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The Wailing | Medea & Inna

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Cannot a Beast be tamed
Inna Archos
Inna Archos
Cannot a Beast be tamed
THE ANGRY RIVER

En un mot : The angry river rises
Qui es-tu ? :
- Métamorphe patiente et silencieuse à l'instar de son reflet intérieur, le crocodile marin. Mélancolique parfois, rêveuse souvent, elle exhale un parfum désuet de nature indomptée.
- Membre du petit clan de métamorphes, les Archos. Sœur de Kaidan et de Rhys Archos, avec lesquels elle cherche à être réunie.
- Le concept même de l’humanité lui échappe totalement, elle qui n’est attirée ni par les possessions matérielles, ni par l’argent, encore moins par les humains.
- Depuis toujours, son esprit est trop différent pour comprendre les motivations humaines. Ermite vivant au cœur du bayou, elle évite les villes et leurs relents nauséabonds.
- Le bayou Carouge est son refuge, un labyrinthe sauvage et traître qui rejette les humains. Des nombreux racontars locaux circulent à son encontre.

Facultés :
- Sa véritable nature n'est autre que l'énorme crocodile marin. Un reflet intérieur lui conférant une force explosive, une grande résistance physique et une tolérance élevée aux poisons.
- Acquise lors d'une Chasse Sacrée tardive, elle possède la forme de la tortue alligator. Une nouvelle forme dont elle apprend encore patiemment la maîtrise et le mode de vie.
- Grâce à leur lien fusionnel, le bayou lui prête sa force. La métamorphe parvient à se transformer même durant la journée, tant qu'elle demeure au sein du bayou.
- Véritable fantôme pour l'humanité, elle n'a jamais rien possédé, ni biens, ni identité. Pour les autorités humaines, la métamorphe n'a jamais existé.
- Un calme souverain cache en réalité une profonde aversion pour l'humanité, qu'elle accuse d'empoisonner les siens et de les mener à leur perte.

Thème : The Hat : The Angry River
The awful cost of all we lost
As we looked the other way
We've paid the price of this cruel device
'Til we've nothing left to pay
The river goes where the current flows
The light we must destroy
Events conspire to set afire
The methods we employ
These dead men walk on water
Cold blood runs through their veins
The angry river rises
As we step into the rain

Pseudo : Carm'
Célébrité : Mackenzie Davis
Double compte : Alexandra Zimmer & Elinor V. Lanuit
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Crédits : Lyrics: The Hat ; Images: Pixabay ; Avatar: Carm'
Lun 8 Mai - 14:13 (#)

The Wailing

Un silence épais entourait le fort croulant. Au Sud, où les briques brûlées de soleil rencontraient l’eau verte du canal, le vieux mur d’enceinte s’était drapé d’un rideau de plantes aériennes, qui pendaient depuis le chemin de ronde, en reflétant les lumières moirées du rivage. Les anciennes douves avaient été inondées voilà un siècle de cela, et le sang vert du bayou s’infiltrait désormais dans les interstices usées de la vanité militaire. À l’endroit où l’enceinte Sud formait un demi-cercle, les mouvements patients des canaux avaient accumulé un liseré sombre fait de bois flottant, où l’air moite était saturé d’insectes stridulant en vastes nombres, où les feuilles mortes s’aggloméraient comme un tapis opaque et lourd, à l’aspect collant. Au ras de la surface, les tempêtes et l’humidité avaient mordu les fondations et arraché les briques une à une, y créant des espaces vides, morcelés, qui ressemblaient à des plaies inégales que l’eau creusait sans cesse.

À certains endroits, les os de l’architecture étaient à nus. Des palétuviers solitaires et des bancs de roseaux escaladaient les fondations mourantes, puis montaient à l’assaut de la forteresse que les armes n’avaient jamais pu abattre. Depuis les encadrements des ouvertures béantes, les ténèbres vomissaient des glycines et des plantes desséchées, qui retombaient comme des chevelures de vrilles et de fleurs fanées, à la place des canons depuis longtemps disparus. Le canal suivait ainsi la courbure du vieux fort sur plusieurs dizaines de mètres, avant de rejoindre les murs droits de l’Ouest et du Nord, qui prenaient racine sur la terre ferme. Ici aussi, le bayou avait repris ses droits, et si l’eau cédait la place au terreau, la brique s’érodait également dans l’étau indifférent des racines, des branches et des herbes, que le vent moite balayait régulièrement.

De ce côté, le chemin menant à la forteresse avait disparu. Une couverture formée d’un enchevêtrement de racines de palétuviers, de taillis épineux et de plantes aériennes, avait complètement avalé les flancs du fort tournés vers l’intérieur des terres. La nature croissait ici sans aucune limite ni ordre, à l’ombre des cyprès chauves qui prenaient racine dans cette terre, autrefois le théâtre de la belligérance des hommes. Parfois, des trous d’eaux brisaient la monotonie de cet inextricable amas de feuilles et de racines, où fleurissaient des bancs de jacinthes d’eau. Ici et là, quelques tas de briques marquaient l’emplacement des vieux murs, qui avaient depuis péri sous l’assaut lent du bayou. De jeunes gommiers se tenaient à présent sur le chemin de ronde, parsemé d’éboulis, et leurs racines descendaient dans les salles vides, obscures et poussiéreuses.

De cette section d’enceinte, seule subsistait l’arche de la porte principale. Les piliers de l’entrée se tenaient de guingois dans la pénombre des feuillages, entre lesquels le soleil dessinait des tâches sombres, comme des écailles mouvantes. Au sein du fort, la cour intérieure n’était que ruines. Le petit bâtiment marquant son centre avait chuté depuis des décennies, ne laissant que le souvenir de tas de gravats désordonnées, et un schéma de tranchées inégales sur le sol. Une couche de terre fine, faite de poussière et de feuilles mortes, avait recouvert les pavés inégaux, que les racines avaient soulevé sans répit, y laissant des trous traîtres. La cour n’était aujourd’hui qu’une bulle de verdure isolée, que les hauts arbres recouvraient telle une tonnelle filtrant la lumière en de multiples nuances d’émeraude, d’ambre et de bleu lagon.

Pourtant, le silence persistait. Depuis les rochers moussues qui se soulevaient à des centaines de mètres des anciens murs, une silhouette humaine était accroupie et écoutait. Aux yeux d’Inna, le fort ressemblait à une antique bête humaine, que les efforts conjugués du temps et du bayou avaient fini par abattre. Son cadavre gisait désormais à l’air libre, abandonné des siens, dans un étau naturel qui jetait un voile pudique sur cette agonie interminable. Parmi l’entrelacs des senteurs de feuilles, de fleurs tardives, de l’eau saumâtre et de la vase, flottaient celles des souches chauffées au soleil, et de la pierre poncée par la moisissure. Les rayons de cette fin de matinée étaient parvenus à traverser les frondaisons, en colorant les particules de poussière et les insectes volants d’un chatoiement de nuances vibrantes dans la brise humide.

Aussi désertée que puisse être la vieille construction humaine, et en dépit de son apparence sauvage, Inna n’avait jamais franchi l’arche de la grande porte. Dans cet écrin isolé sur un bout de terre rongé par les flots, un silence oppressant s’était installé en maître ; ici, le bayou était muet. Les trilles des oiseaux avaient cessé, les chants des amphibiens étaient absents, et seuls les clapotis de la rivière rythmaient le passage du temps. Parfois, la brise qui remontait des canaux du Sud emportait un infime relent nauséabond qui ressemblait à un mélange d’huile de moteur et d’œufs pourris. La métamorphe n’aurait pas su dire ce que cela signifiait, ni d’où cette puanteur provenait. Elle plissait alors le nez de dégoût, et cherchait à percevoir les murmures des feuilles et les pulsations de la terre, assourdies sous des sensations malsaines et persistantes.

Inna était venue trois fois ici. À des kilomètres de son territoire du bayou Carouge, le vieux fort n’était qu’un point lointain et minuscule dans l’immensité labyrinthique des bayous. Un point nauséabond, que la femme crocodile n’aimait pas. Les ruines constituaient à ses yeux les restes d’une cage thoracique implorant le ciel, que la nature finirait tôt ou tard par avaler : l’air ici avait la lourdeur suffocante d’une lente strangulation. Un malaise sourd flottait aux abords de ce lieu, que Inna tâchait d’identifier depuis ces trois jours, en vain. Dès l’aube, elle était venue s’accroupir au sommet d’un amas de rochers parcourus de lichens et érodés par l’humidité, que les racines épaisses d’un arbre solitaire avaient craquelé en leur centre. Elle fixait en silence cette forteresse déserte, en cherchant à analyser les sensations qui l’habitaient aux abords de ce cadavre de briques et de mortier ; une répulsion viscérale qui n’émanait pourtant pas de sa propre conscience.

Le bayou haïssait cet endroit. Cela, la métamorphe en était certaine, mais plus encore, elle était persuadée que quelque chose d’autre couvait à l’abri des ruines à demi dévorées par la végétation. Autour d’elle, Inna ressentait une répulsion profonde, que trahissait le frémissement de la terre et l’amertume de l’air ; ici, les feuilles se recroquevillaient et les fleurs refusaient d’éclore, comme un animal apeuré. Elle n’avait toutefois aucune explication à ça. Pourtant, aussi sûrement que le bayou montrait les crocs, les instincts de la métamorphe lui murmuraient un avertissement, en même temps qu’une volonté prudente de comprendre : Que contenait cet endroit ? Pourquoi l’avait-on poussé à venir ici ? L’explication lui filait entre les doigts. Elle massa pensivement sa chevelure en friche, pleine de morceaux d’écorces et de lichens désordonnés.

Elle était restée immobile pendant des heures. L’éclat indiscret du soleil ne parvenait qu’à peine à éclairer le fouillis de branches alourdi de mousses espagnoles, sous lequel Inna s’était abritée, la masquant presque totalement à la vue. Au gré de ses errances, même les nippes déchirées dont elle était vêtue s’étaient recouvertes de plaques de mousses, et des fibres végétales s’étaient accrochées aux mailles de ses anciens vêtements. Elle avait perdu ses sandales le mois dernier. Les jambières de son pantalon étaient déchirées à mi-mollet, et les trous de son débardeur étaient comblés par de la mousse sauvage ; rien de dérangeant à ses yeux. Une salamandre escalada son tibia droit, et une libellule s’accrocha à l’une ses mèches folles de la couleur du blé, sans que la change-forme ne se rendit compte de la présence de l’une ou de l’autre.

La concentration l’avait conféré à la parfaite immobile. Voilà une heure de ça, la brise s’était alourdie d’une intense odeur d’activités humaines, métal et sueurs mêlés, qui ne provenait pas de la forteresse en ruine, mais d’une autre direction. Un élan de perplexité l’ébranlait depuis lors. Les humains la tracassaient moins que cette atroce puanteur émanant du fort, et pourtant, Inna ne pouvait s’empêcher d’éprouver un frisson d’inquiétude à l’idée que tout cela puisse être lié. Perdue dans ses réflexions, elle demeura assise sur son îlot de rocs perdu dans un océan de verdure, les jambes repliées contre son torse, attentive et pensive. L’air chaud du bayou caressait de temps à autre son visage, à la manière d’une énorme créature paisible, dont le souffle brûlant marquait à la fois le passage des heures, et son affection envers cette enfant muette, blottie dans l’étreinte de ses bras.

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Sugar Mommy, la randonnée c'est ma vie (et mes collines ne demandent qu'à être explorées)
Medea Comucci
Medea Comucci
Sugar Mommy, la randonnée c'est ma vie (et mes collines ne demandent qu'à être explorées)
I will stop at Nothing

En un mot : Humaine. Profiler pour le FBI et consultante pour la NRD
Qui es-tu ? : A cinquante ans, je rassemble les bris de ma carrière explosée dix ans plus tot. Travailleuse acharnée, animée par un désir de vengeance qui me couple le souffle. Je ne m'arrêterais que lorsque ma Némésis sera morte ou sous les verrous. En parallèle, à la tête d'une cellule spéciale, je suis chargée d'incarcérer les CESS qui s'imaginent au dessus des Lois.
Facultés : J'attire les ennuis. Très facilement. Et souvent, je vais à leur rencontre.
Thème : https://www.youtube.com/watch?v=EUY2kJE0AZE
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ASHES YOU WILL BE
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Sam 1 Juil - 17:08 (#)

début octobre, 9h45.

La chaleur moite de l’atmosphère rend l’air presque irrespirable. Les hommes qui s’affairent à monter une base mobile à portée de vue de l’ancienne forteresse travaillent dans le silence complet, sans une complainte malgré les dos qui se couvrent de sueur en dépit de l’heure matinale. Une tente est rapidement installée, le centre de communication sera bientôt mis en service. L’antenne de la Nouvelle-Orléans a approuvé l'opération vingt-quatre heures plus tôt et une fois que les rouages de l’administration tournent, ils tournent avec efficacité. Les agents ne cherchent pas à être discrets. Ils sont là pour impressionner. Pour promettre les foudres de la Loi et du Gouvernement. Ils restent pourtant à distance respectable des murs délabrés. Il ne s’agit pas d’être une menace directe. Pas encore. Les ronces s’accrochent aux treillis, le sol se dérobe en des flaques devinées trop tard. Il n’y a pas un chemin clair jusqu’à l’arc branlant de la porte.

Tant que des chances de négociations sont encore possibles, l’Agent Spécial  en charge de la Division HRT -Hostage Rescue Team- ne sonnera pas la charge d’un assaut frontal. Son principal but est le sauvetage des quatre otages retenus depuis au moins deux semaines par le principal suspect et propriétaire de l’ancienne propriété militaire qui leur fait face. Jonas Marchant, l’un des otages formellement identifié, n’a plus répondu aux messages de ses proches depuis huit jours et son téléphone a été déconnecté des réseaux.

Medea ne fume pas. Le visage fermé, elle ne trahit rien de la rigole de sueur qui glisse le long de son dos. Le gilet pare-balle floqué du sigle du FBI dans le dos et sur la poitrine l’identifie clairement, comme chacun des autres agents. Elle fait face à Gregory Irving, l’officier responsable de l’équipe qui a été détachée pour libérer les quatres victimes. Le doute plane sur le nombre exact. En recoupant les avis de disparitions, il y aurait au moins quatre autres profils qui pourraient correspondre aux préférences de Carlos Santanas.

-Carlos Santanas, Comucci, qu’est ce que vous avez sur lui, exactement? -A près de quarante cinq ans, il a les manières d’un homme posé qui ne croit pas en des actions précipitées. Derrière lui, le plan détaillé des ruines, les indications des niveaux creusés en dessous des canaux qui entourent la bande de terres qui est leur théâtre d’opération pour la journée, les jours à venir.  C’est la première fois qu’ils travaillent ensemble mais la réputation du chef d’équipe n’est plus à faire dans le Bureau.

Ce n’est pas rare pour l’italienne de rejoindre des affectations ponctuelles quand ses compétences sont requises et en ce moment les affaires surnaturelles dont elle s’occupe généralement sont dans une période de creux. De toute manière, il ne lui est pas possible d’oublier qu’elle n’est que Consultante pour le Pasua malgré son statut de chef d’équipe. Elle a creusé autant que possible les renseignements concernant Santanas. Ces derniers jours ont été passés à dresser un portrait le plus complet possible de sa psychée, de ses finances, de ses névroses. Etudier les quatre otages identifiés a aussi été une tâche absolument cruciale.

-53 ans, caucasien, originaire de Samson, Alabama. Son père, décédé, était George Santanas, un de ces prêcheurs évangélistes itinérants. Fils unique, il suit son père en étant déscolarisé. Sa mère est morte quand il avait quatre ans, overdose et soupçon d’abus conjugaux qui n’ont jamais été investigués. Santanas Senior tenait de grandes foires d'évangélisation où une fois par séance, il pratiquait l’exorcisme de son gosse devant les foules, avant de le proclamer Messie Réincarné.  Il se proclamait guérisseur par la Foi. Il avait facilement la bouteille aussi leste que la main en privé et il s'est avéré qu’il battait sévèrement le gosse quand il n’était pas satisfait de ses performances ou pour des fautes de piété.  Il a refilé à son fils, selon plusieurs témoignages, un complexe de sauveur et de gourou. Charismatique, beau parleur, il n’a pas été plus loin  qu’une éducation sommaire.  Son père disparaît dans des circonstances troubles quand Carlos  a une vingtaine d’années. Je soupçonne Carlos de l’avoir tué quand son père a dérapé une fois de trop, mais il faudrait faire exhumer le corps du père pour en être sûr. Le rapport d’autopsie est très léger.

Medea cesse de parler pendant quelques instants, permettant à son auditoire de se faire une idée plus précise de leur cible à neutraliser. S’assurer qu’ils seront capables de l’identifier visuellement sans la moindre erreur même dans des conditions lumineuses précaires. Elle essuie discrètement sa nuque empoissée de sueur de sa paume. Une tasse de mauvais café avant qu’elle ne reprenne ses explications.

-Pendant quelques années, il reprend le flambeau paternel en écumant les villes avec de forts taux de pauvreté et d’addictions. Il acquiert une réputation radicalisée et une petite foule de marginalisées commence à le suivre à chacun de ses prêches. Il navigue librement dans la Bible Belt pendant huit ans. Avec la Révélation, les Cess deviennent ses antéchrist mais il ne rejoint aucun groupe activiste connu, ne supportant aucune concurrence à son culte de la personnalité. Il y a dix ans, il décide  d’acheter la forteresse qui devient son “centre de Guérison” qu’il oriente comme centre de désintoxications. On soupçonne qu’il étend son influence sur les malades qu’il accueille en parallèle de ses évangélisations itinérantes. J’ai retrouvé trois anciens patients qui sont restés muets sur les méthodes. Ils ont admis du bout des lèvres qu’il n’y avait aucun personnel médical, uniquement Santanos et d’autres  malades. Même au téléphone, il était clair qu’ils étaient terrifiés par l’homme. J’en ai eu l’un d’eux en visio et avant qu’il ne pense à baisser ses manches de chemises, ses bras étaient marqués de brûlures de cigarettes et de cicatrices d’entailles. Impossible de déterminer si Santanas en est responsable. Ils ont confirmé que toutes les installations, les parties habitables étaient au niveau des fondations, que rien n’avait été remis en état au-dessus du sol.


La tasse de café désormais vide est reposée sur la table en plastique. -Je préconise une première prise de contact, au moins un essai. Il a un égo surdimensionné et serait capable d’actions drastiques telles que meutres et suicide. C'est le genre de type qui pense que finir dans les journaux pour un nouveau Waco serait une conclusion parfaite. Difficile aussi d’estimer l’état physique des autres personnes avec lui. Ce sont des addicts, c’est une certitude. Si vous pouviez envoyer des robots dirigés à distance, équipés de caméra, ce serait utile, mais ils ne doivent pas se faire repérer.

Medea sort de la tente, laissant les hommes discuter entre eux de la marche à suivre. S’éloigne un peu de l’agitation qui fourmille. Elle est calme, sachant pertinemment qu’il peut s’écouler plusieurs heures d'attente avant que la situation ne demande d’agir. Son rôle n’est pas d’entrer dans la forteresse en même temps que ces hommes. Leur expérience est bien plus grande que la sienne dans ce genre d'opérations. Quoique, ils ont l’air décontenancé par le microcosme des Bayous et l’italienne ne peut les blâmer. Un demi sourire aux lèvres. Elle pourrait presque compatir. Non, son expertise sera utile s' ils décident d’établir un contact direct et que Carlos l’accepte. Machinalement, ses pas s'éloignent des véhicules et de la base gouvernementale pour prendre une chemin de traverse. Sa radio est fonctionnelle et elle sera immédiatement joignable si besoin.  Elle souhaite avoir un autre regard sur les ruines et malgré ses semelles qui s’enfoncent dans l’humus, les moustiques qui continuent à lui tourner autour, -non, elle ne s’est pas couverte de boue, - elle poursuit sa marche pendant une dizaine de minutes. La forteresse offre une vision bien squelettique. Il est difficile d’imaginer que des pièces propres à l’habitation aient survécu  en ayant sous les yeux les murs ravagés par la flore et le temps. Les lézardes menacent l’intégrité de la structure, la prolifération de la végétation, tout cela chante l’abandon des hommes. L’atmosphère est lourde pourtant. Pesante. Un je ne sais quoi qui la met sur ses gardes et lui interdit d’être détendue. Le chenal maritime qui étreint les fondations ne permet pas un passage à sec et l’italienne s’en désintéresse pour le moment. Revient vers le côté, vers les monticules de pierres brisées qui se sont amassées là au rythme de l’écroulement du fort.
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Inna Archos
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- Membre du petit clan de métamorphes, les Archos. Sœur de Kaidan et de Rhys Archos, avec lesquels elle cherche à être réunie.
- Le concept même de l’humanité lui échappe totalement, elle qui n’est attirée ni par les possessions matérielles, ni par l’argent, encore moins par les humains.
- Depuis toujours, son esprit est trop différent pour comprendre les motivations humaines. Ermite vivant au cœur du bayou, elle évite les villes et leurs relents nauséabonds.
- Le bayou Carouge est son refuge, un labyrinthe sauvage et traître qui rejette les humains. Des nombreux racontars locaux circulent à son encontre.

Facultés :
- Sa véritable nature n'est autre que l'énorme crocodile marin. Un reflet intérieur lui conférant une force explosive, une grande résistance physique et une tolérance élevée aux poisons.
- Acquise lors d'une Chasse Sacrée tardive, elle possède la forme de la tortue alligator. Une nouvelle forme dont elle apprend encore patiemment la maîtrise et le mode de vie.
- Grâce à leur lien fusionnel, le bayou lui prête sa force. La métamorphe parvient à se transformer même durant la journée, tant qu'elle demeure au sein du bayou.
- Véritable fantôme pour l'humanité, elle n'a jamais rien possédé, ni biens, ni identité. Pour les autorités humaines, la métamorphe n'a jamais existé.
- Un calme souverain cache en réalité une profonde aversion pour l'humanité, qu'elle accuse d'empoisonner les siens et de les mener à leur perte.

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Jeu 13 Juil - 18:50 (#)

The Wailing

Aux relents des humains, se mêlaient la danse des feuilles et leurs senteurs. Celles-ci flottaient dans la brise automnale et dessinaient des arabesques aériennes aux contours d’ors et de cuivres, en chutant sans bruit sur la terre déjà recouverte d’un tapis de leurs semblables. Une couverture chamarrée qui embaumait l’air, encore chaud en cette saison, d’un parfum capiteux mêlant l’humidité, la pourriture et le bois trempé. Ici et là, les taillis dénudés et les touffes d’herbes hautes jaillissaient de cette couette de feuilles mortes, comme autant de mèches folles d’une chevelure où se mêlaient les nuances de jaunes, de carmins et d’émeraudes. Parfois, au milieu de cette profusion de couleurs, apparaissaient les os saillants du fortin ; des enfilades de traits symétriques dans le sol moite du bayou, faites de pierres édentées que les saisons avaient poncé.

Partout ailleurs, la mousse escaladait la roche. D’un vert tendre au bleu pâle, les lichens formaient des îlots traîtres et glissants, à la manière de chemins insaisissables, qui ressemblaient aux colonnes vertébrales de créatures antiques et enfouies dans le sol. À des centaines de mètres des fortifications, où les contreforts de pierre disparaissaient dans les tourbières du chenal, Inna, accroupie sur un monticule de rochers verdâtres, cherchait à différencier les odeurs d’activités humaines récentes de cette puanteur souterraine émanant des boyaux du fort. Pour elle, les deux étaient nauséabonds. Les uns et les autres se mêlaient étroitement, en composant un fumet immonde mêlant sueurs humaines, métal et poudre, café fort et odeur de souffre.

L’attente était inconfortable. Autour d’elle, la nature elle-même s’obstinait au silence, tandis que ce malaise palpable conférait aux ombres des murs croulants, une touche sinistre, comme si le mauvais œil ne cessait d’arpenter le chemin de ronde. Lorsque les racines des palétuviers s’enfonçaient entre les briques usées de l’architecture, comme des veines enracinées dans un cancer, elles absorbaient alors les fluides malades d’un phénomène obscur, qui se déroulait dans les entrailles du fort. Leurs feuilles mouraient plus souvent que nul autre arbre, et les lentilles d’eau qui flottaient dans leurs ombres avaient fini par ternir et se raréfier. Chacun de ses menus détails formaient une tâche dans ce décor autrefois limpide, rythmé par le courant du canal voisin qui avait porté Inna jusqu’ici, dans un but qu’elle-même n’était pas certaine de comprendre.

Le vent lui avait soufflé, voilà tout.
Elle n’aurait pu dire mieux.

Cette question n’était pas unique. Elle entraînait une foule d’autres semblables, qui encombraient l’esprit de la métamorphe sans qu’il n’exista, de prime abord, de réponse évidente. Nulle n’était visible dans le dédale des mousses suspendues et des branches basses, pas plus que dans les dessins du limon qui recouvrait tous les canaux de son bayou. Elle-même n’avait découvert aucun début d’explication au sein de son cœur, lequel battait chaque jour un peu plus fort au rythme lent des marais ; pourtant, Inna le devinait, c’était dans ce lien fusionnel avec le bayou que résidaient les réponses, autant que les questions. Que faisait-elle ici ? On lui avait dicté de le faire. Dans quelle intention ? Pour percevoir et comprendre ce qui se déroulait ici. Alors, que devait-elle faire ? N’était-elle pas venue ici dans un but précis, non pour assister à cette lente agonie ?

Inna sut que la solution était proche. Elle la flairait dans l’air empuanti. Déroutée par de telles perspectives, elle se détourna un instant de ces ruines, et son attention s’attarda sur le filet d’eau croupie qui encerclait le mur d’enceinte ; aucun roseau n’y poussait, pas plus que les insectes n’y volaient. Toujours troublée, Inna baissa les yeux vers ses mains entrouvertes qui contenaient, à sa propre surprise, la dent d’alligator qu’elle avait découverte dans la boue du bayou Carouge, il y a trois mois. L’objet était lourd, d’un noir uniforme, et assez large. Elle la fit passer dans le creux de sa paume droite, alors que son index caressait pensivement la surface noircie ; là aussi, la métamorphe n’aurait su dire la raison qui l’avait poussé à conserver la dent, ni ce qui la poussait à contempler ce vestige animal durant ces profonds moments de réflexions.

Dans cet ivoire abîmé par le temps, séjournait encore quelque chose. Une lueur. Un instinct. Un murmure. Inna en ressentait les échos ténus et rassurants, sans les comprendre vraiment.

Elle en oublia quasiment le drame silencieux qui étouffait ces lieux. Enfermée dans cette bulle de verdure et de méditation, Inna caressa avec tendresse la relique, comme si celle-ci pouvait lui fournir le début d’une réponse ; elle n’en attendait rien, en vérité, et se contentait du singulier réconfort de la toucher. Ce fut alors le craquement d’une brindille qui l’extirpa de cette transe. Elle leva vivement la tête, en fourrant aussitôt la dent dans l’une des poches intactes de son pantalon, et scruta le rideau des troncs et des buissons pour déterminer la source du bruit. La lourdeur des pas trahissait la présence humaine. Perchée sur les rochers amoncelés qui bordaient le fortin, Inna conserva son immobilité de pierre tandis qu’une silhouette solitaire se hasardait avec précaution parmi le terrain traître de feuilles et de galets glissants.

La vision qui apparut, lui était familière. L’odeur aussi. La brise lui apporta les arômes de café et les parfums chimiques, à mesure que la silhouette de l’humaine apparaissait entre les troncs. Le tracé symétrique de ses vêtements tranchait terriblement avec l’entrelacs désordonné de branches et de feuilles, de même que sa démarche balourde ne pouvait se confondre avec un élément naturel. Inna la reconnut aussitôt. Elle était la femme trop curieuse, cette touriste perdue au cœur du bayou, voilà des mois de ça, que la métamorphe avait choisi d’aider, au lieu de la noyer. Elle avait beaucoup hésité alors. Car les humains venaient rarement dans les environs du bayou Carouge, et ils en ressortaient vivants plus rarement encore ; ce fut la nécessité de renouer avec les réflexes de la conversation humaine, qui avait poussé Inna à la sauver.

Comment s’appelait-elle déjà ?
Mona, lui sembla-t-il.

Celle-ci ne l’avait pas vu. Enchâssée dans l’écrin de rocs, de mousses et de feuillages, l’apparence d’Inna la dissimulait totalement aux observateurs humains  ; ses nippes trouées avaient la couleur de l’écorce, tandis que ses cheveux de blé se confondaient avec l’or des feuilles d’automne. Elle n’esquissa ainsi aucun geste. Immobile comme le crocodile scrutant les mouvements d’une proie venue s’abreuver, elle observa la femme déambuler parmi les ombres des troncs et des murs lézardés de la forteresse. Bientôt, Mona fut si proche des rochers où la métamorphe était accroupie, que celle-ci pouvait désormais détailler son accoutrement, dont un curieux gilet orné de trois lettres capitales, dont elle ignorait la signification. Les narines d’Inna captèrent aussi la forte odeur de café qui émanait d’elle, ainsi que celle, moite et humaine, de sa sueur.

Inna hésita sur la conduite à tenir. Quand les interactions humaines lui avaient toujours déplu, une curiosité soudaine la piqua : Que faisait Mona ici ? Était-ce en lien avec ce sinistre fort ? Elle mit quelques secondes à se décider, avant de prendre subitement la parole, dévoilant ainsi sa présence toute proche.

Bien que le timbre de sa voix fut doux et posé, la quiétude anormale des lieux la fit résonner avec l’intensité d’un tambour, qui brisa brutalement le silence. « Tu es encore perdue ? »

La question en appelait d’autres. Inna se contenta de la fixer, du haut de son promontoire moussu, où ses grands yeux bleus examinèrent avec curiosité l’étrangère, qui croisait son chemin pour la seconde fois.

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