ADMIN ۰ Mignon comme Tchoupi, aussi vnr que Moundir : le Loup d'la Vieille (la chair vivante, c'est gourmang-croquang)
◖ INACHEVÉ ◗
"C'est une histoire de dingue.
Une histoire bête à pleurer."
En un mot : Meursault d'Occident. Sorel d'Amérique.
Qui es-tu ? :
"J'irais bien voir la mer.
Écouter les gens se taire."
◖◗ Homme du pays occitan, dans le Sud de la France. Né au cœur des Pyrénées aux sommets blanchis, entre le soleil et la rocaille du mois de juillet 1898.
◖◗ Loup-garou Bêta condamné à fuir famille et village, jeté sur les voies forestières d'un exil, des frontières d'Espagne aux vallées de Lozère. Voyageur infatigable, jusqu'au Nord de la France et la côte est américaine.
◖◗ Relation d'amour et de haine pour cette France ingrate. Son sang a coulé pour des généraux dont le pied n'a jamais foulé le no man's land de la Grande Guerre. Membre d'un réseau clandestin dans les années 40.
◖◗ Rêveur misanthrope à la philosophie d'un autre temps. Passe sans mal de l'empathie au jugement, de la tolérance au dégoût. Aide lorsqu'il le peut. Tue quand il le doit. Bestiole dans le crâne qui commandite d'étranges désirs.
◖◗ Homme à tout faire : capable de nettoyer les chiottes, de garder un musée, de balayer la rue ou de tenir une caisse. Prédilection pour les postes de serveur, aidé par ses hanches étroites et ses bras solides. Poste d'observation privilégié pour tous les comportements humains et non-humains.
◖◗ Rebut. Incapable de s'adapter pleinement à une meute. Chaque tentative se solde par un échec plus ou moins pénible. Solitaire, se protège derrière la barrière de mensonges qui résistent encore aux outrages du temps. Prétend n'être rien d'autre que la Bête du Gévaudan. S'en convainc parfois, ou bien d'être un descendant.
◖◗ A subi les affres du sang et de la rumeur capable de frapper tous les bourgs et hameaux des campagnes profondes. Accusé de crimes qu'il n'a pas commis. N'a jamais eu l'occasion de racheter son honneur parmi les siens.
◖◗ Amant de Mei Long, poupée chinoise de sang royal. La rencontre entre deux écorchés de la vie, entre deux psychés abîmées, vouées à toutes les folies et aux errances mortifères dans les bois du Maryland.
◖◗ Poursuivi par des flics qui n'ont pas pour habitude de lâcher prise. Connu des autorités américaines depuis les années 70. En cavale permanente. Passé maître dans l'art des identités plastiques, artificielles. Espère trouver à Shreveport l'abri de la dernière chance, en incorporant les rangs de la meute. Tueur de flics et de femmes. Traqueur traqué de Medea Comucci.
◖◗ Mélancolique. Dans ses bons jours, capable de déceler la beauté dissimulée derrière tous les aspects de l'existence. Amoureux d'Histoire et de littérature, lecteur infatigable de Camus et de Céline.
◖◗ Dérangeant. Par ses regards perçants, par ses paroles sans filtre, par ses rires grinçants : inadapté, mais sympathique, si son interlocuteur s'y prête.
◖BÊTE DU GÉVAUDAN◗
"L'a pas tellement changé la France.
Passent les jours et les semaines,
Y'a qu'le décor qui évolue.
La mentalité est la même.
Tous des tocards, tous des faux culs."
Facultés : ◖◗ Faiseur d'histoires. Capable d'inventer mythes et récits sans effort. Charmant ou effrayant tour à tour. Se réinvente sans cesse, personnage protéiforme.
◖◗ Passé maître dans l'art de dissimuler un corps et d'en ôter la vie. Tous les moyens sont bons.
◖◗ Sait comment survivre face au froid, à la pluie, à la grisaille et à la brume, aux mers, aux monts et aux coups bas. Aux morsures, aux traîtrises, aux caresses, aux promesses.
Thème : Le Fleuve ◖◗ Noir Désir
◖MINDHUNTER◗
"Je vais les rues je vais les lieux où on ne m'attend pas. Ceux que je croise au fond des yeux, non, ne me voient pas. Je parle à des gens comme moi qui n'ont l'air de rien. Des esclaves en muselière qui n'en pensent pas moins."
Pseudo : Nero
Célébrité : Harry Lloyd.
Double compte : Eoghan Underwood, Sanford R. De Castro, Aliénor Bellovaque & Ian C. Calloway
Plus la saison était triste, plus j'étais heureux.
Lorsque le Loup lève les yeux vers le ciel, il ne distingue qu’à peine l’étendue d'encre rendue plus blême par la Lune. Au-dessus de lui, les branches glacées par l’hiver découpent ce plafond d’étoiles comme autant de doigts démesurément longs, inhumains. Des doigts de sorcière. Des doigts de monstre. Sa langue claque presque silencieusement contre son palais. Ses dents mâchent du vide.
Il a faim.
Silhouette décharnée aux traits encore presque juvéniles, il ne sait plus depuis combien de temps il a quitté le Vieux continent pour un autre, traversant l’Atlantique pour mieux se réfugier dans les bois décharnés. Il a perdu sa montre. Quelque part. En France ou en Amérique ? Il ne sait plus. Ses mâchoires clapotent encore. Il déglutit, à plusieurs reprises, et un arrière-goût de rouille semble hanter la base de l’appendice, juste sous la glotte. Il a faim. L’animal pourrait chasser. Mais il n’en a même pas envie. Pas maintenant. Elle se contentera des maigres reliquats dérobés çà et là. Il a pris l’habitude, de ne pas manger suffisamment. Il s’impose presque cette torture de chaque jour, chaque nuit. Il frémit. Ses ongles viennent râper son crâne pour éteindre une démangeaison vicieuse. Il peut entendre la peau crisser sous ses griffes. Ses cheveux sont un peu trop longs. Ils gênent, parfois, le champ de vision des pupilles vertes qui continuent de contempler la nuit. Il ne sait pas ce qu’il fait là. Il ne sait pas ce qu’il attend. Dépourvu de sa Meute, rendu à une errance mortifère, la folie qui n’a jamais cessé de l’habiter depuis la Guerre a maintenu toute son hégémonie dans la tête de l’ancien Poilu. La Bestiole est là, elle aussi. C’est sûrement elle, qui le démange. Il égratigne sa tempe, insiste et gratte comme un chien bouffé par la gale. Rien que d’y penser, d’autres points d’irritation naissent, partout sur son corps. Sur sa cuisse. À l’aine, là où la peau se fait sensible. La caboche lourde, il humecte ses lèvres gercées, insiste sur les commissures promptes à s’assécher. Même sa nature de garou ne peut le protéger éternellement des revers de la mauvaise saison. Resté prisonnier d’une transe qui ne porte pas de nom, sa conscience s’ébroue lentement, et l’invite à s’ébranler. À ne pas rester ici. À s’abriter.
Il n’a personne à rejoindre. Il n’a personne à aider. Personne à aimer.
Pourtant, il déplie sa haute silhouette ; presque famélique. Il se mord l’intérieur des joues, pour se donner l’illusion de mâcher une matière épaisse. Quelque chose de concret, à se mettre sous la dent. Il parvient au prix d’un effort infini à se détacher de la Lune dont il s’émeut de la courbe parfaite. Cette nuit, voilà qu’elle se détache avec une clarté merveilleuse. Cette nuit, aucune bise mauvaise ne l’atteint, derrière ses vêtements abîmés. C’est une bonne nuit. Une nuit aimable. Il sourit à l’immensité. La forêt est là, tout autour de lui. Elle ne l’écorche pas. Elle lui donnera peut-être du gibier à manger, demain. Ou un bien un homme. Il y en a si peu, dans ces bois. Il devrait bouger. Reprendre son périple, comme il le faisait encore il y a quelques mois. Il ne faut pas rester trop longtemps immobile : les animaux répandent entre eux le bruit d’un prédateur embusqué. Il faut les suivre, pour ne pas crever. Encore quelques jours. Quelques jours, et il partira, se trouvera une autre cabane, un autre endroit où vivre. Ou du moins, faire semblant.
La Guerre s’est tue, dehors. Ce dehors à l’intérieur. Ce dehors dans les villes. Pourtant, comme chaque fois, la Guerre n’en finit pas de finir. Elle s’est muée en une forme plus sournoise, plus taiseuse.
Les blocs s’organisent, chacun du côté des frontières invisibles. Les hommes se menacent. Après la Grande Guerre, c’est désormais autour de la Grande Bombe, d’abandonner dans son sillage des traumatismes éternels. Il n’y aurait pas survécu.
Il a quitté l’Europe, encore terrorisé par la folie des humains ayant semé de nouvelles formes de désolation. Si le soldat d’autrefois a pu se résigner à voir les armées s’entretuer sans relâche, il n’a jamais compris les rafales visant les enfants de l’Exode. Il se rappelle principalement du cadavre d’une fillette. Laissée là, dans le fossé, sans parents pour la réclamer, son corps n’avait pas encore été atteint par la pourriture. Elle sentait la Mort, mais son visage aux paupières closes paraissait serein. Sous sa robe bleue, une rose cramoisie avait fleuri, prenant toute la taille du buste. Le Français en avait déduit que la mitraille de l’avion l’avait frappée dans le dos. Dans un dernier soubresaut désespéré, ou bien retournée par les mains d’un adulte, elle s’était retrouvée là, allongée dans une position absurde ; elle n’aurait berné personne. Il avait beaucoup pleuré cette petite fille. Il la pleurait encore, comme il pleurait toujours un berceau vide, au fond duquel plus rien ne s’agiterait jamais.
Et puis il y avait eu les allées et venues, dans les montagnes. Les souvenirs frappant de plein fouet, le désir de retourner rôder aux alentours du village qui l’avait vu grandir. Il avait su résister à la tentation. Les missions exercées pour le compte de la Meute ne lui laissaient pas le temps de verser dans des émotions égoïstes. Ainsi, il avait respecté les clauses de ce bannissement que nul tribunal n’avait pourtant jamais tamponné comme un fait avéré. La camaraderie et l’esprit de solidarité entre les Loups du Sud-Ouest leur avaient permis de tenir. Ils avaient espéré, compté les jours, patienté jusqu’au Débarquement. Ils avaient couru dans les rues de Toulouse, communiqué avec les camarades de Bordeaux, déchanté lorsque les coups de filet successifs avaient privé la Résistance de nombre de ses appuis. Il y avait eu des moments de grand découragement. Des moments de panique profonde. La Guardia Civil entre les griffes desquels il s’est laissé prendre ; acculé. L’évasion depuis l’un des wagons. La chute, dans le noir, pour échapper au camp. Mais rien. Rien n’aurait pu empêcher le lycan de fuir l’Europe, lorsque les barbelés étaient tombés.
Il avait fui les Fantômes. Il avait fui ces hommes et ces femmes au regard vide et hagard, leurs orbites creusées si profondément, qu’on pouvait en venir à douter de leur humanité détruite.
Il ne deviendrait pas l’un des leurs. Gautièr Montignac est robuste, malgré sa maigreur. La Bestiole ne le laisse pas mourir. Déjà, elle l’incite à se lancer dans une chasse dont il se promet de revenir vainqueur, demain. Il mangera.
Sous ses chaussures, les feuilles craquent, se déchirent, sèment les échos de sa présence pour toutes les oreilles capables de l’entendre. Ses trajectoires sont difformes, son périple instinctif, jusqu’à la cabane qui, comme par miracle, finit par se détacher entre plusieurs troncs à l’écorce ravagée. Ancienne cabine de chasseur, elle ne contient que quelques rares effets, parmi ceux qu’il a réussi à sauver, qu’il a volé, trouvé, fabriqué.
Dans un état second, il n’aspire qu’à se laisser tomber sur la couche qu’il entretient comme il le peut. Le confort est plus que sommaire, pour ne pas dire inexistant. Tant pis. Mieux vaut cela que de dormir sous terre. Les rats sont absents, ici. Aucun rongeur ne le réveille, ne menace de le mordre ni de lui bouffer les orteils. Les rats, il en a trop vu dans les tranchées. Les rats, il les tordrait bien entre ses doigts de possédé. Il les boufferait crus, juste pour le plaisir de sentir leur sang chaud se répandre dans sa gorge assoiffée. Quelques pans de toile protègent les ouvertures. Il ne voit pas, qu’une autre Bestiole s’est glissée dans son abri.
Il ne sait pas, qu’un autre Monstre est venu le rejoindre pour combler d’une terre sale le gouffre de sa solitude.
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Le Temps qui reste
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