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Rest in peace | Ithan

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Anonymous
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Jeu 3 Sep - 19:47 (#)

Rest in peace

To burn the witch is to admit magic exists.

Septembre 2019 | Vallée de la mort


La couverture glisse en bas de son épaule et à son contact hirsute la chair de poule se réveille. Etrange pathologie que de se sentir l’épiderme gelé par la nuit et pourtant le corps brûlant de chaleur. La carrosserie du pick-up attrape les rayons du soleil endormi, sorte d’escargot à l’arrêt dans une station-service qui essaye de ne pas se faire remarquer de ce qui se tapit dans le désert. Rhil entrouvre seulement les paupières pour se retrouver aveuglé du ciel violent qui se réverbère contre le pare-chocs et la vitre comme s’il voulait embraser le pick-up mal en point. Il crée un millier d’étoiles diurnes au coin des yeux du mage ensommeillé. Il reste un moment dans sa posture contorsionnée, les pieds bloqués contre le tableau de bord, le cul contre la porte et les genoux contre sa poitrine. La douleur fait son bonhomme de chemin dans sa colonne vertébrale : elle compte ses vertèbres, compte ses années, compte ses chutes, douleur gentiment transformée en carburant par les arcanes de ses veines. Derrière le pare-brise s’étale le ciel enflammé qui crame l’horizon à l’est. Derrière l’habitacle, c’est un méli-mélo de pulls et de sacs de couchages, d’une couverture roulée et de sacs de voyages élimés. A l’intérieur, un gamin turbulent qui se prend pour un presque quarantenaire, les cheveux blondes hirsutes retombant sur sa face à demi ensevelie dans son sweat. Il avait choisi de dormir pendant que Ithan conduisait, sans s’arrêter pour dormir à l’arrière, sous les étoiles. Comme une mouche passagère clandestine, il se réveille sans savoir où il est, des centaines de kilomètres plus loin et il reste immobile, savourant l’immobilité. Il n’a pas à se lever, il n’a pas à sortir. Ses doigts cherchent à l’aveuglette le thermo de café instantané qui a glissé en bas de ses jambes. Vide. Il a peut-être à se lever. Et à aller pisser.

Les jours et les nuits se confondaient, semblables et uniques, elles s’accrochent les unes aux autres comme les crochets d’un paragraphe. Il repense à une époque pas si lointaine, où il n’avait pas peur de se cramer la sole des pieds dans le désert et d’avoir le nez en sang. C’était contingent tant qu’il avait le soleil dans le dos. Il a pris la fuite. On dirait que rien n’a changé – ni lui depuis la dernière fois et les cendres laissées derrière, ni le monde. Rhil ne pensait pas que ça serait aussi facile. De partir, avec Ithan, sans avoir peur, sans hésiter. Comme si de rien n’était. Laisser derrière lui, l’université qui allait attendre ses cours, les commandes du JB, l’apprentissage au Tesseract (là-bas, il a laissé un mot, pas ailleurs). Il se débrouillerait.
Il se débrouillait toujours. Il était en vie, non ?

« - Je prends le volant ? Deux cafés ? » Claquements : la portière, le briquet, reniflement quand le mage rejette ses cheveux en arrière, efface les marques de portière sur sa joue. Le sourire qu’il adresse à Ithan qui remet de l’essence a la même gueule que le soleil dans son dos. Tout en nonchalance et arrogance, il inhale la première bouffée de nicotine du jour avec voracité. Exhalant la fumée vers le ciel, appuyé contre la portière, comme s’il ne venait pas de passer on ne savait trop combien d’heures plié en accordéon dans une coquille d’escargot de métal. Il se sent libre, se dandinant sur ses pointes de pied comme un gamin, des fourmis dans les jambes. Son sourire en coin lui mange le visage tandis que son regard s’égare sur la station-service.

Elle ressemble à toutes les autres. Avec cet air de déjà vu et d’années 80, comme si le temps s’était arrêté. Comme si on pouvait y trouver tous les remèdes. Les néons clignotant promettent d’abolir la différence entre la nuit et le jour. L’intérieur illuminé se prend pour la boîte de Pandore à promettre des sucreries hors de prix. Un oasis au milieu de la route usée et re-usée.

La cigarette a un goût de cendre dans sa bouche. « - Je suis déjà passé ici. Raisonnable vu comme il a bourlingué dans sa vie. Mais les stations-service sont toutes les mêmes. Pourquoi celle-là ? L’angoisse prend le dessus, sa poitrine s’étouffe, se bloque submergée dans une impression de déjà-vu. La cigarette gît sur sa lèvre inférieure, inerte, le filet de fumée de plus en plus fin. « - Qu’est-ce qu’on fait ici, Uso? » Derrière la confusion, une note de colère. Une note de colère aux teintes de panique. Mal réveillé, il sent la peur bonne à vider les entrailles qui s’étire et boit son café.  Hier soir encore, ils se dirigeaient vers le nord. Sa boussole interne s’affole.

Sa cigarette rejoint l’asphalte.
Sa langue s’est changée en vallée de la mort, passe et repasse sur sa lèvre inférieure, reflet de la panique, des yeux écarquillés. Comme une bête traquée, il lève le menton, frotte son œil d’un geste tremblant et répétitif, le métal froid de ses bagues heurtant son arcade aux blessures encore fraîches. Cela lui sort tout à trac  comme un éclat de rire sans joie, qui tremble : il désigne, avec l’assurance d’un guide touristique pas assez payé pour en avoir quelque chose à foutre, la station :  Il s’en déleste avec aisance et précipitation. « - J’ai vendu ma bécane derrière les chiottes. » Sur la droite, à des miles et des miles de là, au milieu des roches et d’un désert oublié par les dieux. : Un  tas de cendre à la gueule d’un bûcher de sorcières. Il avaient brûlé des mages de feu là-bas. Après les avoir plombé, après les avoir traîné au sol, après qu’il ait couru, couru sans se retourner, les cris des adelphes sur les talons. Son esprit fait le mort, vibrant sur une basse fréquence, incapable de mettre des mots, des images.


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Ven 11 Sep - 21:51 (#)

Rest in peace
Rhil & Ithan
Tu ne peux pas avancer plus dans l'instant. Tu sens chaque muscle engourdi, la fatigue qui caresse tes paupières et le manque de caféine dans le sang. Tu claques la portière aussi doucement que possible pour ne pas réveiller ton passager, ton compagnon de route, ton ami, ton fantasme infini qui continue de dormir pour encore quelques instants. Le désert vous entoure, le ciel est déjà bien clair, peu de nuages et le soleil qui vient te saluer comme un vieil ami que tu connais depuis quasiment une quarantaine d'années. Il y a sûrement quelqu'un dans la station-service, mais il ne se présente pas. Dans l'instant, tu rêves simplement de prendre une douche et rêver d'un matelas à peu près confortable pour reposer les tensions dans ton dos. Peut-être que celui ou celle qui surveille la station-service est en train de regarder avec suspicion dans l'œil de la caméra qui doit montrer le lieu. Non seulement, tu n'as pas la bonne couleur de peau pour certains, mais en plus de ça, tu commences à t'étirer, à faire une mini séance de yoga pour permettre aux muscles de ton corps de se détendre. Même si tu allais t'endormir d'ici peu de nouveau dans une position trop peu confortable pour toi, notamment parce que tu es trop grand, même dans ce pick-up.

Tu craques une dernière fois ta nuque avant de t'approcher de la pompe à essence et recharger la bête pour les quelques kilomètres qui restaient à faire. Tu avais peur, dans un sens de la réaction de Rhil. Tu savais qu'il n'allait pas forcément apprécier et tu t'attendais à toutes les réactions : colère, tristesse, haine, peur, la fuite... Tout à la fois certainement ? Tu ne voulais pas qu'il te déteste, mais au fond de ton cœur, tu savais qu'il avait besoin de tout ça. Ton esprit se perd, perdu entre une angoisse légitime et aussi une certaine impatience. Tu voulais qu'il aille mieux. Peut-être que tu prenais ça trop au sérieux, tu allais trop vite, que Rhil n'avait pas eu le temps de faire le point. Mais quand le faisait-il ? Il préférait la plupart du temps tourner les talons et ne pas affronter les démons qui ne le lâchaient jamais, comme une ombre dans une autre. C'est le claquement de la portière qui te sort de ta réflexion, avant de plisser les yeux. « Une cigarette à côté d'une pompe à essence ? » Tu plisses les lèvres face à son inconscience presque enfantine par ce geste si naturel pour lui. Mais tu hoches la tête, tu avais bien besoin qu'on prenne le relais.
Tu préférerais du thé pour ne pas trop éveiller ton système puisque tu voulais dormir. Pour le moment, il ne réagit pas, son esprit est encore enveloppé de rêves et ses yeux trop clos pour se rendre compte. Tu attends, comme si un jugement allé s'abattre sur toi. C'est seulement quand tu ranges le tuyau de la pompe qu'il commence à réaliser. Tu ne dis rien, tes lèvres restent scellées, tu n'as pas honte, mais tu as peur et tu sais seulement que tu dois tout prendre de front, sans reculer. « Écoute moi s'il te plaît, je ne cherche pas à te faire du mal, je... » Tu avales ta salive, tu ne sais pas s'il va bien prendre ce que tu as à lui dire, ou même s'il voudra l'entendre. C'est comme un tourbillon de sentiments complexes qui s'emparent de toi, mais tu n'as pas le choix, tu t'es mis dans cette situation pour une seule raison : Rhil.

Tu arques un sourcil quand il laisse sa cigarette tombée, semblant voir un fantôme. Par conscience, tu viens à ses pieds pour attraper la cigarette et l'écraser contre la roue du pick-up. On n'allait pas en plus créer une explosion au milieu du désert, si ? Tu cherches une poubelle du regard pour jeter le mégot que tu tiens entre tes doigts trop grands, mais ton attention est tout de suite reprise par Rhil. Malgré la chaleur et la belle couleur de sa peau « Quoi ? ». C'est à ton tour d'être pris au dépourvu. Tu n'attendais pas un tel hasard. Peut-être que les esprits avaient guidé tes mains et ton volant après tout. Ce n'était pas du tout prévu au programme, le hasard n'était pas de ce monde après tout. Tu caresses doucement ta lèvre inférieure de ton pouce avant de poser doucement une main sur son épaule. « Je pense que tu as besoin d'être ici Rhil. » Tu serres son épaule entre tes doigts sans le quitter des yeux, essayant de récupérer son attention. Avant de finalement mouiller tes lèvres doucement. « Tu veux aller voir ? ».
BY CΔLΙGULΔ ☾
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Mer 11 Nov - 12:14 (#)

Rest in peace

To burn the witch is to admit magic exists.

Septembre 2019 | Vallée de la mort


Les néons allumés en pleine journée bourdonnent comme un carillon à ses oreilles. Le vrombissement est impossible à ignorer, semble prêt à exploser. Au milieu du désert et de la route où passent trois pelés et un tondu par semaine,  chacun des sons est porté par le vent en guise de péan. La pompe a essence qui s'arrete avec un clic. Les néons des chiffres et des lettres. La porte mal fermée de la station service, il lui semble presque pouvoir entendre la chasse d'eau qui n'a pas été réparée depuis son dernier passage. Les sens surchauffés par l'instinct de survie, il lui semble être beaucoup trop conscient de tout ce qui l'entoure. Il faudrait que ça s'arrête. Mais la vision du mage ne lui offre que de la chaleur à en étouffer un homard sans casserole. La chaleur s'écrase en vagues comme une marée qui monte avec le soleil levant. Elle recouvre tout comme la poussière. L'horizon vibre d'une lueur sanguinolante qui traduit la fin de l'été qui s'annonce. Soudain, Rhil trouve la chaleur laide.

Écoute moi s'il te plaît. Les mots que tant de professeurs, éducateurs, petites amies et amants ont prononcés, ceux qui semblent étrangers comme des insultes dans la bouche de son ami d'enfance. Rhil n'entend plus rien. Écoute moi s'il te plaît. Les mots déraillent ses pensées, l'empêchent de se concentrer, comme un bouton sur lesquel on appuyé, un ordre contre lequel il se cabre. La sueur qui s'agrippe à sa nuque comme les mains d'un fantôme ne refroidit pas, au contraire elle dégouline brûlante contre sa peau. Les mauvais souvenirs sont un magma de mauvais pressentiments, de restes de cauchemars, indiscernables. «- Je pense que j'ai besoin d'être très loin d'ici. » Il interrompt, péremptoire, Ithan. Il ressemble à un chat qui s'accroche, toutes griffes dehors à ce qu'il peut.

Le besoin d'une cigarette est omniprésent, mais sa bouche est déjà pleine de cendres, elles obstruent sa trachée, sa gorge en est pleine, et il sent leur vapeur l'asphyxier s'il tente d'ouvrir ses mâchoîres contractées. Une cigarette à côté d'une pompe à essence est moins hasardeuse qu'un mage de feu en panique à côté d'une pompe à essence. Il a chaud et froid à la fois, une fièvre qui monte et qui descend comme une nausée dans sa gorge. Sa poitrine est gelée, son nez est gelée, il ne sent plus ses doigts. Ses joues brûlent, se marbrent d'un rouge inquiétant, il sent la chaleur oppresser son ventre, irradier de ses bras, la sueur couler sur ses tempes.

Sa voix claque, creuse et furieuse à la fois, évidée comme ses entrailles. «- Voir ? Voir quoi ? Il n'y a rien à voir à des kilomètres à la ronde, c'est une tombe déguisée en fournaise. » Il a rivé ses yeux à Ithan, continue à le fixer, le visage comme un masque de tension alors même qu'il s'écarte. Pour la première fois de sa vie, il échappe à un contact physique, pour la première fois de sa vie, il échappe aux doigts d'Ithan, ne supporte pas le contat humain. Le mage rouge passe son existence à chercher les ersatzs des corps, à s'y frotter, à s'y heurter, mais il esquive, libère son épaule. Il a l'impression que Ithan veut le cloue là. «- Non, non. » Il reste en orbite autour d'Ithan, mais sa voix est sèche, ferme, aigre. Il n'en démordra pas.  Il a encore des trous dans sa mémoire, des souvenirs qui ne lui reviennent qu'en guise de cauchemars, sa psyché rechigne à regarder par-dessus son épaule.  L'impression de déjà-vu lui donne la nausée. Tout se mélange. Ithan, Adriel, la communauté, les morts, les vivants, le passé, le présent. Les fils de sa marionnette sont sectionnés, emmêlés, chaque mouvement contre nature.  «- Donne moi les clefs. » Il tend la main mais personne ne lui donne les clefs de sa cage. Rhil baisse d'un ton, se rapproche un peu plus de son ami d'enfance. Il maudit leurs différences de taille, mais le ridicule n'efface la peur qui lui tourmente les entrailles. Il faut qu'ils partent. Il ne peut pas perdre Ithan. Rhil s'accroche à son bras, essaie de récupérer les clefs que le chaman garde dans sa main - il veut les protéger, tous les deux. Ce n'est pas contre lui qu'il a envie de crier : il veut hurler à s'écorcher la gorge, et n'être entendu que par les fantômes du désert, laisser la vapeur s'échapper de ses pores. Mais en effarouchant les corbeaux, il risquait d'attirer les vautours. Ses doigts tremblent, anormalement froids, mais son regard ne change pas, dur, comme sa prise alors qu'il lutte pour récupérer les clefs. «- Il n'y a rien comme nous à des centaines de kilomètres à la ronde, Uso. Il faut qu'on parte. Donne-moi les clefs. Je t'en prie. » La première fois, c'était un ordre, presque une rage, la seconde fois c'est une demande d'où suinte l'instinct de survie, la demande qu'il lise dans son regard, qu'il comprenne la sincérité qui vibre dans les prunelles claires. Supplique pour leurs vies, supplique pour qu'il soit raisonnable - la voix de Rhil est basse comme un murmure, où la tension est présente, comme une corde trop tendue.

Tout le matin s'est fait la malle de son visage. La réalisation se fait lentement dans son cerveau dont l'adrénaline alimente un fourneau d'arcane. Il tique. Accroché à son bras, son poing refermé autour du sien et des clefs, les mots forment un puzzle. Trahison. Rhil accuse le coup. «- Tu nous as amené ici ? » Sa voix s'est calmée, mais elle n'a rien d'apaisée, blanche. Le petit génie ne comprend rien. Comment est-ce que Ithan a su ? Pourquoi ? Pourquoi est-ce qu'il l'amènerait à une centaine de kilomètres d'un massacre, d'un génocide des leurs, dont Rhil pense encore avoir gravé les marques dans sa chair ? Pourquoi les sacrifier ? Il s'humecte la lèvre, son regard trahi passant sur son ami d'enfance, le chaman qui plus que quiconque devrait comprendre pourquoi il a fuit cet endroit, pourquoi un clan gît sur le sable rouge, pourquoi ils doivent partir. Il a l'impression d'être celui raisonnable des deux, celui qui protège, celui responsable. Pourquoi l'impression de déjà vu ?

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Dim 24 Jan - 22:04 (#)

Rest in peace
Rhil & Ithan
Tu imagines facilement que tu es en train de trahir la confiance de Rhil. L'impression de le prendre par la nuque et de le plonger de force dans un lavabo remplie d'eau à ras bord. Remplissant ses poumons d'eau jusqu'à ce qu'il étouffe dedans. Le voir suffoquer dans sa douleur. Et puis d'un seul coup, se rendre compte qu'il est capable de respirer après la panique, la peur et le chagrin qui s'efface. Se laisser subjuguer tout simplement et accepter l'horreur de ce qu'il avait vécue. Sans pour autant être en accord, laisser glisser les choses, comprendre la signification de tout ça. Tu avais vécu des choses dures, complexes, impossible de mettre des mots dessus par instants. Mais jamais tu connaîtrais la douleur et le traumatisme de ton ami. Tu ne pourrais que compatir, être en empathie avec lui. Peut-être que c'était une mauvaise méthode. Et qu'il allait simplement finir par te haïr pour cela, brisant définitivement un lien entre vous. Tu as l'envie de le prendre tout contre toi, de l'enserrer et de le protéger. Mais cela briserait sûrement là où tu voulais l'amener. Tu étais prêt à prendre le risque pour l'aider. Même si cela allait te conduire à ta propre ruine.

Tu ne t'offusques pas quand il rejette ta main, tu lèves un peu la main pour montrer que tu es inoffensif. Il ne veut pas de toi pour l'instant, mais tu sens le rejet qui arrive. La panique aussi. Tu l'entends comme un train infernal dans le désert prêt à tout détruire sur son passage. Tu gardes les clés dans ton autre main, tu n'y penses même pas sur l'instant jusqu'à ce qu'il le demande. « Non Rhil, écoute... » Tu n'as pas envie de l'humilier. Tu n'as pas envie de lever le bras comme on le fait avec un enfant trop petit, pouvant simplement sauter pour se donner un peu de courage et espérer atteindre le géant que l'adulte semble être pour lui. Tu ne lui ferais pas cet affront. Le ton de sa voix te fait dire qu'il veut vraiment partir, qu'il essaye de t'ordonner. Tu n'entends plus un homme, mais la demande d'un gamin qui semble poursuivi par ses cauchemars alors qu'il est bien éveillé. Il s'accroche de nouveau à toi, cette fois-ci demandant ton contact, mais pas pour les bonnes raisons. Les clés se retrouvent finalement coincées entre tes doigts.
« Oui. Je nous ai amenés ici. » Tu n'allais pas en plus lui mentir. « Je t'en supplie écoute-moi Rhil. » Ton autre main est libre, tu poses ta large main sur ton visage pour essayer de le ramener à toi. Ton pouce forme une coupe avec le reste de tes doigts. Il fallait que tu lui fasses comprendre, que tu ne voulais pas le faire souffrir, mais que tu sentais ce qui est nécessaire. « Quelque chose me dit que tu dois y aller. Je sais, que ça peut paraître... Mais je sais qu'il fallait que je t'y emmène. Je t'en prie Rhil, il faut... il faut que tu me fasses confiance. » Tu ne pouvais l'expliquer. Ça avait été comme une décharge dans tout ton être, un sixième sens qui se réveille en toi. Ce n'était pas comme si les choses étaient claires, tout chaman que tu étais. C'était comme des énigmes, des impressions, une main qui frôle ta nuque quand tu dors. Finalement, ce sont tes deux mains qui viennent prendre son visage, laissant glisser l'anneau des clés à l'un de tes doigts. Tu peux sentir qu'on vous observe depuis le bâtiment de la station, mais tu n'y prêtes pas vraiment attention. Ce n'était pas un endroit où on devait voir souvent deux hommes se serrer comme ça l'un contre et l'autre.

C'est comme tenir une poupée fragile entre tes doigts, plein de fragments prêts à tomber en lambeaux si tu ne le tiens pas. Tu as le cœur au bord des lèvres, mais tu essayes d'effacer ce sentiment, car ce ne sont pas les tiens qui sont en jeu à l'instant même. Ton visage se rapproche du sien, prêt à dessiner la moindre parcelle de tout son être. « Ça pourrait être le moment où tu pourrais avancer. La clé d'un nouveau chemin. » Tu sais que tu devais sembler fou. Qu'il allait te dire d'aller te faire voir. Mais tu voulais donner une chance à ce sixième sens qui te disait que cela allait marcher. « Je serai pour te protéger. Nous protéger. Uso. » Parce que rien ne pouvait les arrêter ensemble. C'était un fait. Entre son instinct et la puissance rouge de son mage, rien ne peut leur arriver de mal. Tu posais délicatement ton front un bref instant contre le sien. Parce qu'il n'y avait que ça de vrai après tout. Votre existence était présente et les morts n'étaient plus là. Mais ils pouvaient donner le pardon dont Rhil avait sûrement besoin. Les seuls à pouvoir lui accorder.
BY CΔLΙGULΔ ☾
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Jeu 8 Avr - 23:48 (#)

Rest in peace

To burn the witch is to admit magic exists.

Septembre 2019 | Vallée de la mort


Comme un incendie privé d’oxygène, il s’éparpille entre bouffées et flammèches avides d’air, il s’étouffe et panique. Avalé par la terreur, puit sans fond, il se dissout dans les mains d’Ithan. Son calme attise sa panique, la chaleur de ses mains rend sa peau plus glaciale encore. Yildun – sécurité, foyer, réconfort. Depuis l’enfance, le chaman est son port d’attache, le phare auprès duquel le mage revient, inlassable. Il est solide face à lui. Réel. Ses cheveux effleurent son front, sa gorge, charrient avec eux l’odeur de la route, de gasoil et des herbes qu’ils ont laissé à Shreveport. Ils agacent sa peau, sensation irritante, insupportable. Ce n’est pas la première fois, mais face à lui Rhil a l’impression de ne pas être réel, de n’être qu’un courant d’air, de perdre sa consistance. L’impression de perdre sa raison, aussi.

« - Pourquoi ? Pourquoi est-ce que tu ne me ferais pas confiance, pour une fois ? » Il éructe sa fureur, serre ses poings crevés contre ses cuisses. Pour une fois, pourquoi est-ce qu’Ithan ne pourrait pas juste le croire ? Juste lui faire confiance ? Le suivre sans poser de question ? Pourquoi est-ce Rhil a toujours tort, toujours des plans foireux ? La peur prend un goût douceâtre de trahison. Pourquoi est-ce que Ithan ne le croyait pas ? Pourquoi est-ce que sa parole ne valait pas elle assez ? Pourquoi est-ce que les marques sur son corps, dans ses nuits, dans son feu qu’il avait cessé d’utiliser si longtemps, ne suffisaient pas ? Qu’est-ce qu’il fallait de plus pour que Ithan comprenne ? Le croit ? Le sol s’ouvre sous ses pieds, surplombé par le chaman, sa calme certitude. Est-ce qu’il était devenu fou ? Est-ce qu’il avait imaginé ce qui s’était passé là-bas ? Est-ce que Ithan voulait le convaincre qu’il avait inventé tout ça, des fausses excuses ? « - Quel nouveau chemin ? Mourir ? » Il renâcle avec un sarcasme passif-agressif qui n’avait pas affleuré ses nerfs, depuis des mois. Echo amer des premières tentatives du chaman pour soigner son bras, le persuader qu’il était encore mage – qui heurte la même hostilité butée, la même amertume qui refuse d’être blessée. Les doigts d’Ithan sur sa peau sont brûlants, témoins de la propre fièvre du mage et son front contre le sien agit comme une compresse humide sur son front. Elle lui fait prendre conscience de son propre état, de la fébrilité qui irradie tout son corps. Il n’est pas devenu fou, pourtant. La sensation d’avoir de la fièvre, alors qu’il sait qu’il n’en est rien. A la place, Rhil veut pleurer jusqu’en en avoir mal à la poitrine, il a mal à la poitrine, et ses mains se referment sur les poignets d’Ithan, les éloignent de visage, la défiance embrasant ses traits. «- Non, non. Personne ne me nous protéger d’eux. Personne. Tu es un chaman, tu n'es pas insensible aux balles. J'ai perdu Adriel, Azadeh ne m’adresse plus la parole, mon père n'est jamais là, je ne vais pas te perdre. »

Le grincement de la porte du la station-service fait sursauter le mage, comme un sixième sens qui électrise sa colonne. Ce n'était pas un endroit où on devait voir souvent deux hommes se serrer comme ça l'un contre et l'autre. Ce n’était pas un endroit où on voit souvent un chaman et un mage. Du dernier point, Rhil en a fait l’amère expérience, brûlée dans sa chair, gravée dans ses cauchemars, nuits noircies, barbouillées d’une peur bonne à vider les entrailles. « - On devrait partir. »


Il tremble. De froid, de peur. Comme après une nuit de fièvre et de nausées, éreinté, livide. La figure intrépide est blanchie, fanée alors qu’il remonte en voiture, ses jambes cédant sous lui. « - Gauche. » Ses lèvres trop sèches laissent à peine passer l’aridité de sa voix, tandis qu’il guide Ithan à chaque embranchement. Ce sont les seuls mots que la pie loquace trahit. Entre ses lèvres, il n’y a que du sang (le sien).  Il n’y a tellement rien dehors. Le sable a tout mangé, la chaleur, tout dévoré. L’habitacle sent la fumée, le tabac et le brûlé. On suivrait leur voiture à la trace de ses cendres, petit poucet pyromane qui inspire la nicotine comme d’autres l’oxygène. Si on lui demande, il ne respire plus. La poitrine bloquée, la nuque bloquée, les yeux secs. Sous l’épaisseur de son sweat-shirt, au milieu de la vallée de la mort, il crève de froid, la peau livide d’un cadavre. Le chemin devient plus abrupt, plus caillouteux, plus aride. La chaleur menace de frire le moteur, et le thermokynésiste l’ôte à chaque arrêt fait à l’ombre de rien. Il voudrait s’y chauffer, s’y réchauffer, devenir lézard. Il voudrait transformer sa peur en magie rouge. Si cela marchait comme ça, il n’aurait plus peur de rien. Rhil est le seul idiot à vouloir conduire les fenêtres ouvertes par 30°C, laissant le vent chaud se lover dans sa paume, tenir sa main aux doigts entrelacés à la chaleur. Il n’est pas au-dessus d’envoyer la voiture dans le fossé si c’était lui au volant. Et pourtant il sait à quel point les vautours sont proches le long de cette route. Il s’était vu mort, la dernière fois. Aux extrémités auxquelles il était venu pour retourner dans le giron de Shreveport.

Rhil est incapable de dormir, de ressentir. La manche de son sweat est relevée pour laisser voir les traces noires qu’il a ramené pour toute mémoire du lieu. La douleur, ou plutôt l’absence de sensibilité des étranges marques a été apaisée par Ithan depuis longtemps, mais, le coude contre la portière, ses doigts effleurant le plafond de la voiture, il semble perdu dans ses pensées et accuser Ithan à la fois. C’est le pire à ses yeux. Le creusement dans sa poitrine, la voiture qui continue à avancer. L’acceptation comme une trahison des morts. L’acceptation qu’un crime de haine soit normal. Mérité.
L’ombre des falaises n’apporte pas vraiment de fraîcheur quand la voiture s’immobilise sur la question muette d’Ithan. C’est là. Nul charnier, nul corps, nul bûcher, nul cimetière. Nul fantôme. Il n’en reste que la ville. Ville fantôme, comme il en existe des dizaines dans la vallée de la mort, reliquat plus ou moins modernes des utopies mortifères du capitalisme. La seule qui ait été tuée par les humains. La seule du XXIe. La crevasse dans laquelle les mages s’étaient dissimulés apporte l’ombre sur les maisons – les façades, accolées à la roche. On dirait un décor de cinéma. On dirait du faux. Rhil a beau savoir que les pièces étaient habitées, qu’il devait y rester des objets, artefacts, livres codés et mugs et cafetières, qu’il y avait des objets à lui là-dedans, laissés il y a un an, ça semble du chiqué.

Il n’y a pas de corps. Il a le souvenir de fusillades, sur cette esplanade même et il n’y a pas de corps. C’est ce qui le fait sortir. L’espoir. Le silence semble lui tomber dessus comme un éboulement. Il n’y a pas un bruit, que l’écho de son briquet, comme le bruit d’un coup de feu alors que le mage laisse le feu lui lécher les doigts, venir se lover dans sa paume comme un animal endormi, roulé en boule. Rhil lève haut le poing, laisse les flammes s’échapper, hautes vers le ciel avec la traînée de fumée noire, noire comme les tatouages qui lacèrent son avant-bras, jusqu’à ce que feu, fumée et membre se confondent. Le signal qui alerte la communauté que l’intrus est l’un de leur adelphe.

Et le silence.
Du feu, Rhil s’allume une dernière cigarette, alors que ses arcanes tombent en cendres à ses pieds, éteintes. La chaleur du soleil, les sueurs, froides et brûlantes ont collé ses cheveux à ses tempes, ravagé son visage si pâle. Le soleil qui se couche et promet la nuit glaciale disparaît derrière les falaises Une dernière pièce tombe en morceau. Une part de lui avait espéré. « - So, that was real. »  Il ne dira pas « satisfait ? », mais lorsqu’il se retourne vers Ithan, ses yeux trop clair semblent vibrer (briller de larmes) d’une intensité nue. Il coince sa cigarette entre ses lèvres, grimace un sourire presque cruel dans son sarcasme – il écarte les bras, le coeur en bandoulière telle une cible.  Drapé dans sa superbe morgue, il lève le menton et nargue, comme si tout était de la faute d'Ithan. Comme si le petit génie avait eu raison, comme si, fringuant, il lui demande d'aller au tableau pour répondre à la question. « -So tell me, uso. What exactly did you expect to find here ? If you wanted to sleep in a haunted place, there’s a lot of that at home. Remember when we were kids ? »

 

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Mer 26 Mai - 22:56 (#)

Rest in peace
Rhil & Ithan
Vous pourriez être si loin de tout ça. Si loin de toute cette poussière, cette odeur d'essence, la sueur de trois jours qui vient pourrir tes narines. Tu pourrais être loin, avec Rhil, dans un lieu qui lui ferait du bien. Une sorte de maltraitance, que tu ne peux contrôler véritablement. Pourquoi est-ce que tu fais ça exactement ? Parce que les esprits te l'ont dit. Bien sûr, ils ne pourraient jamais parler de façon aussi franche et direct qu'on pouvait l'espérer. Ça, c'était ton rôle de faire une bonne interprétation. Parfois, ils étaient moins nébuleux. Tu aimerais lui offrir une meilleure réponse. Tu le souhaitais réellement. Mais les mots restent coincés au fond de ta gorge. Pour les non-initiés à tout ça, c'était trop compliqué. Peut-être pour un mage plus terre-à-terre comme Rhil, alliant science et magie, la logique était simplement plus de mise. Tu détournes un peu les yeux, honteux. Rien ne pourrait arrêter une balle, hormis un kevlar. Parfois, il y avait un coup de pouce des esprits et des forces extérieures, des autres plans. Mais ce genre de choses restait tout de même rare. « Oui, on devrait y aller. ».
Tu jettes un œil froid en direction de ceux de la station-service. C'était dangereux de rester dans le coin. Tu rentres à l'intérieur du véhicule, avant de mettre le contact. Tu pars un peu vite, préférant laisser une traînée de poussières derrière vous. Par sécurité, tu préfères faire un détour, vous perdre une vingtaine de minutes avant de reprendre le chemin initial. Être un homme de couleur, dans ce pays, c'était problématique. Être un homme de couleur et queer dans ce pays, c'était comme avoir un néon au-dessus de sa tête.

C'est un silence qui accompagne votre voyage. Trépignant de peur et d'humilité. Tu conduis d'une seule main, l'autre bras reposant contre ta cuisse. La route est quasiment déserte, parfois un camion, une camionnette ou encore une caravane où tu peux apercevoir un fier père de famille qui mène sa tribu à bon port. Ta propre famille te manque par instants, mais dans ces moments-là, tu tournes les yeux vers ton ami. Et tu te souviens de pourquoi, tu es présent et pourquoi il a besoin de toi. Qu'il est aussi ta famille. Même s'il ne voit pas l'intérêt, même s'il ne comprend pas, même s'il rêve peut-être de te jeter par la porte de la voiture. Quand vous arrivez enfin, c'est le silence. C'est une vallée de la mort qui vous accueille. Tu restes un peu dans la voiture. Tu n'es pas figé, ni tétanisé. Tu fermes les yeux, cherchant à sentir les énergies qui passent, ici et là. Tu peux sentir une tension lourde s'installer dans ta nuque. Tu ne sais pas combien de temps cela dure, te laissant réveiller par la porte passagère qui claque et la silhouette de Rhil qui s'éloigne un peu. Tu coupes le contact avant de sortir à ton tour, plus en retrait.

Impassible, tu lèves les yeux vers le ciel pour observer la colonne de feu. Tu écoutes les flammes qui lèchent le ciel, qui salut les morts et avertis les mauvais esprits qu'ils ne sont pas les bienvenus ici. Pas ici. Pas maintenant. Tandis que le soleil se couche, la lune annonce sa silhouette. Tu vois les larmes depuis là où tu es, la fausse joie, la provocation qui pend à ses lèvres. « To rest in peace Rhil... To rest in peace. » Les mots sont trop faibles pour qu'il entende. Pour trouver la paix. Il a un léger sourire en coin, avant de s'approcher doucement de Rhil. « Yeah I remember those ghosts. At least, they were friendly. » Ici, c'était encore trop frais, trop difficile de le définir. Il y avait beaucoup d'énergies qui circulaient autour de vous, difficile de faire la part des choses pour l'instant. « Ils ont besoin de paix. Et je crois... Je crois que nous pouvons les aider. » Et si tu pouvais les aider, alors tu pourrais l'aider lui. Tu avais besoin de son et de musique. « I need you. » S'il était contre, cela risquait de rendre le procédé encore plus compliqué. Tu devais les voir, les sentir, comprendre, ressentir le passé à travers tes yeux et celui d'un autre. « Help me. Help them. Help you. » Tu t'approches encore un peu de lui, jusqu'à prendre ses mains au niveau des poignets. « Je dois voir. Et tu peux m'y aider. Trust me. ».
BY CΔLΙGULΔ ☾
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Sam 25 Déc - 23:14 (#)

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To burn the witch is to admit magic exists.

Septembre 2019 | Vallée de la mort


La solitude colle à sa peau comme la poussière ocre, l'impuissance sèche sur sa langue tel un vent sec. La sueur qui gele sur son épiderme découpe Rhil comme une silhouette en carton blanc, définit des bords nets et le détache du décor comme s'il n'appartenait nulle part. Rhil au cimetière. Rhil dans la Vallée de la Mort. Rhil en fuite. Lorsque le feu s'éteint, sa vision est brutalement plongée dans l'obscurité. Les phosphènes étincellent dans ses prunelles, le temps qu'il s'habitue à la lumière de chien et loup. Sonné, il se sent soudain très seul.  Ithan paraît très loin au moment même où son ombre vient absorber le mage.
Malgré les mains d'Ithan sur ses poignets, Rhil rabat avec pudeur son sweat sur son bras, sans aucune trace des flammes qui l'ont léché comme la glycine s'accroche à un mur de pierre, il ne reste que les vieilles rémanences grises, comme un « vous êtes ici» de ce qui a eu lieu ici.  Il est habitué à la sensation d'exil, chasseur de chimères qui collectionnent les moments d'appartenance ternes au matin : dans des bras d'inconnu.e.s ou ici, autour du feu qui illuminait la place et dont il ne reste que des braises d'un noir sordide. La culpabilité de n'appartenir nulle part, de se languir d'une communauté inaccessible.

«- Oh Uso… » Rhil entrelace ses tiens au sien d'un mouvement du poignet, se rapprochant de lui. Il a le goût des cendres sur ses lèvres, des braises lourdes au fond de l'estomac, chaque inspiration cautérise à vif quelque chose dans sa gorge et il sourit d'un air charmeur alors qu'il se rapproche de lui, s'introduit dans son ombre, dans sa chaleur. «- Tu ne demandes pas à la bonne personne; Je suis un problème, pas une aide. Je sais que réduire des trucs en cendres. » Il secoue la tête, sa langue venant frotter sa lèvre inférieure, rouvrir ses sanies.

Sa cigarette effleure le poignet d'Ithan et en silence, les lèvres serrées il l'observe. Dans la nuit bleue qui commence à secouer, le visage d'Ithan est entouré des premières étoiles, pâles et languides. Ils étaient au bout du monde et chaque intonation vient se nicher dans les fissures des pierres. Rhil avait l'impression d'être à des années lumières de tout être vivant. Ils étaient entre-deux. La seule chose qu'il sent c'est la chaleur d'Ithan contre ses doigts gourds. La seule chose qu'il ressent. Il lui semble que chaque mot ébranle un peu plus quelque chose, sans savoir si c'est en lui ou dans l'univers. S'il garde une main dans celle d'Ithan, si chaude, il porte de l'autre sa cigarette à ses lèvres. «- Je n'ai pas pu les aider vivant, comment je pourrais t'aider quand ils sont morts ? »  La braise jette des ombres sur son visage. Dans les particules que le vent apporte à sa bouche, c'est l'odeur de cendres qui prédominen, il lui semble que c'est l'amertume qui brille au cul du mégot.   « - II was staying with Adriel, just there. But… there's nothing left. » Il a pris la voix arrogante d'un tour opérateur avant de souffler un rond de fumée dans le vide, le laissant se dissiper presque timidement dans les rues désertes. «- Je sais même pas ce qui s'est passé. J'ai juste fuit. Si ça trouve, j'ai fait ça. Il n'y a même pas de corps, ce n'est pas… I got a scar and fucking ran until my bike died under me. » Son regard fixe le rond qui se dissout et tremble dans l'air. Il a les traits tirés. Le trajet, les émotions contradictoires, le sentiment de trahison, la chaleur tapageuse. Il sent brûlé jusqu'à l'os, vide, frigorifié malgré la nuit qui n'est pas tombée. Il écrase la larme qui coule sur sa joue, laisse une traînée noire sur sa pommette. Il est proche d'Ithan à le toucher. Ses pas oscillent comme Peter Pan sur le bord d'une fenêtre, prêt à s'enfuir, prêt à tomber. Retenu par sa main et sa culpabilité et la nuit sans nuages ni étoiles. Les bras ballants, il est évident qu'il abandonne. «- Qu'est-ce que tu veux de moi ? » L'esprit de contradiction s'est fait la malle, il ne veut rien de plus que grapiller le calme d'Ithan, obéir, gourd et fragile.

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Mer 26 Jan - 20:49 (#)

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Rhil & Ithan
Vous aviez beau vous connaître depuis autant de temps, il y avait parfois un langage que vous ne compreniez pas. Et tu savais que Rhil ne voyait pas où tu voulais en venir malgré tout. Il n'y avait rien pour vous aussi, hormis la mort pour accompagner chacun de vos pas. Vous reveniez certes de loin, mais le genre de situation dans lequel tu le poussais actuellement, dans ses retranchements, mettait à rude épreuve votre communication. Un mal pour un bien, c'est ce dont tu essayais de te convaincre en tout cas. Ithan penche très légèrement la tête sur le côté en l'écoutant, avant de plisser les yeux. Visiblement peu enclin à entendre de tels mots. Mais en même temps, il ne pouvait dire tout à fait le connaître : oui. Rhil était parfois, un problème a géré. Il arrivait toujours à se mettre dans des histoires impossibles, à avoir parfois les yeux plus gros que le ventre. Mais tu ne pouvais pas admettre qu'il était un énorme problème. Et parfois, sa chance, qui était extraordinaire sur beaucoup de points, l'avait lâché il y a quelque temps. Et encore à relativiser. Car Rhil était l'un des seuls survivants du massacre qui avait eu lieu ici. Si ce n'était peut-être, le seul.

Il pouvait être une aide pour résoudre un problème. « Je ne te propose pas de les ramener à la vie. Ce n’est pas en notre pouvoir. » Et si certains mages trempaient dans cette magie-là, Ithan en restait aussi loin que possible. Il ne voulait pas toucher à cette frontière, même de loin. C’était dangereux et surtout contre la Nature elle-même. Ils n’étaient pas des dieux. C’était bien pour une raison. Jouer au scientifique fou, c’était plus le terrain de Rhil. « Ils peuvent apporter les réponses à tes questions. Adriel, pourrait répondre. Et te soulager, en partie, du poids de la culpabilité que tu portes en toi. » Tu ne proposais pas un remède miracle. Simplement un début de réponse pour apaiser la conscience de l’autre. Il ne faisait aucun doute, dans ton esprit en tout cas, que Rhil n’était pour rien là-dedans. Et sans vouloir taper dans son ego : non. Rhil ne pouvait pas être le coupable d’un meurtre de masse pareil. Il ne restait même pas un squelette pour témoigner de ce qu’il s’était passé ici. C’était quelque chose d’autre qui était à l’origine de cette tuerie.

« Je pense qu’il est temps pour nous, de parler avec eux. » Tu lui offres un sourire rassurant, avant de relâcher gentiment ses poignets. Tu te diriges vers la voiture, pour chercher un sac à l’intérieur. Tu le fouilles avant d’en sortir une besace et de refermer le pick-up derrière toi. Quand tu te rapproches auprès de lui, tu tiens la sacoche dans ta main, le regardant dans les yeux. « Trouvons le bon endroit. » Vous cherchez un petit moment, avant de trouver un endroit confortable pour vous installer. Tu installes l’encens, devant toi. Tu sors aussi quelques plantes, un carnet pour prendre des notes si besoin. Une lampe aussi. Tu allumes les bâtons d’encens devant toi, laissant l’odeur forte arriver à vos narines, et la fumée vous envelopper. Tu fais signe à Rhil se s’approcher de toi, tu essaies de nettoyer son énergie, visiblement concentré sur quelque chose d’invisible, murmurant dans ta barbe. Tu prends finalement le tambour entre tes doigts. Avant de le regarder dans les yeux. « Peut-être vais-je échouer. Peut-être ne vont-ils pas vouloir me parler. N’aie pas peur. J’aurai toujours le contrôle d’une façon ou d’une autre. Avant de parler avec l’entité, pose une question pour être certain que celui en face est bien celui ou celle qu’il prétend être. ».


Tu lui offres un sourire rassurant avant de redresser sa poitrine et ton dos. Tu inspires lentement, puis expires très longuement. Tu utilises finalement un bâton que tu lèves. Ta voix porte lentement. L’énergie ici est forte. Mais tu pourrais sûrement trouver l’esprit qu’il faudrait. Le champ finit par se faire entendre, dans la langue de tes ancêtres, tandis que l’encens continue de brûler entre vous. Tu ne comptes pas vraiment le temps. Tu ne sais pas combien de temps cela fait. Cela n’a pas vraiment d’importance en vérité. Tu appelles ceux de qui de droit. Tu les invites à venir te rejoindre. En vérité, cela dure bien plus de trois minutes, avant que ta tête, comme prise d’un spasme tourne violemment la tête sur le côté et ton chant meurt avec toi. C’est le silence. Seulement le bruit de la nature autour de vous et encore, semble-t-elle plus faible que précédemment. Tu deviens sourd a ton environnement et tu laisses la place à l’âme qui veut se manifester. La tête toujours sur le côté, tu te repositionnes dans une position plus normale. Tes yeux sont ouverts, ton regard est à peine ouvert, mais ce sont les yeux d’un autre qui rencontre son interlocuteur. « … C’est toi Rhil ? ».
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Dim 10 Juil - 13:16 (#)

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Septembre 2019 | Vallée de la mort




Les planches craquent sous ses pas et les sons se réverbèrent en avalanche contre les falaises assechées. Du sable, plus que de la poussière, s'écroule des toits sur sa tête lorsqu'il dérange l'épaisse couche d'absence qui remplit les maisons. L'auréole ocre macule ses cheveux, dépose des tâches de rousseur sur ses pommettes, tâches ensanglantées qui dansent devant ses yeux. Rhil s'égare dans un labyrinthe de pré-fabriqués, tiré par la manche par des fantômes. Les murs de carton et de plâtre émettent la même fréquence sourde qu'une flamme dans laquelle traîner ses doigts. Ses doigts brûlés, brisés et par-dessus tout qui tremblent trâinent sur la rambarde d'une terrasse, sur un chambranle de porte avant de baisser la tête, s'incliner avant d'entrer.  

Au fond de sa poche, ses doigts cliquètent son briquet avec nervosité, les étincelles agrippent son pantalon et meurent dans la trame du tissu. Ses jointures sont crispées sur un bout de plastique alors qu'il écarte un rideau de perles, pousse du pieds une cale qui ne retient plus aucune porte. Il a l'impression de marcher du bout des lèvres alors qu'il progresse dans les maisons évidées. Rhil laisse Ithan chercher un bon endroit, sans savoir à quoi ça ressemble. C'était un bon endroit.
Et maintenant il y a quelque chose de faux qui lui donne envie de fuir.

Il promène un regard d'enfant sur les objets inanimés, enfoncé sous son sweat, ses cheveux encore humides de sueur collés dans sa nuque, sur ses tempes, comme après un cauchemar. Il voit, à moitié vides, une tripotée de verre à moisissures disposés en rond sur la table basse. L'éclat d'un morceau de verre attire son attention à demi disparu sous le canapé, squelette d'une cruche. Combien de fois s'était-il retrouvé dans un salon qui ne lui appartenait pas, par le charme ou par effraction ? A ouvrir et fermer des placards en silence, avec la sensation d'être observé, mais sans laisser de trace. Sans gêne. Horripilante fouine qui prend ses aises. Mais l'impression de grâce et de flottement a foutu le camps. C'est un sacrilège pour celui qui ne respectait rien.
La fumée odorante s'enroule autour de lui comme un familier réconfortant, pique ses yeux et le force à ciller, à se tirer des rêveries morbides. Les larmes brûlent sa peau plus que la fumée.  La chaleur de la fumerolle s'est presque entièrement dissipée, elle n'est plus qu'odeur d'encens qui flotte dans l'air et caresse sa peau, chatouille sa nuque et Rhil lève lentement la main, la laissant se lover autour de son poignet, comme on charme un serpent alors qu'il suit la fumée de l'encens, docilement, jusqu'à Ithan. La fumée garde ses chevilles, empêche le mage de reculer, mais il reste à la périphérie. Ithan lui tourne le dos, Rhil mimique le rythme de sa respiration, ses lèvres se calquent sur le chant du chaman malgré lui, envoûté. Il se rapproche lentement de son ami comme si ça lui faisait mal de le regarder. Combien de fois avait-il assisté à un rituel, à un entraînement, caché dans un arbre ou sur un toit, avec une paire de jumelles ? A ne pas vouloir lâcher Ithan d'une semelle, même lorsqu'il n'était pas censé être là, même lorsqu'il gâchait tout - et la pression dans sa poitrine, à l'idée de tout gâcher justement.

Le plastique du briquet fond lentement sous la pression des doigts, colle à sa peau. La colère, la rage et la vibration vibre sous son épiderme, tatouage sub-dermique qui se décolle de sa peau. Pourquoi est-ce que Ithan ne se laisse pas fantasmé ? Pourquoi est-ce qu'il ne peut pas avoir une version idéale, iréelle de son ami d'enfance dans sa tête, qui correspond pas à la vérité ? Pourquoi est-ce qu'il ne peut pas être déçu ? Non, Ithan doit le traîner à l'autre bout des Etats-Unis dans une vallée littéralement nommée Mort, contre son gré, à son insu pour faire ce qu'il fallait et ce dont Rhil n'avait pas la moindre idée. Ils ne parlent pas la même langue et ça serait tellement plus simple si ils ne se comprenaient pas.

Enfin, Rhil a un mouvement d'épaules vers l'arrière et se redresse, redresse le menton et exhibe son coeur qui bat la chamade. « - Quel était mon tatouage, sur mon bras ? » Comme s'il allait un jour poser une question dont il avait déjà la réponse. Pour quelqu'un avec un stock inépuisable, il fait toujours attention à ne pas gâcher une question. Le petite génie a oublié le tatouage scarifié par le feu, enterré dans sa chair par la brûlure du stylet. «- La constellation de la croix du Sud. Tu avais un choisi un enchantement de lien. » La cadence de la voix, qui mutile celle d'Ithan, plus que les mots sonnent justes. L'accent californien déforme le ton d'Ithan, et réveille les fantômes engloutis dans les murs. Il s'accroupit lentement par terre, pitoyable, vulnérable et le dos rond. Ses doigts se déchiquètent les uns les autres autour de ses bagues, chaque mouvement de l'acier et de l'argent agrandissant les plaies ouvertes. «- Je suis désolé, Adriel. Je suis désolé. Je me suis barré, j'ai paniqué. »  Il y a du feu dans ses poumons, qui palpitent et qui s'éteint à chaque respiration, il halète et pourquoi est-ce que Adriel a le visage d'Ithan ? C'est pire.   «- Tu as bien fait. Il faut bien que quelques arcanistes survivent, comment est-ce qu'on va apprendre aux petits à maîtriser leurs dons, sinon ? » Il déteste son rire a-t-il décidé. Il déteste le rire cristallin qui n'appartient pas à Ithan, qui n'appartient pas au monde des vivants, et la façon qu'à Adriel, à le considérer adorable alors qu'il est bien plus jeune que lui.

« - Est-ce que c'est Ithan ? » La question interrompt la cacophonie dans sa tête, et il arrête brutalement de se recroqueviller au sol, poru le fixer presque éberlué.   «- Qui d'autre ? »   Il touche son bras, retenu contre son torse. C'est toujours bizarre, la façon dont cet avant-bras est devenu semi-insensible, mais il se serre assez fort pour se faire mal. « - Qu'est-ce qui s'est passé ? »   «- Des connards sont venus exterminer ce qu'ils ne comprennent pas. Ils ont du nous voir en ville, et ils ont débarquer ave leurs 4x4 et leurs armes à feu. Ironique. »  Il les voit d'un oeil extérieur, une bande à demi ivres, qui sortait d'un truc d'arcades. Rhil se souvient de l'allégresse qui le consommait de l'intérieur et des cercles de fumée qu'il envoyait vers le ciel plein de néons, les cercles qui se transformaient en figures fantasmagoriques, mues de leur plein gré entre des étoiles artificielles. Est-ce qu'ils l'avaient vu lui ? Est-ce que c'était sa faute ?  Ithan, la voix déformé par une jeunesse et une légèreté soupire et le craquement de sa nuque force Rhil à le regarder, pour de vrai. «- Je regrette juste de ne pas avoir eu le temps de te montrer. Tu t'es bien charcuté, à force de vouloir trop faire. »   «- Qu'est-ce que j'ai fait ? » Adriel avait une fossette, mais le sourire d'Ithan glisse, comme un verre au bord de la table et Rhil l'entend distinctement se briser au sol.  «- Tu as merdé. C'est ta première fois ? »  

Ses lèvres restes bées et sèches, sans rien dire. Il se déplace presque à quatre pattes pour rejoindre le chaman, proche à le toucher, sans oser le toucher. Comme si ça allait faire disparaître Adriel et Ithan en même temps. «- Adriel. Adriel. » « - Cet endroit est souillé. » La nostalgie brûle la gorge d'Ithan, et Rhil passe ses mains sur son propre visage, cachant sa bouche de sa main au poignet noirci, alors qu'il se laisse tomber les fesses au sol. Proche à le toucher et des myriades d'étoiles à la place des yeux.
Pour une fois muet.

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Ven 26 Aoû - 15:48 (#)

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Rhil & Ithan
Discuter avec les esprits et leur laisser prendre possession d'un corps vivant, c'était véritablement deux expériences très différentes. Cela n'impliquait pas forcément les mêmes énergies, les mêmes émotions et certainement pas le même drainage d'énergie. Ce qui était bien sûr le plus dangereux, c'était le risque de perdre le contrôle. Ouvrir les portes de son être, c'était proposé son âme a quelque chose de plus sombre et plus nocif que des esprits qui ne demandent qu'à faire part de leurs messages. Chaque fois que tu faisais ça, tu prenais un risque certain, même si tu étais assez âgé et expérimenté aujourd'hui pour empêcher ce genre de problème, ou en tout cas, coupé la connexion avant que celle-ci ne devienne trop invasive (Mais tu n'avais nullement la prétention de pouvoir repousser un être sombre, ceux qui viennent des plans que tu ne veux même pas toucher avec le bout d'un bâton tordu). Alors, même si tu ne voyais rien, que tu n'entendais rien, ce n'était pas tout à fait la vérité. Si ton corps était anesthésié du monde extérieur, tu continuais à être très au courant de ce qui se passait. C'était comme si on avait une autre vision, voir à travers un prisme à la fois terne et très lumineux. Cela n'avait pas beaucoup de sens pour ceux qui n'avaient jamais connu cette expérience.

Il y avait quelque chose de douloureux d'assister à la scène, sans pouvoir intervenir. Mais ce n'était pas ton moment. Ce n'était pas ta rédemption que tu attendais. Ce n'était pas pour toi que tu faisais ça. Tu n'étais qu'un élément, qu'un outil pour l'aider à entendre les mots qu'il désirait si ardemment, même si son cœur lui disait qu'il ne méritait pas. Syndrome du survivant. Syndrome de la lâcheté. Chacun se plaçait où sa bonne conscience lui dictait. C'était ton ami, ton âme, alors on pourrait dire que c'est normal que tu sois de son côté, que tu le place du côté d'une victime et non d'un bourreau ou pire aux yeux de certains : ceux qui courent, loin, le plus vite, la culpabilité talonnant derrière eux, collant à leurs chaussures comme un chewing-gum dont on n'arriverait pas à se débarrasser. Comme la pire des malédictions. Ithan aurait fui, sûrement. N'importe qui, qui était présent ce jour-là, s'il y avait eu d'autres survivants, avaient fait ce qu'ordonnait la nature même, remontant les origines des hommes : vous êtes des animaux, la survie avant tout. Qu'importe si on doit y laisser un membre pour y arriver. Ou si on abandonne quelques amis aux passages. Les gens ne comprennent pas, comme avec n'importe quel événement traumatisant : on agit comme on peut. Non pas comme on veut. On ne pas tous être Bruce Willis et sauver le monde de sa destruction pour la 21e fois.

Le silence. Les sanglots étouffés. Le bruit de la poussière soulevée par la brise. Adriel s'abaisse, posant un genou à terre. C'est lui, le plus jeune, qui vient réconforter les plus anciens. Quelle drôle de choses. Tu avais conscience d'une chose très importante, qu'on avait tendance à oublier peut-être. Ces séances de « possession », de transe inter-plans, était-ce vraiment pour eux ? Pour ceux qui étaient dans un autre ? Pas tout le temps. Finalement, c'était comme les enterrements. Ils sont faits pour les vivants, non plus pour les corps terrestres des morts. Ta main semble plus légère qu'à son habitude, car ce n'est pas totalement la tienne à cet instant. Tu laisses ton corps tomber sur le sol à ton tour. Ta main et ton bras glissent en partie sur le dos de ton ami dont tu entends la douleur comme si elle faisait partie de toi. Adriel prend Rhil contre lui, profite de ta carrure de géant pour l'envelopper contre lui, sa tête contre ta poitrine. Il réconforte celui qui est coupable pourtant de rien. « Tu as le droit de pleurer Rhil. De nous pleurer. Sois heureux de nous avoir connus et non de nous avoir perdus. ». Les mots d'Adriel sont doux contre son oreille. Bien que sûrement une hérésie, car la voix ne t'appartient absolument pas. « Vivre en restant celui que tu es, c'est le meilleur cadeau que tu puisses me faire. ».

C'était un au revoir, non-définitif, car Adriel n'était peut-être plus de ce monde physique, mais il était dans chaque rayon de soleil. Dans chaque vaguelette que créerait Rhil quand il perturberait un lac par un caillou lancé. Il n'y avait aucune haine, aucune douleur, aucun reproche. S'ils sont à l'unisson pendant ces quelques minutes qui semblent durer des heures, ceux d'Adriel disparaissent lentement et le souffle t'échappe. Tu retrouves la vue, le goût, le toucher brûlant de l'ami en peine que tu as toujours contre toi. Tes cheveux finissent par couvrir une partie de vos visages, comme un rideau pour vous protéger des intrusions externes. Comme une bulle protectrice. Les sursauts de la poitrine, les sanglots avalés, la douleur et le début d'une guérison qui commençait pour le blond. Ta main remonte un peu sur son visage. Ton pouce avec une grande délicatesse, caresse sa joue et quelques larmes. Il était parti. Mais le monde entier, qui se résumait à cet instant de vous deux, était toujours présent. Vivants. Tu déposais délicatement un baiser sur le sommet de son crâne, après un moment ensemble. Dix minutes ? Une demi-heure ? Peut-être deux heures, qu'importe « Viens. ». Tu l'aides à se relever, vous aidant l'un et l'autre pour différentes raisons. Il n'y avait plus rien pour vous ici à présent.

Vous sortez de cet endroit pour revenir vers la voiture. Tu ne veux pas qu'il conduise, mais tu te dis, qu'il a peut-être envie de partir lui-même de cet endroit, sans fuir complètement cette fois-ci « Tu veux conduire, Uso ? ». Tu tends la main, les clés de la voiture à l'intérieur. Lui laissant le choix de choisir où vous iriez pour la prochaine étape. Tu en avais assez fait. Peut-être trop. Peut-être qu'il allait t'ignorer pour quelques heures. Et tu ne lui en voudrais pas. Le chemin vers le pardon et l'acceptation était à présent ouvert, même si tu avais dû y mettre un pied pour lui.
BY CΔLΙGULΔ ☾
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