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A Voice from within, you're not alone – The Humbling River • Inna

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ADMIN ۰ Se faire péter la vitrine : bien plus qu'un métier, une passion. Featuring : Dramaking
Eoghan Underwood
Eoghan Underwood
ADMIN ۰ Se faire péter la vitrine : bien plus qu'un métier, une passion. Featuring : Dramaking
⛤ SMALLTOWN BOY ⛤

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"This is not the right way."

En un mot : Sorcier venimeux ondulé de la toiture. Gosse du bayou.
Qui es-tu ? :
"Let it spread like a disease."

⛤ Maître des arcanes, sorcier à l'essence écarlate. 37 ans de vice (et râles) et de chair corrompue. Manipulateur d'hormones, télépathe patenté.
⛤ Second, bras droit de Circé van derr Ven dans la secte de l'Irae. S'y démarque pour sa loyauté ciselée par les griffes de Morgan Leroy (missing). Mais les failles perlent.
⛤ Incube de Louisiane ; fils de ces terres marécageuses, du bayou poisseux et des routes cahoteuses. Né à Bâton-Rouge, n'a connu que Shreveport et les frontières de son État.
⛤ Né seul homme dans la famille des sorcières irlandaises Mulligan. Privé de père (tué) par la harpie noire : élevé par Sylia Mulligan, descendant du Rouge de sa grand-mère Julianna.
⛤ Cauchemar des femmes ; nourrit sa magie (Rougeoyante) des hormones sexuelles de ses partenaires, ainsi que des émotions primaires.
⛤ Traître à ses passions, criminel et meurtrier de Johanna Andros (missing). Pourfendeur d'amitiés, éternel débiteur, clébard soumis à ses attaches.
⛤ Ne vit que pour les Mardi-Gras de New Orleans ; caresse le rêve de s'y installer un jour dans son propre "shotgun", malgré le fantôme de Katrina.
⛤ Mystique, déchiré entre deux hommes : partagé entre le sorcier et l'humain, entre la sagesse et une ire destructrice. Le latin s'efface sans mal sous l'accent du Sud, coriace sous sa langue.
⛤ Commerçant du Downtown (Crawling life), antre de ses serpents vénérés, lézards et autres reptiles, dont il cède les corps, les soins et les cages de verre.
⛤ Pratique à l'arrière de sa boutique, dans un laboratoire farouchement défendu et protégé par les runes. Recèle secrets et savoirs, expérimentations douteuses et dangereuses.
⛤ Mauvais mentor. L'une de ses apprenties en a subi les conséquences. Guide de Morgane Wuntherson et d'Halina Meyer. Meilleur ami indigne de Vinzent Henkermann et cousin de Shannon Mulligan.
⛤ Pacte tissé avec Scox : Prince démon s'étant dissimulé derrière les brumes de Baal. Immortalité odieusement acquise, âme vouée à obéir et marcher aux côtés des Antiques.
38 ans d'âge réel ; 36 ans d'apparence.

⛤ ENAE VOLARE MEZZO ⛤

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"I put a spell on you."

Facultés : ⛤ La Rougeoyante s'infiltre dans les corps et y bouleverse les hormones ; flèche apollonide : distille poison, fléau, mort, mais aussi fièvre rouge saphique. Chaos total.
⛤ Télépathe raisonnable : ne s'infiltre de préférence que dans les esprits des humains misérables. Capable de communiquer en pensée avec quiconque lui ouvre les grilles de son esprit. Savant fou ; capable désormais de connecter sa psyché aux êtres muets, cobras et crotales comme cobayes, corbeaux et autres créatures rampantes.
⛤ Herboriste né, sa maîtrise des potions n'a d'égale que celle de son mentor maternel. Capable d'élaborer des philtres complexes ; créateur infatigable de breuvages en tous genres.
⛤ La Rougeoyante se défend et protège son hôte plus férocement qu'elle n'attaque : limitée par la nécessité d'un contact physique. Sorcier doué au corps-à-corps, secondé par son aisance au maniement d'athamés et autres lames rituelles.
⛤ Chercheur d'artefacts, quémandé des Longue-Vies : détisseur de leurs malédictions et autres mauvais sorts.
Thème : The Way ⛤ Zack Hemsey.
A Voice from within, you're not alone – The Humbling River • Inna KL9jJO9
⛤ VENGEANCE ⛤

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"Before I die alone."

A Voice from within, you're not alone – The Humbling River • Inna GIeraGW
Pseudo : Nero
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Crédits : Lune noire (ava') ; Amiante (signa')
Ven 28 Avr - 10:04 (#)


Where Lost Boys go
Octobre 2021.

Les lagunes bordées d'eaux paisibles ne laissaient filtrer aucun doute.
Le sorcier se laissa engloutir par une chaude journée d’un automne tardif à venir. Il avait abandonné le cuir, conservant ses bras nus. Le soleil n’en était plus à son zénith, et cependant il disposait encore de longues heures passées sous ses rayons. L’estomac vide mais les jambes légères, il s’était consacré depuis l’aube à une retraite bénéfique ; pour lui comme pour Halina, qu’il avait laissée chez lui tôt ce matin.

Il s’était garé près de l’embarcadère tandis que le ciel arborait toujours de larges nappes grisâtres, que l’orangé du levant cherchait, peu à peu, à noyer. Le firmament rosissait, comme pour murmurer aux hommes de ne pas se fier aux apparences, à ces chapes d’humidité lourde qui pouvaient laisser à penser que l’hiver ne viendrait jamais. Bientôt, les aurores comme les crépuscules feraient à leur tour crépiter des couleurs fantastiques, violentes. Tour à tour, elles contrasteraient avec la plénitude des bayous de Louisiane, pour mieux s’accorder aux combats secrets que livrait la Nature toute-puissante, usant de mille armes, de mille stratagèmes afin de poursuivre l’accomplissement de ce cycle éternel. Infatigables, ces joutes invisibles, pour la plupart, aux yeux des hommes, contribuaient à l’achèvement des saisons de feu et d’eau vive. Les ouragans eux-mêmes se montreraient cois, peu à peu. La côte Est redevenue silencieuse n’enverrait plus d’émissaires annonciateurs de malheurs. Les pêcheurs, les gens de peu, les habitants des shotguns et autres baraques aux fondations précaires, n’auraient plus à se demander si leur toit tiendrait bon un jour de plus. D’autres fléaux s’abattraient alors. Des crues vicieuses, des incursions sauvages. Avec l’hiver, le repli viendrait. Les organismes fatigués se reposeraient en vue de la belle saison à venir. Les plus exténués passeraient, et leur âme irait rejoindre un panthéon, un enfer ou un havre, selon les croyances des défunts.

Eoghan Underwood ne croyait qu’en l’existence d’un seul paradis, sur terre. Un paradis qui n’avait rien de manichéen, rien de très aisé à manipuler. Ses chemins n’étaient guère pavés de nuages ; uniquement des mauvaises herbes qui s’échinaient à pousser sur les sentiers tracés par les hommes du cru, par les gamins inconscients dont les chevilles frôlaient les têtes des sauriens sans même le savoir. Lui n’en avait croisé aucun sur sa route, aujourd’hui. Les marais semblaient désertés de tout être humain entre les troncs sinueux, et même les moteurs des bateaux étaient restés muets. Il n’avait croisé personne dans la cahute qui abritait ses amis et autant de figures paternelles. En lieu et place de leur accent profond, de la fumée de cigarette et du grésillement de la radio, seul le plancher poussiéreux l’avait accueilli. Il avait fait déguerpir un opossum planqué dans un coin, avait laissé une note à l’attention de Flingerton comme ce dernier l’obligeait à le faire depuis presque deux ans – lorsqu’aucun témoin ne pouvait attester de son départ dans les bayous.

Il était parti sur les flots, profitant d’une solitude devenue rare, depuis plusieurs semaines. Cohabiter avec sa sœur de l’Irae comportait autant d’avantages que d’inconvénients, et si les premiers l’emportaient haut la main, il avait ressenti le besoin de s’isoler, de méditer, et de remplir ses fioles et ses bocaux de quelques derniers ingrédients, offerts par la végétation et la faune. Il ne s’était plus jamais aventuré dans le bayou Carouge. Chaque fois qu’on lui avait demandé ce qui avait bien pu le pousser à se laisser dériver jusque là-bas, le natif de ces terres boueuses en venait immanquablement à balbutier, se retrouvant bien en peine de fournir une réponse satisfaisante. La question, il se l’était posée mille fois. Des hypothèses en pagaille étaient venues à la rescousse de ses hésitations, de cette énigme qu’il parvenait de plus en plus régulièrement à repousser dans un coin de sa tête. Loin, très loin dans les filets d’un déni salvateur. Fidèle à son esprit pieu, confinant parfois à la superstition, il n’aurait jamais pu avouer qu’il ne croyait qu’à un coup du sort : une punition ou une épreuve des divinités tutélaires qui continuaient, malgré tout, à tisser le fil de son existence. Comme il avait pensé à l’incursion de Sobek dans cette intervention du destin, il avait même envisagé qu’Enki ait pu, de sa propre main, conduire la frêle embarcation en des eaux plus sinueuses, plus dangereuses. Il n’était bien évidemment pas question de partager cette pensée avec quelqu’un d’autre que Nephtys. Trop intimes, trop sensibles, ces théories païennes ne réécriraient pas l’histoire. Ainsi, il n’avait jamais revu ni le crocodile, ni la femme étrange qui semblait en être l’incarnation. Cela ne signifiait pas qu’il ne pensait plus à elle.

Pas aujourd’hui, cependant.

Eoghan s’enfonça sous une frondaison trahissant le faisceau de Shamash : sous les larges feuilles des Tupelo trees, la vie ne se rêvait que sous des couches opales, émeraudes, quand le vert d’un pastel envoûtant ne s’accordait pas avec le tapis particulièrement épais que composaient les lentilles d’eau. Ainsi agglomérées, même un alligator aurait peiné à s’en dépêtrer. Sous cette masse gluante, spongieuse et presque inquiétante, il ne repérait la texture d’aucune écaille. Les troncs, dont les racines poussaient à même les tréfonds aqueux, voyaient leur base léchée par autant de pellicules humides, avant de s’élever haut, si haut, au-dessus de sa tête aujourd’hui dépourvue de couvre-chef. S’il demeurait loin de Carouge et de sa mauvaise réputation, il avait consenti à s’éloigner suffisamment des hommes pour préserver ce sentiment de se tenir à des miles et des miles de toute civilisation possible. Il ne voulait entendre aucune rumeur, ne lire aucun signe de la présence de ses semblables. Il s’enfonçait, ses rangers écrasant la terre sèche ; un bandeau de terre pour l’heure solide, et dont la largeur n’excédait pas un mètre. À sa droite comme à sa gauche, l’onde calme se tenait coite. Ses pupilles puisaient loin, aussi loin que possible, cherchant à distinguer les minuscules stigmates de la présence des Grandes Dents. Inquiet, il ne l’était pas. Prudent, il ne pouvait en être autrement. Sa peur ne l’avait jamais quitté, et l’arcaniste devinait qu’elle ne l’abandonnerait jamais. Pour toujours, il conserverait cette phobie de disparaître contre sa volonté entre les souches, les tiges et les bulbes, tiré puis noyé par les créatures qui régnaient quasiment en maître, sur la chaîne alimentaire du South. Il ne voulait pas d’une couche de lentilles d’eau pour linceul.

Il ne sifflait pas.
Il ne marmonnait pas.
Il écoutait.

Il tendait l’oreille, et le chant du palus n’en résonna que plus fort, dans sa tête toute acquise à cette maison-vivante, cet écrin de jade qu’Evangeline avait choisi comme foyer. Il se promit de lui rendre visite, de s’enquérir de tout ce dont elle aurait besoin, et qu’il pourrait lui apporter depuis la ville. Il connaissait les difficultés de la mage blanche pour retrouver le béton nu et la technologie inhérente à leurs contemporains. L’imaginer boîter péniblement, souffrir au plus profond de sa chair en s’exposant potentiellement à de nouveaux agresseurs, lui était aussi douloureux que révoltant. Le temps passait. L’envie de prendre soin de ceux qu’il en choisissait dignes, le rattrapait. Yago n’était plus là, mais d’autres étaient venus. D’autres s’étaient installés pour combler le vide, tous les vides, que ses choix défectueux ou déchirants avaient fait naître, par la force des choses. Halina était la plus évidente. Mais il y avait aussi Odelia. Mei, d’une certaine façon. Et puis Dana. Il manqua de sourire, en songeant à toutes ces femmes qui gravitaient encore autour de sa silhouette pourtant si hostile, si rancunière et revancharde, à l’égard de ces Elles acariâtres qu’il avait maudit, autrefois, auprès de l’Infant oriental. Le temps passait. Et avec lui, l’envie de ne plus jamais quitter des yeux une voie dont il aurait tort de s’écarter.

C’est la dernière fois.

Une seule incartade, rien qu’une, et il ne pourra plus échapper à la tourbe qui l’attend. Il dérapera. L’équilibre qu’il cherchait à atteindre se profilait, se cachait derrière des détails anodins, pour mieux se révéler à lui tout entier. Comme aujourd’hui.

Le chemin sur lequel il déambulait se resserra, s’affinant sur quelques mètres. Il prit garde à ne pas confondre la duckweed avec la surface ; tant d’hommes, tant de bestioles s’y étaient laissés prendre. Il promena une fois de plus son regard sur l’étendue-miroir, rendue invisible par les milliers de pétales qui y flottaient. Les touristes prononçaient souvent le nom de « marais » pour la qualifier, en les imaginant couronnés de senteurs malodorantes et désagréables. Pourtant, il ne ressentait aucun écoeurement à emplir ses poumons de cet air sain et pesant. Ils ignoraient que la profusion des lentilles garantissait une pureté absolue à l’eau du South.
Il se pencha pour esquiver une toile d’araignée impressionnante, épargnant à l’artiste endormie sur la soie un réveil aussi brutal que cruel. Un ou deux petits lézards le dépassèrent, plongeant dans un bosquet d’herbes hautes à la vitesse de l’éclair. Il approchait. Il contourna un énorme cyprès débordant de mousse espagnole, au point que ses branches disparaissaient totalement sous leur toison. Devant lui, la terre reprenait un peu de ses droits. Tout en restant à l’abri du soleil, il ralentit son allure, et fit glisser la bandoulière de son sac avec douceur. Lorsqu’il le déposa à ses pieds, un ou deux bocaux de verre s’entrechoquèrent délicatement, sans provoquer de dégâts.

Il s’assit en tailleur et fit rouler ses épaules afin de dénouer sa nuque comme ses vertèbres encore pleines de la tension inhérente à son quotidien. Il ferma aussitôt les yeux, inspira profondément, puis, du bout des doigts, frôla les grains de cette terre qu’il nourrirait un jour à son tour. Il ne psalmodia pas. Il n’invoqua rien. Aucun esprit damné ne serait convoqué. Il en appelait à d’autres âmes et, usant de son don acquis comme de ses capacités récemment confortées, envoya une longue et lente pulsation autour de lui.

Viens.

Il attendit, sans savoir combien de minutes s’étaient écoulées depuis que les gouttes de sa volonté s’écoulaient sous la surface. Il laissait ses pensées ruisseler, ainsi que la pluie le faisait pour abreuver la terre en profondeur. Il savait que les nids se trouvaient là. Bientôt, ils s’endormiraient. C’était peut-être l’une de ses dernières chances pour leur dire au revoir, il ne reviendrait pas les déranger avant le retour du printemps. Pas de pince, ni de tige. Même la présence des fioles n’était qu’un prétexte pour les saluer. Fidèle aux exercices qui avaient porté leurs fruits, le sorcier renonça à toute pensée strictement bipède, simiesque, humaine. Il quitta le tourbillon de réflexes ancrés depuis des millénaires pour se contenter d’un espace plus lisse, plus rassurant, et dont les aspérités ne pourraient pas heurter ni blesser les écailles qu’il convoitait. Il se sentit faire frissonner, dans les mouvements circulaires de ses phalanges, quelques brins de tillandsia, sans qu’il ne cherche à perturber la trajectoire répétée, hypnotique, de ses ongles courts. Les vibrations engendrées, imperceptibles, s’accordaient avec une harmonie indéniable à la voix profonde de sa magie disciplinée.

Vous ne dormez pas.

Il les sentit avant de les voir. Pourtant, il sursauta quand l’arrondi d’un museau vint buter contre le dos de son index. Il résista à l’envie de rouvrir immédiatement ses paupières. Son souffle se ralentit encore. Son sourire le trahit. Quand il comprenait qu’aucune intention belliqueuse n’animait cette vipère du sud, d’autres anneaux consentaient à se hisser sur la cuisse du sorcier rouge. Il recouvra la vue. Les iris arctiques balayèrent trois ou quatre mocassins d’eau. D’autres pourraient les rejoindre. Il avait conquis de haute lutte leur acceptation, au prix de plusieurs morsures, d’une acclimatation à leur venin cuisant, de défis, de refus, de postures affolées, de ces gueules blanches outrées contrastant avec ces longs corps bruns. Cette victoire conserva un goût de miel sur sa langue. Plutôt que de les flatter avec la confiance que lui inspiraient ses propres pythons, il honora leur présence chtonienne par autant de messages intranscriptibles par le biais des langages des hommes. L’accès à cette sphère précise de son esprit était si déterminé, si original, qu’il n’aurait pu l’accorder à aucun autre. Aucun immortel, aucun Éveillé, n’aurait pu atteindre ce palier de connivence mentale qu’il veillait à ne pas utiliser sous le joug de caprices sauvages. Il n’eut ainsi pas le cœur à profiter de leur réponse généreuse. Il disposait d’assez de réserves de poison pour tenir encore plusieurs mois. Il reviendrait. Une autre fois.

Comme il l'avait pressenti, d’autres arrivèrent. Il s’étonna de comprendre qu’une poignée d’entre eux venaient du Nord. Il poussa plus loin ses investigations, formulant en des « phrases » pareilles à des segments d’affirmations claires, nettes, concises, une question rebondissant aussitôt contre la paroi du sanctuaire ophidien. La réponse n’était pas plus poussée, guère développée ; droit au but. Le Nord, c’était peut-être la Caroline du Sud, là où les températures avaient commencé à décliner plus rapidement qu’aux abords de Shreveport. Laissant les ventres et les langues sinuer entre ses jambes ou le long des creux de ses poignets, il les écouta longtemps « parler » du bayou, s’engluant d’une strate supplémentaire entre les bras verdâtres des marécages.

Communion.

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Louisiana Burning

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Cannot a Beast be tamed
Inna Archos
Inna Archos
Cannot a Beast be tamed
THE ANGRY RIVER

En un mot : The angry river rises
Qui es-tu ? :
- Métamorphe patiente et silencieuse à l'instar de son reflet intérieur, le crocodile marin. Mélancolique parfois, rêveuse souvent, elle exhale un parfum désuet de nature indomptée.
- Membre du petit clan de métamorphes, les Archos. Sœur de Kaidan et de Rhys Archos, avec lesquels elle cherche à être réunie.
- Le concept même de l’humanité lui échappe totalement, elle qui n’est attirée ni par les possessions matérielles, ni par l’argent, encore moins par les humains.
- Depuis toujours, son esprit est trop différent pour comprendre les motivations humaines. Ermite vivant au cœur du bayou, elle évite les villes et leurs relents nauséabonds.
- Le bayou Carouge est son refuge, un labyrinthe sauvage et traître qui rejette les humains. Des nombreux racontars locaux circulent à son encontre.

Facultés :
- Sa véritable nature n'est autre que l'énorme crocodile marin. Un reflet intérieur lui conférant une force explosive, une grande résistance physique et une tolérance élevée aux poisons.
- Acquise lors d'une Chasse Sacrée tardive, elle possède la forme de la tortue alligator. Une nouvelle forme dont elle apprend encore patiemment la maîtrise et le mode de vie.
- Grâce à leur lien fusionnel, le bayou lui prête sa force. La métamorphe parvient à se transformer même durant la journée, tant qu'elle demeure au sein du bayou.
- Véritable fantôme pour l'humanité, elle n'a jamais rien possédé, ni biens, ni identité. Pour les autorités humaines, la métamorphe n'a jamais existé.
- Un calme souverain cache en réalité une profonde aversion pour l'humanité, qu'elle accuse d'empoisonner les siens et de les mener à leur perte.

Thème : The Hat : The Angry River
The awful cost of all we lost
As we looked the other way
We've paid the price of this cruel device
'Til we've nothing left to pay
The river goes where the current flows
The light we must destroy
Events conspire to set afire
The methods we employ
These dead men walk on water
Cold blood runs through their veins
The angry river rises
As we step into the rain

Pseudo : Carm'
Célébrité : Mackenzie Davis
Double compte : Alexandra Zimmer & Elinor V. Lanuit
Messages : 27
Date d'inscription : 23/04/2023
Crédits : Lyrics: The Hat ; Images: Pixabay ; Avatar: Carm'
Lun 1 Mai - 22:37 (#)

A Voice from within, you're not alone – The Humbling River

L’eau immobile du canal reflétait le cercle éclatant du jour avec la perfection immaculée d’un miroir. Pareille à l’émeraude, sa surface lisse ne se troublait qu’à peine sous la caresse d’un vent d’automne parcimonieux, qui n’osait perturber qu’à de rares instants ce calme miroitant. De part et d’autre de cette artère battante du bayou, chaque rive se revêtait d’un habit de roseaux épais, de lentilles d’eau et de souches blanchies par la chaleur, dont les racines décharnées nourrissaient la faune aquatique. Cette même brise timide balayait parfois ces draperies végétales, créant des ombres mouvantes sur les nénuphars et les îlots de boue, qui fractionnaient les rayons du soleil, comme à travers les mailles serrées d’un tissu azuré. Entre ces arabesques naturelles, les myriades d’insectes savouraient encore la touffeur humide de cet entre-deux saisonnier, et traçaient des ellipses fugaces, bourdonnantes, dans l’air moite saturé des senteurs de feuilles mourantes et de bois trempé.

Récemment, un cyprès avait chuté. Ses branches effilées et nues, friables et blanches, crevaient à présent le bras du canal en formant un îlot voué à disparaître, et un asile temporaire pour le peuple aquatique. La cime engloutie s’était enfoncée profondément dans la vase, les roches noyées et le fatras de bois mort qui gisaient sous la surface, où le scintillement des poissons dessinait des motifs fluctuants sur son tronc raide et pourrissant. Quelques amphibiens s’attardaient encore dans les interstices de l’écorce morcelée, dans l’espoir  de repérer les restes comestibles d’un été passé ; le mot s’était vite diffusé parmi les habitants des profondeurs. Attirés par cette aubaine, de paresseux poissons-chats évoluaient dans les trous béants du bois mort, parmi les débris de ce monde extérieur situé au-delà du canal ; vrilles de plantes grimpantes et brindilles d’un vieux nid y reposaient, en un amoncellement filandreux que le courant éparpillait lentement.

Dans le silence aquatique, à moins d’un mètre de cet abri opportun, à demi enfouies dans le lit du canal, les pattes arrière palmées et écailleuses d’un reptile étaient ancrées dans l’argile. Juste au-dessus, flottaient ses pattes avant, palmées elles-aussi, dotées de griffes recourbées qui oscillaient mollement dans le faible courant. Chacun de ses membres démontrait toutefois des proportions inattendues. Les pattes postérieures étaient trop allongées, les palmures s’étendaient entre des tendons trop longs, jusqu’à modeler des articulations humaines ; la patte formait un pied de bipède, lequel était joint à une cheville qui troquait progressivement ses belles écailles contre une épiderme rose. Quant aux pattes avant, leur anatomie était semblable. Les griffes recourbées surmontaient des doigts palmés, dont les métacarpes déliés trahissaient une structure humaine malgré leurs habits d’écailles aux motifs géométriques.

La femme à qui appartenait ses membres hybrides reposait accroupie, immergée, dans le giron du bayou, et ses pieds de crocodile la maintenait solidement arrimée sur le fond spongieux. Inna patientait. Elle s’était laissée couler jusque dans les profondeurs troubles où, instinctivement, les extrémités de ses membres s’étaient alors adaptées à son environnement aquatique. Elle attendait depuis trente minutes. Sa chevelure blonde flottait librement dans le faible courant, à la manière d’une couronne d’algues dénouées, dans laquelle les rayons de lumière mordorée dessinaient des écharpes chatoyantes. Quelques minuscules bulles d’air s’échappaient parfois de ses narines, comme le mécanisme de la métamorphose s’était naturellement étendu à ses poumons. Tous ses muscles étaient à l’arrêt ; elle demeurait aussi immobile qu’une bûche à la dérive, les jambes fléchies, indolente et paisible, parfaitement adaptée à la quiétude des eaux.

Quelques rares bulles s’échappaient de ses lèvres closes. Ces globes d’air remontaient alors, en attrapant les éclats iridescents du jour qui se mêlaient en même temps avec le blé de ses cheveux et l’ambre brillant de ses yeux de reptile. Ces mêmes prunelles, que voilaient une troisième paupière blanchâtre, étaient grandes ouvertes, et leurs iris fendus scrutaient les mouvements des poissons avec une détermination patiente. Elle voyait le monde en nuances de bleus, de verts et de marrons. Tout était harmonieux et beau. Elle ne gênait en rien la faune immergée, quand de minuscules poissons et têtards venaient parfois picorer les fibres de ses vieilles nippes déchirées, sans que la métamorphe concentrée n’esquisse un geste. Ses mains étaient à l’affût, ouvertes comme un piège animal, dans l’attente d’un repas satisfaisant pour conclure sa journée.

Inna avait simplement faim. À l’inverse des touristes qui troublaient parfois la sérénité des eaux avec leurs embarcations bruyantes, elle ne pêchait que par nécessité, non par plaisir. À cet instant, aucune pensée ne traversait son esprit entièrement concentré à sa tâche ; elle n’était qu’instinct fait chair, un ensemble parfait de muscles, de nerfs, et d’os tous tendus vers un seul objectif. Le reste du monde n’existait plus. Ainsi, ses yeux d’ambre liquide épiaient chaque frétillement, chaque particule dérivant dans l’étau léthargique de ses mains, et sélectionnaient la vie grouillante de la rivière à l’aune de son instinct de prédateur. Rien n’aurait pu prédire à quel moment ses muscles commanderaient à ses griffes de se refermer sur un imprudent.

Le crocodile avait toujours fonctionné ainsi. Des réflexes prédateurs aussi imprévisibles que fulgurants, tout comme ses réactions territoriales à l’encontre des intrus. Entre ses mains immergées louvoyaient lentement de minuscules alevins et des puces d’eau, dont aucun n’attirait toutefois son attention, et les débris d’écorce continuaient de s’amonceler dans sa chevelure, ou sur ses sourcils. Ce fut le balancement paresseux d’un lourd poisson-chat qui éveilla son attention. Elle n’esquissa toutefois aucun geste, mais ses iris discernèrent avec intérêt la progression de sa proie qui avançait par à-coups, en fouissant la vase et les graviers. De petits nuages de poussière s’élevaient à son passage, créant des volutes éphémères qui s’évaporaient rapidement dans le courant, et dessinaient des écharpes terreuses entre les pattes écailleuses de la métamorphe.

La proie ne remarqua rien. Les bras d’Inna étaient trop immobiles, trop bien assorties au lit du bayou, dont les algues filandreuses s’étaient accrochées sur le dos de ses mains, sur ses écailles et sur sa peau dénudée. Alors, quand le poisson pénétra dans le cercle formé par ses phalanges, il était déjà trop tard ; les réflexes du crocodile tendirent les nerfs et les tendons en une fraction de seconde, enfermant leur victime dans un étau mortel. Inna referma ses mains sur le corps glissant. La même force explosive que ses mâchoires serra son repas dans un étau d’acier et, en même temps, les jambes de la métamorphe la propulsèrent vers la surface presque instantanément. Une éruption de boue fut arrachée du fond, tandis que les pieds griffus s’arrachaient de l’amas de branches, de graviers, et d’autres sédiments, provoquant des remous et la panique parmi les habitants du marais.

La tête d’Inna creva la surface. Une explosion de scintillements multicolores salua son retour à l’air libre, alors que des myriades de gouttelettes retombaient en corolles étincelantes autour de l’eau, faisant crépiter le canal de milliers de motifs iridescents. Des remous ourlèrent aussitôt la surface auparavant calme, faisant osciller les joncs poussant sur les rives, et libérant quelques brindilles coincées dans les branches de l’arbre mort. Quelque part, au milieu des taillis inondés, un grand échassier s’envola en criant. Une volée d’oiseaux s’éparpilla depuis les épaisseurs d’une haie sauvage, composée d’arbrisseaux entrelacés, piaillant de concert face à l’apparition d’un prédateur. Puis, le calme retomba à nouveau. Les derniers clapotis moururent bien vite, et seuls les mouvements de nage d’Inna résonnaient encore dans le silence apaisé des lieux.

La femme crocodile gagna la rive. Elle tenait le poisson frétillant à deux mains, tout en se propulsant avec ses jambes sur les souches immergées, et les roches enrobées de boue. Ses cheveux indomptés cascadaient sur ses épaules nues et détrempées, quand ses frusques gorgées de limons et d’eau étaient collées à son corps dur, taillé par la vie sauvage. Bientôt, elle eut pied près de la rive, et si le niveau de l’eau diminuait, la couverture des lentilles d’eau s’était épaissie, au point que Inna dut faire un détour pour retrouver le mince sentier qui fendait ce drap de verdure par lequel elle avait rejoint le milieu du canal. Ses pieds reptiliens n’avaient aucun mal à s’accrocher sur les obstacles rocheux, que le bayou cachait dans ses veines verdâtres, et bientôt elle émergea d’entre les flots, ses mains métamorphosées tenant fermement sa proie toujours vivante.

D’une saccade décisive et efficace, ses bras imprimèrent une brusque rotation au corps du poisson-chat, lui brisant l’échine, avant que ses griffes ne s’enfoncent dans la chair pour détacher la tête. Elle n’éprouvait pas la moindre tristesse en procédant ainsi, encore moins du plaisir ; l’exercice n’était qu’un besoin alimentaire, vers lequel ses instincts la guidaient naturellement. Le crocodile avait faim, et le poisson était nourrissant, voilà tout. Comme sa proie était encore parcourue de soubresauts nerveux, la métamorphe escalada la rive molle, dont les bosquets de joncs formaient sa chevelure en friche, et la boue, son épiderme moite. Elle dut se frayer un chemin dans l’épaisseur des tiges, que sa discrète venue faisait bruisser quand ses vêtements et ses écailles se frottaient aux hautes herbes sèches, en égrainant une mélodie fébrile, cassante et frêle.

Des ruisselets d’eau saumâtre s’écoulaient de tout son être, en semant un parcours de gouttes étincelantes qui restaient accrochés sur le sommet des roseaux frémissant sur son passage. Peu à peu, ses pieds palmés se paraient à nouveau des couleurs humaines, au même titre que ses yeux se remplissaient de ce bleu pur, semblable à ceux des lacs immobiles. Ses mains abandonnèrent la sécurité des écailles dures, tout en tenant fermement son repas, dont elle retira quelques algues et brindilles, avant de le porter à sa bouche pour mordre dedans. Le poisson avait le goût de l’été. Il était gorgé des saveurs brûlantes d’une saison riche à l’extrême, et Inna put ressentir dans la chair encore frémissante les échos nourriciers de son bayou plein de vie.

L’astre diurne irradiait sa peau humide. Le débardeur qui l’habillait encore n’était qu’un souvenir vague, fait de déchirures et de tâches de boue, tout comme son pantalon hirsute avait été rongé jusqu’au niveau de ses mollets par la nature impitoyable des lieux. Un vent parfumé caressa son corps dégoulinant de vase et d’eau verdâtre, mais Inna, tout à son repas, ne ressentit aucun froid ; la brise était chaude comme le souffle d’un esprit sauvage. La chair crue qu’elle mastiquait, aurait été amère pour un palais humain, mais elle n’en avait cure ; elle n’avait jamais connu que cela, ne désirait rien de mieux, et n’aimait rien d’autre que le goût de la rivière. Tout autour d’elle, à mesure de ses pas, les berges traîtres et fangeuses du canal laissaient peu à peu la place à une terre plus ferme, où se dressaient des arbres plus massifs, où les cyprès chauves habillaient les méandres des canaux de leurs silhouettes rigides et barbues de mousses espagnoles.

Bientôt, la silhouette affairée d’Inna disparut entre les bosquets épineux, souvent alourdis des mousses et de plantes grimpantes, où survivaient encore les racines aériennes des derniers palétuviers. Elle s’enfonça à l’ombre des gommiers, dont les chapiteaux épais formaient des tonnelles ombragées, où les hautes herbes se hérissaient en rideaux aussi grands qu’elle. À cet endroit, la respiration du bayou était constituée des cris des amphibiens et des trilles des oiseaux, du clapotis lointain des rivages et des craquements irréguliers de l’écorce chauffée par le soleil. Inna ne produisait presque aucun bruit. La métamorphe avait adopté depuis bien longtemps le rythme du bayou, et ses pieds désormais nus n’émettaient qu’un son étouffé, comparable à une caresse moite sur un lit de boue. Seuls les froissements des taillis confirmaient sa présence, ainsi que le bruit régulier, parfois cassant lorsqu’elle brisait une arête avec ses dents pointues de crocodile.

Ce fut au détour d’une souche à demi enfouie sous les magnolias sauvages, que Inna s’arrêta, son attention attirée par l’ombre d’un énorme cyprès moussu. Un brusque frisson escalada son échine. Elle tenait son poisson à mi-chemin de sa bouche, son repas suspendu, et huma l’air empoissé d’une odeur qu’elle ne reconnut pas. Elle fit quelques pas de plus au milieu des étendues de terre ferme laissées en friche, puis escalada une souche abattue sur le flanc. Quelque chose irritait son oreille. Comme un bourdonnement irritant à la lisière de ses sens, que la femme crocodile ne parvenait pas à comprendre ; elle repoussa vivement la frange de cheveux trempés qui collaient à son front, et balaya du regard la zone ombragée sous le grand arbre. Alors, elle le vit. Une minuscule silhouette assise en tailleur, comme une vilaine tâche civilisée dans le tapis de verdure et de feuilles qui jonchaient le sol partout autour de lui.

Il sentait fort. Pour la métamorphe, l’odeur de l’homme ressortait toujours impitoyablement dans le tissu du bayou, telle une entaille ouverte, souvent malodorante. Que faisait-il ici ? Elle l’observa un moment sans se mouvoir, une forme imprimée dans le décor comme dans une estampe, et son attention se porta peu à peu sur le sol, où rampaient des serpents. Que fait-il ? Inna scruta avec curiosité les reptiles converger vers les membres de l’homme assis, escalader ses jambes et effleurer sa peau tendre, où leurs crocs pourraient se planter si aisément. Pour elle, cette scène contenait une obscénité. Comme si cet élément déplacé, humain, avait élaboré quelques stratagèmes tordus pour dérober à ces serpents leurs instincts, dans un but qu’elle-même ne parvenait pas à expliquer ; c’était une manière de tricher qui la froissa profondément.

Une moue maussade tordit brièvement ses lèvres. La change-forme venait rarement dans les parages. Des embarcations de pêcheurs flânaient parfois dans le canal tout proche, lequel se trouvait bien loin de son territoire du bayou Carouge, et elle n’appréciait pas ces présences humaines. Cependant, elle ne fit aucun effort pour s’enfuir. Le vent trahissait sa présence en emportant une forte odeur d’eau, de vase et de poisson. Haute silhouette brillante d’humidité, Inna s’accroupit derrière les hautes herbes, tenant les restes de son poisson-chat d’une main, en surveillant l’homme d’un regard pétri de curiosité et de suspicion.

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ADMIN ۰ Se faire péter la vitrine : bien plus qu'un métier, une passion. Featuring : Dramaking
Eoghan Underwood
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⛤ SMALLTOWN BOY ⛤

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"This is not the right way."

En un mot : Sorcier venimeux ondulé de la toiture. Gosse du bayou.
Qui es-tu ? :
"Let it spread like a disease."

⛤ Maître des arcanes, sorcier à l'essence écarlate. 37 ans de vice (et râles) et de chair corrompue. Manipulateur d'hormones, télépathe patenté.
⛤ Second, bras droit de Circé van derr Ven dans la secte de l'Irae. S'y démarque pour sa loyauté ciselée par les griffes de Morgan Leroy (missing). Mais les failles perlent.
⛤ Incube de Louisiane ; fils de ces terres marécageuses, du bayou poisseux et des routes cahoteuses. Né à Bâton-Rouge, n'a connu que Shreveport et les frontières de son État.
⛤ Né seul homme dans la famille des sorcières irlandaises Mulligan. Privé de père (tué) par la harpie noire : élevé par Sylia Mulligan, descendant du Rouge de sa grand-mère Julianna.
⛤ Cauchemar des femmes ; nourrit sa magie (Rougeoyante) des hormones sexuelles de ses partenaires, ainsi que des émotions primaires.
⛤ Traître à ses passions, criminel et meurtrier de Johanna Andros (missing). Pourfendeur d'amitiés, éternel débiteur, clébard soumis à ses attaches.
⛤ Ne vit que pour les Mardi-Gras de New Orleans ; caresse le rêve de s'y installer un jour dans son propre "shotgun", malgré le fantôme de Katrina.
⛤ Mystique, déchiré entre deux hommes : partagé entre le sorcier et l'humain, entre la sagesse et une ire destructrice. Le latin s'efface sans mal sous l'accent du Sud, coriace sous sa langue.
⛤ Commerçant du Downtown (Crawling life), antre de ses serpents vénérés, lézards et autres reptiles, dont il cède les corps, les soins et les cages de verre.
⛤ Pratique à l'arrière de sa boutique, dans un laboratoire farouchement défendu et protégé par les runes. Recèle secrets et savoirs, expérimentations douteuses et dangereuses.
⛤ Mauvais mentor. L'une de ses apprenties en a subi les conséquences. Guide de Morgane Wuntherson et d'Halina Meyer. Meilleur ami indigne de Vinzent Henkermann et cousin de Shannon Mulligan.
⛤ Pacte tissé avec Scox : Prince démon s'étant dissimulé derrière les brumes de Baal. Immortalité odieusement acquise, âme vouée à obéir et marcher aux côtés des Antiques.
38 ans d'âge réel ; 36 ans d'apparence.

⛤ ENAE VOLARE MEZZO ⛤

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"I put a spell on you."

Facultés : ⛤ La Rougeoyante s'infiltre dans les corps et y bouleverse les hormones ; flèche apollonide : distille poison, fléau, mort, mais aussi fièvre rouge saphique. Chaos total.
⛤ Télépathe raisonnable : ne s'infiltre de préférence que dans les esprits des humains misérables. Capable de communiquer en pensée avec quiconque lui ouvre les grilles de son esprit. Savant fou ; capable désormais de connecter sa psyché aux êtres muets, cobras et crotales comme cobayes, corbeaux et autres créatures rampantes.
⛤ Herboriste né, sa maîtrise des potions n'a d'égale que celle de son mentor maternel. Capable d'élaborer des philtres complexes ; créateur infatigable de breuvages en tous genres.
⛤ La Rougeoyante se défend et protège son hôte plus férocement qu'elle n'attaque : limitée par la nécessité d'un contact physique. Sorcier doué au corps-à-corps, secondé par son aisance au maniement d'athamés et autres lames rituelles.
⛤ Chercheur d'artefacts, quémandé des Longue-Vies : détisseur de leurs malédictions et autres mauvais sorts.
Thème : The Way ⛤ Zack Hemsey.
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⛤ VENGEANCE ⛤

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"Before I die alone."

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Sam 15 Juil - 9:16 (#)


Where Lost Boys go
Algues vivantes, lianes mobiles, glissent et ondulent sur lui.
Ses paupières closes se laissaient bercer par les chants de la terre, du ciel, de l’eau et jusqu’au plus loin des confins sous ses cuisses, en appelant au brasier couvé par le centre d’un globe trop loin pour ses sens. Il conservait un silence d’or, et ses lèvres articulaient sans parole, ventriloque dont les dires ne passaient que par ses synapses, communiquant avec ceux de ses étranges compères. Il ne leur fit pas l’offense de chercher à les saisir. Lorsque ses phalanges caressaient le toucher d’une peau lisse et fraîche, aucun piège ne se refermait sur les écailles. Il ne faisait qu’emprunter leur attention, que saluer leur majesté chtonienne, et même sa victoire sur le mur qui le séparait d’eux autrefois ne changeait pas cette donne. Sa méditation produisit peu à peu des effets salvateurs. Elle gonfla peu à peu les alvéoles de ses poumons d’un air bienfaiteur. Aux constrictions inutiles qui gênaient son souffle à la ville, cédait désormais un long et large conduit, charriant les parfums des marais. S’il crut bel et bien sentir en effet quelques effluves plus caractéristiques, au gré de la brise, il n’y prêta pas d’attention particulière. Distrait par son ouïe, et jusqu’à sa langue goûtant sur les papilles la saveur humide des marais au repos, il ne réalisait pas que quelqu’un, ou plutôt quelque chose, l’observait à distance. Cette vie faite d’échos, de symboles et d’ironie ne s’éloignait jamais vraiment d’Eoghan Underwood. Maintes fois, Jill Keyman lui avait prodigué le même conseil. Laisse-toi guider. Laisse-toi porter. Ne cède pas comme tant de cowans à l’affolement que suscite les lendemains douteux. Les dieux, les astres, ton essence, tes instincts : écoute-les. Ils disposent de toutes les réponses, même celles pour lesquelles les questions ne t’effleurent pas encore. À quoi bon te lamenter sur tes peurs et tes chagrins ? Les jours passeront tout de même, et n’attendent qu’un choix, qu’un mot de ta part pour se parer d’autres couleurs. Certaines te seront imposées, mais tant d’autres guettent cette seconde, cet élan intérieur, pour que tu t'en saisisses. Prodigue, prolixe, filles des voies divinatoires, étrangeté faite femme, née sorcière, restée farouche. Ses traits lourds et ses cheveux teints, ce nez qui, pour un peu, aurait pu terminer crochu. Son visage lui apparut avec une clarté incroyable, en filigrane, cachée derrière le terrain plat de ses diatribes avec les ophidiens contre lui.

La télépathie n’allait pas de soi. Il fallait une capacité de concentration, une volonté certaine, un mentor aussi patient qu’exigeant, pour maîtriser l’art de s’infiltrer souvent là où il ne fallait pas. Ce que nombre de profanes ignoraient toutefois, c’était la nécessité absolue pour le pratiquant de se connaître lui, avant de fouiller les autres. Eoghan Underwood se connaissait par cœur. Au prix d’une lucidité terrible, parfois regrettable, souvent punitive, Sylia Mulligan l’avait obligé à se regarder droit dans les yeux. L’adolescence impitoyable s’était répartie ainsi : entre des classes absurdes, un apprentissage permanent, des boulots pénibles. Taraudée par cet échec éternel qu’elle ne digérait pas, la Mulligan avait transmis tout son savoir, mobilisé la plus infime once de pédagogie, pour modeler son fils comme elle l’avait souhaité. Pour l’ériger au rang des siennes, pour que cette anomalie demeure néanmoins marquée de ses serres, telle une griffe d’artisan ; prétentieuse, mais indispensable. Quitte à ce qu’on le reconnaisse comme son descendant, il n’avait eu le droit à aucune erreur. C’étaient des soirées entières passées à comprendre le fonctionnement de son sanctuaire mental. Comment se le figurer. Comment l’explorer. Comment parvenir à garder un pied dans le réel, et l’autre dans cet imaginaire que personne d’autre que lui ne pourrait accrocher. Savoir ériger des murs, hauts, très hauts – méfie-toi des assauts silencieux. Savoir creuser des meurtrières, afin de ne jamais perdre de vue la potentielle attaque d’un ennemi extérieur… et bientôt intérieur. Savoir contrecarrer une intrusion. Savoir reprendre la main. Savoir retourner le poignet d’une pique vicieuse. Savoir bâtir des caveaux. Savoir répartir les milliards de pensées dans les bons tuyaux.

Cela avait été toute sa vie. Comprendre, acquérir le don extraordinaire qu’il subissait en des contrecoups pénibles, mais acceptables. Sylia serait-elle fière, en observant son rejeton aux prises avec les vipères ? Il l’ignorait. Il repoussa ce qui relevait d’un autre monde encore. D’un autre domaine. Sa mère, mystère éternel, conflit permanent, non-dits immortels. Il s’enfonça plus loin, dépassant ces préoccupations trop triviales. Il avait passé l’âge de s’interroger sur ce qui ne pouvait être défait. Jour après jour, il sculptait l’esplanade d’une vie meilleure, cependant grevée par des fondations corrompues. Les ailes de son nez frémirent, trahissant l’épreuve, la marche plus difficile à gravir que les autres. Il y parvint. Il dépassa cette peur, maintint le cap, tenant fermement dans sa poigne les fils invisibles d’une tension qui faisait vibrer sa chair, accélérant naturellement le débit cardiaque du Louisianais. Il se faufila loin, en lui, en eux, et comme autant de racines vivantes, cherchant leur nourriture de limon et de liquide, il commença à repousser de plus en plus les frontières de sa perception. Chaque mètre rendait cette détection moins affûtée, et pourtant il persista. Il s’entraîna, surveillant le sang battant contre sa tempe, veillant à ne pas puiser trop loin dans des réserves d’énergie qui n’étaient pas illimitées. Le bayou l’aidait. Depuis l’aube des temps, les arcanistes avaient toujours su profiter des réserves démentielles de puissance dormant au creux des troncs, au fond des lacs, auprès des flammes. L’exercice, immémorial, transmis de génération en génération avec acharnement et légué à tous les disciples, était une énième façon de rendre hommage non seulement à ses ancêtres, mais à la terre tout entière qui avait confié quelques gouttes de ce pouvoir dont il profitait, poursuivant un ouroboros fait de dons, de sacrifices, de récolte et de présents. Frange après frange, sans plus désormais solliciter les autres reptiles présents dans les environs, il explorait, se muait lui-même en courant d’énergie, comme pour espérer planer entre les tiges, se fondre entre les joncs, danser parmi la mousse. Il se voulait phantasme, tutélaire de rien d’autre que de sa propre curiosité, de son propre émerveillement. Après l’introspection profonde qu’il s’était accordé, l’éveillé reprit la direction inverse. Il ne redécouvrit sur son passage qu’un autel de paix dont il prit soin de ne pas déranger les parois. Il s’échappa, sa conscience pleine rejoignant ses sens, les signaux que son esprit envoyait à tous les éléments qui…

Ce qu’il toucha soudain agit comme une secousse, brutalisant l’avancée du promeneur solitaire.
L’homme rouvrit les yeux, et d’aucuns auraient pu trouver vitreux les orbes qui, pareils à ceux d’un aveugle, fixaient tout sans jamais rien voir. Il lui fallut quelques secondes, quelques battements de cils, pour reprendre pied plus sereinement au sein de son enveloppe charnelle. Lentement, il se détacha des cottonmouth, qui le gratifièrent d’ultimes contacts, froids, sans amour, mais sans vice. Lui, de son côté, reprenait son souffle, légèrement perturbé. Il avait touché quelque chose. Tel le pied d’un baigneur effleurant la vase et ce qui se tapit dans la tourbe gluante, il lui en resta une drôle de sensation ; pas très agréable. Son premier réflexe fut de balayer les horizons immédiats de ses prunelles enfin revenues à elles. Rien ni personne ne lui apparut de particulier. En tout cas, rien capable de susciter cette étrange réaction de sa part. C’était comme de sentir un filament de méduse piquer, par mégarde, mais la brûlure persistant. Lorsqu’il fut certain de pouvoir se remettre debout sans dommages, le sorcier se redressa, récupéra son sac et serra fort dans sa paume la lanière fatiguée, continuant de quêter un indice en se déplaçant d’un pas ou deux. Il aurait pu retourner défricher ce pan d’inconnu. Il se demanda s’il s’agissait d’une décision sage. Quand il analysait son ressenti, ce que le mince contact avait provoqué, il avait eu l’impression de côtoyer les contours d’un esprit totalement étranger, mais qui lui avait paru porter une touche de familiarité dont il ne comprenait pas l’origine.  

Intrigué, il avança, fendant sans difficulté les herbes pas trop hautes, tutoyant ses mollets jusqu’à l’articulation de ses genoux, pour tenter de faire émerger la créature, l’artefact, la vérité dissimulée dans le cocon de verdure.

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Louisiana Burning

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Cannot a Beast be tamed
Inna Archos
Inna Archos
Cannot a Beast be tamed
THE ANGRY RIVER

En un mot : The angry river rises
Qui es-tu ? :
- Métamorphe patiente et silencieuse à l'instar de son reflet intérieur, le crocodile marin. Mélancolique parfois, rêveuse souvent, elle exhale un parfum désuet de nature indomptée.
- Membre du petit clan de métamorphes, les Archos. Sœur de Kaidan et de Rhys Archos, avec lesquels elle cherche à être réunie.
- Le concept même de l’humanité lui échappe totalement, elle qui n’est attirée ni par les possessions matérielles, ni par l’argent, encore moins par les humains.
- Depuis toujours, son esprit est trop différent pour comprendre les motivations humaines. Ermite vivant au cœur du bayou, elle évite les villes et leurs relents nauséabonds.
- Le bayou Carouge est son refuge, un labyrinthe sauvage et traître qui rejette les humains. Des nombreux racontars locaux circulent à son encontre.

Facultés :
- Sa véritable nature n'est autre que l'énorme crocodile marin. Un reflet intérieur lui conférant une force explosive, une grande résistance physique et une tolérance élevée aux poisons.
- Acquise lors d'une Chasse Sacrée tardive, elle possède la forme de la tortue alligator. Une nouvelle forme dont elle apprend encore patiemment la maîtrise et le mode de vie.
- Grâce à leur lien fusionnel, le bayou lui prête sa force. La métamorphe parvient à se transformer même durant la journée, tant qu'elle demeure au sein du bayou.
- Véritable fantôme pour l'humanité, elle n'a jamais rien possédé, ni biens, ni identité. Pour les autorités humaines, la métamorphe n'a jamais existé.
- Un calme souverain cache en réalité une profonde aversion pour l'humanité, qu'elle accuse d'empoisonner les siens et de les mener à leur perte.

Thème : The Hat : The Angry River
The awful cost of all we lost
As we looked the other way
We've paid the price of this cruel device
'Til we've nothing left to pay
The river goes where the current flows
The light we must destroy
Events conspire to set afire
The methods we employ
These dead men walk on water
Cold blood runs through their veins
The angry river rises
As we step into the rain

Pseudo : Carm'
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Double compte : Alexandra Zimmer & Elinor V. Lanuit
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Crédits : Lyrics: The Hat ; Images: Pixabay ; Avatar: Carm'
Dim 23 Juil - 23:17 (#)

A Voice from within, you're not alone – The Humbling River

Lovée dans l’étreinte des hautes herbes.
Inna était un pigment dans une toile impressionniste.

Un bosquet de blé. Trois traits d’étoffes. Des touches brillantes.
Une palette harmonisée avec l’ondulation du vent et des feuilles.

Des ruisselets d’eau dessinaient le contour de ses traits. Cette eau trouble, au centre de laquelle se mêlaient des alluvions minuscules, brillait sur sa peau parcouru de frissons, s’accrochait à ses sourcils clairs, et coulait jusqu’à sa bouche, maculée d’humidité et de morceaux de chair poisseuse. D’autres ruisseaux multicolores et scintillants au soleil chutaient par intermittence au sol, et s’accrochaient aux tiges des herbes hautes, en soulignant leurs fines silhouettes de traits translucides. Venant de l’aval des canaux, un vent malicieux faisait osciller lentement les fourrées où se dissimulait Inna, et la chaleur douceâtre séchait peu à peu la chevelure ébouriffée de la métamorphe. Celle-ci s’était accroupie, ses sandales vétustes s’enfonçant dans l’épaisseur d’humus et de mousse gorgée d’humidité, moelleuse comme un matelas naturel, et ses frusques voletaient de-ci de-là, selon les caprices de la brise moite qui gonflait les pans de son débardeur élimé.

L’homme demeurait immobile. Inna, elle, ne l’avait pas quitté des yeux, sa curiosité trop accaparée par cette anomalie inexplicable qui se déroulait à quelques mètres de là : les lianes des serpents qui ondoyaient sur le corps de l’inconnu, ses jambes, parfois ses mains. Elle adopta finalement une position similaire à l’autre, les jambes en tailleur, ses mains portant le poisson-chat entamé à sa bouche, selon un mouvement mécanique, inconscient, tant son attention était ailleurs ; comme si elle tâchait d’imiter les mimiques de l’homme pour en comprendre le sens. En vain, comme toujours. Pour elle, les mécanismes humains ne devenaient pas plus sensés parce qu’elle parvenait à les imiter : à ses yeux, ils n’étaient finalement qu’une répétition de gestes et de sons, dont la logique échappait toujours aux bêtes sauvages comme elle.

Alors, que faisait-il ?

L’homme aurait pu dormir. Son torse se soulevait au rythme lent, quasiment calqué sur le frémissement du vent, et l’arbre majestueux dans son dos le couvait d’une ombre que chacun aurait pu croire bienveillante. Il fermait les yeux. Les reptiles se rassemblaient en rampant autour de lui, et sa silhouette noire déchirait la texture des fourrés verts, jaunes et cuivrés, à la manière d’une idole plantée dans un champ laissé en friche. Une brise plus appuyée se leva. Elle fit danser les courbes des herbes jaunies, et bouleversa le panorama de la même façon qu’un pinceau invisible. Bientôt, les couleurs se brouillèrent et les parfums s’alourdirent. Au lieu d’une maille tissée d’émeraudes et d’ocres, la lumière du bayou s’intensifia de telle manière, qu’autour de l’homme, l’espace parut se distendre, comme froissé par un voile qui n’avait rien de naturel.

Un frisson remonta l’échine d’Inna. Elle suspendit son déjeuner, comme ses instincts se hérissaient face à quelque chose qu’elle ne discernait pas, et autour d’elle, une mauvaise odeur parut ramper dans l’ombre des fourrés. Durant une fraction de seconde, une terrible appréhension l’étreignit. Elle fit volte-face, dans un sursaut instinctif qui la fit chercher en tout sens une sensation qui n’avait existé dans sa tête, que durant un trop bref instant. L’incompréhension l’embarrassa. Un temps affolée, elle jeta des coups d’œil de droite à gauche, dans la crainte que quelque chose de fondamentalement mauvais soit en train d’avancer dans son dos. Pourtant, Inna ne vit rien. Car ces derniers temps, ses instincts s’étaient enrichis de mille perceptions, à mesure que son esprit s’enracinait dans la terre, et toutes ces significations lui échappaient encore.

Pourtant, son cœur tambourinait. Désormais sur le qui-vive, Inna scuta durant encore quelques secondes le rideau des herbes hautes, sans concevoir une seule seconde que ces intuitions puissent être fausses. Après tout, elle ne fonctionnait que par instinct, sensations, et d’innombrables autres perceptions que même le savoir de May n’avait pu entièrement cerner. Persuadée d’avoir été frôlée, la métamorphe en oublia la présence humaine : ce fut le bruit des semelles écrasant les tiges des fourrés qui la lui rappelèrent. Prise au dépourvu par cette présence qui avançait vers elle avec la délicatesse d’un brontosaure, tout son corps fut parcouru d’une réaction défensive : Inna se dressa d’un bond, au beau milieu des herbes, en reculant de plusieurs pas. Son poisson à demi dévoré pendait à son bras, tandis qu’elle fixait l’homme d’un air méfiant.

Qu’est-ce qu’il fait maintenant ?

Durant un moment, Inna resta muette.
Le regard rivé à celui de l’inconnu. Immobile.

Tous ses muscles étaient tendus. Non par la culpabilité d’avoir été prise sur le fait, après tout, c’était elle qui vivait dans le bayou, mais parce qu’elle croyait fermement avoir assisté à quelque chose d’anormal. Et la vue de l’homme ne fit que redoubler sa méfiance. Autour de lui, s’attardait une rumeur, invisible et impalpable, que Inna aurait pu décrire comme un bruit de fond, une fréquence parasite que l’inconnu diffusait, et qui ne s’accordait pas avec les sons du bayou. Une dissonance indescriptible, qu’elle percevait à un niveau tout juste conscient, telle une impression diffuse qui électrisait sa chair et irritait ses réflexes sauvages. Les mots ne suffisaient pas à décrire cette intuition ; aussi recula-t-elle de quelques pas encore, les sourcils froncés, à la manière d’un animal acculé, dont la seule présence humaine lui paraissait présenter un danger.

Crispée ainsi, les traits tendus de concentration, Inna en oublia ses dents pointues de reptiles, qu’elle aurait dû dissimuler. Mais sa posture, subtilement ramassée sur elle-même, était toute entière consacrée à pallier à une éventuelle menace, plutôt qu’à cacher son identité. Cependant au milieu de la tempête d’instincts qui se heurtait dans son crâne, une once de curiosité subsistait, si bien qu’elle chercha vivement une issue à ce conflit à venir. Les mots, pensa-t-elle. Les syllabes étaient les armes favorites des hommes, qui les usaient en toute circonstance, et souvent pour n’importe quoi. Elle ouvrit la bouche, hésita. D’une voix enrouée, tant elle la sollicitait rarement, et teintée de suspicion, la métamorphe articula finalement quelques mots d’une précision sommaire, comme de coutume avec celle qui ne vivait qu’au rythme et à l’heure du bayou.

« Pourquoi tu fais ça ? »

Le comment l’intéressait peu. Les hommes avaient toujours eu leurs méthodes retorses de s’insinuer parmi le bayou, que ce soit par la froideur du métal, ou par la puanteur de l’essence ; Inna n’avait jamais compris ni l’un ni l’autre. Ainsi, à cet instant, sa seule préoccupation se résumait en une dichotomie : l’inconnu était-il venu pour nuire à ces lieux ? Venait-il souiller, d’une nouvelle et sournoise manière, la somptueuse toile que l’humanité nommait le bayou, et que Inna nommait son foyer ? Les mois passant, un fort sentiment de devoir s’était enraciné dans son essence et, aujourd’hui, elle prenait plus que jamais à cœur de défendre la quiétude de ces lieux. Le soleil avait beau l’écraser de sa lumière, elle était dressée face à lui, indomptable, et ses forces prenaient racines si profondément dans ces terres, que Inna refusait d’en être évincée.

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ADMIN ۰ Se faire péter la vitrine : bien plus qu'un métier, une passion. Featuring : Dramaking
Eoghan Underwood
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A Voice from within, you're not alone – The Humbling River • Inna 1E5CfUE A Voice from within, you're not alone – The Humbling River • Inna AoZyjkn A Voice from within, you're not alone – The Humbling River • Inna BvRyGpi

"This is not the right way."

En un mot : Sorcier venimeux ondulé de la toiture. Gosse du bayou.
Qui es-tu ? :
"Let it spread like a disease."

⛤ Maître des arcanes, sorcier à l'essence écarlate. 37 ans de vice (et râles) et de chair corrompue. Manipulateur d'hormones, télépathe patenté.
⛤ Second, bras droit de Circé van derr Ven dans la secte de l'Irae. S'y démarque pour sa loyauté ciselée par les griffes de Morgan Leroy (missing). Mais les failles perlent.
⛤ Incube de Louisiane ; fils de ces terres marécageuses, du bayou poisseux et des routes cahoteuses. Né à Bâton-Rouge, n'a connu que Shreveport et les frontières de son État.
⛤ Né seul homme dans la famille des sorcières irlandaises Mulligan. Privé de père (tué) par la harpie noire : élevé par Sylia Mulligan, descendant du Rouge de sa grand-mère Julianna.
⛤ Cauchemar des femmes ; nourrit sa magie (Rougeoyante) des hormones sexuelles de ses partenaires, ainsi que des émotions primaires.
⛤ Traître à ses passions, criminel et meurtrier de Johanna Andros (missing). Pourfendeur d'amitiés, éternel débiteur, clébard soumis à ses attaches.
⛤ Ne vit que pour les Mardi-Gras de New Orleans ; caresse le rêve de s'y installer un jour dans son propre "shotgun", malgré le fantôme de Katrina.
⛤ Mystique, déchiré entre deux hommes : partagé entre le sorcier et l'humain, entre la sagesse et une ire destructrice. Le latin s'efface sans mal sous l'accent du Sud, coriace sous sa langue.
⛤ Commerçant du Downtown (Crawling life), antre de ses serpents vénérés, lézards et autres reptiles, dont il cède les corps, les soins et les cages de verre.
⛤ Pratique à l'arrière de sa boutique, dans un laboratoire farouchement défendu et protégé par les runes. Recèle secrets et savoirs, expérimentations douteuses et dangereuses.
⛤ Mauvais mentor. L'une de ses apprenties en a subi les conséquences. Guide de Morgane Wuntherson et d'Halina Meyer. Meilleur ami indigne de Vinzent Henkermann et cousin de Shannon Mulligan.
⛤ Pacte tissé avec Scox : Prince démon s'étant dissimulé derrière les brumes de Baal. Immortalité odieusement acquise, âme vouée à obéir et marcher aux côtés des Antiques.
38 ans d'âge réel ; 36 ans d'apparence.

⛤ ENAE VOLARE MEZZO ⛤

A Voice from within, you're not alone – The Humbling River • Inna KOVXegv A Voice from within, you're not alone – The Humbling River • Inna WZKlL7H A Voice from within, you're not alone – The Humbling River • Inna J8B1rxa

"I put a spell on you."

Facultés : ⛤ La Rougeoyante s'infiltre dans les corps et y bouleverse les hormones ; flèche apollonide : distille poison, fléau, mort, mais aussi fièvre rouge saphique. Chaos total.
⛤ Télépathe raisonnable : ne s'infiltre de préférence que dans les esprits des humains misérables. Capable de communiquer en pensée avec quiconque lui ouvre les grilles de son esprit. Savant fou ; capable désormais de connecter sa psyché aux êtres muets, cobras et crotales comme cobayes, corbeaux et autres créatures rampantes.
⛤ Herboriste né, sa maîtrise des potions n'a d'égale que celle de son mentor maternel. Capable d'élaborer des philtres complexes ; créateur infatigable de breuvages en tous genres.
⛤ La Rougeoyante se défend et protège son hôte plus férocement qu'elle n'attaque : limitée par la nécessité d'un contact physique. Sorcier doué au corps-à-corps, secondé par son aisance au maniement d'athamés et autres lames rituelles.
⛤ Chercheur d'artefacts, quémandé des Longue-Vies : détisseur de leurs malédictions et autres mauvais sorts.
Thème : The Way ⛤ Zack Hemsey.
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⛤ VENGEANCE ⛤

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"Before I die alone."

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Pseudo : Nero
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Double compte : Sanford R. De Castro, Aliénor Bellovaque, Ian C. Calloway & Gautièr Montignac.
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Jeu 27 Juil - 1:51 (#)


Where Lost Boys go
Sans peur.
Sans appréhension autre que cette douce conviction que ce qui doit arriver arrive, et qu’aucun homme ne pouvait se prémunir sans faillir d’une mauvaise rencontre, dans les marais.

Porté par son élan, sans faire montre d’une lenteur excessive ni d’une hâte malvenue, le sorcier poursuivit son examen attentif des lieux. Il se questionna sur l’aspect familier du toucher immatériel survenu quelques minutes plus tôt. Maintenant qu’il avait repris ses esprits, il s’était plongé dans une analyse longue et méthodique, comparant ainsi la sensation avec d’autres, éprouvées par le passé. L’un après l’autre, les visages défilaient. Chaque conscience effleurée, qu’elle le soit volontairement ou non, possédait une identité propre, à la mesure des auras qui se dessinaient en halo autour de n’importe qui. Il espérait qu’en passant en revue ces souvenirs télépathiques, l’un d’eux provoque ce tilt, fasse émerger la reconnaissance, même diffuse, de ce qu’il venait de toucher en pleine nature. Il n’eut pas à patienter bien longtemps pour se rendre compte que sa recherche demeurerait vaine. Moins inquiet qu’agacé, il ne prit aucune précaution en avançant en direction de la source, ne s’attendant pas à trouver quoi que ce soit. Ni qui que ce soit. Après tout, si les ectoplasmes qui planaient dans les parages avaient laissé une trace conséquente, pourquoi n’aurait-il pu les discerner, par cette forme de communication muette ? L’explication trop bancale le laissait sceptique, mais tout de même…

La femme surgit des fourrés sans prévenir, et l’arcaniste effectua deux brusques pas en arrière, pris par surprise. Son cœur bondit aussitôt dans sa poitrine. Pendant quelques instants, leurs prunelles translucides entreprirent de croiser un fer silencieux. Sous les mèches d’ébène cependant, un sentiment d’urgence, un retour en arrière terrible s’effectuait dans le silence relatif du bayou respirant partout autour d’eux, sur eux, en eux. En un éclair, le goût saumâtre de la rivière lui revint dans la bouche. Le fracas du bois se brisant comme un vulgaire bout d’écorce explosa à ses oreilles. Le contact lourd et humide de ses vêtements détrempés sur lui. La course interminable et les piétinements lourds dans son dos. La désorientation, la nuit noire, le froid de l’aube, la chaleur du jour, le cheminement périlleux.

Le ventre énorme qui rampe sur la berge, les mâchoires frôlant sa cheville.

Une bouffée brûlante perturba le cycle de ses hormones, pour mieux redescendre en flèche par la suite. De subitement cramoisi, son teint se fit blême, aussi blême que les jointures de ses doigts contre la lanière du sac qu’il maintenait toujours. Il l’aurait reconnue entre mille. Il n’y avait qu’une femme comme elle qu’il aurait pu croiser aussi loin de toute civilisation apparente. Qu’une femme comme elle pour se tenir là, vêtue de ses haillons repoussants et déchirés, occupée à… Une moue dégoûtée déforma les traits de l’éveillé, en constatant l’état du poisson-chat à moitié dévoré. Cru. Les chairs blanchâtres et filasse saccagées par des dents n’étant guère plus humaines, l’odeur manifeste qui se dégageait de la carcasse poisseuse et la manière dont elle conservait contre elle cette peau gluante et sombre, lui donnaient la nausée. Elle aussi s’était reculée, et il ne chercha ni à accroître la distance qui les séparait, ni à la réduire. Leur face à face aurait tout aussi bien pu durer une minute qu’une heure qu’il ne s’en serait pas rendu compte. Il y avait quelque chose d’halluciné dans le regard clair de la créature. Car il ne pouvait la qualifier autrement. Il croyait lire en elle une sorte d’effroi qu’il n’avait pu repérer que chez quelques animaux particulièrement farouches et sauvages, doublé d’une sorte de sagesse immémoriale ; être vivant implanté sur une terre depuis trop longtemps pour ses contemporains. Dérangeante. Aussi dérangeante qu’à leur première rencontre, qu’il n’aurait jamais pu oublier. Il remarqua que ses cheveux avaient poussé, ce qui n’était guère étonnant. Presque deux ans s’étaient écoulés. Deux ans, qui s’évaporèrent en un claquement de doigt. S’il ne pouvait déjà plus se permettre de superposer l’homme qu’il était alors avec celui d’aujourd’hui, les fulgurants déjà-vus le firent vaciller en son for intérieur.

« Pourquoi tu fais ça ? »

C’était elle.
C’était elle qu’il avait touché. La nausée reprit. Comme s’il avait avancé la main vers une créature des bas-fonds, la frôlant sans le vouloir, et qu’à présent que son apparence s’était découverte, ne restait plus que la sensation atroce d’avoir touché une matière molle, flasque, écoeurante voire tentaculaire. Pourtant, rien de tel dans l’enveloppe qu’elle dissimulait. Il savait qu’il n’aurait trouvé que la dureté des écailles, la férocité des crocs, la dangerosité des griffes. Il s’efforça de déglutir, et de ravaler par la même l’hostilité qu’il éprouvait presque instinctivement, lui aussi, à son encontre. Il n’était pas venu pour affronter une saurienne comme elle. Il n’était pas venu pour raviver un vieux sentiment de prédation, née d’une territorialité qu’il ne pouvait conspuer. Mais le bayou Carouge était loin, et il estimait n’avoir aucun compte à lui rendre, dans cette partie spécifique des marais. Il se demanda comment lui répondre. Du peu qu’ils avaient déjà échangé, aucune formulation ne serait recevable, pour elle. Sa seule présence l’offusquait, il s’en doutait. L’odeur. Il décida cependant de ne pas se rendre verbeux ; il n’était pas du genre à l’être. Rien d’autre qu’une communication simple, la plus simple possible entre deux êtres aussi radicalement différents, ne pourrait être accepté. Alors, il poussa un profond soupir, et lui souffla, sans détourner les yeux.

« On n’est pas dans le bayou Carouge. Alors je viens. Comme je le fais très souvent. Je récolte. Je prends. Et parfois, je parle. À ma façon. » Son visage se détourna, comme pour désigner derrière son épaule les cottonmouths retournés à leur vie ordinaire. Il frissonna, avec un temps de retard. Il avait touché ce reptile de malheur. Il avait effleuré l’objet d’un de ses cauchemars les plus récurrents. Il pinça doucement ses lèvres, reposa ses mires sur sa haute silhouette, et professa alors avec une déférence qui la laisserait probablement de marbre : « Je suis désolé. Je ne savais pas que tu étais là. Je ne t’aurais jamais… Si j’avais su, tu ne m’aurais pas senti. Pas de cette manière en tout cas. » Il se laissa attirer une fois de plus par le silure en piteux état. Il ne put faire autrement qu’esquisser un rictus amer, trouvant finalement une pointe de comique involontaire à cette dichotomie entre l’humaine et la bête encore invisible. « Tu comptes te transformer et me courir encore après, ou t’as finalement décidé que je n’en valais pas la peine ? »

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Louisiana Burning

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Cannot a Beast be tamed
Inna Archos
Inna Archos
Cannot a Beast be tamed
THE ANGRY RIVER

En un mot : The angry river rises
Qui es-tu ? :
- Métamorphe patiente et silencieuse à l'instar de son reflet intérieur, le crocodile marin. Mélancolique parfois, rêveuse souvent, elle exhale un parfum désuet de nature indomptée.
- Membre du petit clan de métamorphes, les Archos. Sœur de Kaidan et de Rhys Archos, avec lesquels elle cherche à être réunie.
- Le concept même de l’humanité lui échappe totalement, elle qui n’est attirée ni par les possessions matérielles, ni par l’argent, encore moins par les humains.
- Depuis toujours, son esprit est trop différent pour comprendre les motivations humaines. Ermite vivant au cœur du bayou, elle évite les villes et leurs relents nauséabonds.
- Le bayou Carouge est son refuge, un labyrinthe sauvage et traître qui rejette les humains. Des nombreux racontars locaux circulent à son encontre.

Facultés :
- Sa véritable nature n'est autre que l'énorme crocodile marin. Un reflet intérieur lui conférant une force explosive, une grande résistance physique et une tolérance élevée aux poisons.
- Acquise lors d'une Chasse Sacrée tardive, elle possède la forme de la tortue alligator. Une nouvelle forme dont elle apprend encore patiemment la maîtrise et le mode de vie.
- Grâce à leur lien fusionnel, le bayou lui prête sa force. La métamorphe parvient à se transformer même durant la journée, tant qu'elle demeure au sein du bayou.
- Véritable fantôme pour l'humanité, elle n'a jamais rien possédé, ni biens, ni identité. Pour les autorités humaines, la métamorphe n'a jamais existé.
- Un calme souverain cache en réalité une profonde aversion pour l'humanité, qu'elle accuse d'empoisonner les siens et de les mener à leur perte.

Thème : The Hat : The Angry River
The awful cost of all we lost
As we looked the other way
We've paid the price of this cruel device
'Til we've nothing left to pay
The river goes where the current flows
The light we must destroy
Events conspire to set afire
The methods we employ
These dead men walk on water
Cold blood runs through their veins
The angry river rises
As we step into the rain

Pseudo : Carm'
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Mer 9 Aoû - 18:13 (#)

A Voice from within, you're not alone – The Humbling River

La scène détenait une symétrie. Sous la luminosité que morcelait la haute ramure du cyprès, les deux corps aux muscles noués d’émotions se faisaient face. Elle d’un côté, immobile aux bras ballants, misère rêveuse à la tenue mitée, avec sa bouche de crocs et ses doigts croûtés de boue tenant un silure à demi dévoré. Lui de l’autre, immobile aux muscles noués, colère étouffée derrière les coutures droites de ses vêtements, avec sa bouche marquée d’un pli écœuré et d’un constant soupir. Avec le soleil comme témoin de ce miroir brisé, le vent s’insinuait au sein de cette frêle trêve qui avait naturellement débuté entre eux, le temps d’apprécier l’être anormal que chacun avait en face de lui. Opposés jusqu’à la température du sang, à la couleur de leurs cheveux, la clairière dévoilait l’asymétrie de deux reflets qui ne se supportaient que momentanément.

La femme crocodile l’examinait. Des mèches noires, insolentes et trop brillantes qui jonchaient son front, aux textiles de matière artificielle, dont le fumet aseptisé irritait ses narines et l’empêchait de jauger la peau en dessous. Une épiderme tannée au soleil des bayous, où se discernaient, lui semblait-elle, les hachures et les sursauts de ses nerfs comme de ses muscles ; la crainte, comme tout prédateur, Inna la percevait dans la sueur chaude des proies. L’homme, toutefois, n’en était pas une. Le parfum écœurant de ses frusques mis à part, il émanait toujours de sa présence ce voile nébuleux, à la sinistre couleur de poison ; une intuition en réalité, rien de plus. Elle flairait s’accumuler sur l’ourlet de ses lèvres cette texture amère qui imbibait l’air, comme si l’être vivant planté en face d’elle répandait quelque noir pollen, à la manière d’une fleur du mal.

Quand ses jambes étaient plantées, droites et les muscles bandés, dans la terre chaude des bayous, Inna ne pouvait se tromper sur son compte. Elle sentait les hoquets dans le flux des veines telluriques, invisibles, qui circulaient dans les os de la terre, bien que la métamorphe fut impuissante à matérialiser ce concept. À ses yeux, tout cela faisait partie de cet ensemble flou, que les humains appelaient l’instinct, mais qui, pour Inna, était aussi concret que la dureté d’un roc, le vert d’une feuille, ou le bleu du ciel. L’homme créait des ridules à la surface des bayous, sans que la femme crocodile n’en saisisse, pour l’instant, le sens. Alors tout comme lui, elle se raidit, et ses iris s’arrondirent pour mieux capter les moindres frémissements de l’étranger.

Pour elle, les mots avaient moins de sens que les corps. Et si les pulsions des muscles et les roulements des nerfs exclamaient les sentiments qui les secouaient, les syllabes que les vibrations de l’air créaient depuis la bouche de l’homme, nécessitaient d’être déchiffrées. Venir, récolter, prendre, parler. Tous ces verbes simples, elle en saisissait l’objectif, mais le reste, cette ribambelle d’excuses déclamées, qu’évoquaient-elles ? Qu’avait-il cherché à accomplir ? Inna n’en fut que plus confuse, bien que cela ne troubla en rien son expression, ni sa posture ; les humains s’excusaient sans cesse, et n’en pensaient pas un mot. Elle fit alors quelques pas sur le côté, et se positionna le dos contre la rive, afin de se ménager une opportunité de fuite.

Après une bonne minute à l’observer dans un mutisme de plomb, elle se décida à lui répondre, plutôt qu’à clore la discussion par une énorme éclaboussure dans l’eau trouble. « Je ne comprends pas. »

Le ruban de sa voix était rêche. Peu usitée et cassante, comme l’échine nerveuse d’un animal sur le point de s’enfuir, ses intonations se ramassaient sur elles-mêmes, incertaines, sifflantes et montrant les crocs. Autour de la métamorphe, la clarté solaire formait un écheveau de poussières brillantes, qui s’accumulaient dans sa chevelure, sur sa peau et au sommet des herbes folles ondulant sur la brise. Un parfum de danger stupéfiait les bayous alentour, faisant taire l’habituelle cacophonie de chants, de froissements et de cris.

Elle épia ses mouvements ; sourcils froncés derrière un rideau bouclé de blés. « Tu parles aux serpents ? J’ai senti… toi ? Je ne comprends pas. »

Une réelle perplexité cassait la sérénité d’Inna. Elle le scrutait de la tête aux pieds, tel un animal territorial mesurant le danger de cette rencontre, et le subtil fléchissement de ses jambes trahissait l’éventualité d’une fuite à tout instant. Et cependant, les pliures de sa bouche quand la femme crocodile articulait, dévoilaient l’ombre d’une curiosité méfiante, en même temps que la pâleur dangereuse de ces crocs apparents.

« Pourquoi encore ? Pourquoi finalement ? » Sa perplexité ne fit que s’accroître, comme Inna répétait les mêmes mots que l’homme. « Je ne t’ai jamais vu. »

Un frisson d’inquiétude escalada son échine durant cet instant cruel, où sa mémoire lui fit défaut. Avait-elle encore oublié quelque chose d’important ? Des mois durant, l’arbre de sa mémoire avait refleuri de souvenirs et, une nuit après l’autre, elle ravivait des pans entiers de ce passé, dont les éclats brisés avaient trop longtemps flotté entre deux eaux. Là, debout au sein de ce bayou dont elle n’avait cure du nom réel, Inna humait l’odeur de l’homme que lui apportait le vent tiède, au milieu des relents de poisson éventré ; elle les confondait tous ces humains. Seuls les siens avaient gravé durablement dans sa mémoire les traces de leurs passages sous la forme d’innombrables indices olfactifs. L’inconnu, lui, n’offrait que la triste stérilité de sombres vêtements synthétiques, le cuir mort d’un sac, et les senteurs d’une chair lavée trop souvent ; seule l’habit de son authentique peur l’empêchait d’être aussi aride que la surface de la lune.

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ADMIN ۰ Se faire péter la vitrine : bien plus qu'un métier, une passion. Featuring : Dramaking
Eoghan Underwood
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⛤ Second, bras droit de Circé van derr Ven dans la secte de l'Irae. S'y démarque pour sa loyauté ciselée par les griffes de Morgan Leroy (missing). Mais les failles perlent.
⛤ Incube de Louisiane ; fils de ces terres marécageuses, du bayou poisseux et des routes cahoteuses. Né à Bâton-Rouge, n'a connu que Shreveport et les frontières de son État.
⛤ Né seul homme dans la famille des sorcières irlandaises Mulligan. Privé de père (tué) par la harpie noire : élevé par Sylia Mulligan, descendant du Rouge de sa grand-mère Julianna.
⛤ Cauchemar des femmes ; nourrit sa magie (Rougeoyante) des hormones sexuelles de ses partenaires, ainsi que des émotions primaires.
⛤ Traître à ses passions, criminel et meurtrier de Johanna Andros (missing). Pourfendeur d'amitiés, éternel débiteur, clébard soumis à ses attaches.
⛤ Ne vit que pour les Mardi-Gras de New Orleans ; caresse le rêve de s'y installer un jour dans son propre "shotgun", malgré le fantôme de Katrina.
⛤ Mystique, déchiré entre deux hommes : partagé entre le sorcier et l'humain, entre la sagesse et une ire destructrice. Le latin s'efface sans mal sous l'accent du Sud, coriace sous sa langue.
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Ven 17 Nov - 19:58 (#)


Where Lost Boys go
« Je ne comprends pas. »

La bouche du sorcier s’entrouvrit. Il ne savait pas bien à quoi il s’était attendu. Possiblement à une réaction de mépris, pour commencer. À une hostilité clairement affichée, et cependant soigneusement enveloppée dans un tissu de flegme que la créature n’aurait rien eu à envier à bon nombre d’humains friands de mondanités. Il y avait un paradoxe extraordinaire entre la sauvagerie dont elle avait fait preuve avec lui et ce calme stupéfiant, l’empêchant de déceler quoique ce soit des émotions réelles de la femme qui se tenait toujours face à lui, et qui s’était à peine décalée sous ses yeux. Il aurait pu piller son esprit, ou du moins essayer, mais la simple idée de revenir tutoyer son espace mental le répugnait ; tant pour la dimension non-éthique d’une telle intrusion que pour la peur de ne pas savoir quoi trouver dans les eaux-mortes sous son crâne. Il les redoutait aussi sûrement que les flots mortifères de certaines parties des marais : eau croupie fleurant la mauvaise santé, les carcasses en train de pourrir, toute la vermine attirée, grouillante, dans ces portions de territoire malodorant.

Elle ne comprenait pas. Par ce biais, elle soulignait tragiquement leur incapacité à communiquer même en les termes les plus simples, et ce même alors qu’il avait tenté, par ce premier pas maladroit, de ne pas compliquer cette interaction imprévue. Il y avait de quoi désespérer. Dans la violence comme dans la trêve établie, il semblait que rien ne puisse les aider à se hisser sur une plateforme stable, une forme d’échange et de dialogues capables de déboucher sur une voie plus lumineuse. Eoghan Underwood était fatigué, de compter ses ennemis. Fatigué de déclarer la guerre à tous ceux qui ne voyaient en lui qu’un parasite, un anormal ou tout bonnement un opposant à éliminer coûte que coûte. Fatigué de ne pas pouvoir trouver la totale quiétude que lui promettait autrefois le bayou. Il refusait de voir en cette nature chérie une énième preuve de délitement de sa réalité. Il refusait d’accepter que même elle puisse trahir un serment invisible, intangible, indicible.

Un silence étrange était tombé autour d’eux. C’était exactement la même chose que ce jour maudit, paix avant la tempête qui avait déchaîné la rivière sous son canot, et l’avait précipité par-dessus bord. Tout s’était tu, comme si la sphère bruissant de vie avait saisi les enjeux difficiles de ce duo aux retrouvailles douloureuses et qui pouvaient tout laisser présager. Il déglutit lorsqu’elle l’interrogea. Il ne bougea pas, se contentant de la fixer délibérément, comme pour essayer de prévoir, de prédire ses mouvements, une posture plus dangereuse qu’une autre. Il était toujours aussi tendu, mais il était prêt à relâcher imperceptiblement sa garde, si cela pouvait leur permettre de s’exprimer sans se considérer comme des adversaires de toujours. Elle fléchit, et lui se raidit à l’inverse, retenant de justesse un mouvement vers l’arrière qui, de son côté et dans un effet miroir, laissait présager le même désir de fuir si cela s’avérait nécessaire. Contre sa paume, pourtant calleuse, la lanière de son sac lui fit mal, à force d’étrangler le tissu de ses phalanges crispées.

« Je ne t’ai jamais vu. »

Cette fois, il reçut ces quelques mots supplémentaires comme un léger coup sur la pommette ou à l’arrière du crâne. Ses paupières battirent l’air une fois de plus, tandis qu’une étrange émotion le pénétrait. Il se sentait presque blessé qu’elle ne se rappelle pas. Lui qui avait accordé une telle importance à l’événement, se retrouvait de nouveau confronté à l’indifférence de ceux qui l’avaient esquinté, de ces figures mystiques qu’il plaçait sur un piédestal, bien au-delà de sa propre ligne d’horizon. Il brisa le lien visuel qui les unissait, tournant la tête vers un point vague, du côté de la surface des bras aqueux dont les ramifications s’enfonçaient loin par-delà les arbres. Ses épaules s’affaissèrent, et le mouvement eut pour conséquence de desserrer la prise de ses doigts sur sac, très légèrement. Ses prunelles finirent par chercher les cieux blancs, à travers la canopée, et sa pomme d’Adam trembla une seconde fois avec force. Les leçons d’humilité n’en finissaient pas, dans cet endroit. Sans cesse confronté aux limites de sa connaissance, de sa maîtrise, de sa familiarité avec l’environnement qui l’avait vu grandir, il ressentait ce qu’il éprouvait parfois, quand le fil de son existence lui paraissait s’étirer depuis trop longtemps, menaçant d’atteindre le point de rupture. Il aurait voulu retourner s’asseoir près de l’arbre. Ne plus en bouger, se laisser momifier par le vent, les graines germées et les chrysalides et autres cocons d’insectes venus pondre pour se nourrir de son essence vital, ponctionnant nourriture et énergie jusqu’à ce qu’il se délite et disparaisse définitivement de la surface de cette terre ingrate.  

Un clignement d’œil supplémentaire, et il était de nouveau revenu là, face à elle, même si légèrement sonné par cette incursion profonde dans des pensées aussi alien que rassérénantes.

« Tu sens mauvais. »

Il reposa ses iris sur elle.

« C’est ce que tu m’as dit, ce jour-là. Le lendemain. Après que tu aies repris forme humaine. »

Lentement, il se força à retrouver une certaine souplesse et s’accroupit, reposant la besace pleine près de lui. Une légère nausée travaillait le bas de sa gorge, le faisait saliver de façon désagréable et tordait son estomac.

« Il y a presque deux ans tu as détruit mon embarcation après que des alligators l’aient fait chavirer. Je me trouvais dans le bayou Carouge. Ton territoire de prédilection visiblement, n’est-ce pas ? » Il coinça entre index et majeur les tiges grasses d’une touffe d’herbe qu’il s’amusa à lisser, de bas en haut. « Tu m’as poursuivi une bonne partie de la soirée, puis de la nuit. J’ai réussi à m’en tirer, et lorsque j’ai tenté de remonter vers le nord à la recherche d’une autre façon de rentrer, je suis tombé sur une femme habillée comme tu l'es aujourd'hui. Tu avais les cheveux moins longs. Mais je ne peux pas te confondre avec une autre. C’était bien toi. » De là où il se trouvait, il pouvait prendre conscience avec une plus grande acuité encore de la taille de la femme, de sa hauteur, de la longueur de ses membres. Et même si ses mèches blondes adoucissaient les lignes presque sévères de son visage, il resta marqué par la dureté impitoyable des orbes qui le toisaient avec une bestialité indéniable. Il n’aurait jamais pu se fier à un indice lui permettant habituellement de décoder les intentions ou émotions à son égard, comme il lui était presque si facile de le faire avec d’autres de ses congénères (qu’ils soient humains ou non). Il refusait toujours d’utiliser la télépathie, ce qui n’était pas une évidence : demeurer dans cette incertitude nébuleuse provoquait une inquiétude latente que leurs antécédents aggravaient.

Afin de faire montre de bonne volonté, il termina. « Je parle aux serpents en quelque sorte, oui. Je t’ai frôlé sans le vouloir. J’étendais ma « voix » et mes sens le plus loin possible. Je t’ai touché car je ne savais pas que tu te cachais ici. C’est bien moi que tu as senti. »

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Cannot a Beast be tamed
Inna Archos
Inna Archos
Cannot a Beast be tamed
THE ANGRY RIVER

En un mot : The angry river rises
Qui es-tu ? :
- Métamorphe patiente et silencieuse à l'instar de son reflet intérieur, le crocodile marin. Mélancolique parfois, rêveuse souvent, elle exhale un parfum désuet de nature indomptée.
- Membre du petit clan de métamorphes, les Archos. Sœur de Kaidan et de Rhys Archos, avec lesquels elle cherche à être réunie.
- Le concept même de l’humanité lui échappe totalement, elle qui n’est attirée ni par les possessions matérielles, ni par l’argent, encore moins par les humains.
- Depuis toujours, son esprit est trop différent pour comprendre les motivations humaines. Ermite vivant au cœur du bayou, elle évite les villes et leurs relents nauséabonds.
- Le bayou Carouge est son refuge, un labyrinthe sauvage et traître qui rejette les humains. Des nombreux racontars locaux circulent à son encontre.

Facultés :
- Sa véritable nature n'est autre que l'énorme crocodile marin. Un reflet intérieur lui conférant une force explosive, une grande résistance physique et une tolérance élevée aux poisons.
- Acquise lors d'une Chasse Sacrée tardive, elle possède la forme de la tortue alligator. Une nouvelle forme dont elle apprend encore patiemment la maîtrise et le mode de vie.
- Grâce à leur lien fusionnel, le bayou lui prête sa force. La métamorphe parvient à se transformer même durant la journée, tant qu'elle demeure au sein du bayou.
- Véritable fantôme pour l'humanité, elle n'a jamais rien possédé, ni biens, ni identité. Pour les autorités humaines, la métamorphe n'a jamais existé.
- Un calme souverain cache en réalité une profonde aversion pour l'humanité, qu'elle accuse d'empoisonner les siens et de les mener à leur perte.

Thème : The Hat : The Angry River
The awful cost of all we lost
As we looked the other way
We've paid the price of this cruel device
'Til we've nothing left to pay
The river goes where the current flows
The light we must destroy
Events conspire to set afire
The methods we employ
These dead men walk on water
Cold blood runs through their veins
The angry river rises
As we step into the rain

Pseudo : Carm'
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Double compte : Alexandra Zimmer & Elinor V. Lanuit
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Crédits : Lyrics: The Hat ; Images: Pixabay ; Avatar: Carm'
Ven 24 Nov - 22:53 (#)

A Voice from within, you're not alone – The Humbling River

Toucher l’aurait aidé. Comme ses mains avaient tenu dans leur creux, l’ovale adorable et triste d’une femme à l’essence rompue, voilà une éternité de cela. Elle était partie, ce fantôme. Piteux souvenir d’un animal qu’une vie humaine avait estropié, avant de disparaître entre les joncs et les tourbières, sans jamais refaire surface. Inna l’avait aimé, un temps. Un instant de communion fugace, non par la chair, mais par l’esprit, où l’apposition des mains jouait le rôle d’offrande, et le ruisseau à leurs pieds, de messe et de chœur à la fois. À la fois dissemblables et similaires, la mémoire et l’immédiat se travestissaient de symboles, conscients ou non, que les facultés mentales endolories de la métamorphe peinaient à assimiler. Elle scrutait cet homme, debout dans les paumes du bayou, avec l’intensité intrusive de celle qui cherche à percer l’armure de chair, et la toison des vêtements, tout en ôtant avec crainte le voile opaque de sa propre mémoire morcelée.

Ils dansaient, tous deux. Non par la chair, cette fois encore, mais par les sons et les odeurs qui actionnaient les nerfs, les muscles et les os, à la manière d’un vieil artiste appuyant sur les touches d’un instrument, alors invisible à l’œil nu. Pourtant, chacun le percevait ce ballet, où le soleil jouait au lustre du bal, où les libellules allaient et venaient, comme les dames aériennes d’un drame en musique, que les oiseaux orchestraient, et que la mort accommodait. Car, c’était bien là ce rythme mortel, l’éternelle lutte des crocs et de la viande, du moins Inna le concevait-elle ainsi, où chacun cherchait à déterminer l’issue de la confrontation. Ainsi fut-elle surprise de voir les épaules de l’inconnu s’affaisser, et son attention errer au loin, en se tournant vers cette eau dont elle-même chérissait la surface, sous laquelle se noyaient ses troubles, ses joies et ses aspirations.

Une caresse la fit frémir. Comme le toucher subtil, amoureux, de la brise sur sa nuque attirant son attention, sans doute vers quelque chose que ni ses oreilles, ni son odorat n’avaient capté. Inna se tourna à son tour vers le canal qu’il observait, le menton haut et les nerfs saillants dans son cou, où l’éclat du soleil créait un miroitement scintillant et mouvant. Le faible vent caressait la surface de verts et de tourbes mêlés, où la chaleur entêtante faisait monter les parfums des racines imbibées d’eau, qui se détachaient des flots avec la délicatesse d’arabesques peintes à l’encre. Dans ces tourbillons, dormait la promesse d’un oubli salutaire et d’un guide immatériel, qui errait d’ordinaire aux confins de la conscience d’Inna, telle une divinité patiente.

Aujourd’hui, ici et maintenant, elle était seule. Seule avec l’homme se dressant au sein des herbes hautes, noire question à laquelle Inna devait répondre sans l’aide du bayou, cette fois. Comme si lui et son mystère avaient laissé la Terre hésitante mais suspicieuse, avec la métamorphe comme seul biais pour articuler ses doutes. Et lorsqu’il se confessa à elle, en s’accroupissant au sol, ses mots semblèrent fouiller dans l’humus et le roc, cherchant à réveiller des vieux souvenirs enfouis. Elle l’écouta, sans l’interrompre, en imitant sa posture ; Inna recula et s’accroupit sur une souche qui reposait là, près de la rive, à blanchir sous l’éclat assassin d’un astre qui encerclait l’ovale de la Terre avec ses mains de flammes. L’homme articulait d’une manière lente et mesurée, que Inna interpréta comme de la tristesse réelle ou feinte, ou bien un reproche.

Entre ses mains, pendait toujours le poisson-chat, dont la chaleur environnante stimulait le fumet poisseux, et autour duquel commençaient à se former des nuées de moucherons. Accroupie sur la souche, à écouter cet homme remuer passé et présent, Inna se rappela combien elle avait faim, et ses mains émirent une série de craquements osseux. Quand les jointures et les os de ses mains eurent revêtus une forme plus hybride, avec leurs brillantes écailles d’émeraude, leurs nerfs et leurs muscles puissants, les griffes qui ornaient ses doigts arrachèrent des morceaux de chair blanche à sa proie. De temps à autre, la métamorphe lançait un bout de poisson cru dans sa bouche, sans jamais quitter des yeux cette tâche de textiles noirs qui lui contaient une bien étrange fable, dont sa mémoire fautive avait effacé les détails depuis des lustres.

Elle s’interrompit un instant, néanmoins. « Oh. Hm, » fit-elle, la mine pensive, lorsque l’homme eut terminé son explication, avant d’avaler un autre morceau de chair. Un pli perplexe barrait son front, à mesure qu’elle décortiquait cette tirade, le corps courbé sur ce repas aux allures de passe-temps entre ses mains.

Tout autour d’elle, le bayou s’était tu. Non que les myriades d’insectes, les nuées d’oiseaux dans les taillis, et les innombrables créatures vivant ici furent soudainement muettes, mais rien ne chuchotait à l’oreille d’Inna à cet instant précis. L’air ne formait nulle syllabe, les senteurs entêtantes d’humus, de mousses et d’écorce ne formaient nul conseil, si bien qu’elle était poussée d’office ici, dans le halo méditatif de ses fautes.

« Tous les humains sentent mauvais. » Son rictus forma une lippe boudeuse, tandis qu’elle tâchait tant bien que mal d’articuler sa réflexion. « Ils sentent le métal, l’essence, et… Hm. »

Elle aurait pu en dénoncer une centaine de ces odeurs. Crasses huileuses, relents âcres, matières artificielles aux accents chimiques, formaient tous l’identité olfactive humaine. Et si son nez s’en souvenait, ses pensées avaient totalement effacé les divers noms dont la civilisation les affublait. Elle haussa les épaules, indécise, à des lieux de prononcer le moindre début d’excuse ; quel bien cela aurait-il fait, en vérité ?

« Je ne me souviens pas des nuits d’autrefois. Je me souviens que les hommes donnent ce nom aux rives, là-bas, où la Terre tolère mal l’homme, où le vent raconte que les bateaux n’ont pas leur place. Il me l’a dit. »

Le bleu de ses prunelles s’attarda sur lui. Fixe et floue, cette vision parut traverser l’inconnu de part en part, au travers de ses habits, de sa chair, de ses os et de son âme, comme si, durant un court instant, elle tâchait de voir l’argile avec laquelle on avait sculpté son essence. Troublée par son propre élan de curiosité, elle battit des paupières, et baissa les yeux vers son dîner, comme une enfant se cachant derrière un jouet. À travers la défroque lui servant de pantalon, la clarté du jour trahissait la tension des muscles et le dessin des nerfs, autant pour la maintenir en équilibre sur la souche, que pour préparer sa fuite. Inna s’était installée de biais, dans cette attitude à la fois méfiante et enfantine, à demi cachée derrière la cascade de sa chevelure couleur de paille et décorée d’une ribambelle de petits débris aux brillants éclats de vert.

« Je comprends. Tu me détestes. » Elle hocha la tête, comme satisfaite d’avoir mieux saisi la situation, sans pour autant en tirer un mécontentement apparent, et se mura ensuite dans un mutisme pensif.

Durant un court moment de silence, la femme crocodile n’émit qu’un bruit de mastication, qui alternait de temps à autre avec le son sec d’une arête. Elle réfléchissait intensément. Derrière les prunelles trop bleues et cette peau à l’apparence trop blanche pour survivre dans un bayou irradié de soleil, Inna cachait mal des instincts contradictoires qui tempêtaient à la surface de ses traits, en créant des plis, et des moues difficiles à suivre. Les idées naissaient et disparaissaient à l’abri de ses paupières, avec les mêmes élans nerveux que des nuées d’oiseaux striant un ciel crépusculaire, sans qu’elle-même ne parvint à faire le tri. Aucune d’entre elles n’amorçaient une excuse. Toutes allaient et venaient autour de cet homme, dont la silhouette noire se tenait là, dans l’écrin vert des bayous, comme une goutte de pigment altérant une composition familière.

Comme saisie d’une inspiration, la métamorphe haussa le menton, et ses pupilles étincelèrent de curiosité un court instant. « Pourquoi parles-tu aux serpents ? Tu es chaman ? » demanda-t-elle subitement.

Qu’il l’ait touchée elle, Inna s’en souciait peu. Tout comme jadis elle l’avait chassé de son territoire, l’homme l’avait touché par erreur ; tout cela n’étaient que des faits d’une simplicité limpide à ses yeux, assimilés avec une facilité déconcertante pour celle qui vivait de la réalité crue de la Terre, et de la chair à nue. Vains sont les reproches envers un soleil brûlant, un vent froid ou une eau boueuse ; que l’homme la haït, voilà un fait qui lui semblait tout à fait naturel, tout comme elle-même se méfiait de l’humanité envahissante.

Somme toute, Inna était encore capable de comprendre les humains. Parfois.

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ADMIN ۰ Se faire péter la vitrine : bien plus qu'un métier, une passion. Featuring : Dramaking
Eoghan Underwood
Eoghan Underwood
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⛤ SMALLTOWN BOY ⛤

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"This is not the right way."

En un mot : Sorcier venimeux ondulé de la toiture. Gosse du bayou.
Qui es-tu ? :
"Let it spread like a disease."

⛤ Maître des arcanes, sorcier à l'essence écarlate. 37 ans de vice (et râles) et de chair corrompue. Manipulateur d'hormones, télépathe patenté.
⛤ Second, bras droit de Circé van derr Ven dans la secte de l'Irae. S'y démarque pour sa loyauté ciselée par les griffes de Morgan Leroy (missing). Mais les failles perlent.
⛤ Incube de Louisiane ; fils de ces terres marécageuses, du bayou poisseux et des routes cahoteuses. Né à Bâton-Rouge, n'a connu que Shreveport et les frontières de son État.
⛤ Né seul homme dans la famille des sorcières irlandaises Mulligan. Privé de père (tué) par la harpie noire : élevé par Sylia Mulligan, descendant du Rouge de sa grand-mère Julianna.
⛤ Cauchemar des femmes ; nourrit sa magie (Rougeoyante) des hormones sexuelles de ses partenaires, ainsi que des émotions primaires.
⛤ Traître à ses passions, criminel et meurtrier de Johanna Andros (missing). Pourfendeur d'amitiés, éternel débiteur, clébard soumis à ses attaches.
⛤ Ne vit que pour les Mardi-Gras de New Orleans ; caresse le rêve de s'y installer un jour dans son propre "shotgun", malgré le fantôme de Katrina.
⛤ Mystique, déchiré entre deux hommes : partagé entre le sorcier et l'humain, entre la sagesse et une ire destructrice. Le latin s'efface sans mal sous l'accent du Sud, coriace sous sa langue.
⛤ Commerçant du Downtown (Crawling life), antre de ses serpents vénérés, lézards et autres reptiles, dont il cède les corps, les soins et les cages de verre.
⛤ Pratique à l'arrière de sa boutique, dans un laboratoire farouchement défendu et protégé par les runes. Recèle secrets et savoirs, expérimentations douteuses et dangereuses.
⛤ Mauvais mentor. L'une de ses apprenties en a subi les conséquences. Guide de Morgane Wuntherson et d'Halina Meyer. Meilleur ami indigne de Vinzent Henkermann et cousin de Shannon Mulligan.
⛤ Pacte tissé avec Scox : Prince démon s'étant dissimulé derrière les brumes de Baal. Immortalité odieusement acquise, âme vouée à obéir et marcher aux côtés des Antiques.
38 ans d'âge réel ; 36 ans d'apparence.

⛤ ENAE VOLARE MEZZO ⛤

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"I put a spell on you."

Facultés : ⛤ La Rougeoyante s'infiltre dans les corps et y bouleverse les hormones ; flèche apollonide : distille poison, fléau, mort, mais aussi fièvre rouge saphique. Chaos total.
⛤ Télépathe raisonnable : ne s'infiltre de préférence que dans les esprits des humains misérables. Capable de communiquer en pensée avec quiconque lui ouvre les grilles de son esprit. Savant fou ; capable désormais de connecter sa psyché aux êtres muets, cobras et crotales comme cobayes, corbeaux et autres créatures rampantes.
⛤ Herboriste né, sa maîtrise des potions n'a d'égale que celle de son mentor maternel. Capable d'élaborer des philtres complexes ; créateur infatigable de breuvages en tous genres.
⛤ La Rougeoyante se défend et protège son hôte plus férocement qu'elle n'attaque : limitée par la nécessité d'un contact physique. Sorcier doué au corps-à-corps, secondé par son aisance au maniement d'athamés et autres lames rituelles.
⛤ Chercheur d'artefacts, quémandé des Longue-Vies : détisseur de leurs malédictions et autres mauvais sorts.
Thème : The Way ⛤ Zack Hemsey.
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⛤ VENGEANCE ⛤

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"Before I die alone."

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Pseudo : Nero
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Dim 3 Déc - 11:23 (#)


Where Lost Boys go
Il toisait une forme d’animalité que les siens avaient perdu. Il n’avait jamais eu l’impression aussi vivace, même avec d’autres représentants plus ou moins éloignés de son genre, d’avoir réellement à faire à une entité plus animale qu’humaine. Ce qu’il aurait pu confondre pour une pose, une posture prétentieuse et menaçante lors de sa première rencontre avec elle, se transformait en la conviction réelle qu’elle respirait cette authenticité poisseuse, à l’image de son environnement. Encore que. L’automne dispensait une autre forme d’humidité. À chaque saison, le bayou s’habillait d’une nouvelle peau. Rien ne pouvait battre la gangue qui s’abattait entre les troncs et les bras d’eau durant les mois d’été. Alors, l’air paraissait si épais, si pénible à aspirer, qu’un touriste ou un étranger mettait parfois plusieurs semaines à y adapter son souffle. Lui-même ne la sentait plus, cette atmosphère, trop bercé par la chaleur cruelle par cette région qu’il affectionnait même lorsque les températures lui faisaient regretter d’être né ici. Aujourd’hui, même un touriste aurait pu respirer correctement. Pour autant, un rayon de soleil traversa la canopée clémente, frappant l’un de ses bras nus. Ce simple contact hérissa doucement la peau du sorcier. Il baissa un instant les yeux pour s'observer, son enveloppe devenue légèrement grumeleuse, sous le couvert de sa pilosité. Il ne connaissait même pas son nom, à cette femme qui n’en était pas une. Il n’osait pas le lui demander : sans doute trouverait-elle cette question trop humaine, de plus belle. Pourtant, sa nature même, à lui, ressentait le besoin de poser des mots sur cette swamp thing, cette Chose qui, en l’état actuel, aurait tout aussi bien pu être l’un des nombreux esprits s’ébattant au-dessus des flaques d’eau croupie, comme de celle plus vive qui composait les marais. Le cri distant d’une aigrette transperça le silence apaisé entre eux deux. Il sentit qu’il aurait pu rester là des heures, à demeurer coi à ses côtés. C’était une première, songea-t-il avec amusement. C’étaient toujours les autres, qui poussaient l’arcaniste à sortir du silence, en général. Nombreux étaient ceux qui le croyaient tour à tour trop bavard ou trop taiseux, selon. Ils ignoraient qu’à l’image de toute créature vouée à la survie – une survie civilisationnelle mais nécessaire tout de même –, Eoghan Underwood avait appliqué ses propres préceptes pour s’adapter à autrui, sans jamais perdre de vue sa volonté propre, son socle irascible. Il était capable de s’épancher pendant des heures auprès de Vinzent Henkermann. Il lui fut donc tout aussi naturel de rester muet, auprès de la femme-crocodile. Il pressentait que cette attitude n’éraflait pas le mental de sa vis-à-vis comme ç’aurait pu être le cas en face d’un autre interlocuteur. Comme si le temps ne passait pas de la même manière, pour elle. Et comment penser autrement ? Ses reliques qui autrefois auraient pu être nommés « vêtements », en disaient long. Il s’attarda sur certains détails de son corps : le pli au-dessus des chevilles, l’état de ses ongles souillés par la chair et les écailles ravagées du poisson-chat, la couleur de son teint, dissimulé par les stigmates de la vase, de la terre, de toutes les particules dont elle s’était imprégnée ces dernières heures.
Il fronça imperceptiblement les sourcils lorsque les craquements retentirent, et observa bouche bée la métamorphose partielle de la thérianthrope. Il battit des paupières, regrettant presque de ne pas pouvoir photographier définitivement cette image rarissime. La mutation l’hypnotisait, comme ç’aurait été le cas de nombreux maîtres des arcanes. Elle était fascinante. Ainsi, il ne put que sourire largement, lorsqu’il l’entendit affirmer entre deux réponses :

« Je comprends. Tu me détestes. »

Elle aurait pu approcher d’un semblant de vérité, auparavant. Depuis, sa vision du monde avait été remodelée encore mille fois. Il poussa un profond soupir, doublé d’un rire qui s’échappa de par ses narines. Lorsqu’il reprit la parole, encore un peu plus de temps s’était écoulé.

« Non. Je ne te déteste pas. » Il planta ses orbes céruléens dans les siens. Au vu de cet échange, il ne la trouvait soudain plus aussi effrayante ou rebutante. La manière dont elle conservait soigneusement près d’elle sa pitance, même cernée par les insectes volants, jouait également en sa faveur. Pour un peu, il lui donnait presque envie, ce repas dégueulasse. Il aurait voulu savoir ce que cela faisait, de pouvoir planter les dents à même cette matière spongieuse qu’il adorait cuite, mais qui ne l’aurait pas tant écœuré, que de la goûter crue ici et maintenant. Étrange calumet de la paix, ne dégageant nulle fumée autre que le parfum odorant, à peine trop musqué, qui émanait de la femme près de lui.

« Fut un temps, oui. Plus maintenant. Je suis heureux de te rencontrer à nouveau. » Qui l’aurait dit ? Qui l’aurait cru ? Même lui reçut avec un étonnement plaisant cette leçon d’humilité du destin. Il se répéta qu’il avait décidément encore beaucoup à apprendre. Lentement, il se laissa basculer, reprenant la posture méditative qu’il avait adopté avant de la surprendre. Ses jambes se croisèrent en tailleur, confortablement. Tout en lui trahissait son inclinaison à demeurer à ses côtés tant qu’elle le lui permettrait. L’astre diurne était encore haut dans le ciel, et tout était bon pour grapiller quelques minutes de plus dans le South, loin des siens. Il n’aurait jamais pensé régler ses comptes aujourd’hui. Mais quels comptes, finalement ? Ceux de la peur. Juste ceux de la peur. Il retrouvait ainsi les premières lignes d’un mantra éternel et juvénile qui l’avait guidé dans les premières années de sa vie. Surmonter la peur. Il était resté profondément marqué par cette fuite, ce rejet de Carouge qui l’avait repoussé loin de ses berges. Affronter l’objet de cette terreur qui avait hanté plusieurs de ses jours comme de ses nuits lui procurait un bienfait auquel il ne s’était pas attendu. Il gonfla ses poumons profondément, presque attendri par la candeur et la méconnaissance de la saurienne. Ils étaient à égalité, tout compte fait. Si elle disposait d’un avantage non-négligeable, à savoir celui de se tenir sur son territoire, il n’était pas aussi désemparé qu’un autre, et finalement, ils s’appréhendaient avec une circonspection jumelle qui les plaçait presque à égalité.  

« Je ne suis pas un chaman. Mais ta question est cependant légitime. » Il décida de s’emparer de la perche qu’elle lui tendait. Son regard se fit légèrement plus pénétrant, et le timbre de sa voix. « Pourquoi ? Tu en connais ou en a connu, peut-être ? » Il se mit à triturer le bas de son t-shirt, pour le plaisir de s’occuper les phalanges. Lissant le tissu sans nécessité particulière, il finit par abaisser son attention sur les propres rides creusant l’intérieur de ses paumes. Il les avait maltraitées, ces derniers temps. Le très léger crissement accompagnant les lignes blanchâtres qui en striaient le derme répondait à l’aspect trop lisse et sec du bout de ses doigts, comme s’il ne lui restait plus aucune empreinte palmaire. « Je suis un sorcier. Je suis donc un arcaniste, comme les chamans le sont. Cependant, nos pratiques sont différentes. On n’utilise pas exactement la même magie… les mêmes outils… les mêmes voies. » Il distingua les dernières traces d’encre inscrites au cœur de sa sénestre pour noter telle ou telle formule, ingrédient, composant. Presque disparues. « Je parle aux serpents pour plusieurs raisons. D’abord parce que je les aime, beaucoup. » La commissure de ses lèvres se creusa d’autant plus. « Ensuite parce que j’apprécie les contours de leurs esprits. Ils sont très intéressants. En tant que reptiles, leurs capteurs comme leur sensibilité face au monde n’ont rien à voir avec ceux des mammifères. C’est captivant, instructif et… reposant. » Il humecta ses lèvres, qui lui parurent presque aussi sèches que ses paluches. « Et puis je travaille, aussi. Je suis télépathe. J’aime m’exercer sur d’autres sphères que le cerveau humain. Cela me permettra, à terme, de mieux comprendre mon don. Il faut s’entraîner, pour en affiner la compréhension. »

Il avait beau savoir que cette digression ne l’intéressait probablement pas, il lui semblait naturel de le formuler de cette façon. Elle en prendrait ce qu’elle voudrait. Au pire, il ne s’agirait que d’un bourdonnement de plus, parmi toutes les voix qui s’élevaient dans les bayous. Puis, il opéra un léger changement de ton.

« Qui t’a parlé de la Terre qui tolère mal l’homme ? Tu as parlé de quelqu’un qui te l’avait révélé. » Il camoufla l’espoir qui bullait à la surface de la conversation. « De qui est-ce que tu parles ? Du Bayou lui-même ? Ou de quelqu’un d’autre ? »

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- Membre du petit clan de métamorphes, les Archos. Sœur de Kaidan et de Rhys Archos, avec lesquels elle cherche à être réunie.
- Le concept même de l’humanité lui échappe totalement, elle qui n’est attirée ni par les possessions matérielles, ni par l’argent, encore moins par les humains.
- Depuis toujours, son esprit est trop différent pour comprendre les motivations humaines. Ermite vivant au cœur du bayou, elle évite les villes et leurs relents nauséabonds.
- Le bayou Carouge est son refuge, un labyrinthe sauvage et traître qui rejette les humains. Des nombreux racontars locaux circulent à son encontre.

Facultés :
- Sa véritable nature n'est autre que l'énorme crocodile marin. Un reflet intérieur lui conférant une force explosive, une grande résistance physique et une tolérance élevée aux poisons.
- Acquise lors d'une Chasse Sacrée tardive, elle possède la forme de la tortue alligator. Une nouvelle forme dont elle apprend encore patiemment la maîtrise et le mode de vie.
- Grâce à leur lien fusionnel, le bayou lui prête sa force. La métamorphe parvient à se transformer même durant la journée, tant qu'elle demeure au sein du bayou.
- Véritable fantôme pour l'humanité, elle n'a jamais rien possédé, ni biens, ni identité. Pour les autorités humaines, la métamorphe n'a jamais existé.
- Un calme souverain cache en réalité une profonde aversion pour l'humanité, qu'elle accuse d'empoisonner les siens et de les mener à leur perte.

Thème : The Hat : The Angry River
The awful cost of all we lost
As we looked the other way
We've paid the price of this cruel device
'Til we've nothing left to pay
The river goes where the current flows
The light we must destroy
Events conspire to set afire
The methods we employ
These dead men walk on water
Cold blood runs through their veins
The angry river rises
As we step into the rain

Pseudo : Carm'
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Sam 6 Jan - 14:52 (#)

A Voice from within, you're not alone – The Humbling River

Je suis heureux de te rencontrer à nouveau.
Cet aveu la troubla. Elle l’observa qui l’observait, des miettes de chair crue collées autour de ses lèvres, dont Inna essuya, par réflexe, les commissures d’un revers de main écailleuse. La lumière automnale traversait la draperie de ses cheveux, ces fibres de paille imbibées d’eau où s’accrochaient les bribes du canal : morceaux de branches noirâtres, fines particules de limon et perles vertes des lentilles d’eau. Et ce rideau oscillant au rythme lent de sa respiration, croûté de vie et de symboles boueux tracés sur le livre de ses joues, cachait à demi l’azur de ses yeux inquisiteurs. Des nuées de moucherons s’attardaient sur ces boucles folles, dont les broderies aériennes n’avaient rien à envier aux mousses acrobatiques pendant des branches de cyprès au-dessus d’eux ; elle ne les chassait qu’à l’occasion, quand le chatouillis des pattes approchaient ses narines.

La même clarté solaire qui hérissait le derme de l’homme, faisait désormais chatoyer les écailles de noirs et de jaunes qui naissaient à la racine de ses mains, et escaladait ses avant-bras d’un éclat envahissant. Elle ne frémit même pas. La morsure du soleil avait perdu toute sa force, ici et à l’intérieur d’elle-même, tandis que les eaux du marais avaient tissé son cœur d’une étoffe lunaire, que la voracité de l’astre ne pouvait plus lui arracher. Comme les mots de l’inconnu s’insinuaient en elle, créant le doute, attisant sa méfiance, ce silence qui lui tenait lieu de pitance et d’amant à la fois, s’appesantit sur son expression perplexe, et elle devint une fois encore, indéchiffrable. Par automatisme, semblait-il, ses mains continuaient d’apporter sa moite pitance à sa bouche, comme son attention était toute entière consacrée aux déclarations de l’être face à elle.

Ainsi, l’inconnu était heureux d’être ici. Lui qui était venu, cette fois-ci, vêtu de sa seule humanité, s’asseyait désormais à même la terre, dans l’étreinte des hautes herbes, dans ce tableau aux milles couleurs vivantes qui s’ébattaient dans la lumière mordorée. Inna les devinait, ces immondices qui s’échappaient des pores de sa peau, ces miasmes urbains dont ses poumons et sa posture méditative cherchaient à se débarrasser. Un désir somme toute naturel, que la femme-crocodile saisissait, en dépit de la fosse d’inimitié qui les séparait et la laissait encore terriblement méfiante de ses intentions. Elle l’ausculta des pieds à la tête, en mâchant et en arrachant la chair crue que les nuées de moucherons lui disputaient ; ils tourbillonnaient sans répit, la couronnant de ridules mouvantes, vaporeuses, comme une illusion aqueuse dans l’air d’automne.

Ce fut la question du chamanisme qui la saisit. Cette dernière chuta dans la mare de son esprit, inattendue, en éclaboussant ses pensées d’une volée de souvenirs qu’elle n’avait pas anticipée. Des traits burinés par les années, un air rieur et une ribambelle de leçons jaillirent du fond de sa mémoire abîmée, prenant de vitesse la méfiance innée d’Inna. Elle fixa l’homme sans le voir, distante, noyée brièvement dans ses souvenirs.

« Oui. J’en connais une. » Elle ne formula ces mots que du bout des lèvres, et ne réalisa les avoir prononcés qu’au terme de son affirmation suivante. « Grand-mère me manque. »

La discussion l’avait transie. Muette et d’apparence absorbée par la collecte des derniers lambeaux de chair crue entre les arêtes, elle l’écouta, surprise par les ressemblances entre les paroles du sorcier et ses propres expériences. Serpents et arcanes s’entremêlaient, quoique d’une manière différente, mais ces similitudes ne firent qu’accroître sa curiosité et sa concentration, d’ordinaire si minces l’une comme l’autre. Cachée à l’abri des derniers restes de son repas poisseux, elle fronça les sourcils, un effort visible de traduire des sensations et des instincts innés en phrases articulées, un terrain d’entente qui leur conviendrait à tous deux.

« Je comprends, » fit-elle, encore chahutée par ses souvenirs, comme ses mains fouissaient machinalement les entrailles tendres du poisson. « Flairer les couleurs avec sa peau. Goûter la lumière avec ses yeux. Quand ces sensations s’additionnent, elles forment un cœur qui bat sur la langue. »

D’une chiquenaude, son index chassa une mouche trop aventureuse, qui s’attardait sur les fibres décousues de ses frusques. L’attention d’Inna s’attarda durant un moment vers l’horizon doré, au-delà du mur de joncs qui ceinturait le lit du canal. Des libellules formaient un balai incessant qui mouchetait le ciel, couleur du cuivre oxydé, de traits de pinceau noirs et fins, qu’elle suivit des yeux durant l’un de ces moments de silence attentif et hors du temps. Elle massa machinalement son bras droit, où s’écoulaient encore des gouttelettes d’eau trouble, comme l’exploration de sa mémoire faisait naître chez elle une réflexion singulière.

« Les serpents intéressent toujours les arcanistes, alors... » chuchota-t-elle, à l’intention de personne, sinon elle-même, tandis que les stridulations des insectes enchantaient le calme de l’automne.

De nouveau, la femme-crocodile se mura dans cet éternel silence contemplatif, assise sur cette souche, avec ce squelette écailleux de poisson-chat qui oscillait au gré de ses inspirations. Une brise chaude vint troubler la cascade désordonnée de ses cheveux blonds, d’où chutèrent quelques perles humides et troubles ; elle se tourna enfin vers l’homme, dont les questions continuaient d’abîmer la quiétude des lieux.

« Tu le sais déjà. Tu viens de parler de sensibilité instructive. » Une moue contrariée vint s’échouer contre sa bouche, comme si l’inaptitude de l’homme à suivre les pensées d’Inna, l’impatientait. « Il te suffit d’écouter. Le silence n’est pas le bon mot, ici. »

Comment autrui aurait-il pu en douter ? Le silence, dans le bayou, n’existait pas. Pour les sens d’un reptile, il se coulait toujours un babil incessant dans les taillis bas, il énumérait toujours les strophes d’un poème dans le mouvement fluide des eaux ; le bayou parlait, et l’humanité avait simplement oublié d’écouter. Le silence, ainsi, n’était qu’une illusion bénéfique en vérité, où l’oreille se débarrassait enfin des sons artificiels que les villes vomissaient en permanence ; tumulte des moteurs et brouhaha de la foule. La terre, dans ces lieux, ne cessait jamais de s’exprimer en transmettant des émotions, que les hommes qualifiaient d’intuitions, et que les êtres comme Inna appelaient simplement langage. Pourtant, lui était une anomalie. Elle fixa l’homme de noir vêtu avec une curiosité renouvelée, ses yeux d’un bleu intense voilés par le rideau de ses cheveux.

Qu’entendait-il, sinon le bayou ? Lui qui disait parler aux serpents, ceux-là ne pouvaient que parler le même langage, celui des insectes, de la mousse, des vrilles des plantes, et des innombrables traces de vie formant un chœur de voix. Les serpents, Inna ne le savait que trop bien, connaissaient les mêmes secrets qu’elle, sur la respiration de la terre et les amours de l’eau ; elle était sûre que cet individu-là les entendait, sans même les écouter. Comme tous les humains d’ailleurs, eux désespérément sourds aux choses élémentaires.

« Tu l’entends, mais tu ne dois pas être habitué à écouter. » Elle hésita. Non par cachotterie, ou prétention, mais parce qu’elle cherchait la bonne manière de formuler sa pensée. « Tu as apporté trop de bruit avec toi, dedans et dehors, c’est à cause de ça. Je peux te montrer comment essayer de t’en débarrasser. »

Elle se leva délicatement. Dans un même mouvement souple, elle délaissa les reliques de son repas sur le tronc vermoulu, que les insectes s’empressèrent d’assaillir, et sa main libre fouilla un replis de ses haillons, que l’on aurait pu qualifier de poche jadis, pour en extirper ce qui ressemblait à une dent d’alligator. Noircie et émoussée par les éléments, elle formait une tâche sombre dans la paume pâle, décorée de sédiments, d’Inna, qui la scrutait avec un air pensif et attendri à la fois. Un rayon de soleil enjamba le canal tout proche, et déclina sa lumière sur la dent en une myriade de couleurs irisées qui révélait ses vieilles dentelures.

Inna la passa d’une main à l’autre, la soupesa, affectueusement. « Je peux te montrer, » lui répéta-t-elle, ses traits tâchés de restes de vase alors dépourvus de toute intention maline. Elle était indolente, à ce moment-là, et pour cause : elle ne savait pas mentir. « Grand-mère m’a appris à ouvrir mes oreilles, autrefois. »

Perchée ainsi sur cette souche qui craquait sous son poids, Inna surplombait alors l’homme assis en tailleur, mais n’esquissa aucun geste vers lui, tandis que la clarté solaire qui descendait entre les branches, illuminait ses mèches hirsutes et ses frusques décrépites. Elle l’attendait. Elle n’avait aucune intention de le forcer, ou de l’aider à vrai dire, mais cette force, cette vie, qui bouillonnait dans le bayou était un appel, non un secret, que Inna devait relayer, même à cet être aussi bizarre soit-il. Il lui suffirait d’écouter, après tout.

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ADMIN ۰ Se faire péter la vitrine : bien plus qu'un métier, une passion. Featuring : Dramaking
Eoghan Underwood
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⛤ SMALLTOWN BOY ⛤

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"This is not the right way."

En un mot : Sorcier venimeux ondulé de la toiture. Gosse du bayou.
Qui es-tu ? :
"Let it spread like a disease."

⛤ Maître des arcanes, sorcier à l'essence écarlate. 37 ans de vice (et râles) et de chair corrompue. Manipulateur d'hormones, télépathe patenté.
⛤ Second, bras droit de Circé van derr Ven dans la secte de l'Irae. S'y démarque pour sa loyauté ciselée par les griffes de Morgan Leroy (missing). Mais les failles perlent.
⛤ Incube de Louisiane ; fils de ces terres marécageuses, du bayou poisseux et des routes cahoteuses. Né à Bâton-Rouge, n'a connu que Shreveport et les frontières de son État.
⛤ Né seul homme dans la famille des sorcières irlandaises Mulligan. Privé de père (tué) par la harpie noire : élevé par Sylia Mulligan, descendant du Rouge de sa grand-mère Julianna.
⛤ Cauchemar des femmes ; nourrit sa magie (Rougeoyante) des hormones sexuelles de ses partenaires, ainsi que des émotions primaires.
⛤ Traître à ses passions, criminel et meurtrier de Johanna Andros (missing). Pourfendeur d'amitiés, éternel débiteur, clébard soumis à ses attaches.
⛤ Ne vit que pour les Mardi-Gras de New Orleans ; caresse le rêve de s'y installer un jour dans son propre "shotgun", malgré le fantôme de Katrina.
⛤ Mystique, déchiré entre deux hommes : partagé entre le sorcier et l'humain, entre la sagesse et une ire destructrice. Le latin s'efface sans mal sous l'accent du Sud, coriace sous sa langue.
⛤ Commerçant du Downtown (Crawling life), antre de ses serpents vénérés, lézards et autres reptiles, dont il cède les corps, les soins et les cages de verre.
⛤ Pratique à l'arrière de sa boutique, dans un laboratoire farouchement défendu et protégé par les runes. Recèle secrets et savoirs, expérimentations douteuses et dangereuses.
⛤ Mauvais mentor. L'une de ses apprenties en a subi les conséquences. Guide de Morgane Wuntherson et d'Halina Meyer. Meilleur ami indigne de Vinzent Henkermann et cousin de Shannon Mulligan.
⛤ Pacte tissé avec Scox : Prince démon s'étant dissimulé derrière les brumes de Baal. Immortalité odieusement acquise, âme vouée à obéir et marcher aux côtés des Antiques.
38 ans d'âge réel ; 36 ans d'apparence.

⛤ ENAE VOLARE MEZZO ⛤

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"I put a spell on you."

Facultés : ⛤ La Rougeoyante s'infiltre dans les corps et y bouleverse les hormones ; flèche apollonide : distille poison, fléau, mort, mais aussi fièvre rouge saphique. Chaos total.
⛤ Télépathe raisonnable : ne s'infiltre de préférence que dans les esprits des humains misérables. Capable de communiquer en pensée avec quiconque lui ouvre les grilles de son esprit. Savant fou ; capable désormais de connecter sa psyché aux êtres muets, cobras et crotales comme cobayes, corbeaux et autres créatures rampantes.
⛤ Herboriste né, sa maîtrise des potions n'a d'égale que celle de son mentor maternel. Capable d'élaborer des philtres complexes ; créateur infatigable de breuvages en tous genres.
⛤ La Rougeoyante se défend et protège son hôte plus férocement qu'elle n'attaque : limitée par la nécessité d'un contact physique. Sorcier doué au corps-à-corps, secondé par son aisance au maniement d'athamés et autres lames rituelles.
⛤ Chercheur d'artefacts, quémandé des Longue-Vies : détisseur de leurs malédictions et autres mauvais sorts.
Thème : The Way ⛤ Zack Hemsey.
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⛤ VENGEANCE ⛤

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"Before I die alone."

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Ven 16 Fév - 19:40 (#)


Where Lost Boys go
Ils étaient rentrés dans une deuxième phase de leur conversation. Bien que veillant à rester le plus détendu possible – et ce sans avoir à se forcer particulièrement –, le sorcier demeurait extraordinairement concentré. Il cessa de triturer le tissu de ses phalanges qui elles-mêmes ne désiraient plus risquer de lui faire perdre le fil. Comme si chacun des rares mots qu’il extirpait à la créature était trop devenu trop précieux pour qu’il prenne le risque de les voir fondre dans son inconscient. Elle en connaissait une. Une Chamane. Ses lèvres s’entrouvrirent à peine, et l’afflux de questions venu fondre sur ses pensées raréfia le souffle du sorcier. Il se demanda si cette sœur que l’inconnue nommait Grand-mère était morte, ou bien vivante, là, à Shreveport. En Louisiane. À portée de main, de voix, de savoir. Il rêvait si fort de percer certains mystères liés à la femme-crocodile, et conservait par ailleurs sa curiosité naturelle à l’égard de ses frères de magie. Suspendus entre des bribes de mémoire qui ne le concernaient pas, les deux êtres se faisant face évoluaient dans une sphère si cotonneuse que tout étranger à leur échange les aurait manqués, dans le paysage. Il avait beau être moins discret, bien plus visible, son urbanité tranchant plus fort que la sauvagerie naturelle près de lui, il ne bougeait plus depuis longtemps. Il se laissait bercer par la poésie étrange qu’elle formulait, qu’elle balbutiait avec bien plus d’instinct, d’aisance et de sagesse que des artistes revendiquant un lyrisme commercialisé dans toutes les librairies des villes les moins modestes. Elle parlait le Vrai, le Qui-ne-Triche-Pas, et même s’il pouvait se trouver en désaccord avec elle, il savait qu’il ne servait à rien de contester le fond de ses Mots-Vrais. Cet enseignement lui avait été formulé implicitement, une sorte de transmission elle aussi commune à tous les pratiquants des arcanes de ce côté du monde. Même une sorcière noire comme Sylia savait reconnaître le Parler Vrai. Mieux qu’aucune autre peut-être, compte tenu du contraste saisissant entre les manipulations du Sombre tranchant avec la pureté morale de la silva. Elle le gourmanda, et il réprima un sourire. Pas vraiment vexé, il se sentit amusé de la voir presque contrariée par le mauvais usage que lui faisait de ses palabres. Sa vision manquait encore de clarté, salie par trop de paramètres, de paradigmes qui devaient totalement échapper à la créature des marais.

Son ombre de sourire s’évanouit au regard d’une proposition à laquelle il ne s’attendait pas. Ses prunelles la suivirent, observant la longue silhouette se déplier, si haute et, sinon malingre, du moins toute faite de nerfs et de muscles, sans le moindre excédent. Elle était faite pour survivre, aussi bien adaptée que toutes les grandes dents nageant dans les eaux troubles à proximité. Son cœur battait sur un rythme plus aléatoire, désormais. Comme si le carrefour approchait, que le moment était venu d’effectuer un nouveau choix, dont les conséquences n’étaient certainement pas assurées. Il n’était pas venu pour risquer sa vie une fois de plus, et certainement pas à cause d’elle. Il devait accepter de lâcher prise, mais pas complètement. Trouver cet équilibre subtil entre le contrôle primordial et l’abandon salvateur resterait l’un des nombreux combats de sa vie. Alors, en pleine conscience, Eoghan se redressa à son tour, décroisant ses jambes pour se remettre sur pied, lui faisant face. Il ne fit pas mine de reprendre le sac. Il écouta, du mieux possible. Bien sûr qu’il ne pouvait écouter autant qu’il l'aurait voulu. Ce monde trop bruyant le parasitait lui et ses semblables avec une telle force que même son éducation ne parvenait pas à débarbouiller les connexions fluides dont il avait pourtant toujours été nourri. Trop de bruit dedans et dehors. Troublé, il se demanda comment elle pouvait faire preuve d’une telle clairvoyance avec lui. Ses vieux réflexes de croyant dévot à d’anciennes divinités le poussaient à associer sa bouche à celle d’une envoyée, comme tant de contacts, de rencontres et de membres étranges du bestiaire surnaturel que le destin avait mis sur ses pas. Fille de Sobek qu’il avait crainte, redoutée, et dont il s’efforçait de porter à présent une pleine attention aux prêches.

« J’aimerais d’abord que tu m’expliques. J’ai besoin, d'abord, que tu m’expliques. Comment est-ce que je pourrais m’en débarrasser ? » Il redoutait moins un piège qu’une expérience traumatisante qu’il n’avait pas anticipée. Et si un soupçon d’appréhension plombait désormais son ventre, il ne comptait pas tourner le dos. Il désigna du menton la rivière derrière elle. « Il va falloir que j’plonge encore là-dedans, c’est ça ? » Il ne plaisantait qu’à moitié ; il avait beau se creuser la tête, il avait du mal à se figurer à quoi ressemblerait cette leçon sans qu’il n’ait à s’embourber dans la tourbe sous les lentilles d’eau.

Il s’approcha d’un pas ou deux. Il voulait la regarder de plus près. Il la décrypta encore, découvrant des ridules qu’il ne lui avait pas remarqué, observant comment se terminait la torsion de ses boucles au blond sali, n’osant qu’à peine se noyer dans le translucide d’iris dont la connaissance immémoriale avait de quoi réduire au silence n’importe quel humain venu de la ville. Il avait eu beau penser et craindre de l’interroger, il ne put, cette fois, tourner le dos à sa première impulsion :

« Comment est-ce que tu t’appelles ? Si tu as une ascendance, alors tu as forcément un nom. »

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Louisiana Burning

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Cannot a Beast be tamed
Inna Archos
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Cannot a Beast be tamed
THE ANGRY RIVER

En un mot : The angry river rises
Qui es-tu ? :
- Métamorphe patiente et silencieuse à l'instar de son reflet intérieur, le crocodile marin. Mélancolique parfois, rêveuse souvent, elle exhale un parfum désuet de nature indomptée.
- Membre du petit clan de métamorphes, les Archos. Sœur de Kaidan et de Rhys Archos, avec lesquels elle cherche à être réunie.
- Le concept même de l’humanité lui échappe totalement, elle qui n’est attirée ni par les possessions matérielles, ni par l’argent, encore moins par les humains.
- Depuis toujours, son esprit est trop différent pour comprendre les motivations humaines. Ermite vivant au cœur du bayou, elle évite les villes et leurs relents nauséabonds.
- Le bayou Carouge est son refuge, un labyrinthe sauvage et traître qui rejette les humains. Des nombreux racontars locaux circulent à son encontre.

Facultés :
- Sa véritable nature n'est autre que l'énorme crocodile marin. Un reflet intérieur lui conférant une force explosive, une grande résistance physique et une tolérance élevée aux poisons.
- Acquise lors d'une Chasse Sacrée tardive, elle possède la forme de la tortue alligator. Une nouvelle forme dont elle apprend encore patiemment la maîtrise et le mode de vie.
- Grâce à leur lien fusionnel, le bayou lui prête sa force. La métamorphe parvient à se transformer même durant la journée, tant qu'elle demeure au sein du bayou.
- Véritable fantôme pour l'humanité, elle n'a jamais rien possédé, ni biens, ni identité. Pour les autorités humaines, la métamorphe n'a jamais existé.
- Un calme souverain cache en réalité une profonde aversion pour l'humanité, qu'elle accuse d'empoisonner les siens et de les mener à leur perte.

Thème : The Hat : The Angry River
The awful cost of all we lost
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We've paid the price of this cruel device
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These dead men walk on water
Cold blood runs through their veins
The angry river rises
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Dim 24 Mar - 15:27 (#)

A Voice from within, you're not alone – The Humbling River

Dans le nid écailleux de ses mains, la noirceur lisse de la dent déclinait les lueurs cuivrées du soleil d’arrière-saison en motifs iridescents, accentuant les dentelures émoussées qui en bordaient les tranchants. Polie par l’inlassable ballet de l‘eau et des vents saturés d’humidité, la relique était drapée de ces sédiments boueux, brillants, colorés d’émeraude sale et de vermeil, qui pavaient les lits des canaux, là où reposaient les cyprès morts et les poissons-chat paresseux. Elle avait sa place dans la paume d’Inna. Celle-ci la fixait avec curiosité et perplexité à la fois, comme un insolite bijou dont la métamorphe aurait hérité, avec son collier de tourbe qui s’élançait entre les arabesques de sa paume, et ses reflets d’onyx étincelant dans la clarté déclinante. Ici, dans la quiétude isolée des bayous, l’objet paraissait si ordinaire, d’une banalité effarante pour les habitués des chenaux, que l’intense curiosité d’Inna apparaissait comme une bizarrerie supplémentaire de sa part.

Cercle de chair, qui était sa main, au centre duquel dormait un morceau de reptile – un frère, une sœur, elle n’aurait su le dire – comme un carré de couleur arrachée à une mosaïque d’écailles. Inna oscillait de-ci de-là, et elle tournait cette dent, de-ci de-là au creux de sa paume, oubliant quasiment l’existence de l’homme, et même l’existence tout court. Durant une minute, elle eut un accès d’inconscience, dressée sur la souche, les lèvres entrouvertes, les muscles raides, silencieuse à l’excès, comme une somnambule scrutant les bosses et les creux du bout d’os entre ses doigts. Une brise moite aplatit les mèches claires sur ses tempes, tandis que les mouches et les moustiques composaient un essaim à côté d’elle et au-dessus des reliefs de son repas. Ce fut son soupir qui mit un terme à cette transe impromptue au moment où ses yeux erraient çà et là, hantés.

Qu’avait-elle ressenti ? Inna n’était sûre de rien, elle-même.
Elle parut aspirer l’air avec avidité, cette texture humide, lourde et bourbeuse qui remplissait les bayous, et tourna la tête ici et là, à la recherche du fil de la conversation. Elle jeta un dernier coup d’œil à l’intérieur de sa main, sur ce débris osseux qui absorbait tant son attention, comme un appel d’air soulève la poussière, et la ferma soudainement en battant des cils, ébranlée. Faisant momentanément fi des questions de l’homme, la métamorphe descendit de l’arbre avachi, sa main close triturant machinalement l’objet en son sein, avant de se faufiler entre les hautes herbes qui envahissaient tout l’espace autour du cyprès. Un bref instant, Inna parut sur le point de partir sans un mot, un fin trait de paille s’effaçant dans la touffeur crépusculaire.

Pourquoi s’évertuait-elle à lui répondre ?
Cela aussi, Inna n’en savait rien.

Inna s’arrêta à l’ombre de l’immense cyprès aux branches alourdies de mousses aériennes, son menton levé vers les hautes branches éraflant l’azur hâlé du ciel de leurs frondaisons saillantes, qui oscillaient lentement à chaque inspiration du bayou. L’arbre lui plaisait. Dans l’alcôve naturelle que formaient ses branches basses et les mailles fibreuses des racines, le tapis tissé de vrilles de lierre, de cailloux, et de brindilles, dessinait un rond de terre meuble qu’un halo de silence cotonneux enveloppait. La femme crocodile se hasarda entre le dense rideaux des herbes folles, sans toutefois s’avancer dans l’ombre de l’arbre, ses phalanges effleurant le sommet des tiges, les yeux scrutant le sol, la masse hirsute de ses cheveux claires cachant son air concentré.

Inna semblait chercher quelque chose. « Je ne sais pas, » répondit-elle en haussant les épaules. « Je peux te montrer une manière d’écouter. Je ne peux pas promettre que tu entendras. »

Pourquoi s’évertuait-elle à l’aider ?
La question lui parut maladroite tout à coup.

À quelques mètres de l’arbre, fleurissaient des bosquets de lys des bayous, au sommet desquels Inna retira une plume de héron, qui dansait au gré du vent. Elle l’accrocha sur la couture d’une de ses poches élimées et, en dépassant l’homme, lui adressa un regard circonspect, doublé d’un nouveau haussement d’épaules.

« Tu peux aller dans l’eau, si tu veux. Tu sentiras moins la fumée ensuite. » Discrète et agile, Inna enjamba le roc couvert de mousses penché au-dessus de la rive comme un pêcheur du crue, et se pencha au-dessus du canal, de façon à cueillir dans sa main en coupe une louche de lentilles d’eau. L’air ailleurs, indifférente aux conjectures qui encombraient inutilement la bouche de l’homme, la femme crocodile traversa sans un bruit l’étendue herbeuse et s’accroupit sous le cyprès, laissant derrière elle une traînée d’eau sur le sol friable. Là, elle saisit fermement la dent d’alligator, et commença à tracer un cercle dans la terre volatile, couleur ocre.

« Je m’appelle Inna, » murmura-t-elle machinalement, comme si son prénom n’avait aucune importance, en utilisant son corps accroupi et la vieille dent comme d’un compas rudimentaire.

Des volutes terreuses emplirent l’air. Elles se déroulèrent autour des mains écailleuses de la métamorphose, à la façon d’écharpes brumeuses, composées d’une myriades d’éléments brillants qui se collaient à ses bras nus et effleuraient ses narines sans l’importuner. Un pli de souci séparait ses sourcils. L’exercice faisait appel à une tranche lointaine et refoulée de sa mémoire déjà à vif, si bien qu’Inna faisait un effort visible pour se rappeler de tous les détails. Le cercle ainsi tracé, elle déposa délicatement la dent en face d’elle, puis ouvrit son autre main, où la pellicule de duckweed luisait faiblement dans la pénombre du grand conifère.

« Quelque chose qui marche au-delà du monde, » commença-t-elle à réciter, en montrant la dent d’un signe du menton, que Inna avait posé sur le bord opposé du cercle. Puis elle s’appliqua à étaler la duckweed à une certaine distance du premier objet, une trentaine de centimètres environ. « Quelque chose qui marche sur l’eau. » Elle hocha la tête, comme écoutant les conseils d’une mentor invisible, puis décrocha la fine plume ramassée auparavant. « Quelque chose qui marche sur l’air, » compléta-t-elle ensuite, d’un ton confiant.

La plume trouva sa place à son tour. Coincée à une trentaine de centimètres des lentilles d’eau, elle ballotta un instant dans la mince brise, prête à s’envoler, avant de retomber dans les tourbillons d’ocres vaporeux. La femme crocodile hocha de nouveau la tête, apparemment satisfaite, et se leva lentement, en cherchant des yeux l’élément suivant. Elle jeta son dévolu sur une fleur de lys. Cueillie entre son index et son pouce, elle la coucha sur le contour du cercle à la même distance que les autres éléments, formant ainsi un chapelet de quatre matériaux naturels qui marquaient le tracé du cercle à intervalles réguliers. Toutefois, un espace vide entre la duckweed et la Spider Lily, brisait toujours l’harmonie de l’ensemble hétéroclite.

« Quelque chose qui marche sur la terre, » expliqua Inna avant de pointer du doigt l’emplacement vide. « Et quelque chose qui marchera bientôt. » Un soupir discret franchit ses lèvres. Comme une pointe de tristesse piquant le sommet de son crâne, là où la main noueuse de la chamane caressait ses cheveux, en tâchant d’y imposer un semblant d’ordre. En vain, bien entendu. La crinière d’Inna avait toujours ressemblé à une futaie laissée sans soins, sauvage, cassante et abîmée parfois, mais semée de fleurs, de nids et d’insectes, comme autant de trésors cachés. Le fantôme d’un sourire quitta les lèvres de la métamorphe, au moment celle-ci se tournait finalement vers son visiteur humain, qu’elle avait laissé dans l’expectative tout ce temps.

« C’est pour méditer. Grand-mère disait que personne ne choisit la terre dans laquelle on prend racine. Mais que l’on peut quand même choisir de s’ouvrir à la pluie, » énuméra-t-elle en faisant appel à ses souvenirs. La femme crocodile s’avança à l’intérieur du cercle et s’y assit en tailleur, à même le sol. Inna leva les yeux vers l’homme, elle-même encore dans l’expectative à son encontre, tout comme envers ses intentions.

« Tu veux essayer ? Je serai le dernier élément. Quelque chose qui fait le pont entre ici et là-bas. Là-bas, loin d’ici, où la Terre déteste l’homme, où le vent siffle en silence, où l’aube ne naît jamais. »

Pourquoi s’obstinait-elle à l’aider ?
L’évidence lui sauta aux yeux à cet instant, assise et attentive à l’intérieur de ce cercle, où elle et May Archos avaient pris place autrefois. Pourquoi refuser de donner quelque chose que Inna n’avait jamais possédé ?
Cela n’aurait eu aucun sens.

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