Ratatouille l’authentique, spécialité cuisine option lancer de cupcakes En un mot : Jeune Rate-Garou en apprentissage de sa nature
Facultés : Me retrouver au mauvais endroit au mauvais moment.
Je découvre ce qu'être une Théri veut dire. Dans la douleur et la résistance
Pseudo : Medea
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Date d'inscription : 09/11/2021
Crédits : Carm
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| Pourquoi pas d’anesthésiant? parce qu’il n’y en a pas. Un peu méfiante, toujours, elle coule un regard vers Tyler. Se demandant s’il se tape un trip sadique pour lui rendre la monnaie de sa pièce de la nuit précédente. Non, il a pas l’air comme ça. Suggérer maintenant que peut être un élève infirmier qui moonlight en docteur de Cess devrait avoir toujours ce genre de produit dans sa trousse lui paraît un brin déplacé. Pour une fois, la rousse parvient à tenir sa langue et garde son opinion pour elle. La jeune femme n’est pas une habituée des blessures, pas du genre à savoir survivre dans des conditions hostiles. Cependant, elle a un minimum d’amour propre. Se plaindre ou chouiner parce que Lucas lui fait mal alors même que la personne responsable en premier lieu de sa morsure est dans la pièce réveille un zest d'orgueil mal placé. Alors elle préfère se concentrer sur les bribes de leur histoire, ce qu’il accepte de partager pendant qu’il s’applique à soigner son bras.
Elle touche un point sensible et l’atmosphère entre le trio s’alourdit à nouveau. Ce n’était sans doute pas le meilleur sujet à aborder. Mais en même temps… il n’y a pas grand-chose qui les relie, sinon une morsure qui a bousculé leur vie. Elle espère encore que la sienne y échappera. Un espoir qui s’amenuise. Pendant quelques minutes, elle se contient. Avant que ce silence ne devienne une présence tangible qu’elle devine prête à les avaler. Il faut absolument qu’elle arrête de fumer en lisant Stephen King. Ceci dit, ce serait le meilleur moyen de finir la journée. Même le King n’a pas imaginé une histoire aussi pourrie que la sienne. Ce n’est pas un réconfort.
Une grimace explicite sur son visage lorsque son soignant précise ce qu’elle peut faire avec son bras et la manière dont elle va devoir le ménager. Wynonna s’en doutait un peu. Mais l’entendre de manière explicite lui est désagréable. C’est avec une expression absolument accusatrice qu’elle fusille Tyler du regard. C’est de sa faute si elle doit se mettre en arrêt maladie. -Et… Je suppose que vu la nature de tout ça, avoir un arrêt maladie officiel est hors de question. -Évidemment. Elle a un loyer à payer. Elle doit être fiable et pouvoir être présente pour seconder le chef quand il est présent, suppléer quand il est absent! Avec ces conneries, c’est une semaine qui va devoir sauter. Wynonna avait senti qu’elle n’était pas parfaitement efficace les deux premiers jours, mais elle s’en était sortie! Ou… Elle a fait sauter les sutures justement parce qu’elle a tiré sur la corde. Lucas a tenté d’adoucir le message et elle ne parvient pas à lui en tenir rigueur. Non, sa rancœur est toute dirigée vers le blond. C’est plus facile.
Le soin touche à sa fin lorsque Lucas emballe son premier pansement d’une bande plus protectrice. Ce qu’elle avait sans doute serrée de travers. Wynonna se tend. Son père? C’est son père qui l’a mordue. Vu le ton douloureux de l’infirmier, difficile d’imaginer une issue heureuse. Son père croyait pouvoir garder le contrôle seul. Comme achève le détective. Qui vient de lui donner une abjecte leçon de chose. "Tu vois ce qui se passe quand on écoute pas”. Connard. Sauf qu’il n’a pas tord. Il lui prouve juste que le risque est bien réel. Par une expérience douloureuse qui n’a rien de théorique. Ce qu’a subi Lucas est impitoyable. Timidement, elle pose la main sur la sienne avant de la retirer.
Revenir sur les origines de leur présence à tous les trois est peut être une maladresse de plus, mais le changement de sujet est indispensable. Sans compter un réel besoin de savoir ce qui est arrivé à l’autre rat. Accepter que derrière les animaux difformes et monstrueux, ce sont des personnes qui mènent une vie tranquille n’est pas aisé. Cela n’en change pas la réalité. Elle n’aime pas revoir la forme recroquevillée de douleur contre la porte pendant qu’elle l’enjambait sans considération dans sa fuite. Wynonna est mal à l’aise, en porte à faux. A nouveau à fleur de peau et ses émotions en roue libre. Finalement, elle se lance. Elle a l’impression de voir un mur tomber derrière les prunelles claires de Tyler. Un mur de reproches et de colère. Un mur froid et hérissé de jugement. Hostile. Wynona détourne les yeux. Regrettant déjà sa question. Ava. Connaître le nom est presque pire. Lui donne encore plus de substance. L’échange quasi muet et lourd des sens entre Tyler et Lucas lui confirme qu’elle aurait mieux fait de se taire. Un rouge d’embarras lui monte au joue. Avec sa peau de rousse, nulle part où se cacher. Allez vous en! Elle entend presque la réplique cinglante qu’il va lui envoyer en travers de la tête. Probablement méritée même si elle n’a blessé personne, elle.
Elle est vivante. Juste ça. La cuisinière va devoir s’en contenter. Toute demande de précision serait de trop. Quant à savoir ce que cela recouvre, elle l’ignore. Après le rouge, une nouvelle pâleur. Elle va devoir les affronter. A la pleine Lune. Quelques heures avant. Elle va devoir se pointer au cœur d’un groupe dont elle ignore tout et qui est fortement préjudicié. Peut-être demander à Tyler qu’il n’y ait que lui? Toute à ses réflexions, son esprit a encore louvoyé loin de son salon. Elle décroche trop facilement ces derniers jours et nuits. Derniers conseils. Wynonna sursaute presque. Relève les yeux sur Lucas. -J’oublierai pas. -Quant à savoir si elle va vraiment les appliquer, elle va essayer en tout cas. Devoir rappeler Tyler pour des points de sutures aurait un goût d’échec trop prononcé. Peut être voir comment elle peut alléger sa charge de travail sans cesser totalement.
Il y a une heure, elle lui aurait balancé sa carte de visite en pleine tronche. Plus maintenant. Ils ont atteint un stade de statu quo fragile. Elle se lève quand Tyler semble enfin décidé à quitter son appartement. Cette victoire n’a pas vraiment de goût, en fait. Juste de la cendre, de l’amertume et des regrets. Ca veut dire quoi “stupide” pour lui? -Ça devrait aller. Merci Lucas pour le pansement.
Les trois prochaines semaines d’attente promettent d'être aussi interminables que chargées d’angoisse. Sans un mot de plus, elle les raccompagne à la porte. Dès qu’ils sortent, elle referme le verrou à double tour. S’adosse contre le battant. Des dizaines de questions se bousculent et il lui est difficile de faire le tri. Cette solitude retrouvée est à la fois une bénédiction et un carcan. Elle sait déjà qu’elle a oublié de demander des précisions cruciales sur la nature de la communauté dont il fait partie. A quel point elle sera tranquille jusqu’à la pleine lune. Elle rejoint son balcon. Observe les deux silhouettes masculines qui se perdent sous la pluie.
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