• it's not fashionable to love me

BIOUne enfance comme la sienne ne vous fortifie pas une femme. Elle la détruit, la forge dans un béton fissuré et poreux, la transforme en une créature à la fois sournoise et vicieuse qui n'a probablement pour ambition que de vivre pour elle-même au détriment des autres. Mais elle ne la fortifie pas réellement. Jamais.

« Ma fille, une putain. Ton père a bien fait de mourir, il évite au moins la honte de t'avoir pour fille ! »

À la longue, les mots et les coups de sa mère avaient fini par perdre de leur ampleur.

S'ils laissaient les mêmes souvenirs sur sa peau, ils ne savaient néanmoins plus ébranler la rage insoutenable qui exsudait de chacune des pores de sa peau.
S'ils la blessaient, la marquaient et la changeaient, ils ne savaient pourtant plus la guider comme l'amour d'une mère aurait dû le faire.
S'ils l'avaient un jour faite pleurer, ils alimentaient désormais sa rancœur et le mépris, flagrant, qu'elle éprouvait envers cette femme qu'elle tenait coupable de son enfance et de son adolescence volées. Elles-mêmes mises à mal par la culpabilité qui rongeait sa poitrine et étouffait le feu sauvage qui tentait de la pousser à s'en détacher.

Alors elle l'avait repoussée.
Consciente du fait que la mère qu'elle aurait dû avoir ne serait jamais celle qui s'était un jour tenue face à elle, Lilia n'avait que tout naturellement choisi de se tourner vers le réconfort d'un individualisme autrement insultant, pour elle. Quitte à se mettre en danger simplement dans l'intérêt de se construire même de manière bancale et irrémédiablement nocive.

Le commerce de l'amour figurait parmi les plus simples, et les rares hommes qu'elle avait croisés lors des petits boulots qu'elle parvenait à gratter le lui avaient appris contre quelques maigres billets qui ne servaient qu'à peine à rajouter un peu plus d'eau dans son verre, lui-même tout juste plein.
Les premiers contacts avaient été écoeurants, lourds d'une culpabilité tacite dont elle n'avait plus réussi à se laver même alors qu'elle avait frotté sa peau à la recherche d'un moyen d'oublier ceux qui l'avaient touchée. Elle en avait vomi, les premières fois, le cœur pris d'une insoutenable rancoeur envers elle-même ; la petite fille ancrée en elle traumatisée par des caresses loin d'être faites pour une adolescente dont le corps effleurait à peine les quinze ans.

Mais la pauvreté n'épargne ni les femmes ni les enfants et, à ses jeunes années déjà parties en fumée sous le joug d'une enfance inconstante et destructrice, Lilia avait fini par joindre celles de son adolescence à venir, incapable de regarder les démons qui s'accrochaient à ses courbes alors qu'elle s'enlisait dans un chemin probablement plus dévastateur que celui que lui aurait offert sa mère.

« Mais la Bible mettra pas de pain dans les assiettes de tes gosses et le Seigneur s'en branle totalement de ta gueule. »

La certitude ne l'avait même pas ébranlée, mais elle avait suffi à mettre un terme à la relation déjà toxique qu'elle entretenait avec sa génitrice, elle-même détruite par une vie qu'elle n'avait pas su gérer depuis leur fugue de l'Ukraine et le décès de son mari.

De là, Lilia choisit de devenir et de ne rester qu'Erinn, laissant derrière elle la petite fille brisée qu'elle entend pourtant encore pleurer sous son lit, parfois.

Déboussolée et bêtement naïve, ses premières expériences lui avaient valu de se fiancer à un homme qui ne l'aimait pas plus qu'il ne la respectait. Au mieux, ses courbes avantageuses et son esprit malléables lui étaient utiles, juste assez pour en faire sa petite chose personnelle disposée à répondre à ses caprices par besoin inconscient de reconnaissance et d'affection.
Alors ses mains déjà salies par les corps d'autrui avaient fini par se tâcher de vols et de discrètes salissures écarlates, laissant là des séquelles qui n'auraient pu que l'inciter à s'enliser de plus en plus profondément dans la mélasse épaisse qui la broyait déjà depuis ses quatorze ans ; les seuls « crimes » auxquels elle ne se serait jamais adonnée figurant parmi ceux qu'elle même parvenait encore à estimer impardonnable.

Il aura fallu de l'abandon pur et dur de Nikolaï, son fiancé, pour qu'elle revienne enfin à elle. Encore que. Si la gifle avait été bien assez brutale pour lui remettre les idées en place, les trois années qu'elle avait laissées derrière elle au moment où l'évidence s'était imprimée en lettres de feu dans son esprit ne lui avaient fait que d'autant plus mal, laissant sa fierté mise à mal et son cœur à vif.

Un départ qui aurait mené sa descente dans un nouveau cercle infernal, probablement, dangereusement entremêlé à une courte mais intense addiction enivrante aux substances illicites et à l'alcool, sous couvert d'un besoin irrépressible de ne pas se sentir partir dans les bras des hommes qui payaient ses nuits et cajolaient ses cuisses. Son corps avait presque fini par la dégoûter, à l'inciter à s'éloigner des miroirs qui croisaient son reflet lorsqu'elle n'était plus habillée de toutes ses plus belles manières de se faire remarquer et, lorsque son salut s'était enfin manifestée à elle, Erinn s'était jetée dans les bras d'un nouveau démon sans se soucier de si oui ou non il la détruirait.
À l'exception près qu'elle avait appris à se battre, à tomber, mais surtout à se relever.

Sanford devint sa bouée de sauvetage mais également son péché le plus séduisant et infernal, et elle abandonna Erinn au profit de son homologue bien plus américain, sans un fond de scrupule.

Ce n'était pas tant de l'amour.
En réalité ce n'était rien de plus qu'une vaine obsession mue par la reconnaissance qu'elle lui avait adressée, bientôt transformée en quelque chose d'autrement plus intense que l'existence de Marisol n'avait qu'un peu plus attisée. Elle l'avait aimée, profondément, sincèrement ; ses peines étaient devenues les siennes et les rires qu'elles partageaient refermaient parfois les plaies qu'elle avait laissées pourrir sur son cœur et sa tête sans plus les regarder. Elle l'avait aimée autant qu'elle l'avait détestée. Rongée par la jalousie et la tendresse paradoxale qu'elle avait vouées à cette jeune femme devenue l'un de ses seuls repères dans sa nouvelle maison de passe.

La menace qu'elle représentait à ses yeux prenait la forme d'une brume suffocante qui lui écrasait le cœur et, à la longue, Erynn avait fini par écouter les démons qui lui avaient murmuré à de trop nombreuses reprises de s'en débarrasser. Par besoin viscéral de ne rien avoir entre son sauveur et elle, peut-être. Par envie de posséder cet amour auquel elle-même n'avait jamais eu droit, autrement. Par jalousie, encore, de voir qu'un homme pouvait regarder une femme comme Sanford l'avait fait avec elle. Alors elle l'avait détesté, lui, autant qu'elle s'était détestée elle-même au moment où, alors que les filles du bordel hurlaient au feu et au sang, la vie de Marisol s'était brutalement envolée. Le sang qui avait tâché ses mains n'était pas le sien mais il n'avait fallu que d'un coup de sa propre dague sur sa propre cuisse pour prétendre à une quelconque agression, son cerveau dirigé par une adrénaline étouffée sous le dégoût qu'elle avait ressenti envers elle-même.

D'autant plus déboussolée et perdue, Erynn se referma brutalement sur elle-même. Son cœur devint une forteresse intouchable aux fondements pourtant pourris et elle s'éloigna avec la même fermeté de tout ce qui aurait pu concerner Sanford, Marisol et même cette ancienne maison close.
L'incident aura laissé ses marques sur elle. Profondes, vicieuses et faites d'un venin si intense qu'elle finit par l'accepter comme fuel à part entière de ses colères irraisonnées. Un moyen comme un autre de s'en déculpabiliser, ou de combattre la peine tenace qui lui tordait le cœur à chaque fois qu'elle y repensait. Sanford devint l'équivalent d'une délicieuse lubie insoutenable et d'une obsession dévastatrice qu'elle ensevelit dans les bras d'hommes tous plus différents les uns que les autres au fil des années. Jusqu'à ce qu'il n'en subsiste plus qu'une rancoeur farouche intrinsèquement liée à une attirance insupportable.

Cinq ans plus tard, Erynn a pris le temps de se construire, ne serait-ce qu'un peu. De se détacher, de se trouver, de s'affirmer et, surtout, d'avancer sur un chemin qui lui semble pourtant aussi bancal que les précédents.

Elle est parfaite, elle est belle, elle est glauque.
C'est un scénario qui m'a toujours paru simple à prendre en main, et cependant finalement pas tant que ça, quand je relis le scénario (créé y'a des lustres, omg) et que je découvre ton interprétation du personnage. J'ai vraiment beaucoup apprécié ta lecture d'Erynn. Tu n'es pas toujours rentrée dans les détails, mais suffisamment toutefois pour que je puisse retrouver ce qui en fait l'essence, et pourquoi c'était un personnage que j'ai toujours attendu avec impatience - autant égoïstement pour ma trame personnelle que pour le reste du forum. Sa position d'humaine anti-CESS tout en restant sur ses réserves et sa peur de s'impliquer (que tu as parfaitement comprise et retranscrite) est à mon sens ce qui fait et sa crédibilité en tant que protagoniste sur Ashes, et sa potentielle dangerosité. Additionnée à son état mental incertain (là aussi très latent dans ta fiche, et que tu as fait doser comme il se doit avec sa lucidité parfois radicale), ça donne une femme très ambiguë en permanence, très inquiétante, et c'est exactement comme ça que je la vois. Je suis super content de t'accueillir avec elle, je ne doute pas que tu seras largement à la hauteur du personnage, et congrats aussi pour l'écriture très fluide, ta plume agréable et l'orthographe irréprochable. Ça sent le drama, et c'est pas dommage...
Bienvenue officiellement sur le forum et amuse-toi bien parmi nous A très vite en RP !

Voilà, tu es officiellement dans la famille et ça implique de grandes responsabilités mais aussi beaucoup de fun. (Mais pas trop, Eoghan risque de le tuer.) Bref, tu as maintenant accès à tout le forum, ce qui veut dire que tu peux créer ta fiche de liens pour te faire plein d'amis ! Tu peux aussi nous tenir au courant des avancées de ton personnage dans un carnet d'évolution, mais c'est facultatif. Si tu es pressé d'écrire et que tu n'as pas encore de partenaires, n'hésite pas à poster dans les demandes de RP ou à te lancer dans l'aventure du fil rp ! Et si tu te sens seul, tu peux lancer ton propre scénario ou créer des pré-liens. Tu as sûrement constaté que nous avons un système de points sur AA, nous t'invitons à découvrir comment en gagner et surtout, comment les dépenser.
D'ailleurs, si tu as pris un prédéfini ou un scénario comme personnage, tu peux d'ores et déjà réclamer tes premiers points dans Collecter vos points.

Si tu as des questions, le staff est toujours à ta disposition pour y répondre. Et si tu veux un aperçu de la bonne humeur (pour ne pas dire folie) de nos membres, n'hésite pas à venir voir sur la CB ou à participer au flood ! Mais si on te fait un peu peur, n'hésite pas à demander l'aide d'un parrain ou d'une marraine pour t'intégrer. Ce sont des membres dévoués aux nouveaux !

Tout le staff d'Ashes Arise te souhaite donc la bienvenue dans ses rangs et à très vite pour les prochaines aventures !