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| Fin novembre 2021 ☾ Myrtle est installée au piano depuis le début de sa nuit. Une façon de garder la foule à l’œil, négociée avec Wilson à son arrivée au Voodoo cafe. Ses doigts ivoirins cavalent sur les touches bicolores, déballent les trésors du répertoire romantique avec une aisance presque insolente. L’ambiance tranche avec les habitudes jazzy des bars de Louisiane, mais la saveur dramatique des pièces du XIXè est, au goût de son palais difficile, la plus digeste de toutes. Elle a le temps d’exploser le paysage dense des œuvres du groupe des cinq avant de capter le signe du propriétaire. Il est là.
L’Immortelle tronque la partition de Borodine pour l’amener à sa conclusion résonnante, tenant l’ultime accord si longtemps qu’elle le sent vibrer jusqu’au tréfond de sa chair morte. Les quelques clients qui portaient une oreille attentive à la musique l’applaudissent chaleureusement, alors qu’elle repousse son tabouret et quitte la scène. Sombrement vêtue, de ses bottines à talons à son débardeur, Myrtle ressemble à l’une de ces caricatures populaires de caïnites aux allures de corbeaux gothiques. Ce n’est même pas intentionnel ; probablement a-t-elle inconsciemment choisi ces vêtements comme une allégorie de son état d’esprit. Le simple fait de penser à François et Louis ravive ses idées noires…
La duchesse déchue s’accoude au comptoir pour recevoir les informations supplémentaires : tel que Wilson avait cru l’entendre dire, l’homme est revenu. Seul. Un vampire aperçu en compagnie de deux autres Immortels pouvant aisément correspondre à la description de ses « amis ». Il vient de se rendre dans la pièce dédiée à leur espèce maudite. L’Anglaise adresse un sourire sibyllin au barman.
- Apporte-moi un verre s’il te plait…
Pas ici, évidemment. Myrtle quitte son poste et prend la direction de la salle mystère. L’ambiance change du tout au tout, et le parfum de vieux houblon imprégné dans le sol de l’établissement est remplacé par une fragrance grisante. Le sang. La bête de ses entrailles émet un grognement ; bien qu’elle ne se soit pas nourrie depuis la veille, ce n’est pas encore la soif qui la tenaille, mais la gourmandise. Les prunelles acérées de la caïnite détaillent la clientèle discrète, dispersée dans les alcôves ou au sein des tricliniums. Les élégantes bouteilles translucides trônant sur les tables laissent voir les breuvages rouge dont s'abreuvent les convives. A l'œil, les habitués qu'ils sont peuvent déceler les infimes nuances de couleur dans cette variété de nectars humains.
Elle aperçoit sa cible, installée en solitaire. Attend-il quelqu’un ? Ça, l’Immortelle ne le sait pas. Peut-être même sera-t-il rejoint par ses némésis. A cette simple pensée, sa langue passe sur le tranchant de ses dents. Elle n’a pas vu François depuis plus d’un siècle. Pour l’instant, au risque de perdre sa fenêtre d’approche, Myrtle choisit de s’asseoir à une table en plein dans son champ de vision. Suffisamment proche pour lui permettre de faire le premier pas, mais suffisamment loin pour ne pas donner l’impression d’être une stalkeuse. Certains de ses semblables sont devenus allergiques aux contacts sociaux, lassés de faire des efforts pour respecter les us-et-coutumes de la vie en communauté. Mais s’il ne fait pas partie de ceux-là, peut-être mordra-t-il à l'hameçon… et à ce moment-là, son numéro commencera.
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| | | You shall be a restless wanderer En un mot : Lalalalaaa
Qui es-tu ? : Immortel usé de 610 ans • Torturé et incisif, sentimental et indiscipliné • A grandi dans les traditions de l'Est et parcouru une partie du monde • Musicien virtuose • Libertaire dans l'âme • Sire d'Elinor Lanuit • Déclaré mort en 1895, il réapparait seulement aujourd'hui • En marge du monde moderne
Facultés : • Voie du sang : Niveau 4-1
Goûteur de sang professionnel. Source de vie et de puissance pour lui-même et ses congénères, il sait le sonder, le manipuler et le sublimer. Attention, il lui arrive de le voler...
• Présence : Niveau 1-4
Sait attirer l'attention sur lui et forcer l'adhésion
• Voile cendré : Niveau 1-1
Perçoit naturellement brièvement les esprits, mais s'il concentre son sang, c'est l'intégralité du plan semi-astral qui se révèle à lui
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| En effet, Jean était revenu.
Il avait été introduit au Voodoo Cafe et son antichambre secrète quelques nuits auparavant par les Lanuit. A son arrivée ici, le dirigeant de l’Essaim ainsi que son Clan s’étaient montrés globalement accueillants et on lui avait même gracieusement offert la tournée des lieux incontournables de la ville. Ce bar en faisait partie. Car comme bon nombre de ses semblables, notamment dans les vieilles sphères, l’idée de se résoudre à ne consommer en société que du True Blood était tout bonnement inconcevable. Puis sans calice officiel sous la main, disposer d’une alternative sérieuse était essentiel… voire parfaitement indispensable !
Lors de cette soirée, le vampire s’était donc fait accompagné de trois compères : Alaric, Louis et François, qui partageaient le même patronyme. Ils n’étaient pas frères, mais leurs origines se mêlaient, au même titre que celles du français. Au cours de la discussion, il s’avéra effectivement rapidement que ce n’était pas la première fois que leurs routes se croisaient, ou qu’ils avaient du moins des connaissances communes. Même si tout ceci datait d’une période bien lointaine et fort tourmentée. Louis XV, son fils. Puis la Terreur et la guillotine. En l’évoquant, Jean parut effectivement se souvenir des traits du plus jeune. Ils avaient ainsi ravivé d’anciens souvenirs, s’étaient remémorés des anecdotes du passé et l’instant n’avait finalement pas été si déplaisant.
Cette nuit, ce fut cependant seul que l’immortel rejoignit le café. Comme d’habitude, la nuit était déjà tombée depuis une bonne paire d’heures quand il sortit de sa torpeur. Il n’était pas encore suffisamment tard pour que l’endroit soit désert. Son regard coula un instant vers une brunette, concentrée sur le piano, qui ressuscitait une mélodie classique, exécutée avec maitrise. Il l’observa quelques courtes secondes, avant de retrouver le gérant, un molosse à la peau d’ébène, qui le fit passer de l’autre côté. L’endroit se voulait rappeler l’ambiance des fumoirs d’autrefois et le vampire commanda une boisson d’un rouge carmin, avant de s'installer sur une table au hasard. Son breuvage arriva. Il remercia le serveur dans un mouvement du menton. Il huma d’abord le nectar et contempla sa robe. Il le portait à ses lèvres, au moment où Myrtle entrait. Il ne lui préta aucune attention immédiate, concentré sur sa dégustation. De part son don, il détectait dans la plus petite goutte de sang, plus d’informations sur son origine que le commun des immortels. Il en percevait accessoirement aussi d’autres saveurs. Celui-ci avait une note d’exotisme, relativement agréable. Il fit une moue appréciatrice, pour lui-même, et releva les yeux face à lui. Il reconnut la pianiste.
Il s’écoula toutefois dix bonnes minutes avant que le vieux vampire ne morde à l’hameçon et ne soulève sa carcasse pour aller la saluer. Un ballet de regards désintéressés, mais suffisamment réguliers, avaient eu raison de lui. Car en dépit de l’isolement qu’il s’était infligé ces dernières années, Jean n’était pas asocial. Sans compter que sa venue sur ces terres, et le lot de nouveautés qu’elle impliquait, l’incitait au contraire à s’ouvrir.
- Vous jouiez le piano, dans la salle principale, tout à l’heure, énonça-t-il, factuellement. Vous avez une belle technique. Vous êtes habituée des lieux, je suppose. Je découvre seulement leurs produits, qu’est-ce que vous me suggéreriez pour une deuxième mise en bouche ? Il brandit alors sa première bouteille, déjà vidée. Il parlait donc de la sélection du bar. Vous attendez quelqu’un ? Je peux ? Ajouta-t-il, en désigna le fauteuil, près d’elle. |
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| Elle a eu droit à toute la bouteille d’un nectar particulièrement sucré, paiement en nature pour son concert. Wilson lui en a vanté les mérites, jurant qu’il s’agit d’un millésime exotique puisé d’une source nourrie aux doux fruits du Pacifique, mais l’Immortelle n’arrive pas à le savourer. L’impatience affadit son palais, elle est tellement concentrée sur l’inconnu qu’elle siffle le contenu de son verre sans même en observer la robe. Les minutes se font longues, interminables, mais à ce jeu de patience, sa proie cède avant elle. Bien, première étape réussie.
Myrtle lève les yeux sur son interlocuteur, impassible mais peu farouche. Il dégage une élégance et un charisme naturel. Le genre d’homme qui devait – et qui doit toujours – avoir un certains succès auprès de son entourage. En quelques mots, la caïnite devine qu’il a le verbe habile et une excellente éducation ; ou en tout cas, il fait bien illusion. Un sourire se dessine peu à peu sur ses lèvres charnues.
- En réalité, je n’ai découvert cet endroit que le mois dernier, mais il est difficile de ne pas y prendre goût.
Heureusement que son corps est mort. Elle peut l’empêcher de ciller et de respirer trop fort. Un calme artificiel règne dans sa carcasse impatiente. Elle rêve de se jeter sur lui, de l’obliger à faire venir François, afin qu’elle puisse enfin rectifié ce qu'elle a raté 120 ans auparavant. Mais c’est un mauvais plan, elle le sait. Tempérer ses pulsions est l’une des plus précieuses leçons qu’elle a acquise auprès d’Aliénor. La voie du serpent est plus lente, mais sa discrétion est une meilleure garantie de planter ses crocs dans la chair de ses victimes.
- Les grands esprit se rencontrent, commente-t-elle en tournant sa propre bouteille pour lui montrer l’étiquette épurée – ils ont la même. Je fais partie de ces personnes pour qui l’éternité a drastiquement réduit la compagnie, lui dit Myrtle, énigmatique, avant de clarifier avec un nouveau sourire : ça signifie que je suis seule, mais que vous pouvez vous assoir. Wilson ne tarit pas d’éloge de son sang d’outre, je vous le conseille.
Éveillés, hommes et femmes de tous horizons, enfants… la carte de ce bar clandestin est outrageusement variée. L’Anglaise n’a aucun doute que ce temple de la dégustation hématophage cache un revers des plus glauques, mais elle a cessé de s’inquiéter du sort des mortels depuis longtemps. Il n’y a que son breuvage de source mineure que le barman a intérêt de faire disparaître prochainement, s’il ne veut pas finir par remplir ses propres bouteilles en verre cristalin.
- Apple, se présente-telle – autant parce qu’il s’agit effectivement de son nom de scène que parce que son obsession la pousse à imaginer que François ou Louis ait déjà parlé d'elle, j’en conclus que c’est votre première fois ici. Nouveau en ville ou vous vous absteniez simplement de ce genre de petit plaisir.
Tous les vampires ne sont pas des chasseurs par essence. Certains ont accepté avec docilité le virage au Tru blood, d’autres encore ont été jusqu’à s’astreindre au sang animal pour ne pas avoir à se nourrir sur les humains. Myrtle porte son propre verre à ses lèvres, pour donner du corps à son numéro plus que par soif. Elle a hâte de mieux le connaître... |
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| Si elle pouvait être qualifiée d'habituée, elle n'était pas une ancienne. Soit. L'endroit lui-même n'était peut-être d'ailleurs pas si vieux, il était difficile de le dire. Cette salle secrète ne figurait vraisemblablement pas sur Trip Advisor pour le déterminer et quand bien même : Jean ne savait même pas que ce site existait ! Alors tant pis pour connaitre l’historique de ce Voodoo Cafe.
- Ça a effectivement quelques attraits, répliqua-t-il, en esquissant à son tour un sourire. Celui de disposer a priori de produits goûteux mais aussi de leur fournir un lieu où faire tomber l’espace d’un instant le masque. Celui de leur race.
Car la Révélation n'avait finalement pas suffi à briser leur bonne vieille Mascarade. Qu'ils se soient ou non référencés auprès des autorités, leurs existences restaient massivement dans l'ombre. Par crainte des haineux ou simplement pour se prétendre plus inoffensifs qu’ils ne l’étaient réellement, ils continuaient tous à jouer un jeu. Ils ne pouvaient assumer et crier ouvertement leur nature au tout venant. Mais au moins avait-elle permis de voir éclore davantage de tanières comme celle-là.
La caïnite l'invita à s'asseoir avec elle, sans sembler contrariée par son intrusion. Elle lui répondait avec naturel et aisance. Jean ne commenta pas, mais il était lui aussi solitaire par la force des choses. Il fit un mouvement de tête et s’installa dans l’un des fauteuils libres, près d’elle.
- Le fameux sang d'outre, ajouta l'immortel, dans un demi-sourire chargé de sous-entendus. Même pour les vampires qui n'y avaient jamais goûté, la légende évoquait ce met de qualité. L'association s'était faite au fil des années, mais dans sa jeunesse, pour notre français, il n'y avait que des humains à l’hémoglobine plus ou moins sucrée, épicée ou onctueuse. Aujourd'hui, il ne le nierait pas : l'outre présentait une finesse effectivement intéressante sur le palais. Mais très personnellement, le must à ses papilles était la Vitae. Celle de ses pairs, quand elle n'était pas souillée par certains excès. Qu’est-ce que vous en avez pensé ? Demanda-t-il à propos de leur boisson commune. C’était simplement pour faire la conversation. Un sujet plus banal encore pour eux que la pluie et le beau temps. Allons-y pour l’outre alors, ajouta-t-il en levant la main pour attirer l'attention du serveur. Il en commanda deux, son regard couleur olive coula vers Myrtle. Vous ne serez pas contre de trinquer avec moi ?
Probablement pas. Après tout, il n’y avait pas entre eux la gêne d’une quelconque séduction. Ça ne signifiait pas qu’il n’y avait jamais aucune autre forme d’attente, mais pas celle-ci du moins, ils en étaient tous assurés. Et ce soir, notre Aîné agissait de manière parfaitement désintéressée.
- Jean, se présenta-t-il à son tour. Une sonorité qui ne laissait que peu de mystère quant à sa nationalité. Et qui le liait certainement davantage au Clan Lanuit. Il n’avait cependant aucune raison de cacher son identité. Après tout, si la communauté vampire était ici conséquente, ça restait un microcosme, où les noms comme les visages devenaient rapidement familiers. Surtout quand on fréquentait ce genre d’endroits. Nouveau en ville oui, je ne suis arrivé dans les parages que depuis quelques jours. J’ai du mal à résister à ce genre de plaisirs, précisa-t-il, sans en faire une grande révélation. Vous êtes installée ici depuis longtemps ? |
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| - Original. Fidèle à sa description, jauge-t-elle à propos du sang « exotique » tant vanté par Wilson, mais… mes longues années ne m’ont pour l’instant poussée qu’à traverser l’Atlantique. Je n’aurais pas le palais expert de quelqu’un qui a parcouru le monde.
A demi-mot, l’Immortelle invite l’inconnue à s’ouvrir sur le sujet. Non pas l’appréciation de sa bouteille d’hémoglobine, elle n’en a cure, mais sur ses éventuels voyages. Est-ce un récent membre du clan Lanuit ? Il est en tout cas suffisamment aguerri pour sortir sans chaperon, visiblement, et pour ne plus voir le sang que comme une denrée nutritive. C’est au moins un néophyte, juge-t-elle.
- Avec plaisir.
Elle trinquera avec lui. Jean. Ses lèvres se parent d’un sourire poli qui met de la lumière dans ses prunelles vert brun. Français ? C’est assez simple à deviner, et malheureusement, les présomption sont aussi assez aisées. Est-il ami avec Louis – si tant est qu’il puisse en avoir ? Qu’ont-ils en commun sinon leurs origines ? Est-il de la même trempe que les deux caïnites qu’elle abhorre ?
- Je vois. J’imagine que vous avez dû prendre le temps de vous identifier auprès de l’Essaim. Il n’y a rien de mieux qu’un verre de sang humain pour se remettre de toutes ces démarches « administratives », s’il y a bien une chose qu’elle regrette de sa période d’errance, libre de toute entrave sinon l'éternité, c'est le sentiment d’indépendance que lui procurait le fait de n’être enregistrée nulle part ; mais bon, c’était aussi une autre époque…, vous vous êtes déjà attaché à un clan ? Pas le sien, car elle le saurait autrement. A ce moment, le propriétaire en personne leur apporte leurs boissons, les prunelles brillantes de satisfaction et affichant un sourire fendant son visage d’une oreille à l’autre. Il n’a probablement que faire des problématiques de Myrtle, au fond, et ne peut que se satisfaire de voir sa clientèle s’agrandir.
- Dans tous les cas, il y a d’autres adresses comme celles-ci qui… peuvent valoir le détour, selon le genre de vos petits plaisirs.
Elle ne présumerait de rien. Les Immortels sont souvent passés maîtres dans l’art de dissimuler leurs véritables fantasmes ou appétit singuliers. Tous sont à un degré plus ou moins avancé d’être des sociopathes notoires, inutile de se voiler la face là-dessus. Du bout des lèvres, l’Immortelle goutte à son breuvage. Même torturée par les émotions empoisonnées qui lui rampent dans l’estomac, la caïnite ne peut résister à la saveur divine de l’Outre.
- Je suis ici depuis seulement quelques années, avec un prétexte assez inintéressant : un besoin de changer de quotidien, alors j’ai voulu voir ce que donnait la « capitale du surnaturelle », un demi-sourire moqueur en dit long sur son opinion de cette appellation humano-centrée, et vous ? Une histoire plus originale à me raconter ?
Elle a naturellement envie de savoir. Et plus la discussion se poursuivra, plus elle aura peaufiné sa stratégie : comment l’amener à parler de Louis et François sans que cela ne soit suspect ? Telle est la question… |
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| - Il faut surtout dire que parcourir le monde dans notre situation n’était pas pendant longtemps quelque chose de particulièrement confortable, déclara simplement le vampire à la remarque de la brune à ses côtés.
C’était même le moins qu’on pouvait dire. Traverser l’Europe était resté longtemps déjà une épopée ! Six cents ans plus tôt, encore davantage. À rouler dans les ancêtres du coche, pendant des nuits, en croisant les doigts pour trouver des refuges suffisants aux aurores. Quand ce n’était pas presque plus rapide encore de simplement courir et courir encore. Alors imaginez simplement traverser les steppes de Sibérie ou les montagnes d’Asie Centrale. Cela revenait à développer tout un art pour débusquer la tanière d’un ours au fin fond d’une caverne. Jean en avait oublié la plupart des détails, mais il se souvenait du gout animal sur sa langue. Quand le vital prend le dessus sur le répugnant.
- Il fallait savoir être très motivé ! Et un peu fou, ajouta-t-il, en esquissant un sourire en coin. Je ne connaissais pas particulièrement cette saveur-ci non plus, ajouta-t-il à propos de sa bouteille. Et pour cause, il n’avait jamais mis les pieds au Mexique. Il savait pourtant dire qu’il s’agissait vraisemblablement d’un humain mâle, d’âge mûr. Soixante ans, minimum. C’était ce qui définissait autant ce caractère. Mais les voyages ne font pas tout…
Il avait noté sa référence à l’Ancien Monde. Il devinait un zeste d’accent british qui lui était familier. Quelque chose qui lui rappelait Elinor, dans certaines de ses intonations. Il ne pensait pas l’avoir déjà rencontrée pourtant, dans les alentours de Londres, avant sa mise en veille. Peut-être était-elle plus jeune encore ? Ou son histoire était autre.
- C’est obligatoire, n’est-ce pas ? Répliqua-t-il à propos de l’Essaim. Son regard brilla un peu. Il supposait que les renégats purs et durs ne venaient pas se pavaner dans un endroit comme celui-là. Pas encore, enchaina-t-il, en évoquant son affiliation. Cela sous-entendait que ça viendrait. Peut-être. Ou non. Puisque la perche était tendue, il la saisit pour lui retourner sans détour la question. Quel est le vôtre ? Mes « petits plaisirs » m’ont déjà amené à découvrir quelques endroits sympathiques - comme ce club de Jazz où il avait découvert le charme du Jam- mais je ne suis pas contre d’autres bonnes adresses… Il laissa planer un court silence. Vous êtes musicienne, où est-ce que se joue la vraie bonne musique selon vous ?
Ils avaient reçu leur breuvage. D’un regard, Jean regarda le propriétaire s’éloigner avant d’humer la bouteille qu’il avait déposée. Il observa Apple y tremper ses lèvres la première, avant de l’imiter. Oh oui, c’était indéniablement raffiné.
- Cette ville a sa réputation, répondit-il à ses propos sur Shreveport. Je m’attendais à la trouver surcotée, mais je dois admettre qu’elle est tout de même… intrigante… C’est peut-être l’effet de la nouveauté. Mais ce n’est pas ça qui m’amène. Rien de passionnant non plus, une simple affaire personnelle. Les histoires de Famille, un bon vieux classique ! |
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| Myrtle n’a que peu de « petits plaisirs ». Ce n’est même pas une tendance au mélodrame, c’est un fait cruellement ancré dans son âme. S’il est des vampires, comme Nicola, qui ont su conserver une forme d’étincelle de « vie » au travers les siècles, elle n’est plus qu’un vaisseau désincarné qui vogue sur les eaux de l’existence au rythme d’un bateau fantôme. Il lui arrive d’avoir des envies, des pulsions, de l’intérêt, et même un peu d’affection. Mais le « plaisir » en lui-même s’efface rapidement. Fugace, volage, il n’est rien contre la haine permanente qui engourdit son être.
L’Immortel reçoit son verre, remerciant le serveur d’un mince sourire, et trempe ses lèvres dans le breuvage avec indolence. Il est délicieux, fort de ces accents particuliers que seuls les vampires ne peuvent capter, mais elle n’en profite pas. Son obsession lui tourne dans la tête, si bien qu’elle doit fournir de gros efforts de concentration pour ne pas décrocher de la conversation.
- Vous me croirez si je vous dis qu’il m’arrive d’aimer les distractions plus… musclées ? Son expression s’étire d’une risette énigmatique. Si cela vous intéresse, je connais un endroit où sont organisés des combats clandestins réservés aux surnaturels. C’est parfois très intéressant.
Dans l’essentiel des cas, les dons actifs sont proscrits. Tout est prévu pour favoriser le plus pur des corps-à-corps, le contact et la force brute. De facto, on y retrouve notamment des lycans et des vampires, deux types de créatures naturellement favorisées quant à leurs performances physiques. Mais même là-bas, il arrive que Myrtle s’ennuie : ses deux cents années la placent déjà haut dans la chaîne alimentaire, en comparaison de la plupart des amateurs du Mad Dog.
- Je n’aurais néanmoins pas de bonnes adresses musicales… j’ai tendance à ne pas me retrouver dans les esthétiques actuelles. J’ai occasionnellement vu de bons spécimens dans des clubs de jazz, mais…
Les musiciens de ce siècle ne l’impressionnent guère pour la plupart, hormis les grands interprètes classiques. Comme dans tous les domaines, l’humain s’est arrangé pour se rendre la vie plus facile, alors les instruments sont modifiés en ce sens : touches plus légères, claviers plus courts, ajout d’électronique, effets synthétiques… autrefois, la beauté de la musique ne dépendait que de son compositeur et de son interprète. Aujourd’hui, certaines mélodies ne valent plus rien si on leur retire les altérations artificielles qu’on y a ajouté.
Esprit d’un autre siècle ? Peut-être. Mais qu’importe ces considérations musicales, car Jean vient d’attiser son intérêt. Myrtle s’efforce de fixer les jeux de lueurs tamisées à la surface de son nectar, pour ne pas l’étudier avec trop d’insistance. Une affaire personnelle l’a conduit à Shreveport ? Tiens donc…
- Ouuh, feint-elle de frissonner. Les affaires de « famille » chez nos semblables ne sont jamais simples, je devine que ce séjour n’est pas uniquement agréable, la moue qui froisse fugacement son visage ivoirin est presque compatissante. C’est quelque chose dont vous avez envie de parler ? On ne sait jamais : il est de ces tourments que seuls d’autres Immortels peuvent comprendre, et il est parfois difficile de tout garder à l’intérieur. Pardon, je réalise que je ne vous ai pas répondu : je suis le mouvement d'Aliénor Bellovaque. Je crains que notre position prônant disons une certaine… rupture avec les codes de l’Essaim ne nous ait valu le nom de « clan du chaos ».
Un nom aussi absurde que bien trouvé, d’après elle. Le « chaos » effraie, il est assimilé à l’anarchie, et c’est probablement pourquoi cette étiquette leur colle à la peau. Mais le « chaos », c’est surtout l’imprévisible, l’indomptable, l’inaliénable. Et ces termes caractérisent parfait la leader née qu’est Aliénor. Même ceux qui l’accompagnent depuis des décennies ne pourront jamais totalement la saisir… pour le meilleur et pour le pire. |
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| - Je peux tout croire, répliqua le vampire à la confession de la brune. Il en avait vu tellement qu'il était devenu difficile à surprendre. Dans le bon comme dans le mauvais sens.
Pour tout dire, le côté musclé n'était pas vraiment la tasse de thé du français. Il savait se transformer en adversaire redoutable, et ce n'était pas peu dire vu son grand âge, mais il ne prenait aucun plaisir à la castagne. Il était trop intellectuel pour cela et préférait largement au choix le divertissement d’une bonne joute verbale. Cela laissait davantage de place à l'inattendu. N'importe qui était en mesure de vous surprendre ou de vous rabattre le caquet.
- Et vous participez du coup ? Quelle créature vous a mis le plus en défaut ? Par réelle curiosité ou simple politesse, Jean faisait la conversation. Il n'était pourtant pas passionné par les autres CESS et pour cause : qu'avaient-ils en commun ? Des aptitudes surnaturelles ? La tique, la sangsue, le moustique, ceux-là étaient de vrais cousins. Les garous ? Hum.
La pianiste ne lui communiqua ensuite aucune adresse phare pour contenter son appétit musical. Dommage. Il pouvait pourtant comprendre qu'elle ne s'y retrouve pas dans le Jazz local. C'était une autre école. Une autre époque surtout oui, où le génie se faisait plus rare, les projets moins ambitieux. Il suffisait d'allumer la radio pour s'en rendre compte. Mais certaines exceptions venaient redorer le tableau. Il fallait seulement prendre la peine de creuser, fouiller. Ils ne rentrèrent pas dans le débat, car la discussion bifurqua.
Le vampire afficha un sourire qui se mêlait à une grimace alors qu'il évoquait la raison originelle de sa présence ici. Ce n'était plus l'inconnu qui le tracassait. Il avait eu l'occasion de discuter avec Elinor depuis son arrivée, ils s'étaient en quelque sorte expliqués. Un poids s'était ôté. Mais ça n'atténuait pas encore le mal qui avait été fait. La confiance avait été brisée, plus d'un siècle s'était écoulé. Le chemin serait long pour complètement lui pardonner.
- La famille oui… je ne vous le fais pas dire, c'est souvent compliqué… enfin c'est comme ça, comment a-t-il sans entrer toutefois dans les détails. Il n'avait pas envie de préciser sa situation. Peut-être lui faisait-elle même un peu honte… Même si elle n'avait rien de véritablement inédit. Après tout, il n'était pas rare de voir les Infants se retourner contre leurs Sires ou leurs fratries vampiriques. Mais ça faisait toujours un meilleur effet chez les autres.
La Caïnite évoqua alors son Clan, car au sein de ces regroupements, les tensions quasi-familiales n'étaient pas non plus remarquables. Les aspirations, les égos.
- Oh je vois, j'en ai entendu parler. Par le Régent… je vous laisse imaginer le point de vue qu'il m'a développé, précisa le français en affichant un fin sourire en coin. Inutile de dire que l'Essaim ne portait pas le Clan du Chaos dans son cœur. Encore que ses membres s'étaient focalisés jusqu'ici à se tirer dans les pattes en interne. Mais avec un nom pareil, il fallait un minimum de mauvaises intentions, non ? A moins que ce ne soit que de la gueule… Donnez-moi votre version ? Dites-moi comment vous vous dépeindriez ? Votre "chaos", il ressemble à quoi ?
Jean avait toujours eu l'âme révolutionnaire. Il aimait détruire les conventions, il ne supportait pas les entraves. Pourtant aujourd'hui, il n'attendait plus rien. Une chaîne en remplacerait toujours une autre. Il ne leur restait ainsi que le choix de l'avoir au cou ou à la cheville. Mais les intentions de cette Aliénor Bellovaque - il avait vécu trop reclus pour que ce nom lui évoque quelque chose - étaient peut-être toute autre ? |
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| - Bien sûr. Un autre vampire, a-t-elle répondu quant à sa participation aux combats du Black dog.
Mais la conversation est désormais loin de la brutalité du club clandestin et de la suprématie absolue de Nikola. Myrtle est déçue de voir qu’il ne donne pas plus d’information sur sa « famille ». C’était prévisible, mais elle aurait espéré que le besoin de s’épancher prévale sur la plus élémentaire des prudences. Elle doit ronger son frein, encore, s’embourbant dans cette conversation badine qu’elle ne saurait apprécier. Son esprit est trop focalisé sur son objectif : Louis, François. Ses lèvres se trempent à nouveau dans le breuvage carmin, son regard se perd brièvement dans le vide au-dessus de la tête de Jean.
- C’est très simple : notre « chaos », c’est la liberté, ses prunelles hybrides de brun et de vert retombent sur son interlocuteur. La Mascarade est dépassée, elle ne sert plus qu’à entretenir le pouvoir de quelques vieilles familles dont l’influence prend la poussière dans le monde moderne.
C’es un phénomène qui s’accélère avec la Révélation. Les gens savent et ça change tout. Il y a plus de fuite, plus de failles, mais aussi plus de menaces. Les jeunes caïnites aspirent à de nouveaux repères, de nouveaux symboles, de nouvelles opportunités, de nouvelles façons de régir leur univers, tout simplement. De quel droit les « vieux » continueraient-ils de faire peser sur une espèce entière le poids de leur passé, de leurs décisions et leurs conséquences ?
- S’il y a bien une chose qu’on doit reconnaître aux humains, c’est leur adaptabilité. Leurs sociétés changent, leurs lois évoluent. C’est souvent bourré d’erreurs et de naïveté, mais ils essayent, pour coller à leur temps.
A l’inverse, les vampires sont figés. Comme si à l’image de leur immortalité, les mœurs se doivent d’être immuables. Mais la réalité, c’est que bien qu’ils soient figés dans le temps, le reste du monde continue de tourner. S’arc-bouter sur de vieilles considérations est une stratégie vouée à un échec cuisant. Et si ça n’est pas résolu par la manière douce, ça le sera par un conflit intestin terrible.
- Tout ce qu’on veut, c’est remettre nos lois au goût du jour et avoir, de manière générale, plus de… souplesse.
Dans ce dernier mot se cache toutes les nuances d’ombre du clan. Ils sont des prédateurs après tout, et ce dont ils ont envie, c’est aussi de jouir de leur mets préféré sans se faire pointer du doigt pour une justice de débris millénaires. Le sang humain, chaud, puisé à la source. Même ce bar raffiné fait pâle figure à côté de la saveur d’une proie vivante.
- Je peux vous présenter Aliénor à l’occasion, si le sujet vous intéresse. L’invitation est valable aussi pour les « amis » qui vous ont présenté cet endroit, un grand sourire mutin fend son visage ivoirin en deux. J’imagine que s’ils aiment la face cachée du Voodoo, c’est qu’ils ont un goût pour la disruption.
Oh oui, qu’il les amène, elle serait ravie de les revoir ! Elle en meurt d’envie même. |
| | | You shall be a restless wanderer En un mot : Lalalalaaa
Qui es-tu ? : Immortel usé de 610 ans • Torturé et incisif, sentimental et indiscipliné • A grandi dans les traditions de l'Est et parcouru une partie du monde • Musicien virtuose • Libertaire dans l'âme • Sire d'Elinor Lanuit • Déclaré mort en 1895, il réapparait seulement aujourd'hui • En marge du monde moderne
Facultés : • Voie du sang : Niveau 4-1
Goûteur de sang professionnel. Source de vie et de puissance pour lui-même et ses congénères, il sait le sonder, le manipuler et le sublimer. Attention, il lui arrive de le voler...
• Présence : Niveau 1-4
Sait attirer l'attention sur lui et forcer l'adhésion
• Voile cendré : Niveau 1-1
Perçoit naturellement brièvement les esprits, mais s'il concentre son sang, c'est l'intégralité du plan semi-astral qui se révèle à lui
Pseudo : Od'
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| - Évidemment… glissa-t-il à la mention des combats. Qui pouvait réellement rivaliser avec eux ? Certains garous savaient être féroces - certainement - mais leur champ d'action restait plus limité. Brutaliser, mordre. Quand les vampires avaient tout un panel de prédispositions à leur portée.
Alors qu'ils poursuivaient leur discussion, savourant le sang d'une outre anonyme, Jean ne devinait pas l'obsession qui agitait l'immortelle face à lui. Lui-même se complaisait dans cet échange tranquille. Puis la politique se glissa dans la conversation, et le français se demanda si c'était une bonne idée. Il repensa aux reproches d'Elinor sur ses engagements et ses combats passés. Ce sujet l'avait toujours porté, et entendre Apple évoquer la notion de liberté réveilla en lui une pointe de frustration. Ça le chagrinait mais il avait depuis longtemps cessé de croire en ce monde idéal ou chacun serait libre d'embrasser ses aspirations.
- Je vois, déclara-t-il simplement. Avant d'hausser un sourcil en entendant la brunette parler des humains. Sans dédain, leur vantant même des qualités qu'eux-mêmes peinaient à afficher. Elle n'avait pas tord. Ou du moins Jean était-il d'accord avec elle. Il acquiesça légèrement. Les humains ont leur mérite en effet. Mais ce n'est pas si commun de l'entendre dire. Si je comprends bien, la Révélation ne vous suffit donc pas vraiment ? C'était pourtant un sacré bon en avant, commenta-t-il. Je n'avais pas vu autant d'audace depuis... longtemps. Toujours même, très honnêtement. Mais vous avez certainement raison, il y a toujours moyen d'aller plus loin, admit-il.
Après tout, cela faisait déjà presque dix années que les vampires s'étaient révélés. Ils avaient pu observer les réactions du monde face à leur existence. Avaient-ils d'autres projets ? Évidemment le français n'en avait aucune idée. Mais ce n'était pas à exclure. C'était une question qu'il s'était retenu jusqu'ici de poser. Il esquissa un sourire alors qu'elle lui proposait une entrevue avec Mrs Bellovaque.
- Je serais intéressé d'en entendre davantage sur votre projet, c'est vrai. Par curiosité. Pour voir à quel point il est vraiment novateur. C'était surtout plus fort que lui : aborder ce sujet le grisait. Il détournait son attention et ses tourments de son Infante et de sa misérable existence. Des gens au sein de l'Essaim aimeraient aussi un peu d'évolution dans nos organisations, vous le savez ? Ça a été abordé à demi-mot... Je suppose que vous l'avez déjà envisagé, mais pourquoi vous n'essayez pas de vous associer ?
Il pensait au Clan Dalzell et à Raven qu'il avait à cette date brièvement rencontrée. La femme, comme Apple en cet instant, avait cherché à sonder ses convictions et ses envies. Sa remarque pouvait paraître innocente, voire carrément naïve, mais Jean n'était pas dupe. Il connaissait ses semblables. Il ne doutait pas un instant que les affiliations et les clans étaient plus souvent des affaires d'ego que d'idéal. La liberté qu'ils pronaient n'était certainement qu'un prétexte... Il regarda Myrtle avec une pointe de provocation. Un nouveau sourire énigmatique se dessina sur son visage légèrement coloré par ce repas qu'ils partageait.
- Ce sont des Lanuits qui m'ont présentés l'endroit. Vous les connaissez certainement. Ce ne sont pas nécessairement les plus ouverts d'esprit. Même s'ils savent apprécier les bonnes choses. Il présenta sa bouteille déjà bien entamée. Une vieille famille, comme vous les aimez, non ? Je ne les qualifierais pas vraiment d'amis, mais certains sont d'anciennes connaissances. Il est important de se sociabiliser, n'est-ce pas ? |
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| - La Révélation, un pas en avant ?
C’est sorti instinctivement, tranchant avec son calme impassible observé jusqu’à lors. Myrtle serre les dents, masque le sourire cynique qui menace de fleurir derrière son verre cristallin. Lorsqu’elle le repose, son regard se perd un instant dans les remous de son breuvage à la robe intense. Jean se montre curieux, voire même intéressé ; elle ne saurait dire si c’est sincère ou s’il cherche à la pousser à la faute.
- A ce stade, la Révélation était une idiotie. Certes, les technologies modernes rendaient de plus en plus difficile le fait de nous cacher, mais elle nous a mis une cible sur le front sans nous apporter de libertés supplémentaires : la Mascarade prévaut toujours et les humains inventent de nouvelles lois pour nous… comment disent-ils… « réguler » ?
Il y a en effet eu le Tru blood, qui permet un entre-deux acceptable entre le sang humain et le sang animal, mais à quel prix ? L’alimentation à la source est strictement réglementée, quand elle n’est pas interdite, et l’hémoglobine synthétique n’est qu’un ersatz à la limite de l’insulte. Ils sont littéralement des êtres plus anciens que toutes les autres créatures vivantes de cette planète ; pourquoi le plus gros effort « d’intégration » leur reviendrait-il ? Pourquoi devraient-ils se gaver d’une substance fade et sous-nutritive par humanisme docile ?
- Nos convictions ont vocation, entre autre, à pousser le travail un peu plus loin ; mais Aliénor en parle mieux que moi. Je préfère lui laisser les discours et les potentielles alliances ; je n’ai pas la fibre politique, prétend-elle avec un sourire poli.
Il lui reste de vagues échos de sa vie de duchesse et des mondanités codifiées de la noblesse britannique. Tout était un calcul, du plan de table aux sujets de conversation abordés. Myrtle mentirait en disant qu’elle détestait ça : c’était épuisant, mais cela faisait trop partie de sa vie pour qu’elle en exprime une aversion particulière. Elle a seulement réalisé à posteriori comme tout ne ressemblait qu’à une vaste pièce de théâtre. Des existences factices, surjouées. Et les seules trésors authentiques de de sa vie, elle les a tragiquement perdus.
Justement, le sujet de conversation a bifurqué sur le clan Lanuit. L’Immortel s’efforce de sourire avec détachement, bien que ses doigts se crispent fugacement sur son verre. Une faction de seconde. Elle termine sa boisson d’une traite, mais celle-ci a désormais un goût de rance. Rien que de repenser à ses deux Némésis lui gangrène les entrailles.
- Je ne me permettrais pas une critique des Lanuit, bien qu’ils soient effectivement plutôt sur le bord opposé de l’échiquier dirons-nous. J’ai eu l’occasion d’en rencontrer certains d’ailleurs… hum…, elle fait mine de réfléchir. Louis et François, de mémoire. Ils ne se souviendront probablement pas de moi, j’étais… très jeune à l’époque, Myrtle a appuyé sur ce mot qui, concernant les caïnites, est toujours très relatif. Est-ce qu’ils font toujours partie de la maison ou le sort les a conduits ailleurs ? L’Immortelle se resserre du fameux sang d’Outre, l’air de rien. Vous avez peut-être « sociabilisé » aveux eux aussi ? mimique-t-elle malicieusement pour reprendre ses termes. |
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| Jean savait donc que son idéal n'existait pas. Il ne serait même plus réellement capable de l'expliquer dorénavant. Mais il gardait un amour sincère pour le renversement des conventions, l'ébranlement du système. Et autant la Révélation n'était-elle certainement pas parfaite, autant elle marquait tout de même une étape. Essentielle. Elle avait permis à l'humanité d'ouvrir les yeux sur un monde parallèle. L'avenir était mouvant, mais il ne faisait aucun doute qu'il leur réservait quelques rebondissements. Demain, dans un an, dix, cent. Ils avaient potentiellement tout leur temps. Et d'une certaine façon, le français se sentait fier que cette initiative ait été prise par leur espèce. Même s'ils avaient effectivement édulcoré leur annonce au maximum, les rendant presque inoffensifs. Comme l'affirmait Apple, certains y trouvaient certainement leur intérêt.
- Prendre des initiatives n'exclut pas de faire des erreurs, déclara-t-il en haussant une épaule. Je suis d'humeur indulgente. Il en avait lui-même fait quelques unes dans ses lubies révolutionnaires. Pourrait-il en refaire ? Tellement.
La Révélation avait effectivement réveillé chez lui certaines aspirations. Il avait tourné intérieurement le problème dans tous les sens. C'était plus fort que lui. Il avait dix mille interrogations. Pourquoi avaient-ils choisi de faire cela, comme ça, selon ces règles ? Il devinait certaines réponses, pas toutes. Et lui venait ensuite les "et si", par dizaines. Mais il s'efforçait de ne pas trop y penser. Dans tous les cas, la brunette ne semblait pas chercher à entrer dans les détails. Elle l'avait affirmé : elle aimait les combats. Certainement se rangeait-elle davantage du côté des hommes de main que des esprits prétendument visionnaires. Bien, d'une certaine façon, cela permettrait à notre compositeur de ne pas se disperser pour l'heure. Il n'insista pas.
- Ils font toujours partie des meubles, confirma sans far Jean au sujet du Sire et de son Infant. Il n'avait aucune raison de se montrer suspicieux. Ça n'était clairement pas un secret. Un peu en effet, ils font partie de ceux qui m'ont fait découvrir cet endroit. Il s'est avéré qu'on se connaissait finalement déjà. Notre monde n'est pas si vaste n'est-ce pas ? Surtout quand on a un certain âge et qu'on partage la même nationalité. Certains événements nous poussent à nous croiser. La Révolution française dans leur cas. Combien de vampires erraient sur les siècles ? Ils se sont souvenus de moi, peut-être se rappelleraient-ils de vous ? Ajouta-t-il innocemment. Il m'arrive de les croiser de temps en temps, je pourrais leur poser la question. Non pas qu'il se sente missionné, mais pour faire la conversation , ça valait autre chose. Ou ça n'a pas d'importance, anticipa-t-il. Ce qui restait hautement probable, également. Sinon, une Apple, pianiste, cela pourrait peut-être suffire à réveiller leurs souvenirs. Elle pouvait aussi lui fournir d'autres éléments s'il s'avérait que cela lui tenait à coeur. Il prit une gorgée de son breuvage. Il approchait de la fin. Vous les avez rencontrés en Angleterre, je suppose ? J'ai vécu un temps là-bas, à Londres.
Un siècle oui quasiment tout de même. Il entendait donc son accent. Son expérience à lui s'entendait aussi dans son vocabulaire purement anglais. En quelques jours, l'influence américaine n'avait pas pu faire son effet. y |
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| Ils font partie des meubles.
Un sifflement désagréable surine méchamment son encéphale. Elle a la pleine confirmation que François n’a pas quitté le nid, qu’il est là, tout proche. L’effet est plus dévastateur encore que la nuit où Louis s’est introduit dans son domicile. 120 ans qu’elle ne les a vus mais la haine est toujours là, comme un cancer malin qui refuse de totalement guérir. Myrtle lâche son verre, pour ne pas risquer de le broyer malencontreusement. Son interlocuteur parle comme si de rien était, évoque son lien avec l’ancien Primogène De Lange, propose de reconnecter « Apple » et ses vieilles connaissances.
L’Immortelle a cessé de ciller et de feindre la respiration. De trop longues secondes, elle demeure d’une immobilité parfaite, le regard plongé dans un abîme de souvenirs macabres. Elle se souvient encore de l’odeur de ses filles, de la saveur de leur sang. Des sensations épinglées dans une mémoire qui refuse de s’effacer, alors qu’elle peine à se remémorer leurs visages, leurs voix et leurs sourires. La caïnite doit se forcer pour que s’esquisse une risette polie sur son visage de statue.
- Je les ai rencontrés en France, en réalité. J’ai quitté l’Angleterre très peu de temps après mon Etreinte et je n’y suis jamais retournée.
Demi-mensonge, demi-vérité. Ainsi donc, Jean est français. Ce n’est pas étonnant, considérant son patronyme, mais celui-ci aurait très bien pu être inventé – tout comme l’époque où elle se faisait appeler Victoire. D’ailleurs, presque instinctivement, Myrtle change de langue et poursuit dans un français des plus impeccables :
- Ne leur parlez pas de moi… j’aimerais leur faire une « surprise », vous voyez ? Je souhaite qu’ils voient comme j’ai évolué avec le temps, mais je veux m’y sentir prête, prête à leur arracher ce simulacre de vie qui anime encore leurs deux cadavres. Par contre, je vous en prie, racontez-moi les circonstances des événements qui vous ont poussé à côtoyer Louis par le passé ! Quand je l’ai connue, il n’était pas encore chez les Lanuit, c’était quelqu’un de droit qui cachait une certaine… férocité, si je puis dire. Dans le bon sens du terme !
A l’époque, il l’impressionnait pour ça. Le vieux vampire était l’image même de l’Immortel qui avait vu, vécu, combattu, jusqu’à connaître le monde par cœur. Sa force était herculéenne, ses dons puissants, et Myrtle s’est toujours sentie toute petite à ses côtés. Une enfant. Mais aujourd’hui, elle a grandie. L’enfant est devenue une adolescente en crise, suffisamment libérée pour le défier un jour, suffisamment démente pour espérer le vaincre.
- Ou bien parlez-moi de votre séjour à Londres, reprend-elle dans sa langue natale. Quand j’ai quitté le pays, les nouvelles industries envoyaient des tas d’honnêtes travailleurs au chômage et le typhus les achevait dans la rue. Je n’en ai pas d’excellents souvenirs.
Et ce n’était rien, à côté de la perte de sa famille. La caïnite n’a plus soif désormais, elle a la nausée ; mais elle veut continuer à discuter. Au-delà de ses considérations égoïstes, cet homme est intriguant. Son détachement fait l’effet d’une créature libre, affranchie du poids inéluctable des conventions. Que cache-t-il exactement ? De vrai, de sanglant, de fourbe. Personne ne vit si longtemps sans embrasser l’obscurité. Dans une certaine mesure, Jean ressemble à Nicola. Et Nicola est, objectivement, un monstre. |
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| La Caïnite enchaîna dans un français excellent et ses propos ne manquèrent pas de susciter la curiosité de son interlocuteur. Jean n'était pas né de la dernière pluie et il n'avait rien d'un naïf. Il avait jusqu'ici répondu à ses questions sur les Lanuit sans penser plus loin, mais les mots choisis par Apple pour lui demander de se montrer discret sur son compte allumèrent une série de voyants suspects. L'Aîné haussa vaguement un sourcil en dévisageant la brunette.
- Je vois, répondit-il le regard perçant dans sa langue natale. Il ne répondit pas immédiatement à ses questions suivantes, évaluant à quel point il acceptait de coopérer à son petit jeu. Car c'en était un n'est-ce pas ? Il reprit en anglais de nouveau. C'était à l'époque de la Grande Peur, ça vous parle ? L'une des périodes les plus exaltante qu'il m'ait été donnée de vivre. Entre la simple folie humaine et ce soulèvement enragé, animé par la colère et la peur. Le chaos. La pure anarchie. L'immortel savait de fait que la voir à l'œuvre était un évènement rare. Peut-être même unique. L'ordre vampire essayait d'en tirer profit, bien sûr. Vos amis aussi. Jean haussa une épaule. J'ai oublié la plupart des détails, il ne me reste que quelques bribes. J’étais plus obnubilé à l’époque par ce qui se tramait auprès des Hommes. La mémoire est sélective n'est-ce pas ?
Plus de deux siècles suffisaient à mélanger les souvenirs. Six ? N’en parlons pas. Quel âge avait son interlocutrice ? Ses propos évoquaient la révolution industrielle et cette époque précise où Jean avait rejoint l’île britannique. Il pouvait le savoir avec précision en posant une goutte de son sang sur sa langue. Mais il ne prendrait pas le risque de lui en voler une juste pour ça.
- Si on ne s’attarde que sur la misère des honnêtes gens, je n’ai pas connu une seule époque, ni un seul lieu vraiment réjouissant. J’y étais au XIXe, j’en ai des bons souvenirs. J’avais des projets personnels pour me distraire. Il esquissa un sourire pour lui-même. La musique, Elinor. Il garda la face, masquant l’ambivalence que lui inspirait encore cette dernière. Je suis musicien, comme vous, rebondit-il. Le romantisme a apporté de belles choses, les créations étaient plus libres. La continuité avec l’ère baroque était intéressante. Je m’y suis plutôt bien amusé. Mais là-bas ou ailleurs, ça n’aurait pas fait de grandes différences.
A cette époque déjà, Jean ne composait plus beaucoup pour la sphère publique. Il ne suivait que ses normes et son inspiration, comme ses aptitudes, avaient déjà commencé à l’éloigner des attentes des mortels. Il avait un nom cependant, en Angleterre du moins, dans le cercle exclusif des vampires, du fait de son appartenance à cette époque à l’Essaim de Londres.
- Si j’accepte de ne pas parler de vous à François et son Sire… peut-être me direz-vous ce qui les rend si intéressants à vos yeux ? Enchaina-t-il, espiègle, avec une pointe de provocation. Jean n’avait rien contre converser musique, mais le petit plaisir de mettre les deux pieds dans le plat le réjouissait davantage. Un fin sourire malicieux se dessina sur son visage. |
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| Cela ne l’étonne pas le moins du monde que Louis et François ait joué leur part pendant la Terreur française. L’ex baron notamment, car son protégé était un peu jeune. Myrtle ne connaît de cette histoire que ce que rapportaient les journaux de l’époque et les récits de famille de tous les nobles de son entourage, dont les proches traversaient la Manche en catastrophe. Le rival ancestral de la belle Monarchie anglaise était devenu un vaste parc de chasse où les aristocrates étaient les perdrix en perdition. Un chaos duquel un vampire aussi avide de domination que Louis Delange avait dû se délecter.
- Terriblement sélective, confirme-t-elle, sibylline.
Comme cette tendance de son esprit malade à brasser et ressasser les premières heures de sa Renaissance. Le parfum du sang, la douceur des tissus, les images fugaces des visages exsangues. Ces souvenirs, comme des enclumes la trainant perpétuellement vers le fond. Un sourire de connivence, sans réelle joie, redessine toutefois les lèvres pâles de l’Immortelle.
- Je me suis aussi fortement reconnue dans le Romantisme. Pour ses formes libres et ses consonnances plus… « libres ».
C’est une musique nocturne, posée sur les bases du Classique, elle est pervertie par les cadences atypiques, les accords diminués, les altérations sauvages, les transpositions relatives et autres beautés harmoniques de la musique. Myrtle y voit un parallèle avec les vampires, issus de l’Humain mais dénaturés en certains points, jusqu’à lui être autonomes et surtout : en être une version magnifiée par un inéluctable spleen.
Mais voilà, les considérations musicales ne sont qu’une étape dans leur échange. Jean retombe sur le sujet principal et d’une façon qui prend la Caïnite de court. Il a compris. Ou en tout cas, il se doute de quelque chose ; contrairement aux mortels, la vieillesse des Immortels signifie rarement qu’ils deviennent séniles. Elle soutient son regard, d’abord sans rien dire, puis laisse échapper un petit rire désillusionné. Elle n’aura pas son espion, pas aujourd’hui. Car elle ne peut pas plus se confier à ce nouvel arrivant, aussi intéressant soit-il.
- Je vous l’ai dit : « je veux qu’ils voient que j’ai évoluée », ce n’est pas un mensonge, même si ça ne signifie pas vraiment ce que suppose le sens premier de sa remarque, c’est une vieille histoire de famille à régler, pour moi aussi.
Voilà tout ce qu’elle livrera pour cette fois. Ils y revenaient encore : les conflits de sang chez les Longues-vies, plus complexes que chez les Humains. Plus dangereux aussi. Myrtle se lève sur ces derniers mots, dardant ses prunelles perçantes sur son Aîné. Elle ne sait que penser de lui pour l’instant mais en dépit de ses accointances avec les Lanuit, elle n’éprouve pas d’animosité. Pas encore.
- Je dois y aller. Je vous souhaite une belle nuit, Jean. |
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