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La rêverie est le clair de lune de la pensée.

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Ven 5 Fév - 22:58 (#)

Gautièr
&
Morgane
La rêverie est le clair de lune de la pensée.
L
Janvier 2020

e bâillement de la jeune femme est puissant ce samedi matin. Plusieurs des autres passagers tournent le regard en direction de Morgane, dont la main vient cacher les amygdales tandis que s’éternise le souffle de fatigue. Se frottant les yeux, l’étudiante se laisse bercer par lui pluie de janvier qui tambourine sur les vitres de l’autobus la conduisant au travail.

Il est tôt, très tôt, pour la jeune femme, qui aurait aimé pouvoir profiter de quelques minutes – voir heures – de plus avant de devoir se lever. Une semaine de repos, et tout le rythme s’effondre, tant les occupations nocturnes se multiplient. Une semaine sans avoir à bosser au musée est toujours l’occasion rêvée pour proposer à Eoghan un petit peu de repos et en profiter pour s’adonner à un autre arcane : jouer. S’adonner au plaisir de faire une partie de Civilisation VI sans s’interrompre, de 8h à 4h, avec de minuscules pauses pour aller chercher des snacks ou réchauffer une Cup Noodle Curry/Crevette. Ne pas se laver les cheveux, ne pas quitter son hoodie fétiche et ne plus rien penser d’autre que l’amusement.

Ces occasions, rares dans la vie de l’arcaniste, sont toujours les bienvenues, une manière d’évacuer la pression de sa vie nouvelle, oscillant toujours entre les études humaines, les études arcanistes, les secrets de l’Irae, la quête du rêve qui n’aboutit pas. Cette semaine-là, toutes ces quêtes sont mises de côtés et n’existent plus alors que le plaisir et la décontraction.

Un nouveau bâillement en descendant du bus, la capuche sur la tête. Enfonçant les mains dans ses poches, Morgane s’avance en direction du Sci-Port Science Discovery Center. 7h30, quelle idée saugrenue que de faire venir ses employés une heure et demie avant l’ouverture du musée. Certes, le café est offert, ainsi que parfois des pâtisseries tantôt d’origines françaises, tantôt bien plus américaines. Les idées de Wuntherson vagabondent, enivrées par l’idée d’un scone et d’un café chaud, d’autant plus réconfortant que cette reprise se passe sous la pluie.

Lorsqu’elle passe son badge pour pénétrer le musée par l’entrée du staff, Morgane ne peut s’empêcher un sourire. Malgré tout, le musée a quelque chose d’unique en son genre. Même si elle aurait préféré en rester une simple visiteuse, le lieu est dédié à la science ; rien qu’en cela, elle ne peut être que conquise. Souvent, les visiteurs sont pénibles, d’enfants criards aux know-it-all, mais parfois, il arrive que se présente à l’hôtesse d’accueil de véritables « perles ».

Des scientifiques à la retraite, ayant travaillé pour les plus grands projets américains, que ce soit les missions Apollo, le développement de nouvelles technologies, l’étude même de la physique ou des maths. Rien que pour ces instants – et le scone/café offert – il n’est pas trop difficile de se lever bien avant le soleil.

« Salut Vince » dit-elle à la réplique d’Homo Neanderthalensis présent sur son passage. « Tu m’as presque manquée… Oh, arrête, je vais rougir. » Lâche-t-elle en s’éloignant. Sa montre numérique affiche un solide 7h22, juste le temps pour elle d’enfiler la veste représentant sa fonction et de rejoindre la compagnie du samedi matin pour la réunion préparatoire de la journée.

Hormis la veste fournie par le musée, le reste des vêtements appartiennent à Morgane : la chemise blanche, le pantalon noir ; les Docs ou les Stan Smith, en fonction des jours. L’étudiante se rappelle du jour où Julia, son amie de l’université, est venue la voir pour la première et ne pu s’empêcher de photographier l’exubérante Morgane, ainsi dissimulée dans ses habits ; photographies toutes à moitié floue dû à son fou rire incontrôlable.

Lorsqu’elle franchit la porte de la salle de réunion, Morgane s’apprête à lancer son salut habituel à l’assemblée, mais s’arrête net dans son mouvement. La bonhomie habituelle s’évapore, son visage se ferme tandis qu’elle aperçoit une silhouette qu’elle ne connait pas. Il lui fait face, et dans un effort de dissimuler sa confusion, Morgane applique un sourire de faussaire sur son visage.

L’odeur du café et des pâtisseries ne suffisent pas à rendre plus crédible le changement de visage soudain de l’apprentie arcaniste. Elle se sent idiote, le patron l’avait prévenu de l’arrivée du nouveau membre de l’équipe avant qu’elle ne parte en congé.

« Ah, Morgane, pile poil à l’heure, comme tous les samedis matin. Je t’en prie, sers-toi, j’ai pensé à toi, j’ai pris des scones. Je te présente Gautièr, tu seras avec lui aujourd’hui. Je vous laisserai faire connaissance après la réunion. »

Se tenant d’un timide « Salut.. », Morgane se sert d’une tasse ornée de constellations diverses et variées, ainsi que d’un scone qu’elle entoure de papier essuie-tout, avant de prendre place autour de la table, sans oser relever le regard en direction du nouvel arrivant. Beaucoup de tragédies ont ponctué la vie de Morgane, et sa maturité n’est parfois plus à prouver ; mais après une semaine à n’être « qu’une étudiante parmi d’autres », la voilà encore pris dans les vestiges de cette illusion : intimidée quand la nouveauté se couvre d’un visage comme celui de Gautièr.
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ADMIN ۰ Mignon comme Tchoupi, aussi vnr que Moundir : le Loup d'la Vieille (la chair vivante, c'est gourmang-croquang)
Gautièr Montignac
Gautièr Montignac
ADMIN ۰ Mignon comme Tchoupi, aussi vnr que Moundir : le Loup d'la Vieille (la chair vivante, c'est gourmang-croquang)
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La rêverie est le clair de lune de la pensée.  WjqXz0V La rêverie est le clair de lune de la pensée.  7dbuIBt La rêverie est le clair de lune de la pensée.  A4xF6gr

"C'est une histoire de dingue.
Une histoire bête à pleurer."

En un mot : Meursault d'Occident. Sorel d'Amérique.
Qui es-tu ? :
"J'irais bien voir la mer.
Écouter les gens se taire."

◖◗ Homme du pays occitan, dans le Sud de la France. Né au cœur des Pyrénées aux sommets blanchis, entre le soleil et la rocaille du mois de juillet 1898.
◖◗ Loup-garou Bêta condamné à fuir famille et village, jeté sur les voies forestières d'un exil, des frontières d'Espagne aux vallées de Lozère. Voyageur infatigable, jusqu'au Nord de la France et la côte est américaine.
◖◗ Relation d'amour et de haine pour cette France ingrate. Son sang a coulé pour des généraux dont le pied n'a jamais foulé le no man's land de la Grande Guerre. Membre d'un réseau clandestin dans les années 40.
◖◗ Rêveur misanthrope à la philosophie d'un autre temps. Passe sans mal de l'empathie au jugement, de la tolérance au dégoût. Aide lorsqu'il le peut. Tue quand il le doit. Bestiole dans le crâne qui commandite d'étranges désirs.
◖◗ Homme à tout faire : capable de nettoyer les chiottes, de garder un musée, de balayer la rue ou de tenir une caisse. Prédilection pour les postes de serveur, aidé par ses hanches étroites et ses bras solides. Poste d'observation privilégié pour tous les comportements humains et non-humains.
◖◗ Rebut. Incapable de s'adapter pleinement à une meute. Chaque tentative se solde par un échec plus ou moins pénible. Solitaire, se protège derrière la barrière de mensonges qui résistent encore aux outrages du temps. Prétend n'être rien d'autre que la Bête du Gévaudan. S'en convainc parfois, ou bien d'être un descendant.
◖◗ A subi les affres du sang et de la rumeur capable de frapper tous les bourgs et hameaux des campagnes profondes. Accusé de crimes qu'il n'a pas commis. N'a jamais eu l'occasion de racheter son honneur parmi les siens.
◖◗ Amant de Mei Long, poupée chinoise de sang royal. La rencontre entre deux écorchés de la vie, entre deux psychés abîmées, vouées à toutes les folies et aux errances mortifères dans les bois du Maryland.
◖◗ Poursuivi par des flics qui n'ont pas pour habitude de lâcher prise. Connu des autorités américaines depuis les années 70. En cavale permanente. Passé maître dans l'art des identités plastiques, artificielles. Espère trouver à Shreveport l'abri de la dernière chance, en incorporant les rangs de la meute. Tueur de flics et de femmes. Traqueur traqué de Medea Comucci.
◖◗ Mélancolique. Dans ses bons jours, capable de déceler la beauté dissimulée derrière tous les aspects de l'existence. Amoureux d'Histoire et de littérature, lecteur infatigable de Camus et de Céline.
◖◗ Dérangeant. Par ses regards perçants, par ses paroles sans filtre, par ses rires grinçants : inadapté, mais sympathique, si son interlocuteur s'y prête.

◖BÊTE DU GÉVAUDAN◗

La rêverie est le clair de lune de la pensée.  S6v5sWR La rêverie est le clair de lune de la pensée.  N1Hqv8C La rêverie est le clair de lune de la pensée.  TlIINL9

"L'a pas tellement changé la France.
Passent les jours et les semaines,
Y'a qu'le décor qui évolue.
La mentalité est la même.
Tous des tocards, tous des faux culs."

Facultés : ◖◗ Faiseur d'histoires. Capable d'inventer mythes et récits sans effort. Charmant ou effrayant tour à tour. Se réinvente sans cesse, personnage protéiforme.
◖◗ Passé maître dans l'art de dissimuler un corps et d'en ôter la vie. Tous les moyens sont bons.
◖◗ Sait comment survivre face au froid, à la pluie, à la grisaille et à la brume, aux mers, aux monts et aux coups bas. Aux morsures, aux traîtrises, aux caresses, aux promesses.
Thème : Le Fleuve ◖◗ Noir Désir
La rêverie est le clair de lune de la pensée.  L4AOxKs
◖MINDHUNTER◗

La rêverie est le clair de lune de la pensée.  M70Ex1d La rêverie est le clair de lune de la pensée.  IfwWWwA La rêverie est le clair de lune de la pensée.  QeVIwzX

"Je vais les rues je vais les lieux où on ne m'attend pas. Ceux que je croise au fond des yeux, non, ne me voient pas. Je parle à des gens comme moi qui n'ont l'air de rien. Des esclaves en muselière qui n'en pensent pas moins."

La rêverie est le clair de lune de la pensée.  WdHxnMJ
Pseudo : Nero
Célébrité : Harry Lloyd.
Double compte : Eoghan Underwood, Sanford R. De Castro, Aliénor Bellovaque & Ian C. Calloway
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Dim 7 Mar - 4:18 (#)


Genèse
Trop tôt.
Il s’est levé beaucoup trop tôt.
Quelques semaines à peine qu’il a pris ses marques en Louisiane, et il ne s’est pas encore totalement fait à son nouvel environnement. Il ne s’habitue pas à ce nid perché en hauteur, à la vue correcte depuis l’étage, la fenêtre obstinément fermée – il faudra qu’il y remédie. Les Américains et leur manie de tout climatiser, obligés de condamner leurs vitres, préférant un air saturé que frais, naturel. Il ne peut pas leur en vouloir totalement, cependant. Il a eu ouïe dire du climat intolérable du Sud. Il ne se rappelle que trop bien des températures déjà élevées en Virginie. Alors, tout ce qui se trouve sous Washington D.C. ne peut qu’être pire encore. L’aube grise ne s’est toujours pas pleinement levée. Assis sur le lit qu’il a fait sien, il garde la tête tournée vers l’extérieur, fasciné par la ville qui se réveille, par les immeubles aux milliers de fenêtres, certaines plongées dans le noir, quand d’autres sont déjà transpercées par la lumière crue des néons. Il sourit. Ce paysage, bien que modeste malgré les nouveaux buildings poussant sans difficulté, ne rendra jamais hommage à New York. Qui aurait cru que lui, montagnard farouche habitué aux citadelles de pierres, trouverait une profonde beauté dans ces vues urbaines dont le vis-à-vis ne le dérangeait pas toujours ? Le ciel, bas et bleuté, chargé de nuages rondouillards et d’une pluie qu’il devine collante, donne une atmosphère de science-fiction à Shreveport, Louisiana. Il a beau se voir rongé par quelques fibres de nervosité, cette contemplation réussit à le calmer, à l’apaiser suffisamment pour lui permettre de pousser un soupir et d’en revenir à ce qui occupait son esprit, d’ici à ce que le jour arrive. Il contemple la page de mots croisés. La mine d’un crayon tapote le papier, en vain. Rien à faire, ça ne vient pas. Contrarié, il cherche, fouille dans sa mémoire. Enkidu. Il connaît ce nom. Il songe à ses précédentes lectures, pressentant que son amour de la littérature pourrait le mettre sur la bonne voie. Une piste encore bien ténébreuse, et ses méninges mal réveillées ne l’aident pas beaucoup. Il soupire, repousse alors le magazine et se lève en un bond souple et léger, trahissant sa manière éternelle de se déplacer : aérienne. Sa mince silhouette actionne les gestes mécaniques : il allume la bouilloire, et les parois opaques se réchauffent bien vite, brûlent l’eau destinée à se changer en thé. Il s’habille dans la pénombre, allume sempiternellement la télévision entre deux boutons soigneusement fermés. Costume noir, sans fard. On parle encore des dégâts matériels d’Halloween. Il n’est pas vraiment surpris, bien que ce sujet de conversation, éternellement rabâché, l’ennuie profondément. Le rituel se termine, le thé vite avalé. Il s’enfuie à point nommé, destiné à marcher sur la courte distance qui le sépare du musée.

•••

Enkidu.  

Cela devient agaçant. C’est d’ailleurs bien pour ça, qu’il s’est mis aux mots croisés et aux mots fléchés. Il veut entraîner sa mémoire, conserver des souvenirs, faire travailler son cerveau pour l’empêcher de se racornir. Après tout, c’était bien ça, sa plus grande peur en exil : devenir stupide, ne plus faire qu’un avec les instincts primaires du loup, qui n’avait cure des récits de Gilgamesh, des grands textes relevant de Babylone, des mythes fondateurs. Il sentait qu’une très mince barrière le séparait de la réponse, mais rien à faire : ça ne venait pas. Assis dans une salle de réunion où un peu de passage, sans plus, lui avait permis de croiser les premiers visages parmi ses collègues, c’est l’apparition d’une fille plus jeune que les autres qui le ramène à la réalité. Elle accroche l’attention, il faut dire. Sa mise surprend, du moins sa coiffure. Elle semble totalement détonner dans ce milieu encore conservateur des gardiens de musée. Pourtant, il ne s’offusque pas. Il lui sourit. Elle s’appelle Morgane. Il s’étonne d’abord agréablement de ce prénom français, avant de se rappeler : la Louisiane est bercée par sa culture natale. Pas de quoi tomber de sa chaise. Lui ne mange pas, ne boit pas. Il serait gêné, pour un premier jour, et redoute de tâcher son costume impeccable. Il ne la quitte pas du regard, quitte à la gêner. Il s’en moque un peu. Il n’a jamais cessé de contempler quelqu’un par égard pour sa timidité.

Pas le temps de lui adresser la parole, cependant. La réunion commence. Les uns et les autres prennent place. Quelques instants sont accordés à la présentation de la nouvelle recrue, quoi que de façon sommaire, ce qu’il ne peut qu’apprécier. Il tique un peu lorsqu’on articule mal son prénom, mais il en a l’habitude, et n’arbore rien d’autre qu’un sourire discret, charmant. Il y a quelque chose dans son sourire qui relève presque du Britannique parfait, galant et bien élevé. Il ne déroge donc pas à la règle. Il se fond dans le décor. Il ne cherche pas à se faire remarquer plus que de raison. Là est la clef de toute infiltration. Il a besoin de ce travail : un milieu parfait, brassant du monde, lui permettant de disparaître, de brouiller les pistes. Il n’a encore jamais œuvré dans un musée. Il tient sa chance, coïncidant les habitudes du service pour la cafétéria à pourvoir, avec les galeries pleines d’œuvres à surveiller. Les odeurs qui proviennent des murs et des alcôves lui plaisent déjà. Elles trahissent l’ancienneté des collections, bien qu’il regrette de ne pas pouvoir en humer plus encore. Pour l’heure, ce sont les parfums sucrés ou musqués des hommes et des femmes qui l’entourent qui prédominent.

La réunion se termine et, comme prévu, le voilà en charge de suivre la dénommée Morgane. Il doit visiblement apprendre d’elle, ce qui l’amuse. Apprendre des louveteaux n’est jamais une mauvaise chose. Les jeunes ont cette faculté de surprendre, de tuer les aigreurs nées de l’expérience et de la vieillesse. Il ne détecte rien de particulièrement déplaisant, chez elle. Même ses originalités ne l’agacent pas autant qu’à quelques occasions. Alors, suivant les consignes laissées, et tandis que les autres s’en vont vaquer à leurs activités, Gautièr se lève, s’approche, nouant ses mains dans son dos avec sérénité.

« Morgane, alors. »

Morgane. Morgan. Comme le père. Le souvenir du vieux Montignac remonte brutalement à la surface, imprévisible. Pourquoi maintenant, et pas une heure plus tôt ? C’est une question qui ne trouvera pas de réponse, et qu’il écarte rapidement, avant de se voir plongé dans une perplexité dont il ne sort jamais aisément. Il ne se trouve pas seul. La moustache, le béret, les habits usés de son paternel se dissolvent, comme la jambe coupée, la difficulté à monter l’escalier. Il jette un voile sur ce passé révolu. Mais quelque chose dans son regard a changé.

« Tu as des origines françaises ? » Trop tard. La curiosité a parlé pour lui. « Tu dois être mon guide pour la journée, visiblement. Je n’ai jamais travaillé dans un endroit comme celui-là, auparavant. » Il se sent un peu emprunté ; il doit en avoir l’air. Qu’importe les décennies passées, prendre un nouvel emploi n’est jamais chose aisée. Il n’a pas envie de lui faire peur, de l’effrayer à cette petiote. Il fixe encore ses mèches bleues, bleues comme le ciel du matin maussade à Shreveport. Le bleu est la couleur de sa journée. Il baisse le ton de sa voix, se penche pour parler sur un ton confidentiel. « Je ne m’y connais pas beaucoup en sciences. Si on me pose des questions, je risque de me dénoncer. Mais il paraît que toi, tu es l’une des plus passionnées. C’est ce que me disait ton patron, à mon arrivée. » Plus proche, et réduits à leur seule présence mutuelle, il distingue cette fois de nouvelles fragrances : produits chimiques (teinture capillaire), clavier d’ordinateur (leur plastique sent si fort), gel douche, lessive, le sucre et le café qu’elle avait ingéré. Le mélange n’était pas désagréable.

« Je tâcherai de ne pas être un poids, pour toi. Et j’apprends vite, lorsque je suis concentré. »

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Le Temps qui reste

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Mar 27 Avr - 17:04 (#)

Gautièr
&
Morgane
La rêverie est le clair de lune de la pensée.
La réunion est passée sans que Morgane ne relève les yeux en direction de Gautièr. Celui-ci ne la lâche pas du regard, à son grand malheur. Sa langue vient claquer sur son palais quand l’étudiante s’en rend compte. Malgré son grand air et son costume, il n’en reste pas moins un humain adulte. Sa manière d’être et son attitude font que la jeune femme s’en méfie presque instantanément.

Lorsque la réunion prend fin, elle attend, comme toujours, que tous soient partis, évitant de se mêler à la cohue, de supporter les conversations sans intérêts de collègues qu’elle n’apprécie pas plus que les autres humains de son entourage : lorsqu’ils parlent de sciences ou d’histoire, il existe un intérêt réel. Devoir supporter les photos de chérubins aux joues roses est une autre paire de manche, une sur laquelle Morgane ne sait pas se projeter, se retrouvant à être plus bizarre qu’à l’accoutumée. Il se lève finalement, et s’approche d’elle.

« C’est ça. Comment on le prononce, d’ailleurs, ton prénom ? » répond-elle, d’un ton un peu las. Il y a eu quelque chose dans la manière de le dire durant la réunion qui ne sonnait pas correctement. Elle en sait quelque chose, elle qui porte comme second patronyme Genièvre, un prénom torturé d’une nouvelle façon à chaque fois qu’un américain essaye de le prononcer. Et puis, il y a eu quelque chose dans sa manière de prononcer Morgane d’ailleurs, qui la dépayse ; un accent qui n’est pas d’ici. Ou peut-être est-ce à force de l’entendre de la bouche des accents si marqués du Sud des Etats-Unis.

Quand ils ne sont plus que tous les deux, la jeune femme se relève, et prend la direction de la sortie, le nouvel arrivant sur les talons. La blague du patron est de mauvais goût, trouve-t-elle, de la faire se coltiner un nouveau le jour de son retour de congé.

Ils avancent ensemble vers l’entrée du musée, où Morgane prendra sa place d’ici peu pour accueillir les premiers visiteurs de la journée. Lorsqu’il pose la question sur ses origines, la jeune femme manque de s’arrêter, entre les sections « espace » et « grandes découvertes scientifiques. ». Elle arque un sourcil et le toise, ralentissant quelque peu se faisant.

« Du côté de mon père, une vieille famille de colon... » Dit-elle en reprenant la marche vers l’entrée, n’ajoutant rien d’autre sur le sujet. Ce n’est qu’en arrivant au pupitre qu’elle remarque la proximité avec laquelle il discute, un murmure, presque, qui la mets mal à l’aise.

« Hum… » Son attitude mièvre la rend perplexe. Elle qui se plait à facilement identifier les humains et leurs attentions, elle ne sait pas comment réagir face à ce Gautièr, dont le charme et les manières sont en-dehors du spectre social duquel Morgane est habituée.

« Jamais dans un musée, ou jamais dans un consacré à la science ? ». Avant toute chose, Morgane se mets en tête d’éluder le mystère qui se dresse face à elle. Petit à petit s’extrait du cocon humain la véritable Morgane, l’insolente indolente, parfois peste, parfois sage.

« Défini pas beaucoup du coup. Qu’est-ce qu’tu connais ? »  Elle choisit ne pas rebondir sur la remarque la concernant, gênée par le compliment, à nouveau désemparée, par cette façon d’être, par cette courtoisie, cette proximité, à laquelle elle met fin d’un pas en arrière. Le gouffre entre leurs manières de s’exprimer est gigantesque, lui qui construit ses phrases, qui articule ; elle, un peu bègue, mâchant les mots, l’accent mêlé du Texas et de la Louisiane.

« C’pas moi qu'tu dois convaincre pour rester. » commente-t-elle, railleuse, se passant une main dans les cheveux, déplaçant la masse sur le côté gauche de son crâne, brisant ainsi l’illusion d’une tignasse coiffée. Nonchalante dans son attitude, le regard scrute pourtant l’homme de la tête aux pieds, cherchant quoique ce soit qui pourrait trahir l’humain qui se tapis derrière ces connivences sociales. Quelque chose en lui attire Morgane, la nouveauté, simplement. Cette manière de s’exprimer, l’honnêteté qu’il dégage quant à ses lacunes. Son regard, intense.

« Euh… J’vais commencer à t’expliquer ce que tu dois savoir, on a quelques minutes avant que les portes soient ouvertes. On reprendra après la première vague de visiteurs. »

Le poste est intéressant, mais il n’est pas constant dans l’effort. En général, les touristes de la ville se présentent dès l’ouverte, voulant profiter au maximum des lieux. De là, s’ensuit une arrivée plus tranquille, au compte-goutte, à travers la matinée et le midi, et l’après-midi, la seconde vague de touriste, plus nombreuses, surtout par les journées maussades comme aujourd’hui. Pour l’heure, ils restent quelques vingtaines de minutes avant le début des visites, largement de quoi sonder son camarade.

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Une histoire bête à pleurer."

En un mot : Meursault d'Occident. Sorel d'Amérique.
Qui es-tu ? :
"J'irais bien voir la mer.
Écouter les gens se taire."

◖◗ Homme du pays occitan, dans le Sud de la France. Né au cœur des Pyrénées aux sommets blanchis, entre le soleil et la rocaille du mois de juillet 1898.
◖◗ Loup-garou Bêta condamné à fuir famille et village, jeté sur les voies forestières d'un exil, des frontières d'Espagne aux vallées de Lozère. Voyageur infatigable, jusqu'au Nord de la France et la côte est américaine.
◖◗ Relation d'amour et de haine pour cette France ingrate. Son sang a coulé pour des généraux dont le pied n'a jamais foulé le no man's land de la Grande Guerre. Membre d'un réseau clandestin dans les années 40.
◖◗ Rêveur misanthrope à la philosophie d'un autre temps. Passe sans mal de l'empathie au jugement, de la tolérance au dégoût. Aide lorsqu'il le peut. Tue quand il le doit. Bestiole dans le crâne qui commandite d'étranges désirs.
◖◗ Homme à tout faire : capable de nettoyer les chiottes, de garder un musée, de balayer la rue ou de tenir une caisse. Prédilection pour les postes de serveur, aidé par ses hanches étroites et ses bras solides. Poste d'observation privilégié pour tous les comportements humains et non-humains.
◖◗ Rebut. Incapable de s'adapter pleinement à une meute. Chaque tentative se solde par un échec plus ou moins pénible. Solitaire, se protège derrière la barrière de mensonges qui résistent encore aux outrages du temps. Prétend n'être rien d'autre que la Bête du Gévaudan. S'en convainc parfois, ou bien d'être un descendant.
◖◗ A subi les affres du sang et de la rumeur capable de frapper tous les bourgs et hameaux des campagnes profondes. Accusé de crimes qu'il n'a pas commis. N'a jamais eu l'occasion de racheter son honneur parmi les siens.
◖◗ Amant de Mei Long, poupée chinoise de sang royal. La rencontre entre deux écorchés de la vie, entre deux psychés abîmées, vouées à toutes les folies et aux errances mortifères dans les bois du Maryland.
◖◗ Poursuivi par des flics qui n'ont pas pour habitude de lâcher prise. Connu des autorités américaines depuis les années 70. En cavale permanente. Passé maître dans l'art des identités plastiques, artificielles. Espère trouver à Shreveport l'abri de la dernière chance, en incorporant les rangs de la meute. Tueur de flics et de femmes. Traqueur traqué de Medea Comucci.
◖◗ Mélancolique. Dans ses bons jours, capable de déceler la beauté dissimulée derrière tous les aspects de l'existence. Amoureux d'Histoire et de littérature, lecteur infatigable de Camus et de Céline.
◖◗ Dérangeant. Par ses regards perçants, par ses paroles sans filtre, par ses rires grinçants : inadapté, mais sympathique, si son interlocuteur s'y prête.

◖BÊTE DU GÉVAUDAN◗

La rêverie est le clair de lune de la pensée.  S6v5sWR La rêverie est le clair de lune de la pensée.  N1Hqv8C La rêverie est le clair de lune de la pensée.  TlIINL9

"L'a pas tellement changé la France.
Passent les jours et les semaines,
Y'a qu'le décor qui évolue.
La mentalité est la même.
Tous des tocards, tous des faux culs."

Facultés : ◖◗ Faiseur d'histoires. Capable d'inventer mythes et récits sans effort. Charmant ou effrayant tour à tour. Se réinvente sans cesse, personnage protéiforme.
◖◗ Passé maître dans l'art de dissimuler un corps et d'en ôter la vie. Tous les moyens sont bons.
◖◗ Sait comment survivre face au froid, à la pluie, à la grisaille et à la brume, aux mers, aux monts et aux coups bas. Aux morsures, aux traîtrises, aux caresses, aux promesses.
Thème : Le Fleuve ◖◗ Noir Désir
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La rêverie est le clair de lune de la pensée.  M70Ex1d La rêverie est le clair de lune de la pensée.  IfwWWwA La rêverie est le clair de lune de la pensée.  QeVIwzX

"Je vais les rues je vais les lieux où on ne m'attend pas. Ceux que je croise au fond des yeux, non, ne me voient pas. Je parle à des gens comme moi qui n'ont l'air de rien. Des esclaves en muselière qui n'en pensent pas moins."

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Lun 10 Mai - 3:32 (#)


Genèse
Petite humaine n’est pas contente.

Petite humaine dégage une tension à laquelle il n’est pas insensible. Il ignore si cela a à voir avec sa nature de garou, ou simplement d’instinct naturel. Il sait quelle vitre presque parfaitement lisse il oppose. Il sait à quel point sa politesse sonne faux, et pourtant si juste. Faux, car contraire à toute la sauvagerie pour l’heure soigneusement enfermée sous clef. Vrai, pour une société qui n’attend rien d’autre qu’une telle fadeur de la part de ses employés, de ses petites abeilles besogneuses arrivant à l’heure, partant trop tard, sans plainte ni réclame, ne causant nul souci à la main tendue ; proposition d’emploi, de crédit immobilier, d’un clapier à lapin dans lequel s’enfermer dans les étages d’une ville trop étroite et polluée. Il sait. Il pratique depuis des décennies ce petit jeu destiné à se creuser un nid confortable, à détourner l’attention. Bon employé. Pas de zèle, mais pas de blâme. Du genre qu’on peut se permettre d’oublier. Du genre qui peut se permettre de lâcher petit à petit la bride, jusqu’à se trahir, à l’orée d’un départ, d’un nouveau changement de vie.

Mais petite humaine n’est pas comme ça.

Petite humaine aux cheveux bleus arbore d’office un message clair : celui d’une dissidence affirmée, que son jeune âge et son inexpérience de la vie n’entravent pas. Il y a un siècle, de telles femmes auraient été remises dans un rang ferme, dur, pour échapper à la condamnation d’une marginalité souvent douloureuse. Cette époque nouvelle laissait toujours une place disponible pour des énergumènes d’une originalité impossible, autrefois.

Petite humaine, encore mal dégrossie, dont la voix presque grave pour son âge, riche d’une explosion de nuances, de tessitures qui lui sont agréables à l’oreille. Un point assez important pour mériter d’être souligné. Ce n’est pas si souvent qu’il tolère les palabres de ceux qu’il appelait autrefois ses semblables.

Son calme est une insulte à l’impatience et au mécontentement qu’elle expire. Il ne s’en formalise pas. Il a appris depuis longtemps à se défaire du rythme des « normaux », souvent bien trop rapide pour lui, et le troisième millénaire n’a pas ralenti la cadence, bien au contraire. Marcher à ses côtés le rend d’une humeur singulièrement belle : les courants d’air promènent les odeurs, l’aident à s’imprégner avec plus de force, le couvrent d’une envie de tout voir, de tout connaître, de parcourir mille fois les allées comme il le fera bientôt. Il en oublie les promeneurs et les touristes qui viendront prématurément salir l’endroit de leurs semelles boueuses, des plaintes criardes de leurs mômes ou de leur manque de respect et de considération à l’endroit des œuvres observées. Il n’a d’yeux que pour le grand hall dont il aime l’espace sous la voûte, visiblement épargné par les intempéries des mois précédents. Face à sa méfiance, à ses questions sans effort de se montrer plus aimable que nécessaire, le loup répond au petit chaperon bleu avec sa tranquillité coutumière : « Gau comme « go »… tièr, comme… hum… » Il existe peu de mots en anglais lui permettant de comparer le son avec un autre. Il hausse alors les épaules et se contente de clore le chapitre : « Gautièr. Comme tu pourras. Je ne me vexe plus depuis longtemps avec les Américains, de toute façon. »

Et elle. Famille de colons, ascendants français, il ne s’était pas trompé. Aucune remarque, pas de commentaire. Elle est issue des nantis, ils n’ont décidément rien en commun. « Pour ce qui est des sciences, je n’y connais rien à l’astronomie. Ou du moins, simplement les bases. Je connais l’ordre des planètes, depuis le soleil jusqu’au plus loin. Je me suis déjà documenté sur les failles sismiques… les phénomènes climatiques qui engendrent les catastrophes. Mais là où je m’y connais le mieux, c’est en matière de biologie. D’animaux. De faune sauvage. Je suis très doué, pour ça. » Je saurais dessiner par cœur le cheminement de tes organes, leur emplacement exact. Je saurais analyser la qualité de tes poumons, reconnaître une forme étrange à ton cœur, ou un excès de graisse dans certains points sensibles. Je saurais par cœur la texture de la chair palpitante, encore chaude, quand le corps vient juste de rendre l’â…
« Avant cela… Ni musée, ni science, en effet. » Il promène son regard un peu partout, sans apparaître comme trop virevoltant. Il dégage de lui une sérénité qui, pour une fois, n’est pas feinte. Ça y est. Il a posé le pied. Il a confiance en son choix de séjourner au plus près de ses ennemis redoutés. Et puis, surtout, la fin de la cavale, dont l’émotion est sempiternelle : ce soulagement, ce besoin de profiter d’un peu de confort, d’une vie stable qui l’aidera à maîtriser ses pulsions. Une solitude qui n’a rien d’effrayant, puisqu’il aura tout le loisir de ficher dans son crâne les visages croisés chaque jour, à partir de maintenant.

« Tu n’as pas l’air de te plaire, ici. Ou bien est-ce à cause de moi ? »

Il tourne la tête vers elle, la contemple de ses yeux pour lesquels le gris l’emporte sur le vert, en raison du temps pluvieux. Pas menaçant, mais avec une attention qui ne décroît pas. J’apprends vite. « Dis-moi tout, alors. Ce que je dois savoir, ce que je ne dois pas faire. Ce que tu préfères ici, et ce que tu n’aimes pas. » Qu’est-ce qui ne va pas, petite fille ? « Vous semblez avoir été épargnés par la… tempête, d’octobre, non ? Je n’ai pas remarqué des travaux quand je suis arrivé. »  

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Le Temps qui reste

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Mar 1 Juin - 17:39 (#)

Gautièr
&
Morgane
La rêverie est le clair de lune de la pensée.
L’explication meurt dans la gorge de l’homme, qui ne trouve pas les mots anglophones pour détailler son prénom. Le mot résonne dans la tête de Morgane, il n’est pas le plus difficile à prononcer, pas comme certaines déclinaisons latines, certains dogmes arcanique issus du monde grecque ou égyptien. Gautièr, le nom glisse sur sa langue. L’écorchera-t-elle, quand il faudra le dire ?

Elle hausse simplement des épaules. Les Américains ne sont pas mieux que les autres, ils ne sont pas pires non plus. Que changent les noms, les coutumes et les modes de vie, tout le monde obéit aux mêmes lois universelles, tacites, de l’humanité : naître, vivre, mourir. Le cycle est simple, compréhensible. Le peuple américain, un peuple qu’elle côtoie, comme elle aurait pu en côtoyer un autre.

Elle écoute le nouveau lui expliquer ses points forts, là où il va devoir s’améliorer. La biologie, un domaine où elle a toujours piétiné, s’instruisant par abnégation, pour le bien de son cursus secret. Quelques bases, obligatoire. Pour se défendre, pour retirer un foie, ou un cœur. Des images gravées dans son esprit, qui refusent de s’effacer, tirées de grimoires sombres, aux couvertures cornés. Elle peut encore sentir la poussière de la malle où ils se trouvaient, dans la cave de leur ancien appartement, à elle et son père, du temps où il était encore là.

« C’est déjà pas mal. Tu serais surpris du nombre de personnes qui ne savent pas l’ordre des planètes. » La voix de Morgane est calme. La semaine de repos a fait son office, et maintenant que le café fait son effet, tout semble aller un peu mieux. « Tu serais plus axé sur ce qui touche à la Terre du coup ; pas vraiment mon domaine. » Elle le dévisage, cherchant son regard de ses yeux bleus. Détournant ensuite la tête, pointant du doigt vers l’une des ailes du musée, elle enchaîne. « Les sciences naturelles, c’est par-là, si c’est là que t’es le plus à l’aise, alors on verra pour que ce soit là que tu passes le plus de temps. Ca n’empêchera pas de devoir aider dans les autres ailes, au besoin. » S’appuyant contre le pupitre, solide, qui ne bouge pas, Morgane enfonce chacune de ses mains dans leur poche respective.

« Je suis plus doué dans l’astronomie, les mathématiques et la physique, donc je suis plus souvent dans les ailes qui leur sont dédiés, quand je ne suis pas au pupitre pour accueillir les visiteurs. » Une courte pause, ponctuée d’une inspiration. « Ça va faire court, pour tout te dire, mais principalement, les règles d’accueil de base : il faut sourire, bien se tenir, être à disposition en cas de question, éviter de dire n’importe quoi… Ce genre de choses. De toutes façons, aujourd'hui, tu restes avec moi, pour voir comment ça se passe. » ça devrait pas être à moi de lui faire ce topo-là, bordel. râle-t-elle intérieurement. Devoir former quelqu'un n'est pas dans les habitudes de la jeune femme, encore moins sur son lieu de travail, avec un ainé. Un gage de confiance, s'entend-elle dire par leur chef, de la qualité de l'accueil de l'hôtesse d'accueil. Un gage, oui, comme la punition d'avoir été trop sympathique.

Les manières de son interlocuteur la déroute. Ce calme, ces manières, elles lui sont inconnues, elles font de Gautièr un être entièrement nouveau ; deux types de nonchalances, qui s’opposent. Une force vive, une force tranquille. Morgane ne parvient pas à se situer face à lui ; sa question la déroute à nouveau. Qu'est-ce que ça peut bien lui foutre ? pense-t-elle, un sourcil arqué. Dans le doute, elle décide de ne pas s'engager sur une réponse trop sinueuse. Il est encore trop tôt pour s'énerver réellement.

« Tu n’as rien fait encore pour me déplaire, hormis me fixer comme si t’avais jamais vu quelqu’un comme moi de ta vie. » Le regard bleu se plante dans les yeux gris-vert de Gautièr, sans se détourner. Il n’y a pas d’énervement particulier, un simple agacement, la timidité, ravalée, effacée par la caféine.« Ça fait partie des choses que je n’aime pas, je suppose. » Jetant un coup d’œil à sa montre, la gamine aux cheveux bleus se redresse. « Non, c’était très localisé au centre. On est passé à côté. T’es arrivé il y a peu, non ? Ca a fait la une de tous les journaux. »  Cherchant à déplacer la conversation de ses centres d'intérêt à elle, Morgane cherche à en apprendre plus sur son interrogateur. Quelque chose en lui, elle ne sait pas vraiment quoi, la tend. La nouveauté n'a pas toujours que du bon.

La tempête d’octobre. Une manière comme une autre de parler de Samain, de ce qu’il s’est réellement passé. Une tempête, oui, sombre et violente, animée par la haine et la rage. Une tempête à laquelle Morgane n’avait pas pris part. Replaçant correctement quelques prospectus sur les présentoirs dans l’entrée du musée, elle démarre l’ordinateur qui servira à imprimer les billets, à donner les heures des quelques conférences de la journée s’il y en a.

« Regarde comment faire, si t’as à le faire un jour. » dit-elle après le démarrage du pupitre, réalisant que son travail de formation passe également par-là. « C’est pas compliqué. » Les doigts tapotent sur l’écran, tandis qu’elle ponctue le mouvement d’une explication simple. Morgane n’a jamais été une très bonne pédagogue ; à contrario de sa capacité à apprendre vite et à restituer une leçon, à en tirer une méthode, un fonctionnement. « Il n’y a plus beaucoup de choses qui sont faites par papier, alors j’espère que t’es à l’aise avec les ordinateurs. » conclue-t-elle, une fois les explications du pupitre terminée.

Il va bientôt être l'heure d'ouvrir les portes.
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Gautièr Montignac
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◖ INACHEVÉ ◗

La rêverie est le clair de lune de la pensée.  WjqXz0V La rêverie est le clair de lune de la pensée.  7dbuIBt La rêverie est le clair de lune de la pensée.  A4xF6gr

"C'est une histoire de dingue.
Une histoire bête à pleurer."

En un mot : Meursault d'Occident. Sorel d'Amérique.
Qui es-tu ? :
"J'irais bien voir la mer.
Écouter les gens se taire."

◖◗ Homme du pays occitan, dans le Sud de la France. Né au cœur des Pyrénées aux sommets blanchis, entre le soleil et la rocaille du mois de juillet 1898.
◖◗ Loup-garou Bêta condamné à fuir famille et village, jeté sur les voies forestières d'un exil, des frontières d'Espagne aux vallées de Lozère. Voyageur infatigable, jusqu'au Nord de la France et la côte est américaine.
◖◗ Relation d'amour et de haine pour cette France ingrate. Son sang a coulé pour des généraux dont le pied n'a jamais foulé le no man's land de la Grande Guerre. Membre d'un réseau clandestin dans les années 40.
◖◗ Rêveur misanthrope à la philosophie d'un autre temps. Passe sans mal de l'empathie au jugement, de la tolérance au dégoût. Aide lorsqu'il le peut. Tue quand il le doit. Bestiole dans le crâne qui commandite d'étranges désirs.
◖◗ Homme à tout faire : capable de nettoyer les chiottes, de garder un musée, de balayer la rue ou de tenir une caisse. Prédilection pour les postes de serveur, aidé par ses hanches étroites et ses bras solides. Poste d'observation privilégié pour tous les comportements humains et non-humains.
◖◗ Rebut. Incapable de s'adapter pleinement à une meute. Chaque tentative se solde par un échec plus ou moins pénible. Solitaire, se protège derrière la barrière de mensonges qui résistent encore aux outrages du temps. Prétend n'être rien d'autre que la Bête du Gévaudan. S'en convainc parfois, ou bien d'être un descendant.
◖◗ A subi les affres du sang et de la rumeur capable de frapper tous les bourgs et hameaux des campagnes profondes. Accusé de crimes qu'il n'a pas commis. N'a jamais eu l'occasion de racheter son honneur parmi les siens.
◖◗ Amant de Mei Long, poupée chinoise de sang royal. La rencontre entre deux écorchés de la vie, entre deux psychés abîmées, vouées à toutes les folies et aux errances mortifères dans les bois du Maryland.
◖◗ Poursuivi par des flics qui n'ont pas pour habitude de lâcher prise. Connu des autorités américaines depuis les années 70. En cavale permanente. Passé maître dans l'art des identités plastiques, artificielles. Espère trouver à Shreveport l'abri de la dernière chance, en incorporant les rangs de la meute. Tueur de flics et de femmes. Traqueur traqué de Medea Comucci.
◖◗ Mélancolique. Dans ses bons jours, capable de déceler la beauté dissimulée derrière tous les aspects de l'existence. Amoureux d'Histoire et de littérature, lecteur infatigable de Camus et de Céline.
◖◗ Dérangeant. Par ses regards perçants, par ses paroles sans filtre, par ses rires grinçants : inadapté, mais sympathique, si son interlocuteur s'y prête.

◖BÊTE DU GÉVAUDAN◗

La rêverie est le clair de lune de la pensée.  S6v5sWR La rêverie est le clair de lune de la pensée.  N1Hqv8C La rêverie est le clair de lune de la pensée.  TlIINL9

"L'a pas tellement changé la France.
Passent les jours et les semaines,
Y'a qu'le décor qui évolue.
La mentalité est la même.
Tous des tocards, tous des faux culs."

Facultés : ◖◗ Faiseur d'histoires. Capable d'inventer mythes et récits sans effort. Charmant ou effrayant tour à tour. Se réinvente sans cesse, personnage protéiforme.
◖◗ Passé maître dans l'art de dissimuler un corps et d'en ôter la vie. Tous les moyens sont bons.
◖◗ Sait comment survivre face au froid, à la pluie, à la grisaille et à la brume, aux mers, aux monts et aux coups bas. Aux morsures, aux traîtrises, aux caresses, aux promesses.
Thème : Le Fleuve ◖◗ Noir Désir
La rêverie est le clair de lune de la pensée.  L4AOxKs
◖MINDHUNTER◗

La rêverie est le clair de lune de la pensée.  M70Ex1d La rêverie est le clair de lune de la pensée.  IfwWWwA La rêverie est le clair de lune de la pensée.  QeVIwzX

"Je vais les rues je vais les lieux où on ne m'attend pas. Ceux que je croise au fond des yeux, non, ne me voient pas. Je parle à des gens comme moi qui n'ont l'air de rien. Des esclaves en muselière qui n'en pensent pas moins."

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Mer 30 Juin - 2:29 (#)


Genèse
La Terre.

Cette association entre elle et lui lui fait plaisir, et apporte avec elle un sourire aimable sur les lèvres du garou. La Terre, il connaît bien, oui. La Terre, il pourrait en parler pendant des heures, des plombes. La biologie est indistinguable de la Terre. Cependant, la différence de lien qu’il entretient avec chacune de ces deux branches consiste en l’absence de douleur, de regret que la terre nourricière lui a apporté. C’était la terre qui l’avait nourri. Qui les avait tous nourri, eux, dans ce cocon familial planqué entre quelques montagnes. Ils vivaient principalement de l’élevage alors, et chaque fois que les bêtes revenaient des pâturages l’estomac plein de l’herbe grasse, verdoyante et poussant grâce aux sommets humides et venteux, un sentiment de reconnaissance profond l’envahissait. Il ne s’était que rarement ennuyé, à garder les troupeaux. Depuis les sols, c’était toute l’énergie des millénaires emmagasinée là qui se propageait, dont il absorbait les ondes. Comme l’on s’adosse aux troncs pluri-centenaires des chênes pour s’y reposer, y faire une sieste, recharger les batteries avec succès. La terre fonctionnait de même. Elle s’était parfois montrée revêche, pas toujours tendre, presque dangereuse (les tranchées), mais combien de nuits l’avait-elle accueilli, nourrisson éternel calfeutré contre son matelas naturel, respirant les parfums d’humus, de feuilles en train de pourrir doucement, de mousse et de champignons frais ? Combien de nuits l’avait-elle rassuré ? Lui avait-elle tenu compagnie ? La terre, omniprésente, seule certitude dans un univers composé de brumes.

Il est un homme de la terre, et cette assertion, cette conviction, le rendent fier et en ajoutent encore un peu plus à sa belle humeur. « C’est vraiment dommage. Le savoir est à portée de main, désormais. Les humains n’ont pas assez d’une vie pour tout connaître, mais ils n’ont plus beaucoup d’effort à faire pour enfin accéder à ce qui est resté caché pendant des lustres. J’ai du mal à comprendre. » De son temps, il n’existait qu’une poignée de livres, poussiéreux et rarement ouverts, conservés jalousement sur une étagère de la grande pièce à vivre. Il avait dû patienter, perdurer pendant plusieurs décennies pour enfin découvrir son amour de la littérature, et le plaisir incommensurable de posséder les ouvrages qui lui tenaient à cœur. De son temps, il n’y avait pas de place pour la culture sans utilité. Qu’importait de connaître l’ordre des planètes ? Mieux valait se tenir au fait du rythme des saisons, de l’entretien des parcelles et de la santé des animaux dans la grange. L’époque était dure, pour les paysans. Mais aujourd’hui ? S’il n’angélise pas une époque qui le débecte profondément, il ne peut pour autant s’empêcher de pointer du doigt les progrès et améliorations sérieuses ayant ouvert la voie à nombre d’évolutions qu’il aurait pu, dans une autre vie, jalouser.

Confirmant les propos de la jeune femme, il la renseigne avec la légèreté qui le caractérise en cette matinée d’intronisation : « Je suis arrivé il y a à peine deux semaines. Je devais normalement m’installer en novembre, mais au vu des événements… j’en ai conclu qu’il valait mieux attendre un peu. Mais j’ai lu et vu ce qui vous est arrivé. J’espère que ta famille et toi n’avez pas trop eu à en souffrir. » Le sujet ne paraît pas particulièrement sensible, mais il sait que les apparences peuvent être trompeuses. Lui-même n’est rien d’autre qu’un vaste mensonge, se promenant sur deux guiboles trop longues. « Pour les règles d’accueil, ça ira. J’ai travaillé plusieurs années comme serveur. Ça ne devrait pas me poser problème. » Il baisse la tête, amusé. « Plusieurs années ». Un euphémisme qui ne peut faire de mal à personne. « Grâce à cette expérience, on m’a dit que j’aurais à donner régulièrement des coups de main à la cafétéria du musée. Alors ne t’en fais pas. J’aiderai toujours mes collègues, chaque fois que je le pourrai. » Un peu de familiarité, dans cet univers inédit. Cela ne peut pas lui faire de mal, et opère même une transition bienvenue, rassurante pour sa psyché fracassée.  « Je t’observerai avec attention. Enfin… sans aller jusqu’à te fixer, c’est ça ? » La commissure de ses lèvres s’écorne. Lorsqu’il la regarde maintenant, c’est avec l’air de celui qui vient de partager un secret, un mauvais coup, pas méchant, la confession d’une plaisanterie un peu grivoise.

Je sais que tu sais que je sais.

« Je te demande pardon. En même temps, ce n’est pas totalement faux. Je n’avais encore jamais vu une fille aux cheveux teints comme les tiens travailler dans un musée de Louisiane. Cela me donne une excuse, j’imagine. » Plus sérieux, il tempère : « J’ai parfois besoin de m’imprégner d’un nouvel environnement. Cela passe par des coups d’œil plus persistants que d’autres, j’imagine. Je ne me rends pas toujours compte. Je n’ai pas voulu te mettre mal à l’aise. » Tu l’aurais su, autrement.

Son attention se déploie vers l’ordinateur, qui lui tire un simulacre de rire, aussi bref que presque provocant. « Les machines ne m’aiment pas beaucoup, mais j’arrive à m’y retrouver. Je ne suis pas aussi doué que toi, probablement, mais pour ça aussi, je peux apprendre vite. Ne t’en fais pas. Je te regarderai, et tu n’auras pas à t’arracher tes cheveux colorés. »

C’est partout pareil. Avec la dématérialisation, semer les traces devient tout de suite plus compliqué. Depuis les embranchements invisibles tissés sur cette toile de malheur, jusqu’aux empreintes qu’on laisse sur les touches des claviers d’ordinateur, sur les souris poussiéreuses, collantes ou rutilantes. Sans l’informatique, jamais il n’aurait été rattrapé, quelques années plus tôt.
Il ne s’appuie pas, demeure droit, sans éprouver une douleur dorsale, la nécessité de laisser sa silhouette s’affaisser. « Et à quoi se destine une jeune fille aussi instruite ? L’astronomie, les mathématiques et la physique sont des domaines très nobles, riches et complexes. Tu dois sûrement être particulièrement intelligente. » Il n’y a pas de compliment qui plane dans l’air. Pas spécialement. Il énonce un fait, avec un manque d’intensité qui devrait suffire à la rassurer, au moins sur ce point.

Tant que tu ne me fascines pas outre-mesure, je ne suis pas un danger pour toi.

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Le Temps qui reste

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Mar 17 Aoû - 16:35 (#)

Gautièr
&
Morgane
La rêverie est le clair de lune de la pensée.
L’étudiante hausse des épaules face à la remarque de Gautièr. Certes, l’accès à la culture est plus simple, mais cela reste contraignant pour le commun des mortels, qui préfère le loisir à l’enseignement. Ils écoutent sans entendre, ne retiennent que ce qu’ils veulent retenir, ce qui pourrait leur servir dans le quotidien. Pourquoi s’embêter de savoir si Mercure est la première, que le son ne se propage pas dans l’espace, que la Terre avance inlassablement vers la ruine. Elle se retient, de lui livrer son ressenti, d’un « les gens sont cons », condescendance vulgaire, mais qui prend toujours plus de sens tandis que Morgane grandit et expérience plus de ses propres congénères. Malgré les tournures de phrases vieillies, le français n’a pas tort.

Ses explications font sens. L’arcaniste écoute d’une oreille attentive. Sans parler des dégâts sur le centre-ville, c’est toute la population qui a été marquée par l’évènement ; un brouillard de l’esprit qui a pris place, endormant les plus traumatisants souvenirs. Quelques mois, passés dans un immobilisme flagrant, tandis que le commun cherche des réponses. Si aujourd’hui, la vie tente de reprendre un cours plus normal, il n’en reste pas moins que la Samain n’est pas une fête qui sera célébrée d’ici un long moment.

« Non, ils vont bien, merci de t’en soucier. » Le sourire qui déforme le visage de Wuntherson est froid, sans sentiment. Sa famille, un mot qu’elle pourrait user pour définir son clan ; un mot qu’ils aimerait qu’elle utilise pour définir le clan. Hormis Eoghan, pourtant, le clan de son père n’apporte pas la satisfaction que celle qu’imagine être la vie familiale. Sa famille, responsable de la tuerie, du cauchemar incarné sur la ville. Le mensonge sied parfaitement la jeune femme, qui n’hésite pas un instant dans sa réponse faussée. Si la vérité éclatait, sur le fait qu’elle soit orpheline ; un détail bien connu du patron et des autres collègues ; il lui suffirait qu’elle parle de Julia, de Virgil. Sa nouvelle famille. Pas un mot ne serait prononcé sur les mages, rouges ou noirs, qui ponctuent ses jours et ses nuits, qui exprime la colère d’une secte laissée pour morte, à l’agonie dans le sang versé. Revenue des morts pour abattre une vengeance sourde. « Par rapport à un métier de serveur, ça devrait aller alors. Contente de savoir que nous allons pouvoir compter sur toi. »

Les mots sortent, avec une conviction certaine, une amabilité formatée, nécessaire pour vivre en société. Le rictus de sa remarque fait mouche, tandis que Morgane garde le silence. Dans son propre regard céruléen, la foudre qui s’abat. Elle lui rend son sourire mauvais, le partage du coup qui vient d’être assené, une transgression de la distance qui était parfaitement bien installée.

« Ouais… Je comprends. » Les mots s’expriment lentement, dans le même exercice de tempérance que le nouvel embauché. « C’est comme ta manière de s’exprimer, peu commune. Un peu désuète, même. » Sans se douter de la nature de l’homme qui se tient face à elle, Morgane rétorque. « Tu verras que les gens ne parlent pas beaucoup de la manière dont tu le fais par ici. » Un instant, où Morgane sourit, en penchant la tête sur le côté, espiègle. « Chacun notre petite exc…excentricité, je suppose. » Un bégaiement, mal venu, qui vient gâcher le goût de sa propre répartie.

Professionnelle malgré tout, les explications de Morgane se poursuivent ensuite via l’ordinateur. De la manière d’éditer un billet à l’encaissement de l’entrée. Elle prend le temps qu’il lui faut pour détailler les quelques spécificités, rappelle qu’il n’y a pas besoin de frapper un ordinateur pour le faire marcher ; quelque chose que d’autres au musée peinent à comprendre.

« Tu m’as dit apprendre vite quand tu es concentré, alors ça ne devrait pas poser de problème. » Plus le temps passe, moins les paroles de Morgane sonnent agréable, tandis que Gautièr prend de plus en plus de place dans la conversation.

Son attitude, générale, se voulant pleine d’une volupté probablement européenne agace la jeune femme. Elle ne pourrait pas détailler ce qui la dérange à propose de Gautièr, hormis quelques détails qui lui traine en tête tandis que la conversation avance. Les mots qu’ils prononcent, la manière dont il les manie, sa verve insupportable, cette instance dans le regard, le malaise qui se dégage de l’échange.

Tandis que les rideaux de fer se lèvent automatiquement, actionnés depuis les bureaux, la dernière remarque de Gautièr fuse aux oreilles de Morgane. Le ton, plat, évoque un fait, un simple constat. La condescendance, à nouveau. La mathématicienne le sait bien, elle l’a elle-même fait, à travers le sarcasme. La question est prise comme une pique, bien plus violente qu’une remarque sarcastique ; une question baignée dans l’indifférence.

« C’est encore en cours de réflexion. » Le ton est froid, laisse transparaître la colère qui gronde dans ses entrailles. « Il y a plein de choses à faire, alors il vaut mieux être certaine de la direction que l’on veut se donner. » Elle toise du regard celui qui continue de se tenir droit, de la dominer d’une bonne tête. « Pour l’instant, c’est faire en sorte que tu ne perdes pas tes mots quand arriverons les premiers visiteurs. »

Dans cette situation, légèrement tendue, les portes se déverrouillent, inconscientes de la fustigation interne qui tiraille Morgane. Personne n’a l’horizon encore, mais d’ici quelques minutes, le hall sera un peu plus animé, de voyageurs en quête d’un peu de culture, ou d’un endroit pour éviter le froid du jour hivernal.

« Tu disais avoir été serveur avant, comment ça se fait que tu sois venu jusqu’à Shreveport du coup ? » La question est posée, sur un ton qui se veut à nouveau amical, mais qui ne dissimule que tant bien que mal le chaos interne de la jeune femme, bousculée dans ses habitudes par un élément perturbateur.  Morgane donnerait cher, à cet instant précis, pour ne pas avoir l’homme sous les yeux, pour l’écarter de ses pensées, ne pas avoir cet étrange envie d’en savoir plus, sur lui qui la malmène.

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Écouter les gens se taire."

◖◗ Homme du pays occitan, dans le Sud de la France. Né au cœur des Pyrénées aux sommets blanchis, entre le soleil et la rocaille du mois de juillet 1898.
◖◗ Loup-garou Bêta condamné à fuir famille et village, jeté sur les voies forestières d'un exil, des frontières d'Espagne aux vallées de Lozère. Voyageur infatigable, jusqu'au Nord de la France et la côte est américaine.
◖◗ Relation d'amour et de haine pour cette France ingrate. Son sang a coulé pour des généraux dont le pied n'a jamais foulé le no man's land de la Grande Guerre. Membre d'un réseau clandestin dans les années 40.
◖◗ Rêveur misanthrope à la philosophie d'un autre temps. Passe sans mal de l'empathie au jugement, de la tolérance au dégoût. Aide lorsqu'il le peut. Tue quand il le doit. Bestiole dans le crâne qui commandite d'étranges désirs.
◖◗ Homme à tout faire : capable de nettoyer les chiottes, de garder un musée, de balayer la rue ou de tenir une caisse. Prédilection pour les postes de serveur, aidé par ses hanches étroites et ses bras solides. Poste d'observation privilégié pour tous les comportements humains et non-humains.
◖◗ Rebut. Incapable de s'adapter pleinement à une meute. Chaque tentative se solde par un échec plus ou moins pénible. Solitaire, se protège derrière la barrière de mensonges qui résistent encore aux outrages du temps. Prétend n'être rien d'autre que la Bête du Gévaudan. S'en convainc parfois, ou bien d'être un descendant.
◖◗ A subi les affres du sang et de la rumeur capable de frapper tous les bourgs et hameaux des campagnes profondes. Accusé de crimes qu'il n'a pas commis. N'a jamais eu l'occasion de racheter son honneur parmi les siens.
◖◗ Amant de Mei Long, poupée chinoise de sang royal. La rencontre entre deux écorchés de la vie, entre deux psychés abîmées, vouées à toutes les folies et aux errances mortifères dans les bois du Maryland.
◖◗ Poursuivi par des flics qui n'ont pas pour habitude de lâcher prise. Connu des autorités américaines depuis les années 70. En cavale permanente. Passé maître dans l'art des identités plastiques, artificielles. Espère trouver à Shreveport l'abri de la dernière chance, en incorporant les rangs de la meute. Tueur de flics et de femmes. Traqueur traqué de Medea Comucci.
◖◗ Mélancolique. Dans ses bons jours, capable de déceler la beauté dissimulée derrière tous les aspects de l'existence. Amoureux d'Histoire et de littérature, lecteur infatigable de Camus et de Céline.
◖◗ Dérangeant. Par ses regards perçants, par ses paroles sans filtre, par ses rires grinçants : inadapté, mais sympathique, si son interlocuteur s'y prête.

◖BÊTE DU GÉVAUDAN◗

La rêverie est le clair de lune de la pensée.  S6v5sWR La rêverie est le clair de lune de la pensée.  N1Hqv8C La rêverie est le clair de lune de la pensée.  TlIINL9

"L'a pas tellement changé la France.
Passent les jours et les semaines,
Y'a qu'le décor qui évolue.
La mentalité est la même.
Tous des tocards, tous des faux culs."

Facultés : ◖◗ Faiseur d'histoires. Capable d'inventer mythes et récits sans effort. Charmant ou effrayant tour à tour. Se réinvente sans cesse, personnage protéiforme.
◖◗ Passé maître dans l'art de dissimuler un corps et d'en ôter la vie. Tous les moyens sont bons.
◖◗ Sait comment survivre face au froid, à la pluie, à la grisaille et à la brume, aux mers, aux monts et aux coups bas. Aux morsures, aux traîtrises, aux caresses, aux promesses.
Thème : Le Fleuve ◖◗ Noir Désir
La rêverie est le clair de lune de la pensée.  L4AOxKs
◖MINDHUNTER◗

La rêverie est le clair de lune de la pensée.  M70Ex1d La rêverie est le clair de lune de la pensée.  IfwWWwA La rêverie est le clair de lune de la pensée.  QeVIwzX

"Je vais les rues je vais les lieux où on ne m'attend pas. Ceux que je croise au fond des yeux, non, ne me voient pas. Je parle à des gens comme moi qui n'ont l'air de rien. Des esclaves en muselière qui n'en pensent pas moins."

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Mar 31 Aoû - 2:21 (#)


Genèse
Il reconnaît les marques de la distance. Il sent qu’il est dans le vrai. Qu’il a raison de croire que la petite humaine est maline, bien plus maline que beaucoup des gens de son âge. Malgré sa mauvaise humeur, peut-être même son mauvais caractère, sa posture et sa façon de mesurer certaines de ses réactions ou expressions l’avertissent d’un certain sens de la prudence que l’on n’expérimente que par la vie, la fréquentation de pairs plus âgés que soi, instruisant les règles de la bienséance, des codes, en fonction du cercle dans lequel on se trouve. Elle a été bien élevée, oui. En plus d’être instruite. Petite fille ira loin. Même si elle a des failles. Même si elle semble vive, trop vive – il peut sentir l’onde de colère qui bruit autour d’elle, même s’il ne devine pas sa nature de sorcière. Heureusement, le musée ouvre, la délivrant temporairement de cette posture presque trop affichée, cette défiance latente qui devra disparaître, maintenant que les premiers visiteurs s’en viennent. Quant à lui, les derniers restes d’appréhension l’ont déjà quitté. Il sait que tout se passera bien. Qu’il se plaira, ici. Que les touristes ne lui poseront pas la moindre difficulté. Tout en fixant l’horizon de l’entrée, sans plus la regarder elle (il n’en a pas besoin pour la voir), il a noté le bégaiement, la petite faille dans laquelle sa semelle a dérapé.

« Je sais que les gens n’ont plus l’habitude de parler sans mâcher les mots. Ce n’est pas grave. J’ai toujours fait ainsi. Pendant longtemps, personne n’était dérangé ni ne tiquait sur ce détail. Depuis quelque temps, on le remarque davantage. Ça ne me gêne pas. » L’époque, manque-t-il de siffler. Il ne poussera pas si loin la pique. Elle en a déjà encaissé visiblement trop pour son goût, et il se sent davantage l'envie de rester magnanime à son égard. « Je m’adapte au bon gré de mon interlocuteur. De toute façon, même si je le voulais, je serais incapable de moduler ma façon de parler. Surtout en anglais. J’ai mis un bon moment pour perdre l’essentiel de mon accent et me rendre un peu plus… compréhensible. » Le changement de continent, le déracinement presque forcé, le basculement dans le monde d’une idiome nouvelle, qu’il n’avait que si peu entendu, et jamais articulé… Tout cela avait contribué à forger cette période douloureuse, d’isolement dans les bois, le coupant du monde civilisé, et le rendant encore moins enclin à discipliner ses pulsions à l’égard d’une populace qu’il ne connaissait pas et dont il ne pouvait comprendre le réel sens des suppliques, pour les quelques-uns qui avaient péri entre ses doigts. L’apparition de Mei dans sa vie avait à la fois simplifié les choses, mais il lui avait fallu un bon moment avant que son cerveau n’accepte d’entendre l’état d’esprit nouveau qu’impliquait la langue de Shakespeare.  

« Cela aussi, ça t’agace ? Ma façon de parler ? » Ses iris obliquent dans sa direction. « Et pourquoi ? Parce que je t’évoque quelque chose de trop différent de ce que tu as l’habitude de côtoyer, toi ? Je ne réponds à aucune « interface » logique ? » Il ne peut pas s’en empêcher. Glisser par ailleurs du vocabulaire appartenant au registre de cette informatique avec laquelle elle le nargue est une occasion trop belle pour qu’il la laisse passer. « Oups. Désolé. Je ne vais pas te rendre de meilleure humeur, avec ça. » Il a presque envie de rire, ce qui en soi est un exploit. Il la voit comme un louveteau obligé de se soumettre aux caprices taquins d’un adulte, titillé et embêté, asticoté dans le but d’observer ses réflexes, de vérifier la santé de canines bien taillées, les roulé-boulé pour tenter d’échapper à une truffe affectueuse ou à un coup de patte pas méchant. « Bon. Pour te répondre, je suis venu à Shreveport pour pléthore de raisons différentes. Je suis un voyageur. Je bouge sans cesse, je ne me considère nulle part comme vraiment chez moi. J’ai laissé derrière moi certains éléments désagréables de mon existence que je compte bien oublier en Louisiane. Je n’y étais jamais venu, et je suis encore un peu déboussolé – le Sud des États-Unis ne ressemble à rien d’autre, et certainement pas au Nord d’où je viens, d’ailleurs. Et puis depuis le temps que j’entends parler de cette ville… ma curiosité a pris le pas sur mes doutes, je crois. Toi, en revanche, tu me sembles être une fille de la région, non ? » Un sourcil se hausse. « Tu portes un prénom français. Tes ancêtres en sont originaires ? » Tu portes presque le prénom de mon paternel.

« Et tant que je le peux encore… » Derniers moments de cette étrange intimité, de cette solitude partagée entre deux êtres foncièrement faits pour une mésentente pacifique mais pas désagréable. « Quel conseil une native donnerait-elle à un étranger dans mon genre ? Tous domaines confondus, bien sûr. »

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