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My demons can't sleep tonight ❈ Rayna

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Lun 3 Mai - 16:58 (#)

My demons can't sleep tonight
ozios ft. rayna





La nuit venait tout juste de déposer son drapé opaque sur Shreveport lorsqu’Ozios poussa les portes de l’immense salle. Le temps avait été clément, encore une fois; l’air givré s’était incliné face aux températures douces et la lueur de la nuit offrait aux habitants un semblant d’espoir.

Ozios, lui, avait délaissé tout espoir il y avait bien longtemps.

Il avait pourtant cru être parvenu à contrôler sa vie. Ses journées n’avaient été qu’un flot monotone de pensées creuses et inoffensives. Son art en avait peut-être pâti. Ozios s’était dit que si cela était le prix à payer pour ne pas commettre l’irréparable, ainsi soit-il. Son subconscient ne paraissait cependant pas du même avis. Ses nuits étaient hantées par les mêmes images qui passaient en boucle derrière ses paupières. Les journées s’étaient confondues entre elles jusqu’à ce que le danois ne puisse plus parvenir à les différencier les unes des autres. La routine dans laquelle il s’était laissé enfoncer lui avait permis de libérer son esprit de ces stupides idées, soufflées à son oreille comme un sort. Ozios contrôler son existence d’une main de fer. Mais que pouvait-il faire contre les insurrections de son propre esprit?

Les évènements qui avaient eu lieu il y avait de ça maintenant plus d’une semaine lui avaient laissé un goût amer en bouche. En plus d’un vide inconsidéré. Il avait dû se sevrer d’une drogue à laquelle il n’avait pas même eu le temps de goûter assez; tout ce qui demeurait en lui étaient les souvenirs de cette sensation d’extase qui avait parcouru ses veines. La douleur qu’il avait pu éprouver entre chaque dose avait été complètement oubliée, comme si elle n’avait existé que dans son imagination. Ozios en venait même à se demander si tout cela n’avait pas été qu’un rêve, qui aurait duré des semaines. Un seul coup d’oeil à ses toiles lui permettait de savoir que ce n’était pas le cas. Elle était partout; dans les détails d’un coucher de soleil, dans les formes d’une sculpture. Son regard semblait placardé de partout, de son atelier jusqu’à son appartement, lui criant silencieusement de revenir jusqu’à elle, de manière aussi féroce qu’une sirène. Ozios savait très bien ce qu’il était advenu d’Ulysse; il ne comptait pas faire cette erreur.

Incapable de réfléchir correctement dès lors qu’il s’était retrouvé en sa présence, il en avait oublié ses principes, mais surtout, sa véritable nature. Les illusions qu’avait lancé son esprit sur Ozios l’avait aveuglé, au point de ne plus parvenir à formuler de pensées cohérentes. A cause d’elle, il avait peut-être révélé sa nature. Mais surtout, à cause d’elle, il avait pensé à quelqu’un d’autre que lui. Il détestait cela. Toute sa vie durant, Ozios n’avait eu à se soucier de qui que ce soit d’autre que sa personne. Il avait ôté la vie des dizaines de fois, sans jamais se retourner pour ressentir le moindre remords; il avait semé tristesse, panique et chaos sur son chemin, sans un regard en arrière. Il ne souvenait ni des prénoms, ni des regards de ses victimes.

Et pourtant, le regard de Rayna le hantait.

Le regard qu’elle lui avait lancé lorsqu’il s’était accroupi à ses côtés ne parvenait à s’effacer de sa mémoire. Ozios détestait le sentiment qui l’avait parcouru à ce moment; comme s’il dépendait d’autre chose que de lui. Et, même si le voile projeté par le don de Rayna avait disparu, les souvenirs demeuraient fermement ancrés. Ozios les haïssait. Il s’était dit que cette incapacité à oublier était sans doute liée à l’idée de la revoir. Il avait appelé, pour annuler le don qu’il avait fait à l’association, mais cela s’était avéré impossible lorsqu’il avait appris que son agent avait fait fuité sa présence au gala de charité auprès de la presse. Maintenant, Ozios était attendu, et ses mains étaient liées.

Cela ne durerait qu’une soirée. Une soirée durant où il devrait résister à la douleur provoquée par la présence de la jeune femme tout en résistant à l’envie d’aspirer son don pour soulager ses maux et son âme. Seulement quelques heures, et tout serait terminé. Ozios retrouverait son existence de débauche, et tirerait un trait sur cette inconnue. Elle le rendait de toute manière totalement indifférent; la seule chose qu’il avait recherché avait été la capacité qu’elle avait à ralentir son rythme cardiaque et le faire se sentir comme influencé par le meilleur des whisky.

Cette idée miroitait dans son esprit lorsqu’il poussa les portes. Son agent lui avait fait promettre d’être là en avance, de manière à accueillir le public. Le regard que Peter lui envoya depuis l’autre bout de la pièce lui fit comprendre que son retard avait dépassé les limites de l’acceptable. La salle était presque pleine à craquer; les voix des invités résonnaient et rendaient l’idée d’intimité impossible. Le regard désintéressé, Ozios s’avança lentement, essayant de reconnaître un visage familier qui lui aurait permis de pouvoir esquiver l’attaque d’inconnus qu’il était sur le point de subir. Attrapant un verre sur le plateau qu’un serveur apportait à sa hauteur, il se résigna à l’idée de voir passer sa soirée en compagnie de son agent.

- Pas un mot, - dit-il froidement à son attention lorsqu’il arriva à son niveau.

Habité à ses humeurs noirs, Peter ne prononça pas un mot, se contentant de lui répondre par un haussement de sourcils. Les signes qu’il envoyait aux différents invités s’avançant jusqu’à eux leur suffisait à ne pas s’approcher davantage, comme par peur d’une morsure mortelle. Le verre d’Ozios était déjà vide. Il en récupéra un autre.

Il était sur le point de prendre la première gorgée de sa nouvelle boisson, lorsque ses yeux se fermèrent sous le poids d’une douleur qui écrasa son cerveau comme dans un étau. Sourcils froncés, il pinça l’arête de son nez entre son pouce et son index, ignorant les questionnements de Peter à ses côtés. Son calvaire commençait. Prenant une grande inspiration, il parvint à reprendre contenance, résistant à l’envie de concentrer son esprit pour dilater son mimétisme; à la place, il serra les dents, et rouvrit les yeux.

Elle était là. A quelques mètres seulement, de profile, aspirée dans une conversation qui avait étira un sourire sur son visage. Le regard du danois dégringola le long de sa silhouette, retenant malgré lui les courbes de sa robe noire. Elle ne l’avait pas vu, mais lui la regardait d’un air noir, comme si elle avait été la source de tous ses maux. Ce qui était sans doute le cas.  

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Lun 3 Mai - 19:53 (#)






- Bonjour et bienvenue, dit-elle avec un sourire poli à un énième invité.

Rayna aurait dû être aux anges de vivre cette soirée. En tout cas, elle n’aurait pas dû considérer cela comme une douloureuse corvée.
Deux mois durant, elle avait consacré la plupart de son temps et de son énergie à ce gala de charité, pour lequel elle avait dû revêtir une robe de soirée achetée dans un magasin de seconde main. Seule consolation, au moins cette robe lui allait comme un gant, même si elle était trop modeste pour s’en rendre vraiment compte.

Cela faisait déjà une bonne heure que Rayna accueillait les invités en leur tendant un programme de la soirée. Au moins, elle n’était pas obligée de faire la conversation, ce qui l’arrangeait. Malgré tout ses efforts, elle n’arrivait pas à se mettre dans l’ambiance. Ses pensées étaient toutes dirigées vers une personne en particulier ; l’une des stars de la soirée, pourrait-on dire.
Pour autant, depuis l’ouverture du gala, elle ne l’avait pas aperçu une seule fois. La presse avait pourtant bien mentionner le fait qu’il serait présent, mais finalement, elle se demandait si Ozios Wolk finirait par se présenter à ce gala qui pourrait être déterminant pour sa carrière.

Ozios… leur dernière rencontre avec laissé ses cicatrices. Après cette épreuve insurmontable durant laquelle elle avait cru mourir, elle avait dormi durant un jour, ratant même une journée de travail. Heureusement qu’elle était un bon élément, ce qui avait permis à la jeune femme de ne pas se faire remonter les bretelles par Monsieur Lin.
Après cette journée seulement mouvementée par son sommeil cauchemardesque, elle avait tenté de reprendre le cour de sa vie sans toutefois y arriver. La nuit, elle faisait cauchemar sur cauchemar ; le jour, son cerveau tournait à plein régime pour essayer de trouver une explication à ce qui lui était arrivé lorsqu’elle avait tenté en vain de pénétrer dans l’esprit Ozios Wolk.
Annulant tous ses cours de piano et quittant le travail très tôt, elle avait cherché, sur son temps libre, une réponse à sa question. Elle était même parti, durant le weekend, chez son oncle Niegel à qui elle avait tout expliqué. Malheureusement, ce dernier n’avait pas eu vraiment d’information à lui donner, à part une certitude qu’elle avait déjà déduite d’elle-même : quoi qu’était Ozios Wolk, il n’était pas qu’un simple humain. Le mal qui lui avait fait en témoignait bien et avait laissé des marques au plus profond de son âme.

Malgré tout cela et le fait qu’elle y réfléchissait toute la journée, Rayna devrait également se rendre à l’évidence sur le fait qu’elle s’inquiétait, malgré elle pour le jeune homme. Avait-il lui aussi souffert durant tout ça ? Souffrait-il encore, comme elle, elle pouvait souffrir ?
Mais surtout, est-ce que, d’une manière ou une autre, il pensait à elle ? Ou alors s’était-il contenté de tourner la page et d’oublier cette rencontre dans son atelier…

Une bonne heure et demie s’était déjà écoulée depuis le début de la soirée. La plupart des invités étaient arrivés et ainsi, Rayna quitta son poste d’hôtesse d’accueil pour rejoindre Monsieur Lin qui souhaitait la présenter à plusieurs personnes. Sans opposition, Rayna suivit son patron et déambula parmi les invités, esquissant des sourires et répondant machinalement aux questions que l’on pouvait lui poser.
Mais son esprit était ailleurs. Régulièrement, elle zieutait les quatre coins de la salle, histoire de s’assurer qu’Ozios n’était pas là, à la dévisager. Elle avait tout un tas de questions à lui poser et elle n’hésiterait pas. Elle avait besoin de ses explications !

Tu sais pourtant très bien que ce n’est ni le lieu, ni le moment.

Elle secoua la tête tout en adressant un sourire à son interlocuteur, un homme dont elle n’avait retenu ni le nom ni la fonction. Gênée de ne pas savoir de quoi parlait cet inconnu, elle se poussa à rire pour suivre Monsieur Lin et cet inconnu. Elle devait absolument se ressaisir pour ne pas se faire remarquer. Elle savait à quel point cette soirée était importante pour l’association et Monsieur Lin : plus ils récoltaient d’argent, plus ils pourraient mener des actions sociales.
Cette pensée fut suffisante pour qu’elle laisse un temps ses pensées parasites, et finalement, elle se plongea entièrement dans la conversation. Plaisantant avec l’Inconnu plus si inconnu que ça c’était un adjoint au service social communal, elle fit preuve d’un extrême professionnalisme pour le convaincre de signer un généreux chèque.

Et puis c’est à ce moment-là qu’elle croisa son regard qui la toisait sombrement, au loin. Alors il était venu. Ozios Wolk se tenait à une vingtaine de mètres d’elle et ne la lâchait pas du regard. Un regard, dur, froid, menaçant. Tout ce qu’elle détestait chez les jeune homme, du peu qu’elle le connaissait.
En le voyant, le sourire de la jeune femme s’évanouit, son corps se crispa. Malgré toute sa bonne volonté pour garder contenance, elle sentit bien au fond d’elle, qu’une sorte d’angoisse était en train de grandir en elle. L’angoisse de souffrir, de se retrouver une nouvelle fois dans ce vide enflammé qui ne semblait avoir aucune issue. Elle pouvait encore sentir le regard d’Ozios dans son dos, ce qui  ne fit qu’agrémenter un peu plus son angoisse.

Que dois-je faire ?…, se questionna-t-elle. Merde !

Trop tard. Rayna n’était pas la seule à avoir remarquer la présence d’Ozios, puisque dans des excuses plus que formelle, Monsieur Lin faussa compagnie à l’adjoint du maire et l’entraîna à la rencontre du jeune artiste et de son… agent, selon les dires de son patron.

- Monsieur Wolk ! C’est un honneur !, s’enquit Monsieur Lin. Rayna, je ne vous présente pas !

La jeune femme se redressa subitement et tenta de paraître la plus naturelle possible.

- Bonsoir, Monsieur Wolk. Nous sommes en effet ravis de vous avoir parmi nous, réussit-elle à articuler avant d’adresser un sourire forcé au jeune homme.

Comme la semaine dernière, il semblait dérangé par sa présence et ne cessait de se masser l’arête du nez. Ca tombait bien, car elle-même se sentait mal à l’aise en sa compagnie, et ainsi, elle préféra garder le silence et laisser à Monsieur Lin le soin de faire la conversation à l’agent artistique.
Ainsi, Rayna se contenta-t-elle d’observer Ozios, ce dernier faisait de même. On aurait pu croire à deux jeunes gens qui n’osaient pas se parler de peur que leurs chaperons les réprimandent.
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Lun 3 Mai - 21:30 (#)

My demons can't sleep tonight
ozios ft. rayna





Même lorsque le visage qui avait hanté ses pensées des semaines durant se tourna dans sa direction, Ozios ne cilla pas. Son regard était ancré dans le sien. Noyé sous toute la haine et l’incompréhension qu’il ressentait, il avait cessé d’écouter Peter essayer d’égayer son humeur. Les invités qui gravitaient autour d’eux n’avaient même plus l’honneur de recevoir un regard noir de sa part; sa personne entière était consumée par la douleur qui avait pris pleine possession de lui et qui l’empêchait de réfléchir.

« Oz… »

Peter ne termina pas sa phrase; le danois s’était tourné vers lui, et son regard seulement avait réussi à le faire taire. Dieu, ce qu’il avait envie d’aspirer toute l’énergie qui gravitait dans ce stupide corps. Tout aspirer jusqu’à ce qu’il cesse de parler, jusqu’à ce qu’il cesse de…

Ses pensées meurtrières furent interrompues par une douleur qui le foudroya sur place. Il ferma les yeux, encore une fois. Elle s’approchait. Il n’avait pas besoin de la voir pour le savoir.

« Monsieur Wolk! C’est un honneur! Rayna, je ne vous présente pas! »

Lentement, il se tourna vers le petit homme qui lui adressait son plus beau sourire; il ne fut pas retourné. Il hocha simplement la tête dans sa direction. Puis, ses yeux se dirigèrent vers la silhouette qui se tenait à ses côtés. Un faux sourire trônait sur son visage. Il se détesta de le remarquer. Mâchoire serrée, il agrippa fermement son verre en espérant ne pas le briser. Il arrivait à peine à respirer; c’était comme si des milliers d’aiguilles enflammées pénétraient son corps en même temps. A ses côtés, son agent le regardait, alors qu’un silence s’était abattu entre les quatre. Ozios regardait encore Rayna, mais ne la voyait pas. Il tentait de trouver un moyen de contrôler son corps pour ne rien faire de stupide. Pas en public.

Peter le tira finalement de son calvaire. « Nous sommes tout à fait ravis de participer à ce superbe évènement. Toutes mes félicitations pour cette réussite. Monsieur Wolk et moi avons hâte de voir ce qu’il adviendra de ses dons! »

Les regards se tournèrent une fois de plus vers Ozios; sa seule réponse fut un hochement désintéressé de tête. Il était enfin parvenu à respirer correctement. Il n’avait cependant plus qu’une envie, désormais: aspirer son don pour enfin cesser de souffrir et ressentir ce dont il rêvait depuis des semaines. Il ne savait finalement pas quelle était pire douleur: celle qu’infligeait la présence de cette psy sur son cerveau, ou celle de se retenir d’utiliser son mimétisme. La colère qu’avait provoqué sa présence s’était mue en détachement caractérisé. Pour une fois, son agent semblait disposé à la réflexion, puisqu’il reprit une nouvelle fois la parole. « Eh bien… il semblerait que nous ayons encore beaucoup d’invités à saluer. Si vous voulez bien nous excuser. »

Les deux juristes se décalèrent chacun d’un côté de manière à leur laisser le champ libre. Avant de partir, Ozios se stoppa à hauteur de Rayna et se pencha à son oreille.

- Vous n’auriez pas dû venir, Mademoiselle Rhodes.

Toute chance de réponse fut écourtée par son départ. Peter menait la danse, Ozios sur ses pas, et son agent fit le plus clair de la discussion; chaque invité semblait désespéré d’échanger quelques mots avec le danois, mais lui ne répondait que de façon ponctuelle. Son regard avait la mauvaise habitude chercher Rayna, et lorsqu’il la trouvait, il entamait une nouvelle lutte avec cette sensation d’addiction. Son murmure n’avait pas constitué une menace; elle n’aurait réellement pas dû venir ce soir. Cela ne rendait les choses que bien plus compliquées. Il était égoïste, mais pas idiot. Ozios comprenait très bien la façon dont la jeune femme l’avait regardé, toutes ces fois où il s’était retrouvé seul en sa présence. Durant ces moments, cela ne l’avait guère dérangé, trop absorbé par sa recherche de délivrance. Mais là, dans cette pièce bondée, alors que son esprit s’appliquait à ne pas repartir dans ces mauvais penchants, il était conscient d’elle, de son regard et de son visage. Il avait merdé. Il le savait.

La vente aux enchères avait finalement pris place en fin de soirée. Installé au dernier rang, Ozios avait fait en sorte d’être le plus loin possible de la source de sa douleur. L’heure qui s’était déroulée avait été un calvaire. Finalement, sa première oeuvre était partie pour une somme ridiculement élevée. La sculpture pour un prix encore plus élevé. Les invités s’étaient levés pour applaudir, tournés vers Ozios, qui avait pris le soin d’éviter toute opportunité d’être appelé pour un discours de remerciement.

Le marteau venait à peine de s’abattre sur le podium pour clore la dernière vente qu’il était déjà debout, délaissant son agent derrière lui. Il avait besoin d’une cigarette; peut-être serait-ce également le moment de partir sans rien dire. Il avait terriblement besoin de quelques minutes de répit, où son cerveau pour cesser de brûler en permanence.

« Monsieur Wolk! »

Ozios se stoppa dans ses bas, poings serrés. Il se retourna lentement, reconnaissant la voix du petit homme qu’il avait rencontré en début de soirée. Sa migraine lui indiqua la présence de Rayna. Puis son regard la trouva. Les deux arrivèrent à sa hauteur, et le danois demeura stoïque. Il avait besoin d’une clope. Une clope et du silence.

« Félicitations. Vous devez être ravi! »
- En effet, - se contenta-t-il de répondre en regardant l’homme.

Celui-ci était sur le point de reprendre la parole, quand on le héla. « Ah, mince. Je dois filer. Si vous voulez bien m’excuser. » C’était comme si l’univers avait décidé de s’acharner sur l’artiste; soulagé, il avait pensé être débarrassé de la jeune femme, également. L’ombre d’un sourire avait fait son apparition sur son visage. Il tentait de se bercer d’illusions en se disant que la nicotine aurait le même effet que son mimétisme sur son organisme.

Ozios fut cependant rattrapé par la réalité quand l’inconnu les quitta, mais qu’elle ne lui emboita pas le pas. Ils se retrouvèrent l’un face à l’autre, son sourire désormais tombé aux oubliettes. Il la dévisagea, longuement.

Finalement, il craqua.

Son mimétisme se déclencha malgré lui, comme la première fois qu’il l’avait vue. Il fut incapable de résister, et une fois qu’il aspira son don, il ne parvint plus à se stopper. Le soulagement fut tel qu’il aurait pu défaillir. Un sourire de contentement fit son apparition sur son visage, et finalement, son regard s’éclaircit, le voile se leva. Rien que quelques secondes, et il partirait.

- Avez-vous apprécié votre soirée? - demanda-t-il, bien plus détendu que quelques instants auparavant.

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Lun 3 Mai - 22:47 (#)







Incapable de détacher le regard, ne serait-ce qu’une seconde, du jeune homme, Rayna resta silencieuse pendant que Monsieur Lin faisait la conversation. En réalité, au-delà du fait qu’elle n’avait rien à dire au jeune artiste, elle essayait simplement de ne pas prendre ses jambes à son cou et de détaler le plus loin possible d’Ozios. Pourquoi avait-il fallut qu’il vienne ? D’autant plus qu’il ne semblait vraiment pas à l’aise au milieu de tout ce monde. Il aurait mieux fait de s’abstenir et de laisser son agent gérer pour lui, surtout au regard de l’absence de sympathie qui émanait de tout son être.

Finalement, après un bref échange de formalité, elle fut libérée de cette conversation insoutenable. En tout cas, elle cru l’être, jusqu’à ce qu’elle n’entende les mots murmurés par Ozios qui eurent le don de lui glacé la colonne vertébrale. Sans parler de ce qu’il lui disait, qui confirmait bien ce qu’elle pensait de l’artiste, la proximité qu’il venait d’instaurer entre eux ne la laissa pas indifférente, chose pour laquelle elle se détestait en cet instant. Tout cela n’était qu’un jeu pour lui, un jeu dans elle n’était pas une participante mais un vulgaire jouet.
Alors que le jeune homme venait de passer à son niveau, elle le regarda s’éloigner avant de se concentrer de nouveau sur Monsieur Lin qui lui adressait un sourire lourd de sens.

- Bon… continuons d’aller saluer nos invités, ma Petite.

Dans un hochement de tête, elle suivi son patron docilement, ce dernier l’entraînant à la rencontre de diverses célébrités locales. Rayna avait beau aimer son travail profondément et détester se montrer impolie, il lui était actuellement impossible de se concentrer sur la soirée. Elle était si bouleversée par sa dernière rencontre avec Ozios qui lui était tout bonnement impossible de se sentir sereine alors qu’il se trouvait dans la même pièce qu’elle. Encore pire, elle se sentait observer par lui, même si elle ne le voyait nul part, au milieu de cette foule.
Après plusieurs minutes à déambuler parmi les convives, on annonça le début des enchères et rapidement, Rayna s’avança vers la première rangée où un siège lui était réservé. Elle ne manqua pas, au passage, d’attraper une coupe de champagne qu’elle descendit rapidement. Elle n’était pas du genre à boire, et ne s’autorisait que très rarement un verre ou deux, mais en cet instant précis, c’était la seule chose qui s’offrait à elle pour se détendre un peu. Elle descendit son verre rapidement puis s’installa aux côté de Monsieur Lin.

Durant toute la durée des enchères, elle du faire une immense effort sur elle même pour ne pas se lever et quitter le gala en catimini. Elle était effrayée à l’idée de potentiellement devoir aller féliciter Ozios à la fin des enchères : ça impliquerait d’être à proximité de lui, de sentir son regard de prédateur sur elle et de supporter sa mauvaise humeur.
Ses craintes furent confirmées lorsque les deux œuvres d’Ozios partirent pour des sommes astronomiques ; elle n’était même pas sûre de gagner cela en six mois de travail, et voilà que le jeune artiste allait s’en mettre plein les poches pour avoir donner deux coups de pinceau sur une toile !
Non, elle se montrait médisante. Les œuvres d’Ozios étaient magnifiques, emplies d’une sensibilité qu’elle aurait aimé percer à jour. Sans succès. Et c’était peut-être ça qui lui laissait un goût amer : avoir cru qu’elle aurait une place dans la vie du jeune homme, alors qu’il n’avait que faire d’elle.

A la fin de la vente, Lin se leva aussi vite qu’une anguille et entraîna de nouveau la jeune femme parmi la foule. Il souhaitait remercier Ozios Wolk en personne pour ses dons ; Rayna, elle, souhaitait juste être engloutie dans le par terre de marbre sur lequel ses talons raisonnaient. Au moins, elle avait le temps de se préparer à un affrontement, et c’est pour cette exacte raison qu’elle attrapa une seconde coupe de champagne qu’elle descendit en un temps record. Vu la rapidité à laquelle elle buvait, elle ne tarderait pas à sentir sa tête lui tourner et elle tenta de négocier avec elle même pour que cette seconde coupe soit la dernière.

- Félicitations. Vous devez être ravi !

Rayna resta en retrait, derrière Monsieur Lin, ce qui en soit était une idée assez étrange dans la mesure où elle dépassait le vieux chinois d’une bonne tête. Mais bon, il fallait s’en contenter.
Aussi vite qu’il était arrivé pour féliciter Ozios de son succès, Monsieur Lin décida qu’il était grand temps de s’éclipser. Sans attendre, la jeune femme se mit en route pour lui suivre, mais il l’arrêta, lui intimant de profiter de cette soirée en « si charmante compagnie».

Une fois seule avec Ozios, elle le toisa tout en veillant à garder une certaine distance avec lui. Elle le trouvait très élégant dans son costume, mais elle se garderait de lui dire. Il était hors de question qu’elle continue à jouer avec le jeune homme, pas temps qu’elle n’aurait pas un minimum de réponse à ses questions. Et puis, au moins, peut-être que toute cette histoire lui permettrait de se sortir des filets dans lesquels le jeune homme l’avait piégée.

« Avez-vous apprécié votre soirée ? »

Elle avait presque oublié qu’Ozios avait une voix dont il se servait parfois pour engager une conversation cordiale et innocente. Il paraissait désormais plus détendu que précédemment, ce qui ne manqua pas d’irriter un peu plus la jeune femme.
Ne se démontant pas, elle arqua l’un de ses sourcils et se contenta de fixer le jeune homme quelques instants.

- J’aurais pu l’apprécier pleinement si toutefois vous n’aviez pas daigner venir la gâcher, lui lâcha-t-elle durement. Mes félicitations, en tout cas. Cette soirée vous aura au moins permis d’accéder au rang de célébrité.

Elle marqua une courte pause avant de reprendre.

- Bien que vous en aviez déjà le caractère, je vous le concède.

Même si, à l’origine, elle n’avait pas voulu être aussi cinglante avec le jeune homme, elle devait avouer qu’elle avait ressenti une certaine forme de soulagement à le piquer de la sorte.
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Mer 5 Mai - 14:45 (#)

My demons can't sleep tonight
ozios ft. rayna





Ozios savait pertinemment que le piège dans lequel il s’était laissé prendre une fois de plus était dangereux, possiblement mortel. Il était conscient qu’il en disait trop, même s’il n’avait prononcé que quelques mots depuis le début de la soirée. Son regard suffisait à transmettre toutes pensées qui fusaient dans son esprit sans qu’il ne parvienne à les calmer. Il était cependant incapable d’arrêter. Il avait goûté une fois de plus à ce fruit défendu, et s’était laissé engloutir tout entier, volontairement. Et maintenant, il ne parvenait plus à contenir le sourire qui avait finalement fait son apparition sur son visage.

La jeune femme, cependant, ne semblait pas dans le même état d’esprit et arqua un sourcil en le regardant. Ozios fit de son mieux pour ne pas dévisager ses traits et la manière dont elle était habillée. A la place, il garda son regard fermement ancré dans le sien, les mains fourrées dans les poches de son pantalon, repoussant les pans de sa veste en arrière. Les paroles de Rayna emplies d’agacement ne parvinrent pas à supprimer le rictus de son visage. Un serveur passa à leur niveau, et le danois attrapa deux flutes de champagne.

- Si j’avais su qu’il suffisait d’une attitude pour devenir célèbre, j’aurais abandonné l’idée de peindre il y a bien longtemps, - dit-il en lui tendant un verre.

Il prit une gorgée de la boisson alcoolisée qui laissa un flot de bulles le long de sa gorge. Rayna le toisait du regard; il ne pouvait pas lui en vouloir. Lui-même ne savait pas vraiment à quoi il jouait. Seulement qu’il devait s’arrêter. Il n’était cependant pas sûr d’y parvenir. Il avait été à deux doigts de s’extirper de cette soirée, de laisser toute cette histoire derrière lui et de rester enfermé dans sa solitude. Le convaincre du contraire avait été bien moins difficile que ce qu’Ozios aurait pu penser. Il décida de ne pas y prêter trop d’attention pour le moment, effrayé à l’idée de découvrir les véritables motivations derrière ses actions.

- Mais de quel caractère voulez-vous parler exactement, Mademoiselle Rhodes?

Pour ce qui était sûrement la première fois depuis qu’il l’avait renvoyée de son atelier des semaines plus tôt, les paroles du danois n’étaient pas motivées par l’envie, ou plutôt le besoin de soutirer quelconque réaction de la part de la jeune femme. Cette fois-ci, il était vraiment curieux de savoir ce qu’elle pensait de lui, au delà de tout ce qui lui laissait paraître. Quelque chose lui disait qu’elle commençait à voir clair dans son jeu. Son mimétisme commençait à peine à se rétracter. Ozios avait toujours été habitué à l’utiliser de manière ponctuelle, ne ressentant jamais le besoin de le faire sur une durée étendue. En présence de Rayna, cependant, il avait appris à concentrer son pouvoir sur la dilatation du temps. Il parvenait maintenant à le maintenir en place plusieurs minutes, pourvu que le don qu’il aspirait ne soit pas d’une puissance trop importante.

La grimace habituelle de douleur qui accompagnait la rétractation de son mimétisme n’eut pas le temps d’apparaître sur son visage; déjà, il l’avait ré-étendu, et ressentait une nouvelle slave détendre ses muscles. Cependant, s'il ressentait le soulagement de son empathie, il ressentait également toutes les émotions qui parcouraient le corps de la jeune femme. Et pour l’heure, elle était agacée, à la limite de l’énervement. Son sourire se fana sur le visage de l’artiste et il termina sa flûte de champagne avant de la poser sur le plateau d’un serveur qui passait une nouvelle fois à leurs côtés. Autour d’eux, les invités étaient de retour à l’esprit de fête. Leurs fortes voix avaient repris possession des lieux, les quelques regards des amateurs d’art étaient de nouveau fixés sur Ozios. Mais lui n’y prêtait pas attention. Reprenant son sérieux, il inspira.

- Vous ne saisissez pas l’envergure de la situation. Je n’aurais certainement pas dû accepter de participer à cette soirée, mais je n’ai pas pu m’y empêcher. Pour des raisons que je ne devrais certainement pas vous dévoiler.

Comment lui dire que les motivations qui se cachaient derrière sa présence n’étaient liées qu’à la personne qui tenait en face de lui et qui le fusillait du regard? Très mauvaise entrée en matière. Ozios ne voyait pas comment il aurait pu lui avouer qu’il n’était qu’une âme démoniaque en recherche de trip auprès d’une innocente qui possédait un don dont elle ignorait les effets.
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Jeu 6 Mai - 12:17 (#)






Plus qu’agacée par la situation, Rayna sentit son irritation décroitre alors que le jeune homme se contentait de la fixer avec un léger rictus malicieux. Elle avait voulu le piquer mais ça n’avait pas fonctionné. Au lieu de ça, il entrait dans son jeu comme à son habitude. Tout n’était qu’une question de jeu avec Ozios Wolk.

Alors qu’un serveur passait à leur hauteur, le jeune homme attrapa deux coupes de champagne, dont une qu’il tendit à la jeune femme. Elle s’en saisit sans ménagement, abandonnant également tout espoir de se limiter à deux verres comme elle se l’était dit quelques minutes plus tôt. Sans attendre, elle porta le verre à ses lèvres et laissa le champagne envahir sa gorge et son estomac.
Ozios en fit de même, avant de finalement reprendre la parole en la questionnant sur ce qu’elle lui reprochait. Elle se demandait ainsi si le jeune artiste faisait exprès de jouer à l’idiot ou s’il se demandait vraiment ce qu’elle pouvait potentiellement ne pas saisir dans son comportement changeant.
Pour éviter d’en dévoiler trop sur ce qu’elle ressentait en cet instant, Rayna ne reprit pas la parole tout de suite, essayant de réfléchir à quelques mots diplomates qu’elle aurait pu lui dire.

Elle était enfin sur le point de reprendre la parole, quand, c’est à cet instant précis que le sourire du jeune homme se rétracta et qu’il parut soudain plus tendu qu’auparavant. Dans un soupir, elle se retint de rire ironiquement. Comment pouvait-il s’interroger sur ce qu’elle venait de lui dire, pour ensuite faire précisément ce qu’elle lui reprochait.
Rayna toisa Ozios encore quelques instants avant de finalement lever les mains vers lui et de reprendre la parole.

- Mais ça ! Ca justement !, dit-elle tout en s’emportant. Vous me souriez comme un idiot et l’instant d’après, c’est comme si ma compagnie vous ennuyait au plus au point !
Je ne comprends pas pourquoi vous agissez comme cela avec moi. C’est vous qui avez instauré cet espèce de… de… de truc entre nous, alors ne faites pas si comme si vous ne saviez pas de quoi je parle.


S’étant laissé emporter par ses émotions, la jeune femme descendit la moitié de sa flûte tout en espérant que l’alcool viendrait la détendre. Elle se doutait bien que ce ne serait pas suffisant, parce que la vérité était d’une simplicité affligeante : elle voulait des réponses et percer le mystère qui entourait Ozios Wolk.

« Vous ne saisissez pas l’envergure de la situation. »

Il était clair que non. Elle n’avait pas la moindre idée de ce qu’il se passait entre elle et Ozios en dépit du fait qu’elle retournait le problème dans tous les sens et la façon dont il lui répondait par des formalités emplies de mystère la frustrait d’autant plus.

- Mais de quelles raisons parlez-vous à la fin ?!

Nouvel emportement. C’en était trop pour la jeune femme. Elle allait tenter, une nouvelle fois, de pénétrer dans l’âme d’Ozios. Elle avait besoin de savoir si elle y arriverait, de se convaincre que la dernière fois n’était qu’une passade et que le problème venait d'elle ; que cette fois-ci elle y arriverait haut la main. Et puis, au moins, peut-être qu’elle en saurait un peu plus.
Certainement désinhibée par l’alcool et le brin d’énervement qu’elle ressentait au fond d’elle, la jeune femme se mit à fixer le jeune homme avec profondeur et insistance. Il était hors de question qu’elle se jette dans la tête d’Ozios comme la dernière fois. Ce soir, elle allait prendre ses précautions et y aller en douceur, pas à pas ; au moins, si elle ressentait la moindre douleur, elle aurait le temps de couper le lien avant d’être de nouveau aspirée totalement et d’en perdre connaissance.
Lentement, elle inspira et expira l’air de ses poumons, retrouvant peu à peu son calme légendaire et sa concentration. Fermant les yeux, elle laissa peu à peu sa conscience quitter sa tête pour s’emparer de celle du jeune homme.
Mais, à peine entrée, elle fut prise d’un vertige douloureux qui la fit tanguer sur ses talons et lui fit renverser sa coupe de champagne. Instinctivement, elle se força non sans difficulté à ouvrir les yeux et à s’arracher de l’esprit d’Ozios. Essoufflée et prise de tremblements, la nausée lui monta et elle crut bien qu’elle allait rendre tout le champagne ingurgité dans la seconde.

De l’air. Elle avait besoin d’air. Sans attendre, elle fit volte-face sans même un dernier regard pour Ozios et se dirigea vers la sortie à grande enjambée.
Une fois dehors, elle inspira une forte dose d’oxygène et s’appuya contre un mur, essayant de reprendre progressivement son calme. Perturbée par un bruit de pas, elle ouvrit les yeux et tourna vivement la tête vers la droite avant de se retrouver de nouveau face à Ozios qui la dévisageait d’un air grave. Peu importaient les raisons qui lui faisait dire ça, Rayna était maintenant persuadée que le jeune homme n’était pas qu’un simple humain. C’était impossible, elle l’avait bien compris quand elle s’était exercée chez Niegel : les esprits humains ne lui résistaient pas.

- Qu’est-ce que vous êtes ?, demanda-t-elle calmement.

Était-il lui aussi un outre ? Plausible, même si elle arrivait également à rentrer dans la tête d’autres outres pour avoir essayé sur son oncle. Peut-être possédait-il un quelconque don défensif, après tout.
Non, c’était surement autre chose, puisqu’en soit, elle arrivait quand même à pénétrer l’esprit du jeune homme ; elle n’arrivait juste pas à la bonne destination.
Soudainement, elle se redressa et fit de grands yeux, touchée par un éclair de lucidité. Alors qu’elle se questionnait sur ce qu’Ozios pouvait être, elle n’avait jamais réfléchi au fait que lui devait surement savoir ce qu’elle était, sinon, pourquoi se serait-il comporté de manière si mystérieuse avec elle ?
S’il était hostile, il avait eu de multiples occasions de pouvoir la tuer mais il ne l’avait pas fait ; s’il était amical, il aurait très bien pu se comporter comme un simple humain pour la duper – ce qu’il avait fait durant un temps - ou lui révéler la vérité bien avant.

- Répondez-moi !, lui intima-t-elle, impatiente. Inutile de continuer à jouer, je sais que vous n’êtes pas qu’un simple humain, comme vous le savez pour moi !

Déterminée à découvrir la vérité, Rayna plongea son regard de défi dans celui d’Ozios. Le temps des réjouissances était terminé.
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Jeu 6 Mai - 16:40 (#)

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Malgré la réserve dont elle avait fait preuve tout au long de la soirée, elle se laissa emporter par ses nerfs, et Ozios resta de marbre face à ses paroles. Il n’avait à vrai dire pas eu la générosité de prendre quelques minutes pour réellement réfléchir à cette situation, et ce que tout cela pouvait impliquer pour la jeune femme. Il s’était arrêté à ses propres intérêts, comme il le faisait toujours. Face à ses paroles, le danois aurait aimé pouvoir refermé la boite de pandore qu’elle venait d’ouvrir malgré elle; il n’en eut pas la chance. Elle venait d’imploser devant lui. Son regard ne portait plus la timidité qui avait semblé le caractériser, sa voix était ferme, emprunte d’un énervement qui fit froncer les sourcils à Ozios. Il s’attendait à ce qu’elle ne lui jette son verre à la figure, et qu’elle prenne la fuite. Qu’elle décrète une rage sans pareille pour pouvoir s’échapper de cette situation, disparaître dans la nuit sans laisser au danois la chance de renverser une fois de plus ses conditions. Mais une fois de plus, elle le prit par surprise.

Les talons fermement ancrés dans le sol, elle le scrutait. Ses yeux concentrés ne quittaient pas son visage, même lorsqu’Ozios aussi se mit à la fixer. Jusqu’alors, un simple coup d’oeil appuyé avait suffi à lui faire baisser le regard. Cette fois-ci, elle ne cilla pas. Les mains d’Ozios étaient de nouveau fourrées dans les poches de son pantalon. Il attendit qu’elle reprenne la parole, mais ce ne fut pas le cas. La frustration qu’elle avait ressenti quelques minutes plus tôt s’était mue en concentration. Il haussa un sourcil, ne parvenant pas à saisir les raisons de ce brusque changement d’humeur.

Le monde était toujours aussi bruyant autour d’eux, mais le danois, lui, n’entendait rien. Leur duel de regards effaçait toute pensée extérieure, comme s’ils n’avaient été que deux dans cette immense salle. Il fut tiré de sa transe par le bruit d’une flûte se fracassant au sol.

Rayna venait de basculer, manquant de tomber, et Ozios avait fait un pas en avant pour la rattraper, empêchant cependant sa main d’entrer en contact avec son bras au dernier moment. Il se redressa; lui n’avait pas cessé de la regarder. Elle semblait prise d’une violente douleur semblable à celle qu’il ressentait dès lors qu’elle entrait dans un périmètre rapproché.

C’est à ce moment-là qu’elle prit la fuite.

Quelques visages se retournèrent sur son passage, sa flute de champagne renversée sur le sol. Ozios resta en retrait, la regarda partir, sentant son mimétisme se rétracter au plus elle s’éloigner de lui. C’est alors que la réalisation le frappa. Il ne se laissa pas le temps de réfléchir à ce qu’il venait de se passer, et aux raisons qui l’avaient poussé à ignorer l’évidence. Déjà, il s’élançait à sa suite, marchant activement sans pour autant se mettre à courir. Il avait rêvé de pouvoir quitter cette satanée soirée et de s’allumer une cigarette, mais quand son corps fut enfin frappé de l’air frais de cette agréable nuit, la nicotine fut le cadet de ses problèmes.

« Qu’est-ce que vous êtes? » La voix avait atteint ses oreilles avant qu’il ne croise son regard. Elle se trouvait face à lui, et toute trace de gêne avait quitté son corps. Elle n’était plus la petite chose fragile qu’Ozios avait rencontrée sur le pas de sa porte, cette personne facilement impressionnable qui semblait rougir pour un rien. Elle le défiait du regard, et ne comptait pas lâcher l’affaire jusqu’à ce qu’Ozios ne lui révèle enfin ce qu’il était. Echec et mat.

Pourquoi avait-il fallu qu’il craque, une fois de plus? Des semaines durant, il était parvenu à se défaire de l’emprise qu’elle avait sur son esprit, à oublier cette sensation, plus délicieuse que n’importe quelle drogue. Il s’était renforcé dans le trou béant de sa solitude, avait cessé les faux semblants, s’était abandonné à sa démonerie. Une courte soirée avait cependant suffi à le faire flancher. Il avait cru pouvoir résister. Il s’était trompé.

« Répondez-moi! » Le regard du danois se fixa une nouvelle fois dans le sien alors qu’elle haussait le ton. Qu’avait-il fait? Qu’avait-elle fait?

La courte distance qui les séparait fut réduite à néant alors qu’il traversait le pavé en de longues enjambées. Sa silhouette menaçante se trouva devant elle, et il la toisa de toute sa hauteur.

- Qu’avez-vous fait?

Cette fois-ci, la rage qui parcourait ses veines n’avait rien à voir avec quelque mimétisme; celui-ci avait complètement disparu, ne laissant rien d’autre qu’un feu ardent qui le consumait de l’intérieur. Debout face à elle, il ne recula pas.

- Qu’avez-vous fait, Rayna? - demanda-t-il une fois de plus entre ses dents. - Ne pénétrez pas mon esprit. Vous risqueriez de vous y perdre.

Il ne savait pas ce qu’elle avait fait, ni de quel autre don elle disposait. Ce qu’il savait était qu’elle n’avait pas pu faire usage de son empathie, puisque celui-ci avait été aspiré par Ozios une bonne partie de la soirée. Elle devait donc posséder un autre pouvoir… Les yeux ancrés dans les siens, il la toisa, essayant de décrypter son esprit. Dilatant une nouvelle fois son mimétisme, il essaya de la sonder, d’aspirer l’énergie dont elle disposait; son empathie lui donna le tournis, une nouvelle fois. Mais il ne trouva rien de plus. Il était incapable de se concentrer pour trouver davantage de ses dons.

Ozios perdait le contrôle. Il était incapable de maîtriser le pouvoir pour lequel il avait sacrifié son existence à proximité de la jeune femme. Instinctivement, sa main agrippa le bras de la jeune femme. Une décharge parcourut son corps. Le souffle coupé, il garda le silence quelques instants, avant de finalement la relâcher. Seulement alors, il fit un pas en arrière.

- Je vous avait pourtant dit que vous n’auriez pas dû venir. Ne faites rien que vous pourrez regretter, Rayna, vous ne savez pas dans quoi vous vous embarquez, - ajouta-t-il en reprenant ses esprits.
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Jeu 6 Mai - 19:06 (#)





Durant plusieurs longues secondes qui parurent des heures, Rayna et Ozios se dévisagèrent en silence. Elle avait beau essayer de reprendre son calme, elle n’y arrivait pas. Toute cette frustration accumulée durant plusieurs semaines s’était transformée en une colère qu’elle avait besoin d’exprimer autrement que sur un piano ; de l’exprimer à Ozios.

Finalement, le jeune homme reprit la parole et elle le toisa silencieusement. Oui, qu’avait-elle fait ?
Elle avait perdu le contrôle d’elle-même, s’était doucement laissée aller à des désirs interdits qui avaient réduit ses principes à néant. Mais au fond, elle n’avait voulu qu’une chose, une chose qu’Ozios n’avait pas été en mesure de lui accorder, sans doute par pur égoïsme, qui était de le connaître. Elle avait voulu en savoir plus sur lui, partager des conversations qui auraient pu durer des heures. Mais au lieu de cela, ils étaient tous deux ici, à cette soirée guindée à se hurler dessus pour essayer de prendre le dessus l’un sur l’autre, comme des animaux enragés.

Ça ne lui ressemblait pas. Rayna détestait le conflit, blesser les gens. Aussi cliché que cela puisse  paraître, elle voulait simplement répandre le bien et la gentillesse autour d’elle. La solidarité aussi, et tout un tas d’autres choses dont le monde actuel avait bien besoin.

- C’est trop tard…, lui répondit-elle tout en laissant planer le mystère. C’est trop tard.

Subitement, Ozios se retrouva à sa proximité et lui prit le durement le bras. Elle ne l’avait pas vu venir et se retrouvait maintenant emprisonnée alors que son bras la faisait légèrement souffrir sous la pression qu’il exerçait. Il la surplombait de son regard noir qu’elle avait appris à apprécier au fil du temps. Elle, de son côté, resta silencieuse, le souffle court. La sensation des doigts d’Ozios contre sa chair aurait sans doute dû l’effrayer, mais elle ne l’était pas. Malgré la peur qu’elle ressentait à cause de son regard empli de haine, la jeune femme, au fond d’elle, était contente de l’existence d’un tel contact entre eux.
Finalement, Ozios se recula et lui lâcha le bras. Si vite qu’elle n’eut de nouveau pas le temps de s’y préparer et, d’une certaine manière, elle en aurait voulu encore. Elle l’écouta alors qu’il la mettait en garde pour la seconde fois de la soirée, mais elle n’avait pas envie d’entendre ces mots, elle voulait au contraire s’embarquer dans cette histoire, ou peu importait ce que c’était. Il était déjà trop tard pour faire machine arrière, comme si Ozios avait planté ses crocs dans sa chair. D’ailleurs, peut-être était-il un vampire ? Non… sinon il l’aurait déjà croqué, c’était certain… en tout cas elle essaya de s’en persuader.

La jeune femme avait finalement fini par retrouver son calme légendaire. Alors même que sa raison lui criait de prendre ses jambes à son cou, elle fit un pas en direction d’Ozios, puis deux, jusqu’à ne plus pouvoir avancer au risque d’entrer en collision avec ce dernier.
Elle leva le regard pour trouver le sien, sachant qu’il la dépassait bien d’une bonne tête, puis elle se mordit les lèvres, de nouveau gênée, un sentiment qu’elle n’avait pas ressentit depuis un moment au contact du jeune homme.

- Non, c’est vrai, je n’en sais rien… mais c’est plus fort que moi.

Alors qu’elle sentait le jeune homme se crisper face à une telle proximité entre eux, elle ne recula cependant pas, elle-même tétanisée d’être aussi proche de lui.

- C’est vous qui avez commencé ce jeu-là. Vous avez fait en sorte d’en arriver-là alors ne me rejetez pas la faute dessus, dit-elle d’un ton calme qui s'avérait catégorique.

Elle fut incapable de soutenir le regard d’Ozios plus longtemps. Ainsi, elle baissa la tête et resta plantée devant lui sans trop savoir ce qu’elle attendait. Elle n’arrivait simplement pas à décoller ses pieds du sol pour reculer. Finalement, elle se sentait en sécurité en étant aussi proche d’Ozios, d’une certaine manière. Elle savait bien que le jeune homme n’était pas forcément quelqu’un -ou quelque chose- de nécessairement bon pour elle, elle l’avait compris à la seconde où elle s’était retrouvée dans son esprit en feu. Mais pour autant, elle décelait quand même quelque chose de bon, certainement profondément enfoui au fond de ses entrailles. Elle en était convaincue, pleine de naïveté qu’elle était.

- Vous m’avez dit que je risquais de me perdre si je pénétrais votre esprit, murmura-t-elle en fermant les yeux. Je m’y suis déjà perdue. Et vous êtes venu me chercher. Vous m’avez ramené… que ça vous plaise ou non, vous l’avez fait. Alors dites-moi ce que vous êtes, s’il vous plaît, termina-t-elle, la voix pleine de supplice.

Bien que consciente qu’elle devait certainement passer pour une folle avec ses métaphores douteuses, elle fut persuadée que le jeune homme avait bien compris ce qu’elle voulait dire. En tout cas, elle l’espérait.
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Ven 14 Mai - 12:51 (#)

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Au fond de lui, Ozios savait qu’il aurait dû faire demi-tour, lâcher toute l’animosité qu’il possédait sur la jeune femme pour la convaincre de laisser tomber cette histoire vouée à l’échec. Il savait qu’il n’aurait pas dû rester là, planté devant elle, son regard ancré dans le sien; plus encore, il savait qu’il n’aurait pas dû une nouvelle fois dilater son mimétisme et ressentir cette sensation que rien ni personne d’autre n’avait jamais su lui procurer.

Mais il restait. Esclave de sa propre volonté, le danois restait là, à la dévisager. Son visage semblait passer par toutes les émotions, et quoi qu’il accepte de lui donner, elle recevait volontiers, inconsciente du danger qu’elle encourait. Il ressentir sa frustration, sa gêne, son attirance. Il accueillit toutes ses émotions à bras ouverts comme une déferlante. Cependant, il garda le silence, incapable de faire un choix, incapable d’enfin prendre une décision. Car s’il partait, il partirait pour de bon. Il tirerait un trait sur cette addiction, passerait certainement les pires semaines de sa vie, jusque’à ce que cette sensation ne soit qu’un lointain souvenir disparaissant dans les tréfonds de sa mémoire. Mais s’il restait, il ne pourrait plus se cacher. Il ne pourrait plus se dissimuler sous ce voile obscure qu’il était le seul à contrôler. Il ne pourrait plus continuer à recevoir sans donner. Ressentir sans avouer. Il devrait délaisser son égoïsme, faire mine de s’intéresser, et ne plus faire demi-tour.

Cette solution-là était la pire. Elle était la plus dangereuse, tant pour lui que pour elle. Elle était vouée à l’échec, à la souffrance, peut-être à la mort. Cette solution n’était pas la bonne. Si elle avait su la vérité, si elle avait eu les cartes en main, elle l’aurait su. Autant que lui le savait.

Mais pourtant, il resta immobile.

A vrai dire, elle avait pris la décision avant lui. Sans lui laisser le temps de se donner l’illusion de réfléchir à ses options, Rayna avait avancé une nouvelle fois. Elle était si proche qu’il sentit son parfum, sentit sa nervosité, entendit sa voix incertaine. Elle était si proche que les poils de ses bras se hissèrent au seul souvenir de la dernière fois que ses mains étaient entrées en contact avec sa peau. Le souvenir lui glaça le sang, l’empêcha de respirer. Contre toute attente, son mimétisme ne se rétracta pas tout de suite. A peine eut-il diminué, Ozios réussit à l’étendre une nouvelle fois. Il la regarda dans les yeux.

Malgré toute l’assurance qu’elle avait tenté de se donner, son regard ne soutint pas le sien et elle ne tarda pas à dévier les yeux. Lui réfléchissait à une issue de secours, mais elle était fichue, complètement absorbée, pourrie jusqu’à la moelle. Ozios ne tarderait pas à la rejoindre. Il n’en était seulement pas encore conscient.

Alors qu’elle attendait patiemment une réponse de sa part, Ozios laissa son pouvoir mourir dans les airs. Mais avant même de pouvoir réfléchir à la brûlure qui montait doucement en lui, il l’étendit, encore un fois. Seulement, cette fois-ci, il ne chercha pas son empathie. Il partit à la recherche de cet autre don qui lui avait permis d’ouvrir la porte de son esprit. Etait-elle télépathe? Ozios se concentra. Mais ne trouva rien. Rien d’autre que l’ivresse que provoquait son esprit sur le sien.

- Vous voulez savoir ce que je suis? - demanda-t-il finalement dans un souffle, encore ivre de cette addiction. - Imaginez-vous le pire, Rayna. Vous y êtes? Et bien, c’est encore pire.

Ils étaient toujours aussi proches, mais cette fois-ci, Ozios ne recula pas. Il maintint cette proximité, absorbé par son regard et les battements à présent régulier de son propre coeur. Son choix était fait. Ils étaient tous deux fichus. Sa dernière chance résidait dans la révélation de sa nature; peut-être s’enfuirait-elle alors. Il l’espérait.

- Je suis le mal incarné, dans ses racines les plus sombres.

Lentement, il se pencha en avant, jusqu’à ce que ses lèvres effleurent son oreille. Un très mince sourire démoniaque se dessina sur son visage, alors qu’il ressentait la nervosité de la jeune femme. Sans savoir s’il s’agissait de peur, de panique ou de stress, il reprit la parole dans un murmure.

- Avez-vous enfin peur de moi?  
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Ven 14 Mai - 19:49 (#)





Toujours aussi proches l’un de l’autre, Rayna arrêta son regard sur l’un des boutons de chemise d’Ozios, dont un fil était tiré. Elle aurait eu envie d'arracher ce fil, d’une telle force qu’il aurait forcément céder avant de s’écraser au sol lorsqu’elle l’aurait lâché dans les airs. Elle n’était pas nécessairement une personne psychorigide et obsessionnelle, sauf quand elle était sur le point de céder à la panique. C’était son moyen à elle de ne pas perdre pieds : attirer son attention sur autre chose, aussi futile soit-elle, pour oublier un instant l’objet de son angoisse.

Un instant, elle ferma les yeux, déterminée à réessayer de capter les émotions du jeune homme grâce à son Don, mais encore une fois, elle se heurta à un mur. En plus d’être complètement perdue face au jeune homme, elle devait également réfléchir au fait que son don d’empathie ne semblait pas vouloir se déclencher en présence d’Ozios. Pourtant, concernant sa télépathie, elle avait réussit à pénétrer l’esprit du jeune artiste avec une facilité déconcertante ; elle n’avait simplement pas atterri au bon endroit.
Les sourcils froncés, Rayna essayait vainement de trouver une raison valable à ce dysfonctionnement quand Ozios reprit finalement la parole. À sa question, elle hocha vivement la tête. A défaut d’avoir une réponse pour son Empathie, elle allait au moins avoir le loisir de connaître la nature d’Ozios. Mais c’était sans compter sur le jeune homme qui lui répondait tout en énigme.

« Imaginez-vous le pire, Rayna »

Un frisson la traversa. La façon qu’il avait de prononcer son prénom, en prenant bien soin de décortiquer toutes les syllabes, avait le don de lui procurer des sensations qu’elle n’avait jamais ressenties avant. C’était si agréable malgré ce qu’il lui racontait.
La jeune femme plongea de nouveau son regard dans celui de son interlocuteur et le détailla quelques secondes. Ozios semblait sérieux et déterminé, aux antipodes du jeune homme joueur qu’elle avait côtoyé quelques minutes plus tôt.

- Il y a toujours pire…, dit-elle naïvement.

« Je suis le mal incarné, dans ses racines les plus sombres. »

A l’entente de ses mots, Rayna secoua la tête, peu convaincue. Elle n’arrivait pas à croire, ou en tout cas ne le voulait pas, qu’Ozios puisse n’être que le « mal » comme il aimait le faire croire. Sinon pourquoi serait-il venu la chercher lorsqu’elle parcourait son esprit rongé par les flammes ?

- Je ne peux que vous croire. Mais vous n’êtes pas que ça…, dit-elle avant de marquer une pause. Vous êtes plus que ça.

Soudainement, elle eut un mouvement de recul et se trouva de nouveau tétanisée alors qu’Ozios s’approchait de son cou. Il était si proche qu’elle sentait la chair de poule se former sur sa peau innocente. Que cette proximité était si douloureusement enivrante…
Son cœur s’accéléra vivement et elle ne fit rien pour retrouver le regard du jeune homme, incapable de bouger sous son emprise ; incapable d’écouter son instinct qui captait un certain danger.
Puis, quand Ozios lui murmura ses quelques mots, Rayna se redressa, les yeux recouverts par un voile de peur. Sa poitrine se leva et s’abaissa difficilement, non pas parce qu’elle était si apeurée que l’air lui manquait, mais plutôt parce qu’elle était consciente de ne pas avoir peur pour les bonnes raisons.

Difficilement, elle tourna la tête en direction du jeune homme tout en cherchant son regard. Quand elle le trouva, elle le détailla encore une fois et fut surprise par son expression qui lui glaça les sangs. Bien sûr qu’il était le mal, c’était marqué en gros sur sa tête en cet instant précis, mais quoi qu’elle veuille faire, la jeune femme n’arrivait tout bonnement pas à se détacher de la compagnie du jeune homme. Elle s'était habitué à lui et ne voulait plus y renoncer. Jamais.

- Évidemment que j’ai peur…, elle retint son souffle un instant avant de reprendre difficilement la parole. Mais pas pour les raisons que vous croyez…

Elle aurait eu l’occasion de lui dire encore une multitude de choses, notamment qu’elle avait pris goût à lui et qu’il lui manquait parfois ; qu’elle était incapable de prendre ses avertissements au sérieux et de renoncer à lui. Mais elle préféra le fixer silencieusement, tel un agneau apeuré devant le grand méchant loup.
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Ven 14 Mai - 21:22 (#)

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Les paroles d’Ozios étaient crues, destinées à enfin éveiller un soupçon de clarté auprès de la jeune femme. Il fallait qu’elle comprenne enfin l’étendue de la situation et qu’elle décide enfin de partir, car Ozios ne pourrait plus le faire. Mais l’effet fut tout autre. Il avait senti son souffle court s’écraser contre son épaule, quand il avait prononcé ces dernières paroles. Elle avait gardé le silence quelques instants, et tout ce qui avait retenti dans les airs avaient été les voix des invités encore dans la salle. La soirée semblait battre son plein, mais eux semblaient comme suspendus dans le temps. Le visage de Rayna se tourna finalement vers lui, d’une lenteur assassine. Il pensait qu’elle aurait baissé les yeux, encore une fois, qu’elle aurait fait un pas en arrière pour rompre cette distance inexistante. Ce ne fut pas le cas. Ses yeux restèrent fermement ancrés dans le regard d’Ozios, son visage si proche qu’il put discerner les moindres détails encore inconnus de son esprit; la mince ride entre ses deux yeux, la tâche brune dans l’une de ses iris, la douceur que semblait offrir sa peau. Son nez était parsemé de légères tâches de rousseur faiblement cachées par son maquillage, et le grain de beauté à l’angle de son oeil gauche était presque imperceptible, pour peu que l’on n’y prête pas attention. Mais Ozios, lui, le remarquait. Il remarqua tout. Dans un ensemble qui lui laissa le souffle court. Il aurait pu mettre ça sur le compte de l’empathie qui courrait à présent dans ses veines dans des vagues de plaisir libératrices. Mais plus pour longtemps.

Finalement, la jeune femme reprit la parole et les envoya aux enfers tous les deux. Ses mots avaient été prononcés dans un souffle, lâchés dans les airs comme une malédiction dont ils seraient prisonniers à tout jamais. Elle fit son choix, et les emporta tous les deux.

Avant que les choses ne dérapent, Ozios fit un pas en arrière et se redressa. Il semblait ivre de douleur et de chaleur. Ses yeux brillaient d’une lueur qui lui était encore méconnue.

- J’ai faim. N’avez-vous pas faim? Serrer la main à des gens riches qui ne se souviennent pas votre nom toute la soirée doit ouvrir l’appétit. Allons manger.

Et comme ça, il rompit à nouveau l’atmosphère électrique en offrant à la jeune femme un de ses sourires en coin. Les mains dans les poches, il se tourna et partit en direction de la salle d’où il avait émergé quelques minutes plutôt, lâchant un « vous venez? » par dessus son épaule. Il lui tint la porte, et tous deux traversèrent la pièce, Ozios faisant de son mieux pour ignorer les regards appuyés des invités n’ayant pas encore eu l’occasion de venir à sa rencontre. Le regard qu’il lança à son agent le dissuada de venir à sa rencontre. Tous deux eurent du mal à trouver leur chemin au travers de cette immense pièce, qui semblait encore plus bondée qu’au début de la soirée. Arrivés face à la foule, le danois se stoppa, laissant passer la jeune femme devant lui. Il commit l’erreur de placer sa main au creux de son dos pour la guider. Le contact l’électrisa de telle sorte qu’il fut incapable d’ôter sa main.

Ils parvinrent finalement à sortir et se retrouvèrent dans l’artère principale, le froid les accueillant avec une nouvelle fougue. Le silence les accompagna quelques instants alors qu’ils marchaient côte côte, Ozios tentant désespérément de comprendre à quoi pouvait bien penser Rayna. Le mix d’émotions qu’il recevait de sa part lui laissant un goût addictif en bouche, et son visage s’était détendu sans qu’il ne puisse s’en empêcher.

- Aimez-vous la pizza? Tout le monde aime la pizza.

Il la guida jusqu’à un petit restaurant où il lui était déjà arrivé de se rendre, certain de ne pas être dessus de leur cuisine. Arrivés à l’intérieur, Ozios se rendit compte que tous deux détonaient dans cette petit boutique traditionnelle; forcés de commander à emporter dû à l’heure tardive, ils patientèrent jusqu’à ce que leurs plats ne soient prêts et l’artiste attrapa les deux boîtes cartonnées, sortant au dehors. Leur marche les guida le long de la Rivière Rouge, où ils purent s’installer sur un banc. Le silence dura encore quelques instants, pas vraiment provoqué par la gêne; l’un comme l’autre semblait comprendre que leurs prochains échanges seraient emprunts de ces précédentes révélations qui ne la satisferaient plus longtemps.

- A quoi pensez-vous? - demanda-t-il enfin en posant son bras sur le dossier du banc, se tournant légèrement face à elle.
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Ven 14 Mai - 22:31 (#)





Restant immobile tout en soutenant le regard du jeune homme, Rayna essaya d’y déceler une lueur, un indice, sur la suite des évènements. En temps normal, la jeune femme ne portait pas vraiment d’importance sur ce que les gens pouvaient penser d’elle et par conséquent, ne cherchait pas à anticiper les réactions de ses interlocuteurs, se laissant simplement porter par la discussion. Mais là, en ces instant, dans cette petite cour à l’arrière de la salle, elle désirait plus que tout au monde cerner ce qu’Ozios pensait d’elle.
Depuis qu’elle le connaissait, le jeune homme n’avait pas cessé de se comporter étrangement avec elle, ce qui avait rendu Rayna d’autant plus intriguée et toujours plus désireuse de le percer à jour, sans toutefois y arriver, ne serait-ce qu’une seule petite fois.

En un instant, il s’éloigna d’elle, laissant la jeune femme douloureusement sur sa fin malgré le fait qu’elle n’avait aucune idée précise de ce qu’elle attendait de lui. Les yeux brillants d’une nouvelle lueur qu’elle n’avait encore jamais remarqué chez le jeune homme, il reprit la parole et se mit en marche pour regagner la salle. Rayna était si surprise par ce changement d’ambiance radical qu’elle resta plantée comme une imbécile à le regarder s’éloigner avant qu’il ne la tire définitivement de sa rêverie. Elle le rejoignit rapidement en trottinant sur ses hauts talons et le remercia d’un signe de tête quand il lui tint galamment la porte.

Une fois à l’intérieur, la jeune femme constata que la soirée battait son plein et que personne ne semblait avoir remarquer son absence. Pour ce qu’il en était d’Ozios, en revanche, c’était autre chose puisque plusieurs personnes le dévisageaient et tentaient de l’approcher pour se raviser quelques secondes plus tard en voyant l’air fermé du jeune homme. Finalement, il la laissa passer devant et elle s’engouffra dans la foule, essayant difficilement de se frayer un chemin.
Après quelques mètres pénibles, à peine eut-elle senti les doigts fins d’Ozios dans le bas de son dos, qu'elle manqua de trébucher en se prenant les pieds dans sa robe. Une décharge électrique remonta le long de son échine et elle dut prendre une grande aspiration pour ne pas trembler comme une feuille. Le tissu de sa robe était si fin qu’elle pouvait presque sentir le contact de la peau du jeune homme contre la sienne, ce qui ne manqua pas de lui faire tourner la tête pendant encore plusieurs mètres avant qu’elle ne s’habitue définitivement à cette exquise sensation. Elle fit un rapide crochet par les vestiaires afin de récupérer sa pochette et son étole en mousseline, puis rapidement, les deux jeunes gens se retrouvèrent à l’extérieur.

La rue était encore bondée malgré l’heure tardive et quelques artistes de rue offraient encore un agréable spectacle musical pour les passants déchaînés. Les deux jeunes gens marchaient désormais côte à côte, Rayna zieutant avec déception la main d’Ozios qui avait repris sa place initiale le long de son corps. Il lui demanda si elle aimait la pizza sans lui laisser le temps de répondre et ils déambulèrent ainsi durant plusieurs minutes avant de pénétrer dans une petite pizzeria. Elle profita de la chaleur du lieu pour se réchauffer, elle qui n’était que peu couverte, puis ils repartirent quelques minutes plus tard avec deux cartons à pizza. Ils marchèrent encore plusieurs minutes le long de la Rivière Rouge, Rayna ne pouvant pas s’empêcher de trouver cela romantique, puis ils s’installèrent finalement sur un banc.

Le silence, qui perdurait depuis déjà plusieurs longues minutes, régnait encore entre les jeunes gens qui dégustaient désormais leurs pizzas face à face. Se voulant discrète, Rayna observa le jeune homme pendant qu’il mangeait tout en se questionnant sur la signification de cette escapade nocturne. Au-delà du fait qu’elle n’arrivait pas à lire dans son esprit, Ozios était quelqu’un d’assez difficile à cerner. Il ne laissait rien paraître de lui ou de ses émotions, même s’il semblait à présent plus détendu et que l’ombre d’un sourire se faisait lire sur son visage.
Soudainement, il se redressa et reporta son attention sur la jeune femme si vite qu’elle avala de travers et manqua de s’étouffer. Elle reprit peu à peu son calme après une belle quinte de toux et espéra sincèrement qu’Ozios n’avait pas remarquer qu’elle l’avait détaillé avec insistance comme une psychopathe de série B.
Elle termina sa part de pizza en se concentrant pleinement sur cette dernière et referma ensuite le carton. Balayant la rivière du regard, elle se mit à sourire en voyant la lumière des lampadaires se refléter sur l’eau. Ce moment privilégié avec Ozios la ravissait à un tel point qu’elle aurait voulu rester ici jusqu’à la fin des temps. Mais c’était sans compter sur le jeune homme qui lui demanda sans ménagement le fond de ses pensées. Dans un sursaut, elle se tourna vers lui et le détailla, paniquée.

- Heu… à rien d’intéressant en réalité, dit-elle dans un petit rire de façade. La soirée a été un véritable succès, vous devez être ravi.

Elle lui adressa un sourire de félicitations alors qu’une brise légère se levait et la faisait frissonner. Elle passa ses mains autour de ses épaules qu’elle frotta énergiquement pour se réchauffer ; si elle avait su plus tôt qu’elle se retrouverait en compagnie d’Ozios au bord de la Rivière Rouge, elle aurait songer à prendre un habit plus chaud.
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Sam 15 Mai - 21:58 (#)

My demons can't sleep tonight
ozios ft. rayna





Le moment était intimiste. Le clair de lune se reflétait sur les abords de la rivière, et bien que les bruits de la circulation parvenaient faiblement jusqu’à leurs oreilles, ils étaient seuls l’un à côté de l’autre. A ce moment là, plus encore, Ozios lâcha des mains le bord du précipice qui le retenait encore un minimum. Il n’essaya plus de rappeler son mimétisme à lui pour ressentir la délicieuse brulure avant de le dilater pour soulager sa douleur. Ce stratagème sadique prit fin. Au lieu de cela, le danois cessa de focaliser les moindres de ses pensées sur l’aspiration de l’empathie que possédait la jeune femme. Pour la première fois depuis leur rencontre, il cessa de se dire qu’il ne recherchait sa compagnie que pour les effets qu’avait son don sur lui.

La réponse de Rayna tira Ozios de sa torpeur et il réalisa que son regard avait été focalisé dans le vague durant quelques secondes de trop; clignant des yeux dans l’espoir d’humidifier ses yeux, il passa une main sur son visage en haussant les épaules.

- Il faut croire, - répondit-il évasivement. - Le moment est-il venu d’avouer que ce n’est pas vraiment la charité qui m’a poussé à accepter de participer en premier lieu? - reprit-il dans un demi sourire.

Son regard se reporta au loin, l’espace de quelques secondes. Ce qu’il était en train de faire, Ozios n’en avait pas la moindre idée. Son début de soirée avait été parfaitement contrôlé, tout comme le reste de sa semaine. Il avait réussi à se convaincre de ne plus approcher la jeune femme, de ne plus se raccrocher à cette sensation addictive. Il avait cru être sevré, pouvoir survivre à la dernière soirée qu’il aurait eu à passer en sa compagnie. Et voilà qu’il était une nouvelle fois sous son emprise, et qu’il n’essayait pas même de s’en défaire, assis au beau milieu de nulle part à ses côtés.

Ozios allait reprendre la parole, rétorquer quelque chose qui aurait refroidi la situation, qui lui aurait permis de pouvoir la raccompagner et gentiment rentrer chez lui en tirant un trait sur elle, quand il la vit frissonner dans l’angle de son champ de vision. La situation devenait de plus en plus clichée; un peu plus, et il ne tarderait pas à voir un vendeurs de fleurs débarquer au loin, ou un joueur d’accordéon. L’artiste se redressa tout de même et retira sa veste d’un geste leste. Le froid vint lui mordre la peau et il se demanda aussitôt pourquoi elle n’avait pas songé à prendre quelque chose de plus chaud. Il ne fit cependant pas de commentaire. Après avoir déposé sa veste sur ses épaules, il se réinstalla et attrapa une part de pizza. Il posa sa cheville sur son genou opposé, et mangea silencieusement pendant quelques instants.

- Puis-je vous poser une question indiscrète?

Son visage s’était une nouvelle fois tournée vers elle. Il décela dans son regard une pointe de curiosité mêlée à de l’appréhension. En temps normal, il n’aurait certainement pas été en mesure de décrypter un regard de la sorte, mais le poids de son empathie s’abattait avec ferveur sur lui et il aspirait toutes ses émotions telle une éponge. C’était pourquoi la question qui allait suivre n’était certainement pas des plus bienvenues, mais il ne put s’en empêcher.

- La dernière fois, dans ce café, - débuta-t-il en fixant ses lèvres une infime seconde avant de la regarder de nouveau, - quand je vous ai demandé la provenance de votre prénom. Vous avez parlé de vos parents avec détachement en les appelant par leurs prénoms. Ne font-ils plus partie de votre vie?

La question avait été posée de manière crue, mais le tact n’avait jamais été la plus grande qualité d’Ozios. Le sentiment de curiosité qui naissant en lui était de ceux qu’il préférait terrer dans un coin de son esprit pour ne pas chercher à en comprendre la provenance; ce serait quelque chose qu’il regretterait certainement au petit matin, quand les effets de son mimétisme se seraient évaporés, mais la sensation d’abandon, de solitude qui l’avait gagnée lorsqu’elle lui avait parlé de ses géniteurs l’avait hanté depuis lors.  
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Dim 16 Mai - 17:59 (#)





Durant un infime instant, Rayna cru qu’Ozios ne lui répondrait jamais. Il semblait perdu dans ses pensées, et en le voyant ainsi, elle se mit à sourire. Il lui faisait penser à elle quand elle s’engouffrait tellement loin dans ses pensées que rien ne semblait pouvoir la ramener. Heureusement, il s’avérait finalement facile de tirer la jeune femme de ses rêveries, sinon, elle serait simplement bonne pour l’internement.

Quand Ozios reprit la parole, la jeune femme le détailla silencieusement puis se crispa à l’entente de ces derniers mots. Que devait-elle comprendre ?
Elle resta pantoise pendant plusieurs secondes, essayant de ne pas trop réfléchir à ce que le jeune homme venait de dire, ou du moins, ce qu’elle interprétait de son sous-entendu. Elle faisait certainement fausse route, et son absence de prétention la poussa à chasser l’idée qu’Ozios avait peut-être accepter de participer à la vente dans le but de la revoir.

- Ah oui ? Et pourquoi donc avez-vous accepté, dans ce cas ?, lui demanda-t-elle la voix peu assurée.

Elle se mit à déglutir difficilement et fixa machinalement ses mains. Il était toujours plus facile de fuir le regard d’Ozios que de l’affronter. Vu la manière dont il se comportait, elle avait l’impression que le jeune homme lisait en elle comme dans un livre ouvert, et même si sur le principe ça ne la dérangeait pas, elle était beaucoup moins confortable avec l’idée qu’il puisse la cataloguer d’une certaine manière ou d’une autre. Ses pensées s’envolèrent quand le jeune homme lui posa sa veste sur les épaules, sont doigt effleurant délicatement sa clavicule et l’électrisant de la tête aux pieds. Une délicate attention, c’était certain, digne d’un vrai gentleman…, pensa-t-elle. Une attention qui ne manqua pas de la faire s’enfoncer encore un peu plus dans les filets d’Ozios Wolk, lui confirmant bien qu’il était définitivement trop tard pour faire machine arrière.

« Puis-je vous poser une question indiscrète? »

Rayna releva furtivement la tête. Qu’allait-il lui demander ? Si elle avait quelqu’un ? Ou encore si elle accepterait de sortir un de ces soirs avec lui ?
Elle hocha doucement la tête tout en lui adressant un sourire, prête à répondre à n’importe qu’elle question avec un entrain particulier.  Le fait que le jeune homme s’intéresse à elle avait tendance à la faire jubiler au plus profond d’elle, même si elle tentait de garder contenance à l’extérieur pour ne pas passer pour une dégénérée.

Puis son sourire s’évapora. La jeune femme se redressa, subitement mal à l’aise et prise d’une angoisse refoulée qu’elle cachait au plus profond de ses entrailles. Alors que deux secondes plus tôt elle s’était sentie plus qu’heureuse que le jeune homme lui porte de l’intérêt, elle se demandait à présent pourquoi il lui prêtait autant d’importance, mais plus encore, pourquoi s’intéressait-il à cela ?
D’aussi loin qu’elle ne se souvienne, Rayna n’avait jamais parler de ses parents à qui que se soit. Elle avait enterré le sujet douloureux de son passé familial et l’avait laissé s’envoler dans les abîmes de son âme. Même Niegel ne s’était pas risqué à la questionner et s’était contenté de la prendre sous son aile sans faire d’histoire. Et elle l’en remerciait, d’ailleurs.
Si elle avait tenu à oublier le plus possible James et Haileen, c’était bien parce qu’elle considérait qu’ils n’avaient pas été de vrais parents pour elle. James l’avait lâchement abandonné en l’insultant presque de monstre contre-nature et Haileen avait tout bonnement renoncer à la vie à partir du moment où son compagnon avait passé le pas de la porte sans se retourner.
Soudainement, une grimace de douleur lui stria le visage. Comme la plupart du temps quand elle repensait à sa mère, la cicatrice qui lui barrait le dos se mettait à la brûler, comme une vieille douleur fantôme destinée à lui rappeler d’où elle venait et par quoi elle était passée. Elle se mit à trembler légèrement et se mordit les lèvres pour ne pas pleurer. Peu importe l’heure ou le lieu, même après temps d’année, Rayna avait toujours du mal à se contenir lorsqu’il s’agissait de parler de ses parents. Elle détourna un instant le regard et plissa violemment les yeux pour retenir ses larmes, avant de finalement fixer la Rivière Rouge.

- Pourquoi cela vous intéresse-t-il ?, souffla-t-elle péniblement. C’est plutôt moi qui n'ait plus fait plus partie de la leur et ce, dès que j’ai eu seize ans.

Avec la grâce d’un cygne, elle se leva et, sans un regard pour son interlocuteur, elle fit quelques pas en direction de la rive. Une fois au bord, elle baissa la tête et contempla son reflet dans l’eau légèrement mouvante : elle ressemblait tellement à sa mère, mais possédait les yeux perçants de son père, ce qui eut le don de la mettre en colère. A cette constatation, elle eut envie de donner un violent coup de poing dans l’eau, la vision de son reflet lui paraissant insupportable en cet instant. Elle avait tout perdu, son monde s’était écroulé, et ça, pour deux fichus dons qui ne semblaient même pas vouloir fonctionner correctement.
Même si elle savait qu’elle était actuellement trop en colère pour être rationnelle, elle se surpris à maudire durant un court instant sa condition précaire.
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Mer 19 Mai - 12:03 (#)

My demons can't sleep tonight
ozios ft. rayna





Le temps passait et Ozios se laissait de plus en plus engloutir dans les tréfonds de son humanité. Il savait que cela ne durerait pas; aussi vite qu’elle revenait, St Clair trouvait un moyen de la lui ôter. Son temps était sûrement compté, mais pour le moment, le danois tâchait de ne pas y penser. Au lieu de cela, son attention était entièrement concentrée sur la jeune femme à ses côtés, alors que ses yeux fermement ancrés dans les siens attendaient réponses à des questions qu’il ne connaissait pas même encore.

- Pour vous revoir, - répondit-il simplement en haussant les épaules, comme si la réponse était logique. - Je pensais que cela était évident.

Le mensonge n’était que partiel. Il était vrai que l’artiste avait accepté cette stupide offre de charité dans l’unique but de pouvoir passer quelques minutes en compagnie de cette inconnue et comprendre pourquoi l’effet qu’avait son don sur sa personne était tel. Il n’avait pas escompté transformer ces quelques minutes en plusieurs heures et multiples occasions.

Face à sa question suivante, un léger silence s’installa. Léger silence qui se transforma en lourd vide, et il comprit l’effet qu’avaient eu ses mots sur Rayna quand une décharge électrique parcourut son corps tout entier; ce ne fut pas une décharge de plaisir, cependant. Ses muscles se crispèrent et Ozios sentit monter en lui les prémices d’une crise d’anxiété, semblable aux terreurs nocturnes qui le réveillaient systématiquement chaque nuit. Sa gorge se serra et il dut se retenir de ne pas crier, de ne pas laisser s’échapper toute la douleur que devait ressentir la jeune femme face à ses questionnements. Ozios avait su quel allait être le poids de ses mots mais n’avait pu se retenir. Pour une raison qui lui échappait.

Laissé seul à ses pensées, il resta assis alors que la jeune femme se levait. L’atmosphère était devenue pesante, oppressante et il avait du mal à respirer. L’impressionnant contrôle qu’il avait eu de la situation et de son pouvoir s’évaporèrent et incapable de le retenir une seconde de plus, son mimétisme se résorba, laissant s’échapper la douleur mentale pour la remplacer par une douleur physique; son crâne se retrouva sur le point d’imploser, avec cette migraine familière à laquelle il ne pourrait sûrement jamais s’habituer. Ses yeux se fermèrent. Prenant le temps de respirer, il se força à rester en place, et à ne surtout pas parler, de peur de laisser s’échapper des paroles qui aggraveraient la situation. Respire, respire.

Mâchoire serrée, front plissé, Ozios se concentra tant bien que mal et dilata une nouvelle fois son mimétisme. Tous deux enveloppés de son aura, il respira enfin correctement et prit une grande inspiration, faisant de son mieux pour ignorer le malaise de la jeune femme qui se transmettait à lui.

- Parce que vous m’intriguez, - répondit-il calmement en restant à sa place. - Pardonnez-moi, je ne voulais pas vous mettre mal à l’aise.

Se redressant sur le banc, il se pencha en avant, posa ses coudes sur ses genoux, et observa à son tour l’horizon. Il avait pensé tout décrypter de cette inconnue qui paraissait simple à comprendre de prime abord. Il avait pensé pouvoir tout savoir d’elle sans qu’elle n’ait besoin de le lui dire; une vie rangée, une personnalité banale, introvertie. Des passe temps basique et une existence platonique. Il avait pensé pouvoir s’en accommoder. S’approcher d’une personne telle était simple et ne nécessitait aucun effort. Parfait pour ce qu’Ozios recherchait. Mais plus le temps passait, plus il comprenait qu’il s’était trompé. Et à quel point il s’était trompé.
La vérité était qu’il ne comprenait rien à ce qu’était véritablement cette personne. Il parvenait à lire ses regards, mais à moitié; ses pensées, elles, demeuraient un véritable mystère et ses réactions n’étaient jamais anticipées.

Ozios se leva, finalement, péniblement, et s’approcha jusqu’à se retrouver aux côtés de Rayna. La proximité l’électrisa, et il dut se retenir de frôler sa peau, pour ressentir cette sensation qu’il n’avait expérimenté qu’à deux reprises mais qui lui laissait toujours une marque irritante dans l’esprit. Maintenant une distance convenable, il tourna le visage vers elle.

- Vous pensez être à la merci du monde qui vous entoure, mais ce n’est pas le cas. Vous êtes un mystère tout entier, Rayna.

Malgré le tissu qui couvrait à présent ses épaules, il crut apercevoir un tressautent et le courant d’air qui fit virevolter l’une de ses mèches de cheveux le convainquit de mettre un terme à cette soirée. Les mains dans les poches de son pantalon, il se tourna, mais resta immobile.

- Rentrons. Laissez-moi vous raccompagner. Où habitez-vous?

Pour la première fois depuis leur rencontre, ses questionnements n’avaient aucun but dissimulé, aucune arrière pensée. Ozios tâcha de ne pas prêter plus d’attention à ce fait qui ne manquerait pas de le tenir éveillé toute la nuit.  
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Jeu 27 Mai - 19:27 (#)





« Pour vous revoir. »

Les mots d’Ozios avaient à peine franchis ses lèvres que les joues de Rayna se teintèrent de rouge. Elle aurait pu tout concevoir, même la raison la plus farfelue du monde, mais jamais elle n’aurait imaginé qu’Ozios lui dirait sans ménagement qu’il avait juste souhaité la revoir.

Pourquoi ?

Elle s’interrogeait sincèrement. Elle était tellement dans son monde, loin de toute l’agitation qui rythmait les gens chaque jours, qu’elle se demandait bien ce qu’Ozios pouvait bien lui trouver. A moins que ça ait un rapport avec sa nature ?
Cette idée germa rapidement dans son esprit mais au plus elle y réfléchissait, au plus elle se perdait dans ses considérations. Elle n’avait pas la moindre idée de l’intérêt qu’avait le jeune artiste pour ses Dons qui lui étaient si propres. On ne parlait pas d’un Don offensif, encore moins défensif. Tout ce qu’elle savait faire, c’était lire dans la tête des gens, parfois communiquer avec eux, et surtout, ressentir ce qu’il ressentaient, potentiellement les soulager un temps de leurs maux.

- Non, ça n’a rien d’évident dans la mesure où vous passez la moitié de votre temps à me détester. Elle secoua la tête et leva la main afin qu’il ne dise rien. N’essayez pas de le nier, termina-t-elle, catégorique mais cependant douce.

La jeune femme resta un long moment silencieuse, se contentant d’observer son reflet qui la dégoûtait bien trop souvent. Même si elle avait enfoui ses souvenirs au plus profond d’elle, et surtout, n’avait jamais rien dit à personne sur son passé, force était de constater qu’elle était encore bien trop affectée, des années après.
Après tout, cette douleur ne partirait sans doute jamais, et son rythme de vie était là chaque jour pour lui rappeler à quel point ses parents avaient eu de l’influence dans sa vie. Ils avaient chercher à la contrôler, la façonner, durant toute son enfance, pour finalement l’abandonner. Même si elle s’était en grande partie détachée de son ancienne vie, Rayna était consciente d’avoir encore beaucoup de chemin à parcourir.

En entendant Ozios, elle eut envie de rire. Elle, intrigante ? Sa vie était aussi plate que du papier ; métro, boulot, dodo.
La jeune femme resta silencieuse à sa dernière remarque, ne lui tenant pas rigueur de son excès de curiosité. Mais, quand elle sentit la présence du jeune homme à ses côtés, tout près d’elle, elle se redressa subitement, oubliant son reflet et sa vieille rancune. Comme un peu plus tôt, son cœur s’accéléra et son corps fut parcouru d’un frisson. Même après avoir ravivé autant de souvenirs, Ozios arrivait encore à lui faire de l’effet, chose qu’elle avait du mal à comprendre dans la mesure où cette sensation était toute nouvelle pour elle.
Puis, quand il reprit la parole, elle secoua machinalement la tête, sentant son excitation retomber pour laisser place à une sensation de lassitude. S’il connaissait le programme de mes journées, toutes les semaines de l’année, il serait bien déçu, pensa-t-elle.

- Vous vous trompez sur moi. Je ne suis pas si mystérieuse que ça, je suis même plutôt ennuyeuse, dit-elle dans un petit sourire.

Finalement, Ozios mit fin à leur petite escapade nocturne, lui proposant de la raccompagner. C’était sans doute le mieux à faire, la conversation avait pris un tournant beaucoup trop étrange et intime pour que Rayna ne garde encore qu’un soupçon de calme.

- Vous avez raison, je pense qu’Oscar m’attend depuis le temps, lui répondit-elle sans autre détail.

Silencieusement, ils se mirent tous deux en route, marchant côte à côte et appréciant tous deux ce silence bienvenue. Rayna n’habitait pas très loin, une dizaine de minutes, et le silence perdura tout le long. Le cerveau de la jeune femme marchait à plein régime, lui renvoyant des bribes de souvenir de la soirée.
Contrairement à toutes leurs dernières rencontres, Ozios s’était montré moins joueur sur la fin de soirée, et semblait sincèrement intéressé par la jeune femme. Il n’avait pas hésité à lui poser quelques questions sur sa vie et à lui dire les choses sans artifice. Elle l’admirait pour cela, car de son côté, elle était incapable de faire part de tels sentiments à une quelconque personne. Encore moins lui, pour qui elle craquait secrètement.
Une dizaine de minutes plus tard, ils étaient enfin arrivés et Rayna se stoppa devant la porte de son immeuble. Elle se tourna vers Ozios et le dévisagea. Il semblait détendu, ce qui le rendait encore plus désirable que lorsqu’il se montrait taquin avec elle.

- Et bien… je… je vous remercie pour m’avoir raccompagné, c’est très gentil de votre part !, dit-elle précipitamment. Je n’ai plus qu’à vous souhaiter une bonne nuit, et peut-être à bientôt.

Sans attendre, elle poussa la porte de son immeuble et pris le soin de bien refermer la porte derrière elle, oubliant complètement de rendre sa veste au jeune homme. Elle aurait certainement voulu que leur au revoir soit plus chaleureux que ça,  mais comme elle ne savait pas s’y prendre, elle avait préféré mettre fin à sa torture rapidement.
Elle attendit d’entendre les pas du jeune homme pour être sûre qu’il était bien parti, puis elle rentra rapidement chez elle, n’oubliant pas d’embrasser son chat avant d’aller se mettre au lit.
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