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I can't remember how this got started • Vinzent & Lilas

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ADMIN ۰ Se faire péter la vitrine : bien plus qu'un métier, une passion. Featuring : Dramaking
Eoghan Underwood
Eoghan Underwood
ADMIN ۰ Se faire péter la vitrine : bien plus qu'un métier, une passion. Featuring : Dramaking
⛤ SMALLTOWN BOY ⛤

I can't remember how this got started • Vinzent & Lilas 1E5CfUE I can't remember how this got started • Vinzent & Lilas AoZyjkn I can't remember how this got started • Vinzent & Lilas BvRyGpi

"This is not the right way."

En un mot : Sorcier venimeux ondulé de la toiture. Gosse du bayou.
Qui es-tu ? :
"Let it spread like a disease."

⛤ Maître des arcanes, sorcier à l'essence écarlate. 37 ans de vice (et râles) et de chair corrompue. Manipulateur d'hormones, télépathe patenté.
⛤ Second, bras droit de Circé van derr Ven dans la secte de l'Irae. S'y démarque pour sa loyauté ciselée par les griffes de Morgan Leroy (missing). Mais les failles perlent.
⛤ Incube de Louisiane ; fils de ces terres marécageuses, du bayou poisseux et des routes cahoteuses. Né à Bâton-Rouge, n'a connu que Shreveport et les frontières de son État.
⛤ Né seul homme dans la famille des sorcières irlandaises Mulligan. Privé de père (tué) par la harpie noire : élevé par Sylia Mulligan, descendant du Rouge de sa grand-mère Julianna.
⛤ Cauchemar des femmes ; nourrit sa magie (Rougeoyante) des hormones sexuelles de ses partenaires, ainsi que des émotions primaires.
⛤ Traître à ses passions, criminel et meurtrier de Johanna Andros (missing). Pourfendeur d'amitiés, éternel débiteur, clébard soumis à ses attaches.
⛤ Ne vit que pour les Mardi-Gras de New Orleans ; caresse le rêve de s'y installer un jour dans son propre "shotgun", malgré le fantôme de Katrina.
⛤ Mystique, déchiré entre deux hommes : partagé entre le sorcier et l'humain, entre la sagesse et une ire destructrice. Le latin s'efface sans mal sous l'accent du Sud, coriace sous sa langue.
⛤ Commerçant du Downtown (Crawling life), antre de ses serpents vénérés, lézards et autres reptiles, dont il cède les corps, les soins et les cages de verre.
⛤ Pratique à l'arrière de sa boutique, dans un laboratoire farouchement défendu et protégé par les runes. Recèle secrets et savoirs, expérimentations douteuses et dangereuses.
⛤ Mauvais mentor. L'une de ses apprenties en a subi les conséquences. Guide de Morgane Wuntherson et d'Halina Meyer. Meilleur ami indigne de Vinzent Henkermann et cousin de Shannon Mulligan.
⛤ Pacte tissé avec Scox : Prince démon s'étant dissimulé derrière les brumes de Baal. Immortalité odieusement acquise, âme vouée à obéir et marcher aux côtés des Antiques.
38 ans d'âge réel ; 36 ans d'apparence.

⛤ ENAE VOLARE MEZZO ⛤

I can't remember how this got started • Vinzent & Lilas KOVXegv I can't remember how this got started • Vinzent & Lilas WZKlL7H I can't remember how this got started • Vinzent & Lilas J8B1rxa

"I put a spell on you."

Facultés : ⛤ La Rougeoyante s'infiltre dans les corps et y bouleverse les hormones ; flèche apollonide : distille poison, fléau, mort, mais aussi fièvre rouge saphique. Chaos total.
⛤ Télépathe raisonnable : ne s'infiltre de préférence que dans les esprits des humains misérables. Capable de communiquer en pensée avec quiconque lui ouvre les grilles de son esprit. Savant fou ; capable désormais de connecter sa psyché aux êtres muets, cobras et crotales comme cobayes, corbeaux et autres créatures rampantes.
⛤ Herboriste né, sa maîtrise des potions n'a d'égale que celle de son mentor maternel. Capable d'élaborer des philtres complexes ; créateur infatigable de breuvages en tous genres.
⛤ La Rougeoyante se défend et protège son hôte plus férocement qu'elle n'attaque : limitée par la nécessité d'un contact physique. Sorcier doué au corps-à-corps, secondé par son aisance au maniement d'athamés et autres lames rituelles.
⛤ Chercheur d'artefacts, quémandé des Longue-Vies : détisseur de leurs malédictions et autres mauvais sorts.
Thème : The Way ⛤ Zack Hemsey.
I can't remember how this got started • Vinzent & Lilas KL9jJO9
⛤ VENGEANCE ⛤

I can't remember how this got started • Vinzent & Lilas ZfHtADc I can't remember how this got started • Vinzent & Lilas Jq60QrG I can't remember how this got started • Vinzent & Lilas MaP8TbX

"Before I die alone."

I can't remember how this got started • Vinzent & Lilas GIeraGW
Pseudo : Nero
Célébrité : Ian Somerhalder.
Double compte : Sanford R. De Castro, Aliénor Bellovaque, Ian C. Calloway & Gautièr Montignac.
Messages : 5937
Date d'inscription : 09/06/2017
Crédits : Lune noire (ava') ; Amiante (signa')
Ven 13 Sep - 22:24 (#)


What do we do now?
Janvier 2019.

L’orage est arrivé, sans prévenir.
Quelques indices disséminés çà et là. Trop fluets pour alerter la jeune âme en vadrouille.
Le petit a dévalé la pente, glissant du porche au bois menacé par une humidité permanente, jusqu’à ce que ses semelles clapotent contre la berge. Il n’a pas vraiment échappé à la vigilance de ses parents. Libre de ses mouvements, il a grandi dans cet environnement encore hostile. Il a beau s’agir du premier-né, nulle barrière pour entraver ses courses le long de la rivière. Ses jeux sont toujours les mêmes. Il s’est éloigné des cahutes parfois faites de bric et de broc, plus fragiles encore que les gunshots de la Nouvelle-Orléans. Bientôt, il ne perçoit plus les voix des hommes et des femmes occupés dans les « jardins », sur les pontons ou à bord de leurs embarcations de fortune. Bientôt, il n’y a plus rien eu d’autre que le chant des aigrettes, des crissements sans fin des insectes par millions. Le gamin ne craint pas les sauriens. Si l’eau s’avère trop trouble, si la mousse est bien trop verte, trop épaisse, il remonte toujours, s’éloigne du bercail de prédateurs trois fois plus grands que lui. Son pied est sûr, il ne trébuche pas. Il fait preuve d’une habileté remarquable, et pourtant naturelle. Il sait exactement où il veut aller. Il s’éloigne, loin. Il marche, et le ciel céruléen veille sur lui, comme le vert saisissant des pousses fichées dans la vase. Il ne comprend pas que le vent qui siffle annonce la tempête. Il ne voit pas les nuées grises contaminer l’azur. Il n’entend pas sa mère appeler en vain. Il ne l’entendra plus.
Les premières pluies sont tombées comme si les dieux avaient crevé la couche céleste en à peine quelques secondes, par colère. Des trombes d’eau prêtes à engloutir et à noyer toute forme de vie imprudente ou trop faible pour survivre se sont abattues en contrebas. Les cheveux bruns de l’enfant se sont rapidement retrouvés plaqués contre son front et ses tempes. Au moment de faire demi-tour, il est déjà trop tard. L’eau monte et la terre disparaît. Le pied n’est plus sûr. Il glisse, dérape sur les galets plus ou moins plats qui s’avèrent traîtres et si lisses. L’averse dure. Il ne s’agit pas d'un chaos éphémère. Lentement, cet enfer vert rendu grisâtre par les éléments déchaînés, se referme sur la proie sacrifiée. Il ne redoute plus les mâchoires des alligators, les morsures de serpents ou la présence des araignées. La faune s’est réfugiée là où elle le peut, mais lui… Lui, son jean pèse si lourd, ses jambes semblent si frêles. Il voit mal, ou il ne voit plus. Il ne reconnaît plus le chemin. Il contourne l'esquisse de sentier, essaie en vain de retrouver ses repères habituels, pour le ramener vers la maison où il est né. Il est seul. Il n'y a personne. Les pêcheurs sont partis. Le vent agite les branchages rêches, qui giflent à leur tour les bras et les joues de l’enfant, cinglant de rouge la peau rendue blême par le froid et le déluge. Trop choqué pour se rendre compte qu’il pleure, et le sel se mêle de toute manière au reste, invisible. Le petit cœur bat si vite que sa poitrine lui fait mal. Il se remet à courir, tombe, manque de se faire emporter par le courant vert et gorgé de lentilles émeraude, dispersées par le flux. Il s’accroche aux racines, aux lianes – il s’accrocherait aux écailles des Grandes Dents, s’il le fallait. Chaque fois, il remonte. Il lutte. Il ne réalise pas que cette force dérisoire est celle de tous les ancêtres qu’il n’a pas connu, dont il ne sait même pas le nom. Cette nature l’a forgée, il en porte une partie dans son sang, dans ses gènes et son organisme qui s’affole. Qui
sait.
Le bayou gagne toujours.
Et au fur et à mesure, il s’épuise. Il avance moins que les bourrasques ne le bringuebalent ou que la rivière ne l’aspire vers le fond. Le goût de la vase sur la langue, une odeur de jungle dans les narines. Il fait bientôt totalement noir. Une part de lui s’attend encore à distinguer la voix de son père. Un canot, une lumière, les bras chauds de sa mère. Rien ne vient.
Rien n’est plus jamais venu.


« Garde le contrôle. »

Le silence obscur de sa chambre ne l’aida pas à se sentir mieux. Son souffle encore saccadé de ce cauchemar aux allures de visions, le sorcier écouta sa respiration siffler, de ses poumons à sa trachée, jusqu’au bord de ses lèvres ; une pleine conscience qui l’aida à se focaliser sur l’instant, alors même que sa main se cramponnait encore au bord du matelas. Tétanisé par la vision du môme – sa peau était si blanche – et par la projection de ces derniers instants de lutte, il avala sa salive péniblement, la gorge désagréablement sèche. Une ironie de plus, après avoir touché d’aussi près la sensation de noyade. Ses épaules frémirent, et il s’arracha lentement à sa couche, s’asseyant pour poser les pieds sur le plancher tiède. Voûté, fixant le sol sans le voir, dans la pénombre, il essayait de chasser le gros de ces images projetées, tout en se sentant coupable d’évacuer ainsi le souvenir du petit. Un autre prit sa place, beaucoup plus frais. Un autre qu’il savait parfaitement réel, en l’occurrence.
Il ne pouvait en effet oublier le spectacle de l’arbre imposant, dont les racines s’étaient fichées loin, très loin, au fond de la terre du cimetière. Il revoyait encore la silhouette massive de l’étranger à l’accent russe, grimpant aussi haut que possible dans le but de le seconder. De mettre hors d’état de nuire ceux qui le poursuivaient. Certaines nuits. Il ne savait pas si le souvenir de la haine qui l’avait dévoré alors était responsable de la nausée vicieuse qui le faisait chanceler. Cette volonté qui l’avait pris de dénaturer le dernier ennemi, sans concession. Ce moment de basculement que seule la poigne ferme du colosse avait pu interrompre. Ou bien était-ce la faute à cette humidité permanente, faisant transpirer le front des hommes rassemblés là, sous le soleil cuisant ? Ils avaient attendu. Dans un silence terrible, uniquement troublé par les bourdonnements, stridulations, caquètements et bruits de moteurs dans le lointain. Sa tête était lourde. Ses pensées parasitées. Ses bras étaient pourtant nus, à l’égal des autres pêcheurs, fils de pêcheurs, femmes de pêcheurs, habitants des berges. Pas de costumes. Pas de mises élégantes. Pas de supercherie. Les filles d’Eve s’étaient contentées de nouer leurs cheveux pour les protéger de la moiteur ambiante, et s’étaient embellies de leur robe du dimanche. Colorées. Touches de bleu ou de rouge. Certainement pas de noir. La jeune âme qu’ils enterraient ce jour n’en avait pas besoin. Il avait jeté un bref regard à la tombe de son aïeule qui reposait là, depuis presque vingt ans. La stèle tenait bon, soigneusement entretenue par Sylia Mulligan en personne. Et toujours, la réminiscence de sa rencontre avec Serguey Diatlov, l’empêchant de commettre l’erreur suprême, d’atteindre le point de non-retour. Il se rappelait de l’emplacement exact sur le chemin. Le nom du mort, la tombe contre laquelle les deux hommes s’étaient battus, avant la séparation. Il avait inspiré avec peine, et vacillé plus sensiblement. La main de Flingerton sur son épaule l’avait aidé à retrouver un tant soit peu de force dans ses jambes, et il n'avait pas cherché à s’y soustraire, alors. Ils avaient beau avoir connu des températures plus élevées, plus cruelles, une fièvre inhabituelle circulait, portée par son sang, le faisant lentement étouffer. Et l’après-midi avait beau n’en être qu’à son zénith, les hommes, eux, avaient atteint les limites de ce que leurs nerfs pouvaient décemment endurer. Parmi la trentaine de personnes qui s’étaient approchées autour de la fosse fraîchement creusée, ils étaient six. Six à avoir participé aux recherches. Ces mêmes recherches à l’issue desquelles Hena Hicks s’était présentée à lui, avec une fournée d’emmerdes supplémentaires en stock. L’intensité de ce jour, de cette aube passée à naviguer pour ramener la dépouille à terre, l’avait frappé de plein fouet, manquant de lui asséner le coup fatal. Il avait ravalé sa tristesse juste à temps pour pouvoir affronter la vision du cercueil, portée par les employés funéraires, et précédés du pasteur en charge de l’office. Eoghan Underwood n’était rentré dans l’église qu’au prix d’un effort surhumain. À nouveau, il avait baissé les yeux pour fuir le regard de l’homme d’église, et avait entendu les pleurs de la famille de l’enfant, suivant le sarcophage de bois d’un pas fébrile, lourd ou tremblant.

La sonnerie caractéristique d’un message sur son téléphone l’arracha à la mémoire des funérailles de la veille. Il s’en saisit et lut un message de Vinzent, qui lui tira aussitôt un sourire consistant. Malgré le brouillard dans lequel il planait, il comprit l'essentiel en diagonale : son ami l’appelait à le rejoindre au Manoir. Il s’y rendrait en fin de journée. Il bénit en silence l’héritier et adressa plusieurs prières au seigneur des enfers comme au prince des rivières, implorant Nergal et Yam, avant de rejoindre la folie du monde grouillant au-dehors. L’enfant mort, au cœur de toutes ses oraisons.

18h30.

Les roues solides du pick-up foulèrent sans mal l’enceinte de la demeure contre laquelle il s’était échoué, une autre nuit d’Enfer. Il évita de se focaliser sur le chemin interminable parcouru à pied pour trouver asile, les lueurs bleutées de l’interphone, les ténèbres environnantes et les jappements des molosses montant la garde. La silhouette irréelle de Vinzent approchant depuis le lointain, la façon dont il l’avait regardé, la manière dont il avait compris qu’il ne ressemblait plus vraiment à un homme, en cet instant. Au grand-jour et avec le recul, la bâtisse arborait une élégance semblable à son propriétaire, et l’ombre des grands arbres poussant dans son parc lui inspirait le même apaisement que celui qui l’avait enveloppé, les jours suivant son arrivée. Il sauta à bas du véhicule une fois garé, faisant voleter une poussière de gravillons sous ses semelles. Le soleil frappait encore dur, et il ne vit pas les chiens, même s’il pouvait déjà les entendre japper. Il se demanda s'il aurait le "plaisir" de croiser celle qui avait contribué à sa guérison, ne se rappelant que trop bien de son hostilité manifeste quoique muette, et s’approcha du porche avec déférence, grimpant les marches pour sonner à la porte. Aussitôt, d’autres aboiements – un joyeux bordel – se firent entendre de l’autre côté du battant, le mettant mal à l'aise. Comme s'il n'était pas réellement le bienvenu, en ces lieux.

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Louisiana Burning

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Anonymous
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Jeu 12 Nov - 0:17 (#)

I CAN'T REMEMBER
HOW THIS GOT STARTED
And oh my congregation, do you think that we will forget?
Away with your redemption, for I don't know how to forgive.
Les feuillets glissent entre mes mains, blêmis par la lumière crue d'un matin auquel s'accroche la bruine. Par-dessus, mon regard insatisfait s'échine à ne pas courir trop vite, muselé par ma volonté de faire l'effort, d'absorber ce que je vois. De suivre les lignes dont la rondeur si familière couvrirait presque par sa puissance évocatrice l'arôme corsé du café posé près de moi, exhalant ses fumeroles grises au milieu de toute l'ample fixité du décor. Concentré. Absorbé dans la restitution que Lilas m'a faite sur commande expresse de ses souvenirs d'apprentissage.
Contempler ces pages est comme tenter de relire un vieil ouvrage aimé dont les pages auraient été à demi effacées par la pluie, froissées par un cruel manque de soin. Lacunaires, imprécises, les connaissances sont là mais demeurent hors de la pleine portée qu'on en attend. Il y a bien des choses exactes toutefois, et je pense qu'elle m'a entendu lorsque je lui ai signifié que toute tricherie finirait par m'apparaître, et endommagerait une confiance déjà bien trop émoussée. Amer, je suis laissé sur ma faim par cette lecture qui me renvoie à ses mots, dans l'atelier du Tesseract ; elle proposait, tout en se sachant peu en veine, que l'on reprenne les choses où nous les avions laissées - où moi, je l'avais laissée, et il m'apparaît en effet que ses savoirs n'ont pas été particulièrement entretenus depuis notre séparation il y a trois ans. Plus sûrement encore que toutes les langues se meurent lorsqu'on ne les parle plus, les subtilités des arcanes filent entre les mailles de l'esprit de celui qui ne s'en rend pas maître avec un acharnement sacerdotal, et Lilas, comme un nombre désespérant de pratiquants solitaires, ne fait pas exception à cette règle.
Ce n'est pas suffisant. Ce qui demeure de jadis n'est pas assez solide, et pour peu que je me félicite de l'avoir soumise à cet exercice a priori de toute progression plus avant, je ne peux me défaire du sentiment pernicieux que rien ne suffira jamais. Parce qu'il s'agit d'elle, et qu'il m'est impossible de me réjouir de ses progrès comme j'aurais voulu en ressentir la joie, ainsi que c'était le cas à nos débuts en tant que mentor et disciple.
Lilas doit revenir aujourd'hui. Dans une heure ou deux, elle sera là, probablement ponctuelle comme une horloge suisse à cause de cette obsession de me plaire, qui lui vient aujourd'hui de se savoir l'objet d'un fiel assassin ayant pris la place d'un amour viscéral. Il faudra reprendre l'examen des bases, l'assommer encore de passages obligés sans lesquels elle ne pourra rien comprendre de ma faconde et rien déduire de nos expérimentations. Le tout, sans jamais qu'elle regimbe, alors même que je lis sur ses traits l'angoisse latente de ne pas être assez douée, assez intuitive, assez intelligente, malgré toute l'assurance qu'elle voudrait se croire acquise, et la fatigue de se perdre sans arrêt dans les relations causales, les ponts disciplinaires, les dénominations jargonnantes. La tristesse de ne jamais plus constater ma fascination enjouée pour ses avancées, étouffée malgré moi par les hurlements blancs d'un silence de plusieurs années, et remplacée par une approbation factuelle, d'une rigide désincarnation. Tout un univers de connivence et d'émulation gangrené par l'atroce mémoire du cœur, l'écho mal placé mais omniprésent d'une perte dont je ne me suis jamais remis, et que je craindrai peut-être à jamais de revivre. Parce qu'il s'agit de Lilas, à nulle autre pareille.
Laissant tomber les feuillets sur le bois laqué de la table basse avec un profond soupir, je me saisis de la tasse, et, les lèvres au bord de la céramique, j'hésite un instant. Si c'est une erreur, combien de temps me faudra-t-il avant de capituler et de reconnaître que je ne suis plus capable de guider vers l'idéal de mon esprit, celle qui fut celui de mon âme ?


Dans cette situation je ne me sens plus de repère fiable. Je sais ne pas pouvoir faire confiance à mes émotions, à ces ressentis corrompus par un passif que je ne digère décidément pas. Avoir cru pouvoir tourner la page était une erreur : m'en voilà bien puni, d'avoir prié maintes fois avec une faiblesse impardonnable qu'elle revienne à moi en se répandant en excuses. Autrefois (est-ce bien le mot ? Il me semble que cela fait une éternité et pourtant, que sont trois années dans notre médiocre mortalité ?), j'aurais pardonné, j'aurais accueilli, j'aurais accepté de recommencer. Parce que je n'avais rien d'autre, ou bien au contraire, j'avais tout : tout était possible, tout était mutable, avant que je ne m'ancre avec la force de l'aigre rancune qui me dévorait le cœur. Elle avait loupé le coche, elle s'était effacée à l'horizon, et j'avais décidé d'aller de l'avant finalement. Mieux que ça : j'y étais parvenu. Et tout ce qui s'était figé avec elle, toute la douleur, tous les regrets de ne pas avoir pu parler, se comprendre, alors que personne avant elle n'avait été si proche de moi, tout cela était peu à peu remplacé par des bonheurs neufs, des objets de fascination nouveaux, de l'inédit qui me défiait positivement. Un printemps de l'esprit et des sens, galvanisant et riche. De nouveaux points cardinaux. Le travail. La maison. Elle Sheppard, avec qui j'entretenais une relation tendre mais sans attaches, sans heurts et sans affliction. Eoghan Underwood, qui depuis le début ne faisait que raffermir sa place.
Et Lilas, finalement, comme un hiver qui se pointe pour un rappel, en plein milieu de l'été. Aucune explication rationnelle, aucune justification acceptable, juste un boulet de canon dans l'édifice flambant neuf. Si j'avais fini par ne plus penser à la haïr pour ce qui s'était passé en Californie, j'exècre aujourd'hui sa présence parachutée là comme "une couille dans le potage" - expression bien française qu'elle m'a apprise au temps où l'on pouvait encore en rire ensemble sans que mon rire soit réduit à un crachat de fiel, destiné à une prophétesse ingénue de sa propre déchéance.
Et pourtant c'est bien moi qui ai décidé des termes de notre nouvelle relation. Parce que j'aurais pu, certainement, m'en tenir à la congédier. À lui affirmer clairement que je ne voulais plus jamais qu'elle fasse partie de ma vie, qui ne lui réservait plus aucune place, comme si ma Lilas était morte et que le deuil difficile que j'avais accompli lui interdisait nécessairement toute réapparition. Mais je me revois encore lui dire de me laisser son numéro. Que je la rappellerais. Et l'avoir fait, deux jours plus tard, pour lui ordonner plus que lui demander de me rejoindre dans un café, où dans une parodie de conversation, je lui ai simplement énoncé mes conditions. Sa soumission à l'apprentissage. La dissociation nette de nos quotidiens en dehors de cela. Son installation hors de chez moi, car le mentorat était la seule relation que je me sentais capable de lui proposer… pour l'heure. Mais pour combien de temps ? Cela je me gardais bien d'y répondre. Quelque chose en moi ne voulait pas la laisser partir, tout en sachant parfaitement qu'il ne s'agirait plus de s'aimer, au point qu'elle en souffrirait certainement autant sinon plus que j'en avais souffert, moi. La proximité inatteignable des choses que l'on aime est un crève-cœur de tous les instants et sans doute, la part de moi qui l'avait attendue en vain s'éveillait-elle avec une faim cruelle de ce que Lilas saignerait à subir ce poison, à subir cette flamme qui n'a plus rien aujourd'hui de réconfortant. Je doute encore qu'elle fût consciente, ce jour-là, de combien le pacte qu'elle signait était à sa perte. Et si elle l'a compris, alors c'est qu'elle n'a pas fait le moindre pas en avant depuis l'époque où elle s'abîmait dans les bras de celui qui, de son aveu, a failli la ravir au monde.

Lilas se tuera à m'aimer. C'est ce que me souffle un pan plus lumineux de ma conscience, là où la morale est encore reine et où je suis encore capable de m'offusquer de ce que ma lucidité ne manque pas de m'obliger à voir. Et cette facette-là n'a peut-être pas la force de réveiller en moi des sentiments meilleurs, mais elle a la vertu de m'alarmer sur ce que l'essence vipérine cultive de sale et de mortifère. Je ne veux pas cela. Je ne veux pas que Lilas s'éteigne ainsi dans une douleur innommable ; j'aimerais qu'elle ait la force de s'extirper seule de son erreur et de ma hargne, mais c'est injuste : je l'ai enchaînée à moi, comme je me suis enchaîné à elle. Et tant que je ne saurai pas comment oblitérer ce lien que j'ai fini par craindre et considérer avec une honte lourde de tristesse, il me faudra combattre ma propre nature.
Ainsi j'étais, comme souvent, pris dans ces réflexions anxiogènes, en avisant sa venue prochaine pour une nouvelle séance durant laquelle, coûte que coûte, elle s'évertuerait à maculer des pages et des pages de notes, de remarques, d'annotations, tentant de tenir le rythme et, même au moment où il deviendrait évident que le sens lui échappe, d'affecter détermination et calme, quand à l'intérieur je devinerais son trouble désemparé.
Avisant la surface lumineuse de mon téléphone pour y consulter l'heure, je suis alors pris d'une envie aussi spontanée qu'urgente de faire appel à Eoghan, seule personne parmi mes connaissances proches dont je sais qu'il est confronté, lui aussi, à la charge du mentorat. Mais est-ce seulement pour ça que l'instinct me dicte impérieusement de m'en remettre à lui ? Est-ce bien le seul objet de la demande que je m'apprête à lui formuler ? À l'évidence, non.



Eoghan Underwood est mon meilleur ami. Plus encore que cela : il est mon semblable et mon frère. En tout cela réuni, il est mon double, observé à la surface d'un miroir capricieux, qui de nos deux humanités souligne les aspérités, masquant sans les amoindrir les preuves d'une gémellité d'âme que j'ai souvent louée dans mes prières. Peut-être n'ai-je pas toujours été à la hauteur de ce que je souhaitais devenir en tant qu'homme, ni même en tant qu'arcaniste, mais j'aime à croire qu'auprès de lui, je n'ai jamais manqué d'être juste ni présent, ainsi que je me le suis promis sans le dire. Il est mon frère et aujourd'hui, sans doute, la plus sûre de mes joies, que pas une frasque ne contrarie quand bien même certains de ses choix me déroutent.
C'est ainsi que je le lui ai présenté, lorsque j'ai fait part à Lilas de mon intention de les présenter ce soir. C'était avant que le travail ne débute, car il s'agissait d'énoncer à haute voix une perspective propre à me calmer et à me soulager d'une bonne partie de ces nuées orageuses pesant sur mon esprit. J'étais heureux, comme à chaque fois, que mon ami ait accepté le rendez-vous, et la perspective de le retrouver me donnait un souffle plus fort.
L'après-midi a été efficace, mais infiniment plus paisible que je ne l'avais escompté. Lilas, assidue, est parvenue je ne sais comment à remettre la main sur des références griffonnées aux premières heures de ma tutelle sur des angles de papier froissés depuis, et semble s'être attelée toute la nuit dernière à grapiller le maximum d'infos sur ces sujets dont elle n'avait pas pris le temps de cultiver le souvenir. Elle m'est revenue aujourd'hui exténuée, avec des cernes de la taille de bénitiers, mais motivée et confiante. Mon humeur considérablement améliorée par la perspective d'une soirée à trois se conjuguant gracieusement à ce qu'il me faut bien reconnaître comme un touchant excès de zèle, je mets un terme à six heures de bûchage seulement perturbées par un déjeuner lui-même studieux, en refermant un parchemin représentant la mise en place d'un sortilège simple. L'ensemble est passé à une vitesse folle, pour moi en tout cas, et je suis reconnaissant envers Lilas de ses efforts.

« Dix-sept heures. On a bien bossé. Tu devrais aller te reposer. »

Mon regard la fuit quelque peu alors que je remets de l'ordre dans le salon, mais la proposition se veut aussi bienveillante que l'intention qu'elle recouvre.

« Prends l'escalier ici. En haut, suis le couloir, vers la gauche. Avant d'arriver au pied de la baie, prends la porte à droite. C'est une chambre d'amis. Tu peux faire une sieste, prendre une douche, un bain… fais comme tu veux. Eoghan devrait arriver vers dix-neuf heures, je pense. »



Avant même que le crissement des pneus sur les graviers blancs n'atteigne mon ouïe, ce sont les deux museaux bougons qui se lèvent en une parfaite synchronisation qui me préviennent, et étirent au coin de ma bouche un sourire de contentement. Je consulte à nouveau l'heure : en avance sur mes prévisions. Loin de me précipiter, je demeure, jambes croisées, avachi dans un fauteuil à siroter le fond d'un verre de bourbon, suivant des yeux l'écran de mon téléphone où défilent les dernières lignes d'un article relatant les vicissitudes d'un gouvernement américain cacophonique.
Comme pour en souligner le résumé, les deux rottweilers sautent sur leurs pattes et se précipitent en vociférant des sommations menaçantes à la porte d'entrée, quand celle-ci résonne des quelques coups annonçant la venue de mon précieux invité.

Un double sifflement suffit à les calmer, bien qu'il faille insister à l'adresse du mâle, toujours un peu plus excité que sa comparse quand quelqu'un vient. Apercevant la silhouette longiligne de Gunnar quand nous nous dirigeons tous les deux pour ouvrir, je lui signifie paisiblement que je m'en occupe, et l'Islandais, visiblement réquisitionné en cuisine au vu du tablier qui le couvre, tourne les talons sur un signe de tête.
Les chiens répondent à l'ordre de reculer d'un bon mètre et restent sages, assis comme deux gargouilles dans mon sillage alors que j'ouvre la porte à nul autre que celui qui était attendu depuis le matin, et que j'accueille avec un sourire chaleureux.

« Entre, entre. »

Garmr trépigne, la langue pendante, en reconnaissant le Louisianais. Je referme la porte, laissant à ce dernier le choix de saluer les chiens ou de ne pas les approcher.

« Tu me suis ? J'ai pris un petit peu d'avance », fais-je en levant mon verre encore teinté de liqueur de feu.

Difficiles à percevoir pour une oreille qui ne connaît pas parfaitement les lieux, des sons inhabituels me parviennent de l'étage, signifiant sans que je m'y trompe que Lilas s'affaire là-haut, j'ignore depuis combien de temps. J'espère, au fond, que ce ne sont pas les chiens qui l'ont tirée du lit.
Dépassant le salon désormais sombre avec Eoghan à ma suite, je le mène jusque dans la bibliothèque, probablement la pièce qui lui est la plus familière entre toutes, où les tons rouges des tissus orientaux mêlés aux ambres tannés des cuirs sont si propres à inverser l'impression peu amène délivrée par les précédentes boiseries, noires comme les prunelles des molosses.

Invitant par le geste mon ami à prendre place où il le souhaite, je dépose mon verre sur la laque luisante de la table basse, au centre, bifurquant immédiatement pour sortir deux autres verres, et la bouteille allant avec.

« Tu reprends du poil de la bête, je crois. Ton énergie se reconstitue. »

C'est presque palpable, pour moi qui ai accru mon attention à cet égard d'une manière drastique depuis la terrible nuit où un corps exsangue de son essence et aux chairs vidées de leur sève s'est présenté à ma porte.

« Comment vas-tu ? »

Bien sûr, la question n'est pas superficielle, et il le sait. Car ses maux ne l'étaient pas non plus, bien loin de là.

bat'phanie • #AD3535
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ADMIN ۰ Se faire péter la vitrine : bien plus qu'un métier, une passion. Featuring : Dramaking
Eoghan Underwood
Eoghan Underwood
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⛤ SMALLTOWN BOY ⛤

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"This is not the right way."

En un mot : Sorcier venimeux ondulé de la toiture. Gosse du bayou.
Qui es-tu ? :
"Let it spread like a disease."

⛤ Maître des arcanes, sorcier à l'essence écarlate. 37 ans de vice (et râles) et de chair corrompue. Manipulateur d'hormones, télépathe patenté.
⛤ Second, bras droit de Circé van derr Ven dans la secte de l'Irae. S'y démarque pour sa loyauté ciselée par les griffes de Morgan Leroy (missing). Mais les failles perlent.
⛤ Incube de Louisiane ; fils de ces terres marécageuses, du bayou poisseux et des routes cahoteuses. Né à Bâton-Rouge, n'a connu que Shreveport et les frontières de son État.
⛤ Né seul homme dans la famille des sorcières irlandaises Mulligan. Privé de père (tué) par la harpie noire : élevé par Sylia Mulligan, descendant du Rouge de sa grand-mère Julianna.
⛤ Cauchemar des femmes ; nourrit sa magie (Rougeoyante) des hormones sexuelles de ses partenaires, ainsi que des émotions primaires.
⛤ Traître à ses passions, criminel et meurtrier de Johanna Andros (missing). Pourfendeur d'amitiés, éternel débiteur, clébard soumis à ses attaches.
⛤ Ne vit que pour les Mardi-Gras de New Orleans ; caresse le rêve de s'y installer un jour dans son propre "shotgun", malgré le fantôme de Katrina.
⛤ Mystique, déchiré entre deux hommes : partagé entre le sorcier et l'humain, entre la sagesse et une ire destructrice. Le latin s'efface sans mal sous l'accent du Sud, coriace sous sa langue.
⛤ Commerçant du Downtown (Crawling life), antre de ses serpents vénérés, lézards et autres reptiles, dont il cède les corps, les soins et les cages de verre.
⛤ Pratique à l'arrière de sa boutique, dans un laboratoire farouchement défendu et protégé par les runes. Recèle secrets et savoirs, expérimentations douteuses et dangereuses.
⛤ Mauvais mentor. L'une de ses apprenties en a subi les conséquences. Guide de Morgane Wuntherson et d'Halina Meyer. Meilleur ami indigne de Vinzent Henkermann et cousin de Shannon Mulligan.
⛤ Pacte tissé avec Scox : Prince démon s'étant dissimulé derrière les brumes de Baal. Immortalité odieusement acquise, âme vouée à obéir et marcher aux côtés des Antiques.
38 ans d'âge réel ; 36 ans d'apparence.

⛤ ENAE VOLARE MEZZO ⛤

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"I put a spell on you."

Facultés : ⛤ La Rougeoyante s'infiltre dans les corps et y bouleverse les hormones ; flèche apollonide : distille poison, fléau, mort, mais aussi fièvre rouge saphique. Chaos total.
⛤ Télépathe raisonnable : ne s'infiltre de préférence que dans les esprits des humains misérables. Capable de communiquer en pensée avec quiconque lui ouvre les grilles de son esprit. Savant fou ; capable désormais de connecter sa psyché aux êtres muets, cobras et crotales comme cobayes, corbeaux et autres créatures rampantes.
⛤ Herboriste né, sa maîtrise des potions n'a d'égale que celle de son mentor maternel. Capable d'élaborer des philtres complexes ; créateur infatigable de breuvages en tous genres.
⛤ La Rougeoyante se défend et protège son hôte plus férocement qu'elle n'attaque : limitée par la nécessité d'un contact physique. Sorcier doué au corps-à-corps, secondé par son aisance au maniement d'athamés et autres lames rituelles.
⛤ Chercheur d'artefacts, quémandé des Longue-Vies : détisseur de leurs malédictions et autres mauvais sorts.
Thème : The Way ⛤ Zack Hemsey.
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⛤ VENGEANCE ⛤

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"Before I die alone."

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Ven 4 Déc - 0:28 (#)


What do we do now?
La porte s’ouvrit sur le seul à pouvoir lui inspirer une confiance et un sourire sans pareils. Le seul capable d’effacer, en quelques secondes, le souvenir d’une nuit pénible, et celui de funérailles d’une tristesse infinie. Ses lèvres s’étirèrent, composant sur le visage du sorcier l’expression même d’une joie spontanée et visiblement partagée. Un grain de sable, à peine, dans le vaste sablier du temps qui s’écoulait, les voyant se bagarrer pour arracher au quotidien des instants partagés. Qu’importe. Il le chérirait exactement comme tous les autres. La sobriété de l’accueil ne le déstabilisa pas le moins du monde : il savait Vinzent aussi prompt à pondre des discours interminables une fois lancé, que capable d’en dire le moins possible, refusant de tomber dans le superflu et le badinage. Cependant, l’arcaniste ne s’y trompait pas : il savait lire les signes, entre les lignes, les touches amicales que son confrère distillait çà et là. Un geste suffisait. Après un temps d’hésitation, comme s’il voulait être certain de jauger de la sympathie des bêtes à son égard, il administra bel et bien une caresse aux chiens, allant jusqu’à murmurer quelques paroles à Garmr, cédant à l’attirance qui le voyait, depuis tout gosse, céder aux clébards dans son genre, aussi fidèles qu’impressionnants. Il ne se formalisa donc pas d’une truffe fébrile flairant probablement l’odeur du chat sur ses fringues, puis embraya à la suite de son meilleur ami, approuvant la vue de l’ambre liquide d’un hochement de tête appréciateur. « On va pas s’fâcher pour ça, va. »

Il marchait toujours avec une relative précaution au sein de la demeure, sans plus cependant se sentir complètement écrasé par son caractère grandiose, lorsqu’on y réfléchissait. La réfection des lieux ne laissait pas non plus penser aux coloniales classiques qui pullulaient dans le South, de sorte qu’il ne pouvait confondre, calquer cette vaste maison sur d’autres abris connotés plus violemment, de par sa propre histoire ou celle des ancêtres et fantômes peuplant la région. En clair : il se sentait bien ici, et son esprit associait plutôt les longs corridors, les chambres immenses et les pièces d’une taille gigantesque au salut dont il avait pu disposer, à sa convalescence réussie et aux après-midi passées à converser, dans la fraîcheur de la bibliothèque comme dans l’ombre aménagée au cœur des jardins. Comme si Vinzent avait pu lire dans sa tête, sa remarque surgit concomitamment à cette réflexion, ce qui le fit tiquer un moment, et manifester un sourire aux nuances différentes du premier. Presque nerveux. Il ne se décida donc pas à s’asseoir tout de suite, préférant rester debout, se déparant du cuir de sa veste qu’il balança sur le premier siège à portée. Tirant sur les pans d’un t-shirt aussi noir que la magie qui, encore, circulait dans ses veines comme les restes et miasmes d’un venin tardant à se voir purgé.

« Hum. Ouais, p’t’être. Il était temps, de toute façon. Et puis ça fait un moment. »

Il n’aimait pas reparler de ces jours-là. Pas pour nier le rapprochement que la tragédie avait, bon gré mal gré, provoqué entre eux deux, mais parce qu’il ne supportait pas l’idée que Vinzent ait pu le voir dans cet état. Un reste de fierté, une peur de déranger, de tâcher le sol impeccable de la souillure miséreuse qu’il avait été alors. Puant la maladie, l’infection, la mort et la blessure, il avait du mal à regarder cette demande d’asile dans les yeux. La générosité de son ami lui pesait encore sur le cœur, car il avait conscience d’à quel point le choix à faire avait dû être coriace, en dépit de ses serments rassurants. Et puis il y avait l’Irae. Il redoutait le jugement porté sur les mœurs d’une secte qui, bien qu’au fonctionnement secret, était réputée pour sa folie tenace, autrefois portée par Leroy. Certains sujets demeuraient encore inabordés avec son frère de magie, et il redoutait la conversation qui, un jour, risquait de briser leur équilibre précaire. Vinzent avait toujours été celui qui s’employait à les rapprocher, malgré son tempérament réservé. Eoghan, lui, pointait sans cesse du doigt ce qui les séparait, craignant bien trop de ne pas voir venir une séparation lui paraissant… prévisible. Inéluctable. Tout les séparait, et pourtant il se trouvait là, dans l’intimité même de l’Éveillé dont la richesse attisait moins la jalousie que l’émerveillement, chez lui. Ses paumes enfouies dans les poches arrière de son jean, il déambulait, sans se jeter sur l’alcool, observant le décorum choisi avec goût, attendri par ce que l’environnement révélait d’Henkermann. Un rire acerbe lui échappa au bout d’un moment.

Il n’était qu’un putain d’oiseau de mauvais augure.

« Ça va. »

Pas vraiment, dans le fond. Mais avait-il réellement envie d’imposer ses éternelles lamentations à Vinzent, maintenant ? Et cependant, mentir, jouer l’hypocrite, ça n’avait jamais été eux. Ça ne serait jamais eux. Sans le regarder, tout en continuant sa lente progression, contemplation apaisante à défaut de pouvoir le guérir de ses maux, il posa doucement, dans le calme ambiant : « Un enfant est mort, tout récemment. C’était le fils d’un pêcheur du coin. » Il n’en avait même pas parlé à Sylia. Elle n’aurait pas compris. Elle aurait évacué le sujet comme s’il s’était agi d’une conversation banale, et il ne l’aurait pas supporté. Non. C’était bien à son ami, qu’il avait besoin de s'en confier. « Les crues, ça pardonne pas. Le petit s’est fait avoir, et… on l’a cherché un moment. On a eu beaucoup de chance de le retrouver. Mais c’était trop tard. » Il perdit son attention derrière les pans d’une vitrine dont il discernait à peine le contenu, les yeux dans le vague. « C’était triste. Mais ce sont des choses qui arrivent, parfois. » Il se retourna enfin pour l’affronter avec le plus de pudeur possible. Il s’accordait quelques minutes. Seulement quelques minutes. « Mais j’vais bien. Mieux. Un jour à la fois, hein ? »

Il décida d’essuyer sa détresse, de retrouver entrain et belle humeur, et se rapprocha de lui et des verres, qu’il se ferait un plaisir de siffler. « Et toi ? J’ai tellement de trucs à te raconter. J’ai décidé de me lancer dans quelque chose, et je ne sais pas encore si c’est l’idée du siècle, mais ça faisait un bail qu’j’avais pas été motivé par un projet pareil, et… » Un détail le fit s’interrompre. Un détail qui ne le contrariait pas, mais qui trahissait une conclusion à laquelle il n’était pas préparé. « Pourquoi tu sors trois verres, Vinz ? » Il arqua un sourcil curieux, amène et à peine taquin : « T’attends quelqu’un ? On fait un colloque entre sorciers ce soir, c’est ça ? »


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Louisiana Burning

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Lilas Hirsch
Lilas Hirsch
"THE BOOTY" : la plus belle paire de France et de Navarre.
☽ YOU LEFT ME IN THE DARK ☾

"She was poetry in a world that was still learning the alphabet."


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En un mot : Wild thoughts
Qui es-tu ? : ☽ Outre. Pouvoir qu'elle ne peut nier, l'amenant sans cesse à visualiser le monde sous un prisme différent de celui du commun des mortels. Agression visuelle, physique, sonore, olfactive, constante, d'une magie qu'elle voit en tant qu'entité propre.
☽ Artiste. Pour exprimer ses visions, elle s'acharne à peindre, sculpter, dessiner, ce monde qui l'entoure et qu'elle ne peut expliquer oralement.
☽ Née en France, en Alsace précisément, enfant non-désirée, d'une relation adultère. Ce sont ses grands-parents qui l'élève et son grand-père qui la forme.
☽ Elle déménage aux USA dans le but de retrouver cette mère qui l'a abandonnée, pour apprendre qu'elle est décédée, préférant ne pas se battre contre un cancer qui finira par avoir raison d'elle.
☽ Elle atterrit à Los Angeles presque par hasard, en suivant son compagnon de l'époque. Elle y rencontrera Vinzent, qui changera sa vie.
☽ Un début d'apprentissage arcanique inachevé au côté de celui qui deviendra son ami, son amant, son amour. Un rituel magique lie leurs âmes peu de temps après le décès de Léonard, le mentor de Lilas.
☽ Elle se laissera malmener pendant des années par un homme néfaste avant de finalement tout quitter pour rejoindre la Louisiane dans l'espoir d'y retrouver sa demi-soeur et peut-être Vinzent.
☽ Elle passe 2 ans dans un camp regroupant des femmes CESS avant de rejoindre finalement Shreveport, où elle retrouvera sa demi-soeur, Hannah Miller, et l'autre moitié de son âme, Vinzent Henkermann.

☽ NO DAWN, NO DAY ☾

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"your name i spoke many times
alone in the darkness in the night"

Facultés : ☽ Clairvoyance : Lilas a un niveau de sensibilité aux flux magiques qui lui permet de lire sous la surface des choses qui composent le réel. Cela se traduit par toutes sortes de stimuli cognitifs ou physiques. Son don est passif, elle vit avec un second filtre de vision constant.

☽ Psychométrie : En touchant un objet, qu’il soit magique ou non, Lilas peut en voir l’histoire, a qui il a appartenu, ce à quoi il a servi, tout ce qu’il s’est passé à son contact. La capacité n’est pas maîtrisée.
Thème : Cosmic Love - Florence + The Machine
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I'm always in this twilight


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"and prayed a thousand prayers
and my many dreams were of you"

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Crédits : Jenesaispas (Ava) Pando (Icon)
Jeu 18 Fév - 0:00 (#)






I CAN'T REMEMBER HOW THIS GOT STARTED




 Le silence de la pièce me met mal à l’aise et je sors mon téléphone de la poche de mon jean d’un geste rapide. De quelques mouvements habiles des doigts, j’ouvre Spotify et lance une playlist au hasard. Les notes, légères, s’échappent du haut-parleur à la qualité questionnable et je règle le volume de sorte à ne pas déranger le reste de la maisonnée. J’oscille d’un pied sur l’autre dans la chambre que Vinzent m’a indiqué, toujours un peu mal à l’aise dans le manoir. Il s’agit de ma seconde visite de la bâtisse et l’endroit est… trop. Je n’ai pas d’autre mot pour décrire ce que me fait ressentir cette ancienne maison de maître retapée par les soins de l’arcaniste. Trop grande, trop luxueuse, trop excentrée, trop pleine d’Écarlate. Elle est partout, attrapant mes yeux où qu’ils se posent. Sur les runes qui marquent les embrasures des portes, dans les meubles qu’il effleure chaque jour, elle suinte des murs, dégouline sur les parquets en long filaments d’un rouge sombre, comme un lierre arcanique qui recouvre chaque parcelle du bâtiment. Je déglutis en avançant dans la pièce heureuse de trouver le lit vide de toute présence du sorcier. Je m’y laisse tomber et frotte mes yeux fatigués, tourne la tête pour soulager ma nuque engourdie par des heures penchées en avant à gratter le papier. Avec un profond soupir, je pose les coudes sur mes genoux et enfoui mon visage dans mes mains, pressant le talon de mes paumes contre mes paupières dans l’espoir d’en chasser les picotements qui les tiraillent. Mélange d’épuisement, de trop longues heures de concentration nocturnes, puis au côté de Vinzent, et enfin d’un mélange d’émotion que je n’ai vraiment pas envie d’explorer plus en profondeur pour le moment.

Cette maison, ce qu’il s’y passe. Tout aurait pu être différent, si seulement j’avais dit oui. Cet endroit aurait pu être mien, ces murs auraient pu être baignés d’un mélange de mauve et de rouge, j’aurais pu choisir la couleur du tapis dans le salon, j’aurais pu tomber amoureuse de ce jardin immense que j’aperçois par la fenêtre avec ses glycines qui doivent ployer sous le poids de leurs fleurs la saison venue. La chambre que j’occupe présentement aurait pu devenir mon atelier. J’aurais continué mon apprentissage normalement, sans en perdre la moitié en errant pendant trois ans. La médiocrité de ce que j’ai conservé des enseignements de Vinzent m’a frappé avec toute la force de la honte quand je lui ai rendu l’essai qu’il m’a demandé de lui rédiger. Trop d’années à ne rien travailler, à nier mon don, à ne pas chercher à approfondir des connaissances qui me fascinent et qui répondent à des questionnements profonds que je me pose pourtant depuis l’enfance. Des années gâchées à me perdre dans les bras d’un autre. Je me lève avec une grimace amère et m’approche des grandes fenêtres qui baignent la pièce d’une lumière franche. Mon ombre se découpe clairement dans la lumière du couchant et j’observe la propriété qui s’étale sous mes yeux.

J’ai deux heures devant moi, je devrais essayer de dormir. Je m’appuie contre l’encadrement de la fenêtre et regarde d’un œil torve le lit qui, bien qu’énorme et couvert d’une épaisse couverture qui semble très confortable, ne me fait pas envie. Je n’ai pas la moindre idée de comment je pourrais être capable de dormir dans cette maison. Vinzent a été très clair, j’y viens pour travailler, rien de plus. Son domicile n’est pas le mien et ne le sera probablement jamais. Inutile de m’attacher au mobilier, inutile de m’y sentir chez moi. Je hausse les épaules et m’aventure vers la salle de bain attenante dont j’ouvre la porte lentement. Je manque de pleurer en découvrant la pièce. La salle de bain est… parfaite. J’effleure des doigts la baignoire ancienne, avec ses pieds forgé en forme de pattes de lion, qui trône contre le mur et soupir en caressant la serviette posée sur la vasque. Je croise mon regard dans le miroir et retiens une grimace. Mes cheveux ont définitivement besoin d’un shampoing et les cernes qui dévorent le dessous de mes yeux pourraient faire peur à un mort. Avec un nouveau haussement d’épaule, je me décide. Ok, je ne dormirais pas dans le lit, je ne m’attacherai pas à la beauté aristocratique du manoir, si semblable à celle de son propriétaire, mais rien ne m’empêche de tomber amoureuse de la baignoire. Je tourne doucement les robinets argentés et regarde l’eau rebondir contre la faïence avant de fermer l’évacuation d’un tour de main. Un aller-retour plus tard, je pose sur le petit fauteuil qui occupe un coin de la pièce mon sac et me félicite de toujours sortir avec de quoi me changer. J’extirpe du fatras, qui compose mon équipement quotidien, la pochette contenant un rechange de sous-vêtements propre ainsi qu’un haut crème et fluide. J’attrape les flacons de voyage contenant mon shampoing et mon gel douche avant de sortir également la petite trousse de maquillage qui traîne au fond du sac, à l’intérieur la totalité de ma collection actuelle : un anticernes, un mascara, un pinceau (à peinture), un tube de rouge à lèvre d’un couleur proche de celles de mes lèvres et une palette qui contient quatre fard un crème, un brun, un noir et un irisé.

D’un geste fluide, je me glisse dans l’eau brûlante avec un soupir de contentement. Je dessine des arabesques sur mes genoux qui dépassent de l’eau en réfléchissant. La situation est bien meilleure que ce à quoi je m’étais attendue. J’avais conservé un espoir, maigre à en faire peur, d’obtenir le pardon de Vinzent et s’il ne s’est pas réalisé, j’ai néanmoins réussi à obtenir une forme d’acceptation de sa part. Notre première rencontre m’avait laissé exsangue et épuisée, et j’avais abandonné, à ce moment, l’idée de reprendre un apprentissage auprès de lui, mais force est de constater qu’il est encore capable de me surprendre. Statue figée dans ses habitudes, il est souvent simple d’imaginer les réactions que pourrait avoir l’Arcaniste et pourtant, quand mon téléphone avait sonné, quand il s’était présenté au café, quand il avait énoncé ses conditions, il avait réussi à me surprendre. J’avais cru perdre tout ce que j’avais en arrivant ici, après avoir subi de plein fouet la violence de son courroux, mais il m’avait laissé une chance. C’est ce qui avait mené à la nuit éprouvante de la veille, où j’avais vidé sur le sol miteux de ma chambre de motel la totalité des choses que j’avais emportées dans ma fuite de Los Angeles, extirpant du fouillis les quelques restes que j’avais conservé de nos échanges sur les arcanes. Explications gribouillées à la va-vite sur des feuillet volants que j’avais coincée dans mon carnet à dessin. Morceaux de savoir, jetés sur des esquisses et dans les coins de toiles inachevés, carnets de notes, à peine entamés, contenant des paragraphes de mon écriture brouillonne, empressée de coucher sur le papier le savoir qu’il voulait bien m’offrir. J’avais exhumé toutes ces informations et les avais lues et relues jusqu’à les connaître par cœur, réveillant de vieux souvenirs enfouis. Si j’avais perdu son amour, je ne pouvais me permettre de perdre son savoir. Vinzent était un puits sans fond d’information, une source infinie de connaissance et sans avoir pleine conscience de la chance que j’avais d’apprendre auprès d’un sorcier aussi érudit, je savais néanmoins qu’ils ne seraient pas nombreux ceux qui auraient la chance de partager cette science qu’il possédait.

En fredonnant, je dessinais des runes sur mes jambes, tentant de me remémorer leurs significations, leurs utilisations, la façon dont je devais les agencer pour réussir à obtenir ce que je voulais d’elle, afin de pouvoir y canaliser ce flux magique que j’étais l’une des rares à visualiser. La pointe de contentement que j’avais deviné en Vinzent quand il m’avait vu revenir les bras chargés de mes trouvailles avait suffi à me remplir d’une joie paisible. Je pouvais le faire, j’étais assez forte pour apprendre de lui, pour le rendre fier et mériter chacun des enseignements qu’il m’offrirait. Un changement brutal d’ambiance musicale me fait ronchonner et je jette un œil à l’horloge qui m’indique que je marine depuis près de quarante-cinq minutes. Avec une grimace et un remous d’eau, je me redresse et m’empresse de finir mes ablutions avant de me sécher. Les cheveux enroulés dans une serviette, j’applique un maquillage léger sur mon visage, suffisant pour camoufler en partie les cratères qui se dessinent sous mes yeux et pour me redonner l’air humain. Je couvre mes cils d’une couche de mascara avant de hausser les épaules. Ce sera suffisant, je dois rencontrer un ami proche de Vinzent, pas le roi de Suède, ça fera l’affaire. En me remémorant les mots de l’arcaniste, je me demande à quoi peut bien ressembler cet homme qu’il qualifie de frère et qu’il porte en très haute estime. Je me souviens de ses mots à propos de ses amis de Norvège, de l’affection sincère qui s’entendait dans sa voix à l’évocation des membres de leur clan. Il y avait eu quelque chose de plus dans sa voix à l’évocation d’Eoghan Underwood. Quelque chose de plus profond. Rares étaient ceux qui inspiraient une affection et un respect sincère à Vinzent et le Louisianais semblait en être capable. J’imaginais donc un homme très similaire à Vinzent, quelqu’un de froid, de très droit, probablement d’une extrême intelligence, quelqu’un d’intimidant.

Les aboiements des chiens me font sursauter et je me rends compte que j’attends bêtement devant le miroir depuis dix minutes. Avec un juron français, je m’empresse de dénouer la serviette qui entrave mes cheveux et avant de les frotter énergiquement dans l’espoir de les sécher suffisamment pour qu’il ne dégouline pas sur mes épaules. Je les brosse sommairement, avant de les laisser sécher à l’air libre en enfilant mes chaussures. Je n’ai pas trouvé de sèche-cheveux dans le placard de la salle de bain, mes cheveux humides feront donc l’affaire. Après un dernier coup d’œil dans le miroir, durant lequel je lisse un pli sur mon haut, je sors dans le couloir en silence. Je tends l’oreille et tous mes autres sens, tentant de percevoir quelque chose en bas, mais je n’entends que le ronronnement lointain d’une conversation. Je m’avance jusqu’en haut des escaliers, où je m’arrête un peu pour scanner ce que je vois. L’Écarlate resplendit dans le salon, nappe de velours carmin et paresseux qui se mêle parfaitement à son environnement, près d’elle, je devine une essence qui m’est inconnue, d’un ton plus vif, mêlée de striures sombres, je penche la tête sur le côté en l’observant intrigué par ce qui se dégage de l’invité de mon mentor. Elle s’agite, tourbillonne, incapable de rester en place, elle papillonne, s’étire et se tend, curieuse. Elle a quelque choses de vif, de fougueux, de vibrant, quelque chose d’attrayant qui captive mon regard.

Je descends quelques marches et m’arrête pour tendre l’oreille percevant l’accent local dans une voix au timbre grave et chaud. Je souris en entendant ces sonorités qui sont devenues mon quotidien et décide de descendre complètement. À nouveau, je m’arrête dans l’embrasure de la porte du salon, observant la scène qui se déroule sous mes yeux. Vinzent occupé à poser trois verres sur la table et Eoghan, puisque c’est son nom, qui se tient debout près de lui, parlant avec animation. Je hausse un sourcil appréciateur devant ce que je vois de lui, une chevelure d’un noir de geais, un dos large couvert d’un t-shirt noir également, un jean de bonne facture. Classique. Un sourire étire mes lèvres quand j’aperçois la veste en cuir qui traîne sur un siège. Il se dégage quelque chose d’agréable de lui et sans y penser, j’avance, ma présence révélée par le couinement de Garmr. Si la chienne ne me porte pas dans son cœur, le chien m’a adopté bien plus rapidement et je m’empresse de me baisser légèrement pour gratter ses oreilles soyeuses avec un sourire que je tourne ensuite vers Eoghan. Je croise une paire de prunelles céruléenne, et scanne rapidement son visage, une mâchoire nettement dessinée, un nez droit et une bouche pleine. Je cligne des yeux, une fois, immédiatement tentée de dessiner ses traits, avant de me reprendre. « Eoghan, je suppose ? » Je me redresse et tends une main vers lui en m’approchant. « Vinzent m’a beaucoup parlé de vous. » Je hoche la tête en direction de mon mentor. « J’ai bien peur que le colloque tourne court étant donné que ma contribution risque d’être au mieux maigre, au pire, inexistante. Mais, j’me ferai un plaisir d’écouter. » Je ris doucement en grattant nerveusement ma nuque et en détournant le regard. Je ne sais pas trop comment me présenter. « Je suis Lilas, la… » Je finis par détourner le regard, une sensation de chaleur agréable me traversant avant que je ne le pose sur Vinzent, la question de mon titre en suspens entre nous.  


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Ven 16 Avr - 20:14 (#)

I CAN'T REMEMBER
HOW THIS GOT STARTED
And oh my congregation, do you think that we will forget?
Away with your redemption, for I don't know how to forgive.
Sans mot dire, avec toute mon attention, j'écoute le récit du tragique événement. Bien qu'il me soit difficile de compatir pleinement au souvenir de l'enfant évoqué, je perçois la peine qui émane de mon ami, et c'est avec lui que je fais alors preuve d'empathie. Cela m'étonne un peu, à vrai dire, qu'il témoigne d'autant de tristesse à l'égard de cette jeune âme - peut-être connaît-il la famille, après tout, en absolu fils du bayou, le Louisianais connaît son monde sur le bout des doigts, ses habitants mais aussi ses lois. Il y a toujours, lorsqu'il en parle, une tendresse non feinte émaillant ses paroles pleines de respect et de fierté, où parfois peut aussi affleurer la crainte. J'apprends plus à travers ses récits qu'à travers mes pérégrinations les secrets de cette nature faussement dominée, avec laquelle on ne fait ici que cohabiter en espérant que chacun observe les limites tacites de son empire, Homme contre Marais, monde organisé contre monde sauvage. Un diptyque que moi-même j'ai eu à observer et avec lequel il m'a fallu composer de nombreuses fois, dans de nombreux endroits du monde, mais peut-être jamais aussi quotidiennement qu'ici.

« Je suis désolé », fais-je sincèrement.

Il n'y a, sur le sujet, malheureusement rien de plus à dire pour moi qui n'ai aucun lien ni avec le défunt, ni avec ceux qui lui survivent, autre que l'homme qui m'en parle. Une maison, cela se rebâtit. Des biens, cela se retape ou se rachète, petit à petit. Lorsque le matériel s'en va avec les eaux coléreuses, subsiste malgré tout l'humain, et avec lui la force de rebondir. Lointain, je ne peux que me figurer l'horreur de cette perte pour ceux qui ont vu disparaître avec la crue un futur que rien ne saurait reconstruire. C'est autant pour lui que pour eux que je baisse le ton sur ces mots, songeant malgré moi qu'il est toutefois heureux que ceux qui respirent aient pu soulager un peu, par leur pouvoir insu, ce qui restera du petit être dans notre monde, en retrouvant sa dépouille et en lui accordant la protection d'un havre familier, et d'un rituel d'adieu nécessaire à la cicatrice qu'il leur laissera. Car les plaies des vivants saignent une prison pour les âmes, autant que la forgent les regrets des morts.

Il décide de lui-même de dévier la conversation dans une toute autre direction, et je sens en moi la piqûre de la curiosité ranimée par ses mots. Je nous retrouve, pris d'un élan de passion conjoint pour notre art, et l'espace d'une seconde j'en oublie totalement ce que je fais. C'est encore Eoghan qui me fait redescendre les pieds sur terre, en questionnant le compte de verres dans mes mains, me faisant remarquer que j'avais arrêté mon geste en cours de route.

« … Ah ! Euh, eh bien, non. »

Mais avant que j'aie le temps de développer ma réponse, le bois du parquet bruisse subtilement sous les tapis de Perse jonchant toute la pièce, et rapidement, la silhouette filiforme qui m'est de nouveau familière se découpe avec souplesse dans la bulle que nous ne manquons pas de former, mon frère arcaniste et moi. L'un des molosses la salue, fournissant une diversion bienvenue, sans quoi l'entrée de Lilas dans la pièce aurait sans doute été moins facilement accueillie, malgré le fait que je l'attendais.
Je me rends compte que, prenant soin de ne pas faire claquer le fond des verres sur la surface de la table basse, je laisse faire la jeune femme. Je connais sa manière d'instiller dans l'espace les subtilités de ses charmes et, d'une certaine façon, j'ai envie de lui laisser toute la place pour faire impression. Qu'Eoghan comprenne, immédiatement. Il y a bien assez de place pour moi, ici. Distant, je l'écoute donc se présenter, notant qu'elle use d'une façon de parler typique de ces moments où elle veut apparaître sous son meilleur jour sans pour autant éblouir d'entrée de jeu. Modeste - réaliste - et sage. Avenante. C'était la bonne carte à jouer et sans lui en faire la remarque muette, j'en suis néanmoins satisfait, même si je n'avais pas de doutes quant à sa conduite. Bien sûr qu'elle se trouve sur un terrain qui la met en infériorité, il ne servirait à rien de le nier ou de protester contre un rapport de domination qu'elle comprend parfaitement bien et qu'elle accepte. Ne pas chercher l'entrée régalienne, quand on est outre parmi les arcanistes, quand on est apprentie parmi les accomplis, quand on est invitée et non résidente, c'est faire preuve d'intelligence.
Je suis toutefois surpris qu'elle n'ait pas au moins l'assurance de sa place ici, remettant en question sa certitude quant à mon propre statut, comme si les choses avaient manqué d'être claires. Ce doute me trouble comme une goutte d'eau sur un lac souterrain et pendant une seconde, je reste muet en la regardant. Masquant toute réaction, je relève les yeux vers Eoghan.

« Ma disciple. »

Et reporte mon attention sur les verres un instant, que je remplis (y compris le mien).

« J'ai déjà parlé de toi à Lilas, mais l'inverse n'est pas vrai. Je compte bien à ce que vous trouviez tous les deux votre place ici alors vous aurez tout loisir de faire connaissance. Néanmoins… »

Reposant la carafe sur la table basse, je me redresse pour leur faire face à tous les deux, tendant à chacun sa part de liqueur.

« Il faut que je présente certaines choses clairement, sans quoi j'en connais un qui poussera des cris d'orfraie. »

J'aurais pu sur ces mots exprimer la malice par un demi-sourire, qui ne vient toutefois pas : non que la situation me rende tendu, mais il y a là un je ne sais quoi de sérieux dont je ne parviens pas à me départir, probablement dû à la présence de Lilas, que je n'accepte pas encore totalement - et que, pourtant, je souhaite, à cet instant. La sienne, et celle d'Eoghan. Chassant le malaise, un sentiment d'ordre et de complétude me soutient.
Par le geste, j'invite notre ensemble à s'asseoir.

« Il nous est arrivé d'aborder le sujet du mentorat, Eoghan, je sais combien c'est une chose d'importance pour toi et là-dessus comme sur beaucoup de questions, nous sommes d'accord. C'est pour ça que je n'ai pas voulu te parler de Lilas n'importe quand, ni n'importe comment. Je pense que c'est maintenant l'occasion. Pour être franc… Je ne pensais pas que tu rencontrerais Lilas un jour. »

Le whiskey tourne sur son fond plat.

« Elle et moi nous sommes rencontrés fin 2013, en Californie. Son apprentissage a commencé relativement tôt étant donné qu'elle avait été habituée à son don préalablement, par voie familiale. Au fur et à mesure de son avancement j'ai jugé qu'elle était apte à suivre davantage que de simples initiations, c'est pourquoi j'ai eu l'ambition que de simple apprentie elle devienne disciple à part entière. Elle et moi étions sur une longueur d'onde égale. Je vivais dans une maison qui lui appartenait et qu'elle me louait. Les conditions étaient propices. »

Mes yeux s'égarent un instant, peut-être un tantinet trop long, vers les vitres donnant vers le jardin. L'évocation de cette époque me ferait presque dire selon la formule consacrée que "c'était le bon vieux temps", avec l'ironie grinçante de son caractère révolu capable pourtant d'entacher le présent comme par un écho désagréable. La nostalgie n'en est rien mieux qu'agaçante.

« Tu n'es pas sans savoir que le mélange des genres est courant dans ce type de relation. Nous avions également une liaison, qui a pris fin malheureusement peu de temps avant mon arrivée ici en 2015, lorsque… j'ai dû partir de Los Angeles. »

Hésitant, je préfère m'en tenir là, sans extrapoler sur le fait que Lilas n'a pas suivi la marche, afin d'éviter de la présenter sous un jour que je ne pourrais rendre que mauvais. Mon regard revient à elle très brièvement, cueillant son expression à titre informatif, puis se pose sur Eoghan alors que je m'accoude nonchalamment.

« Avant cela nous avions décidé de nous ancrer définitivement l'un à l'autre selon un rituel de ma connaissance. À l'égard de ma foi, nous avons conclu un mariage sacré, dont son essence et la mienne attestent encore l'existence en ce que chacune porte la marque de l'autre. Notre séparation platement humaine n'y peut rien changer. »

C'est à l'orée du verre que mes lèvres ont posé le dénigrement contenu dans cette ultime phrase, avant que je n'en prélève une gorgée.

« Il n'empêche. C'était il y a plusieurs années ; Lilas vient tout juste d'arriver à Shreveport, il y a quelques semaines. Nous avons choisi de reprendre le cours du mentorat, cela dit. Il me semblait donc important de t'en faire part, étant donné la place que je t'octroie, et dont comme je le disais, Lilas est au courant. C'est pour cette raison que je t'ai invité. »

Haussant les sourcils par-dessus mes yeux baissés d'un air presque badin après une seconde de césure, je m'abreuve à nouveau, fortement conscient de l'étrange mélange de tensions diverses qui plane autour de moi.

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Eoghan Underwood
Eoghan Underwood
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⛤ SMALLTOWN BOY ⛤

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"This is not the right way."

En un mot : Sorcier venimeux ondulé de la toiture. Gosse du bayou.
Qui es-tu ? :
"Let it spread like a disease."

⛤ Maître des arcanes, sorcier à l'essence écarlate. 37 ans de vice (et râles) et de chair corrompue. Manipulateur d'hormones, télépathe patenté.
⛤ Second, bras droit de Circé van derr Ven dans la secte de l'Irae. S'y démarque pour sa loyauté ciselée par les griffes de Morgan Leroy (missing). Mais les failles perlent.
⛤ Incube de Louisiane ; fils de ces terres marécageuses, du bayou poisseux et des routes cahoteuses. Né à Bâton-Rouge, n'a connu que Shreveport et les frontières de son État.
⛤ Né seul homme dans la famille des sorcières irlandaises Mulligan. Privé de père (tué) par la harpie noire : élevé par Sylia Mulligan, descendant du Rouge de sa grand-mère Julianna.
⛤ Cauchemar des femmes ; nourrit sa magie (Rougeoyante) des hormones sexuelles de ses partenaires, ainsi que des émotions primaires.
⛤ Traître à ses passions, criminel et meurtrier de Johanna Andros (missing). Pourfendeur d'amitiés, éternel débiteur, clébard soumis à ses attaches.
⛤ Ne vit que pour les Mardi-Gras de New Orleans ; caresse le rêve de s'y installer un jour dans son propre "shotgun", malgré le fantôme de Katrina.
⛤ Mystique, déchiré entre deux hommes : partagé entre le sorcier et l'humain, entre la sagesse et une ire destructrice. Le latin s'efface sans mal sous l'accent du Sud, coriace sous sa langue.
⛤ Commerçant du Downtown (Crawling life), antre de ses serpents vénérés, lézards et autres reptiles, dont il cède les corps, les soins et les cages de verre.
⛤ Pratique à l'arrière de sa boutique, dans un laboratoire farouchement défendu et protégé par les runes. Recèle secrets et savoirs, expérimentations douteuses et dangereuses.
⛤ Mauvais mentor. L'une de ses apprenties en a subi les conséquences. Guide de Morgane Wuntherson et d'Halina Meyer. Meilleur ami indigne de Vinzent Henkermann et cousin de Shannon Mulligan.
⛤ Pacte tissé avec Scox : Prince démon s'étant dissimulé derrière les brumes de Baal. Immortalité odieusement acquise, âme vouée à obéir et marcher aux côtés des Antiques.
38 ans d'âge réel ; 36 ans d'apparence.

⛤ ENAE VOLARE MEZZO ⛤

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"I put a spell on you."

Facultés : ⛤ La Rougeoyante s'infiltre dans les corps et y bouleverse les hormones ; flèche apollonide : distille poison, fléau, mort, mais aussi fièvre rouge saphique. Chaos total.
⛤ Télépathe raisonnable : ne s'infiltre de préférence que dans les esprits des humains misérables. Capable de communiquer en pensée avec quiconque lui ouvre les grilles de son esprit. Savant fou ; capable désormais de connecter sa psyché aux êtres muets, cobras et crotales comme cobayes, corbeaux et autres créatures rampantes.
⛤ Herboriste né, sa maîtrise des potions n'a d'égale que celle de son mentor maternel. Capable d'élaborer des philtres complexes ; créateur infatigable de breuvages en tous genres.
⛤ La Rougeoyante se défend et protège son hôte plus férocement qu'elle n'attaque : limitée par la nécessité d'un contact physique. Sorcier doué au corps-à-corps, secondé par son aisance au maniement d'athamés et autres lames rituelles.
⛤ Chercheur d'artefacts, quémandé des Longue-Vies : détisseur de leurs malédictions et autres mauvais sorts.
Thème : The Way ⛤ Zack Hemsey.
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⛤ VENGEANCE ⛤

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"Before I die alone."

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Ven 30 Avr - 21:16 (#)


What do we do now?
La légèreté.
Une chape toute de mauve vêtue.
Ses doigts translucides, ourlés de ce purpurin plus opaque, teinté de rose et de vent.
Aérienne.

Il la sentit avant de la voir.
Il tourna la tête vers la jeune femme qui, sans un bruit, était apparue dans cette pièce sans doute trop vaste pour eux deux. Discrète, gracile, elle parut emplir tout l’espace que leurs intellects incisifs, narquois ou abyssaux lui avaient laissé. Son sourire incertain, sa question en suspens, se figèrent tous les deux, tout comme ses pupilles sur la créature dont la fragilité évidente le frappa de plein fouet. Rencontre douce et puissante à la fois, elle amena avec elle un vague courant d’air, qui transportait un parfum de bain et de savon, de maquillage et d’autre chose. Son cœur pompa le sang un brin trop fort, pulsant comme sa magie aux aguets. Eoghan Underwood ne riait plus, au moment d’accrocher de son attention pleine et entière le détail des traits féminins. Ces yeux, qui possédaient ce il ne savait quoi d’asiatique. Cette silhouette, fluette mais respirant une santé particulière, qu’il reconnut aussitôt.

Éveillée. Petite sœur.

Le chaud, le tiède et le frais circulaient en lui, équilibre yin yang perturbé, foie et estomac soumis à des températures contraires, menant presque la nausée au bord des lèvres, pour subitement voir la paix revenir. Ce bouleversement dura de longues secondes, sans qu’il n’en montre rien – il en était hors de question. Il n’était même pas certain que ces ressentis soient réels, concrets. Il dut se retenir d’étendre son Essence vers celle de leur cadette. Remué. Sans savoir ce que renfermait cette femme-enfant discrète et prudente, il plaqua brièvement sur son visage celui d’une autre. Celle dont il n’avait pas encore pris le temps de pleurer le départ. L’abandon. Et Vinzent, qui ne savait pas encore. Il humecta ses lèvres rendues sèches, et pivota pleinement dans la direction de l’apparition. Sa beauté, réelle, le heurta surtout de par la finesse de ses traits elfiques, esquissés de la pointe d’un pinceau dépourvu de la moindre vulgarité. Le sourire qu’elle lui offrit, il ne put y répondre. Il contenait un bouquet de promesses toutes plus absurdes les unes que les autres. Je ne te connais pas. Il ignorait ce qu’elle faisait là. Il ignorait quel statut était le sien dans cette demeure gigantesque. Mais il ne décela pas la plus petite once de malveillance en elle, sans avoir pour autant à analyser froidement son aura. Il l’aurait contemplée encore longtemps, si une menotte hâlée ne s’était pas tendue vers lui.

Alors, il revint parmi les vivants, battit des paupières, et transforma sa stupéfaction muette en un haussement de sourcil trahissant une pointe de curiosité amusée. Son regard fila chercher celui de Vinzent en vain, avant de se reposer sur le faciès juvénile. Depuis quand lui serrait-on la main ? Depuis quand s’adressait-on à lui avec tant de déférence ? Il manqua de céder à l’hilarité et, l’espace d’une seconde, envisagea presque de lui rendre un baise-main désuet. Il s’en empêcha heureusement à temps. La mettre mal à l’aise ne l’aurait aucunement satisfait. Pas comme ça. Pas maintenant. L’instant, précieux sans qu’il ne comprenne encore à quel point, ne s’y prêtait guère. C’est pourquoi il s’empara sagement de ses phalanges, les enfermant sans douleur au creux de sa large paume, éreintée de quelques cals. « Eoghan, oui. » Son accent du Sud répondit à celui, bel et bien étranger, de sa vis-à-vis décidemment fort courtoise. Une vis-à-vis qui n’eut même pas à se faire supplier pour lui offrir son nom.

Lilas.
Cette fois, la commissure de ses lèvres s’étira.
Lilas.
Aérienne.

Il la relâcha, éprouvant une demi-seconde de trop la texture de sa main, de son pouce marquant le grain satiné. La langue du rouge s’attardant pour mieux s’en aller à regret, comme l’écume s’évapore lentement contre la pierre sur laquelle elle s’est échouée. Inexorablement, disparue. Mais le sel et l’iode, eux, restent.
Il attendait désormais avec un intérêt grandissant la réponse de son ami, la fin d’une phrase laissée en suspens.

« Ma disciple. »

L’ironie mordante lui apparut comme cruelle, et logique à la fois. Une roue sans cesse en mouvement, une balance dont ils formaient, Henkermann et lui, les deux pendants. Havenford était partie, le laissant maître sans outre à modeler ; mais pas sans disciple. Morgane était là. Et pourtant, les nuances lui apparurent aussitôt comme primordiales, frappantes. La bascule, visible. Tandis qu’un peu de regret assombrissait ses pensées, sa joie profonde, elle, était bien présente. Comme si la réponse avait été évidente. Tout en ignorant encore quel tempérament habitait la jeune femme, ses simples contours le rassurèrent, et il devina immédiatement tout le potentiel que devait renfermer cette âme pure. Une joie, oui. Un cadeau des cieux.

Le sorcier s’éloigna d’elle, non sans la gratifier d’un dernier coup d’œil, et s’empara du verre offert, avant de se laisser tomber au creux d’un sofa, face à l’apprentie. Il trempa les lèvres dans l’alcool, et le céruléen s’ancra aux teintes miroirs, se fichèrent sans hargne ni vice dans les prunelles de Lilas. Il l’étudiait, sans perdre une miette du discours du maître des lieux. L’harmonie qui emplissait la pièce, pour lui, aurait eu de quoi dissiper le moindre écho perturbateur. Respectant les temps morts et les silences du conteur, il ne consentait à baisser les yeux que pour observer l’ambre liquide tanguer, l’un des chiens remuer ou se rallonger, étrangement conscient de la moindre fluctuation, sensible, électrique et demeurant pourtant dans un état de calme agréable. Un mot parvint, comme on pouvait s’y attendre, à perturber ce tableau paisible. Mariage. Il redressa la tête vers lui, sans pousser « des cris d’orfraie », mais encaissant bel et bien le secret dévoilé avec choc. Ses lèvres s’entrouvrirent, et il dévisagea tour à tour les deux « époux », un milliard de questions se bousculant aux portes de sa caboche déjà trop pleine. Plutôt que de crier à la trahison, il referma la bouche, inclina du chef et leva son verre dont il descendit le reste du contenu d’une seule traite, se brûlant agréablement la gorge. Le socle translucide cloqua délicatement contre la table basse, tandis que sa langue claquait contre son palais pour mieux ponctuer : « Fair enough. »

Un rire d’un seul hoquet lui échappa, tandis que la pointe d’une canine s’enfonçait dans l’inférieure, toisant Vinzent avec amitié. « J’me sens moins seul à révéler des dossiers secrets défense sur le tard, tout d’un coup. Ce s’rait pas chouette de ma part de gueuler. On est quittes. » Vinzent Henkermann. Marié. À cette fille de Zéphyr. Hébété par la nouvelle, il lui faudrait un bon moment pour admettre cette nouvelle vérité, pour l’ajouter au paysage de son quotidien. Vinzent. Marié. Uni par les liens les plus indéfectibles qui soient. « Même si… Putain. » Il frotta sa mâchoire, pensif, toujours tour à tour attiré par l’un, puis par l’autre. Il finit par les pointer du doigt, cherchant à comprendre : « Donc… Vous serez liés comme ça… pour toute la vie ? Qu’est-ce que ça sous-entend… porter la marquer de l’autre ? Puis d’ailleurs à l’heure actuelle, est-ce que vous êtes… encore… Vous avez pas repris ou… ? » Il n’acheva pas, ne trouvant aucune formule élégante pour poser la question existentielle. Il chercha de lui-même à grappiller quelques indices. Si aucune haine ni inimitié ne paraissait évidemment les séparer, les choses semblaient moins fluides que ce à quoi il s’attendait. Sans aller jusqu’à la manifestation de gestes affectueux, d’un sème trahissant leur attachement réciproque, il se demanda si sa présence était responsable de la manifeste distance qui, à minima, lui apparut comme perturbante. Peut-être que le récit plat et dénué d’affect de son frère le mettait sur une fausse piste.

Lilas reprit la première place de son champ de vision. Son sourire se faisait désormais plus nuancé. En quelques instants, elle venait d’obtenir un statut se substituant au premier, apparu seulement quelques minutes plus tôt. Même si ses sentiments demeuraient encore confus, brouillons à son égard, les révélations de Vinzent  avaient au moins eu pour mérite de l’encercler d’un premier cadre rassurant. Il s’adressa à elle, la désignant du menton avec une certaine malice : « Bienvenue à Shreveport, dans c’cas. On s’croisera souvent. Ces derniers temps, j’ai comme… déserté un peu le coin. Mais j’compte bien revenir un peu plus dans les parages. »

Il se radossa plus confortablement, et ne résista pas à l’envie de l’interroger directement, cette fois : « Quatre ans sans pratique, c’n’est pas rien. Tu as dû perdre, pendant tout ce temps. Et avec un modèle pareil… » Il désigna vaguement le mentor susnommé. « Les leçons vont être… intéressantes, je suppose. » Lentement, il reprenait son sérieux et, confiant en la tolérance de l’arcaniste sur ses questions intrusives, se fit un tantinet plus dur, lorsqu’il articula sans détour : « Et toi, alors ? Qu’est-ce qui te rend donc si intéressante à ses yeux ? »

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Louisiana Burning

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Anonymous
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Jeu 6 Mai - 0:27 (#)

I CAN'T REMEMBER
HOW THIS GOT STARTED
And oh my congregation, do you think that we will forget?
Away with your redemption, for I don't know how to forgive.
Instantanément perçue, l'alchimie opère chez mon frère comme elle a opéré chez moi, dans une bulle temporelle qui me semble à des éons de l'instant présent. En moi-même, je souris, amusé, et pas peu fier d'avoir provoqué cette réaction que le regard ne suffit pas à décrypter. Aussitôt pourtant, je sens comme une goutte acide perler à la surface de ce fruit délicieux, croqué sans malice pourtant. Un ver impalpable. Femme-trophée. Froissement des traits. Je chasse la pensée malvenue, incriminante.

Le cheminement se poursuit et finalement, le Louisianais prend assez bien les choses. Ce n'est pas comme s'il avait eu le choix, évidemment, mais reste que le voir accepter la situation aussi facilement est un soulagement, d'une certaine façon. Un pas de plus vers une harmonie à laquelle j'ai toujours aspiré, et que je conçois toujours mieux quand il est présent. L'air ambiant se charge de quelque chose de neuf, un esprit de cohésion flotte déjà entre les trois âmes réunies aux prémices d'un futur que j'espère fécond et bénéfique à tous. Cette scène n'est pas sans me rappeler les premières heures de mon assimilation à la famille de mon ami norvégien, plus vu depuis longtemps maintenant ; un lien dont la chaleur me manque, et dont je pourrais peut-être retrouver ici un peu de l'inégalable confort, en recréant un autre cercle. Le mien. Le nôtre.
Pas la plus modeste de mes ambitions.

Fatalement les premières questions arrivent, et bien que je m'y sois attendu, je ne les prends pas à la légère. Quoique souhaitée, l'osmose ne peut se faire au prix d'une certaine précaution. Par ailleurs, le sujet, malgré tout, reste difficile à l'heure actuelle. Mes jambes se croisent, cheville sur le genou. Je consulte Lilas du regard et d'un retour muet, elle m'autorise à commencer, chose que je devine lui être plutôt un soulagement qu'une concession.

« Comme tu t'en doutes il ne s'agit pas d'une union comme on en consacre habituellement. Il s'est agi d'un rituel, dont un changement profond dans nos deux essences est le résultat. Normalement je n'en parle pas, Lilas a accepté de faire de même. Ce rituel m'est venu par voie familiale, je pense que tu comprendras sans mal que je n'en discute pas les subtilités. »

Eoghan, comme moi, est légataire d'une tradition opaque, comme tout sorcier - voire, comme tout arcaniste, selon les lois tacites de notre monde. Bien qu'il soit aisé de trouver des correspondances et parfois même, des usages identiques dans la pratique d'autres tisseurs de magie, chacun est tenu au secret quant aux trouvailles de ses aînés, la circulation des savoirs d'une lignée à une autre étant surtout le fruit des mariages et des chasses aux trésors menées par les uns et les autres. Je n'ai jamais interrogé Eoghan sur les détails de son art ancestral, conscient tout comme lui qu'à moins de conclure un pacte peu courant, ce type de transmission n'est réservé qu'aux disciples et à la progéniture. Apprendre ensemble et échanger des idées au présent ne nous a jamais empêchés de respecter cette tradition qu'on dit plusieurs fois millénaire.

« Ce que j'entendais par "marque" est assez simple en apparence, en ce que notre… mélange essentiel est visible par qui maîtrise le don de double vue, de perception de l'aura. Dans celle de Lilas se reflète la mienne, et réciproquement. Je ne suis pas aussi à l'aise que d'autres avec cela et je pense que ma place de concerné m'empêche de considérer cette vision objectivement, je suppose que d'autres discernent cela différemment, il est même assez probable que cela apparaisse différemment selon l'observateur. Pour ce qui est de l'impact concret, eh bien… »

Je cherche une seconde comment résumer les choses, mes yeux s'évadant vers un point extérieur à notre triangle comme pour y chercher les mots justes.

« Nous n'avons pas la certitude d'en avoir attesté les limites. Mais en tout cas notre sensibilité à la magie de l'autre est exacerbée, il est plus facile pour Lilas de comprendre les intentions de ma magie, comme il m'est plus aisé de saisir les comportements de la sienne. Nous sommes aussi plus sensibles à la présence de l'autre, nous pouvons avoir une intuition de sa proximité et de réactions imminentes. Ce genre de choses. Il y a une part de moi en Lilas qui me permet, puisque ma magie est à tendance somatique, de sentir quel est son état physique et physiologique par exemple. Et je suis un livre ouvert pour elle, elle t'expliquera ce que cela recouvre si elle le souhaite. »

Une gorgée d'ambre vient ponctuer mes explications et, à vrai dire, donner un peu d'élan à la suite, moins facilement abordable encore. Si le début était surtout rendu ardu par sa complexité "technique", on entrait désormais dans des problématiques d'ordre émotionnel auxquelles je peinais encore à trouver une fin.

« Pour le reste, les choses sont comme je les ai dites. Nous nous sommes séparés il y a trois ans. Et Lilas est ma disciple. Il y a donc beaucoup de choses sur lesquelles nous devons travailler, et sur lesquelles à ce jour je ne m'avance pas. »

Je ne voulais pas sonner plus durement que nécessaire, ce disant, car il m'importait de signifier qu'il y avait là une ligne, sur le vaste terrain de cette discussion, que je préférais qu'on ne franchisse pas pour l'heure, mais pas pour autant affecter une agressivité qui n'était nullement dans mes intentions. Malgré tout, je ne voyais pas bien comment formuler cela sans entrer dans des détails d'ordre privé qui, d'une part, risqueraient de mettre Lilas mal à l'aise en compagnie de quelqu'un qu'elle ne connaissait pas encore, et d'autre part, ne me paraissaient pas absolument nécessaires à la compréhension.

Levant légèrement mon verre en direction de la jeune femme pour lui intimer que la parole lui est donnée, je fais silence à mon tour.

« Je t'en prie. »

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Lilas Hirsch
Lilas Hirsch
"THE BOOTY" : la plus belle paire de France et de Navarre.
☽ YOU LEFT ME IN THE DARK ☾

"She was poetry in a world that was still learning the alphabet."


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En un mot : Wild thoughts
Qui es-tu ? : ☽ Outre. Pouvoir qu'elle ne peut nier, l'amenant sans cesse à visualiser le monde sous un prisme différent de celui du commun des mortels. Agression visuelle, physique, sonore, olfactive, constante, d'une magie qu'elle voit en tant qu'entité propre.
☽ Artiste. Pour exprimer ses visions, elle s'acharne à peindre, sculpter, dessiner, ce monde qui l'entoure et qu'elle ne peut expliquer oralement.
☽ Née en France, en Alsace précisément, enfant non-désirée, d'une relation adultère. Ce sont ses grands-parents qui l'élève et son grand-père qui la forme.
☽ Elle déménage aux USA dans le but de retrouver cette mère qui l'a abandonnée, pour apprendre qu'elle est décédée, préférant ne pas se battre contre un cancer qui finira par avoir raison d'elle.
☽ Elle atterrit à Los Angeles presque par hasard, en suivant son compagnon de l'époque. Elle y rencontrera Vinzent, qui changera sa vie.
☽ Un début d'apprentissage arcanique inachevé au côté de celui qui deviendra son ami, son amant, son amour. Un rituel magique lie leurs âmes peu de temps après le décès de Léonard, le mentor de Lilas.
☽ Elle se laissera malmener pendant des années par un homme néfaste avant de finalement tout quitter pour rejoindre la Louisiane dans l'espoir d'y retrouver sa demi-soeur et peut-être Vinzent.
☽ Elle passe 2 ans dans un camp regroupant des femmes CESS avant de rejoindre finalement Shreveport, où elle retrouvera sa demi-soeur, Hannah Miller, et l'autre moitié de son âme, Vinzent Henkermann.

☽ NO DAWN, NO DAY ☾

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"your name i spoke many times
alone in the darkness in the night"

Facultés : ☽ Clairvoyance : Lilas a un niveau de sensibilité aux flux magiques qui lui permet de lire sous la surface des choses qui composent le réel. Cela se traduit par toutes sortes de stimuli cognitifs ou physiques. Son don est passif, elle vit avec un second filtre de vision constant.

☽ Psychométrie : En touchant un objet, qu’il soit magique ou non, Lilas peut en voir l’histoire, a qui il a appartenu, ce à quoi il a servi, tout ce qu’il s’est passé à son contact. La capacité n’est pas maîtrisée.
Thème : Cosmic Love - Florence + The Machine
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I'm always in this twilight


I can't remember how this got started • Vinzent & Lilas P7xF5iI I can't remember how this got started • Vinzent & Lilas HYHmQYL I can't remember how this got started • Vinzent & Lilas 8RKyX42

"and prayed a thousand prayers
and my many dreams were of you"

Pseudo : Akhmaleone
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Dim 9 Mai - 2:37 (#)






I CAN'T REMEMBER HOW THIS GOT STARTED




La pièce est tellement saturée de magie que je m’y perds. L’Écarlate s’étale partout, que ce soit celle qui s’échappe en vague paresseuse de Vinzent, ou celle qui imprègne chacune des fibres du manoir, du plus petit brin de fil tissant les tapis persans aux nœuds qui courent dans le bois des murs. L’essence d’Eoghan, d’une teinte carmine différente, s’étire et s’étale dans la pièce comme un chat explorant son domaine, confiante et en terrain connu. Le mauve de ma propre essence me semble soudain plus vif, entouré de ces puissantes compagnes. Les pulsations du Rouge attirent mon regard, curieux, sur Eoghan. Son essence a réagi à ma présence sans que je ne sache trop pourquoi, incapable de déceler dans ses ondulations ce que j’ai pu faire pour lui plaire ou déplaire.

La peau qui enserre la mienne est chaude, rassurante si elle avait appartenu à une présence connue. Le genre de main qu’on aime tenir dans le noir quand les bruits de la nuit se font effrayants, quand l’inconnu devient soudainement trop grand pour être acceptable, quand la tristesse se fait trop forte pour être portée seule. Le sourire qu’il me rend ne fait qu’agrandir le mien quand je décèle dans ses prunelles, d’abord étonnée, un petit je-ne-sais quoi de taquin qui me laisse deviner que j’ai face à moi un homme plus léger que ce à quoi je m’attendais. L’accent du Sud, lourd sur sa langue, chante à mes oreilles alors que son pouce effleure ma peau avant de me rendre ma main. J’en agite légèrement les doigts, chassant la sensation étrange qu’a créé son derme contre le mien, chaleur vive qui semble s’insérer jusque dans le flux de mes veines, venant résonner sourdement contre ma chair. Nouveau. D’un coup d’œil discret, j’observe ma main sur laquelle s’attarde le rouge qui le caractérise et effleure du bout de l’index une marque visible de mes yeux seuls. Soudainement bien plus curieuse de l’homme qui prend place dans un des fauteuils confortables du salon, je m’empresse de m’asseoir à mon tour.

La réponse de Vinzent étire mes lèvres encore davantage, dévoilant légèrement mes dents avant que je ne baisse la tête. Idiote. Je ne devrais pas prendre autant à cœur le fait qu’il me nomme ainsi. Dans les faits, c’est ce que je suis, sa disciple. Son apprentie. Rien de plus qu’un réservoir dans lequel déverser son savoir, qu’un terreau qu’il arrose de ses connaissances de l’espoir de voir fleurir de nouveau talent. Rien de moins non plus, je sais à quel point le titre importe pour lui, à quel point l’enseignement n’est pas rien à ses yeux. J’attrape d’une main légère le verre qui m’est tendu et m’empresse d’avaler une gorgée de courage liquide, dans l’espoir de défaire les nœuds de stress qui crispent mon dos. Je me morigène intérieurement, me rappelant qu’il ne s’agit ni d’un concours, ni d’une évaluation, je ne fais que rencontrer un ami de Vinzent, une personne que je serai amené à croiser régulièrement dans ces murs. J’écoute avec attention Vinzent raconter notre histoire, assise au bord du fauteuil, la tête légèrement penchée en avant, comme toujours, quand il parle. Il a ce quelque chose dans la voix qui force l’attention. Peut-être n’est-ce que moi, peut-être suis-je la seule à entendre cette sommation à l’écoute, qui enduit chacun de ses mots. Mais Eoghan écoute avec la même attention, bien que son regard ne me quitte pas, croisant régulièrement le vert de mes prunelles, et je me perds dans mes souvenirs. Non, effectivement, les chances que je rencontre le sorcier étaient minces. Plus que ça, quasi-inexistantes. Les images de la maison de Santa Monica, siège de la période la plus gai de mon existence, défilent devant mes yeux comme des polaroïds vieilli, teinté d’une ombre sépia, qui signa la fin de notre relation, avec son départ et mon refus de le suivre. Je détourne légèrement la tête, surprise qu’il n’évoque pas mon abandon, mon refus de quitter la Californie, lame qui pourtant, trancha sèchement les liens qui nous unissait à l’époque. Mes prunelles croisent les siennes quelques secondes quand il me jette un regard et je tente de me forger un air neutre, persuadée qu’il lit quand même sur mes traits la surprise mêlée de la culpabilité qui accompagne chaque évocation de ce souvenir, douloureux s’il en est.


L’évocation du rituel de hiérogamie est bien la première chose faisant naître une expression pleinement naturelle sur le visage d’Eoghan, et je retiens un rire, le camouflant en un petit reniflement, mon visage se détournant, caché par la soie de mes cheveux. Avec sa bouche entrouverte et son regard faisant le yo-yo entre mon Arcaniste et moi, il a l’air tellement perdu que je ne voudrais pas qu’il soit vexé par ma réaction. J’accepte son levé de verre d’un hochement de tête entendu, et descends à mon tour une grande gorgée de liquide. Si la surprise d’Eoghan m’a fait rire, elle n’efface pas la mienne. Je ne m’attendais pas à ce que Vinzent évoque le rituel, à ce qu’il parle de ce qui nous lie plus intrinsèquement l’un à l’autre qu’à tout autre. Du regard, je cherche le mauve dans l’Écarlate, trouvant dans la marée rouge les traces de mon essence, filaments pâles qui errent au sein du velours sombre. Son rire me fait de nouveau tourner la tête vers Eoghan et un sourire étire mes lèvres devant son expression. Quand les questions fusent, Vinzent s’installe plus confortablement dans son fauteuil, mon attention se reportant sur lui dès qu’il commence à se mouvoir, et nos regards se croisent. Question muette à laquelle je réponds d’un petit geste du menton. Vas-y, toi, tu es plus apte à répondre. La surprise ne fait que grandir quand il explique dans les grandes lignes le rituel qui nous lie, je le fixe, un peu hébété, prenant par la présente la mesure de la confiance qu’il accorde au sorcier qui siège face à moi. Mon regard se déporte de nouveau sur Eoghan, observant avec une plus grande attention son essence, notant les traînées plus sombre qui la strie, les mouvements qui l’agitent, cherchant à comprendre ce qu’il a de particulier pour s’être attiré les faveurs de Vinzent. Rien de neuf ne s’échappe de ce que j’observe, rien d’autre que la douce chaleur que je ressens depuis que je me suis approchée de lui. Quand il m’observe à son tour, je ne lâche pas son regard, observant ses traits, la forme de ses yeux, la teinte de bleu vibrante de ses prunelles, la longueur de ses cils.

Un sourire tendre étire mes lèvres quand Vinzent parle de ce que le rituel offre comme possibilité, et je détourne les yeux pour observer l’Écarlate qui s’étale paisiblement, heureuse de le voir dans son élément. La grimace qui étire discrètement mes lèvres à l’évocation de notre situation actuelle n’est pas suffisante pour perturber l’ambiance de la pièce et je me reprends bien vite, avalant d’une gorgée la fin de mon verre que je pose près de celui d’Eoghan, avant de croiser sagement les mains sur mes genoux, mes yeux baissés observant mes phalanges entrelacées en silence. Je gratte, de bout de l’ongle, une tache d’encre qui n’est pas partie lors de mon bain. Non, la situation est effectivement au même stade qu’il y a trois ans, sur ce point-là. J’ai récupéré un maître, mais pas l’homme à laquelle mon âme est liée. J’inspire profondément, calmant l’émotion toujours brute qui m’anime à cette idée. Je range tout ça dans une boite que je ferme avant de redresser la tête avec un petit sourire quand Vinzent s’adresse à moi. « Merci, pour les explications, tu as fait ça bien mieux que tout ce que j’aurais pu faire. » Un petit rire m’échappe et je n’ai pas vraiment le temps d’enchaîner qu’Eoghan s’adresse à moi, mon regard se déporte d’un arcaniste à l’autre et je souris largement. « Avec plaisir, j’ai dans l’idée que tu dois offrir des conversations intéressantes toi aussi. » Je ricane légèrement avant de reprendre mon sérieux pour lui répondre. « Oui, j’ai pas mal perdu, même si j’ai passé quelques temps auprès d’un groupe de femmes mêlant arcanistes et chamanes, mais tu le connais… » J’indique Vinzent d’un hochement de tête. « Il est assez… Intransigeant. Ça devrait revenir rapidement. » Je jette un regard vers Vinzent, cherchant son approbation, une fois de plus.

Presque malgré moi, mon dos se redresse quand il me demande ce qui peut bien me rendre intéressante aux yeux de Vinzent et je prends le temps de la réflexion, mon ongle de pouce venant naturellement trouver celui de mon majeur dans un cliquetis régulier. Qu’ai-je donc d’intéressant pour Vinzent ? Je me doute bien que la question ne concerne en rien notre relation personnelle. Mes dons, très certainement. Le fait que je sois déjà bien formée à leur utilisation. Les multiples possibilités d’évolution qu’ils offrent. Je hausse légèrement les épaules, remettant mes cheveux derrière mon oreille avant d’ouvrir la bouche. « Eh bien… Mes dons, je suppose. » Je tourne légèrement la tête vers Vinzent avec un sourire, avant de me tourner à nouveau vers Eoghan. « Je suis clairvoyante. » Je hausse les épaules et inspire profondément. « Mon don est assez simple à expliquer, mais complexe à comprendre… Je perçois les essences, les flux de magie, les fils qui tiennent le monde dans lequel nous évoluons. » D’un geste de la main, j’englobe la pièce. « La scène qui se déroule en ce moment, j’en ai une vision profondément différente que celle de Vinzent par exemple. Si ça peut te donner une idée plus claire, ça pourrait s’apparenter à une vision des auras, mais bien plus poussés que ce dont sont capable la plupart des outres. Je vois plus profondément disons. » Je lâche un rire et frotte ma nuque. « « J’ai jamais trop su expliquer mon don, ne nous mentons pas. » Je me mords la lèvre inférieure. « J’ai également la capacité de lire le passé des objets quand je les tiens. C’est encore un peu bancal pour le moment, mais j’y travaille. Le don s’est déclaré quelques temps après ma séparation d’avec Vinzent, je n’ai donc pas eu l’occasion de le travailler avec lui. »

Je souris plus largement quand j’évoque les raisons de mon apprentissage. « Quant à ce qui m’arroge le titre de disciple, je suis selon Vinzent un puits sans fond de possibilité en termes d’évolution, mon don selon ce que je décide d’en faire pourrait me permettre de me diriger vers un nombre de branche arcanique assez impressionnant. » Je me redresse un peu, assez fière des possibilités qu’il voit en moi. « Mais pour retourner sur mes dons, pour la faire courte, je vois, sens, entends, perçois des choses qui ne sont pas perceptibles par les autres. Actuellement, je visualise parfaitement l’essence de Vinzent, et la tienne aussi d’ailleurs. » Que je m’empresserais de peindre quand tu seras parti. Sans lui laisser le temps de rebondir sur ce que je viens de dire, je me doute qu’il le fera que je le questionne à mon tour ou non, j’enchaîne. « Et toi alors, qu’est-ce qui t’attire les faveurs de Vinzent ? On sait tous les deux qu’il n’aime pas grand monde… » Je jette un regard à Vinzent avec un sourire d’excuse, consciente qu’il s’agit de la première fois que j’ose le taquiner, même légèrement, depuis nos retrouvailles pour le moins mouvementées, avant de reposer à nouveau les yeux sur Eoghan dans l'attente de sa réponse.




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ADMIN ۰ Se faire péter la vitrine : bien plus qu'un métier, une passion. Featuring : Dramaking
Eoghan Underwood
Eoghan Underwood
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⛤ SMALLTOWN BOY ⛤

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"This is not the right way."

En un mot : Sorcier venimeux ondulé de la toiture. Gosse du bayou.
Qui es-tu ? :
"Let it spread like a disease."

⛤ Maître des arcanes, sorcier à l'essence écarlate. 37 ans de vice (et râles) et de chair corrompue. Manipulateur d'hormones, télépathe patenté.
⛤ Second, bras droit de Circé van derr Ven dans la secte de l'Irae. S'y démarque pour sa loyauté ciselée par les griffes de Morgan Leroy (missing). Mais les failles perlent.
⛤ Incube de Louisiane ; fils de ces terres marécageuses, du bayou poisseux et des routes cahoteuses. Né à Bâton-Rouge, n'a connu que Shreveport et les frontières de son État.
⛤ Né seul homme dans la famille des sorcières irlandaises Mulligan. Privé de père (tué) par la harpie noire : élevé par Sylia Mulligan, descendant du Rouge de sa grand-mère Julianna.
⛤ Cauchemar des femmes ; nourrit sa magie (Rougeoyante) des hormones sexuelles de ses partenaires, ainsi que des émotions primaires.
⛤ Traître à ses passions, criminel et meurtrier de Johanna Andros (missing). Pourfendeur d'amitiés, éternel débiteur, clébard soumis à ses attaches.
⛤ Ne vit que pour les Mardi-Gras de New Orleans ; caresse le rêve de s'y installer un jour dans son propre "shotgun", malgré le fantôme de Katrina.
⛤ Mystique, déchiré entre deux hommes : partagé entre le sorcier et l'humain, entre la sagesse et une ire destructrice. Le latin s'efface sans mal sous l'accent du Sud, coriace sous sa langue.
⛤ Commerçant du Downtown (Crawling life), antre de ses serpents vénérés, lézards et autres reptiles, dont il cède les corps, les soins et les cages de verre.
⛤ Pratique à l'arrière de sa boutique, dans un laboratoire farouchement défendu et protégé par les runes. Recèle secrets et savoirs, expérimentations douteuses et dangereuses.
⛤ Mauvais mentor. L'une de ses apprenties en a subi les conséquences. Guide de Morgane Wuntherson et d'Halina Meyer. Meilleur ami indigne de Vinzent Henkermann et cousin de Shannon Mulligan.
⛤ Pacte tissé avec Scox : Prince démon s'étant dissimulé derrière les brumes de Baal. Immortalité odieusement acquise, âme vouée à obéir et marcher aux côtés des Antiques.
38 ans d'âge réel ; 36 ans d'apparence.

⛤ ENAE VOLARE MEZZO ⛤

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"I put a spell on you."

Facultés : ⛤ La Rougeoyante s'infiltre dans les corps et y bouleverse les hormones ; flèche apollonide : distille poison, fléau, mort, mais aussi fièvre rouge saphique. Chaos total.
⛤ Télépathe raisonnable : ne s'infiltre de préférence que dans les esprits des humains misérables. Capable de communiquer en pensée avec quiconque lui ouvre les grilles de son esprit. Savant fou ; capable désormais de connecter sa psyché aux êtres muets, cobras et crotales comme cobayes, corbeaux et autres créatures rampantes.
⛤ Herboriste né, sa maîtrise des potions n'a d'égale que celle de son mentor maternel. Capable d'élaborer des philtres complexes ; créateur infatigable de breuvages en tous genres.
⛤ La Rougeoyante se défend et protège son hôte plus férocement qu'elle n'attaque : limitée par la nécessité d'un contact physique. Sorcier doué au corps-à-corps, secondé par son aisance au maniement d'athamés et autres lames rituelles.
⛤ Chercheur d'artefacts, quémandé des Longue-Vies : détisseur de leurs malédictions et autres mauvais sorts.
Thème : The Way ⛤ Zack Hemsey.
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⛤ VENGEANCE ⛤

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"Before I die alone."

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Mar 11 Mai - 5:01 (#)


What do we do now?
Devant la masse d’informations à ingérer, il se fit discret, humble et prudent. Il ne tenait pas à passer à côté d’un détail révélé. Il comprenait trop bien – sans toutefois s’expliquer comment – l’intimité dévoilée d’une telle « opération », rendue possible par une alchimie probablement égale, du moins en puissance, à ce qui le reliait à Vinzent. Il respectait cela. Il regrettait presque de les voir s’échiner à lui délivrer un récit destiné à lui rendre plus palpable, plus compréhensible ce lien sacré. Il s’en voulut presque, l’espace d’un instant, tout en sachant pertinemment qu’il n’avait offensé ni l’un, ni l’autre. De tels prodiges ne pouvaient faire l’objet d’une présentation exhaustive et parfaitement fidèle à la réalité. Ou, en l’occurrence, à cette forme d’intangible. Pas plus qu’il ne se sentait capable de résumer à quiconque le sel de ses amitiés étroites, le pourquoi du comment de sa présence, si surprenante, dans un tel manoir. Il n’était pas voué à fouler le sol de telles demeures. Pourtant, les astres, les dieux, le destin ou le hasard le lui avaient permis. Et tandis que Vinzent parlait, il se fit la remarque de la chance qui était la sienne, et du plaisir que lui procurait cette écoute, ce moment. Un instant de chaleur bienvenu, chassant les fantômes, les résidus d’angoisses, la poussière de la haine et de la rancœur. La paix éprouvée sous ce toit, dans ce sanctuaire, il ne la retrouvait nulle part ailleurs, hormis peut-être au cœur des marais. Il regardait son jumeau avec une intensité guère inquiétante, éprouvant avec délice le sentiment d’une connexion immortelle, le prémunissant de toute réelle solitude, de tout risque de se voir réellement incompris. Vinzent. Vinzent serait toujours là. Même si un océan devait les séparer, même si leurs clans en venaient à s’opposer. Cela non plus, ça ne s’expliquait pas. Et toujours, toujours cette impression de vivre, de se tenir exactement là où il devait l’être, lorsque le maître de l’Écarlate se tenait ainsi, à la fois concentré et détendu, élégant et apte à la confidence. Il bénit cette soirée, déjà en confiance auprès de la dénommée Lilas, qui ne pouvait représenter le moindre danger. Elle ne dégageait rien de rebutant, et ce premier contact avec son Essence le remuait encore, l’incitant à ne pas se fermer à elle, au contraire. À son tour, elle prit la parole, et il put profiter cette fois du grain de sa voix, de ses hésitations touchantes, révélatrices de la fragilité qui émanait d’elle. Si cela ne changeait en rien le potentiel qu’elle paraissait détenir, sa première idée, toutefois, était déjà faite. Sa nervosité attisait quelque chose en lui et, sans s’en rendre compte, il s’était enfoncé au creux du cuir confortable depuis plusieurs minutes en adoptant exactement la même posture que Vinzent, croisant les jambes à son image sans plus cesser de contempler le visage lunaire, enfantin, de la petite Outre qui avait encore fort à faire et à apprendre sur le chemin des arcanes. Il sourit lorsqu’elle l’y invitait, puis réfléchissait à toute vitesse, tâchant de dresser le tableau le meilleur, dans de telles circonstances et encore prématurément, de cet étrange duo.

Sollicité, la dernière de ses questions le laissa silencieux, et il tourna la tête vers le sorcier près de lui. Une seconde de trop. Le temps de déposer, entre eux deux, quelques remerciements muets qu’il n’aurait su formuler autrement, pas même via une impulsion télépathique. Cet asile, cette place qu’il lui réservait dans son antre, il ne la prenait jamais pour acquise. Moins encore lorsqu’il s’agissait d’exposer son flanc, une potentielle faiblesse en dévoilant l’existence d’une tierce. Ainsi que les ambitions qui allaient avec. Par pudeur, il se détacha de lui pour en revenir à Lilas, n’osant regarder Vinzent pour répondre. « Tu devrais lui poser directement la question. Honnêtement, je me l’demande depuis le premier jour. Mais tu as raison, il n’aime pas grand-monde. » Une pique inoffensive, sûrement destinée à masquer la gêne, la délibération réelle qu’il devait effectuer pour ne pas s’égarer, se tromper. Il n’aurait pas supporté d’offrir une réponse bâclée et maladroite. Il se mordit à peine la lèvre inférieure, prit une inspiration et poursuivit, plus sérieux : « Nous nous comprenons. C’est même bien au-delà de ça. Il y a cette… ce lien, qui s’est construit… naturellement. Je ne pourrais pas être plus différent que lui, en l’état. Je n’ai… Je ne suis pas riche. Je suis né ici. Je suis… clairement plus déséquilibré, moins instruit, que lui. Beaucoup de nos croyances divergent. » Il déglutit, décroisa lentement les jambes pour se pencher de nouveau vers elle, puis baissa les yeux vers un pan de tapis. Ses phalanges se tordirent. Pas nerveusement, mais avec une méticulosité trahissant son embarras et l’étonnante timidité qui l’envahit sans crier gare. Une bouffée de chaleur, comme née de sa magie ronronnante et sereine auprès de sa comparse voisine, manqua de l’empêcher de reprendre. Comme lorsque l’Éveillé en lui prenait le dessus, son accent se fit plus réservé, et sa langue plus déférente : « Pourtant, chaque fois que nous sommes ensemble, je… je sais. Il a bien plus de foi en nous que moi. Il me l’a témoigné à de nombreuses reprises, et je ne suis pas certain d’en être toujours digne, en vérité. » Il fronça les sourcils, ne songeant qu’à l’année passée. « Il a mis de côté tout ce qui aurait dû le prévenir du pire, me concernant. Il a toujours demandé, écouté et reçu mon opinion quel que soit le sujet, et nous en avons longuement débattu, parfois, dans cette pièce. »

Qu’est-ce qui m’attire tes faveurs ?

Il battit des paupières deux fois, légèrement fébrile, avant de laisser glisser ses orbes vers l’homme qu’il n’égalerait jamais. Qu’il admirerait toujours. Sans envie, heureux de se trouver à sa place pour mieux accueillir la sienne. Il ne s’attendait pas à ce qu’une telle gravité vienne subitement s’installer dans cette chaleureuse réunion, et il en conçut aussitôt du remords, craignant par-dessus tout d’alourdir l’atmosphère. Avec la terrible sensation de se montrer vulnérable comme rarement, il sourit à ce cadet bien plus sage, bien plus grand. Il voulut lui dire, et peut-être l’aurait-il fait si Lilas n’avait pas été près d’eux, à quel point le souvenir de sa déchéance cramponnée au grand portail le hantait encore. Il se sentit ridiculement atteint, rendu plus bancal par ces derniers jours éprouvants. Il perdit courage et retrouva plutôt les prunelles de la jeune femme. « J’ai eu la chance de trouver un écho en lui. Comme il a peut-être pu trouver le sien, en moi. » Il y aurait eu tant à dire. En privé, ou non. Cependant, il ne tenait pas à monopoliser la conversation. Et il n’était pas assez ivre pour se livrer aux déclarations les plus osées. Il préféra conclure donc, affable : « Tu as beaucoup de chance de l’avoir pour mentor. » Quant à son don à elle, il y avait largement de quoi en exploiter toutes les mailles, ce pour mieux tisser une compréhension du monde, des énergies et des essences dépassant de loin ce que lui-même pouvait en concevoir. Il n’était en effet pas sûr d’avoir saisi toutes les nuances concédées lors de ce modeste exposé, mais il croyait en avoir capté l’essentiel. Suffisamment, en tout cas, pour prendre la mesure de l’enthousiasme que devait susciter la reprise d’un apprentissage. En parallèle, une étincelle tardait à s’éteindre, lorsqu’il ressassait les capacités de l’outre. Une étincelle qu’il laisserait là, tamiser un coin de son crâne, jusqu’à ce qu’une occasion la transforme en foyer, ou au contraire la laisse mourir sans regrets.

« Merci, en tout cas. De m’avoir mis dans la confidence, pour vous deux. Je… Connement, je pensais même pas que c’était possible à ce point. Enfin, que ce soit… irrémédiable. » Il hocha la tête vers Vinzent, validant de ce fait le respect du secret ancestral, propre aux Henkermann. Il n’en demanderait pas les détails, et n’aurait probablement pas l’audace de chercher dans l’un la trace de l’autre. Il ne put faire autrement que de songer au peu que lui avait confié Yago sur la marque vampirique. La conscience de l’autre, le sentiment de le savoir en danger ou non et de deviner son état… autant de symptômes qui l’impressionnaient plus qu’il ne voulait bien le montrer ; il garda cette pensée pour lui : son hôte aurait haï le comparatif. Il ignorait s’il serait lui-même capable de s’attacher à vie à une autre créature, et se promit de demander un jour à son ami ce qui avait bien pu le motiver à nouer un tel pacte. D’autant plus au vu de leur séparation, qui demeurait encore un véritable mystère, pour lui. Un détail cependant, ne le chiffonnait pas mais provoqua un sursaut de curiosité : « Si je comprends bien, tu veux faire d’elle une sorcière… et toi, Lilas ? » Ses doigts se joignirent, dans un entrelacs plus détendu. « Pourquoi ? Qu’est-ce qui te pousse à marcher dans les pas d’un arcaniste tel que Vinzent ? » Intuition. Pressentiment qu’il n’aurait pu justifier. Tu n’es pas faite pour ça. Tu n’y arriveras pas. Personne n’arrivera à sa cheville. Parle pour toi, et non pas pour lui. Il se retint de chercher à investir l’esprit de la disciple, comme si son intérêt s’était brusquement chargé d’une intensité électrique. « Tu dis que tu as une vision différente de cette scène. Qu’est-ce que tu vois ? Qu’est-ce qui est plus profond, entre nous trois, que la seule vision de nos essences côte à côte ? »

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Louisiana Burning

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Lilas Hirsch
Lilas Hirsch
"THE BOOTY" : la plus belle paire de France et de Navarre.
☽ YOU LEFT ME IN THE DARK ☾

"She was poetry in a world that was still learning the alphabet."


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En un mot : Wild thoughts
Qui es-tu ? : ☽ Outre. Pouvoir qu'elle ne peut nier, l'amenant sans cesse à visualiser le monde sous un prisme différent de celui du commun des mortels. Agression visuelle, physique, sonore, olfactive, constante, d'une magie qu'elle voit en tant qu'entité propre.
☽ Artiste. Pour exprimer ses visions, elle s'acharne à peindre, sculpter, dessiner, ce monde qui l'entoure et qu'elle ne peut expliquer oralement.
☽ Née en France, en Alsace précisément, enfant non-désirée, d'une relation adultère. Ce sont ses grands-parents qui l'élève et son grand-père qui la forme.
☽ Elle déménage aux USA dans le but de retrouver cette mère qui l'a abandonnée, pour apprendre qu'elle est décédée, préférant ne pas se battre contre un cancer qui finira par avoir raison d'elle.
☽ Elle atterrit à Los Angeles presque par hasard, en suivant son compagnon de l'époque. Elle y rencontrera Vinzent, qui changera sa vie.
☽ Un début d'apprentissage arcanique inachevé au côté de celui qui deviendra son ami, son amant, son amour. Un rituel magique lie leurs âmes peu de temps après le décès de Léonard, le mentor de Lilas.
☽ Elle se laissera malmener pendant des années par un homme néfaste avant de finalement tout quitter pour rejoindre la Louisiane dans l'espoir d'y retrouver sa demi-soeur et peut-être Vinzent.
☽ Elle passe 2 ans dans un camp regroupant des femmes CESS avant de rejoindre finalement Shreveport, où elle retrouvera sa demi-soeur, Hannah Miller, et l'autre moitié de son âme, Vinzent Henkermann.

☽ NO DAWN, NO DAY ☾

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"your name i spoke many times
alone in the darkness in the night"

Facultés : ☽ Clairvoyance : Lilas a un niveau de sensibilité aux flux magiques qui lui permet de lire sous la surface des choses qui composent le réel. Cela se traduit par toutes sortes de stimuli cognitifs ou physiques. Son don est passif, elle vit avec un second filtre de vision constant.

☽ Psychométrie : En touchant un objet, qu’il soit magique ou non, Lilas peut en voir l’histoire, a qui il a appartenu, ce à quoi il a servi, tout ce qu’il s’est passé à son contact. La capacité n’est pas maîtrisée.
Thème : Cosmic Love - Florence + The Machine
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Jeu 27 Mai - 2:19 (#)






I CAN'T REMEMBER HOW THIS GOT STARTED




 Une fois mon petit laïus terminé, mon regard englobant la scène qui me fait face dans son entièreté pour la première fois, je dois retenir un petit ricanement et je cache le sourire qui manque d’étirer mes lèvres derrière une main qui vient distraitement gratter ma lèvre supérieure. Des frères, voilà à quoi ils me font penser tous les deux, enfoncés dans leurs fauteuils, la même expression d’intérêt poli se dessinant sur leurs visages, leurs pieds reposant avec la même facilité sur leurs genoux, alors que je me tortille comme un vers sur mon propre fauteuil. L’anxiété qui m’habite depuis l’annonce de cette visite commence néanmoins à se délier, relâchant sa prise d’aigle sur mes épaules, relaxant la ligne de ma nuque que j’oscille légèrement de gauche à droite en attendant la réponse d’Eoghan. Je fais distraitement craquer mes doigts en réfléchissant un peu, avant de m’autoriser à pousser un peu sur mon don, renforçant ma vision pour quelques minutes, observant avec une attention plus particulière les essences des deux sorciers. Eoghan me tire de ma contemplation avant que je n’aie pu réellement m’y atteler et mon regard se stabilise à nouveau sur lui, s’ancrant dans le réel. Abandonnant ma position peu confortable, je replie mes jambes, m’installant de côté dans le fauteuil, les genoux contre l’accoudoir, mes pieds venant se glisser sous mes fesses, et j’enroule un bras autour de moi, m’enlaçant distraitement tandis que de l’autre, je glisse un poing en soutien sous mon menton, le coude en appui sur la cuisse. Concentrant mon regard sur Eoghan qui répond à ma question, je fais abstraction de ce que mon don m'offre, me concentrant exclusivement sur sa voix. Elle résonne différemment dans la pièce, différemment de la mienne, de celle de Vinzent, et je découvre que j’apprécie la façon dont l’accent trainant de la Louisiane rebondit contre les murs et la verrière de la bibliothèque. Le regard qu’ils échangent, lourd d’un sens que je ne perçois pas encore, attise ma curiosité, déjà forte, envers cet homme qui a réussi à s’attirer l’affection de la personne la plus complexe à approcher que je connaisse. Un sourire et un haussement de sourcils accompagnent son accord avec moi avant qu’il ne s’étende.

J’écoute, mon regard allant de l’un à l’autre, cherchant à percevoir l’effet des paroles d’Eoghan sur Vinzent. Pourtant, très rapidement, je ne regarde plus que le premier, la fragilité qui perce derrière la rugosité de l’accent du Sud, m’attrapant et poussant mes sourcils à se froncer légèrement, mon corps s’inclinant naturellement vers lui, une de mes mains démangeant presque d’attraper la sienne pour lui offrir un soutien que je sais inutile. L’accent s’efface presque derrière l’affection… Non, il s’agit d’autre chose, quelque chose de plus profond, de plus fort qu’une simple affection. Je hausse légèrement les sourcils, les lèvres entrouverte, les sens en éveil, mon regard englobant l’Écarlate et l’essence d’un rouge plus vif d’Eoghan. Il y a quelques choses entre ces deux-là, quelque chose qui dépasse l’entendement, la compréhension des simples mortels, quelque chose que je ne suis pas bien sûre de pouvoir moi-même attraper. Le regard qu’il porte sur le germanique me frappe en plein cœur. Il y a de la déférence dans ses mots et dans ses yeux et quand il croise le regard de mon arcaniste, le mien est attiré quelque part, derrière eux, à la lisière de leurs essences, et j’écarquille légèrement les yeux, clignant des paupières à plusieurs reprises, ajustant ma vision afin de percevoir quelque chose que je n’avais pas vu en entrant. Tangible. Peu importe les mots qu’on pourrait accoler à ce qui les unit : amour, amitié, fraternité. La preuve de la puissance de ce qui lie les deux arcanistes s’étale sous mes yeux. Une nuée de filaments, soies d’araignées délicates, d’une teinte oscillant du doré au cuivre, s’étire en un câble vibrant de puissance. Je penche la tête sur le côté observant l’apparition avec un intérêt que je ne cherche pas à cacher. Pourtant, la conversation me ramène au réel, et je quitte à regret mon observation attentive, pour plonger dans les prunelles céruléennes qui captivent à nouveau les miennes. Consciente d’être restée trop silencieuse, je me racle légèrement la gorge et lâche dans un petit rire discret. « Je sais. » Mon regard se déporte sur Vinzent, effleurant ses traits, stoïque comme toujours, avant de passer à l’Écarlate qui s’étale derrière lui, parlant bien plus que celui qu’elle entoure. Le coin gauche de mes lèvres se recourbe légèrement quand je pose les yeux sur l’agitation qui s’est emparé du rideau de velours que je connais désormais si bien, elle semble toute chiffonnée, mon Écarlate, touchée, plus que ce à quoi je me serais attendue, par les mots de son confrère. Elle ondule, ondoie, traversée de frisson et je détourne pudiquement le regard, laissant à l’Arcaniste le temps de se reprendre.

Je répète. « Je sais, oui. C'est un mentor particulièrement talentueux. » Ce n’est pas un mensonge, même si j’ai conscience que ma connaissance des arcanes ne me permet pas réellement de comprendre la portée de ma chance. J’ai conscience d’avoir pour mentor un sorcier profondément talentueux et doté d’un savoir rare. Je hoche la tête et glisse distraitement une mèche derrière mon oreille. Un sourire étire mes lèvres. « Le fait que Vinzent ait jugé que tu étais en droit d’entendre ça… » Je jette un regard a l’intéressé avec un sourire attendri. « Ça en dit long sur ce qu’il pense de toi en tout cas… » Le secret jalousement gardé de ce lien qui me rattache à lui. Ce rituel marquant à l’époque l’apogée d’un amour qui m’avait transcendé et avait dépassé tout ce à quoi je m’attendais. Le fait qu'il accepte de le partager avec Eoghan venait de lui offrir d’office ma confiance.

Sa question fait courir un léger courant sur ma peau, laissant sur ma langue un petit goût acidulé, et je souris avant de prendre quelques secondes pour organiser mes pensées, pour trier mes raisons, les plus valables comme les moins logiques. Pourquoi ? J’inspire profondément et mordille l’ongle de mon pouce une fois avant de commencer. « La curiosité ? La soif d’apprendre, de comprendre, toute cette part de magie qui m’est encore très étrangère. L’envie de découvrir de nouvelle facette de mes dons, de nouvelles façons de m’en servir, de nouvelles possibilités qui me resterait fermé si je n’avançais pas sur la voie que suit Vinzent. L’envie de découvrir cette montagne de savoir, de découvrir ce qu’il pourra advenir de moi si je suis avec assiduité les enseignements de quelqu’un qui m’offre la possibilité de dépasser ce que je suis. » J’inspire une nouvelle fois. « Je n’ai pas honte d’être une outre, je trouve mes capacités très intéressantes, mais… J’ai toujours eu cette soif de comprendre, de progresser, et j’ai conscience que si je ne m’aventure pas sur la voie des arcanes, je me retrouverai bloquée arriver à un certain point. » Je hausse légèrement les épaules, et détourne quelques secondes le regard, échappant pour un court laps de temps à l’intensité du regard brûlant d’Eoghan. « Je pense que la raison principale, c’est tout simplement une curiosité exacerbée conjuguée à une grande soif de connaissance. »

J’incline légèrement la tête et enchaîne sur sa seconde question qui me fait sourire plus grandement encore. « Curieux, hein ? » Je ris doucement et une fois de plus me retrouve face à la complexité de mon don. « Ça va être brouillon et tu vas probablement pas comprendre grand-chose, mais j’ai pas trop d’autres façons d’expliquer et te peindre une toile serait trop long. » Je me penche sur le côté, une main agrippant le dossier du fauteuil pour attraper du bout des doigts le paquet de cigarette et le briquet qui trône sur la table. Je m’empare de l’une d’entre elle, que je coince entre mes lèvres avant de tendre le paquet aux deux autres, les laissant se servir s’ils le souhaitent avant de le poser sur la table. La volute de fumée qui ondule sous mes yeux attire mon regard quelques centièmes de seconde avant que je n’expire un nuage qui l’englobe et la fait disparaître. Je tire une nouvelle latte et commence. « Je vois ton essence, celle de Vinzent, et je suis capable d’apercevoir la mienne, mais seulement si elle interagit avec quelque chose. Vinzent… Ressemble à un épais rideau de velours d’un rouge sombre, une teinte chaude, enveloppante. L’Écarlate dégage presque toujours de la chaleur, le niveau de température m’aide généralement à me faire une idée de son état mental. » Je ris doucement en jetant un regard à Vinzent avant de me reconcentrer. « Je perçois aussi des odeurs, des saveurs parfois. Quand il s’agit de Vinzent, tout est très précis. Venant de toi, je perçois un nuage… Tu vois quand tu verses des goûtes d’encre dans de l’eau ? Bon, beh quelque chose de similaire, dans des teintes d’un rouge très vif et un peu de bleu marine, peut-être du noir, je suis pas bien sûre. La mienne est… euh, similaire en texture on va dire, et mauve. Mais c’est pas tout ce que je vois. Je vois la magie de Vinzent qui recouvre chaque centimètre carré de la maison, je perçois la puissance de toutes les runes qui couvrent les murs, l’essence des serpents dans leurs terrariums, celle des objets enchantés qui trônent sur les étagères, je peux même avoir une assez bonne idée de ce que contiennent les livres dans les bibliothèques si je me concentre suffisamment sur ce qui se dégage d’eux. Je vois le lien qui m’unit à Vinzent, et celui qui t’unis à lui. » Je reprends mon souffle, tirant une nouvelle fois sur ma cigarette avant de souffler un nuage vers le plafond vitré. « Si je me concentre, je peux percevoir l’essence de Brünhild dans la cuisine et celle de Hell qui traine près de la porte d’entrée. Gunnar est hors de portée par contre. » J'inspire profondément, amenant de la fumée au creux de mes poumons, ouvrant mon don à l'infinité de possible que m'offre le monde. « Je sens tout. Je vois tout. Les flux, les mouvements, la magie qui parcourt le monde, ce que je vois ne ressemble à rien de ce que tu perçois. Le monde n'a pas la même couleur, pas la même saveur pour moi. » Les yeux perdus dans le vide, mon don poussé à son maximum, je laisse le monde réel disparaître derrière les stimuli venant de partout, je le fais rarement, l’effet étant souvent dévastateur. Ma voix n’est plus qu’un souffle à la fin de mon discours et ma respiration se fait plus rapide. Mais l’espace d’un instant, je me laisse porter par la puissance qui se dégage des deux sorciers, par la vision étrange de leurs visages déformés par mon don, par la puissance de ce qui me lie à Vinzent, les traînées mauve ressortant sur le pourpre, par la force qui le lie à Eoghan, mes yeux retombant sur le tissage savant qui relie les deux sorciers et qui m’attire comme un papillon de nuit, les runes qui protègent le manoir sortent des murs et tourbillonnent sous mon regard vibrante d’une puissance inatteignable pour l’instant. Mon regard déconnecté de la réalité, j’incline à nouveau la tête, les lèvres entrouvertes avant de me reprendre et de toussoter en laissant ma cendre tomber dans le cendrier. « Ahem, pardon, je me suis un peu laissé emporter… » Mon regard se fait fuyant et je le fixe sur un point derrière l’épaule d’Eoghan, laissant mon don reprendre place comme il le fait normalement en clignant des paupières à plusieurs reprises. Soudain mal à l’aise, je me mordille la lèvre en écrasant le mégot de ma cigarette dans le cendrier. « J’avoue que je suis un peu curieuse moi aussi… De savoir en quoi consiste tes dons ? » Partiellement cachée derrière la masse de mes cheveux bruns, je me blottis à nouveau dans le fauteuil et l’observe entre les mèches qui voilent mon visage et me permettent de reprendre pied à l’abri.




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ADMIN ۰ Se faire péter la vitrine : bien plus qu'un métier, une passion. Featuring : Dramaking
Eoghan Underwood
Eoghan Underwood
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⛤ SMALLTOWN BOY ⛤

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"This is not the right way."

En un mot : Sorcier venimeux ondulé de la toiture. Gosse du bayou.
Qui es-tu ? :
"Let it spread like a disease."

⛤ Maître des arcanes, sorcier à l'essence écarlate. 37 ans de vice (et râles) et de chair corrompue. Manipulateur d'hormones, télépathe patenté.
⛤ Second, bras droit de Circé van derr Ven dans la secte de l'Irae. S'y démarque pour sa loyauté ciselée par les griffes de Morgan Leroy (missing). Mais les failles perlent.
⛤ Incube de Louisiane ; fils de ces terres marécageuses, du bayou poisseux et des routes cahoteuses. Né à Bâton-Rouge, n'a connu que Shreveport et les frontières de son État.
⛤ Né seul homme dans la famille des sorcières irlandaises Mulligan. Privé de père (tué) par la harpie noire : élevé par Sylia Mulligan, descendant du Rouge de sa grand-mère Julianna.
⛤ Cauchemar des femmes ; nourrit sa magie (Rougeoyante) des hormones sexuelles de ses partenaires, ainsi que des émotions primaires.
⛤ Traître à ses passions, criminel et meurtrier de Johanna Andros (missing). Pourfendeur d'amitiés, éternel débiteur, clébard soumis à ses attaches.
⛤ Ne vit que pour les Mardi-Gras de New Orleans ; caresse le rêve de s'y installer un jour dans son propre "shotgun", malgré le fantôme de Katrina.
⛤ Mystique, déchiré entre deux hommes : partagé entre le sorcier et l'humain, entre la sagesse et une ire destructrice. Le latin s'efface sans mal sous l'accent du Sud, coriace sous sa langue.
⛤ Commerçant du Downtown (Crawling life), antre de ses serpents vénérés, lézards et autres reptiles, dont il cède les corps, les soins et les cages de verre.
⛤ Pratique à l'arrière de sa boutique, dans un laboratoire farouchement défendu et protégé par les runes. Recèle secrets et savoirs, expérimentations douteuses et dangereuses.
⛤ Mauvais mentor. L'une de ses apprenties en a subi les conséquences. Guide de Morgane Wuntherson et d'Halina Meyer. Meilleur ami indigne de Vinzent Henkermann et cousin de Shannon Mulligan.
⛤ Pacte tissé avec Scox : Prince démon s'étant dissimulé derrière les brumes de Baal. Immortalité odieusement acquise, âme vouée à obéir et marcher aux côtés des Antiques.
38 ans d'âge réel ; 36 ans d'apparence.

⛤ ENAE VOLARE MEZZO ⛤

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"I put a spell on you."

Facultés : ⛤ La Rougeoyante s'infiltre dans les corps et y bouleverse les hormones ; flèche apollonide : distille poison, fléau, mort, mais aussi fièvre rouge saphique. Chaos total.
⛤ Télépathe raisonnable : ne s'infiltre de préférence que dans les esprits des humains misérables. Capable de communiquer en pensée avec quiconque lui ouvre les grilles de son esprit. Savant fou ; capable désormais de connecter sa psyché aux êtres muets, cobras et crotales comme cobayes, corbeaux et autres créatures rampantes.
⛤ Herboriste né, sa maîtrise des potions n'a d'égale que celle de son mentor maternel. Capable d'élaborer des philtres complexes ; créateur infatigable de breuvages en tous genres.
⛤ La Rougeoyante se défend et protège son hôte plus férocement qu'elle n'attaque : limitée par la nécessité d'un contact physique. Sorcier doué au corps-à-corps, secondé par son aisance au maniement d'athamés et autres lames rituelles.
⛤ Chercheur d'artefacts, quémandé des Longue-Vies : détisseur de leurs malédictions et autres mauvais sorts.
Thème : The Way ⛤ Zack Hemsey.
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⛤ VENGEANCE ⛤

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"Before I die alone."

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Ven 4 Juin - 1:27 (#)


What do we do now?
Il ne portait pas les outres en haute estime. Il les considérait plutôt comme des Éveillés de seconde catégorie. Rien d’infamant, rien d’insultant ; juste un apprentissage comme interrompu, la faute à de nombreux facteurs envisageables. Pas d’opportunités de s’éduquer, pas de potentiel suffisamment développé, pas d’intérêt ni de curiosité justifiant l’emprunt de la route complexe vers le monde des arcanes… Il n’aurait jamais, de lui-même, considéré un outre comme un égal. C’était ainsi. De la même manière qu’il considérait la chaîne alimentaire régissant les créatures de cette planète comme inaltérable et inéluctable, la hiérarchisation des manipulateurs de magie et de dons multiples et variés répondait, pour lui, à la même classification. Pourtant, il l’aurait volontiers écoutée déblatérer pendant des heures. Elle était bavarde, ce qui tendait à le faire sourire, discrètement. Ses détails, les explications qu’elle s’évertuait à lui fournir contrastaient avec le silence respecté par Vinzent. Parfois, il tournait légèrement les yeux vers lui, mais son attention se maintint sur Lilas, tout le temps que dura son exposé, certes volatile, mais plutôt efficace. Intéressé, il ne voyait pas passer le temps, ne ressentit aucune once d’impatience, et c’est pourquoi il laissa échapper un rire bref lorsqu’elle se reprit soudainement, comme coupable d’avoir trop parlé. Il secoua la tête sobrement, la rassurant d’une œillade bienveillante. Un murmure passa, affectueux : « That kid they called a weirdo… »

Elle lui retournait la question comme une enfant rejetant une balle brûlante, et sa posture évoquant comme un besoin de protection contre il ne savait quoi ne lui échappa guère. Petite sœur, moineau blottie dans le giron du rapace tout près d’eux. Mais parviendras-tu t’élever aussi haut que lui-même ? Il s’arracha à ce tableau adorable pour réfléchir à sa demande, ayant peu l’habitude de se confesser ouvertement quant à ses dons. Il n’avait pas non plus pour habileté de savoir les définir avec précision, et ce depuis toujours. L’influence de sa mère y était pour beaucoup, et il avait depuis lors toujours conservé cette pudeur, cette gêne, ayant tendance à le rendre taiseux et particulièrement discret. L’un des deux, cependant, était plus aisé à aborder, et c’est pourquoi il ne se priva pas de le présenter naturellement :

« Je suis télépathe. Du moins… c’est le don que j’ai appris, depuis tout jeune. C’est plutôt pratique, même si parfois je m’en passerais bien. Je peux rentrer dans la tête d’à peu près n’importe quel humain lambda, mais aussi des Éveillés qui ne savent pas se protéger de ces invasions-là. J’évite de jouer avec ça avec les autres types de surnats. En fait… j’évite toute inquisition. Je préfère… sentir que l’on m’accepte, et communiquer en pensée avec les créatures qui y sont réceptives. Même avec un Longue-Vie, cela peut s’avérer très utile. Et intéressant. » Il ne lui révélerait pas toutes les facettes d’un tel pouvoir, du moins pas encore. Poser des mots sur les nuances vivantes de ses capacités l’inquiétait presque. Il n’aurait pas voulu faire preuve d’approximation. Pas avec ça. La suite demeurerait donc encore plus périlleuse, et il se retint de demander du secours, sur sa gauche. « Pour le reste… ce qui m’est inné, c’est encore un autre domaine. Je ne suis pas sûr d’arriver à le détailler, comme toi. Je vais donc rester sobre. » C’était un comble. Il était un sorcier accompli. Une telle demande n’aurait pas dû poser le moindre problème. Alors il irait au plus simple, bien que cette simple synthèse lui fasse grincer des dents. « Je manipule les différents champs hormonaux qui traversent un individu. Cela peut toucher aux hormones de la croissance, du sommeil… les hormones sexuelles, également. Ce serait… interminable de disserter là-dessus, mais au moins je suppose que ça te permet de te faire une idée de la chose. » Il n’était pas même sûr d’être réellement rentré dans les détails avec Vinzent sur la question. Vinzent et lui ne maniaient pas le rouge de la même manière, en dépit de leurs concordances, et des échos multiples cités précédemment entre leurs deux êtres. Henkermann avait toujours réussi à prendre de la hauteur, oui. Underwood, pour sa part, demeurait cloué au sol, chtonien par excellence, et ce grand écart, cette opposition absolue, répondaient autant à leurs visions totémiques qu’à une logique précieuse, pour lui. Ils étaient chacun les maîtres de leur royaume, s’invitant tour à tour sur une voie pavée de brise ou d’humus. Fluide, noble pour l’une, rugueuse et primaire pour l’autre.  

Cette fois, il ne put se détacher de son ami, qui était demeuré silencieux bien trop longtemps à son goût. Il hésita, puis lui offrit à son tour un sourire d’un autre acabit. Presque un sourire d’excuse, manifestant une prudence éternelle – Qu’est-ce qui, chez moi, attire donc tes faveurs ? Une bouffée d’amitié pour lui le submergea, tant le bien-être éprouvé continuait de se répandre en lui, faisant fi des maladresses, de l’incapacité à formuler aussi clairement que possible les réponses qu’on attendait de lui. Tout en le regardant, il s’adressa à la médium une dernière fois : « J’espère qu’il parviendra à te guider aussi loin que possible sur la voie que tu as choisi, alors. » Il ferait taire ses doutes, pourtant solides, surgis de nulle part et la gratifia d’un ultime coup d’oeil. « L’apprentissage est toujours source d’enrichissements pour l’un comme pour l’autre. Je suis impatient de vous voir évoluer. » Il écouterait. Il écouterait Vinzent en discuter pendant des heures, lui souligner la plus infime variation d’évolution, de progrès, ou d’échec. Quelle que soit l’heure, voire le jour, le temps, et le contenu de leurs verres. Il ne se lasserait jamais de l’écouter gloser sur tel ou tel point, même s’il n’en comprendrait pas l’ensemble des tenants et aboutissants.

« Eh bien… Tu m’auras pas fait v’nir pour rien, hein Vinz’… ? » La commissure de ses lèvres se retroussa, révélatrice de son amusement comme de sa curiosité sur ce qui pouvait bien se tramer dans cette caboche qu’il n’avait jamais envahie, pas même tenté de frôler par la télépathie ; outrage, sacrilège. « Donc, si j’en crois cette demoiselle, tu es un rideau. Ce sera retenu, répété, amplifié et déformé. J’m’attendais à quelque chose de plus classe, mais ma foi… On choisit pas son aura ni son essence, hein ? » D’une main bonhomme, il lui donna une légère tape sur le côté de la cuisse. Il se releva souplement, contournant la table basse après avoir récupéré le contenant lui permettant de se servir une deuxième rasade d’alcool, sans façon. « Maintenant, parle… J’suis sûr que tu nous as réunis pour autre chose que de simples présentations et un apéro dinatoire. R’marque que si c’est qu'ça, ça m’convient aussi. » Il se retourna pour lever son verre à hauteur de visage en direction de l’arcaniste, puis souffla en direction de la jeune femme : « Ou alors là, c’est l’moment où il me déglingue et vient détruire tout le portrait mystérieux que j’viens soigneusement d’établir depuis qu’t’es entrée. »

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Louisiana Burning

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Anonymous
Invité
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Dim 15 Aoû - 18:34 (#)

I CAN'T REMEMBER
HOW THIS GOT STARTED
And oh my congregation, do you think that we will forget?
Away with your redemption, for I don't know how to forgive.
Indubitablement, ce qui se déroule ce soir est plus important qu'il n'y paraît. C'est la fondation de quelque chose de trop précieux pour que mon entendement manque de me le souligner, affirmation silencieuse d'une gravité égale à un puissant serment, de ceux dont le pouvoir dépasse de loin tout ce que nous pourrions produire par notre art. Une magie si ancienne que l'aube du monde en serait l'enfant se mêle de notre traversée dans la grande trame universelle. Et tandis que, doucement, au fil des secondes, mon esprit s'imprègne de cette résolution, sans y songer je frotte ensemble distraitement le bout des doigts de ma main libre, comme pour apprécier la texture de l'instant ainsi qu'on le ferait d'une étoffe. Le tissage se met en place avec une aisance déconcertante et pourtant, familière, confortable. Lilas est seule à le voie et je surprends à certains moments ses iris de jade qui papillonnent autour de nous, un tic qu'elle n'a jamais su réfréner et qui la fait quelquefois paraître si étrange aux yeux du profane. Ca ne m'étonne pourtant pas qu'Eoghan ne s'en formalise pas. Il ignorait jusqu'à maintenant qu'il en avait déjà l'approche en lui : Lilas l'a conquis comme elle m'a conquis, sans jamais avoir à lever les armes, et il s'est laissé prendre sans avoir à aucun moment recours à la défense. Ses œillades éparses font parfois sentir aux autres qu'elle n'écoute pas, et pourtant, elle perçoit tant de chose qu'eux ignorent. Elle a su immédiatement lire nos attaches, ce lien plus fort que celui du sang qui nous rend indissociables. Même si je ne lui en avais rien dit, elle aurait compris seule la valeur de cet attachement, il ne lui restait qu'à poser la question du nom que nous lui avons donné. Et ce faisant, elle permet à Eoghan d'ouvrir à ma lecture des pages de lui-même que je connaissais sans les avoir parcourues. Malgré tout, je ne peux m'empêcher de céder au bouleversement, à l'entendre si libre de sa parole, si sincère et si droit malgré l'inhabitude que sa farouche pudeur fait peser sur son timbre. À la quiétude qui m'enrobais doucement en les écoutant deviser se substitue une chaleur plus vive, de celles qui s'insinuent dans nos failles pour mieux les combler, juste avant de nous enserrer le cœur d'un étau implacable, et néanmoins consenti avec un bonheur presque incrédule. Les mots prononcés résonnent en moi pour mieux invoquer la réponse muette de mes propres émotions.



Je t'ai choisi.
Ou plutôt, j'ai choisi de faire confiance à des desseins qui nous dépassent, et dont je ne peux me défier. Au fond, nous voudrions nous détester que nous ne le pourrions même pas. C'est impossible à expliquer mais c'est ainsi : sans l'avoir vécu, je sais que toute rage et toute hostilité que je pourrais ressentir envers toi seraient d'abord nées de leurs antipodes, ces sentiments si cardinaux qu'ils me semblent être les racines-mêmes de mon existence. Être issu de la même source que toi est un sentiment coriace plus qu'une certitude raisonnée, mais il en est de celui-ci comme de l'instinct des êtres qui migrent, ou reconnaissent leur parent s'en s'être vus naître d'eux : je n'en ai pas la preuve, mais je le sais. Toi et moi nous étions aux origines deux particules conjointes, constitutives d'un tout incommensurable, et être parvenu dans cette vie à te rejoindre est sans doute un des accomplissements les plus encourageants de toutes mes ères mortelles. Une fierté et une joie sans commune mesure, un soulagement propre à apaiser toutes mes peines les plus noires. Comment dès lors aurais-je pu me détourner de toi à quelque moment que ce soit ? Même dans le doute le plus profond, tu demeures ce qu'il y a de plus précieux à mon essence radicale : la preuve que sa longue errance au fil des éons n'est pas vouée à être solitaire, la preuve que sa génèse et sa destinée ne sont pas qu'un rêve, mais une promesse.

Vous êtes la promesse. L'un et l'autre, chacun à votre manière, vous validez les enseignements de ma foi. Vous êtes la clé de tous les obstacles, et les colères n'y changent rien. Vous rejeter serait me perdre un peu.
Et comme si je l'avais pressenti, il se produit exactement ce que j'attendais sans réellement pouvoir me l'avouer. Être témoin de l'harmonie qui se tisse, si naturellement, en une géométrie sacrée aux trois piliers. De la jonction qui se fait immédiatement entre vous deux. Des évidences que ces instants révèlent déjà.




Il a suffit qu'Eoghan entre dans l'équation pour que quelque chose se débloque, miraculeusement, dans ma posture vis-à-vis de Lilas. Un rééquilibrage, une ouverture. Sans vouloir jouer au devin, je suis déjà presque certain qu'elle saura m'aider à garder confiance quand mon alter ego mettra mes principes et préconceptions à l'épreuve. Et ensemble, ils pourront s'épauler, quand ce sera à mon tour de mettre à mal l'idée si terriblement haute qu'ils confessent se faire de moi, et que je me verrais honteux de ne pas avoir su préserver.
Un triptyque aux identités fortes et parfois opposées, mais jamais disjointes.
J'ai déjà eu l'heur dans cette vie de connaître l'amour de mes pairs, de personnalités que j'estimais voire admirais sincèrement, et que j'aimais moi aussi du fond du cœur. Mais cette fois, cette unité-là, ce que je ressens n'est comparable à rien d'autre. C'est comme contempler la réalisation d'une intuition que l'on a toujours eue, comme voir s'accomplir un miracle auquel on n'osait pas s'imaginer assister mais dont on n'a jamais pu douter.
Cette part de divinité en nous, ne flamboie-t-elle pas avec plus d'ardeur que jamais dans ces regards, ces voix, ces gestes qui s'assemblent et nous relient en une unique entité ?

Détachant mon regard de la contemplation du visage si expressif - sans doute un peu malgré lui - de mon frère, je souris, baissant imperceptiblement le mien. Comme par déférence, devant cet épanchement peut-être succinct, mais que je sais si rare et si lourd de sens. Un remerciement qui ne se dit pas avec des mots, parce qu'il n'est pas juste le reflet d'une appréciation arrêtée à la reconnaissance de son effort. C'est bien plus que cela. C'est un vœu de soutien au-devant de cette gêne qui ne le lâche jamais dès lors qu'il se permet d'être plus transparent, plus fragile d'apparence. L'attestation muette de cet écho puissant qu'il suscite en moi.
La rumeur de leur découverte mutuelle se poursuit, m'octroyant le temps de revenir à l'état précédent de mes sens et conscience. Le passage du paquet de cigarette offre une distraction bienvenue, et je me saisis de l'une d'elles sans témoigner de hâte particulière, accompagnant le flot qu'ils mènent à eux deux depuis quelques minutes avec le soin de n'interférer en rien. Sur la table basse, avec une discrétion qui le rendrait presque invisible, le cendrier s'approche sur une impulsion télékinétique fluide, sans bruit, brisant moins que mon corps qui se lèverait pour le prendre la perfection de l'atmosphère.
Je me sens divinement bien, un constat qui me frappe avec autant de netteté que de douceur. Ces fragments temporels attrapés au vol par l'esprit qui, soudainement, prend la pleine mesure de ce que le bien-être signifie, ce qu'être au bon endroit, avec les bonnes personnes, au moment précis où tout est parfaitement en ordre - occasions d'une rareté lumineuse, iridescente. Cette clarté me semble se diffuser dans la moindre fibre de mon être et c'est comme si je pouvais, millimètre par millimètre, en suivre la progression. Je relève les yeux, les admire tous les deux dans la lueur mordorée du soir, alliée aux tons rouges de la pièce, à la robe noir et feu des pelages luisants et vivants des deux molosses, à la vibrance de la vie qui s'épanouit avec une délicieuse langueur partout dans notre alcôve, repli suspendu dans la cadence inaudible des choses qui n'importent plus. Tout ce grand reste qui n'a pas de prise sur nous. Le soupir qui accompagne la première taffe est plus chargé de volupté qu'il ne l'est des arabesques cendrées qui dansent bientôt dans les rais paresseux du crépuscule.

La pauvre Lilas s'adonne alors à l'exercice toujours excessivement périlleux de la description de ses perceptions, dont j'ai fini par comprendre qu'elles ne ressemblaient, réellement, à rien de ce qui existe. Les images qui lui viennent pour en interpréter les messages ne sont en réalité que des fabrications de son esprit, qui comme tout esprit humain, donne une forme approchante à ce qu'il ne saisit pas vraiment, pour conférer un sens même erroné à ce qu'il est incapable de recevoir tel quel. Chaque fois que nous en parlons, il me faut à moi aussi produire un effort considérable pour tenter de me représenter ce qu'elle est capable de percevoir, dans un jeu de téléphone arabe qui nous a si souvent donné du fil à retordre. Il arrive néanmoins que ses perceptions, visuelles notamment, auditives aussi, soient particulièrement justes, et à cet égard je me remémore la surprise particulièrement vive qui m'a saisi le jour où elle m'a confié voir presque continuellement un rapace noir à deux têtes non loin de là où je me trouvais. Alors, elle n'avait jamais encore vu l'encrage projetant sur mon dos l'emblème de ma lignée, comme un marquage identitaire, obligation à laquelle je n'avais pas pu échapper adolescent. Elle n'avait encore jamais entendu le récit de mon histoire personnelle. Aucun indice concret n'aurait pu l'amener à voir cet oiseau, et pourtant… c'était en quelque sorte ainsi qu'elle reconnaissait le signe de ma présence, et cette apparition lui avait rendu visite en quelques autres occasions, sans qu'on parvienne toujours à élucider pourquoi. Le fait qu'elle entende certains sons avant qu'ils ne se produisent dans la réalité avait faussé mon appréciation de son don, m'amenant à la croire presciente, jusqu'à ce qu'elle perçoive aussi des stimuli du même ordre, mais liés au passé. À l'époque, il n'avait pas encore été question de psychométrie, mais sa tendance à la sensibilité pour la magie temporelle se dégageait déjà, indices épars que je n'avais pas su ancrer dans notre éventail d'expérimentations. Il y avait tant à faire, déjà. En y repensant, je songe que je n'ai, en vérité, pas été le mentor exceptionnel qu'ils ont l'air de voir en moi. Trop carré, trop procédurier, trop moi il me faut l'admettre. Et je sens dans l'intonation d'Eoghan que déjà, il se pose la question à laquelle j'aurais dû, dès lors, accorder davantage d'importance : et si Lilas n'était pas faite pour devenir une sorcière ? Je n'avais pas voulu y donner trop de poids, galvanisé par son enthousiasme débordant, son goût de découvrir, d'apprendre, d'éprouver.
Songeur, je fais tomber un peu de cendre parmi celles déjà déposées dans leur cercueil de verre. Penser à cette éventualité aurait dû entamer le sentiment de plénitude qui m'habite, or il n'en est rien. Il me semble que pour l'heure, ce n'est pas le plus important. D'une certaine façon, je suis bien plus préoccupé par le défaut d'osmose qui s'est érigé entre ma disciple et moi, les incertitudes qui vont avec dépassant de loin l'appréhension de ne pas la voir s'élever au même niveau que moi pour ensuite, allumer ses propres flambeaux sur un chemin commun. Mais pour l'heure, je n'ai tout simplement pas envie de m'appesantir de nouveau là-dessus, tout entier offert à la délectation que me procure cette réunion ayant pris des contours encore plus engageants que je le pensais de prime abord.

Le sorcier siégeant à ma droite me ramène alors dans l'échange verbal, presque d'autorité, et en réponse à sa boutade à l'égard des comparatifs lilasiens, je me fends d'un air faussement déconcerté, haussant les épaules et élevant les paumes vers le ciel pour marquer l'indulgence impuissante que j'opposais à mon image rapportée. Ne bronchant pas du poids de sa main, je pousse mon verre également vide pour le faire glisser dans sa direction, réclamant qu'il me serve, pour sa peine, et conservant pour ma part une attitude à la nonchalance étudiée.

« Ma foi je pensais que tu n'aurais pas besoin de moi pour assurer un spectacle à la hauteur de notre présente compagnie. Je conçois cela dit qu'il est un peu tôt pour nous offrir tes légendaires pas de danse enfiévrés… C'est qu'on est arcaniste ou on ne l'est pas, tu comprends, il faut observer un certain ordre, ritualiser ce qui en vaut la peine », dernière phrase que je glisse d'un air de confidence en direction de Lilas.

Le tube incandescent finit sa vie dans le fond opacifié par la cendre.

« Mais tu me prêtes des ambitions césariennes en permanence alors que, pour une fois, je n'avais pas spécialement établi de checklist, non. Je tiens quand même à vous dire que jusqu'à présent je suis plus que satisfait de l'effet de ma petite surprise sur vous, ça me fait très plaisir de voir que tout semble se présenter sous les meilleurs auspices. »

En attrapant mon verre à nouveau empli, j'observe une pause, et mon ton se colore d'une gravité nouvelle.

« Sincèrement. C'est très important pour moi. Merci beaucoup à vous deux d'être là. »

Une lampée me fournit le point d'esquive idéal.

« Quant à toi tu ne m'as pas vraiment donné de nouvelles de l'avancement de tes propres projets, or je sais que tu en as toujours plusieurs en cours. D'ailleurs c'est ce par quoi tu as commencé en arrivant, et tu ne vas pas me cacher très longtemps ce dont il était question. Mais avant cela, pour que nous soyons à la même page : comment se déroule le mentorat, pour toi ? »

Je ne crains pas qu'il prenne ombrage de mon approche un peu directe de la question, pas cette fois. À présent, j'estime que les choses sont mises en place, et souhaite que la parole soit annoncée comme libre entre nous trois, et reporter les questions de ces premiers pas en sa direction me paraît, innocemment, légitime autant que profitable.

bat'phanie • #AD3535
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Eoghan Underwood
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"This is not the right way."

En un mot : Sorcier venimeux ondulé de la toiture. Gosse du bayou.
Qui es-tu ? :
"Let it spread like a disease."

⛤ Maître des arcanes, sorcier à l'essence écarlate. 37 ans de vice (et râles) et de chair corrompue. Manipulateur d'hormones, télépathe patenté.
⛤ Second, bras droit de Circé van derr Ven dans la secte de l'Irae. S'y démarque pour sa loyauté ciselée par les griffes de Morgan Leroy (missing). Mais les failles perlent.
⛤ Incube de Louisiane ; fils de ces terres marécageuses, du bayou poisseux et des routes cahoteuses. Né à Bâton-Rouge, n'a connu que Shreveport et les frontières de son État.
⛤ Né seul homme dans la famille des sorcières irlandaises Mulligan. Privé de père (tué) par la harpie noire : élevé par Sylia Mulligan, descendant du Rouge de sa grand-mère Julianna.
⛤ Cauchemar des femmes ; nourrit sa magie (Rougeoyante) des hormones sexuelles de ses partenaires, ainsi que des émotions primaires.
⛤ Traître à ses passions, criminel et meurtrier de Johanna Andros (missing). Pourfendeur d'amitiés, éternel débiteur, clébard soumis à ses attaches.
⛤ Ne vit que pour les Mardi-Gras de New Orleans ; caresse le rêve de s'y installer un jour dans son propre "shotgun", malgré le fantôme de Katrina.
⛤ Mystique, déchiré entre deux hommes : partagé entre le sorcier et l'humain, entre la sagesse et une ire destructrice. Le latin s'efface sans mal sous l'accent du Sud, coriace sous sa langue.
⛤ Commerçant du Downtown (Crawling life), antre de ses serpents vénérés, lézards et autres reptiles, dont il cède les corps, les soins et les cages de verre.
⛤ Pratique à l'arrière de sa boutique, dans un laboratoire farouchement défendu et protégé par les runes. Recèle secrets et savoirs, expérimentations douteuses et dangereuses.
⛤ Mauvais mentor. L'une de ses apprenties en a subi les conséquences. Guide de Morgane Wuntherson et d'Halina Meyer. Meilleur ami indigne de Vinzent Henkermann et cousin de Shannon Mulligan.
⛤ Pacte tissé avec Scox : Prince démon s'étant dissimulé derrière les brumes de Baal. Immortalité odieusement acquise, âme vouée à obéir et marcher aux côtés des Antiques.
38 ans d'âge réel ; 36 ans d'apparence.

⛤ ENAE VOLARE MEZZO ⛤

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"I put a spell on you."

Facultés : ⛤ La Rougeoyante s'infiltre dans les corps et y bouleverse les hormones ; flèche apollonide : distille poison, fléau, mort, mais aussi fièvre rouge saphique. Chaos total.
⛤ Télépathe raisonnable : ne s'infiltre de préférence que dans les esprits des humains misérables. Capable de communiquer en pensée avec quiconque lui ouvre les grilles de son esprit. Savant fou ; capable désormais de connecter sa psyché aux êtres muets, cobras et crotales comme cobayes, corbeaux et autres créatures rampantes.
⛤ Herboriste né, sa maîtrise des potions n'a d'égale que celle de son mentor maternel. Capable d'élaborer des philtres complexes ; créateur infatigable de breuvages en tous genres.
⛤ La Rougeoyante se défend et protège son hôte plus férocement qu'elle n'attaque : limitée par la nécessité d'un contact physique. Sorcier doué au corps-à-corps, secondé par son aisance au maniement d'athamés et autres lames rituelles.
⛤ Chercheur d'artefacts, quémandé des Longue-Vies : détisseur de leurs malédictions et autres mauvais sorts.
Thème : The Way ⛤ Zack Hemsey.
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⛤ VENGEANCE ⛤

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"Before I die alone."

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Mer 29 Sep - 4:01 (#)


What do we do now?
Plénitude.

Plénitude, les grains de poussière flottant dans l’atmosphère figée pour le meilleur.
Plénitude, le souffle discret des molosses protecteurs des trois entités touchés par le Don.
Plénitude, le calme entourant la demeure, délestée de toute tempête, de tout cyclone.
Plénitude, l’âme pure recroquevillée sur elle-même, aux cheveux de jais et à la mine sage.
Plénitude, le tintement de verre et de cristal, éclat diamantin captant un rai de lumière discrète.

Plénitude.

Le vrai bonheur.
La paix réelle.
La préciosité de cette réunion paisible.

Le tableau est figé.
Il reviendrait maintes fois en leur mémoire, comme l’un de ces épisodes chéri et mythifié, ramenant émotion vivace et tristesse mélancolique dans le cœur (plus rien ne sera jamais comme avant). Leur énergie en a imprégné les murs pour toujours. Les murs, mais aussi les sols, les courants invisibles qui s’étirent sous leurs pieds, sous les fondations même du manoir Henkermann. Ils sont immortels. Cet instant les consacre immortels. Immortels, par les rires discrets et les sourires dans la voix, par les intentions puissantes, la force de leur volonté, l’intensité de leur lien, la complexité de leur vie. Ses gestes se sont ralentis, et sa poitrine s’est gonflée de frôler du bout du doigt cette pierre lucide qui déjà s’évapore. Comme le rêve se délite dès que les paupières s’ouvrent, que le souvenir se dissipe et que l’oubli s’impose ; il l’a déjà perdue de vue. Seul reste le battement de cœur manqué, le souffle étréci, le frisson qui persiste, presque pareil à ceux que le désir fait naître.


Il avait déposé le verre de Vinzent devant son ami, sans céder à l’envie de s’asseoir de nouveau.
Il n’avait pas assez bu pour imputer à l’alcool ce tournis légèrement entêtant qui le rendait comme ivre, presque extérieur à lui-même ; assez détaché pour s’observer en compagnie du duo et étrange couple vis-à-vis duquel il ne se sentait pas de trop. Il n’avait jamais réellement ressenti ce qui ressemblait à une dissociation étrange dont il n’aurait pu comprendre l’origine. Il décida de ne pas lutter contre, et de laisser ses gestes se faire plus éthérés, pourvus d’une sensibilité toute reptilienne, attitude suave et authentique que le sorcier en lui faisait éclore si souvent. Il répondit aux plaisanteries de son frère avec un mélange de malice et de gravité sans poids, hochant brièvement la tête. Il n’y avait pas de remerciement à recevoir. Etre reçu en ces lieux constituerait toujours un honneur, pour lui. Son sourire s’affadit, pourtant. Sa langue pressa nerveusement l’une de ses canines, marquant sa gêne. Il descendit cul sec ce qui lui restait de whisky.

« Hum. J’vais avoir besoin d’un troisième verre. J’prends un peu d’avance sur vous, vous m’en voulez pas ? »

Nouvelle rasade d’alcool s’écoulant sans qu’il ne porte le rebord à ses lèvres aussitôt. Il fit tourner l’ambre, muni de ce faux détachement qui ne bernerait personne. Ce n’était de toute façon pas son intention. Il avait cessé de les regarder, tous les deux. Un sentiment pareil à la honte vint percuter de plein fouet la bienveillance générée par leur affection discrète. D’autres évocations meurtrières affluèrent. Il ne voulut pas tourner autour du pot, ni laisser planer le silence trop longtemps. Avec une simplicité confondante, il laissa tomber sobrement :

« Elle est partie. »

Lilas fut la première à recueillir le toucher de ses prunelles assombries. « Elle était outre. Comme toi. Je n’ai pas su me montrer à la hauteur, avec elle. Et je crois qu’elle n’a pas eu le courage de me le dire en face. » Il la fixait, tristement amusé par le parallèle facilement esquissé avec celle dont il ne prononcerait plus le nom. « Elle ne te ressemblait pas. Elle n’avait pas… ce que tu dégages. Elle était marquée autrement. Et… je pense que j’ai dû réveiller plus de traumas chez elle que je n’aie su en faire taire. » Ses doigts pressèrent le verre avec plus de force. « Son pouvoir était fascinant, lui aussi. Moi, je ne voulais pas en faire une sorcière. Simplement l’aider à maîtriser, à accepter le don qu’elle possédait. Lui montrer qu’il ne lui attirerait pas uniquement la convoitise d’autres prédateurs. Je voulais qu’elle se sente en paix avec elle-même, mais… visiblement, elle n’y a pas cru. Alors elle est partie. »

Toujours sans regarder son ami, il retourna à sa place lentement, se laissant tomber au fond du cuir grinçant sous son poids. Reprenant sa posture, le céruléen retourna se perdre sur le visage de Lilas Hirsch. « J’appartiens à une communauté d’arcanistes bien spécifique, depuis presque toujours. Ils ne savaient pas, pour elle. Et c’est tant mieux. Je voulais la préserver de toute… ingérence, incursion dans son apprentissage. En parallèle, on m’avait confié il y a presque un an la tutelle d’une autre Éveillée. »

Enfin, il se tourna vers Vinzent, les traits parés d’une raideur destinée à évacuer la peine qu’il éprouvait toujours en songeant au départ de Marlow. Il considérait déjà cet événement comme du passé, cherchant à rationnaliser une séparation à vif, sans explication claire, sans chapitre officiellement clos. En son for intérieur se disputaient les deux thèses irréconciliables d’un retour éventuel, d’un signe donné, ou d’un départ sans retour en arrière possible. Il savait que la dernière était la plus favorable, pour l’une comme pour l’autre. Il savait qu’il ne devrait plus jamais s’appesantir sur la somme d’erreurs qu’il avait commises, et qu’il ne lui restait plus qu’à regarder vers l’avenir en espérant ne jamais les reproduire. « Peu avant que tu m’aies recueilli, en avril… Leroy m’avait attribué l’élévation temporaire d’une jeune sorcière dont le père avait décidé de rejoindre nos rangs. Elle pratique le noir. Sans doute espérait-il m’humilier en constatant le caractère irréconciliable de nos magies, de nos générations et de nos tempéraments. Il nous a forcé à tisser ce lien artificiel. » Il hésita, puis rajouta. « Elle était avec nous. Ces trois-nuits là, elle était avec nous. Son père n’a pas survécu. » Une bonne chose. Malgré la peine, malgré la colère, Legrasse n’était qu’une épine fichée dans le talon de sa fille, une malédiction pesant au-dessus d’elle chaque jour, chaque nuit, entravant ses espoirs et ses accomplissements avec un entêtement redoutable. « Depuis que le clan s’est réorganisé, je ne lui ai pas accordé suffisamment d’attention. J’ai l’impression qu’avril c’était hier. La vie a repris, son effervescence avec elle. Mais maintenant… »

Maintenant, dans les mois à venir, il lui faudrait déterminer ce qu’elle attendait de lui. Ce qu’il attendait d’elle. Il but une nouvelle gorgée, plus réconfortante que toutes celles avalées depuis son arrivée. « Bref. De ce côté-là, il faudra attendre. » Un sourire rassurant pour son auditoire, une inspiration pour se donner du courage, puis le socle du verre tinta doucement sur la table, tandis qu’il se penchait vers l’avant, les mains jointes. Concentré, il effaça de son mieux le poids des confidences et maintint Vinzent dans son champ de vision. « Avant tout cela, j’avais beaucoup travaillé avec mes amis reptiles. J’ai continué régulièrement à m’immuniser à différents types de venin : crotales, cottonmouths et cobras, sur plusieurs années. Non seulement cela rend les manipulations moins risquées, mais je me suis rendu compte que la composition de mon sang en était altérée. Autant te dire qu’en matière de philtres, les résultats sont plus qu’intéressants en fonction des rituels et des objectifs de départ. C’était Sonja, qui m’en avait donné l’idée. »

À Lilas, professant le plus naturellement du monde : « Une change-forme cobra qui avait un sale caractère, mais à la fin ça s’est plutôt bien passé. » Se retournant de nouveau vers le sorcier : « Et puis… ce n’est pas encore très au point mais je me suis lancé sur une phase d’expérimentation différente. En lien avec la télépathie, justement. Lors de ma première expédition avec Yago, je me suis rendu compte que le champ télépathique que j’ai tissé dans l’urgence avait réussi à impacter certains des corbeaux qui gardaient l’île où se trouvait l’Ouroboros. J’en suis donc venu à me demander ce qui pouvait se passer si j’essayais de contrôler ces ondes, celles-là mêmes que je propage vers l’esprit des humains ou de ceux qui abaissent leurs défenses pour me laisser passer. Essayer de tisser une sorte de contact, de les toucher d’une intention, d’instaurer une forme d’échange et de dialogue. Je n’y avais jamais pensé auparavant, mais l’idée ne m’a pas lâché depuis… J’n’y connais pas grand-chose en piafs, alors j’ai décidé de commencer à tester ça avec mes propres bestioles. Ça me demande une concentration énorme, un vide absolu, et surtout une forme de communion avec des créatures au schéma de pensée tellement différent du nôtre que je me sens un peu ridicule chaque fois que j’essaie, mais… je sens que c’est possible. Surtout avec les regius. Je n’ai pas encore trop insisté avec les autres espèces. Je me sens plus à l’aise avec eux. Donc forcément, c’est Yam qui s’y colle le plus, puisque j’ai un lien un peu… privilégié avec lui. C’est assez incroyable de tenter de créer un canal dans sa direction. » Passionné, il se redressa, ramenant une jambe sous lui pour pivoter pleinement vers son hôte. « Lorsque je tente d’approcher le mental d’un être humain, je visionne une forme de mur d’enceinte. Chez les cowans, elles sont poreuses comme une moustiquaire, largement abaissées, voire carrément inexistantes. Je traverse sans mal, sans y trouver de piège ni d’obstacles. Si j’ai le temps, l’énergie et la concentration pour, je pourrais explorer pendant des heures et des heures tous les recoins de leur cerveau. Bon, j’le paierais au prix fort, c’est sûr, mais ce serait techniquement possible, et je suis sûr qu’avec plus d’entraînement au quotidien et en faisant fi des migraines récurrentes, je pourrais augmenter ma résistance et mon temps de passage dans leur crâne. Avec les reptiles, c’est complètement différent. Pour te représenter la chose, j’ai l’impression de me retrouver en face d’une porte sans poignée ni serrure, et je dois trouver le moyen d’entrer sans pour autant « blesser » ni offenser le mécanisme. Dès que l’occasion me le permet, je réfléchis, fouille dans les grimoires des anciennes pour voir si d’autres avant moi ont réussi à établir ce genre de communications, et c’est juste… incroyable comme entreprise, j’t’assure. »

Essoufflé, il marqua une pause, pour s’apercevoir qu’il avait encore une fois déblatéré un certain temps. Son regard soudain distrait zigzagua une seconde de Lilas à Vinzent pour mieux grimacer et reprendre son verre. « Je... Bon. Voilà, maintenant, tu sais. Enfin, vous savez. Déso’ pour l’exposé en trois parties. »

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