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Distorted Angels • Evangeline & Serguey

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Anonymous
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Mer 30 Mar - 15:00 (#)

THIS DREAM IS FADING, NOW IT'S GONE.

Juin 2021.

C'est une putain de blague.
La carte de visite à moitié effacée dans sa large paume, probablement suite à un déversement involontaire d'une substance alcoolisée de la veille, il étudie la façade d'un air ahuri, sans paraître comprendre ce qu'il foutait là. Dans son autre main, la géolocalisation clignote sur son téléphone. Pas de doute, il était au bon endroit. Devant l'une des boutiques du Juggler's Bazaar, lieu dont Eoghan Underwood lui avait bien peu vanté les mérites. Tous des vendus, hein ? En toute honnêteté, il n'avait jamais pris le temps de se forger sa propre opinion sur la question, tout occupé qu'il avait été à se tenir soigneusement à l'écart de tout clan. Exilé sous le simple motif de ne pas se sentir appartenir à ces communautés, il s'était chassé lui-même, imposteur parmi les arcanistes.
Qu'est-ce que j'fous ici ?
La gueule de bois ne l'aidait pas à rassembler ses idées et à remonter le fil d'Ariane à l'envers, pour faire lumière sur les événements saugrenus. Il s'était réveillé ce matin, le crâne fendu en deux, le rectangle cartonné retrouvé au fond de sa poche. Pas de patronyme, seulement le nom de la succursale ainsi que l'adresse. Probablement avait-il dû aborder une créature du sexe opposé et avait décroché un rendez-vous galant. Avec un tel charisme, c'était l'explication la plus rationnelle.

De lourdes gouttes s'écrasent sur l'écran de son smartphone. Il grommelle, tout en levant le regard vers les cieux obscurcis. La matinée est bien avancée mais pourtant, les sombres couleurs des nuages épais alourdissent l'atmosphère, tant et si bien que la nuit pourrait napper la ville, cela ne ferait pas de grande différence. Et les grondements qui provenaient de la chape de plomb au-dessus de sa tête n'annonçaient rien de bon, eux non plus.
Une bourrasque de vent l'incite finalement à ne pas rester planté comme un abruti devant la boutique, et à y pénétrer d'un pas faussement assuré. Une main décidée actionne fermement la poignée, et un bras puissant repousse la porte un peu trop violemment. Le carillon tinte et s'affole, et le battant claque derrière lui, trop fort, témoignant de toute la brutalité de son geste.
« Erm, désolé pour la porte… bonjour ? »
Une entrée discrète et raffinée, tout ce qui caractérisait Serguey Diatlov.

Sa grande taille ne joue pas en sa faveur parmi les rayonnages étroits et les nombreux grigris accrochés au plafond. Il doit se pencher à de multiples reprises pour éviter aux herbes ou amulettes diverses de lui lécher le visage, intimidé malgré lui sans l'admettre. Les nombreuses effluves assaillent ses sens, et éveillent autant sa curiosité qu'un relent de nausée, reste de sa soirée arrosée de la veille dont des bribes désertent encore sa mémoire. J'aurais dû appeler Evy avant de venir. Elle, elle se serait peut-être souvenu de comment cette foutue carte s'est retrouvée dans ma poche. Quoique, parmi ses souvenirs égrainés de la veille, elle en avait tenu une bonne couche également. Comment une femme pouvait-elle boire autant sans flancher ? Ça doit être la canne, ça aide à marcher droit, mine de rien. Il ne peut s'empêcher de se marrer à sa propre blague, et sa poitrine se secoue de ce rire tonitruant qui attire finalement la vendeuse. Alertée par le vacarme, entre la voix grave et le bruit des objets déplacés sans délicatesse, elle intervient et tend le bras vers le Colosse, le front plissé d'inquiétude.
« Ouhla, doucement avec ça, reposez-le ! N'allez pas me le… Donnez-moi ça. »
La petite brune lui arrache le bol tibétain des mains et le réprimande d'un froncement de sourcils, avant de replacer l'article sur l'étalage. Elle ressemble à Hay-Lin, les origines extrêmes-orientales en moins. Ça le fait sourire d'autant plus, une réaction qui n'échappe pas à la vendeuse.

Dans un haussement de voix teintée d'impatience, malgré son professionnalisme, la jeune femme s'adresse à son client potentiel, hésitante quant à l'attitude à adopter avec ce bruyant personnage.
« Je peux peut-être vous conseiller ? »
Il la scrute sans pudeur, détaille sa silhouette, puise dans sa mémoire. Non, ni son visage ni son corps n'évoque quoi que ce soit pour lui. Mais peut-être avait-il oublié ? Les concours de beuverie avec Evangeline finissaient souvent plutôt mal, et il ne se souvenait plus de la quantité de whisky qu'il avait ingurgitée. Qui plus est, ce n'était pas l'alcool qu'il tenait le mieux, malgré sa carrure et son entraînement dans le domaine. Et puis, les Irlandais partaient toujours avec une longueur d'avance, dans ces illustres compétitions.
« C'est vous qui avez glissé ça dans ma poche hier, au Bourbon's Palace ? Vous avez bien une tête à vous en jeter quelques uns après le taf. »
Éberluée, son interlocutrice cligne des yeux plusieurs fois, devant la carte de visite qu'il lui tend pour lui prouver sa bonne foi.
« … Pardon ? Mais ! Je ne vous permets pas ! Je ne vous ai jamais vu, ni ici, ni dans ce bar ! Je suis là pour vous conseiller sur les articles que nous possédons en boutique. Si vous n'êtes pas intéressé par ce que nous vendons, je vous demanderais de bien vouloir… »
« Oh ça va, pas de ça avec moi. C'est un lieu normal pour un rencard ? Tu pouvais pas me proposer un café plutôt ? Pourquoi ici ? C'est pour se foutre de ma gueule, c'est ça ? Laisse-moi deviner : j'ai trop picolé et j'en ai trop dit hier, c'est ce qu'il s'est passé pas vrai ? Tu trouves ça marrant ? J'ai l'air de quoi moi ici, d'un poisson dans l'eau selon toi ? Non. Alors tu vas reprendre ta putain de carte et arrêter de te payer la tronche des gens comme moi, tu piges ? Ou faut que je te le placarde sur le front pour que ça imprime ? »

Est-il gêné de se donner en spectacle, sans preuve de ce qu'il avance ? Visiblement pas, étant donné l'aplomb qui porte son discours, élevé par une voix de plus en plus affirmée, qui résonne dans toute la boutique. Tétanisée, la vendeuse finit par lever les mains pour désamorcer le conflit naissant, et avec des gestes lents, recule prudemment vers l'arrière-boutique, cherchant à poser son timbre et ses mots pour apaiser l'énergumène qui lui fait face.
« Je vous assure que tout ceci n'est qu'un affreux malentendu, je n'ai pas fait… ce que vous dites ! Maintenant, vous devriez sortir et arrêter de mettre la pagaille sur mes étagères, je ne sais pas ce qui vous prend, mais je n'y suis pour rien… Je n'ai aucune idée de comment ma carte a atterri dans votre poche, d'accord ?! Arrêtez de me… »
Les éclats de voix rebondissent contre les nombreux ingrédients et bibelots entreposés, amplifiés par la taille exiguë de la boutique. Dehors, un coup de tonnerre déchire les cieux et strie l'échange houleux d'éclairs aveuglants. Le vacarme absorbe les dernières paroles défensives de la vendeuse, comme le bruit des pas de l'Estonien qui s'avance vers elle, désireux de tirer cette histoire au clair, emporté par sa colère et ses convictions erronées que son esprit ébréché ne remet plus en cause. Il avait passé trop de temps loin des arcanistes, loin de toute magie, pour comprendre qu'il se fourvoyait et qu'il terrorisait une inconnue qui n'avait nullement égratigné sa fierté. Tout ce qui comptait pour lui en cet instant, c'était d'étouffer ce sentiment d'injustice qui lui trouait la poitrine.

(c) AMIANTE

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Anonymous
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Ven 5 Aoû - 20:07 (#)





« Putain de pays de meeeeerde ! » Ah la bonne idée que tu as eue en te levant ce matin, de te comporter en adulte responsable et d’aller travailler. Te bourrer la gueule jusqu’à pas d’heure avec un estonien à l’humour douteux et à la subtilité d’un cachalot parkinsonien par contre c’était du grand n’importe quoi. Pourquoi fallait-il que Serguey réussisse à chaque fois à te convaincre de remettre le couvert ? Parce que tu as un faible pour les écorchés vifs. Parce qu’il ne tient pas le whisky aussi bien que toi. Parce qu’il oublie systématiquement ce que tu lui racontes et que tu peux t’épancher sans crainte d’être jugée, ni même qu’il t’en reparle plus tard. Mieux qu’un psy. Mais tout aussi cher vu la quantité affolante d’alcool que vous êtes en mesure de consommer lorsque vous êtes réunis. Voir même plus. Comment tu étais rentrée au cottage ? Par miracle, c’est tout ce que tu peux te dire. Mais la magie a pris fin, les éléments sont contre toi et tu es trempée de la tête au bout de ta canne. D’habitude tu aimes bien la pluie. Quand tu es dans le bayou. Quand tu es dans ton cottage. Ou quand tu étais en Irlande. Mais là, C’EST TROP ! La pluie en ville, c’est une horreur. Et comble de l’ironie, tu es affreusement sobre, suffisamment pour te rendre compte de l’inconfort de la situation. Pourquoi avais tu promis à Shelly de passer à la boutique déjà ? Ah oui. Livrer les commandes ainsi que de quoi remplir la vitrine. Génial. Absolument génial. Et en femme responsable approchant de la quarantaine, tu t’es rappelée que tenir tes engagements était important pour le commerce. Bordel de merde.

Alors tu avais avalé une potion anti gueule de bois, secret de famille bien gardé mais oh combien utile en ta patrie où s’enivrer joyeusement était un sport national. Le seul problème était le goût affreux de la mixture… et l’humeur massacrante qui allait avec. Tu avais pris une douche, enfilé des vêtements à peu près convenables, attrapé ta sacoche, ronchonné, mis des chaussures (torture dont tu te passais bien au quotidien) et marché jusqu’à l’arrêt de bus le plus proche. Et tu t’étais retrouvée en ville avec pas loin d’une demi heure de marche jusqu’à ta boutique… sous une pluie torrentielle. Pourquoi tu faisais ça déjà ? Ah oui, le commerce. Capitalisme de merde, pays de merde, météo de merde… Grognant et pestant, tu t’étais mise en route en te jurant de trouver un crétin… une âme charitable pour faire ce genre de corvée à ta place la prochaine fois. Tu devrais être tranquillement chez toi, à comater joyeusement la tête dans tes coussins ! Pas à marcher en prenant une seconde douche ! Ton reflet dans une vitrine attire ton regard et la litanie de jurons s’interrompt un instant avant de repartir de plus belle. Tu as une tête affreuse. Des cernes épouvantables et surtout tu ressembles à un lévrier afghan ayant pris un bain. C’est décidé, tu fais ta livraison puis tu envoies tout balader ! Plus jamais tu ne quitteras le bayou et tant pis pour le capitalisme, le commerce, les clients et tout le reste !

Tu ouvres la porte avec fracas et la scène qui se déroule sous tes yeux a le mérite de te faire taire d’un seul coup. Enfin pour quelques secondes seulement. « SERGUEEEEEEEY ! » En même temps que ton cri, ta canne vient heurter les reins de l’estonien avec vigueur et une force insoupçonnée. Un réflexe, à la vue d’une Shelly terrorisée et d’un grand type marchant droit sur elle, l’air peu avenant et surtout furieux. Une situation qui t’es un peu trop familière. L’acide parcourt tes veines, l’ire les enflamme, et sans que tu puisses t’en empêcher -tu n’en as pas envie- ta voix enfle et enfle en une diatribe vengeresse. « DE QUEL DROIT ! DE. QUEL. DROIT. TU. MENACES. MA. VENDEUSE. » A chaque mot, un coup de tonnerre fort à propos vient ponctuer tes cris, comme si la météo jusque là peu à ton avantage, décidait de s’amender. « Personne ! Je dis bien PERSONNE ! Et surtout pas un crétin comme toi n’a le droit de se comporter comme ça ! TU VEUX MOURIR C’EST ÇA HEIN ? » Légèrement mélodramatique certes, tu en conviens. Tu inspires profondément et Shelly -visiblement plus effrayée par toi désormais- décide timidement de prendre la défense de l’autre demeuré. « Euh… Evangeline ? Ce monsieur a… a une carte de la boutique et pense que je la lui ai donnée. » Tu t’immobilises alors que tu lèves ta canne, prête à assommer un tank estonien deux fois plus lourd que toi. Ça te dit vaguement quelque chose cette histoire de carte… Tu fouilles parmi tes souvenirs flous de la veille et soudain, la lumière fut.

« Ah. Je crois que c’est moi qui ai filé la carte à Monsieur. » Tu baisses ta canne. Oups. Sans laisser le temps à Serguey de t’engueuler comme il se doit, tu colles la sacoche dans les bras de Shelly, puis attrapes ton compagnon de beuverie par l’oreille avant de le traîner dans l’arrière boutique. « … on va s’asseoir et boire un thé hein. » Faudrait pas qu’il s’attende à des excuses quand même. Tu n’es pas douée pour ça. Tu t’actives, fais chauffer l’eau, et bientôt deux tasses fumantes reposent sur la table ainsi qu’une boîte de gâteaux. Tu t’effondres sur une chaise et hausse un sourcil. « Assieds toi. Faut qu’on discute. » Des bribes de conversations de la veille te reviennent en mémoire. « Et avant de m’engueuler, sache que t’avais qu’à mieux tenir le whisky. Petit joueur. »


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