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Fall into me ☽☾ Eoghan

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Anonymous
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Mar 24 Mar - 4:49 (#)

fall into me
Fall into me
I'll show you the way
Out of this blue
Silence.
La Bête s'éveille.


Elle siffle, souffle, paupières fermées derrière le néant, glissant et cessant lorsque revient l'inconfort de la douleur. Ce corps maudit qu'on l'a forcé à revêtir d'écailles n'entendant plus grand chose, à peine un bourdonnement étrange, un monde enroulé dans un coton épais. Et elle peine à y voir quoi que ce soit dérangée par le  poids mort qui semble s'être jeté sur elle pour l'empêcher de faire le moindre mouvement. La Bête grogne, gronde, haineuse pour elle ne sait quelle raison. Sa mémoire semble être devenue une page blanche le temps de l'éveil. Elle siffle encore, pique l'air de ce ruban noir, tremblant de l'intérieur, soupçonnant la Bête noire et vicieuse d'avoir pris le dessus sur elle sans qu'elle ne s'en aperçoive, l'humaine rampant fébrilement dans les dédales noirs de son esprit comme pour fuir cet être dont elle n'a jamais voulu, Favashi ayant craché sur elle le plus horrible des fiels. Elle creuse dans le charbon de pensées muettes et assombries, sans jamais rien trouver, sa vision ne parvenant pas à s'acclimater à la lueur faiblarde régnant au-delà d'elle. Sombres couleurs teintant son univers, rien ne ressemblant à sa chambre ou à l'appartement dans lequel elle a créé son refuge auprès de ses soeurs, une partie d'elle semblant se débattre comme un coeur battant frénétiquement, appelant la surface, fulminant contre ce corps habillé d'écailles brunes mais le corps demeure immobile, respirant aussi paisiblement que possible quand elle sent son âme noirâtre se débattre face à la sienne, hurlant comme un monstre que la haine ne saurait quitter, enfant démoniaque né d'une magie méphistophélique. Elle enfle, étincelle, un feu follet ondulant, vibrant d'une rage qu'elle peine à éviter, tentant de s'infiltrer en elle pour la pousser à s'éveiller. Les cris augmentent, vipérins, humains, ignobles, cacophonie semblable à ceux qu'elle a pu lâcher lorsque la pleine lune la mirait se transformer, heurtant les murs dans une danse de violence, poupée ivre dont les jambes ont cessées de la tenir debout, les os rongés par un acide qui les a réduit à l'état de poussière pour ne faire d'elle qu'un serpent dont les anneaux ont foulés les terres sableuses et brûlantes des déserts oubliés.

Le coeur s'ébranle.
L'âme tremble.
L'humaine s'insurge.
La Bête gronde, éveillée de sa transe.


Le déchirement fuse sèchement, agitant fébrilement le reptile, un chemin d'écailles se tordant en chantant une mélodie obscène, promettant la mort, cherchant à entrouvrir son museau dans l'espoir que ses crochets trouvent une peau à mordre, implorant son venin de venir couler sur ses poignards d'ivoires. En vain. Sécheresse totale. Une absence qui fait paniquer l'humaine et le serpent se tordant davantage quand un deuxième coup vient perforer la peau sensible. La prisonnière hurle en elle-même là où le Taïpan ne peut que cracher son agacement et sa peur, refusant la douleur infâme venant le secouer d'une onde désagréable, sans se sentir capable de bouger davantage, étreint par une fatigue inhumaine, ne quémandant que le sommeil et l'absence de douleur. Mais celle-ci flâne au-dessus d'elle, vient brutalement planter ses lames d'argent en elle, brûlant le moindre éclat d'écailles. Enfin, les membres enflent, gonflent, semblent se muer en une peau lisse d'un mate que le soleil a tant embrassé, la ligne d'un dos dont les os, les muscles et les rivières des veines reviennent prendre leurs juste places. L'horreur d'une magie pourpre la tourmente une fois de plus, laissant sortir de sa cave reptilienne la silhouette de l'humaine à l'agonie dont la bouche enfin redessinée laisse éclore le plus horrible des hurlements. Quelque chose craque, un bruit sourd, un crissement incessant avant que la digue d'une vitre n'explose, dérangeant le silence d'une aube paisible. Dans un bruit sourd, elle dégringole, sombre sans grâce contre un sol glacé, le souffle cruellement coupé, rejetant ventre et hanche vers l'avant, le moindre mouvement se faisant digne de la pire des tortures. Mais elle ne sent qu'à peine le coup porté à sa hanche ayant percuté le coin d'une table de bois ou les débris de plastiques aux pointes incisives mordant la ligne de son dos et de ses reins, plantant leurs crocs dans la fine membrane couvrant ses clavicules ou celle de ses paumes. Un liquide s'enroule autour de sa cheville, serpentant comme une rigole vermeille, ruban dérangeant qu'elle pressent pourtant à peine. Ivre, le monde au-dessus d'elle tourne, danse en une ronde écoeurante, la narguant de ses mouvements circulaires, floutés à l'extrême. Un bruit de gorge lui échappe, un sifflement éraillé se muant en une plainte plus humaine sonnant sa souffrance, sa colère, une mélodie piteuse. Elle n'aspire qu'à dormir, peu importe l'endroit où elle se trouve désormais. Le sommeil pèse lourd comme des chapes de plomb sur ses paupières qu'elle tente pourtant de laisser ouvertes, quelque chose demeurant alerte en elle, lui criant de se relever, de déguerpir avant qu'il n'arrive.

L'air empeste de quelque chose d'étrange, un parfum d'ailleurs, atmosphère remplie d'une tension visqueuse qu'elle a déjà pu sentir auprès de Favashi. Favashi et son regard noir, son rire dénigrant, l'argent léchant le cou de Sadia, son sourire méprisant, son ultime insulte. Et encore ce regard noir qui finit par se confondre avec un autre, plus clair mais pas moins cruel. Uther. Le prénom éclate dans son esprit comme la vitre qu'elle vient de briser sans en connaître la provenance. Oui, elle se souvient de l'éclat glacé de ses prunelles la mirant, déshabillant son chemisier de soie blanche, cherchant à percer le tissus noir de sa jupe couvrant ses cuisses dans un silence mortel et puis un Raphael nerveux la surveillant dans l'ombre. Et le sorcier si souvent couvé par les prunelles des caméras avait remonté ses yeux jusqu'à elle qui se forçait à rester de marbre, angoissée depuis la veille. Lui, dont la silhouette s'est glissée derrière son dos, son souffle chaud ayant caressé son oreille où il a glissé la plus ignoble des promesses si elle n'abdiquait pas. Après tout, elle était la seule à pouvoir faire céder un homme aimant tant les femmes, un sorcier dont les mains manies l'essence pourpre, un homme que l'on dit plus impitoyable que jamais, un homme de pouvoir. Et les femmes aiment ça, non ? Ouvrir les cuisses pour grappiller des miettes de puissance, grisées à l'idée d'être désirées par un homme ayant plongé la ville dans un dôme de tourmente pendant toute une nuit. Il est l'un des coupables de cette immense tragédie ayant enlevée la vie à tant d'innocents et éveillée les pires cauchemars des vivants. Glacée jusqu'à l'âme, elle n'a pas bougée, prête à dégobiller sur le sol vernis de son bureau, la lumière du jour perçant à peine à travers la fenêtre couvée de rideaux opaques et dont le filigrane blanc ne laissait presque rien voir de l'extérieur. Oui, elle a compris lorsqu'il a parlé de Nejma, de ses jolies jupes de couleurs, de ses rires enchantants la bâtisse, de tout le bien que Raphael lui en avait dit. Et elle l'a maudit, lui et toute sa race de sorciers dont les mains peuvent bien se ganter de la plus blanche magie, elle n'en veut plus auprès d'elle. Elle se l'était promis ; ne plus approcher le monde des ombres, l'admirer de loin, l'espérer plus doux et protecteur que ce qu'il n'est réellement.

Ses prunelles presque aveugles oscillent sur ce plafond qu'elle observe d'un nouvel oeil, incertaine. A-t-elle atteint le refuge de l'homme dont les mains la maudiront peut-être ? A-t-elle échouée ? Et malgré le poison qui semble circuler tout le long de son corps, elle sent une terreur frôlant la pure folie la hanter, craignant l'échec plus que tout, à présent. Elle ne peut laisser Uther, Raphael ou un autre effleurer ne serait-ce qu'un peu l'âme pure de sa soeur. Nauséeuse, elle se retourne plus brutalement que prévu, un haut-le-coeur manquant de la faire rejeter une bile acide sur le sol, dérangeant les débris transparents dans ses mouvements, comme elle dessinerait un ange dans le sable chaud ou dans le blanc immaculé de la neige. Les mèches d'ambres retombent de ses épaules pour mieux cacher son visage pâle sous son hâle où se dessine une expression endormie quand ses bras peine à la soutenir le haut de son corps. Redressant lentement la tête, elle tente de percevoir le reste de la pièce, découvrant un monde boisé, aussi sombre que ce que semblait percevoir le serpent qu'elle sent se replier sur lui-même en son sein, endormi, paisible en apparence  mais pourtant contrarié. Mille sentiments l'agressent alors qu'elle tente une première fois de se relever, en vain, grondant comme un animal blessé. Lorsque la deuxième tentative ne trouve qu'un énième échec, elle se décide à lever la main, tâtonnement l'air à la recherche d'une surface solide, serrant les dents tant pour ignorer les frémissements la secouant que la nausée qui ne semble pas vouloir la quitter, sa gorge sèche, sa langue pâteuse et lourde, endormie à son tour. La paume blessée trouve enfin le plat d'un support contre lequel elle tente de prendre appui, son corps plus lourd qu'auparavant, ses muscles de plomb, ses os de titane, son esprit seul être fait de brumes dont les souvenirs se délassent lentement, lui rappelant l'immonde besogne qu'on lui a confiée. Assommée par la réalité reprenant peu à peu sa place en elle, elle lâche soudainement prise, retombant contre le sol dans un bruit de peau étouffé, son corps dénudé ne la préoccupant qu à peine. Ses yeux mirent le même sol sans le voir, le souffle plus court, tentant de trouver une échappatoire. Elle ne peut pas. Elle ne peut pas le faire. Ouvrir les cuisses, comme il le lui a dit, lui confiant à quel point les hommes parlent après l'orgasme, riant de ses propres mots comme s'il ignorait qu'il lui demandait de se vendre contre des informations dont elle-même se fiche complètement. La guerre déchirant l'outremonde ne l'a jamais davantage intéressé qu'en mots, là où elle ne craignait pas d'être actrice de quoi que ce soit. Un instant, elle se recroqueville sur elle-même, ses mains nerveuses plongeant dans les racines de ses cheveux, s'y crispant, les ongles mordant le cuir chevelu comme pour réveiller son corps qu'elle sent déséquilibré, pour à tout prix jeter sa rage quelque part. Le cauchemar aurait pourtant dû cesser des années auparavant, le jour même où elles ont pu poser les pieds sur le sol de cette Louisiane que Raphael leur avait tant vanté ; humide, verte, sombre, grise, bleutée, peinte en couleurs de tristesses, couleurs de paresses, en nuances appelant à une étrange mélancolie, à un bonheur éphémère, palettes d'une vie mystique, une terre criant son ode à la magie. Une terre maudite qu'elle commençait à peine à apprécier, tombant amoureuse de ses habitants, d'une histoire aussi riche que tragique. Un geignement lui échappe alors qu'elle serre les dents, soufflant pour faire refluer la moindre onde de panique. Elle n'a pas le choix. Elle ne l'a jamais eu.

Sans savoir si les lieux sont réellement vides, elle se déplie lentement, dans un mouvement doucereux, guettant le moindre bruit. Seul le silence lui répond. La peau se couvre doucement d'une chair de poule dérangeante, le froid arpentant le miel de sa peau révélée. Abandonnant l'idée de se mettre debout, elle rampe, serpent humain, emportant avec elle les morceaux brisés, ses seins, son ventre et le creux de ses cuisses en rencontrant les poignards, ses plaintes ricochant dans ce néant qu'aucun réel bruit ne brise. Il lui semble que le monde s'est tue, observant chacun de ses pas, lui-même figé d'effroi face à la tâche qu'elle aura à accomplir. Dans son chemin, elle perçoit la forme d'un meuble, un fauteuil, un canapé et sa langue cherche à humecter la sécheresse de ses lèvres tandis qu'elle poursuit son ascension, maudissant celui ou celle qui lui aura injecté un quelconque sédatif qui la faite semblable à ce qu'elle est lorsqu'elle abuse des bouteilles couvant ses liqueurs préférées.

Enfin, elle atteint le cuir, frappant la surface, la griffant de ses ongles dans un bruit désagréable qu'elle entend à peine, forçant sur les muscles de ses bras pour s'y affaler lourdement. Un soupir de soulagement lui échappe mais elle s'octroie une pause de courte durée, sondant les lieux qu'elle perçoit à peine mieux d'ici, découvrant ce qui ressemble à un atelier, trouvant les silhouettes imprécises de piles de livres, de liquides formant un arc-en-ciel de couleurs étranges, une porte à peine entrouverte et une porte close qui la narguent furieusement. Si elle le pouvait, elle se jetterait sur elle, peu importe sa nudité et son état. L'air sauvage et cruel du dehors lui semble bien meilleur que cette prison de murs qui ne lui promet que l'Enfer, les prémisses d'un piège se refermant doucement tant sur elle que sur celui que ses mots, ses lèvres, ses rires et son corps devront séduire. Elle prie qu'il se fasse bavard à tout prix, qu'il ne soit pas aussi laid que son esprit semble l'être, qu'elle puisse le désirer, au moins un peu. Il en va de la vie de ses soeurs et de cette délivrance qu'on lui a tant promis. Il l'aidera, il l'a dit et si lui, elle ne l'a pas cru, elle a vu dans les yeux de Raphael l'assurance d'un bref espoir. Infime. Maigre. Mais un espoir tout de même promettant que les nuits de pleine lune ne seront plus que des banalités, lui jurant de dire adieu à l'immonde torture qui laisse encore courir sur elle de terribles tremblements. Sa tête roule sur l'un des bras du canapé, une jambe fine ayant trouvé refuge tout près de son jumeau quand une autre jambe s'est déjà alanguie sur le sol, inerte. Et lentement, ses mouvements ralentissent, ses paupières balbutiant péniblement, lourdes du sable de Morphée, mirant ce plafond qui a été le premier à l'accueillir sous cette forme, tentant d'y trouver la réponse à ses questions. Il faut qu'elle soit sûre d'être au bon endroit. Il le faut. Mais la fatigue égorge la moindre tentative d'évasion ou de réflexions, son esprit se refermant aussi brutalement que ses paupières, son souffle retrouvant le rythme paisible d'une houle délicate, emportée dans l'étreinte d'un sommeil agité où la douleur court toujours, menace insatiable, son corps épuisé s'offrant comme une dépouille à sacrifier.
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ADMIN ۰ Se faire péter la vitrine : bien plus qu'un métier, une passion. Featuring : Dramaking
Eoghan Underwood
Eoghan Underwood
ADMIN ۰ Se faire péter la vitrine : bien plus qu'un métier, une passion. Featuring : Dramaking
⛤ SMALLTOWN BOY ⛤

Fall into me ☽☾ Eoghan 1E5CfUE Fall into me ☽☾ Eoghan AoZyjkn Fall into me ☽☾ Eoghan BvRyGpi

"This is not the right way."

En un mot : Sorcier venimeux ondulé de la toiture. Gosse du bayou.
Qui es-tu ? :
"Let it spread like a disease."

⛤ Maître des arcanes, sorcier à l'essence écarlate. 37 ans de vice (et râles) et de chair corrompue. Manipulateur d'hormones, télépathe patenté.
⛤ Second, bras droit de Circé van derr Ven dans la secte de l'Irae. S'y démarque pour sa loyauté ciselée par les griffes de Morgan Leroy (missing). Mais les failles perlent.
⛤ Incube de Louisiane ; fils de ces terres marécageuses, du bayou poisseux et des routes cahoteuses. Né à Bâton-Rouge, n'a connu que Shreveport et les frontières de son État.
⛤ Né seul homme dans la famille des sorcières irlandaises Mulligan. Privé de père (tué) par la harpie noire : élevé par Sylia Mulligan, descendant du Rouge de sa grand-mère Julianna.
⛤ Cauchemar des femmes ; nourrit sa magie (Rougeoyante) des hormones sexuelles de ses partenaires, ainsi que des émotions primaires.
⛤ Traître à ses passions, criminel et meurtrier de Johanna Andros (missing). Pourfendeur d'amitiés, éternel débiteur, clébard soumis à ses attaches.
⛤ Ne vit que pour les Mardi-Gras de New Orleans ; caresse le rêve de s'y installer un jour dans son propre "shotgun", malgré le fantôme de Katrina.
⛤ Mystique, déchiré entre deux hommes : partagé entre le sorcier et l'humain, entre la sagesse et une ire destructrice. Le latin s'efface sans mal sous l'accent du Sud, coriace sous sa langue.
⛤ Commerçant du Downtown (Crawling life), antre de ses serpents vénérés, lézards et autres reptiles, dont il cède les corps, les soins et les cages de verre.
⛤ Pratique à l'arrière de sa boutique, dans un laboratoire farouchement défendu et protégé par les runes. Recèle secrets et savoirs, expérimentations douteuses et dangereuses.
⛤ Mauvais mentor. L'une de ses apprenties en a subi les conséquences. Guide de Morgane Wuntherson et d'Halina Meyer. Meilleur ami indigne de Vinzent Henkermann et cousin de Shannon Mulligan.
⛤ Pacte tissé avec Scox : Prince démon s'étant dissimulé derrière les brumes de Baal. Immortalité odieusement acquise, âme vouée à obéir et marcher aux côtés des Antiques.
38 ans d'âge réel ; 36 ans d'apparence.

⛤ ENAE VOLARE MEZZO ⛤

Fall into me ☽☾ Eoghan KOVXegv Fall into me ☽☾ Eoghan WZKlL7H Fall into me ☽☾ Eoghan J8B1rxa

"I put a spell on you."

Facultés : ⛤ La Rougeoyante s'infiltre dans les corps et y bouleverse les hormones ; flèche apollonide : distille poison, fléau, mort, mais aussi fièvre rouge saphique. Chaos total.
⛤ Télépathe raisonnable : ne s'infiltre de préférence que dans les esprits des humains misérables. Capable de communiquer en pensée avec quiconque lui ouvre les grilles de son esprit. Savant fou ; capable désormais de connecter sa psyché aux êtres muets, cobras et crotales comme cobayes, corbeaux et autres créatures rampantes.
⛤ Herboriste né, sa maîtrise des potions n'a d'égale que celle de son mentor maternel. Capable d'élaborer des philtres complexes ; créateur infatigable de breuvages en tous genres.
⛤ La Rougeoyante se défend et protège son hôte plus férocement qu'elle n'attaque : limitée par la nécessité d'un contact physique. Sorcier doué au corps-à-corps, secondé par son aisance au maniement d'athamés et autres lames rituelles.
⛤ Chercheur d'artefacts, quémandé des Longue-Vies : détisseur de leurs malédictions et autres mauvais sorts.
Thème : The Way ⛤ Zack Hemsey.
Fall into me ☽☾ Eoghan KL9jJO9
⛤ VENGEANCE ⛤

Fall into me ☽☾ Eoghan ZfHtADc Fall into me ☽☾ Eoghan Jq60QrG Fall into me ☽☾ Eoghan MaP8TbX

"Before I die alone."

Fall into me ☽☾ Eoghan GIeraGW
Pseudo : Nero
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Mer 29 Avr - 10:10 (#)


Enjoy the silence
Décembre 2019.

Norris Ridgewick regrettait amèrement d’être de service ce soir-là. Une pluie diluvienne s’abattait sur les terres de Louisiane. Le bureau du shérif avait fait prévenir la population, comme toujours, du risque d’inondations locales potentielles. Chaque année, le comté voyait s’établir la liste des quelques victimes emportées par les eaux fauchant un pont trop antique, des touristes imprudents, ou des gamins inconscients. Eoghan Underwood en avait été témoin, le jour où Hena Hicks lui avait réclamé son aide. Probablement le regrettait-elle d'ailleurs amèrement, depuis la nuit du 31 octobre. L’adjoint du shérif, quant à lui, faisait le pied de grue devant un bungalow décrépi au sud de Mansfield. Son uniforme faisait triste mine, le tissu brun détrempé jurant avec sa peau pâle, plus propice à rougir sous les rayons estivaux qu’à se parer d’un bronzage naturel. Ses tâches de rousseur et ses iris d’un gris clair n’en finissaient plus de lui donner l’air d’un adolescent attardé, ce qui ne l’aidait pas à se faire respecter en ville. Et puis Shreveport avait changé. Depuis la Révélation, il ne reconnaissait plus le patelin dans lequel il avait grandi, et la surpopulation qu’ils avaient dû affronter n’y aidait en rien. Il s’était engagé par amour pour sa région, pour faire plaisir à sa veuve de mère, mais également pour rendre fier son parrain : le shérif en personne. Grâce à lui, il avait passé haut la main les différentes épreuves d’admission, physique ou relevant de ses connaissances en matière de juridiction. Un casse-tête pour celui qui parvenait tout juste, enfant, à retenir les poèmes et comptines qu’il se récitait en vain, sans parvenir à les imprimer dans sa mémoire. Pourtant, à force de persévérance, et pour témoigner de sa reconnaissance envers les siens, il avait étudié nuit et jour pour arracher ce précieux sésame et obtenir une place parmi les rangs des flics locaux de la bourgade. Et à quoi bon, dès lors ? Les événements d’Halloween n’avaient fait qu’enfoncer d’un coup de pompe supplémentaire le moral des troupes. On ressassait le mépris distillé par les belles gueules du PASUA, leur regard de yankees sur la Mairie considérée comme incompétente, sans parler de ses forces de l’ordre. Humiliation après humiliation, Norris avait regardé les épaules du marshall se voûter chaque fois davantage, depuis que ces nouvelles figures en costards s’accaparant les interventions médiatiques en tout genre abattaient leurs foudres sur son échine. Le séisme provoqué par l’attaque aux allures de terrorisme, l’enquête qui pataugeait de tous les côtés, les réclamations et les inquiétudes des locaux, des visiteurs de passage et des médias en quête de nouveaux scoops… tout cela pesait dur et tournait fort, sous le crâne paumé de Ridgewick. Et en prime, il se sentait tomber malade. La pluie n’aidait en rien, et la lourdeur des gouttes lui pleuvant sur le front rendait son humeur plus maussade encore. Il rabattit les pans de sa veste sur lui et se frotta les bras ; tout valait pourtant mieux que de rester le cul assis sur le siège conducteur. Un ivrogne ramassé sur la route ronquait tout ce qu’il pouvait à l’arrière de l’habitacle, sagement menotté. L’odeur de transpiration, de crasse et de whisky bon marché était proprement insupportable, imprégnant lentement mais sûrement l’intérieur du véhicule. Le roulement du tonnerre et les éclairs dans le lointain lui tenaient compagnie. La météo, elle, ne changeait pas. Et cette atmosphère de fin du monde s'accordait parfaitement à ses idées noires, ce soir. Elle lui empêchait de réfléchir à sa profonde solitude, à la tristesse infinie qui accablait ce gosse trop humain pour comprendre toutes les conséquences des magouilles politiques souterraines, et à sa propre carrière professionnelle. Il commençait à éprouver des envies d’ailleurs. Partir, oui. Peut-être. Même si sa mère ne le lui pardonnerait jamais.  

La pénombre se dissipa à l’arrivée des phares du pick-up de celui qu’il considérait comme un pote de comptoir, un visage rassurant dans cette foule de plus en plus parsemée des visages étrangers et, surtout, de celui qui lui permettrait de rentrer se mettre au chaud après avoir largué son ivrogne dans les geôles de dégrisement au bureau. Norris s’approcha, tandis qu’Eoghan descendait de la Ford, claquant la portière dans son dos en renonçant à remonter le col de sa veste pour se protéger de la pluie. Aussitôt, il sentit l’eau tiède inonder ses mèches noires, couler le long de ses tempes jusqu’à suivre le tracé de sa mâchoire et ainsi dégoutter depuis son menton. « Salut… »
« Hey. Merci d’être v’nu si vite. »
« Pas d’quoi. Alors ? Tu me confirmes, du coup ? »
« Ouais, s’lon elle, c’est un mocassin. »
« Encore ?! C’est la troisième fois en un mois… J’lui ai dit qu’c’était à cause de sa putain d’mare. Ça les attire, tu parles. T’as vérifié ? » Il n’eut pas à chercher bien loin pour voir à la tête de Norris qu’il ne s’était pas approché d’un iota du reptile. « Sérieux.. ? »
« Écoute, j’ai les foies. Déjà en plein jour j’arrive pas à gérer ma trouille, alors vu l’temps qui fait et en pleine nuit… » Il grimaça une moue d’excuse un peu pataude. « Ça t’va si j’te laisse gérer ? Faut qu’j’le ramène au Shérif. Il va s’faire dérouiller par bobonne d’main matin. » Le sorcier se pencha pour chercher à distinguer le visage du red-neck torché jusqu’à l’os, mais l’obscurité ne lui permit pas de reconnaître qui que ce soit. « … ‘kay. C’bien parce qu’c’est toi. »
« Passe chercher ton fric dès qu’tu peux. Et moi, j’te revaudrai ça. Encore. » L’arcaniste lui administra une tape contre le bras. « Nah. Tu m’dois juste une ou deux tournées, rien qui presse. » Il récupéra sac et tige à crochet, tout en gueulant pour se faire entendre malgré la pluie. « J’suppose que j’verrai toujours pas la gueule d’la Harrison ? »
« Tu déconnes ou quoi ? La dernière fois qu’j’l’ai prise à dire merci à quelqu’un, ça d’vait être l’jour où Jack Dreiman a dérouillé un alligator qui s’était mis en tête de bouffer son opossum domestique en l’déglinguant à coups de pelle. » Il fit coulisser le métal glissant contre son trapèze, le sac sombre et ballant pendant mollement du bout de ses doigts. Les sourcils froncés, son regard s’évada dans le vague une demi-seconde : « Et… ça a marché ? »
« Oh bah l’gator s’est barré, l’opossum s’en est pas remis – crise cardiaque qu’le véto il a dit – et Jack Dreiman a créché dans le même plumard que la Harrison pendant au moins deux ans avant qu’elle ne l’foute dehors. » Soufflant par le nez un rire bref, Eoghan sentit un peu de la tension planquée dans ses épaules fondre devant l’anecdote épique et propre au Shreveport d’autrefois. Cette époque lui manquait. « C’était quand ? »
« 1997. J’habitais dans la même rue, un peu plus loin… C’était peu de temps avant qu’mon vieux tombe raide, lui aussi… Oh, au fait : j’ai appris qu’le vétéran Joseph était mort, récemment. Tu l’savais ? » L’adjoint pointait l’avenue déserte, les maisons plus ou moins branlantes presque toutes illuminées des lueurs rassurantes et familières : télévisions allumées, lampes de chevet et autres veilleuses, créant la transition idéale entre ce jour assombri et la nuit promise à demeurer tout aussi orageuse. Sans le savoir, son humeur ne valait guère mieux que celle de Norris, et son esprit parut effectuer un bon de plus de vingt ans en arrière, confondant les espaces et le temps. Certains visages lui revenaient. La Harrison, plus jeune, les cheveux blonds filasses, sales et emmêlés, les traits marqués de plusieurs générations de péquenauds bien enterrés là, aux abords du South. La peau toujours à moitié cramée, couleur d’écrevisse malade. Jack Dreiman, et sa tronche de bon vivant toujours prêt à rendre service. Il avait compris que sa sale gueule et ses chicots manquants pouvaient se faire oublier au profit de services rendus bien gratuitement, si ce n’était une assiette de fayots, une gâterie au coucher et un fauteuil bien confortable pour s’installer au crépuscule, fumant clopes sur clopes, une Bud à la main. Le vieux Joseph aussi, il s’en souvenait sans mal. Sa peau sombre, striée d’anciennes cicatrices, sa moustache toujours impeccablement taillée, ses chemises à carreaux ouvertes sur un marcel humide, ses petits pas empotés, lorsqu’il fallait remonter l’avenue pour s’en aller rejoindre les autres Noirs de la paroisse. « Ça fait bizarre, hein.. ? » Il sursauta, en revenant brutalement à Norris. « Quoi.. ? » Celui qui aurait pu être son camarade d’école s’ils n’avaient pas eu six ans d’écart parut gêné et, se sentant stupide, marmonna sur un ton incertain : « Tout change. » Eoghan voulut ouvrir la bouche, répondre de quoi rassurer son interlocuteur, approuver ou le contredire. Mais rien ne vint. Il avait raison. Ceux qui composaient depuis toujours la fresque de leur histoire s’évanouissaient : victimes des affres du temps. Les quartiers détruits puis reconstruits, les baraques rénovées, les voitures neuves et les routes mieux fichues venaient sans cesse agiter un drapeau d’évidence devant leurs prunelles effarées. Même l’accent du Sud dans les rues du centre et à Bossier City semblait parfois jusqu’à s’effacer devant les tonalités provenant du monde entier. Ridgewick rajusta son chapeau, faisant couler une large quantité d’eau sur son poignet et sa montre dans un  damn! étouffé et sublimé d’un juron, avant de rouvrir la portière conducteur. « On s’voit bientôt. Il est au fond de la cour, près du récupérateur d’eau, il bouge pas. »

Les loupiotes bleues et rouges clignotèrent, et le véhicule de police effectua une marche arrière pour mieux faire demi-tour et s’éloigner, direction le cœur de Shreveport. Le sorcier resta là, presque planté au milieu de la voie déserte, attendant que les roues disparaissent de son champ de vision. Il ne les voyait de toute manière plus vraiment. La scène lui rappelait celle d’octobre, avant que tout ne bascule dans le chaos total, et que la ville toute entière ne résonne du roulis régulier des pelleteuses, que les grues ne se multiplient et que les entreprises de démolition et du bâtiment n’embauchent à tour de bras. Alors, il se souvenait s’être épris d’une transe bouillante bien connue. Un état langoureux qui le rendait aussi calme qu’une vipère avachie en plein cagnard, et aussi dangereux qu’un saurien à l’affût dans les marais. Mais là, sous cette onde puissante, salué par les cris des oiseaux nocturnes des environs, il se sentait désemparé, pris à la gorge par un besoin de chaleur humaine, mais repoussant d’avance les bras d’inconnues en manque d’aventures sans lendemain. Il s’ébranla et les semelles de ses rangers foulèrent les flaques et les graviers noyés par l’eau ruisselante pour traverser la dite cour. Il jeta un coup d’œil machinal vers la maison de Linda Harrison, dont la fenêtre entrouverte laissait échapper une odeur de graillon évocatrice de côtes de porc grillées, et s’approcha prudemment du bidon bleu couturé par l’usage, se remplissant rapidement par la grâce de l’averse. Il repéra aussitôt le reptile un peu replié sur lui-même dans une posture manifestement étrange. Ce n’était pas de l’agressivité qui émanait de la créature. Plutôt une sorte de mal-être témoignant d’une blessure, d’une vulnérabilité pour autant guère synonyme de mort : l’animal bougeait encore, quoiqu’à peine. Comme assommé. Assommé. À l’image du sorcier se figeant, insensible au grondement des cieux (ces cieux vides, nuées délaissées par leur maître, insensible aux appels de celui qui s’était cru adoubé par…). « Qu’est-ce que… ? »

Ce n’était pas un mocassin d’eau. Il évalua rapidement la taille de l’animal. L’estimation fut rapide : il ne devait pas mesurer moins de deux mètres. Autant dire le double d’un cottonmouth. Il fouilla dans sa mémoire, comparant la bestiole à écailles avec tous les spécimens qu’il connaissait et qui hantaient la région. Mais rien. L’animal sifflait et soufflait en sourdine, ce qui le persuada de se montrer prudent. Il secoua le sac pour en agrandir la béance, tâche simple dont il était habitué, mais rendue plus pénible par la pluie alourdissant le tissu, avant de se saisir du serpent sans qu’il ne manifeste trop de résistance, se tordant mollement sous la poigne métallique. Il le laissa tomber prestement au fond de la poche, qu’il entreprit aussitôt de faire tourner plusieurs fois, comme un balluchon rapidement constitué. Privé de toute source de lumière dans ce simulacre de cavité, il sentit rapidement l’ophidien se calmer, puis sombrer tout à fait. Perturbé, il repartit en sens inverse, déposa le fruit de sa collecte à l’abri dans le pick-up, et ne se fit pas prier pour rouler vers le Downtown, les essuie-glaces ne cessant d’aller et venir, pour dégager le parebrise submergé. Il se gara devant son commerce, le serpent toujours calfeutré, et se rendit directement dans son laboratoire. Il extirpa ce qui n’était ni un python, ni un boa, et ses doigts vinrent bientôt remplacer la pince. Il l'obligea à garder la mâchoire fermement serrée pour l’empêcher de mordre, bien que ce dernier soit toujours amorphe par ce qu’il découvrit être une curieuse blessure. L’allongeant sur la paillasse de bois, l’examen des écailles qu’il effectua du bout de ses phalanges lui révéla une entaille importante, qui ne guérirait pas si la bête ne recevait pas les soins nécessaires. Il hésita, s’interrogeant sur la conduite à tenir, et poursuivit le feuilletage virtuel de l’encyclopédie répertoriant ses connaissances sur la matière. Sa couleur brune était curieusement désunie : plus claire vers les anneaux centraux, sombres au niveau de la queue et de la tête. Une expression farouche, presque boudeuse et amusante pour une pareille créature… Il n’avait jamais rien vu de tel dans les parages, jusqu’à ce qu’un éclair lucide ne le fasse frissonner. Il ne lui fallut pas plus de quelques minutes pour céder à la tentation de comparer Google images et ce qui ressemblait fort à un taïpan du désert. Ses iris voletaient, de l’écran de son smartphone au reptile qui, s’il le voulait, pouvait mettre un terme à la carrière prometteuse d’Eoghan Underwood, co-destructeur en chef de Shreveport, Second d’une secte hystérique, paladin trompé sur la marchandise et meilleur ami merdique, par le biais d’une seule morsure mortellement venimeuse. Restait à savoir qui était l’abruti fini capable d’oser importer ceci sur le territoire américain. Quant aux douaniers et aux services aéroportuaires, il aurait bien un mail ou deux à leur faire parvenir pour souligner leur incompétence au vu de la dangerosité que représentait cette espèce, qui n’avait rien à faire en Louisiane. Il était bien trop tard pour se lancer sur une enquête destinée à connaître sa genèse. En revanche, sans perdre le nord, l’arcaniste lui injecta un tranquillisant puissant, puis utilisa le même extracteur que celui utilisé pour ses cobras. Il obligea le taïpan à mordre, stimulant et massant ses glandes à venin entre son pouce et son index. Bientôt, le précieux nectar s’écoula, au fur et à mesure qu’il maintenait une pression constante sur le museau apathique. Quelques millilitres finirent par tapisser le fond d’une fiole délicatement étiquetée et refermée, prête à se voir conservée en lieu sûr. Il contempla l’ambre liquide, encore sous le choc de cette découverte, et entreprit par la suite de déposer le serpent au fond d’un terrarium, le temps de savoir quoi en faire par la suite. Il l’abandonna dans le labo silencieux, uniquement tamisé de quelques rares lueurs, et lorsqu’il reprit la route, ce ne fut pas pour se rendre à Stoner Hill et rejoindre son appartement. La blessure pouvait bien attendre demain.

Le foyer de Sylia Mulligan était bien plus accueillant que son aura pouvait le laisser paraître.
Elle avait mis des semaines entières à se remettre du cercle final, faisant partie des sentinelles maintenant le maléfice en place, sur le toit de la tour. Depuis, tout son corps lui faisait mal à en hurler. Ses articulations grinçaient et suintaient de rouille, notamment au niveau de ses genoux, la prenant de court chaque fois qu’elle montait l’escalier dans l’intention de récupérer du linge, ou tout ce qu’elle avait bien pu entreposer à l’étage. Avec le temps, elle y grimpait de moins en moins. Le premier sous les combles avait toujours été le royaume de son fils, et elle n’avait jamais cherché à  déroger à cette règle tacite, cette répartition du territoire familial, autrement que lorsque les disputes sanglantes les déchiraient. Ses rotules n’étaient pas les seules à la torturer. Ses pieds restaient souvent gourds, rendant pénibles la marche prolongée, et cependant jamais elle n’avait renoncé à porter talons et bottines habituelles. Elle avançait en serrant les dents, pourvue de cette même dignité butée qui l’avait tenue droite devant l’église le dimanche, voire derrière son comptoir au bord duquel certaines clientes ne se gênaient pas pour commérer à quelques mètres de celle qu’elles conspuaient. Les cernes sous ses yeux avaient encore noircis, et ses mains souvent rougies par le labeur se voyaient désormais entachées de soupçons d’arthrose. La sensibilité de la pulpe de ses doigts s’était considérablement émoussée, et elle avait plusieurs fois manqué de s’entailler la peau en épluchant des légumes ou des fruits, incapable de freiner la course de la lame. Ses potions et décoctions savantes n’y changeaient rien. Ce handicap la frustrait autant qu’il la hantait et la rendait honteuse. Refusant toute aide extérieure que personne ne lui aurait de toute manière proposée (hormis Jill, si elle avait su), elle s’emmurait vivante dans cette tour d’ivoire aux allures de bungalow bien entretenu. Elle se questionnait, seule et sans bruit, digérant comme les autres les conséquences de leurs exploits mortifères. Pas de remords, néanmoins. Rien qui n’aurait pu la pousser à revenir sur cette action collégiale, la plus grande et la plus osée que l’Irae ait jamais tentée. Le ciel gronda dehors, comme pour approuver les dires de la sorcière. Lorsque le bruit d’un moteur se fit entendre, un sourire fatigué accompagna le froufrous discret de ses jupons noirs, et ses longues phalanges pareilles à des serres firent tourner la poignée, et ouvrirent à son fils. Elle le couvrit d’une œillade désapprobatrice en remarquant ses vêtements humides, ses cheveux légèrement ondulés d’avoir pris la pluie et le vent, et décela sans rien en dire le même abattement qui la suivait à la trace, depuis la Samain. « Salut, M’man. » Elle recula et l’invita à entrer, et le miaulement d’un chat au pelage noir et épais accueillit le jeune homme fourbu. « J’peux dormir là, cette nuit ? »
« Évidemment. » Sans lui laisser l’occasion de demander autre chose, elle tourna les talons et se dirigea vers la cuisine : « Je te prépare une assiette. » Eoghan mira la haute silhouette de sa mère, et son dos enfermé dans l’un de ses fameux corsets. Il retira d’un mouvement d’épaules son blouson devenu désagréable à porter, et fit quelques pas vers le salon qui embaumait les épices, et la cannelle en particulier. Le plancher retapé par Christopher Underwood était impeccable, balayé tout récemment. La température agréable contrastait avec celle du dehors, et la télévision ronronnait gentiment. Par curiosité, il jeta un œil au programme et s’immobilisa en reconnaissant Mississippi Burning. Brutalement ému, la conversation partagée avec Norris le tenaillant toujours, il vit bientôt revenir Sylia portant une assiette de gumbo dont le fumet lui mit aussitôt l’eau à la bouche. Elle devinait toujours lorsqu’il n’avait pas dîné. Il mangea tandis qu’elle rapiéçait difficilement une vieille tunique, avec force concentration et précision. Le chat continuait de miauler de temps à autre, tandis que Gene Hackman et Willem Dafoe confrontaient leurs techniques diamétralement opposées pour la résolution du triple meurtre à connotation raciale. « Tu connais ce film par cœur. »
« Tu connais Le Parrain par cœur. Ça t’empêche pas d’le r’garder chaque fois qu’il r’passe. »
« J’aime bien Marlon Brando. Et j’aime bien la musique. »
Il sourit et entreprit de saucer ce que le riz n’avait pas absorbé, essuyant ses doigts à même la bouche. Une église brûlée quelques scènes plus tard, hypnotisé par la croix en flammes déchirant la nuit, il se décida soudainement à articuler d’une voix sourde : « Le vieux Joseph est mort. » La course de l’aiguille se ralentit. « Comment le sais-tu ? »
« C’est Norris qui me l’a dit. » Elle acquiesça et interrompit finalement ses travaux de couture : elle venait de se piquer pour la cinquième fois en quelques minutes, et une infime perle de sang bullait déjà sur la pointe de son index. Il repoussa son assiette et s’alluma une Pall Mall sans qu’elle ne s’en offusque ; Chris et elle avaient toujours fumé à l’intérieur devant lui. « J’aurais besoin d’t’emprunter quelques affaires de Julianna. J’peux ? »
« Si tu me les ramènes, oui. » Cette absence d’objection ni même d’interrogations l’étonna au point qu’il chercha son regard, qu’elle lui refusa. Il remarqua alors le tremblement de ses mains, et les premières véritables rides bordant les commissures de ses lèvres. Il vit qu’elle cherchait à parler, lui ressemblant de manière frappante, trois heures plus tôt, devant Ridgewick. « Quand tu auras besoin un jour de consulter les papiers de la maison, sache que tout est rangé dans ma chambre. Dans le petit bureau à droite. Tout est trié par catégories. » Il ne servait à rien de lui rétorquer qu’il ne s’intéressait guère à la paperasse administrative, mais il s'agaça tout de même. « Dis pas des trucs comme ça, putain. T’as pas encore un pied dans la tombe, tu vas nous porter la poisse ! »
« Je ne veux pas que tu te retrouves dans la même situation que moi, lorsque ton père est parti. Mes affaires sont réglées. Quant à la succession, tout te revient. La boutique comme la maison. » Muet, il se contenta de baisser les yeux vers le tapis parfois agrémenté de quelques poils sombres ayant échappé à la vigilance et à l’aspirateur de Sylia. Celle-ci déclara forfait et se leva le plus souplement possible. Eoghan entendit l’un de ses genoux craquer. « Je t’abandonne. Je vais me coucher. Pense à bien éteindre les lumières, sois gentil de faire la vaisselle et ne fais pas trop de bruit en montant. » Il voulut la retenir, mais sut que cela ne servirait à rien. La gorge nouée, leurs prunelles se croisèrent enfin, et dans un geste d’une tendresse rare, sa paume vint se jucher contre la joue creusée de son fils, son pouce écorchant la pommette roide. Elle ne souriait pas, mais ressentait ce même besoin de chaleur qui les avait appelés l’un vers l’autre, éternels condamnés à se supporter, s’aimer, se haïr et se rejeter, depuis que les gènes avaient joué un bien mauvais tour à l’aînée des Mulligan. Elle contempla ce rejeton devenu un vrai gaillard du Sud, son enfant sauvé des eaux rouges et noires, ce Bien-Né qui ne possédait rien des traits de son géniteur. Heureuse de ne pas être seule cette nuit, ses bras l’enlacèrent sans qu’il ne se relève, et elle enserra ses épaules tandis qu’il s’abîmait de lui-même, la joue contre son ventre. Ses propres mains trouvèrent le creux lacé de son dos, et il huma le parfum de sa mère, se mêlant à l’aubépine et aux fragrances cajuns qu’elle utilisait toujours pour faire sa cuisine. Il se laissa bercer par les murmures gaéliques de son enfance, et s’écouta régresser tandis que le temps se suspendait entre eux deux. Il aurait pu s’endormir ainsi, mais elle rompit le charme et abandonna les caresses dans sa chevelure embrouillée par les éléments qui s’agitaient toujours par-delà les murs. Elle regagna sa chambre, suivie de près par le félin à la queue en panache, au rythme de ses talons dont elle ne se déparait qu’au coucher. Lorsqu’il reprit pleinement conscience de la réalité tangible autour de lui, sa cigarette s’était éteinte depuis longtemps.

La pluie tombait encore, lorsque la Ford se gara devant l’enseigne, au matin. Rasé de frais, il esquiva cette fois les gouttes pour se précipiter à l’intérieur, gratifiant les vivariums d’un regard affectueux, pour se diriger directement vers son laboratoire. Il en avait presque oublié le taïpan à son réveil, mais maintenant que ses neurones fonctionnaient à plein régime en prévision de sa journée de travail, il avait hâte de se confronter de nouveau au reptile et de pouvoir l’observer à loisir. Quant au fric, il le récupérerait plus tard. Le mois de décembre était toujours prolifique, fêtes de fin d’année oblige, et…

Avant même d’entrer dans son atelier, il comprit que quelque chose n’allait pas. Depuis le couloir, luisait sur le sol à peine éclairé les reflets de verre, comme si quelqu’un avait fracassé une vitre à coups de batte de baseball. Il s’arrêta, guettant un bruit quelconque ; personne n’aurait pu pénétrer en ces lieux protégés et marqués par les runes, et leurs symboles tracés à la lisière de son antre lui prouvaient que ses rituels étaient demeurés intacts. Le souffle court, il se surprit à jeter un regard par-dessus son épaule. Il était seul. Rien dans la boutique, il pouvait en être sûr, mais quid de l’arrière ? Ses semelles se firent plus discrètes sur la coulée de parquet sombre, et il se mordit l’intérieur de la joue, au fur et à mesure qu’il découvrait l’étendue du désastre. Chaque pas marquait sa progression et la découverte d’un terrarium explosé au pied de la paillasse. Plus aucune trace du taïpan, et son cœur s’emballa. Si quelqu’un s’était introduit jusqu’ici pour lui dérober l’animal, pourquoi prendre la peine de bousiller sa cage translucide au risque de le blesser ? Qui d’autre pouvait savoir qu’il l’avait rapporté ici, hormis une Linda Harrison se foutant comme d’une guigne de la vermine peuplant son terrain et un Norris Ridgewick pas peu fier d’avoir esquivé cette corvée ingrate ?

Il pénétra dans son laboratoire, et le dernier pan de mur s’effaça, révélant le canapé de cuir, et le corps éraflé de celle qui s’y était allongée. Sa position approximative, sa nudité et l’absurdité de la situation le laissèrent là, bouche ouverte, un sursaut venu tout droit de son essence contrariée piquetant ses nerfs de part en part, sans qu’il ne puisse réagir. Incapable de réfléchir correctement, le sorcier fit osciller ses orbes du verre cassé jusqu'au canapé, à plusieurs reprises. Il s’approcha encore, le cuir de ses rangers évitant soigneusement de faire cliqueter les débris, décrivant un arc-de-cercle prudent. Il ne pensa même pas à s’armer. Les mains nues, à l’image de ses courbes, il crut qu’il s’agissait d’un nouveau coup du sort, peut-être même d’une offrande nouvelle comme celle qu’il…

(Le Mall.
Le toit.
Johanna.
Puis…)


Il repoussa furieusement cette pensée, mais une autre prit sa place. Celle d’une femme-cobra à l’accent slave, aux cheveux blonds et au visage poupon, cousine éloignée de celle dont la moue boudeuse dans son sommeil ressemblait à s’y méprendre à celle du taïpan de la veille. Il la contempla longtemps, disséquant ses cheveux bruns de ses pupilles agrandies par la curiosité et de ses billes arctiques, mais également sa peau mate, les rondeurs de ses seins, la courbe d’une hanche, et enfin la déchirure qui courait sur toute la longueur du bras. La gémellité avec celle repérée sur le flanc du serpent et la torpeur de cette femme que sa présence n’avait pas éveillé lui permirent de comprendre, ou du moins de confirmer l’évidence : personne n’était jamais entré ici autre que lui. Et elle. Sous une autre forme.

Tandis qu'il cherchait à digérer cette présence intempestive, sa conscience s'amusa à lui rappeler que Lexie Harrington aussi s’était retrouvée allongée au même endroit, et les visages des filles d’Eve ayant peuplé les derniers mois de son existence dansèrent un moment dans sa mémoire, avant qu’il ne se focalise sur le minois avachi sans pudeur aucune. Elle avait probablement recouvré sa forme humaine dans la violence, avant de se traîner en désespoir de cause sur le cuir tiède, plutôt que de demeurer sur le plancher froid. Il tituba, hésitant sur comment réagir. Expirant bruyamment, il recula et jucha nerveusement ses paumes contre ses hanches, contemplant ce tableau détonnant tout en écartant du pied un bout de terrarium détruit. « Putain, c’est pas vrai… » Il épancha son front, fit plusieurs allées et venues dans son laboratoire sans parvenir à se décider sur ce qu’il devait faire. Puis, il se rapprocha d'elle, retournant au chevet de l’inconnue. Il s’abaissa puis saisit son mollet avec précaution pour l’étendre près de son autre jambe, rendant ainsi sa position moins provocante, puis se jucha sur le bord du canapé. Il éprouvait quelques scrupules, consacrés par les souvenirs traumatiques.

(Un autre corps nu.
Une autre femme offerte.)


Il enlaça finalement la gorge de l’endormie de ses dextres intimidées, perturbé par ce contact improbable, et ferma les yeux pour plonger les filaments de sa magie dans l’organisme de la change-forme. Sa conscience se laissa tomber en elle, et il profita de l'occasion rêvée, désirée : utiliser la Rougeoyante autrement que pour tuer, agresser ou déformer, cette fois-ci. Il l'autorisa à se déployer librement dans ce monde à explorer. La murène plongea avec délice à la recherche d’hormones bien précises, toute son action se focalisant bientôt sur la mélatonine noyée parmi ses consoeurs. L’empreinte de sa peau chaude sur la sienne se renforça, et il distilla par pulsations lentes mais profondes l’ordre du réveil, convoquant son rythme chronobiologique, lui intimant sa volonté de la voir sortir du repos.

Dehors, le tonnerre grommelait toujours. Ici, les veilleuses se consumaient d’une électricité douce et bienveillante, donnant à la pièce ses couleurs terreuses, ocre ou sombres. L’odeur de la myrte et du santal se mêlait au parfum de la sauge, dominant toute autre senteur indésirable, malgré la ligne rouge de sang dessinée comme pour un fait exprès jusqu’à la cheville de la fille-serpent. Au fur et à mesure qu’il diffusait les vagues cramoisies en elle, son esprit attiré se mit à rôder autour du sien, sans y entrer. Il n’avait aucunement envie de se mêler aux pensées d’une créature dont il ne connaissait rien, mais un second appel se joignit au premier, coups frappés à la porte d’un mental qu’il aurait pu s’amuser à conquérir pour en briser les défenses. Il se contenta cependant de la même impulsion profonde, ne souffrant d’aucune contradiction.

« Réveille-toi. »  

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Louisiana Burning

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Anonymous
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Mer 29 Avr - 16:16 (#)

fall into me
Fall into me
I'll show you the way
Out of this blue
Un vent chaud souffle sur leurs deux visages tournés vers l’horizon. Plaine de poussière d’or, des sylphides dansant en tourbillons dans un lointain décor paisible et effrayant à la fois. Le soleil de Rê les frappe de ses bras tendus, baiser mortel, un poison pour certains touristes à la peau trop blanche, quelques européens se plaignant si souvent de la chaleur torride qui plane, fronçant le nez face à l’odeur des rues délabrées, face aux étables où sont exposées maintes épices ou vases de basses qualités, tapis orientaux drapés sur tous les murs ou enroulés sur eux-mêmes. Ils lorgnent leur monde noyé dans l’Enfer de leurs visages aux pommettes rougies, aux fronts luisants, empestant eux-mêmes d’une odeur rance de transpiration. Elle-même en a croisé certains lors de ses égarements nocturnes, s’étant laissé aller à en séduire quelques uns peut-être trop naïfs voyant en elle la parfaite arabe bien idiote et que l’on oublie une fois l’extase consumée et quelques verres enfilés à la chaîne. Elle a profité d’eux et la veille encore est marqué par le stupre et l’abus de gnôle absolument infâme, du détergeant jeté dans la gorge pour un peu plus s’abîmer. Evidemment, Sadia l’a réprimandé lorsqu’elle est rentrée le pas incertain, le rire ivre au bord des lèvres, empestant le sexe et la clope, les yeux flingués par un quelque chose s’approchant d’un profond désespoir. « Ce n’est pas comme ça que tu nous aideras à survivre. » lui a-t-elle dit. « J’en ai plus rien à foutre de survivre. Tu veux survivre toi, peut-être ? » s’est-elle entendue répondre. Un affreux mensonge et une affreuse question sur lesquelles Sadia a refusée de rebondir la menant malgré sa colère et sa tristesse vers la salle de bain la plus proche. Elle l’a aidée à cuver le trop plein d’alcool, à foncer sous la douche avant que Favashi , une autre dame de compagnie de Youssef ou encore sa propre mère ne viennent les surprendre à faire trop de bruits et comprennent que depuis des années, elle s’enfuit loin des hauts murs du Temple de l’Ordre pour tenter de balbutier quelques pas vers le monde interdit.

« C’est étrange si je te dis que ça me manquera un peu ? »
Sortie de sa rêverie, elle détourne ses yeux perses vers Sadia qui fixe toujours l’horizon tentateur, à des mètres et des mètres du sol, ses longs cheveux de velours noirs battus par les mains curieuses du vent, ses jupons moulant ses cuisses, ses hanches, ses mollets, son visage refusant toujours de lui faire face. Elle-même s’abîme à son tour vers la ligne délicate des dunes qui leur font face.
« Non, c’est notre ville et notre pays après tout. C’est ici qu’on a grandit, c’est plus que normal d’être un peu nostalgique et d’avoir peur. »
« Ce n’est pas que ça. Ici, j’ai toute ma vie même si elle ne vaut pas grand-chose. J’ai mes parents, j’ai quelques amis qui viennent parfois me rendre visite même si c’est loin des yeux de … tu sais qui. J’ai mes repères même s’ils sont entourés par ces murs de merde. »
Un pas vers elle, un souffle seulement
« On ne va pas en re … »
« Tu n’as jamais voulu comprendre qu’ici c’est toute ma vie. J’ai tout fait pour rendre fière mes parents qui ont mis tellement d’espoir en moi. Quand j’faisais mes prières, quand je m’agenouillais face à Youssef, quand je versais des litres et des litres de larmes pendant nos pseudos transes et qu’ils pensaient que c’était des larmes d’adorations et non de désespoirs et de douleur, quand j’ai renoncé à l’homme que j’aimais pour me donner tout à leur Foi qu’ils m’ont imposés, quand j’ai craché sur ma vie d’avant pour eux … J’voyais dans leurs yeux que là, j’étais une bonne enfant, que je les rendais fiers, que quelque part, je faisais quelque chose de bien. Alors j’continuais, j’suis pas partie parce que … C’était le seul endroit où je me sentais un peu aimée par eux. »
« On va toutes crever si on reste ici. »
Brutalement, elle se détourne vers elle, ses yeux noirs agressant son visage fermé, apeurée de devoir encore combattre et détruire les croyances si bien ancrées chez elle malgré son envie de fuir et d’en finir.
« Je sais ! Bordel, tu crois pas que j’en suis totalement consciente ?! »
Le cœur tremble alors qu’elle resserre ses poings, nerveuse, reprenant une posture défensive en les croisant sur sa poitrine avant de secouer la tête, les mèches de sa queue de cheval s’agitant un instant.
« Alors quoi ? Pourquoi tu m’redis tout ça ? T’essaies de me dire quoi exactement ? »
Sadia lâche un soupir agacé, esquisse un mouvement faisant crisser la terre sous leurs pieds pour mieux se tourner vers elle.
« Je t’explique juste que ça va être dur, c’est tout. »
« On le sait depuis le début. »
Le visage de sa sœur de cœur se fissure lentement pour laisser apparaître une souffrance sanguinolente, un désespoir sans fond, un sourire s’esquissant sur ses lèvres pleines et rien ne lui parait plus triste que cette vision.
« Et ça rend les choses plus faciles à accepter ? »
« Ce n’est pas ce que j’ai dit … »
« Oh mais si. Dis nous, Ô Grande Astaad, comment toi, tu gères si bien la chose. Comment toi, tu n’as rien à perdre puisque ta mère ne t’a jamais aimée. »

Le coup est bas et elle tique, voyant l’expression pleine de pluie et de mélancolie se transformée en un masque de colère sourde tandis que le corps s’avance vers elle, balayant la distance entre elle tandis qu’elle poursuit de sa voix à l’arabe agressif.
« Toi, que ton père n’a jamais regardé, toi, qui ne fait pas grand chose de plus que te pencher en avant pour t’offrir aux hommes qui se fichent bien de qui tu es ou ce que tu as dans la tête. Tu n’es QUE belle, Astaad. Et tu es même ici pour ça, tu le sais, non ?  Youssef t’a choisi parce  que tu as de beaux yeux, un joli visage, de joli cheveux, un beau corps. Il t’a choisi parce qu’il te désire depuis le début mais surtout parce qu’il sait que tu ne vaux rien pour tes parents, qu’ils ne te pleureront pas alors c’est plus facile et moins contraignant. Mais toi, sale égoïste, tu refuses de crever parce que quoi ? Il n’y a rien qui t’attends là-bas ! Dehors est une malédiction ! »
Elle marque un pas de recul face à ce hurlement étrange, sentant quelque chose se fissurer dans cette réalité mystique, le vent souffle plus fort, siffle en un long cri strident à ses oreilles, l’écho des morts tournant autour d’eux et brutalement, le ciel se teinte de noir, se déchire pour laisser gronder quelque chose d’immense et immonde. Des éclairs lézardes le ciel quand la pluie se met brutalement à tomber sur leurs deux corps bientôt mis en valeurs par des  cercles  de flammes qui ne s’éteignent pas malgré les  trombes d’eaux tombant sur elles. Des gens hurlent et elle voit la nuit qu’il a maudite reprendre vie. Sadia avance toujours vers elle, menaçante, ses yeux noirs couvrant bientôt même le blanc, faisant face au visage d’un démon prêt à remonter à la surface.
« Non, non, non, non … Pas toi. »
« Tu n’es bonne qu’à mourir depuis le début, tu devrais le savoir. Ta place est ici, ton âme nous sera forcément utile. Rends toi putain d’utile ou crève. »

Comme un serpent attaquerait une cheville, un bras se tend sèchement vers elle, sa main saisissant son cou entre ses phalanges acérées, étouffant les mots fielleux qu’elle était prête à cracher. Une plainte lui échappe alors que ses propres doigts tentent de faire lâcher prise à celle qui, d’un battement de paupières, prend le visage d’une sorcière aux habits rouges. Ses yeux s’écarquillent face au sourire ignoble ce cette femme qu’elle a cru un jour être une amie.
« Baise le. »
La réplique la fait sourciller, marquant une infime pause dans sa lutte.
« Baise le, prends tout, fais lui vomir ses moindres secrets. Après tout, tu n’es bonne qu’à faire ça, une chienne arrachant quelques aboiements à d’autres clébards à la queue frétillante et pleine de rosée. »
Les doigts se resserrent autour de son cou à tel point qu’elle suffoque et une jumelle rejoint sa sœur pour appuyer toujours plus fort, la repoussant tout à la fois vers les flammes qui les étreignent, mouvantes, chantant à l’unisson avec les cris des prêcheurs en panique.
« Je viendrais pour toi, je te le promets. »
Et le propre cou de Favashi se déchire à son tour, une longue plaie s’ouvrant lentement dans la peau mate, pleurant son encre vermeille et les traits reviennent à Sadia dont les joues sont brutalement striées de larmes.
« Tu avais promis ... Tu avais promis et tu as menti ! »
Incapable de respirer, le palpitant s’agitant sous le coup de la terreur elle ne peut expirer le pardon qu’elle aimerait lui souffler depuis cette affreuse nuit, une plainte de douleur craquant à l’orée de ses lèvres entrouvertes.


« Réveille toi. »

Ce n’est qu’un filet, qu’un murmure, qu’une caresse le long de son esprit, une phalange glissant sur la membrane fine sans trop oser y entrer, un souffle chaud qui la fait à peine s’agiter. Le cauchemar s’éteint et le noir revient, complet. Mais autre chose la pénètre, sillonnant l’invisible sous la peau, soufflant quelque chose de chaud, de liquide, carmin et tentateur. La Bête encore endormie, repliée sur elle-même ouvre ses yeux noirs, bien cachée et la plupart du temps silencieuse, ne s’éveillant que pour agresser son hôte. Là, elle souffle, siffle, perçoit l’intrusion. Quelque chose affleure vers Elle sans même le savoir. Rougeoyante créature esquissant presque les mêmes mouvements qu’Elle. Elle siffle plus fort, respirant dans un bruit sourd, se repliant sur elle-même, anneaux sur anneaux, les écailles frissonnants l’une sur l’autre en un murmure inquiétant. Il ne faut pas qu’Elle s’approche trop. Doit-Elle mordre ? Doit-Elle revenir ? Est-ce un piège ou un appel ? Un poing bat plus fort sous la poitrine de l’être fait de chair, d’os et de peau, paniquant alors même qu’Elle tente à peine une avancée de son essence ocre vers le ruisseau rouge, comme pour s’y noyer. L’aura mystique, créée dans la fange de la haine, de la vengeance, de la jalousie, de la possessivité, de l’amour destructeur, effleure l’âme luxuriante l’appelant dans un écho qui finit par la brûler à peine tendue vers Elle. La Bête siffle, se crispe et repart dans les ombres alors qu’elle ouvre enfin les paupières, mouvement sec à en faire venir quelques larmes près des rives de ses yeux alors qu’elle sursaute brutalement. Des mains étreignent son cou et apeurée, perdue entre chimères et réalité, elle laisse venir ses propres doigts jusqu’aux poignets dont les mains tentent de la tuer, tombant dans les lacs glacés de prunelles la mirant sans qu’elle ne sache à qui elles appartiennent. Les ongles se plantent dans les articulations, l’écho d’une voix d’homme serpentant encore comme un chant lointain dans sa tête, une douce chaleur s’estompant déjà de sous sa peau.

Malgré sa respiration sifflante, ses pieds plantés dans le cuir comme pour fuir le plus loin possible, elle se fige face au visage qui la domine, interdite. Ses lèvres s’entrouvrent sans savoir expirer mieux qu’un craquèlement de voix. Pauvre errante dans un brouillard artificiel créé par l’anesthésiant et sa maigre sieste pleine de cauchemars, elle ne sait plus ce qu’elle fait ici. Mais comme d’habitude, elle se durcit, fusillant du regard, ses phalanges se refermant toujours autour des poignets d’un inconnu qui semble avoir les mains trop baladeuses bien qu’assez chaudes pour presque lui intimer d’y rester.

« Lâche moi. »

Elle croasse un souffle terreux mais n’attend même pas la fin de son ordre pour se rebeller, repoussant vivement les mains loin de son cou, battant de ses membres le corps trop près du sien qu’elle finit par découvrir nu dans la panique colérique pour mieux trouver refuge à l’autre bout du canapé, manquant de trouver le vide loin du bras de cuir, se rattrapant in extremis pour ne pas se faire mal ni se ridiculiser. Plus par réflexe que par pudeur, elle couvre ses seins de ses bras, grimaçant sous les pics de quelques bouts de verre plantés dans la tendresse de sa peau, remontant ses cuisses au plus près d’elle, observant l’intrus au travers de ses mèches sombres soulevés par son souffle erratique.

Où est-ce qu’elle se trouve ? A-t-elle encore trop bu, au point d’entraîner auprès d’elle le premier corps assez chaud pour la divertir ? S’est-elle encore offerte à l’inconnu pour le plaisir d’oublier et de s’oublier ? Et qui est … Dans un brutal sursaut invisible, elle reprend conscience tandis qu’elle le quitte un instant des yeux, observant les lieux déjà décortiqués au travers de sa lutte pour trouver un échappatoire, ouvertement perdue. Elle voit les débris au sol, une fiole éclatée non loin, des bouquins, des bocaux, un sanctuaire étrange où plane maintes odeurs presque apaisantes mais méconnaissables, à part peut-être de la sauge qu’elle fait parfois brûler dans un vain espoir d’apaisement. Elle grimace quand une douleur s’éveille doucement sur son bras, attirant son attention sur celui-ci où s’ouvre une entaille assez profonde pour ne pas être ignorée. Alors elle se souvient de tout, son cœur manquant la marche d’un battement pour mieux repartir. Uther, Raphael, la mission, l’Irae, la guerre, la nuit ignoble pleines de cauchemars, la mort plein les bras, Shreveport plongé dans le noir total d’une nuit éternelle et invincible. Ses membres tremblants de plus en plus, elle sent la terreur et la haine la couvrir tandis que ses prunelles froides et vipérines reviennent sillonner le corps qui était penché sur elle, tombant sur les mains qu’il a posé sur son cou. Des mains de coupable, des mains de sorcier. Il y a la mort et le sang sur celui qui lui fait face. Mais c’est bien à lui qu’elle devra faire cracher ses plus plus noirs secrets.

Baise le.
Baise le.
Baise le.


Elle secoue imperceptiblement la tête, hantée par l’ordre d’Uther et celui de son cauchemar ayant pris la forme de Favashi. Serrant les dents pour ne pas qu’elles claquent entre elle sous le coup de la nervosité, elle observe les traits du sorcier, cille face à ce même bleu profond, des poignards d’azur piqués de noir, un visage peint dans une certaine beauté. Mais un instant … Oui, un instant, elle se demande si c’est réellement lui le marin que sa voix de sirène devra charmer. Peut-être s’emballe-t-elle pour rien ? Ce serait trop beau d’avoir à séduire un homme qui n’est pas si laid, trop beau de ne pas voir les choses se compliquer rien qu’un peu. Ce n’est pas une balade qui l’attend mais une bataille, peut-être même une guerre tant intérieur que mystique qu’elle n’a jamais voulu. Oscillant entre lui, les étagères, la paillasse et la porte close, elle entrouvre encore les lèvres, revenant à lui puisqu’elle n’a pas le choix, refusant de bouger de sa posture défensive, le froid revenant peu à peu l’étreindre, épousant ses pieds glacés, ses cuisses jusqu’à ses épaules et même le bout de son nez malgré la chaleur environnante.

A nouveau, elle le fusille de ses yeux où luit un sentiment peu amène, pleine d’insolence et de colère noire alors qu’elle ose à nouveau faire éclore sa voix cassée, l’accent chantant, expiant les premiers mensonges d’une longue liste à venir.  

« Qu’est-ce que j’fais là ? Vous êtes qui ? »
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ADMIN ۰ Se faire péter la vitrine : bien plus qu'un métier, une passion. Featuring : Dramaking
Eoghan Underwood
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⛤ SMALLTOWN BOY ⛤

Fall into me ☽☾ Eoghan 1E5CfUE Fall into me ☽☾ Eoghan AoZyjkn Fall into me ☽☾ Eoghan BvRyGpi

"This is not the right way."

En un mot : Sorcier venimeux ondulé de la toiture. Gosse du bayou.
Qui es-tu ? :
"Let it spread like a disease."

⛤ Maître des arcanes, sorcier à l'essence écarlate. 37 ans de vice (et râles) et de chair corrompue. Manipulateur d'hormones, télépathe patenté.
⛤ Second, bras droit de Circé van derr Ven dans la secte de l'Irae. S'y démarque pour sa loyauté ciselée par les griffes de Morgan Leroy (missing). Mais les failles perlent.
⛤ Incube de Louisiane ; fils de ces terres marécageuses, du bayou poisseux et des routes cahoteuses. Né à Bâton-Rouge, n'a connu que Shreveport et les frontières de son État.
⛤ Né seul homme dans la famille des sorcières irlandaises Mulligan. Privé de père (tué) par la harpie noire : élevé par Sylia Mulligan, descendant du Rouge de sa grand-mère Julianna.
⛤ Cauchemar des femmes ; nourrit sa magie (Rougeoyante) des hormones sexuelles de ses partenaires, ainsi que des émotions primaires.
⛤ Traître à ses passions, criminel et meurtrier de Johanna Andros (missing). Pourfendeur d'amitiés, éternel débiteur, clébard soumis à ses attaches.
⛤ Ne vit que pour les Mardi-Gras de New Orleans ; caresse le rêve de s'y installer un jour dans son propre "shotgun", malgré le fantôme de Katrina.
⛤ Mystique, déchiré entre deux hommes : partagé entre le sorcier et l'humain, entre la sagesse et une ire destructrice. Le latin s'efface sans mal sous l'accent du Sud, coriace sous sa langue.
⛤ Commerçant du Downtown (Crawling life), antre de ses serpents vénérés, lézards et autres reptiles, dont il cède les corps, les soins et les cages de verre.
⛤ Pratique à l'arrière de sa boutique, dans un laboratoire farouchement défendu et protégé par les runes. Recèle secrets et savoirs, expérimentations douteuses et dangereuses.
⛤ Mauvais mentor. L'une de ses apprenties en a subi les conséquences. Guide de Morgane Wuntherson et d'Halina Meyer. Meilleur ami indigne de Vinzent Henkermann et cousin de Shannon Mulligan.
⛤ Pacte tissé avec Scox : Prince démon s'étant dissimulé derrière les brumes de Baal. Immortalité odieusement acquise, âme vouée à obéir et marcher aux côtés des Antiques.
38 ans d'âge réel ; 36 ans d'apparence.

⛤ ENAE VOLARE MEZZO ⛤

Fall into me ☽☾ Eoghan KOVXegv Fall into me ☽☾ Eoghan WZKlL7H Fall into me ☽☾ Eoghan J8B1rxa

"I put a spell on you."

Facultés : ⛤ La Rougeoyante s'infiltre dans les corps et y bouleverse les hormones ; flèche apollonide : distille poison, fléau, mort, mais aussi fièvre rouge saphique. Chaos total.
⛤ Télépathe raisonnable : ne s'infiltre de préférence que dans les esprits des humains misérables. Capable de communiquer en pensée avec quiconque lui ouvre les grilles de son esprit. Savant fou ; capable désormais de connecter sa psyché aux êtres muets, cobras et crotales comme cobayes, corbeaux et autres créatures rampantes.
⛤ Herboriste né, sa maîtrise des potions n'a d'égale que celle de son mentor maternel. Capable d'élaborer des philtres complexes ; créateur infatigable de breuvages en tous genres.
⛤ La Rougeoyante se défend et protège son hôte plus férocement qu'elle n'attaque : limitée par la nécessité d'un contact physique. Sorcier doué au corps-à-corps, secondé par son aisance au maniement d'athamés et autres lames rituelles.
⛤ Chercheur d'artefacts, quémandé des Longue-Vies : détisseur de leurs malédictions et autres mauvais sorts.
Thème : The Way ⛤ Zack Hemsey.
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⛤ VENGEANCE ⛤

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"Before I die alone."

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Sam 2 Mai - 9:00 (#)


Come crashing in into my little world
Il trouvait un certain plaisir à cette exploration interdite. Un goût de transgression sans amertume demeurait là, doucereux, coincé entre sa langue coite et son palais aride, ses lèvres demeurant entrouvertes ; se laissant noyer à travers une avancée prudente, mais fluide. Perdu dans l’obscurité de ses paupières closes, son souffle s’était profondément ralenti. Le fonctionnement de son organisme décroissait sans heurts, abandonnant peu à peu les atours de cette mécanique bien huilée pour lui préférer la vie intérieure de l’Éveillé, ne faisant plus qu’un avec son avatar reptilien. Ses sens à la fois endormis et décuplés, l’orage paraissait si proche que le roulis dans les nuées semblait provenir du plafond boisé lui-même. Que l’odeur de la pluie sur le goudron semblait s’être faufilée sous la porte donnant sur l’arrière-cour. Que sa paume enlaçant délicatement son cou pouvait percevoir le plus infime dôme de chair réveillé par la fraîcheur de l’air à l’aube, porté par le vent pour frapper cette peau nue et nourrie de soleil. Il s’oublia quelques instants, prenant le temps de se fondre en elle dans une coulée douce, sa silhouette toujours courbée et penchée au-dessus de la sienne. Victime d’un état comateux, au fur et à mesure que sa progression se faisait plus compacte, plus massive, il en oubliait le fracas persistant de l'averse derrière les murs pour se concentrer sur elle. Uniquement sur elle. Comme pour veiller sur le parcours d’une série de domino, une cellule affectant ses voisines, et ainsi de suite le long des membres, de ses bras et jambes interminables, jusque sous les globes de ses seins lourds et dans le pli de son ventre creusé. Il trouvait dans ce voyage en elle, cette intrusion effroyablement intime, une sensation d’apaisement dont il avait cruellement besoin. Lâchant les rênes de cette magie mutine et souvent frustrée, cette dernière enfin libre de s’épanouir fleurissait en plusieurs circonvolutions de rouge, chauffant les membres immobiles de l’hôtesse visitée. Pourtant, ce voyage en elle conservait un certain voile de pudeur. Il n’attendait que des réponses qu’il espérait la voir lui donner sans opposer de résistance inutile. Il perdit toute notion du temps, permettant aux secondes de devenir plusieurs minutes, longues et langoureuses. Comme la veille contre l’abdomen de sa mère, le sorcier aurait pu s’allonger là, à ses côtés, l’envelopper de sa carcasse brûlante pour choir et écouter son cœur battre avec lenteur, savourer le magma écarlate de ses veines comme l’on plonge dans les profondeurs sous-marines, borborygmes, bulles et liquide éclatant à travers ses tympans derrière un pan feutré. Isolé de la surface, du réveil, de ses souvenirs et de ses occupations.
Il ne s’allongea pas. Elle ne lui en aurait de toute façon pas laissé le temps, et heureusement.

Le sursaut de la créature engendra son propre « réveil », le laissant déstabilisé un instant de trop. Le céruléen se noya dans ses iris aux mille nuances, de sorte qu’il se sentit presque incapable d’ajuster la visée de son regard sur elle. Les griffes de la harpie se plantèrent dans l’articulation de son poignet, et l’homme se redressait déjà que l’ordre agressif résonnait entre eux deux. La colère qui siffla le frappa de par sa hargne, et lorsqu’elle le repoussa, il se remit debout tout à fait, reculant d’un pas comme pour se mettre hors de portée du venin qu’elle n’aurait pu produire, par sa faute. Il la détailla avec une acuité renforcée par sa position, et s’il émit une moue gênée pour elle quant à sa vulnérabilité totale, l’état de sa peau constellée de verre, la blessure de son bras et autres éraflures se révélaient bien plus loquaces quant à son état général. Pourtant, la dureté prit le pas sur la compassion. « Je baisserais d’un ton, si j’étais toi… » La revoilà. Cette dignité propre aux arcanistes, que Vinzent Henkermann ne lui aurait pas boudée. Ce sentiment de supériorité sur les thérianthropes et autres créatures vouées aux métamorphoses, parfois ignobles. Il avouait sans complexe une bonne part d’ignorance sur ces figures mythiques dont il était bien plus au fait des légendes les entourant que de connaissances validées et approfondies. Cependant, il n’avait jamais eu besoin de plus pour s’en méfier et les éviter s’il le pouvait. Les Mulligan l’avaient élevé ainsi. Et parmi elles, il n’aurait pas été étonné de trouver une lanceuse de malédictions, une Némésis pour mortel mal tombé. Ainsi, contaminé malgré lui par un pan de culture familiale et de mimétisme imprégné dans ses réflexes primaires, il n’aurait pu bien réagir, quant à l’hostilité affichée de l’inconnue. « Tu étais plus agréable quand tu dormais encore. » Il s’écarta, gagnant le fond de la pièce, près de la porte extérieure, pour récupérer un balai et entreprendre de rassembler les éclats de verre, oeuvrant d’une seule main en poussant les débris les uns contre les autres. Sans jamais relâcher sa surveillance, il articula prudemment : « On m’a signalé hier un serpent dans le jardin d’une habitante. D’ordinaire, ce sont les mocassins d’eau qui pullulent dans le coin. Ils sortent des marais et sont parfois attirés par ce qui vit près des maisons. » Le cliquetis régulier chantait à ses oreilles, raclait le sol dur, et il ne s’interrompait que lorsqu’il devait se pencher pour écarter les bords rigides ou caoutchouteux du terrarium brisé, les rejetant plus loin. « Je l’ai trouvé là. J’ai vu que ce n’était pas un serpent ordinaire, alors je ne pouvais pas prendre le risque de le relâcher dans la nature. Je l’ai ramené ici et j’ai pu constater… »

Il se rappelait encore de la surprise qui avait été la sienne. Tout en secouant la tête, il abandonna le tas de verre et le manche du balai contre une portion de mur. « Les taïpans ne sont pas légion, par ici. » Il avait été stupide. Trop stupide de ne pas envisager autre chose qu’une simple dérogation à la loi. « Je l’ai déposé ici. » Il désigna ce qui avait été autrefois l’abri artificiel. « J’avais l’intention de me pencher sur son cas ce matin. Autant te dire que je ne m’attendais pas à ça. » Puis, c’est elle qu’il pointa du doigt. Lui-même dut marquer une pause, encore sonné. Il s’appuya contre le rebord de bois de la vaste table au centre de son laboratoire, et ses prunelles s’échouèrent sur la fiole de venin rangée un peu plus loin. Le sorcier marmonna un juron, lorsqu’il remarqua qu’une autre éprouvette avait été renversée et gisait, par terre, son contenu liquide éparpillé. Pas une grande perte, mais tout de même contrariant. Ses orbes revinrent la frôler de son attention, s’attardant par mégarde sur l’arrière de ses cuisses aux genoux remontés, sur la naissance de ses courbes que l’on devinait, planquées par le cuir, par cette moue boudeuse qu’il reconnut aussitôt comme appartenant à l’animal. Il aurait presque pu sourire, se remémorant sans mal la réflexion faite à lui-même. « Je ne pouvais pas prendre le risque de me faire mordre, alors je t’ai injecté de quoi t’endormir. Je pensais pouvoir te soigner ce matin. Mais ça, c’était avant que je sache… »
Il n’était pas question de patauger indéfiniment dans cette boue de malaise. À présent, elle devait partir. Elle n’avait rien à faire là. Pénétrer dans cet endroit sans son consentement, même s’il l’avait lui-même amenée ici, provoquait un sentiment désagréable : celui de l’invasion d’un espace sacré. Seule Morgane, et Marlow avant elle, avaient pu bénéficier de ce qui demeurait un honneur et un sentiment de confiance absolue, en franchissant la barrière des runes. « Je peux t’appeler une ambulance et te laisser te débrouiller. Je ne sais pas comment tu es arrivée dans ce jardin, ni comment tu t’es blessée ainsi. Tout ce que j’ai fait, c’est répondre à l’appel de l’adjoint du shérif. Les serpents, c’est pas son truc, et encore moins s’ils sont venimeux. Mais si tu préfères partir tout de suite, je t’en prie : la porte est grande ouverte. »

Il se savait vicieux, de parler ainsi. Il n’y pouvait rien : Eoghan n’était pas un être de morale, et les événements d’octobre lui avaient révélé un entêtement et une détermination personnels qu’il ne soupçonnait pas. S’il avait été capable de plonger l’une de ses lames dans la gorge d’une sœur blanche, alors le sort de cette femme lui importait peu, tout compte fait. Depuis la Samain, il faisait tout pour éviter de prolonger des contacts indésirables, de créer des rencontres vouées à durer. La voir, elle ici, lui semblait terriblement dangereux, sans qu’il ne puisse réellement s’expliquer pourquoi.

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Louisiana Burning

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Lun 11 Mai - 20:43 (#)

fall into me
Fall into me
I'll show you the way
Out of this blue
L’esprit encore encombré de brumes, elle peine à se concentrer, sa voix habillée d’une cassure digne de celle qui lui colle à la gorge à chaque réveil un peu difficile. Ses yeux voguent ici et là, revenant toujours sur lui, semblable à un animal sauvage piégé et aux abois des phares d’une bagnole roulant à toute vitesse. La collision se matérialise dans l’affrontement de leurs regards assombris. Le bleu se teinte d’un sentiment bien moins agréable que ce qu’elle a pu percevoir à son éveil. Elle lâcherait presque un rire amer si elle n’était pas si paralysée par la douleur hurlant dans son bras ni par la nuée d’émotions lui tombant sur le corps et l’esprit. Un sourcil se hausse à peine face à ses mots durs, l’insolence peinte sur ses traits épargnés par les égratignures qu’elle sent à l’orée de sa peau. Elle n’ose pas regarder, sondant l’ennemi comme par crainte qu’il ne l’attaque lorsqu’elle abaissera sa garde, consciente d’être face au vice caché derrière un masque humain. Ses mains couvent l’immondice, crachant sur un art mystique qui pourrait être tellement mieux utilisé. Favashi l’aurait peut-être apprécié, elle, qui donnait tout à sa magie, qui parlait aux âmes égarées, qui guidait de sa seule voix tout un clan, qui a maudit tant d’hommes et fait tant de morts. Oui, ils auraient fait un joli couple de tarés. Se drapant dans le silence, elle l’observe se mouvoir, étudiant le moindre des gestes, les sens agressés par les odeurs persistantes, les dizaines de piqûres attaquant son ventre et ses seins, le cuir la réchauffant à peine tandis que la chaleur qui avait élue domicile en elle pour elle ne sait quelle raison commence à refluer, chuintant hors des moindres pores en alerte. Il bouge avec l’aisance de celui qui se sent maître des lieux, repoussant le verre sur le sol en un cliquetis cristallin noyé par ses paroles qu’elle écoute avec une attention aiguisée. Il ne faut rien oublier, tout entendre et tout voir. Au travers des mèches qu’elle n’ose pas repousser, seulement soulevées par la brise de son souffle tremblotant, elle le guette, la gorge étranglée par la crainte de le voir brutalement devenir agressif car elle ne se trompera pas sur lui, sur ce calme apparent, sur la finesse des gestes et sur ces mots calmes, engorgés d’un mépris sous-jacent qu’elle ne comprend qu’à peine.

Il lui raconte une soirée qu’elle a connue sous un autre point de vue, étranglée par les serres d’un piège destiné à l’attirer jusqu’à elle et c’est sans même le comprendre qu’il s’est laissé gentiment attrapé par le vice de ses anneaux qu’elle lui enroulera bientôt autour du cou, peut-être même l’Autre se laissera aller à distiller son affreux venin en lui. Non, la mort ne sera pas douce mais il le méritera. Il est bien calme pour un meurtrier, déshabillé du moindre remords. Uther le lui a dit, sans réussir à cacher son immense et immonde colère, la rage au fond des puits sans âme de ses yeux. De ses mains qui balaient les dégâts de sa chute, il a fait couler le sang, a semé sur son passage trop de cadavres. Au nom de quoi ? Elle l’ignore. Il est la cause de la mort de cette femme qui s’est éteinte dans ses bras, qu’elle a vu et sentie mourir sans qu’elle ne puisse rien y faire.

Sais-tu combien d’innocents tu as condamné ?
Sais-tu à quel point ma haine te détruira ?
Toi aussi, tu seras plus agréable lorsque tu seras mort.


Elle cille, tentant d’éteindre ses pensées teintées de noires et emplies de fiel, craintive qu’il ne puisse voir en elle tout ce qu’elle contient de rage, de violence, ses phalanges et ses ongles mordant brutalement la peau de ses bras, s’y fondant avec férocité pour ne pas  céder aux pulsions qui l’habitent, animée par l’envie viscérale de le combattre, de planter en plein cœur le premier pieu d’argent ou de bois qu’elle trouvera sur son chemin. C’est de sa main qu’il crèvera pour le désastre qu’il a laissé derrière lui, hantant les rues d’un Shreveport bien silencieux, transi de peur, catatonique, n’osant qu’à peine faire du bruit comme pour ne pas éveiller les démons qui s’y terrent peut-être encore. Eoghan Underwood, un nom désormais gravé en elle, signature d’un coupable. Et elle se crispe brutalement lorsqu’il la regarde à nouveau, pointant son doigt vers elle, la désignant sans rien de plus que le mot "ça" . Elle aimerait lui cracher que c’est à cause d’une femme aux doigts aussi hantés que les siens qu’elle est devenue ce qu’elle est. Elle ne veut pas qu’il la ramène à cette nature changée, à la maladie qu’on a implantée en elle, la condamnant à une errance bien douloureuse, rythmée par la danse sibylline et incessante de la lune joueuse et cruelle. Elle est bien plus humaine que lui, elle tente encore et encore de s'en persuader. Ses lèvres ne s’entrouvrent pas mais elle ne peut empêcher sa mâchoire de se crisper davantage, ses yeux de le fusiller sans vraiment le faire, passive et agressive dans le plus complet des silences. Qu’il parle, c’est ce pourquoi elle est là après tout, le faire parler, tout avaler de lui pour tout vomir au clan à qui il a arraché bien des membres. Des gens qu’elle ne connait pas et ne peut regretter. Ils se disent tous plus bons que les autres, vantant leurs causes comme une bonne cause. Nejma les déifie, Raphael plantant en elle la plus mauvaise des graines sans qu’elle ne puisse rien y faire. Se rappeler de l’une de ses sœurs la fait presque trembler de terreur, se rappelant les paroles doucereuses coulant dans son oreille, des menaces enroulées dans du miel. Uther et son clan n’ont rien à envier à celui qu’ils combattent dans l’ombre. Une guerre de clan dans laquelle elle ne compte pas crever d’ailleurs.

Ses pensées sont vite chassées par la fin de ses palabres, relevant vivement la tête vers lui. Non, elle ne peut pas partir, pas maintenant. Elle ne peut pas échouer. Chassant la panique et l’angoisse, elle fait lentement craquer le cuir sous ses pieds, posant l’un d’eux sur le sol, déliant doucement son corps tout en secouant légèrement la tête « Tu me mets dehors ? » Un rire sec lui échappe, détournant enfin la tête pour se poser sur la porte menant certainement à une autre pièce avant de tomber sur l’autre, d’où suinte l’odeur de la terre mouillée, la pluie tombant toujours en trombe. « Désolée mais errer à poil dans la rue et sous la pluie, ce n’est pas dans mes projets. » Son regard revient se poser sur lui alors qu’elle prend son courage à deux mains pour se relever, s’exposant sans honte, le défiant sans réellement le faire de sa nudité. De quelques pas clapotant à peine contre le planché, elle s’approche mais s’arrête bien avant qu’elle ne trouble leurs bulles de sécurité. Il ne faudrait pas qu’il la fuit avant qu’elle n’ait tendu ne serait-ce qu’un doigt vers lui. Il est tel un papillon de nuit qu’elle laissera venir se poser sur elle. Elle jette un autre coup d’œil à son bras lacéré, lèvres pincées quand la peau s’étire à peine dans son mouvement « J’ignore comment j’me suis fait ça mais je ne peux décemment pas aller à l’hôpital. J’ai dû éviter l’hosto jusqu’ici pour ne pas me faire repérer et ce pour une raison évidente. J’vais pas commencer à merder maintenant. » Bien sûr, elle joue l’une de ses seules cartes valables, espérant le convaincre à la simple force de sa voix. Déliant enfin ses bras de sa poitrine qu’elle sent piquée de verre, elle s’approche de la grande table où elle était faite prisonnière, se souvenant à peine de la sensation d’être obligé au confinement, du silence, du décor vu à travers le terrarium, le cœur agité de tension. Ses doigts se tendent sur le bois, l’effleurant à peine, observant les fioles et les bocaux posés çà et là. Ses phalanges tombent sur une fiole où un liquide ambré se repose, tremblant à peine lorsqu’elle tend la main vers elle. Levant la fiole à hauteur de ses yeux, elle y lit les quelques mots inscrits d’une écriture masculine sans être brouillonne. « Ça, c’est à moi. » Un murmure plus pour elle-même que pour lui. Enfermant la fiole dans sa paume, elle est prête à se détourner avant que son regard tombe sur un éclat de verre enfoncé tout près de son nombril. Une épine qu’elle fixe un instant avant de l’extirper en un geste sec, sans grimacer. A peine souillée de sang, elle la dépose sur la paillasse avant de se retourner réellement pour mieux rencontrer son regard. Étrange, perçant, elle ne l’aime pas, ce bleu de givre, souvenir de son éveil violent, troublée par la chaleur qui émanée tant de lui que des ses mains, drapant son corps et ses entrailles d’une chaleur plus jamais connue depuis qu’elle désertée l’Egypte. Avant, elle avait tout le temps chaud, se découvrant sans soucis, supportant sans mal les températures infernales de son pays. A présent, comme maintenant, elle tremble sans cesse de froid, détestant celui qu’elle sent sous la plante de ses pieds, la brise invisible caressant sa peau striées de cicatrice, détestant la ligne blanche et boursoufflée entre ses seins, comme les stigmates d’une vive brûlure ancrée dans son dos, vestige du symbole de l’Ordre qu’elle ne pourra jamais s’enlever, maudite depuis bien avant que son âme ne le soit. Elle ne pourra jamais oublier.

Dans un battement de paupières, elle s'adoucit à peine, passant de l’ombre à un raie de lumière, esquissant l’ombre d’un sourire, le détaillant sans que rien ne bouge en elle, prenant le temps d’apprécier la silhouette sans réellement la savourer. Tout en lui la dérange et lui cri de ne pas rester. Elle se rend pourtant compte que s’il ne respire pas le remord, il n’empeste pas d'un bonheur immense non plus, bien au contraire. Il semble se fondre dans ce matin pluvieux à merveille, la peau à peine hâlée, les lèvres loin d’esquisser le moindre sourire, la posture loin d’être arrogante. Il sent les ombres, la nuit, l’automne. Rien qui ne la rassure pour autant. Il ne faut pas s’approcher autant des sorciers, qu’importe leur gentillesse et leur douceur. Tout se paye auprès d’eux, elle le sait mieux que quiconque. « J’te propose un truc : tu me soignes, tu me prêtes quelques fringues, je m’en vais  et on s’revoit plus jamais. » Elle recule, appuyant ses reins et ses mains contre le bord de la paillasse, penchant à peine la tête, pleine de nonchalance « Comme tu l’as dit, tu comptais me soigner ce matin, non ? Alors tiens t’en à ton programme et je repartirais sans broncher, c’est promis. » Ses prunelles s’évadent jusqu’à la porte donnant sur la cour arrière où la pluie chante toujours, la fixant un instant, sa voix encore cassée filant comme une songerie de ses lèvres  « Il fait froid dehors, il fait froid partout où je vais. Je ne peux pas rentrer comme ça. Si je reste ici, je ne ferais pas de vagues, tu as ma parole. Mais soigne au moins mon bras, j’enlèverais le verre moi-même. » Elle retrouve son visage, haussant un sourcil, se faisant plus douce qu’elle ne souhaiterait l’être, ne mentant pas réellement de ses mots, retenant simplement en laisse la violence qui gronde dans son ventre.

Tue le.
Baise le.
Achève le.


La Bête chuchote comme par peur d’être entendue mais elle l’ignore car elle est encore calme, juste un peu méfiante, encore troublée par la rencontre et la danse à peine entamée avec ce ruisseau rougeâtre, méconnu mais chaud et tentateur. Secouant enfin la fiole subtilisée contenant une partie d’elle qu’elle exècre, elle offre un autre de ses sourires agaçants, vicieux. « Et tu permettras que je garde ça, n’est-ce pas ? »
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ADMIN ۰ Se faire péter la vitrine : bien plus qu'un métier, une passion. Featuring : Dramaking
Eoghan Underwood
Eoghan Underwood
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⛤ SMALLTOWN BOY ⛤

Fall into me ☽☾ Eoghan 1E5CfUE Fall into me ☽☾ Eoghan AoZyjkn Fall into me ☽☾ Eoghan BvRyGpi

"This is not the right way."

En un mot : Sorcier venimeux ondulé de la toiture. Gosse du bayou.
Qui es-tu ? :
"Let it spread like a disease."

⛤ Maître des arcanes, sorcier à l'essence écarlate. 37 ans de vice (et râles) et de chair corrompue. Manipulateur d'hormones, télépathe patenté.
⛤ Second, bras droit de Circé van derr Ven dans la secte de l'Irae. S'y démarque pour sa loyauté ciselée par les griffes de Morgan Leroy (missing). Mais les failles perlent.
⛤ Incube de Louisiane ; fils de ces terres marécageuses, du bayou poisseux et des routes cahoteuses. Né à Bâton-Rouge, n'a connu que Shreveport et les frontières de son État.
⛤ Né seul homme dans la famille des sorcières irlandaises Mulligan. Privé de père (tué) par la harpie noire : élevé par Sylia Mulligan, descendant du Rouge de sa grand-mère Julianna.
⛤ Cauchemar des femmes ; nourrit sa magie (Rougeoyante) des hormones sexuelles de ses partenaires, ainsi que des émotions primaires.
⛤ Traître à ses passions, criminel et meurtrier de Johanna Andros (missing). Pourfendeur d'amitiés, éternel débiteur, clébard soumis à ses attaches.
⛤ Ne vit que pour les Mardi-Gras de New Orleans ; caresse le rêve de s'y installer un jour dans son propre "shotgun", malgré le fantôme de Katrina.
⛤ Mystique, déchiré entre deux hommes : partagé entre le sorcier et l'humain, entre la sagesse et une ire destructrice. Le latin s'efface sans mal sous l'accent du Sud, coriace sous sa langue.
⛤ Commerçant du Downtown (Crawling life), antre de ses serpents vénérés, lézards et autres reptiles, dont il cède les corps, les soins et les cages de verre.
⛤ Pratique à l'arrière de sa boutique, dans un laboratoire farouchement défendu et protégé par les runes. Recèle secrets et savoirs, expérimentations douteuses et dangereuses.
⛤ Mauvais mentor. L'une de ses apprenties en a subi les conséquences. Guide de Morgane Wuntherson et d'Halina Meyer. Meilleur ami indigne de Vinzent Henkermann et cousin de Shannon Mulligan.
⛤ Pacte tissé avec Scox : Prince démon s'étant dissimulé derrière les brumes de Baal. Immortalité odieusement acquise, âme vouée à obéir et marcher aux côtés des Antiques.
38 ans d'âge réel ; 36 ans d'apparence.

⛤ ENAE VOLARE MEZZO ⛤

Fall into me ☽☾ Eoghan KOVXegv Fall into me ☽☾ Eoghan WZKlL7H Fall into me ☽☾ Eoghan J8B1rxa

"I put a spell on you."

Facultés : ⛤ La Rougeoyante s'infiltre dans les corps et y bouleverse les hormones ; flèche apollonide : distille poison, fléau, mort, mais aussi fièvre rouge saphique. Chaos total.
⛤ Télépathe raisonnable : ne s'infiltre de préférence que dans les esprits des humains misérables. Capable de communiquer en pensée avec quiconque lui ouvre les grilles de son esprit. Savant fou ; capable désormais de connecter sa psyché aux êtres muets, cobras et crotales comme cobayes, corbeaux et autres créatures rampantes.
⛤ Herboriste né, sa maîtrise des potions n'a d'égale que celle de son mentor maternel. Capable d'élaborer des philtres complexes ; créateur infatigable de breuvages en tous genres.
⛤ La Rougeoyante se défend et protège son hôte plus férocement qu'elle n'attaque : limitée par la nécessité d'un contact physique. Sorcier doué au corps-à-corps, secondé par son aisance au maniement d'athamés et autres lames rituelles.
⛤ Chercheur d'artefacts, quémandé des Longue-Vies : détisseur de leurs malédictions et autres mauvais sorts.
Thème : The Way ⛤ Zack Hemsey.
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⛤ VENGEANCE ⛤

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"Before I die alone."

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Ven 26 Juin - 2:18 (#)


Come crashing in into my little world

Bien sûr que cela ne pouvait pas être aussi simple.
Bien sûr qu’elle compliquerait les choses.
Un peu d’Orient s’est encore glissé au cœur de l’Occident.
Et comme chaque fois, l’histoire ne pourra pas bien se finir.


Oui, il souhaitait la mettre dehors. Non, il n’avait aucune envie de tergiverser avec cette apparition qui ne lui disait rien qui vaille. Il se méfiait des femmes trop belles. Il se méfiait des danseurs de forme, des changeurs de visage, des filles-serpents. Il avait déjà trop donné à ces Muses potentielles, et la posture de cette inconnue faisait d’elle la plus acide, de loin, après seulement quelques minutes de confrontation. Lorsque Sonja l’avait mordu, elle avait regretté aussitôt. Mais elle… Oh, elle… Elle se délecterait d’enfoncer ses crochets aussi loin que possible, crachant son venin avec pour seul désir de voir la Mort le prendre et le voir périr sans tarder. Il ignorait ce qui le poussait à se montrer aussi convaincu, tout en refusant de tourner le dos à son instinct. Sa manière de bouger, de rire, de parler, de le jauger d’un œil mauvais… Il savait reconnaître l’hostilité, depuis le temps. Elle ne l’aimait pas. Sans le connaître, alors même que son seul crime avait été de récupérer le corps abîmé d’une bête écailleuse. Alors oui, il se contrefoutait bien de la voir à poil dehors. Ce n’était pas son problème. Ce n’était pas ses histoires. Il recula encore d’un pas lorsqu’elle se mit debout. Il remarqua aussitôt qu’elle était grande, liant sans le vouloir ce second détail à la physionomie du taïpan. D’un mouvement leste et curieusement impudique, la jeune femme libéra ses seins de la prison de chair qui les enrobait depuis son réveil, et s’il ne se priva pas de laisser ses prunelles s’attarder sur ses formes, il détourna le regard assez rapidement, presque agacé. Il n’y aurait pu avoir de pire moment pour une tentative de séduction, et il faudrait plus qu’une poitrine arrogante pour le pousser à céder aux caprices de n’importe quelle créature. Cette défection l’empêcha de réagir à temps, et sa mâchoire se serra lorsqu’elle s’empara de la fiole soigneusement étiquetée par ses soins. Ses narines frémirent de colère, mauvais signe habituel  chez le sorcier.
Un instant, son sourire le cloua sur place, et l’alerte qui résonnait déjà en son for intérieur n’en rugit que davantage.

Fous-la dehors. Maintenant.
Pourquoi ? Dans son état, j’risque pas grand-chose.
Dangereuse. DANGEREUSE.
Juste prétentieuse.  
Trop étrange. Trop bizarre.
Il n’y a plus que du bizarre à Shreveport, depuis des années maintenant.


Il s’ébroua mentalement et contint encore un peu sa colère. Il s’approcha d’elle, toujours sans sourire, mais sans se montrer ouvertement menaçant. Le dos raide, à l’image de sa démarche, il se fichait bien, pour sa part, de briser les distances de sécurité, les espaces vitaux de l’un comme de l’autre. Son visage s’inclina légèrement en direction du sien, lui permettant de retrouver la proximité de ce faciès poupin, de ces joues appelant aux baisers, de cette bouche qui avait dû plaire à bon nombre de ses congénères, de ces yeux sans couleurs tant les pigments y semblaient confus, dessinant des nuances de bleu, de vert, presque de jaune, et même de brun, en y cherchant bien. Il pouvait sentir son odeur de nuit qu’elle avait conservée, même si sa peau était redevenue mate, et non plus striée du cuir du reptile. Sa chevelure foisonnante était solide, propre à ces filles étrangères qu’il voyait dans les films. Elle semblait irréelle. Il se demanda l’espace d’un instant s’il rêvait, ou plutôt si un cauchemar particulièrement élaboré le tenait plongé dans un sommeil sans fin, toujours couché dans son lit, chez Sylia.

« Non. »

La négation claqua, sans fards, sans excès, sans théâtre. Et bien que ses lèvres demeuraient encore vierge de tout sourire, une légère décontraction était venue tuer cette tension nerveuse figeant ses traits en un masque impénétrable. Le rictus n'était pas loin.

« Ça, c’est c’que tu me dois pour t’avoir sorti de la merde, cette nuit… Sans moi, tu te s’rais fait béqueter par le premier truc à portée. N’importe quel piaf, n’importe quel autre reptile ou bête à poil. Alors comme dit précédemment, j’serais toi, j’baisserais d’un ton et j’la ramènerais pas trop. T’as aucune idée de qui j’suis même si tu dois en avoir une petite idée maintenant, et vaut mieux qu’ça reste comme ça, en effet. Mais ça… » Il désigna la fiole. « Ça, c’est à moi. Et j’vois pas trop ce que t’en aurais à foutre de ton propre venin. Tu vas pas l’boire de toute façon, alors si c’est pour le vider dans les chiottes, j’préfère autant l’garder et en faire un truc utile. »

S’il parlait clair, si l’accent enduisait les syllabes avec une pointe de retenue, il n’avait toutefois guère élevé la voix. Un autre signe qu’il ne valait en général pas prendre à légère. Depuis Halloween, le phénomène s’était accentué. Il avait obéi à Circé. Il avait fait profil bas, et ses colères légendaires, ses emportements immatures et ses crises habituelles avaient considérablement diminué, quand elles n’avaient pas disparu tout à fait. Une lassitude poisseuse lui collait à la peau, l’empêchant de retrouver cette insouciance qu’il ne soupçonnait pas posséder avant cette nuit-là. Ce constat le rendait malade, et il se fustigeait de n’avoir pas su se montrer lucide lorsqu’il était encore temps. Il n’avait pas su se montrer reconnaissant pour le poids qui, alors, n’existait pas encore, et qu’il se trimballait dès lors depuis plus d’un mois. Une amertume terrible, dont il ne supportait pas la compagnie.
L’homme s’écarta d’elle, la contournant pour dégager calmement, avec méthode, un espace suffisant sur la paillasse. Bientôt, la place fut suffisante pour qu’il l’incite d’un signe de la main à s’allonger sur la longue table en bois.

« Moi, j’te propose donc autre chose : je te soigne, ta blessure au bras comme les bris de verre. Je suis même prêt à te déposer chez toi pour t’éviter d’te balader à poil. Toi, tu me laisses le venin. Et tu refous plus jamais les pieds ici. Oh, et bien sûr, on s’connaît pas. Même si j’suppose que ça sera pas trop difficile à respecter comme clause, pour toi. Apparemment, on s’cache ? »

Une pointe d’acidité dans sa gorge. Il se promettait de la questionner plus avant sur cette volonté de se montrer discrète quant à sa nature. Lui qui en savait si peu sur le compte de ces surnats en particulier, voyait là l’occasion possible de grappiller quelques informations utiles.

« J’veux le venin comme paiement. C’est tout. Tu m’dois ça en plus du fait que j’vais devoir ouvrir ma boutique plus tard que prévu à cause de toi. Alors allonge-toi, qu’on en finisse. »

Tout en parlant, la chorégraphie reprit, lente mais précise. Il aligna avec précaution le matériel pioché çà et là dans les tiroirs des meubles austères. Quelques pinces en métal, de différentes tailles, une paire de ciseau aux pointes effilées et particulièrement taillées, ainsi qu’un mélange de poudres et feuilles protégées dans leurs bocaux de verre : framboisier, aigremoine et trèfle rouge en tête. À cette symphonie presque délicate due aux tintements et cliquetis divers, il y joignit la flamme, venue consumer l’embout d’un bâtonnet d’encens. Bientôt, une légère odeur d’eucalyptus vint à embaumer l’air, se joignant aux effluves provenant toujours du dehors. La pluie, elle, s’était renforcée. Une boline compléta le reste de son équipement, et les plaques lui servant à faire bouillir l’eau claquèrent, avant qu’il n’y dépose un chaudron moderne de taille moyenne, préalablement rempli. Mû par un soupçon de bienveillance, il se dirigea vers le chauffage qu’il actionna pour réchauffer la température de la pièce et rendre plus supportable cet examen peut-être prolongé.

« T’as vraiment aucun souvenir de ce qu’il t’est arrivé hier ? Fin… J’te connais pas et j’connais carrément encore moins ceux d’votre race, mais c’est quand même pas courant de se retrouver dans le jardin de la première bouseuse venue avec une blessure pareille. Tu t'serais pas faite attaquer ? »  

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Louisiana Burning

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Anonymous
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Ven 26 Juin - 17:20 (#)

fall into me
Fall into me
I'll show you the way
Out of this blue
L’ombre terrible s’approche d’elle, habillée de son ignoble silence, d’une hargne évidente qu’ils partagent, liés par les liens d’une haine dont les limites sont fantomatiques. Il ignore à quel point il est dangereux de s’approcher car elle n’est pas effrayée par la force qu’il pourrait mettre sur elle pour la forcer à ployer genoux et échine, à happer de nouveau son cou pour la réduire en un corps convulsant cherchant la surface et la vie. Le regard se fond dans le plomb chaud d’une colère froide, le sourire se faisant souvenir quand l’espace est envahi, les paupières plus lourdes, la Bête errant dans les lacs enivrés par la rage muselée, fondant dans la glace d’un regard qui scrute, sans savoir s’il cherche ou contemple. Un instant, elle aimerait siffler contre ce visage qui s’approche, écœurée par la chaleur qui semble vouloir flirter avec la peau cruellement froide, terrible ironie pour une enfant née dans un pays où le soleil brûle la peau. Encore une preuve que lui et tous ses congénères doivent périr, un à un, par groupe, famille par famille, que l’immondice soit rasée pour que jamais d’autres comme elle ne soient touchés par leurs mains donneuses de malédictions. Le plaisir sera immense lorsqu’elle pourra le guetter mourir dans les affres d’une souffrance que sa propre main aura entraînée et l’Eglise Wiccane trinquera autant qu’il le faudra pour l’avoir mise de force sur le chemin d’un sorcier aux mains rouges. Dans ce presque rictus, l’ourlet arrogant et malfaisant, elle voit presque le visage de Favashi se confondre avec le sien, les poussières de son cauchemar piquant encore ses paupières. Les lèvres frémissent, une inspiration silencieuse et brève la faisant se tendre davantage contre l’arête de la paillasse.

Mais approche donc sorcier,
que la Bête te morde et t’abandonne le venin que tu veux tant.


Le parfum qui plane est celui de l’étrange, terre, eau, mousse, pluie. Il sent ce bayou si peu exploré, il sent la vie qu’elle soit bonne ou mauvaise, traîne l’effluve d’un quelque chose unique qu’elle se retient d’inspirer, de peur de s’empoisonner. Et la chaleur persiste, court sur son ventre, sur ses bras, tout près de sa poitrine dévoilée. Si elle était folle, sans plus de dignité, prise au piège des mains de la gourmandise, elle se fondrait contre l’âtre brûlant de sa peau. Une simple étreinte pourrait certainement la pousser dans les bras d’un sommeil sans rêve et apaisant. Elle cille, dents serrées, la douleur pinçant ses reins n’étant rien comparé à la colère noire qu’elle sent enfler en son sein. Tout le rejette et l’envie de fuite revient comme une gifle. Qu’ils se débrouillent avec ce connard semblant avoir été taillé par les mains d’un Démon de la beauté, peint pour tenter les femmes et qu’elles ne puissent jamais voir à quel point l’intérieur grouille de vermine et d’enfer. Si les souffles se rencontrent, elle se retient presque de trop respirer, sans bouger, sans lui montrer que les créatures comme lui ne lui inspirent que des millions de manières de torturer et tuer. Prête à lui souffler de dégager, ses lèvres sont sur le point de s’entrouvrir lorsque la réponse claque sans violence mais suffit à briser l’osmose d’une pause où, un instant, ils se sont affrontés. Les yeux se plissent brutalement, agacée par ce refus catégorique.

Le calme demeure pourtant mais n’est qu’une illusion faite pour laisser les plus idiots s’approcher, tendre la main et se la faire bouffer. C’est lui qui tendra la sienne le premier, lui, qui la sous-estimera si elle endort assez bien toute la méfiance qu’elle pressent chez lui. Elle pourrait presque en sourire tant elle se retrouve dans cette retenue qu’elle n’a pas voulu relâcher depuis qu’elle a posé les pieds sur le sol américain. Le monde est cerné d’ennemis potentiels, les gens sont des connards cachés comme des couards portant les masques d’agneaux inoffensifs. Si Nejma se laisse facilement charmer, la maudite préfère encore laisser les gens se heurter à un mur le temps qu’il faudra. La confiance se gagne et ne se donne pas comme un présent au stock infini. Oui, il n’a pas tort de se méfier quand on sait qu’elle est un cafard déguisé en nymphe pour charmer un prince noir. Elle le laisse parler, peinant parfois à comprendre d’emblée tous les mots qui viennent, encore si peu habituée à la langue de ces habitants qui dévorent les syllabes, les mâchonnent comme de la chique et les recrache parfois vulgairement. Si le timbre lui plait, profond et insolent, l’accent lui semble aussi peu élégant que le sien où l’arabe n’est jamais trop loin. Toute attentive aux mots qu’il laisse entre eux, elle se surprend un instant à mieux le regarder, percevant quelque chose de sombre, de frais et d’ancien à la fois. Un jeune à l’âme vieillie, fripée et brûlée par le temps qui passe et ne laisse personne indemne. Bien sûr, on lui a conté les horreurs qu’il a commise pendant cette nuit infernale, Uther ne s’est pas gêné de gronder en face d’elle tous les morts qui sont tombés sous son courroux. Si le récit est glaçant, faire face à ce meurtrier que les soi-disant gentils semblent mépriser la met face à un parallèle étrange. Est-il capable de toutes ces horreurs ? Certainement. Y-a-t-il pris du plaisir ? Elle aimerait le lui demander mais se voit museler par une mission à double face qui l’empêche de laisser sa curiosité naturelle revenir lui piquer la langue.

Enfin, il s’éloigne et sans se rendre compte, elle relâche un soupir frémissant, le froid revenant forcément la mordre. La chaleur s’en va et avec elle s’enfuit une tension devenue douloureuse, comme un nœud terriblement serré qui, lentement, se délie. De quelques pas, elle s’éloigne à son tour, tenant toujours fermement la fiole où coule son élixir. Il écrit les closes du contrat de cette voix qui sonne presque sans vie, comme si celle-ci se cachait quelque part, n’osant plus tellement se montrer. Elle s’agace en silence de ce manque de vivacité, de cette blase qui n’a pas l’air plus naturelle que toute cette mascarade perpétrée par des monstres en chassant d’autres. La provocation lui fait hausser un sourcil, ses yeux scrutant toujours les mots inscrits sur la fiole où le liquide ambré tremblote au fil de ses mouvements avant qu’un sourire fade mais pas moins amer ne vienne étirer ses lèvres « Il faut bien se cacher dans un monde où l’inconnu est chassé par les premiers idiots. Tu dois bien le savoir, non ? Je doute que si l'on apprenait ce que j'étais, on me laisserait sagement repartir chez moi avec une petite ordonnance d'anti-douleurs et une bise sur la joue. » Un rire à peine soupiré, sec comme un vent désertique, coupant l’air de son profond dédain tandis que ses yeux reviennent se poser sur lui « Alors oui, j’me cache. C’est pas comme si la Révélation avait eu que de beaux résultats, pas vrai ? »

Les orbes errent ici et là à nouveau, se retenant de lever les yeux au ciel face à cette insistance qui quémande toujours ce qu’elle détient désormais entre ses mains. D’une démarche pleine de provoque, elle s’approche, les hanches dansantes jusqu’à se glisser de dos contre la paillasse, s’élevant pour quitter le sol et enfin s’étendre sur le bois cruellement plus froid que tout le reste. Les cheveux s’étalent en filament éparses dans la mer sombre du bois, ses doigts jouant encore avec la fiole tandis qu’elle observe le plafond semblable à celui d’un vieux garage. Patientant sagement, il la berce de ces mouvements non loin d’elle, de ces cliquetis de verre, de fer, de bronze, de ces clapotis mouillés, une symphonie unique et jamais entendue jusqu’alors. Tout est nouveau jusqu’aux senteurs qui s’élèvent, la détend presque totalement avant que le cœur ne se serre brutalement. Là, dans cet air où se condense trop de saveurs, elle pressent l’odeur boisée de l’eucalyptus. Le corps se tend et se fige, comme du granit ayant enfin séché. Plus envie de sourire ou de mépriser, elle se laisse noyer par une odeur maintes fois sentie par chez elle, un parfum que l’on retrouve dans le creux du cou des femmes après leurs toilettes, sur ses propres robes de cérémonies, dans ses cheveux. Horrifiée, elle sent sa gorge se resserrer sur elle-même, ses paupières brûlantes. L’effroi la surprend, elle ne peut faiblir ici où tout est inconnu, sans forme de repère et face à un ennemi potentiel. Tournant la tête vers là où elle pourra le voir, elle peine à maîtriser sa respiration, se redressant vivementpour mieux le voir, se rappelant qu’il pourrait l’égorger si facilement si elle restait ainsi. Ses mèches retombent en un rideau sombre sur ses joues alors qu’elle scrute sa danse dont il semble connaître les moindres pas.

L’eucalyptus les entoure et la ramène à des milliers de kilomètres d’ici. L’Égypte lui manque, elle le sait, malgré tout, malgré le sable tâché du sang de Sadia, malgré cette secte dans laquelle elle fut emprisonnée la moitié de sa vie, malgré ses parents qui n’ont jamais vu en elle qu’une vache à sacrifier. Malgré tout, certaines choses lui manquent et sans le remarquer, elle le fixe d’un œil troublé. Le Destin ne peut avoir écrit des mots aussi cruels. Le défi est déjà trop grand pour qu’Il en rajoute. Ce sont ses paroles qui la ramènent à la réalité et elle quitte les étendues sableuses, les soirées d’ivresses, cette dispute avec Sadia, les rires et les cris des femmes ne se supportant plus, d’un battement de paupières. Déglutissant pour humidifier sa gorge sèche, elle secoue doucement la tête « Non, j’me souviens juste de quelque chose de violent, de la douleur et de la peur mêlée à la colère. Peut-être un rapace qui a tenté de m’attraper et m’a lâché là. Ou moi qui me suis carapaté dans une cachette qu’Elle trouvait idéale. J’en sais rien, j’suis jamais trop consciente de ce que je fais à ce moment-là d’toute manière. » Le timbre est sombre, détestant cette impression d’être impuissante face à la puissance de la créature qu’on lui a insufflée comme un ver qui ronge tout à chaque transformation. Il s’éloigne et elle s’étonne de le voir activer le chauffage, refusant de croire qu’il le fait par égard pour elle qu’il n’a pas l’air d’apprécier. Aucun merci ne transperce donc ses lèvres, préférant poursuivre tout en le suivant toujours du regard « Pourquoi tu veux autant ce truc ? » La fiole s’agite, élevé entre eux comme un jouet qui attirerait un clébard jusqu’à elle. « Qu’est-ce que tu vas en faire ? T’es quoi, au juste ? Un spécialiste des poisons et venins ? » Le regard se fait plus dur tandis que le visage prend cette forme sévère qui suffit à faire taire les plus audacieux et les moins courageux « Parce que si c’est ça, j’refuse que cette merde tue qui que ce soit ou serve à des expériences chelous sur des gens ou des animaux. J’te dois peut-être de pas avoir été trop mouillée la nuit dernière mais la vie ? N’abusons pas, ce ne sont que des suppositions. Alors sois franc ou tu peux oublier ton précieux paiement. Pour moi, c’est que d’la pisse de serpent dont j’ai rien à foutre, ce serait donc pas très grave de le laisser tomber par terre. »
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ADMIN ۰ Se faire péter la vitrine : bien plus qu'un métier, une passion. Featuring : Dramaking
Eoghan Underwood
Eoghan Underwood
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⛤ SMALLTOWN BOY ⛤

Fall into me ☽☾ Eoghan 1E5CfUE Fall into me ☽☾ Eoghan AoZyjkn Fall into me ☽☾ Eoghan BvRyGpi

"This is not the right way."

En un mot : Sorcier venimeux ondulé de la toiture. Gosse du bayou.
Qui es-tu ? :
"Let it spread like a disease."

⛤ Maître des arcanes, sorcier à l'essence écarlate. 37 ans de vice (et râles) et de chair corrompue. Manipulateur d'hormones, télépathe patenté.
⛤ Second, bras droit de Circé van derr Ven dans la secte de l'Irae. S'y démarque pour sa loyauté ciselée par les griffes de Morgan Leroy (missing). Mais les failles perlent.
⛤ Incube de Louisiane ; fils de ces terres marécageuses, du bayou poisseux et des routes cahoteuses. Né à Bâton-Rouge, n'a connu que Shreveport et les frontières de son État.
⛤ Né seul homme dans la famille des sorcières irlandaises Mulligan. Privé de père (tué) par la harpie noire : élevé par Sylia Mulligan, descendant du Rouge de sa grand-mère Julianna.
⛤ Cauchemar des femmes ; nourrit sa magie (Rougeoyante) des hormones sexuelles de ses partenaires, ainsi que des émotions primaires.
⛤ Traître à ses passions, criminel et meurtrier de Johanna Andros (missing). Pourfendeur d'amitiés, éternel débiteur, clébard soumis à ses attaches.
⛤ Ne vit que pour les Mardi-Gras de New Orleans ; caresse le rêve de s'y installer un jour dans son propre "shotgun", malgré le fantôme de Katrina.
⛤ Mystique, déchiré entre deux hommes : partagé entre le sorcier et l'humain, entre la sagesse et une ire destructrice. Le latin s'efface sans mal sous l'accent du Sud, coriace sous sa langue.
⛤ Commerçant du Downtown (Crawling life), antre de ses serpents vénérés, lézards et autres reptiles, dont il cède les corps, les soins et les cages de verre.
⛤ Pratique à l'arrière de sa boutique, dans un laboratoire farouchement défendu et protégé par les runes. Recèle secrets et savoirs, expérimentations douteuses et dangereuses.
⛤ Mauvais mentor. L'une de ses apprenties en a subi les conséquences. Guide de Morgane Wuntherson et d'Halina Meyer. Meilleur ami indigne de Vinzent Henkermann et cousin de Shannon Mulligan.
⛤ Pacte tissé avec Scox : Prince démon s'étant dissimulé derrière les brumes de Baal. Immortalité odieusement acquise, âme vouée à obéir et marcher aux côtés des Antiques.
38 ans d'âge réel ; 36 ans d'apparence.

⛤ ENAE VOLARE MEZZO ⛤

Fall into me ☽☾ Eoghan KOVXegv Fall into me ☽☾ Eoghan WZKlL7H Fall into me ☽☾ Eoghan J8B1rxa

"I put a spell on you."

Facultés : ⛤ La Rougeoyante s'infiltre dans les corps et y bouleverse les hormones ; flèche apollonide : distille poison, fléau, mort, mais aussi fièvre rouge saphique. Chaos total.
⛤ Télépathe raisonnable : ne s'infiltre de préférence que dans les esprits des humains misérables. Capable de communiquer en pensée avec quiconque lui ouvre les grilles de son esprit. Savant fou ; capable désormais de connecter sa psyché aux êtres muets, cobras et crotales comme cobayes, corbeaux et autres créatures rampantes.
⛤ Herboriste né, sa maîtrise des potions n'a d'égale que celle de son mentor maternel. Capable d'élaborer des philtres complexes ; créateur infatigable de breuvages en tous genres.
⛤ La Rougeoyante se défend et protège son hôte plus férocement qu'elle n'attaque : limitée par la nécessité d'un contact physique. Sorcier doué au corps-à-corps, secondé par son aisance au maniement d'athamés et autres lames rituelles.
⛤ Chercheur d'artefacts, quémandé des Longue-Vies : détisseur de leurs malédictions et autres mauvais sorts.
Thème : The Way ⛤ Zack Hemsey.
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⛤ VENGEANCE ⛤

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"Before I die alone."

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Mar 7 Juil - 3:03 (#)


Come crashing in into my little world
Les questions se mirent à fuser, ramenant immanquablement entre eux la question de cette satanée fiole. Tout en revenant lentement vers la paillasse, son regard froid se posa sur elle, redressée sur un coude comme un reptile sur le point de bondir et d’enfoncer ses crocs dans une main imprudente. Il se rappellerait longtemps de la façon dont ses cheveux retombaient à moitié sur son visage, marqué par une peur maquillée en colère perpétuelle, grondante et pénétrante. Elle ressemblait ainsi à une sauvage, à l’une de ces femmes des temps anciens, Amazone perdue dans les couloirs du temps, comme s’il avait été impossible de l’imaginer ancrée dans la vie réelle, dans un quotidien trop morne pour elle. Le genre de femme qu’on n’imaginait pas entrer dans un fast-food, prendre un taxi ou lancer une machine de linge. En cela, elle lui rappelait le vampire hébreu, dont la présence dans un hypermarché était si dérangeante, si inconvenante, relevant presque du sacrilège. Ils n’appartenaient pas au monde des hommes dont lui se revendiquait. Ils étaient autre chose.  

« T’es quoi, au juste ? Un spécialiste des poisons et venins ? »

Tandis que le métal du chauffage se mettait à tinter doucement au fur et à mesure que la température grimpait dans les tuyaux, il se pencha, tirant de sous la table un tabouret haut, sur lequel il se jucha une fois tout son matériel à portée de main, longeant le corps de la sylphide.

« Il se trouve que oui. » Le timbre, légèrement plus clair, distillait cette pointe de fierté dont il ne se cachait pas. Il pensait honnêtement son orgueil légitime. Il n’avait pas à rougir d’être ce qu’il était. Pas sur ce point, néanmoins. Peu à peu, le sifflement émanant de l’eau sur le feu se joignit aux tempêtes discrètes de leur respiration tendue, ainsi qu’à l’onde percutant le goudron au-dehors. Il braqua les lumières sur les jambes de l’inconnue, l’éclairant tout particulièrement du genou jusqu’au pied. Le côté gauche était celui qui avait le plus souffert, marqué, de ce bras atrocement esquinté comme des dizaines de bris de verre qui la constellaient de part en part. Lorsque le contenu du chaudron se mit à éclater à gros bouillons, il jeta ses poudres médicinales, dosant du bout des doigts, laissant les épices et les pigments colorer la mixture qu’il entreprit de rendre plus compacte à grands renforts d’épaississants aux origines diverses : certaines concoctées par ses soins, fabriquées depuis l’ingrédient naturel à force de pilon, de mortier et de patience. D’autres, fournies par le Juggler’s, lorsqu’il ne parvenait pas à s’en procurer ailleurs. L’odeur qui se dégageait du philtre en devenir, installé un peu à l’arrière du crâne de cette curieuse patiente, était agréable et répondait assez bien à l’eucalyptus, jusqu’à petit à petit le recouvrir presque totalement. Si l’ambre avait eu un parfum, le sorcier était persuadé qu’il n’aurait pu être différent. « Les poisons, les venins… Les herbes, les plantes, les fleurs et n’importe quel ingrédient pouvant servir à concocter. C’est mon truc. » Un coup d’œil, battement de paupières dont les orbes se posèrent sur elle, brièvement, comme pour appuyer ses propos. « J’étudie tout. Pour le venin, j’ai l’habitude de travailler avec d’autres espèces. Un taïpan, c’est une première pour moi. Et j’compte pas passer à côté, vu le prix que ça coûte. » Sans faux-semblant, sans culpabilité mal placée pour ce qui n’apparaissait guère pour un vol à ses yeux, il finit par se relever, se penchant pour surveiller les étapes de la préparation. Il saisit le manche d’une sorte de spatule de bois pour touiller et évaluer la matière encore trop liquide. Il baissa le feu quelque peu pour laisser le tout mijoter, et jeta les pinces au creux du chaudron pour une désinfection plus authentique que les médicaments humains. Lorsqu’il les récupéra, ce fut pour les faire passer d’une paume à l’autre, éprouvant avec presque un certain plaisir la sensation de brûlure sur sa peau. Puis, il saisit l’une d’elles et s’attacha enfin à se mettre au travail. Courbé vers sa cheville, un premier bris de verre vint s’échouer dans un tintement très discret contre un récipient, au fond duquel les autres le rejoindraient bien assez vite. Concentré, bercé par les sons familiers, il humecta ses lèvres.

« Si je te fais mal, c’est pas volontaire. »
Ses mains n’étaient pas fines, n’étaient pas graciles ni délicates. Il possédait des doigts de travailleur, l’interstice entre les phalanges parfois rugueux, la palme constellée de callosités aléatoires, en fonction de ses pérégrinations dans la nature, des travaux qu’il effectuait, pour la boutique comme ailleurs. Pour autant, il oeuvrait avec une dextérité qu’il espérait suffisante. Il ne tordait pas le verre en tous sens, s’acharnant à soulager la peau de nouveaux tiraillements. Avec une patience d’orfèvre, il remonta jusque sous le genou, veillant à ce que le derme le plus fin ne demeure pas blessé par la matière transparente. Puis, il se redressa, tombant sur ces cuisses pleines, don d’Ishtar, remontant immanquablement vers le calice de son ventre qui ralentit ses gestes. Gêné, il tira le tabouret et se rassit à moitié sur sa surface, approchant son visage de sa jambe pour disposer d’un champ de vision plus réduit. La cuisse en question avait encaissé de plein fouet le plus gros des impacts. Il ne se rendait pas compte des interruptions entre deux phrases, le fil de ses pensées distrait par les soins prodigués. « Le venin ne sert pas qu’à tuer. Bon nombre d’antidotes pour tout et n’importe quoi sont composés de venins. Je ne torture pas les animaux. J’leur fais pas subir d’expériences dont ils aient à souffrir. Le seul cobaye sur lequel j’expérimente, c’est moi. » Bien qu’il soit hors de question de s’injecter les larmes translucides de la fiole qu’elle broyait toujours entre ses doigts. « Ça fait plusieurs années maintenant… »

Sa paume glissa sous elle, la débarrassant de la poussière, la laissant intacte. En remontant vers sa hanche, il la fixa plus longuement. « J’ignore si c’est assez franc pour toi. Mais j’me permets d’insister. Ouais, tu m’dois la vie. T’es pas tombée dans le jardin d’l’humaine la plus sympa de Shreveport, et pas mal de saloperies traînent dans les environs. Un alligator aurait été plus que ravi de tomber sur toi. Voire un opossum. À en croire ton accent, tu viens pas d’ici. Et qu’tu sois là depuis la Révélation ou pas, ça change rien. T’es pas d’ici. Tu sais pas. Comme tous les putain de touristes, vous croyez tout savoir, et vous finissez dans les putain de faits divers, les accidents et tout le bordel. R’marque, c’est bon pour le tourisme, paraît que c'est "pittoresque". Mais l’tourisme, on en a bien assez maintenant. Quoique ça va p’t’être se calmer, avec… tout ça. »

Tout ça. Une façon amusante de désigner Halloween. Une façon qui convenait largement à son état de déni, en tout cas. Tout en se mordillant la lèvre inférieure, il ôta un morceau de verre plus conséquent que les autres, enfoncé dans un petit repli de peau, là où sa chair se faisait si moelleuse. Il put presque entendre le son caractéristique de l’arête se détachant du plasma, dans un chuintement étouffé et peu engageant, mais qui ne l’offusquait en rien. Le sexe produisait aussi ce genre de bruissement. Et c’était bien là tout ce qui faisait le sel du stupre. « Tu dis que tu te caches, mais tu vas pas m’dire que dans un monde qui milite quand même pour les surnat’ tu connais pas des endroits où te soigner non… ? Après ma foi, c’est ton problème… Sûr qu’vous avez pas une réputation très reluisante. »

Quant aux arcanistes, ils pouvaient d’ores et déjà rejoindre ce club très fermé (ou plutôt très ouvert, selon comment l’on voyait les choses) des races craintes, haïes, repoussées. Quelque part, ils avaient gagné : l’Eglise Wiccane devrait batailler pour retrouver un semblant de réputation décente. Et si l’Irae avait pu contribuer à cette chute de popularité, alors le criminel qu’il était s’en trouvait ravi.

Lorsqu’il se recula, le mate était couvert de micro-entailles qui, si elles demeuraient bien inoffensives séparément, devaient toutes ensemble représenter une gêne désagréable qu’il préféra ne pas sous-estimer. Le philtre était prêt. Il chipa un contenant de verre vide pour le plonger dans le chaudron et le laisser se remplir de matière rougeâtre, presque rosée par endroits. Lorsqu’il fut plein, il en étala une bonne partie entre les lignes de sa main, enduisant ses doigts tout entiers une fois la pommade légèrement refroidie. Puis, en des gestes précis et dénués de toute ambigüité, il massa ses jambes, de ce remède tiède et réconfortant, du sommet des cuisses jusqu’au bas des talons, afin d’accélérer la cicatrisation comme pour apaiser les douleurs et picotements qu’elle ne devait pas manquer d’éprouver. Tout en faisant luire ce corps étranger, presqu’étonné lui-même de se livrer à ces soins aussi naturellement, il marmonna : « Comment tu t’appelles ? »

Quelles nouvelles consonances exotiques viendraient peupler ses souvenirs, à présent ? Attentif, se préparant déjà à opérer sur son bras, il humecta ses hanches pleines tout en désignant la blessure ouverte d’un signe de la tête. « Dis-moi ce que tu ressens. Est-ce que ça pulse ? Est-ce que ça te brûle ? On dirait que t’as pas cicatrisé d’un pouce depuis qu’on t’a fait ça. » Ce qui en soi n’était pas forcément une mauvaise nouvelle, mais qui l’intriguait tout de même. Elle semblait solide. Mais selon ce qui l’avait attaqué, sûrement était-ce normal. « Tu parles d’Elle comme si ce n’était pas toi. La Bête, tu veux dire ? Fin… C’est pas censé être toi ? »

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Louisiana Burning

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Anonymous
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Sam 22 Aoû - 3:50 (#)

fall into me
Fall into me
I'll show you the way
Out of this blue


Et la fille d'Hathor rencontra le fils de Baal.
Condamnés à un éternel esclavage,
Enchaînés aux plus anciennes promesses,
Âmes putrides, cœurs-cimetières, peaux profanées.
Les lignes de leur destin se bordent déjà
De rouille, de sang, de sueur.
Mauvais présage pour ces damnés qui errent.
Leur hymne ne sera fait que de râles de souffrances et de désespoirs,
La fin n'appelle déjà qu'au plus affreux désastres.



La lumière brutalement braquée sur ses cuisses jusqu’à ses pieds en révèlent les orteils vernis d’un rouge qui s’écaille par endroit, la poussant à détourner les yeux de ce ciel bleu strié de fils noirs des prunelles ennemies pour les déposer sur ses orteils mal maquillés. Aucune honte ne vient l’agiter mais le détail l’agace pourtant. Elle aurait voulu paraître irréprochable aux yeux de celui à qui elle devra malheureusement ouvrir les cuisses sur lesquelles la lueur tombe, comme pour mettre en évidence l’horreur de ce qui l’attend. Un instant, un frisson la saisit, se sentant à nouveau incapable de mener à bien cette mission sordide, de s’abandonner aux bras d’un être qui pourrait la faire esclave ou la refroidir d’un coup de lame en plein cœur sans que sa respiration ne s’altère sous le choc ou le regret. Guerrier ou sorcier, elle l’ignore encore mais elle ne doute pas de toute la force qu’il pourrait mettre dans ce simple geste. Quelque chose tremble et sa vision se trouble comme à l’arrivée d’un malaise. Les phalanges libres mordent le bord de la paillasse, le myocarde se tord, s’éreinte sous sa cape de chair, le sang coule plus vivement dans ses veines comme si chaque centimètre de son corps cherchait à le fuir mais un mouvement près d’elle la sort de la transe prête à l’avaler ne laissant qu’un corps transi d’effroi derrière elle. Relevant trop brutalement la tête, elle le perçoit s’avancer, arme en main, sous les filaments de ses cheveux outragés par ses mouvements lors de sa chute et de sa brève sieste. Méfiante, elle entame un mouvement de recul imperceptible, cessant d’agiter le bout de ses pieds. Quand le coton se dissipe de son esprit tourmenté, ses mots la percutent et elle se voit, simple animal sous la coupe d’un scientifique passionné espérant lui arracher tous ses secrets. Un passionné qu'elle se refuse à lâcher des yeux, scrutant le moindre signe qui attiserait sa crainte d'être attaquée. Un geste et elle se sait capable de le repousser assez violemment pour gagner du temps et s’enfuir. Tendue, elle ne relâche qu’à peine la pression lorsqu’une première épine de verre se déloge de la chair de sa cheville. Si un tic agite brièvement le coin de ses lèvres sous le coup d’un picotement, elle s’étonne de la douceur qui se cache derrière la méthode purement pratique. Chaque épine est enlevée méticuleusement et le temps semble se figer à nouveau. Ne demeure que le cliquetis des débris délaissés dans le contenant près d’eux, son regard traçant les lignes de ses gestes sur elle, sondant chaque mouvement, sonnée par ce moment presque paisible qui vient s’installer entre eux.

« J’ai connu pire, pas de soucis. » Le timbre s’écaille à peine, sortie de la tombe sèche de sa bouche demeurée fermée trop longtemps. Il s’approche et le moindre écho de son souffle échouant sur sa peau découverte laisse remonter l’envie de quitter le froid qui la recouvre encore malgré le chauffage mis en marche pour se fondre contre l’ardente chaleur qui irradie de la silhouette penchée vers elle. Les phalanges blanchissent, manquant de faire gémir tant la peau que le bois face à cette remontée des mains sur les jambes découvertes, le laissant arpenter les plaines et les creux d’un corps doucereux que seuls les pécheurs qu’elle choisit de laisser approcher peuvent se vanter d’avoir caressé. Mais elle ne peut que se résigner à voir un sorcier aux mains souillées tâcher sa peau, l’aidant malgré tout à se dépêtrer des débris qui encombrent sa peau. Les muscles se tendent, le palpitant cognant comme un poing enragé sous la poitrine insolente où s’étiole la chevelure lourde et épaisse, son ventre se creusant comme pour retenir un instant sa respiration, rejetant l’entité intruse qui ne cesse de s’approcher d’un Eden qu’il finira par apercevoir. Ses prunelles ne cessent de le détailler avant qu’elle ne rejoigne l’endroit secret où son regard devait bien tomber. A cet endroit où la peau est tendre, douce et sensible, profanée, bénie ou maudite par le passage des hommes possédés par une folie passagère. Un paradis interdit. Serrant les dents, plus par agacement que par pudeur, elle finit pourtant par relever sèchement les yeux vers lui lorsque la révélation tombe.

« Attends … Qu’est-ce que t’as dit ? » Elle regrette déjà toute la surprise presque enfantine qui perle de cette simple question, bien que sincère. Un instant, elle révèle la fiole toujours coincée entre ses doigts, l’ambre dangereuse qui y dort étant capable de tuer un seul homme avec quelques gouttes seulement. Sincèrement intriguée, elle cille, oubliant la douleur qui perce parfois sa peau peu à peu découverte des éclats souillés qui hérissent sa cuisse, le trouble refluant pour un étonnement presque horrifié. Il semble presque l’Astaad qu’elle pensait morte ne refasse surface, le lorgnant sans honte. « Tu veux dire … que tu t’injectes cette merde dans le sang ? » Elle secoue la tête, ne retenant pas l’esquisse d’un sourire dansant entre fascination et cynisme « Tu sais que y’a des moyens moins chiants et plus rapides pour se suicider. J’juge pas hein mais … le masochisme a ses limites, tu crois pas ? » Un rire simplement fait d’étonnement et de millions de questions lui échappe alors, le fixant avec toujours plus d’attention malgré ses mains rôdant au plus près d’un cœur sec qu’il devra bien cueillir. Elle, au corps condamné au sacrifice, qu’il soit abandonné à Hathor ou à un fils d’Adam. Qu’importe, elle devra être égorgée d’une façon ou d’une autre. Alors, trop consciente de cette condamnation qui laisse sonner ses cores au loin, elle reprend, d’une voix moins légère, plus grave, celle qu’on offre lorsqu’on veut de vraies réponses « Sérieusement, pourquoi tu fais l’cobaye ? Qu’est-ce que tu cherches ? Dis moi et peut-être que j’te le donnerai. J’te filerai pas ça si c’est pour te shooter avec ou que sais-je … Parce que je t’assure que le trip va être très, très mauvais. Mais j’apprends rien à un spécialiste des ven-... »

La main s’égare là où la peau se fait sensible et sa voix s’effrite pour ne devenir que de la poussière au fond de sa gorge serrée lorsqu’elle remonte jusqu’à cette rive qui l’aurait laissé atteindre ses courbes si la table n’avait pas été un obstacle bienvenu et si le geste n’était pas simplement fait pour la nettoyer. Gorge sèche, elle surélève enfin sa cuisse pour fracturer ce contact qui demeure douloureux, agaçant. Elle est seule maîtresse de ce qu’il pourra toucher ou non. Un sifflement manque de lui échapper, sa lèvre supérieur sursautant en une grimace de dégoût mal réprimée, la Bête prête à gronder face à ce qu’elle reconnait comme un ennemi, peut-être un jumeau magique de Favashi. Son geste d’évitement demeure un échec quand la paume échoue sur l’angle tendre de sa hanche. Cette fois, elle ne peut que rester immobile, consciente que la torture est loin de toucher à sa fin, poupée de bronze qu’il façonne, sculpte et détend sous ses gestes mécaniques. Il faudra bien que les doigts rugueux errent encore un peu sur elle, la narguant, comme une promesse d’une suite qui sera bien pire. A nouveau, elle manque de se noyer sous le flot d’une terreur sans nom, d’un profond dégoût, d’une rage infinie qui la pousserait à planter cet enfoiré en pleine poitrine, à sentir les derniers battements de son ignoble cœur se resserrer sur l’instrument qu’il utilise pour sauver sa peau de la douleur. Et viendrait Uther … Uther à qui elle offrirait peut-être l’orgasme mortel que dissémine le venin qui suinte sous les crocs de l’ignoble animal qui hante son âme. Un éclat de fureur vient un instant brûler ses prunelles qu’elle laisse toujours errer sur ce visage anguleux, sévère. Elle voudrait promettre qu’elle le tuera, se prenant bientôt en pleine face ce mépris pour l’étranger. Elle savait les locaux réfractaires à ce tourisme excessif, a perçu les regards méprisants à l’entente de son accent, les expressions guindées ou les silences insultants lorsqu’on comprenait que, non, elle n’était pas une enfant de Shreveport ni même de la Nouvelle-Orléans et encore moins des États-Unis. Une intruse, voilà tout ce qu’elle est et les mots du sorcier suffisent à lui confirmer toute l’aversion pour l’inconnu qui suinte par tous les pores de cette ville. Un sourcil haussé, un défi silencieux, un mépris qu’elle lui retourne volontiers. « Les gens comme toi sont les premiers à fouler les terres de mon pays. Des blancs qui nourrissent le même tourisme que vous subissez ici. Ils viennent, ils prennent, ils sourient en pensant que tout est beau, exotique et comment tu dis ? Oui, pittoresque. Ils baisent les femmes de là-bas parce que nous ne sommes bonnes qu’à ça pour eux … Comme ces plats exotiques que l’on a jamais goûté et qu’ils pourront se vanter d’avoir picoré un peu, au moins une fois. Ils prennent et méprisent ensuite notre culture. uis ils repartent en laissant derrière eux un pays à l’agonie. » L’onde du timbre se fait grave, mystique, une incantation digne de celle que Favashi pouvait chanter. Un sourire se dessine sur les lèvres pâles, sans joie, amer. « Mais tous les soi-disant touristes n’en sont pas forcément. Certains sont forcés d’être ici ou là alors … Prends garde à ce que tu dis et à qui tu le dis, tu veux ? » C’est le dernier pique retiré qui la fait presque sursauter, plus douloureux que le reste, l’arrachant à ce flot noirâtre de haine. Un souffle discret et fébrile lui échappe alors qu’elle détourne enfin les yeux, épuisée par cette danse qui mélange ses émotions entre elles, par les doigts qui la mordent sans le savoir, par cette mise à l’épreuve qu’elle prie de voir se terminer.

A sa question, elle ne répond d’abord que par le silence. Il dure et s’étend, sans pour autant la gêner. Il n’a pas à savoir ce qu’elle fait ou non en qu’à d’urgence, ni son avis sur ce qu’elle pense de ces militants pro-CESS qui semblent vouloir aider ces êtres que la différence piègent dans l’ombre de l’ignorance et du dédain profond. Elle se fiche bien d’eux et se refuse à trouver leur aide malgré l’insistance de ses sœurs. « J’me débrouille seule. » Voilà l’unique aveu qu’elle veut bien lui accorder, froid et laconique, fixant toujours le décor plutôt que lui, priant en silence qu’il s’éloigne avant que son pied ne le percute malencontreusement. Qu’il ne s’approche pas davantage, que l’odeur qu’il dégage, que la chaleur qui l’entoure ne soit plus qu’un mauvais souvenir.

Il semble qu’on l’a entendu car, enfin, le voilà qui instaure à nouveau une distance raisonnable entre eux, semblant inconscient de tout l’agacement qui l’hérisse, de la tempête qui menace de la faire imploser. Là, sur sa langue, grouille l’envie de tout lui cracher et qu’il se débrouille avec ses congénères. Mais elle signerait sa mort, sans aucun doute et si l’impulsivité est souvent trop innée chez elle, elle n’est pas encore aveuglée par la vengeance. Elle l’observe puis se dérobe, jouant paresseusement avec la fiole piégée entre ses doigts tandis qu’il récupère la mixture dans le chaudron, l’odeur plus prononcée se faisant plus agréable qu’au départ. Du coin de l’œil, elle observe les mains se ganter de cette pommade étrange et cette fois, elle ne masque pas son mouvement de recul lorsqu’il s’approche pour revenir glisser franchement sur la peau de sa jambe jusqu’à sa cuisse. Sonnée par les mouvements sinueux qui sont dénués de tout charme, elle observe tout de même ce massage interdit qui l’apaise au fil des passages des paumes huileuses. Prise au piège par le mouvement des mains qu’elle ne cesse d’observer sur sa peau qui se gondole, se plisse, humidifiée par la rosée de sa potion, elle entend bien sa question mais un nouveau silence se distend. Elle hésite, évidemment. Lui dire ou ne pas lui dire … Inventer un prénom ou se faire plus franche que jamais dès le départ ? Ses yeux remontent de ses mains expertes jusqu’aux bras dont elle longe la forme qu’elle devine sous le tissus jusqu’à tomber sur son visage qu’elle retrouve avec amertume, ses lèvres soufflant la plus franche des réponses « Astaad. » Un coup de menton vers lui vient naturellement répliquer « Toi ? » Elle sait mais elle sait surtout que leurs deux noms prononcés dans ce silence les liera en un pacte silencieusement signé.

La caresse moelleuse et huileuse s’étend jusqu’aux hanches qu’il reprend à nouveau, aussi assurément qu’un amant les enfermerait entre ses paumes pour en saisir les dunes pleines. Le geste la dérange mais elle se tait, remballe tout le dégoût que lui inspire l’impression de devenir la putain qu’elle a toujours refusé d’être, détournant le regard de ses mains masculines posées sur elle pour observer la blessure à son bras. La peau boursoufflée est loin d’être belle à voir, les bords de la plaie rougeoyants, la profondeur semblant plutôt sage et moins grave que les pourtours séchés mais sensibles le laissent penser. Ceux qui l’envoient ont au moins bien fait leur boulot : l’habiller d’une blessure ressemblant à celle qu’aurait pu laisser traîner un rapace qui l’aurait manqué de peu. Une fausse victime d’une tragédie dont le script est déjà écrit, la fin incertaine mais le déroulement fatalement douloureux. « J’sens rien pour l’instant, ça tire juste un peu. Ce sera sûrement une autre histoire quand tu commenceras à trifouiller dedans, j’suppose. » Il lui faut à tout prix parvenir à se déloger des mains qui la cernent, de cette emprise silencieuse mais qu’elle sent puissante et vive si la colère ou la passion le possède. Digne d’étrangler ses hanches ou son cou, d’étreindre et de guider, de mordre et de pincer. Force faussement tranquille qui, peut-être, aurait pu l’attirer dans le fond d’un bar aux allures macabre, les veines gonflées par le trop plein d’un alcool bon marché mais surtout enivrée à l’idée de prendre et de se faire prendre, quitte à oublier le nom et le visage une fois l’orage d’un orgasme passé.

Ses yeux reviennent sur lui, deux lunes noires couvées d’un ciel verdâtre venant rencontrer la voûte céleste et perçante de ses prunelles étranges, d’une franchise extrême, semblant sonder tout ce qu’elles osent toucher. Et les voilà, face à face, des questions dérangeantes gonflant l’espace entre eux, le rendant plus étouffant qu’il ne l’était déjà. Elle cille, méditant à peine la question « Si j’étais la Bête, tes mains n’auraient même pas eu le droit de faire le quart de ce qu’elles ont fait jusqu’ici. Tu serais déjà mort. » Une vérité nue de tout mensonge, une promesse sous-jacent et elle ignore si le Taïpan verse son venin sur le bout de sa langue, sans qu’elle ne le perçoive. « Nous sommes deux. Je ne serai jamais la Bête et elle ne sera jamais moi. Je la tuerai bien avant qu’elle ne tente de fusionner avec moi. » Peu d’espoirs qu’elle y parvienne mais il n’a aucun besoin de le savoir. Uther lui a promis une solution, une délivrance et si le risque est présent que ce ne soit qu’un bobard fait pour l’amadouer, la part la plus souffrante de sa psyché s’accroche aux quelques fils qui pourraient mener à cette vérité. Elle se refuse à vivre toute une vie bercée par les flots de la Lune, par la colère du démon qui respire en elle. Elle ne pourra y survivre.

Sa main libre s’évade alors le long d’un flanc pour venir cueillir le poignet qui relie sa main jusqu’à une hanche, le poussant à en éloigner la paume chaude que sa peau froide réclame. « Tu peux juste t’occuper d’mon bras maintenant. » Un ordre déguisé en suggestion, ses phalanges encerclant sans mal l’articulation, sentant les reliefs des os sous le derme et les coups discrets d’un pouls saluant ses doigts. Une pression et peut-être pourrait elle fissurer l’erg discret qui fait si facilement ployer le poignet. Un instant, elle le fixe, quelques secondes filant plus lentement dans cet entre-deux étrange, figé car il sait qu’elle n’aurait jamais dû le toucher. L’ombre d’un sourire menace d’éclater à la commissure de ses lèvres mutines, comme amusé par ce moment suspendu avant de la relâcher, la paume hurlant de ce touché étrange, comme si elle en percevait l’ignominie. Deux peaux qui n’auraient jamais dû ne serait-ce que se frôler. La sensation étrange de la pommade sur sa cuisse blessée laisse irradier une douce chaleur qui apaise rien qu’un peu les muscles crispés et elle se laisse aller à son tour à la curiosité, bien qu’elle ait un temps d’avance sur lui, elle se permet une question, funambule sur un fil bien fragile, qu’un simple coup du sort pourrait faire sombrer vers le néant. Alors, tandis qu’elle s’alanguit à peine, s’appuyant contre une main pour n’offrir qu’un seul côté blessé à sa vue, elle se laisse sombrer dans les flots d’une conversation étrange « Et toi ? Qu’est-ce que tu es exactement ? Tout le bordel ici me donne quelques indices mais … J’peux me tromper, bien que je doute que tu sois qu’un simple toxico accro au venin de serpent. »
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ADMIN ۰ Se faire péter la vitrine : bien plus qu'un métier, une passion. Featuring : Dramaking
Eoghan Underwood
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⛤ SMALLTOWN BOY ⛤

Fall into me ☽☾ Eoghan 1E5CfUE Fall into me ☽☾ Eoghan AoZyjkn Fall into me ☽☾ Eoghan BvRyGpi

"This is not the right way."

En un mot : Sorcier venimeux ondulé de la toiture. Gosse du bayou.
Qui es-tu ? :
"Let it spread like a disease."

⛤ Maître des arcanes, sorcier à l'essence écarlate. 37 ans de vice (et râles) et de chair corrompue. Manipulateur d'hormones, télépathe patenté.
⛤ Second, bras droit de Circé van derr Ven dans la secte de l'Irae. S'y démarque pour sa loyauté ciselée par les griffes de Morgan Leroy (missing). Mais les failles perlent.
⛤ Incube de Louisiane ; fils de ces terres marécageuses, du bayou poisseux et des routes cahoteuses. Né à Bâton-Rouge, n'a connu que Shreveport et les frontières de son État.
⛤ Né seul homme dans la famille des sorcières irlandaises Mulligan. Privé de père (tué) par la harpie noire : élevé par Sylia Mulligan, descendant du Rouge de sa grand-mère Julianna.
⛤ Cauchemar des femmes ; nourrit sa magie (Rougeoyante) des hormones sexuelles de ses partenaires, ainsi que des émotions primaires.
⛤ Traître à ses passions, criminel et meurtrier de Johanna Andros (missing). Pourfendeur d'amitiés, éternel débiteur, clébard soumis à ses attaches.
⛤ Ne vit que pour les Mardi-Gras de New Orleans ; caresse le rêve de s'y installer un jour dans son propre "shotgun", malgré le fantôme de Katrina.
⛤ Mystique, déchiré entre deux hommes : partagé entre le sorcier et l'humain, entre la sagesse et une ire destructrice. Le latin s'efface sans mal sous l'accent du Sud, coriace sous sa langue.
⛤ Commerçant du Downtown (Crawling life), antre de ses serpents vénérés, lézards et autres reptiles, dont il cède les corps, les soins et les cages de verre.
⛤ Pratique à l'arrière de sa boutique, dans un laboratoire farouchement défendu et protégé par les runes. Recèle secrets et savoirs, expérimentations douteuses et dangereuses.
⛤ Mauvais mentor. L'une de ses apprenties en a subi les conséquences. Guide de Morgane Wuntherson et d'Halina Meyer. Meilleur ami indigne de Vinzent Henkermann et cousin de Shannon Mulligan.
⛤ Pacte tissé avec Scox : Prince démon s'étant dissimulé derrière les brumes de Baal. Immortalité odieusement acquise, âme vouée à obéir et marcher aux côtés des Antiques.
38 ans d'âge réel ; 36 ans d'apparence.

⛤ ENAE VOLARE MEZZO ⛤

Fall into me ☽☾ Eoghan KOVXegv Fall into me ☽☾ Eoghan WZKlL7H Fall into me ☽☾ Eoghan J8B1rxa

"I put a spell on you."

Facultés : ⛤ La Rougeoyante s'infiltre dans les corps et y bouleverse les hormones ; flèche apollonide : distille poison, fléau, mort, mais aussi fièvre rouge saphique. Chaos total.
⛤ Télépathe raisonnable : ne s'infiltre de préférence que dans les esprits des humains misérables. Capable de communiquer en pensée avec quiconque lui ouvre les grilles de son esprit. Savant fou ; capable désormais de connecter sa psyché aux êtres muets, cobras et crotales comme cobayes, corbeaux et autres créatures rampantes.
⛤ Herboriste né, sa maîtrise des potions n'a d'égale que celle de son mentor maternel. Capable d'élaborer des philtres complexes ; créateur infatigable de breuvages en tous genres.
⛤ La Rougeoyante se défend et protège son hôte plus férocement qu'elle n'attaque : limitée par la nécessité d'un contact physique. Sorcier doué au corps-à-corps, secondé par son aisance au maniement d'athamés et autres lames rituelles.
⛤ Chercheur d'artefacts, quémandé des Longue-Vies : détisseur de leurs malédictions et autres mauvais sorts.
Thème : The Way ⛤ Zack Hemsey.
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⛤ VENGEANCE ⛤

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"Before I die alone."

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Dim 20 Sep - 5:37 (#)


Come crashing in into my little world

Astaad.

Les jardins dorment.
La brise chantonne.
La femme titube ; elle s’égare.
Poupée pleine de vin, de stupre et de regrets.


Il entendit sans peine les railleries écorchant la voix faite de graves et de tessitures onctueuses. Si d’ordinaire il aurait bondi sur l’occasion de rabrouer une vulgaire cowan sans ciller, il se contenta d’arquer un sourcil sinon méprisant, du moins mettant en garde la gouaille imbécile dont elle semblait prête à faire usage en toutes circonstances. Il ne souhaitait pas lui fournir des explications presqu’intimes uniquement dans le but de récupérer cette satané fiole. Il la lui prendrait, de gré ou de force. La question n’était pas « si », mais « quand ?». La scène le mettait mal à l’aise, mais les éléments, eux, semblaient déterminés à lui rendre la tâche plus aisée. L’averse se renforçait chaque fois un peu plus, sans produire ce tintamarre agaçant sur le toit, mais laissant plutôt la part belle aux gouttières rejetant l’eau en ces cascades urbaines sans charme, à la mélodie toutefois apaisante et capable à elle seule de le faire frissonner. Le feu crépitant toujours sous le chaudron laissait ses flammes cliqueter et lui tenir compagnie auprès de la Gorgone, conférant à la pièce une aura mystique telle qu’il n’aurait pas été étonné de voir les pointes de ses cheveux se changer en têtes vipérines, cherchant à le mordre à tout prix. Les parfums multiples planaient dans l’air, senteurs d’apothicaire, évocatrices de médecine, de soin, de guérison, et que ses ancêtres, bien des siècles avant lui, avaient pu respirer tout au long de leur existence. Et enfin, demeurait le sol solide sous ses pieds, l’environnement rassurant de ces murs ; foyer au-dessus de tous les autres, grotte de béton, de ciment et de tuiles, mais dont les pans suintaient d’une authenticité honnête. Son identité. Depuis la Samain, le sorcier se montrait volontiers plus attentif encore à ces signes, à ces atmosphères l’aidant à retrouver la paix intérieure perdue depuis des mois, des années, si jamais il avait seulement su à quoi ressemblait cette félicité inatteignable. Quelque chose avait changé en lui, profondément. Quelque chose qui rendait ses désirs plus intenses, ses émotions plus réelles, plus solides. S’il n’avait jamais été homme à faire dans la demi-mesure, cela n’avait jamais été plus vrai qu’aujourd’hui. Il avait mûri. Mais avec cette progression qu’il ne voyait autrement que comme douloureuse, une part de sa joie de vivre était partie. Il savait qu’elle reviendrait, qu’il retrouverait cette spontanéité le rendant tantôt colérique, tantôt fougueux, parfois drôle aux yeux de ses pairs, souvent passionné dès lors qu’un sujet l’intéressait. Mais ne pas disposer d’une date certaine, nager dans l’incertitude au risque de s’y noyer lorsque la fatigue se ferait trop lourde, pesait sur son mental éraflé par son isolement social et amical. Il s’aperçut, hormis sa mère, qu’elle était l’une de ses interactions les plus conséquentes depuis un mois et demi. Ce qui en disait long. Et elle, l’ingrate, parlait à tort et à travers, sans se rendre compte qu’elle chatouillait la mauvaise partie de lui-même. Ses mains encore enduites de baume flattaient toujours la chair solide, tour à tour musclée, fluette ou rebondie, qu’elle laissait s’écouler le fiel sans mesure, sans reconnaissance aucune. Il digéra un moment ses paroles. Elle ressemblait pour de bon, alors, à certains de ces reptiles qu’il adorait, ingrats car ne requérant aucunement le soutien des hommes. Leurs écailles avaient beau s’écorcher en maints points, la vermine avait beau les dévorer de l’intérieur, il en aurait fallu bien davantage pour inciter ces bêtes fières et solitaires à venir ployer devant la main d’un homme.

Astaad.

Mais prends garde.
Main tendue.
Méfiance.
Une soeur de Méduse rôde.


Astaad.
Un nom évocateur des mêmes dunes jalonnant ce corps fier. Malhabile et guère doté d’un talent quelconque pour assimiler les prénoms étranges aux pays lointains comme ceux dont provenait Yago Mustafaï, il réfléchit en son for intérieur aux origines possibles de la jeune femme, sans s’aventurer trop loin pour autant. Tout valait mieux que de s’attarder sur l’agacement qu’elle lui inspirait, à force de réticences obstinées. Elle qui jouait de ses charmes provocants il y a peu lui offrait désormais le rôle d’une pudibonde refusant tout regard trop prononcé, tout contact estimé désagréable par avance. Il sursauta presque lorsque les serres vives se refermèrent sur son poignet, et cette fois, il la darda de ses orbes guère patientes dans ce duel d’égo déplacé. Il siffla par ses narines une discrète mais sévère expiration ne valant guère mieux que celles des pythons en colère. Ils se toisèrent, se jaugèrent comme deux bêtes sauvages, et il souffrit presque de cet échange si éloigné de ses aspirations récentes. Soudainement, il fut pris d’un violent désir, d'une pulsion vouée à haïr Norris Ridgewick, à souhaiter que ce dernier n’ait jamais été contacté par Linda Harrison, que celle-ci n’ait jamais laissé sa mare attirer tout un tas de bestioles à répétition, qu’il n’ait jamais laissé survivre un foutu taïpan, qu’il ait planqué le venin extrait quelque part, que le vieux Joseph soit encore vivant et que sa mère n’ait plus à endurer chaque pas effectué dans sa propre maison.

Elle le relâcha, et sa main se recula autant que possible, écoeuré. Il se releva, contourna la table sans hâte pour rincer ses paumes encore suintantes, ayant perdu toute envie de la questionner avec aménité. Il entrouvrit à peine les lèvres, comme s’il allait parler, mentionner son prénom en retour. Il n’en eut pas le cœur, et répondit à la place :

« Les gens comme moi ne voyagent pas. »

Le céruléen l’embrassa vaguement, guère plus longtemps que nécessaire.

« Les gens comme moi restent dans leur pays. Ils travaillent, prennent des crédits, s’endettent sur trente ans et bossent jusqu’à leur mort pour s’assurer un train de vie décent. Princesse. »

Il se mit en tête de la placer gratuitement auprès de ceux qui étaient nés du bon côté de la barrière. Il lui plaisait de l’imaginer maudite par il ne savait quel arcaniste, pour la punir de son comportement, de sa méchanceté, de son agressivité. À moins qu’elle ne soit née ainsi, ce qui aurait tout aussi pu s’avérer crédible et logique.

« Les gens comme moi subissent un autre genre de tourisme et se foutent de la couleur de peau de ceux qui viennent jusqu’ici. Parce qu’au final, blanc, noir, rouge ou bleu, qu’est-ce qu’on s’en branle, putain ? Et j’peux te garantir qu’eux aussi trouvent tout « beau et exotique », et tant pis s’ils passent à la lisière de Trémé, là où Katrina est venue ou jusque dans les terres désertées. Ils s’imbibent de notre culture, sans se demander ce qu’il se passera une fois leurs putains de souvenirs achetés et eux repartis à cause de l’économie de l’État laminé. »

Il contourna de nouveau le plan de travail pour reprendre sa place, se juchant sur le tabouret dans un grincement.

« T’as raison. Le masochisme a ses limites. Alors tes discours d’Orientale opprimée et tes à priori stupides, tu peux te les garder. Astaad. »

Il allait s’occuper de son bras, et sans cérémonie, s’empara à son tour de l’articulation pour l’inciter à allonger le membre blessé, braquant la lumière sur l'avant-bras, qui lui fit aussitôt froncer les sourcils. Reprenant l’une de ses pinces de sa main libre, il en trempa les extrémités pour les nettoyer et les débarrasser de toute parcelle de verre microscopique, puis entreprit de fouiller la plaie, à peine. Elle avait beau être prodigieusement irritante, il ne comptait pas se comporter comme un boucher pour autant. Ce qu’il soupçonnait s’avérait vrai, par ailleurs : pas une once de cicatrisation n’était visible. Il pressa les bords de l'entaille, et du sang frais perla à la surface, au lieu de rester coagulé dans les renfoncements invisibles de sa peau. Il tritura longtemps, le moins possible, observant les dessins et reliefs rougeâtres, la profondeur inquiétante de la blessure, sans parvenir à comprendre quel animal aurait pu l’attaquer ainsi sans perdre des plumes, sans réussir à la tuer sur le coup, ou sans provoquer d’autres lésions plus chaotiques. Le fil était trop propre. Trop parfait. Tel un coup de lame s’enfonçant comme dans du beurre dans sa chair offerte, immobile. Cette absurdité, doublée de ses plaquettes régénératrices aux abonnées absentes, ne manquait pas de titiller le sens logique de l’Éveillé, plissant le nez à la recherche d’autres indices. Dans un murmure presque adressé à lui-même, il laissa parler son étonnement, teinté de prudence : « Quand est-ce qu’on t’a fait ça… ? »

Il se releva aussi sec, et mit un deuxième chaudron à chauffer rapidement. Puis, il se tourna pour fouiller rapidement et récupérer deux bocaux bien distincts, qu’il déposa sur la table à proximité. De l’un d’eux, il récupéra ses dernières feuilles de sauge grise, qu’il jeta dans le cœur bouillonnant d’une nouvelle mixture, puis déboucha le flacon contenant le jus de verveine qu’il ne manquerait pas d’y incorporer. Tout à son énigme, il en oublia un bout de sa colère, préférant se concentrer sur une éventuelle réponse satisfaisante. Il la mira du coin de l’œil, d’un air suspicieux.

« Tu es sûre que tu ne te rappelles de rien ? Parce que j’ai du mal à le croire. »

Il n’y connaissait rien aux êtres de son espèce. Cependant, de par les racontars issus des grimoires Mulligan, il s’était toujours fait une idée de créatures résistantes, capables de s’adapter à ce monde cruel, bourré de prédateurs, et obsédées par leur préservation, et tous les secrets qui allaient avec. Un simple humain aurait déjà commencé à entamer un processus, même infime, de rémission. Mais pas elle.

« Si vous êtes deux, laquelle a été attaquée ? Toi, humaine ? Tu t’es transformée après ? Ou bien c’est sous forme de serpent ? Parce que j’comprends rien à ça. » Il pointa son bras d’un index accusateur. « C’est pas une attaque d’animal, ça. Ça pue la magie, ton truc, ou quelque chose de pas net, dans tous les cas. Et me prends pas pour un con : tu crois que j’suis quoi à jouer à l’apprenti toubib depuis une heure avec toi ? Je suis quoi à ton avis ? » Il balaya d’un revers de main les chaudrons sur le feu, les éprouvettes en pagaille et les livres plus ou moins poussiéreux jonchant les étagères. « Tu crois que j’ai que ça à foutre, de me shooter au venin de serpent ? T’as cru que j’allais m’amuser à picoler ta bave, là ? J’expérimente. J’aurais beau te dire ce que j’cherche, ça t’avancerait pas plus qu’une poule devant un couteau. Et en plus, tu ouvres ta grande gueule et tu m’fais des menaces chez moi ?! Tu dois être particulièrement débile ou alors complètement inconsciente, et au moins ça m’expliquerait un tant soit peu comment tu t’es retrouvée avec une entaille pareille. Te débrouiller seule, ça a quand même l’air d’avoir des limites, non ? »

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Louisiana Burning

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Sam 10 Oct - 0:12 (#)

fall into me
Fall into me
I'll show you the way
Out of this blue


Ce soir-là, il pleuvait aussi.
De bleu vêtu l’errante n’osait se détourner vers le déchu,
Pleine des vertiges de chagrin et de solitude,
Elle a osé une œillade effrontée qui voulait dire tant de choses,
Elle a osé poser les yeux sur ce maudit d’un autre temps,
Entrouvrant ses lèvres de vile pécheresse à la langue venimeuse.
Il n’y eut que du vide sous le même staccato de la pluie,
Qu’un corps sans vie rejoignant les pavés salis d’une cité sans espoir,
Aux côtés d’un homme avait encore celui d'être un homme libre.


Les yeux se détournent de cette vue sur la pluie ne cessant de tomber, s’écoulant comme tant de larmes viendraient se poser sur les joues de bétons ridées, où les feuilles mortes en épousent les reliefs ou se replient sur elles-mêmes, où la saleté s’échappent dans les bouches béantes des égouts, où les flaques reflèteront l’arc-en-ciel des poisons qui s’y accumulent dans leurs jolis cratères que l’on ne voit pas si profonds lorsque la terre est sèche. Ses yeux perçants se déposent sur ce visage qui n’a que la haine à lui offrir, que le mépris à lui abandonner, un peu de venin pour soigner ce corps qui en est déjà trop empli. Elle ne pourrait lui dire qu’elle fut mordu par des mots bien plus durs, qu’il lui semble parfois que rien ne peut vraiment l’atteindre, pas même la méchanceté d’un homme la voyant comme intruse en son royaume de boue et de vase. Il pourrait sembler homme lambda dans ce nid à mystères mais il lui suffit de le fixer un peu plus longtemps qu’il ne le faudrait pour comprendre qu’il n’a rien d’ordinaire. Eoghan Underwood regorge d’étrangetés, d’une allure sombre qui le poursuit comme tant de fantômes aux draps sombres se seraient fondus dans son aura qu’elle ne peut voir ni même toucher. Croiser son regard de pécheur ne lui inspire que le dégoût, que l’impulsion d’une vengeance qu’il lui faudra assouvir de ses cuisses cachant le fiel d’un désir qu’il faudra bien faire naître. Elle prie l’ivresse de l’aider à l’enfermer entre ses jambes-lianes, de l’aider à le mirer en face en train de se perdre en celle qui causera sa perte. Il paiera pour Favashi qui ne lui a enseigné que l’horreur de la magie, un art qui ne lui inspire désormais plus que la crainte, jouant paradoxalement de ses croyances et de la voyance des cartes tirées. Elle ne peut que serrer les dents face à ce discours que sa gorge avale de travers, chaque intonations dédaigneuses et hargneuses restant fichées dans sa trachée comme des épines aux pointes empoisonnées, mettant le feu à la colère qu’elle peine à retenir. Comédienne elle ne l’a jamais été et n’a rien promis à ce Uther qui attend d’elle qu’elle soit un cafard exemplaire revêtu en papillon aux ailes attrayantes, pleines de belles couleurs, une nuance de beauté attractive fait pour attirer les regards des plus idiots. Il ne mord pourtant pas à l’hameçon du corps exposé, bien qu’elle n’y ait vu là aucune manière de le manipuler, la pudeur n’étouffant plus son esprit depuis longtemps, il passe et repasse ses mains sur un corps qui semble ne pas l’avoir bouleversé d’une quelconque manière. L’orgueil ne se fissure pas bien qu’elle se questionne. Est-il maître dans ces cités où l’on porte des masques pour cacher l’humanité des émotions ? Sont-ils fait de cette même pierre qui donne le loisir de sculpter une impassibilité chimérique pour duper le monde à tout instant ? Peut-être. Peut-être est-il assez fort pour ne pas la mirer avec la convoitise toute masculine qu’elle peut voir briller, avec ennui ou amusement, depuis que l’adolescence a travaillé son corps qui s’est mué en celui d’une femme qui sait qu’elle n’a rien à envier à l’Autre. Une beauté maladive et qui l’a faite maudite à tout jamais.

Mais désormais qu’importe l’enveloppe puisque l’âme est pourrie.

Elle ne fronce pas les sourcils de contrariété, s’empêche d’hausser le ton quand tant de mots se bousculent dans ce cou de cygne où les échos de paroles mortelles pourraient bien se répercuter hors de ce grand caveau qu’est sa poitrine. Il ignore qu’il est sauvé de la première morsure et l’humaine n’a rien à envier au serpent dont l’âme circule dans ses entrailles, dans les chemins étroits de ses artères, qui s’emmêlent à son esprit dévasté, ruines où la raison et le bonheur, autrefois, pouvaient régner. Il ne reste que la pluie, qu’une joie taciturne que même ses sourires et ses rires laissent percevoir, qu’un corps terne aux émotions en flammes. Son nom glissant dans ce grandiloquent silence déjà gondolé par la pluie, par le ronronnement du feu, par les cascades de leurs souffles qui se rencontrent et se détruisent, la fait ciller. Il n’a pas le droit d’en prononcer les syllabes désertiques, jetant le sel de sa voix sur de vieilles plaies purulentes qui n’appartiennent qu’au passé dont elle aimerait ne jamais se souvenir. L’oubli tant prié qui n’est jamais venu. Les prunelles l’assassinent de ces iris qui le poignardent sans vergogne, grognant sans que la lèvre n’est à se relever, que le corps se hérisse de haine et de rejet pour cet homme qui n’en est pas un. Elle lui coupera les doigts puis les mains, lui arracherait bien la langue de ses dents, cracherait dans ses opales d’un bleu terriblement clair tout l’arsenic qui suinte dans sa bouche qu’il épousera un jour, elle se le promet. Il croira la baiser alors qu’elle sera celle qui le prendra, encore et encore jusqu’à ce qu’il ne reste de lui qu’un pleutre à ses pieds. Ses ongles dans le bois en racle les rainures, Astaad pleine de rage et de peines ancestrales « Tu peux bien parler d’à priori. Tu as l’air d’en avoir des tas à m’cracher à la gueule par le simple fait que je ne sois pas née dans ton joli bayou. Mais je tâcherai de suivre tes précieux conseils, l’étranger. » Elle le dégueule d’un murmure profond, de cette voix qui parfois se fait hermaphrodite, oscillant entre les notes graves et masculines et délicates de la féminité sans jamais omettre l’accent prouvant qu’elle n’a, en effet, rien des femmes de ses terres, rien d’ici, tout d’ailleurs.

Il la rattrape de cette main impériale forçant le bras à s’étendre et de sous ses cils, elle mire sa trogne d’enfoiré aux lignes rudes sur lesquelles on pourrait se couper les lèvres, le nez et la langue si l’on se risque à s’y glisser. Sans jamais gémir ou laisser entendre qu’il puisse lui faire mal, elle serre les dents, observe chacun de ses doux gestes jurant avec la brutalité qui les étreint depuis que ses yeux se sont ouverts sur lui. La plaie est douloureuse et froisse les muscles, la nausée laissant remonter sa bile jusque dans sa gorge, méprisant la magie qui a osé la toucher et torture encore sa peau d’une bien autre façon. Elle préfère certainement toutes les plaies du monde à la métamorphose qui la voit devenir monstrueuse, couverte de ses écailles brunes, sifflant et soufflant contre le monde entier. Le Taïpan n’est jamais réellement heureux auprès des Hommes et elle se force à ne jamais laisser voir à ses sœurs toute la méchanceté dont peut faire preuve l’animal fait pour se terrer dans l’ombre. La question manque de la faire se figer, relevant son attention vers lui qu’elle découvre concentré sur la plaie encore suintante. Secouant la tête, elle joue encore et toujours l’inconsciente « J’en sais rien. Ca peut être la veille comme y’a quelques jours. J’vois pas le temps qui passe sous l’autre forme. Comme les chiens, tout me semble durer une éternité même le temps d’une seconde. » La douleur, les sens aiguisés, l’ouïe étouffée, les vibrations contre son ventre frais, l’air qu’il faut si souvent goûter et l’impatience qui menace de faire pleurer l’humaine de l’intérieur, refusant la prochaine transformation qui la verra davantage souffrir que ce soit pour se couvrir d’écailles ou de peau. Elle en craint toutes les arrivées, obsédée à l’idée de la souffrance et tous les médicaments du monde, tout l’alcool ingéré ne pourrait empêcher les hurlements et les larmes quand les os et les muscles disparaissent pour se muer en autre chose. Sa respiration reprend un rythme plus apaisé lorsqu’il la relâche enfin pour s’éloigner de son être dévoilé. Osant repousser quelques mèches sauvages derrière une oreille attentive, la moue boudeuse sans le vouloir, elle le regarde évoluer dans cette antre sombre qui inspire autant sa curiosité que son aigreur. Elle observe les moindres mouvements d’un corps à la finesse étrange. L’habitude prise de dessiner les silhouettes croisées ne lui échappe pas, même ici, alors même qu’il lui faut être prudente, ne pas trop en dire, ne pas ciller sous cette œillade la soupçonnant d’être une vile menteuse. La fourbe aimerait sourire, rire à ses côtés de son intelligence.

Le fils de Baal a bien raison de se méfier de Méduse.
Il n’ignore pas que les serpents mordent
Et qu’ils ne laissent (parfois) rien de bon derrière eux,
Que ce venin-là pourrait bien signer sa perte.


Un mouvement de tête marque toute l’innocence dont elle tente de se parer, l’air sérieux, presque maussade, ne se risquant pas à se déshabiller de la grâce de son impassibilité qui fait taire tous les bavards. Mais pas lui. Il fallait bien un homme qui ne sache pas tenir sa langue face à ses yeux venimeux, à sa verve sanglante, à son agressivité lascive. Il ne faiblit pas, peut-être car il ne craint rien d’elle, simple femme maudite, peut-être car il la méprise et que leur répugnance mutuelle se ressent dans cette distance qu’ils s’imposent, dans ce qui ne se dit pas mais se verrait d’un œil témoin de cette rencontre plus que contre-nature. Il aurait fallut ne jamais se rencontrer, ni se voir, ni même se respirer. Elle n’aurait même pas voulu connaître le timbre de sa voix à l’accent désormais familier. « Qu’est-ce qui te fait dire que je devrais me souvenir de quoi que ce soit ? » L’esquisse d’un amusement factice erre au coin d’une bouche mutine, les paupières à peine abaissées tandis que les prunelles le détaillent, des mains aux jambes, passant par les épaules pour revenir vers son visage, l’encerclant comme son corps écailleux pourrait le faire, sans même avoir à le toucher. « Mes transformations sont douloureuses. Ou non … Le mot est faible et peu approprié. La douleur est une douce caresse comparée à ce que je vis lorsque la Bête s’impose. Elle vient et détruit tout sur son passage, aussi sûrement que la Peste ou que le cancer, elle ronge les os, les tendons, les muscles, elle les brise et les fait fondre. Je passe d’un corps d’humaine à un corps souple et fait d’anneaux, tu dois bien te douter qu’il n’y a rien de jouissif là-dedans. Et depuis le premier soir, depuis la première Lune … je veux tout oublier de ce que je vois et ressens lorsque je suis sous cette forme. Alors non, je ne me souviens de rien. » Elle ose le poinçonner de longues secondes de son regard bavard, se forçant à ne pas trembler de terreur face à lui à la simple mention de ces nuits d’horreurs et de ces aubes devenues aussi craintes que la pleine lune, s’espérant convaincante.

Elle se décale, la pointe de ses pieds rejoignant le sol pour errer dans cette anti-chambre du monde des arcanes, faite de bois, de béton, d’odeurs étranges, de papiers jaunis mais rien ne parvient à lui faire froncer le nez. Elle s’arrête avant de pouvoir explorer davantage, se tournant de toute sa grandeur vers lui, repoussant encore et encore les mèches retombant sur son visage dont les yeux finissent par se plisser à leurs tours « De quoi tu parles ? » Plus tard, elle se haïra de jouer la candide n’ayant rien à se reprocher, quelque chose en elle refusant en bloc de jouer cette infâme comédie. Jetant un coup d’œil à la blessure qu’elle sait loin d’être à l’origine d’un coup de griffe ou de serre, elle fait mine de paraître troublée, n’affichant que le balbutiement discret de ses paupières avant de revenir vers lui « De la magie ? Vous êtes capables de telles choses ? » Un rire sec et qui ne laisse pas planer le soupçon d’un quelconque amusement résonne entre eux, sa langue errant contre l’ivoire de quelques incisives, l’amertume et le mépris n’étant au moins pas nés d’un quelconque jeu d’actrice « Que vous êtes forts, vous, les sorciers. Capables de créer de si jolies plaies. Tant de talents dans un seul corps, ça m’épate. » Elle ose laisser ses doigts errer sur la plaie, faisant fi de la souffrance pour tâcher la pulpe de son propre sang. Le pourpre infiltrant les interstices de ses empreintes, gouttant comme des perles purpurines sur ses doigts coupables dont elle étale l’élixir, presque fascinée. « Pourquoi un sorcier m’aurait fait ça ? » Quittant le pourpre des yeux, elle rejoint le visage de cet adversaire qui pourrait se révéler trop dangereux. Qu’elle n’oublie pas que sa lame a tranché des gorges sans ciller et qu’il n’a rien d’un homme simple sans destinée. Le ton monte et la ligne de la mâchoire se crispe tant les dents se serrent pour ne pas hurler à son tour. La pluie chante encore et ce soir ce ne sera peut-être pas le corps d’une princesse qui tombera mais celui d’un prince rouge. « Baisse d’un ton, tu veux ? Monsieur m’a l’air un brin susceptible. C’est peut-être le venin que tu t’injectes qui te rend si irascible. Faudrait penser à t’calmer sur les doses que tu t’mets dans le sang, sorcier. » Crachat acéré, elle repousse le mot bien loin de sa gorge pour le lui vomir. De quelques pas lents, elle s’avance vers lui, papillon de nuit attiré par la lueur mystique qui émane de lui, passant dans son dos pour observer le chaudron par-dessus son épaule, pleine d’audace, laissant ses seins frôler son dos pour que l’ourlet fielleux de sa bouche trouver son oreille « Encore une fois, tu parles sans savoir. Je ne me souviens de rien, si ce n’est d’un grand choc et de la douleur mais il semble que ton cerveau de cher expert en venin refuse d’accepter la réalité Et puis … Pourquoi tu veux tant savoir ? » Laisser le doute et la suspicion s’insinuer à leurs tours dans sa psyché noirâtre, souffler ses soupirs sucrés contre une oreille qu’elle embrasse de son oxygène. Une main à la force décuplée vient tapoter un bras, fausse accolade amicale, brisant l’instant de proximité interdite. « T’en fais pas va, je t’emmerderai le temps que tu finisses tes potions, Harry Potter et je m’en vais. » La silhouette glisse et la pression entre eux s’évase pour laisser son nez errer au-dessus du chaudron enfumé, flairant l’odeur de la sauge, jetant un coup d’œil curieux et plus apaisé vers le maître des lieux au bout d’un certain temps. « Tu ne m’as pas dit ton nom. » Soufflé comme une première douceur involontaire entre eux, un sourcil haussé, elle aimerait l’entendre le lui dire, signer au bas du contrat son nom de sa langue, premières lignes d’une histoire sombre où leurs deux prénoms ne cesseront de revenir en échos.

« Je suis sincèrement curieuse, tu sais. Que tu me prennes pour une débile ou une inconsciente, c’est ton problème et honnêtement, j’en ai rien à cirer de ce que tu penses de moi. Nous sommes deux inconnus qui ne se reverront jamais, je n’ai rien à perdre et toi non plus, sauf du temps certainement. J’veux simplement savoir à quoi te sert de t’injecter du venin. C’est une chose que l’on faisait autrefois dans mon pays mais beaucoup sont morts pour avoir cherché trop loin. » Elle se redresse, entourant son buste de ses bras, oubliant presque sa nudité, le chauffage soufflant enfin quelques brumes chaudes contre sa peau. Ou n’est-ce que sa proximité interdite avec le corps chaud tout près d’elle. Presque couvée par sa grandeur et son ombre, leurs silhouettes entourées de rejet et d’une curiosité pourtant dévorante, elle le scrute, l’étudie en oubliant presque, à son tour, sa colère et son mépris, sa voix dérivant vers des accents plus chantants et moins incisifs « Expérimenter a ses limites. Tu ne crains donc pas la mort ? »
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ADMIN ۰ Se faire péter la vitrine : bien plus qu'un métier, une passion. Featuring : Dramaking
Eoghan Underwood
Eoghan Underwood
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⛤ SMALLTOWN BOY ⛤

Fall into me ☽☾ Eoghan 1E5CfUE Fall into me ☽☾ Eoghan AoZyjkn Fall into me ☽☾ Eoghan BvRyGpi

"This is not the right way."

En un mot : Sorcier venimeux ondulé de la toiture. Gosse du bayou.
Qui es-tu ? :
"Let it spread like a disease."

⛤ Maître des arcanes, sorcier à l'essence écarlate. 37 ans de vice (et râles) et de chair corrompue. Manipulateur d'hormones, télépathe patenté.
⛤ Second, bras droit de Circé van derr Ven dans la secte de l'Irae. S'y démarque pour sa loyauté ciselée par les griffes de Morgan Leroy (missing). Mais les failles perlent.
⛤ Incube de Louisiane ; fils de ces terres marécageuses, du bayou poisseux et des routes cahoteuses. Né à Bâton-Rouge, n'a connu que Shreveport et les frontières de son État.
⛤ Né seul homme dans la famille des sorcières irlandaises Mulligan. Privé de père (tué) par la harpie noire : élevé par Sylia Mulligan, descendant du Rouge de sa grand-mère Julianna.
⛤ Cauchemar des femmes ; nourrit sa magie (Rougeoyante) des hormones sexuelles de ses partenaires, ainsi que des émotions primaires.
⛤ Traître à ses passions, criminel et meurtrier de Johanna Andros (missing). Pourfendeur d'amitiés, éternel débiteur, clébard soumis à ses attaches.
⛤ Ne vit que pour les Mardi-Gras de New Orleans ; caresse le rêve de s'y installer un jour dans son propre "shotgun", malgré le fantôme de Katrina.
⛤ Mystique, déchiré entre deux hommes : partagé entre le sorcier et l'humain, entre la sagesse et une ire destructrice. Le latin s'efface sans mal sous l'accent du Sud, coriace sous sa langue.
⛤ Commerçant du Downtown (Crawling life), antre de ses serpents vénérés, lézards et autres reptiles, dont il cède les corps, les soins et les cages de verre.
⛤ Pratique à l'arrière de sa boutique, dans un laboratoire farouchement défendu et protégé par les runes. Recèle secrets et savoirs, expérimentations douteuses et dangereuses.
⛤ Mauvais mentor. L'une de ses apprenties en a subi les conséquences. Guide de Morgane Wuntherson et d'Halina Meyer. Meilleur ami indigne de Vinzent Henkermann et cousin de Shannon Mulligan.
⛤ Pacte tissé avec Scox : Prince démon s'étant dissimulé derrière les brumes de Baal. Immortalité odieusement acquise, âme vouée à obéir et marcher aux côtés des Antiques.
38 ans d'âge réel ; 36 ans d'apparence.

⛤ ENAE VOLARE MEZZO ⛤

Fall into me ☽☾ Eoghan KOVXegv Fall into me ☽☾ Eoghan WZKlL7H Fall into me ☽☾ Eoghan J8B1rxa

"I put a spell on you."

Facultés : ⛤ La Rougeoyante s'infiltre dans les corps et y bouleverse les hormones ; flèche apollonide : distille poison, fléau, mort, mais aussi fièvre rouge saphique. Chaos total.
⛤ Télépathe raisonnable : ne s'infiltre de préférence que dans les esprits des humains misérables. Capable de communiquer en pensée avec quiconque lui ouvre les grilles de son esprit. Savant fou ; capable désormais de connecter sa psyché aux êtres muets, cobras et crotales comme cobayes, corbeaux et autres créatures rampantes.
⛤ Herboriste né, sa maîtrise des potions n'a d'égale que celle de son mentor maternel. Capable d'élaborer des philtres complexes ; créateur infatigable de breuvages en tous genres.
⛤ La Rougeoyante se défend et protège son hôte plus férocement qu'elle n'attaque : limitée par la nécessité d'un contact physique. Sorcier doué au corps-à-corps, secondé par son aisance au maniement d'athamés et autres lames rituelles.
⛤ Chercheur d'artefacts, quémandé des Longue-Vies : détisseur de leurs malédictions et autres mauvais sorts.
Thème : The Way ⛤ Zack Hemsey.
Fall into me ☽☾ Eoghan KL9jJO9
⛤ VENGEANCE ⛤

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"Before I die alone."

Fall into me ☽☾ Eoghan GIeraGW
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Dim 11 Oct - 1:57 (#)


Come crashing in into my little world
Sa voix.
Le sorcier avait toujours été sensible aux courants de paroles façonnés par les cordes plus ou moins tendues des gorges féminines ou masculines, dopées par une pomme d’Adam incitant au grave, ou réduisant ces filets musicaux à leur plus fluet aspect. Au-delà d’un échange de plus en plus désagréable lui faisant regretter amèrement le silence hantant habituellement le laboratoire, il n’en oubliait pas pour autant la voix unique de la Gorgone encore alitée sur cette table d’ordinaire réservée à ses expérimentations. Peut-être en était-elle une, quelque part. Détachable des autres, de par son caractère bavard, là où les autres se tenaient coites, naturellement mutiques ou parlant un autre langage. Plutôt que de lui fournir des réponses l’aidant à procéder, la voilà prête à mordre de plus belle. Serpent. Les crocs lui auraient poussé d’entre ses gencives qu’il n’aurait probablement même pas sursauté, lisant sans mal entre les lignes de cette agressivité surprenante. Il peinait à la croire humaine, même en partie. Elle ressemblait davantage à une créature changée en femme par il ne savait quel miracle ou sortilège, plutôt qu’en une change-forme reptile. Et cependant, malgré la colère qui bouillonnait toujours en son for intérieur, quelques détails ne manquaient pas de lui échapper, jamais. Quelques éléments qu’il lui arracherait par son intelligence et son sens logique ; et tant pis s’il devait aller les chercher lui-même. L’idée séduisante de plonger dans son crâne pour extirper ses pensées, sa mémoire, l’effleura de nouveau, mais il la repoussa tout aussi subitement. Une telle méthode l’aurait rapproché de Quinn plus qu’il n’aurait pu l’encaisser. En outre, il avait déjà fort à faire avec ses remords et la culpabilité qui l’étreignait au quotidien. Autant limiter les sacrilèges du futur, les abominations et jusqu’à ces actes minimes de mesquinerie assumée. Alors, cette voix ? Cette voix ressemblait à celles des Femmes dont il craignait l’aura comme l’importance, le pouvoir et la puissance étalée avec une élégance dont ne disposaient pas la plupart des hommes qu’il avait connu. Morgan Leroy salissait toujours ses coups d’éclat par son impatience, par la volonté de blesser, de faire mal, de mordre jusqu’à laisser derrière lui une cicatrice indélébile. Circé n’avait rien à lui envier, quant à son potentiel et ses dons d’Éveillée. Cependant, il avait toujours décelé en elle un doigté délicat mais dont l’articulation, roide, ne cassait jamais. La dénommée Astaad était-elle de ces femmes-là ? Il l’ignorait. La conclusion n’était pas aisée : une telle impulsivité coïncidait souvent mal avec ces personnalités telles que la leader de l’Irae. Troublé par une incarnation embaumant le mystère aussi sûrement que les territoires qui avaient assisté à la naissance de l’étrangère, il savait que l’atmosphère de la pièce, les parfums ambiants et la magie paresseusement à l’œuvre n’aidait en rien ses perceptions à s’atténuer.
Incapable de tenir en place, la succube se relevait de plus belle, et il claqua sa langue contre son palais, agacé. Il resta quelques instants stupéfait de constater à quel point elle se montrait à l’aise, dans le plus simple appareil. En dépit de sa contenance, il ne pouvait nier le caractère atypique de ces déambulations qui n’avaient rien d’innocentes. Fille d’Éve. Fille d’Éve dans toute sa splendeur, Fille d’Éve au sens propre comme figuré, créature née de l’union de cette Elle autrefois parfaite ayant trompé son Adam d’amant, pour lui préférer l’être écaillé. Une réminiscence subite le prit, et quelques images aussi impies qu’à la violence latente et à l’érotisme inouï submergèrent sa psyché.

Draps immaculés sur laquelle la peau mate rampe, mais le vrai maudit, lui, fait preuve d’une souplesse bien plus innée.
Anneaux fermés sur les cuisses ouvertes, pressant d’une force bienveillante la chair pleine et malléable, plis et magma gonflé dans laquelle on rêverait de planter les crocs.


Il battit des paupières, s’arrachant à cette vision née de ses divagations imbéciles. Reprenant pied sans plaisir, il dut accepter de reposer les yeux sur ses hanches pulpeuses, ses jambes si longues qu’elles lui en donnaient le vertige, et cette chevelure ne cessant de hanter un dos dont la chute de reins ne cessait de le narguer, quoi qu’il fasse. Elle savait ce qu’elle faisait. En jouant les aguicheuses, les allumeuses de bas étage. Qu’avait-elle à gagner, néanmoins ? De toute évidence, la teneur de son discours ne laissait planer aucun doute sur l’inimitié qu’elle portait aux gens de son espèce. Il ne l’en blâmait pas, notamment au vu de sa propre intolérance face aux créatures comme elle, considérées comme inférieures. Hena. Il songea à Hena tout à coup, et au mépris dont il n’avait jamais cessé de faire preuve, avec elle. Depuis leur fin du monde personnelle au Mall, il ne l’avait pas revue. S’était contenté de la déposer chez elle dans l’espoir de la voir retrouver un simulacre de paix, loin des murs détruits du centre commercial, des entités démoniaques insensées. Loin de lui. Elle avait démissionné sans attendre, et Sylia n’avait posé aucune question, alors. Depuis, il songeait régulièrement à elle, qu’il avait longtemps soupçonné déficiente, tant elle appartenait à un autre monde que le leur à bien des égards. La Mulligan, quant à elle, était simplement déçue d’avoir perdu une employée efficace et du style à éviter les bavardages inutiles.
Astaad, si proche, pivota dans sa direction, et sa taille le frappa de plus belle. Elle était grande. Pas aussi grande que sa sorcière de mère, mais suffisamment pour l’inciter à une méfiance et une hostilité grandissantes. Il avait du mal à concevoir comment elle pouvait à ce point être aussi détachée de sa propre existence pour avoir sombré dans ce précipice d’amnésie. Soupçon renforcé par l’humour de mauvais goût qu’elle déployait, effrontée et provocatrice. Son rire le mit mal à l’aise, et il se terrait, pour sa part, dans une enveloppe taiseuse qu’elle ferait bien de craindre, une fois sorti de cette chrysalide de réserve qu’il ne devait qu’au contexte de sa ville quasi-natale épuisée. Contaminé par cette lassitude lui-même, les ailes de son nez et ses sourcils parfois arqués étaient les seuls déclencheurs manifestes de son impatience programmée.

Elle le qualifia comme pour l’insulter, à défaut d’avoir un nom à recracher à ses pieds.
Alors seulement, il s’autorisa une ombre de sourire torve, la méprisant du regard, la toisant de toute sa superbe.

Inférieure.
Tu es et resteras inférieure.


Qu’importe sa beauté et ses apparats dotés par une Mère nature généreuse. Il connaissait trop bien les revers de la dite nature, si prompte à maquiller ses pires aspects en écailles colorées, en pétales attrayants ; camouflage ayant résisté au passage du temps. Il la sent dans son dos, et ses muscles ne s’en contractent que davantage. Il se figurait des tentacules de nacre, si féminins, si séduisants, effleurer les lignes les plus vulnérables de sa silhouette. Il serra les dents ; elle était si proche. Encore habillée de son parfum de pluie. Un souffle caressant son lobe, et il aurait bien repoussé l’impudente, si chaque fibre de lui n’était pas si concentrée à extraire le fiel de ses palabres, pour tenter de n’en recueillir que l’essence. Le vrai. L’authentique. Autant s’escrimer à chercher quelques miettes d’or dans le lit du Nil. Mais lorsqu’elle le toucha pour de bon, nimbée de cette aura qu’il appréciait de moins en moins, le « clic ! » d’une grenade qu’on dégoupille se mit à tinter, dans sa caboche. C’en était trop.

Les mâchoires serrées, la fusillant d’une expression ne laissant filer aucune goutte d’amusement, il laissa la pointe de sa langue caresser l’émail, en longer la moindre aspérité. Il voulait accorder au silence crucifié une chance d’aspirer une ultime bouffée d’air. Il compter sur lui pour l’aider à ne pas lui sauter à la gorge. Ou du moins, pas tout de suite.

« Je déteste être pris pour un con. » Les bouillonnements contenus dans les parois de métal du chaudron ponctuèrent ce murmure sombre, amer. « Et c’est pourtant exactement ce que tu es en train de faire. » Plus que jamais, il regrettait d’avoir gaspillé ses dernières feuilles de sauge pour elle. Il la désigna d’un mouvement de menton aussi dénué d’empathie que précédemment : « Que je baisse d’un ton ? Je suis chez moi, ici. Et personne ne me donne d’ordre entre ces murs. Personne. Certainement pas une pauvre fille dans ton genre. Tes répliques de merde, tu peux te les garder. Surtout venant d’une changeuse de forme comme toi… » Un rire ouvertement moqueur lui échappa à dessein, calculé et taillé pour lui faire mal. « … pas de quoi pavoiser, hein ? Ramper dans la merde, ça doit te connaître. Tu es taillée pour. »

Il reconnaissait bien là la pulsion de violence qui ne le lâchait jamais vraiment. C’était la même qui l’avait incité à laisser plusieurs paires de gifles frapper le visage d’Eva Harper. Il n’était pas fier de ses déchaînements à l’égard de la médium, toujours prête à le faire tourner en bourrique, à remuer la merde, à lui faire des crises pour un oui ou pour un non… bref : toujours prête à lui gâcher la vie. Alors elle avait, pendant deux à trois ans, servi d’éponge pour toute sa culpabilité débordante, pour Johanna, pour purger sa magie à une époque où la population n’avait pas encore doublé, triplé, voire plus, à Shreveport. Il l’avait utilisée pour se décharger exactement comme elle l’avait utilisé en guise d’ornement. Un échange de bons procédés qui laissait la part belle aux coups, d’un côté comme de l’autre. Sauf que la jeune outre le redoutait. Elle avait peur de lui, le craignait si fort, et il revoyait sans mal sa moue déformée par la terreur de voir une baffe distribuée sur le coup de la fureur, se transformer en un boomerang plus puissant, prêt à marquer sa joue ou sa pommette. Oui. Pendant un temps, il avait été ce péquenaud de Louisiane maltraitant sa Texane natale, blondasse insipide prête à tout pour lui ouvrir les cuisses et pondre à son tour une armée de chiards dans le but de perpétrer le cycle infernal. Il n’était plus cet homme-là, s’étant définitivement détourné d’un destin médiocre. Cependant, le bout de ses doigts le démangeait encore. La faire taire. La faire taire, enfin.

« Je parle sans savoir ? Si tu es aussi douée pour évaluer ce que je suis censé savoir, poser comme question ou utiliser comme mixture pour te soigner, alors qu’est-ce que tu fais encore ici ? » Avec humeur, et d’un mouvement sec, il tourna le bouton réduisant les feux à l’extinction la plus sommaire. Les flammes s’éteignirent, cessèrent de brûler pour laisser le liquide à ébullition se taire à son tour. Il ne la soignerait pas. « Je ne compte pas discuter arcanes avec toi. Désolé. Harry Potter a un commerce à ouvrir. Alors va bien te faire foutre, et tire-toi. » Qu’elle se promène à poil, en pleine rue et sous l’averse ne l’intéressait plus le moins du monde. Il baissa les yeux vers le poing serré maintenant toujours la fiole de venin. Retroussant le nez en une expression de dégoût, il la désigna, de sa main désabusée : « Tu sais quoi ? Garde-la. Garde ton putain de venin. J’te sauve la peau, j’te ramène chez moi, j’trouve… ça, sur mon canap. J’prends le temps de te soigner un tant soit peu, j’fous en l’air mon matos et mes ingrédients pour toi – qui au passage sont pas gratuits, au cas où tu t’figurais que j’roulais sur la thune –, et tout ce que tu fais c’est me retourner des punchlines pourries dans la tronche ? Va te faire foutre, ouais. Va te faire foutre. »

Le pire dans tout cela, c’était peut-être ce ton presque monotone (non), cette façon récemment adoptée de ne pas (plus) réellement hausser la voix. Il rangeait méthodiquement, outils et instruments, rebouchait les bocaux, effaçant peu à peu les traces de cette tentative de soins infructueuse. Au moins ne risquait-elle plus de s’incruster un peu plus de verre dans la peau. « Underwood. C’est mon nom de famille, et c’est tout c’que t’auras. » Il inclina la boîte de Petri contenant les éclats translucides qui partirent à la poubelle, la pédale massacrée par une pression du pied rageuse, sans concession. « J’ai essayé d’être correct avec toi. Tu l’es pas. T’es là, à te foutre de ma gueule, à croire que j’ai que ça à faire de taper la discut’ à une… une… j’sais même pas c’que t’es, putain. » Un coup d’éponge rasa le bois de la paillasse, rinçant les poudres et poussières. « Alors ta curiosité, t’as qu’à lui faire prendre l’air ailleurs. J’m’injecte du venin, ça m’regarde. J’suis un sorcier, ça m’regarde. » Il songeait à elle. À cette nature mystérieuse dont il ne parvenait pas à délimiter ni à définir les contours. Et cela le travaillait. Car lui aussi était curieux. Lui aussi était habité par ce besoin de savoir, de pouvoir identifier son environnement direct. Sous ses paumes, il pouvait encore sentir la chair d’Astaad pulser, brillante, douce et chaude, malgré le froid qui semblait l’étreindre en permanence. Il aurait bien ouvert grand les portes de l’arrière-cour pour la frigorifier davantage, mais il n’était pas assez bas ni petit pour aller jusqu’à se contenter d'éteindre le chauffage. Par ailleurs, une envie voyeuriste et dévorante aurait bien pu le rendre malade de désir à l’idée d’assister à la transformation qu’elle lui avait décrite. Imaginer ce corps parfait muter, hybride, se couvrir d’un derme plus frais, luisant et agile, avait de quoi le rendre fébrile. Vinzent aurait-il apprécié ? Yago lui, certainement. Ce genre de spectacle lui aurait plu, sans conteste. Lorsqu’il se redressa pour la toiser enfin de nouveau, lui qui s’était acharné à éviter son regard le temps de nettoyer cette table d’opération de fortune, il secoua la tête, atterré.

« Tu as été maudite ? C’est pour ça ? C’est pour ça que tu me regardes et que tu me parles comme si j’étais responsable de tes transformations, peut-être ? » Il tempéra, lucide. « J’suis pas beaucoup plus aimable, mais c’est pas toi qui vient de passer trois quart d’heure à mon chevet. J’t’ai rien demandé de plus que cette fiole et un minimum de respect. Parce que, de base, personne n’est censé entrer ici. Dans cette pièce. Personne. Tu comprends ? »

Probablement que non. Seuls les Éveillés pouvaient concevoir le besoin des pratiquants de travailler à l’abri des regards, exactement comme les abris des Immortels étaient si importants, primordiaux pour leur survie. Il poussa un soupir. « J’y suis pour rien, dans ce qu’il t’arrive.Ni pour ta condition, ni pour cette blessure. Mais quelque chose me dit que tu les as bien mérité, l'une comme l'autre. J’te conseille de te faire soigner ailleurs, puisque j’te conviens pas. Sans autres indices, je saurai pas comment te soigner, de toute façon. Désolé. » Il mentait sûrement. Il savait qu’avec la mixture en préparation et une ou deux manœuvres douloureuses pour elle il aurait pu tenter de la purifier, comme il l’avait fait pour l’Oriental rongé par la magie noire autrefois. Mais il n’avait pas envie de gaspiller ses efforts en vain. Il n’avait plus la force de se battre pour des inconnus qui, comme elle le disait si bien, ne croiseraient de toute manière plus sa route. Il désigna le couloir, pointant la porte menant à sa boutique, jusqu’à la porte.

« Va-t’en. Et reviens pas ici. »

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Louisiana Burning

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Lun 12 Oct - 2:01 (#)

fall into me
Fall into me
I'll show you the way
Out of this blue


Implosion.
Il n’aura pas fallut longtemps pour voir le flegme se fissurer aussi sûrement qu’un vase au cristal fragile qu’une simple ébréchure pourrait faire éclater en millions d’éclats étoilés. Elle mire l’agacement devenir la fureur pure, revenue face à lui, voyant cet instant, infime et fugace, où le sorcier bascule, tombe dans le piège de la haine et du mépris. Elle cille, se prenant en pleine face, pour la première fois depuis sa malédiction, tout le dédain qu’un homme de sa nature peut avoir pour une humaine souillée comme elle. Pire que touts les soufflets, que tous les coups de poings, que tous les poignards qui pourraient pénétrer sa peau et lui arracher le cœur. Voilà le dégoût d’acier pénétrant la peau que sa victime attendait presque. Elle entendait sa lame s’aiguiser à chaque mot abandonné à sa carcasse niée par l’arcaniste se pensant plus pur et plus fort qu’elle ne le sera jamais. Le souffle coupé, elle se crispe et manque de grogner, bête acculée, face à ce faciès qui ne cache plus rien de son narcissisme de maître des arcanes. Affrontant sans trembler la colère qu’elle a déclenchée, une partie d’elle se recroqueville sur elle-même, craignant d’avoir laissé ses chances filer de duper cet ignorant qui s’ignore, le rire attaquant l’orgueil, la fierté et la dignité comme un cancer qui ne laissera rien d’autre derrière lui que des organes gris et noirs, morts d’avoir été ainsi contaminés par la haine inexplicable que lui voue cet homme dont elle ne sait finalement pas grand-chose. Que des mots posés dans le silence, que des situations sans dessins et sans traits ni consistances qu’Uther lui a rabâché pour alimenter le brasier de sa propre colère pour le mystique devenu danger pour le monde humain. Sans le voir, elle percute ici la douleur d’une existence lasse de se voir répudier et insulter, collision de deux vies qui n’ont toujours vu que la grandeur des Hommes les assaillir, les étrangler, frapper pour leur nature, se terrant dans l’ombre pour ne pas être davantage criblés des balles de certains ignares furieux pour peu de choses. Car l’inconnu fait peur et inspire ce dédain qu’elle aimerait lui arracher littéralement des yeux. Ils peuvent être d’une belle couleur mais sont désormais ternis par ce sentiment qu’elle ne tolère pas lorsqu’il la caresse ainsi. La laideur l’habille soudain et si une partie d’elle qui n’oserait se dévoiler prend en pitié celui qui l’a sauvé, l’autre, plus hargneuse que jamais, se retient de sauter à la gorge de sa victime pour étrangler, arracher, déchiqueter tout ce qui pourra l’être. Qu’il ne reste de lui qu’une vieille carcasse gémissante et ce sera de son sang qu’elle pourra se revêtir pour cacher l’impudeur de ses seins dévoilés et de sa tendre intimité. Les iris aiguisent leurs épingles sur ce visage sans rien laisser paraître de la contrariété grimpant sa poitrine où souffle une tempête encore timide.

Tu mourras, sorcier.
Tu mourras pour avoir oser me regarder ainsi.


Peu à peu, tout s’éteint, le feu ne crépite plus, l’eau se tait et les instruments se rangent et celui qui ne lui dit que son nom signe l’épilogue de leur rencontre qui n’aura pas eu le temps de mûrir. Uther lui fera-t-il payé d’avoir échoué une première fois ? Quels sévices fera-t-il subir à Nejma pour être reparti sans rien de plus que des insultes et une porte définitivement close ? La chaleur qui venait à peine de l’étreindre la fuit déjà, comme la vie s’en irait d’une plaie béante pour s’écouler à ses pieds et ne laisser qu’un cadavre rigide et transi de froid. Le visage dont les lignes se font rudes pâli sans qu’il ne puisse le voir et le cœur blêmit dans ces battements qui abattent leurs courroux contre ses seins. Elle cille tandis qu’il se remet en mouvement, s’éloigne d’elle pour ne laisser que le froid lui mordre la peau, la musique chantante de la pluie ne lui apportant plus aucun apaisement ni souvenir étrange. Elle aussi ne sait pas ce qu’elle est. Elle aimerait bien lui confier qu’elle ignore même s’il existe un autre nom que « maudite » pour la désigner, trainant dans son sillage toute la misère de cette malédiction injustifiée, née de sentiments humains qu’elle ne pouvait soupçonner, le dernier baiser amer d’une sorcière rouge qui se voulait reine. A demi, elle se détourne vers lui, pleine de silence, réduite à ce mutisme qui est la preuve d’un contrôle qu’elle a aiguisé pendant de longues années mais surtout de ses regrets. L’impulsivité trop marquée la mène souvent à ce genre de châtiments, aux remords, à l’envie de revenir en arrière lorsqu’il est impossible de le faire. Fermer sa gueule et ne pas vomir son venin lui est devenu de plus en plus impossible depuis cette nuit terrible.

Son regard la harponne alors qu’il manque de l’achever de ces quelques dernières paroles. Maudite. Oui, c’est bien ce qu’elle est. C’est tout ce qu’elle est désormais. Rien d’autre qu’un corps portant l’âme monstrueuse d’un être immonde qui a beau la fasciner, elle ne l’a jamais voulu en elle ni en être la représentante. Les muscles se tendent quand la ligne de la mâchoire se crispe, l’inspiration tremblante, détestant qu’il puisse user de ce ton plus doux, changeant de ce ton taciturne, presque mort mais pas moins aigre qu’il vient de verser entre eux. Le poing se resserre autour de la fiole pleine de venin tandis qu’il poursuit, ne se rend pas compte de l’orage qui est prêt à lui sombrer dessus, qu’il ne cesse de verser son sel sur des plaies purulentes, à vifs, sur des pensées moroses qui n’ont jamais cessées de l’obséder, du matin au soir, du soir au matin. Elle porte sans cesse l’obsession pour cette maladie qui la ronge. Quittant son visage des yeux sans plus percevoir qu’elle se met en mouvement, elle se laisse porter par la transe cotonneuse de sa haine, fixant la table de bois sur laquelle elle s’était alanguie, n’entend plus qu’un filet de cette voix masculine qui aurait pu la bercer si elle ne crachait pas tant de paroles faites pour l’écraser. Les phalanges blanchissent et les prunelles d’un vert peu tendre sur lesquelles s’abaissent ses paupières observent le vide. « C’est comme ça que marche votre monde ? On décide de qui mérite ou non d'être maudit ... parce qu'on ose vous contrarier ? » Elle persifle de ce timbre qu’elle s’étonne, au fond, de percevoir si paisible alors qu’elle pourrait bien se saisir de la première arme de fortune pour le poignarder à mort. Elle se vengera sur lui s’il le faut, lui hurlera toute l’injustice qui est la sienne en pleine gueule, bavera son chagrin qui s’est mué en folie sur sa gueule de chien solitaire. La voilà chassée mais elle demeure fleur fanée aux racines bien ancrées dans ce sol tiède. La pluie tombe encore, preuve que le monde ne cesse pas de tourner pour une rencontre peu banale et pour toute la violence qui les relie en cet instant.

« Soyez maudite. »

Le regard interloqué revient vers lui, perce la couche de glace quand l’écho d’une hallucination la pique davantage, faisant ployer les sourcils le temps d’un bref instant, d’un souffle expiré, manquant de demander à l’adversaire s’il a, à son tour, perçu cette déflagration à peine perceptible par l’oreille humaine. Plus le temps passe et plus sa raison semble s’étioler et s’épuiser dans cet échange qui n’aurait jamais dû naître. Elle devrait partit, oui car elle se refuse à se lier davantage à cet Eoghan ne semblant qu’amener le malheur à ses côtés. Pourtant, l’intrigue la tenaille, la fascination, malsaine, la poursuit, tant intéressée par cet art craint, conchie et admiré à la fois. Encore perturbée par la réverbération de cette tonalité venue d’ailleurs, qui lui semble si ancienne, comme un effet de déjà-vu qui transcende mais trouble tout à la fois, elle peine à retrouver le chemin de sa propre voix, la gorge étreint par l’angoisse, la peine et cette fulmination qui ne cesse jamais d’enfler, expirant un pauvre « Je ne voulais pas … » Elle secoue la tête, se détourne vivement en percevant que son visage doit exprimer une émotion bien plus profonde et sincère qu’elle ne le voudrait, le masque s’étant fissuré à l’entente de ce souvenir qui n’en est pas un. Dissimulée par sa chevelure dont les pointes se rebiffent comme des têtes vipérines, elle se demande s’il s’agit de la voix de Favashi ou Youssef, ignorant de qui peut bien venir cette phrase alliée à un sentiment qui crispe douloureusement le cœur qui ne cesse de souffrir à chaque à-coups donné. Une envie terrible de pleurer et de manque ne semblant pas lui appartenir la terrasse et par réflexe, sa main se dépose contre la paillasse abandonnée, une violente nausée manquant de la faire dégobiller le peu de nourriture avalée ces dernières heures, la tête agressée par un violent vertige. Le froid s’intensifie et elle perçoit sous ses paupières closes les lignes d’une silhouette solitaire, une solitude qu’elle ne connait que trop bien, enfermée dans son immense forteresse de plâtre et de sable, sacrifice humain, vache à lait pour un homme avili par le désir et le pouvoir. La peur pique son flegme factice, s’inquiétant du mal qu’il a bien pu lui faire lorsque sa main s’est enroulé autour de son cou ou si Uther a fait bien plus que la blesser physiquement. Comme pour suivre le fil de ses pensées, sa main occupée par la fiole s’élève vers sa gorge où le souvenir d’une douce étreinte, chaude, tendre se garde tout près de la peau. « Que m’as-tu fait tout à l’heure ? Avec ta main. » Douceur involontaire dans ce timbre profond, elle se détourne vers lui posant son regard d’enfant inquiète sur lui, ignorant volontairement le fait qu’il l’ait chassé, ne pouvant museler son éternelle curiosité bien qu’il l’ait rabroué.

« Je vais partir. Je ne voulais pas pénétrer ton antre, Underwood. Je voulais … » Elle hésite, cherche sur le bois strié un mensonge ou peut-être un soupçon de vérité, affichant son trouble à sa vue. Les regrets viendront après, comme souvent. « J’ignore ce que je voulais. J’ignore moi-même ce que je suis et je crois que je ne veux pas le savoir. Je veux simplement … me débarrasser de cette merde. » L’accent oriental ressort dans l’ardeur de ses palabres rejetées sans plus se limiter, la respiration lourde et bruyante. Elle ne se taira plus mais ne se laissera plus mener par sa haine. L’échec n’est pas permis. « Je … Je ne reviendrai pas ici, j’oublierai ce que tu voudras mais … laisse moi de quoi bander la plaie et de quoi me couvrir, une couverture ou n’importe quoi. Ensuite, je m’en vais et je t’oublierai, ton visage et ton nom et surtout, j’oublierai cet endroit qui n’est qu’à toi. Je sais à quel point certains endroits sont précieux, n’en doute pas. » Et ainsi elle retournera à son cocon où deux sœurs ignorent l’immonde promesse faite à l’ennemi, où elle ne se sent pas tout à fait chez elle, où les murs lui paraissent connus et inconnus à la fois, où elle rêve encore du Caire tout en le craignant, épiant les moindres bruits autour d’elle, comme si Favashi pouvait bien rôder autour de leur nid qu’elles ont peinées à avoir.

Le malaise la quitte peu à peu et elle trouve la force de relâcher le bois pour se redresser, ses épaules s’affaissant peu à peu pour l’observer, n’osant ni sourire, ni paraître trop aimable. Elle s’adoucit à peine, abaissant douloureusement les premiers remparts qui la protège de l’Autre, danger permanent, le vrillant de tout son sérieux sans plus l’agresser pourtant. « C’est ta magie qui m’a rendu ainsi. J’étais humaine avant d’être … ça. Je n’ai rien voulu ni rien mérité. A moins que vouloir être libre soit un crime qu’il faut absolument punir. Et je sais à quel point les gens comme toi peuvent se montrer cruels par vengeance, par envie, par jalousie, par amusement, pour expérimenter. J’en suis la preuve vivante. » Les lèvres manquent d’esquisser un sourire si peu inspiré par la joie mais elle n’osera pas refusant de le voir se durcir davantage, abaissant à peine le regard pour quitter la glace et se perdre sur la silhouette déjà dessinée des pinceaux lui servant d’opales, aussi sûrement qu’elle peint avec minutie ses statuettes. « Tu as raison, je ne te connais pas et tu n'es pas responsable de ce qui m'a rendu comme ça. Mais toi non plus tu ne me connais pas et pourtant … Tu avais déjà l’air de ne pas m’apprécier, depuis le premier regard. Pourquoi ? C’est le fait que je sois ici ou … ma pseudo-nature qui te dérange ? » Tant de questions embrouillent son esprit mais elle chasse cette dernière interrogation d’un mouvement de la tête, les mèches de ses cheveux revenant sur ses joues, retombant sur son dos comme un rideau sombre, s’effilochant sur l’arrondit d’une épaule alors qu’elle ose un pas vers lui tendant le présent du venin dans le cocon d’une main aux doigts fins et aux ongles acérés « Tiens, puisqu’il te le faut tant. La curiosité est un vilain défaut et blablabla mais … j’aurais simplement aimé … » Penchant à peine la tête d’un mouvement qui n’a rien d’humain, elle le mire encore un instant tout en s’interrompant, l’ourlet des lèvres se faisant franchement mutin « J’aurais aimé savoir si c’est la mort que tu cherches à frôler ou … une transe qui s’en approche. » Haussant une épaule d’un sursaut du corps plein d’humanité cette fois, brisant l’illusion qu’elle n’appartient plus vraiment au monde des mortels, elle fait preuve de nonchalance « Mais certaines réponses se méritent, pas vrai ? Tant pis pour moi ... » Dernier murmure presque abandonné à elle-même tandis que ses yeux s’abaissent définitivement, paupières basses, attendant presque sa sentence.
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ADMIN ۰ Se faire péter la vitrine : bien plus qu'un métier, une passion. Featuring : Dramaking
Eoghan Underwood
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⛤ SMALLTOWN BOY ⛤

Fall into me ☽☾ Eoghan 1E5CfUE Fall into me ☽☾ Eoghan AoZyjkn Fall into me ☽☾ Eoghan BvRyGpi

"This is not the right way."

En un mot : Sorcier venimeux ondulé de la toiture. Gosse du bayou.
Qui es-tu ? :
"Let it spread like a disease."

⛤ Maître des arcanes, sorcier à l'essence écarlate. 37 ans de vice (et râles) et de chair corrompue. Manipulateur d'hormones, télépathe patenté.
⛤ Second, bras droit de Circé van derr Ven dans la secte de l'Irae. S'y démarque pour sa loyauté ciselée par les griffes de Morgan Leroy (missing). Mais les failles perlent.
⛤ Incube de Louisiane ; fils de ces terres marécageuses, du bayou poisseux et des routes cahoteuses. Né à Bâton-Rouge, n'a connu que Shreveport et les frontières de son État.
⛤ Né seul homme dans la famille des sorcières irlandaises Mulligan. Privé de père (tué) par la harpie noire : élevé par Sylia Mulligan, descendant du Rouge de sa grand-mère Julianna.
⛤ Cauchemar des femmes ; nourrit sa magie (Rougeoyante) des hormones sexuelles de ses partenaires, ainsi que des émotions primaires.
⛤ Traître à ses passions, criminel et meurtrier de Johanna Andros (missing). Pourfendeur d'amitiés, éternel débiteur, clébard soumis à ses attaches.
⛤ Ne vit que pour les Mardi-Gras de New Orleans ; caresse le rêve de s'y installer un jour dans son propre "shotgun", malgré le fantôme de Katrina.
⛤ Mystique, déchiré entre deux hommes : partagé entre le sorcier et l'humain, entre la sagesse et une ire destructrice. Le latin s'efface sans mal sous l'accent du Sud, coriace sous sa langue.
⛤ Commerçant du Downtown (Crawling life), antre de ses serpents vénérés, lézards et autres reptiles, dont il cède les corps, les soins et les cages de verre.
⛤ Pratique à l'arrière de sa boutique, dans un laboratoire farouchement défendu et protégé par les runes. Recèle secrets et savoirs, expérimentations douteuses et dangereuses.
⛤ Mauvais mentor. L'une de ses apprenties en a subi les conséquences. Guide de Morgane Wuntherson et d'Halina Meyer. Meilleur ami indigne de Vinzent Henkermann et cousin de Shannon Mulligan.
⛤ Pacte tissé avec Scox : Prince démon s'étant dissimulé derrière les brumes de Baal. Immortalité odieusement acquise, âme vouée à obéir et marcher aux côtés des Antiques.
38 ans d'âge réel ; 36 ans d'apparence.

⛤ ENAE VOLARE MEZZO ⛤

Fall into me ☽☾ Eoghan KOVXegv Fall into me ☽☾ Eoghan WZKlL7H Fall into me ☽☾ Eoghan J8B1rxa

"I put a spell on you."

Facultés : ⛤ La Rougeoyante s'infiltre dans les corps et y bouleverse les hormones ; flèche apollonide : distille poison, fléau, mort, mais aussi fièvre rouge saphique. Chaos total.
⛤ Télépathe raisonnable : ne s'infiltre de préférence que dans les esprits des humains misérables. Capable de communiquer en pensée avec quiconque lui ouvre les grilles de son esprit. Savant fou ; capable désormais de connecter sa psyché aux êtres muets, cobras et crotales comme cobayes, corbeaux et autres créatures rampantes.
⛤ Herboriste né, sa maîtrise des potions n'a d'égale que celle de son mentor maternel. Capable d'élaborer des philtres complexes ; créateur infatigable de breuvages en tous genres.
⛤ La Rougeoyante se défend et protège son hôte plus férocement qu'elle n'attaque : limitée par la nécessité d'un contact physique. Sorcier doué au corps-à-corps, secondé par son aisance au maniement d'athamés et autres lames rituelles.
⛤ Chercheur d'artefacts, quémandé des Longue-Vies : détisseur de leurs malédictions et autres mauvais sorts.
Thème : The Way ⛤ Zack Hemsey.
Fall into me ☽☾ Eoghan KL9jJO9
⛤ VENGEANCE ⛤

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"Before I die alone."

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Lun 12 Oct - 5:00 (#)


Come crashing in into my little world
Litanie.

Comme le fil que l'on coupe.
Comme le verre que l'on brise.
Comme la pierre qui s'effondre.
Comme le souffle qui meurt.


Il ne put faire autrement que lire sur son visage l’impact profond de ses mots sur elle. Ils avaient lézardé les pétales de soie de ses joues, strié de fissures profondes son front, déformé le bouton de rose de ses lèvres ébahies, et crispé les serres au bout de ses bras fins. Il pouvait contempler son œuvre. Une de plus. Une de plus sur toute la longue succession de massacres qu’il avait pour habitude de composer. Un constat karmique affligeant : il ne serait donc plus capable de créer quelque chose de beau. Les jambes encore enduites qui lui faisaient face ne valaient rien, quand le haut du corps demeurait détruit par le membre encore ouvert, et la stupéfaction blessée qu’elle lui opposait. Il savait, oui. Il ne valait pas mieux lui-même qu’une bête faite pour mordre, pour cracher bile et fiel à son tour, contaminer, empoisonner, ratatiner et faire agoniser celui qui l’aurait approché de trop près. Plus rancunier qu’un crotale, plus dangereux qu’un cobra. Détenteur d’une ire qu’il n’avait jamais esquissé ou personnifié sous les traits d’une Bête, comme ceux de la race d'Astaad. Il préférait se réclamer d’une inspiration autre, née du culte, de ses dieux colériques et vicieux. Alors, savait-elle ? Pouvait-elle prévoir ? Ils n’étaient que deux inconnus l’un pour l’autre, mais voilà que la Pandore personnifiée s’était avancée sans méfiance. La curiosité, éternel fardeau dont le prix payé pour la satisfaire était souvent bien plus élevé que toutes les présomptions initiées. Il aurait voulu lui dire qu’elle n’y était peut-être pour rien, en effet. Que le destin s’était amusé avec elle, la plantant là, dans ce monde froid et injuste, comme tant d’autres, depuis plus de deux mille ans, avaient erré en proie à leurs tourments. Déités retorses, punitions injustes, sceaux de tous les magiciens au tempérament un peu vif… Les maudits, les damnés, grouillaient sur terre, et certaines des âmes en peine qui continuaient de promener leur malheur immatériel avaient, de leur vivant, éprouvé les souffrances qu’elle lui avait décrite. Quelque chose en lui en était persuadé. Il aurait donc voulu lui dire encore que pour tous ses emportements fiévreux, tous ses cris revanchards et son désir de justifier sa propre existence malmenée, rien ne jubilait de les savoir, tous, prisonniers de leur propre enveloppe, en attendant la fin. Sorcier rouge à l’empathie amplifiée, il souffrait bien souvent de recevoir de plein fouet toutes les émotions néfastes, si intenses ; amour, passion, haine et colère, détresse et désespoir, parmi celles que tout être humain sur terre avait au moins pu toucher. Et puis, il y avait les autres. Toutes celles qui ne possédaient de nom en aucune langue connue. Toutes celles que sa propre Essence ne pouvait s’empêcher d’absorber néanmoins, pour mieux les recracher, sous peine d’en crever de ce trop-plein nauséabond. Lorsqu’il se penchait au-dessus du bassin d’un passé marécageux, il pouvait voir le reflet de sa mère, dont il ne pardonnait pas tous les coups, toutes les manigances et ses tentatives pour le blesser comme il venait de le faire avec elle. Cependant, s’il cherchait à discerner par-delà ce dit reflet, il pouvait commencer à apprendre. À comprendre. Que sa mère elle aussi, avait fait comme elle le pouvait. Qu’elle l’avait instruit malgré tout, lui avait sauvé la vie en s’opposant à l’opprobre, et formé pour affronter une société encore aveugle au surnaturel. Mais les pires, savaient. Les pires, ceux au fait des Longue-Vies, des Ensorceleurs, des Changeurs de forme, savaient, promettant leurs victimes aux supplices dont elle avait cherché à le protéger par cette éducation dure, dénuée d'une tendresse qui lui faisait aujourd'hui défaut.

Ainsi, dans son propre laboratoire, face à cette femme nue et à la langue trop bien pendue, il éprouvait une sensation d’excès qu’il lui devenait nécessaire de purger. Mais comment s’y prendre ? Purger sa magie était chose aisée. Mais purger la désolation qui ravageait ses sens et son mental… ? Il n’y avait guère de formule toute faite pour cela. Une grande fatigue s’abattit sur ses épaules. Il aurait voulu être seul. Il se serait laissé aller sur ce canapé défoncé, se serait permis de se recroqueviller sur sa douleur, au moins quelques minutes. Il aurait oublié sa ville en ruines (sa faute, SA faute), les visages des morts, tous les morts, qui étaient passés sous ses yeux témoins, coupables ou impuissants, et n’aurait trouvé un simulacre de paix qu’un long moment plus tard, une fois les sanglots muets de sa poitrine éteints, aussi sûrement que les feux sous les chaudrons.

« J’aurais aimé savoir… »

Lui aussi aurait aimé savoir.
Il aurait aimé savoir par quelle comique coup du sort Baal avait sauvé cet enfant de sa mort programmée.
Il n’en parlait jamais avec Sylia. Ce n’était pas un sujet de conversation. Jamais. Il ne connaissait que des bribes d’une histoire qu’on lui avait arraché, le dépossédant de ce qui constituait une part vitale de son identité d’homme. Il se sentait brisé, incapable de se montrer digne du futur auquel il aspirait. Il promena son regard désabusé sur les lieux, sur les meubles, sur les livres et grimoires, sur les tiroirs protégeant artefact, lames ou œufs en gestation, couvés par les luminaires artificiels.

« Si c’est la mort que tu cherches à frôler ou… une transe qui s’en approche. »

Peut-être bien.
Peut-être pas.

Une main ourlée d’une chevalière solide mais humble glissa au travers du jais, repoussant quelques mèches noires pour dégager ses tempes encore lisses, et surtout révéler son épuisement psychique par ce simple biais. Il s’était rarement senti aussi seul de toute son existence. Transe. Interpellé par l’emploi d’un sème, elle ignorait qu’elle n’avait jamais été aussi proche de toucher du doigt la vérité de l’homme, sous la carapace brutale qu’il arborait. Il en était prisonnier, de ces moments le voyant quitter terre, que ce soit pour s’adresser à une monstruosité déguisée en figure vénérée, communier avec celui qu’il considérait comme son propre frère, ou s’offrir à un envoyé mutin aux crocs faits pour poinçonner le Rouge, quel qu’il soit.

Il l’entend.

Il entendait Astaad, le regret qu’il pouvait presque se laisser aller à croire sincère. Sa paume se riva ensuite contre son torse, à l’emplacement du cœur, massant l’organe qu’il voulait croire aussi fatigué que son hôte. Il voulait l’aider à pomper un peu plus, le soutenir l’espace de quelques instants, ou bien le sentir vivant, bien vivant, encore prêt à alimenter le fil de sa vie.

Garde le contrôle.

Un sourire terne étira à peine ses lèvres. Serguey. Qu’aurait pensé un homme comme Serguey de ce visage sinistre, si éloigné de ce qu’il était, fondamentalement ? Distrait de ces considérations mutiques, il redressa la tête en la voyant prise d’un mal inconnu. Fronçant les sourcils, il la surveilla, demeurant immobile mais prêt à s’avancer, si elle devait rendre ou s’effondrer. Aux aguets, toujours. La voir préoccupée l’empêcha de conserver sa hargne un moment, et il secoua doucement la tête. Il ne lui avait occasionné aucun mal, il le savait. Ce qui n’était pas forcément le cas de la maudite. Mais elle se reprit, s’adoucit à son tour, le laissant circonspect, ignorant encore comment réagir, comment lui répondre. Il aurait dû la mettre dehors sans attendre, la toucher et la tirer lui-même hors de sa vue, s’il l’avait fallu. Au lieu de cela, une main aux phalanges déliées se tendit dans sa direction, la fiole offerte. Il battit des paupières pour observer le creux de sa paume, se figeant comme s’il redoutait un piège, et ses prunelles ne cessant d’aller et venir, de ce visage aux orbes basses, à ce présent qu’elle lui cédait enfin. Il pinça les lèvres, pesant le pour et le contre, l’orgueil et la raison, la fureur et la sagesse. Mettant de côté l’aspect vénal qui aurait pu parer sa prise de décision, il répondit, d’une voix sourde :

« Notre monde ne fonctionne pas différemment du tien. » C’était probablement ça, le pire. Savoir que, quelle que soit l’espèce ou la communauté, les règles primaires restaient les mêmes. L’argent, le pouvoir et le sexe régissaient tout, inlassablement. Les aspirations à régner, à décider qui vivait, qui mourait, qui était maudit, qui finissait brûlé, pendu, noyé. « Certains humains décident de qui mérite ou non d’être tué. Un meurtre approuvé par des lois, cautionné par une société tout entière. » L’arctique se reposa sur les joues rondes. « Ne blâme pas les quelques fous qui maudissent à loisir plus que les autres dégénérés. Contrariétés et vengeances sont légion. Pas besoin de magie, pour ça. » Il tendit ses propres dextres vers ceux de l’Orientale, et s’empara sans hâte de la fiole emplie du liquide translucide. Il la porta à hauteur de regard dans un soupir, puis l’abaissa, se contentant de l’enfermer dans sa main, comme elle s’y était acharné si longtemps. « Je ne t’ai rien fait, tout à l’heure. Je t’ai juste incité… j’ai incité ton corps à se réveiller. À sortir du sommeil. Je t’ai parlé, mais tu ne répondais pas. Et je devais savoir ce que tu faisais ici, chez moi. Même si je me doutais déjà… » Il désigna le tas de poussière et de bris de verre et plastique, résidus du terrarium qu’elle avait mis en pièces. « Je ne t’ai pas agressé, en tout cas. Ni molesté. Je suis simplement venu chercher les bonnes… hormones, pour ça. Si tu souffres, je n’en suis pas la cause. » Elle ne pouvait que le croire sur parole, mais il voulait s’accrocher à l’idée qu’elle n’était pas dénuée d’intelligence ni d’instinct. Elle saurait. Il eut pitié d’elle, maintenant qu’elle avait lâché le fruit de la morsure forcée, n'ayant plus rien à négocier. Il se voulait cruel et sans merci. Au lieu de cela, une profonde commisération l’envahit, achevant de saper ses derniers résidus d’énergie. Il s’ingénia à reprendre, pourtant : « Ma propre magie n’a rien à voir avec ce que tu endures. Je ne pratique pas ce genre de malédictions. » Ou du moins pas tout seul, ricana sa mauvaise conscience. « Je n’ai jamais maudit personne. » Pas de cette manière. « Il faut une certaine puissance, une maîtrise conséquente et une haine à la hauteur, pour infliger cela à quelqu’un. J’en serais probablement capable, en ce qui concerne les deux premières… Mais pour la troisième… » Il déglutit, en proie au doute. Sa haine à lui ne se dirigeait pas vers une entité particulière, un individu restreint. En cela, il était au moins sûr de ne pas commettre d’autres erreurs. Il se tut finalement, et s’avança d’un pas vers elle, sans la toucher pour autant. Sa main gauche se tendit vers la plaque, et les feux. Vers le bouton dont il s’empara, pour mieux le tourner d’un coup sec. Le claquement produit par le mécanisme résonna, comme le doux tintement agitant les tuyaux du chauffage, de temps à autre. Le feu se ralluma, léchant le cul du chaudron. La sauge ne serait pas perdue.

« Assieds-toi. » Il désigna le bord de la table, ne l’obligeant pas à se rallonger si elle n’en ressentait pas l’envie. « J’arrive, d’accord ? » Il s’écarta d’un pas, puis se ravisa, le temps de rajouter, sans méchanceté : « Et surtout, tu ne touches à rien. » Il fila par le couloir, remontant la courte allée pour allumer les lumières de la boutique, démarrer l’ordinateur, et s’assurer d’un bref coup d’œil que le parquet était propre, et ne nécessitait pas lui non plus un coup de balai rapide. Il se rendit ensuite jusqu'à la porte, releva le rideau de fer, indiquant à la rue détrempée que la boutique était ouverte, et s’assura que la température restait idéale pour ses protégés. À la vue des reptiles qui l’entouraient, il songea à l’ironie mordante qui lui tombait dessus pour la seconde fois et, surtout, à la réaction de la jeune femme lorsqu’elle verrait quel commerce était le sien. Lorsqu’il revint à elle dans le laboratoire, l’eau recommençait à chauffer vigoureusement, et il espérait que la mixture n’avait guère pâti de cet interlude imprévu. De nouveau face à Astaad, il lui désigna la fiole, avant de la ranger dans la poche de son jean. « Okay. Je garde ça. Je te soigne en retour du mieux que je peux et on n’en parle plus. D’accord ? » Sans aller jusqu’à reprendre la monotonie précédente et surtout trompeuse, l’ire était partie. Son timbre, redevenu clément. Il chercha un athamé discret, à la pointe la plus fine possible, suffisamment modeste pour ne pas l’effrayer. Il la lui désigna, sobrement. « Je vais devoir te faire mal. Ce n’est pas volontaire, mais c’est le seul moyen pour être certain de te purger complètement. Je ferai de mon mieux. Alors… ne mords pas. » Dans tous les sens du terme, s’empêcha-t-il de rajouter. En attendant, il déposa le manche près d’eux. Bientôt, comme si rien ne s’était jamais produit, l’eau était pleinement à ébullition, et lui consolidait ses décoctions, d’une éprouvette à une autre, manipulant avec une précaution d’orfèvre les onguents qu’il maniait avec une grâce transmise par Sylia elle-même. « Quand est-ce arrivé ? Qui t’a fait ça… ? » Sans quitter le verre des yeux, les fluides de mauve, de verveine ni de sauge auxquels il incorporait d’autres graines réduites en poudre par le pilon et le mortier de bois, il articulait sciemment, comme s’il redoutait de recevoir un jet d’acide au visage. « Qui voulait t’empêcher d’être libre ? » L’interrogation était sincère. Cependant, et sans même la connaître, il imaginait déjà l’argument qu’elle s’empresserait de lui retourner. Une confidence pour une confidence. Un échange de bons procédés. Pourquoi le venin ? Déjà las de ce petit jeu auquel il aurait préféré ne pas prêter son temps, il la précéda d’un murmure résigné : « Mais certaines réponses se méritent, n’est-ce pas ? » Les tintements délicats des instruments et récipients l’aidaient à calmer ses nerfs, et il espérait qu’il en était de même la concernant. La magie ne pouvait s’épanouir dans un climat troublé. Lui-même excédé devait se concentrer pour focaliser toute son intention, sa volonté pure, s’il voulait concocter un remède digne de ce nom, et pas une décoction de ménagère new age se prenant pour une sorcière de science-fiction. Manipuler et préparer lui faisaient du bien. L’aidaient à se recentrer sur ce qu’il était et dont il n’avait pas honte. Tout naturellement, il s’enquit de défendre les siens, bien que ne justifiant pas toutes les dérives, tous les excès dont il les savait capable.

« Tu parles des gens comme moi, mais encore une fois : on ne se connaît pas. Pour un étranger, tu t’avances un peu. Ou bien tu juges sur mon seul physique ? Dans tous les cas, ce n’est pas très aimable. En ce qui me concerne je pensais avoir été clair : le fait que tu sois ici me dérange profondément. C’est mon laboratoire. Personne n’y entre s’il n’est pas invité. Qu’une cowan comme toi y ait atterri sans que je ne puisse le prévoir, ben… ouais, c’est perturbant. » De son index, il pointa par-dessus l’épaule droite de la change-forme, désignant le seuil menant au corridor. « Tu vois ces traces, par terre ? Ce sont mes runes. Elles protègent cet endroit. Personne ne pourrait y entrer. Personne. C’est un sanctuaire. Là où nous consignons tout ce qui nous appartient en propre, en tant qu’arcaniste. À rôles inversés, je ne suis pas sûr que tu aurais apprécié découvrir un homme nu dans ton lit après avoir cru ramener une bestiole chez toi, non ? Eh bien moi, c’est pareil. » La potion était prête. Il reprit l’athamé dont il plongea la lame dans l’eau bouillante, en désinfectant l’acier tandis qu’il continuait, haussant les épaules avec nonchalance : « Je me fiche bien de ce que tu es, en soi. Ta pseudo-nature, comme tu l’appelles, m’est indifférente. Je ne vous crains pas, et je ne vous cherche pas. Ma mère emploie… employait, une change-forme. C’est pour te dire. » Il attendit suffisamment avant d’en retirer le métal purifié, enduit du reste du philtre dont il avait déjà empli une autre fiole, prête à servir. « J’ai aussi connu une fille-serpent. Comme toi. Il y a plusieurs années, maintenant. » Il ne s’attarderait pas sur elle, parenthèse étrange qu’elle avait refermé aussi sûrement qu’ils l’avaient ouverte ensemble. « Ta réaction au réveil ne m’a juste pas donné envie de me montrer particulièrement sympathique, au passage. Et au vu du serpent qui vit en toi… j’ai raison de me méfier, tu ne penses pas ? »    

Il lui accorda un bref sourire, désenchanté, avant de se poster tout près d’elle, tirant un autre tabouret sous lui pour demeurer stable. Ainsi, elle le surplombait, et il dut relever les yeux vers elle pour lui expliquer : « Je vais devoir creuser un peu. Ça va faire mal. Tu as le droit de m’insulter sur cinq générations si ça te chante, mais essaye de bouger le moins possible. Ce ne sont pas des manipulations très agréables, mais plus je réussirai à nettoyer la plaie, plus tu auras de chances d’en guérir. Okay ? »

Il humecta ses lèvres, ramenant près de lui une compresse encore immaculée, suffisamment épaisse pour absorber le sang qu’il devrait faire couler. Il serra les dents lorsque la pointe se mit à triturer les chairs, jouant parfois du plat de la lame pour appuyer et ainsi faire remonter le liquide au rouge presque noir. Il incita le bras de la maudite à s'incliner pour que l'hémoglobine souillé s’écoule, tâchant la cuisse nue, le bord de la paillasse, les doigts du sorcier et jusqu’à son jean, sur lequel quelques gouttes de carmin se mirent à pleuvoir. Il continuerait vaille que vaille, extirperait cette magie sournoise de l’antre dans laquelle elle s’était tapie, prêt à l’entendre hurler, vociférer et geindre autant que nécessaire, pourvu que la tâche demeure inachevée.


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Louisiana Burning

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Mer 14 Oct - 4:59 (#)

fall into me
Fall into me
I'll show you the way
Out of this blue


La trêve se signe de cette fiole acceptée. Quelque part dans la grande cave de sa poitrine, un poids s’évapore, un soulagement dont elle ignore s’il est signe de victoire pour sa mission et la sécurité de Nejma ou l’impression d’être parvenu, d’elle-même, à retrouver le chemin d’un calme qu’elle peine si fort à apprivoiser. Il semble que Favashi l’ait voulu davantage furieuse, aussi venimeuse que le serpent qui la détruit à chaque pleine lune, qui se dévoile lorsque l’astre se fait nouveau. Elle perd pied mais ne cesse de persister à vouloir s’enraciner à ce présent si précieux, à ce qui est et sera toujours. Elle ne veut pas fuir l’instant quand elle est déjà bien obligée de fuir trop de choses, elle-même faisant parti du lot qu’elle craint tant. Se fuir dans l’ivresse, se fuir dans la luxure, se fuir dans les émotions disgracieuses qui font d’elle un monstre humain parcourant le même monde que des mortels lambdas dont elle envie, parfois, la banalité de l’existence. Il n’y a qu’à s’occuper de remplir le frigo, de signer quelques papiers, de s’assurer de vivre convenablement, de se lever chaque matin ou chaque nuit pour exercer un métier qui ne sera pas trop rude et ne finira pas par nous user, mourir avec le moins de regrets possibles mais avoir le temps de s’appesantir sur des futilités. Elle ne l’a jamais pu. Elle ne le pourra jamais d’ailleurs, avoir ce droit d’être femme parmi d’autres et de s’espérer mère un jour. Depuis l’adolescence, elle se sait condamnée à ne pouvoir jamais enfanter. Son nom, son histoire, ses souvenirs qui sont des héritages mourront lorsqu’elle expirera son dernier souffle. Sayegh n’aura plus aucun sens et ne sera plus murmuré lorsqu’elle s’en ira. C’est elle, l’ectoplasme restant de cette fratrie qui ne mérite qu’à peine d’en porter le nom. Il n’y a jamais eu de liens. Sa mère, son père jusqu’à ses tantes et oncles n’ont jamais considérés son existence comme quelque chose de valable. Elle était et se devait d’être un sacrifice, rien de plus. Toute sa vie n’a été qu’une lente agonie la préparant à se voir égorgée pour la renaissance d’une déesse dont elle porte encore le sceau entre ses omoplates.

La main s’abaisse, vrillant le visage d’un regard plus paisible, l’oreille tendue vers ses paroles qu’elle ne peut détromper. L’Homme est bon, lui aussi, dans la cruauté gratuite, se venge par frustration, parce que sa fierté et son orgueil ont pu être blessés, par jalousie, par amour aussi. L’humain n’a rien à envier aux sorciers mais elle remercie ses dieux de ne pas offrir le don de maudire à tous les mortels qui passent. Ils ne créeraient que davantage de malheurs. Les prunelles s’abaissent par automatisme, méditant ces mots sages, justes qu’elle serait bien idiote de réfuter. Le déni n’a jamais été un luxe qu’elle peut s’offrir. Immobile, elle ne peut que l’écouter, que le percevoir au plus près et pourtant plus éloigné que jamais d’elle. A cette distance, il leur sera bien impossible de se frôler, de chercher les limites de l’autre et de violer leur cercle intime. Sa simple présence semble déjà en avoir trop fait de ce côté-là et pour ça, malgré tout le mépris qu’elle offre à l’arcaniste, Uther se fond davantage dans la liste des noms qu’elle méprise. Son faciès de rat perfide ne la quitte pas et ses menaces pernicieuses ne cessent de planer au-dessus d’elle, frôlant les mots du sorcier sans le vouloir. De l’esprit à la réalité matérielle, tout se bouscule mais bien heureusement, aucun souvenir trouble ne revient la tourmenter. Nue de tout désormais, la fiole abandonnée à ses mains, le venin donné pour elle ne sait quelle expérience mortelle, elle remonte ses doigts vers sa gorge, s’étonnant qu’un tel don puisse être possible, ses lèvres s’entrouvrant pour le questionner mais elle sait qu’elle s’est déjà hasardé trop loin, vile curieuse dont la langue s’imbibe si souvent d’interrogations parfois trop intimes quand elle-même se refusera à se dévoiler. Toutes les vérités qui construisent sa vie se méritent. Le reste ne sera que mensonge ou silence si elle le veut. Elle cille, fascinée malgré elle, malgré tout ce qui pourrait la pousser à grogner contre sa main qui a osé la toucher, par ce don qui doit donner lieu à autant d’horreurs que de merveilles. L’ourlet qui ne se fait plus mutin se repose, renfermant dans sa cave humide toutes les questions qu’elle espère pouvoir un jour lui poser, elle, qui ne sait manier que les cartes et tailler le bois pour prier les morts et les vivants, elle ne peut que demeurer intriguer pour un domaine qui l’effraie par sa noirceur, par la grandeur de sa puissance. Et que Favashi ait pu faire partie de ceux capables de maudire ainsi, rassemblant la triade parfaite pour jeter de tels sorts, ne l’étonne pas. Les yeux noirs, la peau mate, le visage et le corps tant appréciés par les orbes masculins et jalousés par le venin féminin lui revient alors, se souvenant des douces paroles, des belles conversations auprès de cette chaman qu’elle admirait tant pour tout son savoir, son intelligence, son ambition qu’elle ne pensait pas si vile et sans jamais la croire capable d’être l’amante de Youssef. L’amertume manque de revenir gâcher l’accalmie et le mouvement voyant les doigts calleux du travailleur rallumer le feu effleurant le chaudron l’empêche de se plonger trop profondément dans le passé.

Il l’accepte. Il l’accepte encore un temps dans son foyer et elle ne peut empêcher un regard plein d’étonnement innocent de se poser sur lui, haussant à peine les sourcils, croisant l’arctique et s’y laissant fondre un bref instant, sans voix. Il aurait pu la chasser, la jeter sous la pluie, sans défenses apparentes, laisser le loisir à ce ciel qui pleure toujours de laver sa plaie et l’onguent qui fait encore briller sa cuisse. L’odeur de la sauge, de l’eucalyptus et de toutes les saveurs maniées par les mains connaisseuses reprennent le dessus et elle manque d’esquisser un sourire plus tendre que tous les autres, abaissant la tête pour en cacher la timide esquisse, le parfum de cette plante venue de chez elle la rappelant au désert, à de longues épopées.

Sa main tenue par celle de l’homme blanc,
Ombre rassurante surplombant son corps transi d'effroi,
Toisant les deux prénoms qui s’entrelacent de cette encre noire,
Levant alors vers lui, tentation chaude et rassurante, son regard de fausse innocente.


D’un battement de paupières, elle s’extirpe d’une vision qui s’évapore. Elle l’oublie déjà, voyant son imagination fleurir de plus en plus, nourrit par l’engrais des odeurs, par la présence constante de la magie dans l’air, par lui qui dégage quelque chose de tellement plus sombre que tout le reste, lumineux dans son obscurité, un prince des catacombes régnant mais épuisé par son dur labeur. Car elle ne peut ignorer les signes de la fatigue, les lignes du temps passant sur des traits qui ne sont pourtant pas encore glorifiés par de quelconques rides profondément ancrées. Mais elle voit, elle sent tout l’épuisement d’un combat intérieur qui ferait presque écho au sien. S’ils s’étaient davantage connus, s’ils n’étaient pas autant séparés par des kilomètres et des siècles nourrissant rage et mépris, elle l’aurait bien invité à lâcher du leste, à délaisser un peu du poids qui doit peser sur ses épaules.

Mais n’oublie pas, Astaad.
N’oublie pas qu’il a tué, pour sa secte.
Pour la pourriture coupable de la mort de la vieille dame.


Perturbée, elle détourne les yeux, suit l’ordre donné sans un mot, se rasseyant sagement sur la paillasse. Reprenant sa posture de départ, elle hoche doucement la tête, une promesse silencieuse qu’elle peut bien lui accorder, se refusant à se revoir menacer d’être coincée dans le froid, prise pour cible de l’attention des autres qui ne l’aideraient certainement pas à rentrer chez elle saine et sauve. Underwood la quitte et si elle suit son départ de ses iris arrondies, elle le voit disparaître dans ce couloir qu’il lui a désigné plus tôt avant de se détourner. Un doux balancement de ses pieds attire son regard puis le chaudron qui bouillonne l’intrigue, la faisant encore se pencher tout au-dessus, prenant en pleine face la buée lui faisan froncer le nez et un éternuement manque de résonner, vite étouffée par sa paume, le bruit enfantin et souvent moqué par ses sœurs bâillonné à temps. Intriguée par des minutes qui semblent s’éterniser alors que le sorcier ne revient pas, elle se détourne à nouveau, se demandant bien si elle devrait profiter de sa brève absence pour rompre sa promesse, toucher ce qu’il ne faut pas, fouiller pour un indice quelconque. Mais elle se refuse à s’y risquer, mirant le couloir sombre avant de se détourner à nouveau dans un soupir discret, patiente sans vraiment l’être, n’ayant pas le choix, pressée de déguerpir, d’oublier que tout ça, sa simple présence, n’est qu’une vaste comédie. Elle n’est qu’un piège vivant qu’il vient d’accepter chez lui et qui reviendra autant qu’il le faudra jusqu’à ce qu’il lui cède. Les pas qui résonnent l’alerte de sa venue et elle se redresse, le corps s’étant légèrement avachi sur lui-même, la tête détournée vers lui, suivant le moindre de ses pas, animal sur le qui-vive, le fiel jamais très loin de ses yeux qui n’ont rien de sympathiques lorsqu’elle ne sourit pas. Il n’y brûle que la perdition, la blase, un peu de ce chagrin et de ce désespoir latents qui se refusent à la quitter. Voyant la fiole disparaître, elle en ressent un malaise puissant, inexplicable, refusant qu’il puisse user d’une partie de la Bête, un peu d’elle sans qu’elle se l’avoue, pour se l’insuffler d’une quelconque façon. Serrant un bref instant les dents, elle expire un « Ouais, d’accord. » fait pour signer ce contrat éphémère à la va-vite et se tirer le plus rapidement possible.

Le voir sortir la lame d’un couteau manque de la faire vriller, les muscles de ses cuisses se raidissant, le corps entier s’alarmant face à cette arme qui pourrait l’achever. L’argent pourfend la peau, la brûle, empoisonne le sang. Elle l’a appris à ses dépends, ne se doutant pas encore de tout ce qui rendrait sa vie infernale en plus de ses nuits. Il a peut-être menti. Il n’est pas digne de sa confiance après tout, pas digne de grand chose selon elle et elle ne peut espérer que ses mots soient sincères. Ses phalanges s’accrochent au bord de la paillasse, le corps entier prêt à se propulser vers lui ou même vers la porte de sortie, esquivant la moindre attaque. Ce sont ses mots qui la sortent de son brouillard, les paupières balbutiantes « Euh … Oui. Oui, j’te l’ai dit, j’ai connu pire. » Un marmonnement qui se hasarde dans ce silence tendu, le bruit mat de l’arme déposé entre eux attirant son attention. Il lui serait facile de s’en saisir, de le blesser, de tenter une attaque stupide. Ce simple geste signe la preuve d’une confiance qu’il a plus en lui qu’en elle ou d’une idiotie certaine. Trop d’idées morbides se bousculent dans sa tête qu’elle se décide à détourner, écoutant les questions tant redoutées mais qui ne l’étonnent pas. Elle esquisse un sourire, prête à le rabrouer gentiment, cachant dans ce simple dessin joyeux toute la douleur d’un passif qu’elle ne lui contera jamais. Elle est pourtant curieuse, d’humeur aux bavardages, ses jambes s’agitant toujours dans le vide, la pointe de ses pieds effleurant le sol « A ton avis ? Qui est-ce qui m’empêchait d’être libre ? Que te raconte mon corps et ce que je dégage ? Jouons le jeu des apparences plus honnêtement cette fois. » Serais-tu capable de viser juste, sorcier ?

Bien sûr, elle comprend toute l’importance d’un lieu intime, sacré, qu’elle ne voudrait voir pénétré pour rien au monde. Passer les frontières de certains lieux se mérite tout autant que certaines réponses à certaines questions. L’œil de vipère se dépose sur les traces désignées qu’elle n’avait pas remarqué, cillant face à cette autre preuve que la magie existe belle et bien, que de telles choses sont possibles, la fascination la poussant à nouveau à entrouvrir les lèvres pour souffler de sa voix pleine d’une volupté orientale « Qu’est-ce qu’elles veulent dire ces traces ? Ça a un sens ? Une définition ? » Un rire soufflé du nez, la moue malicieuse tandis que la tête oscille, revenant vers lui « Oh, tu sais, ramener une bête chez soi et trouver un homme nu au matin, j’ai souvent connu ça. C’est pas tout le temps désagréable. » Un trait d’humour qu’elle s’autorise malgré cette réserve qui ne quitte pas son corps ni même ce qui les entoure et les forge dans cette distance qu’il faut s’imposer. De sous ses cils, elle ne cesse pas de revenir à ses traits plein de rudesse, de sévérité, obscurs comme l’âme que doit abriter l’être entier, voyant dans les mouvements des lèvres les prémisses de fossettes qui doivent en charmer plus d’une, cherchant dans les mimiques inconscientes l’humain qu’il doit être. Elle échoue mais ne se décourage pas. « Change-forme ? C’est comme ça qu’on s’appelle ? » Portant enfin son œil sur la lame purifiée, elle occulte presque ses mots, peinant à quitter l’argent des yeux, craignant le baiser de cette langue vipérine qui ne lui fera aucun bien, elle le sait déjà. « Oui, Elle est dangereuse. Même moi je la crains parfois. Je sens toute sa colère, ses pulsions purement animales quand Elle s’impose à moi. Tout le monde devrait se méfier d’Elle et de son venin. Se méfier de moi. » Son regard revient se planter dans le sien, avertissement silencieux, la fiole abandonnée et bien au chaud dans sa poche contenant de quoi l’achever dix fois, elle-même étant un poison venu pour le mener à sa perte.

Cessant de s’agiter, elle le voit s’approcher, lame en main et un réflexe né de l’instinct manque de lui faire élever la sienne pour stopper tous ses mouvements. Un mouvement de recul la prend malgré elle, la commissure de ses lèvres agitée d’un tic nerveux. Ce n’est pas la douleur qu’elle fuit mais le mal qu’il pourrait lui faire. Ses paroles ne la rassurent qu’à peine et ce n’est qu’au bout d’un long échange de regard au travers de ses cheveux qui refusent de se tenir tranquille qu’elle finit par abdiquer d’un hochement de tête, tendant son bras comme une offrande. Cette fois, la lame la torturera car elle le veut bien. Inspirant, elle se prépare à l’impact de la souffrance et ça ne manque pas. La pointe de la lame plongeant dans la plaie faite par la sournoise magie. Haïssant davantage Uther et tous ses ancêtres, l’Église Wiccane qui n’a plus rien d’immaculée pour elle, elle siffle entre ses dents, retenant avec peine les plaintes de douleur, détournant le regard, s’appuyant de sa main libre contre le bois que ses doigts raclent. Dans ce silence où la pluie clapote toujours, la bête gémit, retenant tous les hurlements qui enflent dans sa gorge, le souffle court mais elle se fera brave, aucune douleur ne pouvant défier celle ressentit lorsque la Bête s’impose. Aucune. Les filets de sang s’écoulant des replis de la plaie dégoulinent le long de la peau, chatouillant, chauds et visqueux, l’argent brûlant les chairs tuméfiés. Et si des larmes manquent de remonter au bord de ses yeux-falaises pour chuter dans le vide, elle ne peut se résigner à pleurer la peine qu’il lui fait. Faisant fi de sa fierté, elle se tourne à nouveau vers lui dans un mouvement plein de tremblements, ses lèvres crachotant des soupirs secs, des plaintes brèves, hoquetant sans pour autant sangloter, mirant enfin l’arme qui l’aide et l’empoisonne tout à la fois. Les phalanges s’allongent, s’enroulent sur le bord de la paillasse pour avoir quelque chose à griffer. Les prunelles tailladées par la douleur, la tête pleine de vertiges, elle se laisse aller à observer le visage du sorcier aidant une maudite, à fixer l’homme qu’elle se devra de piéger, de faire souffrir à son tour. À quel point ? À quel point devra-t-elle lui faire mal ?

Comme pour ne pas faire face à la lourde tâche qui l’attend, à ce destin aussi visqueux et suppurant que ce qui s’écoule sur son bras et frappe de ses gouttes les vêtements de son sauveur, elle ferme les yeux, se laissant aller à murmurer des prières de sa langue natale, à implorer, comme souvent dans ses nuits infernales, les dieux de la sauveur du mal qui la ronge, de l’extirper de cette errance qui n’en finit pas, cercle vicieux dans lequel on l’a enfermé et où tout n’est plus que souffrance. Mâchoires serrées à s’en faire mal, elle n’ose rouvrir les yeux tout de suite, cessant alors ses murmures aussi vite qu’elle a commencé, peinant à soupirer une énième demande « Tu … Tu ne me diras jamais ton nom ? Ton prénom. Ou est-ce que je devrais … le mériter lui aussi ? » La respiration lourde, la vue trouble, elle soulève à peine ses paupières pour déposer ses iris maudites sur l’âme rougeoyante, l’affrontant sans plus chercher réellement le combat, les sillons purpurins habillant le bras, glissant jusqu’aux phalanges nues, une partie de sa vie s’écoulant aussi facilement que le temps file.

Le soleil est fait de plomb,
Les soldats (de plomb eux aussi) la méprisent,
Le sable s’infiltre, fouette, griffe,
La chaleur assomme,
Et au travers de cet Enfer,
Deux silhouettes s’affrontent,
La collision entre le vert méprisant et l’arctique affable,
Prince d’Occident rencontrant la prisonnière que rien ne libèrera.

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ADMIN ۰ Se faire péter la vitrine : bien plus qu'un métier, une passion. Featuring : Dramaking
Eoghan Underwood
Eoghan Underwood
ADMIN ۰ Se faire péter la vitrine : bien plus qu'un métier, une passion. Featuring : Dramaking
⛤ SMALLTOWN BOY ⛤

Fall into me ☽☾ Eoghan 1E5CfUE Fall into me ☽☾ Eoghan AoZyjkn Fall into me ☽☾ Eoghan BvRyGpi

"This is not the right way."

En un mot : Sorcier venimeux ondulé de la toiture. Gosse du bayou.
Qui es-tu ? :
"Let it spread like a disease."

⛤ Maître des arcanes, sorcier à l'essence écarlate. 37 ans de vice (et râles) et de chair corrompue. Manipulateur d'hormones, télépathe patenté.
⛤ Second, bras droit de Circé van derr Ven dans la secte de l'Irae. S'y démarque pour sa loyauté ciselée par les griffes de Morgan Leroy (missing). Mais les failles perlent.
⛤ Incube de Louisiane ; fils de ces terres marécageuses, du bayou poisseux et des routes cahoteuses. Né à Bâton-Rouge, n'a connu que Shreveport et les frontières de son État.
⛤ Né seul homme dans la famille des sorcières irlandaises Mulligan. Privé de père (tué) par la harpie noire : élevé par Sylia Mulligan, descendant du Rouge de sa grand-mère Julianna.
⛤ Cauchemar des femmes ; nourrit sa magie (Rougeoyante) des hormones sexuelles de ses partenaires, ainsi que des émotions primaires.
⛤ Traître à ses passions, criminel et meurtrier de Johanna Andros (missing). Pourfendeur d'amitiés, éternel débiteur, clébard soumis à ses attaches.
⛤ Ne vit que pour les Mardi-Gras de New Orleans ; caresse le rêve de s'y installer un jour dans son propre "shotgun", malgré le fantôme de Katrina.
⛤ Mystique, déchiré entre deux hommes : partagé entre le sorcier et l'humain, entre la sagesse et une ire destructrice. Le latin s'efface sans mal sous l'accent du Sud, coriace sous sa langue.
⛤ Commerçant du Downtown (Crawling life), antre de ses serpents vénérés, lézards et autres reptiles, dont il cède les corps, les soins et les cages de verre.
⛤ Pratique à l'arrière de sa boutique, dans un laboratoire farouchement défendu et protégé par les runes. Recèle secrets et savoirs, expérimentations douteuses et dangereuses.
⛤ Mauvais mentor. L'une de ses apprenties en a subi les conséquences. Guide de Morgane Wuntherson et d'Halina Meyer. Meilleur ami indigne de Vinzent Henkermann et cousin de Shannon Mulligan.
⛤ Pacte tissé avec Scox : Prince démon s'étant dissimulé derrière les brumes de Baal. Immortalité odieusement acquise, âme vouée à obéir et marcher aux côtés des Antiques.
38 ans d'âge réel ; 36 ans d'apparence.

⛤ ENAE VOLARE MEZZO ⛤

Fall into me ☽☾ Eoghan KOVXegv Fall into me ☽☾ Eoghan WZKlL7H Fall into me ☽☾ Eoghan J8B1rxa

"I put a spell on you."

Facultés : ⛤ La Rougeoyante s'infiltre dans les corps et y bouleverse les hormones ; flèche apollonide : distille poison, fléau, mort, mais aussi fièvre rouge saphique. Chaos total.
⛤ Télépathe raisonnable : ne s'infiltre de préférence que dans les esprits des humains misérables. Capable de communiquer en pensée avec quiconque lui ouvre les grilles de son esprit. Savant fou ; capable désormais de connecter sa psyché aux êtres muets, cobras et crotales comme cobayes, corbeaux et autres créatures rampantes.
⛤ Herboriste né, sa maîtrise des potions n'a d'égale que celle de son mentor maternel. Capable d'élaborer des philtres complexes ; créateur infatigable de breuvages en tous genres.
⛤ La Rougeoyante se défend et protège son hôte plus férocement qu'elle n'attaque : limitée par la nécessité d'un contact physique. Sorcier doué au corps-à-corps, secondé par son aisance au maniement d'athamés et autres lames rituelles.
⛤ Chercheur d'artefacts, quémandé des Longue-Vies : détisseur de leurs malédictions et autres mauvais sorts.
Thème : The Way ⛤ Zack Hemsey.
Fall into me ☽☾ Eoghan KL9jJO9
⛤ VENGEANCE ⛤

Fall into me ☽☾ Eoghan ZfHtADc Fall into me ☽☾ Eoghan Jq60QrG Fall into me ☽☾ Eoghan MaP8TbX

"Before I die alone."

Fall into me ☽☾ Eoghan GIeraGW
Pseudo : Nero
Célébrité : Ian Somerhalder.
Double compte : Sanford R. De Castro, Aliénor Bellovaque, Ian C. Calloway & Gautièr Montignac.
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Date d'inscription : 09/06/2017
Crédits : Lune noire (ava') ; Amiante (signa')
Sam 17 Oct - 20:16 (#)


Come crashing in into my little world
Que lui racontait le corps de l’hybride ?
C’était une question à double tranchant. Elle impliquait de laisser son regard voguer, se balader sur un corps aux lignes tentatrices, et que même son tempérament et ses instincts naturels abattus par les récents événements ne pouvaient mettre parfaitement de côté. Il avait vu. Les cicatrices. Non pas celle qu’il était en train de creuser davantage, mais bien les autres, discrètes ou bien plus conséquentes. Il releva les yeux, brièvement, et observa sans pudeur les pommes lourdes de ses seins, et plus particulièrement l’interstice dont la peau mate se voyait saillie d’une cicatrice blanchie, surprenante. Comme si elle avait été frappée par la foudre d’un éclair modeste, mais pas moins brutal. Il n’en concevait aucun dégoût, ne trouvait ni beau ni laid ce stigmate d’une vie passée. L’homme comme le sorcier avaient appris à aimer ces marques du temps, ces indices trop parlants. Ils faisaient partie des éléments naturels, marqueurs d’une existence pleine et riche : rides, cicatrices, tâches, blessures. Il n’y avait rien de passionnant, rien de fascinant dans un corps lisse, net, sans aspérité. Pour autant, même son imagination fournie n’aurait pu le renseigner quant à l’origine de cette escarre pâlie. Il s’en détourna un instant pour se concentrer sur ce foutu bras, qui n’en finissait pas de saigner du noir. Goutte à goutte, filet après myriade, il se voulait patient, ne hâtant en rien le processus, conscient qu’il ne servirait alors à rien d’autre qu’à tout recommencer, sans cela. Il faisait abstraction des sifflements cette fois bien humains (quoique) de la jeune femme un peu plus haut. Il admira sans rien en dire le contrôle dont elle fit preuve. Il n’y eut aucun cri. Aucune longue plainte inconfortable. Simplement les bruissements, hoquets discrets et crispations naturelles de sa silhouette durement mise à l’épreuve. L’arctique croisa la jade des prunelles féminines, et il nota bien sûr les tics de ses lèvres agitées, dont l’inférieure tremblait ainsi que celles des enfants tourmentés par le chagrin. Instantanément, l’image de cette figure boudeuse, propre au serpent mais de toute évidence également à son hôtesse humaine, toucha un pan de lui particulièrement enfoui. Celui qui pouvait presque tout pardonner. Lui, à qui on avait infligé tellement. S’il avait pu tolérer la pression causée par Morgan Leroy depuis près de vingt ans, alors la rancune demeurait à ses yeux quelque chose de vague, de trop vague. Surtout lorsqu’elle devait se diriger vers un individu en particulier. Condamner un groupe, un clan ? Rien de plus facile. Mais une âme seule, esseulée, prisonnière d’une enveloppe qu’elle n’avait de toute évidence pas choisi, relevait d’une autre paire de manches. Et même un Eoghan Underwood pouvait faire preuve de compassion, de pitié sincère et d’une relative tendresse, bourrue et maladroite, mais tout de même palpable. Femme-enfant. La plupart du temps, elles l’exaspéraient – le peu, du moins, qu’il avait pu connaître. Celle-ci n’y faisait pas exception.  Cependant, il devait bien s’avouer ne pas rester parfaitement insensible à ces émanations d’un spontané criant. Humain, oui. Décidément. Régulièrement, la compresse venait absorber le plus gros du rouge, quoiqu’à présent détrempée. Tant pis. L’hémoglobine souillait ses phalanges sans qu’il ne s’en émeuve le moins du monde. Il n’aurait pas réagi différemment que s’il s’était uniquement s’agi d’eau, coulant sur sa paume en des flots irréguliers. Au bout d’une éternité, il déposa la lame pour la seconde fois, près du sommet de sa cuisse, ayant pris le temps d’en capturer la courbe douce, matinée et que le temps n’avait pas encore eu l’occasion de flétrir.

« Je ne sais pas d’où tu viens exactement. Je ne sais pas ce qui t’empêchait d’être libre. Je vois juste… quelques indices qui ne m’aident pas vraiment à en savoir plus. » Du bout des doigts, il récupéra le contenant de verre qu’il déboucha, laissant le fumet de la potion fraîchement préparée se répandre dans l’air, en plus de celui qui émanait du chaudron à moitié plein. De son index, il pointa la fameuse barre blanche entre ses seins. « Ça, par exemple. Je serais vraiment curieux de comprendre d’où ça vient. Ça ressemble à… à la marque d’un rituel plutôt conséquent. Et je ne serais pas étonné d’apprendre que celui ou celle qui te l’a infligé est responsable de ta nouvelle… nature. » Il versa au creux de la plaie en charpie l’onguent soigneusement préparé, permettant au liquide translucide d’emplir le bras dont il referma les bords ouverts aussitôt avec force. Il fallait que le membre s’imbibe du mélange, se purifie autant que faire se peut, et ses pourquoi ses cinq phalanges comptaient bien rester agrippés là, aussi longtemps que nécessaire. « Tu viens d’Orient, mais ça reste vague, pour moi. Ton accent et ta couleur de peau, en plus de ton prénom… ça me suffit à penser que j’me trompe pas au moins sur la région du monde, même si c’est vaste. » Pour le reste en revanche, ce n’était pas très compliqué. « Autrement, tu as l’air d’avoir un putain de sale caractère, tu ne te prends pas pour de la merde, clairement, et tu es un peu trop curieuse pour ton propre bien. Jusque-là, j’ai bon ? » Il s’autorisa un bref sourire, un peu plus détendu que ceux offerts précédemment. Il maintenait encore son avant-bras serré sous sa poigne, vérifiant parfois l’avancée du processus lorsqu’il reprit, plus sérieusement. « Je te nomme change-forme parce que je ne connais pas d’autre façon d’appeler les créatures comme toi. C’est facile de désigner un sorcier, tout compte fait. De le nommer. Mais finalement, un sorcier n’est qu’une composante parmi toutes les autres sortes d’Éveillés, ou d’arcanistes. Je suppose qu’il en est de même, pour les tiens. Et je ne connais pas assez votre monde pour arriver à définir ce que tu es, à proprement parler. Donc je préfère employer le terme de change-forme. Au moins c’est… évocateur. C’est plus parlant, pour moi. »  

Il finit par relâcher son emprise sur elle, se penchant pour observer en détail les boursouflures et traumatismes des chairs autrefois infectées. Il se releva et récupéra rapidement de quoi bander le tout. Avec précautions, et après avoir rajouté une nouvelle dose de décoction, il entoura la peau mate du tissu solide, tressé des mains d’expertes en magie, et ne provenant pas des pharmacies modernes. Plus naturel, plus résistant, il savait que le bandage tiendrait autant qu'il le faudrait, et en drapa la jeune femme d’une quantité généreuse. « Tu pourras le garder pour te laver. Essaye juste de le rincer régulièrement, il séchera vite. Mais remets-le tout de suite après, jusqu’à ce que les chairs se soient bien refermées. » Il désigna le chaudron. « Je vais te préparer des doses. Chaque fois que tu l’enlèveras, tu pourras en remettre un peu entretemps. Ça t’aidera à assainir tout ça. Tu devrais réussir à cicatriser normalement. »

Il s’écarta, rinçant ses paumes et il se remit à penser à sa demande. Son nom. Tout en regardant sa peau s’éclaircir, lavée des traces et des résidus, son esprit s’abîma dans ces pensées troubles qui les saisissaient tous deux, inconsciemment. Quelque chose eut envie de répondre à sa place. Quelque chose. Quelqu’un.

« J'aimerais connaître ton nom. »
Une ondulation, une hésitation.
« Pas de nom. Ne suis personne... »
Personne.
« ...rien d’autre qu’un s… ? »
orcier.
« Ne suis rien d’autre. »

Le robinet coulait dans le vide, sous ses dextres trop imbibées, qu’il continuait de fixer comme si elles ne lui appartenaient pas vraiment.

« Eoghan. »

Il ferma les valves, lentement.  « C’est mon prénom. Eoghan. » Un profond soupir s’extirpa de lui, et l’homme se décala pour s’emparer d’une fiole plus grosse, la remplissant à ras-bord du philtre réparateur, qu’il espérait suffisant. Lorsqu’il la reboucha dans un chuintement aussi agréable que familier, il songea à la veille, au corps reptilien allongé sur cette même table, sur laquelle une impudente se tenait désormais assise. Il revoyait la longueur insensée de l’animal, ses anneaux aux écailles doucereuses, et la tête arrondie, grincheuse mais plaisante cependant, qui ressemblait tant aux joues, à la moue et au charisme d’Astaad. Il déposa son présent à ses côtés, sans traîner. Elle était dangereuse, oui. Il se méfierait d’elle, de son venin, quel que soit la forme, et c’est pourquoi il éprouva un certain soulagement en comprenant qu’ils étaient bientôt proches de se séparer. « Tiens. C’est pour toi. » Cette fois, il éteignit les feux pour de bon. Il se détourna, balayant la pièce du regard avant de se diriger vers la salle d’eau attenante. Derrière la porte, un crochet suspendant quelques fringues attira son attention, et il détacha un t-shirt des plus sobres : gris, sans accroc. « J’ai que ça, désolé. C’est pas lourd, mais ça devrait faire l’affaire, si tu prends un taxi… Un Uber, ou c’que tu veux. » Il avait hâte qu’elle s’en aille. Hâte de retrouver son monde pour lui seul, hâte de travailler toute une matinée au rythme de l’averse, de faire sa paperasse, de répondre aux commandes, d’écrire à ses partenaires et de nourrir les bestioles qui en avaient besoin. De distiller à peine un vague fond de musique de temps en temps, de passer un coup de téléphone, de tenter de reprendre le cours de sa vie d’avant. Il ne se faisait pas d’illusions, mais il avait besoin d’essayer. Besoin de compenser ces changements trop conséquents.

« Comme je t’ai dit. J’vais pas discuter arcanes avec toi. Sache juste la prochaine fois que si tu dois t’aventurer quelque part et que tu vois ce genre de tracés, c’est que l’endroit est probablement protégé et que tu devrais éviter de t’y frotter. T’as eu de la chance. Certains sorts peuvent tuer tout intrus y débarquant sans préavis. » Il lui tendit la main pour l’inviter à descendre de la paillasse, désignant son œuvre à peine achevée d’un coup d’œil éloquent. « T’as été courageuse, en tout cas. J’admire. C’est vrai, c’que t’as dit alors. Peut-être que t’as toujours eu l’habitude qu’on te charcute en fait, hein… ? »

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Louisiana Burning

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Lun 19 Oct - 0:06 (#)

fall into me
Fall into me
I'll show you the way
Out of this blue


Jusque-là, j’ai bon ?

« Peut-être. » A son sourire, elle ne peut répondre que d’une brève esquisse à son tour, charmeuse sans le vouloir, joueuse volontairement. Voilà tout ce qu’il aura pour réponses à cette question qui ne ferait que la dévoiler davantage à l’inconnu. Elle l’a dit, certaines réponses se méritent mais d’autres ne viendront sûrement jamais, gardant en elle un jardin d’épineux secrets dont il ne pourra jamais franchir la porte. La tâche qu’on lui a confiée n’implique en rien de se désarmer totalement face à lui. Il n’aura rien à emporter d’elle lorsque leurs chemins se sépareront définitivement. Il ignore que ce simple jour n’est pas un adieu, qu’elle reviendra, tel un fantôme s’accrochant aux lieux, pour le hanter, pour le pousser à l’immonde blasphème de s’offrir à une maudite. Le Rouge rencontrant l’Ocre, transportés par les vagues noires d’une vie insalubre et injuste, ils se sont déjà condamnés, le couperet prêt à tomber sur leurs nuques qui ne se courberont certainement jamais. S’il a tout l’air d’un jeune homme à l’âme vieillissante, l’épuisement marquant son passage dans les quelques mouvements, dans les tics tout près des lèvres mutines, dans les yeux qui semblent hantés par l’impensable, elle ne le voit pas se replier sur lui-même comme un faiblard pourrait le faire. Lassitude humaine, il ne semble pas se vouloir invisible aux yeux de l’Autre et pourtant, il se fait aussi discret qu’une ombre lorsqu’il s’éloigne, aussi imperméable au monde que possible, semblant vouloir être là sans réellement l’être à la fois. En quelques sortes, il lui rappelle celle qu’elle fut au sein même de l’Ordre, discrétion incarnée, fausse fidèle ployant les genoux face à un escroc se pensant roi, étendant ses sourires pour charmer, riant de ce qui la faisait vomir, souillant ses promesses de pureté en quittant le nid les nuits où les cerbères ne la lorgnaient pas de trop près, allant se donner aux chiens errants qui voulaient bien d’une prisonnière ne connaissant pas grand chose du monde. Des années de comédie jouée à la perfection, se souvenant bien trop de la mine effarée de Youssef lorsque Favashi elle-même l’a trahie. Roi aveugle, roi idiot, roi de rien d’autre qu’un palais en ruines fumant encore désormais.

Son regard le sonde, accueillant le reflet de son visage dans l’iris fielleuse, se demandant si lui, pourrait comprendre. Si lui qui est au sein même d’une secte noire pourrait comprendre l’Enfer vécu. L’espoir humain mais vain et né d’un temps trop long à ne pouvoir le confier à quiconque se meurt d’une seule œillade où les prunelles s’entremêlent et elle sait alors qu’il ne comprendra rien. La belle trogne lui fait oublier les crimes que ses mains soigneuses ont accomplis il y a peu de temps et dans sa fébrilité, elle observe le sang s’écouler aussi sûrement que les gorges tranchées ont dû pleurer grâce à sa lame. Est-ce celle-ci qui a aidé à tuer tous ces autres sorciers ? En est-ce une autre ? Quelle force y a-t-il mise ? A-t-il même sourit de les tuer ? Dans un sursaut silencieux et invisible, les lèvres s’entrouvrent comme pour le lui demander, espérant, sans comprendre, qu’un brin d’humanité se cache sous cette couche d’arcanes. Elle n’ose pas, referme sa bouche habitée par cette intrigue constante que le monde lui inspire et que les individus croisant sa route et attirant son attention attisent sans le vouloir. L’indignation la ronge, de savoir un part d’elle aussi curieuse le concernant, voyant là l’un des mystères les plus importants qu’elle ait pu croiser. Un mystère qu’elle aimerait autant quitter qu’il aimerait la voir fuir les lieux. La ligne de la mâchoire ne se desserre pas quand se déverse dans la plaie boursoufflée la préparation de sauge. Un sifflement qui menace presque de se muer en celui de l’animal ne manque pas d’échapper d’entre ses molaires serrées, refusant désormais de quitter des yeux ses doigts qui compriment sa peau, ses ongles mordant le bois pour s’empêcher de les planter aussi sûrement qu’un poignard dans la peau de son soigneur. Le corps tremble et elle pourrait en rougir de honte, haïssant de démontrer sans le vouloir un mouvement de faiblesse, d’humanité qui n’a rien à faire ici, s’offrant aux yeux de l’ennemi. Mais c’est bien plus fort qu’elle, sentant la potion s’imbiber de ses pores, de la plaie, traversant le bras comme un remède tiède s’étendrait sous la peau. Son bras blessé se rassure presque en s’échauffant davantage, bien plus que tout le reste de son corps transi de tremblements de douleur sans que ses yeux ne lâchent aucune larme ou que sa bouche ne recrache un sanglot malgré toute la souffrance que l’argent lui a fait. Il n’y a pas de vaillance dans ce mutisme imposé, simplement le refus d’offrir le souvenir de sa faiblesse à un inconnu.

Créature.
Les créatures comme toi.


Il n’y a aucun mépris mais sans le vouloir, il plante à nouveau le poignard dans une plaie immense que sa psyché porte depuis la première nuit. L’amertume se dessine à la pointe incisive de ses lèvres, détournant le regard vers le vide sans même le voir, la pluie ne se calmant pas davantage, accompagnant ses quelques paroles « Créature. Avant j’étais une fille puis une adolescente puis une jeune femme. Pourtant, je n’ai jamais été quelqu’un à proprement parlé. Je n’ai vécu que dans l’ombre d’un nom … Et maintenant, quand je me croyais enfin libre, je découvre que je vis encore dans l’ombre d’un autre nom. C’est triste, pas vrai ? » Pas de réponse attendue, elle redresse pourtant la tête pour le regarder au travers de ses cheveux semblant parfois noir, l’esquisse retombant aussi sûrement que la lueur du crépuscule finit par laisser place à la nuit. Brutalement, elle a simplement hâte de quitter les lieux, de le fuir et de ne pas le revoir avant longtemps.

Jamais. Jamais, si elle le pouvait.

Les bandes enrobent la peau d’un bras qui ne tardera sûrement pas à se soigner et elle détourne l’œil vers le chaudron encore fumant, l’odeur des plantes enrobant toujours l’atmosphère, se mêlant au parfum même de la pièce car chaque pièce a son odeur, elle le sait désormais. L’odeur du sable ne pourra toujours que lui rappeler sa chambre au temple de l’Ordre, celle de l’eucalyptus le parfum qui imbibait ses robes de cérémonies, ses cheveux, sa peau. Un parfum qu’elle aime comme elle le déteste. Elle se souviendra longtemps, à présent, de ce mélange de sauge, de masculinité émanant de lui, des plantes qui n’ont pas bouillies, de la terre fraîche, de la pluie mouillant le béton, de l’encens. Finalement, elle acquiesce, patiente se faisant sage pour ne pas revoir la contrariété froisser les traits de son pseudo-sauveur. Elle ignore, honnêtement, si elle usera de sa potion, se méfiant gratuitement de ce qu’il a pu y mettre, espérant que ce n’est pas un long moyen de la tuer. Élevant son bras pour découvrir le bandage étrange, elle ne dit rien, s’agitant, impatiente, prête à déguerpir, nue ou non. L’eau coule et tandis qu’elle s’occupe à rassembler ses mèches pour les tresser à la va-vite, ne pouvant rien faire d’autre pour les discipliner, elle se fige au beau milieu de la manœuvre lorsque vient son prénom. Ses yeux fixant ses cuisses s’égarent lentement jusqu’à lui, les membres en suspend, s’étonnant de l’entendre le lui avouer, de se sentir presque surprise alors même qu’elle connaissait déjà tout de son nom.

« Qui êtes-vous ? »
L’ombre s’arrêta, forcée, esclave,
La reine observa, méprisante.
« Et quel est ton nom ? »
Crépuscule, longues colonnes blanches abritant l’interdit d’une rencontre qui les condamna.
Enfin, l'esclave dit son nom.
Un nom qui signa leur perte.


Le temps suspendu, l’eau coule, la pluie frappe toujours le sol et le toit, le chauffage cliquète de temps en temps et puis tout cesse. L’eau se tait et elle cille, revenant à cet instant présent qu’il ne faudrait jamais quitter. La gorge serrée, une soudaine envie de pleurer la surprend, n’en comprenant ni la signification ni la nature. Elle ne sanglote jamais. Elle ne peut se permettre aucune larme. Dans un mouvement de la main d’une lenteur effarante, craignant d’y trouver la trace de larmes qu’elle n’a pas sentie tomber, elle palpe ses joues avant de laisser retomber la coupable quand il se détourne, refusant d’être prise sur le fait. Le brouillard mystique qui les entoure commence à la rendre malade et elle ne peut que se réjouir de le voir emplir un pot de la substance gluante, retenant presque son souffle pour ne pas craquer. Malgré tout l’empressement qui la hante, priant de partir au plus vite, comme on fuirait à nouveau une autre prison, elle se saisit lentement du présent offert, le posant près d’elle. « Merci. » un murmure presque timide, hantée par les voix qui s’imposent à elle, par les mirages qui traversent son esprit. Le feu s’éteint et signe là la fin qui approche. N’osant pas encore toucher terre, elle saisit le pot, le secoue à peine, mirant ce cadeau qu’il n’était pas obligé de lui faire. La froideur marque ses traits pour y cacher toute l’incompréhension qui se tord sous la caboche. Les cheveux à moitié tressés, elle le voit revenir, s’étonnant d’un bref haussement de sourcils du vêtement gris qu’il lui tend. Attrapant le t-shirt, elle s’empresse de s’en vêtir, son nez ayant le temps de flairer l’odeur de l’homme qui l’a porté quelques temps avant. Enfin, le coton recouvre les seins arrogants, les cicatrices, les épaule rondes, les hanches pleines et retombent juste assez bas pour recouvrir la croupe. Elle passera pour une folle échappée d’un asile mais qu’importe, Shreveport a l’habitude de la folie désormais. « Merci. » elle le répète comme un automatisme, s’étonnant de cette gentillesse, se donnant elle-même la nausée, espérant alors qu’Uther ne l’ait pas mené vers un innocent. En serait-il capable ? Transie d’un frisson qu’elle masque, elle observe trop longuement la main tendue, le serpent rêvant de cracher son venin sur lui, l’humaine de lui céder alors elle cède. Les phalanges glissent dans la paume, s’enroulent aussi sûrement que le Taïpan le ferait autour de lui et les pieds touchent enfin la terre. Pas de vertige, rien d’autre que cette chaleur irradiant de cette poigne informelle qu’elle finit par quitter presque sèchement, trouvant l’excuse de saisir à nouveau le pot donné qu’elle enrobe de ses mains tièdes pour le poser contre sa poitrine dissimulée, telle une enfant chérissant un maigre cadeau. Un instant de silence plane, oscillant entre les traces marquant le sol et lui. Elle comprend. Elle comprend mais ne dira rien de plus.

Une autre question survient et elle ignore s’il attend réellement une réponse, tombant dans le bleu clair des yeux de l’arcaniste, certaine que l’on pourrait s’y perdre, y laisser un bout de soi sans même s’en rendre compte. Il est dangereux. Il est étrange. Il est Mystère et elle ignore si c’est à elle d’en déceler toutes les réponses. Les muscles tendus, elle ne se remet pas de tous les gestes qu’il vient d’accomplir sur elle, sa peau gardant le souvenir de ses paumes massant sa cuisse, de ses doigts tenant de son bras, de la lame fouillant la plaie, des gestes-réflexes marquant l’habitude lorsqu’il a bandé la plaie. Un battement de paupières signe l’ouverture de ses lèvres pécheresses « Je pense … qu'on s’habitue à la douleur, c’est tout. A force de se heurter à elle, ouais, on apprend à serrer les dents et à s'dire que ça passera. Car tout passe. Même la douleur. Même le pire finit par passer, même si ça nous hante, ça passe. C'est pas du courage, c’est une question de survie. » Un mantra maintes fois répété qu’elle veut bien lui confier. Un instant, elle se laisse aller à lui sourire, comme si la femme oubliait qui elle avait face à elle, n’ayant pas trop à s’élever pour le regarder en face. « Merci … Eoghan pour m’avoir soigné et recueilli ici. J’ignore pourquoi tu as accepté de me garder mais … merci. » Les prunelles s’abaissent à peine pour mieux revenir vers lui, son prénom laissant un goût d’étrange sur sa langue. « J’oublierai ton nom, ton visage et ce lieu, comme je l’ai promis. Je doute que le Destin nous remette sur la même route de toute manière. Mais je n’oublierai pas ton geste. »

D’un pas, elle s’écarte, hésitante, comme s’il y avait plus à rajouter, comme si l’adieu était sincère et réel. Le doute l’assaille. Il faudrait tout lui dire. Lui confier qu’on veut se venger de lui. Mais elle ne peut plus désormais, elle ne peut rien dire sous peine de se voir quitter cette pièce les pieds devant. Les opales dessinent une ultime fois le visage du sorcier avant qu’elle ne détourne enfin la tête pour déguerpir, honteuse et en colère tout à la fois, piétinant le parquet de ses pieds nus, un « Salut. » soufflé dans sa fuite. Ouvrant la porte donnant sur l’arrière cour, elle hésite un bref instant avant que la plante d’un premier pied ne touche le sol humide, que le ciel ne déverse ses trombes d’eaux sur elle pour faire du t-shirt une seconde peau à un corps nu mais protégeant toujours aussi bien le présent donné par l’arcaniste. Et qu’importe que l’eau lui tombe dessus, l’odeur planant encore sur elle ne la quitte pas, comme si le t-shirt lui-même refusait de la voir quitter la présence du bel-âtre à l’âme noire.

Dans cette ville grise que le matin a touché depuis longtemps, on peut percevoir la silhouette drapée de pluie d’une femme traversant les trottoirs pleins d’insalubrités, piétinant les flaques sans vraiment le remarquer, le visage humide piqués des gouttes sombrant sur ses joues pleines, assombrissant la chevelure déjà lourde s’étendant en filaments noirs sur le visage tanné de soleil, âme éclopée qu’une des nombreuses artères étroites de Shreveport finit par avaler et par faire disparaître dans les vagues de l’aube.

« Je te libère … de moi. »
« Je suis désolé. Pour tout. »

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