You really are some goblincore woman, aren't you ?
Evy & Ithan
Il n’y a rien de plus cruel que la solitude lorsque l’on n’est pas soi-même un solitaire. Heureusement pour toi, tu ne l’étais que par intermittence et tu t’en faisais pour les gens autour de toi. Pour ta famille, tes amis, les âmes errantes parfois de Shreveport et même l’esprit de tes ancêtres que tu savais auprès de toi à chaque fois que le vent venait soulever les feuilles devant ton porche. Tu mordillais l’embout de ta pipe tranquillement sur ta chaise, tandis que tu lisais tranquillement un livre, ton téléphone à côté de toi, négligemment posé là. Tu n’avais jamais été un très grand fan de technologie, déjà un grand-père avant l’heure. Les réseaux sociaux ? Un monde trop complexe et sûrement nocif pour toi. La seule personne que tu devais connaître aussi allergique de toi à ce monde-là de dehors, ça devait être Evangéline. Et c’est pour ça que tu gardais ton portable proche de toi. Cela faisait plus d’une semaine que tu l’avais appelé, deux sms par jour depuis sans aucune réponse depuis. Et cela commençait à t’inquiéter sérieusement. Tu sais qu’elle allait mieux, bien mieux. Que ces plans se concrétisaient. Que sa force revenait à elle. Mais un silence pareil ? Vu son passif ? Tu craignais qu’il ne lui soit arrivé quelque chose.
Tu sifflais en te relevant pour appeler le chien sauvage qui t’accompagnait partout où tu allais, celui sans aucun nom. Peut-être qu’un jour, dans un rêve, il viendrait te le murmurer à l’oreille. Mais ce jour n’était pas encore venu. Tu fermais négligemment la porte de ta maison, jamais à clé après avoir attrapé un sac avec un présent à l’intérieur. Tu sautais les deux marches du palier avant d’entrer dans ta voiture pour te diriger vers chez ton amie et ton ancienne patiente, l’animal sur l’autre siège, observant la route silencieusement, alors que tu ne peux plus fumer ta pipe. Cela devait se fumer au calme et sans rien faire d’autre, il ne fallait pas bouger le reste du temps. Il ne faut pas une éternité pour aller jusqu’à chez elle. Moins d’une vingtaine de minutes de voiture plus tard, tu finis par te garer devant chez elle. Tu éteins le moteur, mais reste à l’intérieur. Tu observes la maison silencieusement, frottant ta barbe un instant avant de sortir. Cet endroit est vide de présence humaine. Tu peux sentir quelques émanations magiques ici et là, mais rien d’autre.
Tu toques à la porte, il n'y a que le silence qui te répond et peut-être quelques pies et oisillons dans les arbres autour de la maison. Tu attends presque dix minutes devant la maison, toujours le même silence. Tu poses ton regard sur ton compagnon assis un peu plus loin « Je crois qu'il faut qu'on aille la chercher. Tu me donnes un coup de main ? » La bête t'observe avant de s'ébrouer avant de commencer à jogger tranquillement au travers des arbres, pour vous enfoncer ensemble dans le bayou. C'est vrai, pourquoi tu n'y avais pas pensé plus tôt. Mais depuis tout ce temps ? Cela te semblait quand même étrange. Avancé avec prudence, tu inspires et expires de façon régulière, laissant la terre et la bête, ton intention et les énergies guider tes pas. Pour retrouver Evy avant de réellement te demander si elle n'avait pas péri sous quelques racines que ce soit. Ironique, elle qui était une fervente protectrice de la terre. Les bruits de la nature continuent de t'accompagner un moment alors que tu continuais de t'enfoncer un peu plus loin. « Tu es incroyable. Tu sais que tu n'es pas un goblin à ce que je sache ma chère ? » Après plus d'une demi-heure de marche, tu finis enfin par l'apercevoir. Elle se tenait-là, entre les racines d'un arbre, partiellement couverte de boue, d'herbes et tu crois même voire aussi de la mousse. Tu observes l'étrange vision avec une pudeur tout à fait chamanique, une sorte d'Ophélia endormie dans les eaux terrestres. Tu es partagé entre le sentiment d'inquiétude de ces derniers jours qui s'évapore et une sorte de fascination par l'étrangeté de la scène que tu découvres. Tu t'approches de quelques pas, restant à une certaine distance, tandis que le chien-loup qui t'accompagne reste assis à sa place, visiblement lui aussi confus de par la scène. D'ici, tu peux voir qu'elle porte visiblement des vêtements, ou plutôt des tissus en mauvais état. Mais qu'est-ce qui se passait ici ? « J'étais inquiet pour toi. Ça fait des jours que tu es injoignable. Je commençais à me dire qu'un alligator t'avait croqué un bout de jambe. »
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Evy & Ithan
Tandis que ton amie semble chercher dans les méandres de son esprit qui tu peux bien être, tu observes par quel miracle elle s'est retrouvée dans cet état. Cela n'a aucun sens pour les yeux d'un être humain à part entière, voyant simplement là une femme ayant perdu la raison et se prenant pour une racine. Tes sentiments sont partagés. Tu ressens d'abord une certaine fascination pour ce que tu es en train d'être témoin, Evangéline qui semble avoir trouvée un moyen de se connecter à son moi intérieur, plus élevé que sa position en tant que femme, humaine, un être connecté à la Terre et à l'univers tout entier. Tu avais déjà expérimenté cette sensation et cet état, notamment lorsque tu méditais ou que tu te laissais happer par tes projections astrales. Tu l'avais rencontré ce « grand toi », celui qui savait mieux, celui qui était le mieux connecté aux énergies avec lequel tu jouais encore comme un petit garçon. Et puis il y a le sentiment d'inquiétude qui est présent. Qu'Evangéline s'accorde une retraite spirituelle, c'est une chose, seule encore plus. Tu faisais la même chose de ton côté parfois. Et c'était même nécessaire pour un chaman de savoir prendre du recul et de se ressourcer.
Mais ça ? C'était dangereux de ne pas connaître sa propre limite. Et de tomber dans un excès tel. Elle n'était pas un arbre. Elle n'était pas les énergies que toi-même, tu pouvais palpiter autour de toi. Elle était un vaisseau, une faiseuse de fils comme les Moires chez les Grecs jouant des fils du destin. Se perdre là-dedans, c'est commencer à se perdre soi-même. Tu connaissais le désir, sans avoir eu besoin de le dire à voix haute de la jeune femme de se retrouver, de se reconnecter à elle-même après toutes les épreuves qu'elle avait pu traverser. De se sentir puissante, en confiance avec ces pouvoirs, hors d'atteinte. Dans un tel état, personne ne pourrait lui faire du mal, elle ne pourrait ne rien ressentir comme ressent la peau et les organes d'un humain. Alors, tu continues à matraquer son prénom. « Evangéline, tu n'es pas cet arbre. Il y a une différence à être en harmonie avec lui et faire corps avec. » Ne pas la laisser être séduite par cet état quasi-végétatif. Sans compter qu'elle doit être déshydratée et affamée. Mais cet état second lui fait oublier que son corps en a besoin.
« Tu es faite de chair. Si un alligator veut te dévorer, il le fera. Car tu n'es pas faite d'écorce, de racine et de sève. » Tu vas la mettre sûrement en colère, mais tu t'en fiches un peu. Comme cet état second n'est pas vraiment celle que tu connais. Elle aura tout le temps d'être entière avec l'esprit de cet arbre lorsque cette vie sur cette terre s'arrêterait pour de bon. Tu es le protecteur des tiens principalement, mais aussi de tes proches. Et actuellement, tu essayes d'appeler celle qui dort dans cet entrelacs de racines, de terre humide, de mousse et de quelques insectes sûrement qui trouve l'endroit très confortable pour y loger. Tu n'as aucune envie d'utiliser les mains pour la sortir de-là et ça pourrait même être dangereux pour toi et pour elle. Tu finis par t'accroupir tranquillement pour être un peu plus à son niveau, essayer de rencontrer clairement ses yeux et son regard, chercher ton ami au plus profond de son être. Tu passais une main dans tes cheveux en soupirant, avant de te laisser finalement tomber sur tes fesses, laissant un soupire quitter tes lèvres. Le chien-loup un peu plus loin jappe et grogne sans quitter sa position, visiblement alerte à ce qu'il se passe autour de vous, mais non-inquiet par la scène. C'était bon signe si un animal ne sentait rien de dangereux déjà. C'était simplement... une nouvelle quête à accomplir pour toi. « Allez Evangéline, ne me force pas à venir te chercher de l'autre côté. » Aller la chercher par le plan astral ne te semblait pas être une mauvaise idée si elle se montrait trop récalcitrante.
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Evy & Ithan
Tu te retrouvais un peu démuni. Impossible pour toi de la faire revenir sur Terre. Et malgré tout le respect que tu dois à cette entité qui semble en coalition avec la jeune femme, tu n'apprécies pas le fait qu'elle la prenne et en fasse quelque chose qui n'est pas ce qu'elle est censée être. On peut vivre avec les esprits et les créatures qui ne sont pas de notre plan, tu l'entendais parfaitement, travailler avec eux, tirer leurs pouvoirs et leurs énergies pour en faire quelque chose. Mais ce qui se passait avec Evangeline n'était pas bon. Sa place n'était pas là-haut. Un corps matériel ne peut pas prendre le poids de deux entités, a moins qu'il se dégrade au bout d'un moment d'une façon ou d'une autre. Il suffisait de voir comment cela se passait avec les démons et les esprits qui venaient parasiter les êtres humains et ceux qui voyaient au-delà. Alors, imaginons un instant, un esprit de la nature ou quelque chose ayant une essence aussi complexe. Tu te fichais bien de savoir si dans la demi-conscience ou non d'Evy, elle était d'accord ou non. Mais il était de ton rôle de ramener les âmes perdues sur le bon plan de l'existence.
Les mots de cette entité sont entendus et en même temps glissent sur toi. Tu entendais ces mots et tu n’étais pas convaincu. Ce n’était pas Evangéline, pas dans son entièreté. Il fallait aller la chercher à présent. Lorsqu’elle glisse ses doigts autour des tiens, tu sais ce qui t’attend. Tu sais que tu ne vas pas ressortir indemne de ce voyage, mais tu ne serais pas un chaman si tu n’étais pas prêt à prendre un risque. Et puis, tu savais qu'esprits, nature et ancêtres étaient avec toi. Il n’y avait aucune raison pour laquelle tu devais craindre pour ton intégrité physique. Peut-être spirituel, certes. Mais on ne devenait pas chaman et protecteur des siens sans prendre les plus grands risques, sans avoir conscience de ce qui t’attendait. Tu viens lier tes doigts plus fortement, prêt à répondre au défi qu’on te lance. Tu n’as pas l’indécence de dire que tu peux challenger cette chose qui est plus puissante que toi, mais tu connais aussi les manœuvres et les esquives pour obtenir ce que tu veux quand tu l’entends. Quand le vent souffle plus fort, tu n’es déjà plus là. Et le monde devient comme un décor que tu ne verrais plus clairement du fond de la salle d’une salle de spectacle. Tu n’es déjà plus là.
Aucun mot terrestre ne peut décrire parfaitement ce que c'est que d'entreprendre un voyage astral. Il y a des couleurs, des formes, des choses qui ne sont pas visibles à l'œil nu. Différentes sensations, c'était comme à la fois être expulsée, montant un immeuble de plusieurs centaines d'étages à une vitesse folle tout en glissant sur un flot continue d'énergies. L'imagine te fait penser à cette série un peu vieille maintenant, Stargate, mais qu'il t'arrivait de regarder par inadvertance toi qui n'étais pourtant pas un grand fan de la télévision et de ses programmes. Et puis comme un flottement, tout s'arrête. Pour la découvrir, Evangéline, glissant sur les énergies de la terre et des cieux. Tu n'as pas besoin de la voir pour comprendre qu'elle se sent bien ici, là-haut. La présence de l'autre entité veille, mais peut-être est-elle trop prise de garder le contact avec le corps terrestre. C'est le moment d'en profiter. Bien sûr que tu comprends la sérénité. La tranquillité. Ici, rien ne peut vous toucher. Votre seul point faible : celui d'être trop charmé et y rester.
« Il faut rentrer Evangéline. » Ici, le concept de la parole n'a pas lieu d'être. Il suffit de penser pour que cela vienne. Tu la regardes, flottant, proche d'elle. On pourrait dire que tu es celui qui vient mettre la mauvaise ambiance en soirée. Et c'était aussi ton rôle de savoir rendre les choses équilibrées. Et cet équilibre entre ton amie et la terre était rompue ou en tout cas, basculait dangereusement comme il ne le fallait pas. « Ta place n'est pas ici. Et tu le sais aussi bien que moi. » Elle était loin d'être bête, très loin même. Mais tu te doutais bien, qu'elle ne serait pas de cet avis, dans le déni. « Ton corps va périr. Ton esprit devenir un tout avec cette énergie. » Ce qui n'est pas une mauvaise chose en soit. Mais tu ne la laisserait pas commettre un suicide spirituel par mégarde. « Rentre avec moi s'il te plaît. Ton heure n'est pas encore venue pour être une avec l'univers. » Un jour, quand elle aura menée une longue vie, alors elle rejoindrait les flux de mère nature. Mais ce moment n'était pas encore-là.
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Evy & Ithan
Cette chaleur qui t’entoure, il y a un véritable sentiment de paix ici. Dans la périphérie de ta vision, tu peux apercevoir la silhouette presque translucide d’Evangéline danser sur les milliers de courants d’énergies. La vision est apaisante, douce, quasiment utopique. Tu peux sentir la plénitude et quelque chose en toi te dit de la laisser ici, de détourner ton regard et faire comme si la situation était insolvable. Pourquoi la ramener dans un monde où la souffrance est quotidienne ? Où le danger guette à chaque coin de rue ? Où son esprit et son corps ont été brisés mille fois par les mains des hommes ? « Vous n’êtes pas Evangéline. Qui que vous soyez, au nom de mon amie et de moi-même, je vous remercie du cadeau que vous voulez lui offrir. Mais elle ne peut pas l’accepter pour l’instant. » Tu inclines diligemment la tête et une partie de ton corps astral pour montrer ton plus grand respect et dévotion. Silencieusement, tu laisses l’entité prendre chaque mot comme elle l’entend. Tu la perturbes, tu le sens. Les énergies changent autour de toi. Tu deviens le perturbateur. Et cette entité n’accepte pas ton refus.
La puissance de son cri fouette ton visage, tes cheveux volent en arrière, tu te sens même repoussé. Tu places tes mains devant toi comme pour te protéger de ce vent furieux et destructeur. Cela t'éloigne, essaye de te chasser de cet endroit. Tu n'étais plus le bienvenu ici. Si tu ne veux pas te laisser aller dans la complaisance de la noirceur de ton esprit, de comprendre que tout était mieux que le plan terrestre, alors c'était ta perte et tu devais t'en aller. « Evangéline ! » Ta voix claque enfin dans l'espace astral, captant son attention, la faisant détourner de son étreinte pour que capter son regard. Il est temps de rentrer à présent. Tu sais qu'elle te comprend. Tu sais qu'elle n'est pas cette entité. Il ne faut pas l'être. Le temps était compté, d'une façon ou d'une autre. Si cet instant pouvait durer quelques minutes ici, alors qu'ici-bas, plusieurs heures étaient peut-être déjà passées. Tu te rapproches de nouveau d'elle et de cette chose qui l'a maintien contre elle. Un pas à la fois. On se rapproche lentement, mais sûrement. Finalement, tu frôles dans un premier temps son avant-bras. Puis finalement, tu lui saisis avec la plus grande délicatesse dont tu es capable dans tes mains de géant.
Ta main se glisse finalement dans la sienne. Pour finalement l'arracher à la créature qui se remet à hurler contre vous. Tu murmures quelques mots dans une langue que seuls les tiens peuvent comprendre. Une énergie vient vous envelopper, des esprits alliés qui viennent vous protéger. Il fallait que tu la guides jusqu'à son corps. Tu sentais une partie de son âme qui te résistait tandis que l'autre désirait te suivre. « Tout va bien se passer, je te le promets. Tu es plus forte que tu ne le penses. » Ta voix est chaude, enveloppante. Il fallait qu'elle te fasse confiance. Tu patientes, tu laisses les esprits continuer à vous garder. Finalement, tu sens la fragilité te prendre. Elle aussi. Et vous plongez ensemble. Le voyage est à la fois lent et d'une rapidité sans limite. Incalculable. Le temps et l'espace se croisent et s'entrecroisent, finissent par exploser et c'est le vide entier. Puis la vie reprend son chemin en toi. Et le souffle de la vie reprend vos poumons et votre être tout entier. « Evy ? T'es avec moi ? ».
Tu remarques que tu tiens toujours sa main. Tu lui rends tranquillement, sans mouvement brusque. Un silence s'installe entre vous. Avant que tu ne passes ta main dans tes cheveux, soupirant. C'était épuisant. Tu remarques enfin que le soleil a décliné. On se rapproche d'un début de soirée, d'une fin d'après-midi. « Je suis fière de toi, Evangéline. Mais ce que tu as fait, c'était dangereux. Il faut apprendre tes limites si tu veux devenir plus pour cet endroit. » Tu la juges silencieusement, rien de négatif. Simplement une histoire de la jauger. De la lire. Tu ne l'invites pas à parler immédiatement, simplement à ce qu'elle t'écoute. Pour une fois dans ta vie, tu t'imposais en tant que chaman, en tant que connaisseur. Elle était encore une enfant. Puissante à en devenir, mais une enfant. « Et je peux t'aider. Mais d'abord, sortons d'ici. Tu as besoin de repos et d'une bonne douche. Si ce voyage m'a fatigué, je n'imagine pas pour toi. » Tu te redresses enfin avant de lui tendre la main. « Let's go home. »