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Chroniques des années noires • Yago

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ADMIN ۰ Dalida - Elle devra choisir entre son amour et sa mort.
Aliénor Bellovaque
Aliénor Bellovaque
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♚ TAKE AWAY THE COLOUR ♚

Chroniques des années noires • Yago OGUkIML Chroniques des années noires • Yago 4q8vfGT Chroniques des années noires • Yago RORgjLL

"Eh bien ; la guerre."

En un mot : La Vipère sous la rose.
Qui es-tu ? :
"Don't die with a clean sword."

♚ Caïnite âgée de trois siècles ; Accomplie du bel âge à portée d'ongles carmins.
♚ L'Ambition la ronge, mais laquelle ? ; le vide de nuits interminables la détruit plus sûrement que n'importe quelle balle en argent. L'Ennui pour seul véritable danger.
♚ Gorgone gauloise, sa réputation parle pour elle, surnommée Mère sanglante ou Reine rouge. Nombre d'enfants sont tombés sous ses crocs.
♚ Fille de corsaire, héritière de ses lettres de Marque ; navigua au service de Louis XV dans les eaux des Caraïbes à la tête de l'Espérance, frégate à l'équipage composé de deux centaines d'hommes.
♚ Trahie par un Britannique ; capturée et ramenée de force sur l'île de Mona, torturée , abusée, échappée - mourante (malaria). Transformée par un autre, à l'aube de sa trentaine.
♚ Éprise de coups d'État et féroce opposante à l'Essaim. Antique imperméable à l'ordre. À la tête du clan du Chaos. Danseuse sur le fil acéré de leur rigueur.
♚ Maudite ; aucun enfant n'a pu sortir de son ventre. Aucun Infant n'a pu résister à son vice, transmis tel un fléau. Sire matricide par deux fois. Échec toujours en gestation.
♚ Sang turc dans les veines, manie les us et coutumes perses. Son réseau d'Orient et d'Occident est dessiné comme une arachnide file sa soie.
♚ Incapable d'aimer son époque ; craintive pour l'avenir, répudiant son passé.
♚ Se joue d'une beauté en laquelle seuls les autres croient. Ancienne compagne de Serguey Diatlov, mère de substitution de Yago Mustafaï, protectrice de Mei Long et amante éternelle de Jenaro Silva.
♚ Pie voleuse, elle a dérobé le Clan du Chaos aux mains trop glissantes de Salâh ad-Dîn Amjad, qu'elle compte bien refonder en un ordre sérieux pour s'opposer à la Mascarade ainsi qu'au dictat de l'Essaim en place.

♚ SLAVE TO DEATH ♚

Chroniques des années noires • Yago FASlTSW Chroniques des années noires • Yago UByGHjO Chroniques des années noires • Yago W6JtYIp

"I know where you sleep."

Facultés : ♚ Vicissitude (niveau III)
♚ Mains de la destruction (niveau I)
♚ Chimérie (niveau I)
♚ Stratège. Rapide. Teigneuse.
Thème : Sleep Alone ♚ Bat for Lashes
Chroniques des années noires • Yago X13YkvN
♚ CANNIBAL ♚

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"Mind if I cut in?"

Chroniques des années noires • Yago BFJjZXP


Pseudo : Nero.
Célébrité : Laetitia Casta.
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Date d'inscription : 14/07/2017
Crédits : LUNAR (ava') ; Amiante (signa')
Jeu 1 Juil - 5:03 (#)

♛ « Le Diable est encore passé par là. »
« Nous sommes les éternels boucs émissaires. Nous savons bien, nous, que nous ne sommes pas collectivement coupables ; alors comment pourrions-nous accuser aucun autre peuple de l'être, quels que soient les crimes commis par certains de ses enfants ? »

▼▲▼

Jérusalem. Décembre 1908.

Des regards inquiets, tournés vers les plafonds. Les murs tremblent, et font à leur tour s’entrechoquer discrètement vaisselle, métal, objets divers. Quelques chiens aboient, et les autres, plus loin, leur répondent, faisant gueuler leurs maîtres qui leur ordonnent de se taire. Une tension s’installe, affolant le cœur des mortels, irrépressiblement. La nuit est à peine tombée, et déjà les ombres s’agitent. Capes et manteaux bruissent parfois, et leurs pans semblent accélérer ou propager la venue des ténèbres dans la Ville Sainte. Les orbes brillent nombreuses dans les maisons humbles des quartiers ouest. Quartiers juifs. Parfois, leurs habitants perçoivent les sons mats des bottes et des semelles courant sur les toits. Sons brefs, surprenants, qui font sursauter les femmes et perturbent les enfants tout en agaçant les hommes. La plupart font cependant comme si de rien n’était. Voilà plusieurs mois que ce remue-ménage dure et perdure, par périodes irrégulières. Les autorités ottomanes de la ville ont beau être maintes fois prévenues, la grogne populaire à son paroxysme, rien n’y fait. Les spectres dansent au sommet des maisons, et personne ne pourrait espérer repérer ni comprendre quoi que ce soit. Insaisissables.  

La Grande Traque a commencé.  

Le vampire pris en chasse est encore jeune. À peine un demi-siècle. Il n’a pas encore compris le jeu de ce monde, se voulant fidèle à ses principes ainsi qu’à ceux de son Sire dont la « dépouille » est demeurée en Europe, ainsi qu’à l’influence de la Mascarade qui règne sur leurs esprits échauffés. Il ne survivra pas à l’aube. Cinq Morts qui Marchent le suivent, le cherchent, le trouvent. Trois d’entre eux seront toujours là pour voir le troisième millénaire prendre racine. Les deux autres se verront occis avant les vingt prochaines années.

Les soldats à la peau blême composent une ligne aléatoire, à la droiture aussi contestable que celle de leur meneur. Les disciplines restent sagement rentrées ; trop d’hommes pour contempler, d’en bas. Ils filent, rapides comme le vent mais n’ont pas pour projet d’attirer l’attention sur leur méfait au point d’en compromettre le succès. La topographie de Jérusalem est une aubaine pour eux ; à l’orientale, les terrasses des demeures rapprochées facilitent leurs enjambées, leurs sauts plus ou moins risqués. La question n’est pas de savoir s’ils mettront la main sur la souris piégée, mais quand. L’air siffle à leurs oreilles aux tympans si alertes. Ils sont cinq, mais ne sont unis qu’en apparence. Leur alliance ne vaut rien, comme toutes les autres. On ne peut croire décemment à la conservation permanente des accords, des pactes et des conglomérats. Tous en ont conscience, jouent leur rôle en guettant le prochain revers qui les consacrera peut-être un jour eux-mêmes proie. Chassés par leurs anciens congénères, torturés et réduits au silence, leurs opposants bénéficiant des contrées sauvages de l’Orient plus laxiste que les terres d’Occident.
Les lanternes, les flammes et la lune trouent l’obscurité qui bénit leur progression, leur course inquiétante et les claquements des capes et du cuir.

En attendant que le futur lève le voile sur deux Guerres mondiales, une troisième moins honnête et d’autres malédictions semées çà et là par le Diable partout sur la planète, Orhan Misali compte bien mettre la main sur celui qui, trop bavard, risque de les dénoncer aux autorités persistantes de l’Essaim dans la région. Lui-même Turc de naissance, il a passé toute sa vie humaine comme commerçant à Constantinople, pétri de multiculturalisme, curieux de tous alors – et cette curiosité n’avait jamais cessé, même après sa mort officielle. Il a également conservé une sempiternelle méfiance à l’égard de n’importe qui, de n’importe quoi, ne considère les périodes d’accalmie que comme drastiquement temporaires, pour ne pas dire suspectes, et demeure obsédé par les premiers signes annonciateurs de fins des temps. Tous les temps. Les moments de paix comme de guerre, les histoires d’amour comme d’amitié, et le plus gros dilemme de son existence, il l’exorcise en s’acharnant à préserver un certain nombre de repères, pour ne pas se sentir glisser comme nombre de ses congénères vers une instabilité délétère. Il n’a guère été pieux par le passé, athée convaincu préférant garder son manque de conviction pour lui, et cependant jamais il n’a omis d’entrer dans la basilique Sainte-Sophie, à chaque fois qu’il avait senti sa foi personnelle vaciller. Il aimait autrefois la bonne nourriture, marcher le long des quais après le coucher du soleil, et était demeuré fidèle à son épouse ainsi qu’aux deux garçons qu’elle lui avait donné. Il ne parle jamais de l’événement l’ayant détourné de cette vie saine et somme toute banale, pour lui préférer les chaotiques pérégrinations des Antiques. Et personne n’aurait pu tirer la moindre confidence de sa part, trop secret et pudique pour se révéler à quiconque le lui demandait.

Même Ysian n'en sait rien, ou du moins pas grand-chose. Ysian Ozlerim qui, pour sa part, est d’une autre trempe. Infanté par Orhan à peine quarante ans plus tôt, tout son parcours n’a été constitué que de remous perpétuels. Il est né dans la pauvreté des bas quartiers d’Ankara et n’a subsisté en tant qu’humain qu’une fois maître de sa volonté, régisseur des lois du trafic, de la contrebande et du vol, voire du meurtre. Son sens moral d’alors étant absent, la rencontre avec l’Immortel lui avait été plus bénéfique que n’importe quel événement de sa pénible et laborieuse chronologie. Son tempérament fait de lui un Longue-Vie potentiellement dangereux, et Orhan l’a maintes fois surveillé comme le lait sur le feu, avec un acharnement et une ténacité que nombre de leurs semblables ont déjà pu reconnaître ou saluer. Ysian, encore fougueux, ravi de ce changement d’état malgré quelques éléments auxquels il ne s’habitue pas (le manque de lumière et le goût de l’alcool restent des pertes amères à ses yeux), est heureux d’avoir réussi à faire taire les émotions et sentiments trop puissants qui étouffaient son cœur encore battant. Celles qui le voyaient se changer peu à peu en une bête aigrie, agressive et meurtrière. En lui donnant la mort, Orhan lui avait rendu une vie plus digne, plus décente. Et la chasse de cette nuit constitue alors pour lui en la préservation de cette dernière, acquise dans le sang, les larmes et la douleur.

Le troisième mène la danse. Orhan et Ysian à portée de voix. Les muscles tendus par la concentration, par l’obsession de ne pas laisser échapper celui qu’il faudra faire taire. Plus petit que ses congénères, plus fluet, mais il reste incontestablement le plus déterminé. Il bondit et saute, pétri d’un mélange d’abandon profond et de maîtrise certaine. Ce n’est pas la première fois qu’il cavale sur ces toits ; tout le proclame. Il connaît son terrain, ses matériaux comme ses aspérités. Il regrette presque la hauteur des immeubles haussmaniens, obligé de contrôler les chutes provoquées, ce pour mieux reprendre de l’altitude, voltigeant sans crainte de s’écorcher les mains, sans peur de sentir la cheville se dérober. Il ne tombera pas. Cette chasse, il l’a ordonnée. Destinée à les protéger tous, c’est pourtant bien sa peau à lui qu’il tente de préserver. Il n’a pas poussé aussi loin les battants de l’éternité pour s’arrêter là, vaincu par les forces qu’il conteste avec de plus en plus d’éclat. Il ne fera pas partie de ceux dont on oubliera le nom, sauf pour l’associer aux échecs cuisants, à la faute de trop, à la fin sordide. Dans sa tête, tant de patronymes dansent déjà, appartenant chacun à plusieurs vies différentes. Il n’est pas encore assez vieux, pour avoir oublié. Bénédiction et fardeau tout à la fois.

La cible oblique.
Il ne sourit pas, mais l’élan fiévreux d’une victoire présumée confère l’agilité qu’il lui manquait pour, d’un simple geste, amorcer la dernière descente, fonçant, à l’image de ses congénères, pour mettre la bête à terre.

Le choc est rude.
Il était temps. Les chasseurs commençaient à fatiguer, et les collines sont proches. En l’absence de revêtements disparates mais propices à la traque, la poursuite aurait singulièrement manqué d’intérêt.

Lorsque le malheureux se retrouve captif de quatre de ses poursuivants, rabattu comme du gibier par une meute d’épagneuls, il sait que toute fuite s’avère vaine, et qu’il n’a aucune pitié à obtenir d’eux. Il n’a pas été assez rapide. N’a pas été assez prudent. Une main lasse, celle de leur commandant, s’extirpe de sous la cape malmenée par la course qui, après avoir rajusté sa mise, ordonne sans dire mot. Ramené de force en direction du quartier de Neve Geranot, il faut tout de même invoquer la menace de sévices plus virulents que nécessaire pour s’assurer de sa discrétion. Celle qui lui a tant manqué, dernièrement. Le meneur leur abandonne le sol ingrat pour grimper de plus belle. Il surveille leur progression rapide, mais encore trop lente à son goût, tout en anticipant d’autres imprévus, prêt à les annihiler si pris sur le fait. Les cinq restés sous lui pénètrent enfin dans une habitation un peu plus grande que la moyenne des environs. Leur Nid. Entraînant l’impudent dans les profondeurs d’une cave étroite, aux murs constitués de pierres fraîches et au sol de terre battue, ils le jettent sur un siège inconfortable, manient avec précaution les liens d’argent avec lesquels ils le ligotent, leurs phalanges protégées pour éviter tout contact. Seuls Orhan et Ysian demeurent dans la pièce, quand les autres remontent. Le premier fixe le second qui, un peu piteux, garde le nez baissé vers les pieds du prisonnier. C’est en partie à cause de lui, qu’ils se retrouvent à briser les lois de la Mascarade.

Le Troisième homme parvient enfin pour les rejoindre, bien qu’il n’ait de masculin que le pantalon masquant ses cuisses, elles-mêmes enfermées par le cuir des bottes grimpant jusqu’à ses genoux. Une chemise de lin épaisse la couvre, dont les manches grignotent largement ses paumes, presque jusqu’au bout de ses doigts. Cet accoutrement la rassure, pourrait presque la renvoyer aux tenues qui étaient les siennes, sur L’Espérance. Lentement, elle se dépare du couvre-chef qui dissimulait jusqu’alors sa chevelure de femme. D’une main lasse, elle offre à une tresse lourde et longue de retomber dans son dos. Bruit mat.

« Il y avait d’autres moyens de te suicider, Hayat… Des moyens plus rapides, et presque indolores. »

Son sourire n’a rien d’avenant.
Dans la pénombre de cette cave où deux uniques lampes à huile brûlent dans un coin, le regard de l’ancienne corsaire paraît prendre des reflets démoniaques pour celui qui, alors mortel, ne fréquentait pas avec assiduité les lieux de culte de son enfance. Elle s’approche en silence, et grimpe à califourchon sur l’entrejambe du Caïnite qu’elle mettra bientôt à mort. Elle le sent frémir, de dégoût, de terreur et d’autre chose. Elle s’attend presque à l’entendre se répandre sous elle, et à sentir l’odeur de sa Peur via les fluides semblables à ceux provenant des humains qu’elle saigne. Ses dextres encadrent le visage sans charme de l’homme, tandis que ses pouces caressent les pommettes. « Chhht… ça ira vite. Je te le promets. »
« Je n’aurais pas parlé… Je le jure, je le jure sur… » Un index vient barrer la bouche mince de son captif. « Ne jure pas… N’aggrave pas ton cas. »

« Ali… » La même main qui a ordonné se lève de nouveau, incitant Orhan à garder le silence. Elle se retourne vers lui à regret, le toisant sans équivoque. Il ne se démonte pas, faisant preuve d’une audace qu’elle a toujours admiré et respecté chez lui. Loin de la lâcheté crasse du Longue-Vie qui frémit déjà sous elle. « Un mot, s’il te plaît. » L’accusation dont elle l'accable est implicite : ils n’ont pas tout le loisir de discuter et de batailler maintenant sur le sort définitif qu’ils s’apprêtent à réserver au délateur. Mais la demande est pressante, elle le sent. Dans un feulement contrarié, elle se recule, retombe sur ses pieds et, dans un soupir forcé, ordonne à Ysian : « Surveille-le. Ne le touche pas et appelle s’il se passe quoi que ce soit. Orhan. »

Le duo monte, ne se contentant pas du rez-de-chaussée et de ses portes sous bonne garde, mais bien de l’étage pour retrouver la brise qu’ils viennent à peine de quitter. Ses lobes percés et sertis de boucles à l’or mêlé d’émeraude tintent à peine, lorsqu’elle tourne la tête vers celui qu’elle considère comme son égal, son plus fidèle adjuvant. « Qu’y a-t-il ? Ne me dis pas que les doutes te reprennent. »
« Je m’interroge, tout simplement. »
« Sur quoi ? Il n’y a pas tant de questions à se poser. Tu crois vraiment qu’Hayat saura tenir sa langue ? »
« Et si nous provoquions une autre catastrophe ? Si tous nos efforts pour éteindre le brasier ne faisaient qu’en confirmer la… » Les prunelles marines se font plus sombres, réduisant les arguments du Turc subitement à néant. « Tu oublies que c’est toi qui m’as demandé de l’aide. Ysian n’est pas mon Infant. »
« Il a suivi ton exemple. Et tes crimes sont bien pires que les siens. Tu avais autant intérêt que lui à ce que nos traces soient couvertes. »
« Mes crimes ? » Un rire de gorge la soulève, l’incitant à se détourner de lui. Soigneusement, son esprit se contente de frôler le sens des insinuations mauvaises. Elle ne veut pas y penser. Elle ne doit pas y penser. Sèchement, elle réplique : « Tu demeures son Sire. Ne me blâme pas pour son indiscipline. »
« Il t’estime beaucoup. Je n’ai jamais cherché à tuer l’influence que tu possèdes sur lui. »
« Tu aurais dû, de toute évidence. »

Sa main repousse une mèche bouclée de son front pensif. Elle contemple la cité, si paisible désormais. « Tu as quelque chose en tête. »
« Oui. Laisse-moi l’interroger. S’il faut même y consacrer plusieurs nuits, nous le ferons. »
« C’est trop dangereux. S’il s’échappe, alors ce sera fini pour de bon. »
« Laisse-moi au moins cette nuit. Laisse-moi lui faire dire tout ce qu’il sait sur… »

Elle émet un crissement furieux. N’en parle pas. N’en parle jamais devant moi. Agacée, elle cède. « Très bien. Fais ce que tu veux. Je te laisse les autres. »
« Tu ne restes pas ? »
« Non. »

La Soif.
Plus tant de contrôle.
Dépossédée de cette ceinture dont elle bouclait si aisément les sangles, autrefois. Mais quelque chose a cédé. Elle ne s’aventure plus réellement seule dans les rues et les plaines, en quête de gorges à ouvrir. On ne sait jamais. Toutefois, cette nuit, et alors que l’aboutissement de leur quête semble enfin clore ce chapitre réduisant son existence à une angoisse profonde et insurpassable, l’appel est puissant.
Les iris de saphir d’Orhan la lisent sans mal. Il constate, impuissant, en cette descente aux enfers qui n’en finit pas d’affecter la femme qui l’inspire, qui l’émeut et qui l’horrifie. Elle ne se remet pas de sa perte. Elle ne se remet plus de cet enchaînement insupportable de lunes sans but autre que destruction, chaos et survie illusoire. Pourquoi faire ?
Il a du mal à la regarder partir. Il redoute toujours de ne pas la voir revenir. Il redoute le pire. Dans son dos, il s’approche, et ses paumes ceignent les épaules de la Française au sang métissé. Il doit se pencher jusqu'à ce que son front effleure le crâne couvert de fils châtains, parfois dorés. Il la hume discrètement. Il sent l’hiver, partout sur elle. Un hiver sans début ni fin, ayant gelé la vie surprenante toujours logée là, quelque part, entre les formes dissimulées.

« N’oublie pas de rentrer. »

Elle sourit et acquiesce à peine, rebutée à l’idée de déranger leur posture. Son ombre la cajole, rare moment d’affection qu’on lui donne. Elle n’a personne à enlacer, à embrasser. Le sexe partagé avec les mortels ne l’intéresse pas. Il n’y a plus que la Mort, et le déroulement mécanique de leurs vies simulées.

« Oui, je rentrerai. »

Les paupières closes, il la sent lui échapper, ne desserrant ses phalanges qu’à regret. Ses yeux ne se rouvrent que pour saluer la femme-ombre, déjà loin et partie danser au-dessus d’autres têtes, pour semer sa mélopée d’étrangeté. Il la fixe, jusqu’à ce que même lui ne puisse plus la distinguer d’entre les parapets, murets et façades que le soleil caresse, chaque jour que le Très-Haut fait.

Un murmure, donné aux cieux muets.

« Mais nous ne sommes plus là pour le voir. »

CODAGE PAR AMATIS


Before I'm dead

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Anonymous
Invité
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Sam 11 Sep - 22:36 (#)


The lost city of light.

Les mains délicates assemblent avec minutie les derniers joyaux sur la monture de bronze. Affairées à leur ouvrage dans le silence de l'atelier, elles confectionnent, dans une économie de gestes qui trahit tant la précision que la fatigue de l'orfèvre. D'un geste machinal, un avant-bras éponge la sueur qui perle sur son front. Malgré la fraîcheur des nuits hivernales, ses tempes sont maculées de la moiteur du labeur qui jamais ne paraît décroître. Les commandes s'accumulent, tout comme les réparations sur les bijoux fragiles, tant et si bien que peu de temps demeure afin de se consacrer à ses propres créations. Une fatalité déplorée, mais bien vite balayée d'un revers de main, car le commerce se portait bien : en pleine santé, il séduisait locaux et étrangers depuis son rachat à un oncle vieillissant, de l'autre côté de la filiation. Un établissement vendu à bas prix, et qui avait bien vite généré des profits ainsi qu'une activité à plein temps qui l'absorbait, l'empêchait de songer à l'absence et de se ronger les sangs. Malgré le courage et la chaleur humaine qui caractérisaient sa personne, l'inquiétude était une composante inaltérable de sa personnalité. Et tout pouvait devenir sujet à décupler ses angoisses. La situation de la Ville Sainte. L'état de santé d'un proche. Les finances du foyer. Le goût de ses pâtisseries.
La rapidité du battement des jambes de son fils, qui lui indique que sa concentration s'est évaporée une fois de plus.

« Yago, tu ne lis pas. »
Sans lever les yeux de son ouvrage, elle le rappelle à l'ordre sans le gronder, ce qui arrache toutefois un sursaut chez l'enfant qui lève aussitôt la tête, pris en flagrant délit. Étonné de la voir penchée sur son travail, le regard baissé, il lui demande de sa voix claire, avec une naïveté caractéristique des bambins de son âge.
« Comment tu le sais ? »
« Une mère sait tout. »
« Oh. Comme le Très-Haut ? »
Cette fois, Kokhava Mustafaï pose calmement le bracelet sur lequel elle travaille depuis près de trois heures, pour observer son petit garçon passablement agité, de l'autre côté de la table de travail. Elle le couve d'un long regard plein de tendresse, malgré la fatigue qui ride le coin de ses yeux.
« Non, pas comme le Très-Haut, mon chéri. C'est simplement que je te connais bien. Tu as fini d'apprendre ta leçon ? »
Le petit la regarde, la réponse entrecoupée d'un bâillement qu'il camoufle poliment derrière une main que la vie n'a pas encore marqué par ses épreuves.
« Oui… Maman, il est tard. Je voudrais rentrer à la maison avec toi. En plus, les autres mamans, elles ne travaillent pas à Hanukkah. »
Surprise par les paroles de son fils unique, les lèvres trentenaires s'écartent, puis se referment lentement, secouée par cette vérité déroutante. Elle le croit toujours trop jeune pour comprendre certaines choses, trop jeune pour accepter que si ses journées harassantes pèsent sur ses épaules, c'est pour compenser l'absence d'un mari absent. Un homme envers lequel elle n'éprouve pourtant aucun grief, le cœur empli d'une bonté que beaucoup lui jalousaient. Elle tourne le visage pour consulter l'une des nombreuses horloges de la boutique, et hoche finalement la tête dans un soupir, ce qui décuple l'agitation du garçonnet, déjà à moitié debout.
« Tu as raison, il se fait tard. Aide-moi donc à ranger et à fermer la boutique. »

* * *

Une fois la devanture de l'échoppe verrouillée, le chérubin glisse sa petite main dans celle de sa mère et l'entraîne à sa suite dans les ruelles étroites de Jérusalem, visiblement très pressé de retrouver la chaleur et le confort du foyer. Sa hâte ne l'empêche toutefois pas de lever les yeux vers chaque source d'émerveillement, c'est-à-dire à peu près chaque passant, chaque lumière qui scintille plus que sa voisine, chaque odeur qui l'attire ou chaque discussion qu'il souhaiterait écouter de plus près. Mais la poigne solide de sa mère, surprenante pour une femme si menue, le canalise et l'enjoint à demeurer contre son flanc. Lorsqu'elle s'arrête pour acheter des épices et des olives à un marchand sur le trajet, il l'attend sagement, les doigts accrochés aux tissus chatoyants de sa robe. Sa poitrine s'emplit de fierté lorsque Kokhava le missionne de porter les courses jusqu'à leur domicile, une demande qu'il prend très au sérieux et qui happe sa concentration pendant les quelques minutes restantes du chemin à parcourir. Une bouffée d'air frais que s'autorise la jeune mère, qui profite alors de cette marche nocturne pour admirer les pierres ocres et massives des remparts, pour caresser respectueusement de ses yeux pleins de vie les édifices religieux qu'ils croisent. Elle aime conter à son fils des anecdotes sur les diverses constructions, tout comme les particularités des différentes religions monothéistes. Elle le veut tolérant et ouvert d'esprit, et souhaite que sa curiosité jamais ne s'émousse. Une chose qui la surprendrait, à en juger par l'admiration que son petit garçon semblait vouer à la moindre parcelle de Jérusalem.

Son imagination fertile l'a toujours comblée, et elle ne s'étonne donc pas lorsqu'elle l'entend prononcer cette phrase que beaucoup de parents auraient jugé étrange, mais qui n'arrache à Kokhava qu'un sourire attendri.
« Maman, l'autre soir, j'ai aperçu une dame sur les toits. »
Si elle n'en croit évidemment pas un mot, elle prend tout de même le temps de le questionner, curieuse des chemins surprenants que prenait parfois l'esprit de son garçon.
« Une dame, dis-tu ? Quand cela ? Où donc ? »
Tandis qu'elle cherche ses clés devant leur maison, le petit garçon porte le regard vers le ciel, avant qu'il ne retombe approximativement sur la fenêtre de sa chambre, au premier et unique étage que comporte la demeure humble au toit plat, dans les mêmes tons ocres que le reste de la ville. Il tire gentiment sur la manche ample de sa mère et lui montre le toit de la maison d'en face.
« Là-bas, la nuit dernière. »
L'air très investi, il fronce légèrement les sourcils et hoche la tête avec conviction.
« A vrai dire, elle était habillée comme un monsieur, mais moi j'ai tout de suite deviné que c'était une dame. »
Kokhava doit retenir un rire qui pourrait être mal interprété par sa susceptible progéniture. D'un mouvement dansant malgré la fatigue qui l'écrase, elle s'efface pour laisser Yago entrer le premier, et referme la porte derrière eux. Tandis qu'il dépose les provisions sur la grande table de bois de la salle à manger, elle ôte à son tour ses chaussures et dénoue sa longue chevelure, du même brun chaud que celle de son fils.
« Je suis très impressionnée. Comment l'as-tu deviné ? »
Le petit Yago lève son nez des olives et regarde sa mère pour lui répondre d'un ton qui respire l'évidence enfantine.
« Elle avait les mêmes cheveux que toi. »

* * *

Après avoir réalisé ses ablutions et récité une dernière prière, Kokhava a couché son fils, embrassé son front et l'a soigneusement bordé. Sous les demandes insistantes de l'enfant, elle l'avait autorisé à placer une hanoukkia sur le châssis de sa fenêtre, qu'elle avait en revanche refusé d'ouvrir malgré les protestations de Yago, au cas où la dame reviendrait cette nuit.
Allongé dans un lit qui paraît trop grand pour lui, l'enfant a les yeux rivés sur les lumières vacillantes du chandelier à neuf branches, dont la lueur danse contre le verre. Il espère que cela suffira à attirer la silhouette qu'il est persuadé d'avoir aperçu, la nuit précédente, de l'autre côté de la ruelle.
La Fête des Lumières, c'est pour tout le monde, même pour les gens bizarres qui se promènent sur les toits la nuit.

Incapable de fermer l’œil malgré l'heure tardive, Yago guette la nuit opaque dont il ne perçoit que d'infimes bribes, de là où il se trouve, de l'autre côté de la pièce. Le reflet du candélabre contre la vitre l'empêche de distinguer quoi que ce soit et, craignant de manquer l'apparition tant désirée, il finit par se lever, après s'être débattu avec les draps dans lesquels il était chaudement emmailloté. Sur la pointe des pieds, il avance le plus discrètement possible jusqu'à la fenêtre, traverse sa grande chambre aux jouets soigneusement rangés à la demande de Kokhava. Il longe le bureau sur lequel s'empile quelques ouvrages que le rabbin lui a demandé d'étudier, et ses pieds nus se posent prudemment sur le large tapis tissés de motifs chatoyants. Il parvient enfin à la fenêtre devant laquelle il s'accroupit, pour poser son menton sur ses deux poignets joints et interroger le dehors. Installé à côté du chandelier, il débute une longue attente, entrecoupée de soupirs contrariés et impatients tandis qu'il refuse pourtant de se rendre à l'évidence : son imagination lui avait joué des tours. Personne ne courait sur les toits en pleine nuit. Il ne reverrait jamais plus la silhouette fantomatique qu'il croyait avoir aperçue. Néanmoins, l'entêtement propre à son âge l'incite à persévérer, même si sa tête commence à hocher dangereusement de fatigue, après presque une heure d'observation de moins en moins tenace.

Mais alors qu'il sombrait doucement vers un sommeil inconfortable, un mouvement fugace attire son attention de l'autre côté de la rue et il relève aussitôt le menton, alerté. Il se redresse sur ses coudes, les sens aux aguets, excité à l'idée que l'apparition ne soit finalement pas un mirage de son imagination parfois démesurée, comme il l'avait pressenti.
Et, là, soudain, se dressant au même emplacement que la veille, le visage cette fois tourné vers lui, se tenait enfin la silhouette convoitée.
« La Dame de la Fenêtre… »
Murmure pour lui-même tandis qu'il décide de désobéir à sa mère, émerveillé par l'apparition, et d'ouvrir le plus discrètement possible le battant de la lucarne. Malgré ses précautions, les charnières grincent légèrement, et il guette aussitôt les pas de Kokhava dans le couloir, apeuré. Mais rien ne vient troubler le calme de la maison. Son regard se porte alors sur le toit d'en face et, ne sachant comment attirer l'attention de la silhouette perchée, et ne souhaitant pas crier pour ne pas alerter sa mère, il se contente de pousser doucement le candélabre entre lui et l'extérieur. Ses grands yeux suivent avec précision les mouvements de l'androgyne, même s'il ressent une légère appréhension face à l'aisance surnaturelle de la créature des hauteurs. Il recule finalement d'un pas prudent, debout face à elle, les mains jointes devant lui. Sa respiration s'accélère, mais il tient bon et ne s'impatiente pas impulsivement.

Du haut de ses presque huit ans, dans l'encadrement de la fenêtre de sa chambre d'enfant, Yago Mustafaï attend celle qui bouleversera son existence.

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Aliénor Bellovaque
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"Eh bien ; la guerre."

En un mot : La Vipère sous la rose.
Qui es-tu ? :
"Don't die with a clean sword."

♚ Caïnite âgée de trois siècles ; Accomplie du bel âge à portée d'ongles carmins.
♚ L'Ambition la ronge, mais laquelle ? ; le vide de nuits interminables la détruit plus sûrement que n'importe quelle balle en argent. L'Ennui pour seul véritable danger.
♚ Gorgone gauloise, sa réputation parle pour elle, surnommée Mère sanglante ou Reine rouge. Nombre d'enfants sont tombés sous ses crocs.
♚ Fille de corsaire, héritière de ses lettres de Marque ; navigua au service de Louis XV dans les eaux des Caraïbes à la tête de l'Espérance, frégate à l'équipage composé de deux centaines d'hommes.
♚ Trahie par un Britannique ; capturée et ramenée de force sur l'île de Mona, torturée , abusée, échappée - mourante (malaria). Transformée par un autre, à l'aube de sa trentaine.
♚ Éprise de coups d'État et féroce opposante à l'Essaim. Antique imperméable à l'ordre. À la tête du clan du Chaos. Danseuse sur le fil acéré de leur rigueur.
♚ Maudite ; aucun enfant n'a pu sortir de son ventre. Aucun Infant n'a pu résister à son vice, transmis tel un fléau. Sire matricide par deux fois. Échec toujours en gestation.
♚ Sang turc dans les veines, manie les us et coutumes perses. Son réseau d'Orient et d'Occident est dessiné comme une arachnide file sa soie.
♚ Incapable d'aimer son époque ; craintive pour l'avenir, répudiant son passé.
♚ Se joue d'une beauté en laquelle seuls les autres croient. Ancienne compagne de Serguey Diatlov, mère de substitution de Yago Mustafaï, protectrice de Mei Long et amante éternelle de Jenaro Silva.
♚ Pie voleuse, elle a dérobé le Clan du Chaos aux mains trop glissantes de Salâh ad-Dîn Amjad, qu'elle compte bien refonder en un ordre sérieux pour s'opposer à la Mascarade ainsi qu'au dictat de l'Essaim en place.

♚ SLAVE TO DEATH ♚

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Facultés : ♚ Vicissitude (niveau III)
♚ Mains de la destruction (niveau I)
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Thème : Sleep Alone ♚ Bat for Lashes
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"Mind if I cut in?"

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Pseudo : Nero.
Célébrité : Laetitia Casta.
Double compte : Eoghan Underwood, Sanford R. De Castro, Ian C. Calloway & Gautièr Montignac.
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Lun 13 Sep - 17:42 (#)

♛ « Le Diable est encore passé par là. »
« Nous sommes les éternels boucs émissaires. Nous savons bien, nous, que nous ne sommes pas collectivement coupables ; alors comment pourrions-nous accuser aucun autre peuple de l'être, quels que soient les crimes commis par certains de ses enfants ? »

▼▲▼

Le calme est presque revenu, sur les toits de Jérusalem.
Plus légère que durant leur course, l’Immortelle bondit de toit en toit, ne ralentissant l’allure que pour mieux repérer le meilleur rebord duquel se propulser, la surface sur laquelle atterrir. Maintes fois, elle fantasme du haut des sommets les plus proches du ciel, de se laisser tomber en avant en un formidable piqué. Elle rêve de plonger comme les oiseaux de proie et autres rapaces planant au-dessus de la ville Sainte le font sur leurs proies en devenir. Elle rêve de fracasser son crâne contre les pavés polis, de mettre un terme à la cacophonie qui parasite ses pensées, rend l’aube plus redoutée encore, et à la fois salvatrice. Et pourtant, la Morte qui marche n’en veut pas, de cette finitude absolue ; ce Néant total l’effraie encore, et ravive l’humaine achevée cent cinquante ans plus tôt. Le bras de fer entamé depuis avec son éternité la consume et la garde en vie. Il entretient ce formidable désir de perdurer, quelle qu’en soit la raison ; elle n’en trouve aucune de concrète ni d'inattaquable. Elle comprendrait, pourtant, tous ceux qui souhaitent l’occire, qu’ils soient vampires ou mortels. Sauterelle parmi toutes celles qui ravagent la populace parmi ceux de sa race, son cœur mort et son absence d’empathie l’ont changé en une créature impitoyable lorsqu’il s’agit de trancher et d’embrasser le plus sombre. Tout ce qu’elle n’avait jamais pleinement assumé du temps de son hégémonie sur les eaux de l’Atlantique, voilà que l’Étreinte l’a portée aux nues, balayant ses espoirs et ses ultimes velléités morales déjà insuffisantes pour l’époque. Elle est devenue tout ce qu’elle redoutait, tout ce qu’elle ne s’imaginait pas devenir. Elle se voit encore auprès de son Sire plaidoyer en faveur d’un mode de vie se rapprochant de celui des hommes autant que faire se peut. Elle se souvient toujours de ses discours écartant la Torpeur comme elle l’aurait fait d’un détail futile, grains de sable repoussés vaguement hors d’une demeure ceinte par le désert. Une illusion. Le désert gagne toujours. Et elle, femme liquide, née d’un marin, n’ayant jamais vécu que pour l’écume, le sel et les lames, s’est retrouvée prise entre ces deux feux que rien ne peut réconcilier. Son humanité s’éteint. L’océan s’est cru intouchable. Qui aurait pu croire qu’une telle étendue puisse s’assécher ? Certainement pas elle. Elle n’y a pas pris garde. Ni aux bourrasques brûlantes, ni au soleil dévastateur. Elle n’a pas pris garde à la rive, aux fonds ayant vu la coque de son navire s’échouer. Elle a perdu pied. A lâché le gouvernail, devenu inutile. Elle a regardé l’océan devenir mer, puis lac.

Aujourd’hui, la dernière flaque contenue par les dunes ne suffirait pas à abreuver qui que ce soit. La Mort a gagné. Pour le moment. Elle persiste, serre les dents, s’entête à croire que cela ne peut lui arriver à elle. Elle qui a pourtant déjà tant perdu – tout perdu, si elle se montre honnête – sauf ce bout d’existence misérable rafistolé à la va-vite, bricolé pour faire d’elle un golem de chair confondant de réalisme. Elle sait qu’Orhan l’a compris. Pas Ysian, il est encore trop jeune. Mais Orhan… Elle saigne de s’éloigner de lui, dernier simulacre de falaise auquel se raccrocher avant la chute. Elle a toujours eu besoin d’une figure masculine pour ne pas perdre le cap. Jamais dépendante, mais ressentant la nécessité cruelle de s’accrocher à leurs bras, à leur sourire, leur regard et leur confiance, leur solidité ou leur tendresse, quel que soit le visage qui apparaît brièvement dans le fil de ses pensées, entre deux sauts. Tous partis, morts ou disparus. Orhan, elle s’y attache. Il semble que la réciproque soit vraie. Elle ignore ce qui le pousse à lui rester fidèle. Leur amour commun pour Constantinople ne peut être l'unique motif à sa loyauté. Qu’importe.

Aliénor Bellovaque chevauche le vent aux parfums d’encens et d’épices comme les djinns d’Orient, les fantômes d’Occident. Souvent, ses yeux cherchent la ruelle, guettent la silhouette dont elle percera la gorge de ses crocs avides. Assoiffée. Elle n’est pas pressée. Tant qu’elle court, elle vit. Tant qu’elle passe de toit en toit, toujours en mouvement, elle s’échappe des rares obligations qui demeurent siennes, de ses vengeances inassouvies, de ses crimes passés, présents et futurs. Elle goûte la quiétude de ce bout de terre disputé de part en part, se fichant comme d’une guigne des guerres humaines en convoitant tous les lopins. Rien ne semble pouvoir de nouveau troubler la nuit. Sentiment de liberté animal qu’elle inspire comme elle respirait les embruns d’autrefois. Elle en a oublié jusqu’à l’interrogatoire terrible que subira Hayat, toute la nuit.
Elle aime cette partie de la cité. La configuration du quartier en fait un endroit idéal pour la chasse, et voilà que la lionne ralentit l’allure. Elle se perche là où elle se trouvait déjà la veille, disposant d’un promontoire parfait pour observer une longue artère débouchant sur de nombreuses habitations. Les différents dénivelés, les recoins tortueux, les coupe-gorges éventuels… Un terrain idéal, qu’elle investit patiemment, tentant de jauger l’activité humaine à cette heure de la nuit encore peu avancée.

Encore debout, l’air porte à ses oreilles les grincements désagréables provenant probablement des gonds d’une fenêtre. Elle ne s’y attarde pas encore. Elle a cru repérer, en contrebas, une femme assez jeune, et surtout assez imprudente pour cheminer seule. Peut-être une putain provenant du bordel établi à quelques blocs de là. Elle se penche, sa nuque incurvée, tout son corps tendu dans un moment de concentration intense. Elle patiente. Elle jauge la valeur de cette plongée vers l’inconnue. Tout est calculé, comme par exemple la potentialité de se faire surprendre par un habitant, et quel chemin il lui faudrait suivre pour mieux l’acculer en secret dans un recoin où elle pourrait se repaître autant que désiré.

Pas assez jeune.

Un spasme.
Les vieux démons.
Elle feule.
Torturée, ses poings se serrent puis se défont, avant qu’une main nerveuse ne repousse une mèche sauvage enfuie de la longue tresse pesant toujours contre son dos.
La féline s’accroupit. Recroquevillée sur elle-même, elle lutte contre ses idées pestilentielles. Elle redoute une nouvelle danse macabre. Ce n’est pas le moment de s’adonner à un massacre de plus ce soir. Pas après ce qu’ils viennent enfin d’accomplir pour se protéger les uns les autres. Pourtant, la seule éventualité de s’adonner à un nouveau bain de sang a de quoi la faire frémir, la ramenant comme toujours aux premières années terribles ayant suivi sa transformation. Sans James, elle aurait été achevée comme un chien enragé, elle en est certaine. Plus maline, elle a longtemps suivi les enseignements de ses aînés et mentors, mais elle n’est plus une nouvelle-née, à présent. La Longue-Vie a appris. Comment s’affranchir de certaines lois, comment céder à ses caprices en atténuant leurs conséquences, à quel point s’en prendre à certains innocents apaise le gouffre béant prenant corps dans son ventre, tant de fois blessé. Il y a là un lien de cause à effet qu’elle ne souhaite pas analyser, méprisant tout raccourci trop évident entre sa psyché fracassée et ses instincts monstrueux. Elle ne veut pas savoir. Elle veut boire. Elle a faim. Pourtant, voilà que la Bête rencontre une résistance presque rassurante.

Pas cette nuit.
Pas ici.
Pas maintenant.


Se sentant plus vulnérable que jamais, l’Immortelle conserve l’impression dérangeante d’être observée. Elle tourne la tête vers la gauche, le regard sombre, mauvais. Neuf branches de cire brûlent sur le large rebord d’une fenêtre. Et derrière… Derrière…

Le fauve en tremble.
Elle voit l’enfant.
Aussitôt, elle s’attend au cri. Au hurlement. Il prendra conscience de son erreur, voudra refermer les battants de la fenêtre, maladroitement. Pas assez rapide. Elle aura eu tout le loisir de bondir une dernière fois, d’attraper son bras et de l’emporter avec elle. D’ici à ce que ses parents réagissent, elle sera déjà loin. Elle l’emportera comme les mauvaises sorcières le faisaient dans les contrées lointaines de France. Elle le cachera à ses pairs pour en faire son repas toute la nuit. Jusqu’à l’aube, jusqu’à ce qu’il devienne si pâle qu’elle le croirait devenu Caïnite à son image. Il mourra. Elle prendra à peine le temps d’enfouir le cadavre. Le démembrera, et jettera sa tête aux prédateurs bordant Jérusalem. Pas de trace de canines. Seulement la preuve d’un crime irréparable, inadmissible, pour lequel on jettera l’opprobre sur un individu jugé trop suspect pour ceux de la communauté. Personne n’en saurait rien. Un de plus, un de moins…

Il n’y aurait personne à traquer, cette fois.
Pas de témoin.
Pas de langue à tenir coite.

Sauf que l’enfant ne part pas.
Mieux, il ne paraît pas effrayé par elle.
Elle ne sait pas ce qui la réfrène dans son attaque. Elle se redresse, se relève et déplie sa silhouette menue sur le toit faisant face à la demeure des Mustafaï. Sonnée, elle affronte de loin les pupilles trop curieuses qui la contemplent comme si elle était une véritable apparition, créature de rêve ou de cauchemar, selon. Ses yeux à elle bifurquent, cherchent la putain qui s’est éloignée pour mieux disparaître. Sans le savoir, le fils de Kokhava vient de sauver la vie d’une fleur des pavés.

Comme si cette évidence pouvait la conforter dans un choix dont elle semble pourtant dépossédée, Aliénor fixe de nouveau le petit garçon. Puis, elle repère une corniche vers laquelle elle se jette, enjambant sans mal la rue, se rattrapant à la pierre. Elle se hisse, gargouille hideuse qui s’accroupit sur le rebord tout contre le candélabre. Ses paumes, de part et d’autre de l’encadrement, ne pouvant s’avancer plus loin. Elle connaît la ligne invisible qui la sépare du garçon plus sûrement que la muraille la plus épaisse jamais bâtie. Désormais plus proche, elle le mire avec une acuité redoublée. Les cheveux châtains et soyeux. Les traits fins, mais déjà bien dessinés – son nez sera superbe, pense-t-elle – , la ferveur de ces petites menottes jointes comme pour effectuer une prière païenne à son encontre, la bouche comme suspendue au moindre de ses mouvements et ces pupilles largement arrondies, trahissant l’intérêt de l’enfant pour sa venue. Les bribes d’hébreu monte à ses lèvres, maladroit de par son accent français trop présent pour pouvoir le camoufler.

« Tu ne dors pas, petit homme. »

Un constat amusé.
Aliénor sourit.
L’audace du gamin la surprend en bien.
Ses démons ne se taisent pas pour autant.
Le mordre.
Le mordre et goûter le sang de cette jeune vie, sang pur et pas encore souillé par les substances ingérées qui en salissent son palais.
Il est proche. Si proche, et pourtant inaccessible de là où elle se trouve.

« Tu n’es pas très prudent. » Elle veille à ne pas s’approcher des bougies. Les flammes qui vacillent ne lui disent rien qui vaille. Sa paume en pousse le socle, les rapprochant du petit humain, les pointes de ses bottes se stabilisant avec plus d’assurance contre le rebord. « Qu’est-ce que tu fabriques, à une heure si tardive… ? »

CODAGE PAR AMATIS


Before I'm dead

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Lun 13 Sep - 20:10 (#)


The lost city of light.

Fasciné par l'apparition, il l'observe de ses grands yeux, de cette curiosité presque intrusive tandis qu'une brise légère agite son vêtement beige. Il tremble, mais paraît ne pas ressentir le froid modéré qui s'infiltre dans la chambrée, les sens happés par le personnage féminin en équilibre sur le toit d'en face. La lueur des bougies vacille mais ne faiblit pas, étonnamment dense sous la voûte céleste. La proximité du candélabre paraît insuffler à l'enfant une bravoure étonnante, tant et si bien qu'il se risque même à se pencher légèrement, sans toutefois prendre de risque inconsidéré, simplement pour pouvoir admirer davantage l'immobile figure. Sans comprendre sa posture statique, et incapable de percevoir son regard à travers l'opaque obscurité, il se contente de suivre la direction de son visage et de lorgner à son tour en contrebas. La maisonnée d'en face lui masque la vue, censure un spectacle que ses yeux juvéniles ne comprendraient pas. Un peu déçu, il abandonne l'idée de deviner la raison de la concentration de la dame.
Lorsque les prunelles dorées remontent le long du mur, son cœur rate un battement.
Penchée à l'extrême, la femme paraît vouloir se jeter dans le vide, sans considération pour la hauteur à laquelle elle se situe.
Un hoquet d'inquiétude lui échappe tandis qu'il croit la silhouette déstabilisée, et qu'il l'imagine déjà finir sa course en contrebas, le corps aplati contre les pavés. Vision d'horreur minimisée par son regard candide, incapable de visualiser le sang se répandre autour de l'inconnue. Toutefois, c'est bien de la peur qu'il ressent en la pressentant chuter de si haut.

Égoïstement, il se plaira à croire que la femme avait entendu sa réaction inquiète, et que cette manifestation de sa présence avait rééquilibré sa posture. Il n'a pas conscience d'être le spectateur silencieux d'une chasse sanguinaire, à laquelle il s'adonnera pourtant des décennies plus tard, avec la même ferveur, avec un sang-froid similaire, le visage détestablement neutre face aux atrocités commises. Mais pour l'heure, il est encore un petit garçon rêveur, aux mille questions lorsqu'il la voit tourner la tête vers lui, incapable d'interpréter ce regard de prédation qui menace pourtant de lui arracher la vie.
Kokhava Mustafaï s'arracherait les cheveux si elle surprenait son fils se pencher à nouveau par-dessus le rebord de sa fenêtre, cette fois avec inconscience, après un cri de surprise qu'il avait eu le réflexe d'étouffer contre sa paume, lorsque la silhouette gracile s'était élancée du toit et avait disparu de son champ de vision.
La Dame ! Elle va tomber !
Paniqué, le petit s'accroche au bois du châssis, son cœur d'enfant tambourinant à tout rompre dans une poitrine trop étroite pour toutes les émotions qui s'y cognent en pagaille. L'instant infime passé à craindre le pire lui fait monter le sang aux joues, et lorsque le visage de la femme apparaît de nouveau face à lui, il en a le souffle coupé pendant de longues secondes. Pétrifié face à l'apparition inattendue, il demeure stoïque, incapable de prononcer le moindre mot, d'effectuer le moindre mouvement, enveloppé malgré lui par cette aura à laquelle il se frotte pour la première fois. Le choc étourdi l'esprit encore fragile, déstabilisé par cette confrontation entre l’Éphémère et l'Immortel.

Puis, après quelques secondes d'observation mutique où il paraît s'être changé en pierre, ses poumons expulsent enfin lourdement l'air qu'ils enfermaient jusqu'alors, soulagé de la savoir saine et sauve.
Ce qu'elle est belle…
Même s'il a sursauté de frayeur en la voyant se hisser sur le rebord de sa fenêtre comme un drôle d'oiseau, son admiration écrase largement la peur primitive qu'il pourrait ressentir à l'égard de cette femme qui n'en est peut-être pas tout à fait une. Son imagination se délie tandis qu'il l'observe enfin de plus près, et ses prunelles curieuses détaillent soigneusement le visage qui se présente à lui, sans remarquer qu'il est étudié de la même manière, pour d'autres raisons.
Ses mains se sont séparées et il a reculé d'un tout petit pas – nulle crainte dans son geste, seulement le désir de l'englober toute entière dans son champ de vision. Il aime ses vêtements, la façon dont elle se tient en équilibre, l'étrangeté de son accoutrement.

La voix le tire de son émerveillement béat, et il fronce légèrement les sourcils sous la bizarrerie son accent. Il est habitué à baigner dans divers idiomes, à surprendre les hommes malmener les phonèmes de son hébreu natal, mais il n'avait jamais entendu celui-là.
Comme si elle soulignait une information qui lui paraît évidente, il tourne légèrement la tête pour enrober du regard son lit défait derrière lui, ainsi que l'ensemble de la pièce plongée dans la pénombre. Seule la hanoukkia déverse un halo restreint de lumière et éclaire leurs visages, déjà liés par un destin encore incertain, tremblotant comme la lueur des bougies par-dessus l'ombre.

La flamme vacille, mais ne s'éteint pas, lorsque l'inconnue repousse l'objet vers lui. Contrarié par le geste, affront à sa patience et à sa volonté de partager une partie de sa soirée avec elle, le petit garçon gonfle les joues, sans toutefois oser émettre la moindre plainte, encore trop intimidé par l'aura qui pèse sur ses jeunes épaules.
« J'ai failli m'endormir. Mais je t'attendais. »
Cette simple pensée chasse aussitôt l'incompréhension précédente. Peut-être avait-elle simplement besoin de davantage de place sur le rebord. Malgré sa largesse, elle devait faire preuve de prudence, ainsi suspendue par-dessus le vide. Il se remémore son inquiétude première, et lui pardonne alors son incartade, pour poursuivre son auscultation visuelle du bout des yeux.
Sa voix, légèrement ensommeillée de par l'heure tardive, trahit néanmoins toute la curiosité qu'il lui porte. Il s'exprime lentement, comme dans un rêve, d'un ton clair et chantant, animé par quelques envolées lorsque les questions fleurissent peu à peu sur ses lèvres juvéniles.
« Moi, je suis prudent. Je suis dans ma chambre. Toi, tu sautes sur les toits. Pourquoi tu fais cela ? C'est dangereux. »
Du haut de son jeune âge, il y avait beaucoup de choses qu'il ne comprenait pas. Mais courir sur les toits en pleine nuit, toute seule, cela dépassait réellement l'entendement. Et surtout, il avait eu si peur lorsqu'il l'avait vue se pencher excessivement dans le vide…
« Je ne veux pas que tu tombes. »
Aveu sans pudeur, porté par la franchise de l'enfant qui ne se méfie peut-être pas assez de la femme pourtant prédatrice qui se tient face à lui.
Peut-être qu'elle ne peut pas tomber…?
Cela expliquerait beaucoup de choses. Mais pas ce qu'elle fabriquait sur les toits de Jérusalem en pleine nuit.

Intrigué, il s'approche de nouveau, s'agenouille et pose ses mains sur le socle du chandelier. Timidement, il le déplace de quelques centimètres, pour le pousser vers elle, à peine. Juste assez pour lui faire comprendre que la lumière est pour elle. Et peut-être également pour pouvoir étudier davantage son visage, d'une beauté exceptionnelle, mais déformé par quelque chose qu'il a du mal à identifier. Quelque chose que l'on n'apprend à déceler qu'avec l'âge, avec les premières déceptions. Lorsque les premiers idéaux dégringolent, lorsque les rêves sont piétinés.
De la tristesse.

Attendri, ses lèvres se rapprochent pour former une petite moue désolée, tandis qu'il imagine ce qui pouvait bien la pousser à se promener si tard, sans compagnie. Ici, les femmes sont rarement seules, surtout une fois le soleil couché.
Trop curieux pour retenir une des nombreuses questions qui lui brûlent les lèvres, il lui demande dans un chuchotement, ayant toujours une pensée pour sa mère qui dort à l'étage, de l'autre côté du couloir.
« Pourquoi tu t'habilles comme un garçon ? »
Il craint que la question ne lui fasse du mal, alors il ajoute aussitôt, avec un petit soupir béat, presque envieux.
« Tu es jolie. »
Et puis, soudain, la révélation illumine son visage et agrandit ses yeux d'une vérité dont il se persuade immédiatement. Exalté, bien que légèrement méfiant suite à sa déduction, il l'interroge cette fois avec prudence, les sourcils légèrement froncés par-dessus ses yeux ambrés.
« Tu es un Djinn ? »

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Ven 24 Sep - 4:40 (#)

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▼▲▼

« Tu es un Djinn ? »

Le sourire qui se peint sur les lèvres dessinées aurait eu de quoi faire reculer n’importe quel adulte, n’importe quel primate conscient de sa finitude proche, du danger incarné par ce faciès de hyène encore silencieuse, mais aux ricanements jamais très loin. Car c’est bien ce qu’elle est. Toujours prête à ravir les carcasses aux autres prédateurs, à enfouir le museau loin, très loin dans les chairs sanguinolentes, excitée par le magma aux mille teintes de rouge apparent. Ses joues propres et sa langue encore sage ne berneraient personne. Elle s’en lècherait les babines d’avance, créature solitaire n’ayant besoin d’aucune meute, aucune assistance pour tuer et chasser. Certains fauves plus puissants qu’elle auront beau s’emparer de proies plus conséquentes, celle-ci lui suffit. Fraîche, jeune, terriblement jeune et vulnérable. S’il s’approche… S’il tend le bras, la main… S’il l’invite à entrer… La paume qui s’attache aux murs frotte un peu plus fort la roche, ses ongles jouant discrètement avec les anfractuosités de la pierre rugueuse. Elle laisse ses ongles s’y cranter, au risque de casser si elle laisse parler ses appétits trop forts. Elle pourrait presque déplorer cette absence d’instinct de survie chez le petit qu’elle rêve de trucider. Personne ne mérite de finir broyé entre ses pattes. Ou si peu… Ceux dont les ascendants ont trahi la cause, se sont rendus coupables de crimes qu’elle estime être bien pires que les siens. Juge et parti, bourreau et spectatrice de ses propres égarements, elle savoure ce moment entre deux eaux, prémisse du meurtre. Savoir à quelle vie elle s’apprête à mettre un terme. Si l’enfant vaut la peine de grappiller ces quelques minutes supplémentaires. La tension qui monte en elle lui est à la fois frustrante et indispensable. Pas de chasse satisfaisante sans le délice de la manœuvre pensée face à l’innocence incarnée. Elle voit bien qu’il s’attarde sur elle, sur le moindre détail. Elle se demande ce à quoi il pense. S’il reste planté là en dépit de tout bon sens, pétri d’appréhension, ou si seule la curiosité l’emporte.  

« J'ai failli m'endormir. Mais je t'attendais. »

Ces mots-là, elle ne les comprend pas. Ou du moins, elle croit trop bien les comprendre. Ses sourcils se froncent, à l’image de ceux du petit garçon étonné. Ils s’affrontent, deux êtres si radicalement opposés qu’on pourrait les croire issus de deux mondes différents. Elle pense d’abord avoir confondu les sèmes hébraïques. Il ne s’agit pas de la langue qu’elle déblatère le mieux, même si elle le comprend sans trop de mal. Néanmoins, elle est sûre de son coup. Elle n’a pas confondu. Il revient, et si la Bête pense pouvoir saisir le moment de l’attraper et de l’arracher à la sacralité de son foyer, c’est pour mieux sursauter et émettre un mouvement de recul, équilibre précaire. Un feulement discret, pareil à l’air qu’on aspire, au serpent qui menace, et sa main s’ancre au socle, empêchant les flammes de s’approcher davantage. La peur du feu n’épargne pas la lionne aux iris teintés d’or, par l’éminence des bougies.

« Ne l’approche pas. »

L’ordre claque, même si elle tente d’atténuer la fermeté de son timbre, pour ne pas l’effrayer. Elle joue une partie dangereuse. Un souffle de vent, un caprice du destin, et ses vêtements se consumeront. Elle avec. Elle ne cesse de surveiller les neuf branches comme autant de tentacules prêts à lui faire du mal, à la brûler sans possibilité de retour. Pas encore. Pas maintenant. Pas tout de suite. Son mécontentement s’atténue assez vite, tant les questions et les observations naïves du mortel l’accrochent. D’un mouvement précis, elle repousse les pans de sa cape derrière elle afin de dégager son buste et ses cuisses, la rendant hors de portée du candélabre.

« Je suis un Djinn. » Elle doit réprimer un rire. Divertissement. Comme le philosophe l’écrivait dans l’un de ses nombreux fragments, voilà qu’elle se détourne de la Mort, pour un temps. Elle oublie brièvement la tuerie qui s’annonce. Elle se laisse prendre au jeu. « Tu m’as percée à jour… Tu dois être très intelligent. Et particulièrement courageux. Je ne connais pas beaucoup de petits garçons qui s’attardent à discuter tard dans la nuit avec un Djinn. » Elle se mordille la lippe inférieure, s’amusant déjà de l’illusion offerte, du bonheur de pouvoir se glisser dans une autre peau que la sienne. Tant de fois elle s’est rêvée autre. Homme, fantôme, morte ou Djinn, pourquoi pas ? Elle prendra toutes les peaux, les fera siennes sans réserve si cela peut lui offrir une bouffée d’oxygène. Ne plus être Aliénor Bellovaque pendant un temps, mais seulement une anonyme planquée sous un masque, sous un manteau de mirages. Elle pointe prudemment du doigt les chandelles. « Tu m’attendais ? C’est pour moi, ça ? » Sûrement une tradition juive parmi les centaines qui lui échapperont toujours. Elle est meilleure pour l’apprentissage des idiomes que pour intégrer toutes les caractéristiques exotiques des contrées qu’elle traverse. « Je m’habille comme un garçon parce que c’est plus pratique pour courir… escalader les toits avec une robe, ce n’est pas très agréable. Et puis… pas très élégant. » Elle chuchote ces derniers mots, créant le terrain propice à la confidence. Rumeurs basses, personne ne pourrait les entendre. La Gorgone murmure ses secrets à l’imprudent, quel que soient ses certitudes. « Je ne tombe jamais. Je fais cela depuis très longtemps, à force de m’entraîner. » Et c’était vrai. Déjà, alors que son cœur battait toujours, monter à la vigie, descendre pour mieux regrimper le long des mâts, entre les gréements, lui était aussi évident que de respirer. Toute sa vie durant, depuis l’enfance, elle avait appris à escalader comme un singe, à travailler son équilibre et ses réflexes. Son existence vampirique n’avait fait que consacrer force, rapidité et grâce à des compétences déjà largement acquises. Peut-être que cette manie de passer par les charpentes lui venait de là. Besoin d’être en hauteur, de surplomber la mer de toits comme elle le faisait autrefois. « Je peux te montrer, si tu veux… Tu pourrais me demander ce que tu veux comme acrobatie… et tu constateras par toi-même que je ne tomberai pas. Qu’est-ce que tu en dis ? »

La main tendue, attendant que la plus petite s’y glisse. « Viens avec moi… Ce sera amusant de monter sur le toit. On y voit Jérusalem de très loin, tu sais… »  

CODAGE PAR AMATIS


Before I'm dead

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Lun 24 Jan - 21:34 (#)


The lost city of light.

Un vrai Djinn…
L'ordre claque et le fait frémir un instant, mais sa curiosité ne s'élime pas pour autant à l'égard de cette singulière créature. Peut-être que les Djinns ont peur du feu. Il ne pouvait pas le savoir, lui qui ignore encore tant de choses. Son monde s'arrête aux remparts de la ville, aux paroles de sa mère (toutes assimilées comme des vérités absolues), ainsi qu'aux premiers textes qu'il commence à dévorer, maintenant qu'il sait lire comme un grand.
Légèrement penaud, il hoche pourtant la tête lorsqu'elle lui désigne le candélabre, désireux de lui prouver qu'il n'avait nulle mauvaise intention à son égard.
« Oui. C'était pour toi. »
Puis, comme s'il comprend que cela ne suffisait pas, il ajoute un peu plus bas, comme s'il lui révélait un secret.
« C'est pour que tu aies de la lumière dans ton cœur. »
C'est avec ses mots d'enfant qu'il tente maladroitement de lui transmettre ce qu'il comprend de la coutume. A vrai dire, il avait aussi secrètement espéré que la lueur des bougies aurait guidé la Dame jusqu'à lui plus facilement. Comme un phare dans une tempête. Une métaphore dont il ne dispose pour l'heure d'aucune notion, enfant du désert. Il n'a jamais vu de rivière, de lac, et il serait probablement très impressionné si elle lui contait ses périples de corsaire, la manière dont elle avait vogué toute sa vie sur les océans, bravé les tempêtes et affronté les ouragans.

Les flatteries paraissent ruisseler sur ses frêles épaules sans pénétrer sa conscience. Même si les compliments lui arrachent un discret sourire, il est bien trop fasciné par elle pour se concentrer sur ce vocabulaire mélioratif.
« Moi, je trouve que les robes, c'est très joli aussi. Ma maman en a avec de belles couleurs. »
Toutefois, il comprenait aisément qu'il valait mieux ne pas en porter pour se déplacer sur les hauteurs. Sa maman ne courait pas sur les toits, donc elle portait des robes. Malgré son jeune âge, il avait déjà assimilé qu'il ne pouvait pas comparer ces deux figures féminines, pour se raccrocher à quelque chose qu'il connaissait. Elle était différente. C'était inexplicable pour le moment, mais il sentait bien qu'elle ne ressemblait à rien qu'il ne connaissait.
Et, pour autant, il n'était pas dupe.

Car malgré la forte impression qu'elle exerçait sur lui, le doute s'était immiscé dans cet esprit juvénile, encore fortement influençable. Cahoté entre les affirmations de l'inconnue et son esprit critique naissant, il fronce de nouveau les sourcils lorsqu'il entend la proposition saugrenue. Il l'avait attendue sagement pendant toute une partie de la nuit, avait lutté contre le sommeil, et non seulement elle refusait la lumière, mais en plus, elle l'incitait à grimper sur le toit, ce qui était formellement interdit ? Elle ne manquait pas de toupet.
Il l'observe patiemment, et ses longs cils recouvrent régulièrement l'ambre de ses yeux enfantins tandis qu'il cherche la réponse la plus adéquate. Il ne souhaite pas paraître impoli, mais pourtant, il n'envisage pas d'autre formulation.
« J'en dis que c'est vraiment l'idée la plus stupide que j'ai jamais entendue… »
Pour ponctuer son refus, il secoue la tête, même s'il a très envie de glisser sa main dans celle de l'adulte, et de croire en cette promesse de découvrir la ville sous un nouvel angle. Mais il a bien trop peur pour monter tout là-haut. Et puis, c'était très dangereux. Un esprit du désert n'aurait certainement pas envisagé une telle prise de risque.
« Tu n'es donc pas un Djinn. Tu as menti. Ce n'est pas bien, sache-le, mais comme c'est la Fête des Lumières, je te pardonne. »
Le front plissé, il la regarde avec ce qu'il croit être de l'autorité, pour lui faire comprendre qu'il ne faut pas réitérer de telles affabulations. Puis il tourne les talons, et au pas affirmé qui trottine vers un lit trop grand pour lui, l'on pourrait croire qu'il venait de mettre un terme définitif à la conversation.

Mais il revient quelques secondes plus tard, l'ouvrage qui trônait sur sa table de chevet désormais sous le bras. Le livre pèse lourd, mais il veut montrer à la Dame qu'il est très costaud et qu'il est capable de le porter jusqu'à elle sans demander de l'aide. De nouveau, il traverse la chambre et s'assied en tailleur sous la fenêtre. Des deux mains, il lui tend le recueil de contes. Il n'a plus du tout sommeil désormais, et il n'aspire plus qu'à passer l'entièreté de la nuit avec elle.
La Dame est venue à ma fenêtre. C'est moi qu'elle a choisi.
« Ma maman travaille beaucoup en ce moment, elle est très fatiguée. Elle a moins de temps pour lire avec moi, le soir. Mais toi, tu es là. Tu veux bien me raconter une histoire ? »
Impatient, il finit par se redresser pour déposer l'ouvrage contre le rebord, et à éloigner précautionneusement le candélabre des précieuses pages inflammables. Mais avant de se rasseoir, il ne résiste pas à l'envie de toucher la longue tresse de l'inconnue pourtant déjà si familière. Ses doigts d'enfant se perdent dans les boucles solidement nattées, et passent à plusieurs reprises sur la chevelure féminine. Espiègle, il s'amuse même à ôter une mèche de son attache, avide de découvrir si elle s'en rendra compte. Le parfum naturellement féminin emplit ses narines et il se délecte de cette odeur étonnamment rassurante.

Les petites mains aux dix doigts intacts se pressent contre la poitrine menue lorsqu'il l'invite enfin, avec hospitalité, à pénétrer dans sa demeure.
« Tu peux venir dans ma chambre, si tu veux. Mais tu dois me promettre que tu ne vas rien déranger, et ne pas faire trop de bruit. Ma maman a besoin de se reposer. »
D'un pas déjà évanescent, de cette éternelle démarche aérienne qui le poursuivra même après sa mort, il s'écarte pour lui laisser la place de descendre de la fenêtre.
Impatient, il lui ouvre la voie et s'installe sur le bord de son lit, bien trop excité pour adopter une position allongée. D'un geste confiant, il tapote l'un des coussins pour l'inciter à le rejoindre et à choisir une place confortable.
« Si tu n'as pas envie de lire, tu peux aussi inventer. Les histoires, ce ne sont pas des mensonges, on a le droit. »
Et, avec toute l'honnêteté et la candeur propres à ses jeunes années, il lui sourit, le visage sincèrement ravi de partager un moment en sa compagnie.

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ADMIN ۰ Dalida - Elle devra choisir entre son amour et sa mort.
Aliénor Bellovaque
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♚ TAKE AWAY THE COLOUR ♚

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"Eh bien ; la guerre."

En un mot : La Vipère sous la rose.
Qui es-tu ? :
"Don't die with a clean sword."

♚ Caïnite âgée de trois siècles ; Accomplie du bel âge à portée d'ongles carmins.
♚ L'Ambition la ronge, mais laquelle ? ; le vide de nuits interminables la détruit plus sûrement que n'importe quelle balle en argent. L'Ennui pour seul véritable danger.
♚ Gorgone gauloise, sa réputation parle pour elle, surnommée Mère sanglante ou Reine rouge. Nombre d'enfants sont tombés sous ses crocs.
♚ Fille de corsaire, héritière de ses lettres de Marque ; navigua au service de Louis XV dans les eaux des Caraïbes à la tête de l'Espérance, frégate à l'équipage composé de deux centaines d'hommes.
♚ Trahie par un Britannique ; capturée et ramenée de force sur l'île de Mona, torturée , abusée, échappée - mourante (malaria). Transformée par un autre, à l'aube de sa trentaine.
♚ Éprise de coups d'État et féroce opposante à l'Essaim. Antique imperméable à l'ordre. À la tête du clan du Chaos. Danseuse sur le fil acéré de leur rigueur.
♚ Maudite ; aucun enfant n'a pu sortir de son ventre. Aucun Infant n'a pu résister à son vice, transmis tel un fléau. Sire matricide par deux fois. Échec toujours en gestation.
♚ Sang turc dans les veines, manie les us et coutumes perses. Son réseau d'Orient et d'Occident est dessiné comme une arachnide file sa soie.
♚ Incapable d'aimer son époque ; craintive pour l'avenir, répudiant son passé.
♚ Se joue d'une beauté en laquelle seuls les autres croient. Ancienne compagne de Serguey Diatlov, mère de substitution de Yago Mustafaï, protectrice de Mei Long et amante éternelle de Jenaro Silva.
♚ Pie voleuse, elle a dérobé le Clan du Chaos aux mains trop glissantes de Salâh ad-Dîn Amjad, qu'elle compte bien refonder en un ordre sérieux pour s'opposer à la Mascarade ainsi qu'au dictat de l'Essaim en place.

♚ SLAVE TO DEATH ♚

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"I know where you sleep."

Facultés : ♚ Vicissitude (niveau III)
♚ Mains de la destruction (niveau I)
♚ Chimérie (niveau I)
♚ Stratège. Rapide. Teigneuse.
Thème : Sleep Alone ♚ Bat for Lashes
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♚ CANNIBAL ♚

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"Mind if I cut in?"

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Mer 20 Avr - 4:34 (#)

♛ « Le Diable est encore passé par là. »
« Nous sommes les éternels boucs émissaires. Nous savons bien, nous, que nous ne sommes pas collectivement coupables ; alors comment pourrions-nous accuser aucun autre peuple de l'être, quels que soient les crimes commis par certains de ses enfants ? »

▼▲▼

Démasquée, la démone ne peut s’empêcher de se gausser en silence, ses épaules secouées d’un rire qui n’aurait pu manquer de grincer sournoisement, si elle l’avait laissé éclore à l’air libre. Elle arbore une fausse mine piteuse, dodelinant à peine de la tête pour mimer une contrition qui, sans trop d’efforts, lui permet d’obtenir le pardon de l’enfant. Elle a eu de la chance. Il aurait pu se montrer bien plus crédule. Il aurait même pu se refuser définitivement à elle, et fuir la proximité de la fenêtre. Elle a encore une chance de passer un moment auprès du bambin innocent. Elle ne compte pas la laisser passer, quelles que soient les motivations qui la poussent à rester là, trompeusement sage. Bénie soit la Fête des Lumières, songe l’ignare. Elle reste là, cramponnée à la pierre, observe les déambulations du petit qui lui ramène un livre trop gros pour lui. Cette vision subite, cette innocence effarante, cette beauté sans l’ombre d’une corruption, amènent ses traits à fondre, remplaçant l’élan mutin et presque inquiétant par une hésitation perplexe. Quelque chose paraît la gêner, subitement. Aurait-elle des scrupules ? Ce serait mal connaître le fauve qui, pourtant, semble rechigner à refermer ses mâchoires sur ce jeune faon à portée de griffes. Ce serait trop facile. Ce ne serait presque pas juste. Pourtant, elle sait bien en son for intérieur que la justice n’existe pas. Les enfants meurent. Les innocents meurent. Les fidèles sont jetés par-dessus bord. Les loyaux sont torturés jusqu’à la mort. Pas de quartiers. Pas de pitié. La Nature même n’est pas morale. Les poissons aux grandes dents n’ont cure des hurlements de ceux qu’on a balancés dans l’eau sanglante. Les traîtres à la peau tannée ne sont punis qu’au prix de sacrifices dont on n’exorcise jamais la souffrance. Alors pourquoi faire une exception ? Le gamin mourra aussi. Dans cinq minutes ou dans cinquante ans, rongé par la maladie, le vice, l’alcool, fauché par une guerre à venir, son cadavre projeté dans une fosse commune, ses pupilles rendues vitreuses par le passage dans les Enfers. Tué par elle. Mangé, broyé, et elle pourrait déjà presque alors sentir le cartilage, les artères, toute sa jeune ossature craquer sous sa denture.

Quand il la touche, elle ne bronche pas.
Elle se contente de le regarder faire, elle-même fascinée par le contact des petits doigts le long des mèches ainsi tressées.
Elle se moque bien qu’il défasse la natte qu’elle a confectionnée.
La Bête est trop occupée à réfléchir. Elle délibère, déblatère dans le silence de ses marmonnements obscurs, tapie dans un monde inaccessible à la clarté de l’Hébreu.  

Il commet le pire.
Il l’invite à entrer.
Il signe sa fin, et cependant la créature ne saisit pas l’opportunité de s’en emparer. En quelques secondes, tout serait fini. La mère endormie n’aurait jamais le temps de réaliser que sa progéniture s’en est allée. Elle n’a qu’à le saisir, l’emporter sur les toits, par-delà les remparts ouest, et entre les collines solitaires, elle se régalerait de ce repas, sans trop de peine chassé. Ses membres s’alourdissent. Elle manque de courage. Elle manque d’envie. Qu’est-ce qui la retient ? Ce ne sont certainement pas les professions d’Orhan. Ce n’est pas non plus la couardise déconfite d’Ysian. Elle ne sait pas ce qu’il lui arrive. Elle s’inquiète presque, fronçant un peu ses sourcils, jetant un regard de par et d’autre du vide au bord duquel elle se tient toujours. Il faut qu’elle bouge. Alors, ne suivant qu’un autre type d’instinct dont elle ne connaît pas le nom, elle se contorsionne, tout en souplesse, esquivant pour la dernière fois les flammes des chandelles. La pointe d’une botte foule la chambre, sans lui opposer de résistance. Le lieu n’est plus consacré. Comme souvent toutefois, elle appréhende avec d’infinies précautions ce changement d’état, comme si elle pénétrait une barrière spongieuse l’obligeant à forcer pour faire abdiquer l’ancienne défense. Elle déploie sa silhouette, repousse la tresse dans son dos et, aussitôt, balaie de son regard attentif le décorum de cette chambre d’enfant. Tout respire la simplicité, le confort certain, mais minimum. Rien d’excessif. Rien de luxueux. La pièce ressemble à celui qui l’habite. À celui qui l’attend.

Les prunelles océanes le touchent à nouveau. Il est là, ses petites jambes pendant au bord du matelas. L’emporter, l’étrangler, le tuer, le manger, l’emporter, l’étrangler, le tuer, le manger, l’emporter, l’étrangler, le tuer, le manger, l’emporter… Si son cœur pouvait battre, ce serait la sarabande sous la chemise et la cape. Quasi prête à déguerpir, elle rajuste par petits gestes sa mise dérangée par le vent et sa course. Elle pourrait peut-être le saigner là. Elle n’a qu’à attendre qu’il s’endorme. Boire le sang de la mère d’abord. Puis savourer sa progéniture. Passer le reste de la nuit ici, pour mieux rentrer à l’aube, s’endormir dans le sous-sol voisin de celui où Hayat subit en ce moment même un supplice innommable.

« Les histoires que je connais ne sont pas très joyeuses. » Silencieuse, ses pas la rapprochent du lit. De lui. Dans l’intimité de ces quatre murs, l’odeur de sa proie lui parvient avec une puissance capable de faire trembler sa volonté. Le fumet de la vie qui s’échappe de lui aurait de quoi mettre à mal la joliesse de ses mouvements. Pourquoi cette faiblesse ? Est-ce la faute à la bonté du garçon ? La lumière a-t-elle trouvé son chemin jusqu’au palpitant pourrissant ? Troublée, elle pointe du bout de l’index le lit défait. Sans savoir ce qui l'incite à adopter un ton plein d'une étrange sollicitude (qui ne lui ressemble pas), elle tente d'adoucir sa voix, de la rendre presque humaine. « Mets-toi à l’intérieur… Tu ne voudrais pas attraper froid. » Elle, pendant ce temps, se retourne pour récupérer le livre qui ne pèse rien, au creux de son bras. Elle ne sait même pas si elle sera capable de lire les lignes de la langue qu’elle articule de son accent d’Occident. Mais il lui plaît de feuilleter les pages d’un recueil de jeunesse. Elle reparaît rapidement à ses côtés, s’assied à son tour sur le bord du matelas, et dépose le livre sur ses cuisses, une page s’ouvrant au hasard. Du bout des doigts, elle caresse le papier craquelant gentiment sous la pulpe de son majeur, faisant défiler les feuillets. Elle se plonge dans les illustrations adorables qui émaillent parfois les contes narrés. À elle, on ne lui a jamais lu d’histoires. C’était toujours des anecdotes au sens à peine adouci pour une gamine embarquée presque par hasard sur une frégate aux allures de bateau de rêve, de cauchemar, de passe-miroir. En guise de lit douillet, il n’y avait que les hamacs dont la toile s’effilait parfois, et qu’il fallait raccommoder. Pas de maman aux robes colorées. Pas de peluche, ni de jouet. Les seuls bras qui l’avaient bercé étaient ceux du roulis d’une mer plus ou moins en furie. Elle reste là un instant, surprise de ce parallèle incohérent. Cent quatre-vingt-un ans séparent ses huit premières années des siennes. Elle ne voit plus les lignes, malgré sa vue nyctalope.

« Quel genre d’histoires est-ce que tu préfères ? »

Il lui faut mobiliser beaucoup, pour que la Caïnite tourne son visage dans sa direction.

« Je vais essayer d’inventer. Mais il faut que tu m’aides un peu. Et je te promets que je ferai de mon mieux. » Doucement, elle referme le cuir, produisant un son étouffé délicieux à son ouïe ultrasensible. Reposant le bouquin sur la petite table de chevet installée près du lit, elle pivote, une cuisse un peu repliée sur les draps, quand sa botte gauche, elle, touche toujours le plancher du bout du pied. « Tu as raison. Je ne suis pas un Djinn. Mais je ne t’ai pas menti, sur un point. » Son index se dresse, pointant un horizon invisible et lointain. « Je suis un esprit de la mer, tu sais. Est-ce que tu as déjà vu la mer ? »

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Mer 18 Mai - 18:42 (#)


The lost city of light.

Entend-il l'avertissement, discret mais distinctement prononcé ?
Se méfie-t-il de l'ombre qui rôde désormais dans la chambrée ?
Comprend-il que cette nuit est peut-être la dernière de sa courte existence ?
Ressent-il cette menace tacite, en la présence de cette parfaite inconnue, invitée en toute confiance au creux de son intimité ?

Du haut de ses presque huit ans, aucune de ces considérations ne l'effleure. Seule la bonté et la curiosité dont il déborde vis-à-vis de l'étrangère existent dans son univers coloré.
Je dois montrer à la Dame que je suis un grand garçon. Que Maman m'a appris à me comporter comme il faut. Maman dit toujours que l'hospitalité, c'est très important.
Alors il ne doute à aucun moment de sa décision. Trop heureux de la voir fouler le sol de sa chambre, ses jambes battent la cadence à un rythme effréné. Avec satisfaction, il la regarde étudier le décor, les jouets rangés dans le coffre de bois, les quelques livres soigneusement empilés sur le petit bureau. Il étudie déjà les saintes écritures, aussi espère-t-il qu'elle le questionnera dessus et qu'ainsi, il lui prouvera combien il se montre attentif et studieux à l'école rabbinique. Dans son monde encore égocentré, il ne lui vient pas à l'esprit qu'elle pourrait venir d'une contrée lointaine, où les dieux sont différents, ou pire encore : qu'elle vienne d'un endroit où aucune divinité n'avait guidé son existence. Une idée inconcevable pour un esprit si jeune, pour le moment dépourvu de tout esprit critique.

Impatient, il l'attend, et ne parvient pas à lui dissimuler son euphorie lorsqu'enfin elle le rejoint sur le lit. Sans se poser la moindre question, il lui obéit immédiatement lorsqu'elle lui recommande de s'installer sous ses couvertures. Une évidence. Peut-être est-ce le ton de sa voix, doucereux malgré l'ordre. Il ne lui vient pas à l'esprit de contredire sa demande et aussitôt, il se blottit dans les draps, la couette remontée jusqu'à sa poitrine. Assis, un coussin niché derrière son dos pour le maintenir droit, il se rapproche du mur pour que la dame ait la place de s'installer à ses côtés. Il ne souhaite pas qu'elle demeure au pied du lit, ça non ! Pour lire des histoires, il faut être l'un contre l'autre, afin de vibrer ensemble.

L'enfant guette les pages parcourues, même s'il les connaît déjà par cœur. Sa mère lui a déjà tant conté les histoires de son livre préféré qu'il pourrait les réciter les yeux fermés. Mais elles en perdaient toute leur saveur, si elles n'étaient pas prononcées par une voix féminine. Même s'il était assez grand pour les lire seul, il réclamait toujours que sa mère lui fasse la lecture. Et Kokhava, avec toute la patience et la chaleur qui la caractérisaient, s'exécutait sans jamais se défaire de son rôle de mère. Sauf ces derniers temps, où le travail l'accablait et où elle peinait à joindre les deux bouts, seule avec son petit garçon, abandonnée par un mari déserteur – ou peut-être mort. La vie exigeait d'elle qu'elle ait de la force, de l'espoir pour deux. Mais cette semaine, la labeur et les préparatifs des fêtes l'avaient éreintée. Les histoires s'étaient raréfiées, puis avaient disparu de leur quotidien. A la nuit tombée, une fois son fils couché et les tâches ménagères accomplies, elle s'écroulait sur son matelas et s'endormait aussitôt d'un sommeil sans rêve.

Et si son fils ne lui en adressait nul reproche, conscient de la charge de travail qui incombait à sa mère, il n'était que trop ravi d'avoir été choisi par la Dame de la Fenêtre qui, elle, avait le temps pour les histoires.
Sagement assis, comme toujours lorsque Kokhava feuilletait le livre de contes, il réfléchit à la question et finit par déclarer très fièrement :
« Moi, j'aime les histoires qui se passent dans des endroits où je ne suis jamais allé. Des mondes inexplorés ! Avec des animaux ! Et aussi des combats, mais pas trop souvent. Oh, et je n'aime pas quand il n'y a que des garçons dans les histoires. »
Son visage s'assombrit légèrement lorsqu'il lui confie, plus bas, une certitude bien ancrée dans sa psyché juvénile, la pensée de sa mère se décarcassant seule bien présente dans son esprit.
« Parce que les dames sont plus fortes que les messieurs. Ah oui ? »

Il manque de peu de protester lorsqu'elle referme finalement l'ouvrage, perturbé de ne pas pouvoir se raccrocher aux histoires connues et à ses habitudes d'enfant, mais sa déception s'évapore bien vite lorsqu'elle lui propose une alternative alléchante. Ses yeux s'arrondissent d'admiration lorsqu'elle lui dévoile la vérité, à laquelle il croit cette fois, car appartenant à un jargon et à un univers qu'il méconnaît pleinement.
« C'est vrai ?! Waou… »
Il ne lui cache pas son émerveillement. Un esprit de la mer ! Il en avait de la chance ! Il frémit à cette simple idée, débordant déjà de milliers de questions à lui poser.
« Je n'ai jamais vu la mer, mais Maman m'emmènera à Jaffa quand je serai plus grand. Est-ce que c'est de là-bas que tu viens, comme ma tante Aliza ? »
Pour l'heure, il ne parvenait pas à concevoir qu'elle vienne de plus loin encore que la limite maritime de son pays natal. Il avait déjà vu des cartes, bien sûr, mais il peinait encore à se représenter l'immensité du monde.

Puisqu'elle ne s'était pas plainte de son toucher, il ne résiste pas à la tentation de fourrer de nouveau sa main entre les mèches de sa chevelure, et de dénouer machinalement les boucles qu'il entortille autour de ses doigts, comme pour s'apaiser avant de trouver le sommeil. Il hume de nouveau ses cheveux, séduit par leur parfum, bien qu'il ne parvienne pas à identifier toutes les odeurs dont ils regorgent.
Est-ce que ça sent la mer ?
Fasciné par tout ce qui émane d'elle, il se redresse légèrement pour s'approcher et se tenir le plus près possible d'elle. Sa jambe d'enfant contre la sienne, il tend les doigts pour les déposer contre son ventre, dans un geste qui lui semble tout naturel, sans se douter encore de tous les spectres et de toutes les douleurs qui avaient saccagé cet abdomen féminin. C'est cette innocence qui le porte vers elle sans méfiance, simplement heureux et reconnaissant d'avoir cette présence féminine et maternante rien que pour lui.
C'est dans un chuchotement qu'il lui demande alors, rêveur et curieux, son imagination déjà bercée par l'onirisme du récit à venir.
« Tu veux bien me raconter une histoire de la mer ? »
Les boucles féminines entortillées autour de ses phalanges minuscules, il abandonne sa tête contre le bras de la femme qu'il aspirerait à épouser, des années plus tard. Sans être capable de l'identifier encore, il était déjà, en réalité, tombé follement amoureux d'elle.
« S'il te plaît. »

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ADMIN ۰ Dalida - Elle devra choisir entre son amour et sa mort.
Aliénor Bellovaque
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♚ TAKE AWAY THE COLOUR ♚

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"Eh bien ; la guerre."

En un mot : La Vipère sous la rose.
Qui es-tu ? :
"Don't die with a clean sword."

♚ Caïnite âgée de trois siècles ; Accomplie du bel âge à portée d'ongles carmins.
♚ L'Ambition la ronge, mais laquelle ? ; le vide de nuits interminables la détruit plus sûrement que n'importe quelle balle en argent. L'Ennui pour seul véritable danger.
♚ Gorgone gauloise, sa réputation parle pour elle, surnommée Mère sanglante ou Reine rouge. Nombre d'enfants sont tombés sous ses crocs.
♚ Fille de corsaire, héritière de ses lettres de Marque ; navigua au service de Louis XV dans les eaux des Caraïbes à la tête de l'Espérance, frégate à l'équipage composé de deux centaines d'hommes.
♚ Trahie par un Britannique ; capturée et ramenée de force sur l'île de Mona, torturée , abusée, échappée - mourante (malaria). Transformée par un autre, à l'aube de sa trentaine.
♚ Éprise de coups d'État et féroce opposante à l'Essaim. Antique imperméable à l'ordre. À la tête du clan du Chaos. Danseuse sur le fil acéré de leur rigueur.
♚ Maudite ; aucun enfant n'a pu sortir de son ventre. Aucun Infant n'a pu résister à son vice, transmis tel un fléau. Sire matricide par deux fois. Échec toujours en gestation.
♚ Sang turc dans les veines, manie les us et coutumes perses. Son réseau d'Orient et d'Occident est dessiné comme une arachnide file sa soie.
♚ Incapable d'aimer son époque ; craintive pour l'avenir, répudiant son passé.
♚ Se joue d'une beauté en laquelle seuls les autres croient. Ancienne compagne de Serguey Diatlov, mère de substitution de Yago Mustafaï, protectrice de Mei Long et amante éternelle de Jenaro Silva.
♚ Pie voleuse, elle a dérobé le Clan du Chaos aux mains trop glissantes de Salâh ad-Dîn Amjad, qu'elle compte bien refonder en un ordre sérieux pour s'opposer à la Mascarade ainsi qu'au dictat de l'Essaim en place.

♚ SLAVE TO DEATH ♚

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"I know where you sleep."

Facultés : ♚ Vicissitude (niveau III)
♚ Mains de la destruction (niveau I)
♚ Chimérie (niveau I)
♚ Stratège. Rapide. Teigneuse.
Thème : Sleep Alone ♚ Bat for Lashes
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♚ CANNIBAL ♚

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"Mind if I cut in?"

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Pseudo : Nero.
Célébrité : Laetitia Casta.
Double compte : Eoghan Underwood, Sanford R. De Castro, Ian C. Calloway & Gautièr Montignac.
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Crédits : LUNAR (ava') ; Amiante (signa')
Lun 30 Mai - 8:41 (#)

♛ « Le Diable est encore passé par là. »
« Nous sommes les éternels boucs émissaires. Nous savons bien, nous, que nous ne sommes pas collectivement coupables ; alors comment pourrions-nous accuser aucun autre peuple de l'être, quels que soient les crimes commis par certains de ses enfants ? »

▼▲▼

Que fait-elle là ?
À quoi est-ce qu’elle est en train de jouer ? La réponse est d’une simplicité presque douloureuse.
Elle joue à la vivante, pardi. Elle joue avec sa nourriture. Elle attend que la souris s’endorme avant de la croquer. En attendant, voilà qu’elle pétrit sa chair d’une patte molle pour en vérifier la consistance, la valeur du repas qu’elle s’apprête à dévorer. C’est derrière ce mirage qu’elle se planque. Il lui est intolérable d’accorder un tant soit peu de crédit à la scène qui se déroule dans cette petite chambre bien décorée. Elle tangue, elle trébuche en elle-même, elle ne sait plus ce qu’elle fait, à prolonger ainsi la laideur de l’instant. La chaleur de l’enfant, le chandelier qui brûle, l’odeur d’amande et d’orange qui plane dans la maison, luttent et assaillent l’ignominie, pour la faire déguerpir par la fenêtre restée ouverte. Ce n’est pas bien, ce qu’elle fait là. Ça lui fera mal. La brûlure n’en sera d’ailleurs que plus intolérable. Pourtant, elle ne bouge pas. Sa cuisse est toujours repliée sous elle. La pointe de son pied gauche tutoie toujours le plancher récemment nettoyé. La poussière n’a pas encore envahi le monde de Yago Mustafaï. Le désordre non plus. Tout est à sa place, à commencer par ce petit garçon au visage d’ange, à la joue intacte, et au regard d’ambre brillant pour elle. Une flamme d’innocence pure, qui continue sa trouée derrière les boucliers de sa cruauté.
Il est là, tout heureux de faire la connaissance d’un « esprit de la mer ». Orhan aurait ri de bon cœur, devant cette trouvaille. Il l’aurait dit culottée, tout en se montrant honnête : elle est ce qui s’en rapproche le plus, de ce qu’il en sait, lui. Alors, elle décide d’aller jusqu’au bout. D’assumer le mensonge, qui n’en est pas totalement un. Aurait-elle pu devenir un esprit de la mer, si elle l’avait voulu ? Si on lui avait laissé le choix ? Son étreinte s’est déroulée dans une précipitation inaccoutumée. L’Ordre vampirique n’aime pas ces transformations rapides, impulsives. Pourtant, il n’y avait guère le choix, alors. Avait-elle disposé de son libre arbitre ?
Aux portes de la mort, elle avait fini par accepter son destin. Il lui semblait plus juste de mourir là, ballotée par les courants en attendant la déshydratation, l’agonie due à la faim, la prochaine tempête à venir au fond d’une barque et rongée par la maladie, que d’avoir succombé aux mains de Connor. Elle partirait comme elle avait vécu, et comme elle était née : seule, fille de personne, trop aimée et pas assez à la fois. Sa mort, elle voulait bien l’offrir à l’océan. C’était un juste retour, compte tenu de toutes les merveilles que l’immensité bleue lui avait permis de découvrir. Toutes les horreurs, aussi. Sur la fin, elle parvenait à en sourire. Seules quelques images lui étaient restées intolérables.

S’il savait, songe-t-elle encore, devant le sourire du petit. Elle s’amuse un peu de le voir poursuivre son œuvre de destruction sans malice ; tant pis pour sa tresse. Mais elle ne s’attend pas au rapprochement déterminé du gosse. Elle entrouvre ses lèvres d’une surprise authentique, tant quand elle sent le mollet sous la couette se coller à sa cuisse, qu’à la main tendue qui touche ce ventre ne s’étant jamais arrondi. Elle n’a pas le réflexe de le repousser et, au fond, ne le souhaite pas vraiment. Malgré l’intrusion maladroite de son espace privé, elle reconnaît le charme du toucher, provenant d’un mortel, et la chaleur caractéristique de sa paume semble lui parvenir, en dépit de la barrière du tissu.

Troublée, elle humecte un peu ses lèvres et, prudemment, étire ses doigts jusqu’à pouvoir en plonger la pointe dans les cheveux châtains et doux. Elle s’amuse à en lisser une mèche, dans un geste plein de mélancolie. Elle se concentre, laisse venir à elle tout le vocabulaire hébreu qu’elle a appris, au fil des ans.

« Alors si tu aimes les mondes inexplorés… J’ai largement de quoi satisfaire ta curiosité… » Elle s’étonne comme elle rit en son for intérieur de la conviction qu’il exprime. « Malheureusement pour toi, il n’y aura pas forcément beaucoup de filles dans mes histoires. Je suis l’une des rares à avoir vu ce que je m’apprête à te raconter. »  Elle se penche (l’emporter, l’étrangler, le tuer, le manger, l’emporter, l’étrangler, le tuer, le manger, l’emporter, l’étrangler, le tuer, le manger, l’emporter…), et le bout de son index vient tapoter avec délicatesse la pointe de ce nez bien dessiné. « Je ne viens pas de Jaffa. Je viens de plus loin encore. Très loin, par-delà les terres, et le désert… » Elle se redresse, et décide, plutôt que d’extirper une scène précise de sa vie de corsaire, de puiser parmi les premières émanations qui remonteront à la surface. Elle brodera, entrecroisant les fils, qu’ils soient ternes ou bariolés, tragiques ou heureux, réels ou purement imaginés pour lui.

« Les dames ne sont pas toujours plus fortes que les messieurs. Quelques-unes, oui. Tu as raison. Mais pas toutes. »

Elle raconte.
Dextre et sénestre s’élèvent, pour que les phalanges dansent, miment ou frôlent ces vestiges du passé qu’elle invoque et invite à tourbillonner devant les mires du garçon fasciné. Elle lui parle des marins embarquant à bord d’un fier vaisseau. La foule sur le port, les mères, les épouses et leurs marmots adressant leurs adieux aux mousses, aux hommes du bord, aux officiers. L’agitation émaillant la rade, plus vibrante qu’à l’ordinaire. Les larmes, les cris et les rires. Les voiles que l’on hisse, à la faveur du vent en gonflant la toile. La vigie, tout en haut du mât. Le commandant paradant fièrement auprès de son gouvernail. Les cales, pleines de vivres, d’eau douce. Elle lui parle de ces mers sans fin, sur lesquelles on navigue, avec un mélange de peur au ventre et de joie sans limites. Quand aucune terre ne s’aperçoit plus nulle part. Quand on surveille avec inquiétude les réserves embarquées. Elle ne mentionne ces angoisses qu’avec parcimonie : juste assez pour faire comprendre au petit mortel l’enjeu de l’aventure. Très vite pourtant, ce ne sont bientôt plus qu’accostages, que découvertes d’îles tantôt luxuriantes, tantôt abandonnées. Comment les marins échappent aux anthropophages. Comment le navire manque de s’échouer. Toujours, les forces à l’unisson de tous les soldats et marins à bord, soutenus par l’esprit stratège et malin du commandant, leur permettent de s’en tirer sans dommage. De gentils poissons à la peau particulièrement luisante guident parfois la proue, leur permettant de retrouver les voies maritimes. Des sirènes au tempérament oscillant tentent de séduire une poignée de matelots. Les vagues déchaînées submergent le pont. Chaque fois, ils triompheront tout de même.

Et elle, elle s’oublie. Elle parle longtemps, jusqu’à ce que les prémisses du sommeil s’emparent bel et bien du gentil Yago Mustafaï. Jusqu’à ce qu’une lumière soit venue raviver le timbre froid et glacé de sa voix affadie par sa nature de Morte-Qui-Marche. Elle parle, jusqu’à ainsi enrober d’écume, de sable et de créatures fabuleuses les rêves du fils de Kokhava.  

CODAGE PAR AMATIS


Before I'm dead

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