénédicte, reliques, répéta-t-elle à leur suite, intimement convaincu que ces mots détenaient la clé des évènements désastreux du Capri Théâtre. Pourtant son esprit distrait peinait encore à donner un sens à tout cela, non parce que l’immortelle était sonnée ou stupide, mais car toutes ses pensées étaient immanquablement tournées vers Joseph.

Joseph, dont les orbites étincelaient d’or. Joseph, qui rampait devant Elinor, bavant et vomissant une flopée de sons incohérents, comme un nourrisson éructant ses premières tentatives de communication. Elle fut sur le point d’avancer de nouvelles questions, tout du moins d’interpréter ces bredouillements, avant que l’étau de Torpeur qui lui serrait le crâne, n’implose. L’espace d’un battement de cils, elle eut le souffle coupé, alors que la chair morte qui lui servait de cœur, parut chuter dans ce bain d’eaux froides qu’étaient ses entrailles. Elinor tituba, étourdit durant ce court instant, appuyant sa main contre le chambranle de la porte avant que la Torpeur ne revint d’un coup. Elle tourna à nouveau la tête vers Joseph, comme se formait dans son esprit  l’embryon d’une pensée : Et si… Mais celle-ci se perdit dans le tourbillon de réflexions contradictoires qui se fracassaient et s’entremêlaient plus que de raison, tandis que Elinor ne savait plus sur quoi se focaliser.

Une fraction de seconde durant, elle eut la certitude d’être au bord. D’où, Elinor n’aurait su le définir. C’était cette sensation terrible et instinctive de se tenir à la fin, à une croisée de chemins inconnus, sur la corniche d’une falaise, là où l’œil admirait la splendide lumière mourante du dernier crépuscule. Elle fit de son mieux pour maîtriser cette intuition croissante, en dépit de la soudaine éruption de mots qui franchit les lèvres de Joseph, et qui lui fit tourner brusquement la tête. Elinor riva son attention sur l’homme étendu au sol. Et ce faisant, au moment où l’identité fut articulée, elle suffoqua presque sous le déferlement de concepts pieux ; enluminures, prières, signets, idoles, statues, psaumes, versets, livres, tous illuminés d’or et de mythes. Elle chercha un air dont la vampire n’avait nul besoin, comme cette connaissance soudaine saturait son cerveau.

L’immortelle ne la retint pas. Elle ne chercha ni à trier la masse d’informations, ni à l’analyser, car son esprit humain ruait et hurlait sous l’avalanche confuse d’émotions et de récits chrétiens qui l’assaillait. C’était trop. Elinor tâtonna derrière elle, une main machinalement crispée à ses tempes, le corps arc-bouté vers la porte, une odeur d’ozone et de métal huilé adhérant à ses narines. Au milieu de ce torrent de mythes et d’idiomes entrecroisés, une violente souffrance éclata dans ses yeux, comme irradiés ou électrocutés par un brusque choc, et elle chercha de plus belle la porte du local dans son dos. Mais sa main n’attrapa que le vide. Mourir, pensa-t-elle un court instant, et néanmoins, Elinor n’avait pas peur de la mort. Elle l’avait étreint une fois, et l’avait côtoyé chaque nuit durant. Elles étaient de vieilles connaissances à ce stade, rien de plus.

La douleur reflua. Et avec elle, quand Elinor rouvrit les yeux, s’en vinrent les odeurs du théâtre, la solidité du sol sous ses bottes, et les milles autres subtils bruits entre les murs. Elle inspecta ses mains, ses jambes, et l’existence de son corps tout entier, avec la curieuse et sinistre impression que sa chair n’était là qu’en vertu de sa propre volonté. J’existe, car je le sais, se dit-elle, bien que la limite entre le sens et la folie était mince. C’était difficile à définir, même pour elle. L’immortelle fit quelques pas dans cet espace mental, incertaine, à demi persuadée que son corps n’était que trois coups de crayons que son esprit s’acharnait à rassembler. Sa chair et sa cohérence étaient réduites à un effort mental, un amas de couleurs et de sons modelables. Elle ne se risqua à rien, préférant plutôt suivre le modèle d’Elinor Lanuit, en s’avançant au sein de l’esquisse.

Elle ouvrit la bouche, sans émettre un son. Durant une seconde de frayeur, Elinor eut l’impression de perdre sa capacité à parler, tant le maelstrom de potentiels roulait autour d’elle et en elle. Elle se reprit par sa seule force de caractère, car elle avait toujours été sa qualité maîtresse ; une volonté inarrêtable d’exister, de nier la fatalité et d’avancer. Partout autour d’elle résonnaient et se dévoilaient chaque recoin du théâtre, comme des fenêtres découpées dans la fabrique de la réalité, tels des puits où coulaient des ruisseaux de souvenirs, d’émotions, la somme d’existences dont quelque chose s’emparait. Elle ne s’attarda pas, pourtant. Elle aurait pu observer les âmes du théâtre vivre et mourir, se démener dans le chaos du réel, ou suivre les connexions étincelantes qui s’élançaient partout, telles des racines d’or creusant dans l’humus du monde matériel.

Mais seul le savoir l’attira. Comprendre ce qu’était tout cela, et en particulier cette masse solaire aspirant les morceaux d’humanité avec voracité, avec en son centre, ce cœur neuf qui naissait un peu plus fort à chaque pulsation vitale. Elinor marcha droit vers le cœur de Foi. Et plus elle avançait, mieux son esprit emboîtait les pièces éparses du puzzle, à mesure que les attentes confuses de l’entité martelaient ses neurones. Une idée naissait dans son âme, modelée par son désir d’explorer les recoins des mythes et des dieux, pendant que la vérité du chaos secouant le Capri et l’identité de cette chose apparaissaient dans sa conscience.

« Je comprends, » fit-elle avec un sourire de compassion, devant le cœur de Foi. « Vous souffrez car on vous a créé pour souffrir. Vous n’avez jamais existé. Vous êtes un cœur sans corps, une souffrance sans plaies. »

Comme Elinor articulait ses réflexions, elle ne put s’empêcher d’éprouver une sincère admiration devant ce qui lui apparaissait comme un miracle. Non au sens chrétien du terme, car elle n’avait jamais cru, mais bien au sens fondamental, de celle qui contemple la naissance de quelque chose d’unique et d’impossible. Elinor était face à un phénomène frôlant le divin, quelque chose qui, elle le devinait, avait transcendé la réalité, et qui n’était jamais apparu dans toute l’histoire de l’Humanité. Comment aurait-elle pu lui tourner le dos ?

« Vous étiez une prière. Une enluminure dans une Bible. Un mythe vertueux. Un nom dans un psaume. Vous n’avez jamais été qu’une construction idolâtrée des croyants. » Elinor déclamait autant pour elle-même, que pour l’entité face à elle. « Et aujourd’hui vous naissez, mais vous n’avez aucun corps où créer votre cœur. »

Cela lui sembla si limpide, que l’immortelle sentit une pointe d’exaltation escalader son échine. La certitude de non seulement résoudre le puzzle, mais aussi de converser avec quelque chose d’inquantifiable. Elle était belle cette chose, quelle qu’elle soit – une divinité, un ange, un démon – Elinor la trouva fascinante.

« Vous ressentez les cœurs d’autres êtres vivants. Vous êtes juste une enfant à qui les hommes ont fait croire qu’elle était mère. On vous a construit de rien et aujourd’hui vous naissez. C’est merveilleux. » Elle le pensait sincèrement, tout comme le reste de ses paroles. « Nous sommes semblables d’une certaine façon. »

L’idée qu’elle fomentait, matura. Un siècle et demi auparavant, Elinor avait choisi de mourir sous la houlette de Jean, de renaître à la nuit, et d’emprunter une nouvelle voie, en dépit des risques. Car l’immortalité était un moyen de savoir et d’admirer les merveilles des siècles, non une fin en soit. Le vampirisme lui importait peu, en réalité, elle qui aimait par-dessus tout apprendre, se renouveler et dépasser toutes les limites.

« Nous sommes sœurs d’une certaine façon. Ton cœur t’a été arraché, le mien est mort. » fit-elle, en portant l’une de ses mains contre son palpitant froid. « Laissez-moi vous montrez ce qu’est l’existence. »

La main d’Elinor s’enfonça alors à l’intérieur de son torse.
Elle sut qu’elle allait le faire avant de commencer. Elle sut instinctivement qu’elle en était capable, bien que sa nature ruait devant l’irréalisme d’un tel geste, car la réalité en ces lieux était modelable, tout comme son propre corps. Sa paume traversa ainsi les traits de crayons qui esquissaient sa poitrine, et perçut sous ses doigts la texture glacée, quasiment inerte, de son cœur de vampire. Comme la main saisit délicatement un fruit mûr, Elinor extirpa son cœur de son écrin d’os et de tendons, et le leva face aux éclairs dorés qui striaient la noirceur de l'espace mental. Puis, de sa main libre, l’immortelle ramassa doucement le cœur brûlant de Foi avec une authentique et sincère admiration, et le hissa à la hauteur du trou qui béait désormais dans les contours imprécis formant son buste.

« Laissez-moi vous montrer ce qu’est la vie. » récita-t-elle, impatiente de savoir ce qui l’attendait au bout de ce sentier-là, en dépit de la folie de l’acte qu’elle était en train de commettre. Pourtant, Elinor voulait savoir. Savoir jusqu’où cette démence s’étendait, savoir jusqu’où elle-même irait, savoir ce qu’elle pouvait maîtriser et ressentir. Savoir si la jeune britannique du XIXème siècle serait capable de rivaliser avec les dieux.

Car Elinor n’avait aucun doute. Hubris ou non, elle était fermement persuadée que sa volonté de titane était capable de survivre en se jetant au cœur de la tourmente. Alors, elle ouvrit son esprit à Sainte Lucie. De son âme, elle laissa s’écouler 160 ans de souvenirs, d’expériences, d’émotions, de pouvoirs, et de désirs. Avec la sainte, Elinor partagea la somme de sa vie humaine et vampire ; entendre, toucher, sentir, voir et savourer. Cadeaux de l’immortelle, son âme illustra la texture de la nourriture, la sensation de l’air dans les poumons, le toucher subtil du tissu, la morsure de la mort, la caresse de l’amour, la chaleur solaire, la clarté lunaire…

Et elle tâcha d’ouvrir la voie des possibles. Guider et définir à l’aune de sa propre vie, de sa personnalité, de son âme, cette entité divine et souffrante qui était en train de naître. Elinor eut un dernier sourire assuré et malin, avant de lover le cœur de Foi à la place du sien. « Venez, cherchez le réconfort dans mon cœur. »

I regret nothing Carnage • Groupe 3 : Elias, Elinor, Jean, Myrtle, January, Stanislas, Blanche - Page 4 2039972847 :

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Duchesse Von Myrtille :
Myrtle Blackstone
Myrtle Blackstone
Duchesse Von Myrtille : "Chéri, j'ai mangé les gosses"
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En un mot : ☽☾ Détruite ☽☾ Rafistolée ☽☾ Borderline ☽☾
Qui es-tu ? : ☽ Duchesse anglaise née en 1778, elle était veuve et mère de deux enfants lors de son Etreinte en 1819.
☽ Animée par une haine viscérale à l'égard de co-Infant et de son Sire. Cette haine est le moteur qui la pousse à avancer depuis plus de 200 ans.
☽ Lunatique, elle oscille entre une discrétion taiseuse et des envies de violence.
☽ Les années et les ressentiments rongent et effritent sa psyché. Elle n'est plus la femme altruiste et maternelle qu'elle a été de son vivant.
☽ Croit en dieu mais ne pratique plus et n'entretient pas de vain espoir de rédemption. Lorsqu'elle mourra pour de bon, elle brûlera en Enfer pour le reste de son éternité.

☽ Certaines personnes la connaissent sous son autre identité : Apple Murray. Ce n'est qu'un nom de scène.

☽☾

☽ 1m75 / ~60 kg;
☽ Cheveux de jais & yeux vert crocodile.
☽ Crocs de vampires atypiques : elle en possède deux paires, sur la denture supérieure, eu lieu de simplement deux canines.
☽ Suit les modes moderne : sa tenue préférée se compose de jean, tee-shirt et blouson
Facultés : ☽ Facultés ordinaires des vampires : force, vitesse, régénération, hypnose basique.
☽ Obténébration II-3 / Métamorphose I-4 / Aliénation I-4
☽ Formée au combat et à l'assassinat : au XIXè siècle, son Sire et Primogène de son camp éduquait ses membres à repousser les chasseurs de vampire qui les menaçaient régulièrement.
☽ Particulièrement observatrice, préfère analyser les situations en se faisant oublier.
☽ Parle parfaitement anglais (avec des restes d'accent anglais) et français.
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BLOW UP THE SUN

☽ ♫ ☾


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Hier à 11:03 (#)

Si elle respirait, Myrtle retiendrait son souffle. Le temps se suspend un instant alors que la forêt de mains obscures et malformées s’emparent de l’attaché-case. Avec une forme de fascination malsaine, l’Immortelle observe le phénomène. Les crépitements à chaque contact entre les doigts et le reliquaire, les protubérances qui prolifèrent à la façon d’algues monstrueuses. Elle se sent comme au cœur d’un maelstrom mystique, l’apothéose fantasmagorique d’une œuvre anti-naturel, le gouffre de la réalité. Elle est vampire, elle en connait son rayon sur les phénomènes extraordinaires, hors du commun, au-delà de l’entendement. Mais ceci, outrepasse toute comparaison.

Une source intense de chaleur lui griffent le visage, soulève ses mèches d’encre, mais Myrtle ne recule pas. Ses pieds restent plantés dans le sol, désormais recouvert d’une marée à la fois écœurante et stupéfiante. Son regard accroche alors celui d’un œil, formé à même la matière, comme si le théâtre prenait vie. Que doit-elle faire maintenant ? L’édifice tout entier semble sur le point de s’effondrer. Il gronde, grince, tremble, vrombit et se décroche, largué dans le vide. Comment en sont-ils arrivés là ?! Cette question traverse l’esprit de la caïnite, comme une soudaine prise de conscience de l’abysse dans laquelle s’enlise cette nuit.

Quelque chose se passe. Des formes se dessinent sous la marée, puis une main rosâtre en sort. Un déchirement traverse le torse de l’Immortelle, sans qu’elle ne sache vraiment pourtant. Les silhouettes se précisent, petites, humanoïdes, puis émergent comme deux créatures jailliraient de leur matrice macabre. Malformées, mal modelées, ces deux enfants sont poussés vers elle telle une offrande. Qui sont-elles ? Myrtle l’a sur le bout de la langue mais ça refuse de lui revenir. Elle connait ces deux gamines, ou ce qu’elles sont censés être. Elle les connait très bien ! Mais… elle a oublié. Machinalement, ses mains se tendent, ses doigts effleurent les joues blafardes de ces créations maladroites. Les prunelles crocodiles de la caïnite vont des deux enfants aux multiples yeux qui la guettent, observent sa réaction peut-être.

- Merci…, murmure-t-elle ; car elle a compris que d’une façon ou d’une autre, cette force a un geste de bonté. Je peux t’aider, reprend la vampire instinctivement, sans savoir exactement quoi faire. Laisse-moi t’aider…

Ce n’est plus un calcul, elle en a envie. Bouffée par une étrange mélancolie et les vestiges de foi chrétienne dormant dans ses entrailles de démon. Si une Sainte a besoin d’elle, alors elle se doit de ne pas lui tourner le dos. Si une Saint existe, cela remet tout en question. Toutes ses croyances, le sens du monde, le sens de sa propre non-vie…

- Laisse January, je t’en prie. Laisse-la partir, car la douleur de cette brûlure n’a jamais cessé, le lien de Marquée qui se consume dans le feu biblique. Quoique tu lui prennes, prends-le chez moi à la place.


Le pôtit résumé:
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You shall be a restless wanderer
Stanislas Nevers
Stanislas Nevers
You shall be a restless wanderer
THE HARDEST THING IN THIS WORLD

En un mot : Aiguille et boutons
Qui es-tu ? : Vampire torturé par sa condition, étreint en 1871 à l'âge de 40 ans.
Vit en vase clos avec son Marqué et amant, Oscar, depuis plusieurs décennies.
Cherche un clan pour de nouveau vivre auprès de son espèce.

En vrac : Gentil mais affirmé ; Ambitieux ; Réfléchi ; Ordonné et soigneux ; Possessif et jaloux ; Loyal ; Matérialiste mais généreux.
Facultés : Couturier de talent, peut créer vos rêves les plus fous sur un patron et en faire un vêtement parfait.

Capacités de vampire : Métamorphose N0-P0, Occultation N1-P1, Voie de la conjuration N3-P1.
IS TO LIVE IN IT

Pseudo : Finduilas ou Pouik
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Hier à 15:00 (#)

Le Capri était un labyrinthe, mais la voix d’Oscar dans sa tête guidait Stanislas tant bien que mal dans les couloirs. Il avait passé du temps ici avant que Stanislas le rejoigne, c’était une chance inespérée. Plus jamais Stanislas ne ferait confiance à des gens qu’il ne connaissait pas. Des décennies qu’il vivait presque en dehors du monde, seul avec Oscar, en utilisant la technologie humaine pour communiquer avec ses clients. Des décennies qu’il fuyait les gens, qu’il craignait d’être découvert et assassiné comme l’avait été son Sire. Il s’était relâché depuis son arrivée à Shreveport, il avait retrouvé une connaissance et il s’en était fait d’autres. Et voilà le résultat.

Pendant qu’il courait, son esprit se tourna vers Jean qui s’était enfui avec Cesar et Elinor. Son compatriote avait-il réussi à trouver la sortie ? Était-il sain et sauf ? Et Blanche, restée en arrière dans le Lounge, environnée par le feu et les armes ? Cette humaine fragile était la raison pour laquelle Stanislas était un peu sorti de sa coquille ces dernières semaines. Il avait même promis de l’accompagner au gala pour lequel il lui avait cousu une robe. Allait-elle se sortir de l’enfer qui leur était tombé dessus dans le théâtre ? Il avait voulu la protéger, il s’en rappelait, mais que s’était-il passé ensuite ? Pourquoi était-il parti sans elle ? La réminiscence d’une terreur l’étreignit alors qu’il pensait à elle et il secoua la tête. Plus tard, il verrait plus tard. Quand il serait dehors, il lui enverrait un message.

Tout autour de lui, le théâtre devenait fou, la moquette, les peintures, les moulures au plafond, tout ondulait et changeait dans un flou qui lui donnait la nausée. D’abord les embryons de mains, maintenant ça. Il y avait ici une magie à l'œuvre, une magie terrifiante et puissante qui lui donnait froid dans le dos et lui donnait envie de se terrer de nouveau chez lui sans plus jamais en sortir. Le monde extérieur n’était pas fait pour lui.

Soudain, en plein milieu d’un couloir, Stanislas se retrouva bloqué par un Voile qui irradiait d’une incroyable et effroyable beauté. Il le sentait même à plusieurs mètres de distance. Et de l’autre côté, une silhouette qu’il connaissait bien. Son cœur à moitié mort fit un bond dans sa poitrine.

— Oscar ! Oscar !

Son Marqué tourna la tête vers lui et Stanislas se précipita jusqu’à la barrière magique. C’était donc de ça qu’il lui parlait ! Une brusque secousse le fit trembler sur ses jambes et Stanislas se retint au mur. Il avait mal partout, il se sentait différent, presque malade. Le Capri sembla se soulever puis s’effondrer, hurler de douleur tandis que ses murs et son sol se fissuraient. Le Voile se brisa et la voix d’Oscar parvint enfin à ses oreilles.

Stanislas se précipita en avant et passa au travers de la fissure pour se jeter dans ses bras. Il avait rarement été aussi heureux de le retrouver, de baigner dans sa chaleur humaine réconfortante, dans son odeur familière et apaisante. Mais ils n’avaient pas le temps, il fallait fuir. Il ne savait pas ce qui pouvait encore leur tomber dessus.

— Vite, vite, il faut partir ! Il y a des fous partout ici.

— Qu’est-ce qui s’est passé ? T’as du sang partout !

— Plus tard, on a pas le temps. Je veux rentrer chez nous. Tu peux nous faire sortir par le côté ou l’arrière du théâtre ? Je crains qu’il y ait un comité d’accueil devant.

Oscar hocha la tête et lui prit la main pour le guider. Le bâtiment était dans un triste état et Stanislas doutait qu’on puisse le rénover, il faudrait sûrement tout détruire et reconstruire. De l’autre main, Stanislas sortit son téléphone de sa poche et envoya un SMS à Blanche de Lantins :

Avez-vous pu quitter le Lounge ? Êtes vous blessée ? Je quitte le théâtre à l’instant, tout brûle et s’effondre, je ne peux pas revenir en arrière. Faites moi signe quand vous serez à l’abri.

678 mots:
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Fear is the mind killer
Elias Walsh
Elias Walsh
Fear is the mind killer
ASHES YOU WERE

En un mot : Alchimiste fugueur ayant trouvé refuge dans un gang de voleur.
Carnage • Groupe 3 : Elias, Elinor, Jean, Myrtle, January, Stanislas, Blanche - Page 4 A766442ee8005759583a7aea9d1e77088143aebf
ASHES YOU WILL BE

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Hier à 19:11 (#)

carnage

☽ • ☾

Le calme n’avait que trop peu duré et avec lui un sentiment de vide m’avait envahi, m’avait pris. L’épuisement me frappa d’autant plus que la douleur était revenu, mon corps cherchant encore à se remettre de ses blessures, de cette violence qui revenait en boucle et… J’avais l’impression d’être ralenti, l’impression d’agoniser alors qu’il semblait évident que ma vie était en danger, l’incendie que j’avais provoqué menaçant de venir lécher ma peau. Je devais bouger, je devais vraiment bouger, mais je n’arrivais pas à bouger, je… La fumée commençait à abrutir mon esprit, à faire vaciller ma conscience jusqu’à ce que je ne les sente. Que je ne comprenne. Dans le néant de mes connaissances, j’avais réussi à saisir, à admettre ce qui se passait. Cherchant vainement à tout dégager, à m’en extraire alors que je tentais de ramper plus loin, j’avais l’impression de ressentir chaque souffrance, chaque violence à chaque mouvement.

Pourtant c’était une autre conscience qui s’ouvrait à moi. Sa conscience. Elle qui m’avait prit, elle voulait encore, elle l’exprimait dans une façon erratique et désordonné. Elle me fixait. Elle voulait tout connaitre. Tout prendre qu’une connaissance qui… « Ça te ne servira à rien… » gémissais-je en sentant le peu de force qu’il me reste encore se faire drainer. Connaissance ou vie, j’ai aucune idée de ce qu’elle veut en priorité, mais ce que je sais, c’est qu’aucun des deux ne lui servira.

La connaissance n’était rien sans la pratique et même avec toutes les connaissances du monde, il y a une chose qu’elle ne pourra saisir, une chose qui me fait entrevoir une sortie. Je ne pourrais pas partir d’ici, pas tant qu’elle ne l’aura pas décidé, pas tant qu’elle… Est-ce qu’elle peut entendre raison ? Est-ce qu’elle peut entendre ce qui définit l’alchimie au plus profond de ses maitres ? Est-ce qu’elle… « Sans… Sans enseignant, ça te sera inutile… Un livre n’est… Un livre n’est qu’une succession de… Une succession de mot pour un alchimiste… Ce n’est que de… La théorie… La connaissance ne fait pas tout… » soufflais-je. « Tu… Tu as besoin d’un maitre… D’un enseignant… Si tu le fais… Si tu me prends tout… Tu n’arriveras à rien… Je connais les subtilités, je sais comment faire… », mais est-ce qu’elle pouvait entendre raison ? « Tu… L’alchimie du sang est plus complexe… Tu ne créeras pas sans… Pas sans un guide… », mais est-ce que je me donnais le droit de penser au-delà de tout ? Non, car je n’avais pas connaissance des limites exactes de son influence en moi et si je pouvais faire entendre raison à cette chose, il me fallait occulter des pensées.

« Arrêtes et je t’apprendrai… Continues et tu disparaîtras en essayant… », une réalité, même si elle n’était au final pas vraiment prompt aux mêmes lois que nous. « Je peux… Je peux t’apprendre à maitriser ces connaissances… », elle devait juste… Ne pas me vider plus de ma vie, de mon existence, car sans elle… Qu’allais-je devenir ? J’haïssais ce monde, j’haïssais ce qu’il abritait, l’Alchimie était ma seule défense, ma condamnation et ma liberté. Elle devait entendre raison pour que je ne perde pas la mienne. « Tu ne trouveras en moi aucune réponse, aucun guide à l’instinct… Laisses moi te l’apprendre. », devenir ce maitre amputé d’une création incontrôlable et à peine croyable pour un esprit aussi cartésien que le mien.


☽ • ☾
ft. Event


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