Enfoncée dans le confort de mon fauteuil de bureau, le téléphone collé à l’oreille, je réponds à mon interlocuteur d’une voix douce, grave et presque ronronnante :
« Clara Sinclair ? » Un sourcil se fronce d’agacement avant d’entendre la suite de l’explication de l’homme à l’autre bout du fil. Un sourire mauvais s’étire alors sur mes lèvres avec un doux sentiment de victoire. D’un air convaincu, j’affirme : « Oh non, n’engagez surtout pas cette fille. C’était une véritable incapable à qui il fallait constamment tout réexpliquer. La pire assistante que j’ai connue. Vous feriez une grosse erreur en l’engageant. » Une réponse reconnaissante à l’autre bout de la ligne téléphonique, me remerciant de leur avoir évité de perdre leur temps avec quelqu’un comme ça. « Mais je vous en prie. Et veillez à prévenir vos collègues, qu’aucun d’entre eux n’ait à vivre ce que j’ai vécu. » Les mots sont accompagnés d’un éclat de rire complice. De nouveau, l’avocat me remercie et nous raccrochons tous deux après une salutation polie.
Clara Sinclair, la garce ingrate qui a osé démissionner alors que je lui avais offert un travail auprès de moi. Un travail qui aurait pu lui ouvrir des portes, mais elle a claqué celle de mon bureau en arguant que je suis quelqu’un de trop difficile. Cette idiote n’avait aucun goût du travail, une véritable honte. Et personne ne me quitte. Jamais. Il est hors de question que cette petite conne retrouve du travail dans cette ville avec un de mes confrères. Que sa vie professionnelle périsse. C’est un cadeau que je fais à la profession tout entière que d’extirper cette épine. Mais peu importe cette morue, j’en ai une autre à pêcher aujourd’hui.
Je jette un œil à l’heure qui défile mollement sur l’horloge murale. D’un geste vif je débloque mon portable en tapant le code et ouvre mes messages. L’un d’entre eux m’intéresse tout particulièrement, celui qui a convenu le rendez-vous qui ne saurait tarder. Un message envoyé il y a deux jours. Une photo de surveillance de qualité modeste suivie d’une autre plus curieuse d’une jeune femme à l’air renfrogné dans l’embrasure de sa porte d’entrée. Dans les deux cas ma déplorable cousine tient le premier rôle, pour changer un peu. Un message suit les deux photos : Je sais tout. Viens à mon bureau mercredi à 15 heures, sinon je dirai à mes nouveaux amis où te trouver et je leur demanderai de te ramener pour qu’on discute. Tu sais bien que je le ferai, mon petit bouquetin. Ce n’est pas signé, mais elle comprendra sans mal. Obtenir son numéro de téléphone personnel n’a rien eu de compliqué, après tout j’ai discuté avec tant de patrons de bars qui l'ont employée pour les dissuader de l’engager de nouveau que l’un d’entre eux a fini par me donner un moyen de la joindre. La vue des photos dessine un sourire mauvais sur mon visage. Leur apparition a été une formidable surprise. Je dois être bénie pour qu’une telle opportunité me soit offerte. Une opportunité qui a pris la forme d’une dame d’un certain âge à l’air austère, aux cheveux marbrés de blancs, tirés en un chignon strict qui est venue frapper à ma porte en compagnie d’hommes divers, certains patibulaires, d’autres à l’air nerveux. Un petit groupe atypique et disgracieux que j’ai rechigné à avoir dans mon si beau bureau, mais qui m’ont apporté beaucoup. Au début ils étaient distants, presque défiants. La dame m’a demandé si ma réputation de Chicago était surfaite et mes affiches mensongères. Je lui ai assuré que ma seule préoccupation était de défendre les intérêts des humains face à toutes ces créatures qui se meuvent parmi nous – car tel était bien sa question sous-jacente. Cette réponse ne lui arracha qu’un tressautement de la commissure de sa bouche fine et marquée par le temps. Un assentiment noyé dans de la méfiance. La discussion s’est étirée et j’ai peu à peu gagné leur confiance, comme toujours. Avant même qu’ils ne l’avouent, j’ai bien compris qu’il s’agissait d’un attroupement farouchement opposé aux CESS et ayant des exactions qui pourraient nécessiter l’aide d’un avocat. Un long rendez-vous où, à demi-mots, j’apprends que leur but est également de protéger les humains des monstres et de leurs complices. Ce n’est qu’une fois que j’accepte officiellement d’être leur avocate qu’enfin ils m’apprennent certains évènements – hypothétiques, bien entendus, nul ne saurait affirmer des choses illégales même sous le couvert du secret professionnel. Une embuscade, une fusillade, une photo, une femme et une bombe à l’acide. Hypothétiquement. Un récit des plus improbable et une surprise que je peine à leur cacher aux vues de la personne impliquée dans la fusillade qui a tout déclenché. Un sourire mutin. Ils ne veulent pas que ces histoires s’ébruitent, mais ils désirent prendre leurs précautions, sachant pertinemment que même si leurs actions sont légitimes, elles demeurent illégales. Bien sûr que je peux vous aider si jamais ces affaires éclatent au grand jour, mais vous devez m’envoyer ces photos. Ils finissent par céder face à quelques arguments qui n’ont que pour but de me permettre d’obtenir ce graal d’images à charges. Un rendez-vous efficace qui m’a permis d’obtenir un gros client qui renfloue les caisses et qui m’offre une opportunité sans égale pour récupérer le contrôle sur ma cousine. Je suis forcément bénie.
Les cliquetis de l’horloge rythment les secondes qui s’égrènent tandis que je reverrouille mon téléphone et le repose sur le bois massif de mon bureau. Je trépigne comme une gamine un soir de Noël. D’un instant à l’autre mon petit pantin va rentrer dans mon antre pour que je puisse tirer ses ficelles. Je m’amuse à l’imaginer inquiète, dépitée et chagrine, ou bien à l’inverse défiante, sur ses gardes, en colère pour masquer sa peur. J’ignore lequel de ces deux cas me remplierait le plus de joie. La résignation est savoureuse, la révolte est un bonheur à briser. Sans cesse, j'anticipe avec bonheur notre entrevue, tapotant mes doigts sur le bois massif, dans mon grand bureau vide et silencieux, sans plus aucun bruit parasite depuis que le siège de mon assistante est vide. L’atmosphère silencieuse est seulement dérangée par les bruits de l’horloge et le calme du lieux contraste avec le vacarme de mon impatience. Je n’attends que toi, cousine. J’ai tellement hâte. Et si tu ne viens pas, ce ne sera que plus drôle, car je mets toujours mes menaces à exécution.
Heidi Janowski
Propriété d'Eli-chan & Caprisun (enfin consommé) de Shreveport
NE M'OUBLIE PAS
En un mot : TROUBLE
Qui es-tu ? :
≡ Humaine de 25 automnes, beaucoup moins dans sa tête
≡ (ex(ex))Trompettiste professionnelle autoproclamée
≡ Marquée de la Reine d'AA, miss Elinor Lanuit elle-même
≡ Cousine de la démoniaque experte en chantage, Anna "la s****e" Janowski
≡ Mordue au littéral comme au figuré
Facultés : ≡ Surnaturellement agaçante
≡ Maîtresse du sarcasme et de l'ironie
≡ Balbutiements du tout premier niveau de Présence vampirique tout fraichement héritée
Dance for me, Monkey L'antre du diable, hiver 2021 ft. Anna Janowski
M
ercredi, quinze heures. Tu es descendue du bus et tu as parcouru l’avenue jusqu’au bâtiment qui abrite ta cousine. Il semble tout à fait normal, ce qui te surprend ironiquement. Tu t’attendais à trouver un vieux manoir hanté aux vitres brisées et aux murs recouverts de vignes mortes. Ça lui serait beaucoup mieux allé. Tu es arrivée devant la bonne porte, la plaque estampillée au nom de la garce maléfique que renferme la pièce ne laisse aucune place au doute.
Le bourdonnement discret de ton téléphone vibrant sur ta table de nuit te sort de ta lecture. Tu détournes les yeux de ton manuel de comptabilité pour jeter un œil sur l’écran encore allumé : trois nouveaux messages, d’un numéro inconnu. Tu fronces les sourcils un instant, perplexe. Finalement, tu te décides à déverrouiller ton téléphone. Tout ton corps se tend alors que tu es prise d’un violent vertige en reconnaissant immédiatement les deux photos qui s’imposent à ta vue. Trois petits messages auront suffi à perturber la paix relative qui s’était installée dans ta vie. Une paix bâtie au prix de nombreux sacrifices et d’efforts colossaux et qui aujourd’hui menace de d’effondrer. A peine quelques lignes sur un écran de téléphone qu’il aurait pourtant été si simple d’ignorer. A peine quelques mots qu’il aurait mieux valu ne simplement pas comprendre. Deux photos qu’il aurait été si simple de ne pas regarder. Un simple geste, un simple coup d’œil, c’est tout ce qu’il aura fallu pour à nouveau penser tout perdre. Le numéro est inconnu mais aucun doute n’est permis quant à sa propriétaire. Anna, effroyable salope dont la vaste étendue de cendres froides et stériles qui lui tient lieu de cœur ne trouve de chaleur qu’en observant la souffrance gratuite qu’elle cause sans jamais se lasser. Malheureusement, ce nom est trop long pour ton répertoire, alors tu te contenteras de ne simplement pas l’enregistrer. Je sais tout, dit-elle en ne retenant que ce qui lui permettra de te faire chanter. Sait-elle au moins qui a pris ces photos ? Sait-elle ce qui est advenu de ceux qui ont approché trop près de toi ce soir-là ? L’image de cet anonyme crucifié contre un mur de briques sales te revient en tête et ses cris d’agonie percent à nouveau tes tympans tandis que ton visage reste indifférent dans la pénombre de ton appartement. Elle ne sait pas qu’elle s’aventure sur un terrain dangereux, même pour elle. Ou peut-être le sait elle, auquel cas sa mégalomanie a pris l’ascendant sur sa raison et précipitera sa chute.
La question se pose alors de savoir si tu vas répondre à son invitation. Tu la connais. Tu sais que si elle t’a contactée, c’est qu’elle ne bluffe pas. Tu n’as aucun doute sur le fait qu’elle mettra à exécution ses menaces, et tu devras alors déménager à nouveau, vivre cachée jusqu’à ce qu’elle se lasse de te chasser. Elle mettra à tes trousses tous les dégénérés de l’état et tu n’auras plus d’autre choix que de fuir à nouveau et faire une croix sur l’avenir optimiste auquel tu aspires, et ça il en est hors de question. Quel autre choix s’offre alors à toi, si ce n’est de faire ce qu’elle te demande ? Aveu de faiblesse ? Non, au contraire, c’est le premier pas vers la mutinerie face à la seule personne envers qui tu ne t’es jamais rebellée. La chose n’est pourtant pas aussi simple. Tu es terrifiée ; malgré tout ce travail que tu as fait sur toi, tu restes morte de peur à l’idée qu’elle puisse encore te faire chanter comme elle a pu le faire pendant toutes ces années.
Tu prends une grande inspiration, du genre qui se veut décisive, marquant un point final à ces deux jours de calvaire. Tu saisis fermement la poignée de la porte et, sans t’annoncer, l’ouvres en grand. D’un seul pas affirmé, tu pénètres enfin dans le repère du diable. Le menton haut et le port altier, tu la dévisages d’un air sévère, elle et son sourire d’ores et déjà insupportable. Les bras croisés sur ta silhouette élancée et drapée de noir, tu laisses quelques secondes passer avant d’enfin percer le silence d’un ton ferme et presque autoritaire.
« Qu’est-ce que tu veux ? »
CODAGE PAR JFB / Contry.
Anna Janowski
Your soul is mine
The Greatest
En un mot : Perfection démoniaque
Qui es-tu ? : - Avocate vedette anti-CESS
- Ambition dévorante
- Démone qui se découvre
- Tortionnaire de la misérable petite Heidi
Facultés : Engeance d'Ishtar
Don de magnétisme conférant un charisme hors du commun
Un pied qui bat la mesure d’impatience, au rythme effréné des diverses manigances qui emplissent mes rêveries. Les secondes s’égrènement, semblant mettre une éternité à atteindre l’heure fatidique. N’y tenant plus, comme une gamine qui ne sait contenir sa hâte, je délaisse mon bureau. D’un geste souple, je décroise mes jambes et le parquet accueille quelques claquements de talons à mesure où mes pas me portent à travers mon bureau jusque dans l’entrée où se situe l’accueil. Un couloir pas très large mais suffisant, donnant sur trois portes distinctes, l’une étant mon bureau, la seconde une petite salle d’attente confortable et élégante et la dernière, la plus proche du bureau de ma secrétaire, les commodités. A vrai dire il s’agit d’un ancien appartement modeste, quoi que de très bon gout, transformé en cabinet d’avocat par le précédent locataire. Quand les affaires tourneront mieux je déménagerai dans un lieu plus grand afin d’étendre mon empire. Je m’appuie sur le bureau trônant dans l’entrée, fixant la porte avec un sourire que je ne saurais faire mourir. Mes mains ne tiennent pas en place, lissant inlassablement ma robe, trahissant mon enthousiasme à l’idée d’avoir de nouveau la main mise sur mon jouet préféré. Et enfin, l’arrivée tant attendue. Mon petit pantin rentre avec détermination et hargne tandis que je lui offre un sourire amusé et ravi. Les secondes s’étirent et enfin elle brise le silence, réclamant des réponses sans préambule. Ma mine se froisse d’un air faussement contrarié.
« Voyons mon petit bouquetin, tu ne connais même pas les règles les plus basiques de la politesse ? » Je prends une petite voix chantante comme celle que l’on utiliserait pour parler à un très jeune enfant qui ne comprend pas bien les choses : « Il faut toquer avant d’entrer et dire bonjour aux gens. » Pendant une seconde j’envisage la possibilité de la faire sortir et la forcer à toquer à la porte et d’attendre l’autorisation d’entrer comme une gentille fille, mais j’ai bien trop hâte de la suite pour ça. Il ne fait pourtant aucun doute que l’on y viendra si elle ne se comporte pas correctement. Je reprends une voix normale pour enchainer. « Tu es vraiment très décevante, Heidi. Je m’attendais à bien mieux, mais il faut croire que je me faisais des illusions en pensant que tu pouvais être une personne décente. Ne t’en fais pas, on travaillera dessus ensemble. Mais plus tard.» D’un vaste geste théâtral je lui désigne la porte de mon bureau. « Veux-tu bien me suivre pour que l’on puisse discuter comme des gens civilisés ? »
Il s’agit plus d’un ordre que d’une demande. Sans attendre sa réponse j’ouvre la marche en refaisant le trajet dans l’autre sens. Les bruits de ses pas font comme des écho sourds et balourds aux miens tandis que nous traversons la pièce. Je me réinstalle dans mon fauteuil dodu et lui indique les sièges présents de l’autre côté du bureau. J’attends qu’elle s’installe et en profite pour saisir mon téléphone portable et y fais apparaitre les textos qui nous ont conduit ici aujourd’hui. Je lui indique les photos incriminantes.
« Tu as l’air d’avoir des soirées pour le moins… intéressantes. » C’est un mot bien doux pour qualifier les quelques évènements qui m’ont été contés. « Pour commencer, je veux que tu me racontes ce qu’il s’est passé. Et n’oublie pas que je sais déjà certaines choses alors ne t’avises pas de me mentir. Ça me contrarierait beaucoup, et tu sais bien comment je suis quand je suis contrariée. » Je lui offre un regard entendu. « Après ça, je te dirai ce que j’attends de toi. Et si tu ne m’apportes pas pleinement satisfaction alors je pourrais dire à tes amis qui m’ont donné ces photos où te trouver. Ou bien les envoyer à la police. Si tu n’es pas assez rigoureuse pour répondre à mes demandes, peut-être que la prison t’apprendra à être plus sérieuse. » Je repose mon téléphone et me recule dans mon siège le dos droit et les mains sur les accoudoirs, en la toisant d’un air victorieux. « Alors ? J’attends. »
Et je ne suis pas quelqu’un de patient.
Heidi Janowski
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E
lle était là. Elle t’attendait, impatiente comme une gamine le soir de Noël sachant depuis des jours ce qui se trouve sous le sapin. Cette gamine ne croit pas au père Noël. Elle croit seulement en la force de ses caprices et en sa capacité à faire du monde un enfer s’il ne se tord pas pour épouser la forme de son petit paradis personnel. C’est une morveuse pourrie-gâtée née avec assez de cuillères en argent dans la bouche pour nourrir un pays du tiers monde. Et ainsi, elle te répond. Tu ne sais pas ce que tu avais espéré – peut-être qu’elle ait miraculeusement perdu l’usage de sa voix dans la nuit – mais te voilà déçue. Tu savais à quoi t’attendre en franchissant le pas de cette porte, et tu te veux indifférente à toutes les remarques qu’elle pourrait bien trouver à propos du moindre de tes geste. Tu as fini par comprendre que peu importe ce que tu feras et la manière dont tu le feras, elle trouvera un moyen d’être au mieux désobligeante, et au pire terriblement blessante. Le seul moyen de parer à cela est de réduire l’importance de ses affabulations à celle du bourdonnement irritant d’un moucheron dans une salle de bain. Malheureusement, tu n’as pas encore atteint ce niveau de détachement vis-à-vis de ta cousine, et non loin de te faire grincer des dents, l’agacement qu’elle provoque commence déjà à vouloir percer le flegme britannique que tu tentes tant bien que mal d’imiter. Sans dire un mot, tu te contentes de la fixer, dans l’espoir qu’elle en vienne rapidement au fait. Les gens civilisés ne traitent pas les autres de bouquetins, ni ne les font chanter pour le seul plaisir de les voir obéir à leurs injonctions les plus insensées. Cependant, tu doutes du fait qu’Anna ait un jour eu autre ambition que créer sa propre civilisation.
Tu finis par la suivre d’un pas volontairement lent alors qu’elle se presse de gagner son bureau. Oh, tu n’as pas envie que cette parodie d’entretient ne s’éternise, mais tu sais qu’elle a horreur d’attendre et tu tiens à répondre à ses coups, mais de manière plus subtile qu’elle. Tu arrives finalement toi aussi devant son bureau et, toujours sans prononcer le moindre mot, tires une des chaises qui lui font face pour t’asseoir dessus. Le dos droit et le regard cherchant à percer le regard d’hermine de ta cousine, tu croises les jambes et les bras alors qu’elle se remet à déblatérer, cette fois-ci sur les raisons qui l’ont poussée à te faire venir jusqu’ici. Le souvenir de cette soirée et de ses conséquences fait briller tes yeux clairs d’un éclat froid. Tu pensais cette affaire derrière toi, derrière vous, mais c’était sans compter sur elle et se vilaine manie de plonger les mains dans la merde des autres. Assez ironique pour quelqu’un qui prend plus soin de sa manucure que de sa propre famille. Là encore, tu laisses volontairement s’écouler un bref moment de silence, à peine assez long pour l’agacer et finalement lui couper la parole si elle s’avisait de te faire une seconde remarque. Tu finis par répondre d’une voix monocorde mais pas dénuée d’assurance. Pour l’instant, tu ne vacilles pas.
« Dois-je comprendre que tu ne sais donc pas tout comme tu me l’as si poliment dit dans ton message ? »
Un léger rictus arrogant se bat pour gagner le coin de tes lèvres en écho à celui de ta cousine, mais tu parviens à le réprimer en poursuivant ton discours. Tu te redresses encore un peu et hausse subtilement le menton pour conserver un port altier qui jusque récemment n’était l’apanage que de la garce qui te fait face.
« Je suis musicienne, Anna. Ce soir-là, mon employeuse me ramenait chez moi après le travail. C’est là que j’ai fait la rencontre de tes amis, qui ont provoqué un terrible accident et nous ont poursuivies jusque dans une vieille usine où nous nous sommes cachées. J’ai même entendu dire qu’ils y ont mis le feu pour tenter de nous piéger à l’intérieur. Par miracle, nous avons réussi à fuir. »
Tu n’as pas décroché ton regard du sien un seul instant, et tu n’as pas non plus hésité sur le moindre mot de ta réponse. Selon ses informations, il devrait être difficile pour elle de démêler le vrai du faux de ta réponse, mais tu ne lui laisses pas le temps d’y songer outre mesure.
« Maintenant, puisque tu sembles les connaître, est-ce que tu pourrais me dire pourquoi ces gens que je n’avais jamais vus de ma vie ont tenté de nous assassiner ce soir-là ? Et pourquoi ils ont saccagé mon appartement et envoyé ma colocataire à l’hôpital ? »
Ta mâchoire se serre légèrement et la peau de ton cou se tend subtilement devant l’énervement soudain qui te gagne et que tu tentes de maîtriser instantanément. Tu connais la réponse à ces questions, si bien qu’elle est la raison pour laquelle tu étais dans cette voiture ce soir-là, mais il n’y a aucun moyen qu’elle, en revanche, ne puisse soupçonner tes ambitions nocturnes. Tu te retiens de rajouter une remarque impertinente. Ton calme apparent se doit d’être une provocation suffisante. C’est le seul moyen que tu as pour l’heure de ne pas la laisser gagner.
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Elle s’assoit docilement et laisse trainer en longueur un silence inutile, comme un petit défi puéril et désespéré, avant de finalement répondre. Oh, stupide cousine qui ne fait pas la différence entre la demande d’informations et la vérification d’informations. Je ne peux pas m’attendre à ce que mes nouveaux clients m’aient tout raconté, tout comme je ne peux espérer que ma triste interlocutrice me dise l’entière vérité à présent mais les deux versions donneront une image plus riche. Le résumé est minimal à l’image d’un corps sans organes, le tout tient debout mais n’a aucune substance. Elle a changé, en dix ans. Elle ne tremble plus en ne pensant qu’à une fuite salutaire, ancrée dans sa chaise comme une adulte stable que je ne demande qu’à voir vaciller de nouveau. Ses questions s’élèvent au rythme où sa colère commence à transparaitre et j’agite ma main pour les chasser comme on le ferait avec une mouche entêtée.
« Ne soit pas paranoïaque. Tu as déjà suffisamment de défauts comme ça. Si tu étais aussi innocente que ce que tu sous-entends, tu serais allée voir la police. Venons-en plutôt à ce que je veux pour conserver discrètement ces photos. »
Un délicat sourire fleurit sur mon visage et je laisse le silence s’étirer entre nous comme elle le fit précédemment. Je prends une inspiration relâchée en soupire, faisant trainer en longueur cet instant, tant pour le savourer que pour donner un poids quelque peu dramatique aux paroles suivantes. Mon regard se perd un instant, s’accrochant aux quelques objets épars sur mon bureau et revient vers elle avec l’air le plus attentionné qui soit. Un jeu digne d’une comédienne parce que c’est bien ce qui se joue ici, une vaste scène théâtrale qui n’a que pour but de me distraire au mieux.
« Tu sais Heidi, malgré tout ce que tu crois je veux sincèrement que tu aies une meilleure vie. Je suis ravie de voir qu’enfin tu as abandonné tes velléités de concerts stupides. » Je porte une main sur ma poitrine au niveau du cœur comme si cette nouvelle était une véritable bénédiction, quand bien même j’en suis en grande partie responsable. « Aussi, maintenant que tu commences à retourner dans le droit chemin, je veux t’aider. » Je marque une pause inutile en fixant mon regard emplit de pitié dans le sien. « Comme tu as pu le remarquer le bureau de l’accueil est vide en ce moment, alors je pensais que je pourrais t’offrir ce poste. » Un nouveau silence pour la laisser comprendre la proposition. Je m’agite dans mon fauteuil, comme si je réfléchissais à quelque chose que, pourtant, j’ai déjà bien établi avant son arrivée. « Evidemment, comme il s’agit presque d’un cadeau de ma part et que tu n’as pas les qualifications les plus basique, le salaire sera abaissé par rapport aux autres qui sont plus méritantes. Tu sais, mes précédentes assistantes avaient fait des études, alors si je te paye autant qu’elles se serait se moquer du système d’éducation et je ne veux pas ça. » Ma phrase est ponctuée d’un regard réprobateur, comme si cette idée même touchait à la plus grande des injustices de ce monde. D’un air chagriné, j’ajoute avant qu’elle n’ait pu souffler un mot : « Bien entendu, si tu déclines mon offre, je ne pourrais qu’en conclure que n’est pas décidée à remettre ta vie sur les rails, alors je serais contrainte et forcée de remettre ces photos à qui de droit pour qu’une intervention plus musclée te remette sur le droit chemin. Plus j’y pense et plus je me dis que la prison pourrait être formateur pour une gamine perdue. Et je ne pense pas que ta petite histoire sur le fait d’avoir été attaquée on ne sait ni par qui ni pourquoi tienne vraiment devant des policiers. »
Mon monologue se termine enfin et je guette la moindre de ses réactions tandis qu’elle assimile la nouvelle. Vas-tu rester et accepter mes exigences ? Vas-tu te lever en furie et partir, préférant la prison à ma personne ? Cette nouvelle Heidi plus vieille m’intrigue et je veux découvrir toutes ces choses qui ont changées et ses nouvelles limites. Ce qui serait à même de la faire plier, puis céder. D’éroder ses espoirs et de peu à peu grignoter cette nouvelle assurance. J’ai hâte de voir jusqu’où il va falloir creuser pour faire rejaillir la petite Heidi effrayée. Combien de temps avant que cette belle confiance ne commence à craqueler pour révéler le petit être pitoyable qui reste tapie dans les tréfonds de son âme brisée.
« Alors voilà ton choix, ma très chère cousine. Soit, tu travailles pour moi en remplissant toutes mes exigences, soit je contacte la police. »
Les mains croisées sur mon bureau, je la fixe droit dans les yeux de mon regard pétillant. Dans tous les cas je serais comblée. Si elle choisit de travailler pour moi, je gagne et j'aurais mon petit jouet sous mon emprise. Si elle choisit la prison, elle perd et je me ferais une joie d'aller la voir pour jubiler. Un choix parfait pour lequel j’aimerais la voir se tortiller et se débattre, quand bien même sa nouvelle fierté la pousserait à se montrer catégorique et sans hésitation. Une fierté qui finira par se briser, à coup sûr.
Heidi Janowski
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Dance for me, Monkey L'antre du diable, hiver 2021 ft. Anna Janowski
S
on chantage vient de changer d’objet, s’en rend-elle au moins compte ? Qu’elle fasse fuiter les photos, tu t’en fiches bien. Il n’y a rien dessus qui puisse t’incriminer aux yeux de la loi, si ce n’est le contraire. A-t-on bien le droit d’utiliser ce genre d’images prises à ton insu ? Et de toutes façons, ceux qu’elles intéressent réellement les ont d’ores et déjà en leur possession. Stoïque, tu attends alors qu’elle déballe les vraies raisons de ta présence en ces lieux. Tout ce qu’elle raconte autour n’est qu’un emballage stérile et uniquement destiné à flatter son ego pour mieux amener le cadeau empoisonné qu’elle te réserve ; celui-ci ne tarde pas à tomber au pied d’un sapin aux épines perfides. Tu serres encore un instant subtilement la mâchoire en l’entendant mentionner ta vie de musicienne, celle qu’elle s’est amusée à gâcher comme on pique sa sucette à un enfant. Oh, tu lui en veux, terriblement même, et tu es loin d’avoir oublié ton désir de vengeance mais celui-ci devra attendre le moment opportun où tu pourras faire s’écrouler toute sa vie sans lui laisser le moindre espoir de sortir de sous les décombres.
Enfin, après un monologue bien trop long à ton goût, elle révèle la véritable idée qui l’a motivée à te faire venir. Non loin d’écarquiller les yeux, tu hausses un sourcil presque inquisiteur en suspectant une nouvelle moquerie. Elle a pourtant l’air tout à fait sérieuse… Se pourrait-il qu’elle le soit réellement ? Elle poursuit alors à expliquer ses fausses raisons, simples idées malsaines enveloppées d’un verni de bienveillance bon marché. A quoi peut-il bien servir, d’ailleurs ? Dans cette pièce, il n’y a qu’elle et toi, et l’une comme l’autre savez pertinemment que toutes les belles intentions qu’elle invoque n’ont strictement rien de sincère. A vrai dire, tu ne sais même pas si ta cousine est capable de sincérité ; même devant les âmes qu’elle torture pour son bon plaisir, elle ne peut s’empêcher d’être fausse. Silencieuse et immobile, tu la regardes achever sa pitoyable comédie à laquelle personne ne croit. Une marée de menaces qui fouettent ton visage comme les vagues se brisent contre des rochers impassibles lors d’une journée sans soleil. Comme ces rochers, tu encaisses. Tu ne bouges pas mais tu t’érodes.
A nouveau, tu laisses un long silence planner dans l’air mauvais de la pièce. Tu plains un instant les murs, condamnés à subir jour après jour la gangrène qu’ils renferment sans aucun moyen d’y échapper. Calmement, tu finis par ouvrir la bouche pour répondre à son ultimatum.
« Anna. Je n’irai pas en prison. Pour quels motifs on m’y enverrait, hein ? Tout ce que tu as, ce sont deux pauvres photos. Tu crois être la seule à avoir des images ? »
Les yeux rivés dans les siens, froids et sévères, tu bluffes. Ta rancœur t’aide à garder un visage dur et à ne pas lui laisser le moindre indice de ton mensonge. Elle ne sait clairement pas de quoi elle parle, de tous les tenants et les aboutissants de cette affaire. Sa tentative d’intimidation est un échec. Si tu le voulais, tu pourrais partir immédiatement et demander à Elinor de prendre des mesures pour assurer ta sécurité. Pourtant, quelque chose te fait rester ; une sorte d’intuition étrange qui murmure à ton oreille de prendre quelques instants pour réfléchir à son offre.
Malheureusement pour elle, tu as vu Le Parrain 2. Sois proche de tes amis, et encore plus de tes ennemis. N’est-ce pas là la parfaite occasion de l’observer ? D’épier ses habitudes et dévoiler ses secrets ? En contrepartie, tu devras sans doute subir ses caprices et ses humiliations quotidiennes ; elle tentera sans doute de te piéger, de briser l’estime que tu as forgé durant cette dernière année à grands renforts de tâches impossibles et d’invectives malveillantes. Le jeu en vaut-il vraiment la chandelle ? Si tu travailles pour elle, tu devras être exemplaire. Tu devras apprendre à gérer tes responsabilités comme les siennes, apprendre à garder ton calme en toutes circonstances, apprendre à faire illusion tout en conspirant en secret. Si tu travailles pour elle, tu auras un vrai contrat, une preuve tangible que tu as réussi à valider une mission supplémentaire de ta liste. Tu fermes un court instant tes yeux de jades et pousses un long soupir. L’apprentissage commence donc maintenant.
« Mais j’imagine que tu as raison. Il était temps que je trouve un vrai métier. »
Il t’en coûte beaucoup de dire cela, mais tu gardes en tête toutes les raisons que te poussent à prononcer ta phrase suivante pour ne pas flancher.
« J’accepte ton offre, très chère cousine. »
Tu lui offres un sourire faux et volontairement hypocrite avant de reprendre ton masque de marbre. Ton palpitant bat à tout rompre mais tu ne lui en donnes aucun indice. Tu hausses cependant un peu le menton pour indiquer que tu n’as pas terminé.
« J’accepte, mais je veux signer un contrat. Pour faire les choses correctement, repartir sur de bons rails, tu vois. »
CODAGE PAR JFB / Contry.
Anna Janowski
Your soul is mine
The Greatest
En un mot : Perfection démoniaque
Qui es-tu ? : - Avocate vedette anti-CESS
- Ambition dévorante
- Démone qui se découvre
- Tortionnaire de la misérable petite Heidi
Facultés : Engeance d'Ishtar
Don de magnétisme conférant un charisme hors du commun
Elle réagit peu à tous mes palabres. Est-elle enfin devenue maîtresse d’elle-même et de ses réactions ou bien est-elle tétanisée ? Les signes et indices manquent. Le petite fille enflammée et fuyante a laissé place à une statue glacée sans saveur. Je veux t’extirper des réactions, cousine, je ne souhaite que voir ton désarroi, ne peux-tu même pas faire ça pour moi alors qu’il s’agit de ta seule utilité dans ce monde ? Je retiens un soupir bien trop honnête face à cette situation tandis qu’elle me reprend sur mes intentions.
« Parce que tu penses vraiment qu’il s’agit là de tout ce dont je dispose, pauvre bécasse ? » Une question purement rhétorique n’attendant aucune réponse assortie d’un regard réprobateur et méprisant comme un de ceux qu’on lancerait à un enfant ayant dit quelque chose de particulièrement stupide. Mon impatience face à son inaction transparait dans ma voix, mais pourrait aussi se justifier par ses doutes sur mes compétences. Je me ressaisis pour reprendre d’une voix chantante et hautaine : « La loi c’est mon terrain de jeu. Ne doute pas que je sache constituer des dossiers solides. »
Malgré tout elle demeure stable sur ses appuis, sans vacillement visible bien que mon regard perçant ne recherche que les craquelures qui pourraient apparaitre. Intéressant. Mon petit jouet a été transfiguré par les années que nous avons perdues. Nos retrouvailles ont dû être un choc dans son armure, mais elle semble bien plus préparée à cette entrevue qu’elle ne l’était lors de ma surprise à son petit concert miteux. Le silence s’étire tandis que des rouages rouillés semblent s’activer dans son petit cerveau pour traiter les nouvelles informations. Puis finalement une réponse, inattendue, presque incongrue au milieu de tout ce que j’ai pu imaginer. Tu as raison. Une reddition soudaine et totale. Des mots que je n’ai jamais entendu de sa bouche, me semble-t-il. Un battement de paupières lent masque ma surprise alors qu’elle enchaine sur la même lancée. Et puis finalement un sourire fleurit sur mon visage malgré une victoire trop facile. Je me console en me disant qu’il ne s’agit que du début d’un massacre des plus grandiloquent.
« Formidable, je vois que tu finis enfin par faire des choses intelligentes. Heureusement que je suis venue te voir à ce concert l’autre fois, sinon qui sait où tu aurais fini. » Je secoue la tête, avec cette attitude montrant à quel point je considérais son petit passe-temps qu’elle voyait comme une carrière comme étant une chose risible. « Bien entendu que tu auras un contrat. Je ne fais pas les choses dans l’illégalité. Je te préparerai tout ça sur la base de ceux de mes anciennes assistantes. En un peu modifié bien entendu. Après tout ce temps passé à ne rien faire, il faut bien que je te donne un cadre plus strict pour éviter que tu fasses n’importe quoi. Et puis vu tes faibles compétences il faudra bien que je t’apprenne à faire les choses correctement, mêmes les plus basiques. » Un soupir exaspéré m’échappe assorti d’un air faussement contrit. « Mais je peux bien faire ça pour toi, même si te faire quitter ton inutilité empiète sur mon temps précieux. Quelle chance tu as de m’avoir, tout de même. » Et quelle image cela m’offre, la bonne âme qui engage sa pauvre cousine dans un cabinet prestigieux pour l’aider et la sortir d’une situation difficile. Il faudra que je pense à poster cela sur Instagram, ma communauté apprécie quand on met la famille au centre de ses priorités. Laissant cette idée dans un coin de mon esprit, je prends : « Tes tâches seront celles que l’on attend d’une assistante : répondre au téléphone, aller chercher mon café, ma nourriture, mon pressing, accueillir les clients, imprimer mes dossiers. Et pour ça il faudra que tu sois bien plus présentable que… ça. » D’un vague geste je la désigne tout entière. « J’ai une réputation à tenir et je ne veux pas que tu la ternisses avec cette image négligée. N’oublie pas que si je n’obtiens pas une pleine satisfaction je considérerai notre accord comme nul et non avenue et je n’hésiterai pas à transmettre mon dossier à la police. » Cette remarque s’accompagne d’un regard sans équivoque quant aux sérieux de ma menace. J’ai peut-être tendance à me laisser emporter dans mes distractions mais je ne laisserai jamais mes travers mettre à mal mon business, même si ça veut dire me priver de mon petit pantin. Sur un ton plus détaché et méprisant, j’enchaine : « Et bien sûr j’imagine qu’il va même falloir t’apprendre à être aimable et polie avec les clients. Ça n’a pas vraiment l’air d’être dans ta nature. Estime toi quand même heureuse que je sois généreuse au point de te proposer un vrai emploie, j’aurais sans doute mieux fait de te proposer un stage vu tout ce que tu as à apprendre. Ma bonté me perdra. »
Au fil de mes parôles je m’étais de plus en plus penchée sur mon bureau, comme un chat ne pouvant s’empêcher de s’approcher de cette souris dodue qu’il rêve de croquer. Je me redresse sans hâte dans une posture professionnelle, les mains croisées sur le bureau qui nous sépare, mes yeux fixés dans les siens.
« Est-ce que tu as des questions ? »
Heidi Janowski
Propriété d'Eli-chan & Caprisun (enfin consommé) de Shreveport
NE M'OUBLIE PAS
En un mot : TROUBLE
Qui es-tu ? :
≡ Humaine de 25 automnes, beaucoup moins dans sa tête
≡ (ex(ex))Trompettiste professionnelle autoproclamée
≡ Marquée de la Reine d'AA, miss Elinor Lanuit elle-même
≡ Cousine de la démoniaque experte en chantage, Anna "la s****e" Janowski
≡ Mordue au littéral comme au figuré
Facultés : ≡ Surnaturellement agaçante
≡ Maîtresse du sarcasme et de l'ironie
≡ Balbutiements du tout premier niveau de Présence vampirique tout fraichement héritée
Dance for me, Monkey L'antre du diable, hiver 2021 ft. Anna Janowski
T
out chez elle respire la suffisance et le dédain. Ta cousine suinte le mépris et le dégoût par tous les pores de sa peau, comme si sa bouche était un égout duquel se déversait les pires immondices que l’on soit capable d’imaginer.
Tu l’entends parler mais tu ne l’écoutes plus vraiment. A quoi bon, puisque ses mots ne sont que des piques lancées dans le seul but de blesser et de se repaître de ton sang mélangé à tes larmes. C’est une vraie vampire, en un sens. Une vampire métaphorique, d’une espèce cousine et bâtarde de celle que tu connais. Une créature à la noblesse usurpée et autoproclamée, passée maîtresse d’une illusion aussi grotesque qu’efficace et dont le monde n’a pas encore commencé à se méfier seulement parce qu’il la juge inoffensive sous ses airs de miss Amérique. Pourtant, es-tu bien sûre d’être aussi détachée que tu aimerais le prétendre ? Es-tu absolument certaine que ses mots ricochent en totalité sur ton armure de flegme ? Comment devient-on si résistante en si peu de temps ? La réponse est simple : on ne le devient pas. Le masque commence à se fendre, là, aux coins de tes lèvres ; un court instant, à peine le temps d’un regard distrait, une grimace farouche et subtile s’y dessine. Ton regard se fait plus dur, plus froid encore et sur ces océans de glace plane l’ombre d’un rapace furieux et impatient. Tais-toi maintenant, aimerais-tu lui crier tandis qu’elle fond lentement sur toi comme un charognard prêt à se repaître de la moindre bribe d’émotion que tu laisseras apparaître. Tais-toi et ne parle plus jamais. A travers ses grands yeux noirs, tu réalises enfin à quoi tu viens de consentir. Au-delà des mots, leur sens te parvient enfin. Tu comprends finalement à quoi va ressembler ta vie à partir du moment où tu signeras ce stupide bout de papier que tu as réclamé. Jour après jour, te lever aux aurores pour subir ses caprices et ses humiliations, comme c’était le cas plus de vingt ans en arrière. Et surtout, devoir le faire avec le sourire.
Pourquoi cette obsession du monde avec le sourire ? Un sourire n’est-il pas assez rare et précieux pour qu’on veuille le vider de toute sa substance en en faisant un dogme social ? Dès que tu croises quelqu’un, on veut te voir sourire ; on est terrifié de son absence sur ton visage, comme si celle-ci était une maladie abominablement contagieuse et virulente. De quoi a-t-on si peur, si ce n’est de perdre le sien ? Mais que perdrait-on, si ce n’est une expression creuse et dénuée de tout sens ? On a peur que les autres nous répudient, eux qui se maudiraient aussi pour perdre ce satané sourire. Exister n’est-il pas là déjà un fardeau assez lourd pour en plus s’obliger à le faire avec le sourire ?
Et elle continue, encore et encore, à ta rabaisser. La seule musique qu’elle ne saurait un jour apprécier est le son de sa propre voix ; si elle n’était pas à ce point une garce tu aurais presque de la peine pour elle. Seulement, elle l’est, et elle ne rate jamais une occasion de le prouver. Alors que tu serres les poings à t’imprimer les ongles dans la paume, tu te demandes si elle-même croit à ce qu’elle raconte avec autant de ferveur. A toi qui la connais de bout en bout, ses palabres ne sont qu’ironie, des antiphrases alignées dans un discours aux allures de monstre de Frankenstein, mais pour elle… se pourrait-il vraiment qu’elle se pense… bonne ? Dans tous les cas, peu importe ce qu’elle prend pour de la bonté, tu mettras un point d’honneur à lui donner raison sur ce point précis.
Des questions ? Oui. Des questions qui ne te feraient pas prendre le risque de la faire mettre sa menace à exécution sur le champ ? Beaucoup moins. Il te faut encore un moment avant de pouvoir extirper le moindre mot de ta bouche d’habitude si prompte à dispenser commentaires cyniques et remarques sarcastiques. Tiens-toi bien, comme on avait coutume de te le rabâcher, très souvent en vain. Finalement, tu siffles entre tes dents, la mâchoire serrée.
« Quand est-ce que je commence ? »
C’est tout ce que tu as besoin de savoir. Pour rien au monde tu ne souhaites l’entendre s’épancher plus sur toutes les tâches qui t’incomberont et souligner avec insistance ton manque d’expérience pour le faire passer pour une incompétence crasse. Tout ça, elle le fera bien assez souvent une fois ton poste pris, et tu aimerais pour ton propre bien commencer à t’épargner de ton propre masochisme.
CODAGE PAR JFB / Contry.
Anna Janowski
Your soul is mine
The Greatest
En un mot : Perfection démoniaque
Qui es-tu ? : - Avocate vedette anti-CESS
- Ambition dévorante
- Démone qui se découvre
- Tortionnaire de la misérable petite Heidi
Facultés : Engeance d'Ishtar
Don de magnétisme conférant un charisme hors du commun
Des frémissements apparaissent sur son visage durant mon long monologue. Sa carapace tressaille, ses faiblesses traitresses se dévoilent dans quelques tressautements et du ressentiment transparait au fond de ses yeux de noyée. Elle vacille, un peu, faiblement, discrètement. Des émotions ensevelies semblent se réveiller comme une bête farouche qu’on doit battre pour remettre à sa place. Une colère ancienne qui pourrait être son dernier rempart pour se protéger face à l’inévitable, les prémices de sa chute et de son affaissement que j’appelle de toute mon âme. Mais elle ne craque pas, elle ne cède en rien. Nulle larme brisée n’apparait pour couler sur ses joues ternes. Elle ne prend pas la fuite en criant et en vociférant. Mon jouet est plus robuste qu’il ne l’était auparavant, ou bien les liens avec lesquels je l’enchaine cette fois sont plus solides. Quand vient son tour de parler la contraction de ses mâchoires laisse entrevoir les ravages de son esprit. Quelques mots remplis d’une rage contenue qui semble embaumer l’air comme le ferait le puissant arôme d’un alcool savoureux, promesse de délices et d’ivresse. Un sourire de prédateur, à l’intersection d’une joie extatique et d’une cruauté sans pareil fend mon visage face à cette faille dans le détachement qu’elle parvenait à maintenir jusqu’là. Cette unique question laisse entendre tout à la fois son empressement à quitter cet endroit mais aussi son acceptation, sa volonté de se plier à mes demandes sans se débattre. Un mélange de répulsion et de soumission qui ne peut que rendre mon quotidien plus amusant. Infiniment plus amusant. D’une voix égale, masquant mon impatience grandissante et dévorante, je réponds à sa question d’un ton qui, malgré tout, sonne victorieux :
« Dès demain. J’aurais fini et imprimé le contrat d’ici là. Tu le signeras en arrivant, juste avant de commencer ta journée de travail. » La base du contrat est prête, quelque chose de très peu avantageux pour l’assistante, payé de manière forfaitaire sans possibilité de se faire rémunérer les heures supplémentaires et avec une couverture santé minimale. Une merveille pour une employeuse, une honte pour les droits humains et le tout parfaitement légal. Je reprends d’un ton enjoué : « Bien. Tu peux t’en aller. Et profite de ce temps pour t’acheter des vêtements décents pour travailler ici. Une tenue correcte est exigée et cette obligation sera mentionnée dans le contrat. Pense aux escarpins pour avoir l’air distinguée. Et maquille-toi. » Je penche la tête comme pour l’observer avec concentration et expertise, les yeux plissés signifiants que ce que je vois n’a rien de particulièrement prometteur. « Tu as besoin d’un bon anticerne, tu as vraiment une mine à faire peur. Et du rouge à lèvre aussi, c’est vraiment le minimum. » Un soupire m’échappe en lui jetant un regard semblable à celui d’un entrepreneur face à un chantier trop ambitieux. « Enfin… J’imagine que tu vas devoir faire avec ce que tu as. On ne peut pas dire que tu as vraiment été gâtée par la nature. » Je lui adresse un faux sourire compatissant et reprends d’une voix mielleuse : « Va donc dans un magasin de cosmétiques pour leur demander de l’aide. Il faudra au moins ça. »
Je lui fais un petit signe de la main pour la congédier tout en la gratifiant d’un regard mi-hautain, mi-attendrie. Le genre de regard que l'on octroie aux pauvres et aux miséreux après leur avoir lâché une pièce dans notre infinie clémence. Je l’observe en rêvassant, attendant qu’elle quitte le bureau comme une domestique congédiée. Dans mes yeux brille la lueur dansante de l’impatience face à un amusement trop attendu. Une assistante à martyriser, qui ne me quittera jamais sous peine de terribles représailles, mon petit jouet retrouvé qui fera peut-être un travail acceptable sous la menace, le tout à prix réduit. Ma voix chantante emplie la pièce, au ton semblable à celui d’une enfant trop ravie de recevoir une poupée en cadeau qui pourra être démembrée au moindre caprice :
« A demain cousine. J’ai hâte de travailler avec toi. »
Il n’y a pas à dire, il n’y a rien de mieux que la famille.