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Un grain de sable Ft. Yago

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Fear is the mind killer
Ethan Roman
Ethan Roman
Fear is the mind killer
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En un mot : Humain
Qui es-tu ? : Un grain de sable Ft. Yago Design10
Facultés : Aspirateur à emmerdes
Thème : Ohne Dich / Rammstein
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ASHES YOU WILL BE

Pseudo : Ethan Roman
Célébrité : Jared Leto
Double compte : Blanche de Lantins
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Date d'inscription : 22/01/2021
Crédits : Heidi/pinterest
Sam 17 Avr - 16:10 (#)

22 octobre 2020

Ca y est, il commence à faire plus frais. Je vais pas me plaindre, moi qui maudis la moiteur qui persiste dans ce coin des Etats-Unis. Pourquoi diable me suis-je installé ici ? A un moment donné, j’ai dû me dire que ça devait être bien de vivre où la chaleur était omniprésente. Un jour, je reprendrai la route et trouverai un endroit un peu plus « normal ».

Après avoir enfilé mon blouson et attrapé mon casque, style oldtimer, je claque la porte de mon appartement et fonce dans le couloir où une odeur rance m’attaque le museau. Entre du gambo qui mijote éternellement sur une vieille gazinière, les relents d’égout sortant des commodités, la pisse des junkies du rez-de-chaussée et la transpiration incrustée dans les murs à la peinture défraîchie, il faut avoir le cœur bien accroché. Au début, c’était compliqué, je me souviens d’avoir eu des hauts le cœur pendant au moins six mois dès que je sortais de ma piaule. Maintenant, ça en devient presque rassurant, comme quoi, on s’habitue à tout. Je salue vaguement Jacqueline, la vieille qui me sert de voisine et dévale l’ancestral escalier miteux qui, j’en suis sûr, va s’écrouler un jour ou l’autre. Les marches grincent furieusement sous mes pas hâtifs. Je suis en retard, juste de quelques minutes, rien de dramatique mais je suis un gars ponctuel.

Lady m’attend sagement dans son box, fidèle et toujours prête pour de nouvelles aventures. Faut dire qu’elle en a avalé, du bitume. J’ai arrêté de compter quand le compteur à faire deux fois le tour. Nous sommes des survivants. Avec un sourire de satisfaction, j’enfourche ma bécane et m’enfonce dans les rues encore endormies de Shreveport. La nuit retire lentement sa toile sombre, éteignant une à une, les étoiles. L’aube est encore lointaine, m’obligeant à être attentif aux rails de tram, rendant mon trajet plus glissant.

Le feu rouge s’éternise, ça me rend fou, surtout qu’il n’y a personne. Je suis le seul imbécile, planté là, à attendre que cette fichue loupiotte change enfin de couleur. Vert ! J’enquille la première, démarre, passe la seconde quand soudain, une voiture déboule sur ma droite. Les pneus crissent, hurlent dans un freinage désespéré de chacun des conducteurs. S’il me rentre dedans, je peux dire adieu à ma moto et éventuellement à ma jambe. J’ai l’impression que l’action se déroule dans une lenteur digne des meilleurs ralentis. Le pare-chocs s’arrête à quelques centimètres de mon genou m’extirpant un long soupir de soulagement.

L’effet de surprise passé, je pose Lady sur sa béquille et me dirige vers le conducteur que j’ai juste envie d’éclater contre son volant. Gesticulant déjà comme un dératé, je toque frénétiquement contre la vitre en hurlant à réveiller les morts.

- Espèce de connard ! Tu te rends compte ! T’as failli me tuer ! Si y’a des feux de signalisation c’est pas pour rien, imbécile ! T’as eu ton permis de conduire dans une pochette surprise ou quoi ?

Entre mes vociférations, plus colorées les unes que les autres, ponctuées par quelques mots roumains, j’entends le petit clocher du coin annoncer l’heure, me rappelant que je n’avais plus de temps à perdre avec un tel individu.

- T’as d’la chance que je sois pressé, sinon je t’aurai dénoncé aux flics ! Ou défoncé la gueule…

La dernière tirade n’est pas prononcée à haute voix. Avec ce qui traîne dans les rues, vaut mieux être prudent. Tapant une dernière fois férocement contre la vitre, je remonte sur ma précieuse Lady et je fonce au garage.



3 novembre 2020

La journée a été longue, trop longue. Je range ma bécane dans son box et me décide à prendre juste un poy boy en guise de repas dans la petite boutique qui se trouve à deux pas de chez moi. Les mains enfoncées dans mes poches pour palier au vent froid, je m’engouffre dans une minuscule ruelle. Les vendeurs de crack sont au rendez-vous, tout comme les clients. Nous nous connaissons de vue, ils savent que je ne consomme qu’occasionnellement et que mes habitudes sont assez particulières. De brefs hochements de tête, en guise de salutations sont échangés, rien de plus. Un petit joint me ferait pas de mal, ça me détendrait. J’hésite, pesant le pour et le contre, je ne regarde pas vraiment devant moi et percute un gars. Ici, on ne s’excuse pas, on lance un regard sombre et on passe son chemin. Sauf que je reconnais ce profil pour l’avoir déjà vu, il n’y a pas si longtemps. C’est le mec qui a failli m’écraser « l’autre matin » ! Nos regards se croisent, les azures s’affrontent. Sait-il qui je suis ? J’ai une envie folle de lui casser la gueule mais le lieu n’est pas très approprié. Les armes à feu et autres armes, plus mystiques, sont légions dans ce quartier.

J’oublie le shit que je voulais m’acheter et poursuis ma marche en grommelant, insultant le gaillard copieusement en roumain.



16 novembre 2020

Il exagère le patron, franchement ! D’abord, il est jamais là et maintenant, il m’envoie des textos pour que j’aille chercher des pièces de rechange dans la casse, le tout à cinq minutes de la fermeture du garage. A la fin de l’année, il a intérêt à me payer mes heures supplémentaires ! Je m’installe au volant du pick-up et roule vers le nord. Plus vite j’y serai, plus vite je pourrai rentrer chez moi. En plus, je suis crevé, j’ai la gueule encore défoncée par ma mésaventure de samedi soir. Mon œil a dégonflé mais mon visage arbore de merveilleuses couleurs allant du bleu foncé passant par le violet, s’étirant au vert. Une vraie mosaïque. Ma lèvre fendue suinte dès que je souris et mes côtes me font souffrir à la moindre inspiration profonde. J’aurai mieux fait de rester à la maison mais cela aurait impliqué de consulter un toubib et j’ai pas confiance dans les médecins américains. Sans compter aux coûts exorbitants que cela m’aurait fait cracher.

La casse est à cinq minutes heureusement, avec un peu de chance, dans moins d’une demi-heure, je serai confortablement callé dans mon canapé à siroter une bière, un sachet de petit poids congelé collé sur mon œil, à mater une série.

Je m’arrête au stop, observe la circulation et vois un type sur le trottoir discutant vivement avec une gonzesse.

- Mais c’est pas vrai ! Encore lui ! Je vais croire qu’il me surveille, ce con !

Je tends le cou, me contorsionne comme je peux, afin d’être certain qu’il s’agit bien du même homme. Un bref coup de klaxon me fait sursauter, m’obligeant à poursuivre ma route.



2 décembre 2020

C’est pas mal, ces trottinettes électriques pour se déplacer rapidement et sans effort. Grand sourire aux lèvres, je slalome entre les passants et les arbres de noël, lourdement décorés. J’adore cette période, ça scintille, ça sent bon la cannelle, il fait frais, c’est juste parfait.

La grande surface n’est pas bien loin mais c’est l’occasion d’essayer ces engins. Après avoir abandonné le deux-roues, je m’engouffre dans l’immense surface commerciale où ça fourmille de gens courant dans tous les sens. Jingle Bells tourne en boucle mais je m’en fiche, rien ne peut entailler ma bonne humeur. Je m’arrête dans une boutique vendant exclusivement de minuscules sapins en plastique. C’est exactement ce que je cherche. Mon petit arbre synthétique bien au chaud dans mon sac à dos, je fais rapidement quelques courses alimentaires et quitte le tumulte grouillant de parents surexcités, recherchant le meilleur cadeau pour leurs petits monstres.

Ravi de mon achat, je retrouve mon nouveau mode de déplacement, bien sagement garé à sa station de recharge. Débloquant le mécanisme, je recule lentement sans regarder derrière moi et sens une résistance au niveau de la roue arrière. Un sourire accroché aux lèvres, je me retourne et me retrouve presque nez à nez avec mon fameux gaillard.

- Incroyable !

Etant fautif, je murmure un mot d’excuse et me tire en vitesse, souhaitant ne plus jamais croise ce mec de ma vie. Si nos chemins se rencontrent encore une fois, je sens que je vais devenir paranoïa.



Dans le courant de l’hiver 2020 - 2021

Les congés de fin d’année, ça a du bon quand même. Le garage est fermé pour quelques jours me permettant de souffler un peu. C’est pas comme si ma vie social était débordée mais, se lever plus tard, flâner dans les rues illuminées et merveilleusement décorées, c’est le pur bonheur.

La nuit tombée, calepin à dessin sous le bras, quelques crayons gris dormant au fond de mon sac à dos, je revins d’une belle balade au bord de la Red River qui m’a permis de noircir quelques pages. Elles finiront très certainement toutes dans la poubelle mais bon, c’est apaisant. Les doigts souillés à force de frotter les traits des différents gris afin de les atténués, je décide d’une halte au Spotted Cat. Etablissement aussi vétuste que le reste du quartier mais la bouffe et la bière qu’ils servent sont bonnes et vraiment pas chères. Quelques tables hautes sont installées sous des chaufferettes à gaz, pour les plus valeureux qui bravent ce satané vent qui ne veut pas s’arrêter de souffler.

Pour ma part, je m’engouffre dans la salle chauffée où un brouhaha assourdissant résonne. Je repère une chaise libre directement au comptoir, me faufile dans la foule et m’échoue sur le tabouret, prenant garde à ne pas déposer mon cahier dans les ronds de bière, laissés là, par des verres trop pleins. Ma capuche est rabattue permettant à ma chevelure de s’éparpiller sur mes épaules. Une commande est rapidement passée à Simon ce qui me permet enfin, de regarder un peu autour de moi.

Les gens sont de bonnes humeurs, ça parle fort, ça rit, ça boit et ça profite. Ma chope est déposée devant moi et c’est avec un sourire que j’attrape la anse pour porter le verre à mes lèvres. Le mec à ma gauche fait un mouvement un peu trop expansif, me bousculant me foutant de la mousse plein le nez. Légèrement déséquilibré, je me retrouve collé contre mon voisin de droite à qui je souris à peine en guise d’excuse. Quant à l’autre, je murmure un seul mot qui se perd dans le tumulte des conversations.

- Idiotule

Retrouvant mon équilibre, j’essuie mon visage et me retourne vers le gars de droite, histoire de lui présenter de réelles explications.

- Désolé, mec, le gars il est… La naiba ! 1

C’est invraisemblable ! Mes yeux forment deux ronds qui s’accordent à merveille avec celui de mes lèvres. La surprise est totale et mes traits l’expriment sans le moindre doute. Le sort s’acharne sur nous, le destin veut absolument que l’on se rencontre, c’est pas possible autrement. Je vais finir par croire à toutes ces conneries surnaturelles à force de tomber sur ce gaillard. L’étonnement passé, je secoue la tête, un sourire ayant fait surface. Je suis incapable de détacher mon regard de mon bonhomme. Je bois un coup, passe une main dans mes cheveux, gratouille ma barbe et finis par retrouver la volonté de parler.

- C’est juste assez incroyable le nombre de fois que l’on s’est croisé ces derniers temps. J’avoue, pas toujours dans les meilleures circonstances, t’as même failli me tuer.

Toujours aussi perplexe, je lui jette une œillade amusée et lui offre une tape amicale dans le dos.

- Allez, pour enterrer la hache de guerre et surtout pour faire un beau pied de nez à ce foutu destin, je t’offre un verre. Qu’est-ce que tu prends, c’est moi qui régale !




1 : la naiba = mot qui exprime la colère, l'irritation, le mépris, ou la déception

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Anonymous
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Mer 26 Mai - 21:22 (#)


Un grain de sable.

Il est l'ombre dans ton rétroviseur, l'étrange forme que tu aperçois par-delà ta fenêtre.
Ce visage anonyme, et que tu as pourtant fini par identifier parmi la foule.
Trop souvent croisé. Tu ne crois pas au hasard, Ethan. Ce faciès-là, tu le reconnais désormais. Tu possèdes cinq souvenirs distincts de vos rencontres, plus ou moins mémorables.
En réalité, il t'observe depuis bien plus longtemps. Et tu n'aurais pas assez de feuilles dans ton carnet à dessin racorni pour représenter toutes les scènes où vous furent les deux protagonistes. Car l'Immortel veille à demeurer en coulisses, tandis que tu vis sans te douter de ce qui attend sous les planches, jusqu'au faux pas que tu commettras forcément, une nuit. Car il n'apparaît que de nuit, n'est-ce pas ? L'as-tu remarqué ? L'accident. Près du garage. En bas de chez toi. Et ces dizaines et dizaines d'autres fois où tu ne l'as même pas remarqué. Perché à ta fenêtre. Accroché à un toit, à te suivre dans le noir. Dans l'ombre de l'établi, à ton travail.
Il est là. Il est toujours là. Mais ce sentiment de déjà-vu te gagne alors que tu le bouscules involontairement. Tu souris, visiblement peu rancunier, décidé à enterrer la hache de guerre. C'est ton expression. Il aimerait te rétorquer que tout ne fait que commencer, mais il se contentera de jouer à l'humain avec toi. Jusqu'à ce que ta perspicacité ne perce le masque et ne te révèle sa véritable nature.


Lorsqu'il s'était attablé au comptoir de ce bar miteux, il avait misé sur la probabilité. Sa cible avait tendance à aimer fréquenter ce genre d'endroits. Situé à une distance à pied (ou en trottinette) raisonnable de chez lui, des prix abordables, une carte crasseuse de boissons douteuses, et peut-être même la possibilité de revendre son précieux liquide carmin à un acheteur de passage.
C'était la troisième fois de la semaine qu'il tentait de croiser Ethan Roman par hasard, et d'espérer que le destin puisse jouer en sa faveur, un destin qu'il s'était régulièrement amusé à provoquer au cours de ces derniers mois.
Initialement, il l'avait aperçu une nuit dans une impasse isolée, véritable coupe-gorge où, suspendu sur une corniche, il s'était régalé du spectacle, et avait dérobé à loisir la vision de l'humain et de ses fioles de sang fraîchement extraites, échangées contre une liasse de billets malhonnête. Une absurdité selon lui, qui régnait dans un monde dépeuplé de nuances, où il n'existait que chasseurs et proies, dominants et dominés, Éternels et Éphémères. Il y avait bien quelques Mordus, des accros à la morsure vampirique qui se soumettaient volontairement aux canines acérées et ardemment convoitées, une facilité pour un chasseur tel que lui. Mais s'extraire l'hémoglobine, pour la vendre…? Il ne comprenait pas.

S'il avait bien été tenté de suivre le jeune homme cette nuit-là, pour le coincer quelques ruelles plus tard, plonger de son perchoir et se servir à la source sans dépenser le moindre dollar, il avait étonnamment choisi la patience, plutôt intrigué par l'inconnu à l'accent étrange dont il ne parvenait à définir la provenance. Une habitude aussi tenace que malsaine l'avait poussé à le suivre dans la nuit, à être cette ombre dissimulée à chaque coin de rue, sur chaque balustrade, pour finalement s'étonner avec incrédulité lorsqu'il avait aperçu l'humain entrer dans l'immeuble. Son immeuble. Celui dont il occupait seul le dernier étage, dans son atelier poussiéreux où sa carcasse s'échouait parfois. Second lieu de vie, devenu son principal sanctuaire depuis que le motel où résidait son Clan avait connu le putsch d'Aliénor Bellovaque. Trahison.

Une fois le garnement identifié comme le voisin du rez-de-chaussée, il avait été aisé de le suivre et de le pister, jusque dans les moindres recoins de son existence. Il n'avait eu aucun mal à identifier son lieu de travail, cette nuit où il avait manqué de peu de mettre un terme précipité à sa courte existence de mortel, trop excité qu'il était à l'idée de cette course-poursuite dans le labyrinthe urbain de Shreveport. Les autres rencontres, par la suite, n'avaient plus jamais été le fruit du hasard. L'oreille parfois collée à la porte de son logis, son ouïe vampirique l'avertissait du départ ou du retour d'Ethan. Travail, solitude, bière, errance. Le cercle d'Ethan se limitait visiblement à son patron, et à peut-être quelques rares connaissances qui gravitaient péniblement autour de lui. Tant mieux. Un individu isolé restait un choix prudent, même pour lui, pourtant sensible à la prise de risque et aux rencontres impromptues.

Ce soir-là, attablé au bar comme s'il n'était qu'un alcoolique anonyme parmi les autres, il prend le temps de composer son masque, le front baissé vers le comptoir après la bousculade accidentelle.
« Ce n'est rien. »
Les mots sont murmurés du bout des lèvres, comme s'il craignait que la supercherie ne soit révélée à chacun de ses mots. En réalité il exulte, fier d'être parvenu à provoquer une énième rencontre. Lentement, il tourne enfin le visage vers celui du jeune homme, conscient qu'ils n'ont jamais eu l'occasion de s'observer d'aussi près. Il scrute lentement les prunelles bleutées pétillantes de spontanéité, la longueur de sa chevelure, sa barbe mal taillée. Et toujours cette langue étrange, qu'il ne parvient pas à identifier. Il n'essaie pas de lui sourire – il s'en sait incapable, Maudit parmi les vivants, ayant oublié jusqu'à cette réaction sociale presque primitive – mais fait l'effort de soutenir posément son regard, sans ciller.
« En effet, votre visage ne m'est pas inconnu. Vous vivez dans le quartier, je présume ? »
Si le phrasé d'Ethan court droit au but, la manière de s'exprimer de l'Immortel est emprunte d'une emphase plus soignée, son accent légèrement oriental trahissant ses origines. Il a la voix grave, calme, mélodieuse. La voix d'un vampire qui prend le temps d'endormir la vigilance de sa proie.
Le masque menace toutefois de se fissurer lorsqu'une bourrade virile s'abat entre ses omoplates, et malgré son âge avancé, il manque de peu de chanceler – de surprise – face à un tel déferlement de vigueur et de bonhomie. Visiblement, avoir frôlé la mort ne semble pas émousser le moins du monde la sociabilité du jeune mortel. L'Oriental hausse un sourcil perplexe, perturbé par une telle absence de rancune. A moins qu'il ne cache bien son jeu. Il l'apprendrait bien assez tôt.

Pour le moment, il se devait de faire illusion, car il ne doutait pas un seul instant qu'Ethan n'avait aucune idée de la nature vampirique de son compagnon du destin. Et cette ignorance jouerait indéniablement en sa faveur.
Feignant de s'intéresser aux caractères grossièrement dessinés à la craie sur l'ardoise derrière le barman, il tente de déchiffrer tant bien que mal les inscriptions maladroites et de décortiquer le nom des boissons, écrits dans une langue qu'il ne maîtrise que bien mal à l'écrit.
« Hum, je… je prendrai la même chose que vous, cela ira. »
Sans excès de politesse malvenu, il hoche la tête à l'intention du tenancier afin de réclamer l'apport de sa boisson. Il devait gagner du temps. Mettre Ethan en confiance.
Lorsqu'il tourne à nouveau la tête vers lui, ses joues sont creusées d'une fausse culpabilité dont il se pare à merveille, les sourcils courroucés.
« Je suis vraiment navré pour l'autre soir, si vous saviez… j'étais distrait, et cette erreur a bien failli vous être fatale. Si je peux faire quoi que ce soit pour me faire pardonner… »
Une main inquiète se pose un court instant sur l'avant-bras du mortel. Par-dessus la manche, il cherche à percevoir une pulsation cardiaque. Lui dérober déjà un peu de sa vie. Créer un contact, présenter une faille dans laquelle, il l'espère, le mortel s'engouffrera sans méfiance. Chaque mot est calculé, chaque syllabe pesée avant d'être prononcée. Patiemment, il déroule le fil d'Ariane, persuadé par orgueil qu'il n'aura aucun mal à attirer le jeune homme là où il le désire.

La pinte s'abat lourdement près de sa main amputée, et il recroqueville aussitôt ses quatre doigts pâles autour de la chope qu'il soulève, d'un geste esquissant une habitude simulée.
« Eh bien, trinquons au hasard, puisqu'il rythme conjointement nos deux partitions depuis maintenant… quelques semaines, il me semble ? »
Les verres s'entrechoquent avec conviction et, afin d'assurer l'illusion jusqu'à l'extrême, il se risque même à prendre une longue gorgée d'alcool, qu'il conserve entre ses joues, jusqu'à l'instant fugace où Ethan détournera le regard, une fraction de seconde suffisante à ce qu'il déverse le liquide infâme dans le verre de son interlocuteur, sans état d'âme.
Et puisqu'il fallait enterrer la hache de guerre, il décide se montrer patte blanche et initie des présentations conventionnelles, afin de maintenir l'illusion d'une rencontre aléatoire, amicale, hasardeuse.
Si tu savais.
« Mais je manque à tous mes devoirs, je ne vous ai pas dévoilé mon nom. Je me prénomme Yago. Et vous… vous êtes ? »
Il ne s'inquiétait pas de délivrer sa véritable identité, puisqu'il louait le quatrième étage de l'immeuble d'Ethan sous un faux nom. Encore un mensonge.
Ses prunelles d'ambre vibrent d'un intérêt sincère lorsqu'il s'adresse au mortel, épris cette fois d'une véritable curiosité à son égard.
« Cette langue, celle que vous avez employée tout à l'heure, lorsque vous m'avez bousculé par mégarde… quelle est-elle ? »
Ne pas la reconnaître l'emplissait de frustration, et il ne voulait pas se laisser déconcentrer par la moindre contrariété.
Les phalanges de sa main droite (intacte) pianotent contre le bois crasseux du comptoir lorsqu'il reprend la parole, de cette étrange mélodie d'un autre temps, d'ailleurs.
« Je me permets d'insister. Dites-moi comment je pourrais vous rendre service. Pour m'excuser. Vous soulageriez grandement ma conscience. »


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Fear is the mind killer
Ethan Roman
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Ven 4 Juin - 20:46 (#)

Le tabouret pivote vers mon interlocuteur, attendant la décision de son choix. Ses yeux, posés sur le tableau noir servant de carte, sautent d’un mot à l’autre, revenant en arrière à de nombreuses reprises. Sa capacité à la lecture m’intrigue, il me fait penser à Ana, ma sœur cadette lorsqu’elle en faisait l’apprentissage. Abrégeant ses propres souffrances, il désigne ma boisson, optant pour une copie. Croit-il ainsi attirer ma sympathie ? Je reste pensif, pourquoi n’a-t-il pas simplement obéit à ses envies ? Répondant à mes impulsions, je laisse ma langue filer, posant une simple question, qui je l’espère, ne trouvera pas sa colère.

- Tu as des soucis de vue ? Tu veux que je te fasse la lecture ?

Il n’a pas le temps de changer d’avis que la chope se pose devant lui sans ménagement. Sa main incomplète éveille en moi la curiosité. Oserai-je lui soumettre mes pensées les plus profondes même si elles sont dénuées de sens. Je préfère me taire pour l’heure, je ne le connais pas même si le Destin a joué avec nos chemins, formant des arabesques complexes. Mon regard, aussi limpide qu’un ciel d’été, ne cesse de retourner vers l’absence de ce doigt. Des images absurdes viennent caresser l’orée de ma conscience que je repousse hardiment, souhaitant oublier les questionnements qui hantent ma langue.

Des excuses, auxquelles j’ai peine à croire roulent et s’échouent contre mon esprit. Il n’avait pas l’air si navré que ça lors de notre première rencontre. Pourquoi maintenant ? Certes, il est acculé, ne peut s’enfuir, l’établissement est bondé. Une main compatissante se pose sur mon bras. Le toucher apporte une sensation de malaise, je ne suis guère tactile et les signes d’affection ne sont autorisés, à mon sens, qu’après plus amples connaissances. J’espère qu’il n’est pas en train de me draguer ! De un, il n’est pas du tout mon type et de deux, je ne mange pas de ce pain-là. Les courbes féminines, les hanches bien dessinées, une nuque fine, le galbe d’une cuisse soyeuse sont nettement plus mon style.

Les chopines se lèvent, les verres tintent sans retenue et l’ambre liquide coule dans les gosiers. Combien de temps, nos vies se sont-elles entrechoquées ? Un mois ? Deux peut-être ? Je suis incapable de quantifier le temps, il s’effiloche à son propre rythme, courant parfois tellement vite qu’on ne le voit passer, s’arrêtant, offrant l’impression qu’il est interminable. Je fixe le mur, recherchant dans ma mémoire les détails qui pourraient me mettre sur la piste. Finalement je hausse les épaules dans une attitude penaude, n’ayant pas de réponse à lui fournir.

- Ouais, on va dire quelques semaines. Délaissant l’incertitude, la reléguant à l’insignifiance, je me redresse et cherche à capter l’attention du barman. On pourrait avoir du pain à l’ail s’il vous plaît ? Un simple hochement de tête de l’employer confirme ma commande. J’espère que tu aimes ça, ce sont les meilleurs de toute la région, tu m’en diras des nouvelles ! En fait, j’ai une dalle d’enfer. J’ai pas eu le temps de manger à midi, j’avais tellement de boulot.

Je mens, consciemment, ne souhaitant pas éluder et encore moins partager mon amour pour le dessin. Un prénom tombe, accompagné de sa traditionnelle réplique, demandant la réciprocité. Je souris, reprends un lampée de bière, dépose mon verre et, dans un geste sortant d’un autre temps, courbe l’échine théâtralement, avant de me redresser.

- Enchanté Yago, moi c’est Ethan. Me mordant les lèvres afin de réfréner un rire malvenu, je ne peux empêcher mes mots de filer entre mes dents. Iago ? Iago, comme le perroquet de Disney ? Tu connais le dessin animé ? Tu sais dans Aladin ? C’est le perroquet, l’animal de compagnie du grand méchant, Jafar ! Rah j’ai adoré ce truc-là quand j’étais môme. Ma sœur se prenait pour Yasmine, elle se couvrait le visage avec les foulards de ma mère et courait dans la maison en chantant « Ce rêve bleu ».

Sourire teinté de quelques nostalgies accroché à la lippe, regard voguant dans un ailleurs, je finis par secouer la tête, chassant de mon esprit, un passé depuis longtemps révolu.

- Cette époque me semble tellement lointaine et pourtant, c’était hier. Bref.

Mes paumes s’abattent simultanément sur le comptoir, clôturant la mélancolie. Une assiette bien garnie de tranches de pain dorées et fumantes est déposée hâtivement entre nos coudes. Des effluves alléchants se diffuses autour du plat, envahissant ma bouche de salive. Dans un geste de partage, j’ouvre ma main, désignant la nourriture.

- Vas-y, sers-toi ! Je suis certain que tu n’as jamais goûté quelque chose d’aussi bon !

N’y tenant plus, je réponds à l’appel de mes papilles en attrapant un morceau de pain. Sans attendre, je me régale de l’apéritif, sentant le gras du beurre filtrer entre mes dents. Tout en mâchant, je lève le pouce, encourageant Yago à m’imiter.

- Te gêne pas, attaque !

Le met est englouti avec appétit et rincé avec une bonne rasade de bière. J’essuie mes doigts sur mon jeans vu l’absence de serviette. Qu’importe, il est déjà souillé de poudre de mine de crayon. Dans la semaine, j’irai faire un tour à la laverie du coin, cela occupera une partie de ma journée et m’obligera à quitter ma console durant quelques heures, ce qui n’est pas forcément un mal. A force d’être scotché devant ma télévision, je vais bientôt avoir des yeux carrés. Et voilà, que j’utilise les mêmes mots que ma mère.

- Mon accent ? Ca s’entend tant que ça ? C’est vrai, j’avoue, je ne suis pas américain. Je viens du vieux continent… Me souvenant de la difficulté qu’il a démontré tout à l’heure à la lecture, je préfère préciser, au cas où il n’aurait pas compris. De l’Europe. Remarque, tu ne viens pas d’ici non plus, hein ? Toi aussi, tu roules les « r ». C’est quoi ton patelin d’origine ?

A le regarder de plus près, je constate sa peau mate, légèrement plus sombre que la moyenne. En tout cas, plus que moi qui a le teint laiteux. La forme de son visage ne reflète pas les peuples d’Amérique latine et je ne miserai pas plus sur le Maghreb. Je suis incapable de lui donner une nationalité.

Peu à peu, l’assiette se vide sans réellement apaiser ma faim, bien au contraire, elle l’attise, comme le vent le ferait avec des braises. Des nouvelles excuses sont déversées, extirpant un long soupire de ma poitrine.

- Ecoute, Yago. Le perroquet rouge fait une nouvelle fois irruption dans mon crâne, adoucissant le timbre de ma voix. Dis à ta conscience que c’est bon, je suis là, Lady n’a pas une égratignure, ta bagnole non plus, donc tout est bien qui finit bien. Mais tu peux faire un truc déjà, c’est arrêter de me vouvoyer. T’as quoi ? Allez, 25 ans à tout casser ? Donc bon.

Du bout des doigts, je ramasse les miettes dans l’assiette, recherchant encore quelques saveurs oubliées. Malgré ce repas fugace, je sens légèrement les effets de l’alcool, me questionnant sur ma capacité à supporter la bière. Habituellement, une choppe n’a aucune incidence sur ma faculté à ingérer du « jus de houblon ». La fatigue peut-être…

- Je sais ce que tu peux faire, si tu y tiens tellement. On va se payer un italien. Y’en a un excellent, à trois rues d’ici. On se fait un bon petit repas avec une excellente bouteille, d’ailleurs, ils ont un Chianti à tomber, tu verras, tu me raconteras ta vie et moi la mienne et on sera quitte. Ça marche ?

Je sors mon portefeuille, dépose quelques dollars sur le comptoir et me lève en enfilant mon sac à dos.

- Allez bouge ! On va prendre des trot’ !
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Sam 19 Juin - 14:32 (#)


Un grain de sable.

Tu es moins futé que ce à quoi je m'attendais, Ethan Roman.
Durant la logorrhée de ce curieux énergumène, il aurait eu maintes fois l'occasion de plisser le nez, tant l'absurdité de l'échange frappe sa psyché centenaire. Chaque information, plus saugrenue que la précédente, déferle, énième vague dissonante, témoin enlisé de leur absence totale d'adéquation. Son absence de réaction ne paraît toutefois pas déranger son interlocuteur outre mesure qui, il le comprend bien, interprète même sa placidité comme un manque évident d'intelligence. Un comble, pour une créature telle qu'un Fils de Caïn, qui tâche toutefois de ne pas sortir immédiatement hors de ses gonds, malgré une envie criante de fracasser le crâne de l'Européen contre un mur, à l'extérieur de ce bar trop bruyant pour lui. Muré dans le silence, la conviction que ce gaillard pourrait lui être utile, comme il l'avait envisagé jusqu'alors, s'émiette peu à peu. L'Immortel avait peut-être commis l'erreur de surestimer le mécanicien, dont l'odeur marquée incommodait fortement l'odorat hypersensible. Résidus de cambouis, essence, ainsi que d'autres substances que ses narines étaient incapables d'identifier. Seule l'encre sombre trouve valeur à ses yeux, et il tâche de se concentrer sur cet infime détail lorsqu'entre eux s'abat une assiette emplie d'un mets discutable. Cette fois, il ne peut retenir une grimace de dégoût, profondément rebuté par l'aspect bon marché comme par les relents âcres des aliments gras et huileux, beaucoup trop odorants pour lui.

S'il avait cru, durant les premiers instants, que tout était gagné d'avance, il revenait déjà sur cette croyance malencontreuse : Ethan Roman lui donnerait bien plus de fil à retordre qu'il ne l'avait anticipé. Et face à leurs différences évidentes, il savait que le masque ne tarderait pas à se fissurer. Et alors, même un simple d'esprit comme son interlocuteur comprendrait qu'il n'avait pas à faire à l'un de ses pairs. Car simple d'esprit, il fallait l'être pour s'adresser avec une telle familiarité à celui qui avait bien failli vous arracher la jambe sans sourciller. Déjà, il sent sa patience s'égrainer lorsque la comparaison désuète est prononcée avec audace, le laissant interdit face à un tel parallèle, entre son prénom d'un autre âge et ce qu'il considère évidemment comme une énième aberration de la société de consommation. Cette fois, l'Oriental ne peut s'empêcher d'articuler avec mépris à l'intention de son compère, les lèvres ourlées d'une supériorité qu'il peine à lui dissimuler.
« Lady ? Je ne connais pas cette personne, ou plutôt devrais-je dire : ce personnage. Car je suppose qu'il s'agit là d'un énième protagoniste de cette franchise que tu… affectionnes tant, visiblement. »
Le dédain désormais ostensiblement affiché sur le visage, il ne daigne même pas donner le change quant aux denrées offertes par le mortel, se contentant de répéter une justification de l'ère moderne, que les humains ont la fâcheuse tendance de prononcer lorsque le contenu de leur assiette ne leur disait rien qui vaille.
« Navré, je suis… allergique au gluten. »
Une excuse qu'il espère avoir utilisé à bon escient, ne comprenant que parfois trop mal la véritable signification de certaines expressions modernes.

Frustré de ne pas être parvenu à lui arracher l'information tant convoitée quant à ses origines, il se contente d'articuler de vagues palabres, le regard dans le vide tandis qu'il lutte contre les souvenirs de sa vie d'antan, avant qu'il ne trépasse, dans le désert du Néguev.
« Je viens de loin, très loin, de là où les limites de ton imagination se meurent, là où les contes que l'on murmurait jadis ne trouveraient aucun écho dans ton enfance. Là où le Très-Haut et les Djinns se côtoient. Je viens d'une terre que peu méritent de fouler. »
Et dont je suis banni, à tout jamais.
Aussi mystérieux et fier qu'un sphinx, l'immobilisme l'étreint durant de longues secondes, avant qu'il ne réalise que le mortel s'est enfin arraché au bar. La liasse de billets déposée sur le comptoir à la propreté douteuse indique à l'Israélite que la soirée se déroulera désormais ailleurs, autrement. A son tour, sa silhouette se délie avec lassitude tandis qu'il l'accompagne dehors, soulagé de s'éloigner du capharnaüm comme du tourbillon d'odeurs infectes et exacerbées par l’exiguïté du lieu.

Une fois encore, il éprouve toutes les difficultés du monde à cadenasser sa mauvaise humeur, lorsque Ethan lui propose de poursuivre leurs pérégrinations dans un lieu typiquement humain, où sa nature risque d'être compromise prématurément. Sans gêne aucune, il décide d'insuffler un peu de vérité au travers de ses mensonges, bien conscient de passer pour un sinistre personnage.
« Je connais cet endroit. Mais je ne peux m'y sustenter, les contraintes alimentaires que ma religion m'impose n'y sont pas respectées. Si tu le désires, je peux te commander quelque chose à emporter, et nous pourrions aller chez toi. Je serais sincèrement heureux d'y être invité, afin de pouvoir te reposer plus calmement la question : quel service pourrais-je te rendre ? Car j'insisterai jusqu'à te faire céder. »
L'audace de la proposition contraste avec l'idée incongrue de l'Européen d'utiliser un moyen de transport pour le moins curieux, et c'est tout juste s'il hausse le sourcil lorsqu'il surenchérit, osant le tout pour le tout.
« Nous pourrions… regarder un match ? Pendant que tu bois ton chianti. Et nous raconter nos vies, si tel est ton souhait. »
Il remercie silencieusement ses échanges avec Fadia, qui l'ont grandement éclairé sur les mœurs humaines contemporaines. Et il savait que la jeune femme était friande de tels rassemblements sportifs. Il en déduisait qu'il en était probablement de même pour son voisin, persuadé que tous les humains de cette époque se ressemblaient sur certains points.

Vigilant envers le moindre faux pas qu'il pourrait commettre malgré lui, il entraîne déjà Ethan à l'écart du bar aux néons tapageurs, dans la direction opposée de celle des trottinettes alignées un peu plus loin. L'air frais de la nuit les enveloppe sans paraître incommoder l'Oriental, malgré la légèreté de sa tenue vestimentaire.
« Tu me parlais de ton travail chronophage, tout à l'heure. »
Calmement, il continue de placer ses pions, d'avancer sur l'échiquier de la manipulation qu'il déroule avec patience. Après tout, il a l'éternité devant lui.
« Tu es illustrateur, peut-être ? J'ai remarqué les taches sur tes mains. »
Un détail qui avait, tout comme son accent, attisé sa curiosité, lui qui croyait avoir à faire à un manuel légèrement faible d'esprit.
« Dessiner est une évasion salvatrice, pour échapper au quotidien infernal, qui chaque jour se répète, encore et encore… n'est-ce pas, Ethan ? »
Conscient de jouer avec le feu, il ne résiste pas à l'envie de plonger ses prunelles d'ambre dans le regard clair de l'humain, et d'y impulser une légère injonction hypnotique, craignant que sans cela, il ne soit encore une fois entraîné dans les bas-fonds de Stoner Hill. Le vicieux grain de sable s'insinue dans l'esprit du mortel, s'intercale entre ses convictions et les méfiances primitives.
Invite-moi chez toi. Fais-moi confiance.

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Ethan Roman
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Ven 13 Aoû - 16:50 (#)

Dehors, un rot meurt sur mes lèvres que je cache derrière une main huileuse et encore barbouillée de gris. L’air est frais, apportant un gai sourire sur mes traits. La cannelle, le vin chaud et quelques mets sucrés me sautent au nez. Il n’y a pas de doute, Noël est à nos portes. Après m’être empli les poumons de toutes ces délicieuses odeurs, je me retourne vers Yago et lui fournis quelques explications que je n’ai pu lui donner tout à l’heure.

- Lady est le nom que je donne à ma moto. Je souris, sachant que cette habitude peut être vue comme stupide ou même puérile. Mais il ne connaît pas ce que nous avons traversé, toutes les aventures que nous avons vécues. Certes, ce n’est qu’un objet, sans âme, sans organe mais pour moi, cette bécane représente bien plus. Je doute profondément qu’il puisse comprendre ce genre d’attachement que je voue à cette vieille moto. Cherche pas, mec, une habitude un peu crétine que j’ai, de donner des sobriquets à certains objets qui me sont chers. Déviant et rebondissant sur sa remarque, je poursuis avec entrain, ne lui autorisant pas d’émettre à haute voix, sa pensée concernant le surnom de mon véhicule. Même si je me fous totalement de son opinion, j'ai pas envie de l'entendre. Et je te signale que les Disney c’est bien, même si c’est un peu gnangnan. Désolé pour toi si t’en as pas connu durant ton enfance, mais moi, ça me rappelle de bons souvenirs et quoi que l’on puisse dire, ils nous permettent d’aller en avant, les souvenirs, hein pas les Disney.

Tout en parlant, je l’observe un peu plus attentivement. Il a une manière étrange de s’exprimer, si on met de côté le fait qu’il ne soit pas natif des Etats-Unis. Ses cheveux en bataille, l’air un peu perdu ne collent pas avec ces paroles, sans compter cette immobilité totale qu’il a eue tout à l’heure. Ça me rappelle un peu Nicola quand il « bug ».

- Tu devrais te méfier, j’ai une imagination qui n’a pas de limite… et comme le monde est rond, à un moment ou à un autre, ben on revient à son point de départ. Donc, tu viens du Moyen-Orient, vu que les Djinns ont bercé ton enfance. Hum, le Très-Haut, les musulmans n’utilisent pas ce terme…

Je ne m’adresse plus vraiment à lui, réfléchissant plus à voix haute. Le regard dans le vague, je parcours mentalement une carte de la région concernée en excluant tous les croyants d’Allah. Il me reste un nombre incalculable de pays qui réunissent les Djinns et le christianisme, sans compter les orthodoxes. J’abandonne, espérant que peut-être dans un avenir proche, il me délivrera l’information.

Mais il en rajoute une couche, s’en servant même comme excuse pour ne pas aller chez « Giovanni », le fameux petit resto italien que j’affectionne tant. Il a pas compris que j’ai pas envie de commander de la bouffe ? Que je veux juste m’asseoir tranquillement dans un troquet, me faire servir un bon petit plat et boire une bouteille en sa compagnie. Je soupire profondément, marquant clairement ma déception.

- Ecoute, j’ai pas envie de m’enfermer chez moi et pis ce soir y’a pas de match. Allons donc dans un resto qui respecte toutes les règles que ta relig… Oh ! Mais t’es juif, c’est ça ? Là-bas, je tends la main dans une direction, indiquant une ruelle, clignotant sous des guirlandes multicolores, y’a un truc qui vend des plats casher ! Et t’abuse hein, t’as qu’à prendre des pâtes ou un risotto chez Giovanni…

Des rafales de vent se renforcent, se nichent dans nos cheveux et s’insinuent sous nos vêtements. Je remonte mon col et frissonne me dirigeant vers les trottinettes alors que Yago s’éloigne. La silhouette fine, pour ne pas dire frêle poursuit son avancée, comme s’il avait pas vu que je n’étais plus à ses côtés. Sa chemise légère ballotée par la bise ne semble pas le déranger. Y’a un truc qui colle pas, je commence à en être persuadé. Il fout quoi ? Il est vraiment bizarre, ce mec, au final. Il refuse de bouffer au resto, se casse dès que j’évoque les trot’, souhaite me dédommager pour un truc qu’il n’a pas fait. J’ai un peu de mal à suivre son raisonnement, j’aime que les choses soient carrées et claires, ce qui est loin d’être le cas avec ce bonhomme. Délaissant les deux-roues, je trottine jusqu’à sa position et me place devant lui.

- Donc… je suppose que c’est non pour les trottinettes… T’es pas très drôle, comme mec…

Malgré moi, je le suis, déambulant à ses côtés, les mains enfoncées dans les poches, écoutant ses paroles d’un air distrait. Son phrasé semble sorti d’une époque révolue, bien que je ne maîtrise pas parfaitement la langue de Shakespeare, mais ses tournures me paraissent désuètes. Pour un gars plus jeune que moi, vivant aux States, son anglais est « vieux jeu ». Des questions naissent s’accompagnant de suppositions, j’ai pas envie de lui dévoiler ma passion, c’est mon jardin secret. Garance avait le monopole, elle, elle avait le droit de venir fouiner dans mes cahiers de dessin, était autorisée à donner son avis. Maintenant, il n’y a que moi qui puis être juge, même si ce n’est pas très objectif. Prenant un air légèrement suffisant, je hausse les épaules et décide de le lancer sur une fausse piste.

- Mouais, je vends mes dessins sur le net, à des magazines, en fait, à qui veut bien les acheter. Et oui, quand je m’y mets, je vois pas le temps passer, mais non, ça va pas jusqu’à échapper au quotidien. Tu sais, j’aime bien la vie que je mène, elle n’a rien d’horrible en ce qui me concerne. Et je trouve que chaque jour est une nouvelle aventure, qu’elle vaut même la peine d’être vécue. Pas toi ? D’ailleurs, c’est quoi ton boulot à toi ?

Les bruits de la rue s’estompent, noyés dans un brouillard sensoriel. Mon front se plisse sous l’effet d’un léger vertige. La bière devait être plus forte finalement que je ne le pensais même si, habituellement, je commence à en ressentir les effets qu’après au moins trois choppes. Je secoue la tête et redresse mon dos avec la ferme intention de passer chez Giovanni pour manger un bout.

- Tu sais ce qu’on va faire ? On va passer au resto où je voulais aller, prendre à l’emporter avec une bonne bouteille, faire un détour par l’autre boutique pour trouver quelque chose qui te convienne et on filera chez moi, déguster le tout. Ça te va ? Et pour aller plus vite, on va suivre mon idée première. Allez bouge !

En riant, je lui attrape le bras et l’entraîne en revenant sur nos pas. Devant le petit parking où sont entreposées les trottinettes, j’abandonne ma prise sur son membre, passe une carte magnétique sur deux engins et en tends un à Yago.

- Fais pas cette tête ! Tu vas voir, c’est fun ! Ne me dis pas que tu n’en as jamais fais ? Plus vite au sera chez Giovanni, plus vite on rentrera. Et si tu veux, une fois chez moi, on pourra soit se mater une petite série, soit on se fait quelques parties de Black Ops. Ça te branche ?

Guidon en main, je pose mon pied sur la plateforme et donne l’élan prenant la direction de l’Italien.

- Le dernier arrivé est une poule mouillée !
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Jeu 26 Aoû - 16:58 (#)


Un grain de sable.

La patience de l’Éternel s'égrainait lentement mais sûrement, au contact de cet être si différent, dont il peinait à saisir les motivations comme le sens de certaines de ses paroles. Si les premiers échanges l'avaient amusé, il en venait déjà presque à regretter de s'être entiché de ce drôle de bonhomme. Car Ethan Roman représentait tout ce qu'abhorrait le Fils de la Nuit quant à l'humanité décimée, parmi ses indignes représentants du siècle actuel : un entêtement stupide malgré le danger évident, une grossièreté répugnante, ainsi qu'un goût douteux pour les références de la pop-culture qui ne trouveraient jamais grâce aux yeux de l'Immortel. Les minutes défilent, et il a de plus en plus de mal à contrôler ce froncement de nez qui déforme de temps à autre son faciès, incapable de s'empêcher d'éprouver une antipathie de plus en plus profonde pour cet Européen, dont la survie ne tenait qu'à un fil. Même la justesse de sa découverte quant à ses origines et sa religion ne suffisent plus à déloger la croyance enracinée dans l'encéphale vampirique : Ethan Roman ne trouvera jamais grâce à ses yeux, malgré les surprises et les rebondissements que générait la collision entre leurs deux êtres, diamétralement opposés.

Il cadenasse dans sa cage thoracique un soupir factice, dispensable, qui ne servirait qu'à confirmer les doutes de son interlocuteur. Car le changement de ton et la méfiance du mortel ne sont pas passés inaperçus, aux yeux de celui qui décortique la réalité aussi minutieusement que des rouages d'horlogerie. Et lorsque le mensonge est déclamé avec ferveur, il doit se retenir de ne pas hausser un sourcil, interdit face à une telle audace. Ethan n'est pas dessinateur. Ethan ne vend pas ses créations grâce à la machine aux multiples touches. Ethan répare des voitures et des motos dans un garage, situé non loin du motel dont il ne foule plus le sol depuis quelques mois déjà.
Cette bifurcation dans l'attitude de l'humain alerte le vampire quant à son comportement. Peut-être est-ce son langage ? son comportement ? Peut-être a-t-il sous-estimé la psyché de celui qui lui fait face ? Peut-être a-t-il perçu l'impulsion hypnotique, peut-être dispose-t-il d'une capacité lui permettant de s'en prémunir ?
Dans l'obscurité de la ruelle, il décortique le faciès trop expressif, subtilise le moindre indice coincé entre ses traits, déloge toute information nécessaire à la poursuite de ses manigances. L'autre se doute de quelque chose, et s'il souhaite poursuivre la manipulation à l’œuvre, il doit courber l'échine. Céder du terrain, tolérer quelques caprices du mortel, même si cela lui coûte. Se fondre en lui, pour paraître plus humain qu'il ne le sera plus jamais.

Conscient que l'imprécision de l'ordre mental avait suffi à créer une faille dans la tentative de soumission, il décide d'abdiquer, à contrecœur. Gagner la confiance de son voisin demeurait la priorité, par-delà son orgueil vampirique.
Déterminé, il brise enfin le silence pour lui accorder quelques réponses, contraint de ployer face à son entêtement tenace.
« Je suis Juif, oui. Et je suis horloger. »
Des phrases simples, efficaces, sans fioriture. Une prudence qu'il confectionne avec soin, même s'il ne résiste pas à l'envie de tester à nouveau l'humain, curieux de savoir si le mensonge serait assumé jusqu'au bout.
« Dessiner, c'est une belle passion. Même si je suis étonné, je t'imaginais plutôt dans un métier… manuel. Plus pragmatique. »
Le regard paisible, il le sonde, imperturbable, prêt à lui dérober le moindre tic qui le trahirait. Qu'Ethan formule donc ses caprices absurdes, au final, ce serait lui qui céderait le premier. De gré ou de force.

Les mouvements lents trahissent son manque d'entrain évident pour l'activité proposée, mais il le suit tout de même, étonnamment décidé à faire preuve de sa bonne foi, espérant endormir ainsi la vigilance du mortel à son égard.
« Okay… »
L'accent trahit ses origines, mais il s'efforce malgré tout d'opter pour un vocabulaire plus moderne que celui dont il use habituellement. Et puisque l'humain souhaitait visiblement déterminer lequel des deux était le plus malin, il allait jouer avec les mêmes règles.
« Tu as raison. Au plus vite nous serons chez toi, au plus vite… toi et moi… nous ne serons plus qu'un. »
Puisque l'impulsion hypnotique était désormais soigneusement accrochée dans la conscience de l'humain, il décide de s'amuser à le tourmenter, à faire planer le doute sur ses réelles intentions, maintenant que le garçon ne pouvait plus se soustraire à son emprise mentale. Finalement satisfait de le voir empoigner le curieux moyen de locomotion, il prend quant à lui tout son temps pour poser ses mains sur le guidon, et sa voix poursuit la silhouette masculine qui déjà s'éloigne à vive allure, cherchant à le troubler davantage.
« Tu as raison, pars devant… La vue est toujours plus agréable à l'arrière. Va chercher ton plat italien, on se rejoint au croisement. Et ensuite, je te suivrai jusqu'à chez toi. »

Et, pour parfaire le tableau, c'est une illusion de lui-même qu'il lance à la poursuite d'Ethan, un double solidement juché sur une trottinette rouge aux roues épaisses. La silhouette factice demeure à bonne distance d'Ethan, au cas où il prendrait l'envie à ce dernier de guetter son étrange acolyte par-dessus son épaule. Perché sur les toits, l'Immortel calque sa progression sur celle de son double, et joue même le jeu de descendre de son perchoir pour acheter des falafels au marchand indiqué par l'humain, avant de le rejoindre au croisement après leurs emplettes respectives, pour le suivre jusqu'au pied de l'immeuble où l'illusion se meurt, dans l'ombre d'une ruelle perpendiculaire. L'Oriental s'extirpe prudemment de l'ombre, abandonnant son double derrière lui, tout comme le dessin encore esquissé du moyen de locomotion douteux. Un sachet blanc contenant son plat accroché au poignet, il offre à Ethan un visage affable, fier de se tenir devant son immeuble qu'il fait mine de découvrir.
« Charmant endroit. Mon amant habite également dans le quartier. Souhaites-tu que je l'invite à nous rejoindre ? Je suis certain qu'il adorerait jouer au Black Ops, lui aussi. »
Il n'avait pas la moindre idée de la nature de ce divertissement, mais puisqu'il fallait jouer selon les règles de celui qui se croyait plus malin qu'il ne l'était, il se délectait de le tourmenter. Provocateur, il pousse le vice jusqu'à s'avancer vers lui pour frôler sa hanche de la sienne, espérant ainsi initier le mouvement qui les amènera tous deux à l'intérieur de l'immeuble, puis du foyer d'Ethan Roman, qu'il profanera alors sans scrupule, impatient de pouvoir aborder les véritables enjeux de ce que le mortel appelait encore inutilement Destin.

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Ethan Roman
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Jeu 2 Déc - 17:57 (#)

Le vent siffle à mes oreilles et le fond de l’air rafraîchit mon corps, le délivrant de la légère brume alcoolisée tournoyant dans mon esprit. Je zigzague sur le trottoir, me riant des invectives des passants. J’abuse, moi aussi, je hurle quand les gens me frôlent alors que je suis en train de déambuler tranquillement. Tournant légèrement la tête, j’aperçois mon gaillard qui peine à suivre mon rythme, il est nettement plus prudent et surtout, il n’essuie aucune brimade, c’est comme si les passants ne le voyaient pas, l’ignorant totalement, agissant comme s’il n’était pas là.

Les paroles de mon acolyte me reviennent en mémoire, je fronce les sourcils et me retourne une énième de fois afin de vérifier la direction de son regard. Trop loin, mais je jurerai que ses yeux étaient posés sur mon cul, ce qui confirme ses dires. Va falloir, très vite, mettre les choses au point ! J’ai rien contre les homos, mais c’est pas pour moi, même si j’ai jamais essayé, j’ai aucune envie de le faire. En plus, le Yago, c’est pas qu’il est vilain garçon, mais c’est pas mon genre. Et pis non ! Aucun mec n’est mon genre ! Exclu !

Il bifurque pour se rendre à sa boutique. Je respire plus librement. Les néons du resto de Giovanni clignotent joyeusement aux couleurs du drapeau italien. La trottinette est abandonnée sur le perron et je m’engouffre dans l’établissement, commande et patiente en sirotant un verre de vin, gentiment offert par la maison.

Mes victuailles récupérées et accompagnées d’une bonne bouteille de rouge, je reprends la trot’ et retrouve Yago, son propre sac accroché à son poignet à l’angle de la rue. Mon immeuble n’est plus très loin et je propose à mon comparse de rallier notre destination à pied, abandonnant nos montures sur un parking prévu à cet effet. Le trajet se fait rapidement, poussé par un vent forcissant, ébouriffant nos crinières respectives. Une étrange proposition tombe, stoppant net mon entrée dans la cage d’escalier, je me tourne afin de lui faire face. Il est grand temps de mettre les points sur les i.

- Ecoute Yago, franchement t’es cool et sympa. Je ne te connais pas encore très bien mais ta compagnie est plaisante. Je suis ravi de savoir que ton amant est du même quartier, je suis très content pour toi que tu puisses t’épanouir en amour comme en amitié, en tout cas, c’est ce que je te souhaite. Par contre, arrête avec tes allusions, s’il te plaît. Je suppose que ce que je m’apprête à lui dire, il l’a déjà entendu des centaines de fois mais au moins, je mettrai un terme définitif à ses attentes ou ses illusions, pour autant qu’il en ait. J’en ai rien à faire que tu préfères les mecs, les trans’ ou autres, mais ce n’est pas du tout mon cas. Personnellement, les nénettes avec de jolies formes, en haut, je mime une poitrine avantageuse avec mes mains, cherchant à lui faire bien comprendre mes préférences, et un bassin large accrochent plus mes attirances. Une gonzesse, quoi… Alors si tu pouvais arrêter avec tes allusions, ça serait parfait. C’est pas que….

La musique de « The eye of the tiger » retenti au fond de ma poche. Levant un index devant le visage de Yago, en guise d’attente, je sors mon téléphone afin de m’enquérir de mon correspondant. Un sourire radieux anime mes traits et je réponds sans hésiter, ne cherchant pas à feutrer mes paroles.

- Hello Nicola !
- Ethan, à croire que tu attendais que je t'appelle ! J'ai une caisse de champagne à ton nom, je l'envoie où ? Garage, appartement ? A moins que tu préfères profiter du champagne dans un club. J'ai mes entrées."
- Ben chez moi... et viens avec la caisse, j’y suis avec Yago, un gars récemment rencontré.
- Yago... Ce prénom me rappelle celui d'un ami. Il a un nom de famille ? Le monde est petit après tout. Et la coïncidence serait... incroyable.
- Heu... je ne sais pas, tout ce que je sais c’est qu’il vient de l’orient.
- Hum. Pays compliqués, mais très à cheval sur le règlement et les horaires. Dis-moi, il aime les montres, ton ami ?
- Il est horloger.
- Ah ! Salue-le de ma part, tu veux ! Et rappelle-lui d'être prudent avec qui il traîne, ça pourrait lui jouer des tours. La caisse de champ' arrive demain, mets-ça au frais. A bientôt !
- Merci Nicola et tu passes à la maison quand tu veux ! J'ai acheté le nouvel Black Ops ! Biz biz à bientôt !

Ma joie est visible lorsque je coupe la communication. Je glisse l’appareil à sa place en émettant un petit rire et relève les yeux vers mon interlocuteur.

- Rah, ce Nico ! Je secoue la tête, ne pouvant m’empêcher de ricaner. Vous vous connaissez ? Il m’a dit de te dire de te méfier avec qui tu traînes…

Le coup de fil de mon ami italien a mis un terme à ma mise au point et a ramené ma bonne humeur ainsi que ma logorrhée.

- C’est mon meilleur pote ! Un gars vraiment formidable ! Enfin, tu dois savoir, vu que tu le connais. Comment tu l’as rencontré ? Ca fait longtemps ? On va pas dîner sur le pas de la porte, go, go, on monte ? J’suis au premier, la porte à gauche.

Je m’engouffre dans l’immeuble délabré, fronce le nez dans l’escalier en raison de l’odeur qui jamais ne changera et ouvre la porte. Avant de pénétrer dans l’appartement, je me retourne et souris à Jacqueline, ma voisine qui nous épie d’un œil méfiant.

- ‘Soir Ethan, vous allez pas chahuter jusqu’à point d’heure ?

Secouant la tête, je fais signe à Yago que nous sommes arrivés à destination. Sans un mot, je m’installe sur le canapé et dépose mon repas sur la table basse en levant les yeux vers mon invité.

- Alors ? T’as pris quoi de bon ?






HRP : Merci à Nicola pour son aimable participation.
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Dim 23 Jan - 20:54 (#)


Un grain de sable.

Le malaise engendré chez son interlocuteur dépassait de loin ses espérances. Amusé, il n'aurait pas hésité à pousser le trait si cet appel impromptu ne l'avait pas interrompu dans sa lancée. L'intérêt qu'Ethan porte à la sonnerie de l'appareil le distraira peut-être de la grimace de l'Immortel, quant à l'évocation des courbes féminines. S'il y avait bien une chose sur laquelle il s'était montré honnête ce soir, c'était sa réaction spontanée quant aux attributs des femmes qu'il ne fréquentait presque jamais intimement. Hormis Aliénor, aucune n'avait jamais trouvé grâce à ses yeux. Une conversation qu'il se garderait bien de partager avec le mortel, trop ancré dans ses considérations pragmatiques pour comprendre de tels enjeux. Quelque part, il lui enviait cette innocence, dont témoignait le regard candide qu'il portait sur le monde. Si sa crédulité face à sa nature vampirique, malgré la Révélation, lui avait semblé stupide dans un premier temps, il la considérait désormais d'un autre œil. Après tout, ne s'était-il pas lui-même fourvoyé face à Salâh ad-Dîn, il y a un siècle de cela ? N'avait-il pas refusé d'admettre la vérité, malgré les indices évidents ? N'avait-il pas consciemment décidé de ne pas se méfier suffisamment de cet être surnaturel ?
N'était-il pas mort de s'être montré presque aussi naïf qu'Ethan Roman ?

La conversation téléphonique l'arrache à ses pensées tourmentées. Au-delà du prénom, il reconnaît aussitôt le timbre de voix de l'ancien compagnon de son Sire. L'information qu'une amitié existe peut-être bel et bien entre ces deux hommes que tout oppose peine à franchir sa conscience. Stupéfait, il ne masque pas son étonnement, tout en écoutant sans se priver la conversation que son ouïe vampirique perçoit dans son intégralité.
Nicola. Ethan. Pour une surprise, elle était de taille. Et comble du hasard, cette conversation plus que malvenue risquait de mettre en péril son entreprise de la soirée, et de ces derniers mois.
Si Ethan était réellement, comme il le prétendait, le meilleur ami de Nicola (un léger froncement de sourcils accueille cette information, qu'il se promet de partager dès que possible à son Sire), alors il connaissait très certainement sa véritable nature. Et tôt ou tard, il ne tarderait pas à comprendre celle de son interlocuteur. Si ce n'était pas déjà le cas. Dans ce jeu de dupes, l'Immortel ne commettrait plus l'erreur de sous-estimer son adversaire. Après tout, le jeune homme n'avait-il pas menti délibérément quant à sa profession ? Il se méfiait.

Le visage impassible, il se contente de rétorquer tout bas, entre deux flots de pensées enchevêtrées.
« Oui, je le connais. C'est le meilleur ami de cet amant dont je te parlais. »
Malgré le déséquilibre engendré par cette révélation, il ne peut s'empêcher de s'amuser à le tourmenter davantage en disséminant le doute dans son esprit mortel. Lui ? Le meilleur ami d'un vampire de huit siècles ? Qui était-il face à son Sire, et à la puissance du lien qu'il entretenait avec Nicola ? Décidément, cet humain ne manquait pas de toupet.

Sans rien ajouter de plus, il le suit docilement, veille à toujours demeurer derrière afin de conférer l'impression qu'il le suit, plus qu'il ne l'attire dans sa tanière. S'il éprouve un peu de déception à l'idée d'avoir dû recourir à l'hypnose pour parvenir à ses fins, il sait que l'échéance se rapproche dangereusement. Le moment est trop crucial pour qu'une erreur parasite ses plans.
Le visage familier de l'octogénaire lui apparaît dans l'encadrement de la porte, elle et son éternelle manie de s'intéresser à ce qui ne la concerne pas. Son regard délavé passe de l'Européen à l'Israélite, sans paraître reconnaître ce dernier. L'air presque affable, il se contente de la dévisager sans un mot, satisfait de la savoir si encline à payer le loyer de l'horloger lorsqu'une impulsion hypnotique le lui ordonne. Il se demande si la vieille Française s'était déjà plainte à Ethan de la disparition inexpliquée de sa maigre retraite et de ses tracas financiers. En tout cas, cela ne semblait pas inquiéter son voisin qui entraîne déjà son nouveau camarade, avec un peu trop d'enthousiasme, à l'intérieur de son logis.
S'il savait.

Toujours sans une parole, il étudie la configuration des lieux, visiblement décidé à ne pas faire preuve d'autant d'aisance que son interlocuteur. L'appartement, aussi vétuste que le sien, ne disposait cependant d'aucun charme, contrairement à l'atmosphère que conféraient les combles qu'il occupait de temps à autre. Le mobilier était d'une simplicité redoutable, et tout ici laissait croire que le gaillard ne s'encombrait guère d'élément qui ne lui soit pas utile au quotidien. Un véritable appartement de célibataire endurci. D'ailleurs, il ne lui semble pas l'avoir déjà surpris en compagnie de l'une de ces femelles, dont il décrivait pourtant l'intelligence physique avec beaucoup d'intérêt. Éprouvait-il des difficultés à les courtiser ?

Son regard chute vers le mortel attablé, puis vers son repas déballé.
Lentement, il s'avance à son tour vers la table basse et s'installe à l'autre extrémité du canapé. Il dépose le sachet kraft face à lui.
Vide. Aucune odeur alléchante ne s'en échappe. A l'intérieur, seul un carton vaguement rectangulaire conférait jusqu'alors l'illusion d'un repas à emporter, déniché sur un tas d'ordures à proximité de leur immeuble.
Rien. Un mensonge. Qu'il ne tente plus de lui dissimuler. Sans la variable Nicola, il aurait pu s'amuser à faire durer le plaisir encore quelques temps. Mais désormais, il était devenu inutile de le mener encore en bateau. Tôt ou tard, il s'apercevrait de la supercherie, et l'Immortel ne pourrait plus compter sur sa dévotion future.

Alors, il change de stratégie. Il opte pour un virage brutal, pour une vérité crue qu'il lui assène, les yeux plantés dans les siens, entre deux bouchées d'une trivialité dérangeante, une mastication en décalage avec la révélation en jeu.
« Je n'ai rien commandé. »
Les paroles sont débitées lentement, comme s'il en savourait chaque mot, à l'instar des bouchées appréciées par son hôte.
« Et je ne suis pas plus humain que tu n'es illustrateur, Ethan Roman. Mais de cela, tu devais déjà t'en douter, n'est-ce pas ? »
Se rendra-t-il compte que son invitation n'était pas de son fait ? Ou préférera-t-il s'obstiner à croire qu'il conservait un tant soit peu peu de libre arbitre, au creux de cette rencontre peu commune ?
« La nuit de l'accident, je te suivais. »
Son index caresse distraitement le tissu de son pantalon tandis qu'il lève le voile sur ses véritables intentions, l'air détaché.
« Les autres nuits également. Pas une seule fois, le hasard n'a dicté nos rencontres. »
Il cligne lentement des yeux ; un silence s'étire entre eux, comme pour laisser le temps à l'humain d'assimiler cette nouvelle réalité. Puis, l'Israélite change de sujet, le ton presque léger.
« J'apprécie beaucoup Nicola. Comment t'es-tu lié d'amitié avec lui ? Décidément, c'est un homme étonnant. Et… toi aussi, après tout. »

Sans cérémonie, il se lève pour déambuler dans la pièce principale, de sa démarche aérienne et foncièrement imprévisible. Parfois, il s'arrête contre un meuble ou sur un détail de la pièce, qu'il examine avant de retourner à sa marche irrégulière. Ses yeux délaissent Ethan dans le canapé, seule sa voix l'encercle, dissémine peu à peu les véritables attentes qu'il porte à son intention.
« Tu n'es pas illustrateur. Tu travailles dans un garage, au nord de la ville. Un garage situé non loin d'un motel, le Lucky Star. Connais-tu cet endroit, Ethan ? »
Probablement. Il aurait été étonnant que certains clients du motel, qu'ils soient réguliers ou temporaires, n'aient pas déjà eu recours à ses services. L'Immortel ne serait pas surpris que Serguey lui-même ne s'y soit pas déjà rendu.

Debout face à la fenêtre, les mains liées dans le dos, il s'adresse à lui sans le regarder, mais ses mots le transpercent davantage que ne le ferait un regard acéré.
« J'ai besoin que tu me rendes un service. Vois-le comme un travail, si cela te chante. Il y aura évidemment une contrepartie. Je suppose que tu me réclameras de l'argent, car c'est ce que convoitent la plupart des mortels. »
Presque tous les mortels. Mais tout le monde ne pouvait pas se targuer de poursuivre des buts aussi nobles que ceux d'Eoghan Underwood.
« Mais je peux également te fournir une protection, si c'est cela que tu désires. »
D'une lenteur irréelle, il pivote finalement pour planter à nouveau ses prunelles de sable dans les siennes, et la tempête menace de souffler sur le mortel, si ce dernier ne répond pas à ses exigences.
« Toutefois… avant toute négociation, j'ai besoin de savoir que je peux te faire confiance. Entièrement. Es-tu digne de confiance, Ethan Roman ? Ou ferais-je mieux de t'arracher la carotide dès ce soir ? Je déteste les trahisons. »
L’œil d'ambre s'enfonce sous le derme de l'humain, au milieu du front, comme s'il cherchait à lui percer le crâne et à saccager son esprit d'un simple regard.
Je t'écoute, éphémère créature.

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Dim 13 Fév - 16:57 (#)

Il observe mon intérieur qui n’a vraiment rien d’exceptionnel, bien au contraire. Aucun meuble ne m’appartient ici, hormis l’immense écran plat et tout ce qui va avec, comme la console et l’ordinateur portable. Une copie du dessin fait de Garance est accrochée au mur, près du lit, l’original est précieusement gardé au fond d’une valise. Seul vestige qui a survécu à mon exode. Pas de photo, pas d’attache, tout est logé dans ma caboche. Je n’ai pas besoin de support pour me souvenir, pour ressentir encore les caresses douces qu’elle me distillait, des mélodies qui résonnent à toujours, dans mes oreilles et de l’amour que nous nous portions. Même mon téléphone ne contient aucune image de ma défunte femme. Certains jours, je le regrette mais il me suffit de fermer les yeux pour retrouver son sourire.

L’appartement est impeccable, le ménage est fait régulièrement par mes propres soins. Au moins un truc que j’ai emporté de ma mère qui était limite maniaque. Yago s’assied à l’autre bout du vieux canapé, les ressorts fatigués protestent faiblement. Visiblement, il a compris qu’il ne m’intéresse pas.

Je déballe soigneusement les différents plats qui composent mon repas et sors un couteau suisse, possédant un tire-bouchon afin d’ouvrir la bouteille. Le liège émet son petit « plop » caractéristique et le liquide est versé dans deux verres à pied disparates. Après en avoir disposé un devant mon invité, je porte ma coupe à mes lèvres et me délecte du nectar avant d’ouvrir ma première barquette. Un délicieux fumet s’en échappe, me faisant saliver. J’attends pas sa réponse, bien trop longue pour attaquer mon repas et engouffre une première bouchée.

- Hein ?

Ma fourchette reste suspendue en l’air, figée par les paroles du bonhomme. Mon regard est happé par les orbes ocre alors que je sens un déluge de frustration et de colère m’envahir. Je l’écoute, bien plus attentivement qu’il y a moins de dix secondes auparavant, j’en oublie ma bouffe, mon geste toujours flottant entre la nourriture et mes lèvres. Peu à peu, au fil des paroles, mon bras s’abaisse, délaissant la joie de la ripaille, un goût amer flottant sur ma langue.

Puis la peur s’insinue, lentement mais sûrement. Elle s’infiltre, fourbe, serpente le long de mes muscles, les emprisonnant dans un étau serré, me clouant sur le sofa. Une fine pellicule de sueur froide vient recouvrir mon front. Nerveusement, je passe ma langue sur mes lèvres, on dirait du carton.

Ainsi il m’a filé. Durant tout ce temps. Ce que je ressentais à l’époque, cette impression d’être observé, suivi n’était pas une illusion. J’aurai dû me fier à mon instinct au lieu de me persuader que j’étais parano. Pourquoi suivre un petit mécano, sans importance, il s’emmerde tellement dans son éternité ? Je ne pipe mot, je veux savoir où il veut en venir. J’ai l’impression que mon appartement est trop petit, que les murs sont en train de se rapprocher, l’air viendrait presque à me manquer. L’image d’une souris prise au piège dans une cage minuscule s’impose dans ma tête. Mon esprit me joue des tours, j’ai horreur quand cela arrive. Bien trop mauvais acteur, j’ai dû mal à cacher mes sentiments. Mes doigts se croisent, je grimace légèrement lorsque mes paumes se touchent, elles sont moites, presque collantes. Mes coudes viennent se poser sur mes cuisses et mes poings forment un appui pour mon menton. Salopard ! Mes lèvres se serrent, empêchant le mot d’infester l’atmosphère. Silence.

Un automobiliste impatient s’acharne sur son klaxon avant d’enfoncer la pédale de l’accélérateur, faisant mugir la mécanique. Qu’il pète son moteur cet abruti ! La colère qui m’habite est presque palpable, j’en veux à la terre entière. A ce connard qui fait hurler son moteur, à Jacqueline qui passe son temps à lorgner mes allées et venues, mais surtout à ce type, à cette sangsue qui se la joue, qui a abusé de ma confiance et de ma gentillesse. Si je n’avais pas vu Nicola à l’œuvre, j’aurai peut-être eu la mauvaise idée d’empoigner l’anomalie biologique qui arpente actuellement le plancher de mon appartement et de le foutre dehors. Sauf que voilà, la peur étrangle la fureur, m’empêchant d’agir.

- Tu m’as trompé, tu m’as trahi

Les mots s’échappent, timides, ressemblant plus à un murmure qu’à une accusation, mais peu importe. Je chasse un chat s’étant logé dans ma gorge et abandonne ma posture, pour attraper mon verre de vin et bois une bonne lampée. Tout en m’agitant, je sens mon t-shirt coller à ma peau, dû à la sudation sécrétée par la terreur. Avoir un vampire dans son salon, c’est pas très rassurant. J’veux qu’il s’en aille, maintenant.

- Laisse Nicola en dehors de cette affaire, cela ne te regarde pas comment je l’ai connu. Cesse de tourner autour du pot, arrête de tripoter mes affaires, assieds-toi et viens-en aux faits.

J’aurai voulu que mon timbre soit ferme mais ce n’est qu’un mince filet qui s’étiole au fil des mots, frôlant mes lèvres.

- Oui je connais ce Motel.

Un monologue découpé débute, aux intonations diverses et changeantes, me déstabilisant totalement. Je ne comprends pas ce qu’il veut, pourquoi il a agi ainsi. Pourquoi ne pas simplement venir au garage et me parler franchement ? Au lieu de cela, il a monté tout un stratagème pour s’infiltrer finalement dans mon appartement, endroit où je me sentais, jusqu’à présent, en sécurité. Le regard qu’il me tend me glace le sang mais les paroles qui s’y accompagnent me redonnent une certaine vigueur. Malgré la peur qui emprisonne ma cage thoracique, je hausse les sourcils et émets un ricanement sans aucune joie.

- Tu viens me parler de confiance alors que tu as abusé de la mienne ? Tu crois pas que c’est un peu l’hôpital qui se fout de la charité ? Je lui rends sont regard, que j’aurai voulu perçant mais l’abaisse très vite. Oui, je bosse au Silver Tools, je suis mécano. Et alors ? Parfois, se faire passer pour un autre, ça fait du bien pour nous autres, humbles mortels. Caresser, le temps d’une soirée, qu’on est quelque chose de différent. Mais bref, là n’est pas le point. Vu que tu m’as traqué, tu devrais savoir que ma vie est terriblement monotone, qu’elle est composée de la fameuse routine métro - boulot - dodo.

Mes pâtes refroidissent. Je referme le clapet dans un geste rageur, j’ai plus faim, il m’a coupé l’appétit. Bon dieu ! Moi qui pensais, naïvement qu’on allait passer une bonne petite soirée, sympa, à papoter de tout et de rien, à déconner sur des banalités. Il peut pas juste partir et me foutre la paix ?

- Tu t’es joué de moi, j’espère que tu t’es bien amusé. Ton fric, je n’en veux pas, j’en ai pas besoin. D’ailleurs, je me demande bien comment il gagne sa vie. Une protection ? Pourquoi ? Je suis en danger ? J’veux dire hormis le fait qu’il y a un vampire dans mon appart’ qui me menace de me vider de mon sang ?

A l’aide de mon pouce et mon index, je me frotte les yeux et prolonge mon geste en rabattant quelques mèches volages sur mon crâne. Malgré l’agressivité de mes paroles, le ton ne l’est pas, ça serait plus la déception qui le hante. La peur, toujours présente, tenace et pénétrante n’empêche pas la curiosité de poindre.

- Qu’est-ce qu’un mec comme moi, banal à souhait, pourrait faire pour un gars comme toi ? Tu veux des photos du soleil ?
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Sam 19 Mar - 18:28 (#)


Un grain de sable.

La peur, la colère et la trahison empestent l'air ambiant de l'appartement. L'Immortel, aux aguets, se régale du spectacle, des réactions immédiates tout comme des informations olfactives que l'humain lui délivre sans le vouloir. Il confesserait sans honte se délecter de ce genre de moments, où le levier dramaturgique provoque une telle tension chez le mortel qu'il en devient une attraction à part entière. Les lèvres tremblent, les poings se serrent, et les pulsions qui s'agitent en lui s'enracinent probablement dans une violence primitive qu'il désirerait presque goûter. Frappe-moi. Qu'il se lève, qu'il éructe, qu'il laisse la colère le galvaniser plutôt que la peur le terrasser. Le vampire avait soif de cet affrontement vain, d'une tentative absurde de la part du mortel pour protéger sa vie, qui se solderait immanquablement par la mort ou au mieux, par une blessure suffisamment profonde qu'elle le dissuaderait à tout jamais de retenter l'impossible.
Mais, fort heureusement pour l'humain, l'Immortel n'avait pas fourni tous ses efforts pour simplement l'abattre froidement dans son salon.

Il a du mal à s'arracher au spectacle de la fureur vacillante, sous le derme qui palpite. Le tourbillon émotionnel est un délice pour les yeux, les réactions du corps ravissent son ouïe. Les mortels sont si bruyants lorsqu'ils craignent pour leur vie, ou pour leur sécurité. Il en est presque étonné de l'entendre finalement formuler une demande, celle de le voir revenir à ses côtés dans le canapé. A-t-il totalement perdu la raison, ou tente-t-il de faire preuve de témérité, dans un dernier élan ? Un rictus troue le visage de l'Israélite qui, après de longues secondes de contemplation muette, daigne finalement accéder à sa requête. Le pas aussi serein qu'orgueilleux, il contourne de nouveau la table basse pour retrouver sa place initiale, le dos cette fois appuyé contre l'accoudoir, afin de l'observer à loisir. Il ne veut pas perdre une miette de cet échange.

Après l'incompréhension, l'agressivité. Ethan Roman était finalement plus audacieux qu'il ne l'aurait cru de prime abord. Il l'avait évalué plutôt fuyard, et éprouve donc la satisfaction de constater qu'il s'était trompé, au moins partiellement. Beaucoup auraient paniqué face à une telle révélation, lui se contentait de reprendre ses esprits et d'essayer tant bien que mal de se débarrasser au plus vite du problème immédiat. Nicola n'était peut-être pas tout à fait étranger dans cette réaction endiguée.
« Tu ne devrais pas me provoquer. »
Un simple avertissement, même si le ton de sa voix ne se durcit pas. Il n'en est pas encore à se sentir agacé par les revendications du mortel et par ses plaintes, mais ces choses-là n'étaient pas immuables.
« Je ne t'ai pas menacé, je t'ai simplement exposé les faits. La colère t'étourdit et te donne une fâcheuse tendance à la dramatisation. Sache que je n'apprécie pas cela. Je t'ai bafoué, certes, mais j'avais besoin de savoir si je pouvais te faire confiance. Ce sont des choses que tu ne comprendrais guère, petit homme. »
Il fait preuve d'un orgueil délibéré, pour le simple plaisir de le provoquer. En réalité, il ne le méprisait pas autant qu'il le lui faisait croire. Mais c'était plus fort que lui : ses réactions spontanées l'amusaient. Beaucoup.

D'un mouvement infime, il se penche légèrement vers son interlocuteur. Puisque l'autre repoussait toutes ses propositions, autant aller droit au but. Après tout, il avait déjà perdu de longues nuits à refermer son emprise sur lui. Et désormais, il n'avait plus besoin de s'en cacher.
« C'est justement parce que tu es banal et affublé d'un train de vie routinier que je t'ai choisi. »
Cela pourrait presque sonner comme un compliment, si ses narines ne frémissaient pas discrètement d'un dédain évident. Une vie gâchée, selon lui. Tout du moins, de ce qu'il en avait aperçu.
« Que connais-tu de ce motel, Ethan ? »
Non pas que la réponse change grand chose à son approche, mais il devait savoir si des informations avaient fuité. Connaître la réputation du lieu. Découvrir si certains avaient parlé.

D'humeur belliqueuse, il tend finalement le bras pour attraper la bouteille de vin et servir à nouveau le Roumain. Puis, de sa main amputée, il repousse tranquillement le verre rempli vers lui.
« Tu n'as pas besoin de connaître tous les tenants et aboutissants. Au contraire : moins tu en sauras, mieux tu te porteras. Mais j'ai besoin que tu sois mes yeux et mes oreilles, vis-à-vis du motel. »
Il effectue une pause, écoute les secondes s'égrainer contre le plancher, pour laisser le temps à l'humain d'assimiler ses propos, en dépit de sa nervosité.
« Je veux que tu sois aux aguets des conversations de ses habitants qui pourraient se rendre dans ton garage pour solliciter tes services. Tu as dit que tu connaissais cet endroit, donc certains clients t'ont probablement déjà appelé à l'aide. Tu es même peut-être, avec un peu de chance, déjà intervenu sur le parking du motel. »
Il l'espérait, cela lui ferait gagner du temps. Et cela éviterait peut-être à l'humain une prise de risque supplémentaire.
« Si ce n'est pas le cas, je te demande de le faire. Arrange-toi comme tu veux. Fais ta promotion, distribue tes cartes de visite, je n'en ai cure. Je veux que tu sois là-bas, aussi souvent que tes services te le permettront, sans que cela n'éveille de soupçon. »

Banal. Un quotidien rythmé par des habitudes. Des doutes, il n'en éveillerait pas. Personne ne prêterait attention à lui. C'était tout ce dont il avait besoin.
« Je veux des noms, des habitudes, des rumeurs. Je veux savoir ce qu'il s'y passe. Même ce qui te paraîtrait insignifiant. Ce sera à moi d'en juger. Sais-tu réparer autre chose que des voitures ? Le matériel est un peu défectueux à l'intérieur, on pourrait te solliciter pour autre chose. Te proposer de rentrer. Accepte. Écoute. J'exigerai des rapports détaillés. »
Pousserait-il sa curiosité à réclamer des détails ? Ou alors un ultime sursaut d'orgueil lui intimerait-il de refuser ce que le vampire lui demande ?
Le visage impassible, il se redresse finalement pour mieux s'appuyer contre l'accoudoir, toujours tourné vers Ethan.
« Je te le propose à nouveau : que désires-tu en échange ? Je ne suis pas un monstre : tout service mérite rétribution. Mais tu souhaites peut-être prendre le temps d'y réfléchir ? »
A la nature du service seulement, car il était parfaitement exclu qu'il envisage de refuser l'offre de l'Immortel.

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Sam 26 Mar - 19:57 (#)

Un ressort du canapé grince alors que je change mon assise pour mieux regarder le macchabée qui se tient à l’autre bout du sofa. Sous son teint légèrement hâlé, sa peau ressemble à de la cire, j’aurai dû voir, j’aurai dû me méfier. Mais c’est pas dans ma nature, je suis une personne spontanée qui ose encore faire confiance aux autres. Certains diraient que je suis naïf, d’autres stupide. Et dans le fond, je m’en fous de ce que les gens pensent de moi, je veux juste mener ma petite vie tranquille et qu’on me foute la paix. Sauf que voilà, je me retrouve avec un vampire, qui voile à peine ses menaces de me dégommer et qui m’a suivi pendant des mois pour me confier une sorte de mission.

La peur est toujours présente et elle m’empêche de rétorquer comme je le voudrai. Je lui collerai très volontiers une droite mais ça, même s’il s’agissait d’un humain, je ne le ferai pas. C’est pas dans ma nature de cogner les autres, même si mes poings me démangent.

Sa voix est agaçante, voguant entre un timbre sans émotion et un truc légèrement plus fort qu’un chuchotement. Je dois parfois même tendre l’oreille pour capter ce qu’il dit. Foutu mort-vivant, il peut pas s’exprimer comme tout le monde ? Ca doit être le poids des années qui lui tape sur le système.

Reprenant un peu de poil de la bête, j’ose lui adresser un coup d’œil plus long qu’une demi-seconde avant d’admirer à nouveau la vieille table basse en bois, maculée d’innombrables ronds provenant des verres trop souvent renversés. Le voisin du dessus s’est remis au bricolage et le gosse du dessous braille, comme à son habitude. Manque plus que le crétin qui se croit à « America’s got talent » entame un remake de Eminem et on sera dans le parfait cauchemar. Faut que je déménage, ça devient urgent. Malgré la chair de poule et les poils hérissés sur ma nuque, dû à la présence du cadavre en bout de sofa, un petit sourire naît sur mes lèvres.

- Je ne connais rien de cet endroit. C’est un motel comme tous les autres. J’ai jamais dormi là-bas. Mon bras s’élève et montre l’unique pièce qui me sert d’appartement. Qui voudrait quitter un tel palace pour une nuit dans un motel où les chiottes et la douche ne sont pas sur le palier ? Et pis, je paye un loyer, pourquoi j’irai dépenser encore du fric pour pioncer à moins de vingt bornes de chez moi ?

Secouant la tête, j’abaisse ma main et la tends vers le verre presque vide déjà. Toutefois, je suspends mon geste, estimant qu’il serait plus sage de garder les idées claires afin de bien comprendre la demande de mon « invité ». Ramassant la bouteille, je me lève et la dépose, hors de portée, sur le minuscule plan de travail de la kitchenette et me sers un grand verre d’eau. Revenant vers le coin salon, je m’installe dans le fauteuil, face à Yago, mettant la table entre lui et moi. Ça ne sert à rien s’il me sauter dessus, je le sais, mais ça me rassure et au cas où, la porte d’entrée est plus près aussi.

- Tu sais, les gens m’appellent parce que le garage dans lequel je bosse est proche du Lucky Star, c’est tout. Leurs bagnoles tombent en rade, je répare si c’est possible, sinon j’embarque la caisse et c’est tout. Je n’entre pas dans les chambres, je suis juste un mécano. Je suis allé une fois à la réception, au printemps, pour y déposer des cartons de visite, histoire de faire de la pub. Je ne sais pas si t’as déjà foutu les pieds là-bas, mais c’était un vrai souk, littéralement parlant. Le vrai cliché, comme on voit dans les films. A un moment, j’ai presque cru, d’ailleurs, que c’était un repère d’Al Qaïda. Mais ça a changé depuis l’automne. Peut-être un nouveau proprio, je sais pas. Mais c’est plus traditionnel. Dommage, je trouvais ça assez rigolo d’entendre de la musique orientale sortir du bureau. Ca me donnait presque l’impression d’être en vacances.

Tout en parlant, je me demande s’il n’aurait pas quelque chose à voir avec ce brusque changement de décor. Il est israélien après tout, ça vient bien de par là-bas. Je questionnerai Nicola à l’occasion, vu qu’il le connaît, il saura certainement m’en dire plus. Là, avec ce zoulou, je vais pas approfondir vu la nature de notre relation. Ses menaces sont réelles, je suis convaincu que si je ne lui dis pas exactement ce qu’il veut entendre, qu’il ne se gênerait pas pour venir me piquer quelques « litres ». Et j’ai pas du tout envie d’un tel rapprochement entre lui et moi.

Les paroles se tarissent, ses exigences sont claires sans que je sache comment les satisfaire. Il m’a observé la nuit mais est-il au courant que la journée je ne sors pas souvent du garage ? Certes, parfois je fais mes dépannages, quand je suis de piquet, mais c’est pas tous les jours non plus. Et ce foutu motel, si j’y vais une fois tous les trois mois, c’est beaucoup…

Un semblant de silence s’établit entre nous, tandis que les sons environnants poursuivent leurs litanies incessantes. Epuisantes. Le regard perdu dans le vague, je ronge l’ongle de mon pouce tout en réfléchissant à la situation qui m’empêcherait de finir en hors d’œuvre pour le vampire. Un coup de feu éclate me faisant sursauter et me ramenant à la réalité. Nerveusement, je passe mes mains dans mes cheveux et secoue la tête.

- Sérieusement, comment veux-tu que…

Une idée jaillit soudainement, faisant apparaître un franc sourire sur mon visage.

- Mais oui ! Je sais ! Par contre, c’est toi qui prends les frais en charge !

Je me lève, effectue quelques pas dans l’espace réduit de l’appartement et viens me placer derrière le fauteuil, prenant toujours bien soin de ne croiser le regard ocre et dérangeant du caïnite.

- Je ne peux pas faire ce que tu me demandes. J’ai un boulot, mes journées, je les passe au garage. Tu comprends ça ? Bref coup d’œil au cadavre qui est parfaitement immobile. Bordel, s’il pouvait avoir un minimum de mouvement, histoire de donner l’illusion qu’il est pas si mort que ça, ça serait quand même plus facile. Alors ok, ma solution n’est peut-être pas idéale, mais c’est mieux que rien. En fait, je vais aller m’installer au motel, ils doivent certainement faire des prix pour des gens qui y logent au mois. Je dirais que mon appartement est en rénovation que c’est en attendant de trouver une nouvelle location ou une autre connerie du style, bien que, j'ai pas à me justifier mais bon. La seule chose qu’il y a déménager, c’est ma télévision et mes consoles. Ca devrait pas poser trop de problème. Tu me donneras un coup de main.

Au final, ça me paraissait un super plan. Le quartier du Lucky Star était sacrément plus tranquille qu’ici. Pas de ménage à faire, pas de loyer à payer, un parking surveillé, pas loin du garage et surtout… les commodités dans la piaule. Il suffira de papoter un peu avec les gens qui se trouvent dans la même situation que moi, tailler la bavette avec l’employé de la réception et le tour était joué.

- Alors, t’en pense quoi ? Tu crois que tu as les moyens de me loger là-bas ?

Empli d’une nouvelle vigueur, la peur reléguée au second plan, sans être totalement disparue, je reprends place dans mon fauteuil et parviens enfin à garder mes orbes bleus sur son visage de marbre.

- Au fait, je ne te provoquais pas tout à l’heure. Faut apprendre à te détendre, mon grand. T’as quel âge Yago ?
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Mer 30 Mar - 21:22 (#)


Un grain de sable.

Quel bavard, cet humain.
Il l'écoute déblatérer son monologue, peinant à retenir un sourcil de s'arquer lorsque l’Éphémère lui fait part de ses hypothèses concernant le motel. Un repère de terroristes ? Il roule discrètement des yeux vers le plafond, cadenasse de justesse une parole vindicative. Certains Occidentaux présentaient un méprisable manque d'intelligence et de curiosité envers les étrangers. Il s'abstient toutefois de lui adresser la moindre remarque : il se souvient parfaitement de ses réactions lors de la découverte de ses origines. Mieux valait ne pas trop lui en demander. Se cantonner à des tâches simples, compréhensibles, que l'humain accomplirait avec toute sa naïveté et son franc-parler habituel. C'était pour cela qu'il l'avait choisi, après tout, n'est-ce pas ? A force de l'écouter parler, il en vient à remettre en doute sa sélection initiale. Et s'il mettait son plan en échec par ses bavardages incessants ? Et s'il tenait trop peu à la vie et révélait leur petit arrangement ?

Les bruits environnants l'agacent particulièrement. Deux étages plus bas que son appartement, il lui semble que tout est amplifié : l'impatience des automobilistes, les bruits de tuyauterie, les querelles du voisinage. Quelques enchantements primaires protégeaient son logis des nuisances les plus importunes ; privé de cette magie, il réalise tout à coup qu'il ne pourrait plus vivre sans, et que Ethan Roman peinait probablement à joindre les deux bouts, pour avoir atterri ici. Mais alors, pourquoi s'obstinait-il à refuser son argent ?
La psyché humaine lui paraissait si opaque, parfois.

Encore bercé par la délicieuse mélopée de sa nervosité, il marque sa surprise lorsque le mortel s'arrache finalement à sa posture assise pour déambuler dans la pièce, visiblement en proie à une grande réflexion. Délesté de sa peur, tout du moins partiellement, le voilà qui se prend à imaginer de nouveaux scénarios, à être force de proposition, devant un Immortel au visage interdit. L'étonnement se volatilise bien vite de son faciès, qui retrouve sa placidité habituelle et lui confère une apparence fortement antipathique. Il n'est pas venu ici en ami, malgré la volonté première d'Ethan de se lier à lui. Et si réellement Nicola avait accepté cet esprit de camaraderie, il faudrait qu'il ait une discussion avec lui. Il ne comprenait pas comment un Immortel de son rang pouvait s'attacher à un être si dispensable qu'Ethan Roman.

Décidément, tu ne manques pas d'audace.
Cette fois, c'est un rictus presque amusé qui découpe sa figure, lorsque le jeune homme achève finalement sa tirade et attend la réaction de son mystérieux interlocuteur. Il fallait l'admettre : il ne manquait pas de toupet. Malgré la présence d'un vampire potentiellement dangereux dans son salon, il croyait pouvoir s'arroger le droit de réclamer l'aide de cet être séculaire. L'imaginait-il réellement porter des cartons et charger une camionnette en sa compagnie ?
« Il est hors de question que je t'aide à déménager, Ethan. »
Sa mine sérieuse dissuaderait tout être raisonnablement prudent d'insister.
« Déjà, parce que je n'en éprouve aucune envie. »
Et puis quoi encore ? Il ne s'abaisserait certainement pas à l'exécution de la basse besogne.
« Ensuite, parce qu'il ne faut surtout pas que l'on me voit au motel. Et encore une fois, moins tu en sauras, mieux tu te porteras. Mais il faut que tu intègres que je ne me rendrai pas là-bas. Fin de la discussion. »
Aussi tranchante qu'une lame de rasoir, sa voix coupe court à toute éventuelle protestation de la part du mortel récalcitrant.

Ses prunelles s'ancrent à nouveau dans les siennes lorsqu'il enchaîne, la voix adoucie malgré lui.
« Néanmoins, je dois admettre que ton idée n'est pas mauvaise. »
Il en était le premier étonné, mais il n'était pas borné au point de refuser de changer d'avis. Et, décidément, ce mortel pouvait se montrer surprenant, lorsqu'il ne s'obstinait pas à vouloir se lier d'amitié avec lui.
« C'est d'accord. Va donc vivre là-bas. Je me débrouillerai pour les finances. »
Autant dire que c'était son Sire qui allait constater une très légère baisse de ses revenus. Ou peut-être ne se rendrait-il même pas compte de cette infime disparition, parmi l'opulente richesse qu'il possédait.
Quant à Ethan, s'il se retrouvait confronté à plus puissant et plus féroce que lui et qu'il finissait la gorge perforée, ce n'était pas son problème. L'éventualité de la mise à mort de l'humain ne l'émouvait pas le moins du monde. Peut-être même que son impatience à se jeter dans la gueule du loup l'amusait. Il n'avait pas l'air de chercher à comprendre ce dans quoi il se lançait, et semblait ne pas vouloir connaître davantage la population du motel. Grand bien lui fasse.

Une nouvelle question déplacée. La curiosité de l'humain l'agace de nouveau, tout comme la familiarité dont il fait preuve avec lui. Il n'aime ni le ton employé, ni l'idée que le mortel cherche à se lier à lui de cette manière. Toutefois, il consent à lâcher un semblant de réponse, bien conscient que l'Européen risquerait de le tanner pendant de longues minutes s'il ne desserrait pas la bride.
« Je suis jeune, bien plus jeune que Nicola. C'est tout ce que tu as à savoir. »
C'est à son tour de se lever, bien plus lestement que ne l'aurait fait un simple humain, et son mouvement fluide et rapide confère à sa silhouette cette aura surnaturelle, propre à ceux qui ont épousé l’Éternité. D'un bond il s'élance, frôle l'échine d'Ethan du bout de ses doigts froids lorsqu'il contourne le fauteuil, silencieux rappel qu'il valait mieux ne pas commettre l'imprudence de lui désobéir. L'Ombre passe dans le dos du mortel, s'y attarde plus que de raison, pour le simple plaisir de faire peser sur son existence son invisible présence.

Souviens-toi.
Je t'ai suivi pendant de longues semaines. Sans jamais me lasser, malgré la routine de tes soirées.
Où que tu ailles, quoi que tu fasses, je serai là.
Je serai l'ombre de ton ombre, ce sentiment désagréable et persistant de ne jamais être seul.
Je serai ta nouvelle paranoïa.
Je serai ton Cauchemar, si tu ne me donnes pas satisfaction.


Sans pudeur, il se déplace dans la pièce unique et entreprend de fouiller parmi les affaires présentes dans le salon, ignorant toute éventuelle protestation. Il a repéré l'esquisse sur le mur, de cette femme qu'il n'a jamais croisée en sa compagnie. De la famille ? Un fantasme ? Il le découvrirait bien assez tôt. Pour l'heure, il n'interrompt ses recherches qu'après avoir déniché un crayon et du papier qu'il s'approprie sans gêne. Ses longs doigts parcourent les pages déjà noircies du carnet à dessin, s'y attardent vaguement. L'humain possède un joli coup de crayon, une sensibilité étonnante pour un homme au métier si manuel. Il choisit de ne pas s'y attarder pour le moment. Plus tard, peut-être. Sans un mot, il griffonne à son tour ; des gestes précis et aériens dansent sur le papier qu'il ne quitte pas des yeux, happé par sa tâche. Tout son être s'applique et s'absorbe à la réalisation de l'ouvrage, tant et si bien qu'il en oublie presque où il se situe, ainsi que la raison de sa présence ici.

Il ne relève la tête que lorsque le crayon quitte finalement la feuille grisée.
Lentement, il semble reprendre ses esprits. Les paupières s'affaissent, cotonneuses, comme à la sortie d'un rêve. D'un geste sec, il arrache la feuille du reste du carnet et se dirige vers le mortel.
« Je veux que tu portes une attention particulière à cette personne. Je désire tout savoir. Si elle est triste, si elle est seule, si qui que ce soit parle mal d'elle dans son dos. Je veux savoir si elle est protégée, si rien ne la menace. C'est essentiel pour moi. Mais surtout, elle ne doit pas savoir que tu fais tout cela de ma part. Tu dois veiller sur elle, pour moi. Suis-je clair ? »
Il lui tend finalement le croquis. Sur le papier et sous les yeux d'Ethan se dessine un visage féminin, encadré par une chevelure fougueuse. Une bouche pulpeuse, un regard déterminé. Malgré l'imperfection du dessin, n'importe qui de sa connaissance reconnaîtrait l'identité de la femme représentée.
Dans un geste presque tendre, il lui confie le portrait d'Aliénor Bellovaque.

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Fear is the mind killer
Ethan Roman
Ethan Roman
Fear is the mind killer
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En un mot : Humain
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Dim 17 Avr - 19:26 (#)

Bien calé dans mon fauteuil, les coudes posés sur mes genoux, mes mains jointes, coincées sous mon menton, je tends une esquisse de sourire à ce type… à ce mort-vivant, que je tentais d’apprivoiser, y’a moins d’une heure. Il semblait sympathique au premier abord, même s’il est un peu bizarre sur les bords. Est-ce vraiment si difficile, dans cette chienne de vie, de trouver un ami ? Un véritable ami ? Une personne sur laquelle on peut compter, que l’on peut appeler à 15 heures comme à 3 heures du mat’, à qui on peut tout raconter, ses joies comme ses peines, qui ne jugera pas, qui pleure, qui se réjouis des petits bonheurs sans en être jaloux. J’en viens à douter de plus en plus. Pourtant je veux y croire et je n’abandonnerai pas. Nicola est ce qui s’en rapproche le plus, sauf que pour le coup de fil en pleine journée, c’est un peu foutu. Après, vu sa nature, c’est pas bien compliqué pour l’italien ; comment un mec comme lui, pourrait être jaloux d’un petit humain comme moi.

Chassant l’ancêtre de mes pensées, j’essaye de me concentrer un brin sur l’anomalie qui est plantée dans mon canapé, tellement immobile qu’il me fait penser à une statue de sel. Pas de battement de paupière, pas de respiration, pas de tic, rien, juste un corps aussi dur que le marbre. C’est franchement déroutant. Plus je le regarde, plus je sens cette peur galopante m’envahir à nouveau. J’ai envie de prendre mes jambes à mon cou et de me carapater loin, très très loin d’ici. Comment qu’ils disaient déjà les vieux de mon village ? Si tu croises un ours, fais la pierre ou le tronc, parce que le bestiaux en face, il court, il grimpe et il tape plus fort que toi. Sauf que c’est pas un mammifère velu que j’ai comme invité, c’est un être mort aux pouvoirs divers et variés dont je ne connais même pas la teneur.

Je rêve que ce type fiche le camp au plus vite, et pour ça, y’a qu’un seul moyen. Lui dire oui et j’aviserai par la suite de comment je m’organise. Visiblement, il n’est pas hermétique à ma proposition, ce qui est déjà un bon point. De la sueur froide colle mon T-shirt à mon dos, j’ai froid et chaud en même temps. Je rêve de me changer et de prendre une bonne douche sous le filet minable de la salle d’eau commune. Y’a des baignoires dans le motel ? Je secoue la tête à cette réflexion idiote et totalement inappropriée à ce moment-là. Haussant les épaules à ses paroles d’indignation, je souris tristement, sans qu’aucune joie ne vienne danser dans mes pupilles bleues.

- Je me doutais bien que tu allais dire ça. De toute façon, les gens de l’immeuble auraient râlé si je déménage en pleine nuit.

Mes épaules me font mal, les muscles sont tendus à l’extrême, le dos commence également à tirer. J’abandonne ma posture, recule dans le fauteuil et cherche vainement à me détendre. Toutefois, un détail intéressant tombe. Il ne me rendra pas visite au Motel pour une raison que j’ignore pour l’heure. Toute cette histoire commence à sentir très mauvais. J’ai l’impression qu’il vient de m’embarquer dans une sale affaire mais je vais tout faire pour en savoir plus tout en essayant de rester vivant. Je tente la question débile, me doutant déjà de sa réponse. Mais bon, sur un malentendu parfois, les langues se délient.

- Et pourquoi tu ne viendras pas ? Je fais comment, moi, du coup pour te faire mon rapport sur ce qui se passe au Motel. Franchement, ça serait quand même plus facile pour moi de savoir quoi regarder ou écouter. Parce que ta demande reste quand même très vague.

Rapport que je peux déjà lui donner, car au vu de mes dernières visites auprès de client qu’il a fallu dépanner, ça ressemble à n’importe quel autre établissement du même genre. J’ai même pas vu de filles faire le tapin.

- Et tu veux que j’emménage quand ? Tu t’es renseigné niveau disponibilité ?

J’abandonne le jeu des regards, il me met bien trop mal à l’aise. Je préfère admirer cette magnifique fissure contre le mur. Peut-être qu’elle finira par s’ouvrir et l’immeuble par s’écrouler. Toujours aussi nerveusement, j’essuie ma tempe recouverte de cette sueur, presque collante. Inconsciemment, l’ongle de mon index gratouille mon pouce que je porte à mes lèvres pour mordiller et éradiquer les peaux mortes, si bien, qu’un petit goût ferreux se répand sur ma langue. Rien d’inhabituel, un vieux tic qui me poursuit depuis mon enfance. Je lèche l’insignifiante plaie et l’essuie sur mon jeans machinalement.

- Plus jeune que Nico… pas trop compliqué.

Un espoir fou de le voir tourner enfin les talons m’emplit lorsqu’il se lève. Mes yeux le perdent de vue, malgré le minuscule appartement. C’est alors que je sens un courant d’air, qui n’a rien à voir avec les vitres mal isolées, et la sensation d’un glaçon me touchant la nuque. Ma respiration s’arrête et mon cœur manque quelques battements. Aussi vite que je le peux, je me lève pour me retrouver face au vampire. Le souffle court, je le regarde déambuler dans le minuscule appartement, farfouillant dans mon espace personnel. J’ai envie de crier, de lui dire d’arrêter de toucher à mes affaires, mais la peur paralyse ma voix, l’enfermant dans ma trachée. Tétanisé, incapable du moindre geste, je le suis du regard. J’aurai voulu lui demander ce qu’il cherchait, mais aucun son ne veut sortir de ma bouche.

Le temps semble s’étirer à l’infini, il ne cesse de griffonner, le corps totalement immobile, ses yeux constamment en mouvement et ses mains agiles s’agitent sur le papier. Les seconde s’égrainent, bien trop lentement sans que je sois capable de me mouvoir. Mes pensées se sont arrêtées, totalement focalisées sur l’Eternel, me demandant ce qu’il va encore me demander. L’inquiétude grandissante et l’angoisse oppressante dévorent ma conscience.

Le son de la déchirure cogne contre mon esprit, m’offrant enfin la fin du calvaire, me libérant soudainement. Je retrouve un semblant de mobilité et tente de reculer alors qu’il s’avance vers moi. Mon mollet bute contre la table basse, mon corps chavire en perdant l’équilibre, me retrouvant le cul dans le canapé. Haletant comme si je venais d’effectuer la course du siècle, je me redresse aussi vite que mes maigres réflexes me le permettent, afin d’attraper la feuille. Mon cœur va exploser, je ne vais pas survivre à cette nuit ! Si c’est pas l’autre ignominie qui ne me vide pas de mon sang, c’est mon palpitant qui va se mettre en grève.

Il se débrouille pas mal pour un non-vivant. Le dessin est bien exécuté et le visage facilement reconnaissable. Ma main tremble, le papier aussi, je ne peux plus cacher cette peur qui fait vibrer tout mon être. J’avale difficilement ma salive et lève les yeux vers le bonhomme qui a repris son jeu de un-deux-trois soleil.

- Ok, pas de soucis. Dès que je la vois, j’écoute, j’observe et je te tiens au courant.

Dans un geste qui aurait voulu être nonchalant, je balance le chef d’œuvre sur la table et décolle mon t-shirt de ma poitrine.

- Elle est brune ? Blonde ? Rouquine ? Yeux de quel couleur ? Et tu es sûr qu’elle est dans ce motel ? Elle fait quoi là-bas, le ménage ?

Mes paumes sont moites, je les essuie contre mon jeans, mon pouce saigne à nouveau, je le porte à ma bouche afin d’en lécher la minuscule tête d’épingle de sang.

- Ecoute, je ferai ce que tu m’as dit. Je vais déménager dès demain, ce qui me plaît plutôt assez. Mais s’il te plaît, ne refais plus jamais ça si tu veux pas que je crève d’une crise cardiaque. D’ailleurs, t’as pas mieux à faire que de terroriser un pauvre mécano ? Je surveillerai ta gonzesse si je la vois et je ne dirai pas que c’est toi qui m’envoie. Débrouille-toi pour réserver une chambre en mode longue durée dans ton motel, paie pour trois mois et dis leur que j’emménage samedi. Je peux pas faire avant, j’ai pas mal de boulot en ce moment. Est-ce que tout ça, te va ?

Mon débit est rapide et ma voix grimpe légèrement dans les aigus en raison de la terreur qui m’habite.

- Je veux pas te foutre dehors, mais je commence à fatiguer légèrement… La peur, très certainement.

Pourquoi me cacher ? Je suis mort de trouille, tout mon être le démontre mieux que n’importe quelle parole. Mes mains, toujours aussi moites, passent sur les côtés de mon crâne, lissant mes cheveux, les ramenant en arrière.

- Comment je te contacte ?
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Mer 18 Mai - 15:13 (#)


Un grain de sable.

Il a décidé de mettre la familiarité du mortel sur le compte de son anxiété. La peur qui dégoulinait de son échine et transpirait de tout son être ne l'aidait probablement pas à mesurer l'entièreté du danger qui lui faisait face. Débrouille-toi pour réserver une chambre ? Vraiment ? C'est à peine si son sourcil s'était haussé face à l'effronterie. L'humain pouvait toujours babiller et croire naïvement que l'Immortel l'aiderait à accomplir la mission pour laquelle il avait été choisi. Cela prendrait le temps nécessaire, mais il finirait par intégrer que le rapport de force ne le nommait pas gagnant. Et qu'il ne le serait jamais. Les dés étaient pipés, et Ethan Roman n'avait pas la moindre chance d'espérer passer à travers les mailles du filet que lui avait tendu le Noctambule. Qu'il le veuille ou non, il serait entraîné malgré lui dans des péripéties plus ou moins risquées pour sa propre survie. Au moins, le vampire lui accordait le choix de la méthode. Mais en réalité, tout cela n'était qu'une simple illusion destinée à lui faire croire à un libre-arbitre inexistant. Mais était-il suffisamment malin pour s'en rendre compte ?

Patiemment, il attend sa réaction face au portrait, et grince des dents lorsque Ethan réduit la femme la plus importante de sa vie au rang d'une balayeuse sans envergure. L'ombre d'une colère impulsive plane entre eux, et ses phalanges mortes craquent, s'animent discrètement, prêtes à saisir l'impudent à la gorge et à lui faire ravaler ses inconscientes paroles. Mais cela ne ferait qu'accentuer la méfiance que le mortel portait déjà à l'Israélite. Ses narines tressaillent malgré tout, attisées par l'odeur d'hémoglobine, infime, mais suffisante pour titiller ses sens exacerbés. Ou est-ce la peur du mortel qui l'excite malgré lui ?

« L'océan clapote dans ses prunelles. Tu la reconnaîtras. »
Toujours des informations lacunaires, comme s'il préservait jalousement l'identité de celle qu'il désirait protéger à tout prix. Et puis, céder aux requêtes imprudentes du mortel ne fait pas partie de ses plans. Il avait besoin, lui aussi, de mesurer son talent, de vérifier en quelques jours s'il avait eu raison de lui faire confiance ou non. S'il avait choisi le bon cheval de Troie. Si ce n'était pas le cas, il l'égorgerait sans la moindre théâtralité. Sans état d'âme. Juste un cadavre gluant abandonné dans un appartement insalubre de Stoner Hill. Une fin à la hauteur de sa vie médiocre. Il lui donnait la possibilité de s'élever et de se rendre utile à la société. C'était à l'humain de décider de saisir cette chance ou non.

Lentement, il secoue la tête et lui signifie, par ce simple geste, son refus de l'aider à effectuer la moindre démarche. Il assurera la partie financière, comme convenu. Rien de plus. Combien de temps cela prendrait-il avant que le mortel n'assimile cette information ? La lenteur cérébrale de cet homme commençait à l'agacer.
« Ce n'est pas toi qui me contacteras. Je reviendrai ici te visiter, dans exactement deux semaines. Tu me feras ton premier rapport. Si une urgence ou un phénomène particulièrement anormal se présente à toi, tu passeras par Nicola pour me prévenir. »
Il est tenté, l'espace d'un instant, de lui révéler qu'il vit parfois à peine quelques étages au-dessus de chez lui. Mais pour l'heure, c'était plus amusant de conserver ce secret. Plus tard, peut-être. Après tout, il disposait de l'éternité pour abattre ses cartes et le terroriser.

Fatigué, tu es fatigué, épuisé de cette confrontation. Tu ne fais pas le poids, tu es si éloigné des manifestations surnaturelles de ce monde. Comment as-tu pu gagner l'estime de Nicola ? Ou plutôt : quand compte-t-il te dévorer ?
Cette fois, il cède au caprice de l'humain et, enfin, sa silhouette se redresse pour s'arracher à son immobilisme. Lentement, il quitte l'assise et s'approche de nouveau d'Ethan, les sourcils légèrement froncés. Une main déployée comme une serre est projetée vers lui lorsqu'il arrive à son niveau et le domine de toute sa hauteur. Ses phalanges se resserrent autour du poignet de l'homme, le tirent sans douceur jusqu'aux mâchoires qui claquent et menacent de lui broyer les os. Il se délecte de cette peur qui dégouline de lui, en cet instant. Nul doute que cela hantera avec délice le reste de sa soirée, rien qu'à imaginer l'humain trembloter dans son lit en souvenir de leur rencontre.
Finalement, il se contente d'un bref coup de langue contre le pouce sanguinolent, avertissement silencieux de ce qui pourrait se produire si l'humain désobéissait ou décevait l'Immortel. L'hideux appendice recueille les perles carmines contre la peau malmenée, puis claque contre son palais d'un air méprisant, comme s'il jaugeait la valeur de l'homme au goût de son sang. Pas terrible, semblait commenter son visage hautain, mais n'était-ce pas que pure provocation ?

Il pourrait le relâcher. Il n'a plus besoin d'insuffler en lui cette peur cruelle et pourtant inévitable. Mais par caprice, il maintient encore quelques instants le poignet en l'air, le bras tiré à l'extrême vers le haut, dans une posture qui provoquera probablement une douleur musculaire. Il n'en a que faire. Une pulsion sadique l'agite et le pousse à forcer la confrontation visuelle quelques secondes supplémentaires, juste le temps pour lui de déverser en cette enveloppe charnelle frémissante l'aggravation de sa terreur. Un souffle minime, qui pénètre la gorge de l'innocent, glace son échine et accentue le tambourinement de son myocarde. En lui enfle la peur, qui conquiert l'entièreté du territoire de sa psyché, annexe son corps soumis aux réactions primitives face à un danger imminent. Quelques secondes à peine pour cet être vil, une éternité de calvaire pour l'être humain qu'il s'amuse à torturer.

Puis, tout aussi capricieusement qu'il ne l'avait terrorisé, il s'arrache au jeu de regards et détourne ses prunelles démentes. Sans plus de considération pour lui, il le relâche sèchement et le laisse s'avachir dans le moelleux du sofa.
Seul l'ordre le frappe avant qu'il ne s'éloigne, cette fois vers la porte de l'appartement, et ne lui cingle le visage avant qu'il ne disparaisse de sa vue, mais probablement pas de ses cauchemars.
« Ne me déçois pas. »

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