When we were young - Thomas

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Anonymous
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Lun 1 Mar - 1:19 (#)

'Cause you feel like home
Elian Reed
feat.
Thomas Ward


 

 



 

 

But if by chance you're here alone
Can I have a moment ?
Before I go ?
'Cause I've been by myself all night long
Hoping you're someone I used to know. Δ 

La liqueur, d’un or chaud, se pare de teintes orangées quand les rayons du soleil la frappent de plein fouet. Par la fenêtre, on peut apercevoir l’astre qui embrase la surface paisible du lac, seulement troublé par une brise qui dessine des vaguelettes discrètes à sa surface. Un index à l’ongle parfaitement manucuré effleure le rebord du verre à fin, avec un tremblement presque imperceptible. La main qui le suit est finement dessinée, accrochée à un poignet tout aussi délicat, contre lequel la soie d’un chemisier glisse, dévoilant une cicatrice encore fraîche. La ligne carmine tranche sur la peau d’albâtre de la sorcière dont la tête repose contre le dossier du fauteuil en osier dans lequel elle s’est recroquevillée. Son regard, rendu flou par l’alcool, peine à se focaliser sur la vision idyllique que lui offre le paysage par la fenêtre et elle se contente de fermer les yeux avant d’attraper le verre d’un geste mal assuré. Au pied du fauteuil, une bouteille vide repose sur le flanc, sa sœur, encore à demi-pleine, posée près d’elle. Le Sancerre dégage un bouquet floral et sucré qui envahit ses narines quand elle le porte à ses lèvres et elle pousse un soupir après avoir avalé une grande gorgée du liquide. Dans un réflexe idiot, elle lève l’autre bras afin de consulter sa montre avant de se souvenir qu’elle ne la porte pas. Elle ne travaillait pas aujourd’hui, la journée s’est écoulée avec la lenteur d’un jour d’été et l’aigreur d’un dernier jour de vacances. Ses yeux tombent sur la ligne de chair malmenée qui tranche sur la blancheur de son épiderme et une gorgée supplémentaire trouve le chemin de ses lèvres, qu’une grimace amère étirent. Hier, elle s’est encore souillée. Sa main droite vient recouvrir ses yeux, comme ses enfants qui pensent être cachés du monde parce qu’il ne le voit plus, elle espère échapper à l’enfer qu’est devenu sa vie depuis des années maintenant. Pourtant, derrière ses paupières closes, les événements se dessinent clairement.


La lumière vacillante de la bougie se reflète sur le tranchant de la lame en argent quand l’athamé sur pose contre la chair délicate de son avant-bras. Une profonde inspiration et enfin, la lame tranche dans la peau, déchirant la surface soyeuse pour venir entailler le réseau sanguin. Le liquide carmin affleure et, avec la force de l’habitude, elle s’empresse de le recueillir dans un récipient. Elle observe avec attention, récolte ce qu’elle doit sans en prendre davantage. Elle enroule son bras dans un linge propre et s’occupera de cicatriser la plaie plus tard, le rituel ne peut pas attendre. On le lui a bien fait comprendre. Le regard sombre, elle se détourne et s’installe face à la pierre qu’elle observe sous tous les angles, taillée à la perfection, les nombreuses facettes de l’obsidienne reflètent la lumière des bougies, lui donnant des airs de liquides ayant pris une forme solide. Elle effleure la pierre du bout des doigts, une fois de plus attristée de la voir utiliser à des fins aussi sombres. D’un geste assuré, elle dessine les runes, forme le cercle autour du roc d’un mélange de son sang, de cendre et de craie. Le rituel est sombre, d’une noirceur qui lui laisse un goût âcre dans le fond de la gorge, mais elle n’a pas d’autres choix. Elle ajoute les dernières touches à son rituel et prononce les derniers mots avant de fermer les yeux, sa magie encore peu habitué à ce genre de rituel rechignant à la tâche. Finalement, elle sent le lien se créer, l’enchantement s’installer profondément dans la pierre, se nicher sous les différentes couches protectrices qu’elle a préalablement intégré. Elle ouvre les yeux pour observer son travail. Un collier d’une beauté époustouflante enfermant en son sein un sort qui videra petit à petit la première personne qui aura le malheur de la passer autour de son cou. Avec un haut-le-cœur, elle enveloppe le bijou dans un tissu soyeux et le dépose hors de son plan de travail. Elle le donnera à la secte après-demain lors du prochain rassemblement. Il faudra qu’elle pense à remercier Eoghan pour ses conseils, il a su trouver l’herbe dont elle avait besoin pour s’assurer de la stabilité de l’enchantement, sans lui, sa mission n’aurait pas pu être menée à bien.



À tâtons, elle cherche son téléphone, qu’elle sait avoir posé sur le rebord de la fenêtre. Elle observe l’écran d’un œil torve avant de faire défiler les messages. Siobhan, qui s’inquiète de ne pas avoir de nouvelles depuis plusieurs semaines, un collègue qui propose d’aller boire un verre. Uther qui souhaite la rencontrer dans trois jours. Elle grimace en lisant celui-là. La culpabilité l’écrase depuis la dernière nuit d’octobre. Tenue à l’écart des discussions, elle n’a pas pu prévenir les siens de ce que mettait lentement en place l’Irae, ils ont perdu tant de vie à cause d’elle, parce qu’elle n’avance pas assez vite, parce qu’elle n’est pas encore pleinement membre de la secte. Uther lui a montré les photos de chacun des membres de l’Église qui avait trouvé la mort dans cette célébration de la Samhain ayant tourné au drame, insistant violemment sur sa part de responsabilité dans la perte de chacun de ces âmes. Des semaines qu’elle ne rêve que de ça, des horreurs qu’elle a vues, senties, accompagnées contre son gré durant cette nuit d’enfer, à cela viennent s’ajouter les visages des jeunes apprentis et des sorciers ayant perdu la vie sous les coups de l’Irae. Sa faute. Elle ferme de nouveau les yeux, attirant à ses lèvres la liqueur qui coule dans sa gorge en longues gorgées. Elle abandonne le téléphone pour mieux s’emparer de la bouteille qu’elle vide dans son verre avant de l’abandonner dans un cliquètement sur le parquet. Son regard tombe sur la conversation qu’elle essaie de ne pas regarder en temps normal. La petite photo près du nom lui tire un sourire et l’alcool aidant, elle appuie sur la petite vignette et fait défiler les messages. Ils sont courts, polis, amicaux, distants aussi.


Pourtant, son pouce oscille quelques secondes au-dessus de l’icône du téléphone avant qu’elle appuie dessus et porte le téléphone à son oreille. Ce n’est pas la première qu’elle attend sa réponse sous l’emprise de l’alcool, pas la première fois qu’elle se tourne vers lui une fois au fond du trou. Elle fait tourner le liquide dans son verre en regardant le soleil finir de disparaître à la surface de l’eau quand sa voix résonne dans le téléphone. « Hey… » Elle sait qu’il saura, rien qu’à l’épaisseur de son timbre sur sa langue qu’elle a bu. Elle sait, aussi, qu’il ne s’en formalisera pas. « Je viens de finir une… Non, attends, deux bouteilles d’un délicieux Sancerre, et je me dis que c’est cruel de ne l’avoir partagé avec personne. Je suis sûre que tu l’aurais apprécié à sa juste valeur. » Elle se laisse tomber contre le dossier, le verre niché contre sa poitrine, le téléphone accroché à son oreille. La voix qui lui répond lui réchauffe le cœur et chasse pour le temps de la conversation les démons de l’Irae qui chuchote leurs horreurs à ses oreilles. Il représente tout ce qu’il y a encore de bon dans ce monde, tout ce qu’elle souhaitait à une époque et tout ce qu’elle a abandonné parce qu’elle refusait d’entendre ses mises en gardes, pourtant si vraies. Elle se revoit traverser l’enfer avec Armand, la voix de Thomas résonnant derrière chacune de ses décisions. Une nouvelle fois, avec sa voix dans les oreilles, elle se remémore cette période si simple où ses seules préoccupations tournaient autour de la tenue qu’elle porterait pour la prochaine soirée organisée par ses parents. Avec un soupir, elle ouvre la bouche, son souffle résonnant dans le récepteur, traversant la ville jusqu’aux oreilles du flic au bout du fil. Elle fredonne la mélodie d’un vieux morceau avec un sourire. « Ça me rend toujours tellement nostalgique de t’appeler, je ne suis pas bien sûre de savoir pourquoi je continue à le faire. » Peut-être parce que tu es la seule personne qui me rappelle encore que la vie à un sens en dehors de ce que je vis. Parce que tu me raccroches à une réalité où l’espoir est encore possible et que je n’ai pas la force de te repousser. « Tu veux passer ? J’ai encore une bouteille et je ne suis pas encore assez ivre pour accepter d’aller dormir. » Elle manque presque immédiatement de dire qu’elle blague, qu’elle n’a pas besoin qu’il vienne, que c’est une mauvaise idée, mais quelque chose l’en empêche. Elle sait qu’elle ne devrait pas, mais elle n’en peut plus d’être seule, seule à en crever dans cette maison pleine de fantôme qu’elle n’a pas la force de quitter.
©️ Gasmask


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Anonymous
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Jeu 1 Avr - 19:19 (#)

« Hey… »
La voix d’Elian provoquait toujours chez Thomas une vague d’émotions multiples et contradictoires. La nostalgie de quand cette voix lui disait « je t’aime ». La douleur d’en avoir été privé pendant des années sans aucun avertissement. La rancœur qu’il ressentait envers Elian pour l’avoir abandonné. La joie de l’avoir retrouvée, même si leur relation était loin d’être celle dont il rêvait. La peur, sourde, qu’un jour cet équilibre instable entre eux volent en éclats et qu’elle disparaisse de sa vie à nouveau. Et pourtant, chaque fois qu’elle l’appelait, Thomas répondait. Il prenait le risque, parce qu’il aimait trop entendre sa voix, parce qu’il aimait trop l’idée qu’elle l’appelle, parce qu’il avait besoin de savoir que quelque part, il faisait toujours partie de sa vie et elle faisait toujours partie de la sienne.
« Hey », répondit-il avec un léger sourire dans la voix.
« Je viens de finir une… Non, attends, deux bouteilles d’un délicieux Sancerre, et je me dis que c’est cruel de ne l’avoir partagé avec personne. Je suis sûre que tu l’aurais apprécié à sa juste valeur. »
Il haussa un sourcil. Elle n’avait pas eu besoin de le dire ; il avait entendu à sa voix qu’elle avait bu. Un peu trop bu. Elle avait ce ton légèrement ralenti et pâteux de ceux qui ont abusé de la bouteille. Il le connaissait bien, ce ton, Thomas ; il l’entendait tout le temps au poste. Lui-même avait par occasion eu recours à un peu trop d’alcool pour oublier, parfois. Elian n’avait pourtant pas tellement l’allure de quelqu’un qui abuse de l’alcool. Mais il y avait beaucoup plus de complexité derrière les apparences d’Elian que derrière celles du reste du monde, et Thomas l’avait appris assez tôt. Fascinant comme quelqu’un qui semblait aussi lisse pouvait être si peu lisse en réalité.
« Je t’en apporterai une à l’occasion, à partager », répondit-il doucement. En réalité, il n’en aurait probablement jamais le courage. Il ne pouvait pas se pointer chez Elian et risquer qu’elle l’envoie chier. Ou pire, qu’elle l’invite à entrer et qu’il soit face à cette vie qu’elle avait vécue sans lui. Mais ça ne coûtait rien de prononcer un petit mensonge, et puis, elle aurait oublié demain.
« Ça me rend toujours tellement nostalgique de t’appeler, je ne suis pas bien sûre de savoir pourquoi je continue à le faire. »
Thomas resta silencieux. Il n’y rien à répondre. Il ne savait pas non plus pourquoi elle le faisait. Il ne savait pas pourquoi il répondait. Il ne savait pas pourquoi il n’en dormait plus de la nuit ensuite. C’était comme ça, c’était leur relation désormais, et bon sang ce que quelqu’un là-haut devait se tordre de rire.

« Tu veux passer ? J’ai encore une bouteille et je ne suis pas encore assez ivre pour accepter d’aller dormir. »
Le silence tomba. Une seconde, et deux, et tr...
« OK. »
Il n’avait pas laissé passer la troisième. Thomas savait pertinemment que c’était une très mauvaise idée. Il venait de se dire qu’il ne voulait pas être confronté à la vie d’Elian sans lui. Et pourtant, il avait répondu par instinct. Parce que ne pas répondre à l’invitation était pire que d’y répondre. Manquer l’occasion était pire que la saisir et se rendre compte que c’était une grave erreur.
« Laisse-moi enfiler une paire de chaussures et venir. N’ouvre pas la bouteille sans moi. »
Il raccrocha, enfila vite fait une paire de baskets et un manteau – il faisait légèrement froid. La petite voix pleine de sarcasme dans sa tête lui suggéra de prendre une capote aussi, sait-on jamais, mais il la fit taire avec un soupir agacé. Il n’y allait pas pour ça. Ce n’était pas son objectif avec Elian. Et puis….au pire, elle en aurait bien, elle.

Il fut chez elle plus vite qu’il n’aurait du. Mais eh, il était flic, alors les amendes pour excès de vitesse. Il sonna à la porte, nerveux. Bon Dieu, il avait dix-huit piges à nouveau. Nerveux comme jamais, sonnant chez la fille de ses rêves, prêt à lui proposer de l’inviter à dîner dans un restaurant pas trop miteux près de là. S’imaginant ce qui se passerait si elle disait non. S’imaginant ce qui se passerait si elle disait oui. Terrifié à l’idée de la première possibilité comme de la deuxième. Avec une voix dans sa tête qui essayait de lui faire tourner les talons et prendre ses jambes à son cou.

Mais Thomas resta là, bien droit, et s’autorisa un sourire quand Elian ouvrit. Elle paraissait en piteux état. Magnifique, éblouissante de beauté, comme toujours ; mais en piteux état. Thomas se laissa entrer et lança un regard alentour. Vieille habitude de policier. C’était chic, chez Elian, comme on pouvait s’y attendre. Il y avait des photos, un tableau qui devait valoir une fortune, une plante qui aurait bien besoin d’être arrosée. Il reporta son attention sur la blonde.
« J’ai ramené quelque chose pour aller avec la boisson », dit-il en présentant une boite de petits gâteaux salés à son hôte. « Il n’y avait plus de caviar chez l’épicier du coin », ajouta-t-il avec un léger haussement d’épaules amusé. « Ca va ? », demanda-t-il enfin, plus sérieux.

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