Bras croisés, je regarde les deux rochers sur lesquels Joaquin et Amélia se sont déjà perchés, laissant mes pensées vagabonder sans que je cherche vraiment à les arrêter. C’est pas forcément un mal, vu que ça me permet de sortir de là avec la tête bien plus au clair. Cet endroit a toujours eu cet effet pour moi, depuis que j’ai intégré la meute il y a plus de 25 ans de ça. Un effet apaisant, le sentiment d’être parfaitement à ma place et de savoir quelle direction prendre en cas de problème. Oui, je sais, c’est beaucoup voir pour deux simples rochers. Mais c’est le cœur et l’âme de notre Meute. A mes yeux en tout cas.
Alors, quand il faut réfléchir ou puiser un peu de courage, c’est l’endroit idéal. C’est pour ça que, quand Daphné m’a dit qu’elle avait besoin de moi pour une mission importante, en rapport avec notre Meute, j’ai directement pensé à cet endroit. A l’abri des oreilles indiscrète, où on peut parler sans le moindre filtre. Chez nous.
Je finis par m’installer sur un des troncs qu’on utilise comme banc lors de certains rituels, inspirant longuement alors que je lève les yeux vers le ciel, profitant de l’air frais et légèrement piquant qui annonce bientôt l’arrivée de l’hiver. L’automne reste ma saison préférée, surtout ici, mais je sais que, là encore, je fais un peu office d’OVNI. Peu importe, tant que ça me met dans de bonnes dispositions, personne devrait s’en plaindre non ? Et les minutes s’égrènent, tout sauf désagréables, alors que j’entends dans les fourrés plus loin du passage. Probablement un lapin ou quelque chose du genre. Forcément, ça réveille un peu ma Bête qui aurait bien envie de se dégourdir un peu les pattes. Si en plus, elle peut chasser un peu, ce serait un plus. Mais je lui rappelle que c’est pas encore son heure. Pour un peu, je pourrais presque l’entendre soupirer de dépit alors que le lapin repart vaquer à ses occupations après que j’ai pu apercevoir ses oreilles duveteuses.
Un sourire amusé, alors que, cette fois, ce sont des bruits de pas qui crissent sur les feuilles mortes. Avec une légèreté propre à la Vagamor. Je tourne la tête, la suivant des yeux alors qu’elle se rapproche et que je lui rends un franc sourire. Daphné fait partie de ces gens à qui je peux sourire sans la moindre difficulté. J’ai jamais trop su si c’était dû à sa nature magique, qui me rappelle évidemment celle de ma mère ou de mes sœurs, ou à son caractère, qui fait qu’on peut difficilement ne pas l’apprécier. Même pour un vieux loup bourru comme moi. Et sa présence, depuis qu’elle a intégré la Meute, me fait un bien fou. Une bulle de paix au milieu du tumulte des loups dont nous avons la protection. Et elle fait partie des rares personnes que je peux fréquenter, même quand j’ai pas envie de parler à qui que ce soit.
Je finis par me relever d’un bond quand elle arrive devant moi. « J’ai failli attendre. Tu t’es perdue en cours de route ? » Bon, en réalité, on avait pas vraiment convenu d’un horaire mais, pour une fois que c’est moi suis arrivé le premier, je peux en profiter. « J’ai cru comprendre que c’était important. Alors tu as toute mon attention. » Elle peut le voir dans le sérieux de mon regard. C’est pas souvent qu’elle sollicite mon aide alors, forcément, je suis à la fois curieux et un peu inquiet. Drôle de mélange.
Daphné G. Calabrezzi
When witches don't fight, we burn
"❀ I'VE GOT THICK SKIN ❀"
"Be nice with plants, in the end, they eat you"
En un mot : Blossom.
Qui es-tu ? : ❀ Italienne naturalisée Américaine. Elle débarque sur le sol américain à 8 ans, accompagné de son jumeau et de sa mère.
❀ Gitane. Elle n'a toujours connu que ça. Élevée par sa tante autant que par sa mère et les autres habitants du camp, elle leurs doit tout et elle le sait bien.
❀ Maternelle. Elle a cette tendance à prendre tout le monde sous son aile. C'est comme ça qu'elle se retrouve avec l'apprentissage d'Anaïs à sa charge.
❀ Spirituelle. Elle respecte profondément la terre, à la fois mère de son don et outil, elle se sent mal si elle reste trop longtemps éloignée d'une zone de verdure.
"❀ AND AN ELASTIC HEART ❀"
"When twins are separated, their spirits steal away to find the other."
Facultés : ❀ Chamane, magie rouge.
❀ Acrescence phytokinésique ❀ : Daphné à la capacité d'influer sur la croissance des végétaux, en insuflant une quantité de magie dans la plante, elle peut la faire pousser bien plus rapidement, stopper sa croissance (ou sa maturation dans le cadre d'un fruit ou d'une fleur), ou la ralentir. Elle peut ainsi faire pousser et maintenir en vie des essences qui n'aurait jamais pu s'épanouir sous le climat Louisianais.
❀ Communication avec la Terre ❀ : Daphné est capable, en se mettant en transe, d'obtenir des informations sur le lieu où elle se trouve, grâce à une forme de communication avec le sol.
❀ Vargamor ❀ : Elle est capable d'effectuer tous les rituels nécessaire au bon fonctionnement de la meute, de l'invocations des Munins, à la transmission du Loup durant la grossesse.
❀ Très douée pour les potions et les baumes de soins, elle possède aussi une vaste connaissance des rituels propre aux Comanches ayant effectué son apprentissage avec eux.
Thème : Elastic Heart - Sia
"❀ I'M LIKE A RUBBER BAND ❀"
"Until you pull too hard."
Pseudo : Akhmaleone
Célébrité : Emilia Clarke
Double compte : Lilas Hirsch & Archimède O'Connell & Maria Parado
Le pick-up s’arrête avec un cahot et dans l’habitacle une insulte en italien jaillit. Daphné passe la tête par la fenêtre ouverte, une mèche brune s’accrochant à sa lèvre humide et elle fronce les sourcils en regardant la roue enfoncé dans un nid-de-poule. “Cazzo.” Sa paume claque sur le volant et elle ouvre la portière avant de se laisser glisser hors de l’habitacle. Ses pieds pendent dans le vide quelques secondes avant qu’elle ne touche terre et elle se retourne les mains sur les hanches. Elle s’étire pour attraper la sacoche qui repose entre le siège conducteur et passager et claque la porte d’un mouvement brusque. Une nouvelle volée d'insultes et elle assène un petit coup de pied contre la roue.
Elle passe la sangle de la sacoche autour de son torse et avance d’un pas sûr vers la familiarité du Caern et des installations qui y sont placées. L’odeur des bois l'apaise instantanément et elle soupire en appréciant le son de ses pas qui font craquer les feuilles. L’automne est là, bien installé et s’apprête déjà à tirer sa référence pour laisser place aux mois plus frais et humides de l’hiver. Ses robes légères ont été rangées aux placard et c’est en jean et vêtue d’un sweat à capuche épais qu’elle rejoint le lieu de rendez-vous.
Elle réfléchit à la meilleure façon d’aborder le sujet qu’elle vient porter aux dirigeants de sa Meute. La présence d’un solitaire sur leur territoire n’est pas une nouveauté, ni une source d’inquiétude pour eux. Elle le sait. Gautièr n’est pas le premier et ne sera pas le dernier. S’il choisit de les rejoindre un jour, grand bien lui fasse en attendant,
Daphné essaiera de garder un œil sur lui du mieux qu’elle peut. Le nœud du problème se trouve dans les raisons qui l’ont amené à rencontrer Gautièr. Ses mâchoires se crispent et ses dents grincent les unes contre les autres. Ses doigts broient le cuir de la sangle de sa sacoche et elle s’efforce de respirer calmement. Des pièges. Sur le bord du territoire qu’elle a juré de protéger. Des pièges qui ont blessé un Loup. Pas l’un des siens, et heureusement, sinon elle n’aurait jamais su garder son calme. Elle grimace en pensant à la réaction de Joaquin, Amelia et Samuel. Elle les connaît tous les trois et sait pertinemment que l’Ulfric risque d’être le plus calme des trois. Amelia et Samuel sont tous les deux protecteurs à l’extrême quand il s’agit de la Meute et c’est pour ça qu’elle souhaite demander l’aide du second.
Elle sort enfin des fourrés et croise immédiatement le regard de Samuel qui se redresse en la voyant. Elle enjambe un des rondins et s’approche de Joaquin qui la serre contre lui. Elle inspire un grand coup et le laisse repartir avant d’aller se placer devant le Bolverk. Elle plante son poing dans son biceps quand il la taquine. “Mon pick-up m’a encore fait des misères, t’sais bien qu’il est aussi vieux que toi.” Le clin d'œil qu’elle lui adresse adouci la petite pique et elle se laisse lourdement tomber sur le tronc.
Elle croise son regard, à cheval entre la curiosité et l’inquiétude et mordille frénétiquement sa lèvre inférieure. Un soupir lui échappe quand elle tapote le bois près d’elle. “Assieds toi, Sam’.” Elle enfonce une main dans ses mèches brunes et jette un regard au trois qui l’entoure. Elle perçoit, comme un courant électrique sous sa peau, l'énergie du lieu et des trois créatures qui l'entourent. À la fois vivifiante et apaisante, la sensation est familière et elle la laisse courir sur son épiderme comme une caresse. “J’ai croisé un nouveau solitaire avant-hier durant la nuit.” Joaquin lui jette un regard surpris mais ne la coupe pas. “Il ne souhaite pas divulguer son identité pour le moment et ne souhaite pas non plus tenter une intégration, mais il m’a l’air complètement inoffensif.”
Elle roule des yeux quand Joaquin laisse échapper un petit reniflement amusé. “Aussi inoffensif que possible.” amende-t-elle avant de reprendre. “Mais c’est pas pour ça que j’vous ai demandé de me retrouver aujourd’hui. Quand je l’ai trouvé, il était blessé. Quelqu’un à déposer des pièges à loup couvert d’aconit sur le pourtour du territoire.” Elle laisse un silence couler, note les mâchoires qui se crispent, les poings qui se serrent, les respirations qui s'accélèrent. Elle lève une main pour empêcher qu’on la coupe. “J’ai réussi à soigner le Solitaire et à le renvoyer chez lui. Je sais Joaquin que tu voudrais plus d’info sur lui, j’en donnerai pas. J’en ai pas de toute façon, à part un prénom que j’ai promis de garder pour moi pour le moment.” Elle lui lance un regard d’excuse et se tourne vers Samuel. “J’ai besoin de toi pour m’aider à trouver les coupables. J’ose même pas imaginer ce qui se serait passé si c’était l’un des nôtres, l’un de nos jeunes qui s’étaient retrouvé pris au piège. Il a eu de la chance que je sois là.” Sa voix tremble un peu quand les images de Gautièr lui reviennent en mémoire et elle déglutit. “J’veux qu’on les retrouve et qu’ils payent.”
Si je suis serein en cet instant précis, je sais que c’est en grande partie – pour ne pas dire totalement – grâce à l’Ulfric et la Lupa. Que ce soit l’aura de Joaquin qui a apaisé ma Bête presque instantanément, la première fois que j’ai mis les pieds au Caern, ou le caractère d’Amelia, qui a su prendre la place qui était tout naturellement la sienne. Je pensais pas me sentir aussi bien dans un endroit qui, de base, était pas chez moi. Et pourtant, c’est le cas. Et je réalise que j’ai passé près de la moitié de ma vie ici maintenant, sans que je ressente réellement une seule fois le mal du pays comme on dit.
La silhouette qui arrive d’un pas tranquille vers nous a aussi beaucoup aidé ces dernières années. Comme une petite sœur dont la présence a elle aussi réussi à m’aider à renforcer mon équilibre. Je suis Daphné des yeux alors qu’elle se rapproche de moi, frottant mon bras en faisant mine de froncer les sourcils. « Un peu de respect pour ce pauvre pick-up que tu maltraites tous les jours. Pense à passer au garage, j’irais jeter un œil à cette antiquité. Si t’y arrives. » Je lui rends son clin d’œil, restant debout, comme pour monter inconsciemment la garde. Et j’ai tout de même une infime hésitation quand elle me parle de m’assoir, cherchant le regard de Joaquin qui a un bref hochement de tête à mon attention.
Installé sur le rondin, je garde le silence alors que la Vargamor prend de nouveau la parole, se faisant plus sérieuse. Tout comme Joaquin, je la laisse dérouler son histoire, même si elle peut sentir que je me tends et que je suis attentif à la moindre de ses paroles. J’ouvre la bouche à plusieurs reprises, mais Daphné nous connait assez bien pour lever la main et m’empêcher de dire quoi que ce soit. Je vois que je suis pas le seul à me retenir et je prends une grande inspiration, alors qu’elle finit, se tournant enfin vers mois. « Je vois… » Soufflé à mi-voix, alors que je laisse filer un nouveau silence. « Ton solitaire, tu es sûre que ce sera pas un danger pour nous ? » Question rhétorique mais que je me dois de poser, on le sait tous les deux. Comme à son habitude, Joaquin observe, écoute, pesant probablement ses mots avant de dire quoi que ce soit. « Les pièges qui ont été posés suivaient le pourtour du territoire donc. Je suppose que c’était beaucoup trop régulier pour que ce soit une coïncidence. » Un temps, alors que je commence à réfléchir, essayant de pas trop me focaliser sur cet inconnu dont Daphné nous tait l’identité. Inutile d’insister là-dessus, elle peut être encore plus têtue que moi quand elle s’y met.
Et j’ai un froncement de sourcils. « J’ai besoin de voir à quoi ils ressemblent déjà. Et… il faut s’assurer qu’il y en a pas ailleurs. » Un regard lancé à l’Ulfric qui hoche la tête, la mine fermée. Clairement, il apprécie pas non plus la situation, mais c’est notre cas à tous. La protection de la meute, de ses membres, importe plus que tout le reste. C’est aussi pour ça que j’ai accepté le rôle de Bolverk quand il me l’a proposé, parce que j’ai besoin de tout faire pour qu’ils soient en sécurité et que personne ne leur fasse de mal. Depuis la Révélation, c’est quelque chose qui me tient encore plus à cœur, d’autant que je sais de quoi les hommes sont capables. « On va les retrouver. » C’est même pas une question et, quand mon regard croise celui de Daphné, elle peut voir que j’ai pas le moindre doute à ce sujet.