Qui es-tu ? : *Un esprit traumatisé par la cruauté de ceux qu'elle pensait être ses camarades, à jamais marqué par l'absurdité de la violence humaine.
* Fille émancipée d'une famille humaine qu'elle a fui pour sa propre sécurité. Outre dans un monde d'humains qui ne cherchaient pas à la comprendre, juste à la plier au conformisme réconfortant de la normalité.
* Apprentie curieuse et consciencieuse de Daphné Calabrezzi. S'est lancée sur la voie du chamanisme, marchant dans les pas de sa mentore avec patience et détermination, persuadée d'avoir trouvé la voie qu'il lui fallait.
* Inscrite à la LSU, en médecine. Malgré un dossier scolaire chaotique à cause d'une année de fugue, se démène pour prouver, aux autres et à elle-même, qu'elle réussira.
Facultés : *Hémokinésie, contrôle du fluide vital
*Apprentie chamane, amie des loups et des gitans
*Etudiante en médecine, acharnée et consciencieuse, pleine de projets en tête.
*Musicienne et chanteuse amateur ne sortant jamais sans son casque. Danseuse du dimanche. Incollable sur la musique, sa passion, son refuge.
Thème : Mama Cass Elliot - Make Your Own Kind Of Music
C’est exceptionnel comme occasion. Un simple moyen d’évacuer la pression au milieu d’une semaine de révision intense et de shift un peu foireux. Une combinaison de hasard, de chance et d’un peu de culot. Si je n’avais pas entendu mon patron parler de ses billets dont il ne pouvait pas servir et si je n’avais pas eu le cran de lui demander s’il pouvait m’en donner un, jamais je n’aurai pu me retrouver là, à danser au milieu d’une foule à un petit concert organisé par un des groupes en vogue. Sacrée chance tout de même, il fallait bien l’avouer. A croire que, parfois, le karma revient à point nommé. Les révisions me prennent un temps fou et ont tendance à me rendre un peu tendue. Même pire que cela selon certains, mais ils ne comprennent pas à quel point c’est important. Bien plus que le sommeil. Je peux toujours le rattraper pendant les vacances. Si je foire mes examens, en revanche…
Je secoue la tête pour mettre tout ça de côté. C’est le moment de se détendre, pas de ressasser les mêmes choses encore et encore. Ce soir, pour une fois, je vais profiter d’autre chose qu’une soirée en compagnie de mes livres de cours et de mon chat. L’ambiance est à la fête, et tout à l’air de bien se passer ; les choses sont bien organisées, comparées aux autres rares soirées auxquelles j’ai assisté. Equipe de sécurité, vérification d’identité à l’entrée, permission officielle. Bien loin des soirées étudiante sou de la rave party d’il y a quelques mois. C’est rassurant et la seule chose que je peux craindre c’est de faire une mauvaise rencontre entre le moment où je vais sortir du bâtiment et le moment où je retrouverais ma voiture, cinquante mètres plus loin. Autant dire que ça ne m’inquiète pas trop pour le moment. Je suis dans l’instant et c’est bien plus captivant que d’imaginer se faire agresser.
Je n’ai pas vraiment entendu parler du groupe avant ce soir. Un genre de mélange entre du rock et des sonorités typiques de la Louisiane. Le genre de mélange qu’on ne voit pas tous les jours mais qui sonnent parfaitement à mes oreilles. Je ne regrette pas du tout d’avoir interrompu mes révisions. Je me sentirais sans doute coupable demain, mais pour le moment, la seule chose qui m’intéresse c’est d’écouter et de danser, rien d‘autre. J’avais besoin de ça, je pense. D’être un peu dans une ambiance différente, dans un endroit différent, entourée d’inconnus dont je ne me soucie pas trop. Pour ça que je n’ai dit à personne que je sortais ce soir, je ne voulais pas que quelqu’un essaie de m’accompagner. J’ai envie de faire les choses dans mon coin parfois et ça devient quelque peu compliqué. J’adore mon entourage, mais ils ont tendance à me surprotéger et à m’essayer de m’enrouler dans du coton à la moindre occasion, comme si j’étais incapable de supporter les chocs.
- Oups, pardon.
En parlant de choc, voilà que je bouscule quelqu’un. Brève excuse et je file, disparaissant derrière d’autres spectateurs. Je n’ai pas envie de m’attirer d’ennui avec une personne un peu trop mal lunée. La soirée est agréable, la musique fantastique et je préfèrerai en profiter aussi longtemps que possible sans avoir à discuter avec qui que ce soit. Mi dirait que c’est mon côté chaman mal fagoté qui ressort. Non seulement je l’aurais envoyé paître, mais en plus il a tort. J’ai juste envie, parfois, de prendre du temps uniquement pour moi, sans avoir personne sur le dos, aucune responsabilité, aucune deadline, aucun objectif à atteindre ou chose à retenir. Rien à apprendre, rien à pratiquer. Juste un moment agréable, un peu hors du temps.
Un long bâillement me prend soudainement et je cligne des yeux, constatant la contamination de ce bâillement autour de moi. Je hausse un sourcil, un peu surprise. D’ordinaire dans ce genre de soirée, on ne commence à bailler qu’après plusieurs heures, quand l’ambiance redescend et que les boissons ont fait leur travail. Là l’ambiance monte toujours et il n’y a pas de buvette en libre accès comme dans une soirée étudiante. Je sais que bailler est contagieux, mais à ce point ? Un nouveau bâillement me prend et je fronce à nouveau les sourcils. Visiblement j’étais plus fatiguée que je ne l’aurai cru. Peut-être vaudrait-il mieux que je rentre tôt. Mais j’ai soudainement un mauvais pressentiment. Le genre de sensation désagréable qui me court le long de l’échine sans que je n’arrive à savoir d’où cela peut bien provenir. Et je n’aime pas ça du tout.
Le gestionnaire du Bebop fit un signe à Olivia et immédiatement, la troupe se mit en place sur scène. La jeune femme prit sa croix de baptême entre ses doigts et murmura une prière au Seigneur avant de franchir les rideaux des coulisses menant sur la scène. Cette dernière, éclairée d’un voile mat, avait quelque chose d’impressionnant. Elle avait beau y être habituée, à force de jouer les extras, cela produisait toujours son petit effet. Vêtue d’une simple robe noire– l’indispensable robe longue des soirées – et de bottines à talons épais en cuir noir, elle avait laissé sa chevelure dans un chignon lâche, et arborait un maquillage léger. Elle portait, comme à son habitude, des gants fins, dont la couleur et la texture se confondaient avec celle de sa tenue.
Olivia s’approcha du micro et prit une grande inspiration. Ce soir, elle n’était qu’un extra. Daniela – la chanteuse de tête du groupe – était malade … une vilaine gastro chopée dans un diner à l’ouest de Shreveport. Remplaçant au pied levé la chanteuse, elle avait à peine eu le temps de s’échauffer avec le guitariste, les deux bassistes et le batteur. Ces derniers semblaient pourtant confiants : ce n’était pas la première fois que leur chanteuse se faisait porter pale … et le premier guitariste avait récemment entrepris le chant, ce qui lui réussissait plutôt bien. Ce n’était qu’une question de temps avant que Daniela ne doive se trouver un autre groupe, si l’on en croyait les bruits de couloir. Olivia avait haussé les épaules … Ce genre de chose arrivait tous les jours dans le monde de la musique et l’Outre n’était au mieux, qu’un joli visage et une jolie voix le temps d’une soirée.
Pas de quoi faire la fière … tu n’as même pas de groupe permanent …
Le répertoire des Converters – ils n’étaient pas très originaux niveau nom – était assez varié et solide pour un groupe à peine connu sur la scène louisianaise. Puisant plutôt dans le rock, le groupe avait suffisamment poncé ses classiques pour avoir une bonne maîtrise du sujet au niveau instrumental. Mais leur principale faiblesse était leur chaine Youtube, qui ne décollait pas spécialement … et leur voix de tête, qui avait constamment un empêchement. Le petit succès musical au chant du guitariste faisait néanmoins son petit effet et le bougre – qui se prénommait Robbie – commençait à avoir son petit fan club.
On restait encore loin des Who …
Olivia s’approcha du micro et le tapota de son index pour vérifier le branchement. Celui-ci répondit d’un bruit mat. Elle inspira profondément et fit face à la salle enténébrée. Devant elle se mouvaient les silhouettes fugitives des inconnus venus assister à ce concert sans chanteuse de tête. Elle resserra la prise sur le micro et pria pour qu’il n’y ait pas de caisses de tomates dans le public.
« Un … deux … un, deux, trois, quatre …
Un classique des Counting Crows : Mr. Jones. Ce n’était pas quelque chose de très complexe à jouer au niveau instrumental, mais le fait d’utiliser une voix féminine pour remplacer la voix d’Adam Duritz était le véritable défi technique. La voix d’Olivia se prêtait bien à ce genre d’exercice et les années passées à la chorale de l’église qu’elle fréquentait à la Nouvelle-Orléans pour faire passer sa famille pour une bonne famille chrétienne commençaient à payer.
Cette chanson parlait des musiciens en galère cherchant à devenir des célébrités et imaginant qu’une fois célèbres, ils ne seraient plus jamais seuls. Olivia n’était pas à la base une voix rock, mais sa palette de tons lui permettait d’être à l’aise dans l’exercice. Son truc à elle, c’était plutôt le piano et le chant … Le rock, elle ne s’y était mise que progressivement, depuis ses études. Mais elle préférait largement jouer du Vienna Teng, ou du Em Beihold.
Les chansons s’enchainèrent rapidement, les Converters déroulant leur répertoire musical, qui passait allègrement des Cranberries à The 1975 avec un arrêt sur Oasis. Une belle palette d’influences toutes plus éclectiques les unes que les autres. Pourtant, à chaque fin de chanson, Olivia sentait que le public n’y était pas. Etrange … ces chansons étaient des hits … et après un rapide regard adressé à Robbie, elle comprit qu’elle n’était pas à l’origine de ce manque d’enthousiasme du public.
Capable de discerner les auras au travers de ses yeux céruléens, Olivia sentait que quelque chose clochait. Les gens attablés semblaient … dormir ?! Quoi ? Elle chantait si mal que ça du Nathalie Imbruglia ? Le groupe lui-aussi sentait que l’ambiance n’était pas à la fête au bout de la sixième chanson. Peu d’applaudissements … des bâillements … peu de mouvements … Le public était léthargique au possible. Jouaient-ils face à des sexagénaires sous Prozac ?
Les ennuis débutèrent véritablement à la septième chanson lorsqu’Olivia sentit que ses compagnons commençaient à piquer du nez. Inquiète, elle lança des regards apeurés au leader de la bande, qui bâillait en plein milieu du morceau qu’il avait lui-même composé. Et il ralentissait en plus ! Et le batteur commençait à perdre le rythme … sans que personne dans le public catatonique ne s’en émeuve. Peste et coryza, mais que se passait-il ce soir ?!
La musique finit par ralentir et les musiciens s’affalèrent lentement sur le sol, laissant Olivia sur le carreau. Figée sur place, Olivia s’attendait à recevoir des huées, mais à la place … ce fut le silence d’une salle endormie qui accueillit ses craintes. Il n’y avait que cette Outre, dont l’aura faiblissait, qui se tenait encore debout au milieu des endormis.
Olivia bâilla elle-aussi. Elle se sentait vidée de toute son énergie, comme si elle venait de passer la journée à courir dans tous les sens. Ses sens se mirent aussitôt en alerte. Il fallait absolument qu’elle reste éveillée …
« Hey ! Reste éveillée ! Il se passe quelque chose … » dit-elle d’une voix faible à l’adresse de la jeune Outre qui se trouvait dans la salle.
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