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Ascenseur pour l'échafaud | Elinor & Heidi

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Jeu 5 Nov - 18:31 (#)


Ascenseur pour l’échafaud
Appartement d’Elinor
ft. Elinor V. Lanuit



T
u t’es décidée à envoyer un message au numéro sur la carte deux jours après ta rencontre avec l’immortelle. Tu as passé beaucoup de temps à te languir des souvenirs de sa morsure ancrés de ta peau mais aussi à réfléchir au bon moment pour le faire et aux bons mots à employer, mais à force de prises de têtes inutiles, tu as fini par craquer et opter pour la sobriété immédiate.

Bonsoir, c’est Heidi Janowski, la trompettiste remplaçante. Je suis disponible tous les soirs ces prochains jours si vous voulez toujours que l’on se revoit.

Aujourd’hui c’est le grand soir et tu as fait en sorte de te préparer du mieux possible. En tout premier lieu, tu as mangé un repas correct, pour être certaine de ne pas défaillir au moment fatidique de l’étreinte, et dans un second temps en ayant assourdi tes voisins avec des exercices techniques et autres gammes des heures durant.

Maintenant, calme toi un peu, il n’y a aucune raison pour que ça se passe mal. Il y a quelques jours, elle a su te mettre à ton aise dans un débarras à peine aménagé en un austère bureau de fortune, alors dans un appartement de luxe sans aucune inférence extérieure, les choses devraient se dérouler sans l’ombre d’un accroc. Tu dois cependant avouer ne pas être accoutumée à tant d’opulence, et la vie de grande bourgeoise semble être en totale contradiction avec tes principes. Si tu n’avais pas fait vœux d’agnosticisme, tu aurais très bien pu faire vœux de pauvreté, ne serait-ce que pour justifier fièrement la misère dans laquelle tu t’épanches depuis que tu as quitté le foyer familial. Ce foyer t’a prodigué un avant-goût de la haute mais tu n’en a tiré qu’un dégoût profond pour cette caste de prétentieux élitistes ; il n’y a rien que tu n’exècres plus que ce monde bâti sur l’hypocrisie et la fourberie. On peut dire beaucoup de choses de toi, mais il y en a bien une que seule une mauvaise foi au niveau de la tienne pourrait exprimer : tu vis selon des principes et un code d’honneur que jamais tu ne transgresses, même s’il te sont propres et certainement opaques pour n’importe qui d’autre, enfin jusqu’à aujourd’hui. Si tu l’écrivais, tu marquerais en gros et surtout en rouge sur la première page « RESTE AUSSI LOIN QUE POSSIBLE DE CEUX QUI ONT DE L’ARGENT », mais quand il s’agit de la vampire tu ne peux pas lutter et devras accepter cette entorse majeure à règlement. Enfin, avec toi, un paradoxe de plus ou de moins, il n’y a que ton esprit retors pour y voir une quelconque différence.

Quelques longues minutes de marche dans un quartier qui t’étais jusque là inconnu passées, tu te retrouves devant un immeuble du genre que l’on voit dans les séries policières mais que l’on n’imagine pas exister réellement. Le portail d’entrée est entouré de haies taillées à la perfection qui ne laissent entrevoir que le prestige de la résidence qu’elles défendent d’intrus comme toi. Vérifiant d’abord de loin si le numéro du building correspondait à celui de l’adresse qu’Elinor t’a envoyée, tu finis par t’approcher du porche et scruter les noms de l’interphone avec l’espoir d’y trouver le sien. Tout en haut de la liste, elle doit habiter au dernier étage ; tu t’apprêtes à faire retentir la sonnerie quand on manque de te bousculer. Tu vois d’abord une main, puis une montre valant certainement plusieurs mois de ton loyer et enfin la manche d’un costume impeccable passer devant tes yeux et déclencher l’ouverture du portillon avec un badge. L’homme à qui appartient cette panoplie s’engouffre rapidement dans l’édifice et tu t’empresses de le suivre, un peu par réflexe il est vrai. Tu préfères toujours rentrer d’abord et réfléchir à une excuse au cas où ensuite. Il a l’air surpris que tu le suives mais aussi trop pressé pour poser des questions. Le tout, c’est d’avoir l’air de savoir ce que tu fais et où tu vas pour ne pas trop éveiller les soupçons, et en l’occurrence vous vous dirigez au même endroit, à savoir vers l’ascenseur. Il presse le bouton d’appel et s’en suit un long moment de silence gênant durant lequel l’homme te dévisage. Ce n’est qu’une fois dans l’ascenseur que tu réalises la cause du petit rictus qui s’était immiscé au coin de ses lèvres ; parée d’un long coupe-vent et la mallette de ta trompette dans la main dans une résidence où doivent pulluler les hommes d’affaire infidèles, tu prends conscience d’à quel corps de métier il s’imagine que tu appartiens et ça ne te plaît guère. Les portes se referment, et à peine songe-t-il à ouvrir la bouche que tu le foudroies du regard, coupant court à n’importe quelle réflexion d’un ton cinglant.

« N’y pensez même pas. »

L’air d’abord surpris, puis faussement outré que tu lui prêtes des intentions comme celles-ci, il finit par détourner le regard de tes hanches comme un gamin pris la main dans le sac, ce qu’il ne manquera peut-être pas de faire en rentrant dans son appartement. Fort heureusement, il descend avant toi et tu peux rester seule un moment avec tes pensées, le temps d’arriver au dernier étage. Une fois là, tu te diriges vers la première porte que tu vois en espérant que tu ne t’es pas trompée, chose qui ne manquerait pas de te faire passer pour une imbécile. Tu prends un petit moment pour te demander si tu as vraiment l’air d’une prostituée et après t’être persuadée du contraire, tu frappes délicatement à la porte en croisant intérieurement les doigts pour avoir atterri au bon endroit.
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Tea For Two - Ils t'entraînent au bout de Lanuit, les démons du mépris
Elinor V. Lanuit
Elinor V. Lanuit
Tea For Two - Ils t'entraînent au bout de Lanuit, les démons du mépris
Let's spend an evil night together
En un mot : Don't be afraid ; It's only death. It's just as natural as your first breath.
Qui es-tu ? :
- Immortelle britannique du XIXème siècle, issue de la bourgeoise florissante du début de l’ère victorienne. L’élégance et le flegme de son époque vivent encore dans ses manières.
- Femme fatale au charme venimeux, calculatrice sans scrupules, elle manipule les cœurs aussi bien que les lettres et les chiffres.
- Perfectionniste à l’extrême, séduite par le pouvoir et reine stratège, son plaisir de tout contrôler égale sa soif de connaissances en arts obscures.
- Vampire accomplie, fille des Lanuit, et éternelle solitaire dont l’amour empoisonne les malheureux attirés par une élégance inaccessible aux simples mortels.
- Monstre évoluant dans l’anonymat des ombres, elle traverse les siècles sans fléchir ni se lasser, se proclamant véritable immortelle avide de vie et de savoir.

Facultés :
- Chacun de ses menus gestes contient une grâce et une sensualité étonnante, comme si son corps figé par les siècles ne connaissait aucune autre manière de se mouvoir.
- Un rare talent pour la stratégie économique dont son clan profite à souhait, elle détient une précieuse capacité à s’ancrer sans difficulté dans cette époque.
- Une Présence (niveau 2, palier 5) cultivée avec patience se lit dans son regard enjôleur, rendue redoutable par un siècle de manipulations opportunistes.
- L’Occultation (niveau 2, palier 2) masque son être pour mieux agiter les fils de ses marionnettes, tandis que son esprit demeure son sanctuaire interdit, où elle ne tolère personne.
- Un Animalisme (niveau 0, palier 0) incongru la colle, sans qu’elle ne daigne y accorder le moindre intérêt, quand ce talent bestial semble si éloigné de son tempérament et de ses valeurs.

Thème : Jill Tracy : Evil Night Together
We'll drink a toast in the torture chamber
And you'll go down on a bed of nails
We'll rendevous in cold blood
I'll tie you up to the third rail
No need for cake or flowers
Let's spend an evil night together

Pseudo : Carm'
Célébrité : Janet Montgomery
Double compte : Alexandra Zimmer & Inna Archos
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Crédits : Lyrics: The Great Malarkey ; Avatar: littlewildling-rpg
Mer 11 Nov - 23:15 (#)



La lumière vive des trois écrans d’ordinateur créait un clair obscur livide autour, et sur les traits d’Elinor Lanuit, alors confortablement installée dans un luxueux fauteuil de bureau en cuir. Celle-ci surveillait d’un air absent chacun des moniteurs modernes à large résolution, indifférente à l’obscurité partielle qui régnait autour de sa personne. Des tableaux de statistiques boursières défilaient devant le premier, un dossier de notes était ouvert sur le second, tandis que le troisième affichait les multiples images du réseau de caméras de surveillance sillonnant son immeuble.
Ce dispositif illégal, résultat d’un arrangement avec la société de sécurité dont la vampire possédait une partie des actions, lui permettait de disposer d’une vue intrusive sur la structure résidentielle. De la lourde porte d’entrée pourvue d’interphones, en passant par la cabine d’ascenseur, et jusqu’aux couloirs illuminés en permanence. Quand la nécessité lui apparaissait, elle pouvait ainsi observer les va et vient, parfois croustillants, des riches résidents de son propre immeuble. Mais en réalité, sa sécurité l’intéressait bien plus que les allées et venues des riches ivrognes, et de leurs escortes nocturnes.
Quant à son luxueux appartement, chaque détail criait à la vie nocturne, tandis que l’ameublement était organisé pour donner l’illusion d’une activité humaine, le cliché d’un jeune trader dynamique. D’immenses fenêtres offraient une vue plongeante sur la ville brillante de lointaines lueurs, lesquelles pulsaient et vivotaient comme des lucioles minuscules à cette hauteur. L’endroit était divisé en deux parties principales. L’immense pièce principale était elle-même divisée en un salon de réception chic et moderne, ouvert vers un espace de travail où siégeait à présent Elinor.

Derrière elle, le mur lisse n’affichait aucune décoration, si ce n’est des appliques murales dispensant une luminosité à peine visible. Quelques meubles de classement étaient soigneusement disposés autour de cet espace efficacement organisé pour héberger une activité de travail. L’ordinateur ronronnait doucement sous un lourd bureau de bois sombre, de confection résolument moderne, tandis que chaque objet était agencé sur la surface de travail avec un zèle digne d’un comptable. Les stores des fenêtres adjacentes étaient abaissés, contrairement à ceux encadrant le grand salon, dont les vitres impeccablement transparentes garantissaient une vue imprenable sur la nuit.
Le dit salon présentait un mobilier aussi luxueux que commode, avec son énorme canapé d’angle de cuir sombre assemblé autour d’une table basse de verre brillante de propreté. Isolé sciemment du reste du mobilier, un splendide piano à queue trônait dans un ilot de tranquillité, son beau vernis noir resplendissant dans le clair obscur de la pièce. Les flammes d’un feu de bois crépitant dans une fausse cheminée de marbre et de verre, illuminaient le dallage d’ombres et de lumières mouvantes.
Les décorations demeuraient toutefois rares. Le mur opposé aux baies vitrées comportait seulement un unique tableau : la reproduction à l’huile d’un détail de la Porte des Enfers de Rodin, celui figurant les Trois Ombres. Des lampes éteintes étaient disséminées stratégiquement sur les autres murs. Un énorme écran de télévision était fixé à l’un des murs adjacents à la cheminée, sous lequel était visible une chaine stéréo et ses hauts parleurs, tout aussi hors de prix que le reste.

L’ensemble donnait une impression de confort moderne luxueux, et cependant, une sensation de froideur y subsistait, comme si le visiteur était invité à demeurer sur ses gardes. Si cette pièce principale occupait la majeure partie de la résidence, le reste de celle-ci offrait encore davantage l’impression d’une vie mortelle. Derrière une cloison de séparation, on pouvait  trouver aussitôt une cuisine toute équipée, jusqu’à un frigo faiblement fourni, avec ses couverts à peine utilisés, sa table et ses chaises design logées sous des spots suspendus. De la même manière, l’appartement comportait une belle salle de bain ainsi qu’une chambre au grand lit confortable.
Face à la disposition des lieux, le message affiché était alors limpide. Non seulement la propriétaire était assez riche pour installer du matériel dont elle se servait rarement, mais les lieux n’étaient destinés qu’à servir de résidence temporaire, une vitrine hors de prix pour recevoir ses associés. Tout dans le moindre détail était explicitement dépourvu de personnalité pour offrir cette image factice, lisse et aseptisée comme en raffolait les individus bouffies d’argent s’affairant dans ce quartier.
La vampire était d’ailleurs particulièrement fière du résultat. Ces murs contenaient une ironie acide, manipulatrice à souhait qui lui permettait de mettre à l’aise n’importe quel homme cravaté en franchissant le seuil. Ce qui, sans aucun doute, n’allait guère être le cas de son invitée nocturne. Ce soir en l’occurrence, aucun rendez-vous ni appel n’était censé interrompre leur entrevue. Elinor se désintéressa des colonnes de chiffres du premier écran, pour apercevoir sa trompettiste favorite franchir le seuil dans l’ombre d’un autre résident, sans même daigner sonner à l’interphone.

Pourquoi ne suis-je pas étonnée, songea-t-elle en suivant la progression de sa protégée. C’est avec un net amusement que la vampire la vit se débarrasser du regard scrutateur de l’opportun dans la cabine d'une réplique cinglante, et s’avancer dans le couloir illuminé. Elle fut à nouveau saisie par cette curiosité toute scientifique d’observer ainsi cette humaine, son écureuil d’un soir, se mouvoir dans son environnement naturel. Certes, celui-ci ne lui était pas si naturel que cela, étant donné son statut d’artiste sans le sous, cachée sous un étrange pardessus, et projetée dans cet univers de luxe froid et automatisé.
L’immortelle appuya sur une touche du clavier pour afficher les caméras situées dans le couloir jouxtant son propre appartement. Elle entendit les pas d’Heidi dépasser sa porte, en même temps que sa silhouette s’orientait vers celle du voisin, où celle-ci s’empressa de sonner par erreur. Voilà ce qui arrive quand on a l’habitude d’entrer par effraction, s’amusa-t-elle. L’image était pour elle d’autant plus amusante, que l’appartement voisin appartenait à un riche banquier d’âge mur dont elle avait remarqué depuis longtemps les habitudes adultères.
L’homme s’y réfugiait les week-end pour ses consommations, et bien d’autres jeunes femmes vêtues de longs manteaux avaient alors sonné à la place d’Heidi. Elinor elle-même avait été gratifié de regards appuyés, avant qu’elle ne mit une limite claire et cinglante à cet individu. Avant de secourir son invitée inconsciente, la vampire ouvrit un tiroir de son bureau pour s’emparer d’une paire de lunettes factices dont elle s’équipa aussitôt. Et pour cause, dans ce décor monté de toute pièces, même son identité de résidente était fausse afin de préserver la sécurité de son appartement.

En ces lieux vivait une jolie conseillère financière richissime et célibataire, à la vision fatiguée par les écrans, qui commandait des plats chinois les vendredis soirs. Elinor veillait également à arborer une tenue adéquate, toujours aussi chic mais à la pointe de la mode moderne pour y parfaire sa duperie. Ainsi, ce soir-là, elle s’était habillée d’un simple chemisier d’un clair satiné sur lesquels ses longues boucles sombres retombaient librement, et d’un jean noir taille haute moulant ses hanches, ce qui attirait beaucoup trop l’attention de ses voisins à son goût.
J’espère qu’il n’est pas là ce soir, pensa-t-elle en s’empressant de rejoindre son entrée. L’homme lui semblait tout à fait capable de happer son écureuil dans son appartement, prestation volontaire ou non. Elinor ouvrit sa porte à la volée, la lumière criarde enveloppant sa silhouette nimbée de noir, et s’avança de quelques pas pour signaler sa présence à son humaine égarée.

« Miss Heidi ? Cette porte-ci, je vous prie. » lui lança-t-elle en lui adressant un signe de son index. Un sourire narquois conclut son invitation, comme lors d’une simple réprimande à une enfant têtue.


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Sam 14 Nov - 13:10 (#)


Ascenseur pour l’échafaud
Appartement d’Elinor
ft. Elinor V. Lanuit



C
’est une très jolie porte, mine de rien. D’une géométrie parfaite, massive et imposante, comme faite d’un seul bloc de bois sélectionné pour être le gardien élu des lieux qu’il cache de la vue de tous par son élégant manteau sombre aux éclats pourpres. Tu te trompes très certainement mais si on te demandait de quelle essence  elle était faite, ce qui n’arriverait que dans un monde gouverné par ta propre imagination, tu dirais qu’il s’agit de palissandre. A vrai dire, ça doit être un des seuls bois que tu connaisses, essentiellement parce que c’est avec celui-ci que l’on fait les touches de guitares. D’ailleurs, connaissant le prix d’un de ces instruments, s’il s’agit bien de bois massif, tu n’oses même pas imaginer combien peut coûter une de ces portes et surtout combien il serait jouissif de mettre le feu à l’une d’elles, ne serait-ce que pour le plaisir de voir comment le reflet des flammes danserait sur la poignée parfaitement lustrée. Parfois, tu te demandes sérieusement si tu n’as pas des pulsions pyromanes, ou si c’est simplement dans ton caractère de vouloir détruire tout ce qui est susceptible de te passer sous la main.

Une seconde passe. Bientôt deux, trois, puis enfin une quatrième pendant laquelle tu commences à regretter le plan qui t’a conduite ici à cet instant. Rien de bien grave là dedans, c’est un regret familier et presque rassurant, si tu puis l’exprimer ainsi ; une simple voile de couleur froide qui recouvre tes pensées, si cela a même un sens en dehors de ton microcosme de réflexions tordues et incompréhensibles. Un bruit de porte hors de ton champ de vision confirme ton erreur, et, au moment où tu entends la voix d’Elinor presque dans ton dos, il te prend l’envie de disparaître dans le sol. Un court instant de réflexion lorsque tu te tournes suffit à réaliser que cette idée s’avérerait être assez mauvaise compte tenu qu’à l’étage du dessous se trouve l’appartement d’un homme qui doit se sentir très seul depuis que tu l’as sèchement envoyé balader. Tu affiches un sourire gêné pour dissimuler le flot torrentiel d’insultes envers ta propre personne qui s’écoule dans ta tête. Sans demander ton reste, tu te précipites, à allure raisonnable tout de même, vers l’appartement dans lequel tu es invitée par un doigt dont tu es certaine qu’il a déjà gravé des souvenirs indélébiles. (Astaad on te voit)

Il y aurait beaucoup de choses sur lesquelles t’arrêter, mais trop peu de te temps de cerveau disponible pour le faire. Dans l’ordre : son intonation presque moqueuse qui te donne envie de relever le menton et faire comme si tout était prévu ; sa tenue soignée dont tu ne saurais dire si elle reflète son raffinement ou sa décontraction mais sur laquelle il est plus que probable que tu t’attardes plus tard ; sa paire de lunettes qui fait d’elle une toute autre personne, presque méconnaissable si tu n’avais pas été frappée à nouveau par le magnétisme surnaturel qu’elle exerce sur toi ; et avant d’entrevoir l’intérieur de son antre, cette porte en bois exotique qui pour une raison inconnue et surtout très curieuse cristallise l’ambivalence de tes sentiments envers tout le luxe dont tu te trouves soudain entourée. Tu marques un bref arrêt en passant devant l’immortelle et lui adresse un signe de tête aux multiples significations. Salutation, excuse, peut-être même gratitude ? Tu t’efforces dans tous les cas de cacher ta surprise quand tu te rends compte que de vous deux, c’est toi la plus grande. Dans les souvenirs de votre rencontre, tu étais presque persuadée que c’était l’inverse, ou du moins que vous faisiez la même taille, certainement la faute à ce sentiment d’avoir été propulsée une décennie en arrière, l’occasion d’ailleurs de rattraper le coup ce soir et de te comporter comme une adulte. Le bruit lointain d’une clé trouvant sa serrure fait s’abréger bien vite la scène des retrouvailles sur le pas de la porte ; non sans laisser glisser un doigt sur le panneau de bois sombre, tu t’engouffres dans l’appartement de ton hôte.

Avant la semaine dernière, jamais tu n’aurais parié sur le fait qu’un jour tu puisses entrer légalement dans un appartement comme celui-ci. Le contraste avec le tiens est d’ailleurs si flagrant que tu te demandes comment il est possible que l’on désigne les deux avec le même mot. Il n’y a aucun doute possible, chaque détail de la pièce que tu as en visuel est à l’image de leur propriétaire ; tout est trop parfait, aucune place n’est laissée à un hasard que toi as érigé en mode de vie. Tu as l’impression que si tu fais le moindre pas ou touches le moindre objet, un grand fléau s’abattra sur toi tel une épée de Damoclès au dessus de ta crinière blonde. Malgré tout, tu t’avances encore de deux pas, simplement pour permettre à la vampire de rentrer chez elle sans avoir à se contorsionner devant toi, mais pas plus. Tu ne sais pas si tu dois enlever tes chaussures ou pas, il y a peut-être des règles de bienséance propres à cette situation que tu ignores et tu ne voudrais pas griller une deuxième cartouche aussi peu de temps après la première.

Ainsi, tu es comme figée, les méninges en pleine ébullition ; tu dois gérer ta panique, ton complexe de l’imposteur qui se réveille au moment le moins opportun comme à son habitude, essayer de te souvenir des bonnes manières que l’on a eu de cesse de vouloir te faire rentrer dans le crâne pendant de longues années et surtout te retenir de te jeter sur le piano duquel tes yeux ne peuvent à présent plus se décoller. Si tu n’étais pas trop impressionnée pour faire quoi que ce soit, tu te précipiterais à l’autre bout de la pièce en piétinant absolument tout ce qui oserait se mettre sur ton passage pour caresser délicatement le clavier de cet instrument. Tu te vois déjà passer de longues minutes à appuyer sur une touche d’un blanc immaculé en laissant résonner longuement les notes graves au milieu d’un silence de coton, les entendre s’évanouir dans l’air comme autant de volutes de fumée en laissant derrière elles la réverbération des harmoniques fluettes avant de recommencer jusqu’à ce que le doux ronronnement des cordes ne finisse par t’envoyer dans les bras de Morphée avec la plus grande sérénité.

Mais pour l’heure, tu te contentes d’enlever ton trench d’un mouvement d’épaules agile, révélant un large pull en laine noire dont le col échancré laisse tout le loisir à la lumière tamisée de glisser sur ta nuque presque impertinemment découverte. Le reste de ta tenue est sobre, un simple jean noir délavé et des bottines à talon de la même couleur que tout le reste. C’est bien moins chic et affriolant que ce que porte Elinor, mais rien d’étonnant à ce que tu trouves encore un élément qui vous sépare.

« C’est.. bien, chez vous. »

Tu viens de perdre un occasion de la boucler. Le choc de vos deux mondes et le malaise qu’il provoque chez toi est on ne peut plus évident, et certainement encore plus pour elle, mais tu t’es sentie obligée de dire quelque chose pour lutter contre cette tension qui commençait à envahir tes muscles.
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Elinor V. Lanuit
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- Perfectionniste à l’extrême, séduite par le pouvoir et reine stratège, son plaisir de tout contrôler égale sa soif de connaissances en arts obscures.
- Vampire accomplie, fille des Lanuit, et éternelle solitaire dont l’amour empoisonne les malheureux attirés par une élégance inaccessible aux simples mortels.
- Monstre évoluant dans l’anonymat des ombres, elle traverse les siècles sans fléchir ni se lasser, se proclamant véritable immortelle avide de vie et de savoir.

Facultés :
- Chacun de ses menus gestes contient une grâce et une sensualité étonnante, comme si son corps figé par les siècles ne connaissait aucune autre manière de se mouvoir.
- Un rare talent pour la stratégie économique dont son clan profite à souhait, elle détient une précieuse capacité à s’ancrer sans difficulté dans cette époque.
- Une Présence (niveau 2, palier 5) cultivée avec patience se lit dans son regard enjôleur, rendue redoutable par un siècle de manipulations opportunistes.
- L’Occultation (niveau 2, palier 2) masque son être pour mieux agiter les fils de ses marionnettes, tandis que son esprit demeure son sanctuaire interdit, où elle ne tolère personne.
- Un Animalisme (niveau 0, palier 0) incongru la colle, sans qu’elle ne daigne y accorder le moindre intérêt, quand ce talent bestial semble si éloigné de son tempérament et de ses valeurs.

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Mar 17 Nov - 23:15 (#)



Dans la clarté éblouissante du vestibule, l’immortelle couvait d’un regard goguenard l’humaine aux joues empourprées d’embarras, tandis que celle-ci se hâtait vers l’alcôve de son appartement. Elinor Lanuit réalisa immédiatement un certain nombre d’éléments en observant la silhouette élancée aux mèches claires hésiter dans le corridor brillamment éclairé. Des sentiments ambivalents en sommeil dans son inconscient, auxquels elle n’avait accordé aucune attention jusqu’à présent, les reléguant à un examen ultérieur, à l’aune de ce rendez-vous nocturne. Les néons criards délavaient la tenue sombre d’Heidi de leur violente lumière, tandis qu’elle s’avançait vers l’immortelle, alors en proie à une étude attentive de ses propres réflexions, sous la loupe de son implacable logique.
Tout d’abord, Elinor avait attendu ce nouvel entretien avec une certaine impatience. Celle-ci avait noté depuis bien longtemps son attrait pour les caractères opposés à sa personne, les révoltés et les incontrôlables de tout temps. Depuis elle avait appris à accepter cet état de fait. Or cette Heidi illustrait simplement l’une de ces nouvelles lubies en la matière, tout comme une certaine outre polonaise le fut à une époque. Mais aussi, et c’était là l’autre point, cette curiosité envers l’artiste contenait une certaine fièvre, le besoin de la connaitre davantage pour la conformer à sa vision personnelle de la nuit éternelle. Elle désirait alors connaitre chaque rouage de cette psyché si jeune, laquelle caractérisait une véritable fenêtre entrouverte sur cette époque.

Décortiquer sa personnalité oui, conclut-elle, voyons ce qui en ressortira. À chaque siècle son lot d’artistes et d’indociles mortels voguant à contre-courant de la société, lesquels représentaient pourtant un véritable trésor à ses yeux. Quelques perles dispersées contenant une autre vision de la réalité, et qui sait, la clé d’une véritable immortalité : celle de la remise en question permanente, de l’infini renouveau qui se moquait de l’ennui des siècles dont les siens étaient si souvent victimes.
Chassant quelque peu ses réflexions profondes, l’immortelle s’effaça pour laisser entrer Heidi, humant au passage cet arôme d’humanité chaude, et la mince effluve d’angoisse qui l’accompagnait. Un subtile sourire se dessina sur ses lèvres soulignées de rouge écarlate. Elle aurait quasiment pu entendre le pouls de l’humaine tambouriner à ses oreilles, tant les traits de son visage juvénile illustraient son trouble. Elinor referma doucement la porte en tâchant de se débarrasser entièrement de la moindre tonalité moqueuse dans sa voix, de crainte de la vexer.

« Vraiment, vous aimez cet intérieur ? Vous m’étonnez, Heidi. Laissez-moi vous débarrasser. »

Dans un bruissement feutré, avec une délicatesse toute féline, la vampire frôla sa nouvelle protégée pour prélever sans brusquerie son lourd imperméable. Aussitôt, elle l’emporta vers le vestiaire dissimulé habilement dans le renfoncement d’un mur près de l’entrée.

« Je le qualifierai plutôt de strictement fonctionnel, continua-t-elle en rangeant le trench sur un cintre, les industriels et les avocats adorent les tons monochromes et impersonnels, cela a un effet rassurant sur eux. Ils ont cette conception aseptisée de la modernité idéale. »

Le vestiaire désormais garni d’un nouvel imperméable, Elinor s’empressa de retirer ses fausses lunettes et d’appuyer sur un interrupteur. Des appliques murales colorèrent alors les murs de lumières plus chaudes, donnant soudainement un aspect beaucoup plus confortable à l’endroit auparavant si austère. Elle revint vers son bureau où les écrans illuminèrent son visage de porcelaine d’un blanc encore plus livide, et ferma une à une les applications financières.

« Pardonnez-moi pour le manque de luminosité, j’ai l’habitude de travailler dans le noir, c’est relaxant, déclara-t-elle avant d’ajouter une explication sommaire. Ce sont de fausses lunettes, si vous vous posiez la question. »

La vampire laissa le troisième écran en fonction, afin de conserver les alertes des caméras de surveillance, puis rangea les verres factices dans leur tiroir d’origine. D’un mouvement sec, elle dispersa les longues boucles noires autour de son visage, et s’autorisa quelques instants pour examiner le profil de l’artiste. Elle semble si tendue, s’amusa-t-elle en observant Heidi hésiter au centre du salon. Puis Elinor se détacha avec grâce de son bureau et vint s’appuyer contre le bord lustré du piano massif, sur lequel les reflets des lampes créaient de délicats motifs moirés. Durant quelques secondes, elle demeura immobile ainsi, observant à loisir son invitée nocturne.

« Mais je digresse. Je doute que vous puissiez être intéressée par l'ameublement. Néanmoins, je vous en prie, faites comme chez vous. Dans l’éventualité où vous auriez encore besoin de diner, le frigo est fourni de quelques plats à réchauffer. »

Je parle beaucoup ce soir, se reprocha-t-elle. La nouveauté de cette soirée enrichissait sans nul doute la propension à la discussion d’Elinor, et celle-ci se força au silence quelques secondes. La musicienne à la tenue décontractée semblait un véritable accroc dans cet espace si luxueux. Le chandail et le jean modeste masquant sa silhouette paraissait totalement incongrue dans ce salon à la géométrie impeccable. Brusquement, l’immortelle eut à nouveau envie d’effleurer cette gorge brûlante, comme pour en extirper toute l’essence de cette artiste échouée dans son antre nocturne.
À la place, Elinor se contenta de déambuler autour du volumineux instrument, dont elle caressa délicatement le couvercle avant de l’ouvrir pour en dévoiler le clavier. Ses sens n’auraient eu guère besoin d’être surnaturels pour déceler l’air particulièrement fasciné de la musicienne envers le piano. Du coin de l’œil, celle-ci observa l’éclat de curiosité qui brillait dans les prunelles d’Heidi, avant de poursuivre la conversation d’un ton calme et velouté.

« Je suis ravie que vous ayez accepté mon invitation nocturne si rapidement. Et je devine que vous avez aussi amené votre instrument, n’est-ce pas ? Comment allez-vous depuis la dernière fois ? »

Un sourire malicieux s’esquissa sur les lèvres de l’immortelle. Durant un bref instant, ses doigts d’albâtre caressèrent sans les presser les touches du piano. Puis doucement, en suivant la mélodie gravée dans sa mémoire, elle y plaça avec délicatesse, comme un appât lancé envers Heidi, les premiers accords de My Funny Valentine, de Chet Baker.

« Vous aimez jouer au piano ? Vous voudriez l’essayer ? » demanda-t-elle, sur un ton à peine innocent.


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Jeu 19 Nov - 0:34 (#)


Ascenseur pour l’échafaud
Appartement d’Elinor
ft. Elinor V. Lanuit



Ç
a n’est pas que tu n’aimes pas la décoration de son appartement, mais plus que tu t’y sens étrangère. En soit, rien n’est laid ici, tous les objets présentent des courbes élégantes et harmonieuses, efficaces et bien pensées. Tout est assorti et rien ne jure, c’est comme tenter de vouloir étouffer toute spontanéité avant même qu’elle n’ait l’occasion de bourgeonner dans un esprit fertile. Seulement, tout est affaire de symboles. Toute cette caste élitiste de gros bonnets que tu exècres s’est appropriée toute l’élégance de cette esthétique pour la convertir à leur froideur stérile de leurs ambitions. L’idée soudaine de commencer à apprécier ce décors ne serait-ce que pour contrarier la haute fleurit dans ton esprit avant que tu ne la captures et la remises pour une plus ample réflexion lorsque l’immortelle te déleste de ton par-dessus. A première vue, elle aussi semble appartenir à cette partie de la population qui ne vit qu’au travers des chiffres et de l’apparence, mais quelque chose te fait dire que quelque chose d’encore impalpable la fait se démarquer de cette masse glaciale de costumes gris et formatés. Peut-être est-ce l’attention qu’elle te porte qui trouble ton jugement et t’adoucis plus que de raison ?

Tes iris se détachent finalement du piano et trouvent comme nouvel objet d’attention la silhouette sibylline d’Elinor traversant le séjour à présent nimbé d’une lumière autrement plus accueillante. Tu percutes peut-être un peu tard que tu devrais peut-être avancer encore un peu plus ; ton hôte a déjà quitté l’entrée et tu ne vas pas rester plantée là toute la soirée. Elle a invité une musicienne, pas un porte-manteaux. Alors, tu poses rapidement ta mallette au sol pour enlever tes chaussures et te souvenir également un peu tard de la raison pour laquelle tu hésitais à le faire. Sous tes bottines noires, des chaussettes de la même couleur.. enfin si l’on omet de mentionner le motif qui les décore de manière régulière et ostentatoire. Un marteau et une faucille rouges, un symbole qui ne laisse aucune ambiguïté quant à sa signification. Ces chaussettes te suivent déjà depuis presque dix ans, avant même que tu ne quittes le soit-disant cocon familial. Tu les avais commandées sur internet avec la carte de tes parents et n’a absolument jamais regretté cet achat. Tu gardes un souvenir impérissable de la tête de toute ta famille ce dimanche midi lorsque tu as dévoilé ce chef d’œuvre de mauvais goût vestimentaire ; un affront bien trop exemplaire pour ne pas être puni, mais tu l’aurais été pour une autre raison de toutes manières alors autant te faire exiler dans ta chambre avec les honneurs et la fierté d’avoir su te renouveler.

Avec tout ce qui se bouscule aux portes de ta conscience, la question des lunettes a vite été relayée au second plan. Tu lui demanderais bien pourquoi elle en porte si elles ne lui sont pas utiles pour mieux voir, mais tu n’en as pas grand-chose à faire au final : tu es déjà distraite par l’écran qui émet encore sa lumière blafarde sur le portrait de la vampire. Des caméras de surveillance.. ce qui veut dire qu’elle a sans doute pu observer ton trajet depuis ton arrivée jusqu’à ton erreur d’il y a quelques instants. Une gifle mentale pour balayer les quelques noms d’oiseaux t’accablant intérieurement et tu es prête à suivre à nouveau ton hôte du regard. Elle te propose de quoi te sustenter, mais tu as appris de la nuit de votre rencontre l’effet que la ponction d’une fraction non négligeable de ton sang quand tu es à jeun. C’est une expérience que tu ne souhaitais pas reproduire, alors tu as pris à ta charge de te nourrir convenablement, c’est-à-dire avec un large bol de tes céréales préférées que tu as laissé vide et à moitié rempli d’eau dans ton évier en partant. Tu n’aimes pas particulièrement la décoration de son appartement, mais tu doutes également qu’elle veuille réellement que tu fasses comme chez toi. Un partout.

Tu souris brièvement à ta propre réflexion jusqu’à ce que les mouvements graciles d’Elinor ne détournent une nouvelle fois ton attention pour la focaliser à nouveau sur l’élément que tu juges être de loin le plus élégant de ce décors dépourvu de toute couleur si ce n’est le rouge éclatant agrémentant savamment l’élégante apparence de la vampire. Tu vas répondre à sa question quand une nouvelle fois, ta parole se suspend pour laisser résonner le silence de ses doigts sur les touches impeccables du piano. C’est une véritable torture que de te refuser le plaisir d’entendre le moindre son, au point que tu sens tes épaules se nouer sous la frustration. Or, au moment où les touches d’ivoire et d’ébène s’enfoncent enfin, tu en viens à te demander si tu n’es pas sous l’emprise d’une illusion quelconque, un tour de vampire qui te ferait entendre la chose que tu trouves la plus belle au monde. Mais il ne semblerait pas ; les mains délicates de la noctambule décrivent exactement ce que tes oreilles émerveillées t’offrent à entendre. Si tu n’avais pas eu la prétention de te revendiquer comme une adulte forte et indépendante, tu aurais peut-être pu pleurer. Tu mordilles ta lèvre inférieure pour t’éviter de te ridiculiser avec des démonstrations trop flagrantes de tes émotions, laissant les contractions de tes mains seules témoins vraiment flagrant d’à quel point tu apprécies cette attention.

Alors, quand elle t’invite à essayer le clavier, ton âme ne peut pas résister à cet appel qui sonne comme une invocation. Cela pourrait être un piège grossier pour t’attirer dans tu-ne-sais quelle situation compromettante, tu n’en aurais rien à faire tant que tu as l’occasion de presser avec une tendresse inouïe chez toi ces touches précieuses. Tu hoches nerveusement la tête puis te précipite sur la pointe de tes pieds parés de rébellion jusqu’à la rejoindre. Tu déposes la boite de ta trompette sur le sol et place ta main presque timide au dessus du clavier. Tu pries intérieurement un dieu quelconque pour ne pas te tromper de notes quand tu appuies, et ton vœux est exhaussé. La mélodie n’est pas compliquée, bien au contraire, et c’est bien ça qui en fait toute sa splendeur. Autant de subtilité en si peu de notes, voilà bien une chose qui te donne le vertige.

« C’est ma chanson préférée.. Je vous l’avais dit ou vous avez fait des recherches sur moi ? »

Un regard en coin associé à un petit sourire gêné et tu rediriges tes yeux devant toi et te risques à quelques notes de plus. Et puis, à mesure que la musique avance, tu te détends. Tes muscles se décontractent jusqu’au bout de tes doigts et tu oublies momentanément et presque caricaturalement toutes les angoisses qui t’avaient assaillie pendant ces deux derniers jours à ruminer et imaginer comment cette nouvelle rencontre pouvait mal tourner. Tu as dit ça sur le ton de l’ironie mais ça ne te surprendrais même qu’elle l’ait fait ; après tout elle a assez d’argent pour le faire, et il serait mentir de dire que tu n’aurais pas trouvé cela un peu flatteur. Là encore, c’est une situation complètement fantasmée qui ne peut avoir lieu que dans ton esprit.

« Pour être tout à fait honnête, j’avais très envie de vous revoir aussi. J’ai beaucoup apprécié notre discussion de l’autre nuit. Enfin, je vais bien et cette fois j’ai bien mangé et j’ai amené ma trompette, oui. »

Un sourire discret mais sincère ourlant tes lèvres, tu marques une petite pause dans ton discours pour te concentrer un peu plus sur tes mains. Tu es encore loin d’être capable de jouer et parler en même temps ; rien d’étonnant puisque les occasions pour toi de toucher un piano sont bien trop rares. Il y en avait bien un chez tes grands-parents mais il était désaccordé et n’était qu’une décoration parmi d’autres dans une tentative bien prétentieuse de passer pour des bourgeois. Avec les années et l’affirmation de ton attirance pour le monde de la musique, le simple fait de passer devant ce pauvre diable de bois délaissé de tous sauf de toi devenait presque douloureux et suffisait à te mettre en colère pour de longues heures de repas à chanter les louanges de chaque personne autour de la table. Sauf les tiennes, évidemment.

« Et vous, ça n’est pas trop dur la vie dans un appartement impersonnel et aseptisé ? »


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Tea For Two - Ils t'entraînent au bout de Lanuit, les démons du mépris
Elinor V. Lanuit
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Tea For Two - Ils t'entraînent au bout de Lanuit, les démons du mépris
Let's spend an evil night together
En un mot : Don't be afraid ; It's only death. It's just as natural as your first breath.
Qui es-tu ? :
- Immortelle britannique du XIXème siècle, issue de la bourgeoise florissante du début de l’ère victorienne. L’élégance et le flegme de son époque vivent encore dans ses manières.
- Femme fatale au charme venimeux, calculatrice sans scrupules, elle manipule les cœurs aussi bien que les lettres et les chiffres.
- Perfectionniste à l’extrême, séduite par le pouvoir et reine stratège, son plaisir de tout contrôler égale sa soif de connaissances en arts obscures.
- Vampire accomplie, fille des Lanuit, et éternelle solitaire dont l’amour empoisonne les malheureux attirés par une élégance inaccessible aux simples mortels.
- Monstre évoluant dans l’anonymat des ombres, elle traverse les siècles sans fléchir ni se lasser, se proclamant véritable immortelle avide de vie et de savoir.

Facultés :
- Chacun de ses menus gestes contient une grâce et une sensualité étonnante, comme si son corps figé par les siècles ne connaissait aucune autre manière de se mouvoir.
- Un rare talent pour la stratégie économique dont son clan profite à souhait, elle détient une précieuse capacité à s’ancrer sans difficulté dans cette époque.
- Une Présence (niveau 2, palier 5) cultivée avec patience se lit dans son regard enjôleur, rendue redoutable par un siècle de manipulations opportunistes.
- L’Occultation (niveau 2, palier 2) masque son être pour mieux agiter les fils de ses marionnettes, tandis que son esprit demeure son sanctuaire interdit, où elle ne tolère personne.
- Un Animalisme (niveau 0, palier 0) incongru la colle, sans qu’elle ne daigne y accorder le moindre intérêt, quand ce talent bestial semble si éloigné de son tempérament et de ses valeurs.

Thème : Jill Tracy : Evil Night Together
We'll drink a toast in the torture chamber
And you'll go down on a bed of nails
We'll rendevous in cold blood
I'll tie you up to the third rail
No need for cake or flowers
Let's spend an evil night together

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Ven 20 Nov - 16:08 (#)



Une étincelle d’excitation illumina brièvement l’obscurité des iris de l’immortelle. Au-delà de cette richesse matérielle, du confort que prodiguait la lumière tamisée, l’instant recelait une touche d’intimité nostalgique dont elle était friande. Ces quelques minutes entre Elinor et son invitée se faisaient l’écho de nuits lointaines, dans l’écrin d’un hôtel du dix-huitième, ou la quiétude nocturne d’un bord de lac. Devant elles s’étendaient des heures d’obscurité riches en curiosité, une source de découvertes des personnalités tantôt passionnantes, tantôt malheureusement décevantes.
Voyons si elle me plait, s’amusa-t-elle en guettant le regard avide de musique d’Heidi. Les touches au lustre d’ivoire déclenchaient de curieux frissons sur l’artiste invitée en ces lieux de marbre froid. Quand l’immortelle pressa savamment la surface mélodieuse du piano, l’humaine sembla résonner et frémir au diapason de l’instrument, comme si les cordes de celui-ci l’enchevêtraient dans sa mélopée. Bien entendu, rien de cette réaction n’avait échappé à l’attention de la vampire. En élégante figure de chef d’orchestre, Elinor Lanuit laissa les accords de Chet Baker faire céder les dernières barrières de crainte séparant sa personne de son invitée tremblante.

Les réserves d’Heidi cédèrent alors comme un château de cartes. C’en est presque trop facile, constata Elinor, en s’effaçant pour laisser la place à celle-ci. Un fugace sourire de victoire éclaira un instant le visage de la vampire. Chacune de ses minuscules attentions étaient calibrées pour attirer à elle cette jeune femme, de la même manière qu’une assiette de nourriture lors de la précédente soirée. De touches subtiles en touches subtiles, elle continuait à apprivoiser la timide créature, désormais aventurée jusqu’à son antre nocturne, pour gagner lentement sa confiance.
L’immortelle avisa brièvement les curieuses chaussettes de son invitée. Elle haussa un sourcil autant pour le motif communiste, que pour l’étrange abandon de ces chaussures, mais relégua ses questions à plus tard. L’instrument obnubilait manifestement sa jeune artiste comme un phare attirant un papillon nocturne. Discrètement, Elinor vint se glisser derrière Heidi pour mieux observer par-dessus son épaule, le résultat de sa ruse. Les délicats doigts chauds caressèrent avec une tendresse passionnées les touches douce de l’imposant instrument.

« Un simple hasard à vrai dire, lui répondit-elle avec un net amusement dans la voix. Vous m’aviez confié adorer Chet Baker, et il s’agissait de la seule chanson que je sache interpréter correctement. »

Sitôt la glace brisée, l’écureuil quelque peu apprivoisée, la vampire se coula aux côtés d’Heidi pour retirer de dessous le piano, sa banquette molletonnée assortie afin qu’elle puisse s’y asseoir. Le Steinway était en toute apparence entretenue avec un soin affectueux, sous l’œil maniaque de sa propriétaire veillant à ce qu’il fut parfaitement accordé. L’instrument répondait alors avec une tendresse et une profondeur remarquable sous les doigts, tout d’abord hésitants, d’Heidi.

« J’en suis ravie. Néanmoins, vous auriez pu garder vos chaussures ici, à moins que vous ne comptiez absolument me faire admirer les motifs exotiques de vos chaussettes. »

Je me demande quel genre de personnalité affiche ses préférences politiques sur ses chaussettes, s’interrogea-t-elle, ou peut-être est-ce simplement de l’humour douteux. Elinor adressa un sourire moqueur dirigé vers les accessoires en question. L’un dans l’autre, cela importait peu pour une vampire se considérant loin au-delà des politiques humaines. Celles-ci ne demeuraient à ses yeux, que des leviers de pouvoirs supplémentaires pour servir ses intérêts personnels.
Que cette Heidi puisse cacher des opinions minoritaires en cette aube du vingt et unième siècle, plus particulièrement dans ce pays, véritable antre du capitalisme, ne changeait rien au demeurant. Bien au contraire, cette particularité s’additionnait à d’autres, et à la longue liste dont Elinor garnissait ses pensées. Celle-ci se détourna momentanément des pieds d’Heidi, pour mieux observer la danse de ses doigts sur le clavier par-dessus son épaule, à l’image d’une professeure attentive.

« Non, du tout. Mais c’est parce que je n’habite pas réellement ici, ce n’est qu’une vitrine commode pour les rendez-vous professionnels, et bien sûr, lorsque j’ai envie de m’installer devant un piano. »

Durant quelques instants, Elinor Lanuit se mura dans un silence respectueux. Qui d’Heidi ou du piano apprivoisait l’un ou l’autre, elle n’aurait su le dire, mais il n’était guère difficile de remarquer la vive passion animant l’humaine. Plutôt que de se livrer à un nouveau monologue, la vampire demeura longtemps ainsi, lui accordant de longues minutes d’éveil musical. Le regard de cette dernière jonglait entre le clavier lentement caressé, jusqu’aux crispations de concentration animant le visage de l’artiste, et le roulement de ses muscles sous la peau fine de sa gorge.

« Je partage mes nuits entre ma maison privée, et celles de mes amis, c’est bien moins impersonnel et ennuyeux. Cela vous parait-il extravaguant toute cette richesse ? »

Dans un mouvement fluide d’immortelle, celle-ci contourna la nouvelle joueuse de piano pour se placer près des immenses fenêtres, de manière à admirer le panorama nocturne en même temps que l’œuvre en cours. Le ciel nocturne piqueté de lumières créait une toile de fond à sa silhouette svelte, toujours assortie d’une élégance affutée malgré des vêtements délibérément décontractés et modernes. Elinor enroula machinalement l’une de ses longues mèches sombres autour de son index en observant la musicienne, comme si la vampire mijotait quelque plan tortueux.

« Qu’aimeriez-vous faire ce soir ? Je suppose que vous devez connaitre cette chanson par cœur, la chanteriez-vous ? Ou peut-être voudriez-vous l’interpréter avec moi ? »

Un sourire aux ombres énigmatiques vint gratifier la déclaration de la vampire. Voilà des années que celle-ci n’avait eu l’occasion de se livrer à un tel exercice avec une partenaire. Depuis le départ de son dernier marqué, lors de ses longues soirées nostalgiques et solitaires, elle caressait parfois les touches du clavecin reposant dans le salon de sa demeure privée. Même pour elle, la musique recelait ce pouvoir d’éveiller les sentiments cachés, et d’éveiller un plaisir lascif, dont Elinor n’osait avouer la profondeur à quiconque, y compris à elle-même.


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Sam 21 Nov - 18:08 (#)


Ascenseur pour l’échafaud
Appartement d’Elinor
ft. Elinor V. Lanuit



L
e hasard fait bien les choses, de temps en temps. Au fil des années, tu as fini par abandonner l’idée d’avoir des rapports humains agréables ; or, c’est peut-être le fait que cette relation naissante ne soit qu’à demi humaine qui rend la chose supportable, voire enthousiasmante. Non, à vrai dire, ton angoisse est à la mesure de ton excitation et tu n’aimerais être nul part ailleurs à cet instant précis. Tu ne réalises sûrement pas encore tout ce qui est en train d’arriver et ça t’effraie ; fascinée par les immortels depuis leur révélation, ton âme de lycéenne ne sait pas comment réagir devant cette situation que tu avais jusqu’à peu renvoyée au statut de fantasme irréalisable. Tu as peur de ne pas être capable d’apprécier assez ce moment. Tu as peur que le temps passe trop vite. Tu as peur de ne pas être assez bien pour être autre chose qu’une distraction éphémère pour un être pour qui le temps doit perdre un peu plus de sens à mesure qu’il passe.

Posant ta main gauche aussi délicatement que la droite sur le clavier, tu t’aventures à accompagner la mélodie de quelques accords hésitants. Ça n’est pas vraiment la meilleure chose à faire pour suivre une conversation, mais en un sens ça n’est pas plus mal ; te concentrer autant sur la pièce que tu essaies bien maladroitement de jouer sur un instrument que tu maîtrises si peu te permet de ne pas virer une nouvelle fois au rouge écarlate lorsqu’elle te fait remarquer tes goûts polémiques en matière de chaussettes. Que lui rétorquer sinon un bafouillement brouillon, mélange de mensonges et de bribes de vérité honteuse ? Tu n’aimes pas marcher avec des talons, tu n’avais plus que cette paire de propre, tu as paniqué et as simplement enlevé tes chaussures par réflexe ? En effet, mieux vaut s’abstenir de toute réponse qui pourrait te compromettre encore plus. Et surtout, abstiens toi de proposer d’aller les remettre, assieds toi plutôt sur la banquette. Tu hoches la tête lentement en entendant la réponse à ta question et esquisses un sourire amusé. Posséder un appartement comme celui-ci pour ne s’en servir que de bureau et de salle de musique, en voilà une idée qui te dépasse. Il faut cependant reconnaître que la quiétude des sommets est un luxe auquel tu pourrais t’habituer.

Tu prends un réel plaisir à faire résonner la myriade d’accords aux nuances subtiles que tous les livres de théorie musicale que tu as lu à la bibliothèque ont disséminé dans ton esprit. Tu t’égares de plus en plus loin de ce que tu jouais au départ, empruntant des sentiers tortueux aux harmonies dérangeantes dont tu t’amuses à désamorcer la tension avec chaque fois un léger frisson de satisfaction lorsque tu imagines la belle histoire que tes mains décrivent s’achever dans une cadence audacieuse et recommencer depuis le début en changeant le déguisement des personnages. Le temps que tu réfléchisses à quelles notes jouer après chaque accord, tu laisses ton pied appuyé sur la pédale du piano pour que résonne longuement chaque son minutieusement mis au monde en oubliant presque le regard d’Elinor par dessus ton épaule. En fait, tu retrouves sa trace lorsqu’elle décide de migrer en direction de la baie vitrée dépeignant un paysage flou et ponctué de nombreuses lumières éparses. Quelque peu perturbée par sa question et le tableau impressionniste qui se dessine sous tes yeux, tu laisses s’évanouir une septième de dominante à peine enrichie dont le caractère suspensif décrit avec une étrange justesse la réflexion dans laquelle tu te plonges alors qu’elle t’en pose encore quelques autres.

« Pour être tout à fait honnête, oui, enfin c’est une question d’habitude j’imagine. Ça doit être tout aussi extravagant pour vous de côtoyer des.. gens comme moi. »

Des gens comme toi ? Qu’est-ce que tu veux dire exactement par là ? Des pauvres, des alcooliques, des humains ? Ça sera à elle d’interpréter tes paroles. Tu n’y pensais pas au moment où tu as prononcé ces mots mais sa réponse pourrait t’aider à mettre le doigt sur la manière dont elle te voit. Tu réajustes ta position sur la luxueuse banquette en tournant des épaules et faisant craquer ton cou, exposant par la même occasion ta gorge opaline au bal des lueurs chaudes émanant de la cheminée. Tu retires dans un geste presque rituel tes mains des touches du piano et croises les bras d’un air pensif.

« Je connais la chanson par cœur, bien sûr, mais je suis malheureusement une piètre chanteuse. En revanche, ça serait un grand plaisir de la jouer avec vous. »

Rapidement, tu te lèves pour laisser la place à l’immortelle devant son instrument et récupérer ta mallette un peu plus loin. Tu as hâte d’entendre une personne qui sait réellement s’en servir le faire sonner, et tu as d’autant plus hâte de découvrir son interprétation de cette chanson à la signification toute particulière pour toi. Tu te rappelles encore très clairement de cette boutique de musique de la périphérie de Chicago dans laquelle tu es tombée dans un amour aveugle et sans bornes pour la musique. C’est à cet endroit que tu as lapidé toutes tes économies pour emporter avec toi cette trompette que tu t’apprêtes à sortir à la vue de ton hôte. Avec un sourire nostalgique non dissimulé, tu ouvres la boîte pour dévoiler ta compagne de métal argenté reposer paisiblement sur son lit de velours bordeaux. Tu la soulèves avec tendresse après avoir y déposé l’embouchure et tu admires un instant les reflets abstraits de toutes les lumières sur la patine élégante de ton instrument encore d’un froid mordant.

« C’est très agréable de pouvoir la sortir en pleine nuit sans craindre de représailles des voisins. Enfin, pas que j’en aie grand-chose à faire d’habitude, mais ça permet d’avoir le cœur un peu plus tranquille. »

Tu dissimules ton rictus malicieux derrière ton embouchure et commence à souffler silencieusement  dedans pour réchauffer le métal ; tu agites en même tes doigts sur les pistons pour les désengourdir. Les yeux clos un instant, tu imagines déjà les pizzicatos ronds et chaleureux de la contrebasse vous inviter à lâcher vos premières notes dans cette atmosphère presque intime.

« Quant à ce que je veux faire ce soir, je ne sais pas vraiment. On pourrait commencer par apprendre à se connaître un peu, enfin, musicalement je veux dire. »



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- Immortelle britannique du XIXème siècle, issue de la bourgeoise florissante du début de l’ère victorienne. L’élégance et le flegme de son époque vivent encore dans ses manières.
- Femme fatale au charme venimeux, calculatrice sans scrupules, elle manipule les cœurs aussi bien que les lettres et les chiffres.
- Perfectionniste à l’extrême, séduite par le pouvoir et reine stratège, son plaisir de tout contrôler égale sa soif de connaissances en arts obscures.
- Vampire accomplie, fille des Lanuit, et éternelle solitaire dont l’amour empoisonne les malheureux attirés par une élégance inaccessible aux simples mortels.
- Monstre évoluant dans l’anonymat des ombres, elle traverse les siècles sans fléchir ni se lasser, se proclamant véritable immortelle avide de vie et de savoir.

Facultés :
- Chacun de ses menus gestes contient une grâce et une sensualité étonnante, comme si son corps figé par les siècles ne connaissait aucune autre manière de se mouvoir.
- Un rare talent pour la stratégie économique dont son clan profite à souhait, elle détient une précieuse capacité à s’ancrer sans difficulté dans cette époque.
- Une Présence (niveau 2, palier 5) cultivée avec patience se lit dans son regard enjôleur, rendue redoutable par un siècle de manipulations opportunistes.
- L’Occultation (niveau 2, palier 2) masque son être pour mieux agiter les fils de ses marionnettes, tandis que son esprit demeure son sanctuaire interdit, où elle ne tolère personne.
- Un Animalisme (niveau 0, palier 0) incongru la colle, sans qu’elle ne daigne y accorder le moindre intérêt, quand ce talent bestial semble si éloigné de son tempérament et de ses valeurs.

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Mer 25 Nov - 18:52 (#)



Dans l’intimité de la résidence nimbée d’obscurité, les notes d’Heidi créaient dans l’atmosphère aux senteurs chaudes de feu de bois et d’une touche florale, une fresque immatérielle. À côté de celle-ci observatrice et silencieuse, Elinor Lanuit se tenait immobile, indifférente aux innombrables lucioles électriques du lointain panorama urbain étalé dans son dos. Toute son attention était focalisée sur les mouvements de la musicienne. Chacune des délicates pressions de cette dernière sur les touches d’ivoire, permettait à l’immortelle de tirer des observations instructives quant à son caractère.
La manière dont l’artiste mouvait ses doigts, les tensions s’évanouissant lentement dans ses muscles, tout comme l’équilibre de ses pieds, et les nerfs qui roulaient sous la peau fine de son cou. Aucun de ces détails n’échappait à Elinor. Celle-ci tissait alors une toile mentale, une véritable projection des forces profondes ayant contribué à modeler le caractère de cette humaine. Du moins, tentait-elle d’y parvenir avec ces maigres informations. Par un jeu de miroir, la vampire cherchait aussi à déceler ses propres motivations qui l’avaient conduite à attirer à elle ce personnage pour le moins atypique.
Une lubie passagère, sans doute ? osa-t-elle s’interroger. Et pour cause, l’immortelle ne voyait rien d’autre qu’une âme d’artiste. La danse fluide de ces mains ne révélait rien d’un quelconque potentiel pragmatique, seulement la promesse d’une invitation à l’art et à la mélodie mélancolique. Mais sans doute était-ce là, le cœur de l’énigme. L’attrait d’une nouveauté inutile, d’un bel objet à collectionner sans d’autre but qu’en admirer l’esthétique lors des longues soirées en solitaire, et d’en tirer plaisir.

« Très bien. » répondit-elle, l’esprit encore embrumé dans ses réflexions.

Quel mot curieux que ce plaisir. Oh, Elinor en connaissait les affres innombrables. Contrairement à ceux de sa race, toute sa vie était enduite de ce plaisir. Chaque nuit, elle en ressentait les ondulations chaudes à l’intérieur de sa chair, dans la saveur du sang, et le vertige inépuisable d’être immortelle. Et cependant, en observant Heidi sautiller vers la caisse de son instrument, et exhiber celui-ci avec un sourire inimitable, elle sut toucher du bout des doigts ce désir au nom inconnu.
La délectation de l’art. Savourer les courbes d’une sculpture ou les pigments d’un tableau de maitre au même titre que la mélodie somptueuse d’une partition. L’art de contempler. L’art de ne rien faire, en délaissant derrière soi, le temps d’une nuit, tout le sérieux d’une vie urbaine et rigoureuse. Or, depuis combien de temps Elinor n’avait-elle rien savouré de telle ? Elle-même n’en savait rien. Avec un discret rictus d’amusement, celle-ci bascula dans les souvenirs nostalgiques d’une autre époque.
Un temps où son maitre l’instruisait de musique. Où ce doux imbécile lui apprenait à savourer l’intensité des notes avec toute la puissance de la nuit, que lui conférait les oreilles d’une vampire. Contempler et écouter le monde à travers les sens d’une créature de la nuit ouvrait alors tout un univers merveilleux. Combien de soirées avait-elle passé à se vautrer dans cette maudite euphorie, se félicitant de cette décision de s’être damnée pour savourer une telle magnificence.

Momentanément confortée dans ses réflexions, Elinor délaissa la solitude des fenêtres, pour prendre place derrière le piano, dans un doux murmure feutré. Elle effleura lentement les touches tendres quelques secondes, laissant la discussion en suspens, avant d’y placer de lents accords. La mélodie lui vint spontanément. Une composition succincte d’un auteur aujourd’hui oublié des hommes, dont les œuvres ne subsistaient que dans la mémoire d’Elinor, et d’un Sire au destin incertain.
Les notes tissèrent une toile aux accents trainants et macabres, comme un cabaret défraichi momentanément réanimé par les doigts de la vampire. Précise et langoureuse, sa maitrise était exemplaire, empreinte de décennies de perfection. Au gré des mains d’Elinor, le tableau devint une scène où se succédait des artistes morts, aux chorégraphies sensuelles, libérés des contraintes du matériel. Sensuellement délabrées, les silhouettes créées par la musique, s’achevèrent aussi rapidement qu’elles s’étaient éveillées, en de minuscules tas de poussière livide lorsque l’exercice prit fin. Elle s’éclaircit la voix brièvement, avant d’adresser un sourire vers sa complice.

« Veuillez m’excuser, cela fait longtemps que je n’ai pas touché à cet instrument. »

Elinor Lanuit chassa une mèche sombre caressant son front d’ivoire. Elle marqua une hésitation comme pour se rappeler de la conversation, avant de répondre à son interlocutrice.

« Vous êtes venu seule dans l’antre d’une vampire, et ce qui vous inquiète, ce sont les plaintes pour tapage nocturne ? De chaussettes en tracas, vous êtes décidément amusante. »

Un rictus moqueur au creux des lèvres, l’immortelle fit résonner les premières tonalités de la chanson tant désirée, sans attendre la réponse d’Heidi comme une dernière raillerie amicale. Sous ses doigts naquirent alors les sonorités de My Funny Valentine, nimbées de cette tendresse intime et douce propre au jazz. Et cependant, elle laissait singulièrement trainer les harmonies dans le corps du piano, leur conférant une langueur ensorcelante. Comme la caresse onctueuse de lèvres satinées dans une alcôve secrète, la musique déroula ses anneaux serpentins dans une étreinte sensuelle, prolongée au-delà du raisonnable, dans une débauche presque tabou.
Par facétie, Elinor Lanuit adressa un air complice vers sa partenaire, comme si elle n’avait aucun désir de faire cesser la mélopée du piano. Elle fit durer ainsi la mélancolie de l’instant, étirant les secondes dans des notes lentes et séduisantes, terriblement envoûtantes. Celles-ci semblaient capter la lumière des lieux pour l’envelopper dans un écrin confortable, une atmosphère de velours qui plaisait à la vampire. Dans cette musique se reflétait une facette intime de la nuit, non pas une obscurité effrayante, mais une noirceur chaude qui invitait délicatement à l’abandon total.

Alors, comme l’on raconterait délicatement à un enfant, la voix d’Elinor se coula lentement au milieu des harmonies de l’instrument. Translucide et immatérielle, son chant imitait à la perfection le rythme de ses mains, et semblait prendre modèle sur les intonations de Chet Baker.

« My funny Valentine, »

De nouveau, les accents mélodieux s’étiraient interminablement, créant un style langoureux, et magnétique. La tonalité claire de l’immortelle décorait le texte d’une aura sombre, intime et dangereuse, alors qu’elle prenait manifestement un très grand plaisir à y ajouter cette touche personnelle. Elinor s’autorisa quelques accords supplémentaires, comme pour ménager une impatience insupportable avant de reprendre avec une lenteur calculée.

« Sweet comic Valentine,
You make me smile with my heart,
Your looks are laughable,
Unphotographable,
But you're my favourite work of art,
Is your figure less than Greek,
Is your mouth just a little weak,
When you open it to speak,
Are you smart ?
»


Les notes du piano se subtilisèrent à nouveau aux suaves intonations de la vampire. Tout en jouant adroitement, celle-ci leva les yeux vers Heidi, un sourire énigmatique dessiné sur ses lèvres. Une maestria exemplaire animait ses doigts, froide et presque trop parfaite pour contenir une réelle identité, dérangeante et pourtant envoutante à la fois. Le timbre de sa voix à la respiration maitrisée, dépourvu de tout écart, semblait faussement enclin à se briser à tout moment, au gré des frémissements intentionnels. Comme la caresse d’une main élégante aux ongles tranchants, sa voix hantait l’espace, et s’enroulait autour des harmonies en un ballet hypnotique.

« Don't change a hair for me,
Not if you care for me,
Stay little Valentine, stay,
Each day is Valentine's day,
Don't you change a hair for me,
Not if you care for me,
Stay little Valentine, stay,
Each day is Valentine's day
. »


Les accents charmants et nonchalant s’évanouirent peu à peu au profit des accords tendres et patients du piano solitaire. Elinor observa silencieusement l’artiste aux chaussettes rouges, sans cesser de jouer la partition mémorisée au souffle près. Une pointe de curiosité chatouilla l’humeur de l’immortelle. Celle-ci venait d’exposer à une humaine ces talents musicaux, évènement rarissime, et à présent, elle demeurait dans l’attente du juste retour. Un sourire décontracté sur ses traits, Elinor laissa avec une délectation évidente la voix du somptueux piano meubler l’atmosphère chaleureuse, et si intime de ce lieu entièrement détaché du monde des hommes.


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Mer 9 Déc - 20:03 (#)


Ascenseur pour l’échafaud
Appartement d’Elinor
ft. Elinor V. Lanuit



A
chacun de ses déplacements, tu as l’impression que le temps suspend son cours comme par galanterie envers une dame que la fabrique même du monde respecterait.

Aussi curieux que celui puisse paraître, tu n’avais jamais encore tenté de mêler ta fascination inavouée pour ces créatures de la nuit à ta passion pour la musique. Avec le temps, il est devenu de plus en plus facile pour toi de t’exprimer au travers de ta trompette, comme si sous ces humbles pistons roulant sous tes doigts chaque jour plus agiles se trouvait une sorte de magie capable de faire de ton souffle le vaisseau de ton cœur. Ce pavillon dont la patine peine à refléter nettement ton visage concentré a entendu les échos de beaucoup trop d’amertume, de frustration et de rancœur crasse dont tu aimerais honteusement te débarrasser ; il a été le témoin et le confident de tes regrets les plus enfouis mais ne t’a pourtant jamais surprise à essayer de traduire dans ton langage si personnel le mot ‘vampire’.
C’est presque un tabou, un juron, un imprononçable que tu n’as jamais réussi à décrire assez subtilement même en ayant fait de ton instrument un miroir presque exact de ton âme. Et pourtant, les premières notes qu’elle a fait s’échapper du corps noir et brillant du piano ont tout de suite fleuri à tes oreilles comme une vérité crue et tranchante que tu n’avais jamais réussi qu’à effleurer du bout des doigts. Trouble et limpide à la fois, la pièce dans laquelle elle vous entraîne toutes les deux comme la mousse est emportée par le tourbillon noir, profond, chaud et muet d’un café te laisse sans voix. Peut-être est-ce parce que tu es d’humeur particulièrement réceptive ou parce que tu n’avais avant cette nuit rien entendu de tel, il est dans tous les cas clair que ton vocabulaire s’étoffe de nouvelles pensées à mesure que ses mélodies progressent et s’entremêlent jusqu’à ce que ses excuses ne viennent dissiper la brume épaisse qui avait nimbé ton esprit de musicienne.

Tellement prise par son jeu, tu en as même oublié un instant la signification des mots ayant interrompu sa cadence, si bien qu’elle a eu le temps d’enchaîner avec une autre remarque que cette fois tu comprends du premier coup. Tu affiches une mine fière et presque orgueilleuse face à cette moquerie à peine dissimulée, prête à rétorquer avec assurance quelques mots bien sentis dans un pur esprit de contradiction mais elle ne t’en laisse pas le temps. Il semblerait qu’elle ait compris la manière la plus simple et la plus efficace de canaliser ta parole : te la couper avec un de tes airs favoris. Tu soupires en portant à nouveau ton embouchure contre tes lèvres, tâchant de te faire te souvenir de lui répondre une fois que vous aurez achevé votre répétition intimiste.

Pour la deuxième fois ce soir, le piano réchauffe l’atmosphère des ses notes acidulées et tu te laisses aller une nouvelle fois à vibrer selon le timbre parfait d’un instrument haut de gamme. Tu sais qu’Elinor laisse volontairement traîner les harmonies mais cela ne t’étonne même pas ; tu as compris qu’elle aimait te voir réagir et retenir ta frustration, te languir d’une suite qui n’arrivera que trop tard et ne durera que trop peu. Toi aussi comme elle tu aimerais être capable de dicter sa conduite au temps, le faire plier devant la majesté d’un art qui te dépasse et que tu as quand même l’ambition de vouloir dompter pour être capable d’en distiller l’essence dans des chorus infinis. Le long de ton dos, un long frisson glacé remonte à contre-courant de ta peau lorsque sa voix se joint enfin au paysage sonore avant qu’elle n’étire artificiellement encore un peu plus le moment fatidique qui précède la suite de la chanson, laissant sur ton visage quelques discrets stigmates d’une douleur absurde pour ceux qui ne partagent pas ta passion exacerbée.
Bien que tu ne puisses pas t’empêcher d’accompagner son chant d’une harmonie inaudible, quelque chose te gène dans son interprétation. Il manque quelque chose. Il manque quelque chose d’indescriptible mais pourtant essentiel ; sa performance est exempte de tout défaut technique, tout est lisse et c’est presque comme si tout était pensé au lieu d’être ressenti. Ce manque de sincérité te dérange et te met presque mal à l’aise, d’autant plus que tu as l’impression que la pianiste se donne du mal pour te faire éprouver quelque chose. Peut-être que c’est justement cet inconfort qu’elle vise ? Qui sait, tu ne lui demanderas pas de toutes manières.

Ainsi, le temps vient finalement où tu dois à ton tour faire preuve des qualités dont tu t’es tant vantée. A toi d’entonner les premières notes de cette chanson qui a le don de susciter à chaque répétition une émotion différente tant son interprétation est libre et pourtant si chargée de sens. Tu ajustes ta respiration au rythme des plages de son qu’Elinor dépose à ton attention en attendant le moment où tu prendrais le relai. Tu inspires une dernière fois avant de déposer ta bouche contre ta trompette, pincer les lèvres et te jeter dans le vide.

♫♪

Une note longue, suivie de quelques broderies de plus en plus pressées imitant la mélodie de la chanson. Encore quelques croches semées et emportées par le vent avant de retomber sur la note stable et réconfortante avec laquelle tu as commencé ton discours. Et puis, tu te répètes mais bien vite, tu t’écartes de la route que tu venais de tracer pour déposer avec retenue un filet d’air aigu qui se résoudra quelques marches plus bas dans des relents mélancoliques. Tes yeux se ferment et tu plonges un peu plus encore dans ton interprétation personnelle et surtout sincère de la musique. Tu laisses la mélodie se dérouler dans un long rubato en même temps que ta mine se durcit. Tes sourcils se froncent et tu te recroquevilles sur toi même en imitant de manière plus ou moins inconsciente la posture de ton idole quand elle jouait encore. Enfin, une fois le premier thème achevé, tu te lances dans ton chorus. C’est à toi de parler, d’utiliser tes propres mots au lieu d’interpréter ceux des autres ; c’est la partie la plus effrayante puisque c’est celle où tu te livres presque à nu devant le regard et surtout les oreilles des autres.
Pendant quelques secondes, quelques longues minutes même, tu fais contraster les envolées majestueuses empreintes d’un lyrisme romantique avec l’économie de ton souffle et de longs moments durant lesquels tu dispensais chacune de tes interventions musicales avec une sagesse qu’on ne pourrait soupçonner t’habiter à première vue, reprenant parfois même quelques bribes des mélodies dont elle t’a fait la démonstration plus tôt dans la soirée. Pendant ces minutes aussi longues qu’éphémères, ton corps réagissait à ta mélodie et influait dessus ostensiblement. Tes muscles se contractaient et se décontractaient au rythme de tes respirations sonores et au gré de l’exploration de modes acides. Ton visage virait parfois au vermeil mais tu n’en avais que faire : tu étais dans ton monde et tu n’aurais voulu t’en échapper pour rien au monde.

Finalement, tes yeux d’azur se rouvrent lentement à mesure que ta dernière note s’évanouit, ultime touche de ce tableau aux nuances sombres et complexes que tu viens de peindre pour la vampire. Tu laisses un silence ambivalent vous enrober et te redresses tout aussi doucement que tes paupières se sont relevées. Tu es fière, tu te sens plus légère et surtout habitée par une confiance timide mais bel et bien présente qui se manifeste par un sourire sincère.

« Amusante, ça n’est généralement pas le premier mot avec lequel on me décrit, mais j’imagine que c’est toujours mieux que ce dont j’ai l’habitude. »

Tu souris encore, le regard perdu sur le sol immaculé, l’esprit encore un peu perdu au milieu de l’orchestre qui t’accompagnait dans ta tête alors que tu jouais.

« En tous cas, votre antre de vampire reste bien plus agréable que mon immeuble et mes voisins. »



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Tea For Two - Ils t'entraînent au bout de Lanuit, les démons du mépris
Elinor V. Lanuit
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Tea For Two - Ils t'entraînent au bout de Lanuit, les démons du mépris
Let's spend an evil night together
En un mot : Don't be afraid ; It's only death. It's just as natural as your first breath.
Qui es-tu ? :
- Immortelle britannique du XIXème siècle, issue de la bourgeoise florissante du début de l’ère victorienne. L’élégance et le flegme de son époque vivent encore dans ses manières.
- Femme fatale au charme venimeux, calculatrice sans scrupules, elle manipule les cœurs aussi bien que les lettres et les chiffres.
- Perfectionniste à l’extrême, séduite par le pouvoir et reine stratège, son plaisir de tout contrôler égale sa soif de connaissances en arts obscures.
- Vampire accomplie, fille des Lanuit, et éternelle solitaire dont l’amour empoisonne les malheureux attirés par une élégance inaccessible aux simples mortels.
- Monstre évoluant dans l’anonymat des ombres, elle traverse les siècles sans fléchir ni se lasser, se proclamant véritable immortelle avide de vie et de savoir.

Facultés :
- Chacun de ses menus gestes contient une grâce et une sensualité étonnante, comme si son corps figé par les siècles ne connaissait aucune autre manière de se mouvoir.
- Un rare talent pour la stratégie économique dont son clan profite à souhait, elle détient une précieuse capacité à s’ancrer sans difficulté dans cette époque.
- Une Présence (niveau 2, palier 5) cultivée avec patience se lit dans son regard enjôleur, rendue redoutable par un siècle de manipulations opportunistes.
- L’Occultation (niveau 2, palier 2) masque son être pour mieux agiter les fils de ses marionnettes, tandis que son esprit demeure son sanctuaire interdit, où elle ne tolère personne.
- Un Animalisme (niveau 0, palier 0) incongru la colle, sans qu’elle ne daigne y accorder le moindre intérêt, quand ce talent bestial semble si éloigné de son tempérament et de ses valeurs.

Thème : Jill Tracy : Evil Night Together
We'll drink a toast in the torture chamber
And you'll go down on a bed of nails
We'll rendevous in cold blood
I'll tie you up to the third rail
No need for cake or flowers
Let's spend an evil night together

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Mer 23 Déc - 18:32 (#)



Au beau milieu de la noirceur de ses harmonies veloutées, les souvenirs des nuits lointaines s’entremêlèrent avec l’ombre de vieux sarcasmes, troublant le plaisir d’Elinor Lanuit. Les accords de jazz tissaient alors les contours d’une voix moqueuse, aux cheveux désordonnés et à l’air insolent, lesquels avaient pourtant disparu depuis plus d’un siècle. Elle chassa quelques instants ses pensées inopportunes, sans même délaisser le clavier d’ivoire du piano. Et cependant, au fil des notes doucereuses, les commentaires effrontés de son Sire revinrent avec obstination la harceler à la lisière de son esprit, pour mieux jeter un voile de ridicule sur sa prestation nocturne.
L’immortelle eut soudainement la sensation de percevoir sa présence à ses côtés. Le français observait par-dessus son épaule les doigts de marbre de son élève flirter avec l’instrument dont elle négligeait l’essence. Ta musique n’a aucune saveur, l’entendit-il lui dire. Au cœur de la nuit du vingt et unième siècle, un pli de contrariété apparut au coin de la bouche d’Elinor. Un siècle plus tard, cet individu parvenait encore à l’agacer. Face au ridicule de la situation, la vampire reporta son attention vers Heidi, dont elle attendait l’interprétation avec une nette curiosité.
Et voici que le timbre de la trompette résonna dans l’alcôve nocturne. Cette comparaison était une mauvaise idée, se reprocha-t-elle presque immédiatement. L’instrument d’Heidi ciselait les notes dans l’air avec une chaleur sans pareille, une émotion palpable, presque physique qui caressait les sens de la vampire. L’attention d’Elinor toute entière se concentra néanmoins sur l’artiste. Le mouvement de ses muscles et les courbes de son visage, comme l’émotion naissait au milieu de ces boucles blondes en désordre, décrivant en un langage éternel et codé, une personnalité à nue.

L’interprétation du piano lui apparut puérile en comparaison. Ses doigts délicats pressaient les touches nacrées avec une technique magistrale, et cependant, une fadeur évidente imbibait ses notes. Les antiques commentaires moqueurs revinrent la hanter. Les murs lisses et modernes s’effacèrent au profit de tapisserie décorées de motifs chatoyants et de tentures carmins d’une vieille demeure victorienne. Et la voix profonde de son maitre de meubler cette atmosphère rendue piquante par la fraicheur londonienne, pour mieux percer la frustration de son élève.
Dans ce lourd fauteuil aux dorures effacées, la silhouette masculine se parait alors d’un sourire goguenard en lui répondant. C’est ta musique, tu y mets ce que tu veux, rien en l’occurrence. Quel ridicule, comme le fantôme d’un être mort pouvait encore la contrarier au plus haut point, quand bien même Elinor s’était résignée à être exempte d’âme artistique. L’homme avait alors agité sous ses yeux avides, ces filaments de notes mélodieuses à l’intérieur desquelles pulsaient une chaleur humaine insoupçonnée. Lui pouvait la créer autrefois, comme elle maintenant, se dit-elle, moi je la convoite encore.
Quelque chose de vivant imbibait les harmonies de son défunt Sire, la même quintessence vivante que décrivait le cuivre entre les mains d’Heidi. Des fragments de mystification créatrice, un quelque chose de désordonné et d’imparfait, radicalement différent de la vacuité de l’interprétation d’Elinor. De la musique de pure vampire, voilà quelle était la sienne : dérangeante et avide, sombre et fascinante à la fois, elle illustrait une réalité immortelle et impie. Ainsi, Elinor tissait cette illusion d’un monstre dissimulé dans les subconscients, que nul ne pouvait voir, ni repousser.

Ses mains froides créaient sur le clavier des mélodies saturées d’un venin ensorcelant, au magnétisme mystique dont seule une nuit sans étoiles pouvait se parer. Celle-ci donnait vie à des ombres démembrées, un festival d’art burlesque aux accents meurtriers et à l’humour morbide, un théâtre macabre comme pouvait l’être certaines facettes de son immortalité. Quelque part, Elinor avait aussi dépeint quelques aspects de sa personnalité, en une série de notes lisses et terriblement parfaites, comme une sculpture d’art gothique nimbée d’un manteau de satin.
Cette conclusion lui convint. Elle l’amusa même. Un sourire fugace s’afficha sur ses lèvres bordées de rouge, tandis que le numéro de l’humaine toucha à sa fin. Des frissons remontèrent sur la nuque d’Elinor face au tableau décrit par son invitée de ce soir, une aquarelle aux nuances d’une intimité touchante. Une sensibilité offerte, s’amusa-t-elle, quelle imprudence. Elle détourna son regard de l’instrument pour observer cette frêle créature qui enserrait tendrement son instrument favori, dont le toucher semblait capable de lui instiller une confiance toute enfantine.

« Antre de vampire, cela fait tellement sordide, » s’amusa-t-elle brièvement, tout en détaillant la silhouette humaine à la posture davantage assurée.

L’immortelle caressa pensivement le nacre des touches, sans se départir de l’ombre d’un sourire. Les lumières chiches de la pièce conféraient à son visage un aspect indéchiffrable, entre une mélancolie affichée et une acuité inquiétante. Un serpent lové dans le creux chaud d’une nuque, caressant lentement l’extrémité d’une chevelure soyeuse de sa langue, et qui semblait capable de mordre à chaque instant.

« J’aime beaucoup votre manière de jouer, vous possédez un réel talent pour transcrire des émotions. » Elle marqua une pause convenue, à la recherche des termes adéquats pour cerner la mortelle.

« Une interprétation si pleine de sentiments, qu’elle ressemble à une nouvelle confidence de votre part. Au-delà du fait que vous m’avez donné soif, je m’interroge désormais sur cette spontanéité. »

Une étincelle de malice illumina subtilement le visage de marbre d’Elinor. Celle-ci rejeta sa chevelure de jais par-dessus son épaule, tandis que ses paumes refermaient avec révérence le couvercle satiné du clavier. Elle demeura longtemps ainsi, les mains sagement croisées sur la surface brillante du piano, son regard évaluateur scrutant la silhouette d’Heidi. La pénombre nimbant la vampire entretenait cette contenance distinguée qui la caractérisait, et cependant, les nuances de sa voix se faisaient aussi doucereuses que vénéneuses, comme voilées d’un soupçon de danger prédateur.

« Est-ce votre besoin d’attention qui vous pousse à me faire confiance aussi vite ? À vous livrer sans défense dans l’antre d’une vampire ? Ou bien me cachez-vous encore des désirs inavouables ? »

Les humains sont imprudents par nature en vérité, commenta-t-elle. La mascarade lui avait toujours paru d’une facilité déconcertante à suivre. Entre mystifications rendues aisées par les sociétés hypocrites, et l’obstination des mortels à demeurer aveugles, Elinor n’avait jamais manqué de sang jeune et frais prêt à se jeter entre ses crocs. Une jeune femme fascinée s'offrait à elle une fois encore, voilà tout. Et toutefois, elle ne put s’empêcher de disséquer ce caractère qui s’était exposé devant elle, en de touchant accords de trompette.

« En vous écoutant, avec ravissement d’ailleurs, vous m’avez donné l’impression de tenir votre âme à nue entre mes doigts. C’est flatteur. Je me demande ce que vous attendez vraiment de cette relation, au-delà de votre fascination pour les êtres nocturnes. »

Une question muette s’attardait sur les lèvres d’Elinor à cet instant. Es-tu davantage qu’un sac de sang sans cervelle ? Ce statut alimentaire convenait toutefois à la vampire. Ces êtres jetables s’évanouissaient dans l’oubli des nuits infinies, ne laissant que le spectre de saveurs diluées sur les lèvres de l’immortelle. Comme les traits indéchiffrables de l’immortelle s’attardaient sur Heidi, la blancheur exposée de sa nuque, et la nervosité de ses phalanges troublant l’éclat métallique des pistons, le ton de sa voix conservait cette ombre malicieuse, dérangeante et fascinante tout comme sa musique.


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Jeu 24 Déc - 18:51 (#)


Ascenseur pour l’échafaud
Appartement d’Elinor
ft. Elinor V. Lanuit



S
ordide, et pourtant ce sont ses propres mots que tu as utilisé. Faut-il voir dans cette remarque plus de sens que les mots le laissent entendre ? Tu n’en as aucune idée, et tu n’es pas franchement douée pour déchiffrer les sous-entendus s’ils ne sont pas lourdement appuyés, alors s’il y en avait un à comprendre, tu te contenteras de faire comme si tu l’avais volontairement ignoré une fois devant le fait accompli. Si l’occasion se présente, tu feindras peut-être même d’avoir toi aussi joué le jeu des non-dits de manière encore plus subtile, mais pour l’heure c’est ton franc parler naturel qui régnera sur tes paroles. Tu hausses les épaules sobrement et attends sa prochaine intervention.
Les doigts de la vampire passent délicatement sur le clavier de son instrument pendant que les tiens s’agitent inconsciemment sur les pistons familiers de ta trompette. Il passe un moment où vous vous observez toutes les deux presque en chiens de faïence, comme si vous représentiez chacune une tribu dont la réunion relèverait du blasphème. La réalité n’est pas si éloignée que cela, mais ta vision fantasmée de sa race ne te permet pas pour l’heure de tout à fait t’en rendre compte.

Ses paroles te flattent sincèrement. Peu nombreux sont ceux capables de déceler l’âme que l’on incorpore dans le timbre de nos instruments ; pour beaucoup, la musique n’est qu’un objet qui décore le temps en arrière-plan, une sorte de papier peint auquel on ne fait pas attention outre mesure, et cela te blesse. Tu nourris peu d’ambitions, mais celle qui te meut depuis que tu t’es enivrée pour la première fois de musique, c’est que la tienne fasse réagir. Tu as envie qu’elle donne envie de sourire, de pleurer, qu’elle énerve, qu’elle scandalise et qu’elle choque. Tu as envie qu’on écoute ta musique comme on lit un journal intime ou un roman ; qu’on s’attache au personnage quand il souffre et qu’on le haïsse quand il est vil.
Au final, ça n’est pas une petite ambition, de vouloir se faire comprendre. C’est peut-être même égoïste et prétentieux de prétendre élever sa propre psyché au rang d’art, mais qu’importe, tu n’es pas à un ou deux vices près.

Tu affiches un petit sourire en coin lorsque tu l’entends te dire que tu lui donnes soif. C’est superficiel mais c’est tout de même agréable pour ton égo dont tu ne sais toujours pas s’il est complètement atrophié ou s’il crève le plafond. En revanche, la suite te plaît moins. Déjà, elle fait disparaître les touches délicates de son piano sous le clapet sensé les protéger des assauts du temps, geste qui ne te plaît que très rarement ; tu t’imaginais déjà jouer jusqu’au petit matin sans avoir à répondre à aucune question. Quelle idée saugrenue.
En attendant, ton hôte, elle, ne manque toujours pas de disséquer le moindre de tes mouvements et la plus discrète de tes expressions. Pourtant, ça ne te dérange pas. Tu n’as rien à lui cacher, et quand bien même tu le voudrais, tu ne le pourrais pas : tu te souviens parfaitement qu’elle est capable de te faire parler d’un seul regard et tu préfères tout autant être honnête sans qu’elle n’aie à te le demander, même si ce principe va bientôt te causer du tort. Toutes les questions qu’elle te pose, tu te les poses aussi. Pourquoi tu agis comme cela, qu’est-ce que tu recherches exactement.. tu as l’impression de ne jamais l’avoir su à aucun moment dans ta courte vie. Tu sais que tu recherches de l’attention, mais il y a tout de même autre chose dont tu es certaine.

« C’était pas vraiment pour vous flatter, à vrai dire, je faisais juste mon travail. C’est plus que je vois pas l’intérêt de jouer si c’est pas pour faire ressortir des émotions. Des notes sans âme sonneront toujours faux pour moi. »

Ta voix était étonnamment calme, comme si tu venais d’énoncer une vérité impossible à démentir. Tu perds un instant ton regard dans le paysage nocturne dans le dos d’Elinor en songeant à sa manière de jouer. Même en y repensant, elle te dérange et te rend mal à l’aise. Sa musique est sibylline, opaque, indéchiffrable. Elle te fait te sentir comme l’héroïne d’une fiction face à un livre obscur qu’elle ne devrait pas ouvrir de peur de se faire corrompre. C’est étrange, mais tu te demandes s’il elle a toujours été comme cela, ou si ça a quelque chose à voir avec sa nature vampirique. C’est rare que ta curiosité soit autant piquée mais quand il s’agit de musique et de créatures de la nuit, rien de bien étonnant.
Et puis, tu arrêtes de jouer avec tes pistons pour réfléchir un autre instant plus sérieusement à sa dernière question. Il faut bien que tu lui donnes une réponse, mais pour ça, il faudrait encore la connaître. Tu fronces les sourcils. C’est étonnant que tu n’y aies même pas pensé alors que tu avais si hâte de la revoir. Un nouveau haussement d’épaules désinvolte et tu reprends la parole avec un ton un peu plus impliqué.

« Pour ce qui est des raisons de ma présence ici, disons que ça relève de l’instinct, je n’attends rien de spécial de votre part. Je ne cours ni après l’argent, ni après le pouvoir, ni même spécialement après l’immortalité je crois. »

Une moue pensive orne un court moment ton visage avant que tu ne reprennes la parole.

« J’ai jamais été douée avec les relations humaines, peut-être que je le serai plus avec les relations non-humaines ? Après tout, vous êtes la première vampire que je rencontre. En vrai, je pense que je saurai ce que je cherchais quand je l’aurai trouvé. »

Ta dernière phrase était prononcée sur un ton ostensiblement sarcastique. Tu te moques de toi-même, tu trouves ce genre de phrases tout aussi ridicules que vides de sens. Quand tu disais que tu allais te montrer totalement honnête, c’était peut-être légèrement exagéré. Tu as omis de dire que tu te languis de retrouver la sensation de sa morsure, tout autant que de dire qu’elle n’a pas été la première, mais elle n’a pas besoin de le savoir, et de toutes manières elle l’aura certainement deviné sans même que tu aies besoin de l’exprimer à haute voix.

Ta main gauche lâche finalement ton instrument pour se glisser nonchalamment dans une de tes poches. Tu prends vite tes aises, ce personnage de fillette intimidée ne te sied pas indéfiniment.

« Et si vous avez soif, je ne sais pas si vous attendez une autorisation ou quelque chose dans le genre mais ne vous gênez pas, c’est pas vraiment la peine de dire que je suis aussi là pour ça. »

D’une manière presque provocante, voire aguicheuse, tu repousses les quelques mèches blondes qui reposaient sur tes épaules d’un mouvement de tête vers l’arrière, donnant à voir une fois encore ce soir ta gorge opaline réchauffée par la lumière orangée du feu de cheminée. Tu manques cruellement d’attention, en voilà la preuve irréfutable.


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Tea For Two - Ils t'entraînent au bout de Lanuit, les démons du mépris
Elinor V. Lanuit
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Tea For Two - Ils t'entraînent au bout de Lanuit, les démons du mépris
Let's spend an evil night together
En un mot : Don't be afraid ; It's only death. It's just as natural as your first breath.
Qui es-tu ? :
- Immortelle britannique du XIXème siècle, issue de la bourgeoise florissante du début de l’ère victorienne. L’élégance et le flegme de son époque vivent encore dans ses manières.
- Femme fatale au charme venimeux, calculatrice sans scrupules, elle manipule les cœurs aussi bien que les lettres et les chiffres.
- Perfectionniste à l’extrême, séduite par le pouvoir et reine stratège, son plaisir de tout contrôler égale sa soif de connaissances en arts obscures.
- Vampire accomplie, fille des Lanuit, et éternelle solitaire dont l’amour empoisonne les malheureux attirés par une élégance inaccessible aux simples mortels.
- Monstre évoluant dans l’anonymat des ombres, elle traverse les siècles sans fléchir ni se lasser, se proclamant véritable immortelle avide de vie et de savoir.

Facultés :
- Chacun de ses menus gestes contient une grâce et une sensualité étonnante, comme si son corps figé par les siècles ne connaissait aucune autre manière de se mouvoir.
- Un rare talent pour la stratégie économique dont son clan profite à souhait, elle détient une précieuse capacité à s’ancrer sans difficulté dans cette époque.
- Une Présence (niveau 2, palier 5) cultivée avec patience se lit dans son regard enjôleur, rendue redoutable par un siècle de manipulations opportunistes.
- L’Occultation (niveau 2, palier 2) masque son être pour mieux agiter les fils de ses marionnettes, tandis que son esprit demeure son sanctuaire interdit, où elle ne tolère personne.
- Un Animalisme (niveau 0, palier 0) incongru la colle, sans qu’elle ne daigne y accorder le moindre intérêt, quand ce talent bestial semble si éloigné de son tempérament et de ses valeurs.

Thème : Jill Tracy : Evil Night Together
We'll drink a toast in the torture chamber
And you'll go down on a bed of nails
We'll rendevous in cold blood
I'll tie you up to the third rail
No need for cake or flowers
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Mar 5 Jan - 22:37 (#)



Le silence succédant aux démonstrations musicales fut soudainement alourdi d’une menace discrète. Comme l’immortelle croisait délicatement ses mains sur la surface lustrée du clapet, son immobilisme scrutateur conféra à sa silhouette une aura indéchiffrable. Envoûtante et malsaine à la fois, elle était l’œuvre d’art ciselée au cœur de la nuit, encore drapée d’un magnétisme dangereux. Tout comme ces sculptures à l’élégance macabre qui décoraient les mausolées, une beauté indéniable transcendait le lustre de marbre de ses joues, et la noirceur opaline de son regard.
Toute cette attention était alors braquée sur l’humaine, et évaluait avec insistance cet éventail de réponses hésitantes. Oh bien entendu, la vampire avait fait un minimum de recherches préalables. Cent soixante ans de réflexes sécuritaires l’empêchaient d’ouvrir les portes de l’une de ses nombreuses propriétés à la première venue. Ainsi, aux harmonies intimes de l’artiste, la vampire associa mentalement toutes les bribes d’informations collectées discrètement auparavant. Heidi Janowski, vingt-quatre ans, artiste polonaise exilée et sans le sous. De ces pensées calculatrices résulta une étiquette barrant désormais le front de la trompettiste avec la mention : Inutile.
Elinor promena son regard inquisiteur sur Heidi, depuis ces calamiteuses chaussettes rouges, les contours sobres de ces vêtements noirs, jusqu’à cette nuque honteusement exposée et saupoudrée de boucles blondes. Certes, au moins elle est présentable, se força-t-elle à conclure. L’écureuil craintif se mua désormais en un canari chanteur dans sa cage dorée, certes charmant, mais tout de même un simple bibelot. L’immortelle détourna finalement le regard vers l’immense panorama nocturne, tout en prêtant l’oreille aux explications pour le moins vague de son nouvel oisillon.

« Je vois, déclara-t-elle en ignorant délibérément le cou offert. En somme, vous ne savez ni où vous allez, ni ce que vous voulez. »

Inutile ou peu s’en faut, s’amusa-t-elle sous cape. Une source d’alimentation et de distraction, voilà au moins une qualité indéniable à lui attribuer. Comme elle était aisée à décrypter alors, avec ces yeux bleus fureteurs voilés d’une ombre soucieuse, où se mêlait une déception sourde. Ces derniers étaient d’ailleurs fixés sur le couvercle du piano que les doigts de la vampire caressaient malicieusement, bien consciente de l’effet produit. Elinor détourna son attention de l’horizon nocturne piqueté de lumières artificielles, ses traits impassibles ne révélant aucun indice sur la teneur de ses pensées, et souleva à nouveau le clapet d’un noir brillant.

♪♪

Les notes s’élevèrent une nouvelle fois dans l’atmosphère feutrée de l’appartement. Douces et parcimonieuses au tout début, elles esquissèrent les contours d’une mélopée aux accents difficiles à saisir. Des nuances sombres et confortables, attirantes et malsaines à la fois, nimbèrent à nouveau l’immortelle de la même aura brumeuse. Comme si Elinor n’avait cure des questions laissées en suspens entre elles, la mystérieuse partition s’accéléra en un rythme entrainant, à la manière d’une sarabande folle. Des harmonies teintées de tendresse noire, toxiques et cependant hypnotiques, qui ne laissaient guère de temps pour inspirer quelques goulées d’air.
Entre deux courbes mélodieuses, d’une démesure vertigineuse, l’immortelle adressa quelques regards ambigus à l’humaine qui se tenait devant elle, au bout de ses doigts. Le rythme des accords évolua en de sinueuses proportions, comme le suspens terrifiant d’une œuvre d’Hitchcock. Elinor dessina une conclusion sur une note délibérément trainante et dérangeante, qui ressemblait davantage à un baiser après une noyade qu’à un moyen de poursuivre sainement une conversation.

« J’aime jouer avec vous, dit-elle finalement avec un sourire sibyllin, consciente du double sens évident. Je suis néanmoins étonnée que vous réduisiez froidement ceci à du travail, alors que vous me proposiez d’apprendre à nous connaitre musicalement auparavant. »

Elinor se pencha pour entrecroiser délicatement ses longs doigts sur le couvercle poli du piano. Tirant parti de l’effet produit par sa musique, elle enchaina de cette voix veloutée qui caractérisait sa manière d’être.

« Mais si vous recherchez une relation strictement professionnelle, de mordue à immortelle, cela me convient aussi. »

Quel que soit l’angle sous lequel Elinor l’examinait, celle-ci n’avait définitivement aucune autre utilité pratique à lui adjoindre. Cette Heidi était une artiste, talentueuse sans doute, mais rien de plus. Elle ne pouvait évidemment pas la classer avec ses employés, des experts en économie, encore moins avec ses hommes de main. Quant à Natalia, cette femme aux multiples talents, la comparaison n’était même pas nécessaire. Au moins la trompettiste n’était-elle pas l’une de ces fans de vampires, dont les selfies avec des crocs en plastique envahissaient les réseaux sociaux. Non, définitivement, cette mortelle était un canari dans sa volière, certes jolie, mais un simple volatile au final.

« Dans le jargon vampirique, on nomme cet accord un Calice. On en trouve souvent dans les antres de vampires. Certaines familles en prennent soin, d’autres non. »

Que puis-je en faire d’autre de toute évidence ? L’immortelle enchaina doctement son explication, laquelle lui paraissait essentielle avant d’accorder davantage sa confiance. Une part d’elle-même se plaisait également à mesurer la tolérance d’Heidi en sa présence, les limites que celle-ci se fixait avant de sortir en hurlant de l’appartement.

« Fort heureusement pour vous, ma famille et moi-même, les Lanuit, prenons soin des nôtres, et si vous acceptez cet accord, vous bénéficierez d’une protection de ma part. Bien plus que quelques tickets restaurant d’ailleurs. En retour, je compterai sur vous pour venir régulièrement, bien évidemment. »

Elinor Lanuit marqua une pause calculée. À l’aube de leur deuxième rencontre, la proposition pouvait paraitre soudaine, elle en avait parfaitement conscience. Et cependant, une étincelle instinctive et audacieuse lui soufflait de pousser à son avantage. Qui plus est, les évènements d’Octobre avaient nécessité une recherche renouvelée des Calices pour compenser l’absence de sang synthétique.

« Cela vous conviendrait-il ? Vous n’êtes pas forcée de me répondre immédiatement, bien sûr. Mais vous êtes si appétissante, et si encline à vous faire dévorer, que je me permets d’être franche. »

Décorée d’un sourire éternellement malicieux, l’expression d’Elinor prit une subtile teinte prédatrice tandis que son regard se promenait délibérément sur la silhouette menue d’Heidi. Une des farces favorites de son Sire refit spontanément surface au beau milieu de ses pensées calculatrice. Elle ajouta sur un ton taquin, en chassant une mèche d’ébène de son front.

« Quant à votre demande, qu’est-ce qui vous permet de croire que j’ai l’intention de vous mordre au niveau du cou ? » lui confia-t-elle dans un murmure doucereux, et pourtant tout à fait audible.

Tout comme la musique de la vampire, ses paroles contenaient un message à peine voilé derrière une façade aimable et gracieuse. Dans la pénombre mouvante de cet appartement tenu secret, perché au-dessus d’une dizaine d’étages de richesses, et coupé du monde, le fruit défendu venait d’être offert à une mortelle vulnérable. Or, personne ne viendrait secourir celle-ci, si le cadeau s’avérait empoisonné.


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Jeu 7 Jan - 15:22 (#)


Ascenseur pour l’échafaud
Appartement d’Elinor
ft. Elinor V. Lanuit



T
u sais ce que tu veux, tu l’as même toujours su, mais tu n’es pas prête à l’avouer de vive voix devant elle. Tu as beau être une grande mélomane et te vanter intérieurement de savoir manier les notes et les comprendre, tu sais pertinemment qu’elles ne seront jamais capable que de transmettre des émotions, aussi intimes soient-elles. Livrer tes états d’âme est une chose, livrer leur cause en est une autre et pour cela il n’y a que les mots, à ton plus grand désarroi.
Qu’est-ce que tu attends vraiment de cette relation ? Tu as renié ta famille, tu peines à te faire respecter et reconnaître dans le monde du jazz et tu n’as aucun ami aux côtés duquel te raccrocher quand de tumultueux nuages d’orage menacent l’équilibre précaire de ta barque. Comment dire à une vampire que tu viens à peine de rencontrer que tu cherches à trouver une place auprès d’elle ? Une ancre qui saura mettre fin à cette quête d’identité que tu juges être la source de tous tes maux. Ca n’est pas une ambition purement alimentée par ton égo comme ton désir de devenir une figure incontournable de la musique d’avant-garde mais plutôt un désir profond qui pèse sur ta conscience comme un fardeau tout aussi invisible que difficile à exprimer.
En guise de réponse, un simple sourire subtilement crispé affermissant involontairement la peau de ton cou. A quoi bon la contredire, de toutes manières ? Elle a l’air intelligente, c’est le moins que tu puisses dire, alors elle le comprendra bien assez tôt.

Et puis, tu l’observes révéler à nouveau les touches de son piano hors de prix et la laisses briser le silence avec une pièce qui te surprends sincèrement. Quelle est sa raison d’être ? Que veut elle dire ? Existe-t-elle seulement pour imbiber l’atmosphère de sombres effluves de drames gothiques ? Il semblerait qu’Elinor aussi ait un goût prononcé pour la mise en scène et la théâtralisation. Tes yeux se plissent et ton sourire en demi-teinte adopte alors la forme de la curiosité ; morbide ou pas, tu ne le sais pas encore. C’est une véritable énigme musicale qu’elle offre à tes oreilles et au lieu de te laisser effrayer par le clair-obscur de ses volutes acoustiques, tu t’affaires à décrypter ce message codé par ses doigts agiles. Sa dernière note ne manque pas de provoquer le frisson qu’elle était certainement conçue pour donner, mais tout cela ne t’a pas effrayé le moins du monde. Inconscience ? Courage, ou peut-être témérité ? Vous avez déjà abordé le sujet.

Tu comprends facilement que ses paroles ne soulignent pas seulement tes qualités de musicienne. Tu avais même commencé à comprendre cela il y a quelques minutes maintenant, mais il est toujours agréable que tes déductions se confirment, même si elle étaient accessibles à un enfant de treize ans. En revanche, l’entendre rabattre sur toi le piège de ton propre verbe est une sensation moins agréable. Il est presque aussi vexant de l’entendre souligner tes contradictions que de la laisser penser que tu n’es qu’une âme errante, une bouteille vide jetée dans un océan qui ne veut pas d’elle. Plus froissée que réellement déstabilisée, tu la laisses poursuivre. Tu as l’impression qu’il est impossible pour elle de perdre le contrôle de quoi que ce soit ; tu ne sais pas encore si tu la jalouses profondément ou si le frisson mordant du laisser-aller ne te manquerait pas trop.
Tu ne veux pas d’une relation professionnelle et une crispation instinctive trahit sans vergogne ce sentiment honteux. Cette phrase sonnait comme le chantage tacite qu’on pourrait faire à un enfant têtu et capricieux, ce qui ne manque pas non plus de provoquer un besoin soudain de contrôler ton expression puisque tu sais pertinemment que c’est le genre de pensées qui y colle un moue boudeuse justifiant parfaitement l’utilisation d’un tel stratagème. C’en est presque trop facile pour elle. Si vous êtes amenées à vous revoir souvent, il va falloir que tu apprennes à te contrôler mieux que ça si tu ne veux pas passer pour une copie désagréable de Peter Pan. En d’autres termes : grandis.

Enfin, l’autre raison essentielle de ta présence ici est révélée au grand jour, ou plutôt à la lueur tamisée du paysage nocturne et de l’âtre embrasé. Le tabou vole en éclat et tes yeux en retrouvent un, brillant au fond de tes iris lorsqu’elle prononce le mot « Calice ». Encore ignorante de toute l’étendue du monde des vampires, ce mot résonne précieusement au creux de tes oreilles. Tu places rapidement une mèche de cheveux derrière l’une d’elle en l’écoutant poursuivre, presque pendue à ses lèvres finement ciselée sur son visage de marbre blanc.
A l’entendre, tu as l’impression qu’elle aimerait te faire croire l’espace d’un instant qu’elle fait partie de ceux qui maltraitent leurs sources de sang, mais tu n’y crois pas un seul instant. Tout ceci ne peut être une mise en scène conçue dans le seul but de t’amadouer et te vider de ton sang dans un acte de barbarie sadique. Et encore, c’est une autre chose que tu as du mal à assumer, mais il y a quelque chose en toi te pousse à chercher cette violence et à y trouver un réconfort paradoxal.
Après quelques instants d’un silence bien senti, elle reprend enfin, coupant gracieusement court par la même occasion au fil de tes pensées qui allait sous peu tourner autour de ton masochisme inavouable.

Elle te laisse du temps pour réfléchir mais la vérité est là : tu as accepté cette offre même avant d’entrer dans son appartement. Rentrer d’une manière douteuse et au mieux métaphorique dans une famille de vampires, tu ne vois pas vraiment ce que tu pourrais demander de mieux à cette Elinor Lanuit. Tu t’affubles d’un discret rictus de fierté lorsqu’elle te qualifie d’appétissante, un compliment qui dans tout autre contexte aurait déclenché chez toi une volonté irrépressible de faire ravaler ses mots à la personne qui les aurait prononcés. Le sourire qui orne tes lèvres fait écho à celui de l’immortelle ; elle est prête à se repaître de ton hémoglobine, toi tu es prête à la laisser faire, à embrasser ce désir et la nouvelle condition qui s’offre à toi. Tu es proche de la jubilation, au  point que tu te sens envahie d’une confiance déraisonnable qui balaie momentanément toute trace des doutes timides que tu avais en entrant ici. Heureusement, ton estime de toi empêche la réponse vaseuse que ton esprit avait immédiatement élaboré pour suivre l’ultime remarque de ton hôte. A cet instant précis, si tout cela est un piège, tu viens de décider définitivement d’y plonger la tête la première.

« C’est vous la vampire, à vous de voir. Moi je crois que ce que je vois. »

Tu t’es contentée de répondre avec une désinvolture insolente, un sourire polémique au coin de la bouche. C’est un appel sans équivoque à te montrer que tu as bien choisi ton camp.. d’une manière ou d’une autre. L’espace d’un instant, tu t’es réellement demandée où d’autre elle pourrait te mordre mais ses mots ont rapidement balayé cette pensée de leur écho: elle aime jouer avec toi, alors autant commencer à dévoiler ton tempérament impulsif et irresponsable.

« Sinon, ça me convient parfaitement, j’accepte avec plaisir de devenir un Calice. »

Sous-entendu : « j’ai vraiment hâte de passer plus de temps avec vous et en apprendre plus sur ce monde dont vous venez de m’ouvrir la porte parce que j’ai espoir de m’y trouver. Et bordel qu’est-ce que j’aime me faire mordre. » Celui-ci était peut-être un peu plus subtil à déceler mais tu la féliciteras volontiers si elle arrive à le comprendre. A cet instant, tu rêverais de prendre sa place au piano pour imiter son initiative précédente, nimber encore un peu plus de mystère tes intentions et tes désirs. Après tout, tu viens de passer de moins-que-rien à Calice, c’est quelque chose qui se célèbre. Et puis, tes sourcils se froncent un peu, tu prends un air légèrement plus pensif, t’apercevant peut-être de ton excès d’enthousiasme, et que tu ne lui as pas retourné la plupart de ses questions. Encore imbue de cette témérité légère, tu te permets un dernier élan d’audace.

« Et vous, qu’attendez vous de moi, miss Lanuit ? Je veux dire, si cette relation va plus loin que le.. professionnel ? »

Sa réponse risque fort de ne pas te plaire, pour une raison ou pour une autre, mais tant pis, tu as envie, besoin, de savoir sur quel pied danser. En acceptant cet accord, tu acceptes de la revoir régulièrement, plus que n’importe qui d’autre, alors il te paraît plutôt légitime de quémander au moins un aperçu de ses attentes. Il y a peut-être des sous-entendus moins flagrants que tu n’as pas saisi.

« Vous invitez souvent des humaines sans défense dans votre antre de vampire ? »

Ultime aveux de confiance, peut-être la phrase de trop. Beaucoup de monde profiterait de cette question pour brosser la personne qui la pose dans le sens du poil, ou au moins éluder et embrayer sur un autre sujet, mais tu sens que ça ne sera pas le genre de ta nouvelle.. tiens, que devient-elle pour toi si tu deviens son Calice ? Enfin, peu importe. Tu sens que tu viens de perdre une occasion de la boucler.


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Tea For Two - Ils t'entraînent au bout de Lanuit, les démons du mépris
Elinor V. Lanuit
Elinor V. Lanuit
Tea For Two - Ils t'entraînent au bout de Lanuit, les démons du mépris
Let's spend an evil night together
En un mot : Don't be afraid ; It's only death. It's just as natural as your first breath.
Qui es-tu ? :
- Immortelle britannique du XIXème siècle, issue de la bourgeoise florissante du début de l’ère victorienne. L’élégance et le flegme de son époque vivent encore dans ses manières.
- Femme fatale au charme venimeux, calculatrice sans scrupules, elle manipule les cœurs aussi bien que les lettres et les chiffres.
- Perfectionniste à l’extrême, séduite par le pouvoir et reine stratège, son plaisir de tout contrôler égale sa soif de connaissances en arts obscures.
- Vampire accomplie, fille des Lanuit, et éternelle solitaire dont l’amour empoisonne les malheureux attirés par une élégance inaccessible aux simples mortels.
- Monstre évoluant dans l’anonymat des ombres, elle traverse les siècles sans fléchir ni se lasser, se proclamant véritable immortelle avide de vie et de savoir.

Facultés :
- Chacun de ses menus gestes contient une grâce et une sensualité étonnante, comme si son corps figé par les siècles ne connaissait aucune autre manière de se mouvoir.
- Un rare talent pour la stratégie économique dont son clan profite à souhait, elle détient une précieuse capacité à s’ancrer sans difficulté dans cette époque.
- Une Présence (niveau 2, palier 5) cultivée avec patience se lit dans son regard enjôleur, rendue redoutable par un siècle de manipulations opportunistes.
- L’Occultation (niveau 2, palier 2) masque son être pour mieux agiter les fils de ses marionnettes, tandis que son esprit demeure son sanctuaire interdit, où elle ne tolère personne.
- Un Animalisme (niveau 0, palier 0) incongru la colle, sans qu’elle ne daigne y accorder le moindre intérêt, quand ce talent bestial semble si éloigné de son tempérament et de ses valeurs.

Thème : Jill Tracy : Evil Night Together
We'll drink a toast in the torture chamber
And you'll go down on a bed of nails
We'll rendevous in cold blood
I'll tie you up to the third rail
No need for cake or flowers
Let's spend an evil night together

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Sam 9 Jan - 23:25 (#)



Une toile d’une facilité risible. Voilà sans doute la manière dont Elinor aurait décrit la discussion avec la mortelle. Comme une artiste dont le verbe tenait lieu de pinceau, l’immortelle colorait sa victime de nuances contradictoires, tantôt douces, parfois cruelles, jouant de ses sentiments avec un amusement certain. Tout l’art se situait dans une subtile alternance de chaud et de froid, pour dessiner sur les traits d’Heidi, un chapelet tortueux de réactions tourmentées. De vexations en curiosité, d’affronts en jubilation, l’humaine dansait entre les doigts glacés de la vampire, sans que celle-ci n’éprouva une once de remord envers ce jeu cruel.
Si aisée à déchiffrer, se dit-elle en ricanant intérieurement. Et pour cause, elle ne ressentait aucune exultation à cela. Avec son siècle et demi d’expérience, et une disposition innée à la manipulation dès son plus jeune âge, Elinor n’avait aucun mérite à berner une artiste esseulée de vingt-quatre ans. Et cependant, elle ne pouvait s’en empêcher. Comme un félin excitant du bout de sa patte les soubresauts d’agonie d’un oisillon, elle abusait de son talent pour tenter de cerner le caractère profond d’Heidi, afin d’en extirper l’essence de son être, et les secrets muets de l’âme.
Derrière la façade attentive d’Elinor, confortablement immobile au-devant du piano, les réflexions amères de son ancien Marqué revinrent décrire avec une étrange acuité la situation présente. Se dévoiler, c’est déjà t’appartenir, tu absorbes même les mots. Comme il la connaissait bien alors. Cette réflexion muette lui arracha contre son gré un minuscule pincement désagréable à l’intérieur de ce cœur qui ne battait pourtant qu’à peine. L’immortelle chassa bien vite le souvenir de ses pensées, pour se focaliser exclusivement sur les réponses hésitantes de son jouet vivant.

Je crois ce que je vois. La maxime toute faite laissa une saveur délicieusement acidulée sur les lèvres de l’immortelle, comme un trait d’humour noir énoncé avec enthousiasme dans l’atmosphère macabre d’une crypte. Elle masqua un rictus moqueur derrière un index posé élégamment sur ses lèvres décorées de rouge. Oh que non, bien au contraire, elle avait toujours considéré les humains comme des créatures totalement aveugles, jusqu’à l’absurdité. Des experts en matière d’œillères, toujours incroyablement adroits quand il s’agissait de fabriquer des excuses pour dissimuler la réalité des faits, en particulier à cette époque moderne où l’information circulait plus que jamais.
Faisant fi de ces considérations philosophiques, et ce malgré son amusement croissant, Elinor eut tout le loisir de savourer l’intense enthousiasme émanant de sa nouvelle trouvaille humaine. Bien sûr, son instinct ne l’avait pas trompé. Bien sûr, elle n’était guère étonnée du résultat. Disant adieu à la moindre notion de prudence, Heidi lui renvoya son accord signé d’une exaltation visible, de la même manière que celle-ci était entrée dans sa vie. C’est-à-dire en franchissant le seuil sans un regard en arrière, d’une poussée qui ne souffrait d’aucune réflexion quant à sa sécurité.

« Très bien. » répondit-elle par politesse, bien que face à cet enthousiasme, une telle affirmation devenait superflue.

Le commun des mortels aurait sans doute réfléchi à deux fois avant d’accepter ce statut alimentaire, ni plus ni moins qu’une outre à hémoglobine destinée à être manipulée par des prédateurs sans scrupules. Mais manifestement, Heidi n’en faisait pas partie. Soit, c’est plutôt intéressant à vrai dire, songea-t-elle au bout d’une poignée de secondes. Le canari n’était peut-être pas entièrement dépourvu d’intérêt finalement, si bien qu’Elinor se perdit quelques instants en conjectures, à la recherche d’un éventuel potentiel encore dissimulé derrière cette insolente façade humaine.
La métaphore de la toile refit lentement surface. Immobile derrière le clavier d’ivoire étincelant, Elinor scruta encore les tressaillements vifs de son nouveau Calice, ce tableau entièrement vierge qui s’offrait à ses yeux. Heidi Janowski, vingt-quatre ans, ne sachant ni où elle va, ni ce qu’elle veut.

« C’est une bonne question. Jusqu’à présent, vous m’avez maladroitement dissimulé votre véritable personnalité, et vos intentions, si bien qu’il m’est encore difficile de tirer des conclusions sur notre future relation. »

Elinor afficha un sourire délibérément moqueur en éludant sciemment l'essence de la question. En son for intérieur, elle avait néanmoins tiré une première conclusion : cette femme était un livre vide, dans lequel il lui serait possible d’écrire comme bon lui semblerait. Elle poursuivit son explication d’un ton léger.

« Toutefois, je commence à cerner plusieurs choses. Vous jouez à l’enfant sage et timide, mais vous êtes une insolente débrouillarde qui vole dans les soirées de charité, vous avez des ambitions que vous ne m’avez pas encore avoué, et vous ne mentez pas suffisamment bien pour me tromper. »

Tout en énonçant impitoyablement ses déductions, Elinor se leva lentement, lissa son chemisier hors de prix et s’étira avec une souplesse féline.

« Je commence à discerner vos déclarations franches de celles qui signifient l’inverse de vos dires. Je vois aussi que votre caractère commence enfin à refaire surface. Et je sais que vous avez furieusement envie d’être mordue, est-ce correct ? »

La question était bien entendu, purement rhétorique. Qui est plus, à cette heure avancée de leur nuit commune, Elinor avait la ferme certitude qu’elles avaient franchi cette limite invisible où les politesses étaient de mise. Désormais, il n’était plus nécessaire de s’observer prudemment à distance, de flairer les désirs de chacune comme deux animaux circonspects tournant en cercle l’un en face de l’autre. L’immortelle entendait bien mordre au cœur du sujet. Certes, elle aimait effleurer avec délicatesse ses proies pour les enserrer lentement entre ses serres, mais au moment de les dévorer, clamer sa victoire constituait tout autant un moment délectable.
Le clair de lune filtrant à travers les immenses vitres accentua les contours sinueux de sa silhouette lorsque l’immortelle abandonna le siège du somptueux piano. Les talons de celle-ci résonnèrent avec une intensité étonnante dans le silence qui régnait dans les hauteurs de l’immeuble. Quand elle rejoignit Heidi d’une démarche assurée, Elinor lui saisit délicatement la main sans un mot. En l’entrainant vers l’instrument à cordes, la paume glacée de la vampire n’exerçait aucune pression, seulement une ferme assurance, comme la sécurité sereine d’une guide expérimentée.

« Asseyez-vous donc. Que vous refusiez de vous ouvrir à moi pour l’instant, cela ne fait rien. Je finirai par tout savoir. » déclara la vampire d’un ton doucereux, tout en posant sa main sur l’épaule d’Heidi.

L’invitation contenait aussi un côté pratique. Heidi était manifestement plus grande qu’elle, et si Elinor n’en concevait aucune contrariété, elle préférait éviter de se mettre sur la pointe des pieds pour atteindre sa nuque. Le but de la manœuvre était alors limpide. Debout derrière son Calice toute neuve, l’immortelle chassa du bout de ses doigts froids, et sans la moindre gêne, les quelques mèches blondes reposant dans son cou exposé, avant de répondre à l’impertinente.

« Quant à mes humaines sans défense, si vous voulez tout savoir, je les invite seulement les mercredi, quand l’immeuble est moins fréquenté. Ainsi, il y a moins de chances qu’on les confonde avec des escorts dans l’ascenseur. »

Face à cette chair d’albâtre brillante sous les lueurs tamisées des appliques murales, la soif revint avec force hanter les réflexes d’Elinor. Des crocs affûtés percèrent la moue sensuelle de sa bouche soulignée de carmin et, sans discussion supplémentaire ni geste superflue, elle faufila sa main gauche parmi les cheveux d’Heidi. Ses doigts caressèrent la surface de sa joue, et enveloppèrent son menton dans une délicate pression pour pencher son visage de côté. Sur cette nuque palpitante, l’immortelle apposa délicatement ses lèvres : un frisson d’impatience électrisa alors ce contact glacé.
Quand les canines d’Elinor traversèrent la fine épiderme humaine, sa main enserrait toujours avec une certaine tendresse envoûtante la joue de sa victime. Ainsi, à mesure que le sang d’Heidi s’écoulait dans les vaisseaux morts de la vampire, les doigts de celle-ci s’emplissaient de chaleur, et caressaient avec d’autant plus d’égard le visage de son Calice. Les traits de l’immortelle se parèrent à nouveau d’un simulacre de vie, d’une chaleur volée par un abondant festin qui l’emplissait d’une vigueur nouvelle. Des veines pulsèrent d’une teinte sombre sous sa peau de porcelaine, et la pâleur de marbre devint lentement un blanc tendre, où apparaissait çà et là quelques touches de rose.
D’un mouvement silencieux, l’immortelle détacha sa bouche du cou désormais percé d'une fine incision. Puis, en se redressant, Elinor déposa un baiser raffiné sur la minuscule plaie pour veiller à sa cicatrisation, et remit lentement en place les cheveux blonds d’Heidi contre sa nuque. Dans un ensemble de gestes attentionnés, elle retira sa main du menton de sa protégée, recoiffa machinalement les quelques mèches sauvages, et s’assura que l’humaine supportait mieux le prélèvement cette fois-ci. Enfin, Elinor se déplaça souplement sur le côté, et vint prendre place sur le siège du piano, à côté de son Calice, son artiste du soir et son canari en cage.

« Le contrat est entériné désormais, Heidi. J’espère que mon Calice se sent mieux que la dernière fois, la cuisine contient le nécessaire pour vous restaurer dans le cas contraire. »

Elinor lui adressa un sourire sincère. Et cependant, cet étrange mélange d’affection impénétrable et de magnétisme dérangeant, ne délaissait jamais entièrement son visage envoûtant. Comme un saut dans des eaux noires qui vous irradiaient instantanément les os d’un froid intense. Elle désigna cependant d’un signe de tête anodin le majestueux instrument qui s’offrait devant elles, et ce encore toute la nuit durant.

« Vous voulez continuer à jouer ? Ou bien avez-vous encore des questions à me poser sur notre future relation ? »


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Jeu 14 Jan - 20:00 (#)


Ascenseur pour l’échafaud
Appartement d’Elinor
ft. Elinor V. Lanuit



I
l est vrai que tu as tendance à oublier la notion de danger, par moments. Cette chose devient abstraite, un mot que tu reconnais vaguement mais sur lequel il te serait impossible de coller le moindre sens. Oh, tu as déjà eu de nombreuses occasions d’en discuter longuement, ou plutôt d’écouter les autres en parler à ta place, si bien que tu pourrais entendre toutes les voix t’ayant mise en garde au cours de ta vie chanter à l’unisson lorsque tu prends un plaisir déraisonnable à jouer avec le feu. C’est exactement ce qui est en train de se produire ; dans ta tête, tout une chorale de réprimandes et de mises en garde résonne dans un dies irae jubilatoire et muet, comme l’œuvre de toute une vie dont toute l’intensité se révèle devant ta témérité encore jamais mise à mal.
Au fond de toi, tu sais que ça n’est pas normal, mais tu ne peux t’empêcher de justifier ce trait de caractère par ton envie d’être unique. Tu peux te targuer comme cela de te démarquer par cette stupidité crasse qui fait de toi la meilleure des effrontées : celle qui ne craint pas la punition.

Cette lointaine divagation mise de côté, tu prêtes à nouveau attention à la vampire qui semble avoir trouvé quoi répondre, ou plutôt une nouvelle manière de ne pas te donner la réponse que tu cherches. Tes intentions ne sont pas si mal dissimulées que cela si elle n’arrive pas à les discerner ; c’est une interprétation originale des choses mais c’est celle qui te flatte le plus alors c’est une raison suffisante pour l’adopter. Le fait de savoir que tu lui caches encore quelques menues broutilles ne semble pour autant pas la déranger outre mesure, à en juger par son expression toujours aussi facétieuse. Tu entends bien vite ce qu’elle cache derrière ce sourire dont l’arrogance rivalise sans difficulté avec la tienne. En voilà de brillantes déductions, tu ne savais pas que Sherlock Holmes avait élu domicile en Louisiane. L’envie de ponctuer de sarcasme son discours emprunt d’une étrange volonté de t’intimider, en tous cas c’est comme ça que tu le ressens, te traverse l’esprit et le cœur mais par miracle, tu réussis à la réprimer. A la place, seul un rictus narquois et faussement hautain vient grimer ton visage comme pour lui communiquer avec l’insolence qu’elle t’a deviné qu’il faudrait plus que ces déductions élémentaires pour t’ébranler réellement. Ça ne veut pas dire qu’elle se trompe, au contraire, il est on-ne-peut-plus vrai que tu commences à avoir une furieuse envie de te faire délicatement trouer la nuque par ses crocs de glace.

Elle approche enfin et tu as l’intime conviction de savoir pourquoi. Te rappeler qu’elle en a parlé il y a à peine quelques secondes rend la chose beaucoup moins mystique mais tu préfères rester sur ta première impression. Tu déposes rapidement ta trompette encore réchauffées par ton souffle dans sa boîte et te laisse saisir la main comme à l’entrée d’un rituel ésotérique. Oh, et puis après tout tu t’en fiches, l’atmosphère est bel et bien mystique et tu ne laisseras aucun subconscient bien trop rationnel pour toi te dire le contraire. Tu te laisses guider jusque sur la banquette du piano et t’y assois dans un mouvement fluide et gracieux ressemblant presque à une révérence. Voilà un autre aspect de ta personnalité qui ressort : tu adores théâtraliser tes actions lorsque tu juges le moment adéquat, et tu as rarement eu l’impression qu’il en existe un plus que celui-ci.
Tu fais de ton mieux pour ne rien en dévoiler, mais de toutes les choses qu’elle a pu dire ce soir, celle-ci est certainement celle qui te touche le plus : elle veut tout savoir de toi. Jamais quelqu’un n’a eu cette envie, ou en tous cas pas à ta connaissance. Famille ? Trop occupée à se plaindre de ton anticonformisme crasse. Amis ? Quelle idée. Tu te réjouis sincèrement de l’objectif qu’elle s’est fixé. Elle arrivera peut-être à mettre le doigt sur tes angoisses et un instant, tu as même l’espoir qu’elle t’aide à y remédier.

Or, l’heure n’est pas à l’attendrissement. Tu allais te ressaisir quand une ultime remarque vient précipiter les effets de ta démarche. Elle a vu ce qui s’est passé dans l’ascenseur, évidemment, ça ne faisait déjà aucun doute mais elle marque un point à ce jeu indicible en le soulignant. Il se pourrait que, malgré la moue pincée et fière que tu exposes bien malgré toi, tu apprécies son humour plus que ce que tu aurais pensé de prime abord.

Enfin, le moment est venu. Ça doit être quelque chose de routinier pour elle, mais pour toi ça reste exceptionnel, une sensation sans égal même après avoir expérimenté bon nombre de liqueurs et de substances stupéfiantes dans ta descente vertigineuse aux enfers de l’humanité.
Tu fermes les yeux, tâchant de profiter de la moindre sensation naissant sur ta peau de porcelaine. Il est exquis, ce mélange d’impatience qui dure et s’évanouit en même temps lorsque tu te laisses manipuler en accordant à l’immortelle une confiance dont tu ne vois pas les bornes. Elle est précieuse, cette douleur enivrante qui fleurit sur ta gorge lorsque ton sang s’y échappe, ponctionné avec une douceur acerbe par une créature pour qui ton intérêt n’a de cesse de croître.
Tu te sens bientôt légère, mais pas grossièrement à cause de toute l’essence de vie que tu viens de donner. C’est plus intense que cela, tout en ne l’étant pas. Tout est affaire de paradoxes avec la morsure et ce que tu apprécies le plus, c’est de ne pas y réfléchir et de simplement te laisser aller à ce ressenti charnel si singulier.

Ta tête tourne un peu mais tout de même bien moins que la fois précédente. Cette fois c’est supportable, et cette impression de légèreté ne semble pas tourner au vertige. Tu mets quelques instants encore à rouvrir les yeux, profitant encore de planer quelques secondes le temps qu’Elinor vienne prendre place à tes côtés. En ce moment, tu n’as pas envie de manger, tu n’as pas envie de parler, tu n’as pas envie de bouger. Seulement d’expérimenter cette perception altérée par l’anémie. Un sourire en appelant un autre, il s’en dessine un sur ton visage blême en écho à celui de la vampire qui, à ton opposé, a repris des couleurs.

« J’ai jamais joué de musique dans un état comme celui-là. Si ça vous chiffonne pas trop, je crois que j’aimerais essayer. »

D’autres questions à lui poser ? Vous savez toutes les deux qu’elles n’auraient pas plus de réponse que celles qu’elle a déjà données. Alors, sans un mot de plus, tu rouvres avec avidité le clapet emprisonnant le clavier élégant et, après un moment de réflexion à peine productif, places tes doigts fins sur les touches d’ébène et d’ivoire. Elle reconnaîtra certainement cet accord puisque c’est, à peu de choses près, tu n’es pas pianiste de formation, celui par lequel a débuté son dernier interlude mystérieux.
Une fois lancée de cette manière, tu vas perdre toute notion du temps et continuer à jouer avec elle jusqu’à ce que d’un commun accord, d’un simple regard et d’un signe de tête entendu, vous décidiez de sobrement vous arrêter. Tu la remercieras et dans un échange de regards et de sourires aux intentions à peine dissimulés, tu repartiras pour ton appartement avec la ferme envie de réitérer cette expérience et de la pousser encore plus loin.


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