You make me feel • Baby & Daddy Chaos

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Mer 25 Aoû - 19:47 (#)


I'll love to be forever.

Décembre 2020.

La masse grouillante des étudiants de Louisiana State University s'agite dans le brouhaha, se disloque et se reforme, remous impétueux et imprévisible. Si certains s'agglomèrent sous des abris de fortune pour échapper à la pluie torrentielle qui fissure le ciel bas et crépitant de l'imminence d'un orage, d'autres s'accommodent visiblement de cette humidité excessive. La météo lourde et humide de la Louisiane ne semble nullement assombrir le moral de cette foule juvénile, dont les éclats de voix l'emportent sur les grondements menaçants de la voûte céleste. Entre les événements sportifs à venir, la planification des soirées et les échanges autour des cours dispensés plus tôt dans la journée, les discussions s'enflamment et les rires percent la monotonie de l'existence délabrée de celui qui observe sans être vu. Car il faudrait davantage qu'une attention soutenue pour repérer cette silhouette séculaire, effacée sous l'ombre d'un bâtiment plus haut que les autres, gargouille mutique et immobile, perchée à quelques mètres par-dessus l'humanité qui l'éclabousse de vie. Les caprices de la météo menacent de le voir s'effriter, de briser la pétrification de cette créature tissée de songes et de silences. Mais l'enjeu est trop important pour le déloger de son promontoire. Accroupi sur la corniche, imperceptible pour toute prunelle trop humaine, il décortique la foule en contrebas, à la recherche de l'unique raison de sa présence ici.

Enfin, lorsque la chevelure rousse se démarque des centaines d'anonymes auxquels il n'accorde nulle attention, il se décroche enfin lentement de son perchoir. Ses iris d'ambre s'enfoncent dans la silhouette convoitée, harponnent le derme sous les vêtements qui la protègent encore, pour l'heure, d'une collision inévitable. Il connaît son trajet par cœur. Elle se déplacera d'un pas concentré et allègre, rythmé par la musique de son casque vissé sur ses oreilles, jusqu'à l'arrêt de bus qui la ramènera aux Kingston Buildings, là où elle ne réside pas seule. Le châssis de la fenêtre de sa chambre a déjà été profané par le spectre nocturne, et les phalanges damnées se sont maintes et maintes fois posées contre la vitre qui les séparent encore. Elle était si proche, et à la fois si douloureusement hors d'atteinte. Mais il ne pouvait plus se contenter d'être ce fantôme qui rôde, cette présence étrange qui gravite autour d'elle, resserre ses dextres invisibles autour de la gorge juvénile. Car elle avait perçu le changement, et depuis quelques temps, les regards par-dessus son épaule se multipliaient, lorsqu'elle ne se croyait plus seule. L'était-elle encore, parfois ? L'obsession de l'ancien horloger lui faisait oublier toute notion temporelle. Combien de nuits l'avait-il suivie ? Combien de fois l'avait-il observée, inlassablement, effectuer le trajet des portes du hall de l'université jusqu'à l'arrêt de bus ? Combien de lieux qu'elle avait fréquentés avait-il foulé, lui aussi ?

Son pas souple et aérien se mêle sans encombre à la foule qui se resserre autour de lui. Rien n'émane de son être, créature presque inexistante qui marche aux côtés des mortels sans les troubler, sans qu'aucun d'eux ne semble s'apercevoir de sa présence. Intrus au sang froid, prédateur invisible parmi le troupeau, il s'adapte pleinement au système qu'il intègre sans difficulté. Sa démarche se cale sur celle d'un jeune homme à la peau sombre, ses mains imitent le geste de se loger au fond des poches trop amples de la veste qu'il porte. Noire, discrète. La capuche, trempée, est rabattue sur son visage. Sous la protection du textile, seul le derme légèrement hâlé trahit des origines bien plus nobles à ses yeux que celles des natifs qui l'entourent. Il n'aime pas l'Amérique. Il n'aime pas l'humidité de la Louisiane. Il n'aime pas l'individualisme qui caractérise cette ère trop moderne, lui qui peine encore à comprendre les rouages d'une technologie qui le dépasse. Tout va trop vite, hommes et femmes ne prennent plus le temps de se rencontrer, emportés par le tourbillon consumériste et la nécessaire productivité. Il ne restait alors que les Immortels pour veiller sur le monde, débarrassés de ces exigences sociétales, Gardiens immuables d'un univers qui court à sa perte.

Une grimace déforme son faciès lorsqu'il suit la jeune fille dans le bus, et se fraye difficilement un chemin parmi les autres passagers. Il veille à se tenir à une distance respectable d'elle, tout en la conservant dans son champ de vision, qu'il maintient entre les individus serrés les uns contre les autres dans cet espace restreint. Comme beaucoup trop d'autres choses, il déteste les transports en commun. Mais une fois encore, la raison de sa filature dépasse toutes ses contrariétés. Parmi tous ces visages, parmi ces corps pressés contre leur gré les uns contre les autres, peut-être décèlera-t-elle ce regard insistant, qui presque jamais ne la quitte, soucieux de préserver le lien visuel qu'il renforce à chaque seconde. Proche, si proche, il ne s'est presque jamais tenu aussi proche d'elle, hormis lorsque la vitre les sépare injustement. Hormis dans cette réalité alternative, où les esprits avaient divagué, dans cet univers sans fenêtre, sans échappatoire, cette prison onirique de laquelle il s'était échappé. Avec elle. Si certains souvenirs de cette nuit cauchemardesque demeuraient encore inaccessibles à sa conscience, il s'était très vite remémoré son nom et son visage. Tout comme la sensation qui avait enflé en lui et avait comblé le vide, lorsqu'elle l'avait touché de sa main d'enfant.

Grâce à la machine aux multiples touches et dont l'interface ne suscitait que méfiance chez le Caïnite, Ashkan avait retrouvé celle qui obsédait tant l'Enfant de Jérusalem. Le prénom avait suffi à écumer les registres universitaires et à faire apparaître le visage féminin sur l'écran du sorcier noir.

C'est elle.
Celle qui bouleverse.
Celle qui recrée la vie dans le tombeau.
Celle qui fait bourgeonner la poussière.
Toi, que je ne peux plus me contenter d'observer.

Même pour celui dont l’Éternité a figé les poumons depuis près d'un siècle, retourner à l'air libre après ce trajet interminable est une libération. Il évite toutefois soigneusement de bousculer qui que ce soit, englué dans son rôle d'ombre qui ne s'imprime dans aucune mémoire. Personne ne doit se souvenir de lui. Rapidement, ses iris vifs identifient le court trajet qui sépare encore Anaïs de la protection de son logis. Une seule ruelle s'immisce entre elle et le confort du foyer. C'est donc vers cette impasse qu'il se dirige, escalade à nouveau souplement un muret pour devancer l'étudiante et gagner le lieu de rencontre le premier, animé par ce besoin irrépressible de provoquer la collision. L'attente n'a que trop duré. Les questions, trop nombreuses, s'accumulaient dans son esprit troublé. Ses observations ne suffisaient plus à combler les béances.

Alors, tapi dans l'ombre, encore prudemment dissimulé dans l'obscurité factice qu'il a générée tout autour de lui, il l'appelle. Malgré tous les efforts du monde, il écorche forcément ce prénom aux consonances étranges, de sa voix grave à l'accent chantant, lorsqu'il le prononce du bout des lèvres.
« Anaïs… »
Le murmure s'extirpe de la noirceur de la ruelle, frôle le tympan mortel sous l'épaisseur du casque, s'enroule autour d'un poignet pour tenter de dévier la trajectoire prédéterminée. Le son se transforme en un contact tangible, et des phalanges invisibles remplacent le chuchotement autour du poignet féminin. Contact illusoire, qui s'imprime dans la chaleur du derme, tandis que l'Immortel tire les ficelles dans l'ombre, articule un mensonge pour attirer l'objet de ses convoitises et la guider vers sa cachette. Marionnettiste aux doigts longilignes, tisseur de caprices et créateur de chaos, il élève à nouveau la voix, de ces syllabes à la consistance surnaturelle qui ne touchent pas que l'ouïe de la mortelle, mais accaparent également les pensées et capturent la chair sous une caresse de glace.
« Anaïs, ne m'ignore pas… ne me laisse pas seul… Il fait si froid. »
Les phonèmes proviennent du fond de la ruelle, là où l’œil humain ne peut disséquer la noirceur trop épaisse. Seul un mouvement infime, le dessin imprécis d'une main blanche qui se tend vers son salut à travers les ombres, perturbe l'obscurité insondable. Sous les ténèbres, l'appel s'étouffe pour redevenir cet inquiétant silence, qui se dépose comme un dôme menaçant par-dessus l'impasse inhospitalière.  

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Baby Chaos - Là où je passe, la paix trépasse.
Anaïs Wilhm
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A SONG OF BLOOD

En un mot : Outre en perdition
Qui es-tu ? : *Un esprit traumatisé par la cruauté de ceux qu'elle pensait être ses camarades, à jamais marqué par l'absurdité de la violence humaine.
* Fille émancipée d'une famille humaine qu'elle a fui pour sa propre sécurité. Outre dans un monde d'humains qui ne cherchaient pas à la comprendre, juste à la plier au conformisme réconfortant de la normalité.
* Apprentie curieuse et consciencieuse de Daphné Calabrezzi. S'est lancée sur la voie du chamanisme, marchant dans les pas de sa mentore avec patience et détermination, persuadée d'avoir trouvé la voie qu'il lui fallait.
* Inscrite à la LSU, en médecine. Malgré un dossier scolaire chaotique à cause d'une année de fugue, se démène pour prouver, aux autres et à elle-même, qu'elle réussira.
Facultés : *Hémokinésie, contrôle du fluide vital
*Apprentie chamane, amie des loups et des gitans
*Etudiante en médecine, acharnée et consciencieuse, pleine de projets en tête.
*Musicienne et chanteuse amateur ne sortant jamais sans son casque. Danseuse du dimanche. Incollable sur la musique, sa passion, son refuge.
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Thème : Mama Cass Elliot - Make Your Own Kind Of Music
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Ven 27 Aoû - 13:04 (#)



Le rideau de grisaille m’accueille une fois de plus à la sortie du bâtiment tandis qu’une nouvelle journée se termine. J’observe le ciel avec un mélange de lassitude et de contentement. La fraicheur de ce mois de décembre est la bienvenue, la pluie l’est beaucoup moins. L’odeur et l’humidité qui emplissent l’air me font froncer le nez, déjà désabusée de devoir patauger sous cette cascade incessante. Je laisse la marée d’étudiants prendre un peu d’avance, prenant le temps de sortir mon parapluie avant de poser les pieds sur le sol détrempé, seule la perspective d’une douche chaude et d’un thé parfumé réussissant à me motiver à braver autant la foule que les éléments. Slalomant entre les corps collés les uns aux autres, évadant le brouhaha avec un univers plus jazz à travers le plastique qui colle à mes oreilles, j’atteins l’abri bondé, me contentant de patienter sous la pluie, percevant à peine le tambourinage furieux sur la toile au-dessus de ma tête.

Quelques saluts sporadiques perturbent à peine mon attente, silhouettes trempées partant pour aller profiter de la soirée dans des lieux animés. Très peu pour moi, pas après ce qu’il s’est passé, pas alors que la seule chose dont j’ai besoin c’est du calme réconfortant et de la sécurité de mon appartement, même s’il semble bien vide parfois. J’en ai de plus en plus besoin ces derniers temps. Il y a comme un pressentiment qui ne cesse d’enfler chaque fois que je mets le nez dehors. Le sentiment que quelque chose m’échappe alors que cela se passe sous mon nez. Plusieurs fois j’ai cru sentir un regard sur moi quand je rentre chez moi, quand je suis dans le bus, jusque dans la chaleur réconfortante des quatre, murs de ma chambre, mais sans jamais réussir à rationnaliser la chose.
Le crissement des freins suivis du chuintement des portes du bus me tire de mes pensées et je suis la masse des étudiants qui s’agglutinent dans l’espace confiné. Un frisson me parcourt alors l’échine et je sonde la foule anonyme en cherchant une fois de plus l’origine de cette sensation désagréable qui enfle à nouveau, se fait sa place, insidieuse, dans ma poitrine comprimée. Je concentre mon regard sur mes chaussures humides, augmente le volume des sonorités de mon casques compte les arrêts restants avant de pouvoir enfin fouler le sol de mon appartement. Rentrer, il me faut juste rentrer et tout ira bien. Le bus se vide et se remplit au gré des arrêts, mais la sensation d’être épiée, suivie, observée, ne faiblit pas et je me sens de plus en plus impatiente, angoissée. Mon pressentiment n’a jamais été aussi fort qu’avant ce soir.

Lorsqu’enfin mon arrête se dessine et que le bus s’arrête, je fiche le camp au plus vite, ne prenant pas le temps de déployer une quelconque toile au-dessus de ma tête cette fois. Un coup d’œil derrière mon épaule ne m’apprend rien de plus. Des passants, des visages anonymes qui vivent leur vie sans se soucier de la mienne, mais le nœud dans mon estomac se fait plus pressant, insistant, comme s’il cherchait à me prévenir de quelque chose. Comme si une voix me soufflait de vite partir, de vite trouver refuge. J’ai envie de courir, mais je me retiens. Suis-je en train de sombrer dans la paranoïa ? Encore un peu et je vais me mettre à entendre des voix.

Anaïs

Un frisson court le long de tout mon corps et je me fige, le cœur remontant soudainement dans ma gorge où mon souffle se bloque. Un murmure glacé à travers la mélodie pourtant toujours présente, comme si on parlait directement à mon esprit. Une sensation de froid n’ayant rien à voir avec mes cheveux humides me collant à la peau ou à la pluie qui a décidé de s’insinuer sous la couche protectrice de tissu. Un toucher glacé, une douce mais brusque traction et je fixe avec angoisse cette ruelle devant laquelle je passe tous les jours sans même l’apercevoir. Quelque chose est là, dans l’ombre qui n’a rien de naturelle. Une voix aussi froide que la tombe, grave, qui écorche mon nom tout en le prononçant comme s’il le connaissait depuis longtemps. Une voix qui appelle, perçant directement dans mon crâne.

Anaïs

L’image d’une main blanche fige mon regard avant de disparaître à son tour. Mon cœur tambourine si fort dans ma poitrine que je n’entends plus que ça, que le sang qui bat furieusement à mes tempes. Mon casque a glissé de mes oreilles, ma main a agrippé l’athamé caché au fond de mon sac comme on s’agrippe à une planche au cœur d’une tempête. Consolation dérisoire face à ce qui se joue devant mes yeux. Je n’ai pas vraiment besoin d’y réfléchir pour comprendre ce qu’il se passe. IL a décidé de venir me trouver. IL a enfin trouvé ce qu’il voulait en échange de ma demande et je suis là, plantée devant la ruelle à me demander si je ne devrais pas m’enfuir en courant, rentrer chez moi, l’envoyer se faire foutre en priant pour la première fois de ma vie. Je crains autant SON apparition que SA demande, mais fuir ne fera que retarder l’inévitable, ne fera que l’encourager à me demander quelque chose de pire encore.

- Qu’est-ce que tu veux ?

J’entends à peine ma voix à travers le son de la pluie qui s’écrase tout autour, comme un écho lointain à peine perceptible. Le froid s’insinue jusque dans mes os, me frigorifiant malgré les températures toujours clémentes, malgré le manteau qui me protège, malgré mon sang qui pulse furieusement. Mes jambes ne parviennent même pas à faire demi-tour, figées par l’angoisse de ce qui se profile au fond de cette ruelle assombrie. Mes doigts serrés me font mal, mais je ne lâche pas le petit couteau. Maigre défense face à LUI, mais que je refuse d’abandonner, pas alors qu’il pourrait me demander les pires choses en me sachant incapable de refuser pour le salut des miens. Je parviens à faire un pas, puis un deuxième, m’arrêtant à l’entrée même de la ruelle, face au brouillard de ténèbres qui semble l’avoir envahie.

- Je suis là ! Qu’est-ce que tu veux ?

Ne me demande rien… Laisse-moi juste vivre ma vie en m’oubliant. Qu’on me laisse en dehors de tout ça, qu’on me laisse essayer d’avoir une vie aussi normale que possible. Je suis tellement fatiguée de regarder derrière moi, d’angoisser dans mon coin en me demandant s’il va encore se passer quelque chose si je mets le nez dehors. Alors lorsque je fais un pas de plus et que je touche les ténèbres, je m’attends au pire. Pas à ce qu’elles disparaissent. Pas à ce qu’elles laissent la place à la ruelle habituelle à l’exception d’une silhouette au fond de cette dernière. Ce n’est pas LUI. Il y a quelqu’un d’autre. Le soulagement qui me tombe sur les épaules disparaît en une fraction de seconde. Si ce n’est pas LUI, alors qui est-ce ?

- Qui est là ?

Et je regrette déjà d’avoir posé la question. Parce que le sentiment de malaise n’a pas diminué, ni le mauvais pressentiment qui m’étreint la poitrine. Cours, idiote.
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Sam 11 Sep - 16:00 (#)


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Approche, petite.
Dans les ténèbres, l'immobile créature patiente. Le Temps n'est rien pour cette entité damnée qui a appris à le dompter, à l'articuler à sa guise. Sans cette notion de finitude nécessaire à toute vie humaine, dans l'esprit fragmenté, il ne reste que la folie d'une nuit éternelle, d'une errance sans destination. La Terre sera toujours trop petite pour ceux qui la foulent depuis des siècles. Alors que la distance qui les sépare encore demeure au contraire bien trop grande – distance qu'il pourrait briser si aisément, mais qu'il a choisi de maintenir encore un peu, préférant l'observer avancer vers lui. Les pulsations du myocarde affolé emplissent la ruelle, perturbent l'obscurité qui s'agite en surface, comme si elle réagissait aux états d'âme de l'humaine. Il s'emplit de sa peur, étonné de la voir approcher encore, malgré la terreur qu'il entend dans sa poitrine. Téméraire. Ou peut-être aliénée, pour oser avancer malgré la méfiance, malgré le risque de perdre la vie dans cette ruelle à l'écart, et ironiquement si proche de son domicile. Il retrouvera ta tête entre les briques irrégulières et la crasse de Mansfield. Il croira à la froideur d'un tueur en série. Il ne me retrouvera jamais. La pensée macabre clapote à la surface de sa conscience, s'évanouit tout aussi vite. Il n'est pas ici pour attenter à sa vie, il n'a pas attendu si longtemps pour arracher son cœur dès les premiers instants. A moins que, à son contact, ce ne soit lui qui s'emplisse de terreur sous l'étrangeté et le danger de la sensation qu'elle fera enfler en lui. Revivre douloureusement, à nouveau, à l'abri des regards, englué dans cette réalité qu'il exècre. Un énième mensonge logé sous son derme. Non.

Les pulsions soigneusement cadenassées sous ses entrailles, il l'observe avec toute l'intensité du monde, encore protégé par les ombres qui lui permettent de la décortiquer sans craindre de l'effrayer davantage. Les prunelles inquisitrices détaillent la silhouette, dissèquent la peur que la peau exhale, des ondes qu'il absorbe sans scrupule, peu soucieux de la limite entre leurs deux êtres. Ce qui est à toi m'appartient également, depuis que tu as osé profaner mon tombeau. La lame d'un couteau attire son attention tandis qu'il l'examine sans pudeur, contre laquelle les iris d'ambre s'attardent quelques secondes. Un objet similaire à ceux qu'Eoghan possédait en grand nombre, qu'il identifie comme un probable athamé, ce qui confirme ses hypothèses à son encontre. Sorcière. Espère-t-elle faire disparaître la menace avec cela ? Elle en paraît elle-même peu convaincue, ce qui n'entrave nullement sa progression, et le contraint à reculer un peu plus, jusqu'à buter contre la paroi de briques. Lentement, sans mouvement brusque, il se baisse, juste assez pour que son visage hâlé se situe à peine au-dessous du sien, lorsque l'illusion se dissipe sous son toucher.

Son faciès de marbre ne lui témoigne nul étonnement lorsque la supercherie s'efface et que sa silhouette se révèle, immobile, statue mortifère coincée entre deux âges – entre cette époque qui l'a vu naître et cette modernité qu'il abhorre. Ses prunelles attendent de rencontrer les siennes, sous le voile qui se dissipe, de vivre enfin véritablement cette rencontre, et non pas cet ersatz tronqué qu'ils avaient subi dans cet autre espace-temps. De son regard abyssal, il la sonde, et la question, toujours la même, résonne en lui en un étrange écho. Il s'en imprègne, se l'approprie, la retourne à son avantage sans en comprendre le sens, ou croyant peut-être qu'elle s'adresse directement à lui. L'avait-elle cherché, toutes ses nuits, en reflet à sa propre obsession ? Avait-elle repensé à ce geste, ou alors tout cela n'était-il qu'anodin pour elle, là où lui y voyait tant de symboles ?

Son visage se décompose légèrement lorsqu'il comprend qu'elle ne le reconnaît pas. Qu'il n'est qu'une chimère, même lorsqu'il ne se dissimule pas derrière ses illusions ; un inconnu qui inspire la peur et la méfiance. Un inconnu qu'elle osait pourtant défier. Il croit toutefois deviner à sa posture qu'elle hésite, et qu'il suffirait de peu de choses pour qu'elle ne tourne les talons et lui échappe, encore. Il veille donc à n'effectuer aucun mouvement brusque, et c'est tout juste si ses lèvres s'entrouvrent lorsqu'il s'adresse à elle, murmure du fond des âges, volonté de fer dans une voix de velours.
« C'est moi. »
Patiemment, il sonde ses réactions, écoute la peur pulser à ses tempes juvéniles, tout en s'empêchant de guetter sa carotide et d'ainsi trahir sa véritable nature. Mais ne l'avait-elle pas déjà comprise ?
La créature fronce légèrement les sourcils, les paupières se plissent de circonspection, tandis qu'il cherche à déterminer si la mémoire lui fait réellement défaut. Car s'il s'était souvenu d'elle si distinctement, la réciproque n'était peut-être pas vérifiable.
« Ne me reconnais-tu donc pas ? »
Conscient qu'elle pourrait le confondre, ou qu'il parviendrait peut-être à se faire passer pour un autre à ses yeux, il se drape de mystère, demeure une énigme pour celle qui le scrute malgré sa peur primitive, malgré cet instinct qui lui hurle de s'échapper. Peut-être que si elle le croit autre, elle restera. Peut-être que si elle lui attribue cette identité insondable, elle ne détournera pas le regard. Alors il ne restera pas cet anonyme, celui qui indiffère. Pour quelques miettes d'instants, il voudrait être plus.

Il avance à peine, tend le visage pour l'inspecter olfactivement, conférant cette impression qu'il est peut-être tout aussi intimidé qu'elle, derrière son apparence inébranlable. Rien de plus qu'un animal farouche à apprivoiser. Ses narines frémissent légèrement lorsqu'il la hume, fronçant légèrement le nez sous les effluves d'un parfum bon marché qui lui déplaît, de toute évidence. L'odeur de la peur qui la terrasse le renseigne plus que de raison, et il réalise l'évidence, face à ce visage apeuré.
« Tu m'as oublié. »
Une prise de conscience qui ne lui arrache nulle tristesse, nulle amertume. Sa voix neutre s'exprime d'un ton égal, se contente de verbaliser ce qu'il croit décrypter au travers des prunelles juvéniles qui le questionnent en retour.
Son regard chute jusqu'à la dextre qui maintient toujours l'arme, jusqu'aux doigts tremblants mais solidement vissés autour du manche. Il voudrait lui montrer, attraper ses doigts, et lui mimer le geste qu'elle avait eu cette nuit-là, lorsqu'elle avait réparé son horloge.

Pas maintenant. Tu ignores qui elle est réellement.

Les informations objectives dénichées par Ashkan ne suffisaient pas à la décrypter comme il l'aurait souhaité. A dérouler pour elle les balbutiements d'une confiance, qui le plongerait peut-être dans une posture délicate. Alors il se réfugie prudemment derrière des mensonges qui n'en sont qu'à moitié, utilise les éléments que l'inquiétude première de la jeune fille avait précédemment semé entre eux.
« Tu m'as sauvé. Cette nuit-là. »
Un excès d'interprétation évident, mais qui abattra peut-être quelques unes des défenses féminines. Il se concentre pour puiser dans sa mémoire des débris de souvenirs de cette nuit-là. Rares et ébréchés, les lambeaux de réminiscences qui ne lui ont pas échappé se colorent autour de lui et dessinent les vestiges de l'horreur onirique. Autour d'eux, la ruelle s'efface et la sensation des gouttes de pluie qui les écrasaient jusqu'alors disparaît. Son imagination érige un dôme autour d'eux, un lointain plafond dont il ne se souvient plus de la hauteur exacte, ainsi que des murs sans ouverture. L'angoisse primitive de ne pouvoir échapper de ce piège cauchemardesque. Architecte onirique, il reconstitue des lambeaux friables de la salle sans échappatoire, où tout avait commencé. Il tâche de restituer l'apparence des murs tels qu'il les avait perçus, mais le souvenir lui glisse entre les doigts, tout comme le sable qui s'échappe de ses phalanges écartées, s'écoule à travers sa main amputée.

Une main qu'il lui tend, sans savoir pourquoi, comme si la clé de l'énigme résidait dans ce geste.
« Anaïs. »
Comme si répéter son prénom les lierait davantage, l'ancrerait dans la réalité de la jeune femme, donnerait consistance au souvenir que sa conscience lui refusait encore.
Suis-je moi-même un songe, pour toi ?
Une trace insaisissable, une sensation éphémère, un fantôme de passage.
Sous les yeux d'Anaïs, les murs illusoires du Cauchemar pleurent et fondent en flaques épaisses contre le sol. La ruelle se ravive, la pluie se matérialise à nouveau dans leur réalité dystopique et s'abat sur la silhouette de l'Hébreu, en gouttes acides qui érode le faciès devenu sable. Sous les frappes aqueuses, la poussière de verre s'effrite et gomme les traits précis du visage oriental désormais sans expression. Seule la main demeure tendue et immuable, à l'apparence sinistrement humaine, surgissant des dunes de plus en plus difformes qui s'emparent de son corps perméable et le transforme en bouillie sauvage, sans visage. La bouche a déjà disparu, noyée sous l'averse, mélange d'eau et de sable à travers ce faciès indéfinissable, lorsque la voix résonne à nouveau autour d'eux – partout, nulle part.
« Je déteste la pluie. »

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Baby Chaos - Là où je passe, la paix trépasse.
Anaïs Wilhm
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En un mot : Outre en perdition
Qui es-tu ? : *Un esprit traumatisé par la cruauté de ceux qu'elle pensait être ses camarades, à jamais marqué par l'absurdité de la violence humaine.
* Fille émancipée d'une famille humaine qu'elle a fui pour sa propre sécurité. Outre dans un monde d'humains qui ne cherchaient pas à la comprendre, juste à la plier au conformisme réconfortant de la normalité.
* Apprentie curieuse et consciencieuse de Daphné Calabrezzi. S'est lancée sur la voie du chamanisme, marchant dans les pas de sa mentore avec patience et détermination, persuadée d'avoir trouvé la voie qu'il lui fallait.
* Inscrite à la LSU, en médecine. Malgré un dossier scolaire chaotique à cause d'une année de fugue, se démène pour prouver, aux autres et à elle-même, qu'elle réussira.
Facultés : *Hémokinésie, contrôle du fluide vital
*Apprentie chamane, amie des loups et des gitans
*Etudiante en médecine, acharnée et consciencieuse, pleine de projets en tête.
*Musicienne et chanteuse amateur ne sortant jamais sans son casque. Danseuse du dimanche. Incollable sur la musique, sa passion, son refuge.
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Jeu 16 Déc - 2:36 (#)



J’ai froid. Ça remonte le long de mon échine telle un courant glacé. Ça n’a rien à voir avec la pluie qui me cascade dessus en grosses gouttes. Ça n’a rien à voir avec la fatigue des derniers jours alors que les examens me pompent toute mon énergie et ma concentration. Tout ça, c’est lié à cette ruelle, à cette forme indistincte qui semblent si proche et en même temps si lointaine. Je devrais partir, faire demi-tour sans même chercher à savoir, mais mes jambes sont comme du coton. Je n’arrive pas à bouger, ni à dévier le regard de la silhouette tapie dans la ruelle à laquelle personne d’autre que moi n’a fait attention. Le souffle qui prononçait mon nom sonne toujours à mon oreille, comme un lointain écho, pourtant il n’y a que le martèlement de la pluie autour de moi, rien de plus. Le silence s’est installé et semble confortablement installé, rendant chaque seconde aussi longue qu’une vie entière.

Sa voix me fait presque sursauter tant elle brise le calme et je me prends à faire un pas en arrière par réflexe, el cœur battant follement, le sang cognant contre mes tempes. Qui ? Suis-je supposée savoir qui se terr ainsi, sous la pluie, dans une ruelle sombre où les ombres avaient jusque-là élue domicile avant d’étrangement disparaître. Alors non, évidemment que non, je ne le reconnais pas, parce que je n’arrive pas à mettre un visage sur cette voix. Parce que j’ai le cœur qui obstrue la moindre tentative de réflexion, les faisant se terminer par un bruit sourd, un tambourinement ininterrompu qui ne me conseille qu’une chose : partir, me retourner et rentrer chez moi. Rentrer à l’abri de la pluie, à l’abri de froid, à l’abri du monde et de cette silhouette immobile au fond d’une ruelle.

Je n’arrive pas à relâcher la pression de mes doigts sur mon athamé. Même si c’est dérisoire, je n’arrive pas à m’en empêcher. Est-ce que je serais capable de poignarder quelqu’un avec ça ? Peut-être… sans doute pas. Encore une fois, non, je ne le reconnais pas. Devrais-je m’en sentir désolée ? soulagée ? Ne pas savoir me rend fébrile. Qu’est-ce que je rate ? Qu’est-ce que je ne comprends pas dans ce qui se passe sous mes yeux, à juste quelques mètres de moi. Je suis habituée à voir des choses qui dépasse ma plus complète compréhension, mais lorsque quelque chose semble évident, j’ai envie de savoir, je déteste ne pas comprendre, me sentir impuissante alors que je pourrais simplement tendre le bras pour avoir la réponse.

D’autres mots viennent entretenir et accentuer ma plus totale incompréhension. Sauvé ? Moi ? Qui ? Quand ? Rien de tout cela n’a de sens. Et alors que je prends finalement la décision et que j’ai la force de bouger mes jambes pour partir, le décor change et je me sens pâlir. Je reconnais ses murs sans fenêtre, ce sol où je me suis effondrée, cette salle où les choses auraient pu se finir, une fois de plus. Alors je comprends enfin. Je comprends malgré l’instabilité de ce qui ressemble à un rêve. Même la pluie semble avoir disparu. Je fixe le ciel et ne trouve qu’un plafond aux contours flous. Comment est-ce possible ? Encore une fois, cette voix qui souffle mon prénom alors que la pluie me frappe à nouveau, que le décor s’étiole sous la grisaille et les murs de briques. Disparu à nouveau, comme un rêve. De retour dans cette ruelle, je suis perdue pendant un instant. Je déglutis, ouvre la bouche, la referme, incertaine. Je lève la tête et ferme une seconde les yeux avant de me secouer. Est-ce que ej déteste la pluie, moi ? Non, plutôt l’inverse, parce que c’est agréable à écouter, perché sur le rebord de la fenêtre, un plaid sur les épaules et une tasse à la main.

- Je me souviens…

J’aurai honnêtement préféré oublier, comme tout un tas d’autre choses qui me sont tombées dessus. Mais les souvenirs forgent celle que je suis, même s’ils sont mauvais, sombres ou douloureux et malgré tous mes efforts, je ne pourrais jamais m’en séparer. Je me souviens pourtant très bien de lui, à présent. Celui au cœur figé, qui semblait avoir besoin d’aide. L’ai-je vraiment sauvé ? le doute persiste, tout n’est pas net, loin de là. Je penche un peu la tête, cherchant à voir son visage, à l’ancrer une fois e plus dans ma mémoire, sans parvenir à le déceler sous cette capuche trempée.

- Tu m’as tendu la main pour m’aider. Tu étais glacé.

J’ai beau cherché, le reste reste flou à cet instant. Je frissonne à nouveau, mais cette fois, c’est la pluie s’insinuant sous mon col qui provoque cela. D’un revers de manche, je m’essuie le visage, mes   tombant sur l’athamé que je porte toujours à la main. Pendant un instant, j’hésite. Le garder ?  Je pose mes yeux sur la silhouette qui attend au fond de la ruelle, et décide de desserrer mes doigts, de ranger l’arme de métal pour sortir un parapluie. Je n’avance pas, reste à la bordure de cette ruelle que je ne compte pas explorer plus avant. Je ne suis pas stupide. Les apparences ne sont que trop trompeuses dans cette ville. Et les souvenirs qui me sont revenus me disent clairement qui est en face, ce que je dois et ne dois pas faire.

- Pourquoi es-tu là ?

Comment m’a-t-il trouvé ? Comment savait-il où m’attendre et quand ? Tout cela commence à me rendre de plus en plus méfiante. Que je l’ai sauvé ou non, cela me ramène à la même question. Qui est-ce ? Réellement. Quel est son but exactement ? Comment a-t-il réussi à faire apparaître tout ça avant que tout ne se désagrège comme par magie ? Plus mes souvenirs refont surface plus j’ai de questions le concernant.

- Que me veux-tu... Yago ?

Parce que son nom m’est revenu et qu’il me rappelle quelque chose. Un cœur si faible qu’il semblait éteint. Une peau froide comme celle d’un mort. Une main au doigt manquant. Pourquoi est-il ici ? Pourquoi est-ce que j’ai attiré un vampire ?
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Dim 23 Jan - 20:53 (#)


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Elle se souvient.
Yago.
Elle prononce son prénom comme une évidence, lorsque le souvenir clapote enfin à la surface de sa conscience juvénile. Et malgré les torrents qui s'abattent sur ses épaules, il croit ressentir une étrange vague de chaleur au creux de sa poitrine.
Il n'en fallait pas davantage pour l'ancrer dans une réalité commune à eux deux. Et comme s'il suffisait de l'appeler pour lui donner consistance, il se redresse inconsciemment, et les ombres et les derniers lambeaux d'illusions se détachent de sa carcasse et jonchent le sol crasseux de la ruelle. Si elle le reconnaît, alors elle lui donne le droit d'exister sans leurre. Sans camouflage. Si elle l'identifie, alors il peut aspirer à être autre chose qu'un élément onirique supplémentaire, dans son existence de jeune fille.

Lentement mais d'une précision acérée, les contours de sa silhouette se dessinent à travers la pénombre. Il s'est entièrement redressé pour se tenir droit face à elle, malgré la distance qui les sépare encore. Il réalise qu'elle ne s'avancera pas davantage. L'athamé rangé et le parapluie dégainé ne signifiaient nullement qu'elle abandonnait ses réticences premières. Pour autant, elle ne semblait pas encore apeurée au point de prendre ses jambes à son cou, de s'arracher à cette contemplation morbide et de retrouver la sécurité de son foyer. Quelque chose lui intimait de rester. Une quête de réponses. Peut-être n'était-il qu'un rouage parmi toute la machine qu'elle tentait de comprendre, du haut de son jeune âge et de sa nature complexe. Jeune, si jeune, et déjà balancée entre les mâchoires infernales d'un monde impitoyable.
Il ne savait trop ce qu'il ressentait à son égard. Peut-être un peu de compassion, en cet instant de contemplation mutique. Si tant est qu'il en éprouvait encore.
Mais surtout, et c'est ce qu'il l'incitera finalement à tenter l'impensable, une curiosité grandissante et une attraction qui le démange, tant et si bien qu'il abandonnera le premier toute méfiance, lorsque les questions et sa voix s'éteignent doucement dans la ruelle non-éclairée.

Elle fuira peut-être, lorsqu'il approchera d'un pas mesuré, sans chercher cette fois à la tromper, à l'ensevelir sous un leurre destiné à abattre ses défenses.
Elle criera peut-être, lorsqu'il se tiendra face à elle, à une distance qu'aucun humain sensé ne tolérerait, en ayant connaissance de la dangerosité de sa nature vampirique.
Elle le repoussera peut-être, lorsqu'il osera prononcer l'invraisemblable requête, d'une voix où se mêleront la lassitude et l'espoir.
Et alors le dernier vestige d'un édifice en ruines se détachera et tombera lourdement dans sa poitrine silencieuse.

Il s'est approché.
Prudemment, comme si chaque pas menaçait de briser à jamais le lien qu'il tentait d'établir avec elle, ailleurs que dans ce cauchemar auquel ils avaient tous deux survécu. Peut-être l'un grâce à l'autre. Il suppose qu'ils ne le sauront jamais. Avoir traversé cette réalité alternative l'avait bouleversé plus que de raison, pour lui qui peinait déjà à s'ancrer dans le réel. Ils avaient marché sur les songes d'un autre, d'un Intangible, et cela l'avait terrifié.
Même à Eoghan, il n'en avait pas parlé.
Elle était la seule à savoir, à partager l'indicible secret. Il n'avait pas cherché à retrouver les autres. Il se remémorait à peine leurs visages.
Mais elle. Il ne l'avait pas oubliée. Pire, son souvenir s'était accroché en lui et s'était diffusé bien au-delà de sa mémoire. L'évidence s'était propagée jusqu'aux cellules mortes les plus reculées, jusqu'aux limbes de son esprit centenaire.
Finalement, elle était peut-être encore plus dangereuse que lui.
Et cela le fascinait.

Il ne s'immobilise que lorsqu'il se tient suffisamment proche d'elle pour percevoir son souffle chaud contre sa peau de glace. Aucun mouvement n'est amorcé pour anéantir définitivement la maigre distance qui les sépare encore. Il se contente de l'observer, le visage proche, trop proche du sien. Une seconde, peut-être deux, et déjà il s'écarte, conscient de risquer de provoquer sa fuite, et c'était la dernière chose qu'il souhaitait en cet instant précis. Il se recule sans geste brusque, jusqu'au mur contre lequel il s'adosse et se débarrasse de sa capuche. Tant pis pour l'averse qui s'abat toujours sur lui. Même si s'abriter sous le parapluie s'avère tentant, il préfère ne pas l'effrayer davantage.
Les trombes d'eau ruissellent sur son visage, défigurent sa peau hâlée autrefois si gorgée de soleil.
Il se demande si ce faciès d'ange abrite réellement un démon aux pouvoirs démesurés.
Il doit savoir.

Animé par une pulsion inconsciente, sa main s'élève un court instant, tentée de la toucher malgré l'interdiction tacite, de l'effleurer et de ressentir cette chaleur, de provoquer la réaction tant espérée depuis qu'il la traque. Mais le geste retombe aussitôt, et les doigts s'affaissent avant d'avoir atteint le poignet de la jeune femme. Face à elle, il se sent ridiculement maladroit, comme si chaque atome de son corps était de trop face à ce regard faussement candide. Comme si elle avait malgré elle percé des secrets enfouis sous son derme de glace. Des secrets qu'elle ne lui avait pas partagés. Qu'elle aurait jalousement conservés.
De ses prunelles d'ambre, il la sonde, peut-être aussi émerveillé qu'intimidé de la croiser de nouveau, dans cette autre réalité. Il aurait pu la contempler ainsi pendant de longues minutes, si la menace de la voir le quitter prématurément ne caressait pas sa nuque, comme le couperet de la guillotine.

La voix basse, le visage penché vers l'avant, il lui demande tout doucement, du bout des lèvres, comme s'il en avait honte.
« Ce que tu as fait, cette nuit-là… »
Il se souvient de sa main tendue. De la manière dont elle l'avait attrapée, et de ce qui en avait découlé. L'horloge cardiaque avait toussoté dans la poussière, réveillée par un toucher surnaturel. Intense. Elle l'avait ravivé et son corps ne voulait pas oublier. Peut-être aurait-il préféré s'endormir à nouveau, refouler ces sensations qu'elle avait fait remonter à la surface de sa conscience. Mais il n'y parvenait pas. Qu'il le veuille ou non, elle le hantait.
Et se trouver là, à quelques dizaines de centimètres de ce visage, le troublait dans ses certitudes. Lui qui ne s'imposait presque jamais de limite, hésitait désormais à quémander le lien tant espéré.
Mais les mots, enfin, sont prononcés dans un murmure.
« Pourrais-tu… recommencer ? »
Une prise de conscience soudaine de leur environnement immédiat le fait tressaillir, comme si la pluie lui glaçait soudain les os et le rappelait à la triviale réalité.
« Mais pas ici… Je n'aime pas être ici. »
Cette ruelle. L'Amérique. Loin de mes terres. Sans toi.
Et, sans savoir lui-même s'il s'abaisse réellement à quémander à une mortelle, ou si tout ceci n'est qu'un énième mensonge destiné à obtenir ses faveurs, il pousse le vice jusqu'à ajouter dans un lourd battement de paupières.
« S'il te plaît, Anaïs. »

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En un mot : Outre en perdition
Qui es-tu ? : *Un esprit traumatisé par la cruauté de ceux qu'elle pensait être ses camarades, à jamais marqué par l'absurdité de la violence humaine.
* Fille émancipée d'une famille humaine qu'elle a fui pour sa propre sécurité. Outre dans un monde d'humains qui ne cherchaient pas à la comprendre, juste à la plier au conformisme réconfortant de la normalité.
* Apprentie curieuse et consciencieuse de Daphné Calabrezzi. S'est lancée sur la voie du chamanisme, marchant dans les pas de sa mentore avec patience et détermination, persuadée d'avoir trouvé la voie qu'il lui fallait.
* Inscrite à la LSU, en médecine. Malgré un dossier scolaire chaotique à cause d'une année de fugue, se démène pour prouver, aux autres et à elle-même, qu'elle réussira.
Facultés : *Hémokinésie, contrôle du fluide vital
*Apprentie chamane, amie des loups et des gitans
*Etudiante en médecine, acharnée et consciencieuse, pleine de projets en tête.
*Musicienne et chanteuse amateur ne sortant jamais sans son casque. Danseuse du dimanche. Incollable sur la musique, sa passion, son refuge.
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Thème : Mama Cass Elliot - Make Your Own Kind Of Music
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Lun 31 Jan - 10:46 (#)



Le monde semble plus flou sous cette pluie qui n’en finit pas, qui donne cet aspect irréel à tout ce qui m’entoure. En cet instant, il n’y a que moi, le bruit de la pluie sur la toile tirée au-dessus de ma tête, cette ruelle et la silhouette qui se redresse lentement depuis les ombres pour marcher vers moi. Mon cœur s’emballe, ma main se crispe sur le manche, blanchissant mes phalanges déjà frigorifiées par l’humidité et le vent qui s’engouffre entre les murs de briques des vieux immeubles de Mansfield. Je ne savais pas exactement pourquoi je restais ainsi, immobile, à laisser ainsi approcher cette silhouette aux contours qui se précisait. Elle avance d’un pas lent, presque craintif, comme si le moindre mouvement brusque suffirait à brise l’instant pour le faire disparaître, ou me faire fuir sans un regard en arrière. Pourtant je n’arrive pas à détacher me yeux de lui alors qu’il se trouve bientôt bien près, bien trop près.

Je peux sonder son regard, ses prunelles d’ambres qui se fixent dans les miennes. Mon souffle se bloque un instant et cela suffit pour qu’il s’écarte, s’adosse au mur. J’inspire lentement, observe son visage débarrassé de cette capuche qui le cachait à mon regard. Les souvenirs ressurgissent et je me souviens avec plus de netteté de sa présence, de sa voix et de cette main que j’avais attrapée ce jour-là. Il reste immobile, comme indécis, malgré la pluie qui lui ruisselle dessus, gorgeant ses cheveux sombres, glissant sur la peau halée de son visage. Je me prends à le détailler et cligne des yeux pour me recentrer sur le présent, sur la ruelle, sur cette situation invraisemblable. Je lève la tête vers lui lorsqu’il parle à nouveau. Un simple murmure, une demande et je sens mon cœur rater un battement à sa demande. Un autre silence. J’ai la bouche sèche, les mains crispées, le corps tendu face à lui. Je ne sais pas trop quoi dire ou faire, même lorsqu’il ajoute une supplique.

Je n’aime pas être ici

Je déteste la pluie

Je ne sais pas ce que je fais ou ce qu’il me prend. Je sais juste que j’ai fait un pas et que j’ai levé la main. La pluie cesse de tomber sur sa tête, rencontrant à la place la toile qui se dresse au-dessus de nous deux avant de s’écraser au sol autour de nous. Ce n’est pas lui qui s’est approché cette fois, c’est moi, et je ne sais pas ce qui m’a poussé à le faire. Peut-être la façon dont son corps a réagi soudainement face aux trombes d’eau qui se déversent depuis la mer de gris au-dessus de nous. Peut-être à cause de ce qu’il a dit plus tôt, ou à cause de sa voix qui me semble soudainement suppliante. Je l’ai fait, c’est un fait, et mon cœur n’a jamais cessé de battre la chamade pendant tout ce temps.

Que suis-je supposée faire maintenant ? Ce qu’il me demande… Je sens des picotements dans ma main libre. Une sensation de familiarité, comme si elle reconnaissait l’être qui se tenait devant moi et qui me demandait de relancer les rouages éteints de son corps. Je l’ai déjà fait, une fois, cette fameuse nuit où je lui ai tendu la main sans réfléchir, sans penser à ce que je faisais, pris dans la tourmente de ce songe étrange. Mais ce soir, mon esprit se questionne, pose le pour et le contre, examine les conséquences que cela pourrait avoir. Et si quelque chose se passait mal, une fois de plus ? Et si cela nous blessait tous les deux ? Je secoue la tête, cherchant à m’éclaircir les idées. Tout ce que je sais, c’est que je ne peux pas le suivre. Je ne dois pas le faire. Je déglutis, inspire lentement.

- Je peux... recommencer… mais je ne vais pas te suivre, Yago.

Pourquoi souhaite-t-il que je recommence, exactement ? Je ne sais pas vraiment ce qu’il s’est passé pour lui alors que je ravivais son cœur à son insu. Je n’avais pas réfléchi et je ne m’étais pas posé la question jusqu’à maintenant. J’avais mis ça de côté, enfoui avec les autres questions et débats qu’il valait mieux ne pas ressortir. Ceux qui me faisait me sentir comme quelque chose d’autre que moi-même, avec tout ce qu’il s’était passé pendant ces dernières années.

- Pourquoi ? Pourquoi voudrais-tu que je recommence ? Je…

Je ne voulais pas lui faire de mal. Ni à lui, ni à personne d’autre, mais ça n’était jamais aussi simple. J’agissais d’instinct, mais la magie avait ses règles et, parfois, elle me renvoyait à la figure le contrecoup que je n’avais jamais pu voir venir. J’en avais assez des conséquences sur ma vie. Qui pouvait savoir ce que je pouvais déclencher en agissant à nouveau de la sorte ? Je ne voulais pas déclencher une autre catastrophe métaphysique ou faire souffrir qui que ce soit. J’avais simplement peur de ce que mes actions pouvaient engendrer. Peur des conséquences, peur de ce que ma magie pouvait encore cacher. Et si recommencer créait quelque chose que je n’avais pas prévu, comment allais-je m’en sortir cette fois ? Pouvais-je vraiment prendre ce risque sans même y penser ?

- Je ne sais pas ce qu’il peut se passer... je ne veux pas te faire de mal… à personne.

Cela semble si simple pourtant. Je me souviens très bien de ce que j’avais fait, de comment le refaire. Il suffit de peu de choses, en réalité. Un peu de carmin qui voyage dans le labyrinthe d’un autre corps pour nourrir un cœur inerte depuis longtemps. Rien qui ne semble insurmontable, mais est-ce vraiment une chose que je peux faire de façon aussi désinvolte sans craindre la moindre conséquence. Le simple fait qu’il soit là, face à moi, en est une. M’aurait-il cherché si je n’avais pas rallumé la flamme dans sa poitrine ? Sans doute pas. Sans doute que tout cela ne serait pas arrivé et que je serai déjà rentrée chez moi au lieu d’être dans cette ruelle, sous une pluie battante, à faire face à ce regard d’ambre qui semble me demander la chose la plus importante du monde.

- Explique-moi… s’il te plaît.

Que je comprenne ce qu’il s’est passé. Que je comprenne ce que j’ai fait sans vraiment le savoir ou le vouloir. Je veux juste être sûre de ce que je fais. Parce que je ne veux pas encore faire souffrir quelqu’un. Plus jamais.
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Dim 20 Mar - 12:37 (#)


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Approche.
Un pas unique suffit à le soustraire à l'inconfort des trombes d'eau qui s'abattaient sur sa silhouette. Un risque démesuré pour elle, malgré le caractère anodin du geste. Elle avait décidé de ne pas fuir tant qu'elle en avait l'occasion. Je pourrais te tuer, maintenant. Te briser la nuque et avant que tu ne t'en rendes compte, tu n'existerais plus. Pulsion primitive de sa nature viciée, qu'il s'efforce de cadenasser au fond de lui.
A l'abri sous la cloche imperméable, l'odeur de la pluie paraît s'intensifier. Il déteste le climat louisianais, cette perpétuelle moiteur en été et cette humidité quasiment permanente en hiver. Habitué à la sécheresse et à l'aridité, son corps mort ne s'était jamais véritablement acclimaté à cette météo désagréable. Aussi lui était-il reconnaissant de l'avoir entendu, et de lui épargner temporairement les désagréments liés au ruissellement du déluge.

Elle formule un refus, inévitable, mais il est déjà satisfait de l'avoir suffisamment attireé à lui pour permettre à sa requête d'exister, peut-être dans un futur proche. Elle questionne le sens, s'inquiète des conséquences mais, il le sait, quelque chose l'attire tout autant que lui et l'empêche de se défiler. Elle restera, tant qu'elle n'obtiendra pas de réponse. Peut-être même désire-t-elle les lui arracher. Qui sait ce qui se cache derrière cette frimousse innocente ? L'aperçu qu'elle lui avait accordé suffisait à ne pas la sous-estimer. Mais peut-être s'était-il laissé bafouer par le Cauchemar et avait exagéré les conséquences du souvenir distordu.

Il ne cherche pas encore à la rassurer, attentif à toute manifestation de peur ou de dérèglement chez elle. Le tambourinement du palpitant attire ses sens, et il ne saurait dire si la mélopée l'alerte davantage qu'elle ne l'excite. Peut-être gagnerait-il du temps à changer ses plans, à finalement abandonner l'idée de revivre cette sensation, et à se contenter de s'emparer de quelques gorgées carmines, si précieuses. Ou même la boire jusqu'à la lie. L'eau couvrirait les traces. Il pourrait même la ramener chez lui. Éviter la foule, cacher le corps. Qu'est-ce qui l'en empêcherait ?

Le désir de savoir.
Et ce lien étrange et mystique qui les unissait depuis cette nuit irréelle, même si cela n'était pas tout à fait à son goût.
Puisqu'il n'avait su s'en dépêtrer, il fallait composer. Et comprendre. Ce qu'elle exigeait également. Elle avait l'air tout aussi perdue que lui. Désaxée. Comme si les événements de cette nuit-là les avaient inévitablement déviés tous deux de leur trajectoire initiale.
Ou peut-être étaient-ils déjà pris dans le tourbillon du chaos depuis trop longtemps ?

« Pourquoi es-tu restée ? »
Une question, en écho aux siennes. Tu aurais pu t'enfuir. Son instinct le lui avait probablement dicté. Mais elle demeurait face à lui, la posture campée dans le sol malgré la crainte fondamentale de le blesser. Une précaution dont elle l'enrobait et qui ne le satisfaisait pas. Vexé, il durcit le ton de sa voix lorsqu'il s'adresse à elle, ses billes enfoncées plus durement dans les siennes, maintenant que la distance s'est amoindri entre eux.
« Tu ne me feras pas mal. Tu l'as senti ou plutôt, ta magie l'a senti : je suis une enveloppe creuse. Je ne suis pas l'un de ces humains que tu risquerais de blesser par maladresse, ou parce que ni leur corps ni leur esprit ne supporterait la décharge. Avec moi, tu peux essayer sans craindre de me briser. J'y résisterai, quoi que ce soit. »
Il s'affirme, en devient presque menaçant dans sa conviction. Pourquoi hésitait-elle encore ? Il lui proposait le meilleur des terrains d'expérimentation. Possédait-elle ces valeurs trop humaines, qui l'empêchaient encore de céder à l'appel de sa magie ? A en croire son discours, probablement.

Désormais plus vif, il cède au besoin impérieux de préciser ses questionnements. Il ne l'avait pas suivie tout ce temps pour se contenter d'un refus ou d'une approximation. Elle était là, juste devant lui, les réponses à portée de main.
« C'est de la magie rouge, n'est-ce pas ? »
Une hypothèse évidente, que son esprit avait formulé par comparaison avec l'essence rougeoyante d'Eoghan Underwood. Les sensations comportaient des similarités, et même si le souvenir de cet instant demeurait brumeux, il avait l'impression qu'il s'agissait là du même terreau.
« Ce que tu as fait, ça m'a éveillé. »
Quelques secondes peut-être. Un instant insaisissable, une frustration indicible. Mais il savait que cela avait existé. Il voulait le revivre. Avait-elle le droit de le lui refuser ? Qui était-elle pour le priver de ce soulagement éphémère ?

Non.
C'est elle qui avait ouvert les vannes, planté la graine d'idée dans son esprit malade. Il ne la laisserait pas partir. Alors, le caprice s'ébauche et la voix ferme s'empresse de le formuler.
« Je veux que tu recommences, parce que cette nuit-là était particulière. Je m'en souviens à peine. Mais je sais que tu étais là, et je me souviens de ce que tu m'as fait. J'ignore ce dont il s'agissait, là-bas. Alors, je veux que tu recommences ici. Pour le revivre. Pour comprendre. Ne me laisse pas avec cette sensation d'inachevé. »
A défaut de parvenir à l'emmener ailleurs, il cède et accepte de réitérer l'expérience dans cette impasse crasseuse, sous une météo maussade. Elle devait estimer qu'il ne méritait pas mieux. Il comprenait ses craintes, elles étaient rationnelles ; seulement, il ne les acceptait que difficilement. Les refus le contrarient plus que de raison, ces derniers temps. Et il avait perdu patience.
Alors il prend les devants et cette fois, le geste ne s'interrompt pas lorsqu'il plonge la main vers la sienne, lorsque les serres se referment sur les doigts juvéniles qu'il attire contre sa poitrine, sous le manteau sombre. Si elle n'avait pas fui, il en déduisait qu'elle aussi, elle voulait savoir. Que la curiosité propre aux Éveillés avait gagné la bataille face à la prudence.
« Tu veux des réponses, toi aussi. Alors fais-le. »
Sous le tissu, les phalanges de glace maintiennent fermement la petite main vivante plaquée contre son myocarde à l'arrêt.

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En un mot : Outre en perdition
Qui es-tu ? : *Un esprit traumatisé par la cruauté de ceux qu'elle pensait être ses camarades, à jamais marqué par l'absurdité de la violence humaine.
* Fille émancipée d'une famille humaine qu'elle a fui pour sa propre sécurité. Outre dans un monde d'humains qui ne cherchaient pas à la comprendre, juste à la plier au conformisme réconfortant de la normalité.
* Apprentie curieuse et consciencieuse de Daphné Calabrezzi. S'est lancée sur la voie du chamanisme, marchant dans les pas de sa mentore avec patience et détermination, persuadée d'avoir trouvé la voie qu'il lui fallait.
* Inscrite à la LSU, en médecine. Malgré un dossier scolaire chaotique à cause d'une année de fugue, se démène pour prouver, aux autres et à elle-même, qu'elle réussira.
Facultés : *Hémokinésie, contrôle du fluide vital
*Apprentie chamane, amie des loups et des gitans
*Etudiante en médecine, acharnée et consciencieuse, pleine de projets en tête.
*Musicienne et chanteuse amateur ne sortant jamais sans son casque. Danseuse du dimanche. Incollable sur la musique, sa passion, son refuge.
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Dim 17 Avr - 18:35 (#)


Pourquoi ? Pourquoi étais-je restée alors que je savais pertinemment que c’était une mauvaise idée, faisant fi des conseils avisés de ceux qui avaient vécu plus longtemps et savaient comment agir. Peut-être qu’une part de moi en avait marre d’avoir tout le temps peur et de toujours suivre les ordres , même ceux qui me voulaient du bien. Ou peut-être que la réponse était plus simple, plus évidente. Un simple désir de comprendre et d’enfin savoir pourquoi le monde tournait de cette façon et pourquoi les choses se passaient ainsi. J’étais l’éternelle curieuse, toujours à essayer de comprendre les choses qui se présentaient face à moi au nom de l’apprentissage dont je ne pensais pas pouvoir sortir un jour. La magie, l’amour, la vie en général, je ne faisais qu’apprendre et c’était simplement une situation de plus qui me laissait perdue. Si je pouvais obtenir des réponses, est-ce que ça ne valait pas le coup d’essayer ? On me rétorquerait que non, pas au vu des risques, et j’aurai été d’accord. Mais j’étais seule, et j’avais vraiment ce besoin …

- Parce que je… j’ai besoin de comprendre. J’ai besoin de savoir et de connaître, c’est tout.

Et voilà qu’il se vexe. Ça en aurait presque été comique si j’avais le cœur à rire ou si j’étais certaine qu’il plaisantait. N’était-ce pas naturel de s’inquiéter de la santé de l’autre, de lui faire prendre conscience des risques que l’usage de mon don pouvait créer ? J’avais trop vu ma magie faire du mal alors que je ne cherchais rien d’autre qu’apporter la paix ou le calme. Même après tout ce temps à étudier, m’entraîner, m’assurer que je pouvais le contrôler, il y avait toujours cette peur de créer bien plus que ce que j’avais prévu dès lors que c’était quelque chose de nouveau, quelque chose d’inconnu. Malgré les encouragements et l’assurance de ma mentor, ce n’était pas encore tout à fait ça, et elle n’était pas là de toute façon. Si quelque chose se passait mal, j’en serai la seule responsable… et la seule à pouvoir faire quelque chose.

- Tu n’en sais rien… Tu ne sais pas ce que je… ce qui peut arriver. Ce n’est parce que tu n’es pas humain que tu es invincible… personne ne l’est.

Je soupirai, comprenant qu’il n’écouterait pas, peu importe ce que je pouvais dire. Il y avait une telle confiance dans beaucoup des CESS que j’avais rencontré. Persuadé que leur pouvoir suffisait à les protéger. Il n’était pas le premier. Les Loups du camp aussi avaient pour certains ce sentiment que rien ne leur était impossible. Quelque part, j’enviais cette confiance, cette capacité à se dire que tout était possible. J’étais simplement trop anxieuse à l’idée de faire quelque chose que je regretterai de tout mon être. Encore.

Les vampires connaissaient-ils la magie ? La question me frappa lorsqu’il posa la question de la couleur que je possédais. Je ne savais pas jusqu’à quel point je pouvais lui en parler, ni même ce qu’il en savait vraiment. L’apprentissage de Daphné avait pris une tournure radicale et je savais que je ne resterais pas une outre. J’avais accepté cet état de fait et pensais que c’était pour le mieux, autant pour moi que pour les autres et pour ce que je voulais accomplir. Parfois je me disais encore qu’un don plus simple m’aurait éclairé un chemin différent, peut-être moins complexe ou dangereux, mais je ne pouvais rien y changer, simplement accepter que ma magie était rouge et que je pouvais en faire quelque chose qui me convenait.

- Oui, en quelque sorte.

Je restais cryptique et incertaine. Il restait un inconnu dont je n’avais que le prénom et dont la nature en faisait automatiquement un danger. Je ne voulais pas franchir encore une ligne de plus, j’avais déjà trop testé les limites. Mais lui ne l’entendit pas de cette oreille. Sa voix se durcit encore et il insiste, souhaite que je prenne le risque malgré mes réticences. Je n’ai pas le temps de répondre qu’il m’empoigne la main et la plaque contre son torse, là où devrait se trouver son cœur. Par réflexe, mon corps se tend et je sens sans mal ma magie commencer à bouillonner alors que je retins de justesse un cri, le fixant avec inquiétude. Mais il ne va pas plus loin, se contente d’ordonner, arguant que je le souhaitais aussi. Je ne peux m’empêcher de déglutir, le cœur battant la chamade à nouveau alors qu’il avait commencé à se calmer pu avant.

- D’accord ! D’accord… Je vais le faire, mais ne t’énerve pas si quelque chose se passe mal. Je ne suis même pas certaine de savoir ce que j’ai vraiment fait ce soir-là.

Je ne mens qu’à moitié. Je sais ce que j’ai fait, je m’en souviens, mais je ne sais pas si je saurai le refaire avec l’angoisse qui commence à me nouer le ventre depuis qu’il m’a agrippé la main. Il ne la serre pas à me faire mal, mais je peux ressentir la froideur de son corps et cela me fait presque plus peur que les conséquences de ce qu’il me demande. Je ferme les yeux et inspire lentement, imaginant la voix douce et apaisante de Daphné me prodiguer conseils et aide pour me relaxer. J’attends que mon cœur revienne à un rythme à peu près normal, laissant un silence planer pendant quelques instants, essayant d’oublier la main qui me tient toujours, m’enserrant le poignet comme pour me retenir autant que pour me pousser à agir.

Sentir ma magie rouler sous ma peau lorsque je l’appelai a toujours été un processus que je trouve à la fois plaisant et excitant. Quand je suis calme, elle suit mes instructions sans déborder, sans faire davantage. La moindre émotion trop forte peut la faire partir dans tous les sens et je sais qu’il vaut mieux que je garde les yeux clos, que j’ignore la main qui me tient toujours ou le fait qu’il pourrait juste me faire du mal, là, tout de suite. Toutes ces pensées reléguées dans un coin de ma tête, je me focalise sur l’énergie qui grimpe le long de bras jusqu’au bout de mes doigts plaqués contre son torse et ses habits humides. Une perle s’échappe de mon index, puis une autre de mon pouce et passent la barrière du textile pour trouver l’épiderme qui se trouve en dessous, juste au-dessus du cœur immobile. La sensation est familière, et c’est presque avec aisance que j’appuie ma main contre lui. Le fluide traverse la peau, s’aventure jusqu’au palpitant éteint et les souvenirs de cette nuit-là reviennent alors avec netteté. Quelques secondes à peine et le sang reprend sa course jusqu’au cœur de Yago, irrigant les canaux desséchés. Puis, tel un coup de tonnerre tombant près de mon oreille, le son de la pulsation résonne dans mon bras, remontant jusqu’à mon propre cœur, me coupant le souffle une seconde. J’inspire alors que ma magie continue d’accompagner les battements encore toussotant de ce cœur jusque-là éteint. Ma main s’écarte, laissant une simple goutte tomber sur le sol détrempé de la ruelle alors que sa poigne m’empêche de reculer. Je finis par lever les yeux vers lui, cherchant à déceler un changement, une expression, ne souhaitant maintenant qu’une chose avant d’en savoir plus sur ce qu’il ressent.

- Tu veux bien me lâcher ?
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Jeu 19 Mai - 12:40 (#)


I'll love to be forever.

En quelque sorte.
Dilatation des pupilles. Éveil d'un intérêt qui enfle, sous le derme mort. Magie rouge. Pas comme la Rougeoyante d'Eoghan. Une évidence murmurée par sa psyché malade. Non, rien de tel n'existait de par le monde. Mais pourtant, elle possédait elle aussi, à sa façon, une trace des arcanes carmines qui le fascinaient tant. Avec le temps, il avait renoncé à les posséder. Observateur contemplatif, il se contentait d'admirer les dégâts comme les réparations, spectateur muet des décharges magiques qui agitaient parfois le monde. Prétendre qu'il s'y connaissait serait un mensonge. Toutefois, aussi loin qu'il s'en souvenait, il s'y était toujours intéressé de près ou de loin. Peut-être parce que Salâh ad-Dîn vouait une obsession à la sorcellerie, et qu'il lui avait transmis cette fixation.
Ou peut-être parce qu'il avait lui-même vibré de ces ondes surnaturelles sans même le savoir.
Ainsi, il respectait sans chercher à arracher. Même si la curiosité le poussait souvent à caresser de trop près ce qui happait parfois toute son attention.

Alors peut-être lui avait-il forcé la main, il l'admettrait volontiers. Parce que la frustration de ne pas revivre cet instant avait dépassé tout le reste. Parce qu'il devait savoir. La nature déteste le vide. Et son enveloppe charnelle creuse donnerait tant pour s'emplir, même pour quelques menues secondes, de quelque chose d'autre que le silence. L'absence.
Parfois, le vide peut être douloureux.

Mais elle avait le pouvoir de l'apaiser, même si cet instant demeurerait peut-être unique. Même si elle risquait de lui attribuer une décharge supérieure à ce qu'il exigeait, volontairement ou non. Après tout, pourquoi ne chercherait-elle pas à se protéger de lui ? Que savait-il d'elle ? Avait-il la moindre idée de l'étendue de ce pouvoir qu'il réclamait ? Et pourtant, le voilà qui quémande comme un mendiant, qui exige le droit d'asile en des terres qu'il n'a même pas le droit de saccager. Heureusement pour toi.

D'un hochement de tête, il s'engage à ne pas céder à la colère, si les choses se déroulaient mal.
Et puis, c'est la déferlante.

Pour lui, la montée progressive n'est qu'une sensation déjà oubliée.
En réalité, il vit pleinement la transcendance dès les premiers instants, dès que les premières perles de magie roulent jusque sous son derme, d'elle à lui. Transfert inexplicable. Il ne cherche pas à comprendre – il a, depuis bien longtemps déjà, abandonné cette idée saugrenue. Accepter, laisser couler. Certains phénomènes demeureraient éternellement opaques, surtout pour un être maudit tel que lui. Dangereux serait un Immortel en possession de telles connaissances occultes. Surtout s'il disposait de mauvaises intentions à l'égard de l'humanité.
Comme son Sire.

Il ne s'en est pas rendu compte, mais il a fermé les yeux.
Pour mieux savourer la tempête qui le ravage, le tumulte qui gronde, les organes qui s'affolent sous l'invasion.
Il savait que le processus risquait d'être douloureux. On ne triche pas avec sa propre nature. Et la magie exige toujours un retour. Un équilibre. Cela aussi, il l'avait compris aux côtés d'Eoghan. C'est pour cela qu'il ne s'étonne pas lorsque les poumons toussotent comme une vieille machine à vapeur disloquée, que le myocarde pulse comme un puits d'eaux noirâtres à l'abandon. Pourtant, malgré les cavités encrassées et la sensation douloureuse du sang qui s'anime et s'écoule de force à travers les artères mortifères, il éprouve une reconnaissance sincère à l'égard de la jeune femme. Nulle colère ne menace de l'ensevelir pour la châtier de la souffrance engendrée. Peu importe. C'était cela aussi, se sentir vivant.

Il ne réalise pas immédiatement qu'elle a éloigné sa main. Ce n'est que lorsque l'étrange et singulière sensation reflue qu'il comprend que le mécanisme s'inverse de nouveau, reprend la poussière pour repartir en sommeil. Jusqu'à la dernière seconde, il imprime dans sa mémoire chaque segment, décortique chaque étape pour se les remémorer plus tard, et peut-être même espérer les revivre à travers le prisme de ses illusions. Même si tout paraîtrait décoloré à travers le voile de ses pouvoirs abominables face à la magie rouge, si pleine de vie.

La voix féminine résonne entre eux, à travers le fracas des trombes d'eau qui ne tarissent pas – jamais ?
Sans insister davantage, il relâche sa main, bien plus délicatement qu'il ne se l'était approprié. Comme s'il avait suffi de ce transfert d'énergie de l'un à l'autre pour l'apprivoiser. Un temps, au moins.

Désormais moins intimidant qu'il n'avait pu le paraître de prime abord, il la regarde longuement, immobile sous la pluie. Ses doigts tremblent légèrement de la surcharge de magie que son corps venait d'accueillir, peu habitué à une telle hospitalité. Et elle ? Avait-elle seulement conscience de ce que ses dons engendraient chez les autres ? Il était incapable d'identifier son aisance vis-à-vis de sa magie, bien que sa réticence première l'informait de potentiels débordements non-maîtrisés.
Tant de puissance dans un corps si jeune.
« Merci. »
Il savoure les derniers crépitements, tout en énonçant l'évidence : il éprouve une reconnaissance non-feinte envers elle. Elle aurait pu refuser. Se défendre. Mais elle avait choisi de dompter sa peur, d'écouter sa curiosité plutôt que sa méfiance.
« Cette sensation, je ne saurais la décrire. »
Désirait-elle savoir ce qu'elle provoquait ? Ou craignait-elle encore trop de connaître la vérité ?
« Je ne m'y connais pas beaucoup, mais tu as l'air d'avoir des dons puissants. Tu dois pouvoir réaliser de grandes choses avec un tel pouvoir. Soigner des malades ? Ou répandre le Chaos ? »
Ressentait-elle le risque de bascule ? Etait-ce cela qui l'effrayait ? L'appel du cataclysme ?
Lentement, il penche la tête sur le côté, l'étudiant avec une fascination évidente.
« De quel côté penses-tu te situer, jeune fille ? »
La pluie ne le dérange plus. Il a oublié qu'elle ruissèle encore du ciel à la terre.

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Anaïs Wilhm
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En un mot : Outre en perdition
Qui es-tu ? : *Un esprit traumatisé par la cruauté de ceux qu'elle pensait être ses camarades, à jamais marqué par l'absurdité de la violence humaine.
* Fille émancipée d'une famille humaine qu'elle a fui pour sa propre sécurité. Outre dans un monde d'humains qui ne cherchaient pas à la comprendre, juste à la plier au conformisme réconfortant de la normalité.
* Apprentie curieuse et consciencieuse de Daphné Calabrezzi. S'est lancée sur la voie du chamanisme, marchant dans les pas de sa mentore avec patience et détermination, persuadée d'avoir trouvé la voie qu'il lui fallait.
* Inscrite à la LSU, en médecine. Malgré un dossier scolaire chaotique à cause d'une année de fugue, se démène pour prouver, aux autres et à elle-même, qu'elle réussira.
Facultés : *Hémokinésie, contrôle du fluide vital
*Apprentie chamane, amie des loups et des gitans
*Etudiante en médecine, acharnée et consciencieuse, pleine de projets en tête.
*Musicienne et chanteuse amateur ne sortant jamais sans son casque. Danseuse du dimanche. Incollable sur la musique, sa passion, son refuge.
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Jeu 2 Juin - 16:51 (#)



Mon regard s relève et s’attarde dans le sien alors que sa voix se fait calme et qu’il me remercie. Je hoche la tête, ne sachant pas trop quoi répondre, ma main libre plaquée contre ma poitrine, le fantôme de ses doigts froids encore présents sur mon poignet. La sensation de la magie qui s’estompe me laisse un sentiment étrange et tant de questions que je ne saurai toutes les énoncer. C’est comme si le corps face à moi ne pouvait contenir assez longtemps par lui-même. Pas le moindre résidu n’est laissé. Il ne reste bientôt plus rien et le battement de cœur que je pouvais sentir à quelques dizaines de centimètres s’estompe, laissant un silence à peine dérangé par le fracas des gouttes sur la toile que je tiens toujours au-dessus de nos têtes.  Mes yeux se détournent finalement, cherchant à s’attarder ailleurs que sur ses traits qui ont pris un air plus serein. Je relâche le souffle que j’avais maintenu et sens mon cœur se calmer doucement, comme si le fait d’avoir réussi suffisait à me calmer.

- Agréable ? Douloureuse ? Je n’ai pas vraiment l’habitude de ce genre de choses.

Pas que je souhaite en faire une habitude non plus, à vrai dire. Croiser la route d’un vampire ne s’est pas vraiment bien terminé la dernière fois et la façon qu’il a eu de changer d’humeur en une faction de secondes me laisse un sentiment désagréable. Une incertitude quant à ce qu’il veut vraiment. Trop imprévisible. Peut-être que si tout ce la ne se passait pas dans une ruelle sombre et sous une pluie battante tout serait plus facile à appréhender pour moi, mais le spectre du danger revenait inlassablement et j’étais parfaitement démunie. Le simple échantillon que je lui ai offert ne suffirait peut-être pas et je n’étais pas certaine d’avoir la force pour le retenir s’il souhaitait vraiment en avoir davantage. Je me sentais coincée, stupide et, bientôt, prise au dépourvu. J’évite son regard curieux, cherchant une réponse à cette question soudaine à laquelle je ne m’attendais pas.

Quel est ce chaos dont il parle ? Sans même réfléchir, la vision de cette nuit d’horreur me revient en tête et une bile acide remonte dans ma gorge alors que mon estomac se serre. Est-il au courant ? Peut-être qu’il sait quelque chose sur tout cela. Serait-ce ça, le chaos dont il fait mention ? Une part de moi a envie de savoir, de découvrir ce qu’il est advenu réellement pendant cette nuit. Savoir ce qui hante vraiment notre monde et comment s’en débarrasser. Je n’ai jamais cherché le chaos, c’est lui qui me colle au train depuis que ce don m’est tombé dessus sans prévenir, sans me laisser le choix. Malgré tout le travail que j’ai pu faire, il y a toujours cette amertume qui me guette dès que je repense à tout ce qu’il s’est passé. Tout serait plus simple…

- Je ne cherche pas le chaos.

Ça au moins, j’en suis certaine. Je ne veux pas utiliser ce don à mauvais escient. Je n’ai pas bataillé depuis tout ce temps avec cette seule idée en tête pour rien.  J’apprend la magie et la médecine pour une raison bien précise et le chaos n’y a définitivement pas sa place. Sa question, pourtant, m’intrigue toujours, même si ma réponse est définitive. Sait-il vraiment que j’ai manqué de basculer et d’à quel point cela me terrifie de ressentir à nouveau cette sensation poisseuse qui m’a accompagnée pendant des semaines après Halloween ? Le tout conjugué aux remords et à la culpabilité qui, même distants, ne m’ont jamais vraiment quitté depuis. J’espère que non. Qui qu’il soit, il ne peut pas être au courant. La poignée de personne qui sait n’a aucune raison de dire quoi que ce soit. Tous savent la dangerosité de laisser trainer une telle information.  Je secoue la tête, renchérissant une fois, certaine de ne jamais vouloir glisser sur cette pente qui m’effraie bien plus que tout.

- Je cherche juste à aider et sauver ceux qui en ont besoin.

N'est-ce pas ce à quoi tous les médecins devraient aspirer ? Sauver les gens, les soulager du mieux de leurs capacités. Avec ce don, j’ai tant d’opportunités de faire une différence, de prouver qu’être une Eveillée ne fait pas de moi un monstre et d’aider ceux qui, comme moi, ont souffert de cet éveil inattendu et douloureux à vivre. Et même si c’est dur et épuisant d’apprendre encore et encore, de réduire mes nuits et d’être sans cesse angoissée de ne pas y arriver, je sais que je fais le bon choix.

- Pourquoi me demandes-tu ça ?

N’a-t-il pas eu ce qu’il voulait ? Je ne sais pas vraiment ce qu’il attend à présent. Malgré le parapluie que je tiens toujours au-dessus de nos têtes, je peux sentir mes cheveux boucler encore davantage à cause de l’humidité alors que mes vêtements trempés me collent à la peau, me faisant frissonner au moindre coup de vent qui s’insinue dans la ruelle. Comment en suis-je arrive là, honnêtement ? Comment a-t-il fait, d’ailleurs, pour être là ce soir, si proche de chez moi, à m’attendre comme si…

- Comment sais-tu où j’habite ?

Et une idée angoissante me prend le ventre à nouveau. Sans vraiment y penser, ma magie pulse, cherche autour de moi, sur lui, la moindre trace d’un liquide carmin qui pourrait affirmer sa culpabilité quantaux méthodes qu’il a pu avoir pour être ici, ce soir. Mais rien. Le seul sang présent ici est le mien dont une infime étincelle perdure encore en lui, l’autre restant collé à mon doigt, protégé par mon poing fermé et plaqué contre ma poitrine. Rassurante absence qui me laisse avec encore plus de questions. Comment m’a-t-il trouvé ? Pourquoi maintenant ? Et pourquoi, bon sang, fallait-il s’enfermer dans cette ruelle un jour de pluie ? Ce sentiment désagréable qui me suit depuis quelques temps, en est-il la cause ? Tant de questions que je garde pour moi, incertaine, incapable de savoir si je souhaite vraiment avoir les réponses ou si je préfère ne pas savoir, pour finalement rester dans l’ignorance, pour une fois.
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Lun 4 Juil - 15:04 (#)


I'll love to be forever.

Agréable ? Douloureuse ?
« Enivrante. »
Un goût de trop peu, tandis que la sensation s'évaporait définitivement de son enveloppe charnelle. Il espérait que le souvenir s'était imprimé avec suffisamment de précision, afin de l'invoquer plus tard, intact. Car il doute qu'elle supporterait des caprices à répétition. Encore. Et puis, avait-il seulement le pouvoir de l'y obliger ? Le désirait-il ? La magie contrainte perdait de sa superbe. Et avec le poids des années, il avait appris qu'il ne fallait pas défier ce que l'on ne comprenait pas. Si les Immortels étaient supérieurs aux humains dépourvus de surnaturel, il n'en était pas de même pour les autres créatures. Et comme il demeurait, pour l'heure, incapable d'identifier ce qu'Anaïs était, il préférait se ranger du côté de la prudence. Même si sa curiosité ne désenflait pas à son égard.

Évidemment qu'elle ne cherche pas le Chaos. A travers les inquiétudes qui modelaient sa voix, il croyait deviner de la bienveillance et de l'empathie. Des qualités probablement inhérentes à la profession qu'elle avait choisi pour son avenir. Se prenait-elle pour une sauveuse ? Pour une de celles qui se croit investie d'une mission divine ? Les médecins étaient-ils des gens humbles ? Ou fallait-il posséder un certain orgueil pour s'affairer à réparer les hommes ? Ou au contraire, devaient-ils apprendre le détachement ?
Détachée, elle n'en avait pas l'air. Mais après tout, elle était si jeune.
Si jeune…

« Les couleurs chez les gens m'intéressent. Et l'incidence qu'elles ont sur leurs décisions. Le Bien, le Mal. Tout ceci est subjectif. Vouloir aider est une noble cause. Mais c'est une idée qu'il n'est pas toujours facile d'appliquer. Et puis, tout le monde le mérite-t-il ? A qui d'en décider ? Toi ? »
Sa voix grave redevient neutre, se contentant d'énumérer de façon décousue les idées qui le traversent, tandis qu'il pense à voix haute. Comment la revoir ? Comment la persuader qu'elle ne risquait rien en sa compagnie ? Comment marquer cette rencontre du sceau de l'inévitable ? La curiosité seule pouvait-elle accrocher la jeune fille à lui ?

Concentré, il fiche de nouveau ses prunelles d'ambre dans son regard cristallin. Une infime altération qu'elle ne percevra peut-être pas. Ses questionnements, ses interrogations et sa quête de réponses occupent désormais le devant de la scène. Devant les angoisses, devant le murmure de la prudence qui lui conseillerait de se tenir à l'écart de cette étrange créature damnée. C'est sa curiosité d'Eveillée qui enfle, lorsqu'il la regarde aussi intensément. D'une aspiration peu naturelle, dont il est l'unique responsable. Mais peut-être que la sensation sera trop ténue pour qu'elle le remarque. Peut-être se persuadera-t-elle que tout cet intérêt le concernant ne provient que d'elle-même. Après tout, les arcanistes en devenir ne vouent-ils pas leur existence à la recherche, à l'accroissement de leurs connaissances ? Il pouvait le lui offrir. Il était l'une des voies qu'elle pouvait décider d'emprunter, vers la maîtrise de ses dons et vers l'introspection inhérente à ce travail.

C'est tout bas qu'il lui demande, sans approcher, mais son timbre se porte tout contre elle, comme s'il l'enveloppait toute entière et ne se contentait pas de caresser son tympan. Comme si sa présence s'infiltrait, comme la pluie, en elle, sous le derme. Je serai toujours là. Je suis là depuis des semaines entières.
« Si je te disais que je connaissais des gens à aider et à  sauver, m'accompagnerais-tu à l'occasion ? »
Toujours ce regard sablonneux rivé au sien, qui fait tourbillonner en elle un excès de confiance et une curiosité grandissante. Il espère que cela suffira à éveiller la flamme et à taire la peur.
Oublie tes réticences et viens avec moi.

Finalement, il décroche ses yeux des siens et lève la tête vers l'immeuble, qu'il avait parfaitement identifié comme étant le sien, sans chercher à le lui cacher. Lui mentirait-il ? Sans connaître la portée de ses dons, il décide de lui accorder l'indécente vérité.
« Je t'ai suivie. »
Il lui offre l'un de ses rictus dérangeants, ce mouvement de lippes qui ressemble à tout sauf à un sourire. Une mimique grinçante dans ce visage fondamentalement dissonant.
« Cela n'a pas été très difficile, d'ailleurs. Tu devrais faire un peu plus attention à toi. »
Faussement inquiet pour elle, il se contente d'énoncer l'évidence. Peut-être appréciera-t-elle cet élan d'honnêteté. S'il voulait gagner sa confiance, il devait montrer patte blanche.
« Alors, puis-je revenir une autre nuit pour te présenter aux âmes en peine ? Ne t'inquiète pas, il ne t'arrivera rien, car je ne te quitterai pas. Je suis bien trop curieux de voir tes dons à l’œuvre. »

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Qui es-tu ? : *Un esprit traumatisé par la cruauté de ceux qu'elle pensait être ses camarades, à jamais marqué par l'absurdité de la violence humaine.
* Fille émancipée d'une famille humaine qu'elle a fui pour sa propre sécurité. Outre dans un monde d'humains qui ne cherchaient pas à la comprendre, juste à la plier au conformisme réconfortant de la normalité.
* Apprentie curieuse et consciencieuse de Daphné Calabrezzi. S'est lancée sur la voie du chamanisme, marchant dans les pas de sa mentore avec patience et détermination, persuadée d'avoir trouvé la voie qu'il lui fallait.
* Inscrite à la LSU, en médecine. Malgré un dossier scolaire chaotique à cause d'une année de fugue, se démène pour prouver, aux autres et à elle-même, qu'elle réussira.
Facultés : *Hémokinésie, contrôle du fluide vital
*Apprentie chamane, amie des loups et des gitans
*Etudiante en médecine, acharnée et consciencieuse, pleine de projets en tête.
*Musicienne et chanteuse amateur ne sortant jamais sans son casque. Danseuse du dimanche. Incollable sur la musique, sa passion, son refuge.
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Ven 26 Aoû - 18:17 (#)


Enivrante… je déglutis en entendant ce mot qui peut vouloir dire beaucoup trop de choses. Venais-je juste de faire une erreur en acceptant ? je ne me voyais tout simplement pas refuser sur le moment. J’avais senti qu’il ne me laisserait pas repartir sans expérimenter à nouveau ce que j’avais fait, mais je ne pensais pas que cela pouvait avoir des répercussions au-delà. C’est bien le problème quand on interagit avec des choses qu’on ne connaît pas. Je ne sais rien des vampires en dehors de ce que tout el monde sait sans être sûr que ce soit bien réel J’avais répondu à sa demande, mais rien ne me disait qu’il n’en aurait pas d’autres.

Sa question, pourtant, m’étonne un peu. Il a raison de dire que le Bien ou le Mal est subjectif, du moins en partie, mais je ne suis pas sûre d’avoir envie de rentrer dans un débat moral sur ce que sont le Bien et le Mal. Pas ici, pas maintenant, coincée entre deux immeubles sous une pluie qui n’a pas l’air de vouloir cesser de tomber et de rendre l’atmosphère encore plus chargée qu’elle ne l’est déjà.

- Je n’ai pas à décider qui le mérite ou non. Tout le monde devrait pouvoir obtenir de l’aide et des soins.

Ce qui est loin d’être le cas aujourd’hui et j’en ai parfaitement conscience. L’argent passe avant le bien-être d’autrui et c’est un fait qu’il est difficile de changer et je n’ai pas la prétention de vouloir changer le monde pour le modeler différemment en l’accordant avec mes principes. Je ferai ce que je peux, à mon échelle, avec mes capacités. Même avec la meilleure volonté du monde, il reste des choses impossibles à réaliser. Je souhaite juste apporter ma contribution à rendre le monde un peu moins horrible pour ceux qui en ont besoin, je n’espère pas le transformer, je ne suis pas enfermée dans une telle désillusion.

- Je… Euh…

Cela semblait être une désastreuse idée. Je ne le connais pas, c’est un vampire qui avoue sans problème être curieux et m’avoir suivi et là il me propose quelque chose d’étrange qui font réagir toutes mes alarmes. Je devrais en parler à quelqu’un, assurer mes arrières avant de faire quoi que ce soit. Je n’ai pas le droit d’inquiéter encore tout le monde à cause d’une idée irréfléchie qui me mettrait en danger alors que j’aurai pu l’éviter avec juste un brin de jugeote et de prudence en plus. Je suis curieuse, bien sûr, mais je ne peux m’empêcher d’entendre une petite voix me souffler que tout ça est une très mauvaise idée. Que de ne pas avoir couru pour rentrer à la moindre apparition étrange était stupide et dangereux. La porte est là, à quelques mètres, mais elle est pourtant tellement loin que je ne sais même pas si j’aurais été capable de l’atteindre si les choses  avaient mal tourné.

- Je ne suis pas…

Je me déteste à bafouiller et à hésiter à ce point. Il m’a simplement prise au dépourvu et me voilà à me demander quelle réponse est la bonne. Un refus qui pourrait l’énerver ou un accord qui pourrait me mettre en danger encore plus ? Et puis de quel genre d’aide est-il en train de parler ? Comment mon pouvoir peut aider qui que ce soit en l’état ? Je me forme chaque jour, ça ne fait pas de moi une experte, ni même une confirmée. Je ne suis qu’une apprentie dans tous les domaines que je souhaite maîtriser, rien de plus. Je ne vais pas prétendre être capable d’aider qui que ce soit pour le moment.

- Je ne pense pas pouvoir les aider.

Je n’ai pas à mentir pour me sortir de là, simplement à dire la vérité. Quelles sont les chances pour que tout ça tourne mal ? Elles sont bien trop élevées, je ne veux pas prendre le risque, ni pour moi, ni pour les éventuelles personnes qui auraient besoin d’aide. Un soupir m’échappe alors que j’essaie de relâcher la tension qui enfle depuis un moment dans mes épaules. Je devrais demander à Daphné s’il y a un moyen de calmer ce genre de choses également. La méditation aide beaucoup, mais difficile de s’en servir dans une telle situation.

- Je suis qu’une apprentie, d’autres sont sans aucun doute bien plus capables que moi de gérer ce genre de choses.

Ce regard d’ambre qui me fixe n’a rien de vraiment effrayant, mais je choisis tout de même d’écouter la prudence pour une fois. On me l’a suffisamment répété et je l’ai appris à mes dépens. Foncer seule et tête baissée dans ce genre d’actions ne m’a jamais rien apporté de bon, au final. Peut-être que la malchance a beaucoup joué, mais j’ai une grande part de responsabilité dans les choses qui se sont passées. Si je n’avais pas agi sans réfléchir, si j’avais été plus prudente, peut-être que je n’aurais pas autant d’insomnies et d’angoisses.

- Je ne peux rien promettre… J’apprends encore, je ne pense pas pouvoir être d’une quelconque utilité pour le moment. Un jour, sans doute, quand j’aurais les moyens de réaliser ce que je souhaite, serais-je capable de dire oui, mais pas pour le moment. Je suis désolée.

Un « non, plus tard » dont il devra se contenter, parce que je n’ai pas l’intention de le suivre au hasard en pleine nuit. Qui ferait ça ? Il serait humain que ma réponse aurait été la même. J’ai trop eu de problèmes pour suivre un inconnu hasard. Et alors que je sens un silence pesant s’installer, je sursaute en sentant mon portable vibrer dans ma poche. Un message de Zach auquel je réponds que je suis en bas. J’avais oublié que Sumire serait là ce soir et un soulagement coule doucement de mes épaules pour m’envahir. Je relève les yeux vers Yago en rangeant mon téléphone. L’occasion est trop belle pour ne pas en profiter.

- Je dois y aller, on m’attend.

Je ne me précipite pas, mais lui tends le parapluie, qu’il le garde pour se protéger de la pluie qu’il déteste tant. Je n’ai que quelques mètres à marcher et un autre est sagement rangé dans ma commode de toute façon.

- Puisque tu déteste la pluie, garde-le… Je vais y aller. Euh... Je… Ravie de t’avoir revu. A une prochaine fois.

Tourner les talons et courir me démange, mais je m’efforce d’avoir l’air la plus naturelle possible en commençant à me retourner pour quitter la ruelle et rentrer chez moi. Je suis certaine de ne pas vouloir en parler à Zach, en tout cas pas dans l’immédiat, mais peut-être que quelqu’un plus au courant du côté surnaturel de Shreveport pourrait me donner des conseils. Daphné ou Serguey en tête de liste. Moi qui pensais que ce genre de choses étaient terminées et que j’allais être tranquille dans mon coin, c’était apparemment trop demander.
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