ADMIN ۰ Mignon comme Tchoupi, aussi vnr que Moundir : le Loup d'la Vieille (la chair vivante, c'est gourmang-croquang)
◖ INACHEVÉ ◗
"C'est une histoire de dingue.
Une histoire bête à pleurer."
En un mot : Meursault d'Occident. Sorel d'Amérique.
Qui es-tu ? :
"J'irais bien voir la mer.
Écouter les gens se taire."
◖◗ Homme du pays occitan, dans le Sud de la France. Né au cœur des Pyrénées aux sommets blanchis, entre le soleil et la rocaille du mois de juillet 1898.
◖◗ Loup-garou Bêta condamné à fuir famille et village, jeté sur les voies forestières d'un exil, des frontières d'Espagne aux vallées de Lozère. Voyageur infatigable, jusqu'au Nord de la France et la côte est américaine.
◖◗ Relation d'amour et de haine pour cette France ingrate. Son sang a coulé pour des généraux dont le pied n'a jamais foulé le no man's land de la Grande Guerre. Membre d'un réseau clandestin dans les années 40.
◖◗ Rêveur misanthrope à la philosophie d'un autre temps. Passe sans mal de l'empathie au jugement, de la tolérance au dégoût. Aide lorsqu'il le peut. Tue quand il le doit. Bestiole dans le crâne qui commandite d'étranges désirs.
◖◗ Homme à tout faire : capable de nettoyer les chiottes, de garder un musée, de balayer la rue ou de tenir une caisse. Prédilection pour les postes de serveur, aidé par ses hanches étroites et ses bras solides. Poste d'observation privilégié pour tous les comportements humains et non-humains.
◖◗ Rebut. Incapable de s'adapter pleinement à une meute. Chaque tentative se solde par un échec plus ou moins pénible. Solitaire, se protège derrière la barrière de mensonges qui résistent encore aux outrages du temps. Prétend n'être rien d'autre que la Bête du Gévaudan. S'en convainc parfois, ou bien d'être un descendant.
◖◗ A subi les affres du sang et de la rumeur capable de frapper tous les bourgs et hameaux des campagnes profondes. Accusé de crimes qu'il n'a pas commis. N'a jamais eu l'occasion de racheter son honneur parmi les siens.
◖◗ Amant de Mei Long, poupée chinoise de sang royal. La rencontre entre deux écorchés de la vie, entre deux psychés abîmées, vouées à toutes les folies et aux errances mortifères dans les bois du Maryland.
◖◗ Poursuivi par des flics qui n'ont pas pour habitude de lâcher prise. Connu des autorités américaines depuis les années 70. En cavale permanente. Passé maître dans l'art des identités plastiques, artificielles. Espère trouver à Shreveport l'abri de la dernière chance, en incorporant les rangs de la meute. Tueur de flics et de femmes. Traqueur traqué de Medea Comucci.
◖◗ Mélancolique. Dans ses bons jours, capable de déceler la beauté dissimulée derrière tous les aspects de l'existence. Amoureux d'Histoire et de littérature, lecteur infatigable de Camus et de Céline.
◖◗ Dérangeant. Par ses regards perçants, par ses paroles sans filtre, par ses rires grinçants : inadapté, mais sympathique, si son interlocuteur s'y prête.
◖BÊTE DU GÉVAUDAN◗
"L'a pas tellement changé la France.
Passent les jours et les semaines,
Y'a qu'le décor qui évolue.
La mentalité est la même.
Tous des tocards, tous des faux culs."
Facultés : ◖◗ Faiseur d'histoires. Capable d'inventer mythes et récits sans effort. Charmant ou effrayant tour à tour. Se réinvente sans cesse, personnage protéiforme.
◖◗ Passé maître dans l'art de dissimuler un corps et d'en ôter la vie. Tous les moyens sont bons.
◖◗ Sait comment survivre face au froid, à la pluie, à la grisaille et à la brume, aux mers, aux monts et aux coups bas. Aux morsures, aux traîtrises, aux caresses, aux promesses.
Thème : Le Fleuve ◖◗ Noir Désir
◖MINDHUNTER◗
"Je vais les rues je vais les lieux où on ne m'attend pas. Ceux que je croise au fond des yeux, non, ne me voient pas. Je parle à des gens comme moi qui n'ont l'air de rien. Des esclaves en muselière qui n'en pensent pas moins."
Pseudo : Nero
Célébrité : Harry Lloyd.
Double compte : Eoghan Underwood, Sanford R. De Castro, Aliénor Bellovaque & Ian C. Calloway
« Pourquoi est-ce mal de demeurer tel que je suis ? »
Septembre 2021.
Traître. Vendu. Donneur. Balance. Indic’.
La journée est belle, et la chemise d’un bleu nuit élégant qui lui couvre la carne a le bon goût de chatoyer avec modération. Traverser la rue lui semble difficile. Il se rapproche de l’établissement dont il lit la devanture sans la voir vraiment. C’est son dernier arrêt. L’ultime étape d’un parcours semé d’embûches et jalonné, par-dessus tout, d’une relation plus que conflictuelle avec les meutes de France et d’Amérique. Loup solitaire, une seule avait su trouver grâce à ses yeux. Il y avait passé certaines de ses plus belles années ; paradoxe étonnant, tandis que la guerre faisait rage. Il retrouvait alors parfois les sommets des Pyrénées qui l’avaient banni, obtenait une rédemption qu’il ignorait rechercher avec une avidité désespérée. Suivre les sentiers sinueux, trouver les passages que ni la Guardia civil, ni les "kommandos" de montagne allemands et andorrans n’auraient pu dénicher. Les bons comme les sales moments, les instants de franche camaraderie, de solidarité inaltérable, les galeries sous le Capitole, les planques de dernière minute… Autant de souvenirs qui gomment sans trop faire illusion les nombreuses autres déchéances dont il s’accuse toujours. Pendant que Duncan Kennedy se demande toujours pourquoi une créature comme le Français a été libérée dans les années 70 après une capture aussi rare que couronnée par une chance insolente, la réponse dort dans l’esprit tourmenté du garou qui gagne le trottoir d’en face.
Il s’arrête. Il a volontiers manifesté son retard de quelques minutes. Il n’aurait pas supporté de l’attendre à une table, l’air de rien. Il s’empêche de plonger la main dans la poche de son pantalon pour en extirper un paquet de cigarettes et un briquet. Retarder l’échéance superficiellement constituerait, cette fois, un affront qui s’empresserait d’alourdir prématurément la note qu’il déposera sur la table entre eux deux. Il secoue la tête. Il n’est pas sûr. Pourtant, il sait qu’il a suffisamment attendu. Jouer plus longtemps avec le feu pourrait s’avérer dangereux, d’autant qu’il n’est plus seul, à présent. Mei. Mei change tout. S’il veut s’inscrire dans la continuité avec elle, s’il veut pouvoir continuer de marcher à ses côtés, il ne peut plus se contenter de faire cavalier seul. Il n’est pas question de nouer d’autres alliances avec d’autres que ceux de sa race. Même s’il n’est pas certain de la nuance à respecter, entre honnêteté et aveux trop risqués. Cependant, il pressent que jouer un double jeu ne pourra que se retourner contre lui une fois de plus. Il doit changer. Les choses doivent changer. Il doit accepter de se révéler dans une lumière au faisceau malsain, et qui influencera probablement l’opinion de la Lupa de la Meute. Peut-être que la Bête espère en secret se faire repousser du cercle du Caern. Peut-être souhaite-t-il afficher la mine victorieuse et faussement contrite à la Vargamor qu’il a échoué. Qu’il ne fera pas partie du clan de Shreveport. Je t'avais prévenue.
Il fustige ces enfantillages et, surpris de se sentir aussi nerveux, il se décale de quelques pas et se décide enfin à pousser la porte du café dans lequel le rendez-vous a été convenu. En début d’après-midi, un jeudi, il n’y a pas foule. Rassuré, il n'aurait pas supporté dans son état de se retrouver perdu dans la masse d’une foule de consommateurs bruyants. Il n’y a que peu de doutes sur l’identité de celle qui l’attend à une table, un peu à l’écart. Elle s’est installée tout contre la baie vitrée, le plus loin possible du comptoir ; comme un fait exprès ? En tout cas, c’est ce que lui aurait fait. Il n’hésite pas. Elle est la seule à patienter ainsi. Épars, moins d’une dizaine de clients peuplent d’autres chaises. Un halo de sièges vides entoure celui vers lequel il s’avance. La mine imperturbable, en apparence, il ne présente rien d’autre qu’un sérieux qui lui est coutumier. Qui sied à son visage d’étranger. La femme est belle. Nantie d’un charisme que seuls possèdent ceux qui dirigent. Un Bêta comme lui les reconnaît sans mal. Le Loup à l’intérieur frémit d’une échine habituée à ployer, à se soumettre plutôt que de récolter un conflit dont il ne sortira pas vainqueur. Gautièr Montignac s’assied, avec la souplesse d’un roseau devant Amélia O’Connor. Il frissonne. Au moins, ici, elle ne pourra pas lui arracher la tête en public, qu’importe ce qu’il confesse.
« Bonjour. Veuillez excuser mon retard, j’ai été retenu. » Un sourire presque naturel vient chasser l’effet d’un ton qu’il ne voudrait pas trop ampoulé. Il baisse modestement les yeux vers la table de verre, sous l’éclat duquel repose une carte étalant les consommations proposées. Il n’a ni soif, ni faim. Ou du moins, pas de nourriture ni de boisson chaude. Après avoir manifesté de son respect au terme de longues secondes, il s’autorise à redresser la tête pour l’affronter sans détour.
« Je ne vous ferai pas perdre de temps. Je voulais vous signaler pour commencer ma reconnaissance, envers l’incident de juin. Je vous présente mes excuses, et je réitère : je n’ai jamais voulu traverser les limites de votre territoire par provocation. J’ai souhaité entrer en contact avec la Meute, mais il ne me serait jamais venu à l’esprit de transiger avec l’éthique que nous connaissons tous. » Il s’interrompt, pose son discours, reprend son souffle. « Daphné m’a soigné et s’est montrée particulièrement patiente. Sans elle, je n’aurais sans doute pas affronté jusqu’au bout ma démarche. Merci de vous être déplacée et de me laisser une chance de… de potentiellement faire partie d’une meute, de nouveau. »
Le soleil est haut dans le ciel, dardant ses rayons sur le monde. La chaleur de l’été est encore présente et l’odeur de la sueur, si fine soit-elle, lui titille les narines. Les silhouettes sont rares pourtant mais l’odorat fin de la louve l’a perçu. Les fines raies de l’astre du jour lui caressent la peau et elle savoure cette sensation. Elle ressent encore la légère douleur de sa plaie qu’Archie lui a raccommodée. L’inquiétude de la Lupa n’est guère visible pour un regard non initié mais à l’intérieur, ses pensées se déchaînent en un torrent houleux et imprévisible. Qui sont ceux qui ont voulu attenter à sa vie ? Est-ce simplement parce qu’ils ont découvert qu’elle était une lycan ou bien la Lupa ? Elle doit mener l’enquête pour en avoir le cœur net. Elle ne peut laisser la Meute dans une situation de faiblesse, elle n’en a pas le droit. Amélia a toujours vécu à Shreveport. Si elle a toujours eu une dévotion sincère en tant que membre de la Meute, son sentiment a accru le jour où elle est devenue Lupa. Les siens sont sa priorité absolue. Plus important que sa propre vie. Son regard accroche un client d’une cinquantaine d’année qui s’installe au comptoir. Son odeur humaine est clairement identifiable. Ce n’est pas lui.
Si elle est dans ce café, c’est pour une raison précise. Daphné a été très claire avec elle. En dehors de l’Ulfric, elle est celle en qui elle place son entière confiance. La Vagamor ne connait pas beaucoup de choses sur ce vagabond. Mais ce qu’elle lui a dit lui suffit. Si Daphné pense qu’il pourrait être une bonne recrue, elle la croit. Ce qui ne l’empêche pas de souhaiter se faire un avis en lui parlant. Un loup solitaire est toujours un danger pour l’équilibre d’une meute, Amélia le sait. Elle doit donc évaluer si le danger que représente ce loup peut être contenu et incorporé au sein de la Meute. La présence de pièges si près du territoire de la Meute ne l’enchante pas, voire la met franchement en rogne. Ces pratiques ne sont pas acceptables et Amélia ne tient pas à laisser passer cela.
Les minutes passent, lentement. Si Amélia est arrivée légèrement en avance, elle voit à présent que lui est en retard. Et cela ne lui plait pas. Mais alors pas du tout. Ne connaissant pas le loup, elle ignore si cela dénote d’un réel manque de respect ou d’un imprévu qui peut arriver à quiconque. C’est vraiment pour Daphné qu’elle fait un effort sur elle-même et ne quitte pas les lieux de suite. Si Amélia peut être avenante et empathique, elle ne tolère pas qu’on remette en question son autorité ou qu’on lui manque de respect. La ponctualité étant la politesse des rois, Amélia estime que cela fait partie du respect qu’on lui doit. Ravalant son agacement, elle tapote de ses doigts fins sur la table, trempant ses lèvres dans le café que le serveur lui a apporté. Son regard dévie à travers la baie vitrée contre laquelle elle s’est installée.
Le bruit de la porte attire son attention et elle tourne la tête. A la seconde où il entre, elle sait que c’est lui. Le regard aux aguets, cherchant manifestement quelqu’un. La tension est palpable chez lui. Le regard prédateur de la louve ne le quitte pas des yeux et l’accompagne jusqu’à sa propre table où il s’avance, l’air sérieux. La dominante qu’elle est reconnait le Beta, prêt à ployer l’échine et qui ne cherche nullement le conflit, ce qui apaise la Bête en elle. Il la salue et s’installe. Gardant quelque secondes le silence tout en le détaillant, elle finit par répondre d’une voix douce où la puissance est contenue mais parfaitement audible :
Bonjour. Il est bien regrettable de commencer notre entrevue par un retard mais c’est ainsi.
Oui, on ne peut pas dire que cela soit diplomate mais Amélia a toujours été quelqu’un de franc, malgré un abord facile. Et si quelque chose ne lui plait pas, elle le dit. Le regard de la louve se fiche dans celui de son interlocuteur qui, en un réflexe instinctif, baisse les yeux sur la table. Les secondes passent, longues tandis que ce jeu de regard prend place. Au bout d’un certain nombre de secondes, la tension se relâche légèrement lorsque Gautièr relève les yeux et où la Lupa radoucit légèrement son regard. Beaucoup des interactions sociales des loups passent par le regard qui évite parfois des affrontements dangereux. Signifiant son respect à la Lupa, il désamorce la rivalité potentielle entre eux. Amélia écoute avec attention l’explication du loup. Elle prend le temps de le laisser finir avec de répondre, d’une voix légèrement radoucie :
Je vous crois. J’ai une grande confiance en Daphné et elle m’a certifié que vous n’étiez pas venu braver l’Ulfric mais que vous vous étiez fait piéger aux abords de notre territoire. Il est parfaitement normal que notre Vargamor vous ait aidé et soigné. Les loups sont notre priorité absolue, qu’ils fassent partie de la Meute ou non, on ne laisse pas l’un des nôtres blessé et dans le besoin.
Elle fait elle-même une pause avant de reprendre :
Votre démarche est donc de rejoindre notre Meute. Si je ne suis pas hostile à votre démarche par principe, vous savez pertinemment que vous représentez une menace que je me dois de désamorcer. Racontez-moi votre histoire. Et je vous préviens. J’attends de vous la plus grande franchise. Dans notre Meute, nous ne nous cachons absolument rien. Si vous souhaitez nous rejoindre, c’est le premier pas à faire.
Elle croise alors ses mains sous son menton, son regard plongé dans celui du loup et attend qu’il se livre.
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Gautièr Montignac
ADMIN ۰ Mignon comme Tchoupi, aussi vnr que Moundir : le Loup d'la Vieille (la chair vivante, c'est gourmang-croquang)
◖ INACHEVÉ ◗
"C'est une histoire de dingue.
Une histoire bête à pleurer."
En un mot : Meursault d'Occident. Sorel d'Amérique.
Qui es-tu ? :
"J'irais bien voir la mer.
Écouter les gens se taire."
◖◗ Homme du pays occitan, dans le Sud de la France. Né au cœur des Pyrénées aux sommets blanchis, entre le soleil et la rocaille du mois de juillet 1898.
◖◗ Loup-garou Bêta condamné à fuir famille et village, jeté sur les voies forestières d'un exil, des frontières d'Espagne aux vallées de Lozère. Voyageur infatigable, jusqu'au Nord de la France et la côte est américaine.
◖◗ Relation d'amour et de haine pour cette France ingrate. Son sang a coulé pour des généraux dont le pied n'a jamais foulé le no man's land de la Grande Guerre. Membre d'un réseau clandestin dans les années 40.
◖◗ Rêveur misanthrope à la philosophie d'un autre temps. Passe sans mal de l'empathie au jugement, de la tolérance au dégoût. Aide lorsqu'il le peut. Tue quand il le doit. Bestiole dans le crâne qui commandite d'étranges désirs.
◖◗ Homme à tout faire : capable de nettoyer les chiottes, de garder un musée, de balayer la rue ou de tenir une caisse. Prédilection pour les postes de serveur, aidé par ses hanches étroites et ses bras solides. Poste d'observation privilégié pour tous les comportements humains et non-humains.
◖◗ Rebut. Incapable de s'adapter pleinement à une meute. Chaque tentative se solde par un échec plus ou moins pénible. Solitaire, se protège derrière la barrière de mensonges qui résistent encore aux outrages du temps. Prétend n'être rien d'autre que la Bête du Gévaudan. S'en convainc parfois, ou bien d'être un descendant.
◖◗ A subi les affres du sang et de la rumeur capable de frapper tous les bourgs et hameaux des campagnes profondes. Accusé de crimes qu'il n'a pas commis. N'a jamais eu l'occasion de racheter son honneur parmi les siens.
◖◗ Amant de Mei Long, poupée chinoise de sang royal. La rencontre entre deux écorchés de la vie, entre deux psychés abîmées, vouées à toutes les folies et aux errances mortifères dans les bois du Maryland.
◖◗ Poursuivi par des flics qui n'ont pas pour habitude de lâcher prise. Connu des autorités américaines depuis les années 70. En cavale permanente. Passé maître dans l'art des identités plastiques, artificielles. Espère trouver à Shreveport l'abri de la dernière chance, en incorporant les rangs de la meute. Tueur de flics et de femmes. Traqueur traqué de Medea Comucci.
◖◗ Mélancolique. Dans ses bons jours, capable de déceler la beauté dissimulée derrière tous les aspects de l'existence. Amoureux d'Histoire et de littérature, lecteur infatigable de Camus et de Céline.
◖◗ Dérangeant. Par ses regards perçants, par ses paroles sans filtre, par ses rires grinçants : inadapté, mais sympathique, si son interlocuteur s'y prête.
◖BÊTE DU GÉVAUDAN◗
"L'a pas tellement changé la France.
Passent les jours et les semaines,
Y'a qu'le décor qui évolue.
La mentalité est la même.
Tous des tocards, tous des faux culs."
Facultés : ◖◗ Faiseur d'histoires. Capable d'inventer mythes et récits sans effort. Charmant ou effrayant tour à tour. Se réinvente sans cesse, personnage protéiforme.
◖◗ Passé maître dans l'art de dissimuler un corps et d'en ôter la vie. Tous les moyens sont bons.
◖◗ Sait comment survivre face au froid, à la pluie, à la grisaille et à la brume, aux mers, aux monts et aux coups bas. Aux morsures, aux traîtrises, aux caresses, aux promesses.
Thème : Le Fleuve ◖◗ Noir Désir
◖MINDHUNTER◗
"Je vais les rues je vais les lieux où on ne m'attend pas. Ceux que je croise au fond des yeux, non, ne me voient pas. Je parle à des gens comme moi qui n'ont l'air de rien. Des esclaves en muselière qui n'en pensent pas moins."
Pseudo : Nero
Célébrité : Harry Lloyd.
Double compte : Eoghan Underwood, Sanford R. De Castro, Aliénor Bellovaque & Ian C. Calloway
« Pourquoi est-ce mal de demeurer tel que je suis ? »
Il est soulagé de reconnaître aussitôt le respect de la hiérarchie lupine. Malgré son agacement, qu’elle ne laisse qu’à peine percevoir, la Lupa reste sensible à la soumission dont il fait preuve, leur permettant de rebondir sur un socle plus sain, nouveau et sans tension inutile. Sa nervosité à lui demeure enfermée à l’intérieur, mais il se sent déjà plus léger, de ne pas avoir à marcher sur des œufs sur ce point précis. Le Français conserve son masque de circonstances, veillant à ne trahir nulle émotion. Il est cependant là aussi rassuré de constater la bonne communication que la Meute paraît entretenir. Il reconnaît des mots, des intentions, des valeurs défendues aussi bien par la Vargamor que par la louve en face de lui. Ce ne sont que des détails, mais dont leur importance primordiale le conforte encore dans la pensée que le groupe s’étant établi à Shreveport dispose de valeurs solides. Certaines meutes ne lui avaient inspiré rien d’autre qu’un mauvais pressentiment, tribu composée d’une caste dirigeante retorse, de membres veules et prompts à se déchirer les uns les autres à la moindre occasion. Celle-ci, à l’inverse, respirait une volonté de cohésion évidente. Une fois de plus, il constatait en silence qu’ils n’auraient rien à gagner, à l’intégrer parmi leurs rangs. Ce qu’elle lui demande est le premier d’une longue suite de dilemmes impossibles. Raconter son histoire ? Le concept même paraît absurde. La seule idée lui donne envie de bondir de sa chaise et de quitter les lieux dans la minute. Mais il ne peut nier qu’à sa place, c’est une formulation similaire qu’il aurait imposé, sans ambages.
« Je comprends », murmure-t-il. Ses mains longues s’enlacent, provoquant le frottement de ses paumes, moins rudes qu’autrefois. Il pèse le pour et le contre d’arguments qui, au bout du compte, ne lui laisseront aucune autre porte de sortie. « Je vous demande un instant. » Il se relève, se dirigeant vers le comptoir, de sa démarche fluide et silencieuse. Une tasse de café pleine et quelques minutes plus tard, il se rassoit devant Amélia O’Connor et reprend : « Si j’accède à votre requête, ce que je compte faire… je vous demanderais de conserver la plupart des informations concernant ma vie personnelle pour vous, ainsi que pour l’Alpha. Je ne tiens pas à ce que tous connaissent les détails de mon passé et de mon existence. Si à l’issue de cette rencontre vous décidez de rejeter ma venue parmi la Meute, je respecterai votre décision. Mais si vous l’approuvez, je veux pouvoir choisir quand et de quelle façon je nouerai des liens avec les autres loups du clan. »
Pas le choix. Pas d’échappatoire. Pas de refuge autre que ses semblables face à la liste d’ennemis qui s’étire, s’étire… Mei ne partira pas. Shreveport est son seul point d’ancrage, jusqu’à nouvel ordre. Alors il parle, pas décidé à lui imposer un récit interminable. Il fait de son mieux pour résumer les étapes essentielles, sans s’étaler sur ce qui n’en mérite pas l’effort.
« Je suis né dans le Sud de la France, il y a bien longtemps de ça, d’une famille paysanne. J’ai participé à la Guerre à partir de 1916, et ce jusqu’à la fin des combats. J’y ai perdu un frère. Un autre a peu à peu perdu la raison. L'une de mes petites sœurs s’est suicidée, après que son fiancé ait été déclaré disparu, au front. Mon père a décliné a lui-même décliné, et a fini par mourir à son tour, des suites de l’amputation qu’il avait subie. Je me suis marié, ai fondé une famille et repris la ferme, du mieux que j’ai pu. Je me suis fait mordre quelques années après, et j’ai été contraint de m’éloigner des miens pour protéger mon épouse et mes enfants. » Sa voix ne tremble pas. Rien, absolument aucune modulation ne pourrait attirer l’attention sur cette fêlure toujours présente, cachée derrière des couches et des couches de plâtre appliquées au fil des années. « J’ai tenté de rejoindre une première meute en Lozère, en vain. Je ne m’y suis pas senti… inclus, ni à mon aise. Alors je suis devenu un solitaire. J’ai tâché d’apprendre sur le tas tout ce que je devais savoir pour survivre. Ce n’est qu’après une très longue errance que je suis tombé sur une autre meute, plus chaleureuse et plus aidante que la précédente. Nous avons œuvré aux côtés d’autres réseaux humains faisant partie de la Résistance au début des années 40. » Il n’aurait jamais pu faire comprendre à quiconque pourquoi ces années-là, malgré les horreurs qu’il aurait eu du mal à digérer par la suite, avaient fait partie des plus intenses et curieusement agréables de sa vie. « J’ai fini par quitter la meute ; nous avions perdu notre Alpha, et des querelles importantes ont commencé à miner la cohésion interne de la communauté. J’ai décidé de tout quitter, et de migrer aux Etats-Unis. Je me suis enfoncé dans les forêts à l’Ouest de Baltimore. Pendant presque vingt ans, j’ai vécu dans le Maryland et j'y ai fait une rencontre primordiale, avant de décider d’un retour à la civilisation. Je me suis installé à New York, où j’ai été… j’ai été retrouvé et arrêté. Pas longtemps. » Il remue sur sa chaise, trempe ses lèvres dans le breuvage sombre et chaud. Saut dans le vide.
« Je m’étais laissé allé à quelques… exactions, dirons-nous. Je n’étais pas le seul. Mais j’ai tué, oui. Des humains. Toujours des humains. Pour sauver ma peau, j’ai vendu la présence d’une meute des environs de laquelle je me tenais à distance, et dont le comportement erratique a beaucoup intéressé les instances m’ayant intercepté. Ce fut ma première rencontre avec les aïeuls de la NRD telle que nous la connaissons aujourd’hui. »
Les prunelles de jade du loup se fichèrent dans celles de la supérieure, sans chercher à se complaire dans un faux-semblant. « J’ai acheté ma liberté ainsi. Ai promis de rester en contact, mais j’ai tourné le dos aux autorités humaines, et je me suis de nouveau réfugié de longues années dans les forêts et montagnes du Nord. Je suis resté longtemps dans le Maine, où j’ai tué encore. C’était plus facile. Les bois et reliefs du Maine sont parfois difficiles d’accès, même pour les Rangers les plus expérimentés. Si vous êtes native d’ici, je n’ai rien à vous apprendre, en ce qui concerne les Appalaches. » Le ton est calme. Posé. Aucune modulation, rien qui ne pourrait attirer l’attention du reste de la clientèle, un peu plus loin. « Je me suis fait capturer par le Pasua au début des années 2000. Cette fois, il n’était plus question de s’échapper. J’ai été tenu en laisse pendant dix ans, sujet à certaines expérimentations de la part de leur comité scientifique. Permettez-moi de vous passer les détails. J’ai collaboré sur un certain nombre d’affaires et d’enquêtes irrésolues. J’étais confiné à New York, une fois encore, et contraint à obéir, au risque de me faire exécuter pour de bon. Lorsque j’ai réussi à retrouver ma liberté, cela n’a été que de courte durée, même si j'ai réussi à m'en extirper une fois encore. L’époque ne me laissait plus me fondre dans le paysage aussi facilement. Les caméras partout… Ces maudites caméras. » Ses yeux s’évadent vers le plafond du café, invoquant la vision d’une Medea Comucci toute-puissante s’acharnant à vouloir fouiller l’intégralité de la moindre banque d’images disponible, de San Francisco à Boston, de Dallas à Chicago. Il décide de taire le contenu de son ultime capture, les dernières tortures subies. Quelque chose lui murmure que ce moment vécu en compagnie de Kaidan Archos ne regarde qu’eux deux. Comme si cet enfermement commun était trop intime pour qu’une étrangère mérite d’en recueillir la narration. La Guerre, sa famille décimée, il pouvait l’évoquer. Ce n’étaient plus que des souvenirs émiettés, poussière éparpillée dans le grand vent de l’Histoire, hors de portée. Mais Kaidan, lui, était encore bien vivant, et à Shreveport, tout comme lui.
« Je suis là, maintenant. Arrivé depuis fin 2019, début 2020 en ville. Je travaille au Muséum des sciences, dans le secteur de The Haven. Un métier tranquille, qui me va parfaitement. Je n’ai… nul désir de nuire à quiconque, et encore moins à la Meute. Je n’ai pas massacré d’humains depuis très longtemps, et je ne souhaite pas me faire remarquer. Je me suis glissé là où je pensais qu’on ne viendrait pas forcément me chercher. Ce compromis nécessite une vigilance accrue de ma part, et une sagesse à laquelle je m’astreins… pour moi, ainsi que pour la femme que j’aime. » Sa gorge se serre légèrement, tandis que le contact visuel avec la Lupa s’est créé de nouveau. « Son bien-être compte plus que le mien. Pour elle, je ne tiens pas à retrouver les griffes de la NRD. En outre, je ne les laisserais jamais me reprendre vivant. Je tuerais tous ceux qui espèrent me remettre en cage avant qu’on ne me retrouve une fois de plus enchaîné, humilié et contraint d’obéir comme un molosse servile à tous leurs désidératas. »
Dans un délicat cliquetis de porcelaine, la tasse retrouve le socle légèrement creusé de la soucoupe. « Pour cela, je vous demande l’asile. Je demande la protection de la Meute de Shreveport, en échange de ma complète obéissance envers vous et l’Alpha, et une loyauté qui s’est peut-être montrée aléatoire par le passé, mais jamais sans raison. Jamais sans raison. »