Le renouveau de la Foi
La révélation de l’existence de créatures non-humaines ou dotées de pouvoirs phénoménaux a relancé partout dans le monde la question millénaire de l’existence du divin. Le XXème siècle, qui avait tant mis à mal la position de la religion dans les sociétés occidentales, a été suivi par une renaissance de l’adhésion des indécis à toutes sortes de cultes, comme un besoin de repères, de retour aux sources. Hier, la jeunesse gothique rêvait de vampires, et ornait ses tenues des symboles de croyances chrétiennes et satanistes ou antérieures, tandis qu’au cours de la dernière décennie précédant la sortie du placard des arcanistes, on a vu fleurir partout une mode aux effluves de bohème, les doigts et les cous des jeunes femmes se paraient de cristaux et d’emblèmes divers de cultes païens décomplexés.
Mais ce n’est que depuis l’incarnation du surnaturel dans la vie de l’humanité que certains ont compris la véritable valeur de ces attributs. Si l’opinion publique reste sceptique, il n’en va pas de même pour l'infime partie de la population ayant découvert le pouvoir de la vraie Foi.
Un serment oublié
La Foi est bel et bien
l’apanage de l’Homme dans ce qu’il a de plus vulnérable.
Il est inenvisageable que les Vertueux soient des créatures surnaturelles. De par l'opposition entre Foi et magie,
les utilisateurs de la Foi ne peuvent être que des humains. Ni outres, ni arcanistes, et encore moins thérianthropes, vampires ou démons ne pourront être Vertueux.
Dépourvus des facultés de l’Éveil, ceux que d’autres appellent « bétail » ou « cowan » se croient majoritairement la proie de l’inexorable puissance des êtres surnaturels. Les « agneaux de Dieu » auraient pourtant raison de se tourner à nouveau vers lui, car bien que difficile à faire tenir face aux doutes et au désespoir qui sont ses pires ennemis,
la Foi est un pouvoir pouvant atteindre des sommets comparables aux affres dont elle protège ceux qui la possèdent vraiment, et se donnent à elle de toute leur âme.
Sans distinction de religion, la Foi est, au sens strict,
la conviction profonde de l’être qu’une volonté supérieure veille sur lui et le guide, jouant un rôle de bouclier contre la menace de ce qu’il considère comme l’action du mal et de ses multiples avatars.
Ainsi, ceux qui ont la Foi peuvent-ils
renforcer leur esprit contre les diverses formes d’offenses mentales :
la télépathie, la suggestion empathique et l’hypnose peuvent être combattues par le croyant, qui résistera aux premières manifestations de ces pouvoirs.
Mais il devra conserver la
maîtrise de lui-même, et s’appuyer sur les
outils (décrits ci-après) que sa religion a mis entre ses mains – pourvu qu’il cultive la promesse qu’il a reçue du divin en lui rendant hommage par la pratique, intime ou ouverte, du culte.
Si la foi est largement répandue, les pouvoirs de la Foi sont méconnus de beaucoup. Tout d’abord parce qu’il ne suffit pas de se rendre à la messe pour avoir une foi véritable, ensuite parce que certaines pratiques ont été assimilés à de la superstition. Bien peu oseraient brandir une croix devant un vampire ou tenter de bannir un démon à l’aide du latin. Pourtant, la Foi le permettrait. Elle a néanmoins ses limites. Il ne suffit pas de réciter une prière pour repousser le maléfique. Il faut y croire, insuffler sa volonté dans ses actes. La peur ou la haine sont bien souvent des émotions endiguant le pouvoir de la Foi.
Croire au-delà du regard
La prièreLa prière est une forme d’auto-suggestion. Elle induit dans l’esprit de celui qui y recourt avec ferveur l’idée qu’il est protégé contre les forces qui désirent lui nuire, et fait ainsi appel à des ressources de préservation tapies en son for intérieur.
Les mots sont un vecteur puissant pour toute forme d’énergie mystique : ils fixent la volonté, et prononcés avec concentration et une intention authentique, ils créent le chemin vers l’objectif visé. De la même manière qu’on s’adresse sans tergiverser à un animal pour lui faire comprendre ce que l’on veut, la prière et l’exhortation trouvent leur voie vers le divin comme vers le malin, ce qui en fait
l’arme primordiale dans tout exorcisme (en savoir plus sur
l’exorcisme).
Les talismansLa Foi peut également être
placée dans des objets. De la même manière qu’un enfant peut sincèrement croire que la compagnie de sa peluche préférée l’aidera à se protéger des monstres qui hantent ses cauchemars,
une croix, un bijou ou un objet fétiche de quelque nature que ce soit peuvent être investis d’un pouvoir protecteur, répulsif voire défensif contre ce que le porteur juge impur. Cela peut paraître puéril ou superstitieux, mais les faits sont là : par exemple, l’eau bénite projetée par le vrai croyant est, selon son investissement dans l’exercice de sa religion, capable de faire reculer ou même de blesser la créature honnie, et de purifier un artefact nocif.
Les lieux sanctifiésElle peut également
sanctifier une zone où des pratiquants
rendent régulièrement hommage à la figure divine vénérée. Les édifices religieux en sont un bon exemple. Si les vampires et les possédés peuvent parfois librement y pénétrer (à cause notamment de la raréfaction des pratiquants qui entretiennent leur pouvoir inhérent), ils seront toutefois plus vulnérables à l’action de la Foi qui y sera opposée par le croyant, Foi dont l’efficacité est décuplée d’autant que l’élan de confiance est fort.
Les processions et cérémonies religieuses sont l’occasion pour les croyants de réunir au même endroit une concentration effective de leurs ferventes intentions. Y mettre du cœur et ressentir le lien qui unit la communauté dans ce processus est l’essence-même de la sanctification d’une aire.
C’est notamment le cas des
Triangles de Foi de Mooringsport et de Haughton. Les processions ancestrales de fervents croyants ont été rétablies entre trois églises, créant une zone sanctifiée en son sein, dans laquelle les créatures maléfiques ne peuvent s’aventurer. Les prières des dévots sont dirigées essentiellement contre les vampires et le mal, ce qui rend les Immortels, les Princes démons, les Infernaux et les Légions incapables de franchir les Triangles, ainsi que certains arcanistes usant de magie noire ou les Engeances les plus sombres.
Dans une certaine mesure, la Foi peut être considérée comme étant à l’origine de la sacralité du foyer, qui permet de repousser les vampires hors de chez soi (en savoir plus dans
l’annexe vampire).
Partager sa foiPartager sa foi avec autrui est également un moyen insoupçonné de
donner plus de force à la vraie Foi. La satisfaction et le réconfort que l’on récolte en parlant de sa foi à un interlocuteur ouvert ou converti, pratiquer des rites entre croyants, respecter les préceptes de sa communauté cultuelle… autant d’exemples qui permettent de faire vivre et d’alimenter cette flamme au jour le jour. Aider une personne désemparée à se sentir mieux, sans nécessairement être prosélyte mais grâce à ces codes de conduite et à la philosophie qu’ils véhiculent, est un bienfait direct de la Foi appliquée au bénéfice de l’autre :
la Foi soigne et renforce l’esprit de celui que le croyant soutient.
Comme l’eau et l’huile
La Foi, aussi protéiforme qu’unique en son genre, est indissociable de l’humain dépourvu d’autres pouvoirs. Forgée personnellement par celui qui la porte, elle est nécessairement
incompatible avec toute forme d’énergie envisagée comme impie, étant donné qu’elle protège de tout ce que le croyant pourrait considérer comme nuisible – et cette notion diffère parfois d’un individu à l’autre.
En plus d’être opposée à la magie,
la Foi ne peut se mêler à l’alchimie. Cette dernière étant un art qui modèle les éléments et les transforme en s’affranchissant de la Création, son incompatibilité avec la Foi est évidente.
Elle peut refuser d’exposer le croyant à des énergies qu’il renie. Même les meilleurs soins d’un mage blanc ne pourront percer son opacité, si les croyances de l’individu le rendent
hostile et donc hermétique à toutes les intentions issues de la magie opérée. Il faut croire au bien pour le laisser nous atteindre.
Nécessitant une fidélité indéfectible,
elle ne saura défendre celui qui la perd ou ne l’entretient pas. Tristement, c’est un bouclier aussi puissant que gracile, dont la fragile existence peut être balayée comme rien si le bras qui le tient s’affaisse. De même,
la Foi ne peut protéger son porteur de ce dont il est décidé à nier l’existence, ou dont il s’obstine à ignorer les méfaits. Ainsi, il est possible de manipuler un croyant pour affaiblir sa Foi, voire l’amener à la renier : celle-ci ne peut survivre sans confiance.