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The Rains & the Willows • Evangeline

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ADMIN ۰ Se faire péter la vitrine : bien plus qu'un métier, une passion. Featuring : Dramaking
Eoghan Underwood
Eoghan Underwood
ADMIN ۰ Se faire péter la vitrine : bien plus qu'un métier, une passion. Featuring : Dramaking
⛤ SMALLTOWN BOY ⛤

The Rains & the Willows • Evangeline 1E5CfUE The Rains & the Willows • Evangeline AoZyjkn The Rains & the Willows • Evangeline BvRyGpi

"This is not the right way."

En un mot : Sorcier venimeux ondulé de la toiture. Gosse du bayou.
Qui es-tu ? :
"Let it spread like a disease."

⛤ Maître des arcanes, sorcier à l'essence écarlate. 37 ans de vice (et râles) et de chair corrompue. Manipulateur d'hormones, télépathe patenté.
⛤ Second, bras droit de Circé van derr Ven dans la secte de l'Irae. S'y démarque pour sa loyauté ciselée par les griffes de Morgan Leroy (missing). Mais les failles perlent.
⛤ Incube de Louisiane ; fils de ces terres marécageuses, du bayou poisseux et des routes cahoteuses. Né à Bâton-Rouge, n'a connu que Shreveport et les frontières de son État.
⛤ Né seul homme dans la famille des sorcières irlandaises Mulligan. Privé de père (tué) par la harpie noire : élevé par Sylia Mulligan, descendant du Rouge de sa grand-mère Julianna.
⛤ Cauchemar des femmes ; nourrit sa magie (Rougeoyante) des hormones sexuelles de ses partenaires, ainsi que des émotions primaires.
⛤ Traître à ses passions, criminel et meurtrier de Johanna Andros (missing). Pourfendeur d'amitiés, éternel débiteur, clébard soumis à ses attaches.
⛤ Ne vit que pour les Mardi-Gras de New Orleans ; caresse le rêve de s'y installer un jour dans son propre "shotgun", malgré le fantôme de Katrina.
⛤ Mystique, déchiré entre deux hommes : partagé entre le sorcier et l'humain, entre la sagesse et une ire destructrice. Le latin s'efface sans mal sous l'accent du Sud, coriace sous sa langue.
⛤ Commerçant du Downtown (Crawling life), antre de ses serpents vénérés, lézards et autres reptiles, dont il cède les corps, les soins et les cages de verre.
⛤ Pratique à l'arrière de sa boutique, dans un laboratoire farouchement défendu et protégé par les runes. Recèle secrets et savoirs, expérimentations douteuses et dangereuses.
⛤ Mauvais mentor. L'une de ses apprenties en a subi les conséquences. Guide de Morgane Wuntherson et d'Halina Meyer. Meilleur ami indigne de Vinzent Henkermann et cousin de Shannon Mulligan.
⛤ Pacte tissé avec Scox : Prince démon s'étant dissimulé derrière les brumes de Baal. Immortalité odieusement acquise, âme vouée à obéir et marcher aux côtés des Antiques.
38 ans d'âge réel ; 36 ans d'apparence.

⛤ ENAE VOLARE MEZZO ⛤

The Rains & the Willows • Evangeline KOVXegv The Rains & the Willows • Evangeline WZKlL7H The Rains & the Willows • Evangeline J8B1rxa

"I put a spell on you."

Facultés : ⛤ La Rougeoyante s'infiltre dans les corps et y bouleverse les hormones ; flèche apollonide : distille poison, fléau, mort, mais aussi fièvre rouge saphique. Chaos total.
⛤ Télépathe raisonnable : ne s'infiltre de préférence que dans les esprits des humains misérables. Capable de communiquer en pensée avec quiconque lui ouvre les grilles de son esprit. Savant fou ; capable désormais de connecter sa psyché aux êtres muets, cobras et crotales comme cobayes, corbeaux et autres créatures rampantes.
⛤ Herboriste né, sa maîtrise des potions n'a d'égale que celle de son mentor maternel. Capable d'élaborer des philtres complexes ; créateur infatigable de breuvages en tous genres.
⛤ La Rougeoyante se défend et protège son hôte plus férocement qu'elle n'attaque : limitée par la nécessité d'un contact physique. Sorcier doué au corps-à-corps, secondé par son aisance au maniement d'athamés et autres lames rituelles.
⛤ Chercheur d'artefacts, quémandé des Longue-Vies : détisseur de leurs malédictions et autres mauvais sorts.
Thème : The Way ⛤ Zack Hemsey.
The Rains & the Willows • Evangeline KL9jJO9
⛤ VENGEANCE ⛤

The Rains & the Willows • Evangeline ZfHtADc The Rains & the Willows • Evangeline Jq60QrG The Rains & the Willows • Evangeline MaP8TbX

"Before I die alone."

The Rains & the Willows • Evangeline GIeraGW
Pseudo : Nero
Célébrité : Ian Somerhalder.
Double compte : Sanford R. De Castro, Aliénor Bellovaque, Ian C. Calloway & Gautièr Montignac.
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Date d'inscription : 09/06/2017
Crédits : Lune noire (ava') ; Amiante (signa')
Mar 2 Fév - 5:33 (#)


A Choir of Ill Children.
Juin 2020.

Le tonnerre grondait depuis un moment, déjà. Il daignait prévenir les hommes happés par les bayous de son arrivée. Partez maintenant, ou regrettez votre imprudence plus tard. Lorsque les trombes d’eau s’abattirent sur les terres, personne ne fut donc surpris. Le coassement des batraciens ne pouvait presque plus s’entendre ni rivaliser face aux pluies diluviennes. À l’orée d’un été brûlant, lourd et moite, l’averse ne soulagerait qu’à peine les locaux des températures terribles que leur organisme était de toute façon habitué à supporter. Les pêcheurs encore sur l’eau se hâtèrent de revenir à bon port, et on entendit bientôt, du côté des rives habitées, les mères inquiètes rappeler leur morveux trop intrépides. On n’avait pas oublié, l’an passé. La surveillance à l’égard des rejetons s’était renforcée – parfois excessive, jugeaient les vieux du cru. Les pères, eux, fermaient les yeux. Ils n’avoueraient jamais préférer voir leur femme se changer en chien de garde, en oiseau de mauvais augure, plutôt que de revivre les recherches vaines, l’enterrement dramatique.
Les insectes poursuivaient leurs plaintes, ainsi que les grenouilles et les crapauds noyés. Quant aux aigrettes, grincheuses et se réfugiant sous leurs abris de fortune, leurs cris tentaient eux aussi de se frayer un chemin, derrière le rideau de tempête à venir. Il ne ferait pas bon s’attarder là trop tard dans la nuit. Il n’était que cinq heures de l’après-midi, et cependant le monde semblait plongé dans un univers monochrome : peint de gris, en couches plus ou moins claires, plus ou moins inquiétantes. Même les teintes verdâtres de la végétation riche et nourrie s’affadissaient, jusqu’à ce que tout se confonde dans une bouillasse sans nom, et au sein de laquelle les semelles s’enfonçaient profondément. Tandis que sur leur flanc gauche, les lentilles d’eau tremblotaient frénétiquement sous le poids des gouttes énormes, tandis que l’eau de la rivière avait perdu de son flegme habituel et voyait ses hanches gonfler rapidement, un homme et un adolescent remontaient une piste discrète. Le chemin à peine dégagé signifiait que quelqu’un en remontait régulièrement le cours. Toutefois, un œil non-averti aurait aisément pu confondre ce frêle sentier avec le dessin hasardeux des pousses qui s’y étaient implantées de part et d’autre.

Eoghan suivait le gosse de quinze ans, aux traits déjà durs mais encore juvéniles. À sa demande, il le guidait vers une baraque retapée depuis quelque temps déjà. Pas assez toutefois pour étonner le sorcier de ne pas en connaître encore la propriétaire. Elle devait faire partie des derniers installés dans le bayou, et il n’y avait que les plus proches « voisins » de l’habitation qui auraient pu deviner l’arrivée d’une nouvelle venue. Il avait amarré sa pirogue en sûreté pour prévenir de la crue à venir, et avait emporté son sac en bandoulière, contenant sa cueillette habituelle ainsi que quelques armes. L’eau dévalait le long de ses bras nus, tiède, et il savourait chaque pas malgré sa vue troublée, les mèches sombres trempées plaquées contre son front et sa nuque, ainsi que la sensation désagréable de ses vêtements humides frottant à chaque mouvement. Une habitude à prendre. Un moment de communion supplémentaire avec le South. Il s’y confrontait plus souvent qu’avant, ne cherchait plus à suivre les chemins les plus courts, les plus abordables. Le mois de janvier avait laissé des traces, et ses pérégrinations désespérées aussi. Il avait compris que si les marais avaient voulu le tuer cette nuit-là, alors ils y seraient parvenus sans effort. Ça n’avait pas été le cas. Sans orgueil, mais avec une détermination décuplée, l’arcaniste s’était alors refusé à tourner le dos à ce qu’il considérait être son foyer, aussi sûrement que Dalzell Street. L’averse ne l’aurait jamais découragé. Il redressa la tête, et tomba sur la vue d’une maison joliment aménagée, depuis l'extérieur. La présence d’une femme en ces lieux était évidente. Ils durent élever la voix pour se faire entendre au milieu du vacarme.

« C’est là qu’elle habite. » Eoghan observa les murs, le toit, acquiesçant vaguement. « Tu lui as déjà parlé ? » Le petit secoua la tête. « Nah, j’ai jamais trop osé. J’crois… J’crois elle est… » Surpris d’une telle hésitation, il tourna la tête vers lui, patient. Visiblement mal à l’aise – bien plus à l’idée de poser des mots sur la question que par son visage ruisselant – , la bouche du gosse se tordit en une moue boudeuse, rechignant : « … elle m’fait peur à moi. On dirait une sorcière. Y’a des anciens qui disent ça. Qu’y a qu’une sorcière pour vivre toute seule ici. » Il tiqua, mais n’en montra rien, conservant une expression inamovible. « Je vois. » Ses prunelles filèrent de nouveau en direction de la demeure modeste. Derrière les fenêtres au verre poussiéreux, aucune lumière, aucun signe de vie. « On dirait qu’y’a personne. » Le mioche fronça les sourcils. « M’sieur Underwood, v’z’êtes sûr qu’vous v’lez lui parler ? Ça vous fait pas peur à vous ? » Il sourit, un peu attendri, n’osant imaginer ce que penserait le red-neck en devenir, s’il savait pour lui. Les boucles brunes détrempées du fils d’un pêcheur du coin gouttaient sans discontinuer, et il reconnut la lueur qui brillait dans le regard de son jeune guide. Cette même dureté, teintée de gravité. Une gravité que ne possédaient pas les enfants grandissant à la ville. « Ça ira, p’tit. J’vais pas la déranger longtemps. Maint’nant qu’tu m’as montré l’chemin, j’pourrai m’débrouiller plus tard. »
« Vous cherchez quoi ? » Un nouveau sourire, louant cette fois sa curiosité, son absence de retenue, qu’il appréciait plus qu’elle ne le dérangeait. Il trouvait le contraire bien plus inquiétant et dommageable. A son âge, il aurait demandé la même chose. « Quelqu’un. Quelqu’un qu’j’arrive pas à trouver. J’ai d’jà d’mandé à ton père, aux autres… peuvent pas m’aider. » Il raffermit sa prise sur la lanière de son sac, la remonta un peu plus haut sur son épaule et poussa un soupir, déçu de devoir remettre son interrogatoire à un autre jour. Les intempéries l’incitaient tout autant à faire demi-tour, mais il aurait voulu ne pas avoir à attendre encore. « T’connais pas son nom tu m’as dit, mais elle ressemble à quoi ? »
« L’est blonde, j’crois. Mince. Doit avoir vot’âge à peu près. Pis elle boîte. »
« Elle boîte ? »
L’adolescent hocha la tête. Eoghan renifla, aspira une bouffée d’air surchargé d’humidité et aux odeurs puissantes montant des plantes environnantes, puis acquiesça pour la dernière fois. Il s’apprêtait à le remercier, quand le gamin reprit : « C’pas normal qu’elle soit pas là. Quand j’rentre le soir et qu’il tombe c’qu’y tombe, elle rentre. Pis vu comment elle marche, c’pas ben sûr qu’elle soit dehors, par c’temps. » L’inquiétude qu’il dégageait était réelle. Cependant, au-delà du physique et de l’aura mystique que dégageait cette éventuelle Éveillée à laquelle le local aurait été sensible, une préoccupation bien plus précise semblait à l’origine de son trouble. Par instinct, le sorcier fit le vide quelques instants, et son esprit se projeta du côté du sien. Il n’eut aucun mal à tourner autour de ses défenses inexistantes, fit tout pour ne pas se faire sentir. Quelques visages aux contours flous, aux traits abscons. Un nom qui planait. Une menace palpable, sourde. Bien plus dangereuse que la pluie. « À quoi tu penses, kiddo ? »
« À rien… C’con, je… »
« Parle. » L’urgence dans la voix d’Underwood fit taire ses dernières réticences. « Bah… Y’a qu’les Duvalle… Ils r’commencent. Ils sont sortis y’a quelqu’mois. Sont r’venus dans le coin pis y r’commencent. » Les lèvres d’Eoghan se pincèrent. « Mike et Lewis ? » Hochement de tête.

Un dilemme s’établit rapidement en pensée. Il n’était pas là pour sauver la peau de qui que ce soit, et encore moins pour émettre des statistiques, des probabilités en matière d’accident. Cependant, comme tous ceux qui connaissaient les Duvalle, il était certains avertissements à ne pas mettre de côté. Le tumulte ambiant les domina quelques secondes. « J’vais… J’vais voir, d’accord ? J’vais tourner dans l’coin. J’vais la ram’ner. Et j’lui dirai qu’tu t’es fait du mouron pour elle. Rentre, maintenant. Merci. Et r’mercie aussi fort tes parents, pour moi. J’passerai les voir à l’occasion. » Le fils de pêcheur étira faiblement la commissure de ses lèvres et s’écarta, non sans avoir lancé une dernière fois : « Faites gaffe à vous, M’sieur. Faites gaffe, hein… »
Il le rassura d’un clin d’œil et d’une voix chaude, masquant sans mal la tension qui avait envahi ses membres : « T’inquiète pas. Ça ira. »
Il effleura du bout des doigts le bois de plus en plus gonflé par la pluie puis décida de s’enfoncer plus avant dans les terres, s’éloignant de la rivière en restant à l’affût, se fondant dans l’ombre du bayou.



Les Duvalle étaient en effet bien connus dans la région.
Lorsqu’un crime particulièrement innommable s’abattait sur ce coin reculé de Louisiane, les commentaires revenaient souvent à l’identique, car systématiques. « Imprévisible. » Mais pas cette fois. Tout le monde savait, alors, que cette famille rendue maudite par le sort, d’aussi loin qu’on puisse s’en rappeler, n’avait jamais suscité autre chose que l’effroi, la haine et l’horreur. Tout le monde savait que « ça finirait mal ». Parmi les plus célèbres de cette fameuse descendance, les frères Duvalle. Ils étaient trois, mais c’était surtout Mike et Lewis que l’on connaissait le plus. Tueurs de paix, insensibles à toute notion de respectabilité, ils étaient deux bêtes monstrueuses bien plus redoutées que n’importe quelle créature appartenant au bestiaire du surnaturel. Certains pratiquants auraient peut-être même pu, peut-être, s’étonner de ne pas avoir affaire là à des spécimens relevant d’une autre espèce. Ni hommes, ni goules, ni zombies, ni golems. Non. Autre chose. Fils de ferrailleurs, récupérant les bagnoles bonnes à jeter, tout ce qui pouvait s’apparenter au métal, à la revente, au trafic, leur grande casse était aménagée à mi-chemin entre les bois sauvages et les premières habitations à distance de la ville. Une porcherie dont beaucoup ne pouvaient que s’imaginer la réelle étendue de crasse, de misère et de pauvreté qui y prédominait. Mike et Lewis savaient à peine lire et écrire, déscolarisés très jeunes, et ne disposant pas du moindre diplôme ; pas même du permis de conduire. Ils ne devaient leur survie pendant l'enfance qu’à un instinct particulièrement prononcé – animal – leur ayant permis de surmonter les coups d’un père alcoolique notoire, Lewis senior, qu’ils fuyaient en dormant à même l’étable, le simulacre de « jardin », sur un tas de chiffons ou bien à même la terre battue. La débrouille comme code moral, et leurs pulsions pour unique loi. En grandissant, en devenant ces êtres frustres à la carrure d’ursidés, c’était lui qu’ils avaient fini par cogner, au point d’envoyer « le vieux » dans le dispensaire miteux le plus proche régulièrement, faute de pouvoir lui payer des frais médicaux décents.
Entre déni et victimisation, une femme était bel et bien responsable de leur nature monstrueuse : leur mère, incestueuse et pousse-au-crime, défendant vaille que vaille sa progéniture maudite.
Autour de leur terrain, ce n’était donc que détritus, que matériel hors d’usage, que fumée de pneus brûlés jusqu’à pas d’heure, de mauvais coups pour les rares malheureux inconscients de s’aventurer sur leur territoire. Le shérif ne venait plus tenter de régir ce chaos depuis longtemps. Les autorités avaient baissé les bras, conscientes que rien ne délogerait cette verrue de l’écrin de nature déboisé à leur profit. Même les services sociaux, et plus encore à l’époque, n’avaient rien pu faire contre un tel entêtement ensauvagé. Pourtant, il ne se passait pas une semaine sans que Jane Duvalle ne gagne le bureau de poste le plus proche pour récupérer le chèque que l’aide sociale lui confiait. De nos jours, Mike et Lewis ne vivaient plus sur le terrain, lui préférant les abords de Mooringsport, mais ils revenaient chaque jour aider Luke, leur aîné, et la mère, pour continuer le « travail ». Aux rumeurs se disputaient les faits. Parmi ces derniers, on pouvait mentionner notamment les treize grossesses de Jane Duvalle au cours de sa vie, et l’enlèvement par les services sociaux de ses neufs premiers gosses : élevés dans la saleté, les entrailles pourries par les vers, laissés à dormir au milieu des bêtes, des parents à proximité, lorsque Lewis Duvalle senior en avait fini de se pochtronner après les quelques heures passées à l’usine. Ce n’était que depuis les années soixante-dix que l’eau courante et l’électricité avaient fait leur apparition dans le nid, ancré de plus en plus profondément dans le South. Tout le monde savait que Lewis senior était fou, qu’il avait effectué des séjours dans des « maisons de repos », que Luke, Lewis junior et Mike n’avaient pu demeurer là qu’en raison de l’accouchement anonyme de Jane Duvalle, et qu’une petite fille, Mary, était morte en bas âge. Suite à un accident de travail, Lewis senior avait perdu une jambe, et délégué de fait l’organisation de ce ménage de l’horreur à Jane : dure à la tâche, autoritaire, s’occupant de tout à l’exception du nettoiement de l’abri et de l’éducation de ses fils, seules créatures capables de susciter un amour fusionnel, véritable, bien que malsain.

Les premiers dérapages avaient commencé en 1994. Les trois frères, déjà intenables. Jetant des pierres, se battant au couteau, soupçonnés du moindre larcin dans les environs.
Lewis avait été placé un temps, à l’adolescence, dans un dispensaire médico-pédagogique du même acabit que celui de son paternel, avant de retrouver sa mère à la ferraille. Aucune prétendante dans son giron, toutes effrayées par sa tronche de bagnard, déformé et bigleux. Sa mère se dévoua sans mal à soulager ses désirs d’homme. A vingt-trois ans, il entreprit de semer derrière lui plusieurs femmes traumatisées, victimes de ses agressions à visage couvert. Les époux des locales en vinrent à organiser des rondes de nuit, jusque dans les marais ; début d’une psychose qui ne cesserait plus. Deux séjours en prison pour des attentats à la pudeur avec violence, puis un viol en 2010, couronnèrent ce palmarès terrifiant. Il sortit de ses allées et venues en taule après avoir bénéficié de plusieurs remises de peine exactement dans le même état psychiatrique que lorsqu’il y était entré. Il y retrouva ferraille, remorque, et une amie, jeune débile légère, ainsi que la promesse d’embauches dans les chantiers à venir de Shreveport.
Mike, lui, s’était érigé en un chef de clan. Il avait volé un fusil de chasse à l’âge de dix ans, savait dérober argent et matériel comme personne, et avait maintes fois fugué des divers foyers où il avait parfois séjourné. Sa carrière criminelle avait commencé tôt. A seize ans, il avait été inculpé pour le viol d’une fille de treize ans, et soupçonné d’avoir tué sa petite amie de l’époque, Tanya, étranglée à mort. Il sortit de prison sept ans plus tard et rencontra Kathlynn, parenthèse que devait interrompre d'autres passages derrière les barreaux, pour divers délits. De leur amour naquit rapidement la mort ; une petite fille, morte de méningite.  
Quant à Luke, il s’était marié, et avait engendré une ribambelle de mioches : cinq au total.

Alors oui, on savait.
On savait que tout aurait pu être évité, si l’on avait séparé les frères Duvalle de leur mère dès l’enfance, comme il en avait été ainsi pour les autres. Tous les flics, les assistantes sociales, les acteurs judiciaires et les membres des administrations du comté connaissaient les Duvalle. Cependant, aucun signe de maltraitance assez prononcé n’aurait pu conduire à prendre une telle décision. Les « enfants » Duvalle n’étaient pas en danger, hier pas plus qu’aujourd’hui. Ils constituaient simplement un danger de mort pour les autres. Mais qui pouvait le prédire ?



•••


Les deux frères chassaient, ce soir-là.
Comme le vent, la pluie et l’orage agitaient souvent le cœur des enfants, la tête des malades, ils avaient été poussés à s’éloigner du monde des hommes pour gagner celui de la rivière.
Les deux frères chassaient, mais pas l’opossum, et encore moins l’alligator.
Leur masse inquiétante, leur silence et les grognements parfois poussés par Mike lorsqu’une branche le gênait, que son pied menaçait de glisser, se mêlaient avec une harmonie inquiétante à cette nature qui les avait en partie façonnés. En apparence, ils étaient en route pour repérer une épave de voiture à l’abandon, à demi-immergée. En apparence, rien ne les désignait prédateurs. Mais ils ne traînaient pas dans le coin par hasard. La présence d’une femme isolée à quelques kilomètres de leur repaire avait fini par remonter jusqu’à leurs oreilles. Ils avaient tenu, un moment. Grâce à leur femme, aux gosses, à la mère. Ils avaient tenu, mais les démons étaient revenus siffler au creux de leur tympan, mélopée prometteuse de sacrifices : cous tordus, reins crucifiés, sexes explorés, seins empoignés, peau griffée, joue giflée.

Corps enterrés.
Vivantes ou non.

Indifférents à l’orage, ne craignant ni faune ni flore, ils avançaient, explorant, traçant la piste de la « boîteuse » ; ça c'était un coup de chance. Elle courrait moins vite en cas de pépin.
Oui. Ils l’enterreraient, elle aussi.
Vivante ou non.
Après lui avoir fait subir le martyre, après avoir purgé toute l’énergie mauvaise que de tels corps peuvent abriter, sans qu’aucune magie, aucun mystère n’en soient à l’origine. La dépravation sans fondement, juste là, incrustée sous la peau comme des tiques qu’on arracherait en vain, des chiques creusant loin dans la chair, prêtes à pondre.

Ce fut Lewis qui la repéra en premier.
Lewis qui posa les yeux sur la silhouette d’Evangeline O’Callaghan.
Lewis qui imagina aussitôt de quelle manière il la ferait crier.

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Louisiana Burning

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Anonymous
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Jeu 4 Fév - 22:21 (#)



Le clapotis de la pluie résonne autour de toi, indifférente à l'eau qui trempe ta chevelure et tes vêtements. Depuis combien de temps erres-tu dans le bayou ? Une heure ? Une minute ? Un jour ? Tu as perdu la notion du temps depuis que, rendue malade par la ville à en vomir tes entrailles, tu t'es réfugiée sur ces terres, seules capables de te soulager. Tu ne comprends pas. Ton corps tout entier semble se rebeller à l'idée de quitter son refuge, ton esprit se perd dans les méandres de la terre et tu n'es plus vraiment... toi. Tu ne comprends plus. Tu te surprends à quitter ta demeure antique au cœur de la nuit, tu te réveilles pieds nus dans la terre, blottie contre le tronc d'un arbre, l'herbe poussant déjà contre ton flanc. Tu sors brutalement de tes songes éveillés pour découvrir que tes pas t'ont menée ailleurs, ou bien que tu t'es abimée dans la contemplation d'un cristal pendant toute une journée. La terre t'envahit, te dévore et tu te jettes dans sa gueule, incapable de résister à l'appel. Le souhaites-tu vraiment ? Pourquoi résister à ce que tu désires ? Tu n'en as pas le courage. Il est si facile de s'oublier, de n'être plus que le canal d'un tout bien plus puissant que toi. Tu es faible. Tes yeux papillonnent, encore endormis et tu observes mollement ton environnement, à peine étonnée de ne plus être attablée à ton bureau où quelques heures encore, tu enchâssais soigneusement une cornaline dans un écrin de bois et de métal. Appelée par l’extérieur et la terre, tu t’es encore éloignée de chez toi pour te retrouver sur un chemin que tu ne foules pas d’ordinaire. Autour de toi des arbres tordus et vieillissants, une végétation dense et un relief traître. Une seconde d’inattention te jette au sol et t’arrache un chapelet de jurons qui t’aurait valu une litanie scandalisée de Granny O’Callaghan. A plat ventre dans la boue, tu grimaces et tentes de te redresser avant de pousser un couinement de douleur. Foutue jambe. Tu as l’impression d’avoir vieilli de cent ans, au moins. Ah tu as l’air maligne ainsi affalée, les paumes et la joue maculées de terre. Le coton détrempé de tes vêtements te colle à la peau et tu frissonnes. Peut-être que se laisser aller ainsi à ses penchants n’était pas une si bonne idée que cela.

C’était devenu une sale habitude, une foutue addiction dans laquelle tu te vautres avec complaisance, te servant de ton isolement comme d’une béquille pour toujours replonger, encore plus loin, dans ta folie végétale, au doux parfum d’humus et de pourriture. Tu pourrais rester là après tout. Ecouter la tempête et peut-être, avec un peu de chance, te noyer. Ton corps serait alors rejeté sur la berge puis dévoré par la faune locale. Tes os blanchiraient puis bientôt tu ne serais plus rien. Cette pensée habituelle te réconforte à nouveau alors que tu arrives à te mettre à genoux, puis enfin debout en t’accrochant au tronc d’un arbre. Nouvelle grimace. La douleur est là, éclatante, fulgurante. Comme un brasier né de braises cachées sous la cendre. Eveillée et dévorante. Tu retombes sur le sol, tu gémis, vaincue si facilement, comme d’habitude. Tu es faible Evy. Lamentable. La petite voix mesquine chuchote à ton oreille complaisante et tu ne peux que l’écouter, dégoulinante de pluie et de boue, perdue tu ne sais trop où. Est-ce que tu vas rester là ? As-tu vraiment le choix ? Si tu avais davantage de volonté, tu n’en serais pas là. A nouveau tu t’accroches à cet arbre tordu, levant les yeux au ciel en serrant les dents. Tu dois au moins réussir à te mettre debout. Tu n’es plus une gamine Evy, tu es seule et tu dois te débrouiller. Seule. Tu préfères ça plutôt que le regard plein de pitié que ta carcasse misérable fait naître chez les gens qui te croisent. Toi ce n’est pas de la pitié que tu veux. Qu’est ce que tu en as à faire qu’on te plaigne ? Tu préfèrerais qu’on te rendre ta jambe, ta vie d’avant. Pas cette peau marbrée de cicatrices qui pulsent parfois de douleur, te rappelant ce soir terrifiant où tout s’est arrêté. Toi, tu aimerais être l’Evy d’avant, celle qui fonçait, qui ne regardait pas en arrière. Qui vivait sa vie et ne se laissait pas posséder par la terre pour ne pas affronter sa propre lâcheté. Celle qui riait. Celle qui avait le contrôle sur sa foutue existence. Pas cette créature lamentable, incapable de se battre et qui ne rêvait que d’une chose : le moment où sa vie prendrait fin et où elle pourrirait sereinement dans le berceau de terre et de roche qu’elle s’était choisi, pour retourner à l’essentiel, laissant sa conscience se fondre dans celle d’un organisme complexe et merveilleux, tellement plus important qu’elle. Tellement plus important que tout.

« Elle est perdue la p’tite dame ? » Tu te figes, le regard soudain effrayé, te rappelant brusquement que tu n’es qu’une proie facile. Réflexe étrange que tu n’as que face à tes semblables, alors que la vue même d’un alligator te fait à peine ciller. Réflexe ancré dans ta chair de la plus douloureuse des façons, tu fixes les deux intrus à ton monde s’approcher de toi. Perdue dans tes pensées, tu ne les as pas entendu approcher, pas vus. Ton cœur rate un battement puis s’emballe, comme à chaque fois, comme celui d’une souris face à un chat. Peu importe leurs intentions, ce qu’ils sont suffit à réveiller la terreur endormie au plus profond de toi. Incapable de parler, tu secoues négativement la tête, amorçant un pas de recul. « Faut pas rester là ma jolie, y’a de drôles d’gens qui traînent dans l’coin, pas vrai Mike ? » Le ricanement de son compagnon te tétanise et tu t’arrêtes de respirer. Un ricanement mauvais, annonciateur de choses que tu ne connais que trop bien. Tu dois fuir. Tu ignores la douleur qui se répand dans ta jambe et recule encore, ne les quittant pas des yeux, dans un vain début de fuite, course de lenteur ridicule dans laquelle tu veux désespérément te lancer. « Elle sait pas parler la p’tite dame ? » Mike, tu crois que c’est comme ça qu’il s’appelle, rit à nouveau. La nausée te prend à la gorge et tu luttes pour ne pas t’effondrer. « Oh t’en fais pas, j’vais t’la faire crier moi. » Tes yeux s’écarquillent d’effroi et enfin tu leur tournes le dos pour tenter de t’enfuir vers… tu ne sais même pas vers où. Tu ne fais que quelques pas maladroits, comme un faon à peine né, avant que le choc d’une crosse de fusil te percute dans le dos, expulsant brutalement l’air de ta poitrine et te jetant à terre. Tu te retournes, paniquée, tes ongles griffant la terre, juste assez rapidement pour voir les deux hommes se jeter sur toi afin de t’immobiliser.

Ton corps meurtri s'enfonçant dans la boue, des mains dotées de griffes maltraitant ton épiderme, tu veux hurler mais n'y parviens pas. Trop de mains, partout. Tu revois le visage tordu et rendu fou par la colère de Seamus, cette expression folle et mauvaise dans ses yeux alors que les coups s'abattaient et que son arme, pointée sur toi, scellait ton destin. Au visage des deux démons se superpose celui de ton monstre, celui qui continue de vivre à l'intérieur de ta tête et de ton corps et qui t'empêche de te redresser. Celui qui t'a tuée. Il est à nouveau vivant, il est deux, il te tient. Et pourtant, alors que la terreur te paralyse et t'immobilise plus que ne le font les doigts enserrant tes poignets, ta poitrine se gonfle, comme une vague prête à déferler. La terre en contact avec ta peau t'envahi, l'énergie de ta mère coule dans tes veines et tes iris affolés virent du bleu au vert, à l'orage. Le cri qui s'échappe alors de ta bouche n'est pas le tien, hurlement inhumain qui perce la tempête qui s'agite autour de vous, clameur qui un instant semble figer la nature autour de vous. Tes assaillants eux aussi se figent, frappés de mutisme. Car ce cri qui ne s'arrête pas, ce cri terrible qui s'échappe de ta - non - de votre bouche, te transforme soudain en quelque chose de différent à leurs yeux qu'une victime facile. Tu n'es plus Evangeline, plus seulement. Vous êtes. Et alors que vous reposez dans un berceau boueux, votre appel semble déchainer, réveiller le bayou jusqu'alors rendu muet par la tourmente. Les oiseaux jusqu'alors blottis dans les branches pour échapper à la pluie s'envolent en une nuée affolée, le sifflement d'alligators proches de vous se fait grondements et éclaboussures, des insectes remontent à la surface et s'éparpillent autour de votre corps malmené. Larves et vers s'agitent frénétiquement sous le regard frappé d'horreur des rednecks tandis que les brins d'herbe se courbent pour recouvrir votre corps raidi par l'appel. Tu n'es plus Evangeline. Tu es quelque chose d'autre. Vous êtes autre chose. Les bracelets d'argent à vos poignets se tordent comme des serpents en colère, se dressent prêts à mordre. « Sorcière ! » Le mot résonne comme une insulte mais vous continuez de hurler, vos deux voix se mêlant en un chant empli de peur et de colère. Les clameurs semblent être multiples, comme si les spectres des victimes malheureuses se joignaient à votre ire. Tu le sens, vous le sentez, le chant des femmes battues, humiliées, brisées. Tuées. La douleur t'étreint et votre corps se tord alors que l'argent qui vous orne se dresse et s'aiguise, que les pierres jusqu'alors enchâssées rayonnent désormais d'énergie dont votre enveloppe se nourrit avidement. Ton regard émeraude tourné vers le ciel, tu n'es plus Evangeline. Sorcière. Tu es la treizième du coven. Sorcière. Tu es la terre. Sorcière. Vous êtes les femmes qui défient les hommes. Et même le bruit d’un fusil qu’on arme ne t’empêche pas de hurler encore. Et même les mains qui se posent sur ton cou n’arrêtent pas la litanie vengeresse qui s’échappe de ta gorge. Pour le moment.

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ADMIN ۰ Se faire péter la vitrine : bien plus qu'un métier, une passion. Featuring : Dramaking
Eoghan Underwood
Eoghan Underwood
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⛤ SMALLTOWN BOY ⛤

The Rains & the Willows • Evangeline 1E5CfUE The Rains & the Willows • Evangeline AoZyjkn The Rains & the Willows • Evangeline BvRyGpi

"This is not the right way."

En un mot : Sorcier venimeux ondulé de la toiture. Gosse du bayou.
Qui es-tu ? :
"Let it spread like a disease."

⛤ Maître des arcanes, sorcier à l'essence écarlate. 37 ans de vice (et râles) et de chair corrompue. Manipulateur d'hormones, télépathe patenté.
⛤ Second, bras droit de Circé van derr Ven dans la secte de l'Irae. S'y démarque pour sa loyauté ciselée par les griffes de Morgan Leroy (missing). Mais les failles perlent.
⛤ Incube de Louisiane ; fils de ces terres marécageuses, du bayou poisseux et des routes cahoteuses. Né à Bâton-Rouge, n'a connu que Shreveport et les frontières de son État.
⛤ Né seul homme dans la famille des sorcières irlandaises Mulligan. Privé de père (tué) par la harpie noire : élevé par Sylia Mulligan, descendant du Rouge de sa grand-mère Julianna.
⛤ Cauchemar des femmes ; nourrit sa magie (Rougeoyante) des hormones sexuelles de ses partenaires, ainsi que des émotions primaires.
⛤ Traître à ses passions, criminel et meurtrier de Johanna Andros (missing). Pourfendeur d'amitiés, éternel débiteur, clébard soumis à ses attaches.
⛤ Ne vit que pour les Mardi-Gras de New Orleans ; caresse le rêve de s'y installer un jour dans son propre "shotgun", malgré le fantôme de Katrina.
⛤ Mystique, déchiré entre deux hommes : partagé entre le sorcier et l'humain, entre la sagesse et une ire destructrice. Le latin s'efface sans mal sous l'accent du Sud, coriace sous sa langue.
⛤ Commerçant du Downtown (Crawling life), antre de ses serpents vénérés, lézards et autres reptiles, dont il cède les corps, les soins et les cages de verre.
⛤ Pratique à l'arrière de sa boutique, dans un laboratoire farouchement défendu et protégé par les runes. Recèle secrets et savoirs, expérimentations douteuses et dangereuses.
⛤ Mauvais mentor. L'une de ses apprenties en a subi les conséquences. Guide de Morgane Wuntherson et d'Halina Meyer. Meilleur ami indigne de Vinzent Henkermann et cousin de Shannon Mulligan.
⛤ Pacte tissé avec Scox : Prince démon s'étant dissimulé derrière les brumes de Baal. Immortalité odieusement acquise, âme vouée à obéir et marcher aux côtés des Antiques.
38 ans d'âge réel ; 36 ans d'apparence.

⛤ ENAE VOLARE MEZZO ⛤

The Rains & the Willows • Evangeline KOVXegv The Rains & the Willows • Evangeline WZKlL7H The Rains & the Willows • Evangeline J8B1rxa

"I put a spell on you."

Facultés : ⛤ La Rougeoyante s'infiltre dans les corps et y bouleverse les hormones ; flèche apollonide : distille poison, fléau, mort, mais aussi fièvre rouge saphique. Chaos total.
⛤ Télépathe raisonnable : ne s'infiltre de préférence que dans les esprits des humains misérables. Capable de communiquer en pensée avec quiconque lui ouvre les grilles de son esprit. Savant fou ; capable désormais de connecter sa psyché aux êtres muets, cobras et crotales comme cobayes, corbeaux et autres créatures rampantes.
⛤ Herboriste né, sa maîtrise des potions n'a d'égale que celle de son mentor maternel. Capable d'élaborer des philtres complexes ; créateur infatigable de breuvages en tous genres.
⛤ La Rougeoyante se défend et protège son hôte plus férocement qu'elle n'attaque : limitée par la nécessité d'un contact physique. Sorcier doué au corps-à-corps, secondé par son aisance au maniement d'athamés et autres lames rituelles.
⛤ Chercheur d'artefacts, quémandé des Longue-Vies : détisseur de leurs malédictions et autres mauvais sorts.
Thème : The Way ⛤ Zack Hemsey.
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⛤ VENGEANCE ⛤

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"Before I die alone."

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Dim 7 Fév - 2:13 (#)


A Choir of Ill Children.
Le vent forcissait. Il s’enfonça davantage dans la profondeur des bois, s’abritant derrière les troncs, derrière la masse végétale qui, si elle pouvait parfois rendre plus laborieuse les pérégrinations, ne le découragèrent non seulement pas, mais épongeait pour lui une partie de l’eau noyant les marais. Les sourcils froncés en permanence pour se protéger un minimum, ses paupières ne cessaient de papillonner, chassant la pluie cherchant à noyer ses orbites. La lanière de son sac, qu’il maintenait toujours et dont le contenant battait sempiternellement contre sa hanche, demeurait glissante sous sa paume, son poing fermé. Il déglutissait, la gorge sèche de l’énergie coûteuse dépensée à errer, dangereusement, vérifiant qu’aux abords de la maison abandonnée, sa propriétaire ne se trouvait pas en difficulté. Il repoussa vers l’arrière sa tignasse sombre, dévoilant son front légèrement hâlé par la saison. Sous son jean, de plus en plus imbibé, ses cuisses souffraient des démangeaisons chaudes, nerveuses ; celles qui agitaient tout marcheur produisant un effort dantesque, ses muscles dérangés par l’humidité omniprésente et le frottement désagréable du tissu. Pourtant, il continua. En tête, il ne cessait de revoir les photos perturbantes des deux frères Duvalle, qui avaient fuité dans la presse et les journaux télévisés locaux à plusieurs reprises. Leur force herculéenne avait de quoi mettre en danger n’importe qui, y compris une prétendue sorcière. Elle était seule. Eux, sans doute armés. Même une Éveillée risquait gros, entre les pattes de brutes pareilles, et cette angoisse sourde que lui avait transmis le gamin ne le quittait pas. C’était elle qui l’empêchait de tourner les talons pour rejoindre son canot avant que la crue n’en rende l’accès quasi-impossible. Elle, qui le poussait à persévérer, à s’assurer, tant qu’un peu de jour persistait, qu’un drame ne s’était pas produit. Son entreprise tendait à rire, et plutôt jaune même. L’inconnue pouvait se trouver à des kilomètres de là, et pourquoi pas en ville ? Peut-être connaissait-elle des relations à Shreveport ? Peut-être avait-elle deviné que le temps rendrait son séjour habituel dans le bayou plus pénible qu’à l’ordinaire, et qu’elle était retournée se blottir dans les bras d’une civilisation plus si haïe, en de tels climats ? Peut-être déambulait-il ici pour rien ? Le souffle court, il serra les dents, étrangement enhardi par la pluie tiède, qui bientôt deviendrait froide avec la nuit tombée. Non. Il savait qu’il devait rester. Il savait également ce qui le poussait à avancer encore. Ce n’était pas uniquement dû à l’empathie surprenante d’un gosse élevé à la dure dans les dernières communautés précaires à vivre dans les parages. Non. L’entreprise comportait bien évidemment sa part d’égoïsme et d’intérêt, même généreux. Il poursuivait son œuvre, tentait déjà de réparer son âme scindée en deux, déjà noircie, rapiécée mille fois car tailladée par la secte, par sa famille, par lui-même. Il avait beaucoup à se faire pardonner. La vraie épiphanie se déroulait depuis quelques semaines, et ne constituait pas, cette fois, en la prétendue apparition d’un faux dieu sur un toit fait d’illusions.

Et il n’avait pas besoin de s’assurer que l’inconnue était bel et bien une arcaniste pour cela.

Il prit la direction du sud, s’éloignant toujours, s’entêtant, écartant sans ménagement les branches et broussailles ripant contre les pans de la veste légère, qu’il avait fini par enfiler, les températures chutant. Mû par des mouvements d’épaules impatients lorsque la piste se compliquait, il continuait d’avancer, scrutant la moindre tâche de couleur, tout détail capable de le guider. Traqueur, suivant une piste invisible, peut-être constituée en des bribes d’énergie semés çà et là, et qui lui permettraient de remonter jusqu’à elle. Il ne s’agissait pas d’une décision rationnelle. À ce stade, quelque chose d’autre s’était emparé de lui, de sa volonté. Elle donnait de la puissance à ses jambes habituées à fouler ce sol boueux, ingrat et putride, donnait du courage à l’homme qui n’avait pourtant pas besoin de revivre un énième traumatisme, perdu dans cette nature impitoyable.

Avance.
Marche.
Continue.


Ni voix, ni murmure, ni délire.
Juste une conviction induite par tant de signaux, tant de crépitements dans cette atmosphère de fin du monde, que tout autre fils du Grand Tout aurait répondu aussitôt, instinctivement, à ce commandement impossible à ignorer. Lui tourner le dos aurait non seulement relevé de l’exploit, mais également du sacrilège, du blasphème, du non-respect de la vie qu’il avait, déjà à plusieurs reprises, souillé de préceptes qui n’étaient alors même pas les siens.

« Aide-moi… » Pour la première fois depuis des mois, le paladin osa effleurer les contours de sa foi abattue. Le chevaucheur de nuées était là. Partout. Au-dessus de sa tête, autour de lui, en lui, créant l’averse, annonciateur de la tempête qui ne manquerait pas de gagner en intensité.

Ses tripes se tordirent, et il accéléra l’allure. Bientôt, il se mit à progresser avec une hâte surnaturelle, obsédé par l’idée d’éviter racines, creux de tourbe, lianes fourbes, branches pointues, nids divers. Une danse de pisteur, relevant d’un équilibre précaire ; une seconde de trop, et la cheville se déroberait, la semelle glisserait. Il se fondit dans le paysage, ombre parmi les ombres, comme Yago Mustafaï aurait peut-être voulu le lui apprendre un jour, et seules les tâches plus claires de ses paumes et de son visage à la fois fermé et ouvert en sacrifice à la furie des éléments, auraient pu révéler et trahir sa présence. Il aurait presque pu sentir la caresse des esprits accompagnant ses pas dans le hall trop superficiel du Mall, dizaines de lueurs évanescentes, immatérielles, le confondant dans cette boutique qui l’avait vu tuer, se livrer à l’Écarlate, offrir aux divinités de son panthéon ceux qui n’auraient pas hésité à mettre à mort un représentant de cet autre monde. Elles lui manquèrent tant qu’il s’imagina leur présence, cape qu’il avait maudit dans ses rêves mais qui, à présent, aurait pu l’aider à faire pencher la balance, à se montrer plus puissant dans l’affrontement à venir (car affrontement il y aura).

Le pendule de Sylia, les cartes de Jill et les augures de Nephtys l’auraient alors confirmé en un seul et même élan.


When we don’t fight we burn.


Le monde a sursauté, a cillé. Un instant. Préambule à une explosion, à un souffle nucléaire sans précédent.
Il en a senti le grondement, et s’est stoppé totalement, baissant les yeux comme s’il avait pu sentir la terre s’ouvrir sous ses pieds, ou rouler comme sous le coup d’un séisme, tremblement de la matière vitale dont les ondes se propageraient, retournant sa propre écorce sur elle-même. Son cœur s’est arrêté de battre lui aussi, ratant une pulsation, pour mieux s’emballer en repartant rattraper son retard, cognant à lui en faire mal. Ses lèvres entrouvertes accueillent la pluie, qui rafraîchit sa langue, son gosier. Il déglutit, grave de ne pas comprendre si son ressenti relève de la même incertitude tordant son esprit en une progression absconse, ou s’il peut faire confiance à ses cinq sens.
Alors, il l’entend.

Un effroi abominable s’empare de lui. Il n’a jamais rien entendu de pareil, et même les clameurs des mourants, des brûlés et des maudits qu’il a pu écouter tout au long de sa vie ne peuvent rivaliser avec Ça, voix unique et plurielle.
Cri, appel, malédiction, plainte ou brame guerrier, il l’ignore. Il sait simplement qu’il est sur la bonne voie.


This is the right way.



Les bourrasques redoublèrent de puissance, ouvrant à la volée les pans de sa veste, et il recula d’un pas sous la grandeur terrifiante de l’instant. Tout autour de lui, le bayou exultait, s’éveillant. Il n’y avait plus une infinité de bêtes, bestioles, faune et flore confondus, humains perdus dans ses entrailles. Ils ne formaient tous qu’un immense corps, micro-organismes dont ils composaient les membres, les artères. Le bayou s’ébrouait, et il lui semblait que chacune des créatures vivant dans un rayonnement proche de lui aurait pu, alors, se connecter à lui, l’aider à se fondre dans l’humus comme il le souhaitait ardemment. Racines de conscience plongeant loin, loin dans les tréfonds de ce sol à la fois riche et pauvre, trompeur et éclatant, et s’étirant bien plus haut que la cime des arbres qui les dominaient tous. Haletant, il ne s’accorda que quelques secondes avant de s’arracher à l’enveloppe protégeant jusqu’alors son buste. Il étouffait d’une fièvre qui, cette fois, n’avait rien de maligne. Il ne tira de ses poches qu’une boline à lame droite. Il n’avait pas besoin de plus. Tout le reste demeurait déjà là, le froid du métal plaqué contre la chair brûlante de son dos, encore enlacé par le cuir de ses ceintures. Il abandonna ses affaires et, frissonnant par vagues de plus en plus puissantes, hérissant sa peau de dômes prononcés, il fonça vers l’épicentre de L’Appel, qui ne pouvait être très loin.

Et même le terrain semblait se dérober, s’effacer devant le sorcier pour lui éviter tout obstacle.
Pour racheter une vie qu’il avait lui-même prise.
Il cessa pourtant de songer aux chutes éventuelles, concentré sur chaque mouvement passé à s’approcher, à respirer, tailladant comme une masse épaisse, spongieuse et flasque ; le phénomène que seule une magie particulièrement intense aurait pu créer. Si sa bouche demeurait coite, elle d’ordinaire si prolixe, ses pensées en appelaient aux prières, psalmodiaient. Plus rien d’autre ne comptait que de se trouver là. Ici et maintenant. Et tous ces moments phares, absolus, justifiaient l’entièreté d’une existence constituée de malheurs, d’imprévus, d’erreurs, de fautes, de bon et de mauvais, l’avaient conduit à se trouver là. Et pas ailleurs. Là. Il ne sentit pas les écorchures créées par dizaines, au passage des ronces lacérant ses bras nus. Il s’entailla l’un d’eux, plaie superficielle, mais ne ralentit pas. Ou du moins, pas en raison de la douleur. Il sursauta lorsqu’une famille de raton-laveurs en panique manqua de se jeter dans ses mollets, se rejetant sur le côté, pour mieux écraser une nuée de vers et de lombrics fuyant le cataclysme émanant de ces profondeurs, pourtant chéries. Il baissa la tête pour éviter la fuite de quelques volatiles, et plus il remontait dans le sens contraire, plus il lui devenait pénible d’aspirer l’air, constitué d'un oxygène à la fois pur et irrespirable, comme saturé de toxiques bénéfiques, ou s’il s’était trouvé en haute altitude. Il n’y avait qu’une seule once, une seule teinte capable d’un tel paradoxe.

Le Blanc était à l’œuvre. Un Blanc impur, un blanc terreux, glaireux, boueux, offensif, défensif, répulsif.
Mais ce n’était pas ça, qui compliquait son avancée.

Les voix, les vraies, celles qu’il s’était attendu à découvrir un peu plus tôt, chuchotèrent bientôt aux oreilles de l’homme. Femmes-déesses, Vénérées, Grandes, Sages, Anciennes. Comme si un coven décimé tout entier s’était réuni là, et avait fait de ces bois leur refuge, leur lit hanté, se confondant avec la mousse espagnole pour planquer leurs filaments fantomatiques, se cachant derrière le sifflement des sauriens pour proférer leurs malédictions. Il se sentit brusquement mal à l’aise (intrus). Alors, sans réfléchir et plutôt que de se recroqueviller sur la peur éprouvée, il garda le torse ouvert, leva les yeux vers le ciel obscurci, en appelant à leur regard, invoquant leur examen pour réclamer un droit de passage qu’il devait obtenir, pour sauver l’une des leurs. Tel que si on pouvait l’observer de partout, puissance omnisciente, il reprit sa route sans éprouver le toucher d’un mauvais sort, d’un avertissement quelconque. Tétanisé et exalté par la transe, par la fureur prédatrice dont se parait son être aux abois, il était prêt à affronter n’importe quoi. Deux frères rendus fous par le sang corrompu ou l’ivresse de sexe, un autre de ces fils de Sobek dont il pouvait entendre parfois le piétinement griffu de la course dans ses cauchemars, une apparition démoniaque née d’un maléfice mal tissé…

Tout.

Il frémissait par spasmes lorsqu’il les vit. Lewis, ses mains serrées autour de la gorge qu’il cherchait à faire taire mais, surtout, Mike prêt à tirer sur le corps à terre, qu’ils violeraient quand même, morte ou pas. Il ne la vit pas elle, ou du moins ne s’attarda pas sur la maudite plus seule que jamais. Il sut simplement que le coup de feu ne devrait jamais partir. Il n’était pas dissimulé par une cape d’esprits, plus maintenant, mais la pénombre tombante, la ligne des arbres et leur vue bigleuse lui donnèrent suffisamment d’aplomb pour se glisser jusqu’à la lisière de cette clairière de fortune. Il aurait presque pu en oublier de la défendre. Le tableau qu’ils offraient, l’animalité peinte sur leurs traits de colosses face auxquels les femmes n’avaient que peu de chances d’en réchapper, était hypnotique. Aucune peine de prison, aucun juge, aucun shérif, aucune cellule ne pourraient les effrayer au point de les aider à faire taire leurs désirs, leurs pulsions. Un profond mépris doublé d’une tristesse immense et d’une compassion guère solidaire agitèrent le sorcier, qui les contempla alors comme on regarderait un cheval à la jambe cassée, un chien enragé à abattre, une bête conduite à sous la masse. Il ne les tuerait peut-être pas lui-même. Mais il savait qu’on ne pourrait rien faire d’autre, à terme, pour mettre hors d’état de nuire deux hommes qui n’en méritaient pas le nom. Le tranchant gelé de la boline tourna plusieurs fois entre ses doigts, déliant ses phalanges, jusqu’à ce qu’il se saisisse de la pointe.

Le sifflement de la lame se confondit avec l’averse, mais un hurlement bien plus terrien que celui poussé par la mage blanche perça l’air, lorsque l’arme déchira la joue du tireur potentiel, De l’oreille au coin de l’œil, une ouïe sanglante, à peine irrégulière, barrait désormais d’écarlate la joue de Mike Duvalle, tandis qu’une détonation éclata ; résultat d’une pression accidentelle sur une gâchette sensible. Le coup partit dans le vide. L’odeur de poudre, quasi-indétectable parmi toute cette humidité, s’évapora rapidement au profit de celle du sang. Celui de Mike, comme celui du sorcier dont l’un des deux athamés procuré chez Arkady Jacobs lui-même entaillait son bras, laissant l’hémoglobine remplir les creux délicats dessinés dans le métal, rendant la lame jumelle de sa volonté, objet perdant de sa réification au profit d’une humanité singée, golem d’acier répondant à son maître, et à lui seul. Lewis avait lâché Evangeline et pivoté, malhabile, observant de son regard stupide son cadet gueuler sa douleur. Il se releva et lui arracha le fusil des mains. Un sifflement prononcé émanant de la lisière des bois acheva de le rendre hystérique, bestiole traquée qui n’aurait jamais toléré la présence du moindre témoin. Le canon pointa au hasard, cherchant à viser une proie potentielle, à rendre mutique pour toujours celui ou celle qui avait osé esquinter la chair de sa chair. Il aboya à Mike de surveiller la fille pour mieux trotter vers l’ombre des bayous, le visage tordu en une moue dérangée elle aussi par les pluies diluviennes, tandis qu’Eoghan Underwood recula, cherchant à perdre la bête, à la rendre aveugle par sa rage de l’inconnu, la noyant dans sa propre hargne.

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Louisiana Burning

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Anonymous
Invité
Invité
Jeu 11 Fév - 20:33 (#)


Votre cri résonne, puissant, vivant et spectral à la fois. Infinie mélopée qui semble éternelle, la terre semble vibrer à votre unisson. Autour de votre chevelure d’or salie par la boue, les larves et vers se tordent, faisant monter la nausée dans la gorge de tes assaillants, s’échappant de la gangue terreuse pour s’éloigner pitoyablement, pour échapper à cette ire qui n’est plus seulement celle de la sorcière, mais celle de toutes les femmes tuées par les hommes. Réceptacle d’une colère antique, le corps de la fée estropiée se tord et se tend vers le ciel, indifférente aux mains enserrant son cou, l’herbe s’enroulant autour de ses doigts plantés dans le sol, griffes invisibles à la recherche du grand tout. Les serpents de métal autrefois bijoux ornant ses membres graciles se dressent comme des reptiles agressifs, prêts à mordre, son regard autrefois azur est d’un vert profond et toxique, inhumain. L’air crépitant de magie, comme de minuscules étincelles d’électricité, parfum d’ozone et de fer, est une effluve annonciatrice. A la fois lourde et éthérée, elle entoure les protagonistes de ce tableau funeste. Et ce cri, ce cri atroce aux mille voix qui ne s’éteint pas, qui brûle votre gorge mais jamais ne faiblit, un hymne flamboyant, un dernier opéra des catacombes. Et puis soudain, un autre cri vous interrompt. Une détonation. Et l’odeur du sang. Mais pas le vôtre. Alors votre chant s’éteint, alors Evangeline fait peu à peu surface. Tu perçois autour de toi ce filet invisible, étoffe d’énergie dans laquelle tu te vautres goulument. Les fantômes autour de toi, visages tristes et révoltés, qui t’entourent comme une armée prête à t’accueillir. Et cette présence blottie à l’intérieur de toi, menaçant de t’engloutir encore, de te faire oublier toi, de se fondre à ton âme jusqu’à ce que vous soyez indissociables. Un plus un font un. Tu n’es pas sûre que cela soit une mauvaise chose. Tu n’es pas sûre que ce soit une bonne chose. La voix chuchote à ton oreille, bruissement imperceptible des feuilles, murmure de la boue contre ton oreille, fourmillement de l’herbe enroulée contre tes doigts. Ton regard crépitant passant du bleu à l’émeraude, tu oscilles sur un fil prêt à se briser. Être toi. Être vous. Être une. Et soudain la situation extérieure à ce combat que tu mènes secrètement dans un silence cette fois sépulcral, te paraît étrangement simple.

Un nouveau joueur est entré dans la partie, un allié peut être. Une intervention bienvenue en tous cas puisque les mains crochues et répugnantes de ton agresseur quittent ton cou. Tu restes allongée là, muette. Sans doute immobilisée par le choc pensent-ils. Catatonie d’horreur. Tu gardes les yeux rivés vers le ciel, alors que les spectres se pressent autour de ta carcasse. Elles murmurent à ton oreille, tissant de nouveau l’ire et ce désir brutal de signifier que tu n’es pas sans défense. Elles s’agitent, hurlent vengeance, furies enragées, Érinyes privées du tourment qu’elles désirent infliger à leurs meurtriers, elles tournent autour de toi comme une nuée prisonnière de sa hargne. Il part, il part ! Tue ! Tue-le ! L’un des démons s’éloigne, grognant à son frère de rester de surveiller « cette garce de sorcière ».  Tu ne bouges pas, comme figée dans la glace, oubliant quelques instants de respirer. Sous toi la terre bouillonne, s’agite. Les picotements qui te parcourent sont un délice et une torture. Tu te perds dans cette sensation extatique, drogue délicieuse et addiction à cette folie nébuleuse. Tu ne sembles pas remarquer que le démon à nouveau se penche sur toi. Et pourtant. Dans ses yeux tu es magnifique et effrayante, oscillant entre victime et danger. Doucereuse tentation. Il voudrait te voir fuir encore, voir la terreur écarquiller tes prunelles glacées et tordre tes traits délicats lorsqu’il t’attraperait sans hésiter pour à nouveau te jeter à terre. Et serrer, serrer à nouveau ton cou, sentir les os craquer, ta colonne vertébrale se briser sous sa poigne brutale, ton corps chaud devenir froid. Te posséder entièrement et te marquer pour que même après la mort, il ne reste que lui. Et soudain tu le vois. Tu vois ce visage tant aimé se superposer à celui de l’homme – de la bête devrais-tu dire – et un nom traverse tes lèvres soudain crayeuses. Seamus. Revenu des limbes pour te hanter, raison pour laquelle pendant si longtemps tu t’es coupée de l’Autre Monde, par crainte de le voir, de constater que cette emprise que tu espérais morte avec lui, est toujours là. Et il te semble alors revenir dix ans en arrière. Le sang court dans tes veines, l’horreur envahi tes poumons et tu étouffes. Il est là. Fantôme ou création de ton esprit malade, tu ne le sais pas. Tu le vois, penché sur toi. Tout va recommencer. Les coups, les cris. Ce regard malade qui t’empêche de fermer l’œil et te tient éveillée jusqu’au matin, jetant des ombres bleutées sur ton visage. Tu ne sais pas. Il est là. Tout recommence, comme une boucle d’effroi infini. Tu te rappelles les coups, les hurlements, la sensation de n’être plus que sa chose et la certitude glaçante qu’il pouvait mettre fin à ta vie. Et il l’avait fait. Tu vois son regard dément et ce sourire dégueulasse alors qu’il se rend compte de la peur qui t’étreint.

Tes doigts creusent la terre avec panique, l’oxygène te manque. Qui te viendra en aide ? Aucun chauffeur de taxi providentiel cette fois. Les serpents d’argent à tes poignets semblent siffler et glissent le long de tes membres pour se planter dans la peau de ton bourreau, lui arrachant un cri de douleur. « Salope ! » Une gifle qui te fait pousser un couinement pitoyable et tes yeux s’emplissent de larmes. Ça recommence. « J’vais te crever tu m’entends ? J’vais te crever ! » Les reptiles de métal mordent à nouveau, l’argent s’aiguise et devient coupant. Tes doigts creusent encore, avec panique alors que ton corps s’enfonce dans la boue, immobilisé par le poids de celui de ton tortionnaire. Tu vas mourir. Encore. Tu vas finir par pourrir ici, comme tu le souhaitais. La terre t’enveloppera, ce sera bientôt fini. Je veux vivre… Tu veux vivre ? Vraiment ? Et soudain, cette sensation. Là au bout de ton index, ce courant électrique adoré. Minerai de fer sous forme de roche rougeâtre qui remplit parfaitement la paume de ta main. Comme une évidence. Tu t’en saisis, et alors que ses doigts arrachent le haut de ta chemise, tu frappes. A nouveau les voix spectrales t’accompagnent alors que tu frappes sans relâche le crâne de Mike, de Seamus, tu ne sais plus trop. Il s’écarte de toi, surpris par ce déchainement de violence, cette force insoupçonnée. Et il tombe, une racine remplissant son office, comme si le bayou désirait voir ce qui se passerait. Tu te traînes jusqu’à lui et cette fois c’est toi qui le chevauches, tes mains crispées autour de ton arme déjà dégoulinante de sang. « Va te faire foutre ! » Tu le frappes à nouveau, explosant son nez et une de ses dents. Tu le frappes encore et encore en hurlant. « Tu es mort, tu es mort Seamus ! ESPECE DE SALAUD ! » Peu importe si ce n’est pas vraiment lui, ou peut être que si. Peut être qu’il s’agit de Mike, ou bien du fantôme de celui qui t’a tuée. Peu importe. Tu transformes son crâne en bouillie alors que la horde de fantômes tourne autour de vous. Autour de ses poignets inertes et rougis, les serpents se dressent et viennent rejoindre tes bras docilement, se lovant contre ta peau et redevenant bracelets d’argent. Méthodiquement, tu t’appliques à effacer ce visage haï. Tu abats ta pierre encore et encore jusqu’à le rendre méconnaissable, répugnant amalgame de chair et d’os. Tu le tueras autant de fois qu’il le faudra. Tu en es capable, même seule.

Cette pensée te fait soudain éclater de rire. Une exclamation hilare et dingue qui te fait lever la tête vers les cieux et t’étrangler avec tes propres larmes. Tu restes agenouillée là, près de ce cadavre désormais sans visage, alors que la pluie roule sur tes joues maculées d’écarlate pendant ce qu’il te semble être une éternité. Incapable de bouger, enveloppée dans ton linceul de revenantes apaisées par ton offrande sanglante. Mais pour combien de temps ? Après tout, il en reste un en liberté.

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Eoghan Underwood
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The Rains & the Willows • Evangeline 1E5CfUE The Rains & the Willows • Evangeline AoZyjkn The Rains & the Willows • Evangeline BvRyGpi

"This is not the right way."

En un mot : Sorcier venimeux ondulé de la toiture. Gosse du bayou.
Qui es-tu ? :
"Let it spread like a disease."

⛤ Maître des arcanes, sorcier à l'essence écarlate. 37 ans de vice (et râles) et de chair corrompue. Manipulateur d'hormones, télépathe patenté.
⛤ Second, bras droit de Circé van derr Ven dans la secte de l'Irae. S'y démarque pour sa loyauté ciselée par les griffes de Morgan Leroy (missing). Mais les failles perlent.
⛤ Incube de Louisiane ; fils de ces terres marécageuses, du bayou poisseux et des routes cahoteuses. Né à Bâton-Rouge, n'a connu que Shreveport et les frontières de son État.
⛤ Né seul homme dans la famille des sorcières irlandaises Mulligan. Privé de père (tué) par la harpie noire : élevé par Sylia Mulligan, descendant du Rouge de sa grand-mère Julianna.
⛤ Cauchemar des femmes ; nourrit sa magie (Rougeoyante) des hormones sexuelles de ses partenaires, ainsi que des émotions primaires.
⛤ Traître à ses passions, criminel et meurtrier de Johanna Andros (missing). Pourfendeur d'amitiés, éternel débiteur, clébard soumis à ses attaches.
⛤ Ne vit que pour les Mardi-Gras de New Orleans ; caresse le rêve de s'y installer un jour dans son propre "shotgun", malgré le fantôme de Katrina.
⛤ Mystique, déchiré entre deux hommes : partagé entre le sorcier et l'humain, entre la sagesse et une ire destructrice. Le latin s'efface sans mal sous l'accent du Sud, coriace sous sa langue.
⛤ Commerçant du Downtown (Crawling life), antre de ses serpents vénérés, lézards et autres reptiles, dont il cède les corps, les soins et les cages de verre.
⛤ Pratique à l'arrière de sa boutique, dans un laboratoire farouchement défendu et protégé par les runes. Recèle secrets et savoirs, expérimentations douteuses et dangereuses.
⛤ Mauvais mentor. L'une de ses apprenties en a subi les conséquences. Guide de Morgane Wuntherson et d'Halina Meyer. Meilleur ami indigne de Vinzent Henkermann et cousin de Shannon Mulligan.
⛤ Pacte tissé avec Scox : Prince démon s'étant dissimulé derrière les brumes de Baal. Immortalité odieusement acquise, âme vouée à obéir et marcher aux côtés des Antiques.
38 ans d'âge réel ; 36 ans d'apparence.

⛤ ENAE VOLARE MEZZO ⛤

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"I put a spell on you."

Facultés : ⛤ La Rougeoyante s'infiltre dans les corps et y bouleverse les hormones ; flèche apollonide : distille poison, fléau, mort, mais aussi fièvre rouge saphique. Chaos total.
⛤ Télépathe raisonnable : ne s'infiltre de préférence que dans les esprits des humains misérables. Capable de communiquer en pensée avec quiconque lui ouvre les grilles de son esprit. Savant fou ; capable désormais de connecter sa psyché aux êtres muets, cobras et crotales comme cobayes, corbeaux et autres créatures rampantes.
⛤ Herboriste né, sa maîtrise des potions n'a d'égale que celle de son mentor maternel. Capable d'élaborer des philtres complexes ; créateur infatigable de breuvages en tous genres.
⛤ La Rougeoyante se défend et protège son hôte plus férocement qu'elle n'attaque : limitée par la nécessité d'un contact physique. Sorcier doué au corps-à-corps, secondé par son aisance au maniement d'athamés et autres lames rituelles.
⛤ Chercheur d'artefacts, quémandé des Longue-Vies : détisseur de leurs malédictions et autres mauvais sorts.
Thème : The Way ⛤ Zack Hemsey.
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"Before I die alone."

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Dim 7 Mar - 0:40 (#)


A Choir of Ill Children.
Les lois des hommes ne s’appliquaient pas ici. Au moins, sur ce point, ils seraient égaux. Déconnectés du monde physique, terre à terre, implacable, ils étaient entrés dans une dimension dont ils ne ressortiraient, l’un ou l’autre, qu’à leurs risques et périls. Il ne sentait plus le froid avivé par les bourrasques hantant sa peau détrempée, blanchie comme celle d’un mort, par l’humidité permanente. Il ne sentait plus la difficulté de respirer l’air par-delà la couche d’eau qui paraissait ne jamais devoir cesser de s’écouler, de son front à son nez, occultant toujours ses narines, débordant sur le vase plein de ses lèvres fermées. Entre ses phalanges, l’arme prête à agir, étrangement chaude, elle. Le sang ne se diluait pas, demeurait sagement prisonnier des cavités taillées pour le recueillir. Par ce biais, il ne se sentait plus seul, épaulé plus que jamais par la finesse et le tranchant d’une lame qu’il n’hésiterait pas à enfoncer dans le cœur de la Bête, s’il le fallait. Il reculait, muni d’une acuité particulière, éprouvant sous ses semelles le moindre relief du terrain, pour ne pas tomber, trébucher, créer le son qui attirerait l’attention vers lui trop rapidement. Le « silence » retombé parmi eux l’impressionnait au moins autant que le hurlement dont les échos résonneraient longtemps en ces terres, dont elles s’imprégneraient au même titre que toutes les autres souffrances, tous les autres épisodes marqués d’une énergie ne demandant qu’à laisser une trace. Éternelle. Ne restait plus que le tambourinement de la pluie sur les feuilles et les troncs. Le coin de bois paraissait soudain mort, dénué de toute présence animale, et au végétal recroquevillé, enseveli sous les trombes. Il se demanda alors pourquoi elle avait cessé de crier. Il ne pouvait concevoir que Mike l’ait achevé. Quelque chose lui disait qu’il l’aurait forcément senti. Que l’air se serait chargé, empli d’une douleur véhiculée par les voix des Mères, des anciennes qui tournaient là, alertées par leur descendance, leur protégée.

Il reculait, reculait encore, s’éloignant sans trop se déporter des deux autres. Lewis s’impatientait. Il pouvait discerner la bouche noire du canon qui ne cessait d’aller et venir au loin, balayait un frêle espace, visant un tronc, puis un autre. La panique l’empêchait de penser à essuyer les carreaux de ses lunettes fêlées, compliquant son rapport à la distance.
Eoghan se demanda s’il devrait en venir à tuer l’homme malade. Il y rechignait honnêtement. Non pas par un élan de morale largement entaché, mais parce qu’il ignorait si salir ses paumes de sang supplémentaire, même celui d’un red-neck comme lui, en valait la peine. Pourtant, les solutions semblaient limitées. Lewis Duvalle ne lâcherait pas prise. La magie bouillonnant d’écarlate en lui ne s’éveillait pas plus que nécessaire. Elle demeurait là, prudente, prête à se porter au chevet de sa consoeur immaculée. Elle avait compris que son hôte n’avait pas besoin d’elle pour venir à bout de Lewis. L’arme lui suffisait. L’arme, et peut-être aussi la nature elle-même, carcan idéal, tueuse elle aussi, capable d’ensevelir celui qui ne la craignait plus autant qu’il le devrait. À force de grandir entre les racines fangeuses, les Duvalle se croyaient prémunis des sortilèges tissés par les bois eux-mêmes, et qui en avaient pourtant happé plus d’un parmi les leurs.

Il réduisit encore son allure. Lui laissa gagner en distance, faisant le vide, prêt à affronter l'infâme.

« Bouge pas ! »

Eoghan s’arrêta. Ses paumes se levèrent, sans lâcher l’athamé, le manche toujours parfaitement serti au creux de sa paume. Il aurait pu fuir, mais il n’en fit rien. Il attendait. Le souffle ralenti, à l’affût du moindre geste précipité du fou aux abois. Le fusil précéda son propriétaire, et la silhouette trapue de Lewis déboucha dans l’espace malingre dégagé par les arbres autour d’eux. Il cligna plusieurs fois des yeux, entrouvrant la bouche à chaque fois, comme un bouledogue dégénéré, lui donnant l’air encore plus stupide et frustre. L’homme sembla se perdre en lui-même un instant. Le visage d’Underwood ne lui était pas tout à fait inconnu, mais ses allées et venues en prison ou en établissement médical, le peu de rencontres ou de croisements occasionnés et une mémoire aléatoire l’empêchèrent d’identifier parfaitement celui qui l’avait sifflé comme on cherche à attirer un clébard loin d’une proie ou d’une planque. Sans tout à fait baisser le canon duquel pouvait jaillir la mort à tout instant, le sorcier perçut une hésitation qui serait fatale à son vis-à-vis. Il n’eut pas à parler. La Rougeoyante n’eut pas à coloniser les hormones du violeur multirécidiviste. Elle ne l’aurait d’ailleurs qu’à peine supporté, comme si elle avait redouté de souiller ses filaments en pénétrant dans les méandres d’une créature aussi vile. Ce fut donc l’Éveillé seul qui projeta ses pensées sous le crâne de Lewis Duvalle. Insidieusement, mais sans douceur excessive, contrairement à ses précautions prises avec le fils de pêcheur. Bientôt, il ne distinguerait plus qu'un bruit blanc, qu'un vide assommant, déconcertant et inquiétant, bien plus que la tempête s'abattant sur eux. Il le séparerait de lui-même, couperait les quelques rares dernières connexions le maintenant rattaché au monde des hommes.  

« Couvre-toi. »

Aussitôt que l’homme entendit cette voix qui n’était pas la sienne dans sa caboche déformée et pétrie de vices, la peur commença aussitôt à faire son œuvre. Mike n’aurait pas réagi de la même façon. Mais Lewis, le plus trouillard des deux malgré les apparences, était de la chair à canon pour tout arcaniste apte à semer le trouble dans une psyché aussi faible.

« Couvre-toi. Car ton péché, lui, n’est pas couvert. »

Lewis s’était peu rendu à l’église. Ses connaissances en matière de religion équivalaient aux leçons durement apprises à l’école du coin, et aux hypocrites sermons d’un paternel passant ses jours comme ses nuits à blasphémer. Toutefois, comme beaucoup de péquenauds des environs, le besoin de croire en une puissance invisible, alors même qu’il en défiait les préceptes, était parfois supérieur, ou au moins équivalent, aux pulsions qu’il plaçait sur l’estrade de ses priorités. S’entendre ainsi retournés en pensée les versets bibliques pointant du doigt les fautes qu’il devrait expier jusqu’au Jugement dernier acheva, aidé par le cadre ambiant, de briser le peu de sang-froid qu’il lui restait alors. La volonté du sorcier se referma sur l’esprit malléable, morcelé et aux flashs aussi violents que répugnants. Il vit les visages de nombreuses victimes, expressions d’épouvante, faciès ensanglantés, actes de barbarie, chairs mises à nu, pénétrations intolérables. L’odeur de la terre fraîche qu’on retourne, les parfums de métal liés au sang, le sel des larmes versées à torrents, et autres relents d’urine, de charogne et de merde flottant dans tous les recoins du cerveau colonisé. Eoghan oubliait tout ce qui n'était pas eux et s’avançait, pas après pas, marchant avec lenteur pour ne pas relâcher son emprise sur Lewis Duvalle. Il ne lui donnerait pas l’occasion de tirer, à lui non plus. Il assurait alors son équilibre, basculant son poids d’une jambe sur l’autre, tandis que ses doigts se refermaient avec plus de force sur le manche taillé pour sa poigne.

On achève bien les chevaux.

Il offrit le supplice suprême à sa « victime », en faisant défiler à toute vitesse les facultés jonchées de photos vieillies, noircies, ou encore neuves. Il se vit presque lui-même, reflet déformé par la vision écornée du tueur qui avait terrorisé le South de Shreveport depuis ses plus jeunes années. Le fusil paraissait ramené à un jouet pour enfant, que l’arcaniste n’aurait craint pour rien au monde. Il ne s’apercevait pas de la décharge profonde transfusée d’un esprit à un autre, fracassant le mental ennemi, livré aux quatre vents. Il forçait trop. Il forçait comme pour le tuer de l’intérieur, pour réduire en charpie la moindre pousse d’intellect. Il ravageait sous ses pas muets les embryons de réflexions qui avaient pu survivre à cette vie atrophiée, n’ayant jamais franchi aussi loin certaines distances qu’il s’était toujours imposées. Son regard changé par la télépathie à l’œuvre semblait à la fois habité, ailleurs, détaché de tout ce qui, de près ou de loin, aurait pu le ramener à la trivialité qui n’avait plus cours. Il n’entendit pas les balbutiements absurdes. Suppliques ? Protestations ? Il ne s’arrêta en tout cas qu’une fois le canon pressé contre son torse, uniquement séparé par une barrière de tissu qui ne l’empêchait pratiquement pas d’en éprouver la froideur. De sa main libre, il arracha sans difficulté l’arme, dont la chute à terre produisit un bruit étouffé par la masse épaisse de végétation. Puis, ses phalanges s’attachèrent à la gorge épaisse et graisseuse de Lewis Duvalle, quand la pointe de métal, elle, vint chercher son dû. Elle n’eut qu’à se faufiler sous la chemise aux pans mal fermés, trouvant un brin de peau nu, près du nombril.

Il ferma les yeux quand les hurlements jaillirent.
L’acier n’eut même pas à tailler dans le vif, tant la magie se fit puissante, le sang de l’arcaniste s’évaporant au fur et à mesure que le poison, lui, pénétrait le corps massif et réduit à souffrir comme il avait fait souffrir, sans jamais pourtant rembourser la dette durement contractée de toutes ces femmes abusées, brisées, enterrées. Eoghan comprit qu’à l’image de sa Rougeoyante dégoûtée, il ne souhaitait pas planter la lame en lui, tranchant les artères. Il ne supporterait pas d'en laver les traces de cruor immondes. Tant mieux. Le crime n’en serait alors que d’autant plus parfait. Le tintement délicat, éphémère du métal qu’on retire, chuinta à peine, lorsque les lèvres du paladin articulèrent, plein d’un dépit pourtant guère revanchard : « Tu n’vaux même pas la corde pour te pendre. »

Il le relâcha, de toutes les manières possibles, et Lewis Duvalle se laissa choir sur le dos, n’ayant même plus le réflexe de cligner des paupières. Lorsqu’il s’éloigna, ce fut pour n’abandonner derrière lui qu’un amas informe, assommé et hébété peut-être pour toujours, sans avoir aucune réelle idée des possibles dommages qu’il avait imposé au prédateur devenu proie. Titubant, il conservait toujours par prudence l’athamé dont les maléfices sanguinolents avaient eux aussi dégorgé. Il retrouva son chemin sans faire confiance à autre chose qu’à son instinct, et déboucha enfin dans la clairière ou, le redoutait-il, il trouverait la mage blanche étendue, offerte, peut-être déjà morte, à Mike Duvalle et à sa joue blessée.

La pluie battante dressait un mince rideau entre lui et les deux silhouettes prostrées un peu plus loin, et il mit un moment à comprendre que Mike Duvalle ne ferait plus de mal à personne. Jamais. Écoeuré, il crut qu’il allait vomir, notamment lorsqu’il repéra quelques bouts de cervelle épars, les os et le cartilage enfoncés par une sauvagerie primale. Il avança de quelques pas encore, avant de tomber à genoux, sans comprendre pourquoi d’abord. Puis, il sentit quelque chose de poisseux se mettre à couler depuis ses narines jusqu’à envahir ses lèvres, et sa langue recueillit la saveur ferreuse du sang qui s’écoulait, conséquence de l’usage aussi brutal de ses dons ainsi utilisés. Épuisé mais lucide, il leva les yeux vers le ciel assombri, pour mieux en revenir à contempler le crâne bousillé de l’homme qui, il y a peu encore, inspirait la crasse, et expirait le besoin de s’enfouir dans n’importe quel trou à sa portée, sans se soucier des conséquences. Il n’eut pas envie de se figurer la scène. Mike était mort. C’était tout ce qui comptait. Alors, il déposa sa propre lame devant lui, en guise de bonne volonté. Il ignorait quels étaient ses pouvoirs, mais il sentait qu’il lui faudrait recouvrer son état normal pour les affronter d’égal à égale. Après tout, il était un homme aux yeux de cette femme ayant manqué de se faire agresser de toutes les façons possibles. Il devait montrer patte blanche. Humectant sa bouche une dernière fois, aidé par l’averse, il souffla à son égard.

« Lewis… il t’f’ra plus d’mal lui non plus. Je l’jure. »

Si tant est que sa parole valait quelque chose, pour l’Éveillée à sa portée.


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Louisiana Burning

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Dim 11 Juil - 18:55 (#)



Tu restes agenouillée là, à rire et pleurer sous les cieux qui se crèvent en une ondée ininterrompue. La boue et le sang se mélangent, teintent ta peau d’irlandaise de rouge et de brun, formant un limon dans lequel tu veux te rouler pour t’en recouvrir complètement. Autour de toi les spectres sont toujours là, cape translucide qui danse autour de ton corps meurtri. Tandis que tu ris de ta voix brisée par les cris, les âmes grises dansent autour de toi, comme un cercle de fées à la lenteur lugubre. Tu restes immobile alors que le bayou semble toujours muet, dans l’attente de quelque chose. L’émeraude hante toujours ton regard tandis que tu contemples tes mains écarlates avec une fascination morbide. Tu es là, couverte de terre et de sang, accompagnée d’un chœur spectral, parfaitement à ta place. L’herbe s’enroule autour de tes membres, doucereuse caresse t’invitant à t’abandonner à la terre comme tu l’as fait si souvent. Ta tête rejetée en arrière, tu sens la pluie laver ton visage du sang impie. Soulagement. Satisfaction du travail bien fait. Un rictus étire tes lèvres. C’était si simple en réalité, de renverser l’équilibre des pouvoirs. De prendre une revanche bien méritée. De laisser libre cours à la colère et à la haine. De pouvoir te défendre tout simplement. Le bruit spongieux de pas sur la mousse te fait tourner lentement la tête. Le nouveau joueur. Tes yeux se plissent alors qu’elle apparaît, ta distraction providentielle, sous les traits d’un homme. Encore un. Tu captures son regard effaré, dégoûté, alors qu’il aperçoit la bouillie de chair et d’os à tes pieds.

Tu l’observes tomber à genoux, sans un mot, alors que son propre sang s’échappe. L’air crépite autour de lui et tu inspires profondément. Il pue la magie. C’est comme un fumet puissant qui se dégage de cet inconnu. Contrairement à ton parfum terreux et vert, de bois pourri et d’humus, lui il sent la rouille, le fer et la chair que l’on déchire. Magie rouge. Encore enivrée par l’adrénaline, tu te demandes si tu dois profiter de cet instant de faiblesse pour te traîner jusqu’à lui et lui écraser le visage encore et encore, abreuver la terre de son sang en un sacrifice à une nature meurtrie. Mais les spectres autour de toi ne chantent plus l’ire et la violence, disparaissant lentement. Mais l’émeraude de tes yeux s’efface peu à peu, laissant Evangeline revenir. Tu frissonnes, subitement gelée. Et tu retiens ta respiration alors que tu vois une lame briller, menaçant de te laisser avaler à nouveau par la panique. Et il la pose devant lui, dénué de toute violence, comme pour te rassurer. Tu respires à nouveau. « Lewis… il t’f’ra plus d’mal lui non plus. Je l’jure… » Tu peines à analyser son discours pourtant si simple, tandis que ton nez se plisse encore et encore à chaque inspiration de la pesante senteur écarlate. Comme toi. Enfin presque comme toi. C’est la première fois que tu rencontres un Éveillé d’une autre branche que la tienne. Confinée au sein d’un coven exclusivement féminin, tu ne sais pas trop quoi en penser. La magie est une affaire de femmes, tu trouves sa présence chez un mâle incroyablement incongrue. Ithan avait trouvé grâce à tes yeux pour la simple et bonne raison qu’il est avant tout un enfant de la terre. Mais lui, cet inconnu que tu associeras pour toujours à une rougeoyante lueur, est un homme.

Prudemment, tu te traînes jusqu’à lui et saisis la lame pour la pointer en sa direction. Des frissons remontent le long de ta colonne vertébrale alors que vos yeux se croisent. Froid, crainte, tu ne sais plus, trop occupée à le dévisager avec méfiance et crainte. « … tu promets ? » Ta voix est hésitante. Tu as envie de lâcher cette lame qui ne t’appartient pas et qui te picote la paume de la main. Tu veux t’effondrer et pleurer. Dormir pendant des heures. Quitte à te laisser bouffer par un alligator, peu importe, tu es tellement fatiguée. Mais tu as besoin de savoir avant de n’être plus qu’Evangeline, de n’être plus que toi à la merci du monde entier. « Tu promets ? De ne pas me faire de mal ? » L’athamé s’échappe de ta main que tu frottes machinalement sur la terre comme pour la nettoyer avant de désigner le cadavre à quelques mètres de là, sans un mot. Déjà larves et insectes se pressent autour du corps sans vie, comme une marée grouillante indifférente au monde des humains. Déjà il semble que la terre avale lentement les restes du meurtrier. Le bayou dévore ce qui lui revient de droit, ceux qui osent troubler son repos sans savoir que tapie dans l’ombre la Présence guette depuis toujours, affamée et vengeresse. « Sinon j… » Tu ne parviens pas à finir ta phrase. Ton corps s’effondre sur le sol, l’épuisement te possédant toute entière. Tu clignes des yeux, difficilement, tentant de rester éveillée, maintenant obstinément un contact infime avec le regard de l’inconnu. Tu as envie de lui murmurer de te ramener à la maison. Mais alors que l’herbe effleure ta joue et que l’ombre te recouvre, un mince sourire étire tes lèvres. Ta maison, c’est ici.


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The Rains & the Willows • Evangeline 1E5CfUE The Rains & the Willows • Evangeline AoZyjkn The Rains & the Willows • Evangeline BvRyGpi

"This is not the right way."

En un mot : Sorcier venimeux ondulé de la toiture. Gosse du bayou.
Qui es-tu ? :
"Let it spread like a disease."

⛤ Maître des arcanes, sorcier à l'essence écarlate. 37 ans de vice (et râles) et de chair corrompue. Manipulateur d'hormones, télépathe patenté.
⛤ Second, bras droit de Circé van derr Ven dans la secte de l'Irae. S'y démarque pour sa loyauté ciselée par les griffes de Morgan Leroy (missing). Mais les failles perlent.
⛤ Incube de Louisiane ; fils de ces terres marécageuses, du bayou poisseux et des routes cahoteuses. Né à Bâton-Rouge, n'a connu que Shreveport et les frontières de son État.
⛤ Né seul homme dans la famille des sorcières irlandaises Mulligan. Privé de père (tué) par la harpie noire : élevé par Sylia Mulligan, descendant du Rouge de sa grand-mère Julianna.
⛤ Cauchemar des femmes ; nourrit sa magie (Rougeoyante) des hormones sexuelles de ses partenaires, ainsi que des émotions primaires.
⛤ Traître à ses passions, criminel et meurtrier de Johanna Andros (missing). Pourfendeur d'amitiés, éternel débiteur, clébard soumis à ses attaches.
⛤ Ne vit que pour les Mardi-Gras de New Orleans ; caresse le rêve de s'y installer un jour dans son propre "shotgun", malgré le fantôme de Katrina.
⛤ Mystique, déchiré entre deux hommes : partagé entre le sorcier et l'humain, entre la sagesse et une ire destructrice. Le latin s'efface sans mal sous l'accent du Sud, coriace sous sa langue.
⛤ Commerçant du Downtown (Crawling life), antre de ses serpents vénérés, lézards et autres reptiles, dont il cède les corps, les soins et les cages de verre.
⛤ Pratique à l'arrière de sa boutique, dans un laboratoire farouchement défendu et protégé par les runes. Recèle secrets et savoirs, expérimentations douteuses et dangereuses.
⛤ Mauvais mentor. L'une de ses apprenties en a subi les conséquences. Guide de Morgane Wuntherson et d'Halina Meyer. Meilleur ami indigne de Vinzent Henkermann et cousin de Shannon Mulligan.
⛤ Pacte tissé avec Scox : Prince démon s'étant dissimulé derrière les brumes de Baal. Immortalité odieusement acquise, âme vouée à obéir et marcher aux côtés des Antiques.
38 ans d'âge réel ; 36 ans d'apparence.

⛤ ENAE VOLARE MEZZO ⛤

The Rains & the Willows • Evangeline KOVXegv The Rains & the Willows • Evangeline WZKlL7H The Rains & the Willows • Evangeline J8B1rxa

"I put a spell on you."

Facultés : ⛤ La Rougeoyante s'infiltre dans les corps et y bouleverse les hormones ; flèche apollonide : distille poison, fléau, mort, mais aussi fièvre rouge saphique. Chaos total.
⛤ Télépathe raisonnable : ne s'infiltre de préférence que dans les esprits des humains misérables. Capable de communiquer en pensée avec quiconque lui ouvre les grilles de son esprit. Savant fou ; capable désormais de connecter sa psyché aux êtres muets, cobras et crotales comme cobayes, corbeaux et autres créatures rampantes.
⛤ Herboriste né, sa maîtrise des potions n'a d'égale que celle de son mentor maternel. Capable d'élaborer des philtres complexes ; créateur infatigable de breuvages en tous genres.
⛤ La Rougeoyante se défend et protège son hôte plus férocement qu'elle n'attaque : limitée par la nécessité d'un contact physique. Sorcier doué au corps-à-corps, secondé par son aisance au maniement d'athamés et autres lames rituelles.
⛤ Chercheur d'artefacts, quémandé des Longue-Vies : détisseur de leurs malédictions et autres mauvais sorts.
Thème : The Way ⛤ Zack Hemsey.
The Rains & the Willows • Evangeline KL9jJO9
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"Before I die alone."

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Pseudo : Nero
Célébrité : Ian Somerhalder.
Double compte : Sanford R. De Castro, Aliénor Bellovaque, Ian C. Calloway & Gautièr Montignac.
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Mer 4 Aoû - 6:00 (#)


A Choir of Ill Children.
Il lui semblait être revenu aux premiers âges.
Ses paumes à lui soudées à ses cuisses, dans l’attente enfin paisible, bien que teintée d’effroi. Il attendait que la sylphide en vienne à rendre ses propres armes, encore soumise à une transe dont il ne sous-estimait pas la puissance, à l’image de ses dons. Il pouvait la voir, salie et pure à la fois, détentrice d’un Blanc loin de l’immaculé, dont les nuances le fascinaient déjà. Elle était belle, ainsi offerte à la furie des éléments, comme si elle était née ici, entre les racines, l’eau et la boue. Et lui, donné à ses yeux habités par l’Essence, soutint sans faillir la vision magnifique. Un peu de mauvais était mort, entre leurs mains. Il n’était pas obsédé par l’idée de balance, d’équilibre entre le bien et le mal. Ce genre de manichéisme n’était pas fait pour lui. Pourtant, il se sentait profondément en paix. Car ils avaient fait taire les voix. Celles des tueurs, comme celles de leurs victimes, hurlantes car désespérant d’obtenir la vraie vengeance, celle qu’aucune peine de prison n’avait réussi à pourvoir.

La course était terminée.
Le temps ne le pressait plus.
Ce sentiment de mission accomplie, lui aussi l’éprouvait, et il le laissa pénétrer jusqu’à ses os, au même titre que l’averse s’acharnait à les glacer.

L’arcaniste se mit à bouger, sans déclencher chez lui autre chose qu’un frisson ténu, qu’une crispation guère hostile. Menacé par son propre athamé, elle ne pourrait lui occasionner le moindre mal. Il ne chercha pas à l’en convaincre, pas plus qu’il ne l’aurait fait si une lame non-enchantée avait été en la possession de cette meurtrière légitime. Il abîma ses prunelles dans les siennes, partout sur les traits d’un visage taillé pour refléter une fougue tenue en laisse, une sauvagerie élégante. Elle était belle, incarnation du danger parfois moqué par les ignares, lorsque le Blanc se mettait en colère. La lame tomba, et il ne fit pas un geste pour la récupérer, ni pour aller chercher la boline elle aussi souillée, échouée un peu plus loin. Pas encore. Il ne répondit à ses questions que par un sourire, ne nécessitant aucun mot, pour l’heure. Le sang s’écoulait encore de ses narines, en un flux plus discret, mais la rigole poursuivait son chemin au creux de sa langue, le rappelant au goût de métal, à la vie qu’ils avaient préservé ensemble. La leur.

Lorsque ses forces l’abandonnèrent sans crier gare, il la cueillit au niveau de la taille, amortissant sa chute du mieux qu’il le put. Tremblant encore du contrecoup comme des températures étrangement basses pour la saison, il maintint en place leur lien, visuel comme tactile. Elle pourrait plonger en lui, quelle que soit la manière : elle ne distinguerait pas la moindre intention malveillante à son égard. Il se pencha, et ses phalanges repoussèrent une mèche de cheveux humide, dégageant sa joue pour la regarder encore. Sans savoir que leurs ancêtres respectifs avaient vécu sur la même bande de terre verte et fertile avant que le fléau ne vienne poindre un jour de malheur, le gaëlique souffla sa brume chaude contre la peau froide.

« Geallaim duit. Ní ghortóidh mé thú, deirfiúr bán. »

Il la garda contre lui, disputant au terrain noyé le support de sa fatigue. Son front se déposa délicatement contre sa tempe, tandis que les prières de son enfance lui montaient aux lèvres, balbutiées avec toute la même tendresse que sa mère, en de rares occasions, lui avait accordé. Les bénédictions l’enserrèrent aussi sûrement que ses bras, en une étreinte lâche et solide à la fois.

Victoire douce-amère.
When we don't fight, we burn.

Il se laissa happer par les effluves de la mort qui ne leur voulait, elle non plus, aucun mal. Il communia entre deux murmures, rendant à la nature et à ses déferlantes le rôle principal. Ils n’étaient que les figurants de la scène, redevenue calme. Il aurait voulu s’allonger lui aussi, se laisser absorber comme il l’avait fait, poursuivi par la femme-crocodile. Il perdit la notion du temps, et ne se détacha d’elle qu’au terme d’une méditation nécessaire. Il se releva, les jambes engourdies et faiblardes d’abord, avant de retrouver la consistance de lui-même et de récupérer ses armes. Une dernière fois, le nez pointé en l'air, il lança un appel muet aux cieux, les remerciant de leur aide, de leur clémence, et pour les trombes d’eau ne cessant toujours pas de s’abattre.

Le sorcier emporta sa sœur Éveillée. Elle était grande, curieusement massive et si fine à la fois. Il pensa à la patte folle et inerte, à l’énergie qu’elle avait donnée en sacrifice. Il retrouva l’endroit où ses affaires avaient été abandonnées, puis rebroussa chemin pour obliquer en direction du point de départ, de la genèse créée par l’inquiétude d’un gosse et l’insatiable curiosité d’un autre, depuis devenu homme. Il trouva son chemin dans la nuit qui retrouvait son hégémonie, sonné et épuisé à sa façon, mais ne cessant jamais de raffermir sa prise sur le butin précieux, craignant de le laisser s’échapper. Ses mollets déjà douloureux manquèrent de crier grâce à force de crapahuter, alourdi par le poids de la jeune femme, mais ne cédèrent pas avant que l’ombre de la bâtisse ne se présente à ses yeux.

Il entra pour chercher où la déposer aussitôt avec précautions, sans oser toucher quoi que ce soit à sa mise, ou chercher à nettoyer son visage là où l’onde n’avait pas réussi à le faire. Il l’étendit là où elle devait probablement passer ses nuits, dans cette antre délicate, aménagée à son image. Son instinct ne l’avait pas trompé. Il se redressa pour esquisser quelques pas à l’intérieur, réprimant un vertige. Tout était fait de bois, de fer blanc, de matériaux nobles ou en tout cas, ayant fait fuir toute invasion de plastique ou d’éléments appartenant à la ville. Rien de superflu. Il se sentait maladroit, empoté dans ce cadre qui n'était pas fait pour lui, mais par-dessus tout inquisiteur. Il avait pénétré dans l’antre d’une femme qui, au vu de son mode de vie, devait préférer vivre en ermite que supporter la compagnie de ses pairs. Toutefois, il ne se voyait pas l’abandonner là sans être certain qu’à son véritable éveil, elle ne nécessiterait pas d’une aide éventuelle de sa part. En outre, il répugnait à affronter la tempête de nouveau, en quête de la pirogue dont il lui faudrait chercher l’amarre péniblement.
Repoussant ses cheveux sombres imbibés d’eau vers l’arrière, il prit alors son parti de se laisser glisser, puis asseoir, au pied du lit de fortune de celle qu’il était venu quérir, et vers qui le destin l’avait guidé. Il espérait qu’elle puisse répondre aux quelques questions qu’il avait souhaité lui poser, comme les héros d’antan traversaient marais, montagnes et plaines infinies afin d’interroger les sages de leur contrée. Il sourit de cette comparaison un peu idiote. Il ramena un genou contre lui, son autre jambe s’étirant tandis que les ondes agréables que dégageait la cabane lui conférait un réconfort manquant de véritable chaleur, mais suffisant pour l’aider à se détendre, relâchant enfin la tension accumulée par le vent, l’inquiétude et la haine.

Il ferma les paupières, plongeant dans un demi-sommeil, bercé par les remous du bayou autour d'eux.  

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Sam 14 Aoû - 22:31 (#)



Inconsciente pendant des heures, tu finis par t’éveiller, rampant hors du brouillard épais d’un sommeil lourd et réparateur. Pourtant au début, tu n’ouvres pas les yeux. Tu écoutes. Le bruit de la pluie, étouffé par des murs familiers, rebondissant sur des tuiles antiques inégales et usées par les ans. Une discrète odeur de lavande et de camomille vient chatouiller ton nez et autour de toi tu sens la délicate aura de gemmes savamment dissimulées. Chez toi. Ton esprit embrumé a quelque mal à se rappeler comment tu es arrivée ici. Aurais-tu fait un simple mais terrible cauchemar ? Pourtant le bruit léger d’une respiration calme et apaisée te fait réaliser que tu n’es pas seule. Alors tes paupières se soulèvent en un doux frémissement, laissant apparaître tes iris bleutés désormais à jamais teintés de vert. Le plafonnier de verre délicieusement désuet dessine des fleurs, campanules et marguerites opalines mêlées en une ronde délicate. Tu aperçois les murs de ta chambre teintés de bleu, envahis par un lierre qui prend ses aises. Des rideaux de lin à ta fenêtre pour te dissimuler aux regards, alors que tu portes tes doigts encore teintés de rouge à tes cheveux ornés de boue. Un coup d’oeil te suffit pour découvrir celui qui t’a ramenée dans ta tanière. An ridire dearg.

Paisiblement endormi au pied de ton lit de métal, ses cheveux encore humides cachant son visage, le sommeil a finalement eu raison de lui. Tu restes ainsi de nombreuses minutes, couchée sur le côté à l’observer avec minutie et un curieux détachement. C’est étrange, un mâle dans ta chambre, dans ta maison. L’idée seule devrait te faire hurler. Et pourtant, rien. Sa présence incongrue ne provoque pas le moindre remous dans le calme olympien qui t’habite. Comme s’il était à sa place, gardien de tes rêves et de ta fragile carcasse. Geallaim duit. Ní ghortóidh mé thú, deirfiúr bán. Ces mots tournent dans ta tête, promesse gravée dans l’écorce de ton esprit, serment sacré entre tous. Tu ne te rappelles pas l’avoir entendu de sa bouche, et pourtant tu sais. Alors tu descends délicatement du lit et tu t’échappes dans la salle de bains après un dernier regard à ton compagnon. Méthodiquement tu démêles tes cheveux alors que l’eau tiède se déverse sur ta tête. Tu observes le brun et l’écarlate disparaître dans le siphon, ta peau redevenir d’une blancheur de lait, ta chevelure reprendre ses reflets dorés. Tu laves les horreurs d’une funeste rencontre, d’un traumatisme revenu à la surface en t’arrachant les entrailles. Tu ne gardes que cela à l’esprit : la sensation d’être habitée par le bayou, entièrement. Face au miroir, tu observes ton visage aux ecchymoses qui déjà s’effacent, l’éclat d’émeraude dans tes yeux. Tu n’es plus toi. Tu n’es plus « seulement » toi.

Tu jettes sur ta carcasse éprouvée un caftan fermé par de minuscules boutons d’os et reviens t’asseoir près de ton gardien. Assise à côté de lui, tu l’observes en silence, sondant la magie qui l’environne avec prudence et respect. Du rouge. L’Ecarlate éclatante et passionnée, splendide et pourtant souillée. Le Blanc pourtant vient s’aligner contre cette énergie, calme et apaisé après son déchaînement d’une violence que tu n’avais jamais connue. Cela te fait penser à quelques gouttes de sang tombées sur de la neige, sortilège millénaire de contes de fées. Tu souris. « Mo ridire dearg » tu murmures alors que tes doigts viennent caresser doucement ses cheveux en un geste presque maternel. Il est à tes yeux une nouveauté étrange, et pourtant furieusement à sa place ici, dans le bayou. Forcément un gars du coin, un de ceux dont tu te caches, que tu fuis. Un Eveillé à la magie si différente de la tienne. L’ancienne Evangeline aurait brûlé de curiosité, l’aurait assommé de questions. L’Evangeline brisée l’aurait expulsé sans le moindre mot, tremblant de terreur. Et toi ? Tu ne sais pas trop. Il t’a sauvée. Tu revois la dame émeraude des terres de ton enfance, son chevalier d’un rouge éclatant menant la traque, la chasse sauvage en son nom. La verte Irlande dont il avait murmuré le langage à tes oreilles. Tu pourrais presque tisser la tapisserie les représentant  les yeux fermés.

Alors tu te penches et à ton tour murmures à son oreille, « Dùisigh, mo ridire dearg. » tandis que tes doigts se perdent dans ses boucles brunes. Tandis que dans tes yeux, l’émeraude brille comme les vertes terre d’Irlande.
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⛤ Herboriste né, sa maîtrise des potions n'a d'égale que celle de son mentor maternel. Capable d'élaborer des philtres complexes ; créateur infatigable de breuvages en tous genres.
⛤ La Rougeoyante se défend et protège son hôte plus férocement qu'elle n'attaque : limitée par la nécessité d'un contact physique. Sorcier doué au corps-à-corps, secondé par son aisance au maniement d'athamés et autres lames rituelles.
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Mar 31 Aoû - 1:53 (#)


A Choir of Ill Children.
Il s’était endormi, bercé par les plus beaux bruits du monde. Comme lors de son départ pour cette expédition hasardeuse, il entendait toujours les chants des batraciens, des insectes contrariés et des oiseaux planqués ou sommeillant déjà, attendant que le déluge cesse. En sécurité, loin des hommes fous, de la ville bruyante, dans cette cabane confortable et réconfortante, il avait définitivement baissé sa garde, et laissé la fatigue prendre possession de lui jusqu’à lui faire perdre conscience totalement. La joue calée entre la couche et le bord métallique, le repos du guerrier n’avait jamais si bien porté son nom.  

Pas de rêves.
Pas d’évocations similaires aux scènes terribles tout juste vécues.
Juste le calme, la paix, le Néant profond. Jusqu’à ce que la vie ne se rappelle à lui, avec une lenteur précautionneuse agréable.  

Depuis les tréfonds de son esprit, il entendait bien bruire, le feutré délicat d’une silhouette qui s’éloignait, sans qu’il ne ressente le besoin de la rattraper, de lui crier d’attendre. Comme s’il savait qu’elle reviendrait. Sa notion du temps contrarié, loin de lui, bercé dans les bras immatériels d’un lâcher-prise réparateur, il sentit le souffle chaud contre son cou, les doigts sinuant tendrement entre les mèches sombres. Il s’était réveillé avant même qu’il ne le sache réellement, faciès opposé à elle, mais sa magie bel et bien lucide, elle, ondulant avec indolence près de cette sœur immaculée. La pénombre de la demeure qu’il ne parvenait pas réellement à percer lui indiquait que la nuit n’était pas terminée. La pluie tombait toujours. Les membres lourds, la nuque endolorie d’être restée longtemps dans la même position, le murmure du gaélique acheva de convaincre le sorcier que c’était bien elle, dont il avait senti la présence. Sans gestes brusques, il fit bouger son cou, grimaça en sifflant entre ses dents, portant une main à ses cervicales pour les masser rien qu’un peu. Puis, elle. Si proche. Il la regarda en silence, étrangement charmé par la proximité entre eux deux.

Sentiment de sécurité précieux.
Le tonnerre qui roulait, loin au-dessus d’eux.
Il remarqua tout de suite qu’elle s’était fait un brin de toilette. Il ne voyait plus les tâches brunâtres ou vermeilles. Ses cheveux étaient redevenus clairs, et ses traits semblaient enfin détendus. Elle ne ressemblait en rien à la banshee furieuse qui avait hurlé, et pris le bayou à témoin. Elle allait bien. Sous lui, le plancher était dur, mais il ne ressentait pas le besoin d’en bouger pour l’instant. Il la regarda longtemps. La paix réelle qu’il éprouvait, il ne l’avait que rarement ressentie, alors. Aucun sursaut de réflexion ne venait embrouiller ses méninges, alimenter son stress, le rappeler à ses erreurs ou crimes passés. Aucun jugement ne pouvait s’établir à l’égard de la jeune femme à ses côtés. Il ne la connaissait pas. Au travers de l’affection qu’elle lui témoignait peut-être en guise de reconnaissance, il vivait la volupté d’une insouciance rarement atteinte, malgré toutes ses tentatives pour préserver le peu de légèreté de son existence. Mais là, dans ce refuge perdu au cœur même du bayou de son enfance, auprès d’une sœur blanche dont il se réjouissait de la savoir saine et sauve, il ressentait un apaisement profond, et l’obscurité en préservait les contours intimes, délicieusement.

Il n’osa pas la toucher, ni-même la frôler, et sa main retomba lâchement contre sa propre cuisse, tandis qu’un léger sourire s’esquissait à son intention. Parler lui semblait être un véritable sacrilège. Pourtant, il sut qu’il ne briserait rien, si tant est qu’il murmure comme les éléments le faisaient de l’autre côté des murs moins fragiles qu’ils n’en avaient l’air.

« Je te cherchais. »

Il ressentait presque le besoin de se justifier. Qu’elle comprenne. Peut-être que la providence l’avait envoyé au secours de l’arcaniste. Peut-être pas. Elle se ferait sa propre opinion, en fonction de ses croyances qu’il n’imaginait pas forcément similaires aux siennes. Il respectait les choix de ses semblables en matière de théologie comme de métaphysique, de destinée et de mythologie. C’était l’une des choses qu’il choyait le plus, dans le rapport qu’il entretenait avec les autres Éveillés. « L’un des gamins qui vit dans le coin m’a dit que tu étais partie aux alentours. Que ce n’était pas normal, si tu n’étais pas rentrée. » Il revit brièvement le moment, l’échange entre lui et l’adolescent. Il brûlait d’envie de le projeter dans l’esprit de celle qui parlait le dialecte ancien, mais ne s’approcha bien évidemment guère de l’enceinte de sa psyché. « Il était inquiet. Même si tu lui fais peur. Il était inquiet pour toi. Alors je lui ai dit que j’irais te chercher. » Il se promit d’adresser une prière aux hommes des marais, si fiers, si pauvres, si conspués mais dont le cœur restait pur, quoi qu’en disent les ignorants. L’un des fameux rednecks si souvent moqués avait évité qu’un crime de plus ne se produise. Et il s’assurerait que le message passe, dans les recoins du South. Ses prunelles se firent plus perçantes, comme si elles cherchaient timidement à lire en elle, simplement en se basant sur les illusions de l’apparence, le potentiel mirage qu’elle aurait pu arborer, juste pour le rassurer. Lui aussi trouvait étrange sa présence en ces lieux. Elle respirait la puissance du féminin sacré, et lui n’avait pas sa place dans cet antre.

« Je suis désolé d’être resté. Je voulais simplement m’assurer que tu allais bien. »

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Sam 23 Oct - 13:10 (#)



Un échange de regards, aucune parole superflue. Tes doigts continuent de se perdre dans la chevelure sombre, tendrement, délicatement. Vos prunelles accrochées entre elles, tu savoures le moment d’une rare sérénité, d’une calme évidence. La dame et son chevalier se brodent dans la tapisserie de ton esprit. Tu l’observes attentivement, gravant dans ta mémoire les traits de son sauveur, de ton semblable. Tu as du mal à te souvenir de son intervention au sein du maelstrom de fureur qui t’habitait alors, seules restent ses paroles et la certitude d’acier que tu étais en sécurité avec lui à tes côtés. Demeure cette certitude alors que la pluie tapote les vitres de ta demeure, que vous vous contemplez avec apaisement, vos magies ondulant paresseusement l’une contre l’autre. Tu ressens plus que tu ne vois le scintillement curieux des gemmes dissimulées ici et là, amies et protectrices de tous les jours, étonnées de voir un mâle accueilli dans ton refuge. Un semblable, un fils du bayou. Lui. Encore couvert de boue, les cheveux et les vêtements humides, il te paraît à la fois infiniment plus vieux que toi, pour avoir trop vécu, mais également si jeune. Je te cherchais.  Ses mots résonnent dans le silence de la chambre, à peine troublés par le grondement réconfortant du tonnerre qui s’éloigne peu à peu. Tu t’interroges, comment pouvait-il te chercher alors que tu ignorais jusqu’alors son existence ? Destinée, fil tissée par les fées, tapisserie qui se dévoile peu à peu.

Tu restes muette, l’encourageant à continuer d’un signe de tête. Tu écoutes ses explications, haussant un sourcil étonné à l’idée qu’un gosse soit effrayé par l’inoffensive hippie à la patte folle du coin. Et puis tu te souviens. Le rouge du sang. Ton hurlement vengeur. Tes doigts crispés sur cette pierre que tu abattais encore et encore. Inoffensive ?Tu te figes, sondant les méandres de ton âme, de ton esprit. Plus maintenant. Tes doigts à jamais souillés d’écarlate, ton être désormais marqué par le bayou, tu n’es plus aussi fragile qu’auparavant. Peut-être cet enfant avait-il raison d’avoir peur après tout. Tes paupières se baissent un instant, merci silencieux adressé aux êtres profondément purs. Peut être devrais-tu sortir enfin de ta solitude, t’ouvrir davantage au monde extérieur ? Il est encore trop tôt pour une telle décision, penses-tu en ouvrant les yeux, soutenant le regard de ton compagnon sans sourciller, abaissant les barrières qui t’entourent en permanence, l’invitant à te voir telle que tu es. Un sourire et tu interromps ses mots, ses excuses balbutiantes, d’un index posé sur ses lèvres. Ta bouche vient déposer un baiser chaste et tendre sur son front, tes mains irradiant d’une chaleur réconfortante encadrant son visage. Tu ne veux pas d’excuses qui n’ont pas lieu d’être. Tu ne veux pas de mots vains. Car il est à tes yeux, totalement à sa place en cet instant précis. « Merci d’être resté. » Tu le serres dans tes bras, étreinte scellant alors ce sentiment qui effleure la surface de ton âme. Bienvenue. Mon chevalier écarlate. Mo ridire dearg.

Combien de temps le gardes-tu ainsi contre toi, le serrant contre ton cœur, prison de chaleur et d’affection ? Tu l’ignores. Et lorsque tu consens à le laisser partir, tu as la certitude que cela devait être. Tu te relèves, à nouveau muette, pour fouiller un coffre de bois au pied de ton lit, sortant d’immenses vêtements d’homme que tu tends à l’inconnu, non sans un sourire que tu peines à dissimuler. Ithan est un colosse et tu songes que ton chevalier flottera dans les habits du doux géant, mais cela suffira bien. « Tu devrais prendre une douche bien chaude et mettre ça en attendant que tes vêtements sèchent. » tu lâches soudain d’un ton quasi maternel qui n’appelle aucune contradiction. Sans lui laisser le temps de protester ou même de répondre, tu t’échappes de la chambre, rejoignant ta cuisine. Animal sauvage et bourru, tu te fais l’impression d’être un ours grognon accueillant un loup dans sa tanière avec tes manières un peu cavalières. Déjà tu t’affaires, mets de l’eau à chauffer et fouilles tes placards à la recherche de plantes séchées. Mélisse et aubépine pour le calme de l’esprit. Miel pour le réconfort. Gestes familiers et automatiques, réminiscences de ta grand-mère qui régnait en maîtresse absolue dans son cottage et dans le coven. Tu finis par te pelotonner dans un antique fauteuil, une tasse fumante à la main alors que sa jumelle repose sur la table près de ton minuscule poêle à bois qui déjà ronronne et crépite. Tu attends le retour de ton chevalier, guettant le bruit de son pas sur le parquet antique. Tu pourrais avoir tant de questions à lui poser, et pourtant aucun ne te vient à l’esprit. Tout ce que tu veux, c’est qu’il soit à tes côtés encore un peu.
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ADMIN ۰ Se faire péter la vitrine : bien plus qu'un métier, une passion. Featuring : Dramaking
Eoghan Underwood
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⛤ SMALLTOWN BOY ⛤

The Rains & the Willows • Evangeline 1E5CfUE The Rains & the Willows • Evangeline AoZyjkn The Rains & the Willows • Evangeline BvRyGpi

"This is not the right way."

En un mot : Sorcier venimeux ondulé de la toiture. Gosse du bayou.
Qui es-tu ? :
"Let it spread like a disease."

⛤ Maître des arcanes, sorcier à l'essence écarlate. 37 ans de vice (et râles) et de chair corrompue. Manipulateur d'hormones, télépathe patenté.
⛤ Second, bras droit de Circé van derr Ven dans la secte de l'Irae. S'y démarque pour sa loyauté ciselée par les griffes de Morgan Leroy (missing). Mais les failles perlent.
⛤ Incube de Louisiane ; fils de ces terres marécageuses, du bayou poisseux et des routes cahoteuses. Né à Bâton-Rouge, n'a connu que Shreveport et les frontières de son État.
⛤ Né seul homme dans la famille des sorcières irlandaises Mulligan. Privé de père (tué) par la harpie noire : élevé par Sylia Mulligan, descendant du Rouge de sa grand-mère Julianna.
⛤ Cauchemar des femmes ; nourrit sa magie (Rougeoyante) des hormones sexuelles de ses partenaires, ainsi que des émotions primaires.
⛤ Traître à ses passions, criminel et meurtrier de Johanna Andros (missing). Pourfendeur d'amitiés, éternel débiteur, clébard soumis à ses attaches.
⛤ Ne vit que pour les Mardi-Gras de New Orleans ; caresse le rêve de s'y installer un jour dans son propre "shotgun", malgré le fantôme de Katrina.
⛤ Mystique, déchiré entre deux hommes : partagé entre le sorcier et l'humain, entre la sagesse et une ire destructrice. Le latin s'efface sans mal sous l'accent du Sud, coriace sous sa langue.
⛤ Commerçant du Downtown (Crawling life), antre de ses serpents vénérés, lézards et autres reptiles, dont il cède les corps, les soins et les cages de verre.
⛤ Pratique à l'arrière de sa boutique, dans un laboratoire farouchement défendu et protégé par les runes. Recèle secrets et savoirs, expérimentations douteuses et dangereuses.
⛤ Mauvais mentor. L'une de ses apprenties en a subi les conséquences. Guide de Morgane Wuntherson et d'Halina Meyer. Meilleur ami indigne de Vinzent Henkermann et cousin de Shannon Mulligan.
⛤ Pacte tissé avec Scox : Prince démon s'étant dissimulé derrière les brumes de Baal. Immortalité odieusement acquise, âme vouée à obéir et marcher aux côtés des Antiques.
38 ans d'âge réel ; 36 ans d'apparence.

⛤ ENAE VOLARE MEZZO ⛤

The Rains & the Willows • Evangeline KOVXegv The Rains & the Willows • Evangeline WZKlL7H The Rains & the Willows • Evangeline J8B1rxa

"I put a spell on you."

Facultés : ⛤ La Rougeoyante s'infiltre dans les corps et y bouleverse les hormones ; flèche apollonide : distille poison, fléau, mort, mais aussi fièvre rouge saphique. Chaos total.
⛤ Télépathe raisonnable : ne s'infiltre de préférence que dans les esprits des humains misérables. Capable de communiquer en pensée avec quiconque lui ouvre les grilles de son esprit. Savant fou ; capable désormais de connecter sa psyché aux êtres muets, cobras et crotales comme cobayes, corbeaux et autres créatures rampantes.
⛤ Herboriste né, sa maîtrise des potions n'a d'égale que celle de son mentor maternel. Capable d'élaborer des philtres complexes ; créateur infatigable de breuvages en tous genres.
⛤ La Rougeoyante se défend et protège son hôte plus férocement qu'elle n'attaque : limitée par la nécessité d'un contact physique. Sorcier doué au corps-à-corps, secondé par son aisance au maniement d'athamés et autres lames rituelles.
⛤ Chercheur d'artefacts, quémandé des Longue-Vies : détisseur de leurs malédictions et autres mauvais sorts.
Thème : The Way ⛤ Zack Hemsey.
The Rains & the Willows • Evangeline KL9jJO9
⛤ VENGEANCE ⛤

The Rains & the Willows • Evangeline ZfHtADc The Rains & the Willows • Evangeline Jq60QrG The Rains & the Willows • Evangeline MaP8TbX

"Before I die alone."

The Rains & the Willows • Evangeline GIeraGW
Pseudo : Nero
Célébrité : Ian Somerhalder.
Double compte : Sanford R. De Castro, Aliénor Bellovaque, Ian C. Calloway & Gautièr Montignac.
Messages : 5937
Date d'inscription : 09/06/2017
Crédits : Lune noire (ava') ; Amiante (signa')
Lun 13 Déc - 2:48 (#)


A Choir of Ill Children.
Il lutta.
Il lutta pour ne pas laisser l’angoisse revenir grignoter la sérénité durement acquise.
Cependant, la tendresse qu’elle déployait à son intention portait ses fruits, en même temps que tout son contraire. Elle l’adoucissait, l’aidait à rester confiant et à renforcer cet écrin de coton comme l’araignée tissait sa soie. Pourtant, de l’autre côté de cette porte qu’il redoutait, ses vieux démons rongeaient leur frein. Plaqués contre le bois, ils griffaient, mordaient, cherchant à entailler cette paix que les doigts de la mage blanche distillaient contre lui, en des caresses plus maternelles et affectueuses que ce qu’il aurait pu désirer, maintenant. Il ne cessait de vouloir lui superposer le visage d’une autre. Le fantôme d’une autre. Il la repoussa de toutes ses forces, implorant en silence celle envers qui la dette resterait impayée. Il demanda à la pluie de diluer cette image, au vent de l’emporter loin d’ici, à la rivière d’en noyer le souvenir, et enfin aux phalanges féminines de plonger dans son esprit récolter sa mémoire, lavant les graines noires poussées trop haut. Mauvaises.

Si tu savais.

Si elle savait, elle ne le toucherait pas de la sorte. Cette forme d'affection inexpliquée, inexplicable, volerait en éclats. Un autre duel ? Un autre face à face. Et eux deux, épuisés d’avoir ainsi fait vibrer leur Essence, auraient-ils encore la force de se battre comme il l’avait fait avec une autre porteuse d’Ecarlate ? Cette seule évocation lui fut si douloureuse qu’il battit des paupières, gonflant sa poitrine avec plus d’intensité, comme on aurait cogné le sol du talon pour en faire fuir les esprits mauvais. L'index posé contre ses lèvres le renforça dans son silence. Il ne devait pas se répandre davantage en confidences susceptibles de tout briser. De toute manière, il n’en avait pas le courage. Sa bonté irréelle le rendait faible. Enclin à une forme de lâcheté qu’il trouvait acceptable. Les joues réchauffées par les paumes de l’arcaniste, il offrit son front à un baiser à l’impact profond.

Indigne, indigne, indigne, indigne, chantaient les démons derrière la porte.
Jamais de pardon pour les êtres impurs.
Jamais de pardon pour les parjures.
Une seule vie rescapée pouvait-elle en racheter une autre ?
Un autre homme que lui connaissait la réponse.  
Et tandis qu’Eoghan se fondait dans l’étreinte que lui offrait sa consoeur, son nez s’échoua quelque part dans ces mèches blondes, sentant bon la terre des marais, le parfum de quelques plantes bien connues. Rien de chimique. Rien qui ne soit pas évident, fragrance planant partout autour d’eux.
Pourquoi le monde ne pouvait-il tourner ainsi, toujours ? Chaque chose à sa place. Rien ne détonnant autre que leur communion.
Cette réponse-là, il n’avait besoin de personne d’autre que lui pour la déterrer, l’extirper de ses propres ongles de la terre où il avait poussé.

Pourquoi ?
Parce qu’il avait choisi une voie ne souffrant pas de cette harmonie considérée par les uns comme ennuyeuse, par les uns comme intolérable. Porté dans le courant de ses enseignements et de ses traditions, incapable de nager en permanence à contre-courant, viendrait immanquablement le jour, chaque fois, où il lui faudrait endosser le rôle pour lequel il avait été façonné. Cette résignation lui paraissait bien âcre, cette nuit. Mais blotti contre elle, caressant la peau de son cou, échouant dans le creux de sa gorge, il trouva un repos du guerrier qui, s’il n’était pas mérité, eut au moins pour mérite de rendormir les démons pour quelque temps. Lui aussi ignorait combien de minutes s’étaient écoulées, lorsqu’elle le relâcha et qu’il reprit ses esprits, comme sonné.

Il se releva lentement pour récolter les vêtements gentiment offerts. Il constata rapidement que l’homme qui les avait portés avant lui était au moins taillé dans le même bois que Serguey Diatlov, ce qui lui tira un sourire jumeau du sien. « Merci. » Il comprit immédiatement que rien ne servirait de négocier ni de refuser sa proposition. Il avait grandi entouré de femmes, et il savait dans quelle mesure un débat équitable ou pas pouvait s’engager. Il ne chercha pas à batailler. Il se glissa dans la salle de bain de bric et de broc de son hôtesse, dont il ne connaissait par ailleurs toujours pas le nom. Il lui était étrange de se faufiler dans l’intimité d’une inconnue dans ces circonstances, et pour autant tout lui paraissait si naturel qu’il ne se formalisa en rien de se dévêtir et de se laver dans sa tanière. Il regrettait simplement de ne pouvoir entendre l’averse chanter tandis que d’autres gouttes, bien plus chaudes, venaient débarrasser sa peau de la terre poisseuse des bayous. Le contraste entre le froid incrusté jusque dans ses os et la température agréable qui lui tombait sur l’échine, les épaules et le crâne, fut si violent qu’il en feula avec une délectation palpable.
Lorsqu’il sortit de la pièce exigüe, il était un autre homme. Les vêtements secs lui firent du bien, malgré les dix centimètres de trop tombant sur ses chevilles, et le t-shirt lui donnant l’air d’un adolescent attardé s’évasant un peu trop loin sur ses cuisses.

Il la retrouva rapidement, ses vêtements humides sous le bras. L’image de l’Éveillée lovée dans son fauteuil, les tasses remplies, le poêle… le tableau lui tira un sourire franc, cette fois, et qui n’appartenait qu’à lui. Il étendit ses fringues afin de les laisser sécher et se glissa au fond d’un siège à proximité du sien, récupérant le mug qui lui avait été laissé. Il porta le fumet brûlant à ses narines, inspira profondément et souffla d’une voix tendre : « Wow. Ça fait très longtemps que je n’ai pas eu l’occasion de boire ce genre d’infusions. »  Il s’adossa confortablement, et ce ne fut qu’à ce moment-là qu’il réalisa à quel point son dos lui était douloureux, encore tendu. Sans oser la regarder, pourvu d’une étrange timidité, il serra entre ses mains la surface délicieusement tiède. Il respecta le silence qui s’étendait entre eux sans hostilité, suffisamment pour laisser le liquide refroidir et y tremper ses lèvres. Il ferma les yeux sous la caresse enchantant son palais. La tempête n’en avait pas fini, dehors. L’obscurité, uniquement trompée par leur présence discrète, n’était pas une ennemie.

« Tu vis toute seule, ici ? » La question était rhétorique. Ce n’était qu’un départ tout en douceur. « C’est courageux. Tu n’as pas l’air de t’être vraiment mêlée aux habitants du coin. Et avec ta jambe… Ce n’est pas difficile, pour toi ? » Ce qu’il venait de se produire dans la nuit aurait pu lui arriver une dizaine de fois au moins. Une femme seule, isolée dans les parages… Même pour une arcaniste, le coin n’était pas sûr. « Je ne t’avais jamais vue avant cela. Je n’ai appris que tu vivais ici que récemment. »

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Louisiana Burning

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Anonymous
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Lun 20 Déc - 16:50 (#)



Blottie près du feu, tu l’attends. Immobile, statue de chair tiède et tendre, tu songes alors que mes gouttes glissent sur les vitres, que les minutes s’égrènent tranquillement. La fumée de l’infusion te chatouille les narines, mais tu ne bouges pas. Ici, tout près, se trouve un homme. Chez toi. Dans ton refuge. La pensée devrait être dérangeante, inquiétante et pourtant tu restes curieusement calme. Comme si cela devait arriver. Tu ne saurais dire si cette rencontre est due à un pur hasard, à un enchaînement curieux des évènements, ou bien s’il est le résultat d’une volonté qui te dépasse. S’il s’agit du bayou, de la Présence qui a souhaité rassembler deux de ses enfants. Vous ne sauriez être plus différents, Blanc contre Rouge et pourtant il te semble que votre proximité ne saurait être plus parfaite. Comme si vous combliez chacun un manque chez l’autre. Pansement mutuel sur des blessures secrètes dont vous n’osez même pas prononcer le nom à haute voix. Tu te remémores la chaleur de sa peau contre la tienne, tes doigts se perdant tendrement dans les mèches brunes, tes lèvres sur son front. L’absence de peur. L’évidence de ces gestes tendres dont tu avais perdu l’habitude. Pourquoi ne provoque-t-il pas dégoût et terreur ? Pourquoi ton coeur ne s’accélère pas, pourquoi tes pupilles ne s’agrandissent pas, pourquoi ne t’éloignes tu pas en tremblant ? Tu cherches des raisons, tu t’interroges et questionnes l’évidence : parce que c’est lui. Ton chevalier. Ta main armée. Le trésor contre ton sein que tu enserres de tes bras en une étreinte protectrice et tendre.

Lorsqu’il entre dans le salon, la lueur émeraude dans tes yeux se fait plus intense, reconnaissant ton semblable. Tu l’observes sourire, s’installer, trouver sa place dans ton repaire, comme s’il avait toujours été là. Loin de te sentir envahie, tu trouves cela… réconfortant. Tu souris alors qu’il goûte à l’infusion, potion de douce sorcière pour apaiser le corps et l’esprit. Tu te rends compte que cela t’a manqué, de prendre soin des gens. D’être en leur présence. Ou peut être est-ce seulement lui, tu l’ignores pour le moment. Dans la pénombre uniquement éclairée de flammes tremblotantes, tu fixes son visage, tu bois ses traits et imprimes ses prunelles au plus profond de ton esprit. Tu te vautres dans son Essence, tu t’enveloppes de cette aura rougeoyante comme d’une cape, la laisse te pénétrer et l’assimiles au plus profond de ton être. Tu t’imprègnes de lui, sans bouger de ton trône aux coussins colorés, jusqu’à être interrompue par sa voix. «  Tu vis seule ici ? » Tu hoches la tête, lentement. Tu pourrais lui expliquer, te justifier mais tu n’en fais rien. Tu résumerais ça en quelques mots si tu ne craignais pas de le faire fuir : tu es une vieille hippie asociale qui parle aux plantes et aux cailloux. Rien de très séduisant. Rien de tout à fait vrai non plus. Si tu répondais, tu devrais alors expliquer ce qui t’a amenée ici. «  C’est courageux. Tu n’as pas l’air de t’être vraiment mêlée aux habitants du coin. Et avec ta jambe… Ce n’est pas difficile, pour toi ? Je ne t’avais jamais vue avant cela. Je n’ai appris que tu vivais ici que récemment. » Courageux ? Tu hausses un sourcil étonné. Tu n’es pas courageuse. Tu es lâche. Tu te terres ici par peur des autres, les considérant comme une menace, tous sans exception. Mais ton regard se fait doux alors que tu le contemples. Pas lui. Tu n’as rien à craindre de ton chevalier.

Sans rien dire, tu te lèves lentement et tu clopines jusqu’au placard de la cuisine. Sous une cloche en verre, la tarte aux pommes de la veille. Délicatement, tu coupes deux parts que tu glisses sur des assiettes de porcelaine dépareillées, peintes de minuscules fleurs au charme désuet. Deux petites cuillères de bois viennent déposer un filet de miel sur la pâtisserie et tu reviens t’installer à ta place, tendant la friandise à ton compagnon. Plus le temps passe, plus tu te comportes comme ta grand-mère. Mais tu auras beau chercher des distractions, il faudra répondre tôt ou tard. « Les gens me font peur, surtout les hommes. » Tu as prononcé cette phrase calmement, sans que ta voix tremble. Énonçant des faits terribles, mais que tu sembles avoir acceptés. « C’est depuis que mon fiancé a tenté de me tuer. Il me battait. Ce n’était pas quelqu’un de bien. » Tu parles. Tu prononces des mots que tu n’as jamais osé dire, pas même à Ithan. Ta gorge se serre alors que les souvenirs remontent. Sans que tu t’en rende compte, les larmes commencent à couler. « Je crois que ce soir là, il m’a tuée en quelque sorte. C’était il y a dix ans. Je suis venue ici pour trouver la paix. » Tu fixes ton chevalier à travers tes larmes et tu souris pourtant, marques une pause pour porter à ta bouche un bout de gâteau. « Ce n’est pas courageux de ma part, j’ai juste évité la confrontation avec les autres en me cachant ici. Je suis lâche et faible. » Une créature indigne de pitié, une sorcière de pacotille. La petite voix dans ta tête se plaît à te répéter cela encore et encore. Mais ce soir ça ne te fait rien. Tu l’as accepté. Tu te tais, laissant le silence s’installer à nouveau, à peine perturbé par le craquement des bûches dans l’âtre. Est-ce qu’il va te mépriser pour ce que tu es ? Est-ce qu’il va partir ? Ton coeur s’arrête un instant. Non, il ne ferait pas cela n’est ce pas ? Tes mains tremblent et ta gorge s’assèche. Ne pars pas. Pas maintenant.

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⛤ Herboriste né, sa maîtrise des potions n'a d'égale que celle de son mentor maternel. Capable d'élaborer des philtres complexes ; créateur infatigable de breuvages en tous genres.
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Lun 17 Jan - 3:18 (#)


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Il n’était pas aussi inquisiteur qu’elle, dans sa façon de la regarder. Il n’osait pas se montrer plus intrusif qu’il ne l’était déjà. Ainsi, ses prunelles ne restaient jamais trop longtemps posées sur le visage de la jeune femme, mais suffisamment pour s’apercevoir de l’intensité de sa propre contemplation. Il capta également le hochement de tête, confirmant ses impressions. Oui, elle vivait seule. Il admirait cela, tout en étant presque effrayé de ce qui avait pu la pousser à prendre pareille décision. Même pour les locaux, il n’était pas fréquent qu’un membre de leur communauté décide de prendre la tangente en occupant un coin de terre fangeuse sans aucun autre membre de la famille, sans ami à proximité, sans rien. Un isolement ressemblant à une condamnation autoproclamée, une forme d’exil qui intriguait et rebutait autrui de s’approcher d’une baraque probablement branlante et à l’intérieur de laquelle on retrouverait un jour le corps de l’indésirable. Elle effrayait déjà, peuplait les commérages plus ou moins bienveillants, mais pas assez pour qu’on ne se soucie pas de son sort. Peut-être parce qu’elle était une femme. De mémoire de Louisianais, on ne se souvenait pas avoir un jour perçu la présence d’une fille d’Eve sur les bords de ce coin du bayou, bien plus loin qu’aux abords du ponton des pêcheurs. Il n’avait pas été étonné que de simples humains suspectent alors sa nature de sorcière, d’autant plus provenant d’un adolescent pétri de superstition, depuis bien avant que la Révélation n’éclate. Alors pourquoi ? Pourquoi avait-elle fait le choix de se tenir à l’écart du reste du monde ? Que fuyait-elle ? Lui n’avait jamais fui, tout compte fait. Il était toujours resté dans le giron des siens, y compris celui de ceux qui lui voulaient du mal. Il n’avait jamais eu le cran de couper les ponts. Il se vautrait dans le masochisme dans lequel il avait été modelé. Qui aurait pu l’empêcher de se fabriquer son propre bungalow ici ? Aussitôt, les réponses remontaient à la surface, sans sommation. Non. Il n’aurait pas pu. L’entreprise était vaine, la probabilité d’un échec cuisant courue d’avance. S’il recherchait en effet la quiétude de la nature et des marais, le sorcier aimait vivre en ville. Sa magie avait besoin de macérer dans les émotions entre lesquelles baignaient Stoner Hill, Shreveport tout entière, Bossier City. Il n’était pas fait pour l’exode. Ou du moins, pas tout de suite… pas ici.

Un jour.

Il la regarda se relever, serrant les dents par empathie, en la voyant boîter. Au silence, elle ne répondit que par l’offrande d’une pâtisserie, et lorsqu’il s’empara de l’assiette, ses yeux échouèrent sur le filet brillant du miel, serpentant entre les pommes emprisonnées sur une pâte préparée avec soin. La simplicité du don, la chaleur du présent, allaient de pair avec l’infusion qu’il reposa devant lui. Il ne s’était pas rendu compte qu’il mourait de faim, avant ce moment. Il murmura un faible : « Merci », et ne fit pas de manière pour prendre une bouchée de tarte. Il dut retenir un gémissement d’extase, mais ses paupières se fermèrent, tant le sucre, la saveur des fruits et le réconfort apporté lui firent du bien. Il n’eut que le temps de déglutir, et l’arcaniste près de lui consentit enfin à ouvrir les vannes, à se confier à celui qui ne méritait pas ce cadeau supplémentaire. Ses mots et ses larmes le touchèrent, mais il conserva un visage neutre, en apparence. Il avait besoin d’intégrer pleinement les réponses qu’elle lui fournissait, pour justifier cette existence pleine de contraintes. Il avait eu raison de pressentir la fuite. Il laissa passer un moment.

« Chercher la confrontation n’est pas toujours l’idée la plus intelligente. » Il fixait son assiette, qu’il finit par reposer à côté du mug. Soudain, il avait froid. Lui aussi se mit bientôt à observer l’âtre et, comme à son habitude, il remonta un genou contre son torse, dans l’une de ces postures adolescentes qu’il n’avait jamais vraiment abandonné. « Je cherche toujours la confrontation. Ça ne m’a mené nulle part. Chaque fois que je vois un mur, je tente de le défoncer à mains nues. Je m’y suis éclaté le crâne et les doigts systématiquement. Pourtant, ça ne m’a jamais arrêté. Enfin… Jusqu’à récemment. » Un frisson le secoua, accentué par le vent qui sifflait en-dehors, comme si les bourrasques cherchaient à l’atteindre en s’introduisant dans la maison. « Je suis fatigué de m’éclater le crâne. Juste parce que j’ai longtemps cru que combattre et répondre étaient les seules options à ma portée. J’ai laissé la colère parler trop souvent à ma place. J’me fais pas d’illusions, ça sera toujours comme ça. Ça fait partie de moi. Mais par moments, j’aimerais arrêter les frais. J’aimerais me cacher, moi aussi. » Son visage s’inclina dans sa direction. Il lui sourit en reprenant : « Parce que j’ai enfin compris que ça ne ferait pas de moi quelqu’un de lâche ni de faible pour autant. Au fond de toi, tu sais qui tu es. Et tu ne t’es montrée ni lâche, ni faible, tout à l’heure. » Son sourire disparut, remplacé par une gravité qui ne lui pesait en rien. Il respirait calmement, s’imprégnant de la beauté de cette femme dont il ne connaissait même pas le nom. « Je n’avais jamais entendu un tel appel. Tout le bayou t’a entendu. Je t’ai entendu. C’était l’une des manifestations de puissance les plus incroyables auxquelles j’ai jamais pu assister. » Il remua doucement au fond de son siège, cherchant la meilleure posture, continuant d’essayer de détendre son corps endolori. « C’est à cause de lui que tu boîtes ? Ton fiancé. »

Il prenait un risque en posant aussi franchement la question, mais quelque chose lui disait qu’il ne risquait rien. L’atmosphère entre eux deux lui permettait ce genre d’indiscrétions, et il s’était toujours montré particulièrement curieux, des autres comme du monde en général. Il ne voyait pas le mal à cela. Et si elle refusait de lui donner satisfaction, alors il s’en contenterait. « Tu as raison d’avoir peur. Je comprends mieux, maintenant. » Et lui, plus que tout autre, pouvait la conforter dans cette appréhension parfois gratuite. Sylia Mulligan-Underwood aurait sans doute aimé s’entretenir avec elle à ce sujet.

« Moi, je ne crois pas qu’il t’ait tuée, en tout cas. Il y a trop de vie en toi, pour ça. Tu as fait preuve d’une pulsion trop intense. Tu es forte. » Il humecta doucement ses lèvres en terminant, taquin : « Et tu fais des super tartes aux pommes, en tout cas. » Il joignit le geste à la parole, reprenant son assiette. « Comment tu t’appelles ? »

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Dim 1 Mai - 22:42 (#)



Sa voix vient te bercer doucement, confidences chuchotées dans la pénombre de ton antre. Comme une mélodie calme, une valse tranquille qui dessine au fusain les contours de son visage dans ton esprit. Tu vois s’esquisser un adolescent bagarreur, un jeune homme au sang brûlant, l’envie de prouver et de se prouver. Tu souris malgré toi. Un vrai chevalier. Tu perçois sous ses paroles l’enfant blessé, l’être perdu qui se débat pour ne pas se noyer sous les vagues d’une existence malmenée. Tu as envie de le serrer contre toi, de le serrer contre ta poitrine à en crever. De lui dire qu’il peut se reposer ici, qu’il peut se cacher, tu tairas son existence. Tu aimerais absorber son essence, la faire entrer en toi, déchirer ta poitrine, te briser les côtes pour le cacher là, juste contre ton coeur pour qu’il soit bercé par les battements et la mélodie du sang. Tu ne sais pas ce que c’est. L’instinct d’une mère qui t’a toujours manqué, le besoin de garder près de toi ce que tu considères comme tien, l’irrésistible envie de ne plus être seulement avec tes pensées et cette petite voix obsédante. Ou bien la Présence qui désire, qui ordonne à ses enfants de se réunir. Peut-être tout cela à la fois.

Tu l’écoutes sans dire un mot, hochant parfois la tête, tentant de l’imaginer se vautrer dans cette colère qui t’a tant manqué. Pourquoi n’as-tu pas été tentée de t’y abandonner plus tôt ? Peut être parce que tu avais peur, peur de ce volcan endormi, des flammes et de la bile amère prête à se déverser. Personne n’aime une femme en colère. On la traite d’hystérique, de mégère, de morue. De sorcière. Tu n’es pas faible, l’entends-tu dire. Tu relèves la tête. Cet Appel que tu as hurlé, tu as l’impression d’en sentir encore les vibrations. Tu es encore stupéfaite par ce qu’il s’est passé. Tu ne comprends pas. « Je ne sais pas ce qu’il s’est passé », confesses-tu d’un air à la fois perplexe et soucieux. « C’était… incontrôlé. Je n’ai jamais… c’est la première fois que je fais ça. » Les mots t’échappent, se bousculent et s’entrechoquent, maladroits et confus. Tu n’arrives pas à les organiser, à les ciseler pour qu’ils soient d’une précision chirurgicale. « Ce n’était pas m… ce n’était pas que moi. Est ce que tu l’as sentie aussi ? La Présence... » Tu ne saurais en dire plus sans t’embrouiller davantage. Dire l’indicible est au-dessus de tes forces pour le moment. Mais à Son Nom, celui que tu Lui donne, ton regard s’éclaire à nouveau, vert vibrant, émeraude à la lueur inhumaine. Ton visage semble s’éveiller à ce souvenir, le Bayou t’emplissant toute entière, la Terre vibrant sous ta peau. Jamais tu n’as connu une manifestation de Pouvoir pareille. C’est effrayant. Mais étrangement… tu serais prête à t’y livrer encore sans la moindre hésitation.

« Oui c’est lui qui m’a fait ça. Enfin… il visait plus haut mais la balle a été déviée » Ta réponse est distraite alors que tu repenses encore à la puissance qui t’avait envahie il y a quelques heures à peine. Tu n’ajoutes pas que c’est toi qui a dévié cette balle, ton don qui t’a permis de rester en vie. Tu n’y penses pas, cela te paraît étrangement lointain et sans importance. Un sourire vient étirer tes lèvres à sa remarque taquine, presque gamine en réalité. « C’est vrai que je suis forte… pour les tartes aux pommes. Et je te dois beaucoup… donc j’espère que tu reviendras en manger souvent. » Tenir un homme par son estomac. Tu repenses tendrement aux conseils de ta grand-mère. Comme quoi elle n’avait pas tort, elle qui a toujours vécu dans le célibat le plus fier. Peut être que comme toi, elle avait offert à certains une tasse de thé parfumé, un plat chaud pour réchauffer les âmes glacées. Peut être s’était elle attaché à un homme aussi. On ne parlait pas de ces choses là au coven. Machinalement, tu attrapes une mèche de tes cheveux et commences à la tresser, ton regard à nouveau fixé sur ton compagnon. « Evangeline O’Callaghan. Et toi ? » Tu ne lui laisses pas le temps de répondre que tu le questionnes à nouveau. « Tu es un sorcier n’est ce pas ? Il y en a beaucoup des comme toi dans le coin ? » Tu lisses la mèche d’or du bout des doigts. « … tu es le premier que je rencontre. J’ai toujours cru que la magie c’était une histoire de femmes mais… mais toi tu es intéressant. » Et tu meurs d’envie d’en savoir plus.

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ADMIN ۰ Se faire péter la vitrine : bien plus qu'un métier, une passion. Featuring : Dramaking
Eoghan Underwood
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The Rains & the Willows • Evangeline 1E5CfUE The Rains & the Willows • Evangeline AoZyjkn The Rains & the Willows • Evangeline BvRyGpi

"This is not the right way."

En un mot : Sorcier venimeux ondulé de la toiture. Gosse du bayou.
Qui es-tu ? :
"Let it spread like a disease."

⛤ Maître des arcanes, sorcier à l'essence écarlate. 37 ans de vice (et râles) et de chair corrompue. Manipulateur d'hormones, télépathe patenté.
⛤ Second, bras droit de Circé van derr Ven dans la secte de l'Irae. S'y démarque pour sa loyauté ciselée par les griffes de Morgan Leroy (missing). Mais les failles perlent.
⛤ Incube de Louisiane ; fils de ces terres marécageuses, du bayou poisseux et des routes cahoteuses. Né à Bâton-Rouge, n'a connu que Shreveport et les frontières de son État.
⛤ Né seul homme dans la famille des sorcières irlandaises Mulligan. Privé de père (tué) par la harpie noire : élevé par Sylia Mulligan, descendant du Rouge de sa grand-mère Julianna.
⛤ Cauchemar des femmes ; nourrit sa magie (Rougeoyante) des hormones sexuelles de ses partenaires, ainsi que des émotions primaires.
⛤ Traître à ses passions, criminel et meurtrier de Johanna Andros (missing). Pourfendeur d'amitiés, éternel débiteur, clébard soumis à ses attaches.
⛤ Ne vit que pour les Mardi-Gras de New Orleans ; caresse le rêve de s'y installer un jour dans son propre "shotgun", malgré le fantôme de Katrina.
⛤ Mystique, déchiré entre deux hommes : partagé entre le sorcier et l'humain, entre la sagesse et une ire destructrice. Le latin s'efface sans mal sous l'accent du Sud, coriace sous sa langue.
⛤ Commerçant du Downtown (Crawling life), antre de ses serpents vénérés, lézards et autres reptiles, dont il cède les corps, les soins et les cages de verre.
⛤ Pratique à l'arrière de sa boutique, dans un laboratoire farouchement défendu et protégé par les runes. Recèle secrets et savoirs, expérimentations douteuses et dangereuses.
⛤ Mauvais mentor. L'une de ses apprenties en a subi les conséquences. Guide de Morgane Wuntherson et d'Halina Meyer. Meilleur ami indigne de Vinzent Henkermann et cousin de Shannon Mulligan.
⛤ Pacte tissé avec Scox : Prince démon s'étant dissimulé derrière les brumes de Baal. Immortalité odieusement acquise, âme vouée à obéir et marcher aux côtés des Antiques.
38 ans d'âge réel ; 36 ans d'apparence.

⛤ ENAE VOLARE MEZZO ⛤

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"I put a spell on you."

Facultés : ⛤ La Rougeoyante s'infiltre dans les corps et y bouleverse les hormones ; flèche apollonide : distille poison, fléau, mort, mais aussi fièvre rouge saphique. Chaos total.
⛤ Télépathe raisonnable : ne s'infiltre de préférence que dans les esprits des humains misérables. Capable de communiquer en pensée avec quiconque lui ouvre les grilles de son esprit. Savant fou ; capable désormais de connecter sa psyché aux êtres muets, cobras et crotales comme cobayes, corbeaux et autres créatures rampantes.
⛤ Herboriste né, sa maîtrise des potions n'a d'égale que celle de son mentor maternel. Capable d'élaborer des philtres complexes ; créateur infatigable de breuvages en tous genres.
⛤ La Rougeoyante se défend et protège son hôte plus férocement qu'elle n'attaque : limitée par la nécessité d'un contact physique. Sorcier doué au corps-à-corps, secondé par son aisance au maniement d'athamés et autres lames rituelles.
⛤ Chercheur d'artefacts, quémandé des Longue-Vies : détisseur de leurs malédictions et autres mauvais sorts.
Thème : The Way ⛤ Zack Hemsey.
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"Before I die alone."

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Ven 6 Mai - 21:57 (#)


A Choir of Ill Children.
Il aimait tellement la regarder.
Il aimait la voir penser, réfléchir à haute voix, tout comme il prenait un plaisir réel à la voir un peu apaisée, loin de l’image de furie imprégnatrice qu’il avait rencontré, guidé par sa Voix. Qu’elle tresse une longue mèche d’or en un geste rappelant la petite fille qu’elle avait pu être dans le passé, l’invitait à céder à la tentation d’une projection dont lui non plus ne se priva guère. Qu’elle boîte, qu’elle demeure tristement handicapée par la faute de son ancien amour, ne l’érigeait qu’un peu plus en héroïne maudite, survivante là où d’autres n’avaient pas eu sa chance. Johanna aurait-elle eu la sienne, si elle était née Éveillée ? Il préféra ne pas y songer. Y songer, ç’aurait été retomber dans les travers de ses préoccupations, celles que la voix chaude en face de lui cherchait tant à faire disparaître. Alors tant pis. Il ne pourrait pas faire montre d’une honnêteté sans pareille. Le mensonge, même par omission, lui pèserait. Il se faufila dans la faille d’une couardise qu’il aurait tout le loisir de regretter plus tard. Même ses remords ne parvenaient pas à gâcher le goût du sucre contre son palais, très loin de là. Le réconfort procuré par cette simple part de tarte le poussa à sourire, en même temps qu’il écoutait les remarques et questions de l’arcaniste, elle aussi en attente de certaines réponses.

« Je L’ai sentie, oui. J’ignore ce que c’était… Mais… » Il ferma les yeux, juste le temps de se remémorer pleinement les images comme la commotion de la Nature tout entière bouleversée, autour de lui. « Je savais que je devais répondre à l’appel. C’était… à la fois un ordre, et une invitation. Le bayou pulsait autour de toi. J’ai croisé un nombre incroyable de bestioles qui fuyaient, en sens inverse. Mais d'un autre côté, l’Essence du monde paraissait accourir. Je devais y aller. Je devais… » Il secoua doucement la tête. « Même quand j’ai cru que les Mères ne me laisseraient pas passer. Je devais essayer. Je n’aurais jamais pu ignorer l’Appel. » Il savait que ce qu’il murmurait ne faisait pas sens. Toutefois, son instinct lui disait que la jeune femme comprendrait. Ils avaient été touchés par le même phénomène, demeurant pour l’heure encore un mystère. « C’était terrifiant et magnifique à la fois. Tu… Tu étais comme devenue l’incarnation de mille forces bien plus puissantes que nous. » Une gorgée de thé. Un petit bout de tarte. Il mâcha en silence, fixant le poêle qui ronronnait toujours. « Evangeline… » Il sourit. Il aimait bien, son nom. Quant à « O’Callaghan », il n’en conçut aucune surprise : il avait déjà eu l'occasion de saisir que les mêmes racines gaëliques poussaient dans leur terreau, à tous les deux. « Eoghan Underwood. »

Eoghan.
Evangeline.

Il se laissa bercer, entêter gentiment par le jeu des syllabes se répondant en écho, sans créer de sens frontalement perceptible ; juste parce que cela lui plaisait. Quelque chose semblait profondément logique, tandis qu’il ne se serait jamais avancé à le décortiquer pour autant. « Je suis bien un sorcier. Et tu n’es pas la première à penser que la magie est une histoire de femmes. » Le fil de ses lèvres mua en un rictus un peu plus jaune. Il le dissimula par la tasse soulevée une fois de plus. « Qui sait… Peut-être qu’en Irlande, deux siècles plus tôt, nos deux lignées possédaient une branche commune. Cela pourrait expliquer en partie ton opinion. » Une plaisanterie, bien sûr. Elles étaient plus nombreuses qu’on ne l’avouait ouvertement, à penser que l’existence même d’un sorcier était un concept absurde, ignoble. À éradiquer. « Je vais te dire… Je ne dois qu’à la faiblesse de ma mère d’être assis dans ton fauteuil en ce moment même. » Son dos se calfeutra de nouveau  contre le dossier. « Si elle avait écouté ma grand-mère, qui elle-même avait écouté la sienne, et ainsi de suite… Jamais un homme n’aurait pu naître, grandir ni porter leur héritage. Et pourtant, je suis bien là. » Eoghan revint affronter les prunelles pénétrantes d’Evangeline. « Pour elles : mes tantes, ma cousine, ma mère, je suis une erreur de la nature. Une sorte d’abomination qui ne dit pas son nom. Je ne suis qu’une sorte de… pratiquant abâtardi, et le fait que je sois un homme ne rend la maîtrise de mes dons que plus insupportable, pour elles. Je n’aurais pas dû naître. Ou, du moins, j’aurais dû naître femme, ou ne pas être. Tout simplement. » Sa vis-à-vis avait employé un terme qui l’amusa un peu. Il le répéta, sans méchanceté. « Intéressant… C’est ce qu’elles ont fini par penser, elles aussi. Ma grand-mère était flattée que j’hérite du rouge, parmi cette marée noire. Ma cousine avait un bouc-émissaire sur lequel passer ses nerfs et projeter ses fantasmes. Quant à ma mère, elle devait leur prouver que sa désobéissance ne serait pas vaine. Qu’il pourrait en ressortir une sorte d’expérimentation projetée sur un terme sans date de péremption. Tu comprends ? » Il haussa les épaules, fataliste. « Au fond, elles ont sûrement raison. Je suis une sorte de monstruosité, dont beaucoup se seraient passé. Mon Essence est on ne peut plus féminine. C’est sûrement étrange de la genrer ainsi, mais c’est toujours comme ça que je l’ai perçue. Elle et moi ne formons qu’un, en une sorte de yin et yang dont il y aurait beaucoup à dire, j’crois… »

Il marqua une pause, afin de ne pas donner l’impression de noyer l’habitation de ses paroles. Tout en devisant, il surveillait également son état de fatigue, redoutant à tout instant un autre saignement de nez. Par réflexe, il pinça brièvement les arêtes de son nez. « Il y en a quelques-uns, des comme moi. Mon meilleur ami est un sorcier. Un autre est un adepte des pratiques vaudou. Et deux autres de mes connaissances masculines ont eux aussi été habitués aux arcanes. Nous ne courons pas les rues, mais nous ne sommes pas si rares que cela, non plus. » En une dernière bouchée, il acheva de faire un sort au dessert, ponctuant l’en-cas d’une ultime lampée, vidant elle aussi la tasse. Repus, il reposa le tout et, cette fois, noua ses jambes en tailleur, le coude appuyé contre la manche du fauteuil. « Et toi, alors ? Parle-moi de toi. De ta magie. »  

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Dim 18 Sep - 20:08 (#)



Tes doigts viennent caresser les joues ombrées d’une barbe naissante, se perdent dans les boucles sombres du sorcier. Tu imagines sans peine sa gorge serrée, lorsque encore enfant, il comprenait déjà qu’il n’était pas bienvenu, une anomalie à corriger. Ou à éliminer. Sans même y réfléchir, tes lèvres viennent se poser sur son front, et ta bouche -grenade d’un pourpre luisant- murmure sans que tu y prennes garde. La voix qui s’élève n’est pas vraiment la tienne te semble-t-il, ou peut être que si. Quelle importance ? Peut-être es-tu encore sous l’influence de la Présence, peut-être l’as-tu toujours été. Peut-être que cette nuit tu as trouvé ta place. Peut-être qu’il a trouvé la sienne. « Il n’y a pas d’abomination. Tu es parfait. » Jugement sans appel. Sourire lumineux, presque maternel. « J’aurais bien aimé avoir un fils comme toi. J’aurais été fière que mon fils brave les Mères pour me venir en aide. » Délicatement, tu l’entoures de tes bras et tandis que tes mains parcourent son dos en une litanie de caresses réconfortantes, tes mots se font serpents dorés venant siffler à ses oreilles. « Tu es parfait. Mo ridire dearg. » Longtemps tu le gardes prisonnier contre toi. Longtemps tu le berces de tes gestes et de tes mots, tandis que tes compagnons végétaux oscillent de leurs branches et de leurs feuilles, comme agités d’une brise surnaturelle. Quelques éclats fugaces se laissent entrevoir, pierres dissimulées ça et là, semblant chantonner en réponse à tes mots, semblant accueillir ton chevalier. Dans l’antre de la dame d’émeraude, tout paraît enchanté, doué de vie et de sa propre volonté. Certains penseraient à une illusion, d’autres à un jeu de leur esprit.

Puis finalement, tu consens à le relâcher, retournant te lover parmi les coussins aux étoffes chatoyantes et élimées. Tu contemples ton compagnon, curieusement apaisée alors que la nuit avait commencée dans l’horreur la plus saisissante. Ta terreur devenue anecdotique, la mise à mort dont tu as été le bras armé oubliée comme un mauvais rêve. Cette rencontre est certainement l’électrochoc dont tu avais besoin. Le moyen de lever le voile de tes paupières et de découvrir de nouveaux chemins. Dans les méandres de tes pensées, chaque mot prononcé ce soir est soigneusement enregistré, analysé. Plus tard, tu rassembleras les différentes pièces d’un puzzle dont tu n’as pas encore l’image globale. Autres sorciers. Arcanes. Vaudou. Les lettres s’impriment dans ton cerveau, sans te douter que tu te lieras avec l’un d’entre eux plus intimement que tu ne le pense. Sans imaginer que cette fois tu seras celle qui secourt. Tu t’étires comme un chat, pour peu tu ronronnerais presque. Tes prunelles s’emplissent d’une malice innocente alors que la plante posée près du sorcier se penche peu à peu vers lui. L’émeraude luit et colore imperceptiblement tes iris alors que tes pupilles se dilatent lentement. « Tu lui plais. » Sourire amusé alors que tu flattes les feuilles du bout des doigts. « Je suppose que tu l’as remarqué, j’ai une affinité profonde avec la terre. D’aussi loin que je me souvienne, ça a toujours été ainsi. » Tu marques une pause pour vider ta tasse, la reposes avec précaution tandis que tu remontes les manches de ton caftan, exposant tes poignets ceints de bracelets d’argent. Les joncs de métal semblent frémir, ondulent doucement, reptiles indolents à l’éclat stellaire. « Je n’irais pas jusqu’à dire que je maîtrise cette magie. A vrai dire… c’est plutôt le contraire, c’est elle qui me maîtrise. »

Le Bayou t’avait emplie toute entière. Tes expériences passées, hypnotisée par les gemmes qui te fascinent, n’en avaient été que les prémices. Cela ne t’avait nullement préparée à cette expérience d’une intensité folle. « Ma mère n’avait pas le don. Alors elle m’a abandonnée à ma grand-mère, n’a jamais cherché à me revoir. J’étais, je crois, le reflet de son échec. Et puis qui voudrait d’une enfant qui se laisse happer par le scintillement d’une pierre, oubliant de manger ou de boire jusqu’à s’évanouir ? Qui pique une crise de colère quand on arrache une plante ? Qui ne supporte pas le béton sous ses pieds ? » Tes yeux se perdent dans le vide. En vérité tu n’arrives pas à lui en vouloir. Ta génitrice avait fait le meilleur choix te concernant, te laissant à celles qui te laisseraient plus tard t’abandonner à tes fantaisies, à garder un minimum de contrôle. Qui t’entoureraient aux plus sombres moments. Et te laisseraient partir quand il avait fallu s’éloigner pour guérir. Tout le monde n’était pas fait pour être parent. Tu doutes l’être, au fond de toi tu n’as jamais ressenti le besoin, l’envie de l’être. Peut-être égoïstement, tu trouves dans la relation avec ton élément une quiétude si grande qu’il y a peu de place pour une relation où tu devrais te dévouer à un être dépendant entièrement de toi. « En vérité, j’ai l’impression d’être comme un vase vide, qui se remplit parfois de magie. Ou d’être un outil d’une Volonté plus grande que ce que je peux imaginer. J’ai appris à l’accepter, même si c’est déroutant. Et puis ça me permet de vivre plutôt confortablement, alors je n’ai pas de quoi me plaindre » tu ajoutes en ouvrant les bras, plutôt fière de ton domaine, douillet et intimiste.

« J’aimerais que tu restes. » Ces mots t’ont échappé, malgré toi. « Je ne sais pas pourquoi. Mais j’aimerais que tu restes, ou que tu reviennes ici souvent. » Tu hésites, tu butes sur les mots. Après tout, tu t’es jusque là satisfaite de ta solitude. Mais soudain, ça ne te suffit plus. Cet être qui t’a sauvée, tu aimerais t’enrouler autour de lui, comme une couverture chaude et moelleuse, le regarder s’endormir et veiller sur ses rêves. Tu voudrais aussi planter tes dents dans son coeur, disséquer ses pensées et te lover au plus profond de sa poitrine, accompagner chacun de ses souffles de ta présence comme un ronronnement familier et réconfortant. Est-ce ta volonté ? Est-ce celle de la Présence ? Peu habituée à te questionner, mais plutôt à écouter ton instinct, tu observes tes traumas céder peu à peu sous la vague de tes désirs. Une seule chose est sûre. Cet homme, pour qui tu as déjà une tendresse certaine, un amour platonique et puissant ; cet être qui semble te compléter, aura tout changé ce soir. Finalement, l’humanité n’était pas si foutue que ça.

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⛤ Ne vit que pour les Mardi-Gras de New Orleans ; caresse le rêve de s'y installer un jour dans son propre "shotgun", malgré le fantôme de Katrina.
⛤ Mystique, déchiré entre deux hommes : partagé entre le sorcier et l'humain, entre la sagesse et une ire destructrice. Le latin s'efface sans mal sous l'accent du Sud, coriace sous sa langue.
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⛤ Pratique à l'arrière de sa boutique, dans un laboratoire farouchement défendu et protégé par les runes. Recèle secrets et savoirs, expérimentations douteuses et dangereuses.
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⛤ Herboriste né, sa maîtrise des potions n'a d'égale que celle de son mentor maternel. Capable d'élaborer des philtres complexes ; créateur infatigable de breuvages en tous genres.
⛤ La Rougeoyante se défend et protège son hôte plus férocement qu'elle n'attaque : limitée par la nécessité d'un contact physique. Sorcier doué au corps-à-corps, secondé par son aisance au maniement d'athamés et autres lames rituelles.
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The Rains & the Willows • Evangeline KL9jJO9
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"Before I die alone."

The Rains & the Willows • Evangeline GIeraGW
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Ven 14 Oct - 3:59 (#)


A Choir of Ill Children.
La caresse inattendue le cueillit entre deux souffles discrets. Il ne fit rien pour lui échapper, et l’odeur de la jeune femme lui parvint en même temps que le contact tendre et apaisant, aussi chaud que tout ce qui les entourait ; flammes, liquide, nourriture. Ils étaient comme deux courants de lave planqués au fond de la terre, bouillants, cachés, quand des kilomètres plus haut, les vents et l’eau avaient remporté la guerre terrible dès la création du monde. Ce courant latent qui traversait les tréfonds de la planète n’était pas si différent des manieurs d’arcanes comme elle, comme lui. Révélation ou non, mille secrets les porteraient encore, les avaient conduits jusqu’ici, faisaient pulser leur sang si jumeau à celui du reste. Leur tendresse cramponnée l’une à l’autre, aucun prédateur n’aurait pu venir les débusquer jusqu’ici. Pourtant, Eoghan ressentait alors toute sa propre fragilité, de même que celle de son alter ego féminin. Seule leur unicité, leur pouvoir compact et tourné dans une même volonté commune pourrait leur garantir, pour un temps, une forme de sécurité illusoire, une précarité à l’image de la cabane qu’elle s’était aménagée. Solide en apparence, mais aussi vite balayée par les tempêtes à venir. Il suffirait d’une fois. D’un homme plus menaçant qu’un autre, d’un ouragan de plus, d’une pulsion de trop. C’était là toute la beauté du paradoxe ; ils n’étaient rien, et pourtant ils étaient tout. Contre ses phalanges effleurant la peau de sa mâchoire trop carrée, contre son cuir chevelu réceptif aux frissons qu’elle créait par ses arabesques chaotiques, sous le baiser qu’elle dispensait en silence, il se laissa aller à cette trêve sans revers. La tendresse des femmes était si précieuse, pour lui. Longuement confronté à leurs sévices, à leur dureté ainsi qu’à leur jugement, il s’était forgé une haine tenace à leur égard, que quelques rares élues parvenaient à faire fondre. Elle y parvint avec une force que seule la douceur, la vraie, pouvait induire. Il ferma les yeux en même temps que son corps tout entier se laissait aller, penché sur le côté. Ses cuisses se défirent de leur assise en tailleur, et ses jambes se replièrent afin de mieux pouvoir couler contre le flanc, le bras et la gorge de la mage blanche. Il ne réfléchissait pas. Ce n’était pas une affaire de cérébral, entre eux. Il sourit doucement face à ce qui ressemblait à une bénédiction proférée sur un ton sans appel, qu’aucun cri, aucune vocifération ne pourrait dévier de son but : l’entourer d’une ouate qu’il pensait ne pas mériter, mais qu’il n’aurait pas l’ingratitude de vouloir repousser. Pas cette fois. Il embrassa les paroles d’Evangeline comme elle l’avait embrassé, lui. Il consentit à cette régression dont personne ne saurait rien, retrouvant l’enfant intérieur en lui qui, maintes fois, avait appelé de ses vœux à une pareille étreinte de la part de sa sorcière de mère. Rien n’était jamais venu, et il s’était alors contenté de grappiller çà et là les réponses aux questions muettes, aux doutes persistants. Peut-être était-ce pour cette raison qu’il percevait leur union avec une telle profondeur.

Leur séparation conserva cette même fluidité. Ainsi que rien ne se serait passé, il reprit sa posture, vertèbres et cervicales désormais plus détendues. Le sursaut qui le traversa brutalement lui fit revenir à lui, et avec étonnement, il observa le manège d’une plante qui, quelques secondes plus tôt, était parfaitement immobile, il en était sûr. « Tu lui plais. » Il se mit à rire un peu, presque sans un bruit. C’était totalement absurde. Et cependant, en magie, rien ne pouvait être plus logique qu’une arcaniste aux mains pâles s’étant liée d’affection avec les plantes. D’autant plus si elle s’était installée en plein cœur des marais. Avec attention, il écouta les explications de sa consoeur, et il comprit enfin ce qui justifiait son installation si loin de la ville.

« J’aimerais rester aussi. » Un sourire complice, adressé à la plante qui ondoyait avec une délicatesse touchante. « Au moins cette nuit, et demain matin… Oui, j’aimerais bien rester. » Soudain, l’idée de savoir que les prochaines heures conserveraient cette étoffe agréable et soyeuse lui conféra une vague de bien-être supplémentaire. Il se pencha pour récupérer la tasse encore tiède qui lui réchauffait les paumes, et s’abandonna, les reins tout au creux du siège confortable, pour se laisser traverser par ce bonheur simple et précieux. Il n’était pas parfait, quoi qu’elle en pense. Mais dans ces moments-là, il se savait capable de refléter un peu de la lumière dont elle était la source. « En tout cas, si ma mère avait été comme toi, je serais très différent. Ça n’aurait pas été la même vie, loin de là. » Il trempa ses lèvres dans les dernières lampées d’un breuvage dont il ne resta bientôt plus rien. Il n’évoqua ni son père, ni le sien. Le temps présent appartenait aux Mères. Celles du dehors, comme celles dont ils étaient tous deux nés du ventre torturé.

« Je reviendrai te voir souvent, oui. Maintenant que je sais où tu habites, je viendrai m’assurer que tu vas bien. Je pourrai te ramener des choses de la ville, ça t’évitera de devoir t’y rendre. On ne sait jamais. Tu pourrais avoir besoin de matériel, surtout en temps de crue comme cette nuit. » Crue révérée, élément Eau tout-puissant qui avait conditionné, à sa façon, cette rencontre inespérée. « Je viens très régulièrement, dans les bayous. D’habitude, c’est pour filer un coup de main aux pêcheurs, mais j’aime vagabonder seul, aussi. Parfois, juste pour me promener et me ressourcer. Parfois pour la récolte. Toi, tu seras une jolie raison supplémentaire. » Il se pencha et tendit une main presque timide pour effleurer une feuille lisse et douce du bout des doigts. Il sourit lorsque la plante s’inclina, enlaçant une phalange d’une tige plus fine que les autres. Son rire reprit, juvénile. « C’est toi qui fais ça… ? Ou c’est elle ? Genre, elle aurait vraiment sa volonté propre ? » Son visage se tourna dans sa direction. « C’est la première fois que j’ai une touche avec un végétal, j’suis flatté. Avoue, c’est mon CO2 qui lui plaît, non ? »

Et toi ? Qu’est-ce qui te plaît ?
Est-ce juste la providence ?
Est-ce juste une histoire de brève ?


Il ne pouvait pas croire que le Blanc ne puisse distinguer le vice planqué sous le Rouge. Le Blanc n’était pas si candide, bien au contraire. Plus d’un ou d’une arcaniste lui avaient largement donné l’occasion de s’en apercevoir. Tout en continuant de jouer avec l’élément vivant auprès duquel il n’aurait jamais pensé un jour pouvoir se lier de cette manière – interaction surprenante –, il se mit à réfléchir. Il n’était guère raisonnable de fréquenter cette ermite, pour un type comme lui. Il aurait dû se contenter de cette fois unique, et de repartir pour la laisser à sa quiétude. Il sut néanmoins instantanément qu’il en serait incapable.

« Tu n’as pas peur, juste parce que je t’ai aidée ? » La question était sincère. « J’ai fait… Si tu m’avais connu dans d’autres circonstances, tu n’voudrais pas qu’je reste. Alors si un jour t’as plus envie de me voir, j’arrêterai d’te rendre visite. Mais faudra m’le dire, d’accord ? J’te laisserai tranquille. »  

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Louisiana Burning

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Anonymous
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Mer 2 Nov - 17:28 (#)



"J'aimerais rester aussi." Ces mots sonnent à tes oreilles comme une victoire. Tes lèvres s'étirent en un sourire radieux, lumineux. Il a envie de rester. En TA présence. Malgré tes défauts, ton absence manifeste de contrôle et ta capacité à te perdre en toi-même. Il veut rester, ton formidable chevalier écarlate, l'enfant du Rouge, celui qui a bravé les Mères et condamné un coupable à de longs et douloureux tourments. C'était comme revoir une partie de soi, partie depuis très longtemps. Une simplicité réconfortante dans cette manière d'être, honnête et nue, sans artifice. Peut être que c'était cela d'être en compagnie d'un semblable. Tu n'as fréquenté que les sorcières de ton coven jusqu'ici, Eoghan est une nouveauté rafraichissante, étonnante et si évidente à la fois. Ta haine des hommes fond à son contact, ta peur s'évapore, la muraille de glace que tu as érigée patiemment durant une décennie s'effondre sans que tu ne battes un cil. Tu imagines avec un plaisir non dissimulé l'accueillir de temps en temps, lui offrir un abri, un lieu de repos où vous vous nourrirez de vos simples présences. Ensemble vous panserez vos plaies, vous oublierez tout le temps d'une retraite hors du monde des humains. Et vous repartirez sans doute à l'assaut, vomissant votre colère et votre haine à la face du monde. Emeraude et rubis brillants comme des étoiles.

"Tu seras toujours le bienvenu aussi, je te le promets." Tu souris à ses gentils mots, à ses paroles réconfortantes, rassurantes. Cela te tranquilise plus que tu ne veux l'avouer, de savoir que quelqu'un ici s'inquiète pour toi, prendra soin de venir vérifier que tu es toujours en vie et que tu as toujours forme humaine. Encore une bonne raison de ne pas totalement t'abandonner à la terre, pour le moment en tous cas. "Et peut -être que je pourrais venir te voir en ville, à l'occasion je dois tout de même y aller pour le travail." Peut être la corvée que représentent ces expéditions loin de ton élément sera-t-elle adoucie par la perspective de voir le sorcier. Peut être même que tu attendras ces moments avec impatience, que la simple pensée d'avoir un allié dans ce monde hostile te donnera plus de force pour avancer. Non, plus qu'un allié. Un Ami. Son rire, léger et presque enfantin, te sort de tes pensées et tu glousses en voyant l'une de tes compagnes végétales lui témoigner un attachement certain. Un vrai tombeur, tu n'en doutes pas. "Elle agit de sa propre volonté, je n'y suis pour rien si elle a un faible pour toi... enfin elle doit sentir que je t'aime bien." Ce n'est pas tout à fait vrai, tu y es pour quelque chose en réalité. "Parfois les végétaux réagissent quand je suis dans le coin. Je suppose qu'ils se nourrissent de mon Pouvoir, tout comme je m'abreuve à la Présence. Mais une chose est sûre, tu lui plais."

Pourtant il semble douter. Avoue à demi-mot qu'il n'est pas un chevalier blanc. Tant mieux, tu le préfères couleur sang. Qu'il est sans doute plus sombre que tu parais le croire. Tu n'es pas aussi innocente qu'il le pense. Pourtant tu accueilles ses paroles d'un hochement de tête, alors que tu le contemples. Tu perçois pourtant cette riche couleur écarlate parcourue de veines sombres. Un rubis enchassé dans un bois d'ébène. Dans ton esprit se dessine les contours d'une amulette que tu glisseras bientôt à son cou, promesse d'affection et de protection, serment de fer et de sang. "Tu m'as vue réduire le crâne d'un type en bouillie. J'espère que le jour où tu ne voudras plus me voir, tu me le diras aussi." Ce soir, tu l'avais prouvé, le Blanc pouvais se montrer incroyablement violent et destructeur. Est-ce que cela te gêne ? Non. A vrai dire, sortir cette colère et cette violence, l'extirper de tes veines t'avait fait un bien fou."Je sais bien que le Rouge n'est pas ta seule couleur. Tu ne tiendrais pas ce genre de discours sinon. Et cela me convient. Tu n'es pas obligé d'en parler si tu ne le désires pas. Mais je t'écouterai toujours."

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