ADMIN ۰ Se faire péter la vitrine : bien plus qu'un métier, une passion. Featuring : Dramaking
⛤ SMALLTOWN BOY ⛤
"This is not the right way."
En un mot : Sorcier venimeux ondulé de la toiture. Gosse du bayou.
Qui es-tu ? :
"Let it spread like a disease."
⛤ Maître des arcanes, sorcier à l'essence écarlate. 37 ans de vice (et râles) et de chair corrompue. Manipulateur d'hormones, télépathe patenté.
⛤ Second, bras droit de Circé van derr Ven dans la secte de l'Irae. S'y démarque pour sa loyauté ciselée par les griffes de Morgan Leroy (missing). Mais les failles perlent.
⛤ Incube de Louisiane ; fils de ces terres marécageuses, du bayou poisseux et des routes cahoteuses. Né à Bâton-Rouge, n'a connu que Shreveport et les frontières de son État.
⛤ Né seul homme dans la famille des sorcières irlandaises Mulligan. Privé de père (tué) par la harpie noire : élevé par Sylia Mulligan, descendant du Rouge de sa grand-mère Julianna.
⛤ Cauchemar des femmes ; nourrit sa magie (Rougeoyante) des hormones sexuelles de ses partenaires, ainsi que des émotions primaires.
⛤ Traître à ses passions, criminel et meurtrier de Johanna Andros (missing). Pourfendeur d'amitiés, éternel débiteur, clébard soumis à ses attaches.
⛤ Ne vit que pour les Mardi-Gras de New Orleans ; caresse le rêve de s'y installer un jour dans son propre "shotgun", malgré le fantôme de Katrina.
⛤ Mystique, déchiré entre deux hommes : partagé entre le sorcier et l'humain, entre la sagesse et une ire destructrice. Le latin s'efface sans mal sous l'accent du Sud, coriace sous sa langue.
⛤ Commerçant du Downtown (Crawling life), antre de ses serpents vénérés, lézards et autres reptiles, dont il cède les corps, les soins et les cages de verre.
⛤ Pratique à l'arrière de sa boutique, dans un laboratoire farouchement défendu et protégé par les runes. Recèle secrets et savoirs, expérimentations douteuses et dangereuses.
⛤ Mauvais mentor. L'une de ses apprenties en a subi les conséquences. Guide de Morgane Wuntherson et d'Halina Meyer. Meilleur ami indigne de Vinzent Henkermann et cousin de Shannon Mulligan.
⛤ Pacte tissé avec Scox : Prince démon s'étant dissimulé derrière les brumes de Baal. Immortalité odieusement acquise, âme vouée à obéir et marcher aux côtés des Antiques. 38 ans d'âge réel ; 36 ans d'apparence.
⛤ ENAE VOLARE MEZZO ⛤
"I put a spell on you."
Facultés : ⛤ La Rougeoyante s'infiltre dans les corps et y bouleverse les hormones ; flèche apollonide : distille poison, fléau, mort, mais aussi fièvre rouge saphique. Chaos total.
⛤ Télépathe raisonnable : ne s'infiltre de préférence que dans les esprits des humains misérables. Capable de communiquer en pensée avec quiconque lui ouvre les grilles de son esprit. Savant fou ; capable désormais de connecter sa psyché aux êtres muets, cobras et crotales comme cobayes, corbeaux et autres créatures rampantes.
⛤ Herboriste né, sa maîtrise des potions n'a d'égale que celle de son mentor maternel. Capable d'élaborer des philtres complexes ; créateur infatigable de breuvages en tous genres.
⛤ La Rougeoyante se défend et protège son hôte plus férocement qu'elle n'attaque : limitée par la nécessité d'un contact physique. Sorcier doué au corps-à-corps, secondé par son aisance au maniement d'athamés et autres lames rituelles.
⛤ Chercheur d'artefacts, quémandé des Longue-Vies : détisseur de leurs malédictions et autres mauvais sorts.
Thème : The Way ⛤ Zack Hemsey.
⛤ VENGEANCE ⛤
"Before I die alone."
Pseudo : Nero
Célébrité : Ian Somerhalder.
Double compte : Sanford R. De Castro, Aliénor Bellovaque, Ian C. Calloway & Gautièr Montignac.
Un vent de printemps tenace balayait les allées propres et lumineuses de Western Hill. Calmement, il déambulait dans ces rues si nettes, si paisibles. Il n’avait pas souvent l’occasion de s’y attarder. Le quartier des affaires n’était certainement pas conçu pour les gars comme lui. Downtown et Stoner Hill lui tendaient les bras, mais il n’avait rien à faire dans la zone universitaire, croisant moult faciès d’une juvénilité ahurissante. Parfois, il se retournait, s’attardant sur une silhouette, masculine ou féminine. Il observait leur mise : chaussures, vestes, coiffure, sacs. Comme s’il redécouvrait sa propre ville, composée de tous ces inconnus venus d’ailleurs, apprendre dans ce cadre capable d’offrir le meilleur comme le pire, l’afflux massif de créatures surnaturelles, comme les scènes apocalyptiques que tous essayaient encore tant bien que mal d’oublier. Avec succès, songeait-il. À voir les bâtiments, les buildings comme les autres constructions neuves ou fraîchement rénovées, on aurait peiné à croire que des gens aient pu mourir, agoniser à même le trottoir, peut-être. Que des flaques de sang séché aient agrémenté le bitume comme l’on aurait disposé des parterres de fleurs écarlates. Tout avait été nettoyé. Passé au karcher. Les cycles, les cours, avaient repris. Les examens se multipliaient. L’année suivait son fil, une année que tous souhaitaient voir effacer les remugles soufflées par la précédente. Un vent de printemps tenace tentait de faire s’envoler l’enveloppe qu’il détenait entre ses doigts. Distrait, le papier s’essayait de temps à autre à distraire les phalanges qui le tenaient captif. Il profitait des sens étendus de leur propriétaire, trouvant presque un peu de paix à marcher, simplement marcher, profitant de l’harmonie paisible du quotidien. Quelques bagnoles qui passaient. Les oiseaux occupés à pépier dans les branches bordant les boulevards, au-dessus de sa tête. Les rares passants qu’il croisait, étudiants rentrant chez eux, en route pour le centre-ville, la bibliothèque, qu’en savait-il. Loin, loin de l’Irae, il redécouvrait le plaisir simple d’avancer, pas après pas, redoutant la rencontre inéluctable qui l'attendait, et profitant de se dégourdir les jambes dans un quartier si familier et si inconnu à la fois. Parfaitement à son aise en pleine nature, le voilà intimidé par d’autres cimes que celles des cyprès : les toits d’une skyline modeste mais impressionnante pour une ville comme Shreveport, le dominaient et l’invitaient au même sentiment d’humilité qui ne le quittait que rarement, lorsqu’il naviguait sur la rivière verdâtre. Sa confrontation à la créature monstrueuse ayant cherché à le tuer aussi sûrement qu’il respirait aujourd’hui avait éveillé en lui des sentiments confus, un besoin de se raccrocher au vital, au primordial. Un retour aux sources ressemblant fort aux déclics de tous ceux ayant frôlé la mort, ayant expérimenté le pire, pour retrouver un sens à leur existence défaite. Il ne faisait pas partie de ceux-là, et cependant il appréciait avec une émotion sincère la sérénité qui se dégageait de cette rue on ne peut plus banale. Même la végétation avait su s’y tailler une place. Il admirait les architectes modernes, ces hommes et ces femmes dont il n’égalerait jamais le talent ni l’intelligence, et s’attacha à contempler les lignes parfois étranges, parfois délicieusement fluides ou apaisantes des habitations et des administrations aux drapeaux claquant dans l’air, loin de lui.
Une bourrasque se fit plus sournoise, et l’enveloppe, d’une légèreté certaine, réussit à prendre la fuite, tournoyant quelques mètres jusqu’à tomber sur la chaussée. Eoghan Underwood réagit aussitôt, s’approchant dans un soupir pour se pencher et la ramasser, elle et son précieux contenu. Il demeura accroupi quelques secondes, la retournant afin de lire, pour la énième fois, les noms et prénoms connus par cœur, et dont les intonations-mêmes révélaient quelque chose. Hena Hicks. Il déplia ses jambes et se releva, ignorant ce qu’il ressentait en son for intérieur. Il appréhendait de la revoir, tout en sachant qu’il en crevait d’envie. Pourquoi ? Ça, c’était une question qui valait la peine qu’on se la pose. Hena le détestait. Hena avait déserté dès le premier jour, dès que la ville, encore sonnée, avait tenté de rouvrir ses commerces, de reprendre les habitudes à ne surtout pas perdre. Cependant, Hena Hicks n’avait jamais repris son poste, dans le pressing de Sylia Mulligan-Underwood. Hena Hicks avait rendu son tablier. Et, surtout, Hena Hicks n’était jamais venue chercher son dernier chèque. La main rêche de Sylia avait alors tendu à son fils cette enveloppe, un peu froissée, le pourvoyant de la pire mission qui soit : messager de cette main noire, secte repliée sur elle-même, bestiole épuisée d’avoir délivré tout son venin. Cela n’avait pas été facile. La missive était revenue, tamponnée d’un « Inconnu à cette adresse » ne voulant dire qu’une seule chose : la change-forme avait décampé. Jusqu’à nouvel ordre, sa boîte aux lettres demeurait close. Cependant, il n’était pas dit que cette famille de commerçants, d’artisans, faite d’hommes et de femmes honnêtes et peu enclins à voler qui que ce soit, abandonnât à son ancienne employée la solde qui lui était due. Le pendule avait donc trompé, pour le grand malheur d’Hena Hicks, sa formidable propension à se planquer comme la renarde dans son trou. Le vent de printemps tenace n’était pas frais. Le froid n’existait pas vraiment, en Louisiane, comme il se le disait toujours. Et si le ciel restait gris, obstinément réfractaire à laisser passer le moindre rayon, il n’y avait rien de triste dans ce paysage urbain qui, il le savait, pouvait être consacré, dans une autre mesure, au même titre que les bayous de son enfance. Il connaissait les légendes entourant le lieu, et aimait savoir que les énergies des anciens pratiquants, Éveillés eux aussi, rôdaient au détour de chaque panneau de signalisation, du flanc des SUV, des murets décoratifs gravés du nom de telle ou telle entreprise. Les numéros défilaient, lentement, tandis qu’il ne se hâtait pas pour accomplir cette corvée dont s’était débarrassée la sorcière cruelle, mais étrangement intègre. Lorsqu’il s’arrêta pour de bon devant une haute structure en particulier, il leva la tête pour quêter les étages. Le deuxième était le point de destination. Il resta un instant pensif, peinant à imaginer Hena vivre dans un endroit pareil. Sans doute résidait-elle chez quelqu’un, et il espéra que personne d’autre qu’eux deux n’aurait à se tenir dans le même couloir.
Il dut attendre quelques minutes, peut-être un quart d’heure, qu’un résident quitte l’immeuble, lui permettant de se faufiler à l’intérieur en profitant de ce battant ouvert sans vigilance. L’enveloppe tournait et retournait entre ses dextres fébriles. Il se frotta nerveusement la tempe de son index, une fois devant la porte, tendant l’oreille. Il ne percevait rien de particulier. En plein jour, en pleine après-midi, dans l’heure creuse de trois heures, les appartements étaient pratiquement tous vides. Il le savait. Au travail, en cours, dehors. On n’entendait que l’infime rumeur de la chaudière régissant l’énergie circulant dans le secret des murs, et à peine un filet de voix, provenant des escaliers. Il crut également distinguer le brouhaha anarchique mais ténu d’une télévision allumée. Un talk-show, probablement. Des applaudissements et vivats éclataient entre deux commentaires. L’arcaniste inspira profondément, fit jouer ses épaules luisantes de cuir, et déverrouilla ses cervicales tendues d’un mouvement circulaire. Puis, il leva son poing fermé, qu’il retourna jusqu’à pouvoir asséner quatre coups guère puissants, mais dont l’écho l’impressionna.
Une part de lui voulait, lâche, que personne ne réponde. Glisser l’enveloppe sous la porte, se détourner, et ne plus jamais revenir. Ne plus entendre parler d’Hena Hicks. Ne plus jamais penser aux enfants morts noyés, ni à son propre fantôme, qui avait manqué de s’en aller rejoindre les leurs. Ne plus avoir à se recevoir des cailloux en pleine gueule. Ne plus se faire feuler dessus, ni observer d’un œil craintif et hostile à la fois. Ne plus avoir à se préoccuper de la surveiller d’un coin de l’œil, par affection pour Sylia. Il aurait pu mentir à sa mère, peut-être. Prétendre la lui avoir remise en main propre. Sortir, et prendre le temps de profiter encore un peu de Western Hill. Se baigner du silence parfois peint des sirènes des ambulances, gagnant l’hôpital non loin. Marquer une pause dans son existence pareille à un sprint interminable ou à un marathon sans ligne d’arrivée. Pas de clients à accueillir. Pas de fric à faire rentrer. Personne à qui parler, à toiser, à insulter ni à défier. Juste lui, marchant et communiant avec cette ville, comme pour réclamer son pardon. Pour renouer avec elle. Mais il savait que ce ne serait pas juste. Il savait, que certaines épreuves ne pouvaient se voir esquivées. Ce ne serait pas juste. Il songea au courage de Victoria Osborne, et à eux deux dont les silhouettes s’étaient affrontées sur le campus, à quelques pas d’ici. Il y avait une éternité, maintenant. Dans une autre vie. Plus décidé, il cogna une seconde fois, mâchonnant son stress comme un clébard occupé à ronger un os.
Hena Hicks.
Il pouvait encore sentir son corps chaud contre le sien, lorsqu’il l’avait emmenée loin du Cauchemar. Lorsqu’il avait à peine osé la regarder, la ramenant dans le monde des vivants. Il ne pourrait plus jamais sentir le corps chaud de Hena Hicks contre le sien. Il n’y aurait plus de trêve. Et peut-être était-ce le jour qui verrait bel et bien Hena Hicks coller son poing dans la figure d’Eoghan Underwood.
Elle écoutait le rythme de cette matinée C'était une chose qui ne l'avait jamais frappée, avant. Le rythme d'une vie. Qu'il lui semblât avoir vécu trop longtemps était une chose mais cerner tel un métronome la rythmique particulière des heures qui devenaient journée, comme si au delà de soi, sur une parcelle plus astrale inconnue du monde mortel, le sablier du temps respirait bel et bien, finirait un très lointain moment par expirer dans une boucle compliquée - l'histoire louche de la relativité et de l'espace- c'était un truc qu'elle aurait laissé aux gens encore plus chiants qu'elle. Pourtant ce matin, elle ne faisait rien d'autre qu'écouter. Allongée sur le canapé dans un short délavé et t-shirt blanc mal noué, le regard aussi creux qu'un piaf qui aurait percuté une vitre, nez pointé vers le plafond, cheveux auréolant son inertie d'une couronne de blé blanchie par les faisceaux lumineux de la fenêtre sous la forme d'une rivière sans cours. Elle écoutait : le klaxon d'une voiture, l'écho d'un objet métallique tombé sur le bitume, le rire d'une enfant partie pour l'école, ces mouvements indépendants d'elle. Depuis son retour des vastes montagnes, le sismographe de ses humeurs s'était tari comme les battements d'un papillon que la bourrasque épuise. Posée sur une branche flottante en plein milieu de l'océan, elle ne faisait que contempler ce qui vivait autour d'elle, saisissant de contraste par rapport à sa propre existence. Sa silhouette était encore amaigrie. La simple vision de ses poignets l'insupportait, au point qu'elle se cachait d'Archimède dès qu'il fallait ouvrir un bocal de cornichons. Les fantômes devenaient un fardeau, certains jours plus lourd que d'autres, cédant à la souffrance qui succédait à la chute quand c'était trop pesant, n'ayant aucune prise sur ses cauchemars vomis par cette douleur qui la rongeait. Si la seule réponse instinctive à cette agonie était devenue l’étouffement progressive des sensations, galvaudé par le contact avec le grand air qui rendait les problèmes plus latent, sa nature de renarde se tapissait toujours dans un coin. C'était une trop grande culpabilité de flirter avec la nature. Elle avait passé des heures entières à regarder les arbres depuis la fenêtre. A attendre que ce dégoût de soi la lâche.
Ses transformations n'avaient été, là aussi, qu'une nécessité. Elle s'était avérée être la renarde la plus désagréable du monde. Cachée, roulée en boule, ignorant les appels au jeu, à la course, fixant le sol, le museau emmitouflé entre les pattes. Pourtant, ça lui avait fait du bien. Malgré tout. Moins perturbée, nettement plus éteinte depuis qu'elle avait regagné la ville.
Soupir. Elle poussa son corps à regagner une position stationnaire. Cuisine, aller remplir un bol de céréales, son leitmotiv alimentaire depuis. Pourquoi se faire chier à cuisiner quand on pouvait souscrire au concept de croquettes pour humains. Quand on sonna à la porte, elle n'eut pas cette présence d'esprit naturelle à la curiosité. Colis, démarchage, ami d'Archi, peu importe. Sa cuillère à la bouche, regard vitreux, elle ouvrit naturellement. Face à l'homme qui se tenait, il lui fallut un temps de latence. Un temps durant lequel elle fronça des sourcils, tracassée par ses cellules grises qui s'étaient, comme, court-circuitées un millième de seconde. Ces yeux. Hena n'aurait jamais pu inventer ces yeux, même au sein de ses plus vastes hallucinations.
Au lieu de paraître désincarnée sur l'instant, elle se surprit à pouffer de rire ; rire étouffé par la cuillère encore dans sa bouche.
C'est qu'elle venait de remarquer ce qu'il tenait dans sa main. Alors là....vraiment... Ôtant la cuillère de sa bouche, elle s'esclaffa brutalement. Son fou-rire résonna mille fois dans la cage d'escalier.
— Bordel... Bordel tu fais fort HAHAHAHA ! Il lui fallut poser une main contre ses côtes, trouver ses goulées d'oxygène, tellement malmenée par son rire à présent, pliée en deux, luttant tout autant pour ne pas lâcher son bol en même temps que sa cuillère.
Il était venu lui remettre son dernier chèque, c'est ça ?
Il était venu ... lui re-mettre.... son dernier chèque ?! C'était pour ça qu'il se pointait ?! S'il s'était senti capable de l'insulter davantage, c'était fait. Les larmes aux yeux de trop rire, la renarde recula de trois pas, hochant la tête par pure sidération. Ne pouvant formuler clairement l'invitation, elle lui fit pourtant geste d'entrer d'un mouvement circulaire de sa cuillère à soupe. Qu'il profite qu'Archimède ne soit pas là. Autrement, il aurait pu lui casser la gueule, s'il avait su !
Plus étonnant que ce soit, au lieu de le repousser, Hena fonça dans son jeu. Trop ébahie pour ne pas s'offrir la satisfaction de faire de lui le roi de la situation : n'était-ce pas le cas après tout ? Lui, le roi de la victimisation en tout genre, pauvre gars !
— Fallait pas te donner tout ce mal, oh Eoghan... tu aurais pu me le laisser sous la porte ou dans la boîte aux lettres. De nos jours, on laisse tomber les choses sans valeur puis on ferme la porte derrière soi... c'est comme ça qu'on s'y prend ! Ces derniers mots qu'elle prononça dans un murmure étranglé par les rires, un peu fous. S'il avait pu la cerner avant, Hena n'avait aujourd'hui plus rien de celle qu'il avait pu croiser, une matinée froide, sur une berge où les remous de la mort déballaient, du bout de leur langue humide, un petit corps mort.
Elle alla allègrement tapoter les coussins du canapé, où elle dormait en temps normal.
— Je t'en prie, assieds-toi, assieds-toi.... Tu as dû marcher longtemps. C'est tellement sympa de ta part... j'étais quasi sur la paille, qu'est-ce que j'aurais fait sans votre argent.
Son ton n'était même pas bourré d'hypocrisie, en dépit de la teneur de ses propos qui vomissaient la moquerie. Sans cerveau venait se subir une telle piqûre d'hébétude en un temps si court que même son sourire poli parut tout à fait sincère
— J'en suis aux céréales en ce moment. Mais tu m'as l'air bien trop mature pour cette malbouffe. Tu veux un café ?
Eoghan Underwood
ADMIN ۰ Se faire péter la vitrine : bien plus qu'un métier, une passion. Featuring : Dramaking
⛤ SMALLTOWN BOY ⛤
"This is not the right way."
En un mot : Sorcier venimeux ondulé de la toiture. Gosse du bayou.
Qui es-tu ? :
"Let it spread like a disease."
⛤ Maître des arcanes, sorcier à l'essence écarlate. 37 ans de vice (et râles) et de chair corrompue. Manipulateur d'hormones, télépathe patenté.
⛤ Second, bras droit de Circé van derr Ven dans la secte de l'Irae. S'y démarque pour sa loyauté ciselée par les griffes de Morgan Leroy (missing). Mais les failles perlent.
⛤ Incube de Louisiane ; fils de ces terres marécageuses, du bayou poisseux et des routes cahoteuses. Né à Bâton-Rouge, n'a connu que Shreveport et les frontières de son État.
⛤ Né seul homme dans la famille des sorcières irlandaises Mulligan. Privé de père (tué) par la harpie noire : élevé par Sylia Mulligan, descendant du Rouge de sa grand-mère Julianna.
⛤ Cauchemar des femmes ; nourrit sa magie (Rougeoyante) des hormones sexuelles de ses partenaires, ainsi que des émotions primaires.
⛤ Traître à ses passions, criminel et meurtrier de Johanna Andros (missing). Pourfendeur d'amitiés, éternel débiteur, clébard soumis à ses attaches.
⛤ Ne vit que pour les Mardi-Gras de New Orleans ; caresse le rêve de s'y installer un jour dans son propre "shotgun", malgré le fantôme de Katrina.
⛤ Mystique, déchiré entre deux hommes : partagé entre le sorcier et l'humain, entre la sagesse et une ire destructrice. Le latin s'efface sans mal sous l'accent du Sud, coriace sous sa langue.
⛤ Commerçant du Downtown (Crawling life), antre de ses serpents vénérés, lézards et autres reptiles, dont il cède les corps, les soins et les cages de verre.
⛤ Pratique à l'arrière de sa boutique, dans un laboratoire farouchement défendu et protégé par les runes. Recèle secrets et savoirs, expérimentations douteuses et dangereuses.
⛤ Mauvais mentor. L'une de ses apprenties en a subi les conséquences. Guide de Morgane Wuntherson et d'Halina Meyer. Meilleur ami indigne de Vinzent Henkermann et cousin de Shannon Mulligan.
⛤ Pacte tissé avec Scox : Prince démon s'étant dissimulé derrière les brumes de Baal. Immortalité odieusement acquise, âme vouée à obéir et marcher aux côtés des Antiques. 38 ans d'âge réel ; 36 ans d'apparence.
⛤ ENAE VOLARE MEZZO ⛤
"I put a spell on you."
Facultés : ⛤ La Rougeoyante s'infiltre dans les corps et y bouleverse les hormones ; flèche apollonide : distille poison, fléau, mort, mais aussi fièvre rouge saphique. Chaos total.
⛤ Télépathe raisonnable : ne s'infiltre de préférence que dans les esprits des humains misérables. Capable de communiquer en pensée avec quiconque lui ouvre les grilles de son esprit. Savant fou ; capable désormais de connecter sa psyché aux êtres muets, cobras et crotales comme cobayes, corbeaux et autres créatures rampantes.
⛤ Herboriste né, sa maîtrise des potions n'a d'égale que celle de son mentor maternel. Capable d'élaborer des philtres complexes ; créateur infatigable de breuvages en tous genres.
⛤ La Rougeoyante se défend et protège son hôte plus férocement qu'elle n'attaque : limitée par la nécessité d'un contact physique. Sorcier doué au corps-à-corps, secondé par son aisance au maniement d'athamés et autres lames rituelles.
⛤ Chercheur d'artefacts, quémandé des Longue-Vies : détisseur de leurs malédictions et autres mauvais sorts.
Thème : The Way ⛤ Zack Hemsey.
⛤ VENGEANCE ⛤
"Before I die alone."
Pseudo : Nero
Célébrité : Ian Somerhalder.
Double compte : Sanford R. De Castro, Aliénor Bellovaque, Ian C. Calloway & Gautièr Montignac.
Elle ouvrit. Elle ouvrit et, l’espace d’un instant, il songea qu’il aurait voulu que rien de tout cela ne se produise jamais. Que le Grand Cauchemar n’ait jamais existé. Que l’Église Wiccane ne propose jamais cette célébration publique de la Samain. Que l’Irae perde son occasion de vengeance à grande échelle. Que la secte n’ait jamais eu à brûler pendant trois jours. Que la Révélation ne se soit jamais produite. Qu’il n’ait jamais rencontré Hena Hicks. Le gâchis était si douloureux à observer que le choc éphémère de la thérianthrope qu’il lut sans difficulté le cueillit à l’estomac, rendant son mal-être plus vivace. Il piétina un peu, sur le seuil, humectant ses lèvres, conscient que cela ne pourrait jamais bien se passer. Qu’il aurait tout aussi bien pu lui jeter cette enveloppe à la gueule, tourner les talons et partir sans mot dire. Il les épargnerait, ainsi. Il amorça un mouvement, coupé court par l’éclat d’un rire qui n’avait rien de naturel et, surtout, rien de rassurant. Ses sourcils s’arquèrent, témoins de son effarement ; un tel rire était si déplacé qu’il ne sut pas comment réagir tout de suite. Et puis, comment l’interpréter ? Moquerie ouverte ? Nervosité affichée ? Folie manifeste ? Aucune de ces trois hypothèses ne l’aurait étonné. Il aurait même pu prendre ce rire pour une menace, un préambule à la violence qui s’apprêtait à déferler. Il était trop fin pour ne pas déceler une part d’agressivité, dans cet éclat impromptu. Plus tendu encore que précédemment, il ne s’avança pas immédiatement à l’intérieur, et ferma lentement le battant derrière lui, peu enclin à l’idée de s’enfermer dans le même logement qu’elle, mais préférant la discrétion à l’esclandre généralisé.
Il ne perdit pas son regard sur le cadre de l’appartement, et ne se montra pas assez stupide pour s’asseoir à ses côtés. Il la craignait. Comme on pouvait redouter le coup de griffes sournois d’un chat en colère, mais assez vicieux pour cacher sa hargne, le poil à peine hérissé. Il la laissa déballer ces mots entrecoupés de hoquets, détestant cette façon qu’elle avait de parler, qui n’avait rien à voir, en effet, avec leur première rencontre. À cette époque, alors qu’elle le redoutait sans même encore le connaître, elle se montrait plus taiseuse, plus réservée, trop silencieuse à vrai dire. Il se demanda s’il ne la préférait pas alors ainsi, dans le temps. Elle arborait à présent la mine de celle qui avait pris ses marques, confiante de son hégémonie sur un territoire donné et qu’il foulait aujourd’hui, ou du moins cherchant à donner le change. Et il n’était pas certain d’apprécier cette posture dotée d’une prétention qu’elle paraissait, il n'y avait encore pas si longtemps, attribuer aux sorciers dans son genre.
« Pas de café, non merci… J’sais pas c’qui est si drôle, mais bon. J’suppose qu’j’dois pas m’attendre à des explications venant de toi, donc… » Cette fille était folle. Une vraie furie, et il se demandait ce qui l’avait réellement amenée à échouer là, quels événements de vie l’avaient façonnée au point de la changer en une créature aussi inadaptée. Il s’avança à peine, avec circonspection, et déposa l’enveloppe sur la table basse, devant Hena. « C’est Sylia qui a insisté. Tu te doutes bien qu’j’ai pas supplié pour venir te remettre ça. » Il se redressa aussitôt, faisant crisser le cuir et reprenant, pointant le papier d’un index sans force : « T’en as p’t’êt rien à foutre mais ça lui importait, à elle, c’est tout. Et elle aurait su, si j’te l’avais pas remise en main propre. Tu devrais t’en douter, non… ? » Un peu d’acidité sous sa langue, la toisant comme pour l’accuser en silence de se faire plus idiote qu’elle ne l’était sûrement déjà. « J’m’en tape un peu d’tes jugements d’valeur ou d’ton rapport au fric. T’étais sous contrat, on d’vait t’payer, on t’paye, point barre. Pas la peine de t’foutre de la gueule de ma mère. Par contre, si t’as quelqu’chose à dire ou un message à faire passer, d’toute façon c’est maintenant ou jamais, vu qu’tu t’es barrée sans d’mander ton reste, on va pas s’revoir de sitôt. » Il s’inclina à peine, main contre sa poitrine et sourire insultant aux lèvres, sans daigner jouer le rôle d’une courtoisie qu’elle aurait de toute façon eu tôt fait de lui renvoyer au visage. « Et je suis prêt à faire le messager. »
Il se recula légèrement, reprenant un masque d’une froideur absolue, promena enfin un peu de son attention sur les quatre murs entre lesquels elle s’était recluse, et qui n’était définitivement pas son chez elle. Le décor, l’ambiance, détonnaient trop. « Ou bien alors, tu pourrais juste te contenter de jouer franc-jeu et d’balancer c’qui t’a pris de décamper comme ça. T’as toujours été bien traitée, par chez nous. » Il voulait qu’elle le lui dise. Il voulait la mettre au défi d'oser se complaire, encore, dans sa crainte abrutie d’Éveillés qui ne l’avaient jamais touchée. Il n’avait pas besoin, ni envie, qu’elle le remercie de l’avoir sortie du Mall. Il ne méritait pas une telle marque, et cependant… il ne l’avait ramené que par souci de lui épargner d’autres épreuves. « Donc si t’as fini ton cinéma, j’suis prêt à t’écouter. Sinon, autant en finir, et j’me barre direct pour t’éviter d’avoir à m’supporter plus longtemps. Hena Hicks. »
Posant son bol qui menaçait de s'écraser au sol, elle sentait sa tête lui tourner. Elle n'avait absolument aucune idée de comment arrêter ce manège : une part trop grande de son esprit était en train d'assimiler le fait que c'était bien Eoghan, et non un pur produit de sa folie, qui venait de refermer la porte de l'appartement. Qu'il refuse ses fausses politesses lui fit, quelque part, le plus grand bien, l'imaginer s'asseoir sur le canapé où elle dormait en tant normal, ou siroter un café dans une tasse qui appartenait à Archimède, toutes ces visions lui donnaient envie de vomir. Il lui fallut se tenir au bras du canapé. Elle ne se sentait plus bien, du tout. Et le fait qu'il parle... qu'il parle autant, comme il avait toujours eu cette foutue manie de parler de façon ininterrompue, lui donnait envie de lui en foutre une dans sa gueule. Mais non, elle ferma juste les yeux, inspira profondément, essayant de recadrer son équilibre, les jointures serrées, blanches, contre le tissu du mobilier.
« C’est Sylia qui a insisté. Tu te doutes bien qu’j’ai pas supplié pour venir te remettre ça. »
Ah... oui, bien sûr ... murmura-t-elle à mi-voix, les sourcils froncés. Elle aurait pu tout aussi mieux s'asseoir. Mais le voir la toiser, avec sa prétendue arrogance préfabriquée, n'était définitivement pas la meilleure idée. Alors elle trouva le compromis de rester à demi appuyée contre le bras du canapé.
« T’en as p’t’êt rien à foutre mais ça lui importait, à elle, c’est tout. Et elle aurait su, si j’te l’avais pas remise en main propre. Tu devrais t’en douter, non… ?»
« J’m’en tape un peu d’tes jugements d’valeur ou d’ton rapport au fric. T’étais sous contrat, on d’vait t’payer, on t’paye, point barre. Pas la peine de t’foutre de la gueule de ma mère. Par contre, si t’as quelqu’chose à dire ou un message à faire passer, d’toute façon c’est maintenant ou jamais, vu qu’tu t’es barrée sans d’mander ton reste, on va pas s’revoir de sitôt. »
Elle releva ses yeux, devenus ceux jaunes de l'animal car elle luttait contre son instinct qui lui sommait de se transformer pour lui arracher la trachée sur le vif.
— Tu n'as vraiment rien compris, ma parole... qu'elle lui murmura, son visage sidéré à l'entendre parler d'argent, de sa mère, de propos tellement hors-sujets au vu de la situation. Ce mot "d'abandon" lui provoqua un nouveau rire, suffoquant, qui tenait plus de la grimace quand il zébra ses lèvres blanches et gercées. Elle lisait l'expression outrancière sur ce visage qui lui était un explicable mystère depuis le premier jour où ils s'étaient rencontrés. Il n'y avait aucune raison pour que deux êtres aussi diamétralement opposés l'un de l'autre puisse partager une once d'amitié, pourtant, avec sa mère, ils représentaient les seuls sorciers qu'elle n'avait jamais craints. Le seul sorcier, en l'occurrence, qui l'avait blessée au plus au point.
« Ou bien alors, tu pourrais juste te contenter de jouer franc-jeu et d’balancer c’qui t’a pris de décamper comme ça. T’as toujours été bien traitée, par chez nous. »
Frappée de plein fouet par la suffisance de sa dernière phrase, comme si après lui avoir tiré une balle il se plaignait qu'elle n'y ait pas survécu, elle resta à demi assise sur l'accoudoir, car incapable de se tenir debout plus longtemps. Sa face blême tiraillée par la maigreur et par une haine telle que son totem semblait se dessiner par delà l'humaine, elle portait le masque affreux d'un esprit atteint de rage.
— Oui... J'ai toujours pensé que t'aurais du me laisser par terre dans ce Mall. Tu attends quoi de moi, Eo ? Que je te remercie de m'avoir sauvé la vie ? Tu crois...
Elle tâchait de moduler sa voix pour la garder calme, mais malgré tous ses efforts, celle-ci prenait de l'ampleur. Sous forme de renarde elle lui aurait arraché le visage à coups de crocs, ici elle ne pouvait que crier, elle ne pouvait faire que ça.... incapable, affreusement incapable...
— Tu crois que j'aurais dû rester seule dans cet appart, et continuer à aller bosser en attendant ta venue tel le messie que tu voudrais être ? Personne. Il n'y avait plus personne. Les êtres que j'ai aimés sont partis. MAIS je devais rester, continuer à travailler sagement ? Parce que MONSIEUR UNDERWOOD irait repasser, éventuellement, après avoir balayé la merde qu'il aurait laissée derrière lui ? Et QU'EST CE QUE CA PEUT TE FOUTRE, qu'est-ce que....
Elle se tut. Inspirant, il lui fallut prendre son visage entre ses mains pour réapprendre à respirer : elle voulait se sortir de cette boucle de cauchemar. Eoghan était en train de la poignarder. Ses mots, étaient des coups violents de poignard. Elle ne comprenait pas pourquoi. Tant de jours, tant d'heures, de minutes, de secondes, à rêver de le tuer, non pas de manière figurée comme on le penserait sous un coup de sang, non. Hena Hicks ne pensait plus qu'à ça : enfoncer une dague au sein de ce coeur où le rouge putride calmerait ses pulsions. Et maintenant qu'il se tenait là, l'insultait en jouant celui offusqué par la situation, en se faisant passer pour la victime à qui on aurait manqué de respect, au lieu de ressentir cette hargne nécessaire qui l'aurait faite se lever pour lui démonter la figure autant que le permettrait sa pauvre constitution d'humaine, elle se sentait au contraire blessée, blessée comme s'il venait d'appuyer sur cette brèche ayant entaillé son coeur le jour où elle avait compris que Mona était morte, qu'elle avait versé son sang pour des entités responsables de ça...
Lentement, elle releva son visage hâve. Elle le fixa, toute émotion vidée de teneur, comme si elle était devenue un reflet d'elle-même, un fantôme qui subsiste comme il peut.
— Dis-moi, Eoghan, qu'est-ce qu'on ressent, à tuer l'un des siens ?
Elle ne s'était pas trompée, ce soir là. L'odeur d'Eoghan avait été une empreinte indélébile sur le corps de cette sorcière wicanne. Chaque détail de cette nuit resterait gravé dans son esprit.
— Ca doit être bandant, cette sensation toute puissante, d'ôter la vie à une sorcière ? Non ? Je ne sais pas, je n'ai pas encore eu l'opportunité de tuer un arcaniste, j'espère y remédier un jour...
Elle tâcha de se relever. Les yeux trop clairs d'Eoghan étaient comme un ciel vide dans lequel il était compliqué d'évoluer : le vide, l'absence, composait une large partie de son existence, mais il avait toujours été brûlant, comme un désert, rouge comme un soleil mourant. Ce bleu aussi pâle, elle ne le supportait pas. Elle préféra se rapprocher de la fenêtre, aussi bien qu'elle avait regardé la vue à travers la fenêtre d'un autre appartement, après une journée trop rude où un enfant mort avait été repéché, où ils avaient cherché des noms d'emprunt, qui ne seraient pas elle... tout cela lui semblait appartenir à une autre époque à présent, souvenirs détenus par une autre.
— Je ne sais pas comment faire... avoua-t-elle, les yeux toujours rivés au dehors.
— Vivre normalement, quand ceux qu'on a aimés sont morts. Je ne sais pas. La vie semble si... absurde après ça.
Lorsqu'elle se retourna vers lui, se fut pour lui lancer un regard d'affliction. Comme si ce qu'elle voyait face à elle n'était plus que l'étoffe d'un gamin perdu, drogué aux sacrifices, un enfant aux cheveux noir de jais, trop vite grandi, perché dans cette arrogance comme on dresse un bouclier, moulé pour détenir des responsabilités qu'il finissait par rejeter à travers des actes dangereux dont il n'avait même pas conscience. En un sens, Hena finissait par comprendre un peu mieux les vampires, victimes du temps... la moindre chose devenait fade, avec le temps. C'était affreux, le temps.
Dans ce short, ce top trop large pour elle, sa posture droite mais fatiguée par la vie, elle ressemblait à un animal malade, à bout de force. Depuis toujours, ces blocs de ciment, ces bêtises du quotidien humains qui consistaient à dresser des projets dérisoires, s'offusquer pour une facture, un salaire, des amourettes, une liste de courses pour Noël, et autre agencement préfabriqués de vie l'étouffaient. Ce monde n'avait aucun sens et la magie, saine et logique, qui pulsait dans la nature, virait en des tons, malléables comme des outils, au service de l'humain et de son insupportable présomption. Pourtant, aussi bien qu'Inna et sa magnifique innocence acceptait que rien ne pouvait être fait, la nature continuait à s'effacer, mourir sous les coups de bêches des hommes avides de sensations et de pouvoir, laissant des trous dans l'âme et le corps des esprits. Et en faisant confiance à une gamine qui possédait cette magie, elle avait versé son sang. En se pliant, aussi bien qu'un chien apprivoisé, à nourrir les flots que ses ancêtres avaient tâché de repousser, elle avait donné à boire aux monstres qu'elle s'était jurée de combattre.
— Je ne peux pas t'en vouloir, Eoghan. Je suis aussi détestable que toi. avoua-t--elle, l'observant comme si une barrière, presque palpable, s'était dressée entre eux. Elle se demandait, dans une autre vie, où ils n'auraient été que des humains, sans plus de magie, sans plus de transformations, peut-être auraient-ils pu être amis. Peut-être qu'il existait cet univers là où à la place de la tristesse on y aurait lu des bêtises munis de rires, des aspects simples que le monde porte en lui quand les démons ne sont pas invoqués sur terre.
Eoghan Underwood
ADMIN ۰ Se faire péter la vitrine : bien plus qu'un métier, une passion. Featuring : Dramaking
⛤ SMALLTOWN BOY ⛤
"This is not the right way."
En un mot : Sorcier venimeux ondulé de la toiture. Gosse du bayou.
Qui es-tu ? :
"Let it spread like a disease."
⛤ Maître des arcanes, sorcier à l'essence écarlate. 37 ans de vice (et râles) et de chair corrompue. Manipulateur d'hormones, télépathe patenté.
⛤ Second, bras droit de Circé van derr Ven dans la secte de l'Irae. S'y démarque pour sa loyauté ciselée par les griffes de Morgan Leroy (missing). Mais les failles perlent.
⛤ Incube de Louisiane ; fils de ces terres marécageuses, du bayou poisseux et des routes cahoteuses. Né à Bâton-Rouge, n'a connu que Shreveport et les frontières de son État.
⛤ Né seul homme dans la famille des sorcières irlandaises Mulligan. Privé de père (tué) par la harpie noire : élevé par Sylia Mulligan, descendant du Rouge de sa grand-mère Julianna.
⛤ Cauchemar des femmes ; nourrit sa magie (Rougeoyante) des hormones sexuelles de ses partenaires, ainsi que des émotions primaires.
⛤ Traître à ses passions, criminel et meurtrier de Johanna Andros (missing). Pourfendeur d'amitiés, éternel débiteur, clébard soumis à ses attaches.
⛤ Ne vit que pour les Mardi-Gras de New Orleans ; caresse le rêve de s'y installer un jour dans son propre "shotgun", malgré le fantôme de Katrina.
⛤ Mystique, déchiré entre deux hommes : partagé entre le sorcier et l'humain, entre la sagesse et une ire destructrice. Le latin s'efface sans mal sous l'accent du Sud, coriace sous sa langue.
⛤ Commerçant du Downtown (Crawling life), antre de ses serpents vénérés, lézards et autres reptiles, dont il cède les corps, les soins et les cages de verre.
⛤ Pratique à l'arrière de sa boutique, dans un laboratoire farouchement défendu et protégé par les runes. Recèle secrets et savoirs, expérimentations douteuses et dangereuses.
⛤ Mauvais mentor. L'une de ses apprenties en a subi les conséquences. Guide de Morgane Wuntherson et d'Halina Meyer. Meilleur ami indigne de Vinzent Henkermann et cousin de Shannon Mulligan.
⛤ Pacte tissé avec Scox : Prince démon s'étant dissimulé derrière les brumes de Baal. Immortalité odieusement acquise, âme vouée à obéir et marcher aux côtés des Antiques. 38 ans d'âge réel ; 36 ans d'apparence.
⛤ ENAE VOLARE MEZZO ⛤
"I put a spell on you."
Facultés : ⛤ La Rougeoyante s'infiltre dans les corps et y bouleverse les hormones ; flèche apollonide : distille poison, fléau, mort, mais aussi fièvre rouge saphique. Chaos total.
⛤ Télépathe raisonnable : ne s'infiltre de préférence que dans les esprits des humains misérables. Capable de communiquer en pensée avec quiconque lui ouvre les grilles de son esprit. Savant fou ; capable désormais de connecter sa psyché aux êtres muets, cobras et crotales comme cobayes, corbeaux et autres créatures rampantes.
⛤ Herboriste né, sa maîtrise des potions n'a d'égale que celle de son mentor maternel. Capable d'élaborer des philtres complexes ; créateur infatigable de breuvages en tous genres.
⛤ La Rougeoyante se défend et protège son hôte plus férocement qu'elle n'attaque : limitée par la nécessité d'un contact physique. Sorcier doué au corps-à-corps, secondé par son aisance au maniement d'athamés et autres lames rituelles.
⛤ Chercheur d'artefacts, quémandé des Longue-Vies : détisseur de leurs malédictions et autres mauvais sorts.
Thème : The Way ⛤ Zack Hemsey.
⛤ VENGEANCE ⛤
"Before I die alone."
Pseudo : Nero
Célébrité : Ian Somerhalder.
Double compte : Sanford R. De Castro, Aliénor Bellovaque, Ian C. Calloway & Gautièr Montignac.
Il la rendait malade. Et la voir ainsi se décomposer, s’affadir devant lui, donnait des envies de violence au sorcier qui, engoncé dans son mépris et sa colère gelée, n’arrivait pas à mettre des mots suffisamment parlants pour comprendre d’où venait cette hargne mutuelle. De sa part, il savait qu’il pouvait compter sur le profond racisme inculqué par Sylia. Ou sinon, sur cette manie de s’estimer supérieure en tout point à ce qui n’était pas eux. Arcanistes. Mais de la sienne, le mystère demeurait. Il n’avait jamais obtenu de réponses à ses questions. Il était certain qu’il y en avait, pourtant, des réponses. Hena, cependant, était demeurée muette comme une tombe, irrémédiablement fermée aux grains de sympathie qu’il avait fait voler dans sa direction. Alors comment pouvait-il en être autrement, aujourd’hui ? Dès les premières minutes de leur rencontre, l’espoir était déjà mort, tué par une méfiance que rien ne semblait pouvoir éluder en profondeur. Cela le contrariait. Malgré son tempérament, son caractère quelquefois irascible, Eoghan savait que son contact avec les gens pouvait être bon. Quand il ne décidait pas de grogner, d’aboyer ses humeurs, sa nature de commerçant reprenait le dessus, homme simple et avide de capter les moments de chaleur que l’existence lui offrait. Son attitude, celle que Hena l’obligeait presque à déployer comme un réflexe absurde, ne lui était pas foncièrement naturelle. Ou du moins, pas lorsqu’il pouvait agir autrement qu’en bras droit d’une secte ténébreuse. Elle le ramenait immanquablement à son Essence. Sorcier. Jamais elle ne le considérerait comme autre chose. Il n’avait rien compris ? Bingo, c’était pile là le problème. Elle l’avait toujours laissé dans le noir, considérant ses interrogations comme de la parlote qui ne valait pas la peine qu’on fournisse le moindre prémisse d’explications. Elle ne daignait pas l’éclairer. Elle ne voulait pas qu’il comprenne.
Les lueurs jaunâtres dans son regard, l’ampleur que prenait sa voix, l’électricité qui parcourait le corps de la métamorphe... tout le poussa à se détourner de la vitre pour lui faire face, comme pour s’apprêter à combattre, à parer un assaut, sous une forme ou une autre. Il n’avait pas l’intention de lui faire du mal, mais il serait tout autant hors de question de se laisser agresser par elle. Sensible à sa détresse manifeste, il ne commit pas l’erreur de l’interrompre. Tendu, les mâchoires serrées, il se contentait de déglutir de par sa gorge serrée, sa respiration à peine fébrile. Elle avait tout d’une martyre. Il aurait été si facile de se faufiler dans sa tête, de lui arracher lui-même les secrets sur lesquels elle s’arcboutait. Sa curiosité le démangeait autant qu’il n’aimait pas assister à ce spectacle, impuissant. Elle ressemblait à une créature dénuée de toute force vitale, prête à crever, par un trop-plein de Mal, de douleur qu’elle ne parvenait plus à purger.
Et puis le revers. Le vice, morsure de cottonmouth, celle à laquelle on ne s’attendait pas. Ses lèvres s’entrouvrirent à peine, tandis qu’il accusait le coup. La menace, planant dans l’air. Il absorba quelques instants le choc, avant de laisser éclore un pauvre sourire, moins méprisant qu’agacé par sa manière péremptoire de l’accuser. Il pouvait l’accepter de beaucoup de gens, mais d’elle… d’elle il n’y parviendrait pas. Et surtout, il ne le tolérerait pas. Sa repentance ne passerait pas par Hena Hicks. Ou du moins, pas tant qu’elle se draperait de cette déclame tragique, digne de ces pièces antiques dont il ne connaissait même pas l’existence. Il détesta la façon dont elle l’observa, passant de la haine pure au vide, et puis enfin, à une forme de pitié qu’il refusait depuis les tréfonds de son être. Son sourire se mua en un rictus, puis en une mine à nouveau fermée. Eût-elle été Éveillée qu’il aurait presque craint l’invasion d’une télépathe, comme lui, et ses défenses mentales se dressèrent à l’instinct.
« Tu me détestes depuis le premier jour. »
Elle y lirait encore une plainte, une complainte même. Il ne se considérait pas comme victime, avec elle. Simplement… étranger. « Tu me détestes pour ce que je suis. Tout comme je te méprisais pour ce que tu étais. » Avait-il évolué sur la question ? Oui. Un peu. À force de la voir vivre, de la croiser dans la boutique de sa mère, de n’entendre que des louanges sobres mais éloquentes sur sa conduite, son travail, sa discrétion. Et puis, il y avait son aura. Lorsqu’il se concentrait sur elle, il pouvait la voir sans mal, nimbant ce corps affaibli par les événements. Il y avait de la respectabilité qui se dégageait d’elle. Il l’avait toujours devinée vieille, bien plus vieille que lui en réalité. Cependant, jamais il n’avait pu se le voir confirmer. Il ne s’y connaissait pas assez en matière de change-formes, et un interrogatoire n’aurait rien donné, avec elle. Alors, il s’était contenté de se faire à l’idée de ces deux hypothèses : ou bien sa longévité était bien plus grande que celle des humains, ou bien alors c’était elle-même, qui s’était forgée de cette façon. Aucune des deux théories ne l’aurait surpris.
« Tu es sans doute persuadée que je n’en ai rien à foutre, ouais. Et pourtant. Je ne sais pas ce que tu aurais dû faire. Mais j’pensais pas que tu disparaîtrais comme ça. C’est tout. Je me doute que ce que tu as vécu était… perturbant. » Il appuya délibérément les syllabes tout en gardant ses orbes fichées dans les siennes : il voulait lui faire entendre que, si le mot n’était probablement pas adéquat, il ne pouvait faire autrement que de désigner celui-ci en attendant, sans vouloir l’insulter d’aucune sorte cependant. « N’essaie pas de comprendre ce que je ressens. N’essaie pas de me provoquer. N’essaie pas de me faire croire que tu y connais quelque chose, aux mœurs arcanistes. Car tu n’es pas des nôtres. Tu ne pourrais jamais. Comme je ne pourrai jamais savoir ce que cela fait d’être… toi. »
Que Baal l’en préserve, ne pu-t-il s’empêcher de penser.
« Tu n’as aucune idée du pourquoi de mes agissements, cette nuit-là. Ma mère aurait pu t’en parler bien mieux que moi, encore. » Il baissa la tête un instant, songeant à l’âme sacrifiée cette nuit. Il en avait moins honte que n’en éprouvait une tristesse bien présente, qui tardait à s’envoler. « Tu comptes me tuer, Hena ? » Ses prunelles s’étaient relevées, le translucide la disséquant, cherchant à percevoir ses intentions, à faire le tri entre les promesses réelles, les prophéties hésitantes ou les éclats de pavane. « Tu comptes me tuer ? J’compte pas te faire du mal, moi. Ou du moins… pas plus que t’estimes que j’t’en ai d’jà fait. Mais… si tu peux accepter de recevoir un seul conseil… : renonce. »
Car lui, il ne la raterait pas. Si elle devait attaquer, il espérait qu’elle réussirait son coup la première fois. Autrement…
« Je ne sais pas si tu es quelqu’un de détestable. Je sais juste que tu as toujours tout fait pour… rendre les choses plus compliquées que nécessaire, à mes yeux. » Il se mordit l’intérieur de la joue, puis perdit de son immobilisme, prit une longue inspiration pour faire baisser la pression un minimum, et esquissa quelques pas, allant et venant toujours près de cette fenêtre dont il ne voulait pas trop s’éloigner. « J’t’aurais jamais laissée, au Mall… Et j’attends pas qu’tu me remercies. J’t’ai sortie de là parce que jamais j’aurais imaginé te retrouver là-d’dans. C’était pas ta place… Ç’aurait jamais dû t’impliquer. Et je suis désolé, pour ça. »
Comment vivait-on normalement, quand ceux qu’on a aimés sont morts ? Il l’ignorait. Il n’avait rien à lui répondre là-dessus. « C’que tu prends pour une insulte… ça vient surtout du fait qu’on s’soit jamais compris. Qu’on ait jamais essayé. Qu’tu m’aies jamais dit c’qui te faisait si peur. J’suppose qu’après tout ça, tu t’dis bien que t’as eu raison. Mais qu’est-ce qui t’est arrivé, bordel ? Qu’est-ce qui s’est passé, avant ? Avant nous, avant Shreveport. Au point où on en est tu peux bien l’ouvrir maintenant, putain. »
Toujours reculée, de la magie, des promesses, des êtres qui auraient risqué de provoquer un peu plus de dommage sur ce capital de sentiments trop lourd à porter sur soi. Elle se souvenait, aussi bien qu'elle se tenait aujourd'hui debout, face à la fenêtre, qu'elle s'était toujours tenue de la sorte : loin derrière ou loin devant, à regarder ce qui existait ailleurs plutôt qu'au centre des âmes trop proches, trop proches d'elle : de celles qui auraient pu la toucher.
La toucher comme Mona l'avait fait.
« Tu me détestes depuis le premier jour. »
Les sourcils froncés, impavide et silencieuse, elle s'était dérobée aux prunelles trop sûres d'Eoghan pour regagner la vue plus réconfortante du dehors : là, le monde restait insensible à sa vie, à celle d'Eoghan, à tout ce qui avait bien pu se dérouler dans ce Mall.
A quoi bon. Lui répondre.
Hena avait l'impression que ça n'avait jamais été un échange, entre eux, rien qu'une surenchère de mots sur celui qui prouverait à l'autre ses tords.
Quand il usa du mot "perturbant", ses prunelles tintées d'or se tournèrent vers lui : comme si elle venait de discerner chez lui un pan d'esprit resté en angle mort jusqu'ici. A l'image passée des cadavres amoncelés dans le couloir gorgé de sang et d'entrailles, il ne lui serait jamais venu à l'idée d'employer le mot "perturbant. Pas très habituée à côtoyer un monde où la magie régnerait suffisamment pour que les corps jonchant le sol ne soit plus qu'un concept, plus ou moins, "perturbant".
Qu'est-ce que tu as bien pu vivre, Eoghan, pour être devenu aussi malade ?
C'est ce qu'elle aimerait lui demander.
Elle le dévisagea longuement, restée plus taciturne que lui, ne trouva rien à lui répondre quand il sembla saisir ses intentions de se venger. Pas un sourire, pas un "oui" , pas d'éclats de rire. Aujourd'hui, il n'y avait rien de drôle à ce qu'ils se retrouvent face à face à se questionner sur leur raison de se détester, rien de marrant à ce qu'elle cherche, effectivement, à éliminer ceux de son espèce.
« Je ne sais pas si tu es quelqu’un de détestable. Je sais juste que tu as toujours tout fait pour… rendre les choses plus compliquées que nécessaire, à mes yeux. »
"— Compliqué..." souffla-t-elle, se frottant les yeux pour chasser la lueur de la vitre qui était restée imprimée sur ses rétines de renarde.
Le mot ripa d'une drôle de manière dans sa bouche, comme si elle s'était pris ce violent coup de poignard qu'étaient les yeux du sorcier. Dès ce premier jour où elle l'avait aperçu sur la rive, dans ces circonstances douloureuses, elle aurait voulu lui exprimer ce qui l'avait le plus effrayée : plus que de représenter le symbole d'un danger, celui de la magie et de ses dérives impies, c'était plutôt celui de ne pas ressentir cette panique quasi phobique qui la prenait normalement dès qu'elle se savait en contact avec un être capable de manipuler la magie. Naturellement confiante à leur égard. Voilà peut-être ce qui l'avait le plus effrayée.
« J’t’aurais jamais laissée, au Mall… Et j’attends pas qu’tu me remercies. J’t’ai sortie de là parce que jamais j’aurais imaginé te retrouver là-d’dans. C’était pas ta place… Ç’aurait jamais dû t’impliquer. Et je suis désolé, pour ça. »
— Parce que tu as une idée de qui doit être à sa place dans ce monde ? Ne me prends pas de haut Eoghan. Ne commence pas à te proclamer investi d'une mission plus importante que cette vie de pauvre cleb's sans défense que tu m'attribues.
Sèche, le ton rêche, rappée par la douleur, malmenée par une rage qui surpassait le domaine la colère, flottait dans une agonie ayant eu le temps de lui arracher le souffle depuis ces trop longues semaines et ne supporterait plus la moindre pitié qu'on oserait lui balancer.
— Merde, qu'est-ce qui te prend tout à coup ? A vouloir me connaître ? A donner l'air de d'en avoir quelque chose à foutre ? Deux minutes plus tôt, tu disais toi-même n'être là que par obligation.
Elle ouvrit grand ses bras pour se représenter toute entière, dans son poussiéreux profil au t-shirt mal noué de travers, au short délavé.
— Je n'ai pas d'envergure à t'offrir dans mes histoires passées. Je n'ai pas la grandeur d'un démon qu'on invoquerait... Rien à te proposer pour te consoler de cette aversion que j'éprouve pour toi et tes semblables. Si tu n'as pas encore compris, ça n'a jamais été de toi que je me méfiais, mais de ce que tu manipules.
Un triste sourire, désolé.
— Mais je n'ai pas retenu la leçon parce que j'ai versé de mon sang cette nuit là. J'ai écouté une gamine qui manipulait le sang, me demandait de lui faire confiance, tout comme j'ai tendu ma main pour attraper la tienne, et j'ai passé cette fichue porte... j'ai passé cette porte, tu comprends ?
Elle laissa retomber ses bras, son sourire n'étant plus qu'un rictus amer.
— Il y a un peu de moi dans les morts de mes proches cette nuit là. J'ai contribué à leur mort, j'ai nourri ce flot puis... Elle sentit un nouveau rire l'étreindre, dérisoire, elle-même éberluée par les faits qu'elle annonçait.
— Puis je me suis réveillée avec ça sur la conscience, jetée sur ce canapé comme on balance un pauvre chien très vieux qui fait peine à voir, bien sûr, parce que je n'avais tellement rien à faire là bas, quelle conne ! Vos affaires, vos enjeux, sont bien trop complexes pour que je me permette de juger alors je devrais fermer ma gueule, ou alors aller me documenter poliment auprès de ta mère et être reconnaissante pour ce sauvetage au lieu de tout compliquer, quelle putain d'ignorante je fais.
Son sourire mort, elle dut s'éloigner de la fenêtre pour s'éloigner de lui. La réalité dans ses propos, c'est qu'elle le tenait moins responsable, cette nuit là, de ce qui s'était passé, qu'elle ne se tenait elle-même pour responsable. Son incapacité à s'être détachée de cette magie qui les utilisait, elle et ses semblables, uniquement comme vulgaire catalyseurs, appuyait un peu plus sur la trahison qu'elle avait signé, en lettres de sang, contre sa grand-mère, envers Mona. Elle avait été manipulée aussi facilement qu'un renard en laisse qui, une fois servi, se voit gentiment dégagé du lieu par un sorcier piqué de pitié pour ce cabot un peu moche, un peu chiant. Bras le long du corps, elle se laissa retomber sur le canapé, paumes contre le tissu, ferma les yeux, inspira, cherchant à chasser l'insupportable sensation, celle de sa trahison, l'ignominie qu'elle représentait, qui polluait de sa présence nauséeuse l'appartement du seul être profondément bon qu'était Archimède.
— Tu n'as jamais pensé... que ce n'était peut-être pas que moi, qui n'avait pas ma place ? elle le murmura dans un souffle presque second, rouvrit ses yeux dorés dans sa direction. Elle aurait aussi voulu lui demander autre chose.
Est-ce que tu sais pourquoi je n'arrive pas à te haïr ? Pourquoi l'idée de te tuer ne me provoque aucune joie ? Pourquoi quand je te vois, j'imagine un enfant qui n'a pas eu de chance ?
— Une magie qui dirige la souffrance et la destruction, est-ce qu'elle mérite sa place ? Subitement son regard s'alluma à sa pensée. Penchant légèrement la tête sur le côté, ses cheveux glissant contre sa joue comme des cordes légères, elle le fixa avec cet air un peu fou d'un animal trop longtemps resté en cage.
— Du coup, tu dois bien avoir de la magie à manipuler, toi aussi, hein ? Pourquoi tu ne l'as pas encore utilisée sur moi ? Vu l'animal débile que je suis, tu m'aurais fait fermer ma gueule plus efficacement comme ça. Eoghan, à quoi tu joues, au final ?
Eoghan Underwood
ADMIN ۰ Se faire péter la vitrine : bien plus qu'un métier, une passion. Featuring : Dramaking
⛤ SMALLTOWN BOY ⛤
"This is not the right way."
En un mot : Sorcier venimeux ondulé de la toiture. Gosse du bayou.
Qui es-tu ? :
"Let it spread like a disease."
⛤ Maître des arcanes, sorcier à l'essence écarlate. 37 ans de vice (et râles) et de chair corrompue. Manipulateur d'hormones, télépathe patenté.
⛤ Second, bras droit de Circé van derr Ven dans la secte de l'Irae. S'y démarque pour sa loyauté ciselée par les griffes de Morgan Leroy (missing). Mais les failles perlent.
⛤ Incube de Louisiane ; fils de ces terres marécageuses, du bayou poisseux et des routes cahoteuses. Né à Bâton-Rouge, n'a connu que Shreveport et les frontières de son État.
⛤ Né seul homme dans la famille des sorcières irlandaises Mulligan. Privé de père (tué) par la harpie noire : élevé par Sylia Mulligan, descendant du Rouge de sa grand-mère Julianna.
⛤ Cauchemar des femmes ; nourrit sa magie (Rougeoyante) des hormones sexuelles de ses partenaires, ainsi que des émotions primaires.
⛤ Traître à ses passions, criminel et meurtrier de Johanna Andros (missing). Pourfendeur d'amitiés, éternel débiteur, clébard soumis à ses attaches.
⛤ Ne vit que pour les Mardi-Gras de New Orleans ; caresse le rêve de s'y installer un jour dans son propre "shotgun", malgré le fantôme de Katrina.
⛤ Mystique, déchiré entre deux hommes : partagé entre le sorcier et l'humain, entre la sagesse et une ire destructrice. Le latin s'efface sans mal sous l'accent du Sud, coriace sous sa langue.
⛤ Commerçant du Downtown (Crawling life), antre de ses serpents vénérés, lézards et autres reptiles, dont il cède les corps, les soins et les cages de verre.
⛤ Pratique à l'arrière de sa boutique, dans un laboratoire farouchement défendu et protégé par les runes. Recèle secrets et savoirs, expérimentations douteuses et dangereuses.
⛤ Mauvais mentor. L'une de ses apprenties en a subi les conséquences. Guide de Morgane Wuntherson et d'Halina Meyer. Meilleur ami indigne de Vinzent Henkermann et cousin de Shannon Mulligan.
⛤ Pacte tissé avec Scox : Prince démon s'étant dissimulé derrière les brumes de Baal. Immortalité odieusement acquise, âme vouée à obéir et marcher aux côtés des Antiques. 38 ans d'âge réel ; 36 ans d'apparence.
⛤ ENAE VOLARE MEZZO ⛤
"I put a spell on you."
Facultés : ⛤ La Rougeoyante s'infiltre dans les corps et y bouleverse les hormones ; flèche apollonide : distille poison, fléau, mort, mais aussi fièvre rouge saphique. Chaos total.
⛤ Télépathe raisonnable : ne s'infiltre de préférence que dans les esprits des humains misérables. Capable de communiquer en pensée avec quiconque lui ouvre les grilles de son esprit. Savant fou ; capable désormais de connecter sa psyché aux êtres muets, cobras et crotales comme cobayes, corbeaux et autres créatures rampantes.
⛤ Herboriste né, sa maîtrise des potions n'a d'égale que celle de son mentor maternel. Capable d'élaborer des philtres complexes ; créateur infatigable de breuvages en tous genres.
⛤ La Rougeoyante se défend et protège son hôte plus férocement qu'elle n'attaque : limitée par la nécessité d'un contact physique. Sorcier doué au corps-à-corps, secondé par son aisance au maniement d'athamés et autres lames rituelles.
⛤ Chercheur d'artefacts, quémandé des Longue-Vies : détisseur de leurs malédictions et autres mauvais sorts.
Thème : The Way ⛤ Zack Hemsey.
⛤ VENGEANCE ⛤
"Before I die alone."
Pseudo : Nero
Célébrité : Ian Somerhalder.
Double compte : Sanford R. De Castro, Aliénor Bellovaque, Ian C. Calloway & Gautièr Montignac.
La haine. C’était quelque chose, la haine. C’était bien plus terrifiant que la colère, même si ça n’en avait pas l’air.
La colère, la fièvre, l’emportement, l’envie de briser de ses mains cet autre qui rendait fou. Ça, il connaissait. Il connaissait même par cœur. Tellement qu’il en était venu à ne plus craindre ces manifestations gratuites (ou non), à ne plus redouter le coup de poing qui part, l’insulte qui fuse, le crachat qui gicle. Il n’était lui-même composé que de cette colère, cette fureur de vivre, en regrettant parfois les excès, mais habitué à en côtoyer les arêtes acérées. Mais la haine… Cette haine froide, palpable, terrible… Cette haine, Hena l’incarnait. Pire, elle l’incarnait sous les augures d’une bête qui, elle, ne s’embarrassait pas de la logique humaine, capable de faiblir, de ternir, de changer d’opinion sur une simple faille philosophique ou métaphysique née de l’imprévu. En cela, l’ire d’Hena ressemblait à l’inverse à une mécanique parfaitement huilée ; comme si rien ni personne n’était capable de lui faire changer d’opinion. Et en cela, il sentit l’effroi qui l’envahissait doucement à se figurer de la gravité d’une situation inextricable. Elle ne ferait pas d’effort. Il serait seul, sur ce coup-là. Les dés déjà jetés l’avaient condamné depuis qu’elle avait posé les yeux sur lui, au Mall. Depuis qu’elle avait senti son odeur, sur le cadavre laissé derrière lui. Non. Décidément, il n’était pas fait pour s’entendre avec les change-formes. Elle le crucifiait encore, interprétait forcément mal le moindre de ses mots, au point qu’il commençait à en concevoir une forme d’incompréhension agacée qui, à tout instant, menaçait de le jeter vers la sortie et de tourner le dos définitivement à cette fille qui ne souhaitait pas enterrer la hache de guerre. Ils s’étaient manqués. Ils s’étaient manqués depuis le premier jour. Le contexte les avait pris au dépourvu, mais leurs premiers échanges, déjà étranges, n’auraient pu laisser présager autre chose que ce long glissement inéluctable, songeait-il. Elle se méprenait sur lui. Il se méprenait sur elle. Et voilà qu’ils en étaient encore là, à se tourner autour sans jamais se trouver. C’était épuisant. Et, principalement, inquiétant. Il aurait eu tort de ne pas se méfier de l’eau qui dort, de cette posture en apparence calme, méditative et réfléchie entre deux feulements.
Il ne la prenait pas pour un cleb’s sans défense, non. Bien loin de là. Il la prenait pour n’importe quelle bestiole se revendiquant d’une nature n’ayant jamais fait dans la dentelle. Il songea brièvement à celle qui avait bien failli avoir sa peau dans le bayou. Il aurait pu en sourire jaune ; il n’en fit rien. Il comprit que quelque chose d’irrémédiablement brisé, qui jusqu’alors n’avait pas tenu autrement que via quelques malheureux bouts de ficelle, était prêt à les séparer pour de bon, à saper les filaments invisibles les ayant vaguement retenu non loin l’un de l’autre depuis tout ce temps. Il prit une profonde inspiration, s’approcha d’un pas avant de s’arrêter. Il se rappelait soudain qu’elle ne tolérerait pas de rapprochement trop intense.
Compliqué.
Il baissa les yeux, ce afin d’être sûr que cette pitié dont elle refusait le moindre contact ne risque pas de l’effleurer, par mégarde. « Je suis un sorcier. La magie est l’essence et le cœur de mon existence, oui. Je suis né en elle, elle est née en moi, et ce jusqu’à ce que je rende l’âme. C’est comme ça. Et ça restera toujours comme ça. » L’arctique se releva pour se ficher dans l’or. « Toi… Toi, tu t’obstines à croire que j’te vois que comme ça… comme un putain « d’animal débile » comme tu dis. Pourquoi ? J’aurais laissé crever un animal débile, là-bas. J’t’aurais laissé crever sans me retourner, si j’t’avais méprisé comme tu crois qu’j’le fais. » Son soupir ponctua une relance amère, blasée : « Pourquoi est-ce que j’aurais utilisé mes pouvoirs sur toi ? Pour te faire mal gratuitement ? Pour le plaisir ? Tu m’prends pour un putain de psychopathe ? Bah libre à toi. Mais c’est pas comme ça qu’ça marche. » Plus il fréquentait ce genre de créatures, plus il remarquait l’aversion que ces dernières portaient non seulement à l’égard des humains, mais plus particulièrement des sorciers. Astaad en était un exemple magnifique, même si la concernant, il avait trouvé une explication plus que rationnelle pour justifier cet état d’esprit radical. Mais Hena ? Et le saurien du bayou ? Autant de questions demeurant sans réponse, mais l’expérience le voyait enfin expérimenter cette barrière infranchissable entre deux catégories de CESS bien plus souvent hostiles entre elles qu’alliées, de toute évidence.
« Peut-être que t’es déçue, Hena. Peut-être que ça t’aurait bien arrangé que j’te fasse du mal physiquement. Magiquement. » Il secoua la tête. « Je ne joue à rien. Je navigue à vue. » Il n’avait pas envie de la consoler. Il n’avait pas envie de la rassurer. Ni de lui apporter une justification supplémentaire : elle la lui aurait retourné tel un boomerang acide. Toutefois, il se sentit obligé de répéter : « Ce qui s’est passé cette nuit-là n’a rien à voir avec toi. Tu t’es retrouvée prise dans le flot, mais tu n’es responsable d’aucun des morts… » Leurs dissensions étaient si vastes que tout échange les voyant capables de se comprendre ou au moins de s’entendre lui paraissait vain. De qui venait le problème ? De lui ? D’elle ? Qu’est-ce qui faisait qu’ils étaient incapables de se comprendre, malgré sa sincère bonne volonté, même matinée d’une rugosité qu’il n’aurait pu refréner ? Las, presque vaincu, il siffla avec dépit :
« C’est toujours pareil, avec vous… C’est à se demander pourquoi vous ne restez pas terrés loin des villes… Chaque question devient prétexte à lever les yeux au ciel, à vous enfermer dans votre putain de silence, votre orgueil, votre mépris. Si le genre humain te mine autant Hena, alors qu’est-ce que tu fous ici, à Shreveport ? Qu’est-ce que tu fiches encore dans un endroit pareil ?! » Le crocodile, lui, avait au moins l’avantage de rester planqué au fond du bayou Carouge, dans lequel il ne risquait pas de remettre un jour les pieds. La singeant délibérément, il articula, ironique : « Alors à quoi tu joues, Hena ? »
Une phrase en particulier, ne passait pas.
— Une magie qui dirige la souffrance et la destruction, est-ce qu'elle mérite sa place ?
Un sourire plus narquois réapparut : « Tu te revendiques de la Nature, non ? La simplicité, la brutalité honnête hein ? Loin des putain de tours de passe-passe de nous, ô grands vilains sorciers. Mais depuis quand la Nature n’est-elle pas souffrance ou destruction ? Depuis quand la Nature n’est-elle que bonté, paix et volupté ? Les tempêtes, les tornades, les tsunamis et les orages, ce ne sont pas les miens qui en sont responsables. Le cannibalisme, le meurtre, le viol, c’est Votre sacro-sainte Nature qui nous les a appris, à nous, genre humain. La magie et la Nature sont indissociables. L’une ne fonctionne pas sans l’autre, et toi-même tu en es un pur produit. Alors qu’est-ce qui te fait vraiment peur ? »
Hypocrisie. Fumisterie. Il respirait avec une force décuplée par la tension ceignant son dos, à force de se tenir là : debout, raide, contracté par une mésentente sans fin, dont il ne tirait aucun plaisir. « Je suis là par obligation, oui. Parce que je m’attendais parfaitement à ce genre d’accueil. » Il nuança rapidement, roulant légèrement des yeux : « Enfin. En vrai, j’m’attendais largement à pire, c’est pour t’dire. » Il humecta ses lèvres et reprit, balayant rapidement : « Bref. J’en ai jamais rien eu à foutre de toi. On s’est juste… ratés dès le départ, ouais. J’crois. » Il en éprouvait un léger regret, que sa raison tâchait déjà de relativiser, de pousser loin de toute considération prioritaire.
« Mais encore une fois, je ne t’ai jamais demandé d’être reconnaissante envers moi. Je ne t’ai jamais balancé là en te demandant de fermer ta gueule. Mais t’as jamais posé de question, Hena. Tout c’que j’ai fait, c’était t’sortir de là. T’aurais préféré que j’t’y laisse ? C’est ça ? Ça aurait arrangé les choses, peut-être ? T’as l’air d’aimer croire qu’on te considère comme une merde. Seulement au passage, la seule qui s’auto qualifie de clébard, c’est toi. »
Toute à sa verve, son sourire goguenard à attendre de lui ce qui, aux yeux d'Hena, était une réponse logique aux provocations, son amusement méprisant quitta peu à peu ses lèvres quand elle vit Eoghan amorcer un pas vers elle. Sa fière assurance s'effondra en un claquement de doigts au seul mouvement de l'autre.
— Tu ne m'as pas déçue. Je n'ai jamais rien attendu de toi qu'elle murmura précipitamment, comme pour se convaincre elle-même de ses mots, acculée par sa propre surprise à se sentir piégée: parce que ce n'était pas vrai. Les réponses d'Eoghan ne faisaient pas sens dans son esprit. De quel côté se situait-il, au final ? Un moment de doute la prit. Il lui fallut se tenir au support réconfortant du canapé, à mesure qu'il parlait en des répliques qui le caractérisaient si bien... Eoghan n'avait eu de cesse de savoir répliquer d'une manière ou d'une autre, elle ne l'imaginait pas terrassé par des paroles, alors qu'Hena, elle, se mettait maintenant à prendre sa tête entre ses mains, écoutant ce qu'il aurait eu besoin de lui dire. Dans le noir de ses paupières, elle retenait ses émotions, sa rage incontrôlable, son désarroi, son sentiment vertigineux d'abandon et de perte, pour juste.. l'écouter.
C’est toujours pareil, avec vous… C’est à se demander pourquoi vous ne restez pas terrés loin des villes…
Sa tête roula contre ses paumes, un sourire animal dévoilant ses dents blanches.
— Tu ne sais pas ce que c'est... Ne parle pas, de ce que tu ne connais pas... menaça-t-elle en un souffle. Une brise dans la tempête, piaillement d'oiseau sous le trafic de la grande roue des civilisés, du vent, rien que du vent, comment pourrait-il écouter.
Inna lui avait dit : la nature ne prenait pas partie. Elle frappait au hasard, victime de sa propre physique, fatalité aussi belle que cruelle. Mais l'homme... l'homme avait ce besoin inhérent de trouver un sens aux actions, et par cela, de justifier de ses propres travers.
— Le don des hommes, Eoghan, ce n'est pas la magie, ça ne le sera jamais. Le don des hommes, c'est leur libre arbitre. Oui, j'avais le choix. De partir. Oui, Eoghan, j'ai pris la décision de rester pour des enjeux qui te dépasseront, sans aucun doute, parce qu'ils ne sont pas aussi vertigineux dans le prisme du pouvoir, pas suffisamment vitaux à tes yeux, j'imagine, mais ça n'a plus d'importance... La magie... je veux croire qu'elle s'exprime à travers ce qu'on cherche à en faire. J'ai peut-être tord, tu sais, j'ai fait tellement d'erreurs dans ma vie, aujourd'hui je suis simplement fatiguée... lui avoua-t-elle, redressant son visage d'où s'égaraient des cheveux humides. Elle lui décocha un autre sourire, fatalité à le voir en pleine force de l'âge, fier héritage d'une magie qu'il semblait vouloir porter aux sommets de son art, compte-tenu de son manque visible de remord après avoir catalysé les conséquences de cette nuit au Mall. Et pourtant, dans un coin de sa tête, Hena continuait de se demander pourquoi, comment.
— C'est si difficile de croire que j'aurais préféré que tu me laisses là bas ?
Peut-être que ça l'était, quand on avait un combat à mener, des projets à suivre. Peut-être, oui. Pourquoi fallait-il maintenant qu'il soit en colère de cette mésentente. Eoghan, ça t'étonne tant que ça ? Elle se laissa à soupirer, reposant son crâne contre le dossier du siège, consciente de sa vulnérabilité à présent.
— Tu avais raison de t'attendre à pire. Je rêvais de me transformer, tu sais, plonger mes crocs dans ta gorge pour te l'arracher... j'espérais bêtement que ça réglerait le problème, je me disais qu'après ça y aurait plus de risques, plus d'invocations de démons, plus de sacrifices inutiles, mais c'est con, ça continuera toujours à se produire au fond... c'est ce qu'on est, non ? Des êtres soumis à nos besoins. Et puis, qu'est-ce que je pourrais te faire ? Rien, des crocs, des griffes, ça se brise, sans problème... elle referma les yeux, se laissant bercer par le pouls qu'elle sentait battre à ses tempes. Cette lutte lui laissait, au fond, un sentiment d'épuisement qu'elle était prête à accepter
— J'ai pas de problème à me sentir clébard. On est tous des merdes, Eoghan. Tous. J'espère juste que ces morts en valaient le coup. Que tu as réussi à faire ce que tu voulais. Que tu es satisfait, maintenant.
Dans un grognement de lassitude, la renarde se força à se remettre debout. Elle avait l'air d'un vieil animal hagard qui rebondissait mal sur la logique des journées : son problème, c'est qu'elle n'échangeait pas assez : c'est qu'elle avait appris à quel point il était compliqué, voire impossible, de ranger les autres à sa cause. L'être humain avait cet esprit de contradiction particulièrement harassant. Mais au fond... au fond, il restait cette déception, celle de ne pas réussir à cerner l'autre, enfin le rattraper sur la roue des solutions, et ça... ça, Hena ne comprenait pas pourquoi elle ressentait ça.
Elle rattrapa l'enveloppe laissée sur la table, s'avança vers lui, la lui tendit.
— Reprends ton argent. Tu pourras en faire don à ceux qui en ont besoin. Moi, je le brûlerai. Ne le gâche pas.
Pour l'empêcher de réfuter sa demande, elle rattrapa ses mains, les dents serrés, déposant l'enveloppe entre ses paumes
— Garde. Garde-le. Tout ce que je te demande
Grave, il n'y avait aucun sentiment de proximité à son geste. Elle était bien trop épuisée pour écouter sa répulsion, encore plus pour fournir des efforts de violence qui ne lui semblaient servir à rien, ici, aujourd'hui.
Hena continuerait à voir Eoghan comme un jeune garçon vite grandi, protégé derrière sa fierté, shooté à une magie aussi toxique qu'un poison. Relâchant ses mains, il n'en fallut pas plus pour comprendre que ce qui était brisé le serait à jamais. Hena avait trop perdu, ce soir là. Il devait savoir que la prochaine fois qu'ils se verraient, ça ne serait plus dans les mêmes circonstances. Eux deux en avaient vécu suffisamment pour que le regret soit balayé, comme il se devait toujours de l'être quand on avait des objectifs à atteindre.
Elle laissa retomber ses mains. Ses prunelles avaient repris ce bleu accablant.
— Passe le bonjour à ta mère finit-elle par dire, avec une triste ironie. C'était difficile : d'aspirer à détruire l'autre quand on ne le détestait pas.
Eoghan Underwood
ADMIN ۰ Se faire péter la vitrine : bien plus qu'un métier, une passion. Featuring : Dramaking
⛤ SMALLTOWN BOY ⛤
"This is not the right way."
En un mot : Sorcier venimeux ondulé de la toiture. Gosse du bayou.
Qui es-tu ? :
"Let it spread like a disease."
⛤ Maître des arcanes, sorcier à l'essence écarlate. 37 ans de vice (et râles) et de chair corrompue. Manipulateur d'hormones, télépathe patenté.
⛤ Second, bras droit de Circé van derr Ven dans la secte de l'Irae. S'y démarque pour sa loyauté ciselée par les griffes de Morgan Leroy (missing). Mais les failles perlent.
⛤ Incube de Louisiane ; fils de ces terres marécageuses, du bayou poisseux et des routes cahoteuses. Né à Bâton-Rouge, n'a connu que Shreveport et les frontières de son État.
⛤ Né seul homme dans la famille des sorcières irlandaises Mulligan. Privé de père (tué) par la harpie noire : élevé par Sylia Mulligan, descendant du Rouge de sa grand-mère Julianna.
⛤ Cauchemar des femmes ; nourrit sa magie (Rougeoyante) des hormones sexuelles de ses partenaires, ainsi que des émotions primaires.
⛤ Traître à ses passions, criminel et meurtrier de Johanna Andros (missing). Pourfendeur d'amitiés, éternel débiteur, clébard soumis à ses attaches.
⛤ Ne vit que pour les Mardi-Gras de New Orleans ; caresse le rêve de s'y installer un jour dans son propre "shotgun", malgré le fantôme de Katrina.
⛤ Mystique, déchiré entre deux hommes : partagé entre le sorcier et l'humain, entre la sagesse et une ire destructrice. Le latin s'efface sans mal sous l'accent du Sud, coriace sous sa langue.
⛤ Commerçant du Downtown (Crawling life), antre de ses serpents vénérés, lézards et autres reptiles, dont il cède les corps, les soins et les cages de verre.
⛤ Pratique à l'arrière de sa boutique, dans un laboratoire farouchement défendu et protégé par les runes. Recèle secrets et savoirs, expérimentations douteuses et dangereuses.
⛤ Mauvais mentor. L'une de ses apprenties en a subi les conséquences. Guide de Morgane Wuntherson et d'Halina Meyer. Meilleur ami indigne de Vinzent Henkermann et cousin de Shannon Mulligan.
⛤ Pacte tissé avec Scox : Prince démon s'étant dissimulé derrière les brumes de Baal. Immortalité odieusement acquise, âme vouée à obéir et marcher aux côtés des Antiques. 38 ans d'âge réel ; 36 ans d'apparence.
⛤ ENAE VOLARE MEZZO ⛤
"I put a spell on you."
Facultés : ⛤ La Rougeoyante s'infiltre dans les corps et y bouleverse les hormones ; flèche apollonide : distille poison, fléau, mort, mais aussi fièvre rouge saphique. Chaos total.
⛤ Télépathe raisonnable : ne s'infiltre de préférence que dans les esprits des humains misérables. Capable de communiquer en pensée avec quiconque lui ouvre les grilles de son esprit. Savant fou ; capable désormais de connecter sa psyché aux êtres muets, cobras et crotales comme cobayes, corbeaux et autres créatures rampantes.
⛤ Herboriste né, sa maîtrise des potions n'a d'égale que celle de son mentor maternel. Capable d'élaborer des philtres complexes ; créateur infatigable de breuvages en tous genres.
⛤ La Rougeoyante se défend et protège son hôte plus férocement qu'elle n'attaque : limitée par la nécessité d'un contact physique. Sorcier doué au corps-à-corps, secondé par son aisance au maniement d'athamés et autres lames rituelles.
⛤ Chercheur d'artefacts, quémandé des Longue-Vies : détisseur de leurs malédictions et autres mauvais sorts.
Thème : The Way ⛤ Zack Hemsey.
⛤ VENGEANCE ⛤
"Before I die alone."
Pseudo : Nero
Célébrité : Ian Somerhalder.
Double compte : Sanford R. De Castro, Aliénor Bellovaque, Ian C. Calloway & Gautièr Montignac.
Ils n’avaient jamais rien eu à attendre l’un de l’autre. Tout était bien plus simple ainsi, de toute évidence. Pas d’attente. Pas de déception. Une simplicité à toute épreuve. Aucun enjeu. Simplement deux êtres qui ne pouvaient se supporter côte à côte, qui ne partageaient pas le moindre atome crochu, aucune synergie capable de les porter vers l’avant et de transcender leurs différences et leurs désaccords. Il y avait là un deuil à faire que le sorcier était prêt à effectuer depuis longtemps. Il se contenta de hocher la tête brièvement ; ce point-là n’était plus à discuter. Plus rien n’était à discuter. À la voir là, comme attaquée de front par des mots qu’il estimait bien inoffensifs, comme s’il lui infligeait là le plus terrible des maux, il en conçut une exaspération désabusée ; comme s’il se trouvait à dialoguer face à un mur, sourd, muet et aveugle, le voyant tourner en bourrique au bout du compte, ou ne jamais trouver réponse adéquate. Elle répliqua. Elle le confondait avec un homme avide de pouvoir, cramponné à des valeurs, des principes inutiles, incompréhensibles pour elle. La conversation était née stérile, et le demeurerait. C’était une certitude mathématique, à ce stade. L’aveu, cependant, eut pour mérite de laisser l’homme adouci, et peu enclin à une nouvelle joute agressive. Il baissa les armes avant même de les avoir sévèrement braqué à son encontre. Le sourire qu’elle lui donna comportait trop de mystères pour le pousser à s’aventurer sur une pente savonneuse. Et il n’était pas prêt à se risquer à l’interprétation des signes avec elle. Désemparé, ses yeux ne lançaient plus des éclairs, au moment de l’écouter confesser ses pulsions meurtrières à son encontre. L’amertume de la change-forme menaçait de le contaminer à tout moment. Il en eut peur. Il craignait trop de replonger tête la première dans le seau de sa culpabilité, qu’il se trimballait déjà suffisamment au quotidien. Il n’avait pas besoin qu’on lui fasse la morale, et toutefois il ne chercha guère à l’interrompre. La sagesse qui émanait de ses propos, pourtant parfois décousus, le réduisit au silence un temps. Il se contenta de baisser les yeux quelques secondes durant, moins pour la fuir que pour ne pas se trahir, ne pas laisser percer les failles qu’elle s’échinait à griffer, à en creuser les bords, l’air de rien. Elle se releva, et il sut que l’heure de se séparer était arrivée.
Lorsqu’elle s’approcha pour lui fourrer l’enveloppe légèrement enflée par les billets que le papier contenait, il tressaillit, tant le contact physique entre eux s’apparentait presque à un sacrilège. Même par ce biais, lui, si tactile d’ordinaire, en conçut une forme de gêne intense. La sensation d’avoir à faire là à une créature trop opposée à lui. Il serra entre les doigts la blancheur froissée, et le bleu croisa le bleu de nouveau. Il n’avait rien à répondre à la détresse affichée de la métamorphe. Pas de pardon à lui présenter. Aucune excuse capable de grimper jusqu’à ses lèvres. Tout lui semblait vain. Terriblement vain. Tout ce qu’il parvenait à penser, c’était à l’éventualité d’un affrontement entre eux. Si elle avait concrétisé ses rêves. Si l’appartement avait été la scène d’un conflit aussi sauvage que tragique. Deux CESS de plus se prenant à la gorge. D’une banalité à pleurer. « Je suis content de m’être trompé. »
Sylia resterait interdite. Il s’attendait déjà à son silence. Elle lui demanderait des explications qu’il lui fournirait. Elle ne répondrait rien, reprendrait l’argent, et disparaîtrait dans l’ombre de sa boutique, ou dans une pièce de sa maison. Quant à lui, il ne regretterait jamais de l’avoir sortie du Mall. Même s’il comprenait qu’insister sur ce point était une mauvaise idée. « J’espère que tu ne regretteras pas ta décision, alors. J’espère que tu trouveras ce que tu cherches, du côté des humains. » Il s’agissait d’adieux. Il n’était jamais à l’aise avec les au revoir, tout en refusant de voir se prolonger des moments, au mieux gênants, au pire douloureux. Ils n’avaient vécu que peu de choses de concert, mais suffisamment pour qu’il éprouve la morsure du regret. Celui d’être passé à côté d’une créature demeurant fascinante, malgré tout ce qu’elle suscitait de piquant et de colère en lui, parfois. Pour elle, il espérait surtout qu’ils ne se recroisent pas. Il recula, après lui avoir jeté un dernier regard.
« Les morts ne valent jamais le coup. Les sacrifices sont simplement… nécessaires, lorsqu’il le faut. Tu ne sais pas ce que c’est. », reprit-il, tristement ironique. Ne parle pas de ce que tu ne connais pas. Il ne la défierait pas. Il ne débattrait pas avec elle. Ce temps était révolu, et il se rapprocha de l’entrée. Il en avait terminé, avec elle. « Au revoir, Hena. » Il lui tourna le dos au dernier moment, s’échappant de l’appartement pour rejoindre le couloir, faire disparaître l’enveloppe comme on fourre sous le tapis les non-dits, comme on cadenasse les squelettes dans les placards. Il repartit la poitrine alourdie de cette sensation d’inachevé, de gâchis et de cendres dans la bouche. Il ne se retourna pas, ne tenta pas, une fois en bas, de lever les yeux vers les fenêtres pour la chercher et la trouver peut-être aux aguets. Désormais insensible au calme de Western Hill, il laissait son esprit bourdonner, encore plongé dans l’échange détestable qui venait d’avoir lieu. Il réalisa que la mort n’avait cessé de planer, chaque fois qu’il avait eu à se confronter à Hena Hicks. Tout en marchant, il se demanda si, d’aussi loin que la femme plus si jeune foulait cette terre, cette aura de tristesse et de résignation hargneuse l’avait toujours accompagnée. Et, par ailleurs, si elle l’accompagnerait ainsi jusqu’au bout.