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La Guerre des mondes • Jake

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ADMIN ۰ Dalida - Elle devra choisir entre son amour et sa mort.
Aliénor Bellovaque
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"Eh bien ; la guerre."

En un mot : La Vipère sous la rose.
Qui es-tu ? :
"Don't die with a clean sword."

♚ Caïnite âgée de trois siècles ; Accomplie du bel âge à portée d'ongles carmins.
♚ L'Ambition la ronge, mais laquelle ? ; le vide de nuits interminables la détruit plus sûrement que n'importe quelle balle en argent. L'Ennui pour seul véritable danger.
♚ Gorgone gauloise, sa réputation parle pour elle, surnommée Mère sanglante ou Reine rouge. Nombre d'enfants sont tombés sous ses crocs.
♚ Fille de corsaire, héritière de ses lettres de Marque ; navigua au service de Louis XV dans les eaux des Caraïbes à la tête de l'Espérance, frégate à l'équipage composé de deux centaines d'hommes.
♚ Trahie par un Britannique ; capturée et ramenée de force sur l'île de Mona, torturée , abusée, échappée - mourante (malaria). Transformée par un autre, à l'aube de sa trentaine.
♚ Éprise de coups d'État et féroce opposante à l'Essaim. Antique imperméable à l'ordre. Partisane du clan du Chaos. Danseuse sur le fil acéré de leur rigueur.
♚ Maudite ; aucun enfant n'a pu sortir de son ventre. Aucun Infant n'a pu résister à son vice, transmis tel un fléau. Sire matricide par deux fois. Échec toujours en gestation.
♚ Sang turc dans les veines, manie les us et coutumes perses. Son réseau d'Orient et d'Occident est dessiné comme une arachnide file sa soie.
♚ Incapable d'aimer son époque ; craintive pour l'avenir, répudiant son passé.
♚ Se joue d'une beauté en laquelle seuls les autres croient. Compagne de Serguey Diatlov, mère de substitution de Yago Mustafaï, protectrice de Mei Long.
♚ Pie voleuse, elle a dérobé le Clan du Chaos aux mains trop glissantes de Salâh ad-Dîn Amjad, qu'elle compte bien refonder en un ordre sérieux pour s'opposer à la Mascarade ainsi qu'au dictat de l'Essaim en place.

♚ SLAVE TO DEATH ♚

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"I know where you sleep."

Facultés : ♚ Vicissitude (niveau III)
♚ Mains de la destruction (niveau I)
♚ Chimérie (niveau I)
♚ Stratège. Rapide. Teigneuse.
Thème : Sleep Alone ♚ Bat for Lashes
La Guerre des mondes • Jake X13YkvN
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"Mind if I cut in?"

La Guerre des mondes • Jake BFJjZXP


Pseudo : Nero.
Célébrité : Laetitia Casta.
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Dim 7 Fév - 7:12 (#)

♛ « Elle s’offrit, impudique et splendide. »
« Votre désir sera toujours plus fort que votre intelligence et votre instinctive prudence. Vous êtes un enfant gâté qui n'hésite pas à prendre le jouet d'un autre même si, une fois en votre possession, le jouet vous semble moins beau. »

▼▲▼

Fin octobre 2020.

Elle ne fait aucun bruit.
Elle se dépose, comme le vent balaie en silence les poussières de béton, de ciment et de bois.
Coupée du monde.

La Reine rouge marche depuis vingt bonnes minutes. Sa voiture, délaissée aux abords des chantiers interrompus, ne lui aurait été d’aucune utilité, en plus de la rendre repérable trop vite. Méduse préfère toucher la pierre trop rugueuse, brute et sans apparat, de ses paumes aux empreintes impalpables. Il lui est difficile de se repérer là où on est censé l’attendre. Encore que. Elle a pris les devants, est arrivée bien plus tôt que l’heure dite. C’est elle qui attendra, vraisemblablement. Levant les yeux vers la lune croissante, elle finit par marquer l’arrêt. Elle ne décèle pas encore le danger qui la guette. Prudente, mais aventureuse, elle a accepté un rendez-vous qu’elle aurait pu honorer autrement que seule. Elle s’est contentée de prévenir Mei de son absence, et de la zone déserte gagnée ce soir. Le reste du clan ne sait rien. C’est à l’unique impériale qu’elle a confié cette excursion. Même Serguey n'en a aucune idée. Il n’aurait jamais toléré une telle prise de risque, et elle ne souhaite pas l’inquiéter outre-mesure. Certaines affaires doivent demeurer entre ses mains, et elle n’acceptera d’en porter la responsabilité que seule, sans support ni soutien. Elle observe son environnement, les parois des hauts immeubles inachevés ; bureaux ? logements ? le saura-t-elle jamais ? Les bâches de plastique, les mêmes que celles qui hantent toujours les souvenirs de Ian Calloway, claquent dans la brise légère. Elle n’est pas sûre d’en apprécier les chocs, elle non plus. Inconsciente des combats ayant pris corps en ces lieux, elle reprend sa route. La robe d’un noir dérisoirement sobre qui la moule laisse la part belle à ses jambes nues, ses cuisses révélées haut. Ses bottines au cognac mat et lacées savamment foulent la chaussée, toujours en silence, sans réaliser que là, tout près, une Antique écossaise est morte, tuée par l’une de ses semblables. Elle ne pourrait jamais savoir qu’une autre Reine s’est tenue là, pourvue de son éternelle superbe, dans l’espoir de ravager tout un groupe de chasseurs afin de n’en récolter qu’un seul, d’ici à ce que l’aube ne vienne balayer Nyx. Non. Elle ne saurait jamais de quelles souffrances les âmes viciées ou vertueuses ont écopé, marquant de façon indélébile, pour des années, et bien plus, peut-être, ce quartier mort-né, que l’on ne viendrait peut-être jamais achever. Déjà, les matériaux composant les bâtisses et constructions s’effritent. Livrés aux quatre vents, les travaux amputés font peine à voir, bien qu’elle trouve dans cette errance une certaine beauté.

Le balancement régulier de ses hanches, presque lascif, peut presque faire oublier le nouveau rang dont elle s’est dotée. Elle n’est plus seulement Aliénor Bellovaque, renégate futile, s’épanouissant parmi les Éphémères, et pas uniquement pour leur ponctionner sang, sperme et autres stupre. Redevenue souveraine, fondatrice d’un groupuscule dont elle compte bien faire grossir l’influence, et qu’elle disputera sévèrement au maître de leur ancien ramassis, cour des miracles indigne, si jamais il osait se présenter de nouveau devant elle. Rien dans sa mise ne trahirait ce rang fièrement acquis. Elle n’a jamais péché par excès d’opulence, sachant rester simple parmi ses ouailles, ses sujets et ses victimes. Elle n’a besoin que de peu pour éclairer de sa lumière sombre les visages prêts à boire ses paroles fielleuses.

Elle est.

Ni vivante, ni morte. Elle est cette hybride terrifiante qui peuple les rêves des mortels qui la contemplent, parfois ; ceux qui savent quel genre de canines elle dissimule entre ses dents chevauchées, dentition immonde qu’elle cache au travers de sourires crispés. Ses lèvres pleines cachent habilement ce complexe qui ne la quitte pas, et elle se moque bien de ce qu’on en dira. Son amant même ne peut lui faire lâcher prise. C’est la seule chose à laquelle elle s’agrippe, coquetterie digne d’une adolescente qu’on ne lui a jamais réellement permis d’être. Profitant de son avance, elle oblique vers l’un des immeubles, pénètre à l’intérieur. Elle écoute, guette un bruit témoin d’une existence quelconque. Elle sait que certains aiment explorer les lieux abandonnés. Elle ne les craint bien sûr pas, mais leur en voudrait de briser cette déambulation solitaire, qui la plonge dans un état langoureux. La nuit est agréable. Rien, hormis les fameuses bâches de plastique, ne semble bouger. Elle traverse le hall dénué de toute décoration, d’un gris nu désespérant, et s’engouffre dans les cages d’escalier, cherchant à atteindre le dernier étage. Sans effort, sans que son souffle inexistant ne subisse l’affront des degrés qui n’en finissent pas, elle débouche sur le toit au bout de quelques minutes. Les courants d’air sont plus nombreux. Trop exposée à son goût, elle saute à pieds joints de son promontoire, et trottine jusqu’à l’extrémité du rebord. Le saut à faire lui est enfantin, et la brise siffle gentiment à ses oreilles, lorsqu’elle gagne l’habitation toute proche, ne laissant qu’à peine un couloir ouvert, voué au passage des piétons. Elle déambule ainsi un moment, contemplant la ligne d’horizon éclairée par l’astre de nuit. L’atmosphère gonfle sa poitrine d’une humeur bestiale, mais calme. Elle se sent monstrueuse, n’appartenant pas à la lie du bas, sans pour autant vouloir toucher les étoiles. Coincée, entre un paradis dont elle ne veut pas et un enfer qu’elle redoute malgré tout. Finalement, c’est son purgatoire qui lui va si bien au teint.

La pointe d’une chaussure heurte soudain un éclat bien trop gros pour ne pas être suspect. Il racle sous sa semelle, et elle repère un impact de balle. Si elle cherchait, peut-être trouverait-elle une douille. Intriguée, elle quête d’autres indices, usant de sa vue nyctalope. Des traces de sang séché parsèment le sol. Elle pose un genou à terre, sensible aux granules qui laissent leur marque sur sa rotule, quand la pulpe de ses doigts caresse les stigmates jamais nettoyés. Bien que sèche, elle ne doute pas un instant au vu de la taille de cette ancienne flaque de la gravité d’une blessure sans doute mortelle. Oui. Quelqu’un était mort ici. Quelqu’un dont l’hémoglobine n’a pas vu la pluie arriver assez tôt pour la faire disparaître complètement. Un spectre rôde peut-être dans les parages. Aliénor se redresse, sa tranquillité éraflée. Elle a conservé de son ancienne vie la superstition des marins de son bord, et n’aime guère s’attarder là où les esprits hurlent avec le vent. À la place, elle bondit sur un autre toit, et emprunte un escalier de métal guère solide pour rejoindre « l’intérieur », se sentant curieusement vulnérable, à présent, trop à découvert. Malgré les ouvertures impressionnantes et la hauteur des baies vitrées à venir créant les encoches par lesquelles se faufile le vide, elle préfère cet abri sommaire, et poursuit son exploration de fortune tout en surveillant les aiguilles du Temps, une montre fine accrochée à son poignet gauche. L’heure approche.

Elle revoit sans peine le messager lui porter la missive orale au motel. Ce n’est pas un visage qu’elle ignore, elle l’a déjà vu à plusieurs reprises. Il a rallié son camp, d’ailleurs sans la moindre difficulté. Elle voit encore parfois l’influence de Salâh ad-Dîn sur lui, mais a décidé de ranger sa méfiance pour un temps. Quatre mois plus tard, il n’a jamais commis d’impair, et c’est donc avec mesure qu’elle a décidé de se fier à cette invitation dont elle se demande bien quelle en sera l’issue. L’angoisse ne vient pas. La tension, un peu. Elle se faufile par son échine, comme si celle-ci était restée ouverte, comme si elle était morte par décapitation et qu’elle continuait d’errer, tâchant de garder sa tête sur ses frêles épaules, plutôt que d’avoir été étreinte par James, une nuit où la mer se faisait d’huile. Elle s’ébroue, craint de se perdre dans les entrelacs d’une pensée morose qui endormirait ses sens. Et d’ailleurs.

La mutine sursaute. Sa crinière laissée libre échoue sur l’épaule opposée au bout de son nez, humant une nouvelle activité, dans l’air. Ou plutôt, son ouïe captant un écho qu’elle ne reconnaît pas. Ce n’est pas une portière de voiture. Mais quelque chose a bougé. Quelque chose, ou quelqu’un.

Alertée.

CODAGE PAR AMATIS


Before I'm dead

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Classism and the City - Fifty Shades of BURN THEM AAAAALL (supplément mojito sans alcool et sans aspartame)
Jake Hamilton
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ASHES YOU WERE

En un mot : Make America Great Again
Facultés : Alchimie
Thème : Noir désir - l'homme pressé
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Pseudo : Jake Hamilton
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la guerre des mondes
Ft Aliénor Bellovaque & Jake Hamilton

Shreveport | Haughton | Woodcrest Factory
Dimanche 25 Octobre 2020 - 21h35

La lumière criarde des néons n’est guère flatteuse, le lieu encore moins. Agacé, je marque un léger froncement de sourcils. Les toilettes de la Woodcrest Factory, avec ses lourdes touches industrielles dépassées, sont bien loin du luxe auquel je suis habitué. Le mauvais goût ambiant n’est pourtant pas au centre de mes préoccupations, loin de là. Je pose mes mains sur les rebords d’un lavabo à la propreté douteuse, pour me confronter un instant au jugement implacable du miroir. L’instant se fige, glaçant. Je plisse les yeux, puis désapprouve mon reflet dans un raclement de gorge. La condamnation est sans appel : je vieillis. Les indices indélébiles laissés sur sa peau composent les preuves à charge, témoins de ces nombreuses années brûlées trop vite. Bien sûr, certains comme ma femme prétendent trouver beaucoup de charme à ces ridules qui bordent le coin de mes yeux, mais moi, je n’y vois que des coups de poignard assénés par le temps. Des lignes qui se creusent inexorablement, jour après jour, pour laisser place à une cicatrice hideuse. Une dégénération progressive qui aura raison définitive de ma jeunesse. D’ailleurs, suis-je encore jeune? A partir de quel âge entre-t-on bien malgré nous dans la catégorie des vieux cons?

J’ai peur, parfois. Oui, ça arrive même à un homme comme moi. Assister à ma propre déchéance est terrifiant. Bien plus terrifiant que la mort elle-même. Aborder une pente descendante, puis chuter jusqu’à la sénilité alors que j’ai toujours rêvé d’élévation. Me restreindre peu à peu à des objectifs atrophiés et régressifs, alors que mes yeux restent vissés aux étoiles. Comment accepter sereinement l’obsolescence de notre être? J’aimerais repousser l’inéluctable, combattre l’immuable, dépasser les limites. Mais est-ce seulement possible? Saurais-je justifier un jour des milliers d’heures passées dans un laboratoire, en quête de ce fameux Graal? Émettre de tels doutes ne me ressemble pas. Pourquoi ce soir? Pourquoi elle? Je passe un peu d’eau fraîche sur mon visage, pour couper court à ces ruminations stériles. Je jette un regard déterminé à mon reflet, lui lançant un défi silencieux. Quelques secondes s’étirent, comme si le temps s’était tout à coup suspendu. Le calme est seulement troublé par les craquements sinistres des murs et le glougloutement d’une plomberie vétuste. J’y crois. Je ne suis pas le genre d’homme à me laisser abattre. Je suis un conquérant, prêt à défier l'essence même de ma Nature, prêt à vaincre mes propres démons. Je suis Jake Hamilton.

Mon costume de luxe gris anthracite a laissé place à un ensemble pantalon et chemise de combat noirs, sur lesquels j’ai revêtu un gilet tactique en kevlar, ainsi que des protections amovibles de genoux, de coudes et d’épaules. Après m’être lavé les mains avec un savon bas-de-gamme au parfum neutre, j’enfile la paire de gants en cuir noir que j’avais gardée en poche, puis la cagoule d’intervention panoramique en coton noir, ne laissant une ouverture qu’au niveau des yeux. Une paire de rangers parfaitement cirées et méticuleusement lacées complètent la tenue. J’ai toujours accordé une importance quasi-maladive aux signes esthétiques extérieurs, focalisant longuement sur des détails souvent insignifiants aux yeux de la masse vulgaire. Une couche de vernis brillant saurait parfaire jusqu’à l’acier le plus rouillé, il serait insensé d’en sous-estimer le pouvoir ou l’utilité. L’excellence se cultive avec dextérité et élégance. C’est d’ailleurs à cela que l’on reconnaît les grands hommes.

J’observe mon nouveau reflet pendant un court instant. L’uniforme d’intervention me rend plus impressionnant, plus massif, plus robuste aussi. L’effet sera accentué par le port d’armes de guerre, imposantes et mortelles. Sauf que tout cela n’est qu’un déguisement. Au fond, j’ai bien conscience de ne pas être crédible dans le rôle du soldat aguerri : je n’en ai ni l’expérience, ni la technique, et encore moins la discipline militaire. Même si c’est peu flatteur et que je rage de l’admettre, je constitue un poids pour eux. Ce n’est pas anodin si le commandant Feynman m’a demandé de porter un brassard noir affublé de la fameuse croix rouge sur cercle blanc, caractéristique des équipes soignantes, ou de l’aide humanitaire. Vaste blague. Aux dernières nouvelles, je ne suis ni infirmier, ni médecin urgentiste et encore moins bon samaritain. Ses explications sur le sujet sont évasives et peu crédibles, mais j’ai vite compris que c’était pour mieux me protéger et me surveiller, sans pour autant heurter mon ego. Me laisser jouer à la guerre, mais en sécurité. Un sénateur n’a rien à faire en première ligne, surtout face à une harpie de plus de deux-cents ans. Je suis certain qu’il m’écartera subtilement de l’avant-poste, et je ne peux sérieusement l’en blâmer...

Ma décision de participer à l’exécution de ce macchabée moribond va à l’encontre de trois de mes principes fondamentaux… Trois principes d’un code de conduite exigeant, que je bafoue pour un caprice. Mais est-ce réellement un caprice? Je sens que cette pulsion éveille des sensations profondément enfouies en moi, sans pour autant réussir à les définir avec exactitude. Pour une fois, j’ai décidé de faire fi de tout sens commun. Ce soir, j’ai une envie viscérale d’être déraisonnable. Jouer avec le feu, quitte à me brûler, simplement pour ressentir l’intensité de l’embrasement. J'ai soif de sensations fortes et de challenges aventureux. Pour cela, je suis prêt à défier la mort elle-même. Ou la morte, en l'occurrence. Ce soir, j’enfilerai le costume d’un autre, pour me défaire du fardeau de mes responsabilités. J’imagine me glisser dans la peau d’un Ian Calloway, par exemple, homme désagréable et irritant au possible, mais chasseur émérite. Je veux sentir cette poussée d’adrénaline et de noradrénaline au creux des reins pendant la traque, me laisser griser par l’ivresse et l’exaltation d’une chasse monstrueuse et ressentir jusque dans mes tripes le vertige excitant d’une mise à mort.

Je rejoins l’armurerie, où trois hommes continuent de s’équiper méthodiquement. Des retardataires, comme moi. Eux-aussi font-ils face à un cas de conscience? A l’heure qu’il est, nous devrions déjà être dans l’une des cinq camionnettes noires qui nous mèneront au front. Nous nous jaugeons un instant, sans un mot. C’est inutile. L’heure est grave. Je vérifie et prépare mon matériel. Mes gestes trop lents et mal assurés trahissent un manque d’expérience dans le maniement des armes. Je pratique le tir sportif occasionnellement, et rarement avec de tels calibres. Pourtant, j’essaie de compenser mon manque de technique par un mélange de vigilance et de concentration. Si l’on omet les deux snipers, le médecin et les deux infirmiers, quatre groupes de cinq hommes seront déployés sur le terrain, tous équipés de la même manière. C’est probablement surdimensionné par rapport à la menace, me direz-vous, et vous avez probablement raison… Il ne s’agit pas de lâcheté, mais d’une maximisation habile des chances de réussite. Je liste mentalement l’arsenal employé, pour m’assurer de n’avoir rien oublié. Un Colt Anaconda avec une finition argent, rempli de balles énormes en calibre .44 magnum. Un fusil à pompes tactique Mossberg 590 chargé de balles de chevrotine, calibre .12, chacune capable de libérer trente-six billes d’argent. Même en visant mal, et avec un peu de chance, il sera possible que quelques-unes de ces billes perforent le corps mort de la cible. La moitié ont troqué le Mossberg 590 contre un fusil d’assaut compact SIG-552 commando, avec munitions en argent. Pour finir, deux grenades quadrillées à fragmentation, remplies de grenaille d’argent, malgré leur interdiction par la convention de Genève. Deux anciens militaires, plus expérimentés dans le maniement d’armes lourdes, seront équipés d’un lance-roquettes antichar AT4, pour les cas d’extrême urgence, uniquement.

Au-delà des armes à feu, et autres charges explosives, nous porterons tous un poignard de combat Ka-Bar USMC avec une lame en argent, plusieurs chargeurs supplémentaires, deux bâtons de fumigènes au chlorate d’argent. L’arme en est encore à un stade expérimental, mais semble avoir des effets redoutables sur la population vampirique : les nanoparticules d’argent ont la formidable capacité de s’infiltrer partout dans leur organisme défunt, imprégnant leur peau - et leurs poumons, s’ils daignent respirer. Et puis le petit matériel classique : une paire de menottes, toujours en argent, une oreillette, pour écouter les directives du chef d’intervention, une lampe torche, un holster de ceinture, une paire de jumelles de vision nocturne, fixées à même le casque, et puis un masque balistique. En bonus, j’ai le droit à un sac à dos avec du matériel de premiers secours. Il semblerait que mon rôle soit de ramener les éventuels blessés à l’arrière-poste, pour qu’ils soient pris en charge par l’équipe soignante, ou alors leur prodiguer les premiers soins s’il était impossible de les déplacer.  Ils ont fait l’amalgame entre docteur en sciences biologiques et biomédicales, et médecin. Mais sincèrement, je n’ai pas pour projet de jouer les secouristes.

Avec une assurance hautaine, et malgré mon retard, je rejoins mon groupe - le groupe 4 - dans une grande salle aux murs vert moche. Les autres sont déjà en route. Il règne dans la pièce une odeur rance de sueur. Ça sent le mâle et la testostérone, mais aussi la peur. Je reconnaîtrais cette odeur entre mille. L’atmosphère est pesante, lourde de tensions. Le commandant Adam Feynman, chef d’intervention sur cette opération, se tient sur la petite estrade en bois sombre et usé. Il porte une coupe militaire stricte aux tempes grisonnantes et de grands yeux sombres et sévères, rompus à la violence des conflits armés. C’est un quinquagénaire à la musculature sèche et nerveuse, un vétéran de l’Afghanistan, ayant servi pendant plus de trente ans dans l’US Army. L’éclat d’une mine antipersonnel lui a laissé un léger boitillement, souvenir de guerre qu’il tente de masquer sans réel succès. Derrière ses traits durs et affirmés, je sens un soupçon d’inquiétude. Son regard autoritaire et déterminé se promène sur le petit groupe.
«-Je rappelle que notre cible est une vampire de plus de deux-cents ans, extrêmement dangereuse.»
D’un signe de la main, il désigne la photo de la fameuse Aliénor, placardée sur le mur verdâtre. Les traits gracieux et harmonieux de la morte en sursis inspirent déjà l’un des jeunes, plein de fougue et de candeur.
«-Mémé a une putain de bonne bouche de suceuse!»
Son pote pouffe de rire, puis se sent obligé de surenchérir.
«-P’tain, j’crois qu’ça m’excite, les vieilles...»
Sans surprise, Feynman reste blasé, fatigué par l’infantilité des propos.
«-Ne la sous-estimez surtout pas. Sous ses airs fragiles, elle est redoutable.» L’épisode Lanuit pèse lourdement sur ses mots.
«-Vous inquiétez pas, on va lui défoncer la tronche à c’te sale pute. Paf paf paf!»
Il imite une arme à feu avec trois de ses doigts, puis mime ce qui semblerait être un éclatement de cervelle. Ou alors une fontaine. Contextuellement, la première option reste cependant la plus crédible. Ils font les malins, mais je remarque chez eux quelques tics de nervosité, notamment dans la crispation de leurs doigts, ou le tressaillement de leurs paupières. L’humour graveleux pour masquer l’angoisse et l'incertitude.

Peu importe.
Cette nuit accueillera l’âme viciée et vicieuse d’une damnée de longue date…
Sous la cagoule, j’affiche un sourire grinçant.



✶✶✶✶✶✶✶✶✶✶✶✶✶✶✶

Shreveport | The Haven | Chantier abandonné
Dimanche 25 Octobre 2020 - 22h15


Les six immeubles abandonnés sont comme des verrues dans le paysage urbain. Le lotisseur a fait faillite et à ce jour, aucun repreneur n’a fourni de dossier recevable. Les nombreuses malfaçons, et les années écoulées ajoutant au délabrement, laissent penser que l’ensemble sera démoli sans autre forme de procès. Les masses sombres donnent au quartier un aspect oppressant et sinistre. Caché derrière un container rouillé, trépignant d’impatience, je regarde répétitivement ma montre Hamilton Khaki Field noire, dont je peine à distinguer les aiguilles. Je lève la tête vers le croissant de lune blanchâtre, qui éclaire vaguement le paysage lugubre.

La nuit est le terrain de jeu des prédateurs comme elle…




Amy Stevenson est allongée à même le sol, son fusil de précision M110 SASS avec silencieux installé sur un trépied discret. Son œil droit est à trois centimètres de sa lunette de tir à vision nocturne. Elle est parfaitement calme, habituée à gérer un stress intense. C’est son métier. Quand par hasard, elle aperçoit la cible, passant par les toits avec une grâce surhumaine, elle aligne son viseur d’un geste professionnel, puis décale d’un cran à droite pour compenser la puissance du vent qui souffle par la gauche. Elle attend le parfait alignement, inspire profondément puis bloque sa respiration avant de presser doucement son doigt sur la queue de détente. Quand la cible change brusquement sa trajectoire pour rejoindre un escalier de fer, elle stoppe son geste in-extremis, juste avant que le coup ne parte et ne la fasse repérer. Amy fulmine intérieurement. Il aurait suffit d’une seconde de plus pour qu’elle ajoute cette maudite vampire à son palmarès de chasse. Elle s’en veut. Elle aurait dû être plus rapide, mieux surveiller les hauteurs plutôt que la route en contrebas. Avec un mélange de contrariété et de colère, elle attrape son talkie-walkie, puis contacte Feynman.
«-La cible est passée par les toits. Je ne l’ai plus en visuel. Elle est descendue dans les étages, bâtiment 4.»




Ça y est, l’ordre d’intervention est donné.
À pas furtifs, les membres du troisième groupe courent vers l’angle du bâtiment, puis pénètrent méthodiquement à l’intérieur, prêts à mener l’assaut. Le tout est orchestré au millimètre près. Ces hommes sont de véritables guerriers entraînés, motivés et organisés, parés à l’offensive. L’opération devrait être une formalité pour eux. Trente secondes plus tard, nous leur emboitons le pas, pour couvrir leurs arrières tandis que les deux premiers groupes cernent le bâtiment. Je sens un frisson d’adrénaline courir le long de ma colonne vertébrale. Les pulsations de mon cœur se font plus fortes et intenses. Enfin un peu d’action! Sans bruit, nous gravissons les marches grises et rugueuses. Soudain, une violente déflagration déchire le silence. Puis une autre, très rapprochée. Ils ont balancé deux grenades à l’étage du dessus. Une nouvelle décharge d’adrénaline me fait accélérer le pas dans l’escalier : je ne veux rien rater du spectacle! Dans un bruit assourdissant, les fusils d’assaut prennent le relais, par rafales de trois coups. En avançant, je me rends compte qu’une fumée opaque obstrue déjà tout l’étage. Les fumigènes, sans nul doute. Impossible de dire avec certitude s’ils ont réussi à abattre la vampire. Malgré le tissu de ma cagoule, je sens déjà les nanoparticules d’argent imprégner mon nez et ma gorge. Je me mets à tousser lourdement, en échos à d’autres collègues. Nous recevons immédiatement l’ordre de nous replier. Si elle n’est pas morte une seconde fois, alors la riposte ne devrait pas tarder...

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♚ Maudite ; aucun enfant n'a pu sortir de son ventre. Aucun Infant n'a pu résister à son vice, transmis tel un fléau. Sire matricide par deux fois. Échec toujours en gestation.
♚ Sang turc dans les veines, manie les us et coutumes perses. Son réseau d'Orient et d'Occident est dessiné comme une arachnide file sa soie.
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La Guerre des mondes • Jake X13YkvN
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"Mind if I cut in?"

La Guerre des mondes • Jake BFJjZXP


Pseudo : Nero.
Célébrité : Laetitia Casta.
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Sam 3 Avr - 2:58 (#)

♛ « Elle s’offrit, impudique et splendide. »
« Votre désir sera toujours plus fort que votre intelligence et votre instinctive prudence. Vous êtes un enfant gâté qui n'hésite pas à prendre le jouet d'un autre même si, une fois en votre possession, le jouet vous semble moins beau. »

▼▲▼

Cavalcade.

Elle le sent. Mais comment ? Qui ? Comme si des dizaines de fantômes s’étaient soudain ébranlés, marquant de leur pas les degrés uniquement moulés dans le béton nu. Elle se fige. Biche aux abois, aux aguets, ses lèvres s’entrouvrent sur une rangée de dents irrégulières mais serrées, craignant une déferlante à tout instant, et s'efforçant surtout de ne pas céder à la panique qui monte, qui monte. D’aucuns la croient sans peur. Ce n’est pas vrai. Toutes ses pulsions de « vie », d'avant l'Etreinte comme après sa mort, ne sont faites que de cela : de peur. Peur que son heure arrive enfin (elle n’est pas prête), peur de perdre la face une fois de trop, peur de l’argent, peur du feu, du soleil, de la trahison, de l’attachement, des hommes, de la vengeance, des Grandes-dents (pas celles de ses semblables, non, mais celles de ceux qui nagent dans les océans aux profondeurs vertigineuses). Quelques secondes passent, pendant lesquelles la terreur pourrait l’envahir, boursoufler au point qu’elle pourrait la sentir gonfler sous sa peau, déformer ses chairs comme elle-même sait si bien le faire. Ces quelques secondes précieuses sont comme autant de bénédictions pour ses ennemis de cette nuit, grappillant les miettes de temps qu’elle leur délaisse, se plantant elle-même le pieu dans la poitrine.

Le cuir qui frappe la pierre.
Le souffle rauque des hommes.
Les fragrances dans les replis de leur peau.

Elle doit partir. Maintenant. Mais elle tarde. Sans que rien ne puisse l’expliquer, elle tarde.
Lorsqu’enfin elle pivote et que l’air siffle dans son élan, le « clic ! » évocateur d’une grenade dégoupillée paraît exploser à ses tympans. Non. Pas une seule. Deux. Sa méconnaissance des lieux joue contre elle, et elle manque de glisser, déraper, se propulsant par des cuisses déterminées à bondir, à la sortir de là. Désorientée, bête prête à se voir capturée, la pièce lui semble démesurément vaste malgré sa rapidité surnaturelle qui peine à se mettre en branle, dénuée d’espace où se cacher ; murs nus, ouvertures béantes, bâches qui claquent encore, et rien d’autre. Gris. Juste gris. La nuit, le ciment : tout se confond, et l’affolement n’est pas pour l’aider à garder son équilibre dans cet univers l’empêchant de se camoufler, où que son regard se pose.

Elle a raison de courir.
Ils ont raison d’attaquer.

Les grenades roulent, roulent sur cette surface parfaitement plane. Roulent également les nuages de cette fumée toxique, empoisonnée. Volent les courants d’air qui l’entourent, portant efficacement jusqu’à ses narines cette odeur de mort volatile. Elle accélère, jouant de sa vitesse tout en suffoquant déjà, ralentie par la détresse qui émane de partout, tandis qu’elle supplie la douleur de se taire. Ses pensées rebondissent comme autant de projectiles fous eux aussi, chacune représentant une possibilité, une théorie, une hypothèse.

Qui ?
Combien ?
Pourquoi ?
Comment ?
Par où ?
Et si ?
Et là ?


Le métal la brûle, la nimbe, voile mauvais qui enrobe sa peau par trop découverte, mais pas autant que les rafales qui éclatent. Elle tousse, puis pousse un cri lorsqu’une balle la percute frontalement, près d'un fémur. Derrière elle, l’enfer s’est déchaîné, et c’est au profit d’une encoignure qu’elle disparaît à la vue de ses poursuivants. Pas longtemps. L’argent la ronge déjà, et la voilà qui traîne la patte, teigne blessée ; et son propre sang la trahit. Gouttes écarlates, tranchant trop bien avec l’anthracite nocturne, reconnaissable entre mille pour les faisceaux et lampes arborés par les humains qui la traquent et ne tarderont pas à balayer la surface. Elle se réfugie sous le coup de l’instinct derrière le voile d’une bâche, s’accrochant au pilier rugueux d’un mur en construction pour ne pas tomber, recroquevillée au bord du vide et coinçant le plastique sous l’un de ses genoux, empêchant ainsi le vent de la repousser en contrebas. Elle cherche à dissimuler son ombre, formant une boule compacte, tremblante et hagarde. Un regard avide cherche dans la rue sous elle une silhouette, voire la ligne rouge d’un laser tenu en laisse par un sniper quelconque. Mais rien. Elle est seule pour l’heure ; bref répit dont elle compte bien profiter. Ses ongles crissent, et l’un d’entre eux casse contre la pierre, lorsqu’elle s’accroche à la paroi comme si son existence en dépendait. Elle sait qu’elle a évité le pire, mais le bilan n’est pas glorieux. Rapidement, elle analyse sa situation. Sa lèvre inférieure est humide, et une bave sanguinolente lui échappe tandis qu’elle sent sa gorge se contracter sous l’effet de la brûlure ; impression de respirer du feu, et filaments rosés qu’elle peut sentir tâcher sa robe. Elle crache, plusieurs fois, cherche à se débarrasser de la sensation d’une bouche écorchée, raclant sa langue contre ses dents inlassablement. Animale. Un gémissement discret. La saveur ne s’en va pas, écoeurante, la rendant nauséeuse. Une main malhabile se hasarde à tâtons, et la pointe de ses phalanges trouve la plaie à l’arrière, fichée dans le gras de la cuisse. Sensation de pulsation, comme lorsqu’une infection minime la frappait au gré des voyages, des blessures superficielles. Le souvenir l’émeut, la renvoie à sa fragilité défunte, et pourtant si vivace, en cet instant. Elle couine, se fait taire aussitôt, et entreprend de se mordre l’avant-bras pour étouffer les plaintes. Elle doit l’extraire, maintenant, avant que sa jambe ne s’engourdisse complètement. Avant que le fiel ne se répande. Munie d’une patience contrariée par la peur de voir ses adversaires rappliquer, elle s’acharne, saupoudre de vicissitude les creusements de ses ongles pour faire ressortir ce curare redoutable. Lorsque le tintement discret et humide se fait entendre, lorsque la balle rebondit et s’échoue contre une semelle, la voilà qui rouvre les lèvres en grand, cherchant à happer un air qui ne la soulage en rien. Poumons immobiles. Pourquoi lui est-il plus facile de feindre de sa poitrine les va et vient d’être humain autrement, quand lorsque la détresse la prend enfin, la mort se contente de lui sourire sans égards ?
Aucun bonheur réel, aucune sensation de plénitude quant à se sentir enfin libérée. La fin de l’Ephémère a fait naître une succession de frustrations, l’oubli de toutes les sensations les plus intimes quand, seule et isolée, elle ne peut se reconnecter ne serait-ce qu’en pensée à ce chapitre clos, oublié.
Les voix des hommes se font entendre partout, désormais. Les ordres fusent ; elle les distingue à peine en une sorte de bouillie verbale qui n’a aucun sens. Elle est de toute façon incapable de penser, de réfléchir autrement qu’en proie coincée dont la seule obsession à sa portée reste de fuir.

Elle doit se déporter, sortir de là, et c’est en un mouvement reptilien qu’elle saisit sa chance. Avant d’être surprise sur son promontoire de fortune, la Longue-Vie se laisse couler, basculer dans le vide le temps de se raccrocher au rebord, un étage-au-dessous. Ouverture béante, sans rien pour s’abriter. D’une poussée de reins, elle se balance et atterrit dans une nouvelle parcelle désertée. Aussitôt, faisant fi de ses craintes, la voilà qui cherche à mobiliser son intelligence, son sixième sens, tous ses instincts capables de la tirer de là au plus vite. L’oreille tendue, elle trottine pour demeurer en mouvement, longeant les murs, bien trop exposée pour croire en une fuite aisée. Les échos résonnent, omniprésents. Ils brouillent ses perceptions, l’empêchent de localiser l’origine des palabres. Chauve-souris dont le sonar se voit répercuté jusqu’à l’obsession, elle cherche un autre moyen de descendre, de s’enfuir, traversant l’étage pour s’écarter de ce qu’elle croit être la source du bruit. Elle court en silence, ou du moins l’espère-t-elle, tandis que ses poumons morts, sa peau sensible et sa cuisse couverts de résidus d’argent souffrent encore.

Détonations.
Nouveaux tirs.
La rafale la frôle, et les balles se fichent au beau milieu d’une colonne de béton soutenant le plafond au-dessus d’eux. Elle se retourne, furieuse. L’homme est seul. Détaché du reste de sa cohorte. Pourquoi ? Plan préparé ? Initiative stupidement courageuse ? Elle ne le saura jamais. Tandis qu’il la vise de nouveau, la Reine rouge devine l’appréhension subite du prédateur sur lequel on a jeté le voile du doute. En un rien de temps, elle rompt la distance qui les sépare.

Elle a raison d’approcher.
Il a eu tort d’hésiter.

Pulsions de haine, de vengeance, fantasmes déjà esquissés sous son crâne dévoré par la douleur, par l’acide d’une brûlure que seul le sang pourra apaiser, au moins un peu. Il la braque, mais la paume blafarde s’abat déjà sur le métal froid, et la destruction s’opère dans l’immédiat. Elle en tremble d’une rage féline qui aurait pu la voir, écumante et fébrile, obsédée à l’idée d’annihiler l’objet de mort. Fusil d’assaut subissant la discipline, et son porteur peut s’estimer heureux de ne pas voir son visage se dissoudre, pourrir et se changer en poussière, plutôt que la crosse qu’il lâche, qui finira par se fracasser à leurs pieds. La souveraine l’arrime à son corps de son bras libre. Elle n’imagine aucun stratagème, aucun risque de périr sous le coup d’un énième piège. Aveuglée. L’appel au meurtre est trop fort, et ses crocs déchirent la gorge de l’homme dont le hurlement ne dure pas longtemps. Elle boit, se frotte comme une maudite au molosse à la veine duquel elle s’abreuve, déglutissant, broyant les chairs en un sinistre massacre comme une sauvage, barbouillant son nez, ses joues, son menton de ce carmin qui éveille son corps de Sans-Ame. Son bassin cherche le sien, lascivement, comme pour le réduire encore un peu plus à ce rien ; pur sujet de délectation, et le creux entre ses cuisses attend d’être comblé. Mais pas par lui. Pas par lui.

Lorsque l’homme tombe, il respire encore. Elle ne prend pas la peine de s’essuyer ou de corriger sa mise ; quelques mèches détrempées dessinent une estafilade brouillonne contre son épaule nue. Sa jambe se lève, et de son talon, elle écrase le larynx du soldat dont le dernier souffle s’étrangle en un borborygme hideux.

Sans s’attarder sur ce tableau macabre, la succube se délite, s’enfuit et reprend sa course, se sentant soudainement plus forte, plus folle, plus fine que les mortels prétendant à sa capture, voire à son trépas.

CODAGE PAR AMATIS


Before I'm dead

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la guerre des mondes
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Les bruits lourds de bottes, le cliquetis métallique des armes. La fourmilière s’agite enfin. Les soldats se mettent à couvert, pour se protéger de la riposte ennemie. Une fumée blanchâtre, et une forte odeur de poudre ont saturé l’air et appesanti l’atmosphère. La brise fraîche du dehors filtre difficilement depuis les quelques interstices laissés par les épaisses bâches en plastique. Le vent s’est tû. Oppressant. Suffocant. J’ai soudain l’impression d’étouffer. Quelques gouttelettes de transpiration perlent sur ma nuque. Le coton épais de ma cagoule ne constitue pas une barrière suffisante pour filtrer les nanoparticules d’argent, qui viennent irriter ma gorge et mes narines. Une quinte de toux incontrôlable me stoppe net pendant quelques secondes, me plantant dans les escaliers alors que mon corps entier cherche à exfiltrer sans grâce le métal intrus de mes poumons. Je tousse fort. Plusieurs hommes me répondent en écho. Que ces fumigènes n’en soient encore qu’au stade expérimental n’est guère une surprise. J’aimerais connaître le nom de l’abruti qui a validé les essais terrain! Tant que ma toux ne ressemblera pas à celle d’un vieux tuberculeux en phase terminale, je me convaincs de continuer mon ascension. Je me précipite dans la pièce remplie de cette fumée stagnante et toxique, malgré l’ordre de repli qui sature mes tympans. J’ôte l’oreillette pour retrouver pleinement l’usage de mon ouïe, et la fourre dans ma poche.

J’ai besoin de la voir une dernière fois. De la sentir. De l’éprouver. De la déchirer.

Seules les ténèbres et la froideur du béton me font face. Et puis le silence. Un silence de mort. Je fais quelques pas mesurés dans la pièce, le doigt crispé sur la queue de détente de mon fusil à pompes, prêt à faire feu sur la moindre ombre suspecte. Sa présence, si proche et absente à la fois, m’enveloppe étrangement. J’avance avec précaution. Mon rythme cardiaque s’accélère, battant jusque dans mes tempes. Mes semelles écrasent quelques douilles vides dans un crissement métallique. Ma mâchoire se sert. Ma respiration se fait plus lourde, entrecoupée par une toux rauque que je peine à calmer. Faute de discrétion, je deviens une proie facile pour la harpie. La gorge serrée, je m’accroche plus solidement à mon arme, puis balaie l’espace du regard, avec une concentration mêlée de tension. Je repère avec une certaine satisfaction la présence de sang perlant sur les briques grises. Elle est blessée. Parfait.

Soudain, une nouvelle salve de tirs raisonne depuis l’étage du dessous. J’en déduis que l’antique catin a réussi à s'échapper. Un sourire aussi malsain que réjoui s’étire sous ma cagoule. Sa fin précipitée m’aurait laissé un goût amer sur la langue. Seule sa longue agonie saura réellement me satisfaire et m’apaiser, pas sa délivrance. Elle aura bien assez le temps pour se faire besogner par Satan et ses sbires, la face plaquée avec force contre le sol immonde des Enfers. Pour l’heure, elle est à moi. Juste à moi. Je veux être présent quand elle s’éteindra dans des cris de douleur. Je veux broyer ses restes infects sous les semelles de mes rangers. Je veux conserver son crâne, faute de pouvoir utiliser son corps de manière plus récréative. Souvenir joyeux et macabre de celle qui fut responsable de mes premiers émois…

J’ai fixé sa photo pendant des heures, obsessionnellement, jusqu’à graver chacun des traits de son visage dans ma mémoire. Le cliché est médiocre, l’exposition mauvaise, et le sujet mal cadré. J’aurais aimé pouvoir la photographier dans toute sa splendeur, à la fois fascinante et monstrueuse, avant qu’elle n'aille se faire dorer la couenne dans les flammes infernales. Elle ne m’en laissera pas l’occasion, malheureusement. A travers cette image sur papier glacé, j’ai espéré une confirmation qui n’est jamais venue. Aucune sensation passée n’a refait surface, m’abandonnant aux griffes du doute. Et si ce n’était pas elle? Et si je courais après un fantôme perdu dans les limbes depuis longtemps? La Reine Rouge. Coïncidence ou destinée? Je m’accroche obstinément à ce symbole du passé. D’une certaine manière, c’est ELLE qui m'a façonné. Elle est la maîtresse du chaos qui brûle en moi, l’instigatrice de ma rage profonde, la révélatrice de mon Œuvre. La haine est une composante stable et fondamentale de mon identité, et je la lui dois. Cette force destructrice dont elle m’a abreuvé causera finalement sa perte. Voilà un juste retour des choses : l’ordre sera enfin rétabli.

Le cœur battant, je m’élance vers l’étage du dessous, en espérant la confronter. L’affronter. J’ai bien conscience que cette traque frôle dangereusement l’intime, que mes convictions politiques ne sauraient aucunement justifier cette prise de risque hasardeuse.  Avec une précipitation puérile qui ne me ressemble pas, je cours vers elle, comme pour donner plus d’impact à un désastre imminent. Les retrouvailles se doivent d’être brutales. Fatales. Absolues.  Un attroupement de quelques hommes, prostrés et crispés, me freine dans mon élan. Mon excitation fait immédiatement place à une franche contrariété. Forcé à l’arrêt, je fronce les sourcils. Quelle bande d’empotés! L’explication de leur soudain abattement jaillit sans attendre : un corps inerte gît sur le béton gris et austère : l’un des nôtres est tombé. L’angle anormal de son cou ne laisse planer aucun doute quant à son décès. En tant qu’infirmier, vaguement proclamé par cette croix rouge sur mon bras, je me fraye un chemin sans marquer d’émotion particulière, si ce n’est une curiosité morbide. Pendant que je m'attèle à la tâche, six soldats surveillent l’espace, arme en joue, prêts à perforer le corps sublime et mort de la harpie, si elle venait à tenter une attaque frontale. Je m’approche du cadavre encore chaud, ôte sa cagoule puis sors ma lampe torche pour examiner plus précisément la blessure. C’est sauvage, brutal, animal. Les chairs sont déchirées, sanglantes, et les marques de morsure sont profondes. Magnifique signature vampirique. J’affiche un sourire ravi : elle vient de commettre sa première erreur. Une grossière erreur.

Mieux que n’importe quel discours, la violence inouïe de cette image saura assurément servir notre cause, placardée en première page d’un quotidien d’information à gros tirage. Nous transformerons cet homme en martyr, honnête et innocent, victime de la cruauté et de la barbarie vampirique - Images sordides à l’appui. J’espère qu’il laisse derrière lui un ou deux enfants, pour faire pleurer les ménagères, et courroucer leurs époux. Si l’un des mômes pouvait être handicapé ou gravement malade, ce serait idéal. L’objectif est de provoquer une réaction émotionnelle forte, choquer l’opinion, et ainsi susciter la peur, tout en attisant la haine anti-CESS. Puis graver cette haine dans leur mémoire limbique. Réitérer l'opération jusqu’à influer solidement et durablement sur leur jugement. Savoir infiltrer la psyché collective restera toujours la clé du véritable pouvoir. L’article choc prend déjà forme dans mon esprit, ainsi que la mise en scène nécessaire pour obtenir le meilleur impact auprès du public. Grâce à quelques contacts efficaces et discrets, je n’aurai aucune difficulté à le faire relayer dans la presse locale et nationale. En ce qui concerne la diffusion radio, Sienna me doit toujours un service. Si nous ne tuons pas la reine ce soir, sa communauté s’en chargera possiblement pour nous, une fois son portrait-robot publié. Tout du moins sera-t-elle forcée de prendre le large, vers des contrées lointaines. Cette mauvaise publicité desservira également la politique vampirique prônant le “bien vivre ensemble”, façade écoeurante destinée à mieux nous asservir.  

Je relève la tête et observe l’espace plongé dans les ténèbres. Hormis les quelques bouffées de fumée blanchâtres provenant de la cage d’escalier, la toxicité des nanoparticules d’argent épargne encore partiellement cet étage. Une légère douleur sert ma colonne vertébrale. Je me sens étrangement captif de cette noirceur à peine altérée par la lumière crue de la lune. Où te caches-tu, Aliénor? Je la devine dans les recoins les plus sombres, toute proche, parée à l’attaque. Les relents violents de sa récente rage imprègnent encore l’atmosphère saturée de noirceur. Quelques recherches rapides sur internet m’ont appris qu’Aliénor signifiait étymologiquement “la lumière de Dieu”, ou "compassion". Quelle ironie pour un monstre assoiffé de sang, condamné aux ténèbres éternelles…

Soudain désintéressé par le cadavre du soldat tombé pour la cause, j’éteins ma lampe torche puis me relève en scrutant attentivement l’obscurité. Un homme m’attrape par le bras avant que je ne m’avance dans l’ombre mauvaise.
«-Faut qu’on y va, m’sieur. Code deux.»
L’oreille irritée par la grammaticalité douteuse, je plonge dans mes souvenirs récents pour retrouver la signification du fameux “code deux”. Quelques secondes suffisent pour raviver ma mémoire : repli et encerclement. Abandonner le bâtiment, et investir les postes stratégiques environnants pour viser depuis l’extérieur chaque ouverture par laquelle la harpie pourrait vouloir s’échapper - toit y compris. L’objectif est de lui faire retrouver la terre ferme pour qu’elle goûte au feu destructeur des lance-roquettes antichar, ou alors de la forcer à se retrancher dans le bâtiment adjacent, qui est lourdement piégé. L’hypothèse de départ est que la cible devra forcément se mettre à découvert si elle cherche à quitter le guêpier dans lequel elle est empêtrée. A nous de la pousser à commettre l’erreur qui lui coûtera sa condamnation définitive. Le compte à rebours est lancé, et ce, jusqu’au lever du jour.

«-Y’a l’commandant, y gueule. Faut s’manier! Les aut’ sont d’jà en place!»
Plongé dans mes pensées, j’ignore les recommandations du jeune trou-du-cul, qui s’agite inutilement autour de moi. Les trémolos dans sa voix affichent une nervosité inquiétante. Sans me laisser perturber par la montée croissante de la peur qui gagne l’équipe, j’analyse le peu de données à ma disposition. Quelques failles stratégiques laissent planer la perspective d’un échec cuisant. Le plan aurait pu être bon, si l’on omet la perte naturelle de vigilance due à l’ennui, à la faible luminosité, et à la fatigue. Moins de deux heures suffiront pour que l’attention baisse drastiquement, tout en accordant à la vampire centenaire le temps de guérir ses blessures. Et il reste six bonnes heures avant que le soleil ne daigne pointer son premier rayon! Freynman prépare forcément une nouvelle offensive, dans le cas où la harpie resterait trop longtemps à couvert, tout en offrant un répit momentané à ses troupes.
Sauf que je sais déjà qu’au prochain assaut, il m’évincera de la première ligne...  

Hors de question. Je me tourne vers l’ensemble des hommes en noir restés à l’avant-poste avec moi, puis désigne d’un geste affirmé de la main, deux d’entre eux, dont le jeune nerveux.
«-Vous deux, emportez le corps, et débrouillez-vous pour que personne ne touche à sa blessure. Personne. Sous aucun prétexte. Je peux vous faire confiance?»
Même si ma voix est rendue rauque par les particules d’argent qui irritent encore ma gorge, l’ordre a été donné avec autorité, et une dureté qui ne saurait tolérer un quelconque refus.
«-J’y veillerai personnellement.»
L’homme qui m’a répondu semble plus mature et posé, voilà qui est rassurant. Quand il se saisit de la radio, j’en déduis qu’il s’agit du chef du groupe trois. Andrew Barrett.
«-Evacuation du blessé. Terminé.»
Un blessé bien entamé, alors… Je passe au-dessus de la carcasse de celui qui fut mon “frère d’armes” pour m’adresser aux autres.
«-Et vous quatre, vous venez avec moi.»
Malgré les directives rabâchées à travers l’oreillette, les hommes font le choix de suivre mon commandement. Je ne peux que m’en réjouir intérieurement. Mon discours de ce matin a porté ses fruits. D’un signe de la tête, je m’assure que les soldats sont prêts à prendre part à ce nouvel assaut. L’équipe fait bloc et acquiesce avec détermination.

L’excitation de la traque me reprend soudainement, irriguant aussitôt mon bas ventre. L’odeur du danger, et le rush d’adrénaline m’arrachent un plaisir quasi-érotique. La mort tourbillonne dans l’obscurité de cette pièce, qui prend les allures d’un tombeau sordide. Un bruit lointain, un craquement presque inaudible, raidit mes muscles. J’arme mon fusil de chasse, et me prépare à l’affrontement ultime. Elle est ma Némésis. La lutte dramatique entre le bien et le mal s’amorce enfin. Avec mes comparses, je m’avance à pas feutrés, quadrillant méthodiquement le périmètre. Ensuite, tout se passe très vite. Un coup de feu claque depuis l’extérieur, et j’aperçois brièvement l’ombre fantasmagorique de celle qui a trop hanté mes pensées. Le temps s’arrête soudain. Je bloque ma respiration, puis écrase la queue de détente sans trembler. Des trente-six billes d’argent, je prie pour qu’au moins l’une d’elle ébranle son corps infécond. Je ne me souvenais pas qu’elle était si petite. Une brindille. Tout paraît toujours plus grand à travers le prisme d’une vision d’enfant. Les pulsations de mon cœur s’accélèrent, jusqu’à battre douloureusement dans ma poitrine. J’éjecte la douille vide puis arme à nouveau mon fusil. D’autres détonations claquent autour de moi. Je tire, visant quelques ombres étranges et indistinctes. Le vide, qui sait? La nuit la camoufle avec trop de talent, et sa vitesse la rend insaisissable. Une certitude : elle n’est pas tombée. Pas encore. Il ne me reste plus qu’à espérer qu’elle soit grièvement blessée. Rétablir l’équilibre des forces serait ma plus belle opportunité.
«-Repli!»
J’actionne un nouveau fumigène pour couvrir notre retrait.
Si toutefois elle nous en laisse le temps...

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Aliénor Bellovaque
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"Eh bien ; la guerre."

En un mot : La Vipère sous la rose.
Qui es-tu ? :
"Don't die with a clean sword."

♚ Caïnite âgée de trois siècles ; Accomplie du bel âge à portée d'ongles carmins.
♚ L'Ambition la ronge, mais laquelle ? ; le vide de nuits interminables la détruit plus sûrement que n'importe quelle balle en argent. L'Ennui pour seul véritable danger.
♚ Gorgone gauloise, sa réputation parle pour elle, surnommée Mère sanglante ou Reine rouge. Nombre d'enfants sont tombés sous ses crocs.
♚ Fille de corsaire, héritière de ses lettres de Marque ; navigua au service de Louis XV dans les eaux des Caraïbes à la tête de l'Espérance, frégate à l'équipage composé de deux centaines d'hommes.
♚ Trahie par un Britannique ; capturée et ramenée de force sur l'île de Mona, torturée , abusée, échappée - mourante (malaria). Transformée par un autre, à l'aube de sa trentaine.
♚ Éprise de coups d'État et féroce opposante à l'Essaim. Antique imperméable à l'ordre. Partisane du clan du Chaos. Danseuse sur le fil acéré de leur rigueur.
♚ Maudite ; aucun enfant n'a pu sortir de son ventre. Aucun Infant n'a pu résister à son vice, transmis tel un fléau. Sire matricide par deux fois. Échec toujours en gestation.
♚ Sang turc dans les veines, manie les us et coutumes perses. Son réseau d'Orient et d'Occident est dessiné comme une arachnide file sa soie.
♚ Incapable d'aimer son époque ; craintive pour l'avenir, répudiant son passé.
♚ Se joue d'une beauté en laquelle seuls les autres croient. Compagne de Serguey Diatlov, mère de substitution de Yago Mustafaï, protectrice de Mei Long.
♚ Pie voleuse, elle a dérobé le Clan du Chaos aux mains trop glissantes de Salâh ad-Dîn Amjad, qu'elle compte bien refonder en un ordre sérieux pour s'opposer à la Mascarade ainsi qu'au dictat de l'Essaim en place.

♚ SLAVE TO DEATH ♚

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"I know where you sleep."

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« Votre désir sera toujours plus fort que votre intelligence et votre instinctive prudence. Vous êtes un enfant gâté qui n'hésite pas à prendre le jouet d'un autre même si, une fois en votre possession, le jouet vous semble moins beau. »

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Lionne à la trogne ensanglantée. L’odeur du cuivre la dope, comme une injection l’aurait fait d’un junkie, pauvre camé addict dont le seul motif de réjouissance se résume à la pointe d’une aiguille. Le sang prend son temps pour cailler, teintant bientôt les joues claires de motifs abstraits et terribles, à l’image des peintures de guerre d’anciens sauvages ou de futurs déments. Car c’est bien la guerre qu’on lui déclare. Les fous. Ils ne savent pas. Ils ne savent pas que la première balle, le premier nuage d’argent les condamne à une éternité de traque, jusqu’à ce qu’il ne reste plus rien d’eux que la poussière de leurs os broyés. Elle drainera jusqu’à la dernière goutte de vie en eux. Elle effacera toutes les inscriptions sur leur stèle. Elle serait bien capable d’incendier le cimetière les voyant reposer. Qu’il ne demeure plus aucune trace, et qu’elle danse sur le charnier créé de toutes pièces par cette artiste sans limites. Elle dansera nue encore, cérémonie plus intime, réservée à quelques rares élus. De toute façon, il n’y a plus personne pour l’abandonner. Serguey est déjà parti. Ceux qui sont restés dans son giron sont les pires. Elle a l’impression qu’à leurs yeux, rien ne justifierait un départ, de lui tourner le dos. Elle a déjà fait tant. Elle a prouvé que peu de vies l’empêcheront d’accéder à ses ambitions, si tant est qu’elle les considère comme le moindre mal. Elle n’a pas le temps d’expliquer à ceux qui la pointent du doigt pourquoi ses remords ne la rongent pas assez fort pour retenir sa main.
Elle s’élance en une course qui la galvanise, comme elle en réclamerait presque plus souvent. Les lois, la paix, la dévastent. Elle ne se sent pleinement vivante, bien au-dessus de sa simple nature vampirique, que lorsqu’on la menace de la pointe d’une arme. Faite pour esquiver les balles, les coups, les sexes glabres. Éviter les mots qui font mal lui est une discipline bien plus douloureuse. Fuite vers l’avant, pour traverser le bâtiment qui n’en finit pas ; tout en longueur. Elle a l’impression de foncer dans un hangar interminable, devant juguler sa vitesse afin de rester attentive à tout mouvement imprévu, menaçant d’accélérer sa fin. Elle ne compte pas les piliers qu’elle dépasse, mais se propulse soudainement derrière l’un d’eux, freinant sa course quand loin, très loin derrière elle, près du cadavre égorgé, des hommes se rassemblent. Au-delà des autres colonnes de pierre qui lui font face, elle aperçoit une façade sans fenêtre, marquant enfin le bout du voyage. Il faudra qu’elle se déporte à droite et à gauche pour espérer passer par les croisées et trouver une issue. Cependant, il faut pour cela prier pour que les hommes rebroussent chemin. Croient qu’elle a pu repasser par les cages d’escalier, ou une autre partie de l’étage. Son dos se plaque au béton froid, et ses jambes se plient, la voyant longer le pilier pour s’accroupir, se faire minuscule. Ses talons ne touchent pas le sol, et ses bras entourent ses genoux et ses cuisses, plus gargouille que jamais. Les lèvres entrouvertes, elle lèche de la pointe de sa langue le sang qui traîne encore çà et là. Elle en a jusque sur les pommettes. Le masque durcit, sensation grisante et délicieuse, qui provoquera l’effroi de ses ennemis. Quelques millisecondes peuvent lui sauver la vie. Qu’importe si, pour cela, elle doit ressembler à l’une des sbires de Lucifer. L’ombre l’aidera aussi, même si elle envisage le port de lunettes à vision nocturne, qui la trahiront quoi qu’elle tente. Acculée, elle patiente, cherche à entendre les rumeurs, la voix des militaires. Elle entend les grésillements lointains des radios, entend le gros de leur troupe abandonner. Ils s’en vont. Ils partent, et l’espoir revient. Un sourire torve aux lèvres, elle guette à tribord, envisageant de leur fausser compagnie en s’enfonçant plus profondément dans le cœur des chantiers, prête à se terrer là jusqu’à ce que la voie soit libre et qu’elle puisse ainsi retourner à l’abri, dans le North. Dans ce bordel de constructions, ils ne se risqueraient pas à la poursuivre jusqu’à l’aube, si ? Trop de terrain à couvrir. Déjà un homme en moins, assassiné sans merci. Elle n’y croit pas, mais mise tout de même sur la lâcheté des mortels dans leur genre.

Elle écoute sa jambe cicatriser. La douleur est toujours là, mais le sang ingéré la soulage. Peut-être la chance lui laissera-t-elle l’occasion de se repaître davantage. Tout à ses fantasmes carnassiers, elle manque de rater un mouvement qui, lui, ne s’éloigne pas. Au contraire. Ses intuitions lui soufflent qu’ils ne sont pas tous repartis. Une poignée persiste. Une poignée s’avance. Bientôt, elle sera acculée. Si elle ne bouge pas, si elle reste là, tétanisée par la crainte, alors ils n’auront qu’à pivoter pour que les gueules obscures ne la visent cette fois à bout portant. Elle mourra là, criblée par l’overdose fatale d’argent. Son assurance s’envole. Ses ongles s’enfoncent dans la chair que ne couvre pas la robe étroite. Elle ne peut se permettre d’attendre trop longtemps. Elle doit prendre le risque d’apparaître, de se découvrir, aussi vulnérable qu’une perdrix débusquée. La panique aurait pu la laisser figée encore longtemps, si un tir n’avait pas éclaté à ses tympans précisément du côté où elle souhaitait s’échapper. Il n’y a plus de doute, alors.

Rabattue, tel du gibier.

Aliénor se relève et, d’une poussée, bondit vers la gauche, priant pour une échappatoire plus viable.
Si elle atteint la fenêtre…
Si elle atteint avant qu’ils n’aient le réflexe de tirer dans son dos à nouveau…
Si elle se montre la plus rapide…

Elle s’est élancée, jusqu’à sentir le plus infime muscle de ses jambes tendu à se rompre.
Mais le temps lui-même semble se moduler. Tout paraît plus lent. Les balles pleuvent. Elle n’a pas tourné la tête vers le groupe de tireurs qui la poursuit. Elle n’a que cette ouverture à l'esprit, que l’idée butée de l’atteindre, quoi qu’il importe. Elle sent le souffle des balles. Si nombreuses.

Si nombreuses.

Elle s’attend à passer entre leurs gouttes solides, à s’épargner la morsure de l’argent.
Elle se tord pour esquiver un projectile, et offre ainsi sa poitrine à un autre, qui s’enfonce dans sa chair.
Ses chevilles se tordent, et ses semelles dérapent.
Elle titube sous l'impact et l'élan.

Elle a stoppé, et sa bouche s’est de nouveau ouverte grand. Appel à l’aide vain. Elle tendrait bien ses mains honnies à tous les dieux auxquels elle ne croit pas qu’ils se contenteraient de la regarder agoniser. Comme ils l’ont toujours fait. Les cicatrices qui déforment ses vertèbres en sont témoins. La harpie est encore debout.

«-Repli!»

Ils vont la laisser là.
Ils laisseront l’argent la plonger dans un martyr sans nom, puis les rayons du soleil la brûler à l’aube.
Elle n’a jamais connu une souffrance pareille, et pourtant elle met longtemps à venir, à enfler.
Pendant quelques secondes interminables, tout son être semble se crisper, pour retarder l’éclatement de la petite bombe, de la grenade illusoire, celle-ci, qui s’apprête à faire éclater ses organes.

Le cri qu’elle pousse est celle d’une furie blessée profondément dans son âme entachée, celle d’une Amazone jetée dans une fosse remplie d’hommes braillards, d’un suppôt offert à la lumière divine, au crucifix trempé d’eau bénite.
Le hurlement lui sort des entrailles. Peur pure. Elle croit qu’elle va mourir. Une balle s’est logée à un centimètre du cœur.

La Longue-Vie est tombée.
Elle s’écroule sur le dos, après avoir tendu ses doigts-serres en vain vers le vide, vers quoi que ce soit lui permettant de rester à la verticale. Seulement alors, elle comprend que l’argent l’a vrillé partout. Au fur et à mesure qu’elle prend conscience de l’invasion, du taux dangereusement toxique qui a infiltré son corps. Elle ne pourrait compter les blessures. Elle va mourir là. Vraiment ? Un rire reste bloqué à tout jamais dans sa gorge.

Elle voudrait l’appeler. Mais rien ne bruit. Pas même le gasp, la respiration annonçant la mort.
Elle n’aura pas l’occasion de revoir le visage de son Slave.
Pas l’occasion de l’entendre rire, se mettre en colère ou lui souffler sa tendresse.

Elle va mourir seule.
Ils l’achèveront comme on tire une balle dans la tête d’un lion dangereux, ou d’un chien enragé.
Terrifiée, dépossédée de sa propre enveloppe charnelle, elle tremble par spasmes, incapable de remuer ses phalanges, ses orteils, la moindre partie d’elle-même volontairement. Ses bras écartés de part et d’autre la changent en mauvais pastiche d’un christique de bas étage. Les spasmes aléatoires qui l’agitent la font rebondir, cabrent haut sa poitrine, pour mieux la laisser retomber, comme une poupée désarticulée.

Serguey.
Il lui manque plus que tout. Mais elle est heureuse qu’il n’assiste pas à sa déchéance. Elle espère qu’en dépit de sa rancœur, il ne conserve d’elle que les souvenirs de leurs joies et de leurs envolées, du sexe libérateur comme de leurs moments de folie inoffensive. Elle balbutie, en une répétition inlassable, laisse son imaginaire massacré figer son visage comme dernier vestige de cette existence étirée.

« Pardon, mon amour. »

CODAGE PAR AMATIS


Before I'm dead

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Jake Hamilton
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la guerre des mondes
Ft Aliénor Bellovaque & Jake Hamilton

Je lâche rapidement le fumigène, qui roule sur le béton grisâtre, sifflant et se consumant dans une fumée dense et toxique. Le nuage se fait oppressant, laissant la désagréable impression d’évoluer dans un mauvais brouillard. Les particules d’argent inhalées irritent à nouveau ma gorge, mes poumons et mon nez, si bien qu’un mince filet de sang finit par couler de l’une de mes narines. Ma respiration devient laborieuse. L'afflux massif d’adrénaline dans mon corps rend pourtant ces désagréments négligeables. Mon cœur bat fort. Mon cœur bat vite. Mon cœur s’éprend. Malgré la nuit, ma rétine a su fixer ses courbes félines, pendant une fraction de seconde. Si proche. Si animale. Si inaccessible. J’ai ressenti l’excitation du chasseur qui tient sa proie en ligne de mire. Malheureusement, la bête nous a échappé. Tapie dans l’ombre, elle prépare déjà sa riposte. Nous reculons doucement, le doigt crispé sur la gâchette, vigilants jusqu’à l’excès, prêts à faire feu au moindre mouvement suspect. Le silence nous embrasse. Au milieu de l'arène rougie, la grande faucheuse rôde, soufflant dans nos cous des promesses de trépas, et d’agonie. L’incertitude dévore peu à peu notre fière ardeur.

Soudain, un cri de mort résonne contre les murs en béton brut. Un cri d’outre-tombe, où chaque atome semble éclater sous la violence d’une douleur terrifiante. Un hurlement sinistre, glaçant le sang. Une vibration sombre. Un déchirement. L’espoir avale les ténèbres. Le ciel nous a entendus! Halleluja! Un soupir de soulagement quitte ma gorge irritée. Je respire enfin. Les sonorités funestes accrochent mon oreille avec délices, réveillant quelques-unes de mes plus sombres appétences. Un plaisir primal gonfle mon bas-ventre. Je serais prêt à parier que la blessure est grave, possiblement fatale. La reine est tombée.

La reine est tombée!!!

Un sourire victorieux étire mes lèvres fières et arrogantes, qui se figent presque aussitôt en un rictus malveillant. Mon cœur tambourine dans ma poitrine. C’était si simple. Presque trop simple. Je m’étais attendu à une lutte apocalyptique, à un déchaînement de feu et de sang, à l'effondrement de quelques fondations du monde connu, à une explosion de vice et de douleur. Ma fascination pour elle est devenue si profonde, que j’ai fini par l'assimiler à une sorte de déité cruelle et décadente, à une terrifiante force noire et enveloppante. La réalité restaure la vérité : elle n’est rien. A peine davantage que ses congénères, si ce n’est que mon sang a déjà coulé dans ses veines corrompues. Cette nuit, la gredine m’est servie sur un plateau d’argent. L’heure de ma vengeance vient de sonner.

Une violence quinte de toux me submerge à nouveau, me rappelant durement à l’instant présent. A mon souffle coupé. A cette fumée mauvaise. A ces ténèbres opaques. Je veux m’avancer, mais mon pas devient hésitant. Je fronce les sourcils. Le sentiment ne m’est pas familier. Incompréhensible. Mon visage se ferme. Un frisson glacé court sur ma nuque, comme un mauvais augure. Mes doigts se crispent sur le fusil à pompes, prêt à libérer une nouvelle salve de chevrotine. Une angoisse étrange griffe et lacère quelques strates enfouies de mon inconscient. Mon excitation se mue en appréhension. Et si ce cri n’était qu’une fourberie pour mieux nous décimer? Nouvelle hésitation. Une… deux… trois… quatre secondes. Peu importe, je saute à pieds joints dans le piège. Je regretterai probablement ma témérité un jour, mais il est trop tard pour faire demi-tour. Je veux la voir morte. Je veux piétiner ses restes maudits, jusqu’à ce qu’il n’en reste rien de cette carcasse trop désirée. Jusqu’à ce qu’elle ne soit plus qu’un souvenir immonde.

Je m’approche enfin, malgré les multiples quintes de toux qui déchirent ma gorge et ma cage thoracique. C’est moi qui ai dégainé ce maudit fumigène, alors impossible de blâmer qui que ce soit. A la NRA, j’ai voté le développement d’armes expérimentales, notamment d’armes chimiques à visée anti-CESS. Le destin me retourne la décision en pleine tronche. Je respire mal. Du sang continue de suinter de mes narines. Il me faut de l’air! J’ai vraiment besoin d’air, bordel! Malgré tout j’avance, et les quatre soldats m’emboîtent le pas sans discuter, concentrés, professionnels. Le couinement du cuir de nos rangers et le cliquetis des armes sont les seuls bruits qui brisent ce silence de mort. Je distingue enfin une forme humanoïde allongée sur le béton gris. Je me fige un instant, puis me tourne vers mes “frères d’armes”, après m’être éclairci la gorge.
«-Personne ne tire, je m’occupe d’elle personnellement.»
Ma voix est sèche, sévère, intransigeante.

J’approche encore, à pas mesurés, restant à bonne distance de la menace qu’elle constitue encore, malgré ses apparences fragiles. Allongé sur le sol, son corps si frêle est secoué de spasmes irréguliers. Sa peau scintille de reflets argentés. C’est beau. Ça a quelque chose de poétique. Au moins une fois, l’on pourra dire qu’elle était brillante. Sa force vitale s’épuise, ne sachant lutter contre le poison qui altère inévitablement son organisme. La matière tire pour reprendre ses droits, la secouant violemment, jusqu’à ce qu’elle redevienne poussière. Je penche la tête pour mieux apercevoir ses courbes. J’espère qu’elle souffre. Un sang noir dégoute sur le béton. Bien sûr, il n’y aura jamais assez de sang pour laver ses crimes, pour pardonner l’affront. Les tombes se sont amoncelées sur sa route, et voilà enfin l’heure de sa condamnation.

Je fais un dernier pas vers elle, pas réellement serein, à peine à un mètre de la silhouette échouée. Je me trouve au niveau de ses pieds, enfermés dans des bottines qui semblent étrangement petites. Elle doit se chausser au rayon enfants. Sourire. La constatation m’amuse. Les lunettes de vision nocturne m’actroient une vision en noir et vert. J’aurais aimé pouvoir en savourer les couleurs, en fixer la vivacité. Les ténèbres l’engloutissent trop pour que j’admire chacun de ses contours. Dommage. J’en ressens une certaine frustration. Elle est cette chimère que j’ai trop longtemps rêvée et fantasmée, et je n’aurai jamais l’occasion de figer réellement son image dans ma mémoire. Autour de sa bouche se dessinent les restes sanglants du carnage, arborés comme une peinture de guerre. C’est primitif, sauvage, vulgaire… et étonnamment excitant. Son visage est déformé par une grimace exquise, crispée de douleur. Elle est fascinante à en blesser. A en tuer. Sa force et sa beauté auraient pu faire basculer l’humanité à ses pieds, mais la reine maudite a été renversée, vaincue. Je contemple l’image violente de sa défaite durant quelques secondes, m’accrochant encore un peu sur son apparence avantageuse, du moins ce que j’en devine. Et dire que mon sang a irrigué son cœur, si tant est qu’elle en possède un… Sa noirceur a perverti mon esprit. A l’heure qu’il est, son âme vénéneuse doit déjà être en train de mesurer la profondeur de l’abîme. Bientôt, elle s’éteindra, seule, pour plonger dans les flammes infernales.

Je pose mon fusil sur le sol, puis sort le Colt Anaconda de mon holster de ceinture, plus léger et maniable. Sous la cagoule, mes traits se durcissent. Avec une froideur terrible, je pointe l’arme en direction de son crâne. Malheureusement, la piètre qualité de la vision nocturne gâche un peu le spectacle. J’ai l’occasion inespérée de lui faire exploser la cervelle, ou ce qu’il en reste. Le goût de la vengeance assouvie me chatouille déjà le bas-ventre. J’inspire profondément. Une seconde s’étire. Mon doigt se crispe sur la queue de détente.
Légère hésitation.
Je tire.

La puissante détonation éclate, résonnant contre les murs. Bruit métallique d’une douille qui s’échoue puis roule sur le sol. Du rouge vient souiller le béton brut. Une goutte de sang atterrit même sur mes lunettes de vision nocturnes. Tressaillement. Un sourire mauvais s’étire sous ma cagoule. Oui, j’ai baissé le bras à la dernière seconde… La balle en argent est venue se ficher juste au-dessus de son genou droit. Avec une indifférence hautaine, je me tourne vers les deux soldats, et leur crache un ordre d’un ton sec et directif, qui ne souffrirait aucune contestation : «-Laissez-moi vingt minutes avec elle.»
C’est une décision stupide, et mon cerveau bouillonne déjà de messages d’alarme, à gros renforts de néons clignotants. Sauf que je n’en ai pas fini avec elle. Même si l’idée me révulse, il me faut faire face à mes contradictions et à mes doutes. Je dois connaître la vérité. Sa vérité.
«-Mais m’sieur, c’est dange...»
«-C’est un ordre!»
Abruti! Les deux gars se regardent, hésitent longuement, puis se décident enfin à obtempérer, à contre-coeur. Se mettre un sénateur à dos est bien la dernière chose dont ils ont besoin. Bien sûr, ils auraient aimé accrocher la vampire à leur tableau de chasse. Bien sûr, ils auraient aimé s’illustrer davantage pour entrer dans mes petits papiers. Mais non. Elle est à moi. Maintenant. Pour toujours. J’attends qu’ils rejoignent les escaliers pour enfin engager la conversation avec la souveraine déchue. Je me rends compte que j’ai envie de rompre la distance, de la toucher, de l’abuser.

«-Je suis ravi de vous retrouver enfin, Aliénor...»
J’ai prononcé cette phrase en français, supposant qu’il s’agit là de sa langue natale. Du moins, c’est la déduction que j’ai tiré de mes recherches sur son prénom et ses origines. Aliénor est assez peu usité de par le monde, le pari était assez peu risqué. Voyez là un hommage. Mon accent américain dénature probablement chaque syllabe, et le roulement des “r” m’est un exercice trop complexe pour être accompli sans dégâts. Tant pis. J’ai appris ces quelques mots par coeur, bien que je sois incapable de m’exprimer, même basiquement, dans cette langue. Je reviens aussitôt à l’anglais, par commodité.
«-C’est à vous que je dois ma vie, ma force et mon inflexibilité. J’ai même eu la prétention de penser que vous m’aviez façonné à votre image. Pourtant, c’est moi qui causerai votre perte. N’est-ce pas une douce ironie?»

J’étouffe une nouvelle quinte de toux, puis fais quelques pas pour m’approcher de son visage, attentif au moindre de ses mouvements. Chaque respiration écorche un peu plus mes poumons. Mon arme est toujours pointée vers elle, prête à lui perforer les entrailles. La tension est palpable. Une pression enserre ma cage thoracique, et fait battre mon cœur un peu plus vite. Ma prise de risques est inexcusable. A un mètre d’elle, je m’accroupis, laissant couiner le cuir de mes rangers. Un silence pesant nous enveloppe aussitôt. J’entends quelques éclats de voix indistinct au dehors, et des craquements de dilatation dans les murs, rien de plus. Un court instant, je me perds à admirer ses lèvres charnues et désirables, qui portent encore le goût du meurtre. Une tension sexuelle échauffe mes sens.
«-A moins que vous n’acceptiez de coopérer...»
Une citation de Nietzsche me revient aussitôt à l’esprit : “Qui vit de combattre un ennemi a tout intérêt de le laisser en vie.” Mouais, je n’en suis pas si sûr… J’ai d’autres projets pour elle.

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"Eh bien ; la guerre."

En un mot : La Vipère sous la rose.
Qui es-tu ? :
"Don't die with a clean sword."

♚ Caïnite âgée de trois siècles ; Accomplie du bel âge à portée d'ongles carmins.
♚ L'Ambition la ronge, mais laquelle ? ; le vide de nuits interminables la détruit plus sûrement que n'importe quelle balle en argent. L'Ennui pour seul véritable danger.
♚ Gorgone gauloise, sa réputation parle pour elle, surnommée Mère sanglante ou Reine rouge. Nombre d'enfants sont tombés sous ses crocs.
♚ Fille de corsaire, héritière de ses lettres de Marque ; navigua au service de Louis XV dans les eaux des Caraïbes à la tête de l'Espérance, frégate à l'équipage composé de deux centaines d'hommes.
♚ Trahie par un Britannique ; capturée et ramenée de force sur l'île de Mona, torturée , abusée, échappée - mourante (malaria). Transformée par un autre, à l'aube de sa trentaine.
♚ Éprise de coups d'État et féroce opposante à l'Essaim. Antique imperméable à l'ordre. Partisane du clan du Chaos. Danseuse sur le fil acéré de leur rigueur.
♚ Maudite ; aucun enfant n'a pu sortir de son ventre. Aucun Infant n'a pu résister à son vice, transmis tel un fléau. Sire matricide par deux fois. Échec toujours en gestation.
♚ Sang turc dans les veines, manie les us et coutumes perses. Son réseau d'Orient et d'Occident est dessiné comme une arachnide file sa soie.
♚ Incapable d'aimer son époque ; craintive pour l'avenir, répudiant son passé.
♚ Se joue d'une beauté en laquelle seuls les autres croient. Compagne de Serguey Diatlov, mère de substitution de Yago Mustafaï, protectrice de Mei Long.
♚ Pie voleuse, elle a dérobé le Clan du Chaos aux mains trop glissantes de Salâh ad-Dîn Amjad, qu'elle compte bien refonder en un ordre sérieux pour s'opposer à la Mascarade ainsi qu'au dictat de l'Essaim en place.

♚ SLAVE TO DEATH ♚

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Mar 21 Déc - 0:39 (#)

♛ « Elle s’offrit, impudique et splendide. »
« Votre désir sera toujours plus fort que votre intelligence et votre instinctive prudence. Vous êtes un enfant gâté qui n'hésite pas à prendre le jouet d'un autre même si, une fois en votre possession, le jouet vous semble moins beau. »

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Les fumerolles des fumigènes ne peuvent plus lui faire aucun mal.
Son corps paraît être en suspension, tordu par la main d’un géant vicieux et cruel, s’amusant à appuyer partout où il le pourrait pour créer une douleur sans pareille.
Elle s’accroche aux fumerolles. Elle voudrait pouvoir les toucher, sentir leur potentielle chaleur cerner ses phalanges glacées d’Immortelle. Elle pourrait alors peut-être revoir en pensée les volutes d’opium ; celles qui s’échappaient fréquemment de quelques chambres de Jérusalem. Celles qui venaient soulager les muscles fatigués de ces soldats anglais en patrouille dans la Cité disputée. Voire celles qu’affectionne tant Yago Mustafaï, porteur d’un héritage que rien ne semble pouvoir tuer.

Un sursaut de conscience, mais pas de volonté.
Son cœur cherche à s’ébranler, dans sa cage de cendres. En vain.
Ses yeux restent grands ouverts. Sa bouche aussi. Elle appelle, se détourne un moment du mortel ayant ravi sa flamme, quand le visage orné de cette cicatrice dont elle est responsable lui apparaît.

« Non… » Un souffle. Infime. Inaudible, pour les hommes qui toussent et s’approchent. Le plus grand, surtout. Elle ne le voit pas, et pourtant son ombre paraît déjà la recouvrir sans même qu’elle ne puisse discerner les traits de son faciès de toute manière planqué par une cagoule opaque.

«-Personne ne tire, je m’occupe d’elle personnellement.»

Elle a déjà entendu de telles semonces. Des ordres aboyés, vociférés avec un accent cependant bien plus pointu, trahissant son allégeance première à la Couronne d’Angleterre. Malgré l’étirement contre-nature de sa mémoire, elle n’aurait jamais pu oublier l’agencement brutal des traits de Connor Epps. Elle reverrait éternellement sa barbe plus ou moins fournie, sa mâchoire carrée, ses pupilles faites d’acier et de haine. Jake Hamilton ne pourrait jamais savoir comme il ressemble à cet homme responsable de ce qu’elle est devenue. Il s’approche tandis qu’elle baigne dans son sang. Il s’écoule par tous les pans de sa chair blessée, mais également par d’autres orifices. Ses oreilles, ses narines, le coin de ses yeux ne sont pas exempts. Elle ne ressent rien entre ses cuisses trop largement exposées, incapable de remuer consciemment les jambes pour prendre connaissance de l’horreur qui se joue, ou pas, contre l’aine, les rainures de ses articulations. Elle suffoque. L’ombre grandit, lui cache toute porte de sortie. Elle est revenue dans son cachot, celui dont elle continue de rêver, durant certaines de ses torpeurs. Ce cachot duquel elle a cru ne jamais pouvoir sortir, pourrissant dans la paille sale, trop souvent surveillée, molestée, humiliée par des bourreaux saouls de rhum et de filles faciles cueillies dans les moindres recoins des Caraïbes. Elle n’est jamais partie, réalise-t-elle. Son âme ne s’est pas évaporée, disparue entre les bras de James. Non. Une part d’elle est restée là-bas. Les murs se sont imprégnés de sa peine, de ses lamentations. Que l’Étreinte l’ait embrassée ou non, elle serait restée incomplète jusqu’à son dernier souffle, quoi qu’il arrive.

L’Antique peine à conserver un lien tangible avec la réalité. Mais elle voit la bouche du canon noir pointée vers son front. Le flot des pleurs cramoisis s’intensifie, sans qu’elle ne puisse savoir si la peur de la Mort en a provoqué le flux. Elle tremble plus fort, geint en sourdine, la gorge rendue serrée par une tenaille insupportable qui l’étrangle comme un clébard tiré en laisse. Sa langue lui paraît sèche comme lorsque l’eau vient à manquer en pleine mer, que le soleil cogne sans merci pour les hommes à bord. Tous les pires souvenirs remontent, invoqués par le démon qui la maintient en joue. Elle ne veut pas croire que sa fin aura lieu ici, ni maintenant. Sursaut d’orgueil, de supplication presque enfantine. Elle n’a plus personne vers qui se tourner. Aucun Dieu capable de la prendre en pitié. Elle n’a qu’elle. Elle et cette confiance sans fondement envers sa longévité, son existence qui perdure, et dure, et dure encore. Les queues gluantes de ses geôliers, la vermine qui ne la lâchait jamais, les poissons meurtriers, la malaria installée… Rien n’a mis un terme au règne de sa propre entité. Pourquoi cette nuit serait-elle différente ?  

Le mouvement est vif, et la détonation explose à ses tympans.
Son genou droit éclate sous la balle tirée à bout portant.
Elle hurle de plus belle, et ses vociférations de harpie ne pourraient jamais lui permettre d’entendre l’échange bref, péremptoire, qui laissera l’homme seul avec elle. Les soubresauts se rapprochent, immondes contractions. Une fois, deux fois, trois fois son crâne cogne à l’arrière contre le béton nu. Elle crache, et sa bouche dégueule de cette bouillie sanguinolente en une projection écoeurante, venant rajouter un peu plus d’horreur au tableau macabre. Le dos de ses mains bat le sol comme les écailles d’un poisson échoué. La jambe touchée se tend sans plus reposer sur la surface pendant une à deux secondes, singeant une crise d’épilepsie comme on les esquissait autrefois, définies comme le Haut-Mal suprême.

«-Je suis ravi de vous retrouver enfin, Aliénor...»

Dans le brouillard, le français la heurte.
Connor aussi, maniait sa langue. Elle étire tant bien que mal son attention abîmée par la douleur personnifiée qu’elle incarne. Elle cherche à trouver du sens à ses paroles, sans plus en être capable, pourtant. Elle ne comprend pas. Déboussolée, abrutie par l’argent qui la vide de tout résidu de Vitae, elle cherche à le voir, à percer les ténèbres pour, au moins, accrocher le fond de son regard. Il se penche, s’approche, comme s’il avait entendu son souhait. Mais le savoir aussi près l’affole. Ses spasmes s’accentuent. Sa vue se trouble davantage.

Quelque chose cède.
Quelque chose vient de se briser, en elle.
Quelque chose se déverse.

Elle perd la raison.

Le ton de sa voix – celle du sénateur – si semblable aux promesses de viol jusqu’à ce qu’elle en crève, tortures qui jamais ne s’arrêteraient. Sur une île où ses seuls alliés étaient morts, enterrés ou prisonniers comme elle, aucun salut ne viendrait la sauver des sévices à venir. Connor Epps était doué. Il savait prendre son temps pour réduire en charpie la plus infime tige de rébellion.
Connor est mort et disparu, elle s’en est assurée.
Mais la voix de Jake Hamilton dégouline de ce stupre propre aux plus terribles créatures qu’Aliénor Bellovaque ait pu croiser de par ses trois siècles d’existence.

Sa poitrine dévastée s’est gonflée d’un air absent.
Elle s’est cabrée, vision ignoble ; une humaine lambda aurait déjà vu sa colonne vertébrale se rompre.  
Un réflexe uniquement venu de sa condition de Longue-Vie a projeté sa main : ses doigts s’enroulent là où ils peuvent accrocher celui qui la menace. Elle ne sait même pas où est-ce qu’elle l’attrape. Elle ne sait même pas pourquoi elle l’attrape. Elle sait seulement qu’elle ne veut pas. Qu’elle ne peut plus. Ils ont tué son ventre à force d’aller et venir. Elle s’est déjà retrouvée à baigner dans son sang, croyant son trépas arrivé. Elle s’est jurée de ne plus jamais laisser un homme la souiller de cette manière.

Dans cet univers de pierre, de ciment, aucun élément ne viendra à son secours. Elle n’est pas une enfant du Grand-Tout. Longue-Vie, irrémédiablement séparée du Cycle dont on l’a arrachée. Pourtant, Aliénor Bellovaque sanglote, hurle et se démène, et sa gorge se déchire lorsqu’elle appelle. Le son se répercute partout sur les murs poreux autour d’eux, monstre du fond des âges refusant sa chute, transcendée par la pulsion de vie qui s’accroche, capable de tout pour survivre encore, même le temps d’un battement de cil. Et le nom qu’elle réclame ne pourrait être plus reconnaissable ni plus déformé à la fois par cette hargne sauvage :

« YAGOOOOOOOO ! »

Elle maintient toujours l’homme bien que cherchant à le repousser, et la terreur accumulée en son sein aurait déjà rendu dément l’esprit le plus solide. Ses yeux roulent dans ses orbites d’affolement. Elle puise dans ce qu’il lui reste de ressources, bousillée par le métal-poison. Sa force coutumière est absente, la laissant faible et incapable de réfréner réellement le soldat qui lui paraît immense, peut-être encore plus grand que Serguey.

« Serguey… Ser… MEIII ! ORHAAAAAN ! »

Chaque mouvement est un supplice indicible, réveillant la présence des balles, de l’argent corrosif. Elle perd tout sens commun, s’asphyxie, relâche sa prise en cherchant à rouler, sur le côté ou sur le ventre. Prête à ramper, à s’avilir pour grappiller encore quelques minutes de vie, de ce semblant de dignité. Ses appels déchirant la nuit jouent de concert avec ses ongles brisés, raclant le revêtement, dans sa tentative désespérée de fuir l’inconnu au-dessus d’elle.  

CODAGE PAR AMATIS


Before I'm dead

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Jake Hamilton
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la guerre des mondes
Ft Aliénor Bellovaque & Jake Hamilton


Attention : PUBLIC ADULTE SEULEMENT.

Je m’étais attendu à ce que son antre soit asséché et rugueux. J’avais envisagé une désagréable sensation sablonneuse, qui gratte, irrite et démange. Impossible de visualiser autre chose qu’un territoire glacial, aride et hostile, une véritable porte ouverte vers les Enfers.

Ma vision des Enfers diffère de celle communément admise. La Bible fait référence à la vallée de Hinnom, au sud de Jérusalem, sous les règnes d’Achaz et de Manassé, où étaient jetés ordures et cadavres de criminels et autres parias indésirables (et accessoirement des corps d’enfants embrasés sacrifiés au culte de Moloch). Dans l’air putride et les fumées noirâtres et empuanties brûlaient des feux continus, destinés à purifier et détruire la souillure et les déchets. Cette image sordide a rapidement été associée au châtiment éternel, et donc à l’Enfer. Le champ du sang. Ces flammes dévorantes ont largement influencé les écrits bibliques, détournant probablement leur vérité intrinsèque. Ça reste une abstraction que personne n’a jamais vue et éprouvée, sauf peut-être les vampires. Mes propos seront souvent jugés blasphématoires par les plus fervents théologistes, mais pour moi, l’Enfer est une terre noire et aride, une terre de cendres, poussiéreuse et stérile, plongée dans une obscurité éternelle. Tout y est froid, désespérément mort. Le cœur même est dépourvu de sentiments. La vision que j’en ai se rapproche davantage de Helheim, dans la mythologie nordique, sans pour autant réellement s’y conformer. A l’opposé, le feu est un vecteur de purification et de transcendance. Il est la passion, l’intelligence, la chaleur et le réconfort. Je retiens la vision alchimique, qui est une quête de lumière, par extension du feu, et donc de Dieu. Ne parle-t-on pas de feu sacré? A bien y regarder, le vampire est une allégorie de l’Enfer : froid, mort, mauvais, voué à évoluer dans l’obscurité et les ténèbres. Une aberration contre-nature venue pour répandre les pires maux sur l’humanité.

Plonger ma virilité dans cet abîme inhospitalier aurait dû m’effrayer, ou au moins me dissuader, sauf que le symbole était trop beau, trop engageant. Métaphoriquement, c’est la vie qui prend possession de la mort. J’y vois une lutte du bien contre le mal. C’est poétique. A ma grande surprise, l’antre est étonnamment accueillant et irrigué, le passage infernal du Styx y est facilité, délicieusement praticable. Je pousse un soupir de contentement, mêlé d’un certain soulagement. Je sais, au fond de moi, qu’il ne s’agit pas uniquement d’un acte symbolique, que bien d’autres basses pulsions guident mon geste. Ce mélange de rage et de plaisir pervers rend tout plus sale, plus noir. Je la perfore avec violence, porté par l’instinct de vengeance et un désir primal. Le rapport de force s’est diamétralement inversé, et c’est particulièrement jouissif pour mon égo. C’est toute sa race maudite que je veux souiller à travers elle. L’agonie et l’humiliation sont les seules destinations acceptables pour elle. Je rêve d’entendre ses cris de douleur et ses supplications désespérées, tout comme le rouge de la honte qui l’envahit. Chaque coup de boutoir témoigne de ma rage et de ma haine. Je ne supporterais pas que sa nature morte et surpuissante ne ressente rien. Elle réagit si peu à mes assauts que c’en est profondément vexant… J’y mets encore plus de violence et de brutalité. Tout mon corps se couvre d’une pellicule de sueur et mon souffle se raccourcit sous l’effort intense. Je grogne à chaque intrusion en territoire ennemi. La colère se mêle à l’excitation. Je me sens fiévreux, brûlant de haine et de désir ardent pour ce corps offert. Sans le savoir, elle a été le noyau de toute ma construction érotique, avant même l’exploration de ces régions intimes. Elle a été également le centre de mes pulsions malsaines. J’enchaîne les va-et-vient dans son intimité froide. La sensation est étrange, mais pas désagréable du tout. Je peux comprendre que Serguey ait aimé ça, finalement. Je halète bruyamment, continue de l’investir brutalement, sauvagement, tout en serrant fermement d’une main la chair de sa hanche droite pour mieux la diriger et la faire coulisser, alors que l’autre s'agrippe toujours à mon arme. L’excitation gonfle, irradie, et je finis par jouir dans son antre vicié, dans un long râle bestial et saccadé. Je l'inonde d’une essence de vie grouillante, génétiquement avantageuse, et pourtant incapable de féconder ses terres infertiles. La matrice est périmée depuis longtemps.

Si je suis vibrant, haletant et brûlant, elle, en revanche, est complètement éteinte. Cadavérique. En même temps, je m’attendais à quoi, en baisant une morte? Les vers ne pullulaient pas dans son vagin défraîchi, au milieu d’amas de chairs en putréfaction, c’est déjà ça. Je me retire puis la relâche sèchement, laissant retomber son corps mollement sur le sol en béton gris. Elle ne réagit pas, ne tente plus de fuir lamentablement. Avec ma seule main disponible, j’essuie précautionneusement mon sexe sur sa robe, me rhabille à la hâte puis me relève en la dévisageant avec mépris. Elle reste inerte, pas même un soubresaut n’agite sa frêle silhouette. Pour flatter mon égo, je pourrais dire qu’elle s’est évanouie sous l’intensité de mon excellente performance sexuelle, mais on peut difficilement parler de réelle symbiose entre nous, alors je miserais plutôt sur le poison-argent, qui a eu raison d’elle. Elle n’est pas morte, sinon elle se serait désagrégée. Est-ce qu’elle dort? Ce serait un peu vexant pour mon amour-propre…. Du bout de la botte, je secoue le corps inanimé : toujours aucune réaction. Je ne savais pas que les vampires pouvaient perdre conscience, puisqu’ils n’en possèdent aucune…

Inutile de scruter ma montre pour savoir qu’il ne me reste que quelques minutes avant que les autres ne reviennent. Il est temps de l’achever, de finir enfin le travail. Je pointe mon Colt Anaconda sur elle, sans réelle conviction. Ma mâchoire se crispe, mon visage se durcit. Cette garce ne verra même pas son dernier instant arriver, aucune lueur d’effroi ne brouillera son regard et je n’obtiendrai jamais mes réponses. Quelle fin pathétique! Toute la rage en moi ne s’est pas tarie. Pire, elle bouillonne encore plus intensément au fond de mes entrailles et ne demande qu’à exploser. C’est un volcan en ébullition, prêt à libérer ses projections ardentes et mortifères. Impossible d’identifier clairement les sentiments qui se heurtent et vrillent dans mon esprit embrumé par la rancœur. De sa simple présence, elle a rouvert les portes du passé ; la blessure est maintenant à vif. Mon souffle est court, je respire difficilement. L’argent irrite encore ma gorge désagréablement. J’ai envie de hurler, de libérer enfin ce nœud de haine qui m’entrave. Ma main se met soudain à trembler.

Je baisse finalement l’arme, puis la range dans le holster de ceinture. Ma décision est prise. Sa deuxième mort ne sera pas si douce. C’est hors de question. Elle connaîtra dans sa chair et dans son âme atrophiée les affres du projet Trinité, élaboré initialement pour exterminer les créatures de sa race maudite. Elle fera un cobaye idéal. Je veux qu’elle souffre les mille tourments, avant de la condamner à la géhenne éternelle. Pas de raccourcis. Pas d’assouplissement de la sentence. A la hâte, et sans aucune considération, je la déshabille, comme on le ferait avec une poupée. Ses courbes féminines n’entament pas ma concentration. Le temps est compté. Je pose mon sac à dos à terre, en étale rapidement le contenu. Un bref coup d'œil à la vampire toujours inconsciente pour vérifier son état. D’un geste précis, je roule en boule sa culotte souillée de sperme, puis la lui fourre dans le gosier, avant de lui bâillonner la bouche avec l’intégralité du rouleau de sparadrap. La manœuvre devrait lui éviter de crier ou de mordre à son réveil… Si elle daigne se réveiller…. Je récupère la molaire abandonnée, comme un trophée, et la glisse dans ma poche. Je soulève enfin la Reine Rouge, surpris de la trouver si légère, puis l’attache minutieusement dans la petite pièce étroite en béton destinée à accueillir la colonne montante du bâtiment.

Je l’observe pendant quelques longues secondes qui laissent place au doute. Les battements de mon cœur se sont accélérés, définitivement hors de contrôle. Peut-être ne sera-t-elle plus qu’un tas de cendres quand je reviendrai. D’ici là, l’argent aura probablement abrégé ses souffrances. Tous les pronostics vont dans ce sens. Il est également envisageable qu’elle réussisse miraculeusement à s’enfuir. Vu son état de faiblesse avancée, j’émets de sérieux doutes quant à cette hypothèse. La dernière perspective désagréable serait que je ne la récupère pas avant l’aube, et que les premiers rayons du soleil viennent brûler son corps trop tôt. Le planning est serré. Malgré les failles de ce plan hasardeux, je répète le déroulé des opérations dans ma tête. Je vais tirer un peu au hasard dans la pièce abandonnée avec mon Mossberg 590 pour simuler l'exécution de la harpie, retrouver les soldats, exulter en poussant des cris de bête, pour faire viril, puis exhiber fièrement le tas de vêtements comme un trophée de chasseur. Prions pour qu’ils ne réclament pas sa culotte, ni son tas de cendres. Après cela, je devrai logiquement faire un debriefing avec toute l'escouade, et célébrer sans joie ostentatoire cette victoire malheureusement entachée par le décès prématuré de l’un des membres. J’enverrai une équipe nettoyer la scène de crime, et effacer toute trace de nos méfaits. Il me faudra également organiser la fausse découverte du corps du combattant mort, en transfigurant les faits sous l’angle d’une attaque d’un vampire cruel sur un simple joggeur, travailleur et bon père de famille. Il sera trouvé au petit matin par un marcheur, exsangue, avec une marque de crocs bien visible au niveau du cou. Il faudra ensuite diffuser largement l’information dans les médias, photos choc à l’appui. Pour finir, je dois impérativement passer récupérer le matériel dans la fosse, celui destiné à contenir les élans vampiriques, et installer la Reine dans son nouveau “palais”...


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Aliénor Bellovaque
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"Eh bien ; la guerre."

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Qui es-tu ? :
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♚ Caïnite âgée de trois siècles ; Accomplie du bel âge à portée d'ongles carmins.
♚ L'Ambition la ronge, mais laquelle ? ; le vide de nuits interminables la détruit plus sûrement que n'importe quelle balle en argent. L'Ennui pour seul véritable danger.
♚ Gorgone gauloise, sa réputation parle pour elle, surnommée Mère sanglante ou Reine rouge. Nombre d'enfants sont tombés sous ses crocs.
♚ Fille de corsaire, héritière de ses lettres de Marque ; navigua au service de Louis XV dans les eaux des Caraïbes à la tête de l'Espérance, frégate à l'équipage composé de deux centaines d'hommes.
♚ Trahie par un Britannique ; capturée et ramenée de force sur l'île de Mona, torturée , abusée, échappée - mourante (malaria). Transformée par un autre, à l'aube de sa trentaine.
♚ Éprise de coups d'État et féroce opposante à l'Essaim. Antique imperméable à l'ordre. Partisane du clan du Chaos. Danseuse sur le fil acéré de leur rigueur.
♚ Maudite ; aucun enfant n'a pu sortir de son ventre. Aucun Infant n'a pu résister à son vice, transmis tel un fléau. Sire matricide par deux fois. Échec toujours en gestation.
♚ Sang turc dans les veines, manie les us et coutumes perses. Son réseau d'Orient et d'Occident est dessiné comme une arachnide file sa soie.
♚ Incapable d'aimer son époque ; craintive pour l'avenir, répudiant son passé.
♚ Se joue d'une beauté en laquelle seuls les autres croient. Compagne de Serguey Diatlov, mère de substitution de Yago Mustafaï, protectrice de Mei Long.
♚ Pie voleuse, elle a dérobé le Clan du Chaos aux mains trop glissantes de Salâh ad-Dîn Amjad, qu'elle compte bien refonder en un ordre sérieux pour s'opposer à la Mascarade ainsi qu'au dictat de l'Essaim en place.

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Ven 13 Mai - 0:28 (#)

♛ « Elle s’offrit, impudique et splendide. »
« Votre désir sera toujours plus fort que votre intelligence et votre instinctive prudence. Vous êtes un enfant gâté qui n'hésite pas à prendre le jouet d'un autre même si, une fois en votre possession, le jouet vous semble moins beau. »

▼▲▼


Elle ne l’entend même pas rire.
Elle échappe alors à tout le prisme habituel d’un être normalement constitué, capable de voir, d’entendre, de sentir ou de parler.
Il n’y a que l’obsession ultime, celle capable d’agiter la plus infime des créatures peuplant ce monde, qui la guide et la tend, la poussant à surmonter l’horreur de ce qui se joue sur le béton nu. Il n’est plus question de fierté, de dignité et d’orgueil. Non. Elle n’appartient plus à cette sphère-là. La seule chose qui compte encore, c’est de pouvoir bouger ses membres scarifiés par la poussière d’argent et les balles qui la rongent. La seule chose qui compte, c’est de ne pas abandonner tant qu’on ne l’aura pas crucifiée de bout en bout. Tant que son cœur restera intouché, logé dans sa poitrine, tant que son cerveau émettra encore des signaux transmetteurs, tant que ses doigts parviendront encore à la tirer sur quelques millimètres, Aliénor Bellovaque n’abandonnera pas.

Elle n’abandonnera jamais.

Même alors que rien ne lui permet de croire qu’une échappatoire lui est encore possible, ses dents de sauvageonne se serrent à en faire éclater l’émail, à rompre sa mâchoire. En guise du souffle inhumain, elle feule chaque micro-victoire, chaque minuscule intervalle capable d’allonger la distance entre l’homme grand et elle, misérable rampante n’aspirant rien qu’à vivre. Vivre, rester implantée là aussi sûrement qu’on l’y a obligée, depuis l’an de grâce 1719, dans quelque bordel, palais, ruelle ou port de Constantinople. Elle demeure. Chaque seconde, chaque instant, est un cri guerrier asséné pour décourager la faucheuse, pour l’empêcher de retourner sur elle un instrument de mort que la mutine a souvent tenu au creux de sa paume.

Mais il parle. Il parle et il s’approche.
C’est lui, désormais, qui tient la faux.
Il la tient comme il s’empare de la chevelure en partie souillée de rouge, et l’arc qu’il l’oblige à prendre la fait hurler encore, et manque surtout de la faire défaillir ; ce n’est qu’un vertige de plus, dont elle ne soupçonne pas l’apothéose encore à venir. Froid contre froid, l’arme frôle sa joue, et elle n’a même pas le courage de protester à nouveau, pas même le courage de penser qu’il pourrait s’amuser à lui tirer dans la bouche. Juste pour voir ce que cela ferait.

La scène se suspend.
Elle ne pense pas, pendant cet instant-là.
Elle reste là, inconsistante, mais terriblement consciente de chaque résidu de métal qui continue de travailler la chair vulnérable. Elle ne sait pas si elle saura s’habituer à la douleur. Elle n’a jamais connu une chose pareille, de toute sa vie d’immortelle. Elle en appelle au souvenir de toutes les autres meurtrissures supportées par son corps, compare, cherche à relativiser ; ce n’est pas un déroulement logique, ce n’est rien d’autre que l’effet de sa matière grise désespérée, en appelant à une dernière bouée de sauvetage à laquelle se raccrocher.

Elle retombe, car la pression s’est relâchée. Sans aucun moyen de contrer l’impulsion, elle s'abat en effet comme on aurait laissé choir des draps un peu lourds, et elle peut entendre la peau de son bras claquer sur le ciment, tel un mannequin de plastique souple dont on n’aurait eu cure de prendre soin. Là encore, ce n’est rien. Rien, comparé à la botte qui fait exploser sa tête d’un autre martyre. Il a beau n’être qu’humain, l’immortelle aurait pu sentir toute la colère décuplant sa force extraordinaire, si elle avait encore les moyens de réfléchir, de se projeter, d’envisager quoi que ce soit. Elle ne peut même pas crier : quelques dents se déchaussent sous l’effet du choc et de l’imprégnation de l’argent, flottant toujours. L’une de ses molaires tombe à la lisière de sa bouche, et elle n’aurait pas été surprise de voir ses globes oculaires éjectés de ses orbites, rouler à leur tour sur le sol.


Puis, le gouffre.


Il est si grand.
Pourquoi les hommes de son existence ont-ils toujours été bâtis si grands ?
Et elle ? Pourquoi est-elle née si menue ?
Il y a trois siècles de cette nuit terrible, la question se posait déjà.

D’abord, il y avait eu son père. (Elle hoquète, quand le genou masculin lui écarte les cuisses). Guillaume Bellovaque était d’une stature plutôt respectable, pour son époque. Presqu’un mètre quatre-vingt de bonne constitution. Les épaules honnêtes, le visage à peine arrondi de ces traits propres à la Normandie, caché derrière une barbe toujours soigneusement taillée. Les premières images dont elle se rappelle à son sujet l’ont marquée à jamais. Une évidence, puisqu’il s’agit en réalité de son tout premier souvenir. Elle a trois ans, et elle s’est échappée de la cahute désagréable de la Mère Cathy pour accueillir son père, revenu sain et sauf de son voyage en mer. Elle est mal fagotée, à l’image de tous les gosses de marins que la rombière garde, trop grassement payée pour une mission mal exécutée. Elle croit se rappeler du sourire de cet homme qu’elle idolâtrait déjà. Plus tard, elle s’est persuadée de l’exacte même manière que Guillaume Bellovaque n’avait pas souri, en réalité. Comment le lui reprocher ? Que faire de cette gamine mal nourrie, aux ongles noirs et aux yeux clairs ? Lorsqu’il avait fini par céder à ses suppliques, quelques années plus tard, elle n’en avait jamais compris, ni plus tard connu, les raisons déterminantes. C’est tout juste si elle se souvient de la robe qu’il lui avait fait passer par-dessus tête, lui distribuant quelques guenilles convenables de mousse qu’elle avait dû enfiler à toute vitesse. Puis, une paire de méchants ciseaux avait coupé sans plus de précautions que Jake Hamilton s’en était saisi, les longues mèches châtains et emmêlées, façonnant le petit garçon qu’elle devrait jouer à être. Papa, si tu avais su. Quelques années plus tard, et hop… Rien que la vicissitude n’aurait pu arranger, tu vois ? Poussée, grimpant la rampe presque trop raide jusqu’à parvenir sur le pont de la frégate, elle avait alors rencontré l’homme le plus droit, le plus solide, le plus…

Elle n’a qu’à peine senti la griffure de la lingerie contre ses jambes. Elle ne distingue que le basculement, en partie arrachée à la gravité. Ses mollets lui semblent si lourds – n’y pense pas. N’y pense surtout pas. Continue. Qui y avait-il eu, ensuite ?
Ensuite, il y avait eu Charles. Charles Pollard surplombait Guillaume Bellovaque de quelques centimètres. Sa barbe, plus fournie, moins précise, n’ôtait rien alors à ses qualités de meneur d’hommes, à sa nature intrinsèque de loup de mer, et à un instinct de préservation qu’elle n’avait jamais plus retrouvé chez quiconque, après lui. Avec l’aide de Thomas Jolivet, elle s’était épanouie sous son égide. Elle s’était transformée, le secret s’effeuillant au fur et à mesure que les années passaient, et elle s’en était voulu alors, de peser trop lourdement comme sujet de préoccupation majeure dans l’esprit des trois pères qui chapeautaient alors son existence. Elle ne voulait pas de traitement de faveur. Elle n’avait pas peur. Elle savait que malgré les mises en garde, les discussions nocturnes et tardives, le départ de certains marins et l’arrivée de nouveaux, plus tolérants, on n’effacerait pas avant des lustres certains us considérés comme inévitables, alors. Elle dormait comme les autres, dans le même type de hamac, au même niveau que ceux qui avaient tenté leur chance. Elle avait pincé les plus timides, giflé les plus audacieux, mordu jusqu’au sang les plus imbéciles. Pas un pour oser aller jusqu’au bout. Pas un pour tenter le diable, craignant peut-être que s’en prendre à la seule femme du navire pourrait, là aussi, faire jouer le mauvais sort en leur défaveur. Cet aplomb conquis de haute lutte l’avait endurci. Il avait suffi à remplacer ce qui n’avait pas poussé entre ses jambes. Ce vit obsessionnel dont tous parlaient avec plus ou moins d’élégance, elle en faisait fi pour construire une voie unique, qu’aucune autre femme de sa connaissance, elle, n’aurait embrassée avec la même passion.


Mais après Charles…

Elle s’ouvre. Le bruit est immonde. C’est un bruit de marécages, comme ses tympans aimaient pourtant, parfois, savourer la teneur par la bénédiction du sang ingéré. Son sexe de nouveau humide, capable enfin d’accueillir le Slave contre son cœur, c’est désormais son tortionnaire qui s’en empare. Sa propre Vitae lui a ouvert un passage fabuleux, coulant en abondance, parodie d’un nectar qui lui assure, à lui, une plongée sans faille. Ses yeux sont grands ouverts. Sa vision n’est plus bouchée que par lui. Elle ne voit pas son visage. Mais elle lit dans les orbes qui la vrillent le plaisir malsain de celui qui la pourfend, qui l’embroche comme un vulgaire papillon sur une épingle. La comparaison n’est pas si étrange.

Il est si grand.

« - Tu sens l’effet que tu me fais ?»


Est-ce qu’elle l’avait senti, lorsque Connor Epps l’avait prise, pour la première fois ?
Oui.
Elle avait senti la queue incroyablement raide, plus dure que le marbre, aller et venir dans son ventre, entre ses lèvres, entre ses reins. En plus de la prostituer à tous ceux s’étant suffisamment illustrés à ses yeux, il offrait parfois à son cercle de privilégiés le spectacle du viol répété de celle qu’on avait longtemps nommé « La neuvième ». Connor avait redoublé d’inventivité. Il avait su jouer avec toutes ses peurs. Il l’avait obligée à regarder les condamnations à mort sadiques de certains des corsaires autrefois liés par le pacte. Elle avait vu l’un d’entre eux enterré jusqu’au cou avant que la marée ne monte, monte et monte encore, faisant fi des pleurs du supplicié. Elle en avait vu un autre dévoré par les crabes, par toutes les bestioles, insectes, crustacés pullulant sur cette île maudite. Il avait mis plusieurs jours à mourir, et elle se rappelait encore de la façon dont la chair, aléatoirement bouffée par le sel, les vers, les pinces et les antennes, suppurait sous le soleil implacable la Mona. Elle ne voulait pas mourir comme ça. Alors, elle s’était laissée faire. Elle avait laissé jusqu’à cinquante hommes la baiser en quelques jours, une fois ; l’inconscience, l’évanouissement, la sauvaient parfois de réminiscences qui ne s’éveillaient alors que bien plus tard : quand elle ne pouvait plus s’asseoir à cause de la douleur, quand elle se contentait de fixer le mur de son cachot, la bouche ouverte, les pupilles immobiles. Déjà morte. On l’avait jetée là, sur sa paillasse infecte, et elle ne s’en était même pas rendu compte, retranchée trop profondément dans un coma artificiel, comme si son esprit alors cherchait à creuser sa propre tombe. Fuir. Fuir, même si cela voulait dire en rester prisonnière. Chaque jour, elle avait prié pour ne pas se réveiller. Avant même que le Soleil ne devienne l’un de ses pires ennemis, elle avait déjà entrepris de haïr l’aube de ce siècle-là. L’aube, c’était forcément la perspective de nouveaux sévices, de nouvelles larmes. C’était la peur d’attraper la variole, et la moindre éruption devenait une source d’angoisse qui l’aurait volontiers incité à se cogner la tête contre les barreaux de sa geôle. La variole ne l’avait pas frappée. Un miracle, compte tenu du nombre de ses "amants". Dans son malheur, elle avait eu la chance de compter sur la vigilance extrême des pirates de l’île peu enclins à laisser le mal se répandre, infecter et condamner les résidents du havre des Caraïbes. On ne plaisantait pas avec la quarantaine. Nourrie correctement, elle n’avait pas eu la force de résister aux mets de mauvaise qualité, mais suffisamment pour la maintenir en vie. Il fallait que la torture dure. Il fallait qu’elle soit la dernière à partir. Que celle qui avait dénoncé le parjure assiste aux conséquences de son méfait.

À la fin, il ne restait plus qu’elle. Elle, et puis Jenaro.

Elle l’entend gémir. Elle l’entend prendre son pied. Tant pis pour Jenaro : ses cheveux noirs s’effacent, au profit d’un crâne sans traits, contrastant on ne peut plus fort avec le corsaire espagnol. Elle le sent, oui. Tout au fond. Elle sent ses cuisses ouvertes, l’arrière frottant contre le pantalon de l’humain. Ses chevilles bottées cognent parfois contre les reins qui la poignardent avec une rage incommensurable, tandis qu’elle s’agrippe à ce qu’il lui reste de raison. Oh. Elle sent, oui. Elle sent toute la vibrance du désir qui a gonflé le vit de son meurtrier en puissance. Il est doué. Il la baise comme beaucoup ont sûrement rêvé de le faire. Peut-être devrait-elle lui en être reconnaissante ? Il cherche si fort à la ramener à ses émotions d’antan, à ce qu’elle ressentait autrefois, loin par-delà le mont de Vénus. Il faudra qu’elle pense à le remercier, quand elle le pourra. Même s’il n’est pas le seul. Un autre avait essayé. Un autre Colosse. Un autre Héros aux iris translucides, et dont elle a elle-même tué le sourire, aussi sûrement que l’inconnu s’emploie à la tuer à son tour.

Il y en avait eu d’autres.
Beaucoup d’autres.
Mais Serguey…

Elle ne s’était pas attendue à Serguey.  
Elle le connaît par cœur. Elle connaît la moindre de ses inflexions de voix. Elle sait quand il est triste. Elle sait quand il est joie. Elle sait quand il camoufle ses failles. Elle sait quand le repos l’effleure un peu. Elle sait tout ce qu’il ne dit pas, même alors que le sens de ses dilemmes lui échappe. Elle sait sans savoir. Serguey, cette âme tendre, simple, ce goujat délicat, cet homme au cœur d’enfant. Qu’importe sa taille démesurée, le tour de ses biceps, la force brute égale à celui qui l’a remplacé bien cruellement. Mei s’est trompée. Ce n’est pas la beauté de l’arcaniste qui l’a émue en premier. Aliénor ne sait pas lire les auras. Pourtant, quand ils s’étaient entichés l’un de l’autre, quand elle avait cru faillir à la raideur de son âme envolée, elle n’avait rien fait pour s’en éloigner. Elle n’était pas bonne pour lui, mais lui l’avait été pour elle. Pas un instant elle n’avait envisagé la Frénésie. Serguey avait été la balance de quelques années d’une paix intense, qu’elle avait saccagé par ses machinations politiques. Serguey et ses yeux défaillants, Serguey et ses humeurs clignotantes, Serguey et ses dagydes, et la vodka, et la danse, et les rires, et l’amour. Oh, comme elle avait aimé l’amour, avec lui. Avec lui, rien n’était obscène, rien n’était impur. Il avait fait tant d’efforts pour elle, pour s’adapter à un rythme de vie contraignant, à une compagne qui jamais ne pourrait l’aider à rythmer ses jours sous l’astre brûlant. Alors, elle avait redoublé d’acharnement pour lui faire oublier tous les défauts, tous les inconvénients qu’elle représentait par sa seule existence. Elle ne l’avait jamais empêché de cumuler les conquêtes, n’avait jamais espionné par-dessus son épaule pour espérer mettre un terme à des romances éphémères. Elle l’avait voulu libre. Elle voulait qu’il l’aime encore mille ans.

Serguey est un pur.
Personne ne pourrait alors envisager l’impact d’une telle discordance, quand elle s’accroche au portrait de son amant, afin d’évincer le masque absurde et cauchemardesque qui la pénètre toujours.  

Elle vit l’enfer.
L’enfer, c’est l’impulsion qui la propulse, puis la ramène systématiquement à ce corps chaud.
L’enfer, c’est de savoir que son sperme souillera bientôt ses entrailles vides.
L’enfer, c’est de ne pas connaître le nom du mortel qui s’arroge une emprise sans pitié.

Ses joues sont noyées sous les larmes vermeilles. Elle saigne toujours. Mais sous les larmes, sous les torsions pathétiques de ses mains qui cherchent à le repousser en vain, sans y croire, la racine d’une autre mauvaise herbe s’est plantée là. Loin, très loin sous les replis du derme, du tissu, des muqueuses déchirées. Un rappel.

Tant que son cœur restera intouché, logé dans sa poitrine, tant que son cerveau émettra encore des signaux transmetteurs, tant que ses doigts parviendront encore à la tirer sur quelques millimètres…

Même sur l’île de Mona, l’espoir était revenu. Déguisé en un vent de révolte, brasier insoutenable, en l’affection étrange d’un gardien amoureux, en la course désespérée de son corps amaigri jusqu’au rafiot bardé de quelques vivres chichement disposés là. Qu’importe. Elle avait survécu. Suffisamment longtemps pour offrir son corps à la Nuit éternelle, et aux bras d’une vengeance dont elle avait pris le temps de déguster les reliefs, comme on suce les os d’une carcasse un par un, les doigts gras de sucs, de vice et de haine. Elle n’était pas morte, sur l’île de Mona. Alors elle ne mourra pas ici.

C’est la dernière chose qui la tient.
C’est le dernier instinct qui la sauve.  
C’est la Torpeur qui s’abat sur elle, quand elle croit recueillir dans le calice de son intimité bafouée la semence du soldat cagoulé.  

CODAGE PAR AMATIS


Before I'm dead

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Jake Hamilton
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ASHES YOU WERE

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Ven 27 Mai - 1:22 (#)
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la guerre des mondes
Ft Aliénor Bellovaque & Jake Hamilton


Attention : PUBLIC ADULTE SEULEMENT.

Je m’étais attendu à ce que son antre soit asséché et rugueux. J’avais envisagé une désagréable sensation sablonneuse, qui gratte, irrite et démange. Impossible de visualiser autre chose qu’un territoire glacial, aride et hostile, une véritable porte ouverte vers les Enfers.

Ma vision des Enfers diffère de celle communément admise. La Bible fait référence à la vallée de Hinnom, au sud de Jérusalem, sous les règnes d’Achaz et de Manassé, où étaient jetés ordures et cadavres de criminels et autres parias indésirables (et accessoirement des corps d’enfants embrasés sacrifiés au culte de Moloch). Dans l’air putride et les fumées noirâtres et empuanties brûlaient des feux continus, destinés à purifier et détruire la souillure et les déchets. Cette image sordide a rapidement été associée au châtiment éternel, et donc à l’Enfer. Le champ du sang. Ces flammes dévorantes ont largement influencé les écrits bibliques, détournant probablement leur vérité intrinsèque. Ça reste une abstraction que personne n’a jamais vue et éprouvée, sauf peut-être les vampires. Mes propos seront souvent jugés blasphématoires par les plus fervents théologistes, mais pour moi, l’Enfer est une terre noire et aride, une terre de cendres, poussiéreuse et stérile, plongée dans une obscurité éternelle. Tout y est froid, désespérément mort. Le cœur même est dépourvu de sentiments. La vision que j’en ai se rapproche davantage de Helheim, dans la mythologie nordique, sans pour autant réellement s’y conformer. A l’opposé, le feu est un vecteur de purification et de transcendance. Il est la passion, l’intelligence, la chaleur et le réconfort. Je retiens la vision alchimique, qui est une quête de lumière, par extension du feu, et donc de Dieu. Ne parle-t-on pas de feu sacré? A bien y regarder, le vampire est une allégorie de l’Enfer : froid, mort, mauvais, voué à évoluer dans l’obscurité et les ténèbres. Une aberration contre-nature venue pour répandre les pires maux sur l’humanité.

Plonger ma virilité dans cet abîme inhospitalier aurait dû m’effrayer, ou au moins me dissuader, sauf que le symbole était trop beau, trop engageant. Métaphoriquement, c’est la vie qui prend possession de la mort. J’y vois une lutte du bien contre le mal. C’est poétique. A ma grande surprise, l’antre est étonnamment accueillant et irrigué, le passage infernal du Styx y est facilité, délicieusement praticable. Je pousse un soupir de contentement, mêlé d’un certain soulagement. Je sais, au fond de moi, qu’il ne s’agit pas uniquement d’un acte symbolique, que bien d’autres basses pulsions guident mon geste. Ce mélange de rage et de plaisir pervers rend tout plus sale, plus noir. Je la perfore avec violence, porté par l’instinct de vengeance et un désir primal. Le rapport de force s’est diamétralement inversé, et c’est particulièrement jouissif pour mon égo. C’est toute sa race maudite que je veux souiller à travers elle. L’agonie et l’humiliation sont les seules destinations acceptables pour elle. Je rêve d’entendre ses cris de douleur et ses supplications désespérées, tout comme le rouge de la honte qui l’envahit. Chaque coup de boutoir témoigne de ma rage et de ma haine. Je ne supporterais pas que sa nature morte et surpuissante ne ressente rien. Elle réagit si peu à mes assauts que c’en est profondément vexant… J’y mets encore plus de violence et de brutalité. Tout mon corps se couvre d’une pellicule de sueur et mon souffle se raccourcit sous l’effort intense. Je grogne à chaque intrusion en territoire ennemi. La colère se mêle à l’excitation. Je me sens fiévreux, brûlant de haine et de désir ardent pour ce corps offert. Sans le savoir, elle a été le noyau de toute ma construction érotique, avant même l’exploration de ces régions intimes. Elle a été également le centre de mes pulsions malsaines. J’enchaîne les va-et-vient dans son intimité froide. La sensation est étrange, mais pas désagréable du tout. Je peux comprendre que Serguey ait aimé ça, finalement. Je halète bruyamment, continue de l’investir brutalement, sauvagement, tout en serrant fermement d’une main la chair de sa hanche droite pour mieux la diriger et la faire coulisser, alors que l’autre s'agrippe toujours à mon arme. L’excitation gonfle, irradie, et je finis par jouir dans son antre vicié, dans un long râle bestial et saccadé. Je l'inonde d’une essence de vie grouillante, génétiquement avantageuse, et pourtant incapable de féconder ses terres infertiles. La matrice est périmée depuis longtemps.

Si je suis vibrant, haletant et brûlant, elle, en revanche, est complètement éteinte. Cadavérique. En même temps, je m’attendais à quoi, en baisant une morte? Les vers ne pullulaient pas dans son vagin défraîchi, au milieu d’amas de chairs en putréfaction, c’est déjà ça. Je me retire puis la relâche sèchement, laissant retomber son corps mollement sur le sol en béton gris. Elle ne réagit pas, ne tente plus de fuir lamentablement. Avec ma seule main disponible, j’essuie précautionneusement mon sexe sur sa robe, me rhabille à la hâte puis me relève en la dévisageant avec mépris. Elle reste inerte, pas même un soubresaut n’agite sa frêle silhouette. Pour flatter mon égo, je pourrais dire qu’elle s’est évanouie sous l’intensité de mon excellente performance sexuelle, mais on peut difficilement parler de réelle symbiose entre nous, alors je miserais plutôt sur le poison-argent, qui a eu raison d’elle. Elle n’est pas morte, sinon elle se serait désagrégée. Est-ce qu’elle dort? Ce serait un peu vexant pour mon amour-propre…. Du bout de la botte, je secoue le corps inanimé : toujours aucune réaction. Je ne savais pas que les vampires pouvaient perdre conscience, puisqu’ils n’en possèdent aucune…

Inutile de scruter ma montre pour savoir qu’il ne me reste que quelques minutes avant que les autres ne reviennent. Il est temps de l’achever, de finir enfin le travail. Je pointe mon Colt Anaconda sur elle, sans réelle conviction. Ma mâchoire se crispe, mon visage se durcit. Cette garce ne verra même pas son dernier instant arriver, aucune lueur d’effroi ne brouillera son regard et je n’obtiendrai jamais mes réponses. Quelle fin pathétique! Toute la rage en moi ne s’est pas tarie. Pire, elle bouillonne encore plus intensément au fond de mes entrailles et ne demande qu’à exploser. C’est un volcan en ébullition, prêt à libérer ses projections ardentes et mortifères. Impossible d’identifier clairement les sentiments qui se heurtent et vrillent dans mon esprit embrumé par la rancœur. De sa simple présence, elle a rouvert les portes du passé ; la blessure est maintenant à vif. Mon souffle est court, je respire difficilement. L’argent irrite encore ma gorge désagréablement. J’ai envie de hurler, de libérer enfin ce nœud de haine qui m’entrave. Ma main se met soudain à trembler.

Je baisse finalement l’arme, puis la range dans le holster de ceinture. Ma décision est prise. Sa deuxième mort ne sera pas si douce. C’est hors de question. Elle connaîtra dans sa chair et dans son âme atrophiée les affres du projet Trinité, élaboré initialement pour exterminer les créatures de sa race maudite. Elle fera un cobaye idéal. Je veux qu’elle souffre les mille tourments, avant de la condamner à la géhenne éternelle. Pas de raccourcis. Pas d’assouplissement de la sentence. A la hâte, et sans aucune considération, je la déshabille, comme on le ferait avec une poupée. Ses courbes féminines n’entament pas ma concentration. Le temps est compté. Je pose mon sac à dos à terre, en étale rapidement le contenu. Un bref coup d'œil à la vampire toujours inconsciente pour vérifier son état. D’un geste précis, je roule en boule sa culotte souillée de sperme, puis la lui fourre dans le gosier, avant de lui bâillonner la bouche avec l’intégralité du rouleau de sparadrap. La manœuvre devrait lui éviter de crier ou de mordre à son réveil… Si elle daigne se réveiller…. Je récupère la molaire abandonnée, comme un trophée encore couvert de sang, et la glisse dans ma poche. Une vague de satisfaction perverse me traverse. Je soulève enfin la Reine Rouge, surpris de la trouver si légère, puis l’attache minutieusement dans la petite pièce étroite en béton destinée à accueillir la colonne montante du bâtiment.

Je l’observe pendant quelques longues secondes qui laissent place au doute. Les battements de mon cœur se sont accélérés, définitivement hors de contrôle. Peut-être ne sera-t-elle plus qu’un tas de cendres quand je reviendrai. D’ici là, l’argent aura probablement abrégé ses souffrances. Tous les pronostics vont dans ce sens. Il est également envisageable qu’elle réussisse miraculeusement à s’enfuir. Vu son état de faiblesse avancée, j’émets de sérieux doutes quant à cette hypothèse. La dernière perspective désagréable serait que je ne la récupère pas avant l’aube, et que les premiers rayons du soleil viennent brûler son corps trop tôt. Le planning est serré. Malgré les failles de ce plan hasardeux, je répète le déroulé des opérations dans ma tête. Je vais tirer un peu au hasard dans la pièce abandonnée avec mon Mossberg 590 pour simuler l'exécution de la harpie, retrouver les soldats, exulter en poussant des cris de bête, pour faire viril, puis exhiber fièrement le tas de vêtements comme un trophée de chasseur. Prions pour qu’ils ne réclament pas sa culotte, ni son tas de cendres. Après cela, je devrai logiquement faire un debriefing avec toute l'escouade, et célébrer sans joie ostentatoire cette victoire malheureusement entachée par le décès prématuré de l’un des membres. J’enverrai une équipe nettoyer la scène de crime, et effacer toute trace de nos méfaits. Il me faudra également organiser la fausse découverte du corps du combattant mort, en transfigurant les faits sous l’angle d’une attaque d’un vampire cruel sur un simple joggeur, travailleur et bon père de famille. Il sera trouvé au petit matin par un marcheur, exsangue, avec une marque de crocs bien visible au niveau du cou. Il faudra ensuite diffuser largement l’information dans les médias, photos choc à l’appui. Pour finir, je dois impérativement passer récupérer le matériel dans la fosse, celui destiné à contenir les élans vampiriques, et installer la Reine dans son nouveau “palais”...


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