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All the angels are gone • Ian

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Anonymous
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Dim 2 Avr - 11:06 (#)


Avril 2021
Shreveport Hospital


L'adolescente est affalée dans la salle d'attente en pianotant sans conviction sur son portable. Elle se demande comment elle a pu trouver de l'intérêt à ce jeu au point de se connecter toutes les deux heures pour réclamer un bonus. Au point d'avoir pris des heures de colle, même. Pourquoi s'acharne-t-elle encore à y jouer alors qu'il n'a plus la moindre saveur, sinon pour conserver un semblant de normalité dans une existence qui n'a plus grand chose de normal, justement ?

Il n'y a qu'une succession de soupirs jusqu'à ce que l'infirmière appelle enfin son nom. Tiens, c'est une nouvelle. Ou seulement une employée qu'elle n'a pas encore vue, mais qui l'accueille d'un sourire tout aussi irritant que les autres. Il y a de quoi se réjouir ? C'est sensé la rassurer ? La mettre en confiance ? Même les marques de gentillesse se muent parfois en offensent lorsque la maladie et la mauvaise humeur se mêlent.

Et l'habituel rituel se poursuit. On la fait entrer dans un bureau qu'elle commence à connaître par coeur, on lui indique que le Docteur Calloway ne va pas tarder et on l'abandonne au silence quelques instants. Pas trop longtemps. Juste assez pour lui permettre de cogiter sur sa situation, ou de pencher la tête sur le côté pour découvrir à nouveau les titres des bouquins dans cette bibliothèque. À croire que les médecins aiment tous montrer qu'ils savent lire...

L'inévitable arrive avec l'entrée du médecin. Zelda fait l'effort d'esquisser un petit sourire et même de lâcher un "Bonjour, Doc' !" dénué de conviction. Elle le suit du regard jusqu'à ce qu'il s'installe, retranchée derrière son attitude d'adolescente sur qui n'est rien vraiment sensé avoir d'emprise. Pourtant l'avantage avec cet homme, c'est qu'elle même pas vraiment obligée de prétendre en théorie. Après tout il est très bien pour placer que non, tout ne va pas bien.

C'est curieux mais Zelda commence presque à se faire aux mauvaises nouvelles. "On commence ?" Quelque part ces rendez-vous sont un peu comme ce fameux sparadrap qu'il faut retirer d'un coup sec. Cette fois c'est l'adolescente qui est donc à l'initiative. "Alors j'ai bien gobé vos 428 pilules, ouais, promis. J'ai l'impression que j'bouffe que ça mais tout va bien, c'est super ! Et si vous m'croyez pas vous pouvez demander à ma frangine, elle s'assure que j'respecte votre gavage à la lettre !" L'adolescente hésite presque à la qualifier de nazi, parfois. Mais ce serait oublier qu'elle fait ça pour son bien. "L'assurance ne répond toujours pas alors j'suis désolée mais faudra attendre un peu avant d'me faire perdre mes cheveux !" La chimio coûte cher et ces foutus connards d'assureurs, eux, sont les champions pour esquiver les remboursements selon Jane. "Et puisque je sais que c'est l'moment qu'vous préférez alors autant aller droit au but : ouais, j'ai encore saigné du nez cette semaine !" Presque chaque jour, en fait. Et malgré le sourire narquois qu'elle lance au professionnel, Zelda a plutôt envie de pleurer.

L'adolescente finit par se fendre d'un profond soupir. Il semblerait qu'elle ait eu le droit de s'exprimer. Tant mieux, ça lui a fait du bien. "Allez, à votre tour !" l'incite-t-elle à prendre le relai, d'un geste de la main. "Si on respecte l'scénario, là, vous devez m'dire que vous êtes désolé mais que malgré tout, j'suis quand même un peu plus morte que la semaine passée parce que j'suis une putain d'pauvre !" Est-ce qu'elle trouve une forme de réconfort en se montrant agressive ? Ouais. Est-ce que c'est justifié ? Toujours pas, non. Calloway s'est toujours montré compréhensif et rassurant jusque-là.

Mais elle ne peut pas s'en prendre directement à la maladie, Zelda. Et il faut bien qu'elle se trouve un exutoire. C'est comme ça. Rien n'est juste dans cette histoire de toute façon... "C'est bien ça, non ?" insiste-t-elle un peu malgré elle, arquant un sourcil, espérant peut-être que les nouvelles seront meilleures cette fois-ci. Elle le sait bien, pourtant, que l'espoir n'est pas son allié.
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ADMIN ۰ Fear is the mind killer
Ian C. Calloway
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All the angels are gone • Ian Cel2Mn1 All the angels are gone • Ian SxWuaE6 All the angels are gone • Ian PCXwL9G

"Tomorrow is another day,
Today is another bomb."

En un mot : Chasseur et Fils d'Abraham. Foi, Ferveur, Fardeau.
Qui es-tu ? :
"You never thought we'd go to war,
after all the things we saw."

✞ Deuxième fils d'une fratrie de trois. Cadet d'une famille de chasseurs aux traditions transmises par les pères d'aussi loin que la mémoire puisse remonter, dans les forêts d'Europe de l'Est ; racines plantées aux environs de Prague.
✞ Il tue les monstres, et particulièrement les Longue-Vies, Grandes-Dents ou fils de Caïn, qu'importe le nom qu'on leur donne : ennemi des vampires comme des lycanthropes, lorsque son frère aîné requiert son aide.
✞ Naissance à Boston, la cité-bloc balayée par les vents de l'Atlantique. Ville délaissée pour la chaude et discrète Baltimore, dans le giron des brumes de Poe. Ville adoptée, chérie comme Washington D.C.
✞ Sportif de toujours, ancien étudiant modelé par les matchs, les courses et les sauts ; a décroché une bourse pour l'université et n'a jamais cessé de tailler ce corps solide et agile lorsqu'il le faut.
✞ Il a prêté serment : docteur vouant son existence au soin des hommes, des femmes, des vieillards et des enfants. Confident de tant d'inconnus qu'il en a parfois le tournis, rassure et prescrit, soutient infirmières et collègues. Mains assez robustes pour soutenir un grand gaillard mais assez tendres pour préserver un nouveau-né.
✞ Pilier des Calloway ; homme réputé pour sa dignité, sa réserve et ses colères froides. Gardien de tous les secrets, jusqu'au plus purulent. Cherche à préserver les fondations du clan par tous les moyens, malgré les humeurs des uns et des autres.
✞ Médecin de mort, employé pendant plus de dix ans au WFC, organisme financé par les bourses du PASUA pour expérimenter sur les hommes abandonnés par leur raison, comme sur quelques CESS (les limites de l'esprit et du corps). Vie de fuyard depuis l'effondrement du site et la mort de son collègue et ami, assassiné par leur Némésis.
✞ A recueilli sa nièce Nova Calloway, en conflit permanent avec un père vétéran du 11 septembre et une mère aux abonnés absents. L'a arraché aux gratte-ciel de New York pour Baltimore, et désormais Shreveport. Non-dits, et silences douteux.
✞ Espère trouver anonymat, soutien et protection à Shreveport, entouré d'anti-surnats, et passe sa vie à esquiver les conséquences d'une décennie de péchés, que son Dieu est pourtant censé tolérer. En attente du regroupement des Calloway en Louisiane.
✞ N'aime que la ville. Il hait le soleil et l'humidité permanente qui s'abattent sur tous les États du Sud, pour lesquels il ne voue absolument aucune affection. En recherche de repères, passant d'un quotidien presque insouciant à un bras de fer de tous les instants.
✞ Tempérance et liberté. Aime le genre humain, de ses défauts les plus anodins aux tordus dont il questionne les esprits (poursuivre l'œuvre commune le liant à Carl Weiss). Horrifié par le monde dans lequel il vit, sans se résoudre à lâcher prise sur les démons à combattre.

✞LAST MAN STANDING✞

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"Tomorrow never comes until it's too late."

Facultés : ✞ Formé au maniement des armes à feu en tout genre : armes de poing comme armes lourdes, si les circonstances l'exigent.
✞ Ne craint pas le corps-à-corps ni les combats à l'arme blanche, même s'ils ne suscitent aucune appétence en lui.
✞ Chasseur respectueux des traditions de son clan. Arme traditionnelle : arbalète aux carreaux d'argent. Terrain de prédilection via les chasses en hauteur et les pérégrinations casse-gueules sur les toits.
✞ Porteur d'une Foi qui guide son bras et protège sa chair vulnérable. Croyant tâchant de ne pas trébucher.
Thème : Unbreakable ✞ James Newton Howard.
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Pseudo : Nero
Célébrité : Thomas Kretschmann.
Double compte : Eoghan Underwood, Sanford R. De Castro, Aliénor Bellovaque & Gautièr Montignac.
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Crédits : Licorne (ava) ; Amiante (signa)
Sam 22 Avr - 17:18 (#)


Truth

Il redoutait ce rendez-vous depuis le début de la matinée. Ian Calloway n’est pas du genre à se projeter trop en avant. Il n’est pas du genre à laisser ses angoisses gonfler, gonfler, jusqu’à ce que la bulle laisse forcément percer, à terme, un abcès purulent et abject. Toutefois, lorsqu’il a poussé la porte de son cabinet pour la première fois de la journée, il n’a pu que frissonner en repérant sur sa liste de consultations prévues le nom de Zelda Rosefield. L’estomac noué, le toubib a affronté les heures qui se sont écoulées avec une irrégularité insupportable. Le temps qui se traîne ou, à l’inverse, qui file à la vitesse de l’éclair… Il connaît. Il connaît si bien. Pour lui-même, et aussi pour tous les patients qui traînent leurs guêtres fatiguées ou anxieuses sur le linoléum de la salle d’attente. Les locaux flambant neufs, reconstruits et rénovés depuis octobre 2019 n’y changent rien. Il y a quelque chose d’épuisé et d’épuisant dans les corridors du Shreveport Hospital. Il y a quelque chose d’insupportable dans l’amabilité quasi-systématique du personnel de santé illustré par les infirmières qui s’activent, par les secrétaires médicales planquant derrière leurs verres à double foyer ou les protégeant de la lumière bleue des écrans, les éclats d’émotion trop prononcés que peuvent susciter les âmes perdues ici bas. Des âmes en quête de réconfort, de réponses, de traitements. Des âmes qu’il faut rassurer, ou prévenir, avec le plus de délicatesse possible. Même les soignants des lieux, à peu près remis des événements traumatisants, semblent encore porter sur eux les traces de l’épuisement professionnel. Il guette, à chaque tournant. Il suffira d’une mauvaise nouvelle de trop.

Un gamin décimé.
Un cancer foudroyant.
Une famille à la rue.

Une leucémie mortelle.

Il n’a pas eu le courage de rester dans son bureau à l’attendre, profitant du quart d’heure de battement qui s’offre à lui pour siroter un café sur la terrasse écartée du public. Il contemple le parking, fait le vide, se prépare à lui annoncer ce que la petite a peut-être compris toute seule. Les chiffres, les signes et les analyses, il les connaît presque par cœur à force de parcourir les lignes de son dossier. Les discussions avec les autres spécialistes formant la longue chaîne dédiée à son cas ont fini d’éradiquer le peu d’espoirs qu’il pouvait encore cultiver. Cependant, il n’abandonne pas. Jusqu’au bout, il compte bien s’acharner à trouver une échappatoire – ne serait-ce qu’une maigre tentative – qui permettra à l’adolescente de prolonger sa vie encore trop jeune. À peine une pousse. Une première feuille verte qui pointe le bout de son nez, qu’un souffle de gel vient de glacer jusqu’à la dernière de ses racines. Il paraît que c’est injuste. Il paraît que c’est la vie. Lorsqu’il jette la clope qui lui noircit les poumons dans le réceptacle prévu à cet effet, le décalage lui saute aux yeux une fois de plus. Médecin ou non, il ne s’habitue jamais. Il a parfois l’impression d’endosser le rôle d’un étrange Charon, dont la veste blanche a remplacé les haillons. Les étages, eux, ne sont qu’une autre manière de traverser le Styx pour atteindre l’autre bord. Les oboles, elles, pleuvent en échange de conseils qui ne sauveront pas la mise à celui qui passe.

Qui passe.

Lorsqu’il pénètre à l’intérieur de son bureau, il tombe sur elle. Elle, son visage encore poupin, ses yeux clairs et ses joues rondes. "Bonjour, Doc' !" Et puis, c’est la tornade. À peine le temps de formuler une salutation plus discrète en retour, que déjà Zelda enchaîne, comme pour le voir abréger son tourment. Il la comprend. À sa place, à son âge, sûrement aurait-il adopté le même comportement. Il s’assied, elle parle. Elle parle, parle et parle encore, tandis que ses iris céruléens se posent sur elle avec une compassion modérée. Il ne lui infligera pas, en plus, la lecture trop intense d’une empathie proche de celle qu’on accorde aux gisants sur leur lit de mort. Il reste posé. Il la laisse dévider le fil de ses inquiétudes derrière une joie feinte, qui ne tromperait pas grand-monde, et certainement pas lui.

Lorsqu’enfin un semblant de silence leur parvient, il pousse un discret soupir, après avoir pris une longue inspiration. Il en avait presque oublié de respirer. Il s’empare du volet cartonné contenant le résultat des ses analyses, tout en tapotant sur son clavier pour ouvrir le dossier plus complet de sa patiente.

« Je me doutais bien que ce ne serait pas la grande forme, en effet. Côté alimentation, comment ça se passe ? Est-ce que tu as des nausées ? Est-ce qu’il y a quelque chose qui passe mieux ? » Tout en manoeuvrant souris et touches, il jugule son discours, le timbre de sa voix. Il ne laisse rien percer. Il ne lui donnera pas la satisfaction de lui montrer qu’il baisse les bras. Pas si tôt. Ses doigts se crispent à peine sur le plastique qu’il fait glisser sur un tapis de souris illustrant le Capitol de Bâton-Rouge. « Le diagnostic a été posé très récemment. Je sais que ça semble long, mais un mois, dans un marathon comme celui-ci, ce n’est pas extraordinaire. Les assurances mettent parfois du temps à répondre, mais je suis sûr qu’il s’agit d’une question de quelques jours… » Il préfère ne pas rebondir sur la plaisanterie des cheveux perdus. Il s’agit d’une étape difficile. L’une des pires. La décrépitude physique, souvent sous-estimée par les docteurs prescripteurs de chimios à répétition, affecte autant que les tumeurs le moral des humains qui passent entre leurs mains. Il note les saignements de nez persistants.

Un dilemme certain s’oppose à lui.
D’un côté, il peut se contenter de faire son travail, à savoir : lui exposer le contenu de l’évolution de la situation, suite à sa dernière prise de sang, quelques jours plus tôt.
De l’autre, il peut se pencher sur quelque chose de plus préoccupant : l’humeur de Zelda, qu’il jugea alarmante. La gamine est en colère. Et elle a absolument toutes les raisons de l’être.

Machinalement, tout en ouvrant le volet cartonné, il retrouve son regard, se détournant de l’écran.

« Comment vas-tu ? Je veux dire, vraiment. Outre les symptômes. Comment ça se passe, à la maison, et pour le reste ? Est-ce que tu te sens soutenue ? Est-ce que tu as un groupe d’amis qui peut aider ta sœur à traverser tout ça ? C’est très important. Autant que les pilules et le reste. » Non. Il a pris sa décision. D’un geste sec, il referme finalement la chemise sans élastique, la repousse, et joint ses paumes robustes sur le bureau. Il la contemple avec douceur, mais sans commisération. « Je sais que je ne suis pas psychiatre, ni psychologue. Cependant, de par mon expérience, je pense qu’il est primordial que tu puisses… laisser sortir tout ce qui te fait du mal, tout ce que tu as envie d’exprimer. Un peu comme tu viens de commencer à le faire. » Et si tu décides de me prendre comme punching-ball, ainsi soit-il.

Il répète, ferme, mais doux : « Comment vas-tu, Zelda ? »

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Anonymous
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Mer 26 Avr - 9:57 (#)

Si Zelda se sent mieux après pu exprimer - une infime part de - sa frustration, elle suit le schéma classique de toute adolescente révoltée qui se retrouve face à un adulte aux émotions maîtrisées : elle se sent bête. Ce n'est pas lui l'ennemi, c'est cette maladie qui la ronge de l'intérieur. Cette maladie qui se soustrait encore et encore à sa rancoeur.

C'est le désarrois qui finit par succéder à la frustration. L'adolescente se passe une main sur le visage et doit résister à la tentation d'enfuir son visage dans sa paume pour laisser éclater sa tristesse ou ne serait-ce que se soustraire aux regards de ce monde. Mais cette enveloppe cartonnée, violette, que le docteur tient maintenant dans la main ne peut qu'attirer son attention. Se sont ses résultats et elle le sait.

Néanmoins ils sont précédés par des questions qui doivent être d'un grand intérêt pour Calloway mais qui la cantonnent à répéter l'une des petites habitudes de sa nouvelle vie de patiente. Et si Zelda n'a pas le coeur a y répondre, elle a toutefois la volonté de vivre et de faciliter la tâche de celui dont elle attend encore, secrètement, une promesse ou un espoir.  

- J'ai pas vraiment d'appétit ces temps. J'ai l'impression de devoir me forcer à manger, en fait. Et malheureusement, non, ce n'est pas qu'une impression. C'que j'ai par contre, c'est une soeur. Qui est bien décidée à m'faire gober le maximum de trucs sains en plus. Le docteur peut être rassuré à ce niveau-là. Même si elle refusait de s'alimenter Jane trouverait le moyen de lui faire une intraveineuse. Les nausées sont toujours là mais les médocs qu'vous m'avez donnés font un peu d'effet. Mais j'ai vomi, un peu. Quant à ce qui pourrait éventuellement mieux aller que d'ordinaire... L'seul progrès notable, c'est qu'j'ai plus à m'taper les disputes des voisins toute la journée vu qu'le mari a été embarqué par les flics...

C'est pas grand chose mais ses journées sont un petit peu plus calme. Un mince sourire se dessine sur les lèvres de l'adolescente. Sans éclat, mais témoignant d'un humour qui n'a pas encore été totalement étouffé par le poids de la maladie.

- Si vous l'dites... Elle lève ses paumes et les laisse retomber sur les accoudoirs. L'américaine ne connaît rien au fonctionnement des assurances. Ce qu'elle sait, en revanche, c'est que Jane passe de longues heures à téléphone pour obtenir des réponses. Et qu'on la balade d'un service à l'autre. Et puis ça fait seulement depuis l'ouragan qu'on attend d'être dédommagées. C'est vrai, c'est pas non plus comme si j'avais besoin d'un traitement l'plus vite possible...

C'est une idée qu'elle n'a partagée avec personne mais ouais, elle a envisagé de se rendre au siège social de ces enfoirés pour exiger un entretien avec le PDG et toute la bande de vieux qui doit se trouver au commande de l'assurance. Mais puisqu'elle peine déjà parfois à quitter sa chambre...

- Tout roule ! Sa réponse est trop mécanique. Trop rôdée. Mais lorsqu'elle croise le regard de Calloway, forcément, elle cède. Sûrement parce qu'elle en a besoin. Non en fait ça va pas très bien... Zelda sait pertinemment que les larmes ne servent à rien. Elle serait déjà sur pied, sinon. Mais à une perle cristalline ne tarde pas à succéder une autre. Et ses doigts se retrouvent bien vite à traquer les intrues qui roulent sur ses joues. J'en ai marre !

D'être un poids pour sa soeur, et pour elle-même. De gâcher deux jeunesses et de devoir se faire à l'idée d'être privée de retour. C'est trop tôt, trop injuste, trop... tout. Bien plus que ce qu'une ado qui devrait découvrir la vie et se familiarise avec la mort est sans doute capable de supporter.

- J'sais pas trop quoi vous dire, moi. Au sujet de l'ambiance à la maison et de toutes ces questions qui semblent plus personnelles que médicales mais qui placent l'humaine avant la patiente. Jane essaie d'être forte pour deux mais... C'est Jane ! Et si ce n'est pas clair pour Calloway, ça a l'avantage d'être plutôt explicite pour l'américaine. J'sais pas si elle voit des gens mais j'suppose, vu qu'elle sort de temps en temps la nuit. Peut-être même davantage. Mais j'crois pas qu'elle va très bien, non. En fait... je sais pas ! J'sais même pas qui elle fréquente, y'a personne qui vient à la maison. Pas qu'je sache, en tout cas.

Et elle vient tout juste de s'en rendre compte, Zelda. Qu'elle n'est même plus vraiment capable de penser aux autres et que la maladie est devenue le centre de son univers. Et sans doute un peu aussi, de son égoïsme. L'adolescente se sent forcément un peu bête, se promet de se montrer aussi agréable que possible avec Jane lorsqu'elle la retrouvera. Après tout, elle est sensée l'être l'alliée de son alliée, pas vrai ?

Ce n'est que lorsque le docteur s'avance sur le terrain de la psychiatrie que la future caïnite se rebelle un peu. Elle replie ses jambes contre sa poitrine, se fichant bien de mettre ses chaussures sur la chaise. Sans trop savoir si elle apprécie l'opiniâtreté du médecin ou si elle doit la considérer comme intrusive. Pourtant c'est une chance de se confier qu'il vient de lui offrir. Pourquoi l'idée de la saisir l'ennuie tant que ça ?

- J'suis cancéreuse, pas cinglée ! La réponse est plus sèche qu'elle ne le désirait. Plus que nécessaire, aussi. Mais l'adolescente associe les psychologues à la folie. Et à votre avis, hein ? Comment j'vais ? Votre propre sang a déjà essayé d'vous buter ? Non, j'crois pas ! En fait elle se demande simplement s'il peut comprendre. J'sais qu'y a des trucs dans c't'hôpital qui peuvent m'sauver ! J'sais aussi qu'les médecins doivent jurer qu'ils feront tout ce qu'ils peut pour préserver la santé d'leurs patients, ou quelque chose du genre. Alors, Doc'... Pourquoi on discute encore ?

Il parle d'un marathon. Peut-être. Mais elle atteindra de toute façon la ligne d'arrivée bien trop vite. Calloway se veut rassurant et elle, elle n'a qu'un irrépressible sentiment d'urgence.

- Et vous, comment ça va ? maugrée-t-elle, consciente de dépasser les bornes mais ne ressentant néanmoins pas le désir de s'excuser. Sa colère et sa frustration sont légitimes. C'est elle qui va perdre la vie. On s'porte comment quand on préfère gagner d'l'argent qu'faire son boulot correctement ?

L'adolescente se mordille presque aussitôt la lèvre. Elle se trompe de cible, oui, c'est certain. Personne ne sait qui blâmer dans ce monde. Ils ne sont que des rouages d'une machine défaillante. Et le mécanicien, lui, est toujours introuvable. Zelda éprouve brièvement le désir de s'excuser. Puis s'abstient.

Parce que merde, quoi !
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✞ Il tue les monstres, et particulièrement les Longue-Vies, Grandes-Dents ou fils de Caïn, qu'importe le nom qu'on leur donne : ennemi des vampires comme des lycanthropes, lorsque son frère aîné requiert son aide.
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✞ Sportif de toujours, ancien étudiant modelé par les matchs, les courses et les sauts ; a décroché une bourse pour l'université et n'a jamais cessé de tailler ce corps solide et agile lorsqu'il le faut.
✞ Il a prêté serment : docteur vouant son existence au soin des hommes, des femmes, des vieillards et des enfants. Confident de tant d'inconnus qu'il en a parfois le tournis, rassure et prescrit, soutient infirmières et collègues. Mains assez robustes pour soutenir un grand gaillard mais assez tendres pour préserver un nouveau-né.
✞ Pilier des Calloway ; homme réputé pour sa dignité, sa réserve et ses colères froides. Gardien de tous les secrets, jusqu'au plus purulent. Cherche à préserver les fondations du clan par tous les moyens, malgré les humeurs des uns et des autres.
✞ Médecin de mort, employé pendant plus de dix ans au WFC, organisme financé par les bourses du PASUA pour expérimenter sur les hommes abandonnés par leur raison, comme sur quelques CESS (les limites de l'esprit et du corps). Vie de fuyard depuis l'effondrement du site et la mort de son collègue et ami, assassiné par leur Némésis.
✞ A recueilli sa nièce Nova Calloway, en conflit permanent avec un père vétéran du 11 septembre et une mère aux abonnés absents. L'a arraché aux gratte-ciel de New York pour Baltimore, et désormais Shreveport. Non-dits, et silences douteux.
✞ Espère trouver anonymat, soutien et protection à Shreveport, entouré d'anti-surnats, et passe sa vie à esquiver les conséquences d'une décennie de péchés, que son Dieu est pourtant censé tolérer. En attente du regroupement des Calloway en Louisiane.
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✞ Tempérance et liberté. Aime le genre humain, de ses défauts les plus anodins aux tordus dont il questionne les esprits (poursuivre l'œuvre commune le liant à Carl Weiss). Horrifié par le monde dans lequel il vit, sans se résoudre à lâcher prise sur les démons à combattre.

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Sam 29 Avr - 1:41 (#)


Truth
Il n’aurait su prévoir la réaction de l’adolescente. L’Histoire lui a déjà prouvé qu’il n’était pas forcément le plus doué, avec eux. Cependant, son expérience de la vie et la fréquentation régulière de cette tranche d’âge aux besoins si particuliers, auraient pu jouer et faire peser la balance du bon côté. Et puis, il y a tout l’impondérable d’une situation ubuesque, absurde. Les adolescents ne sont pas censés mourir si jeunes, dans le cadre de leur société bien ordonnée. Le simple diagnostic dont a été victime Zelda est une aberration, une anomalie dont on ne sait pas très bien quoi faire. Oh, évidemment, il y a des protocoles mis en place. Des réponses à apporter à un public perpétuellement en demande, et qui n’accepte plus aussi facilement qu’autrefois de se résigner à supporter un destin aussi injuste. Cependant, malgré le battage médiatique et social, les choses bougent lentement. Très lentement. Zelda n’est qu’un exemple parmi tant d’autres de ces laissés pour compte ; nous ne savons pas quoi faire de vous. Alors on teste. On teste des protocoles, on teste de nouveaux médicaments. On soumet à ces désespérés la proposition de devenir cobayes d’un potentiel traitement en devenir. Après tout, qu’ont-ils de plus à perdre ? Mais Zelda n’en est même pas là. Zelda, pour l’heure, n’a accès qu’aux prémices d’une cure dont elle ne verra pas le bout. Il n’est pas dupe. S’il n’a rencontré January, son aînée, qu’une seule fois, l’échange partagé ainsi que son sens de l’observation lui ont rapidement permis de conclure que les deux gamines, livrées à elles-mêmes, frôlent le seuil de pauvreté, d’un côté comme de l’autre de cette frontière invisible. Si les assurances voulaient les indemniser, sans doute l’auraient-elles fait bien plus tôt. C’est ce que son cynisme et la rationalité qui l’habite en permanence ne cessent de lui répéter en boucle. Il ne peut pas le lui dire. Il ne peut pas se permettre de fusiller les espoirs qui dorment sûrement encore, même profondément enfouis, dans le cœur d’une gamine en train de se prendre la fatalité de plein fouet dans la gueule.

Évidemment, qu’elle ne va pas très bien. Toutefois, ce n’est pas si absurde, que de poser la question. Qu’elle le reconnaisse, qu’elle le verbalise, qu’elle le formule à haute voix, est une victoire à elle seule. Le savant dosage entre lucidité et encouragements proches du déni : telle est parfois la clef d’une rédemption thérapeutique capable de faire des miracles. Il n’a pas eu besoin d’accomplir moult études en psychologie pour s’en apercevoir. En attendant, ses questions trouvent réponses. Il ne l’interrompt pas. Là encore, il la laisse débiter ce flot de paroles dont la variation oscille entre un repli sombre et une révolte affichée. Il ne bouge pas. De nouveau, il manque presque de retenir son souffle, tant il perçoit la brisure qui pulse en permanence, dans la gorge de sa patiente.

Ses derniers mots sont une gifle à laquelle il ne s’attendait pas. Il ne montre rien, pourtant. Ses sourcils ne se froncent pas. Ses doigts ne sont pas devenus nerveux. Il ressemble à une statue, une statue dont la blouse immaculée dessine le relief de ses épaules bien bâties, mais qui, subitement, lui paraissent trop faibles pour soutenir le regard qu’elle lui jette. Lorsqu’enfin il se décide à bouger, le silence a eu le temps de s’installer, troublé par le chant d’une ambulance, dans le lointain. Il se recule dans son siège, y reposant son dos tendu par un tiraillement qu’il ne reconnaît que trop bien. Et pour cause. C’est le sentiment d’impuissance qui s’agite dans ses entrailles.

« Je suppose que c’est normal. Ta vision des choses, je veux dire. C’est complètement normal. » Se défendre face à une gamine furieuse ? Nope. C’est la mauvaise idée. À vouloir se justifier, se défendre, c’est ainsi que l’on n’en devient que plus coupable. Mille fois, il a eu l’impression d’assister à ce genre de joute verbale, entre Sasha et Nova. Et même si Nova en venait à se faire punir dans sa chambre, même si une gifle ou deux ont régulièrement fusé, de la part de son père, c’était bien Sasha qui perdait chacune de ses batailles. L’énervement qui gonflait les veines de son cou, les yeux exorbités par une fureur dont il ne parvenait qu’à grand-peine à tenir les rênes… Chaque fois, la même conclusion : une douleur innommable, qu’aucun mot ne savait apaiser. Il lui en coûtait, de rester le témoin de ces échecs cuisants. C’est ainsi qu’il en a rapidement déduit qu’une autre méthode s’impose, lorsqu’une créature qui n’est plus une enfant, mais qui n’est pas encore tout à fait devenue une adulte, se voit confrontée à la cruauté de l’existence, sous toutes ses formes. Il ne s’énervera pas. Il ne la congédiera pas, ni ne la sommera d’aucune menace. « Rien de ce que je pourrai dire dans ce bureau ne te réconfortera. Pour toi, je ne suis qu’un inconnu. Qu’une blouse blanche de plus, je le sais. Tu dois sans doute penser que toi aussi, tu n’es qu’une patiente parmi tant d’autres. Tu es intelligente. Tu as compris que, parfois, certains médecins, certains établissements traitent en effet les êtres humains comme des produits qu’on répare à la chaîne. Mon but, ce n’est pas d’essayer de te prouver le contraire. Je te crois suffisamment maline et perspicace pour réviser – ou pas – ton opinion avec le temps. » Le temps qu’il lui reste. Il n’abandonne toujours pas. En dépit de son pessimisme, il se raccroche au diagnostic encore précoce, à l’évolution de la maladie qui ne la condamne pas encore. « Tu as raison. J’ai prêté un serment, moi aussi. J’ai juré de porter secours à toute personne dont la santé est en péril. J’ai juré de ne jamais empoisonner quiconque. J’ai juré de garder tous les secrets qu’un malade voudrait bien me confier. » Un sourire triste se peint sur son visage sérieux. « Mais les laboratoires pharmaceutiques dont nous dépendons se sont offert le luxe de se passer de ce genre d’engagement. J’en suis tributaire. Autant que toi. Si j’avais dans le tiroir de mon bureau de quoi t’assurer une santé de fer pour les mois et les années à venir, tu le saurais. J’aimerais que les choses soient aussi simples. »

Il marque une brève pause, et se redresse, lui faisant face sans se dérober. « On discute encore parce que tu n’as pas un pied dans la tombe, Zelda. Jusqu’à nouvel ordre, aucun verdict définitif n’est tombé, et je ne compte pas te voir baisser les bras aussi vite. Tu peux me hurler dessus si ça te chante, te persuader que je ne suis qu’un opportuniste parmi tant d’autres, qu’un vieux con qui ne sait pas de quoi il parle ou qui compte et recompte ses billets chaque soir avant de se coucher… ça ne me dérange pas. Tu es libre de penser tout ce que tu veux de moi. » Le Doc se lève, abandonnant cette posture trop rigide pour contourner le bureau, lentement. Il enfouit ses mains dans les poches amples, et ne s’arrête qu’à un pas ou deux de l’adolescente, vers laquelle il garde ses yeux baissés. Son attitude est neutre. Il se refuse toujours de tomber dans la compassion brute, lui préférant d’autres nuances. « Je sais, que tu n’es pas cinglée, comme tu dis. On ne consulte pas forcément un psychologue parce que l’on est cinglé. Mais c’est une opinion tenace, chez la plupart des gens. J’en connais, parmi ma propre famille, qui me tiennent exactement le même discours que toi. » Cette fois, son sourire est plus vivace. Plus convaincu. « Tu es jeune et forte. Ton sang peut essayer de te tuer, certes. Mais toi, tu peux aussi te battre. Tu peux aussi essayer de nous faire confiance. À moi, comme aux autres membres du personnel soignant qui feront tout leur possible pour te donner des armes et te défendre jusqu'au bout. »

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Last man standing

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Anonymous
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Mar 9 Mai - 8:58 (#)

L'adolescente ferme les yeux lorsque le docteur semble comprendre sa vision des choses. C'est normal, selon lui. Comme si ce terme pouvait encore avoir un quelconque sens aux yeux d'une gamine qui affronte la mort... Zelda s'agite et fait de son mieux pour se modérer. Ou au moins, pour réfléchir. Parce que malgré sa légitime frustration elle sait aussi que son véritable adversaire ne se trouve pas en face d'elle, assis sur cette chaise, en cet instant.

- Ravie d'savoir que j'suis pas tarée... Elle souffle du nez, croise les bras et se renferme un peu. Mais faites pas ça. Genre... Faire comme si vous pouviez vous mettre à ma place !

Il n'en reste pas moins qu'elle a besoin d'être rassurée. Par quelqu'un d'autre qu'une sœur dévouée, qui ne peut de toute façon pas tenir un autre discours que celui de l'espoir. Et Calloway se pose exactement en cet allié dont elle a besoin, qui abonde dans son sens et lui parle honnêtement. Le fait qu'il confirme ce qu'elle avait déjà compris ne lui donne aucune solution pour affronter les assurances ou ces fameux laboratoires pharmaceutiques avides de dollars. Mais au moins, elle se sent déjà un peu moins seule.

- Et on n'peut rien faire ? Elle est peut-être futée mais elle reste une gamine qui pense encore pouvoir changer le monde, à défaut de son propre destin. Vous êtes docteur, vous ! Vous pouvez pas aller à la télé ? Sur une chaîne youtube ? Au Sénat, même ? Tout le monde écoute et respecte les médecins. Même elle. Au moins encore un peu, en tout cas. On n'peut pas juste accepter, si ?

Ce monde offre-t-il seulement d'autres choix que celui de la résignation ? Zelda est pressée par l'urgence mais Calloway, lui, pourrait être porté par ses principes. Il faut bien commencer quelque part, avec quelqu'un.

L'espace d'un instant l'adolescente s'imagine en révolutionnaire. Et puis la réalité se rappelle à elle : elle peine déjà à mener ce combat contre le cancer alors comment prendre d'assaut les sièges sociaux de toutes ces compagnies ? Comment écraser le capitalisme quand on peine parfois à garder son équilibre ?

Elle se sent prise au piège, l'américaine. Et réduite toujours à cette petite chose qui ne peut rien faire d'autre qu'espérer. Et entendre les propos réconfortants d'un médecin qui lui assure qu'elle n'a pas encore ce fameux pied dans la tombe.

- J'suis dans l'couloir de la mort. Comme l'black dans la Ligne Verte ! Vous l'avez vu ? questionne-t-elle, sincèrement curieuse. Pas encore morte mais plus tout à fait vivante non plus...

Et bon sang, qu'est-ce qu'elle peut s'énerver à se victimiser ainsi. Se plaindre ne changera rien, et elle le sait. C'est plus facile, c'est tout. Et puis ça fait du bien. Quoi qu'il en soit hurler sur Calloway n'a plus le moindre intérêt maintenant qu'il semble accepter l'idée de devenir son punching-ball. Le consentement est peut-être important, mais il enlève aussi tout l'intérêt d'une confrontation.

L'homme finit par se lever pour faire le tour de son bureau. Ce faisant, il la force aussi à lever la tête lorsqu'il s'approche d'elle. C'est un regard interrogatif qui répond à cette approche un peu étrange, qui pousse l'adolescente à la méfiance. Il ne va pas insister pour cette histoire de psychologue, hein ? Ah ben si !

- J'ai déjà entendu cette théorie quelque part, ouais... grogne-t-elle quand son interlocuteur lui affirme qu'on ne consulte pas un psy parce que l'on est cinglée. Mais... merci !

De faire malgré tout comme s'il allait la sauver. Ou que les choses allaient bien se passer alors qu'il n'en sait probablement pas plus qu'elle. Le doc a néanmoins marqué un point en arguant qu'elle doit se battre. Ouais, c'est ce qu'elle compte faire.

- Vous avez pas des traitements expérimentaux ? Des trucs qu'on teste qu'sur les animaux encore ? Ils n'ont pas besoin de cobayes, dans la médecine ? Pour des nouveaux produits révolutionnaires ? Ca ne l'effraie pas ! Qui sait, avec un peu d'chance j'pourrais même avoir des super pouvoirs ?

Ca lui arrache un petit rire accentué par la fatigue, ou le simple fait de pouvoir apprécier un instant de légèreté. Vaut peut-être mieux en rire qu'en pleurer de toute façon. Et puis c'est con mais le discours convenu de Calloway a peut-être porté ses fruits.

- Franchement, soyez honnête : vous avez déjà vu des patients mourir parce qu'ils avaient pas les moyens de se faire soigner ? Elle sait que ça arrive. Ce qui lui arrive, ça doit arriver à d'autres aussi. C'est aussi cette certitude qui l'aide à tenir. Ouais, hein ?

En fait elle n'a même plus vraiment envie de parler de ses résultats, Zelda. Elle a besoin de se distraire, d'éloigner encore un peu le problème et le verdict qui se cache dans cette enveloppe. Et puis dans le fond... Ils restent quand même un peu dans le thème, non ?
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