En un mot : Chasseur et Fils d'Abraham. Foi, Ferveur, Fardeau.
Qui es-tu ? :
"You never thought we'd go to war,
after all the things we saw."
✞ Deuxième fils d'une fratrie de trois. Cadet d'une famille de chasseurs aux traditions transmises par les pères d'aussi loin que la mémoire puisse remonter, dans les forêts d'Europe de l'Est ; racines plantées aux environs de Prague.
✞ Il tue les monstres, et particulièrement les Longue-Vies, Grandes-Dents ou fils de Caïn, qu'importe le nom qu'on leur donne : ennemi des vampires comme des lycanthropes, lorsque son frère aîné requiert son aide.
✞ Naissance à Boston, la cité-bloc balayée par les vents de l'Atlantique. Ville délaissée pour la chaude et discrète Baltimore, dans le giron des brumes de Poe. Ville adoptée, chérie comme Washington D.C.
✞ Sportif de toujours, ancien étudiant modelé par les matchs, les courses et les sauts ; a décroché une bourse pour l'université et n'a jamais cessé de tailler ce corps solide et agile lorsqu'il le faut.
✞ Il a prêté serment : docteur vouant son existence au soin des hommes, des femmes, des vieillards et des enfants. Confident de tant d'inconnus qu'il en a parfois le tournis, rassure et prescrit, soutient infirmières et collègues. Mains assez robustes pour soutenir un grand gaillard mais assez tendres pour préserver un nouveau-né.
✞ Pilier des Calloway ; homme réputé pour sa dignité, sa réserve et ses colères froides. Gardien de tous les secrets, jusqu'au plus purulent. Cherche à préserver les fondations du clan par tous les moyens, malgré les humeurs des uns et des autres.
✞ Médecin de mort, employé pendant plus de dix ans au WFC, organisme financé par les bourses du PASUA pour expérimenter sur les hommes abandonnés par leur raison, comme sur quelques CESS (les limites de l'esprit et du corps). Vie de fuyard depuis l'effondrement du site et la mort de son collègue et ami, assassiné par leur Némésis.
✞ A recueilli sa nièce Nova Calloway, en conflit permanent avec un père vétéran du 11 septembre et une mère aux abonnés absents. L'a arraché aux gratte-ciel de New York pour Baltimore, et désormais Shreveport. Non-dits, et silences douteux.
✞ Espère trouver anonymat, soutien et protection à Shreveport, entouré d'anti-surnats, et passe sa vie à esquiver les conséquences d'une décennie de péchés, que son Dieu est pourtant censé tolérer. En attente du regroupement des Calloway en Louisiane.
✞ N'aime que la ville. Il hait le soleil et l'humidité permanente qui s'abattent sur tous les États du Sud, pour lesquels il ne voue absolument aucune affection. En recherche de repères, passant d'un quotidien presque insouciant à un bras de fer de tous les instants.
✞ Tempérance et liberté. Aime le genre humain, de ses défauts les plus anodins aux tordus dont il questionne les esprits (poursuivre l'œuvre commune le liant à Carl Weiss). Horrifié par le monde dans lequel il vit, sans se résoudre à lâcher prise sur les démons à combattre.
✞LAST MAN STANDING✞
"Tomorrow never comes until it's too late."
Facultés : ✞ Formé au maniement des armes à feu en tout genre : armes de poing comme armes lourdes, si les circonstances l'exigent.
✞ Ne craint pas le corps-à-corps ni les combats à l'arme blanche, même s'ils ne suscitent aucune appétence en lui.
✞ Chasseur respectueux des traditions de son clan. Arme traditionnelle : arbalète aux carreaux d'argent. Terrain de prédilection via les chasses en hauteur et les pérégrinations casse-gueules sur les toits.
✞ Porteur d'une Foi qui guide son bras et protège sa chair vulnérable. Croyant tâchant de ne pas trébucher.
Thème : Unbreakable ✞ James Newton Howard.
✞ I AM A GOD ✞
"That's our cosa nostra."
Pseudo : Nero
Célébrité : Thomas Kretschmann.
Double compte : Eoghan Underwood, Sanford R. De Castro, Aliénor Bellovaque & Gautièr Montignac.
Nuit noire, étoiles mortes. Les rideaux flottent à peine. Le maigre interstice d’une fenêtre laisse passer un brin d’air, une brise les agitant sans heurt. L’obscurité est quasi-totale, et pour cause : le soir est déjà tombé. Dans la pénombre d’une chambre de motel, Ian Calloway ouvre ses yeux, encore brûlés par la poussière, par la sueur ayant agressé les muqueuses. Il prend une immense inspiration, forçant sur ses poumons contrariés. Il lui faut quelques longues secondes pour se souvenir.
Le retour.
La longue et pénible descente, progression compliquée jusqu’à la voiture. La soutenir. Trébucher, sans cesse, sur la rocaille. Glisser sur la mousse, se faire gifler par les branches. Le poids de l’arme, du sac, du matériel dérobé au centre tortionnaire. Lorsque la carrosserie opaque de la berline a brillé sous la lune précédant l’aube, il n’a pas hésité à adresser une prière de plus à Dieu. Il avait allongé Dana à l'arrière, et c’est ensemble, vivants, qu’ils s’en étaient allés, reprenant le chemin long, sinueux et dessiné en tête d’épingle. Ils ont fui l’aura de mort, stérile et terrible, qui a réussi à imprégner jusqu’aux conifères alentours, jusqu’à la moindre petite parcelle de forêt. Tout devrait être réduit à néant par le feu, songe-t-il. Des cendres, peut-être quelque chose pourrait-il s’extraire. Dans dix, vingt, cent ou un millier d’années. Une fois les âmes au repos. Une fois les tueurs, les docteurs, disparus, et ce pour de bon. Lorsqu’il ne resterait plus personne à traquer. Il avait conduit, les mains nerveuses, obsédé par l’idée d’avoir un accident, de faire une sortie de route, de rater un virage. Il ne se le serait jamais pardonné. Il avait gardé les mâchoires serrées, passant et repassant sans cesse dans son esprit les images, les sons, les hantises et les réminiscences de leur expédition folle, inconsciente, dans un état de transe terrible, lui permettant de sentir pulser ses veines, de ses tempes jusqu'au creux de ses poignets. Il ne comprenait pas encore qu’ils avaient réussi. C’était trop beau. Régulièrement, il avait jeté des coups d’œil dans le rétroviseur pour surveiller la hackeuse qu’il espérait bien voir s’endormir, céder à l’oubli. Il avait roulé jusqu’à ce que le ciel se colore de rose et d’ambre, les arrêtant dans un motel de plus. Il l’avait soignée, s’était assuré que tout irait bien pour elle, puis il l’avait laissé, pour rejoindre la chambre voisine. Une simple paroi les sépare donc. Il guette alors, cherche à percevoir un son depuis l'autre côté, un bruit de pas, quelque chose pouvant lui faire croire que la jeune femme bougeait, se déplaçait, voire même regardait la télé, qui sait.
La télé. Comme si elle allait être d’humeur, tiens.
Il tire aussitôt sur la lampe de chevet, diffusant une lueur orangée agréable. Il paraît sortir de si loin. Le sommeil dans lequel il s’est abîmé tout le jour durant l’a vu protégé de tout rêve, qu’il soit plaisant ou traumatique. Il a sombré. Et il espère sincèrement que Dana a fait de même. Il se sent lourd, et pourtant son estomac est vide, crie famine. Lorsqu’il redresse son corps nu et fourbu, c’est pour une rapide toilette de chat, avant de passer des vêtements propres, pensant encore au plaisir d’une douche déraisonnablement longue, le délestant de l’odeur, de la crasse, de tout ce qui le rendait immonde. Peut-être l'une des plus agréables de sa vie. L’excuse d’un trek un peu intense avait suffi à convaincre la réceptionniste du motel, un peu impressionnée, mais lui a au moins épargné les questions techniques et indiscrètes. Il termine de boutonner une chemise immaculée – le besoin de se sentir impeccable, jusqu’au bout des ongles – , passe un jean, sa veste, puis enfile ses chaussures pour récupérer ses clefs de voiture, son portefeuille enfoncée dans sa poche arrière. Il y a urgence, désormais. Il ne prend pas la peine de frapper chez Elle. Pas encore. Les quarante-cinq minutes qui suivent le voient concentré sur le nettoyage de la berline. Il n’oublie rien, mû par l’habitude. Du parebrise aux tapis de sol, de la banquette arrière aux sièges conducteur et passager. Du coffre au toit, et aux pneus. Il frotte, shampouine. Il s'absorbe complètement. Sous l’eau mousseuse qui s’écoule, dégouline jusque sur le goudron noyé qui l'entraîne et la fait disparaître, sous le flux furieux de l’aspirateur capturant le moindre brin, grain, gravillon, il nettoie. Aucune trace ne doit perdurer. Aucune.
Soldes. Tout doit disparaître.
Il est vingt heures trente passées lorsqu’il revient au motel, et cette fois c’est devant Sa porte qu’il s’arrête. Un sac assez conséquent serré contre lui, il hésite, se demande s’il a le droit de l’importuner maintenant. Ils sont censés reprendre la route à l’aube. Il ne sert à rien de conduire cette nuit. Ils ont bien gagné de quoi voler quelques heures de sommeil supplémentaires, après tout. Mais depuis ce matin, il ne l’a pas vue. Il ignore dans quel état physique et psychologique elle se trouve. Il ignore comment elle parvient à digérer les événements : ce qu’ils ont vu, entendu, ce qu’elle a subi, ce dont il l’a délivrée, ce qu’elle a compris, ce qui reste flou, les hommes alertés et le matériel dérobé. Il ne veut pas se cacher, prétendre que rien d’extraordinaire ne s’est passé. Il veut qu’elle se sente libre de l’interroger, ou au contraire de plonger la tête dans le sable. Et, par-dessus tout, il veut savoir qu’elle ne souffre pas, ou peu, veut qu’elle se remplisse le ventre, et il espère que le fumet fleurant le poulet rôti, les frites et tout ce que contient le sac en papier encore chaud, sauront trouver grâce à ses yeux. Presque intimidé, il finit par lever la main, serre lâchement le poing puis cogne contre le battant, à trois reprises. Il baisse la tête, s’attendant à tout, et même à ce qu’elle l’envoie balader. Peut-être qu’elle lui en veut. Peut-être qu’elle compte bien se démerder pour rentrer toute seule à Shreveport. Peut-être que la rancœur la dévore déjà. Peut-être qu’elle le dénoncera.
« Hey... C'est moi. C’est Ian. »
Et après ? Elle ne l’a pas déjà assez vue, sa sale gueule ces derniers jours ? D’abord compagnon de route imbuvable, mutique et bourru, transformé en chef de mission au passé encombré, aux casseroles qui s’emboîtent avec une aisance confondante, bien que nombreuses. Mengele, chasseur, tueur, mitraillant ce qui risque de bouger, s’adressant aux esprits des morts, fanatique religieux et il pourrait continuer encore longtemps d’égrener les titres peu flatteurs le concernant. La liste est longue.
« Je venais pour savoir si tu allais bien. »
Mais qu’est-ce qu’il croit ? Qu’elle est prête à se remettre à geeker dans son petit cybercafé de province, comme si de rien n’était ? Il devrait arrêter de penser que, comme lui, tout le monde peut se remettre aisément d’une telle expérience. Parce que ce n’est pas le cas. Ce n’est clairement pas le cas. Il doit arrêter de croire que ses exigences sont honnêtes, que les Calloway font figure de banalité. Il doit arrêter de croire que ses critères sont justes. Ils ne le sont pas.
« J’ai… J’ai de quoi refaire le bandage, pour ton épaule. Et j’ai pris de quoi manger, si tu as faim. »
Et en plus, il s’imagine qu’elle voudrait tailler le bout de gras en dînant à ses côtés comme s’ils s’étaient contentés de faire une transaction banquière tout ce qu’il y a de plus classique. De mieux en mieux. Ou de pire en pire, selon comment on voyait les choses. Elle ne lui doit rien. Il ne la paye pas pour ça. Ils doivent en rester à des rapports strictement professionnels, car c’est la seule chose qu'il leur reste à faire, désormais. Se comporter normalement, et se quitter à Shreveport, une fois le dernier centime payé.
« Je peux laisser tout ça sur le seuil, si tu préfères… On n’est pas obligés de… »
De faire quoi ? De faire comme s’ils n’avaient pas passé la nuit dernière à courir pour sauver leur peau ? De faire comme s’il ne l’avait pas entraînée dans un enfer qui la parasiterait jusqu’à la fin de ses jours ? On n’oublie pas comme ça le Waverly Falls Center, même moribond. La bâtisse reste ancrée, son empreinte gravée en vous. De son âge d’or jusqu’à sa fin, le centre a gardé cette sorte d’aura propre aux lieux où il se trame des événements dont le poids ne peut faire aucun doute. Il se racle la gorge, se sentant obligé de rajouter une chose. Une dernière chose.
« Je ne veux pas te déranger. »
code by EXORDIUM. | imgs by tumblr
Last man standing
Dana Campbell
4B53NC3 - Have you ever considered piracy ? PS : J'ai les mollets concaves. CONCAVES !
Always code as if the guy who ends up maintaining your code will be a violent psychopath who knows where you live
En un mot : Mésadaptée
Qui es-tu ? : -
Propriétaire du ArtSpace
Electro-aimant à CESS
Geek
Codeuse émérite
Hackeuse
Socialement inapte
Presbyte
Vieille fille impulsive mais ultra riche sans que personne ne le sache.
Facultés : -
Craquer des codes.
Hacker des programmes.
Dénicher des choses.
Être étrange.
Ne pas se faire chier.
Être une bonne patronne.
Courageuse au mauvais moment.
Dana s’essuya machinalement les yeux avant de se lever du lit et d’aller répondre à la porte. Elle ouvre doucement, vêtue uniquement d’un trop large t-shirt enfilé étrangement, et répond :
- Tu ne me déranges pas. C’est juste que… Elle pousse un long soupir et ouvre la porte plus grande pour le laisser entrer et refermer derrière lui.
Une douce odeur de gel douce à l’orange sanguine planait dans la chambre, à peine couverte par le fumet du tabac de qualité qui était éteint depuis une heure ou deux, la cigarette écrasée dans un cendrier au logo du motel aucunement luxueux dans lequel ils avaient atterri il y a à peine 16 heures.
Atterrissage qu’elle avait manqué, d’ailleurs.
À peine consciente, les derniers efforts elle les avait conservés pour dévaler cette putain de pente qui lui avait semblé plus agréable à gravir qu’à redescendre. Cette impression d’avoir les feux de l’enfer aux trousses. Pas un mot, que le bruit de cette course hasardeuse et de leurs souffles court. Elle en perd des morceaux, de cette descente. Pourtant, elle se souvient bien de cette branche qui lui fit une estafilade sur la tempe et le mollet douloureux sous l’effort. Une fois allongée, planante, épuisée, elle se laissa balloter sur le siège arrière de la berline pour sombrer. Refaisant surface sous les pointes de douleurs, elle ne souvient de rien. Pas qu’il l’avait transporté, rafistolé et laissé tranquille dans une chambre d’un motel de son choix.
Dana avait émergée des heures plus tard. Si lui avait eu un sommeil sans perturbation, celui de la jeune geekette lui avait laissé un gout amer en bouche. Nauséeuse, c’est avec sursaut effrayé qu’elle s’éveillât soudainement en cherchant son air, dans ses vêtements de la nuit. Le cœur palpitant, les cheveux en bataille, l’odeur du WFC collant à sa peau, elle prit quelques secondes pour observer la pièce puis se diriger vers la douche. Sortir de ses vêtements sales lui avait donné l’effet d’un diachylon qu’on arrache dans l’espoir de s’épargner une longue agonie. Son épaule blessée l’empêchant de faire les trucs normalement, elle avait serré la mâchoire pour se sortir de chaque épaisseur de tissus. Elle s’arrêta quand, de son sous-tif sportif, tombèrent sur le carrelage frais de la salle de bain les deux disques SSD plats et compacts qu’elle gardait précieusement contre son cœur depuis tout ce temps. Soulagée, se rappelant sa mission, elle les ramassèrent pour les déposer précieusement sur le rebord de l'évier.
Cette douche aurait pu durer deux heures qu’elle y serait peut-être restée encore un peu. Faisant attention à sa blessure le mieux qu’elle le pouvait, la jeune femme resta sous l’eau à frotter la moindre parcelle de son corps avec cette odeur rassurante qu’elle avait amené avec elle. Shampoing du motel, mais rien ne pouvait remplacer ce tube de gel douche format voyage de sa marque préférée. Elle en avait un carton rempli dans son appart. Un autre secret bien gardé de la future propriétaire de l’ArtSpace.
C'est les cheveux toujours mouillés, enroulés dans une serviette de bain en guise de robe que Dana accueillit avec soulagement la vue de son sac et qu’elle s’installa avec son meilleur ami, son ordinateur portable, à la petite table pour deux, devant la fenêtre aux rideaux tirés. Vérifier si tout était en ordre. Vérifier que son monde tournait toujours. Avertir qu’elle était toujours en vie à son second d’équipage. S’assurer que les disques durs qu’elle avait protégés contre elle en valaient toujours la peine.
Puis son bras l’élançait, lui faisait mal. Le coude plié à 90 degrés et les doigts qui pianotent déclenchaient des pointes de douleur de sa blessure qui pulsait de plus en plus. Un coup d’œil pour remarquer une légère coulisse de sang glissait le long de son bras des points de suture. Elle grogna, frustrée d’être ainsi handicapée, puis remarqua soudainement un truc : aucune trace de Ian. L’option qu’il l’ait abandonné une fois l’avoir soigné lui semblait ridicule, bien que pas impossible. Décidée à contre-vérifier son hypothèse, Dana se leva prestement, parée à s’habiller pour s’assurer qu’il ne l’avait pas laissé en plan que maintenant, cette mission de malheur était terminée…
… ou presque.
Et c’est ainsi qu’elle se retrouva en larme.
Devant Ian Calloway, l’homme d’action, qui avait gardé sa promesse de la ramener en vie, une Dana aux yeux rougit, à la mine un peu pâle, vaincue par son large t-shirt.
Elle avait difficilement enfilé sa culotte noir type mini shorty de coton. Cela lui avait pris beaucoup trop de temps, handicapée par son épaule de plus en plus douloureuse. Un regard menaçant sur son jeans serré n’avait pas aidé à ce qu’il se remonte seul et se boutonne par magie. C’est en s’attaquant à son t-shirt trop large et gris qu’elle s’avoua vaincue ; seulement un bras sorti l’autre restait obstinément coincé dans le t-shirt. Le soulever était trop douloureux. Puis elle ragea, incapable d’y arriver. Puis elle pleura d’être coincée dans son t-shirt. Elle s’écroula finalement, épuisée sur le dessus du grand lit, une seule solution : appeler la réception du motel.
Elle lui faisait donc face, totalement gênée par cette situation stupide, une bouteille de Jack Daniel’s à la main, une tache de sang sur son épaule blessée, imbibé dans le tissus du chandail, son bras coincé dans celui-ci.
- Avant que tu me le demandes, oui, j’ai pleurée. Oui ça va. Non, enfin… oui, mais parce que je… Son menton tremblota. Qu’est-ce que c’était ridicule ! Il allait la trouver complètement débile. Du moins, encore plus débile. … je… C’était flagrant qu’elle était en douleur et bloquée dans son chandail. La geekette baissa le menton et avoue, honteusement : … Je suis coincée ainsi. Je n’arrive pas à enfiler mes fringues. Ça fait plus d’une heure que je suis comme ça. Je crois que j’ai des points qui ont lâché à force d’essayer, mais… , Mais oui, tu as préféré t’obstiner au lieu de demander de l’aide. … je ne voulais pas que tu… enfin… je… Moue boudeuse, ses cheveux cache son visage un instant quand, de son autre bras valide elle lève la bouteille d’alcool entamé pour essuyer ses yeux larmoyants du revers de sa main disponible. … Tout ce que j’ai trouvé utile à faire c’est d’appeler le type louche de l’accueil et lui demander, contre un pourboire scandaleusement élevé, de m’amener deux bouteilles d’alcool d’un vrai format. Pas un truc de lilliputien comme dans le minibar de la chambre.
Elle pousse un long soupir. Rassemble son courage. Les émotions mélangées par l’adrénaline qui ne la soutient plus et la douleur plus vive après ses efforts inutiles. L’alcool aidera à catalyser le tout. Assurément. N’est-ce pas ?
Au secours !
- Bref. Je suis contente que tu ne m’aies pas abandonné ici parce que je serais probablement morte de honte d’avoir à demander à la femme de ménage de venir m’aider à… enfin… j’imagine que j’aurais réussi après un certain temps… Je ne pensais pas que ça serait aussi handicapant, je ne suis pas habituée à… enfin, tu me diras que rien de ce que l’on a fait depuis 24 heures était dans mes habitudes, mais là, ce n’est pas comme si… Tu vois ? C’est… euh…
Elle pointa les disques durs sur la petite table à côté de son ordinateur en marche, qui roulait des protocoles codés illisibles, du bout de la bouteille.
- Et tout est en ordre avec ceux-là. Tu pourras les récupérer. Je te conseille de faire une copie, peut-être 2 ou 3 et de les poster ailleurs, ou de les cacher à des endroits stratégiques. Je peux aussi te garder une version virtuelle quelque part en sécurité, au cas. Sans oublier que…
Que quoi ? Qu’il t’ait sortie de là vivante ? Qu’il t’ait sauvé la vie ? Et plus d’une fois cette nuit ? Que… merci ?
Dana secoua la tête. Inspire. Puis leva son regard sur lui après une pause. Elle remonte ses lunettes avec un cliquetis du verre de la bouteille contre la monture, comme si rien ne pouvait entravé ses réflexes. Ses prunelles bleues affronte enfin les siennes.
- Parfait pour refaire le bandage. Je pense que ce sera nécessaire et ensuite, si tu pouvais juste m’aider à… boire cette bouteille et… enfiler mon t-shirt, s’il vous plait ?
Au secours !
Ian C. Calloway
Fear is the mind killer
✞ PAINT IT BLACK ✞
"Tomorrow is another day,
Today is another bomb."
En un mot : Chasseur et Fils d'Abraham. Foi, Ferveur, Fardeau.
Qui es-tu ? :
"You never thought we'd go to war,
after all the things we saw."
✞ Deuxième fils d'une fratrie de trois. Cadet d'une famille de chasseurs aux traditions transmises par les pères d'aussi loin que la mémoire puisse remonter, dans les forêts d'Europe de l'Est ; racines plantées aux environs de Prague.
✞ Il tue les monstres, et particulièrement les Longue-Vies, Grandes-Dents ou fils de Caïn, qu'importe le nom qu'on leur donne : ennemi des vampires comme des lycanthropes, lorsque son frère aîné requiert son aide.
✞ Naissance à Boston, la cité-bloc balayée par les vents de l'Atlantique. Ville délaissée pour la chaude et discrète Baltimore, dans le giron des brumes de Poe. Ville adoptée, chérie comme Washington D.C.
✞ Sportif de toujours, ancien étudiant modelé par les matchs, les courses et les sauts ; a décroché une bourse pour l'université et n'a jamais cessé de tailler ce corps solide et agile lorsqu'il le faut.
✞ Il a prêté serment : docteur vouant son existence au soin des hommes, des femmes, des vieillards et des enfants. Confident de tant d'inconnus qu'il en a parfois le tournis, rassure et prescrit, soutient infirmières et collègues. Mains assez robustes pour soutenir un grand gaillard mais assez tendres pour préserver un nouveau-né.
✞ Pilier des Calloway ; homme réputé pour sa dignité, sa réserve et ses colères froides. Gardien de tous les secrets, jusqu'au plus purulent. Cherche à préserver les fondations du clan par tous les moyens, malgré les humeurs des uns et des autres.
✞ Médecin de mort, employé pendant plus de dix ans au WFC, organisme financé par les bourses du PASUA pour expérimenter sur les hommes abandonnés par leur raison, comme sur quelques CESS (les limites de l'esprit et du corps). Vie de fuyard depuis l'effondrement du site et la mort de son collègue et ami, assassiné par leur Némésis.
✞ A recueilli sa nièce Nova Calloway, en conflit permanent avec un père vétéran du 11 septembre et une mère aux abonnés absents. L'a arraché aux gratte-ciel de New York pour Baltimore, et désormais Shreveport. Non-dits, et silences douteux.
✞ Espère trouver anonymat, soutien et protection à Shreveport, entouré d'anti-surnats, et passe sa vie à esquiver les conséquences d'une décennie de péchés, que son Dieu est pourtant censé tolérer. En attente du regroupement des Calloway en Louisiane.
✞ N'aime que la ville. Il hait le soleil et l'humidité permanente qui s'abattent sur tous les États du Sud, pour lesquels il ne voue absolument aucune affection. En recherche de repères, passant d'un quotidien presque insouciant à un bras de fer de tous les instants.
✞ Tempérance et liberté. Aime le genre humain, de ses défauts les plus anodins aux tordus dont il questionne les esprits (poursuivre l'œuvre commune le liant à Carl Weiss). Horrifié par le monde dans lequel il vit, sans se résoudre à lâcher prise sur les démons à combattre.
✞LAST MAN STANDING✞
"Tomorrow never comes until it's too late."
Facultés : ✞ Formé au maniement des armes à feu en tout genre : armes de poing comme armes lourdes, si les circonstances l'exigent.
✞ Ne craint pas le corps-à-corps ni les combats à l'arme blanche, même s'ils ne suscitent aucune appétence en lui.
✞ Chasseur respectueux des traditions de son clan. Arme traditionnelle : arbalète aux carreaux d'argent. Terrain de prédilection via les chasses en hauteur et les pérégrinations casse-gueules sur les toits.
✞ Porteur d'une Foi qui guide son bras et protège sa chair vulnérable. Croyant tâchant de ne pas trébucher.
Thème : Unbreakable ✞ James Newton Howard.
✞ I AM A GOD ✞
"That's our cosa nostra."
Pseudo : Nero
Célébrité : Thomas Kretschmann.
Double compte : Eoghan Underwood, Sanford R. De Castro, Aliénor Bellovaque & Gautièr Montignac.
Precious and fragile things Need special handling My God what have we done to you?
Dana Campbell apparaît. Sa mise lui semble aussitôt comme anormale, et il comprend vite pourquoi. Ses propres épaules s’affaissent, tandis qu’il réalise que le tableau dépeint dans cette embrasure de porte s’apprête à confirmer ses pires craintes. Elle se recule pour lui laisser le passage, mais il met du temps à entrer, à pénétrer dans cette chambre à laquelle il n’avait accordé que peu d’attention, le matin même. L’odeur du gel douche le prend aussitôt aux narines. Ce n’est pas désagréable, loin de là, à l’égal du tabac qui n’empuantit pas encore l’air ambiant. Il cherche rapidement son épaule du regard, et remarque donc que le t-shirt s’est bel et bien coincé, la laissant paralysée dans une posture ridicule, mais dont il n’a bien évidemment pas le cœur à se moquer. Elle avait pleuré. Il sait reconnaître les muqueuses enflammées, typique d’une crise de larmes. Elle va mal. Sa culpabilité le mord de plus belle, et il s’empresse de déposer le sac friable sur la première table à portée, pour mieux refermer le battant derrière lui, les protégeant des éternelles curiosités pouvant émaner du parking à quelques mètres. Puis, le déversoir. Dana se répand, se lamente, parle et sanglote sans larmes. Ou du moins… presque sans larmes. Il voit le bord de ses yeux briller de nouveau, même si elle fait tous les efforts du monde pour le lui cacher. Impuissant, il assiste à cette confession, pétri d’incertitudes, de la volonté de bien faire, de ne pas la heurter davantage. Il n’est pas Sasha. Il ne traite pas les larmes par-dessus la jambe, malgré ses propres sarcasmes, son propre cynisme. La situation est bien trop particulière. Bien trop délicate. Et elle est si jeune. Leur conversation de la veille, dans la voiture, lui revient instantanément. Elle le moquait, lui et ses manières à l’ancienne, désuètes oui, pour une fille de son âge. Pourtant, il n’en démord pas. Vingt ans les séparent, et si elle s’amuse à en nier l’évidence, pas lui. Il se passe beaucoup de choses, en vingt ans. Il se rappelle à peine de lui à la même époque. Alors, prudent, il s’approche d’elle, après n’avoir accordé qu’un bref coup d’œil sur les disques durs qu’elle lui a montré. Ils n’ont aucune importance, en cet instant précis.
« Ça va… Ce n’est pas grave. » Comment approche-t-on une créature pareille, désormais ? Il ne la connaît pas. Ils ont vécu un cauchemar ensemble dont il se demande à quel point les contours en sont réels. Il n’arrive pas à réaliser qu’ils se tiennent là, dans cette chambre de motel correcte mais sans plus, auréolés d’un décor si normal, si terriblement, délicieusement propre à côté de la merde qui les a entourés la nuit dernière. Prenant une grande inspiration, comme pour se donner courage, il s’avance vers elle et, du bout des doigts, frôle le bras valide pour la pousser vers le lit. « Assieds-toi. Je vais t’aider. » Aidé par leur posture respective, il manie avec précaution le tissu pour, centimètre après centimètre, le faire coulisser le long du bras blanc. Il peut sentir le velouté, la soie sous ses phalanges. Lorsqu’enfin le t-shirt passe, la couvrant cette fois correctement, il s’accorde un sourire de victoire, qu’il lui adresse autant qu’à lui-même. « Là. On n’en parle plus. » En revanche, d’autres choses restent à évoquer. Des choses qui le préoccupent, qui le surprennent même largement. Il se décale et se laisse tomber sur le matelas tout près d’elle, entendant le bruit caractéristique des ressorts se déclencher sous son poids. Le visage tourné dans sa direction, il remarque les arabesques rouges tracées par quelques gouttes éparses rebelles, là où la balle a heurté la chair. Il lui refera des points.
« Tu pensais vraiment que j’allais t’abandonner ici ? Ou c’était une façon de parler ? » Il la sonde le plus sérieusement du monde. Qu’elle ait pu penser cela l’horrifie. Il se demande d’où provient ce manque de confiance subit, tandis qu’elle l’a suivi mille fois dans le centre de torture, sans même se poser de questions, ni jamais lui désobéir. « Je ne t’aurais jamais laissé. On respecte notre arrangement jusqu’au bout. D’accord ? On rentre ensemble à Shreveport. Comme c’était convenu. » Son bras s’étire, jusqu’à entourer les épaules de Dana avec précaution, mais aussi une certaine chaleur. Il ne sait pas s’il a bien le droit de se montrer aussi familier, mais c’est tout lui, ça. Une fois certaines barrières tombées, il lui en a toujours beaucoup coûté que d’en revenir à des distances froides et rigides. « Tu as été très courageuse, là-bas. Tu as… tu as été mieux que bien, tu… Tu as été parfaite. » Le bleu océan se noie dans le translucide des orbes féminins. Il retire son bras, pour ne pas l’incommoder ni faire pression sur le membre blessé mais son regard, lui, ne la quitte pas. « Tu as obéi. Tu as couru. Tu as tenu bon et tu as fait preuve d’une grande force. On a fait ce pourquoi on est venus là-bas. Tu aurais pu me planter je ne sais combien de fois, mais tu es restée et tu as tenu ta parole. Alors pourquoi n’aurais-je pas tenu la mienne ? »
Il désigne la bouteille du doigt. « Ça, c’est une très bonne idée. Mais j’ai laissé de quoi faire des soins dans la salle de bain. Alors si tu veux picoler, tu peux être tranquille et descendre tout ce que tu veux. De toute façon, c’est moi qui conduis demain. Ce qui ne m’empêchera pas de t’aider, on est bien d’accord. » Il sourit avec aménité puis se relève, pour mieux se rapprocher de la table et sortir la nourriture du sachet. « Il faut d’abord que tu manges. J’ai pris du poulet rôti… des frites, de la salade… J’ai aussi pris des desserts, même si j’savais pas ce que t’aimais, mais un peu de sucre rapide ne peut pas te faire de mal… » Il brandit presque fièrement des muffins qui rejoignent le tout. Quant aux disques qui traînent un peu plus loin, il reprend enfin sérieusement en les désignant d'un mouvement de tête. « Merci. Je pense que des copies ne seront pas négligeables, en effet… L’idée d’une version virtuelle… me plaît et en même temps… est-ce que c’est vraiment sécure ? Il n’y a pas un risque de… fuites, ou je ne sais quoi ? » Il se montre honnête, incapable d’établir un diagnostic fiable en la matière, quêtant son approbation, ses conseils. Il se souvient alors de la hackeuse blottie sous le bureau, occupée à triturer câbles, fils, données, tordue en tous sens. « C’était impressionnant, en tout cas. Te voir, comme ça… Comme si tu avais fait ça toute ta vie. Moi je serais resté… tellement con, sérieusement. Je ne sais pas comment tu as accumulé tout ce savoir, mais je trouve ça… incroyable. » Surtout à son âge. Mais cela, il ne le dira pas. Il craint de la vexer, de l’offusquer. Il tire deux chaises pour les caler près de la table, tout en demandant, cette fois sans oser la fixer : « Et… hormis cela, comment tu te sens ? Tu… En fait, tu vois, toi tu pensais que je pouvais me barrer sans toi, et de mon côté j’me dirais que tu voudrais tout, sauf voir ma gueule ce soir. »
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Last man standing
Dana Campbell
4B53NC3 - Have you ever considered piracy ? PS : J'ai les mollets concaves. CONCAVES !
Always code as if the guy who ends up maintaining your code will be a violent psychopath who knows where you live
En un mot : Mésadaptée
Qui es-tu ? : -
Propriétaire du ArtSpace
Electro-aimant à CESS
Geek
Codeuse émérite
Hackeuse
Socialement inapte
Presbyte
Vieille fille impulsive mais ultra riche sans que personne ne le sache.
Facultés : -
Craquer des codes.
Hacker des programmes.
Dénicher des choses.
Être étrange.
Ne pas se faire chier.
Être une bonne patronne.
Courageuse au mauvais moment.
La dernière fois, c’était ce premier transfert d’un million de dollars. Ça avait été un franc succès. En douce, par la porte arrière, à travers les failles du système et toute seule, son premier heist réussi l’avait laissé sur un étrange nuage. Jouer au jeu de Robin des Bois était excitant, vivifiant et surtout très risqué. 4B53NC3 avait géré le tout comme une reine de l’informatique, un pirate sans cœur, sans émotion. Logique, concentrée, sous l’effet de l’adrénaline et de la caféine pulsantes de ses veines, ce coup l’avait inscrite sur une liste très sélecte. Une liste invisible. Écrite de code et crypté dans une langue que bien peu connaissaient. S’élever ainsi à un rang qui avait d’importance qu’à ceux dont leur pseudo était sur cette liste. Sur fond de fierté capitalisée dans la solitude, son cœur s’était gonflé d’une nouvelle confiance et de quelques points d’audace.
Pourtant, elle avait erré quelque temps dans son appartement, enveloppée dans la complexité de ses émotions ambivalentes. Divisée par cette mélancolie qui attaqua au détour de cette réalisation qu’aucune personne n’existait pour partager ses succès, mais ce sentiment de puissance, cette euphorie d’être en contrôle, de vivre pour être témoins de son exploit vandale et virtuel la gardait à flot. C’était long, mais nécessaire de passer au travers de cet état d’esprit étrange. Continuer de fonctionner, ne pas arrêter, toujours avancer, plus, encore plus. Prouver qu’elle le pouvait.
Prouver à qui ? Personne.
À fleure de peau, se retrouver dans la même pièce avec l’homme qui l’avait sortie de la mort et de son pire cauchemar était… très étrange. Pas désagréable juste qu’elle… Dana ne savait pas trop comment ne pas lui faire peur. Enfin, si, elle pouvait juste se contenir, se contrôler et s’installer en position latérale de sécurité sur le pas de la porte de son appart dès qu’elle aura verrouillée derrière elle.
Une longue inspiration, elle se retrouve libérée de son propre chandail. Ridiculement, le fait d’être que vêtue d’un énorme t-shirt et d’une culotte ne lui effleure pas l’esprit. Quand il lui serre les épaules, elle est épatée par cette chaleur qui émane contre son bras, ces doigts qui la pressent doucement sans forcer, la proximité de son odeur…
C’était le choc simplement. Ses sens sont en émoi, comme ses pensées et ses émotions. Ça lui passera.
Dana déglutit avec un certain effort quand une pluie de compliments lui tombe dessus. Elle ne savait pas quoi en faire ni comment les accepter, encore moins venant d’un type qui, décidément, avait de l’expérience dans le domaine de « frôler la mort et faire c’qui faut quand il faut. »
L’hypothèse qu’il décampe sans elle ne la choquait pas autant que lui. Marquée au fer rouge, probablement traumatisé et encore en peu plus… enfin, encore plus torturé, elle n’aurait pas été surprise qu’un humain normal décide simplement de déguerpir loin, rapidement et soudainement.
Mais Ian Calloway n’était pas un humain normal. N’est-ce pas ?
Ses joues se roussissent légèrement sur un fond de pâleur d’épuisement. Ne sachant quoi lui répondre, elle se contente d’une drôle de moue, suivie d’un sourire en coin, embrassé, parce qu’au final :
- J’ai fait ce qu’il devait faire. Je ne me serais pas permis de faire autrement puisque tu es l’expert. Ça aurait été ridicule de m’obstiner à… enfin… j’avais surtout envie de survivre.
Laisse-lui le temps et elle va se souvenir que cette aventure était aussi pour se prouver à elle-même qu’elle pouvait faire autre chose de son existence.
Elle l’observe quand il se relève, comme si elle le voyait pour la première fois, le détail de haut en bas. Dire qu’il n’y a pas 24 heures, elle était contre lui, coincée dans un casier, sa peau contre la sienne, son cœur contre le sien uni dans des tourments d’outre-tombe.
Dana secoue la tête, effaçant cette idée saugrenue qui lui vrille soudainement les reins. On se calme, la geekette. On se calme.
À son tour, elle se relève du lit et attrape d’une main les deux uniques verres de la pièce, déposée sur le dessus du mini réfrigérateur, entourés de sachets de thé périmés et d’édulcorant bon marché. La bouteille qui était coincée sous son bras rejoint le tout sur la table pendant que le doc déballe le repas, exposant le menu du soir, tout fier de ses deux muffins savamment emballés. Sans un mot, elle vint s’asseoir à la chaise qu’il avait tirée puis ouvrir la bouteille de Jack Daniel pour en servir deux verres. L’odeur du poulet rôti et des frites salées éveillèrent son appétit étrangement. Comme si son corps savait mieux qu’elle ce qui était bon.
Du gras. Du sel. Du sucre. Un filet d’alcool.
Elle serait refaite en un rien de temps.
La jeune femme peu vêtue et blessée s’attaqua d’abord à un carton contenant les pommes de terre frites. Elle le tira doucement vers elle puis attrapa l’une d’elle en l’observant longuement. Dana répondit d’abord :
- C’est plus sécuritaire que dans ton ordi personnel, assurément. Si je les place dans une chambre forte virtuelle, indécryptable, gardée et protégée par mes soins… Frite entre ses lèvres, elle mastique doucement, un long soupir satisfait par le goût du sel qui s’animait sur ses papilles. Elle ferme les yeux et ajoute : Encore mieux, ça ne serait de ne jamais les ouvrir ni télécharger leurs contenus, et de les cacher à un endroit même inconnu de toi, mais, j’imagine que tu voudras éventuellement y jeter un coup d’œil, n’est-ce pas ?
Pas que c’était important de continuer à retourner et tourner de vieux souvenirs et plonger dans des dossiers qui sentait bon la torture, le sang et la mort, mais elle se doutait bien que, même si ces deux disques durs étaient les derniers témoins du passage de Dr Calloway et du Dr Weiss au WFC, ils contenaient des informations importantes.
Le poulet se défaisait entre ses doigts, laissant une légère trace de gras salé sur ceux-ci. Elle observa le chasseur avec un sourire en coin quand il se dit impressionné par ce qu’elle avait fait là-bas. Dana pencha la tête sur le côté et le regarda en silence une seconde de trop.
Elle avoua :
- J’oublis qu’on ne se connaît pas. C’est vraiment étrange. Tu me diras si c’est normal ou pas, tu as plus d’expérience que moi avec la mort imminente et les aventures cauchemardesques, mais… je me sens lié à toi ? D’une étrange de manière. Comme si l’on n’avait pas de secrets comme si… Elle fourra le morceau de poulet entre ses lèvres puis réfléchit encore un instant pour continuer : Comme si je te connaissais à un autre niveau ? Ça fait du sens ce que je dis ? Oh. Tu m’as révélé certaines choses sur toi, bien entendu, comme tu viens d’une famille de chasseurs, de père en fils, par exemple. C’est peut-être juste l’absence d’adrénaline aussi…
À deux doigts de passer pour une timbrée, la geekette arrêta de se mélanger dans les explications floues de son subconscient embrumé puis expliqua :
- Je fais effectivement cela depuis… depuis toujours. Je fais joujou avec des ordis depuis que je suis toute petite. Vers les 7-8 ans ? Ça m’a intéressé très tôt. Il y avait un ordinateur avec internet à la bibliothèque et la bibliothécaire était très sympa avec moi en voyant que j’avais un intérêt marqué pour le sujet.
Ce n’était pas un grand un secret. Avec la pratique, l’on devenait meilleur et elle en avait beaucoup.
Une rasade de Jacks Daniel’s, Dana dépose son verre devant elle, puis avec un sifflement amusé :
- Dit donc on fait la paire. Pourquoi penserais-tu que je n’aurais pas voulu te voir ce soir ? Oublis-tu que tu m’as sauvé la vie, plus d’une fois en plus et qu’on en est sorti en un morceau grâce à toi ? Ça serait bien stupide de ma part de rejeter ta présence après avoir partagé ce… cette… comment elle pouvait mettre des mots sur une aventure indescriptible ? Il y avait trop d’adjectifs et de précédents pour qualifier le tout d’un seul mot descriptif. Ça allait de soi qu’elle n’allait pas lui refuser cette proximité. Tu es bien la seule personne dont je supporterais la compagnie en ce moment. Elle pouvait probablement garder le silence et s’effondrer dans un sommeil agité et alcoolisé qu’il ne lui en voudrait pas.
Il comprendrait. Qui d’autre le pourrait ?
Personne.
Concentrée sur sa nourriture, cherchant à ne pas trop disperser ses pensées, n’étant pas très habituée d’expier verbalement ce que son cerveau cachait, la jeune femme souleva les épaules. Elle grimaça de douleur, un filet d’air glissant entre ses dents serrées. Elle se sentait lasse d’être légèrement handicapée. C’était rare qu’elle souffrît physiquement. Un autre morceau de poulet mastiqué, elle prit son temps pour répondre :
- Je me sens… Je ne sais pas. Vivante et épuisée ? Extrêmement épuisée. Physiquement et mentalement. Mais… Elle fixa la boisson dans son verre. Je suis vivante. Totalement et entièrement vivante. J’ai aussi envie de célébrer cela. Je me sens coincé entre les deux. J’ai envie de… j’ai envie de… Elle rigola doucement. Hochant la tête doucement. Elle était décidément une jeune créature ridicule. J’ai envie de célébrer le succès de cette mission et de dormir pendant une semaine. Je me sens engourdi par le goût délicieux du poulet, la brulure du Jack dans ma gorge, mes pieds nus sur la moquette rêche. Tout est soudainement mieux et pas, à la fois.
Doucement, elle repousse une mèche de cheveux derrière son oreille puis remonte un genou contre, pour y appuyer son coude valide. Sa fine main se porta à ses lèvres, comme si elle disparaissait dans ses réflexions, son regard d’aurore boréale fixant le vide.
- Dommage que je ne sois pas ton type… Murmure-t-elle plus pour elle-même. Après tout, c’était la logique. Après être témoin des efforts déployés, le quotidien partagé et la tristesse dans laquelle Dr Weiss plongeait le Dr Calloway, c’était clair que celui-ci, tout aussi sexy qu’il soit, ne s’intéresserait pas à une nymphette 20 ans plus jeune que lui. Pourtant, ne s’arrêtant pas à un genre ou un âge en particulier et surtout, sans expérience, le chasseur avait tout ce qu’il lui convenait : Intelligence, vocabulaire, savoir-faire et physique alléchant.
Dana relève soudainement son regard, en même temps que son verre d’alcool et demande, comme si elle revenait d’une autre planète :
- Et toi, comment te sens-tu ? Tu as réussi à dormir un peu ? Les lits ne sont pas super confortables, mais la douche… gosh. Ce n’était pas la douche la plus satisfaisante au monde ? Merci pour les points de suture, d’ailleurs. J’espère que je n’ai pas trop causé d’ennui pendant que tu refermais la plaie. C’est pratique d’avoir un doc sous la main. Ça doit l’être d’autant plus en tant que chasseur, n’est-ce pas ? Enfin, je devrais peut-être faire quelques cours de premiers soins, ça ne serait pas perdu… bien que derrière mon ordi, ce n’est pas là que je me blesse le plus.
Vite, changeons de sujet.
Ian C. Calloway
Fear is the mind killer
✞ PAINT IT BLACK ✞
"Tomorrow is another day,
Today is another bomb."
En un mot : Chasseur et Fils d'Abraham. Foi, Ferveur, Fardeau.
Qui es-tu ? :
"You never thought we'd go to war,
after all the things we saw."
✞ Deuxième fils d'une fratrie de trois. Cadet d'une famille de chasseurs aux traditions transmises par les pères d'aussi loin que la mémoire puisse remonter, dans les forêts d'Europe de l'Est ; racines plantées aux environs de Prague.
✞ Il tue les monstres, et particulièrement les Longue-Vies, Grandes-Dents ou fils de Caïn, qu'importe le nom qu'on leur donne : ennemi des vampires comme des lycanthropes, lorsque son frère aîné requiert son aide.
✞ Naissance à Boston, la cité-bloc balayée par les vents de l'Atlantique. Ville délaissée pour la chaude et discrète Baltimore, dans le giron des brumes de Poe. Ville adoptée, chérie comme Washington D.C.
✞ Sportif de toujours, ancien étudiant modelé par les matchs, les courses et les sauts ; a décroché une bourse pour l'université et n'a jamais cessé de tailler ce corps solide et agile lorsqu'il le faut.
✞ Il a prêté serment : docteur vouant son existence au soin des hommes, des femmes, des vieillards et des enfants. Confident de tant d'inconnus qu'il en a parfois le tournis, rassure et prescrit, soutient infirmières et collègues. Mains assez robustes pour soutenir un grand gaillard mais assez tendres pour préserver un nouveau-né.
✞ Pilier des Calloway ; homme réputé pour sa dignité, sa réserve et ses colères froides. Gardien de tous les secrets, jusqu'au plus purulent. Cherche à préserver les fondations du clan par tous les moyens, malgré les humeurs des uns et des autres.
✞ Médecin de mort, employé pendant plus de dix ans au WFC, organisme financé par les bourses du PASUA pour expérimenter sur les hommes abandonnés par leur raison, comme sur quelques CESS (les limites de l'esprit et du corps). Vie de fuyard depuis l'effondrement du site et la mort de son collègue et ami, assassiné par leur Némésis.
✞ A recueilli sa nièce Nova Calloway, en conflit permanent avec un père vétéran du 11 septembre et une mère aux abonnés absents. L'a arraché aux gratte-ciel de New York pour Baltimore, et désormais Shreveport. Non-dits, et silences douteux.
✞ Espère trouver anonymat, soutien et protection à Shreveport, entouré d'anti-surnats, et passe sa vie à esquiver les conséquences d'une décennie de péchés, que son Dieu est pourtant censé tolérer. En attente du regroupement des Calloway en Louisiane.
✞ N'aime que la ville. Il hait le soleil et l'humidité permanente qui s'abattent sur tous les États du Sud, pour lesquels il ne voue absolument aucune affection. En recherche de repères, passant d'un quotidien presque insouciant à un bras de fer de tous les instants.
✞ Tempérance et liberté. Aime le genre humain, de ses défauts les plus anodins aux tordus dont il questionne les esprits (poursuivre l'œuvre commune le liant à Carl Weiss). Horrifié par le monde dans lequel il vit, sans se résoudre à lâcher prise sur les démons à combattre.
✞LAST MAN STANDING✞
"Tomorrow never comes until it's too late."
Facultés : ✞ Formé au maniement des armes à feu en tout genre : armes de poing comme armes lourdes, si les circonstances l'exigent.
✞ Ne craint pas le corps-à-corps ni les combats à l'arme blanche, même s'ils ne suscitent aucune appétence en lui.
✞ Chasseur respectueux des traditions de son clan. Arme traditionnelle : arbalète aux carreaux d'argent. Terrain de prédilection via les chasses en hauteur et les pérégrinations casse-gueules sur les toits.
✞ Porteur d'une Foi qui guide son bras et protège sa chair vulnérable. Croyant tâchant de ne pas trébucher.
Thème : Unbreakable ✞ James Newton Howard.
✞ I AM A GOD ✞
"That's our cosa nostra."
Pseudo : Nero
Célébrité : Thomas Kretschmann.
Double compte : Eoghan Underwood, Sanford R. De Castro, Aliénor Bellovaque & Gautièr Montignac.
Il ne voit pas la façon dont elle le regarde. Si cela avait été le cas, il aurait compris immédiatement ce qui se tramait dans l’esprit de Dana Campbell. Pas né de la dernière pluie, il avait su reconnaître depuis longtemps l’éclat particulier des lueurs de convoitise relative à sa personne. Cependant, la tête prise par les récents événements et le déballage de leur repas réconfortant, il ne fait pas attention, pas plus qu’à la mise de la créature, s’étant surtout concentré sur son épaule. Ce n’est qu’une fois qu’elle se relève, attirant son regard quelques instants, qu’il doit reconnaître avoir affaire à une jolie paire de jambes qui, il s’en souvient maintenant, n’a jamais pu goûter aux mains d’un homme lors d’une étreinte réelle et sincère. Ce flashback le renvoie aussitôt au WFC, à la salle des archives et son odeur de carton écoeurante, et à la panique qui avait été la sienne au moment de faire valdinguer toute la paperasse, en quête d’un nom, d’un mot, capable de l’aiguiller sur ses recherches bordéliques. La crise de nerfs de la hackeuse, aussi brève qu’intense, avait révélé alors un secret qu’il peinait à imaginer réel. Pour toute geek qu’elle était, elle échappait de très loin aux clichés du genre, et il avait du mal à croire qu’une fille comme elle ne trouve chaussure à son pied, même pour quelques heures. Mais cela ne le regarde pas, tout compte fait. D’un mouvement d’épaules impatient, il se défait de sa veste qu’il dépose sur le dossier de sa chaise et s’y laisse tomber dans un soupir de satisfaction : celle qui suit un travail accompli jusqu’au bout, et en bonne et due forme. Elle le rejoint, et il lui sourit, simplement, surveillant bien qu’elle goûte à la nourriture. Son appétit semble intact, et il s’en réjouit, sans faire de commentaires. Lui-même attaque, avide de se remplir le ventre, engloutissant méthodiquement sa ration de poulet, agrémentée de quelques frites et d’une ou deux fourchettes de salade. Il crève de faim. Il n’a rien mangé depuis plus de vingt-quatre heures, et ses forces ont été sérieusement entamées, malgré le repos pris. Il connaît son corps par cœur, et devine que les signaux d’alerte étaient sérieusement prêts à s’allumer. Alors, il se reconstitue une santé tout en l’écoutant du coin de l’œil et en s’alimentant avec le plus d’élégance possible malgré sa hâte. La voix de Dana se répand, agréable bruit de fond dont il se repaît en même temps que de la nourriture, le voyant acquiescer à ses conseils concernant les disques durs. Il ralentit l’allure, relevant la tête avec plus de concentration sur elle, mastiquant soudain avec davantage de lenteur, aussi. La question du lien entre eux, aussi surprenante que peut-être ridicule, le laisse perplexe. Il fronce légèrement le sourcil pour mieux les arquer, mais ne l’interrompt pas ni ne la moque pas. Il l’écoute. Il l’écoute comme il a toujours écouté tout le monde. Sa famille, ses patients, ses amis, ses amants, son ex. Sans la quitter des yeux, il s’empare de la bouteille de whisky pour en verser une rasade sympathique au fond de son verre, et boit une ou deux gorgées d’alcool pour faire passer le goût des épices légères agrémentant la viande. Il réfléchit en lui-même, pense alors que Dana est victime de la sensation post-adrénaline : neurones, méninges, fouettés par la peur de la mort qu’on a frôlé. L’expérience adoucit parfois l’impression, pour lui, et cependant elle parvient encore à demeurer intacte, selon la chasse vécue. Ce constat attise une certaine tendresse en lui, même si elle donne lieu à ces pensées étranges, un peu candides selon lui. Cela constitue le charme de la jeune femme, et il se remet alors à manger, normalement. Il englobe les éléments biographiques qu’elle lui livre à son tour, sourit de plus belle lorsqu’elle évoque un sauvetage dont il ne récupérera guère les lauriers, il le refuse. Il attend qu’elle ait fini de délier sa langue, de se libérer d’une confession qu’il estime nécessaire, heureuse et rassurante en un sens. Médecin, chasseur et homme s’accordent pour en tirer une conclusion constituant le plus beau résultat de cette expédition morbide.
Et puis soudain.
- Dommage que je ne sois pas ton type…
Il s’interrompt cette fois plus brutalement, et recule aussitôt le verre qu’il avait commencé à porter à sa bouche une nouvelle fois. Dans un « poc » discret mais tout de même perceptible, il le repose contre la table, battant deux fois des paupières, interpellé et la fixant sans qu’elle ne se rende compte de la portée du propos. Non. Elle continue de parler, tournant son intérêt dans sa direction, s’enquérant de son sommeil et de sa santé comme si de rien n’était. Calmement, il prend l’une des serviettes intouchées pour en essuyer le pourtour de ses lèvres ainsi que le bout de ses doigts, réprimant à peine un rire bref, amusé et intrigué, cependant. « Curieusement, je… ressens la même chose. En ce qui concerne la compagnie, je veux dire. Je ne me sentirais pas de faire la conversation avec quelqu’un d’autre, ce soir. »
La bouteille reprise, il remplit son verre, sans se soucier de la dose. Le soir est encore jeune, et la nuit lui laissera largement le temps de cuver le mauvais alcool. « Je ne sais pas quoi te dire concernant cette histoire de lien, très honnêtement. Je… pense qu’en effet, la dose d’adrénaline que tu viens de te prendre dans la figure ne doit pas aider. Car, très honnêtement, je ne vois pas grand-chose qui nous lie présentement. Hormis… ce qu’il s’est passé la nuit dernière. » Il lève sa main droite, et ses doigts s’élèvent les uns après les autres : « Tu viens du sud, je viens du nord. Tu es dans l’informatique, moi la médecine. On a quoi, vingt ans d’écart ? Je ne suis pas sûr qu’on ait la même vision des choses, loin de là. Même si j’ai cru comprendre que tes mains n’étaient pas… toutes blanches, à toi non plus. » Il incline légèrement la tête, comme une salutation respectueuse, comme s’il la considérait comme une égale à sa manière. Un peu de malice dans son sourire un peu plus détendu. « Mais tu as raison, après tout. On ne se connaît pas. On peut se découvrir d’autres points communs, et cependant quelque chose me disait surtout qu’une fois revenus à Shreveport… ce serait mieux qu’on s’oublie, non ? » La question est sincère. Il reprend son sérieux, adoucit le ton d’ordinaire plus rugueux de sa voix, grattant le coin de son nez un instant avant de poursuivre : « Je veux dire… ce n’est pas anodin, ce qu’il s’est passé. Je sais qu’on est là, ici toi et moi, pour le moment. Mais une fois revenue chez toi, une fois ton quotidien retrouvé… est-ce que tu aurais vraiment envie de me revoir, hein ? Comme client de temps en temps passe encore, mais franchement j’t’en voudrais pas si tu m’envoyais chier jusqu’à nouvel ordre. Je m’estime déjà heureux d’avoir pu t’amener jusqu’ici. »
Il pousse un soupir. « Je ne sais pas comment je me sens. C’est toujours… particulier, ce genre de moments. J’en ai vécu pas mal, et pourtant, les heures et les jours qui suivent ne se ressemblent jamais. Ça dépend aussi de la conclusion. Pour celle-ci, je… je ne réalise pas encore que c’est terminé, et qu’on rentre demain. Même s’il y a… du soulagement. Que ce soit fait. » Il hésite, puis décide finalement de se montrer moins laconique, même s’il a rompu le contact visuel avec elle, à présent. « Je tenais à récupérer certaines choses. Et je crois que j’avais besoin de revoir de mes propres yeux certaines autres. J’avais peur… j’avais peur de remettre les pieds là-bas mais quelque chose m’y poussait tellement que je n’aurais jamais pu résister indéfiniment à cette envie. C’est… horrible, morbide, tout ce que tu veux, mais… revenir là-bas, c’était intégrer que tout ce qui s’y était passé… c’était arrivé pour de bon. Ce n’était pas juste un putain de cauchemar qui traînait dans ma tête depuis tout ce temps. J’ai passé tellement de temps là-bas que je… tout quitter, du jour au lendemain, et tout voir s’écrouler de cette façon… » Il s’interrompt, se recule légèrement contre le dossier de sa chaise. Il s’amuse, du bout des doigts, à faire tourner le verre dans lequel danse le Jack’s. « Ça doit te paraître indécent, c’que j’te dis là. Mais mine de rien, ça a été un bout de ma vie pendant des lustres, ce truc. C’était loin d’être qu’une question de pognon. Y’a eu des moments difficiles, des moments où j’me disais que putain… c’était… certaines choses, n’étaient pas… bien. Et puis l’émulation, le groupe, les promesses et les croyances… se dire que ce qu’on faisait était utile, que… que la science exige des sacrifices, parfois. » Sa voix lui revient aussitôt. « Carl… Carl disait ça. Je crois qu’il le pensait, de temps en temps… et puis pour le reste, c’était pour… apaiser sa mauvaise conscience. Je sais qu’il culpabilisait. Il avait seulement trop de fierté pour le reconnaître et me l’avouer, c’est tout. » L’océan de ses iris retrouve ceux de Dana Campbell, tandis qu’il lève finalement son verre au psychiatre qui aurait pu réussir à lui arracher le cœur, si June Carter ne l’avait pas déjà gelé auparavant. Une nouvelle gorgée d’alcool plus tard, il hausse les épaules, lâchement. « Mais j’ai dormi, oui. J’réussis toujours à dormir après une mission. Je pourrais dormir sur une planche que le corps lâcherait quand même, tu sais. Et oui. La douche est toujours… » Il secoue la tête, sourit de nouveau, juvénile. « La douche c’est définitivement une renaissance dans ces moments-là. » Il désigne du doigt l’épaule rafistolée de la hackeuse. « Et pas de souci pour les points. Tu étais tellement dans le coltard que ça ne m’a pas posé de problème… »
Les rideaux fermés, les enfermant dans cette bulle intime, sentent le tabac froid. Un scrupule l’empêche un instant de fumer, avant de se rappeler que la maîtresse des lieux ne s’en est pas empêché, elle. Il ne la dérangerait pas alors, et c’est avec enthousiasme qu’il sort cigarettes et briquet, s’en grillant une dans un autre soupir satisfait, aidé de son ventre presque repu. Il tire longuement sur le filtre, puis les pousse dans sa direction, au cas où, l’invitant à se servir. « J’étais le médic du groupe, oui. Quand on chassait en bande. À une époque, c’était plus fréquent que maintenant. » Il tire encore, expirant la fumée grise, en observant les volutes, lorsqu’il ne se perd pas sur le faciès intriguant de Dana Campbell. Il attend. Il attend encore, le moment propice. « Je n’ai aucun mérite à t’avoir sauvé la vie, puisque c’est moi qui t’ai entraînée dans tout ça. J’espère que tu en as conscience, car tu ne dois pas l’oublier. C’était la moindre des choses, qu’on s’en sorte grâce à moi. » Il tira de l’extrémité de la table, tout contre la fenêtre, un autre cendrier au creux duquel il expédia la cendre. « Pour les disques durs, je devrai les consulter à un moment ou à un autre, j’en ai bien peur, oui. Mais d’accord pour la sauvegarde virtuelle. S’il te plaît. » Curieusement, évoquer ces disques, qui avaient pourtant constitué l’un des deux points cruciaux de leur aventure, lui déplaît. Comme si, maintenant que tout était terminé, il n’aspirait plus qu’à jouer la carte de l’amnésie salvatrice. Une belle illusion, qu’il peut toujours tenter de mettre en place. « Tu devrais célébrer, une fois à Shreveport, oui. Profite de l’humeur que cette fameuse envie de survivre t’a amenée. Je me rappelle, quand j’ai débuté… Je me sentais comme toi. Tout était plus fort, plus… vrai. Plus intense. On a l’impression de ressentir le vrai goût des choses, les odeurs. Tout est plus vif. Chaque contact. » Il pense au sexe, bien sûr. Là où tout s’achevait et commençait à la fois. « Alors en effet, quand ça a été choquant ça peut être… compliqué de gérer les ascenseurs émotionnels. Je te conseille de ne pas rester trop seule, de passer du temps avec des amis, de sortir… De t’aérer l’esprit, le temps que les choses reviennent un peu à la normale, hum ? » Il se rappelle alors des termes si curieux, sortis d’entre la bouche pleine de Dana. « Je me sens liée à toi. » Il humecte ses propres lèvres entre deux bouffées grises, ignorant comment rebondir sur un tel aveu. Il a dû lui paraître tellement froid, sec et sans cœur à considérer cette pensée comme… presque dérisoire.
« Je crois que ce que tu éprouves à mon égard… le « lien », tu sais, c’est… quelque chose qu’on obtient lorsqu’on a traversé des moments particulièrement forts avec quelqu’un. Comme… ce voyage-là. Cela finira par se dissiper, une fois que tu te rappelleras qu’à cause de moi, tout aurait pu finir bien plus mal. »
Tu n’as pas envie de connaître mes secrets.
Plutôt que de rester sur cette note sombre toutefois, il se décide enfin, se reculant encore en accentuant sa pose nonchalante, accent de charme qu’il s’autorise à faire remonter à la surface, à prononcer ce qui ne tardera pas à faire revenir le rose sur ses pommettes, il en est quasi-certain. Car il croit deviner l’objet de la méprise, et ignore s’il doit s’en amuser, s’en vexer ou s’en étonner pour de bon.
« Maintenant, je souhaiterais quand même savoir pour quelle raison tu ne serais visiblement pas mon type. Et, surtout, surtout, en quoi ce serait dommage, si ton hypothèse était vraie. »
Le sourire de Calloway se fait légèrement différent, tâché des volutes de tabac, accompagné d’une énième gorgée d’alcool, sans lui offrir la possibilité de fuir la question… et de même, la réponse.
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Last man standing
Dana Campbell
4B53NC3 - Have you ever considered piracy ? PS : J'ai les mollets concaves. CONCAVES !
Always code as if the guy who ends up maintaining your code will be a violent psychopath who knows where you live
En un mot : Mésadaptée
Qui es-tu ? : -
Propriétaire du ArtSpace
Electro-aimant à CESS
Geek
Codeuse émérite
Hackeuse
Socialement inapte
Presbyte
Vieille fille impulsive mais ultra riche sans que personne ne le sache.
Facultés : -
Craquer des codes.
Hacker des programmes.
Dénicher des choses.
Être étrange.
Ne pas se faire chier.
Être une bonne patronne.
Courageuse au mauvais moment.
Son verre se leva, en signe de reconnaissance silencieuse. Bien que peu abimées dans la vraie vie, ses mains portaient de nombreuses marques invisibles laissées par des pratiques plutôt douteuses, dangereuses, voire inimaginables. Elle ouvrait la Cour des Miracles à ceux qui la payaient. Tout avait un prix. Tant que cela ne touchait pas ses valeurs de bases, tout le reste était accessible. Merveilleusement caché derrière ses larges lunettes, qui pouvaient se douter de ses activités nocturnes qui la maintenaient éveillée si souvent ?
- C’est vrai que, vue comme cela, nous n’avons rien en commun. ajoute-t-elle en buvant un peu du whisky commun. Elle l’observa, un sourcil froncé, réfléchissant à son tour sur d’où vient cette sensation d’union avec ce total inconnu. Puisque, à bien y penser, ils semblaient diamétralement opposés. D’un extrême à l’autre, sauf sur la qualité de leur activité nocturne. Tu n’as décidément pas envie de connaître mes secrets. finit-elle avec un claquement de langue, avant même qu’il ne le pense quelques minutes plus tard. C’est vrai qu’il était difficile de s’imaginer l’anachorète du code être un individu millionnaire dû à des activités plus qu’illégales. Sans foi ni loi. Libre comme l’air sur les vastes étendues du dark web.
C’est un long soupir qui accueillit la suite des propositions du chasseur. Toutes ces choses qu’elle n’avait même pas encore pensées. Le lendemain. Le retour à la normale. Il avait décidément plus de savoir sur le sujet qu’elle s’imaginait être les convenances post-mission-intense-et-merdique. Qu’est-ce qu’elle pouvait ajouter ? Pour l’instant, juste l’idée de se retrouver seule dans quelques heures lui donnait envie de se rouler en petite boule sous la table.
- J’avoue que je t’en voudrais un peu si tu y arrivais aussi facilement à m’oublier. J’imagine que je ne suis pas le premier être humain néophyte que tu auras trainé dans tes aventures de damné. Aussi traumatisante soit-elle, je… j’ai été possédée et tu m’as ramené à mon corps entre tes bras en psalmodiant des versets religieux. Elle fit une grimace marrante pour appuyer toute la folie que représentait ce fait. Je comprendrais si tu préfères que je ne pense plus jamais à toi, ça te fera ça de moins à t’inquiéter, j’imagine ? Parce que mon quotidien est loin d’être assez palpitant pour effacer tout ça.
Pendant qu’il expliqua comment il se sentait, plutôt loquace, se laissant emporter par son timbre rythmé et le choix de ses mots, Dana réalisa qu’elle comprenait en partie le besoin viscéral qu’il avait ressenti d’y retourner. De voir. De s’assurer que c’était malheureusement vrai. Fermer le dossier pour de bon. Leurs pupilles se croisent, se soutenant sans gêne. Le verre se lève, saluant Carl et sa mauvaise conscience, puis elle leva le sien à ce sommeil réparateur facilité par le contrôle d’un corps qu’il connaissait par cœur et cette douche revigorante à des niveaux dont elle ne se doutait même pas. La geekette ne peut s’empêcher une rigolade légère à s’imaginer semi-consciente, sous le choc, docile, pendant qu’il nettoyait sa plaie et la recoudre comme le plus patient de toubib. Elle se pensait plus forte devant la douleur. Douleur qu’elle n’avait décidément pas très souvent éprouvée durant son existence de binoclarde au petit nez pointu. Une compétence difficile à acquérir si elle n’acceptait pas de foncer sans crainte dans la vie qu’elle ne voyait pas passer derrière ses écrans.
Sa tête se pencha sur le côté, pour continuer à l’observer sagement. Son attitude changeait, il se détendait à mesure que les verres se vidaient entre ses lèvres déliées. Elle attrapa une cigarette à son tour, mais ne l’alluma pas. Je ne l’oublierais pas. , mais c’est aussi elle qui avait décidé de le suivre aveuglément, son équipage essayant de la convaincre qu’il était dangereux. C’était imprudent, mais l’appel avait été trop fort. Je m’occupe de faire une copie aussi, si tu veux. Ça sera plus sur. Quand ça sera fait, je te donnerais le tout ; accès, codes et les 4 exemplaires de ces précieux. Ils seraient en sécurité avec elle.
Qui cherchait à lui prendre, de toute façon ? Personne.
La suite la laissa un peu amère. Remontant ses lunettes sur son nez, son regard fuyait soudainement les iris calmes du chasseur. Mais oui, elle aimerait rester sur cette vague d’intensité de ses sens, la partager, voir en profiter. S’aérer l’esprit. Sortir avec des amis. Gérer les ascenseurs émotionnels lamentablement seule avec une troisième bière à fixer ses protocoles binaires faire une partie de son sale boulot à 4 heures du matin. Tout était effectivement plus vif. Plus vrai. Tout l’était soudainement plus.
- Célébrer seule à Shevreport. Ça risque d’être ridiculement pitoyable, mais j’imagine que j’y arriverais sans faire de moi une triste cause perdue. Autre que virtuel et collègues de travail, disons que les amitiés se font inexistantes. Elle but cul sec le fond de son verre au liquide ambré puis s’en versa une quantité significative pour le vider avec autant de courage que la fois d’avant. Dana grimace, la brulure de l’alcool et le goût désolant faisant son effet, elle finit par avouer : Et c’est nettement mieux ainsi, pour moi et pour… pour les autres. . Parce qu’avoir des amis, ça lui donnait l’impression d’être à risque. À découvert. Qu’on pouvait l’atteindre ! On pouvait l’induire en erreur. Elle pourrait perdre le contrôle pour un ami. Elle pourrait tout donner pour les gages de l’amitié.
On pourrait aussi tout lui prendre au nom d’un attachement entre bipèdes. Qui pourrait garantir leurs sécurités si l’amour s’en mêlait ?
Personne.
- Sans tout ça, j’aurais pu finir bien plus mal, oui.
Mais soudainement, il rebondit sur cette phrase qui s’était échappée trop rapidement de ses lèvres. Prise sur le fait, Dana remonte le menton de son verre et le scrute, étonnée, la bouche qui s’entrouvre de surprise, ne sachant pas trop quoi répondre. Malaise, surtout le voyant si bien contrôler la situation, victorieux, d’une position indolente sur sa chaise, il l’observe. La fumée s’échappe de cette bouche tentatrice. L’alcool y coule en toute connaissance de cause.
- C’est que… enfin. Elle se mordille la lèvre, passe une main dans ses cheveux, nerveuse puis ferme les yeux, trouver la bonne réponse dans le fond du tumulte qu’elle abritait précieusement. J’ai supposée que ta relation avec … Elle ne voulait pas prononcer son nom. Elle le damnait pour lui avoir briser le cœur dans la mort et d’avoir abandonné dans le sang son collègue. … avec lui n’était pas uniquement professionnelle. Tu vois ? Bon, c’est surprenant… Elle s’arrêta de parler puis ce pinça le bout du nez, sous l’arc de ses énormes lunettes. … Pas que j’ai quelque chose contre ça, non, tu fais bien ce que tu veux, comme tu le veux puis tu es un adulte responsable et l’amour c’est top, peu importe son sens ou sa couleur et … Le rouge sur ses joues est difficile à cacher. J’avais l’impression que tu … je me suis trompée hein, comme quoi les dicta de la société mon bien eu, mais je… Ouais. Voilà. Pas besoin de lui faire un dessin. Elle avait conclu que le docteur Ian Calloway préférait les hommes. C’est tout. Elle avait de la difficulté à expliquer cette chimie qui semblait s’être développée entre eux deux pendant ce braquage informatique de l’institut hanté, mais elle préférait conclure qu’il la trouvait trop anodine, jeune et femme pour… pour… pour quoi ?
Dana se frotte le front puis sa main descend le long de sa chevelure, attrapant la longueur pour la passer sur une épaule et torturer une mèche entre ses doigts, pendant qu’elle évitait savamment de le regarder pour avouer la suite.
Une grande et profonde inspiration, la geekette ferma les yeux durement et déballa le contenu de sa pensée :
- Je suis sur un high suprasensible postadrénaline. J’ai mes sens en émoi. Tout me semble plus… plus ! J’ai mal à l’épaule et j’ai des vapeurs d’alcool qui commence à inhiber le tout d’une manière dont je me délecte avec plaisir. Juste m’imaginer la saveur de tes lèvres me… Elle secoue la tête négativement pour se concentrer. Elle ferme les poings, décidée. Elle rassemble son courage puis continue sans s’arrêter cette fois ; Je n’ai pas envie d’être toute seule. Je me sens bousculée. Je me sens … vivante. Tu es ultra sexy, intelligent, doué… et je t’emmerde si tu penses que c’est une variante légère du syndrome de Stockholm. Ce n’est pas ça. Elle respire une fois, deux fois puis enfin, plante son regard cobalt dans le sien. C’est dommage que tu sois… que tu préfères… parce que je t’aurais demandé si tu accepterais de passer la nuit avec moi. Voilà. C’est dit. Heureux ? Je me sens vraiment ridicule et foncièrement frustrée parce que bon, j’vais devoir attendre que… Elle éclate d’un rire clair, doux, un peu triste. Elle se lève de sa chaise, la cigarette toujours éteinte entre ses doigts, son verre dans la même main. Dans son grand t-shirt, les jambes nues, elle se retourne vers lui, un signe résigné des épaules qui lui fit légèrement mal. Autant à l'égo qu'à la blessure. J’imagine que je vais devoir attendre quelques années pour trouver le courage de le proposer à quelqu’un d’autre qui ne me donnera pas l’impression d’être une menace pour ma sécurité et la sienne.
Ian C. Calloway
Fear is the mind killer
✞ PAINT IT BLACK ✞
"Tomorrow is another day,
Today is another bomb."
En un mot : Chasseur et Fils d'Abraham. Foi, Ferveur, Fardeau.
Qui es-tu ? :
"You never thought we'd go to war,
after all the things we saw."
✞ Deuxième fils d'une fratrie de trois. Cadet d'une famille de chasseurs aux traditions transmises par les pères d'aussi loin que la mémoire puisse remonter, dans les forêts d'Europe de l'Est ; racines plantées aux environs de Prague.
✞ Il tue les monstres, et particulièrement les Longue-Vies, Grandes-Dents ou fils de Caïn, qu'importe le nom qu'on leur donne : ennemi des vampires comme des lycanthropes, lorsque son frère aîné requiert son aide.
✞ Naissance à Boston, la cité-bloc balayée par les vents de l'Atlantique. Ville délaissée pour la chaude et discrète Baltimore, dans le giron des brumes de Poe. Ville adoptée, chérie comme Washington D.C.
✞ Sportif de toujours, ancien étudiant modelé par les matchs, les courses et les sauts ; a décroché une bourse pour l'université et n'a jamais cessé de tailler ce corps solide et agile lorsqu'il le faut.
✞ Il a prêté serment : docteur vouant son existence au soin des hommes, des femmes, des vieillards et des enfants. Confident de tant d'inconnus qu'il en a parfois le tournis, rassure et prescrit, soutient infirmières et collègues. Mains assez robustes pour soutenir un grand gaillard mais assez tendres pour préserver un nouveau-né.
✞ Pilier des Calloway ; homme réputé pour sa dignité, sa réserve et ses colères froides. Gardien de tous les secrets, jusqu'au plus purulent. Cherche à préserver les fondations du clan par tous les moyens, malgré les humeurs des uns et des autres.
✞ Médecin de mort, employé pendant plus de dix ans au WFC, organisme financé par les bourses du PASUA pour expérimenter sur les hommes abandonnés par leur raison, comme sur quelques CESS (les limites de l'esprit et du corps). Vie de fuyard depuis l'effondrement du site et la mort de son collègue et ami, assassiné par leur Némésis.
✞ A recueilli sa nièce Nova Calloway, en conflit permanent avec un père vétéran du 11 septembre et une mère aux abonnés absents. L'a arraché aux gratte-ciel de New York pour Baltimore, et désormais Shreveport. Non-dits, et silences douteux.
✞ Espère trouver anonymat, soutien et protection à Shreveport, entouré d'anti-surnats, et passe sa vie à esquiver les conséquences d'une décennie de péchés, que son Dieu est pourtant censé tolérer. En attente du regroupement des Calloway en Louisiane.
✞ N'aime que la ville. Il hait le soleil et l'humidité permanente qui s'abattent sur tous les États du Sud, pour lesquels il ne voue absolument aucune affection. En recherche de repères, passant d'un quotidien presque insouciant à un bras de fer de tous les instants.
✞ Tempérance et liberté. Aime le genre humain, de ses défauts les plus anodins aux tordus dont il questionne les esprits (poursuivre l'œuvre commune le liant à Carl Weiss). Horrifié par le monde dans lequel il vit, sans se résoudre à lâcher prise sur les démons à combattre.
✞LAST MAN STANDING✞
"Tomorrow never comes until it's too late."
Facultés : ✞ Formé au maniement des armes à feu en tout genre : armes de poing comme armes lourdes, si les circonstances l'exigent.
✞ Ne craint pas le corps-à-corps ni les combats à l'arme blanche, même s'ils ne suscitent aucune appétence en lui.
✞ Chasseur respectueux des traditions de son clan. Arme traditionnelle : arbalète aux carreaux d'argent. Terrain de prédilection via les chasses en hauteur et les pérégrinations casse-gueules sur les toits.
✞ Porteur d'une Foi qui guide son bras et protège sa chair vulnérable. Croyant tâchant de ne pas trébucher.
Thème : Unbreakable ✞ James Newton Howard.
✞ I AM A GOD ✞
"That's our cosa nostra."
Pseudo : Nero
Célébrité : Thomas Kretschmann.
Double compte : Eoghan Underwood, Sanford R. De Castro, Aliénor Bellovaque & Gautièr Montignac.
Comme des flashs d’avant. Des images appartenant à une autre vie. You know, my darling, I can't stand to sleep alone.
Les talons lourds, puissants et solides foulant fougueusement les pavés, les trottoirs et les flaques du Downtown de Washington D.C. Les jambes graciles, musclées et agiles s’enroulant l’une autour de l’autre, ou bien autour des siennes. La chevelure noire, longue et retorse nouée en une coiffure savante, laissant filer quelques mèches sauvages. Elle savait si bien, alors, le mener par le bout du nez. Sans méchanceté. Sans vice. Ou du moins, sans trop de vice. You're my own, you're my own, I can sing it, I can grow. Il s’était laissé prendre, sans méfiance véritable. Il n’avait rien à craindre, alors. Au contraire. Il vivait dans une insouciance telle qu’il se demande par quel miracle on a bien pu le laisser y goûter. Mais elle était là.
Aujourd’hui, tout est différent. Aujourd’hui, il s'agit d'une autre femme, d’un autre monde, une autre époque. De l’insouciance, nulle trace ne persiste. Bien au contraire.
Et devant lui, cette fois, loin du charme exotique d’une ancienne athlète déchue mais déterminée à vivre et à vivre fort, se trouve Dana Campbell, encore inexpérimentée, abattue et blessée, l’image même du dénuement émotionnel et social. Plus elle parle, plus il réalise que lui aussi s’est trompé à son sujet. Il pensait avoir affaire à une femme ancrée dans son quotidien, mais certainement pas refermée, repliée sur elle-même de cette manière. Hormis ses précieux ordinateurs, aucune âme ne semble déterminée à marcher à ses côtés. Il le regrette. Il trouve ça triste. Ils se partagent une bouteille dont le fil descend, de plus en plus, et il remplit son verre pour la énième fois, le portant à ses lèvres sans attendre. Elle, sans amis. Elle, seule, oscillant entre ses activités illégales et son métier de tous les jours. Il la revoit, derrière son comptoir, le jour de leur rencontre. La façon dont elle l’avait ignoré, pendant une bonne minute au moins. La gêne qu’il en avait éprouvé, et la pointe d’agacement aussi. Cette manière à la fois simple, professionnelle mais dénuée de… de quoi, exactement ? De cette chaleur humaine caractéristique des gens qu’il fréquente d’ordinaire. Elle n’était pas froide, mais… sa façon de s’exprimer, de parler tout simplement, revêtait déjà un caractère particulier. Cependant, il n’aurait pas présagé un tel désert affectif dans son entourage et, à nouveau, il s’en demande l’origine. Ce n’est pas si commun. Et, d’un point de vue purement extérieur, à la considérer objectivement, elle ne coche pas les critères qu’on s’attend à constater pour ce genre de « cas ». Le voilà, le secret absolu : Dana Campbell est triste, esseulée, et n’a pour compagnon de beuverie pitoyable qu’un Doc pas plus joyeux drille, traînant ses propres casseroles, et impuissant à réconforter une jeune femme entrant dans une ère adulte morose et sans grand divertissement. À son âge, il s’était senti bien plus complet, bien plus vivant, entier et entouré. Un sentiment de pitié qu’elle aurait probablement rejeté en bloc le submerge, le dépasse, le laissant impuissant face à son mal-être largement palpable. C’est peut-être ça qui l’empêche de se moquer vraiment d’elle, lorsqu’elle s’empourpre (évidemment), qu’elle s’enfonce dans la méprise, dans la gêne, dans l’incertitude le concernant, lui. Il ne peut pas lui en vouloir. Personne n’a jamais compris grand-chose aux mœurs de Ian Calloway, à commencer par sa propre famille. S’attirant tantôt les foudres, tantôt le désintérêt, il n’a pas pour habitude de s’en justifier, ni de s’en expliquer. Il demeure donc là, le sourire fané mais la tête inclinée, dans une posture d’écoute habituelle. Il décortique tout : la moindre hésitation, chaque geste trahissant sa timidité, sa maladresse. Le manque d’assurance qu’elle dégage contraste si fort avec la nuit d’avant qu’il s’en voit presque touché. Cependant, lorsqu’elle déroule la fin d’une diatribe vibrante de détresse, c’est avec une surprise manifeste qu’il ne lui dissimule pas qu’il la contemple. Rarement il a eu affaire à une confession aussi honnête. Terriblement honnête. Il aimerait presque lui dire de se taire, de s’interrompre tant qu’elle le peut encore. Elle ne saisit pas que ces mots-là, posés à cet endroit précis, dans des circonstances comme celles-là, peuvent la mettre en danger. Pas avec lui. Pas forcément avec lui. Mais avec d’autres, peut-être. Ou alors est-ce sa méfiance naturelle et systématique qui le pousse à la paranoïa, à cadenasser tout ce qui pourrait le mettre dans des emmerdes superflues.
Elle se lève, et il la suit du regard, la gorge légèrement nouée. Il ne s’attendait pas à ça. Il pensait avoir fait le plus dur. Qu’il ne leur resterait plus qu’à rentrer pour mieux décamper et ne plus en parler. Il s’est trompé, de toute évidence. Naturellement, pourtant, sans chercher à conditionner son discours, il articule le plus simplement du monde :
« Je n’avais jamais emmené quelqu’un de cette façon, non. Je n’ai pas pour habitude de demander de l’aide à mon cercle extérieur. C’est une première pour moi. » Et c’était vrai. Sans Nova, sans ce tuyau dont elle n’imaginait pas l’importance, alors, jamais il n’aurait su comment rencontrer quelqu’un à qui, presque arbitrairement, il avait légué une confiance phénoménale, dont dépendait son avenir. « Je ne pourrais jamais oublier tout ça, de toute manière. Ça me semblait légèrement évident. » Son sourire revient, un peu, comme pour chercher à la dérider, à chasser la peine qu’elle émet et transmet par vagues, comme des ondes rebondissant tout autour d’elle, et qu’il discernait avec une acuité surprenante. « J’aurais préféré ne pas avoir à te ramener ici. J’aurais voulu t’épargner le pire. Je n’avais pas le choix, mais ça ne rend pas la situation moins lourde à porter, pour moi. Je parle de ma responsabilité. J’ai de la chance que tu ne m’en veuilles pas. Alors je persiste : c’était normal, à mes yeux, de te ramener en un seul morceau. » La hantise. Un autre moment de son existence à pouvoir figurer parmi la longue et immense galerie de chocs et de situations à devoir affronter sans détour, sans attendre. « Je suis désolé d’apprendre que tu n’as pas un cercle à toi, à Shreveport. Je pensais… je croyais que tu étais très entourée, au contraire. » Sur quoi se baser ? Il l’ignore. Il s’aperçoit de la stupidité de ses propres préjugés. Car comment s’en expliquer ? « Je ne saisis pas, d’ailleurs… Une fille comme toi, devrait logiquement crouler sous les connaissances… Alors… comment… ? Pourquoi ce serait mieux pour toi et pour les autres de rester dans cette situation, d’ailleurs ? » Et comment poser la question sans plonger les deux pieds dans le plat ? Peut-être est-elle de ces créatures capricieuses et insupportables faisant fuir les amitiés d’office. Peut-être n’est-elle pas aussi innocente et aussi douce qu’elle paraît l’être. Non… Non, il l’aurait senti. En voiture, ou pendant leurs aventures. Il sent ces choses-là, pour les fuir avec abnégation. Il s’agit donc d’un autre point à soulever. À creuser.
« L’idée, c’est que… je pensais qu’associer mon visage à ce que tu viens de vivre n’était pas la meilleure façon de t’en relever, tout simplement. Même si, finalement… c’est plutôt à toi d’en décider, non ? » Il était pour le libre-arbitre, et elle n’était plus une enfant. Il n’a donc pas son mot à dire. Les compliments dont elle l’a enrobé, entouré, lui tournent encore dans la caboche, sans qu’il ne sache très bien quoi en faire. Comme des cartes avantageuses au poker, présentant plusieurs combinaisons intéressantes. Mais laquelle choisir ? Comment éviter de finir plumé ? Piégé à son propre jeu ? Il n’a jamais oublié celui de la séduction. Il en a été un fervent maître et pratiquant. Il a toujours aimé cela. Les possibles. D’autres combinaisons : celles des corps et des esprits, faits pour se rencontrer, pour se lier, pour une nuit ou plusieurs années. C’est ce qui lui rend la vie plus belle, plus riche : la surprise, ne pas savoir ce qu’il en sera du lendemain. C’est ce qu’il recherchait, en refusant l’attachement, une fois le deuil de ses fiançailles accompli. Mais passer la nuit avec elle ? Maintenant ? Elle le confronte à un dilemme. Céder à des pulsions qui ne seraient en rien une corvée, ou bien se montrer plus fort, plus responsable, en tournant les talons à l’idée de profiter de la fragilité émotionnelle d’une gamine qui pourrait être sa fille. Alors, faisant des ronds de jambe, esquivant pour quelques minutes de plus en retardant l’échéance d’un choix définitif, voilà que ses prunelles se rivent vers la table, vers les reliefs de leur repas. Il écrase son mégot dans le cendrier, faisant crisser la poussière grise et regardant les braises rougeoyantes se consumer, pour la dernière fois. La poésie d’une clope qui s’éteint lui plaît toujours autant. « Qui se montre vieux jeu maintenant, hein… ? » Le bleu se relève finalement, l’englobant de ses cheveux encore humides, sans doute, à ses jambes puis ses pieds nus. Sa mise la rend plus juvénile qu’elle ne l’est déjà. Sa mise lui complique la tâche, songe-t-il. Une pensée qui ferait hurler toutes les féministes un poil extrêmistes, mais il n’en a rien à foutre. « Et qu’est-ce que je préfère à ton avis ? » Lui-même n’en sait rien. Il s’est laissé porter sur le chemin d’une sexualité bordélique, pervertie à la fin de son adolescence, et qui lui a toujours apporté un bonheur tenace, vivace, la fierté de ne jamais se revendiquer de tel bord ou tel autre, de ne jamais avoir de comptes à rendre à personne d’autre qu’à lui-même. Pas de frustration. Jamais. Une vie raisonnablement dissolue, tout compte fait. Une façon de faire des compromis raisonnables. De jouer sur les deux tableaux, sans sortir complètement du cadre.
« Dana… » Il soupire, repousse sa chaise et se lève finalement, lui aussi. Il n’a pas envie de jouer avec elle. Il se demande sincèrement, quelle décision serait la meilleure. Il n’aime pas cela. Il n’aime pas devoir être celui qui tranche. Il voudrait que tout soit si simple, car il fuit le drame comme la peste. Il enfonce un peu ses mains dans ses poches, se campant bien droit devant elle : « Demande-toi simplement pourquoi, tu… » Pourquoi lui ? Pourquoi maintenant ? « Tu es vierge, c’est ça… ? » Question rhétorique. Il s’en veut d’avoir à mettre le doigt sur ce qui brûle, chauffe et dérange. Comme s’il rajoutait du sel sur une plaie encore fraîche (car pourquoi l’aurait-elle crié de cette façon, autrement ?). « Tu as vraiment envie de ça ? Maintenant ? Avec moi ? Après… tout ça ? Ou bien est-ce ce que tu ressens qui t’y pousse ? » Il s’oblige à la regarder sans faillir. Il s’oblige à dresser un mur entre lui et les pulsions brutes qui pourraient le faire pencher trop tôt, trop vite. Il n’a plus l’excuse de la jeunesse empressée. Il sait parfaitement qu’il est capable de se contrôler, qu’il n’a pas besoin d’elle pour assouvir quoi que ce soit. Cela fait des mois qu’il s’est enfermé dans une vie d’ascète, sur le plan charnel. Et, avant elle, avant ce soir et cette nuit, rien ne le dévorait, aucun vide terrible autre que la présence manquante de Carl, pour tout ce qu’elle représentait. Ils n’avaient jamais été exclusifs. Mais son parcours, leur fuite depuis Baltimore et l’angoisse d’avoir à tirer un trait, mettre un point final sur son passé de médecin-bourreau avait coupé court à toute question de retrouver quelqu’un, même pour une poignée de coups de reins avant le nouveau grand vide. Pour alléger l’atmosphère autant que pour clarifier les choses, il s’oblige à formuler, tout en se trouvant ridicule :
« Je ne suis pas gay, si c’est ce que tu te demandes ou sous-entends. » Il ne peut faire autrement que de sourire encore. Sa naïveté lui fend le cœur. D’autant qu’il n’est pas dupe et comprend, entre les lignes, que s’offrir de cette façon à lui représente une marque de confiance aussi soudaine qu’incompréhensible, mais surtout flatteuse. Il serait un monstre que de ne pas s’en montrer digne. « Je ne pense pas qu’il s’agisse d’une variante du syndrome de Stockholm, non. On est bien loin de ça. Mais je ne veux pas que tu t'en mordes les doigts par la suite. Je ne veux pas que tu te bases sur une image que tu as de moi qui… enfin… » Il n’y a pas de bon moyen de formuler ce qui le taraude. Il conclut donc, calmement : « Je ne veux pas que tu regrettes quoi que ce soit. » Et lui, dans tout ça ? Il ne doit pas se dédouaner, se cacher derrière l’hymen intact pour ne pas réfléchir sur ce que lui pourrait éprouver. Lorsqu’il la regarde, qu’il la regarde vraiment, il voit quelques défauts qui ne le dérangent en rien. Cela fait longtemps qu’il n’a pas aimé ni touché une femme. L’ombre de June les a faites fuir, obstinément. Ou bien est-ce lui, qui a « nettoyé » autour de sa sphère intime ? Probablement que oui. Alors, il redécouvre le dessin d’une chevelure qui lui plaît. Le tracé des yeux presque effilés, en amande. Le visage allongé, les traits fins, et cette bouche, surtout. Cette bouche, véritable appel aux baisers, point phare d’un faciès difficile à contester comme muni d’un charme doux, sans vulgarité. Elle manque de formes. Elle n’est pas pourvue d’une poitrine opulente, de hanches rebondies. Mais il apprécie les cuisses qu’il a vu fermes et mouvantes, sa taille, la grâce qu’elle dégage quand elle marche. Ce n’est pas une grâce de nymphe, ni de sylphide. C'est… différent. Dana Campbell ne sait peut-être pas qu’elle est belle, et c’est sûrement ce qui l’empêche de tourner les talons aussitôt pour s’enfermer dans sa propre chambre.
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Last man standing
Dana Campbell
4B53NC3 - Have you ever considered piracy ? PS : J'ai les mollets concaves. CONCAVES !
Always code as if the guy who ends up maintaining your code will be a violent psychopath who knows where you live
En un mot : Mésadaptée
Qui es-tu ? : -
Propriétaire du ArtSpace
Electro-aimant à CESS
Geek
Codeuse émérite
Hackeuse
Socialement inapte
Presbyte
Vieille fille impulsive mais ultra riche sans que personne ne le sache.
Facultés : -
Craquer des codes.
Hacker des programmes.
Dénicher des choses.
Être étrange.
Ne pas se faire chier.
Être une bonne patronne.
Courageuse au mauvais moment.
- Une fille comme moi ? Elle se désigna du bout du doigt, pour s’assurer qu’il ne parlait pas d’une autre. Grande, maigre, pâle avec des énormes lunettes, plutôt distante, mais avec une fâcheuse tendance à défendre les ordinateurs de la veuve et l’orphelin ? Cette vision de ça propre personne, qui n’avait pas changé depuis quelques années, qui avait probablement diminué depuis quelque temps, était terre-à-terre. Non, elle ne se voyait pas belle. Oui, se cacher derrière une identité virtuelle lui plaisait. Je n’ai pas de famille. Carrément aucune. Puis L’excellence dont je fais preuve et le risque élevé de mes activités nocturnes viennent avec un prix exorbitant. Je ne tiens pas à faire payer qui que ce soit pour mes décisions et les menaces qui pleuvent sur moi tous les jours. L’idée d’introduire quelqu’un, sans défense, à tout ce vaste univers laid, cruel et sans cœur me rebute. Qu’on s’attaque à moi par la bande, qu’un génie informatique trouve la faille, hack mes contacts, puis s’attaque à une personne qui m’est chère… Elle secoue doucement la tête, de gauche à droite. Qu’on soit blessé, traqué, floué ou pire, complètement détruit, à cause de ces activités illégales, c’était insupportable. J’ai fait le choix de conserver une certaine distance avec le reste du monde. Pour les protéger de moi. Elle espérait qu’il comprendrait. Enfin, non, il ne pouvait pas comprendre, ou peut-être un peu. La vie de chasseur contenait probablement son lot d’aléas et de conséquences. Ils avaient une association et il venait d’une famille qui pratiquait ce mode de vie. Il a été guidé, encouragé et accompagné. Dana était une autodidacte. Les études et les concours lui avaient fourni de beaux papiers à exposer dans son salon, mais c’est les livres, sa curiosité et l’accès à internet qui avait fait d’elle ce monstre informatique socialement inapte, mais extrêmement douée. L’ArtSpace, son sanctuaire, restait son unique sortie qui lui permettait un peu de contact avec le genre humain. Un pied dans la réalité. Une étrange réalité, mais elle y dévouait tout de même corps et âme. Comme si c’était son cadeau à la société.
Erg. Des fois, elle avait l’impression d’être une vraie mytho. Son éthique de travail castrateur et cette vie qui était digne d’un drama movie de mauvais goûts lui pesaient de plus en plus. Le genre qui jouait en plusieurs parties, à l’heure du diner, que personne ne regardait sauf les personnes âgées campées dans leur fauteuil, sous l’air climatisé. Elle n’aimait pas en parler. Quand il va savoir qu’elle a été abandonnée à quelques jours de vie seulement, ça sera le bouquet. Il aura pitié. Pauvre petite chose fragile.
Quand il se relève de sa chaise, lui demanda ce qu’il préférait à son avis, Dana vida d’un trait son verre et le déposa sur la table, comme on y dépose un pichet de bière vide. Elle le remplit, mais le laissa là.
La geekette s’étira de tout son long pour atteindre sur le rebord de la fenêtre un crayon qui y trainait. Agilement, elle l’attrapa. Lui faisant face, réprimant un frisson quand il prononça son prénom, elle souleva ses bras, attrapa sa chevelure. Désinvolte, son t-shirt se releva aussi, laissant voir une partie de la peau blanche de son ventre. Elle serre les dents sous la douleur, mais arrive à faire un chignon désorganisé au-dessus de sa tête pour y planter habilement le crayon. Ainsi maintenue, coiffure de guerre, prête pour la suite, elle n’allait pas laisser cette soirée virer au drame parce qu’elle osait l’honnêteté pour la première fois depuis… depuis très longtemps.
Et le couperet tombe.
Elle est vierge. Il n’avait pas oublié. Elle aurait préféré que son esprit efface cet épisode un peu trop révélateur. Qu’est-ce qui lui avait prit de lui balancer ça comme ça ? Grossière erreur. Bien que, comment savoir ce que frôler la mort dans une situation dangereuse et mystérieuse pouvait faire ressortir soudainement. Oui, elle était frustrée de cette condition qui, au final, s’était imposée naturellement avec le temps comme les toiles d’araignées qui s’accumulent au grenier. Elle avait largement passé l’âge d’entretenir cette l’illusion de la romantique première fois. Tout ce que cela lui amenait c’était des confirmations qui lui manquait quelque chose dans sa vie, qu’une découverte restait à faire. Mourir dans le WFC sans démonter de cet état virginal sacro-saint que n’importe quel homme un peu zélé religieusement y voyait un signe du destin aurait été une scène typique d’une commedia dell’arte . Et c’est la première chose qu’il lui était venu en tête à ce moment-là. Un gage avec soi-même. Un docteur comme témoin. Si elle sortait vivante de là, pas question de faire durer ce mystère plus longtemps.
Et il ne préférait pas les hommes. Dana retroussa son nez, d’une moue fâcheuse, embarrassée et mignonne à la fois. La prochaine fois, se taire resterait l’option la meilleure. Le rouge aux joues sous ses hypothèses fautives, ou du moins, qui ne dirigeait pas les tendances reproductives du chasseur uniquement d’un côté qu’elle n’aurait jamais accès, elle lui était reconnaissante de ne pas s’être vexé. Ce qui aurait pu être le cas, ce qui n’enlève à rien l’état « désirable » d’un homme, mais bon, elle avait imaginé qu’un hétérosexuel serait offensé qu’on insinue qu’il porte plus vers la nouille que la coquille. La jeune femme s’autofacepalm mentalement pour cette description cheloue . Étrangement, cela témoignait nettement de l’expérience et la sagesse de l’homme debout devant elle qui tenait sagement ses distances, les mains bien coincées dans les poches de son pantalon.
Il ne voulait pas qu’elle regrette.
Cette image qu’elle se faisait de lui n’était pas la bonne.
Pourtant, elle était bien consciente de la problématique qu’il représentait à ses yeux ; il était un docteur qui sauvait des vies le jour, un tueur de créatures la nuit, qui avait été engagé pendant quelques années pour tester, martyriser et torturer des cas psychiatriques et supernaturels pour mener des études sur des hypothèses et solutions dont elle ne connaît pas les finalités. Religieux où elle était profondément agnostique, il avait bien exactement 20 années de plus qu’elle. Il avait un cadre familial, des amis, une association, des études, des capacités physiques qu’elle aimerait bien découvrir ( quoi !? ), manier des armes et savait se défendre, attaquer et tuer. Il était franc, sans détour, précis et concis la plupart du temps.
Son total opposé.
Cela la fit enfin sourire.
Elle se détendit et poussa un long soupir. La cigarette toujours éteinte s’installa confortablement sur le haut de son oreille, coincé contre l’hélix. Elle se sentait soudainement plus légère, l’alcool faisant son chemin dans son sang, mais c’était parfait. Elle avait besoin de ça, de lâcher prise, de juste… être vivant. Demain, seule dans son appartement sombre, elle s’en voudra pendant des jours de ne pas au moins essayer. De ne pas avoir tenu tête à ses peurs conditionnées par une vie de recluse sédentaire aux talents incompris.
- Ian… Commence-t-elle gravement puis s’éclaire soudainement, un doux sourire en coin. Je suis peut-être vierge, mais je ne suis pas une chaste pucelle non plus : ne t’inquiète pas pour mon innocence bafouée, c’est fait depuis longtemps. Ce n’est pas comme si je me gardais intacte pour qui que ce soit en particulier. Que ça au moins soit clair. Il essayait de la protéger, de ne pas hâter les choses, qu’elle soit bien consciente de ce qu’elle voulait. C’était gentil.
Il lui demanda si elle avait vraiment envie de « ça ». Évidemment que oui. C’était viscéral et vital. À la fois une envie de célébrer la vie et de s’accrocher à celle-ci de la manière la plus naturelle qui soit. Mais peut-être avait-il seulement perdu la flamme. Combien de missions comme celle-ci tachaient son parcours de chasseur ? Le sang et la mort en viendraient-ils simplement à surpasser un jour l’appel de la vie ? C’était peut-être ce qu’il essayait de faire, d’éviter le sujet le plus politiquement correct possible, sans la froisser ?
Elle fait un pas vers lui. Il ne bouge pas. Une distance d’un pas entre eux deux, elle ne veut pas non plus le presser ni lui faire peur. Cette impression de jongler avec les possibilités, tirer les bonnes cartes, brassées, jetées, discartées au bon moment…
Puis soudainement, sans avertir, sans même y penser, Dana franchit le gouffre entre eux deux, sa main valide se soulève, décidée, et glisse le long de la mâchoire saillante du roc devant elle. La paume glisse au même rythme que ses lèvres qui s’accrochent fougueusement à celles du docteur en un long soupir qu’elle ne feint même pas de contenir. Son corps se presse contre le sien quand ses doigts délicats viennent frôler la nuque tendre sous le collet de cette chemise immaculée.
Et brusquement tout s’arrête.
Réalisant ce qu’elle venait de faire, les joues de la geekette s’empourprent et son regard bleu d’un ciel d’été s’agrandit sous la surprise. D’un bon, elle recule, impose une distance, grimace en retroussant le nez, une main sur le front.
- Oh Bordel, je suis désolée, je … je ne sais pas ce qui m’a prise. Puis ce met à arpenter la petite pièce, évitant de le regarder.
… elle n’était pas douée aux cartes.
Quand elle s’arrête enfin, complètement navrée de ses propres pulsions, Dana soulève les épaules et relève ses pupilles sur lui, un sourire beaucoup trop triste pour la situation :
- Si seulement je pouvais le regretter. Avoir le loisir de te maudire mille fois. Je rêve de faire pénitence pendant des mois, à me demander pourquoi et surtout comment j’ai osé offrir à un client, de s’envoyer en l’air juste avant de retourner à nos vies respectives.
Parce qu’elle n’avait jamais vécu ce genre de situation fâcheuse. Parce qu’elle n’avait jamais proposé à un homme ce genre de chose. Parce qu’elle n’avait pas envie d’être seule.
Elle allait le regretter ? Peut-être. Peut-être pas. Qui le savait ?
Personne.
Après tout, avec sa chance, elle était peut-être seulement en train de s’enfoncer plus profondément dans le gouffre de la honte en l’entrainant lui qui voulait seulement la prévenir et se montrer amical sans être brusque, dans ce soudain élan de confession.
Écoute. Rafistole-moi l’épaule que je ne me saigne pas à blanc cette nuit, prends un dernier verre et l’on se dit à demain matin. On va oublier tout ça et retourner comme c’était avant. Je cuverais mon alcool et je vais ronfler pendant que tu nous ramènes à Shreveport. Je ne t’embêterais pas avec ça, promis.
Et on en reparlera plus. T’inquiète.
Ian C. Calloway
Fear is the mind killer
✞ PAINT IT BLACK ✞
"Tomorrow is another day,
Today is another bomb."
En un mot : Chasseur et Fils d'Abraham. Foi, Ferveur, Fardeau.
Qui es-tu ? :
"You never thought we'd go to war,
after all the things we saw."
✞ Deuxième fils d'une fratrie de trois. Cadet d'une famille de chasseurs aux traditions transmises par les pères d'aussi loin que la mémoire puisse remonter, dans les forêts d'Europe de l'Est ; racines plantées aux environs de Prague.
✞ Il tue les monstres, et particulièrement les Longue-Vies, Grandes-Dents ou fils de Caïn, qu'importe le nom qu'on leur donne : ennemi des vampires comme des lycanthropes, lorsque son frère aîné requiert son aide.
✞ Naissance à Boston, la cité-bloc balayée par les vents de l'Atlantique. Ville délaissée pour la chaude et discrète Baltimore, dans le giron des brumes de Poe. Ville adoptée, chérie comme Washington D.C.
✞ Sportif de toujours, ancien étudiant modelé par les matchs, les courses et les sauts ; a décroché une bourse pour l'université et n'a jamais cessé de tailler ce corps solide et agile lorsqu'il le faut.
✞ Il a prêté serment : docteur vouant son existence au soin des hommes, des femmes, des vieillards et des enfants. Confident de tant d'inconnus qu'il en a parfois le tournis, rassure et prescrit, soutient infirmières et collègues. Mains assez robustes pour soutenir un grand gaillard mais assez tendres pour préserver un nouveau-né.
✞ Pilier des Calloway ; homme réputé pour sa dignité, sa réserve et ses colères froides. Gardien de tous les secrets, jusqu'au plus purulent. Cherche à préserver les fondations du clan par tous les moyens, malgré les humeurs des uns et des autres.
✞ Médecin de mort, employé pendant plus de dix ans au WFC, organisme financé par les bourses du PASUA pour expérimenter sur les hommes abandonnés par leur raison, comme sur quelques CESS (les limites de l'esprit et du corps). Vie de fuyard depuis l'effondrement du site et la mort de son collègue et ami, assassiné par leur Némésis.
✞ A recueilli sa nièce Nova Calloway, en conflit permanent avec un père vétéran du 11 septembre et une mère aux abonnés absents. L'a arraché aux gratte-ciel de New York pour Baltimore, et désormais Shreveport. Non-dits, et silences douteux.
✞ Espère trouver anonymat, soutien et protection à Shreveport, entouré d'anti-surnats, et passe sa vie à esquiver les conséquences d'une décennie de péchés, que son Dieu est pourtant censé tolérer. En attente du regroupement des Calloway en Louisiane.
✞ N'aime que la ville. Il hait le soleil et l'humidité permanente qui s'abattent sur tous les États du Sud, pour lesquels il ne voue absolument aucune affection. En recherche de repères, passant d'un quotidien presque insouciant à un bras de fer de tous les instants.
✞ Tempérance et liberté. Aime le genre humain, de ses défauts les plus anodins aux tordus dont il questionne les esprits (poursuivre l'œuvre commune le liant à Carl Weiss). Horrifié par le monde dans lequel il vit, sans se résoudre à lâcher prise sur les démons à combattre.
✞LAST MAN STANDING✞
"Tomorrow never comes until it's too late."
Facultés : ✞ Formé au maniement des armes à feu en tout genre : armes de poing comme armes lourdes, si les circonstances l'exigent.
✞ Ne craint pas le corps-à-corps ni les combats à l'arme blanche, même s'ils ne suscitent aucune appétence en lui.
✞ Chasseur respectueux des traditions de son clan. Arme traditionnelle : arbalète aux carreaux d'argent. Terrain de prédilection via les chasses en hauteur et les pérégrinations casse-gueules sur les toits.
✞ Porteur d'une Foi qui guide son bras et protège sa chair vulnérable. Croyant tâchant de ne pas trébucher.
Thème : Unbreakable ✞ James Newton Howard.
✞ I AM A GOD ✞
"That's our cosa nostra."
Pseudo : Nero
Célébrité : Thomas Kretschmann.
Double compte : Eoghan Underwood, Sanford R. De Castro, Aliénor Bellovaque & Gautièr Montignac.
- Oh Bordel, je suis désolée, je … je ne sais pas ce qui m’a prise.
Vertige. Il n’a pas vu les secondes précédentes dérouler cette succession d’images comme minutieusement préparées. Il n’a vu qu’elle. Que cette longue silhouette esquisser quelques pas de ballerine inconsciente de ce qu’elle dégageait. Il n’a vu que cette chevelure en pagaille relevée approximativement, nouée comme celles des artistes légères. Il n’a vu que la peau diaphane d’un ventre encore plat, dont la lingerie contraste si violemment avec le pigment pâle.
Il n’a pas vu tout ce que contenait la résolution enivrée de Dana Campbell au-travers d’un sourire dont l’issue s’avérait amplement prévisible. Elle s’est approchée sans bruit, et ses lèvres ont volé les siennes, quand la paume s’est abîmée sur sa joue ambrée, guère rasée depuis deux jours.
Il s’est souvenu. Lorsqu’elle l’a embrassé, il s’est souvenu d’étreintes passées, au point que tout son corps s’est mis à hurler. Comme un volcan pendant longtemps endormi, ses fondations se sont mises à remuer, pressées par une lave que d’un contact elle avait su embraser, réchauffer, remuer. Le « roc » a tremblé, la pierre prête à céder, quand il n’a pas eu le loisir de lui rendre ce qu’elle lui donnait, avec une honnêteté et une insouciance telles qu’il n’aurait pu, alors, l’égaler. Quelque chose se réveille, oui. Lui, qui pendant si longtemps s’est pensé incapable de renouer avec son passé libertaire. Quelque chose se réveille, et son être tout entier s’extirpe d’une torpeur pareille à celle des Anciens endormis, pieu fiché dans le cœur.
Elle s’est reculée, et l’homme de raison en a conçu une révolte intolérable. Il n’y a rien de romantique. Rien de transcendant. Il n’y a qu’une réaction purement physique ; lui, ébranlé. Elle ne savait pas. Elle ne connaissait pas les secrets qui peuplent la mémoire des hommes comme lui. Plus qu’humain pendant longtemps exilé dans les contrées d’une stratégie nécessaire à sa survie, il s’est arraché les entrailles, séparé de tout ce qui le faisait passion autant qu’intellect. Est-ce à cause d’elle, alors ? Fallait-il une Dana Campbell ? Est-ce le succès de leur entreprise ? Est-ce que la dernière des putains aurait pu provoquer une telle sensation ? Il ne le saura jamais. Il sait simplement que le désir qui l’habite ordonne la possession de cette vierge coupable – pas innocente. Il n’entend rien à ses excuses brouillonnes, à la confusion ni aux va et vient. Il appartient à une autre sphère, une autre dimension. Ils sont différents, malgré une poignée d'éléments les rendant semblables. Il croit demeurer dans cet immobilisme depuis des heures, mais bien moins d’une minute s’est écoulée, lorsqu’il en revient à fixer solidement le ballet de ces jambes qu’il souhaite soudain sentir autour de ses reins. Son odeur d’agrumes lui flotte sans cesse sous les narines.
Il abandonne. Il lâche les armes. Lui aussi veut vivre. Lui non plus n’a en rien oublié la préciosité des sentiments nés de ces pulsions de vie rescapés de dangers innommables. L’âge n’y change rien. Il a toujours porté ce feu vif que rien n’a, pour l’heure, réussi à éteindre. Ni la fatigue née des années, ni le cynisme qu’il exprime comme un forcené. Il ressent le besoin, lui aussi, de trouver un corps étendu à ses côtés. De sentir sous sa poigne la hanche, même discrète, d’une femme ou d’un homme. De trouver dans un cou les parfums les plus intimes, les plus personnels, et de sentir une créature vivre sous son poids. Morsures légères, ongles raclant l’épiderme offert, et autres conséquences du stupre ainsi réclamé. Il n’a jamais réussi à concilier sa foi en Dieu avec la sagesse d’une existence sans la fougue d’étreintes aussi surprenantes que nécessaires, pour lui.
Dana Campbell. La jeune femme s’est livrée, comme lui. Un échange honnête, désarmant de franchise que tous deux pourraient un jour payer cher – mais non, liés par le pacte. Sa jeunesse ne change rien aux responsabilités, les mêmes que les siennes, semble-t-il, qu’elle porte sur ses épaules si frêles. Il trouve en ses paroles, en sa crainte de faire peser sur autrui la somme de ses actions, un écho auquel il ne peut demeurer insensible. Il se demande si cette pensée ajoute un sel acide à cette réaction chimique qui le voit se tendre pour elle.
Il baisse les yeux, à peine un instant. Il ne compte pas la quitter maintenant. Il faudra qu’elle le repousse, qu’elle lui intime clairement de quitter cette chambre, pour cela. Il sait ce qu’il lui reste à faire. Il ne peut confier entre ses paumes inexpérimentées l’avenir proche qui les attend, sous ce toit. C’est à lui de la guider, comme il l’a fait dans les couloirs haïs. Une image s’imprime, aussi spontanée que curieusement plaisante. Par-delà la peur éprouvée, eux deux enfermés dans le casier de métal, elle blottie entre ses bras, alimente le vice qui court déjà, ici-bas. Les psaumes récités se conjuguent au péché de la chair corrompue. Hérétique ponctuel, mauvaise graine plantée au côté des autres, plus saines, il articule, presque moqueur.
« Les regrets sont inutiles. » Ses prunelles reviennent se ficher dans les siennes. Il attend avant d’esquisser un sourire léger, presque fragile tant l’atmosphère s’est chargée d’une énergie reconnaissable entre mille. Quelques scrupules le retiennent encore. Pourquoi ? Il humecte ses lèvres portant encore la trace de celle dont il s’apprête à devenir l’amant. Sa jeunesse le bouleverse. Est-ce en cela le motif de son hésitation ? Peut-être. Non pas qu’il complexerait de sa stature d’aîné. Mais à force de regarder les corps, il a fini par comprendre ce culte voulant que les femmes s’accrochent à la fraîcheur dont elle, ici et maintenant, est auréolée. Glorieuse. Il s’apprête à abuser d’elle en quelque sorte, de ses envies aussi égoïstes que les siennes. Et son désir n’en devient que plus fort. « Mais pour ce qui est de la pénitence… ça, ça peut s’arranger. »
Avec un naturel propre à son tempérament, l’homme s’approche et, d’un geste léger, accroche du bout de ses phalanges celles de Dana Campbell. Il l’attire à lui comme il l’avait fait dans cette salle de la sécurité empuantie et tagguée. Il la reprend entre ses bras jusqu’à pouvoir comme sentir chaque partie d’elle moulée à lui, jouant de la proximité entre eux, son nez frôlant le sien. Il se fige, pour lui permettre de se faire à leur posture, à leurs membres, proches de se voir emmêlés. Il soupire, respire les fragrances mêlées de gel douche, de son odeur naturelle, de sel, de tabac et d'alcool. L’eucalyptus, le sang séché et la merde s’évanouissent. Il n’y a qu’elle. Il redécouvre le plaisir de la proximité, prenant son temps, dans un suspens qui ne permettrait aucunement à la Louisianaise de douter de l’effet qu’elle provoque sur lui. « J’espère que ceci est une preuve suffisante. »
Il ne lui laisse pas l’occasion de répondre. Il happe cette bouche audacieuse pour la faire sienne, et ses paumes se propagent contre le dos, les reins, le creux des omoplates, esquivent autant que possible l’épaule blessée. Il va lui faire mal. De toutes les façons possibles, tant en profanant l’hymen qu’en remuant son membre endommagé. Il s’en moque, pour l’heure. Il respire l’odeur d’une femme jeune, auprès de laquelle il est sorti de l’Enfer, moins d’un jour auparavant. Il s’approprie la saveur unique d’un baiser qu’il souhaite prolongé. Comme une sorte de test, une façon de lui permettre d’assurer le propre désir de sa protégée à son égard. Soudain, une main plus impétueuse quitte son refuge temporaire pour se faufiler entre eux deux. Alors seulement, leurs lèvres se séparent. Il la regarde. Sa paume vient se mouler au calice encore protégé par le tissu opaque, et ses dextres s’agitent, lentement, faisant bruire la lingerie, dernier rempart entre elle et lui.
Intime.
Il la fixe, cherche à lire en elle. Est-elle craintive ? Est-elle avide ? Restera-t-elle prisonnière de sa prison de peur, ou bien déploiera-t-elle de surprenantes initiatives ?
« Tu ne devrais pas rester seule. Pas tout le temps. » Pression d’un index longeant le creux, l’origine du monde. « Personne ne mérite de rester aussi seule. Même une fille grande… maigre, pâle, avec d’énormes lunettes. Dana Campbell. » Ses pouce et index libres, eux, projettent ailleurs d’une pichenette la cigarette intacte logée derrière l’oreille de la candide. Alors, il s’approche, soufflant contre la courbe cartilagineuse, gratifiant d’un infime coup de dent le lobe à sa portée. « Je ne te laisserai pas toute seule cette nuit, si tu ne le veux pas. »
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Last man standing
Dana Campbell
4B53NC3 - Have you ever considered piracy ? PS : J'ai les mollets concaves. CONCAVES !
Always code as if the guy who ends up maintaining your code will be a violent psychopath who knows where you live
En un mot : Mésadaptée
Qui es-tu ? : -
Propriétaire du ArtSpace
Electro-aimant à CESS
Geek
Codeuse émérite
Hackeuse
Socialement inapte
Presbyte
Vieille fille impulsive mais ultra riche sans que personne ne le sache.
Facultés : -
Craquer des codes.
Hacker des programmes.
Dénicher des choses.
Être étrange.
Ne pas se faire chier.
Être une bonne patronne.
Courageuse au mauvais moment.
Inutiles? Proust disait que le regret était un amplificateur du désir. Il pourrait au moins lui laisser cela! Remplacer ses remords par des scénarios périmés, de stériles synopsis qui la tortureraient à intervalles irréguliers, dans la noirceur de sa chambre à la lueur de ses écrans. Elle avait pourtant été au-devant en acceptant ce contrat. Mettre fin aux fables d’un destin cloué à son ordinateur. Passer à l’action. Et comment l’exploit aura été grandiose et terriblement efficace pour qu’à la fin, dans cette dernière pulsion d’écouter sa vitalité, ce soit la défaite d’une proposition osée et téméraire qui lui restera à jamais gravée dans la mémoire?
Pendant une seconde, elle le supplie du regard, espérant qu’il en finisse rapidement, qu’il ne fasse pas durer ce tourment. Comme un diachylon qu’on arrache d’un trait pour éviter de supporter la douleur tout le long du processus. Ian ne la torturait jamais inutilement. Il fera ça bien, prestement, comme un gentleman. Se noyant dans sa pupille, elle redresse les épaules, prête à assumer son sort. Celui de la plus lamentable des claustrations.
- Pardon?
Pas le temps de bien comprendre ce qu’il lui disait que son sauveur s’approche et l’attire vers lui. Elle ne respire plus, le souffle en suspend. Son corps se love au creux de ses bras, faisant complètement abstraction de cette blessure handicapante. Si près, leurs nez se frôlent, elle peut sentir son souffle sur sa peau, entendre ce soupir qu’il libère, le jeu de ses muscles qui se figent un instant. Elle doit fermer les yeux un moment pour assimiler le retournement de situation. De ses lèvres entrouvertes s’extirpent des mots muets qui n’ont plus de sens, des pensées qui ne seront jamais entendues, des questions sans réponse. Dana inspire profondément faisant gonfler sa poitrine contre celle de Ian. Elle fronce les sourcils, mue par ce combat intérieur face aux impossibilités qui s’alignaient parfaitement bien puis bouge légèrement la tête, frôlant à peine le visage de l’autre, son corps se déplaçant de quelques centimètres imperceptibles pour s’imbriquer de plus près.
Le rouge teinta ses joues quand il demande si elle avait une preuve suffisante. Oui. Elle devinait parfaitement qu’il avait accepté son invitation. Se mordillant la lèvre, un léger sourire se dessine sur la commissure de celles-ci quand elle ouvre ses yeux, pour le soutenir sans honte, une lueur de gaieté espiègle au fond de sa prunelle. Oh, bien sûr qu’elle allait ajouter une connerie. Remplir le silence de la pièce par des mots aussi futiles que les vêtements qu’elle portait en ce moment. Il n’était pas un débutant ou un intermédiaire. Ian savait. Point.
Quand de justesse, il s’empare de ses lèvres, ne lui laissant aucune chance de gâcher les prochaines secondes, Dana se sent carrément fondre entre ses bras. C’est ce qu’elle voulait. C’est ce qu’elle avait demandé et très très très loin était l’envie de lui refuser la suite inévitable. La jeune femme passe ses bras autour du cou du chasseur faisant fi de la pointe de douleur qui lui traversa l’épaule puis moula son bassin contre le sien. À sa bouche, se mélangent sans attendre les discours humides d’une langue avide de faire la rencontre de son hôte. Ses mains glissent le long de son crâne, ses doigts se perdent dans sa courte chevelure propre. Il sentait bon. Un mélange odorant et subtil du savon de l’hôtel et de désodorisant pour homme. Un parfum masculin, simple, parfait et qui enivrait ses sens.
C’est ce qu’elle avait dénoté quand ils étaient coincés dans ce casier. Elle l’avait déjà remarquée. Leurs sorts avaient-ils été scellés à cet instant?
Doucement, une main virile se glisse entre leurs deux corps et la geekette se fige un moment. Pas par crainte, mais d’impatience. Brûlante, c’est difficilement qu’elle contient un gémissement. Elle ferme pourtant les yeux, aspirant avec empressement l’oxygène qui lui manquait sous le sursaut de plaisir qu’il lui faisait trop facilement miroiter. C’était terrible de lui enlever la possibilité de souder sa bouche contre la sienne. Au lieu de la détourner de ses supplices, il l’observait, avec la patience d'un roi en son domaine, frémir à son contact. Il n’y avait aucune peur sur son visage. Pourquoi aurait-elle peur? Ce n’était pas un secret. Génie du code, elle n’avait peut-être pas les aptitudes pour la suite, mais elle avait toujours eu l’imagination nécessaire pour se préparer à cet instant.
Puis, entre vous et moi, il était grand temps d’accueillir l’occasion quand elle arrivait à s’en saisir. Ses instincts avaient pressenti qu’il serait celui qui la libèrerait de sa condition. Ils l’avaient poussée bien plus loin qu’elle n’avait risqué de le faire depuis des années (et quand on y pense, c’est triste et lamentable à son âge, mais vous savez pourquoi, vous savez-vous aussi.)
Elle était prête. Depuis longtemps, même. Elle attendait seulement que Ian Calloway apparaisse sans avertir dans sa vie, contre toute attente.
Ainsi donc, il ne la laissa pas parler. Les pressions habiles contre sa moiteur l’empêchèrent de formuler des rationalités. Pas tout le temps. Elle n’était pas tout le temps seule, mais souvent, même entourée de ses collègues qui étaient les seuls humains qui avaient la chance de la côtoyer autrement que virtuellement, elle maintenait une distance. Personne ne la connaissait vraiment. Ou si. Peut-être une personne, mais celle-ci se traduisait par un pseudonyme sur son moniteur. En quelques heures, elle avait déballé à Ian des confidences qu’elle n’avait jamais évoquées à personne d’autre. Il avait eu sa confiance parce qu’il lui avait prodigué la sienne.
Si différent. Si pareil à la foi.
Personne ne mérite de rester aussi seul.
Et pourtant, à leurs retours à Shreveport, il la laissera probablement à elle-même. Ce n’était décidément pas de sa responsabilité de s’assurer que l’effroyable solitude de la… grande, maigre, pâle et avec d’énormes lunettes, soit comblé. Elle ne connaissait pas d’autre manière de faire. Les choses pourraient changer, mais cela prendra du temps. Puis à part elle même, personne ne sera là pour le lui rappeler. Il était bien gentil de s’inquiéter de ses choix interpersonnels, mais elle n’avait pas le luxe de faire autrement.
Ce n’était pas du pessimiste. C’était simplement la réalité. Qu’est-ce qu’un homme comme Ian aurait bien à faire avec une nymphette comme elle? Bon, elle avait bien quelques idées, mais il était un peu tôt pour le lui proposer d’autres indécences.
De retour au moment présent, le docteur trouva les mots justes. Une profonde inspiration répondit à sa demande, des dents aguicheuses s’emparant d’une seconde parfaite à son lobule sensible à tout stimulus. Elle soupire, ouvre les yeux. Elle le fixe avec insistance puis sourit tendrement, en caressant la mâchoire de l’homme entre ses bras.
- Ne me laisse pas seule. Reste avec moi, Ian Calloway.
À son tour de l’embrasser fougueusement, leur respiration s’entrechoquant dans la fureur d’un accord partagé. Son cœur palpitait, sa peau était sensible à l’extrême, elle s’abreuvait de chacun de ses mouvements, de ses souffles, de ses mains qui parcouraient ses formes.
Dana se fit alors maitresse de ses gestes pour s’éloigner légèrement et s’en prendre à cette chemise de trop que le chasseur portait. Elle n’avait qu’une envie, faire éclater les boutons comme dans les films, mais ce contentant de déboutonner dans une frénésie classique. Victorieuse avec son aide, elle le fit glisser hors de son vêtement avec empressement et d’un mouvement moins habile arriva à se sortir de son propre t-shirt, l’avant-dernier bout de tissus qui la couvrait.
Une grimace sous la douleur de son épaule, elle oublia très rapidement que sa plaie était fraiche et demandait à être rafistolée. Elle s’en moquait. Ils pourraient finir couvert de son sang que rien ne pourrait les arrêter maintenant. C’est donc à moitié nu, sans les complexes qu’elle s’était imaginé qu’elle réduit la distance entre eux deux pour couvrir de son corps, les muscles du docteur. C’était chaud. Si naturel. Si parfait. Ses lèvres rencontrèrent une épaule, remontant sur sa gorge, suivie d’une langue curieuse, qui grimpa jusqu’à son oreille, s’emparant à son tour des courbes rigides de celle-ci.
- C’est parfait… lui murmure-t-elle pour s’agripper à lui, d’un bond énergique. Ses jambes coincèrent la taille ceinturée de Ian, puis elle remonta ses bras pour entourer sa nuque de toutes ses forces, le surplombant légèrement. Elle baissa son menton pour coller à nouveau sa bouche contre la sienne, sa menue poitrine érigée d’excitation de découvrir la suite.
Ian C. Calloway
Fear is the mind killer
✞ PAINT IT BLACK ✞
"Tomorrow is another day,
Today is another bomb."
En un mot : Chasseur et Fils d'Abraham. Foi, Ferveur, Fardeau.
Qui es-tu ? :
"You never thought we'd go to war,
after all the things we saw."
✞ Deuxième fils d'une fratrie de trois. Cadet d'une famille de chasseurs aux traditions transmises par les pères d'aussi loin que la mémoire puisse remonter, dans les forêts d'Europe de l'Est ; racines plantées aux environs de Prague.
✞ Il tue les monstres, et particulièrement les Longue-Vies, Grandes-Dents ou fils de Caïn, qu'importe le nom qu'on leur donne : ennemi des vampires comme des lycanthropes, lorsque son frère aîné requiert son aide.
✞ Naissance à Boston, la cité-bloc balayée par les vents de l'Atlantique. Ville délaissée pour la chaude et discrète Baltimore, dans le giron des brumes de Poe. Ville adoptée, chérie comme Washington D.C.
✞ Sportif de toujours, ancien étudiant modelé par les matchs, les courses et les sauts ; a décroché une bourse pour l'université et n'a jamais cessé de tailler ce corps solide et agile lorsqu'il le faut.
✞ Il a prêté serment : docteur vouant son existence au soin des hommes, des femmes, des vieillards et des enfants. Confident de tant d'inconnus qu'il en a parfois le tournis, rassure et prescrit, soutient infirmières et collègues. Mains assez robustes pour soutenir un grand gaillard mais assez tendres pour préserver un nouveau-né.
✞ Pilier des Calloway ; homme réputé pour sa dignité, sa réserve et ses colères froides. Gardien de tous les secrets, jusqu'au plus purulent. Cherche à préserver les fondations du clan par tous les moyens, malgré les humeurs des uns et des autres.
✞ Médecin de mort, employé pendant plus de dix ans au WFC, organisme financé par les bourses du PASUA pour expérimenter sur les hommes abandonnés par leur raison, comme sur quelques CESS (les limites de l'esprit et du corps). Vie de fuyard depuis l'effondrement du site et la mort de son collègue et ami, assassiné par leur Némésis.
✞ A recueilli sa nièce Nova Calloway, en conflit permanent avec un père vétéran du 11 septembre et une mère aux abonnés absents. L'a arraché aux gratte-ciel de New York pour Baltimore, et désormais Shreveport. Non-dits, et silences douteux.
✞ Espère trouver anonymat, soutien et protection à Shreveport, entouré d'anti-surnats, et passe sa vie à esquiver les conséquences d'une décennie de péchés, que son Dieu est pourtant censé tolérer. En attente du regroupement des Calloway en Louisiane.
✞ N'aime que la ville. Il hait le soleil et l'humidité permanente qui s'abattent sur tous les États du Sud, pour lesquels il ne voue absolument aucune affection. En recherche de repères, passant d'un quotidien presque insouciant à un bras de fer de tous les instants.
✞ Tempérance et liberté. Aime le genre humain, de ses défauts les plus anodins aux tordus dont il questionne les esprits (poursuivre l'œuvre commune le liant à Carl Weiss). Horrifié par le monde dans lequel il vit, sans se résoudre à lâcher prise sur les démons à combattre.
✞LAST MAN STANDING✞
"Tomorrow never comes until it's too late."
Facultés : ✞ Formé au maniement des armes à feu en tout genre : armes de poing comme armes lourdes, si les circonstances l'exigent.
✞ Ne craint pas le corps-à-corps ni les combats à l'arme blanche, même s'ils ne suscitent aucune appétence en lui.
✞ Chasseur respectueux des traditions de son clan. Arme traditionnelle : arbalète aux carreaux d'argent. Terrain de prédilection via les chasses en hauteur et les pérégrinations casse-gueules sur les toits.
✞ Porteur d'une Foi qui guide son bras et protège sa chair vulnérable. Croyant tâchant de ne pas trébucher.
Thème : Unbreakable ✞ James Newton Howard.
✞ I AM A GOD ✞
"That's our cosa nostra."
Pseudo : Nero
Célébrité : Thomas Kretschmann.
Double compte : Eoghan Underwood, Sanford R. De Castro, Aliénor Bellovaque & Gautièr Montignac.
Ce n’est pas qu’une question de corps physique. Chacune de ses réactions lui semble étonnamment pourvue de cette authenticité presque maladroite. Si dans son champ de compétence, celui pour lequel il l’avait recrutée, elle demeure dotée d’une agilité et d’un doigté incomparables, il n’en est pas de même pour le reste des choses de la vie. Et ce, tout en se drapant dans une posture mature et réfléchie la plupart du temps. Il n’oublie pas le courage dont elle a fait preuve sur le trajet, alors même qu’elle ignorait tout de leur véritable destination. Il n’oublie pas ses résolutions, sa volonté d’en finir vite. Elle n’a jamais failli. Jamais tremblé au point de vouloir faire demi-tour. Elle lui paraît soudainement proche de ces androïdes parfaits, conçus sans défaut apparent et uniquement dévoués à une tâche mécanique. Sauf que dans ce cas, l’androïde est détraqué. Foutrement humain. Foutrement ressemblant. Contemplant la vie des autres, incapable d’accéder aux plaisirs simples. Amis, amour, sexe, loisirs. Elle travaille. Elle œuvre pour l’humanité, reçoit une contrepartie, mais guère plus. Il n’est pas sûr d’avoir déjà croisé une fille comme elle au cours de sa vie. Et cela lui plaît. Elle alimente sa curiosité pour ce qui n’est pas ordinaire, pour les personnalités tranchant avec celles formatées par le moule. Elle lui donne envie de prendre, prendre sans ménagement comme un humain utiliserait la robotique, tout en cherchant à adoucir cette vie faite de métal, de circuits et d’électrodes, de composants froids et mécaniques. Cette idée l’amuse. Cette métaphore le séduit. Elle a rougi – est-ce une réaction naturelle, ou la résultante d’une programmation ? Il rit intérieurement, attendri, tandis que ses phalanges poursuivent cette danse posée, calculée, surveillant ses réactions. Elle n’a pas peur. Elle ne se recroqueville pas, au contraire. Quelque chose se délie, se développe et se déploie en elle. Plante avide de la chaleur qu’il crée, alimente et entretient, en symbiose avec la sienne, plus mesurée. Les bras qu’il sent autour de lui le calment, l’incitent à ne pas brûler les étapes. Il aimerait la gronder, lui dire de ne pas mettre au supplice son épaule molestée. Tant pis. Comme pour la clope et l’alcool précédemment ingérés, cette fois-ci, il passera outre.
Elle consent. Il restera.
Elle gagne en confiance, presque en défiance. Il lui rend un baiser solide et tempéré à la fois, témoignant de son contrôle de lui encore bien réel. Il ne se souvient plus de la dernière fois qui l’a vu perdre pied. Perdre réellement pied. Oublier de tenir les rênes, abandonner toute méfiance, toute prudence, juste pour savourer une étreinte, avant de replonger dans le quotidien. Ce soir plus encore que d’ordinaire, la gageure est de taille. Tant d’enjeux se pressent au portillon, de sorte que l’inexpérience de Dana lui est presque une excuse parfaite, la parade lui permettant de ne pas songer à lui. Juste à elle. La tête plongée dans le déni, exactement comme sa langue s’est emparée de la sienne. Il abandonne le tissu immaculé comme elle l’exige, et s’étonne de la voir sans plus de pudeur dénuder sa poitrine à elle aussi. Il la regarde, fait peser sur ses courbes discrètes sa concupiscence d’homme, à la fois brutale et dénuée de malveillance. Il ne la veut pas femme objet. Il la veut elle : dans toute sa simplicité touchante, tranchant si fort avec le vice qu’il a pu côtoyer par le passé. June n’était pas simple. Carl non plus. Deux exemples parmi tant d’autres avec lesquels elle contraste maintenant. Évidence, tandis qu’il lui permet de se familiariser avec ce qu’il est, sensible à son toucher sans s’oublier pour autant. Il ne manifeste un brin de surprise qu’en la sentant prendre son élan pour sauter et s’accrocher à lui. Sans y réfléchir, ses paumes la soutiennent. Il la contemple d’en bas, admirant son audace, décelant sûrement l’impatience qu’elle a cultivé depuis des années maintenant. Elle est prête.
Il sourit, enfin. Un premier sourire témoin de la complicité naissante dont ils auront besoin. Pour oublier les horreurs à défaut de les effacer. Pour cultiver la confiance qu’elle lui témoigne les yeux fermés. Elle est là : il éprouve son poids tout en n’ayant pas à forcer pour la soulever sans mal, accentuant son aura de sylphide. Sa bouche fond alors sous le menton pour mordiller sa gorge sans y abandonner de marque. Il ne s’y attarde pas si longtemps : il n’a qu’à se servir pour flatter de sa langue les seins qu’elle lui offre. Et alors que ses paumes se crantent plus solidement sur ses cuisses et ses reins, il flatte l’éminence déjà roide jusqu’à ce que ses lèvres se referment sur elle. Il ne sait plus à quel moment il a fini par la faire basculer sur le matelas, se juchant au-dessus d’elle. Il lutte contre les pensées parasites, les mêmes qui le voyaient déplorer cette expédition criminelle.
Tu es un sinistre connard. Tu es un sinistre connard. Tu es un sinistre connard.
Il doit se marteler lui-même qu’il ne s’agit pas là d’une profanation. Pourtant, c’est exactement ce qu’il ressent, lorsqu’il lui arrache la seule chose qui la sépare de la nudité totale. C’est exactement ce qu’il ressent, lorsqu’il fond entre ses cuisses, embrassant le cœur de ses jambes. C’est exactement ce qu’il ressent lorsqu’il éprouve toutefois le frisson d’excitation palpable, prêt à l’entendre faillir, céder – elle –, tandis qu’il peut se permettre de s’abriter derrière le paravent d’une responsabilité pleine et entière. Se montrer, sans vraiment le faire. Rester honnête, sans dire le vrai. Sans dire le fond.
C’est exactement ce qu’il ressent au moment de lui donner ce qu’elle a réclamé, conjurant la nuit précédente, oubliant l’eau gelée, les estafilades sanguinolentes, les poursuivants physiques ou imaginaires, leur marche en forêt, les chambres abandonnées.
Quand il la possède enfin, lorsque ses mollets interminables se trouvent arrimés à lui exactement comme il le désirait, ce n’est qu’alors qu’il parvient à oublier la mauvaise adrénaline, l’obscurité obsédante, les souvenirs superposés, les deuils en pagaille, les monstres relâchés, et toutes les conséquences qu’ils n’auront pas à affronter avant demain. Il n’y aura rien de parfait, non. Il n’y aura plus jamais rien de totalement parfait. La perfection ne réside plus qu’en cette grappe de détails saisis là, au gré du hasard. La soie de ses cheveux, celle du derme, les baisers au goût de rouille, les iris translucides. Et puis la révélation.
Elle n’est pas la seule à vouloir combler ce vide immense Et pour la première fois depuis presque six mois, il ne s’est pas senti seul, cette nuit. Plus totalement.
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Dana Campbell
4B53NC3 - Have you ever considered piracy ? PS : J'ai les mollets concaves. CONCAVES !
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Être étrange.
Ne pas se faire chier.
Être une bonne patronne.
Courageuse au mauvais moment.
Ses soupirs n’étaient pas un hymne à la situation, mais la prose de ses convoitises auxquels elle s’était longtemps excusée derrière l’embarras, la piètre qualité des hôtes et l’intérêt latent d’un moment à jamais amorti.
Dans le reflet de ses prunelles céruléennes, aucune peur. Aucune crainte. Ni d’avoir mal ni de ne pas être à la hauteur. Des affres qui lui semblent ridicules, infondées et surtout grossières après ces dernières heures. Plus rien n’avait de sens que la situation qu’elle avait volontairement quémandée. Ne restait que l’étonnement face aux égards matures et bienfaisants d’un amant expérimenté. Une valse dont elle ne contrôlait plus rien, laissant libre cours à ces envies qui lui pressaient de le faire.
Elle était en vie. Qu’y avait-il de plus important que ça? Rien.
Dana n’avait pas envie de couvrir d’un romantisme désespéré la situation dans laquelle elle se trouvait. D’un instinct aussi sûr que ses talents pour hacker une banque en Nouvelle-Écosse, elle s’encra dans le moment présent. Ses lèvres happées, les soupirs partagés, cette bouche tentatrice et joueuse qui disposait de son être comme le plus grand des secrets révélés. Elle se découvrit avide et prête à tout. Il la posséda avec une tendresse compréhensive qui lui fit verser une larme de bonheur.
La peau qu’elle serrait entre ses paumes, insistante. Ses lèvres soudées aux siennes. Ses dents qui écorchaient un derme dont l’odeur la rassurait. Son propre désir exprimé sans gêne. Deux corps qui comblaient le besoin de se sentir vivant et animé par des réflexes primaires, s’accrochant à cette foudroyante réalité du moment : Ils n’étaient pas seuls.
Ils échangeaient peu de mots, laissant libre cours à leur intuition dans cet acte inné. La simplicité des heures qui suivirent eut raison d’eux à quelques reprises. Assoiffé de combler ce vide, ils recommencèrent en accords silencieux, de mains qui se découvrent, de chair caressée, de frisson qui couvrait la peau. Combien de fois ? Le décompte n’était pas important.
Dana sombra dans un sommeil profond et bienvenu entre les bras de Ian, se laissant bercer par souffles qui retrouvèrent une cadence normale et leurs battements de coeur atteindre le rythme du repos mérité.
—
Des mains invisibles essayaient de l’étrangler. En plein centre de l’entrée du WFC, elle pouvait sentir le pavé froid sous ses orteils et l’odeur détestable des cadavres oubliés. Elle se débattait avec la peur au ventre, essayant d’agripper l’invisible. Des rires retentirent. Les portes claquèrent en un festival agressif. Incapable de respirer, Dana paniquait quand soudain, elle fut prise d’un spasme, qui la plia en deux de douleur, une vase noire se mit à couler de sa bouche, remplir ses poumons puis s’enfuir par ses narines, ses oreilles, ses yeux, la rendant bientôt complètement aveugle quand soudainement …
… elle se réveilla en sursaut.
Son regard eut de la difficulté à faire le focus sur le linoléum du plafond avant de réaliser qu’elle était toujours en sécurité dans sa chambre d’hôtel. Son coeur battait la chamade; elle avait encore fait un affreux cauchemar. Un rêve débile qui lui rappelait parfaitement ce qu’elle avait vu et vécu dans ce centre de malheur. Elle poussa un profond soupir, puis retourna la tête pour observer le docteur Calloway profondément endormi à ses côtés. Rassurée, parce que ça non plus, ce n’était pas qu’un rêve, elle ne put s’empêcher de sourire affectueusement devant le repos du guerrier. Il l’avait bien mérité.
Doucement, la geekette se glissa de sous le bras qui était posé naturellement sur elle, puis sorti du lit sans déranger le chasseur. Silencieuse, elle attrapa la chemise de celui-ci et la revêt avec un malin plaisir. C’était d’un cliché délectable. Cheveux rassemblés en chignon au-dessus de sa tête, elle attrape ses lunettes sur la table de chevet et de petits pas agiles, se dirige vers le meuble qui avait le nécessaire pour le café, thé, et le mini bar. La mini cafetière semblait d’une autre époque, mais facilement, avec l’eau du robinet de la salle de bain, elle réussit à la faire fonctionner dans un « glouglou » caractéristique du matin.
D’ailleurs, quelle heure était-il ?
L’odeur de la caféine embauma l’air de la chambre et elle ne put résister à se prendre une tasse de café noir et très chaud. Avec précaution, elle attrapa son ordinateur portable et vint se déposer sur le bout du lit, faisant face à l’homme nu dans celui-ci, l’observant avec un plaisir assumé, tout en sirotant sa boisson chaude, le regard partagé entre la musculature alléchante d’un homme d’action et ses courriels.
Comment se sentait-elle? Bien. Même très bien. Si ce n’était de la douleur lancinante de son épaule et des points de suture à moitié arrachés, Dana allait très bien. Pas de regret, ni de rancune. Elle n'avait aucune idée de comment allait se dérouler le reste de cette journée. C'était encore mieux dans cette chemise qui ne lui appartenait pas. Autant profiter de cette agréable illusion de normalité quelques minutes.
Parce que certainement, la réalité allait les rattraper rapidement.
- Bon matin. Souffle t’elle joyeusement, pour le réveiller.
Ian C. Calloway
Fear is the mind killer
✞ PAINT IT BLACK ✞
"Tomorrow is another day,
Today is another bomb."
En un mot : Chasseur et Fils d'Abraham. Foi, Ferveur, Fardeau.
Qui es-tu ? :
"You never thought we'd go to war,
after all the things we saw."
✞ Deuxième fils d'une fratrie de trois. Cadet d'une famille de chasseurs aux traditions transmises par les pères d'aussi loin que la mémoire puisse remonter, dans les forêts d'Europe de l'Est ; racines plantées aux environs de Prague.
✞ Il tue les monstres, et particulièrement les Longue-Vies, Grandes-Dents ou fils de Caïn, qu'importe le nom qu'on leur donne : ennemi des vampires comme des lycanthropes, lorsque son frère aîné requiert son aide.
✞ Naissance à Boston, la cité-bloc balayée par les vents de l'Atlantique. Ville délaissée pour la chaude et discrète Baltimore, dans le giron des brumes de Poe. Ville adoptée, chérie comme Washington D.C.
✞ Sportif de toujours, ancien étudiant modelé par les matchs, les courses et les sauts ; a décroché une bourse pour l'université et n'a jamais cessé de tailler ce corps solide et agile lorsqu'il le faut.
✞ Il a prêté serment : docteur vouant son existence au soin des hommes, des femmes, des vieillards et des enfants. Confident de tant d'inconnus qu'il en a parfois le tournis, rassure et prescrit, soutient infirmières et collègues. Mains assez robustes pour soutenir un grand gaillard mais assez tendres pour préserver un nouveau-né.
✞ Pilier des Calloway ; homme réputé pour sa dignité, sa réserve et ses colères froides. Gardien de tous les secrets, jusqu'au plus purulent. Cherche à préserver les fondations du clan par tous les moyens, malgré les humeurs des uns et des autres.
✞ Médecin de mort, employé pendant plus de dix ans au WFC, organisme financé par les bourses du PASUA pour expérimenter sur les hommes abandonnés par leur raison, comme sur quelques CESS (les limites de l'esprit et du corps). Vie de fuyard depuis l'effondrement du site et la mort de son collègue et ami, assassiné par leur Némésis.
✞ A recueilli sa nièce Nova Calloway, en conflit permanent avec un père vétéran du 11 septembre et une mère aux abonnés absents. L'a arraché aux gratte-ciel de New York pour Baltimore, et désormais Shreveport. Non-dits, et silences douteux.
✞ Espère trouver anonymat, soutien et protection à Shreveport, entouré d'anti-surnats, et passe sa vie à esquiver les conséquences d'une décennie de péchés, que son Dieu est pourtant censé tolérer. En attente du regroupement des Calloway en Louisiane.
✞ N'aime que la ville. Il hait le soleil et l'humidité permanente qui s'abattent sur tous les États du Sud, pour lesquels il ne voue absolument aucune affection. En recherche de repères, passant d'un quotidien presque insouciant à un bras de fer de tous les instants.
✞ Tempérance et liberté. Aime le genre humain, de ses défauts les plus anodins aux tordus dont il questionne les esprits (poursuivre l'œuvre commune le liant à Carl Weiss). Horrifié par le monde dans lequel il vit, sans se résoudre à lâcher prise sur les démons à combattre.
✞LAST MAN STANDING✞
"Tomorrow never comes until it's too late."
Facultés : ✞ Formé au maniement des armes à feu en tout genre : armes de poing comme armes lourdes, si les circonstances l'exigent.
✞ Ne craint pas le corps-à-corps ni les combats à l'arme blanche, même s'ils ne suscitent aucune appétence en lui.
✞ Chasseur respectueux des traditions de son clan. Arme traditionnelle : arbalète aux carreaux d'argent. Terrain de prédilection via les chasses en hauteur et les pérégrinations casse-gueules sur les toits.
✞ Porteur d'une Foi qui guide son bras et protège sa chair vulnérable. Croyant tâchant de ne pas trébucher.
Thème : Unbreakable ✞ James Newton Howard.
✞ I AM A GOD ✞
"That's our cosa nostra."
Pseudo : Nero
Célébrité : Thomas Kretschmann.
Double compte : Eoghan Underwood, Sanford R. De Castro, Aliénor Bellovaque & Gautièr Montignac.
Sommeil profond, comme pour chercher à enterrer les potentiels relents de culpabilité. Il n’a trompé personne. N’a trahi personne. Il s’est oublié avec un plaisir sincère entre les bras de la jeune fille enfin devenue pleinement femme. Il s’est oublié au point d’en avoir omis certaines précautions élémentaires, certaines questions lui semblant trop superficielles. Il a pris et donné tour à tour, cherchant à se montrer digne de la confiance imprudente qu’elle lui a témoignée. Il a tenté de lâcher prise, de se délester du sac de démons qu’il se trimballe vaille que vaille, jusqu’à l’absurde.
Lorsqu’il s’est endormi, rapidement heureusement, il s’est senti anesthésié, endormi comme après une injection de Valium ou de Propofol. Le corps fourbu, l’esprit élimé, il s’est enfoui dans un confort lâche, celui d’un corps féminin à proximité. Un corps jeune, sans les angoisses conférées par l’âge, sans les enjeux débattus jusque tard dans la nuit. La simplicité même, et il ne pouvait désirer mieux, alors. Peut-être que la solution se trouvait là, sans qu’il ne l’ait soupçonné avant d’en prendre connaissance. Quelques coups de reins, une jolie fille, et ça repart ? Fut une époque, cela lui aurait suffi. Aujourd’hui tout était incroyablement plus compliqué, mais il avait déjà pu sentir, avant la torpeur, à quel point les endorphines lui avaient manqué.
Ses rêves n’ont pas été plus agréables. June est venue lui rendre visite. June est venue le torturer, se rappeler à son bon souvenir comme elle l’a toujours fait. Comme s’il s’était trompé à son sujet, au bout de tant d’années, et qu’elle disposait d’un pouvoir la rendant surnaturelle à son tour, capable de le surveiller à distance et d’empoisonner son crâne d’idées néfastes et sadiques. Comme si elle ne supportait pas de partager son statut. Elles n’avaient pas été si nombreuses que ça, les filles d’Eve invitées à partager son lit. June avait toujours tiré du choix de construire sa vie avec elle, une certaine gloire la rendant supérieure à ses semblables : celle capable de lui faire oublier ses penchants, son attrait pour l’autre côté. Elle ne tolérait aucune rivale alors, et il semble que rien n’ait changé. Dana Campbell n’est pas la bienvenue. Dans son cauchemar, elle l’a piqué, l’a tourmenté de réminiscences désagréables, incluant la naissance de ses soupçons. Lorsqu’il avait compris sa déloyauté, quand les graines du soupçon avaient commencé à germer. Images fugaces d’une chambre plongée dans l’obscurité : intimité redoutée, crainte, disputes et cris.
- Bon matin.
Les paupières s’ouvrent timidement. Il lui faut quelques secondes pour se rappeler d’où il se trouve. Et, surtout, pour comprendre les lignes du tableau qui s’offre à lui, à moins d’un mètre. Les longues jambes qui ont attiré son attention la veille sont là, dans une posture qui lui plaît et qui soulignent leur finesse comme leur aspect plus pêchu, quand les cuisses se distinguent sous la soie blanche. Il fronce les sourcils, reconnaît sa propre chemise dans laquelle son buste menu disparaît. Un sourire las. L’odeur de café embaume la pièce, et la lumière parvient du dehors, timidement, là où les rideaux flirtent avec les baies vitrées. Il ne dit rien. Il apprécie le moment, la paix qui se dégage de ce réveil, l’aidant à se tirer des mauvais songes. Sa main s’avance, dans un réflexe pour la toucher, et ainsi tirer un pan de tissu, mais il se retient au dernier moment. Ils ont été amants, mais ce n’est pas censé durer. Il ne doit pas jouer la carte de l’ambigüité, ni se montrer incorrect avec elle. Il doit faire preuve d’élégance et de maturité, et c’est pourquoi il se contente finalement de rouler progressivement sur le dos, étirant sa silhouette avec indolence.
« Hum… » Il n’est pas bavard, au réveil. Le voilà qui fixe le plafond à son tour, qui écoute les échos de conversations provenant des touristes, les portières de voiture, celle du coffre, qui claquent dehors. Il frotte le coin de ses yeux aux pattes d’oie dessinées avec précaution, chassant les dernières brumes d’endormissement. « Tu aurais dû me réveiller tout de suite… Tu es debout depuis longtemps ? » Il est presque gêné qu’elle ait pu ainsi l’attendre, tout en s’avouant qu’il n’aimerait rien de moins que taper l’oreiller et repartir pour quatre heures de coma. Mais ils doivent rentrer. Shreveport attend. Il n’a pas besoin de poser des mots sur ce qu’il s’est passé entre eux. Ce genre de mise au point relève d’une autre époque de son existence. Il se relève dans un effort surhumain, un râle grognon extirpé du bout des lèvres. Sans se soucier de sa nudité, il fouille dans le sac de nourriture, en dégaine l’un des muffins dans lequel il croque avec un plaisir assumé, son estomac criant famine. « Il faut que je rafistole ton épaule, avant qu’on parte. » Il pivote pour la regarder, tout en mangeant. Dana Campbell est à croquer ainsi juchée, il doit bien le reconnaître, et quelques moments lui reviennent en tête, l’incitant, sinon à sourire, du moins à pousser un soupir replet. « Tu es prête à te taper plusieurs heures de bagnole à n’en plus finir… ? » Lui, il n’en est pas sûr. Même s’il a désormais de quoi penser plus agréablement, et que la plupart de ses questionnements obsessionnels se sont évaporés avec le succès de leur entreprise.
« Je suis encore désolé pour… tout ça. » Il cherche du regard les fringues qu’elle ne lui a pas piqué, enfile boxer et jean tout en finissant d’engloutir son petit-déjeuner de fortune. « Je retourne me doucher, à côté. Je te laisse préparer tes affaires, et puis… on se retrouve quand tu es prête ? » Il se fiche bien de sortir torse et pieds nus, ses pompes à la main et la désignant d’un hochement de tête pour le moins sympathique, plaisantant en évoquant sa chemise : « Tu veux la garder en souvenir ? Je te l’offre si tu veux. »
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Last man standing
Dana Campbell
4B53NC3 - Have you ever considered piracy ? PS : J'ai les mollets concaves. CONCAVES !
Always code as if the guy who ends up maintaining your code will be a violent psychopath who knows where you live
En un mot : Mésadaptée
Qui es-tu ? : -
Propriétaire du ArtSpace
Electro-aimant à CESS
Geek
Codeuse émérite
Hackeuse
Socialement inapte
Presbyte
Vieille fille impulsive mais ultra riche sans que personne ne le sache.
Facultés : -
Craquer des codes.
Hacker des programmes.
Dénicher des choses.
Être étrange.
Ne pas se faire chier.
Être une bonne patronne.
Courageuse au mauvais moment.
Ce geste. Modeste extension de sa personne émergente à son appel. Instant succinct de normalité et ombre d’un réflexe involontaire à toute logique, elle n’allait pas inviter la rationalité en de telle circonstance. Sensibilisée par le couronnement de la fin d’une ère mythique, la citadelle de la honte maintenant conquise à la suite d’une performance nocturne parfaitement exténuante, Dana surveille les mouvements du conquérant. Elle aurait accepté cette caresse; de se faire quémander silencieusement de retourner se réfugier entre les bras de ce serviteur de la Foi. Son imagination allait trop rapidement. Avide d’une suite qu’elle croyait être digne après le chemin de croix de ces quarante-huitièmes dernières heures, parsemé de trauma et de dépassement de soi, la geekette sentit son corps se couvrir d’un frisson d’embrasement. Il battit pourtant en retraite, la laissant un peu abasourdie et sans un mot devant le conquistador s’étirant comme un chat sous les draps du lit qu’ils avaient partagés.
Son minois retourne se concentrer sur son écran, cacher son muet désarroi derrière des courriels futiles de sens.
- Une demi-heure, tout au plus. se défend-elle. Il semblait bien dormir. Ça aurait été nul de le réveiller quand il n’y avait rien de pressant. Le chasseur avait gagné la tranquillité du belligérant éprouvé, elle n’allait certainement pas le lui enlever.
Maintenant extirpé du lit, la pirate millionnaire de moins de trente ans observe le spectacle nonchalant de la nudité de son compagnon d’infortune. Rougeurs rassasiées cachées derrière ses lunettes posées sur le bout de son nez, sa tasse de café est maintenant entre ses deux mains que pour faire distraction à son cerveau polisson. En vain. Son écran beaucoup moins intéressant, elle ferme son ordinateur et elle toise sans se priver les qualités de son hôte, toujours juchée au bout du lit. Quand il pivote pour lui faire face, dégustant un muffin froid avec appétit, Dana hausse les sourcils, prise sur le fait de le lorgner sans le moindre scrupule. Rapidement, elle dissimule son sourire enchanté dans une gorgée de sa boisson chaude préférée.
- Hum, oui. C’est encore douloureux ce matin. Pas que je m’attends à une guérison miracle, mais si l’on pouvait empêcher la gangrène de s’y inviter… ajoute-t-elle en baissant l’épaule de la chemise, dévoilant la plaie légèrement ouverte, rougie, marqué de sang qu’elle n’avait pas encore lavé depuis la première réparation et qui n’avait pas quitté son corps sous leur précédents efforts. C’était un miracle qu’elle n’eût pas taché les draps blancs du motel. Par contre, la question suivante la rendit maussade l’espace d’une seconde. - Ce n’est pas comme si l’on avait le choix, n’est-ce pas ? Doucement, elle passe une main sur sa nuque et tourne son visage pour laisser tomber son regard sur la machine à café qui gardait son contenu au chaud.
La réalité la rattrapait trop rapidement.
Doucement, elle remonte ses cuisses contre elle puis entoure ses jambes de ses bras fins. Le menton posé entre ses genoux, Dana l’observe sans un mot, mais fronce les sourcils quand il se dit désolé pour… ça?
Comme un chevreuil que l’on éblouit de ces phares, alerte, la jeune femme attend la suite. Ça quoi ?
Il se rhabille à moitié, un rendez-vous post-douche donné, puis il lui propose de garder sa chemise en souvenir. La porte ce referme finalement derrière lui, à moitié à poil qui retourne dans sa chambre d'à côté.
Qu’est-ce qui venait de se passer? Elle avait l’impression de se faire jeter comme un coup honteux d’un soir. Mais elle n’était pas un coup honteux d'un soir! D’un soir, bon, oui, peut-être, mais elle n’accepterait pas le malaise planant. Elle assumait tout ce qui s’était déroulé entre eux, du moment où elle avait dit oui à se faire trainer dans une aventure secrète qui se dénouera cauchemardesque à celui de ses lèvres contre les siennes et à ce sommeil lové l’un contre l’autre.
Et en échange, elle avait le droit de garder la chemise en souvenir?
D’un bond, elle se relève de son lit, jette son café dans le lavabo de la salle de bain, ferme la machine à caféine d’une autre époque pour ne pas foutre le feu au bâtiment, balance tous le repas froid de la veille dans la poubelle, fourre ses vêtements dans son sac à dos, suivi de son précieux portable et des disques durs, uniques témoins de leur réussite. Toujours uniquement vêtue d’une chemise trop grande et pas à elle, à son tour, pied nu, aucun problème de passer pour une dévergondée devant les quelques touristes de ce bled perdu quelque part sur la route, Dana parcourt les trois enjambés qui la sépare de la chambre de Ian puis entre sans s’annoncer.
Refermant derrière elle, la geekette se rend vite compte que son occupant est déjà dans la douche, derrière la porte mi-close au fond de la pièce. Le courage qu’elle avait rassemblé en quelques secondes se montre soudainement poltron, fondant sur la logique qui souhaitait prendre le dessus. Une inspiration, elle se retourne contre la porte, le nez et le front sur le bois frais. Les yeux clos, maudissant ses impulsions qui la foutaient à moitié toute nue dans la chambre d’un docteur de deux fois son âge qui manifestement, n’avait pas particulièrement envie de continuer à faire joujou avec elle, une partie de Dana lui dictait qu'elle ne devait pas être là. Sa conscience qui ferait tout pour la protéger de quoi que ce soit avait la trouille.
Pourtant, il était encore temps de retourner se cacher dans sa chambre, obéir puis de repartir sur la route, faire comme de rien était, pendant des heures. D'oublier ce qu’il s’était passé. Une magnifique chemise comme souvenir.
Un léger coup de crâne sur la porte close, la jeune femme se trouvait ridicule avec ses dilemmes à la noix. Toujours si compliqué d’être Dana Campbell, une contradiction sur deux pattes. Une impossibilité fait femme. L’absurdité d’un complexe ambulant sous des traits charmants. Riche et pauvre. Forte et faible. Douée, mais dépourvue. Courageuse et couarde à la fois. Capable de grande chose, mais n’assume pas sa témérité impulsive, pourtant nature d’aucun regret.
Pourtant, il lui restait encore un peu de temps. Et elle l'avait suivit sans savoir où il l'amènerait. Avait, avec brio, réussit à ne pas se faire tuer et à faire ce pourquoi il la payait. Ce n'était pas rien!
Allez Dana. Vas-y.
Soudainement décidée, la mâchoire un peu serrée, tendue, elle dépose son sac contre le mur, verrouille la porte derrière elle puis se dirige vers la salle de bain. Le bruit de l’eau qui s’évade sur un corps lui confirme qu’il y était, et bien vivant. Doucement, elle ouvre la porte puis se glisse à l’intérieur. Elle ne voulait pas le surprendre, mais la situation allait de soi. Le rideau de douche glisse subitement pour exposer Ian Calloway dans son habit d’Adam. Sous son étonnement, Dana ne bronche pas et se retient de s’attarder trop longtemps à le regarder dans un silence appréciateur.
Quand elle ouvre enfin la bouche, c’est pour lui dire :
- Je ne veux pas de ta chemise en souvenir. Puis elle déboutonne prestement les 5 boutons qui la couvrait. Maladroitement, en sort et la retire, se trouvant nue à son tour, les joues chaudes devant son effronterie. Je n’ai pas besoin… je n’ai … elle bégayait, légèrement intimidé par la scène qu’elle avait causée, mais elle se reprend, serrant ses petits poings, les verres de ses lunettes devenant de plus en plus embué par la chaleur de l’eau. - Garde là. Chaque fois que tu la porteras, ça te rappellera que j’existe. La chemise virevolte dans la pièce derrière elle, tombant sur le dessus du lit. De gestes un peu brusques, elle détache son chignon et laisse cascader sa chevelure sur ses épaules. Lunettes retirées et soigneusement déposées en sécurité, Dana s’insère sous le jet chaud de la douche, laisse couler l’eau sur elle puis soutient le chasseur de son regard bleu transcendant. - À quelques milliers de kilomètres, la réalité nous attend. Shreveport. Ta vie comme tu la laissé, la mienne comme j’ai eu envie de l’oublier. Nous avons encore un peu de temps avant d’y retourner. Je ne peux pas la fuir… mais ne m’enlève pas le plaisir de l’oublier encore peu, s’il te plait. Ce n’était pas le meilleur endroit pour avoir ce genre de conversation - comme s’il y avait un endroit parfait pour demander un sursit dans le temps et de profiter encore un peu de cette irréelle circonstance - Mais au moins, ça avait le mérite d’être clair. Elle avait soigneusement gardé une distance polie, quoi qu’inutile, entre eux deux quand Dana leva sa paume lentement, pour la glisser sur la mâchoire rêche de Ian : Puis… Elle hésite un instant, mais se ravise. Je ne veux pas que tu sois désolé pour « tout ça ». Parce qu’il n’y avait pas lieu de l’être. Et, tu m’aideras à me laver, question de ne pas faire sauter les derniers points de suture en rinçant mes cheveux ? demande-t-elle, un sourire en coin, les épaules qui se relèvent, essayant de jouer la carte de la bonne raison et de l'humour pour coller son corps contre le sien.
Ian C. Calloway
Fear is the mind killer
✞ PAINT IT BLACK ✞
"Tomorrow is another day,
Today is another bomb."
En un mot : Chasseur et Fils d'Abraham. Foi, Ferveur, Fardeau.
Qui es-tu ? :
"You never thought we'd go to war,
after all the things we saw."
✞ Deuxième fils d'une fratrie de trois. Cadet d'une famille de chasseurs aux traditions transmises par les pères d'aussi loin que la mémoire puisse remonter, dans les forêts d'Europe de l'Est ; racines plantées aux environs de Prague.
✞ Il tue les monstres, et particulièrement les Longue-Vies, Grandes-Dents ou fils de Caïn, qu'importe le nom qu'on leur donne : ennemi des vampires comme des lycanthropes, lorsque son frère aîné requiert son aide.
✞ Naissance à Boston, la cité-bloc balayée par les vents de l'Atlantique. Ville délaissée pour la chaude et discrète Baltimore, dans le giron des brumes de Poe. Ville adoptée, chérie comme Washington D.C.
✞ Sportif de toujours, ancien étudiant modelé par les matchs, les courses et les sauts ; a décroché une bourse pour l'université et n'a jamais cessé de tailler ce corps solide et agile lorsqu'il le faut.
✞ Il a prêté serment : docteur vouant son existence au soin des hommes, des femmes, des vieillards et des enfants. Confident de tant d'inconnus qu'il en a parfois le tournis, rassure et prescrit, soutient infirmières et collègues. Mains assez robustes pour soutenir un grand gaillard mais assez tendres pour préserver un nouveau-né.
✞ Pilier des Calloway ; homme réputé pour sa dignité, sa réserve et ses colères froides. Gardien de tous les secrets, jusqu'au plus purulent. Cherche à préserver les fondations du clan par tous les moyens, malgré les humeurs des uns et des autres.
✞ Médecin de mort, employé pendant plus de dix ans au WFC, organisme financé par les bourses du PASUA pour expérimenter sur les hommes abandonnés par leur raison, comme sur quelques CESS (les limites de l'esprit et du corps). Vie de fuyard depuis l'effondrement du site et la mort de son collègue et ami, assassiné par leur Némésis.
✞ A recueilli sa nièce Nova Calloway, en conflit permanent avec un père vétéran du 11 septembre et une mère aux abonnés absents. L'a arraché aux gratte-ciel de New York pour Baltimore, et désormais Shreveport. Non-dits, et silences douteux.
✞ Espère trouver anonymat, soutien et protection à Shreveport, entouré d'anti-surnats, et passe sa vie à esquiver les conséquences d'une décennie de péchés, que son Dieu est pourtant censé tolérer. En attente du regroupement des Calloway en Louisiane.
✞ N'aime que la ville. Il hait le soleil et l'humidité permanente qui s'abattent sur tous les États du Sud, pour lesquels il ne voue absolument aucune affection. En recherche de repères, passant d'un quotidien presque insouciant à un bras de fer de tous les instants.
✞ Tempérance et liberté. Aime le genre humain, de ses défauts les plus anodins aux tordus dont il questionne les esprits (poursuivre l'œuvre commune le liant à Carl Weiss). Horrifié par le monde dans lequel il vit, sans se résoudre à lâcher prise sur les démons à combattre.
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"Tomorrow never comes until it's too late."
Facultés : ✞ Formé au maniement des armes à feu en tout genre : armes de poing comme armes lourdes, si les circonstances l'exigent.
✞ Ne craint pas le corps-à-corps ni les combats à l'arme blanche, même s'ils ne suscitent aucune appétence en lui.
✞ Chasseur respectueux des traditions de son clan. Arme traditionnelle : arbalète aux carreaux d'argent. Terrain de prédilection via les chasses en hauteur et les pérégrinations casse-gueules sur les toits.
✞ Porteur d'une Foi qui guide son bras et protège sa chair vulnérable. Croyant tâchant de ne pas trébucher.
Thème : Unbreakable ✞ James Newton Howard.
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Son détachement est légendaire. On pourrait le croire étudié, fait pour plaquer une distance d’autorité entre elle et lui. Il n’en est rien. Il n’a simplement plus l’habitude de cultiver l’intimité avec quelqu’un qu’il ne connaît pas, ou si peu. Plus encore avec une femme, de vingt ans sa cadette. Il oublie trop facilement la fascination qu’il peut représenter pour la pucelle qui ne l’est plus, désormais. Il se comporte comme il l’a toujours fait, masquant ses craintes, réserves et autres signes expansifs derrière une armure de précautions et de naturel. Ne rien forcer. Ne pas provoquer un dialogue, une discussion. Ne pas poser de questions. Il ne s’agit même pas de lâcheté à ses yeux. Il tient simplement à leur éviter un échange peut-être gênant. Il ne sait pas faire autrement. Il ne sait pas plonger dans le vice de la blessure, de la plaie encore fraîche. June adorait ça. June le faisait tout le temps. C’est peut-être ce qu’il reproche largement à la gent féminine. Cette manie de vouloir triturer les fils, de rouvrir les points de suture sans vraiment y mettre les formes, quoi qu’on en dise. Sa mère, ses belles-sœurs, ses ex compagnes ou amantes… La plupart d’entre elles l’ont marqué par ce genre de comportement qu’il ne cautionne pas, au-delà du fait de ne pas les comprendre. Dana a l’air dans un état d’entre-deux. Il a déjà eu l’occasion de constater ce genre de réactions, difficiles à interpréter. Il n’a pas envie de faire de la psychologie de comptoir. Il préfère accorder sa confiance à l’intelligence de la hackeuse. Si elle rencontre un souci, elle le lui dira. Alors il s’évade, s’échappe sans se douter de ce qu’il abandonne derrière lui. Ce n’est pas de l’égoïsme. Il ressent le besoin de se recentrer, de faire le point sur cette matinée particulière, et surtout de prendre une dernière dose de confort avant de retrouver la route interminable jusqu’à cette ville de merde. La porte de sa chambre claque derrière lui, sans qu’il ne la verrouille. Il se déshabille de plus belle, envoyant balader ses fringues sur le lit, et se glisse dans la cabine de douche avec célérité. Il compte bien en profiter, s’attarder honteusement sous un jet d’eau chaude agrémenté du musc d’un gel douche aux senteurs de bois et d’argan. Il se cale contre la paroi fraîche dans son dos, se contentant de rester là, à ne pas penser. Surtout pas penser. Laisser les muscles de son corps encore endormis se réchauffer, retrouver leur souplesse, la fluidité de ses mouvements avant que la voiture ne le contraigne à l’immobilisme.
C’est avec un temps de retard qu’il croit percevoir du mouvement dans sa chambre. Il n’a pas le temps de paniquer ni de répondre par la paranoïa. Dana lui apparaît, incarnation d’une détermination qu’il ne lui a encore jamais lu. Ou peut-être que si. Lorsqu’elle s’était attelée à ce pourquoi il l’avait emmenée avec lui. Il ne s’attendait pas à ce discours presque martial, à cette colère curieuse, étonnante venant d’une jeune femme comme elle. Il avait oublié de se méfier de l’eau qui dort. Lui s’est redressé. Il la toise, sans faire mine de protéger sa pudeur, qui n’existe de toute manière pas. Pas sur le plan physique, du moins. Il ne l’interrompt pas, ne l’engueule pas pour avoir violé son moment d’intimité. Il l’écoute. Il l’écoute et la regarde en lui donnant toute sa pleine attention. Elle en est digne. Elle l’a prouvé, tant de fois en si peu de temps. Elle se dénude, rejette avec rage la soie immaculée, métaphore superbe de la petite fille enfin accomplie, se délestant de cette image lui collant à la peau. Dana Campbell est sublime ainsi, changeant de costume pour se transformer en Amazone revancharde, en nymphe furieuse, venant quérir auprès de son mortel d’amant un tribut guère assez payé à son goût. L'image lui plaît beaucoup. Il sourit. Il ne se moque pas, au contraire. Il devine tout ce qui a bouillonné sous son crâne, à quel point elle a dû se sentir outragée pour oser débarquer ainsi dans sa chambre, rompant avec tout ce qui composait ses attitudes avec les hommes avant lui. Il salue ce genre de courage. Il se recule quand elle s’avance, lui laisse se creuser une place sous l’onde agréable, avec un plaisir non dissimulé.
Sa main vient retenir la sienne. Il ponctue sa paume d’un baiser solide, tout en la taquinant sur un ton mutin. « Tu as du cran. » Il feint un soupir et récupère un peu de gel douche, d’un air très concerné. « Je vois. Mademoiselle n’est pas satisfaite du service. On va tâcher de rattraper ça. » Il l’englobe alors de ses dextres luisantes de savon pour en enduire son amante, se penchant pour voler un baiser dans son cou tout en longeant les bords de la plaie, qu’il nettoie avec une certaine délicatesse. Il chuchote, un peu moqueur : « Oh, et la gangrène, ça ne s’attrape pas comme ça. Je suis moins mauvais docteur que… compagnon de chambrée, disons. » Il reprend sa posture et lui épargne d’avoir à lever les bras, s’exécutant en lavant soigneusement le corps mince et délié découvert la veille. Il conserve le silence, s’attachant à profiter de ce moment secret, prolongeant en effet cet espace intermédiaire, où aucune obligation ne les attend encore. Reprenant son sérieux, il confesse prudemment. « Je m'excuse si je t’ai blessé ou mise mal à l’aise. Je ne suis pas… c’est parfois difficile, de gérer l’après. Surtout pour quelqu’un comme moi. Ça a jamais été mon fort. Ce n’est pas une raison valable, mais je voulais quand même que tu le saches. Je suis maladroit. Et un peu idiot, parfois. » Ses phalanges se perdent dans la masse alourdie par l’eau de sa chevelure blonde. Le visage nu, débarrassée de ses lunettes, elle présente une vulnérabilité semblable à celle qu’elle lui a donné en même temps que le reste, cette nuit. « Mais si tu crois que je pourrais oublier Dana Campbell et ce qu’on a vécu… tu te trompes. Chemise ou pas chemise, tu sais. » L’air de rien, l’attitude de Dana révèle une blessure que d’aucuns se seraient empressés de fouailler, afin d’en extirper toutes les reliques, voyeuristes. Il préfère y aller plus doucement, pour sa part. « On t’a souvent fait ce coup-là ? T’oublier, j’veux dire ? Parce que si c’est le cas, je comprendrais encore moins les Louisianais. Et j’parle pas de leur accent, pour le coup. »
Il n’a jamais eu besoin de rappeler à autrui qu’il existait. À l’inverse, il aurait parfois préféré qu’on l’oublie, en bon ingrat habitué à être entouré. Membre important de sa famille, constitutif du liant entre Sasha et Miles, source de fierté et de réconfort pour ses vieux parents, toujours entouré de cousins, d’amis, de collègues. Il ne connaît pas la solitude. La vraie. Même celle qu’il éprouve à Shreveport est factice. Nova est là.
Lorsqu’il frotte sa peau gentiment, s’attardant là où les fossettes de ses reins dessinent les reliefs de sa silhouette, ce n’est plus seulement pour rincer le savon. « Je suis pas désolé pour ce qu’il s’est passé cette nuit. Alors te fais pas de fausses idées là-dessus. » Il ponctue cette déclaration par un baiser destiné à annihiler toute possibilité de douter, pour elle. Cette gamine est abîmée, et s’il n’a pas les moyens ni l’intention et encore moins la capacité de la guérir de ses traumatismes, il sait qu’il peut au moins lui laisser ces mots-là. Il connaît leur importance, la façon dont ils l’accompagneront, toute sa vie, qu’elle le veuille ou non. Ces mots-là.
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Ne pas se faire chier.
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Courageuse au mauvais moment.
Une détermination à toute épreuve quand c’était d’obtenir ce qu’elle voulait. Ça s’appliquait souvent et uniquement sur le volet professionnel de son existence. Comme si elle avait abandonné tout espoir de gagner au jeu de sa vie personnelle et intime. Dana n’avait jamais été aussi riche que sa forteresse de code et d’argent savamment élevés autour de sa supériorité virtuelle, en sacrifiant son temps, ses nuits et le compagnonnage de toute sorte. La distance des douves de son château était couverte par un pavé numérique, où le binaire faisait office de messager, unique technique pour l’atteindre.
Pourtant, en à peine 72 heures, elle avait déjouée la mort puis avait choisi de provoquer le vertueux, réveiller l’épicurien endormi par un baiser qui scellait la fin d’une chasteté plus qu’inutile. Sous l’habilité des mains de Ian, la geekette ne ressentait aucun regrets d’avoir conquis des terres inconnues et d’avoir mise à contribution sa volonté obstinée pour autre chose que des gains piratés et capitalisés.
Il parle, mais elle ne l’entend pas vraiment. Ou si, mais loin. Loin dans son cerveau analysant chaque caresses et baisers qui glissait sur son corps mince et ferme. Elle mord sa lèvre pour ne pas laisser échapper de celle-ci un soupir extatique sous la première minute de ses soins. Tournant le menton, elle observe la plaie sur son épaule aux rebords légèrement rougis, un filet de sang minuscule s’évadant de celle-ci avec l’eau chaude qui coule sur leur corps. C’est un sourire amusé qu’elle accueille la nouvelle qu’elle ne risque pas la gangrène, foi de docteur. Rassurée, elle se laisse lentement frictionner sans un mot, laissant seulement l’espace entre eux deux diminuer, le savon la nettoyer et ses mains s’attarder à son tour sur la musculature du chasseur. Il s’excusait, encore. Il se pensait peut-être maladroit et un peu idiot, mais elle ne comprenait pas en quoi c’était difficile de gérer «l’après».
- «Comme toi.» Comme toi quoi? Sérieux? Intelligent? Proportionné? Agile?
Ses bras se relevèrent pour glisser autour du cou tendu de l’homme la surplombant. Il voulait la rassurer. Il avait ressenti sa fragilité, cette balance tendue entre ses deux mondes et le dévouement objectif dont elle avait fait preuve. Il faisait tout simplement des efforts pour ne pas la blesser plus que les traumatismes laissés de leur excursion précédente. C’était infiniment gentil, elle lui en était reconnaissante, mais elle ne s’attendait pas à tant de bienveillance. Jamais Calloway ne s’attacherait à une créature comme elle. Autant envelopper ses émotions d’une cotte de mailles, fines, légères et solides et de profiter de tout ce qu’elle pouvait en retirer tandis qu’il le lui offrait adorablement sur un plateau d’argent.
Contre lui, pendant qu’elle laissait trainer ses lèvres insatiables sur un de ses trapèzes saillants, il pourra sentir son petit corps se tendre une seconde, s’arrêter sous la question qu’il lui posa.
Avait-elle été oubliée?
Abandonnée, négligée parmi les autres désertés parentalement, Dana avait passé une enfance effacée pour survivre. Puis sa vie d’adulte se résumait à cacher ses traces, ternir ses avantages et ses talents pour qu’on ne pense pas à elle. Éteindre les feux de ses capacités dans la caféine et l’insomnie. Des t-shirts trop grands et un jean monotone sous d’énormes lunettes pour passer inaperçue. Négliger son confort et ses envies pour qu’on l’ignore, ne pas faire de vague quand elle accomplit des exploits uniques et invraisemblables. Entêtée, loyale, incroyablement débrouillarde et lucide.
Personne pour percevoir, découvrir et entrevoir Dana. Elle avait soigneusement creusé le gouffre qui l’entourait. Année après année, pour s’y allonger confortablement et attendre. C’était peut-être le temps d’en sortir.
Elle ne répondit pas à sa question. Le docteur avait une famille de chasseurs unie, des amis et des collègues. Toute une vie garnie de souvenirs de repas de thanksgiving, d’engueulade inutile à propos d’un match de baseball et de noël autour d’un sapin dans des pulls ridicules. Il ne manquait de rien et ne voulait pas qu’il la prenne en pitié. Le pirate informatique se contenta de pincer pas méchamment la peau qui s’offrait à elle quand il se moqua de l’accent louisianais. Accent qu’elle devait certainement avoir aussi, puisque native de Shreveport, l’histoire de la région coulait dans ses veines.
- Promis. lui dit-elle. Pas de fausses idées sur les regrets absents de Ian. Remords qui n’existait carrément pas chez elle pour le moment. Elle s’était inquiété qu’il se trouve immoral, salaud, et une ordure de s’être laissé emporter avec une nymphette inexpérimentée et «pure». Lui, vingt années sont ainé, responsable, froid et logique. S’il avait pris son pied lui aussi et que c’était aussi bon pour lui que pour elle, ça la soulagerait du poids de se sentir comme une dévergondée affamée à se presser contre le corps de cet homme au passé trouble.
Répondre à son baiser qui effaçait tous les doutes restants était la seule chose dont elle avait envie pour le moment. Un profond soupir, elle se leva sur la pointe des pieds pour le serrer encore de plus près, laissant l’eau, le savon sur leur peau et la chaleur emporter tous ses sens.
- Et si tu arrêtais de parler pour reprendre où l’on s’est arrêté cette nuit? murmure-t-elle en le soutenant de son regard clair et étincelant d’une douce malice. Pour le lui rappeler, une de ses mains avenantes dégringola le long de ses abdominaux musclés, pour entreprendre avec douceur sa vigueur érigée.
—
Quand Ian sortirait de la salle de bain à son tour, après quelques instants enfin seuls (le pauvre), il verrait sur le dessus de la boite avec les bandages et les outils de premiers soins qu’il avait laissés dans la chambre d’à côté. Le parfait nécessaire pour enfin refermer cette plaie pour ne pas que la cicatrice soit trop apparente et assurer une bonne guérison. Onguent, aiguille, fils, le matos qu’il avait emporté et utilisé dans l’inconscience de la geekette pour la rafistoler une première fois attendait sagement l’artiste pour terminer son œuvre.
Dana se tenait devant de la grande baie vitrée, entre les rideaux à moitié fermés, faisant dos à la chambre plongée dans l’ombre du soleil hautement perché dans le ciel, caché derrière les nuages d’une journée complètement différente. Les bras croisés contre sa poitrine couverte d’un simple sous-tif de coton noir sans armatures, elle avait enfilé un jeans foncé avec une déchirure sur une cuisse qui embrassait parfaitement sa petite taille et portait ses combats boots de la veille, nettoyée et complètement lacée. Ses cheveux humides étaient contenus dans une longue tresse qui pendait nonchalamment sur l’autre épaule blanche. Subtile contrapposto de son corps, elle avait entre ses lèvres le manchon d’une des branches des ces grandes lunettes quelle tenait dans sa fine main relevée. Son regard était fixe sur la berline de Ian dans le stationnement devant l’hôtel, qui allait les ramener à Shreveport.
Perdue dans ses pensées, elle n’entendit pas tout de suite le chasseur sortir de la pièce dans laquelle ils avaient gaspillé plusieurs litres d’eau chaude pour laver les derniers mauvais souvenirs et s’en refaire des meilleurs. Elle avait été tentée de profiter de cette accalmie pour se connecter à la toile, vérifier ses actifs, ses moussaillons et si sa tyrannie virtuelle avait toujours sa main mise sur son univers, mais elle n’en fit rien. Laissant son sac près de la porte après avoir enfilé ses vêtements propres.
Est-ce qu’elle était prête à retourner à son quotidien solitaire? Certainement pas. Est-ce qu’elle avait envie de le supplier de partir avec elle en voyage, n’importe où, tant qu’ils ne retournent pas à Shreveport tout de suite? Oui. Oh que oui! Ils seraient de bons compagnons d’aventures. Endurants, ils pourraient aller n’importe où et ça ne serait jamais un problème. Lui suffisait de quelques cliques sur son ordi pour réserver deux billets en première classe dans l’heure suivante, partout dans le monde. Entrainant Ian dans des endroits qu’ils n’auraient jamais vus, dormir sous les étoiles d’une plage de sable blanc, gravir un volcan éteint…
- Hum? dirait-elle quand il lui adresserait la parole, derrière elle. Ses paupières se fermeraient un instant pour effacer ses envies soudaines de s’évader, de s’enfuir, de ne pas retourner chez elle. La geekette se retourne lentement vers lui, faisant glisser ses lunettes sur son nez en trompette, un mince sourire pour camoufler la triste réalité. Un long soupir, ses épaules se soulèvent puis elle avoue, soudainement; J’ai besoin de vacances, je crois. , mais elle secoua la tête pour effacer aussi cette idée. Alors docteur, reprit-elle pour changer de sujet rapidement. C’est l’heure de mon rendez-vous, n’est-ce pas?
Ian C. Calloway
Fear is the mind killer
✞ PAINT IT BLACK ✞
"Tomorrow is another day,
Today is another bomb."
En un mot : Chasseur et Fils d'Abraham. Foi, Ferveur, Fardeau.
Qui es-tu ? :
"You never thought we'd go to war,
after all the things we saw."
✞ Deuxième fils d'une fratrie de trois. Cadet d'une famille de chasseurs aux traditions transmises par les pères d'aussi loin que la mémoire puisse remonter, dans les forêts d'Europe de l'Est ; racines plantées aux environs de Prague.
✞ Il tue les monstres, et particulièrement les Longue-Vies, Grandes-Dents ou fils de Caïn, qu'importe le nom qu'on leur donne : ennemi des vampires comme des lycanthropes, lorsque son frère aîné requiert son aide.
✞ Naissance à Boston, la cité-bloc balayée par les vents de l'Atlantique. Ville délaissée pour la chaude et discrète Baltimore, dans le giron des brumes de Poe. Ville adoptée, chérie comme Washington D.C.
✞ Sportif de toujours, ancien étudiant modelé par les matchs, les courses et les sauts ; a décroché une bourse pour l'université et n'a jamais cessé de tailler ce corps solide et agile lorsqu'il le faut.
✞ Il a prêté serment : docteur vouant son existence au soin des hommes, des femmes, des vieillards et des enfants. Confident de tant d'inconnus qu'il en a parfois le tournis, rassure et prescrit, soutient infirmières et collègues. Mains assez robustes pour soutenir un grand gaillard mais assez tendres pour préserver un nouveau-né.
✞ Pilier des Calloway ; homme réputé pour sa dignité, sa réserve et ses colères froides. Gardien de tous les secrets, jusqu'au plus purulent. Cherche à préserver les fondations du clan par tous les moyens, malgré les humeurs des uns et des autres.
✞ Médecin de mort, employé pendant plus de dix ans au WFC, organisme financé par les bourses du PASUA pour expérimenter sur les hommes abandonnés par leur raison, comme sur quelques CESS (les limites de l'esprit et du corps). Vie de fuyard depuis l'effondrement du site et la mort de son collègue et ami, assassiné par leur Némésis.
✞ A recueilli sa nièce Nova Calloway, en conflit permanent avec un père vétéran du 11 septembre et une mère aux abonnés absents. L'a arraché aux gratte-ciel de New York pour Baltimore, et désormais Shreveport. Non-dits, et silences douteux.
✞ Espère trouver anonymat, soutien et protection à Shreveport, entouré d'anti-surnats, et passe sa vie à esquiver les conséquences d'une décennie de péchés, que son Dieu est pourtant censé tolérer. En attente du regroupement des Calloway en Louisiane.
✞ N'aime que la ville. Il hait le soleil et l'humidité permanente qui s'abattent sur tous les États du Sud, pour lesquels il ne voue absolument aucune affection. En recherche de repères, passant d'un quotidien presque insouciant à un bras de fer de tous les instants.
✞ Tempérance et liberté. Aime le genre humain, de ses défauts les plus anodins aux tordus dont il questionne les esprits (poursuivre l'œuvre commune le liant à Carl Weiss). Horrifié par le monde dans lequel il vit, sans se résoudre à lâcher prise sur les démons à combattre.
✞LAST MAN STANDING✞
"Tomorrow never comes until it's too late."
Facultés : ✞ Formé au maniement des armes à feu en tout genre : armes de poing comme armes lourdes, si les circonstances l'exigent.
✞ Ne craint pas le corps-à-corps ni les combats à l'arme blanche, même s'ils ne suscitent aucune appétence en lui.
✞ Chasseur respectueux des traditions de son clan. Arme traditionnelle : arbalète aux carreaux d'argent. Terrain de prédilection via les chasses en hauteur et les pérégrinations casse-gueules sur les toits.
✞ Porteur d'une Foi qui guide son bras et protège sa chair vulnérable. Croyant tâchant de ne pas trébucher.
Thème : Unbreakable ✞ James Newton Howard.
✞ I AM A GOD ✞
"That's our cosa nostra."
Pseudo : Nero
Célébrité : Thomas Kretschmann.
Double compte : Eoghan Underwood, Sanford R. De Castro, Aliénor Bellovaque & Gautièr Montignac.
- Et si tu arrêtais de parler pour reprendre où l’on s’est arrêté cette nuit ?
…
Elle repart, comme elle est entrée. Le souffle tout aussi court qu’à son arrivée, mais la ligne de ses épaules s’est enfin détendue. Il la regarde, la peau luisante et saine, tranchant si fort avec les souvenirs qu’il garde de leur expédition. Cette vision de pores propres – malgré sa blessure – , cette odeur de parfum chimique d’un gel douche tout ce qu’il y a de plus lambda, cette absence de poussière, de crasse et de sang… La nuit passée n’est rien, comparé à cette prise de conscience subite, cette bénédiction de se sentir vivant et bien vivant, d’avoir réussi à surpasser ses traumatismes. Il laisse Dana prendre un peu d’avance. Par caprice, il s’attarde un peu dans la douche, dont il réduit la puissance du jet pour atténuer la portée de leur gaspillage phénoménal. Il songe moins à ce qu’ils viennent de reproduire qu’au silence éloquent de la jeune femme. Il se demande s’il a foiré, là encore. S’il doit lui reposer des questions ou se contenter de sa discrétion habituelle. Se taire. Ne pas chercher à percer des furoncles qui ne sont pas les siens, et respecter la vie privée de son amante, comme elle l’avait fait pour lui. Outre ses hypothèses fallacieuses, elle n’avait pas posé de questions, au sujet de la chambre de Carl. Penser à lui fait moins mal qu’il ne s’y attendait : son esprit est trop focalisé sur le temps présent. La douleur reviendra bien assez tôt. Au moment de déballer ses trouvailles, ses souvenirs, de trouver une foutue place à ces quelques artefacts sans valeur marchande mais qu’il n’aurait pas traité différemment s’il s’était agi de rubis ou de lingots d’or. Il les conserverait jusqu’à la fin de sa vie, cela ne faisait aucun doute.
Le Vertueux met enfin un terme à l’écoulement en tournant vigoureusement les robinets. Il se sèche, tout en se demandant si leur prochaine nuit obligatoire pour marquer la dernière étape et surtout, la dernière escale, les verrait fauter une troisième fois. Sûrement que oui. Il ne se fait pas d’illusions, et Dana lui paraît décidée à profiter jusqu’au bout de l’accalmie que cet étrange périple lui offre. Et toujours, le pourquoi du comment de son silence. Elle ne porte pas sur elle les stigmates d’une vie douloureuse. À la fois transparente et insondable, il se demande sincèrement ce qui a pu la conduire à un tel niveau d’isolement social. Il ne peut pas dire que cela le peine ni l’attriste, mais il ne peut non plus y demeurer indifférent. Malgré lui, il compare avec sa propre jeunesse, si joyeuse, épique et remplie à côté de la sienne. Une expédition comme celle du WFC n’aurait pas dénoté, entre deux sessions de chasses intensives, faites de leçons apprises à la dure, de succès éclatants, d’échecs bouleversants. Toujours, Sasha avait été là. Seconde figure tutélaire, autoproclamé gardien de ses élans casse-cous, de ses nuits héroïques ou tristement triviales, jamais le dernier pour se lancer dans un nouveau projet digne de les faire marcher sur les traces d’un père élevé au rang de dieu-vivant. Et ses parents, à elle ? Sa famille ? En avait-elle, seulement ? Le simple fait qu’il s’interroge sur la question lui semble suspect, comme porteur d’un mauvais pressentiment.
Il abandonne l’idée de se raser dans l’immédiat, et sort de la pièce avec pour seul vêtement la serviette enroulée autour de ses hanches. Il tombe sur le spectacle de la jeune femme, visiblement absorbée par la vue du dehors. Il observe sa mise, voyant qu’elle a été plus efficace que lui, et l’interpelle gentiment : « Tu es presque prête, à ce que je vois. » Il répond à sa remarque mutine par un petit hochement de tête, l’invitant à s’asseoir sur le matelas. Il s’habillerait plus tard, et s’empara du matériel pour entreprendre de réparer cette épaule abîmée. « Quant aux vacances, je ne peux que te rejoindre. On en est tous là, je crois. » Des vacances. Depuis combien de temps n’en avait-il pas pris ? Il n’avait jamais été du genre à vouloir parcourir le monde à tout prix. Un week-end aux Bahamas, ça ne l’avait jamais fait rêver. Un trek au Népal encore moins. Ses jours de repos, ses nuits de congés, il les avait consacrés à Baltimore, à la fête, à la débauche, à la traque et à sa famille. Il n’avait pas besoin de sortir des frontières de son pays pour parvenir à décompresser. « On s’arrêtera ce soir pour pas se taper toute la route d'un coup… On devrait arriver à Shreveport demain, pas trop tard. » Sous ses doigts habiles, il désinfecte encore, ceint les lèvres de la plaie, recoud patiemment les points. Il aime ce travail tout en délicatesse, entendant les quelques rumeurs des moteurs et des clients, hors de la chambre. Concentré, il ne décroche pas son regard de son travail. « On va passer à une pharmacie… Je t’ai donné ce que j’avais en urgence, mais ça ne suffira pas. Tu vas devoir prendre des antibiotiques pendant quelques jours. Et là, on sera certain que tu n’attraperas pas la gangrène. » Il ne peut retenir le sourire dans sa voix. Ouais. Il l’aime bien, cette gamine. « Et toi, alors ? Pourquoi tu n’en prends pas, des vacances, une fois rentrée ? Tu dois pouvoir te le permettre largement… Et il me semble que tu les as plus que méritées. » Il hésite. Il se promet que ce sera la dernière fois. Elle l’intrigue. Elle avive ce besoin en lui d’en savoir plus, de pouvoir mettre le doigt sur ce qui le touche tant chez ce jeune génie du piratage. « Au fait… Jolie esquive du dragon, tout à l’heure. » Le fil et l’aiguille achèvent leur œuvre, sans que la pression ne soit ressentie plus fortement. Tout reste harmonieux. Précautionneux. « Au vu de ce que tu as aperçu me concernant… J’pense pas que tu puisses collectionner plus de casseroles que moi. Mais si tu es prête à me dire ce qui te rebute tant dans ta vie et à Shreveport et ce qui t’a… rendu comme tu es maintenant, je sais écouter. »
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Last man standing
Dana Campbell
4B53NC3 - Have you ever considered piracy ? PS : J'ai les mollets concaves. CONCAVES !
Always code as if the guy who ends up maintaining your code will be a violent psychopath who knows where you live
En un mot : Mésadaptée
Qui es-tu ? : -
Propriétaire du ArtSpace
Electro-aimant à CESS
Geek
Codeuse émérite
Hackeuse
Socialement inapte
Presbyte
Vieille fille impulsive mais ultra riche sans que personne ne le sache.
Facultés : -
Craquer des codes.
Hacker des programmes.
Dénicher des choses.
Être étrange.
Ne pas se faire chier.
Être une bonne patronne.
Courageuse au mauvais moment.
Ce n’est pas tant la nudité qui est intéressante chez l’autre, mais celle-ci partiellement couverte. Laisser l’imagination terminer l’œuvre, les sens forger ce qui manque au portrait. Elle s’attendait à ce qu’il soit lui aussi vêtu avant de faire de la couture, mais quand Dana se retourna pour l’apercevoir portant seulement une serviette de l’hôtel bien serrée autour de ses hanches, laissant son regard cavalcader le long de la courbe de ses muscles. Pour un type qui avait vingt ans plus qu’elle, il était décidément dans une forme physique à damner tous les saints qu’il priait. Ils étaient tous les deux nus dans la douche il y a à peine quelques minutes, mais elle ne put s’empêcher de sentir monter le rouge sur ces joues face à la simplicité délectable de la scène.
C’était honteux d’être si facilement aguiché. C’était peut-être le prix de se sentir vivante ? Les sens en émois, réceptifs à ceux qu’elle avait dénigrés depuis si longtemps ?
Invité par un geste de la tête, Dana s’avance, essayant de faire abstraction à tout… tout ça puis, s’assied sagement le dos droit, offrant son épaule au docteur. Elle le laisse désinfecter sa blessure une nouvelle fois, retenant un frisson sous la sensation désagréable du chlorhexidine sur sa plaie.
- Moi qui pensais que j’allais pouvoir égayer le trajet de mes ronflements. Quel dommage. souligne-t-elle en plaisantant, ne se plaignant pas du tout de l’arrêt logique sur le chemin. C’était long et chiant de se rendre jusqu’ici à partir de la Louisiane. S’il pouvait rendre le retour plus agréable et moins tendu que l’allée, elle n’allait pas refuser l’offre.
Sa tête était détournée quand il se mit à recoudre patiemment le premier point de suture, la pince qui retenait l’aiguille et le fil qui se planta dans sa peau sans avertissement. Un sursaut à peine maitrisé, la jeune femme se contenta de serrer la mâchoire et de fixer un point dans la chambre, les sourcils froncés. Il était peut-être délicat, mais cette perception étrange du fil qui passe au travers de son derme sensible la laissa sans voix. Elle n’avait aucun souvenir de la première fois qu’il l’avait fait, complètement inconsciente qu’on la soignait après leur dégringolade essoufflée des pentes boisées qui entouraient le Waverly Fall Center, ce tour en voiture et s’être échouée par la seule volonté de Ian dans la chambre avoisinante de celle-ci. La chair de poule couvre son échine quand elle se mordit les lèvres à la troisième insertion de l’aiguille.
- OK pour la pharmacie. Un grognement, elle retrousse le nez, mais arrive à sourire quand même une seconde pour avertir : J’avalerais n’importe quel médoc que tu vas me dire de prendre tant que tu finis rapidement ce que tu es en train de faire. Elle souffle l’air de ses poumons pour canaliser cette étrange douleur puis ose se tourner vers les larges mains expertes dans leur ballet adroit, fermant chaque petit point par un nœud serré. Ça serait effectivement nul de perdre un bras pour une infection. Ça serait moins pratique d’être manchot pour bosser. Rigole la geekette, espérant quand même que ça guérirait sans complication. Après tout, n’oublions pas qu’elle s’était fait tirer dessus.
Et si les balles étaient trempées dans un poison ? La douleur te fait délirer, ma vieille.
- Je ne sais pas. Elle inspire profondément, une grimace étrange sur son visage quand le fil tire sur sa peau. La dernière fois que j’en ai prit, ça ne c’est pas déroulé comme prévu. Cette idée d’aller d’essayer un de ces rites de purification avec de l’ayahuasca en Amérique du Sud, lors d’un voyage organisé avec des gens trop riches à son goût. À part du vomi et ce type diaboliquement sexy qui avait égayé et saccagé le côté spirituel de ce voyage, elle s’était promis d’y réfléchir à deux fois avant de prendre d’autres vacances. J’ai les moyens. Mais souvent, je me dis que je pourrais tout aussi bien regarder une série avec un bol de popcorn et des bières que ça aura le même effet. Cette envie d’aventure était nouvelle. Elle était plutôt du type casanier, habituellement.
C’est un rire léger un peu sec qui sort de ses charmantes lèvres quand il souligna comment elle avait évité de répondre à sa question dans la douche. Je savais que tu apprécierais la feinte. murmure-t-elle, taquine. Puis elle se remet à respirer normalement quand le dernier nœud est posé, le fil coupé, le maitre observe son œuvre avec satisfaction. La suite la laissa légèrement dubitative. Il était sérieux ?
Vrai qu’il lui avait balancé un tas d’informations personnelles et de faits plus au moins glorieux. De Ian Calloway, elle savait son métier, son autre métier, sa mission, sa foi, sa famille, ce qui se déroulait au WFC, ce qu’il y a fait, pourquoi, comment. Il savait aussi Carl Weiss, sa mort, le sang qui coule sur ses mains, la raison de sa venue à Shreveport. Qu’il n’était pas homosexuel, très doué pour faire l’amour, mais pas pour l’après. Une liste de « casseroles » déjà assez longue en ne connaissant qu’une petite partie qu’il avait bien voulut lui révéler pour qu’elle comprenne.
Et que savait-il de Dana Campbell ? Rien. Ou presque. Dangereuse pirate informatique sous le couvert d’une p’tite dame à l’accueil d’un cybercafé, débrouillarde, obéissante, efficace qui aime le whisky et qui n’est plus vierge.
C’était assez maigre en frais d’ustensile de cuisine.
Elle garda le silence un instant, évitant son regard. Il veut comprendre lui aussi. Rien n’expliquait réellement pourquoi elle était venue avec lui. Il la payait, bien entendu, mais le salaire n’était pas tout à fait un aspect important de cette aventure. Rien n’expliquait non plus cette technique du dragon qui décide de passer à un autre sujet. Rien n’expliquait qui elle était.
- Je n’en doute pas. Sa technique d’écoute active devait être au top grâce à cette masse de patients qui venait se plaindre toute la journée devant lui à l’hôpital. Puis non. Non… Je ne pense pas avoir une collection aussi impressionnante que la tienne. ajoute-t-elle en frôlant le genou du chasseur du bout des doigts. Ce sont de vieux réflexes. Ne pas parler de moi, c’est par habitude. Lourdement, elle se laisse tomber sur le dos, scrutant le plafond comme si elle pouvait y trouver du courage. Alors oui. L’on m’a souvent oublié. La plupart du temps par ma faute et de mon plein gré. Ça serait con de s’apitoyer sur son sort maintenant, mais… c’est un peu ça qui m’arrive, je crois.
Un long soupir, elle ferma les yeux, évitant de voir son regard tendre et peiné en apprenant la suite.
- Je ne connais pas mes géniteurs. Je me suis retrouvé dans un orphelinat de Shreveport j’avais à peine quelques jours. J’étais pourtant une jolie enfant, aux cheveux blonds, aux grands yeux bleus. J’avais le profil type de la fillette adopté rapidement. On me l’a dit souvent jusqu’à ce que ça arrive. J’avais à peine 5 ans quand j’ai été adoptée avec un autre petit garçon de l’orphelinat. Son ventre nu se lève et s’abaisse avant de se lancer dans la suite. Ils nous ont ramenés six mois plus tard, après les fêtes. Nous avions passé un super moment de festivité, de repas gargantuesque, de magie, de cadeaux… puis ils nous ont ramenés, sans explication. Je me souviens encore du visage frustré de la directrice quand elle nous a ouvert la porte, sans escorte. Probablement que ça avait été réglé rapidement et à l’interne. Enfin… bref. J’dois avouer que ça a brisé la petite fille que j’étais. Remplit d’espoir et tout ça, ça m’avait bien abimée à l’époque. Elle réprima à peine un frisson de dégout en repoussant les souvenirs lointains qui refaisaient surface. J’ai vite compris que je ne pouvais que compter sur moi-même et que le moyen d’y arriver ça serait de… Elle se mordille la lèvre avant d’avouer. C’est pathétique. Se frustre-t-elle à deux pieds dans son trauma d’enfance. Elle reprend après une seconde de silence : Que le moyen, ça serait de ne pas avoir d’attention, jamais. De me faire le plus discrète possible pour que l’on m’oublie. Si l’on m’oublie, on me laisserait faire ce que je veux. Comme je veux, quand je veux. C’était simple. Passer sous les radars, ne jamais faire de vague, devenir insipide et creuse pour qu’on délaisse ma tête blonde, mes yeux bleus…
Doucement, elle vient pour glisser ses bras sous sa tête, mais grimace soudainement sous l’inconfort de son bras nouvellement cousu. Elle se contente de relever un bras, ajuster ses lunettes sur son nez et d’ouvrir les yeux, refixer le plafond : Et ça a vraiment bien fonctionné. Je suis vite devenue de la marchandise trop vieille pour un deuxième essai. Une chance que j’avais accès à la bibliothèque. J’y ai passé le plus clair de mon temps. Ce qui explique les grosses lunettes. avoue-t-elle en les pointant du doigt. La bibliothécaire m’aimait bien, elle me prenait nettement en pitié et me laissait faire joujou avec l’ordinateur. C’était mon premier amour. Dana se retourne sur le côté et ses doigts se mette à jouer avec le dessus du lit. L’ordinateur, pas la bibliothécaire. Quoi que… Elle sourit malgré tout. Et c’est comme ça que ça a commencé. Je suis devenu accro à l’ordinateur, j’ai lu des tonnes de bouquins sur les systèmes informatiques jusqu’à ce que je m’intéresse à la programmation et le code. Mon deuxième coup de cœur. Tu n’imagines pas à quel point c’était soulageant de découvrir une chose aussi simple que le code. Une cause. Un effet. Un code. Un résultat. Le responsable, c’est toi. De la cause et de l’effet.
Un long silence se posa sur ces dernières paroles. La geekette arrêta de bouger, songeuse.
- Dès que j’ai mis à profit mon savoir pour la piraterie, je savais que je devais continuer à faire profil bas, pour ne pas attirer l’attention. Après un certain temps, ça devient ton quotidien et un réflexe. Et tu te fais plus d’amitié en virtuel qu’en vrai, tenant en retrait tout ce qui n’est pas un pseudo sur le web ou qui mêne une double vie.
Retour sur le dos, elle pose ses mains sur son ventre puis soupire profondément. Elle n'était pas triste, ni larmoyante. Son récit n'était pas très joyeux mais c'était probablement la base qui en ferait comprendre un peu plus à Ian. Elle l'avait récité avec une forme de distance contemplative. Ce n'était que des faits. Le passé. Le sien.
- Et tu te retrouves dix ans plus tard, une pirate émérite, vierge et multimillionnaire qui se jette presque sans réfléchir dans la première opportunité de faire ses preuves avec l’oncle sexy d’une cliente ultra sympa d’un cybercafé un peu crade de Shreveport et qui passe près de mourir et qui remet sa vie en question 24 heures avant de remettre les pieds dans ce quotidien où elle n’existe pas vraiment.
C’est bon. Vous pouvez maintenant sortir les violons.
Une charmante moue rigolote éclaire son visage. Elle n’aimait pas parler d’elle-même. Surtout pas du portrait qu’elle se faisait de la réalité et du moment présent. Alors, Dana fit ce qu’elle savait faire de mieux dans ce genre de situation :
- J’espère que ça met en lumière quelques-unes de tes interrogations. Dans tous les cas, va falloir quitter cette chambre ou payer un supplément. Ma chambre est vide ; j’ai tout soigneusement rangé, même les bouteilles de Jack Daniels que l’on n’a pas terminée et qui m’a couté beaucoup trop cher sont dans mon sac. Toujours allongée sur le dos, elle descend son regard maintenant presque expert sur lui, s’assurant qu’il ne pleure pas sous le triste de sort de la geekette puis allonge un bras, pour tirer légèrement sur la serviette qui le couvrait à peine. À moins que tu aies besoin d’aide pour t’habiller ? Elle faillit ajouter « à ton âge. », mais reteins son commentaire salé. Ils ne se connaissaient pas assez pour qu’elle plonge dans les moqueries amicales. - Et je peux conduire aussi, hein. J’ai un permis. Je te promets de ne pas faire d’accident.
Oui. Changer de sujet était ce qu’elle savait faire de mieux dans ce genre de situation.
Ian C. Calloway
Fear is the mind killer
✞ PAINT IT BLACK ✞
"Tomorrow is another day,
Today is another bomb."
En un mot : Chasseur et Fils d'Abraham. Foi, Ferveur, Fardeau.
Qui es-tu ? :
"You never thought we'd go to war,
after all the things we saw."
✞ Deuxième fils d'une fratrie de trois. Cadet d'une famille de chasseurs aux traditions transmises par les pères d'aussi loin que la mémoire puisse remonter, dans les forêts d'Europe de l'Est ; racines plantées aux environs de Prague.
✞ Il tue les monstres, et particulièrement les Longue-Vies, Grandes-Dents ou fils de Caïn, qu'importe le nom qu'on leur donne : ennemi des vampires comme des lycanthropes, lorsque son frère aîné requiert son aide.
✞ Naissance à Boston, la cité-bloc balayée par les vents de l'Atlantique. Ville délaissée pour la chaude et discrète Baltimore, dans le giron des brumes de Poe. Ville adoptée, chérie comme Washington D.C.
✞ Sportif de toujours, ancien étudiant modelé par les matchs, les courses et les sauts ; a décroché une bourse pour l'université et n'a jamais cessé de tailler ce corps solide et agile lorsqu'il le faut.
✞ Il a prêté serment : docteur vouant son existence au soin des hommes, des femmes, des vieillards et des enfants. Confident de tant d'inconnus qu'il en a parfois le tournis, rassure et prescrit, soutient infirmières et collègues. Mains assez robustes pour soutenir un grand gaillard mais assez tendres pour préserver un nouveau-né.
✞ Pilier des Calloway ; homme réputé pour sa dignité, sa réserve et ses colères froides. Gardien de tous les secrets, jusqu'au plus purulent. Cherche à préserver les fondations du clan par tous les moyens, malgré les humeurs des uns et des autres.
✞ Médecin de mort, employé pendant plus de dix ans au WFC, organisme financé par les bourses du PASUA pour expérimenter sur les hommes abandonnés par leur raison, comme sur quelques CESS (les limites de l'esprit et du corps). Vie de fuyard depuis l'effondrement du site et la mort de son collègue et ami, assassiné par leur Némésis.
✞ A recueilli sa nièce Nova Calloway, en conflit permanent avec un père vétéran du 11 septembre et une mère aux abonnés absents. L'a arraché aux gratte-ciel de New York pour Baltimore, et désormais Shreveport. Non-dits, et silences douteux.
✞ Espère trouver anonymat, soutien et protection à Shreveport, entouré d'anti-surnats, et passe sa vie à esquiver les conséquences d'une décennie de péchés, que son Dieu est pourtant censé tolérer. En attente du regroupement des Calloway en Louisiane.
✞ N'aime que la ville. Il hait le soleil et l'humidité permanente qui s'abattent sur tous les États du Sud, pour lesquels il ne voue absolument aucune affection. En recherche de repères, passant d'un quotidien presque insouciant à un bras de fer de tous les instants.
✞ Tempérance et liberté. Aime le genre humain, de ses défauts les plus anodins aux tordus dont il questionne les esprits (poursuivre l'œuvre commune le liant à Carl Weiss). Horrifié par le monde dans lequel il vit, sans se résoudre à lâcher prise sur les démons à combattre.
✞LAST MAN STANDING✞
"Tomorrow never comes until it's too late."
Facultés : ✞ Formé au maniement des armes à feu en tout genre : armes de poing comme armes lourdes, si les circonstances l'exigent.
✞ Ne craint pas le corps-à-corps ni les combats à l'arme blanche, même s'ils ne suscitent aucune appétence en lui.
✞ Chasseur respectueux des traditions de son clan. Arme traditionnelle : arbalète aux carreaux d'argent. Terrain de prédilection via les chasses en hauteur et les pérégrinations casse-gueules sur les toits.
✞ Porteur d'une Foi qui guide son bras et protège sa chair vulnérable. Croyant tâchant de ne pas trébucher.
Thème : Unbreakable ✞ James Newton Howard.
✞ I AM A GOD ✞
"That's our cosa nostra."
Pseudo : Nero
Célébrité : Thomas Kretschmann.
Double compte : Eoghan Underwood, Sanford R. De Castro, Aliénor Bellovaque & Gautièr Montignac.
La petite patiente est sage. Elle tressaute, lorsque la pointe de l’aiguille se fait plus mordante – la faute à la chair pas assez moelleuse, à la proximité de l’os qu’il frôle au fur et à mesure qu’il tisse, qu’il raccommode. Mais elle reste sage. Il acquiesce sans qu’elle ne le voie ; il sait qu’elle percevra l’intention. Il travaille aussi rapidement que possible, tout en refusant de brutaliser la chair tiraillée par la plaie, l’eau, la fatigue. Il préfère œuvrer avec précaution, une délicatesse plus perceptible encore qu’au côté des soignés ordinaires. La scène le renvoie à ses premières années d’internat. Il aimait cela. Les travaux demandant une certaine méticulosité, une grande patience, et un peu d’humour. Pouvoir s’isoler avec un homme ou une femme, s’adaptant à la gravité des blessures résultant d’un accident, d’un mauvais coup, ou d’autre chose. Pouvoir parler, échanger calmement maintenant que le plus gros de l’adrénaline, de la vague de stress, était passé. C’était alors le temps des confidences. Les petits détails qu’on n’aurait pas pensé formuler à haute voix. La confiance qui s’installe. L’idée rassurante que l’on ne se reverra pas. Le secret est sauf. Les médecins gardent tout. Secret médical oblige, sens de la confidentialité intégré comme conservé précieusement en mémoire par l’ouaille molestée. Ces discours chuchotés, contrastant avec l’agitation lointaine du flux hospitalier, créait une mélodie délicieuse à son oreille, subjuguée par le passage silencieux du fil, le cliquetis délicat des ciseaux en coupant l’extrémité.
Il n’a pas changé. Il apprécie toujours de rafistoler les corps. Il est encore parfois touché par l’abandon de ceux qui se déposent entre ses doigts. Et elle n’y fait pas exception.
Coup de ciseau.
Il se recule à peine, remballe sans parler son matériel. Il l’écoute. Il n’a pas besoin de répondre entre les pointes de sa diatribe entrecoupée. Une fois les mains libres, il se tourne vers elle. Il attend sa réponse. Un non franc, ou le début d’un nouvel épisode de leur relation. Il prie pour que la deuxième soit la bonne, sans que son impatience ne transparaisse sur son visage. Il sourit faiblement quand elle le touche, et la regarde s’allonger, comme un patient sur le divan d’un psychiatre. Il ne plaisante pas à ce sujet (ç’aurait été de mauvais goût), et se contente de rester assis au bord du matelas.
Et puis, elle parle. Il ne l’interrompt pas une seule fois, bien sûr. Le récit ne le laisse pas de marbre. Même s'il ne verse jamais dans le pathos gratuitement, comme maintenant. Ce n’est pas son style. Ça ne fait pas partie de son tempérament. Des histoires tristes, il en a déjà entendu beaucoup trop pour se sentir remué face à la première narration d’une orpheline encore marquée par son expérience de jeunesse. Toutefois, il n’en demeure pas moins ému par ce qu’elle lui conte. C’est sûrement sa pudeur, sa volonté de ne pas trop en faire, qui l’impactent le plus. Son regard finit par se détacher d’elle, autant pour ne pas la mettre mal à l’aise qu’en plongeant dans sa propre imagination, visualisant sans trop de difficulté cette petite fille blonde aux yeux clairs, adoptée puis ramenée comme on rapporte un chiot ou un chaton dont on serait finalement mécontent à un refuge animalier. La violence du ressenti pour une enfant de cet âge a dû être terrible. Il ne peut s’empêcher de transposer, de voir Nova. La gosse a traversé de sales moments, mais au moins elle a toujours pu compter sur le soutien des siens. Sur la force du clan. C’est l’une des rares choses qu’auront au moins réussi à garantir Sasha et Jana Calloway. Et ce n’est pas rien. Elle achève trop rapidement à son goût. Peut-être aurait-il voulu qu’elle lui en dise davantage. Il comprend pourtant cette rétention d’informations. Après tout, il n’y a potentiellement rien à rajouter. Rien qui ne le regarde. Il n’a pas vraiment envie de rire, envie de se précipiter dans l’embrasure de cette porte ouverte qu’elle lui désigne, comme au cas où. Il prend son temps. Comme lorsqu’il répare les corps et recoud les plaies.
Il serait stupide de se dire désolé. Après tout, il n’y est pour rien. C’était une autre époque. Un autre État. Lui, ne pouvait rien y faire.
Il se lève doucement après lui avoir souri. Elle a raison. Ils doivent décamper. Alors il s’habille à son tour, rassemble rapidement les quelques affaires vaguement éparpillées dans la chambre. Il ne reste pas mutique pour autant. « Je ne peux pas dire que je comprends. Je n’ai jamais vécu ça. Et… ça n’a pas dû être facile, je l’entends. Ce genre de choses, ça laisse des marques. » Un bref aller retour dans la salle de bain pour récupérer sa trousse de toilette. Il semble réfléchir tout en parlant. « Je ne sais pas comment j’aurais réagi, à ta place. Mais au vu de ce que tu viens de me raconter-là, ça me semble pas déconnant de s’apitoyer sur son sort, de temps en temps. Tant que c’est pas systématique… J’pense que t’as bien le droit de t’accorder ça. Parce qu’aussi effacée que tu as pu être, tu existes. Tu n’es plus la petite fille qui a été délaissée. » Ou du moins, plus tout à fait. La petite fille ne disparaîtra jamais totalement, et les attitudes parfois enfantines de la jeune femme ne sont pas pour le détromper. Toutefois, elle peut enfin s’octroyer le droit de mettre de la distance avec ce qu’elle fut, un temps.
En quelques minutes, ils sont prêts à partir. À tourner le dos au centre. À cette zone qu’il ne pouvait voir autrement que comme sinistrée. Une autre chemise sur les épaules, il la toise avec bienveillance. « J’te propose de poursuivre l’étalage des casseroles ce soir, alors. En préambule. On aura du coup assez de Jack’s pour arroser ça, et toi tu vas pouvoir ronfler tout ton saoul pendant le trajet, parce qu’il est hors de question que tu conduises. » Avant la suite. Avant la trêve de plus. Soudain, l’idée de retomber dans ses bras une fois la nuit venue n’est plus saupoudrée de scrupules. Un peu de naturel s’est glissé entre eux. Les révélations, les histoires du passé… visiblement, c’est à cela que marche leur tandem étrange. « Juste une chose, par contre… » Il attend que la jeune femme se soit redressée pour s’approcher, et effleurer sa hanche d’une main tendre. « Ta vie… ce que tu es, ce que tu as traversé… ça n’a rien de pathétique. Beaucoup de gens, à ta place, seraient devenus aigris. Mauvais. N’auraient pas forcément fait quoi que ce soit de constructif, pour donner du sens à leur existence. T’es pas tombée dans ces travers. Tu peux être fière de toi. C’est que mon point de vue, et il vaut ce qu’il vaut. Mais je le pense. »
Il embrasse le bout du nez de la nymphette. Assez d’effusions. Il est temps de partir. Il n’en a pas terminé, avec elle. Il pense encore à cette façon téméraire de se jeter dans la gueule du loup, dans le feu de l’action avec le soi-disant « oncle sexy ». Il creusera cette question tant qu’elle le lui permettra. Tout en lui offrant le loisir de poursuivre cette réflexion intérieure, ce chemin qui veut que l’on remette tout en cause, lorsqu’une expérience est venue souffler tel l’onde de choc d’une explosion nucléaire, tout ce que l’on croyait figé dans son existence : tout le socle des habitudes, des convictions, de ce que l’on pense être, valoir, mériter.
Dana Campbell mérite bien plus que ce qu’elle a réussi à arracher comme une acharnée aux griffes d’un destin pourtant mal engagé. Et il respecte cela bien davantage que son propre parcours, fils de nanti, n’ayant jamais trop eu besoin de ramer pour se dégoter une position convenable. Il sait que cette trêve ne durera pas. Il n’est toujours pas convaincu que conserver un lien solide avec elle une fois revenus à Shreveport soit une bonne idée. Il n’en parle pas. Il conserve ce dilemme pour lui, tandis qu’ils abandonnent le siège de leur QG éphémère. Les claquements de portière, de coffre, synonymes éternels pour lui d’expédition en cours ou terminée, sonnent le glas de leur propre mission. Cette fois, rafistolés et remis sur pied, ils quittent le modeste parking pour s’engager vers les routes fluettes, dans l’intention de rejoindre la voie rapide conduisant vers le Sud.
C’est terminé. Les épaules du Doc sont bien plus détendues qu’à l’aller, deux jours plus tôt. Le cuir du volant lui paraît plus chaud. Un soleil amène plane, au-dessus d’eux. Les disques durs sont soigneusement protégés, ramenés dans son giron.
Pour la première fois depuis six mois, Ian Calloway s’autorise à respirer. Sans savoir qu’il n’a gravi qu’un des premiers échelons de la montagne d’emmerdes qui n’en a pas encore fini de le menacer des prochains éboulements.