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Faded Away | Faolan

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Anonymous
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Sam 15 Mai - 7:52 (#)

Encore une mère éplorée qui cherche son fils disparu.
Elle n’est pas à l’aise au téléphone, alors on se retrouve dans un café du centre. Elle a les traits tirés de quelqu’un qui ne dort quasiment plus. Elle a amené un tas de photos et m’abreuve d’un flot d’informations plus ou moins utiles sur son fils, Tobias Jones, 30 ans, dont elle n’a plus de nouvelles depuis près d’une semaine. Elle me dit ne pas être allée voir la police, elle ne leur fait pas confiance, selon elle les flics ne vont pas le chercher. Elle qualifie son gamin de « fauteur de troubles » et pense qu’il ne sera pas une priorité pour eux. Elle me raconte à son sujet un tas d’histoires dignes d’un téléfilm dramatique. Toute la description fait passer le disparu pour un véritable connard mais sa mère ne cesse de ponctuer ses phrases par « mais il est si gentil dans le fond. » L’aveuglement des parents, sans doute. Ce gars a visiblement des relations conflictuelles avec absolument toutes les personnes qu’il croise, ce qui – étrangement – inclue même sa copine. La mère me dépeint à grand renfort de détails et de langage fleuri toute une liste de personnes qui pourraient en vouloir à Tobby. D’un ancien patron chez qui il a foutu le feu jusqu’à sa compagne actuelle extrêmement jalouse et excessivement cocue en passant par son ex qu’il a foutu en cloque avant de couper les ponts. Selon elle, son fils a disparu pour fuir une de ces personnes – ou une pension alimentaire. Elle veut juste s’assurer qu’il va bien. Il est tout ce qui lui reste depuis la mort de son mari. Elle mettra le prix qu’il faudra pour le retrouver.
Elle repart, toujours éplorée, mais quelque peu ragaillardie par l’espoir.

Je commence par appeler tous les hôpitaux et les commissariats de la ville – au vu de la description qu’on m’en a faite il pourrait très bien être dans un coma éthylique ou en cellule pour une quelconque raison. Mais rien, ni avec son nom ni avec sa description. Pas beaucoup plus d’informations sur internet. Tout ce que j’ai trouvé c’est plusieurs réseaux sociaux peu entretenus et pas très intéressant. Je suis allé voir quelques-unes des personnes qui – selon sa mère – lui en voulaient. Clairement ils étaient tous en colère mais rien ne laissait penser qu’ils se soient recroisés peu de temps avant la disparition du mec. Son ex-copine a finalement avortée et ne veut plus entendre parler de « ce gros fumier, fils du chien, sac à merde ». J’ai laissé un message vocal à sa copine mais je n’ai pas de nouvelles et elle n’est ni chez elle, ni à son travail. La cliente n’a pas pu me donner le nom de ses potes actuels. Le dernier job du type datait déjà de plus d’un an, son renvoie a été retentissant et épique et son ancien patron en gardait encore rancune. Je n’ai pas trouvé d’autres job que Tobby aurait eu depuis et – à mon grand désespoir – je n’ai pas accès à ses comptes personnels pour avoir plus d’informations. Cependant toutes les personnes que j’ai vues sont unanimes : Ce type est un vrai connard. C’est à se demander pourquoi on veut le retrouver.

J’essaye de prendre le problème dans l’autre sens, cherchant le dernier endroit où on l’avait vu. Tous ses anciens patrons se plaignaient qu’il arrivait souvent au travail avec une gueule de bois monumentale et ils m’ont tous désigné le même bar. Avec un peu de chance il a gardé cette habitude depuis le temps. Le point de départ était donc son bar de prédilection, celui où – parait-il – il dépensait son temps et tout son argent. Un bar pas très commode à Stonner Hill, le quartier le moins fréquentable de Shreveport. C’est le genre de bar où se retrouvent les casse-couilles bagarreurs qui se sont fait virés de partout ailleurs. Je m’y rends en fin d’après-midi en semaine.
Le bar n’est pas bien grand, pas bien éclairé, un peu miteux et une dizaine de personnes bruyantes sont déjà entrain d’enchainer les pintes en cette fin d’après-midi. C’est le genre d’endroit qui accepte tout le monde et en profite pour avoir des prix plus élevés que la concurrence pour un alcool moins bon. Le dernier refuge de ceux qui n’ont plus nul bar où aller. Je vais m’accouder au bar pour parler au barman. C’est un gars assez grand et imposant physiquement – pour pouvoir stopper les bagarres peut-être ? – à l’air renfrogné et vaguement ennuyé. J’arrive à attirer son attention et lui demande :

« Salut. Dites, je cherche un de mes potes qui venait souvent ici. Il fait dans les 1m80, brun, dans la trentaine, incapable de fermer sa gueule et toujours à emmerder le monde. Ça vous dit quelque chose ? »

En général les gens parlent plus facilement à ‘un pote’ plutôt qu’à un détective privé. Le barman a un sourire moqueur et étrangement joyeux puis me répond en parlant assez fort pour que toute la clientèle puisse entendre :

« Ce sont tous des grandes gueules qui emmerdent le monde, va falloir être plus précis. »

Il reçoit beaucoup de rires et de ’c’est bien vrai !’ de la part de ses clients, et quelques huées aussi. Je ris à sa remarque comme les autres pour ne pas dénoter du reste de la clientèle. Je sors mon téléphone et affiche la photo la plus récente que j’ai de Tobby et le montre au barman.

« Lui, là. Tobias Jones.
- Ah oui, on le connait bien celui-là ! »

Je n’ai pas perdu mon temps finalement.
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Sam 15 Mai - 16:42 (#)

Nous commandons une autre pinte, la troisième, tandis que Emma sèche ses nouvelles larmes. Je fais mon possible pour avoir l'air touché par sa triste et impossible histoire d'amour. Mais, entre nous, j'en ai tellement rien à foutre que je feins la méfiance et me tourne pour surveiller nos arrières afin d'étouffer un bâillement prononcé.
La jeune femme fréquente un toxico totalement instable, infidèle et dealeur à ses heures perdues. Autant dire qu'elle a tiré le gros lot. Malheureusement elle est - prétend être - amoureuse. J'ai simplement envie de lui expliquer qu'elle confond un semblant d'attachement lourd de pitié mêlé à une crainte de la solitude avec ce sentiment ravageur. Soit. Je ne suis pas psy. Je m'abstiens et me contente de hocher la tête, comme si je comprenais son calvaire ;

J'ai été amoureux. J'en ai chialé. Je ne peux la blâmer. M'enfin, ne pouvait-elle pas s'intéresser à un type un brin plus sain ? Le prince charmant n'existe pas, certes, mais il y a un monde entre l'acceptable et cet enfoiré disparu.

Ce n'est pas elle qui m'engage. J'ai simplement trouvé Emma ici puisque l'établissement est l'un des préférés de Tobias. Un des seuls qui l'acceptent encore, disons plutôt.

" [...] Bien sûr qu'il s'est mis à revendre mais... Merde ! Comment on survit autrement ? "

En bossant ? En restant dans la légalité, en payant ses factures et se serrant la ceinture.
J'esquisse un sourire compatissant.

" Sa mère l'étouffe, il ne sait pas comment recevoir mon amour, il a besoin de certains produits pour... pour respirer un peu. Au fond, c'est un gars gentil, juste malmené par la vie. Son père était un salop et puis son ex ; "

Blablabla ;
Je n'en peux plus. Mon regard s'éloigne jusqu'au comptoir. La salle n'est pas très vaste et chaque conversation est accessible à qui tend l'oreille. J'oublie Emma, attrape la boisson servie sans quitter des yeux le nouvel arrivant. J'ai un pressentiment positif. Il va m'être utile... Sinon j'abandonne !

A l'évocation de ma cible, je quitte mon siège sans autre forme de procès et rejoins l'inconnu au bar :

" 'soir. Pardonnez mon indiscrétion - ou pas - on peut parler ? "

Le gérant me fixe un instant puis prend le parti judicieux de nous laisser en tête à tête. Jamais croisé, le garçon me paraît à peu près net. Pas drogué. Ou pas encore.
Un ami de Jones ? Un ennemi ? Un parent ?

" Je suis avec la petite-amie de Tobias... "

Dis-je en désignant la demoiselle perdue dans son portable.
Déjà une semaine que je secoue les neurones de la bande de dépendants. Il est temps d'enclencher la vitesse supérieure, tant pis si je m'expose un peu trop. La première impression n'est pas entièrement négative, j'espère pouvoir tirer de nouvelles informations ce soir :

" Des "amis" le cherchent. On peut sans doute croiser nos données. Hum ? "

Toujours prendre la température avant de se présenter ;
Toujours.
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Sam 15 Mai - 17:48 (#)

Pas même le temps d’obtenir ne serait-ce qu’un mot du barman que déjà on est interrompu. Pour une fois que je tombe sur quelqu’un qui avait peut-être quelque chose de pertinent à me raconter sur Toby, il faut qu’un gars débarque. Il me surprend en demandant à me parler. C’est bizarre, je ne le connais pas pourtant. C’est le nom de Tobias Jones qui l’a fait réagir ? Le barman a l’air un peu interloqué mais s’éloigne finalement. De toutes façons vu la taille de la pièce il pourra sans doute nous entendre sans trop forcer.
Le nouvel arrivant confirme mes soupçons, tout ça est bel et bien lié au petit connard de Toby. Je jette un coup d’œil derrière lui à l’endroit qu’il désigne. La fameuse copine qui ne donne pas de nouvelles, donc. Vu sa tronche et ses cernes ça ne m’étonnerait pas qu’elle soit au bar à picoler sans discontinuer depuis plusieurs jours. C’est la raison pour laquelle elle ne rappelle pas, j’imagine. Si elle avait revu Tobias elle ne serait probablement pas dans cet état. Encore une piste qui ne mène à rien.

L’autre gars enchaîne d’une manière pour le moins curieuse. C’est qui ce gars ? D’où il sort ? Qui parle de croiser les données dans ce genre de situation ? Clairement pas quelqu’un qui recherche un de ses amis disparus. Alors quoi ? Quelqu’un qui lui en veut ? Vu ce que j’ai appris sur Tobias ça ne m’étonnerait pas que des gens aient des comptes à régler avec lui. Ça m’emmerderait un peu de filer des infos à quelqu’un qui les utiliserait pour le retrouver et lui péter les genoux ou pire. Je dirais quoi à sa mère après ? « Oui, je l’ai retrouvé mais il va pas bien du tout parce que j’ai raconté des trucs à un gars dans un bar » ? Cela dit il a peut-être des infos que je n’ai pas. D’un autre côté s’il en avait tant que ça il ne viendrait pas en demander à un inconnu aussi abruptement. Vu comme je galère avec cette histoire je ne peux pas vraiment faire le difficile sur ce coup-là.

« Bien sûr, mais vous êtes qui en fait ? »

Mon masque du bon gars qui recherche son ami s’écaille un peu et laisse transparaitre de la méfiance. Le moins qu’on puisse dire c’est que je ne m’attendais vraiment pas à ce coup-là.

« Et quel genre d’ami le recherche au juste ? »

Je n’ai pas pu rencontrer ses potes, mais clairement ça me semble bizarre que ces derniers aient pu choisir d’envoyer quelqu’un pour le chercher ici plutôt que de simplement venir eux-mêmes. L’hypothèse qu’il puisse faire le même travaille que moi me semble plausible. Après tout moi aussi j’ai atterri ici en comptant poser des questions un peu au pif. Si j’avais entendu quelqu’un prononcer le nom de Toby je serais aussi allé à la pêche aux infos.
Je jette de nouveau un coup d’œil à la fille qu’il a désigné plus tôt comme étant la copine de Tobias. Elle aurait engagé un privé ? Non, il n’aurait pas dit que des amis le recherche sinon. Et il faut que je fasse gaffe, cette meuf ne me connait pas et elle pourrait complétement cramer le fait que je ne suis pas du tout un des potes de son mec. On fait quoi alors ? On continue à jouer le pote de Tobias malgré tout ou on joue cartes sur table avec ce gars ? Je reporte mon attention sur le mec en face. J’imagine que ça va dépendre de lui.

La salle autour de nous est calme à présent. Ça n’a rien d’étonnant, on parle d’un habitué de ce bar qui a subitement disparu juste à côté de personnes qui le connaissent probablement. Les poivrots sont tout autant avides de potins que les autres. Et puis ce n’est pas vraiment un coin fréquentable, peut être qu’on met notre nez dans des affaires que certaines personnes préfèreraient garder dissimulées. Rien n’est net dans cette zone de la ville.

« Peut-être qu’on devrait discuter ailleurs. »

Simple précaution. Il y a quelques années je me suis retrouvé impliqué dans de sales affaires en partant d’un cas anodin dans ce même quartier. J’ai l’impression que les choses dégénèrent assez vite par ici.
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Ven 21 Mai - 14:08 (#)

« Bien sûr, mais vous êtes qui en fait ? »

Logique qu'il demande. Sa question renforce à la fois ma méfiance et l'estime que je lui porte. Seul un imbécile aurait balancé des informations sans se renseigner sur mon identité et plus bête encore aurait été celui qui s'engage immédiatement dans une provocation inutile ;
S'il n'est pas un abruti il pourrait s'avérer utile. J'ai intérêt à rester poli et ne pas braquer cette nouvelle source de données.

Dans un premier temps, le type se contentera d'un haussement d'épaules plus détaché qu'insultant en guise de réponse. Il n'est pas nécessaire que je lui balance ma biographie dès à présent car, tout comme lui, j'ai d'abord besoin de savoir à qui j'ai affaire. La bonne intuition ne suffit pas, je me suis assez souvent mis en danger par impulsivité ou excès de confiance.
Cependant la confiance s'achète et je vais être obligé de baisser légèrement ma garde.

L'homme m'interroge à nouveau et, à sa proposition de prendre des distances, j'acquiesce vivement :

" Bonne idée. Je reviens ; "

Je l'abandonne au comptoir pour rejoindre la copine éplorée. Quelques courtoisies plus tard, elle replonge dans son téléphone et me permet de couper court à notre entrevue pour que je puisse accélérer les recherches de son cher et tendre.

Revenu aux côtés de Tyler, je désigne la sortie.

" Une clope ? "

Nous serons mieux dehors. Hors de portée d'écoute des clients habituels potentiellement connaissances voire ennemis de celui qui nous intéresse. La rue apporte d'autres inconvénients mais je tâcherai de rester prudent. Je sais qu'il n'y a pas de caméra à ce carrefour et le temps maussade offre une terrasse déserte.

Lorsque nous nous sommes éloignés de l'entrée, je cède enfin un peu de terrain. C'est risqué, mais on n'a rien sans rien :

" Jones a de bien mauvaises fréquentations, et habitudes... ses créanciers m'ont engagé pour le retrouver. "

Dis-je en tendant une main à ce que j'espère être un allié. Flic ? Proche sincèrement concerné ou parent tracassé ? Je peine à le cerner et suis loin d'imaginer qu'on est tout simplement collègues. En supposant que deux détectives puissent être ainsi liés ;
La plupart des privés sont rivaux. Chacun son territoire afin que chacun puisse capter l'attention de suffisamment de clients. En l'occurrence - et une fois n'est pas coutume - il est peut être inutile de s'opposer.

J'attrape le paquet de cigarettes à l'arrière de mon jean et le lui tends pour qu'il se serve si envie, avant d'en glisser une entre mes lèvres. A la recherche du briquet parmi mes poches, j'attends qu'il me donne un minimum d'information à son tour.
C'est donnant donnant.
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Sam 22 Mai - 7:55 (#)

Il acquiesce et va chercher ses affaires. Quelques clients le suivent du regard et murmurent entre eux. L’atmosphère est devenue lourde et quelque peu hostile ces dernières minutes. J’en profite pour tendre l’oreille discrètement et essayer d’entendre quelques bribes de conversations. Certains râlent de voir des inconnus fouiner dans le coin, d’autres spéculent sur ce qui est arrivé à l’autre trou du cul de Jones. Mais il n’y a rien qui semble vraiment intéressant dans ces bavardages alcoolisés, tout juste quelques types prêts à s’embrouiller avec quelqu’un pour un oui ou pour un non. L’autre gars revient, suggère d’aller fumer et je le suis dehors. On quitte le bar, ses oreilles indiscrètes et ses clients belliqueux. On s’éloigne de l’entrée et je jette discrètement un coup d’œil aux alentours. On est dans un quartier à dealers, il ne me semble pas improbable qu’il y ait dans le coin quelques personnes pour surveiller les allers et venues des gens, vérifier s’il n’y a pas de flics, ce genre de choses. Et c’est bien le cas, j’en remarque au moins deux – un fumant à une fenêtre et un autre faisant mine de jouer sur son téléphone à un croisement – mais ils sont assez loin pour ne pas entendre ce qu’on se raconte.

Un fois qu’on est suffisamment éloignés de l’entrée du bar à son goût, il finit par cracher le morceau. Je hausse un sourcil à sa réponse. Est-ce qu’il se rend compte que ce qu’il dit soulève plus de questions que ça n’apporte de réponses ? Déjà, s’il a été engagé par des créanciers alors ce n’est pas un flic, au mieux un privé, au pire un gros bras des dits créanciers. En plus je découvre aussi qu’il me manque un paquet d’infos sur tout un aspect de la vie de Toby – un aspect ignoré par sa mère. En soi, le fait que Toby le connard ait des dettes n’est pas vraiment étonnant vu qu’il n’a pas de job officiel depuis un sacré bout de temps. Mais du coup qui sont ses créanciers ? Est-ce que ce type là a été engagé uniquement pour le retrouver ou aussi pour lui briser les deux jambes au passage ? Est-ce que Jones a fui pour éviter de payer ce qu’il doit ? Tout devient toujours plus compliqué quand ça implique des dettes et de mauvaises fréquentations. Je soupire, me rendant compte que j’ai très peu d’informations sur ce qui semble être la partie la plus importante de la vie de Toby.

Il me tend son paquet de clope et je me sers comme il m’invite à le faire. Je sors mon propre briquet pour l’allumer et – le voyant galérer à trouver le sien – je le lui tends pour qu’il puisse allumer sa cigarette. Il n’enchaine pas davantage. Dire qu’il n’est pas du genre bavard est un joli euphémisme. J’imagine que je n’obtiendrai rien de plus sans un minimum de réciprocité même s’il ne le demande pas directement. Pour quelqu’un qui recherche des informations, le moins qu’on puisse dire c’est qu’il ne pose pas beaucoup de questions.
Je profite des premières taffes de la clope pour réfléchir un instant. Pour le moment, il représente une piste exploitable mais je ne sais toujours pas si partager mes infos avec lui va mettre en danger Tobias ou non. Autant que possible, je préfère éviter de causer la mort de quelqu’un, même indirectement. Je pourrais peut-être me contenter des informations du barman – il avait l’air d’avoir des choses à dire – mais j’en apprendrais sans doute plus avec ce gars-là. Ça vaut le coup d’essayer. Je souffle de la fumée et essaie de me décider rapidement pour ne pas laisser le silence s’éterniser au point d’en devenir suspect. Si je continue à me faire passer juste pour un pote de Tobias il ne va peut-être pas me donner les infos que je veux. On va essayer quelque chose de plutôt inhabituel pour moi : l’honnêteté.

« Sa mère m’a engagé. » Je lui lâche ça sans préambule. Au moins on saura tous les deux à quoi s’en tenir. Je le regarde en face, essayant de dissimuler ma méfiance sous un sourire sardonique : « Alors dis-moi, est-ce qu’elle a une chance de revoir son fils ou est-ce que tes employeurs comptent le buter ? »  Ça a le mérité d’être direct. Je n’ai pas l’impression que ce soit le genre de personne à tourner autour du pot de toutes façons. « Et c’est qui tes employeurs, au juste ? »  Des petites frappes qui jouent aux requins ou des gens dont on doit vraiment s’inquiéter ? De simples humains ou des CESS – ce qui compliquerait encore plus nos affaires ? « Et comment le petit Toby s’est retrouvé à avoir des dettes ?»

Un simple moyen de payer ses factures sans se fatiguer ou bien ça cache de sombres histoires dignes de ce quartier de la ville ? Dans quoi j’ai les mis les pieds ? Est-ce qu’on me paye suffisamment pour ces conneries ?
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Anonymous
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Lun 24 Mai - 18:03 (#)

Après avoir allumé ma clope grâce au briquet du type, je tire une taffe nerveuse et attends que notre conversation devienne un véritable échange. Il se pourrait que le jeune homme ne sache rien de plus que moi. Pire, il se pourrait que je sois le plus riche en renseignement et qu'au final, tout ceci lui soit utile sans réciproque ;
Tant pis, ce sont les risques.

Rapidement, il parle : engagé par la mère de Tobias. Je hoche lentement la tête. Ça ne me dit toujours pas si monsieur-sans-prénom est flic, privé ou le genre à jouer les héros sans avoir la moindre compétence. Je n'ai pas l'occasion de le railler à ce sujet qu'il enchaîne sur plusieurs questions.

« [...] Et comment le petit Toby s’est retrouvé à avoir des dettes ?»

D'un geste de la main je freine ses ardeurs, non sans sourire :

" Je réponds par ordre chronologique, ou alphabétique ? "

Une nouvelle dose de tabac aspirée, je souffle la fumée en tournant légèrement le visage puis reviens à mon vis-à-vis qui semble prendre l'enquête très à cœur. Ce serait donc un individu lambda qui essaye d'aider la famille ? Il dit être engagé, il y a rémunération derrière.

" En fait, les fameuses mauvaises fréquentations de Jones sont mes employeurs et non, ils n'ont pas l'intention de le buter. Pas pour le moment du moins mais il faudrait que le gamin réapparaisse vite. Rapport aux dettes. "

Je laisse passer un groupe de trois piétons dans notre dos avant de poursuivre, lorsqu'ils sont suffisamment éloignés. Baissant d'un ton, je reprends :

" Après avoir été simple consommateur, notre disparu est devenu petit dealer. Ça rapporte, sauf qu'il n'a pas vraiment respecté sa part du marché. "

Un peu stupide. Un mouvement d'épaules illustre explicitement mon opinion. A mon avis, il s'est barré avec sa dernière récolte et refuse de rendre le pourcentage aux fournisseurs : mes clients.
Je ne donnerai aucun nom, on me paye aussi pour être discret quant à la nature illégale de leur histoire...

" Inutile de préciser qu'il vaudrait mieux épargner cette information à la mère. "

Ce serait source d'ennui et les recherches n'avanceront pas si la cliente devient une dépressive ingérable - pire qu'elle ne l'est déjà.

" Au fait, z'êtes détective ? Vous êtes installé sur le secteur ? J'avoue ne pas avoir fait le trombinoscope de mes confrères. "
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Mar 25 Mai - 13:24 (#)

L’avantage de poser beaucoup de questions, c’est qu’on obtient quand même pas mal de réponses même si ça a tendance à être agaçant. Au moins lui ça le fait marrer.

Sa manière de tourner les phrases n’est pas vraiment celle d’une grosse brute quelconque et j’apprécie l’honnêteté qu’il a d’avouer que peut être ses employeurs finiront bien par le buter même si ce n’est pas à l’ordre du jour. De très mauvaises fréquentations, en effet. Il enchaine et m’apprend la raison pour laquelle Toby a pu passer plus d’un an sans travail officiel. En tant que tel il n’est pas surprenant d’apprendre qu’en plus de tout le reste l’autre connard était un junkie devenu dealer. A vrai dire, ce n’est pas une si mauvaise nouvelle pour moi. L’avantage de vivre parmi une Horde de rats-garous c’est qu’on a accès à un gros réseau d’informateurs dans tout un tas de domaines, y compris dans certains trafics illégaux. Il y a bien quelques personnes à qui je pourrais envoyer une photo de Toby et espérer obtenir des informations. Ça ouvre d’autres perspectives. Je sors mon téléphone tout en continuant d’écouter l’autre gars et envoie la photo de Tobias à quelques contacts trainant dans des commerces peu recommandables en leur demandant s’ils le connaissent. Je ne cherche pas particulièrement à être discret – de toute façon il le remarquerait – mais vu qu’on est face à face au moins il ne peut pas voir l’écran. Maintenant que je sais à qui demander, les choses vont peut-être avancer.
Il continue et sa remarque m’arrache un sourire moqueur. Sans déconner. A vrai dire, vu la description que la mère m’a fait de son gamin je ne pense pas qu’elle serait vraiment étonnée d’apprendre ses dernières frasques. Si on ne le retrouve pas il faudra bien que je le lui dise, afin de mériter un minimum mon salaire. Les états d’âmes des parents qui découvrent à quel point leur enfant est une déception ne sont pas mon problème.

Il pose sa première vraie question. Qu’est-ce que ça change au juste que je sois détective privé ou un gars random ? Parfois même les gens les plus lambda peuvent avoir des choses intéressantes à raconter. Mais bon, j’ai décidé de ne pas trop lui mentir, alors autant continuer.

« Ouai. » Je tire de nouveau sur la clope. « Pas vraiment dans ce quartier, mais pas loin. »

Au vu de la tournure de sa phrase, j’en conclu que lui aussi est détective privé. Un de ceux qui acceptent de travailler pour des dealers visiblement, là où de mon côté je me cantonne en général à rechercher des gens disparus pour des familles éplorées ou de suivre des épouses supposément infidèles. J’ai déjà mon lot de risques et de gens dangereux à surveiller pour la Horde pour pas en plus venir en ajouter juste pour avoir un peu plus de thunes.
D'ailleurs à propos de thunes, jusque là je pensais que Toby avait des ressources insuffisantes pour quitter la ville, mais visiblement ce n'est peut être pas le cas.

« Et cette dette, elle est grosse comment ? »

Pour en arriver à engager quelqu’un, on ne doit pas être sur une petite dette, quelque chose qui laisse aussi supposer un gros trafic et des gens pas très commodes. C’est bien ma veine, partir d’une vieille dame désespérée et finir dans une histoire de drogue. Peut être qu’au contraire je devrais tout dire à sa mère, que ça lui suffira comme informations et ça la décidera à enfin aller voir les flics. Ça reste une option.

« Si vous en êtes encore à chercher en ville c’est que vous pensez qu’il n’a pas assez de thunes pour se barrer loin d’ici, non ? »

Jusque-là je n’avais aucune raison de penser qu’il ait pu quitter la ville mais si c’est le cas ça risque de compliquer nos affaires.
Je termine ma clope en espérant que mon téléphone finisse par vibrer pour m’apporter des nouvelles informations utiles.
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Sam 5 Juin - 9:59 (#)

«Et cette dette, elle est grosse comment ? »

Je hausse les épaules, pas nécessairement pour rester vague ou lui cacher la somme précise que le gamin doit rendre, mais surtout parce que je l'ignore. Ceux qui m'ont engagé m'ont déjà versé cinq cents dollars et j'en attends autant d'ici trois jours : quelles que soient les informations glanées. Je facture mon travail selon la règle de l'obligation de moyens et non de résultat ;
Mes clients me payent si je réussi et si j'échoue. C'est dans le contrat. Du moment que j'ai fait tout mon possible pour leur apporter la vérité sur un plateau, personne ne me refusera des honoraires. Personne ne s'y est jamais risqué.

Si vraiment la malchance s'en mêle, je sais négocier et proposer quelques heures supplémentaires d'enquête sans modifier leur note. Il est rare que leur investissement à mon égard reste improductif.

Mon attention revient sur ce collègue d'un autre quartier.

" Ça doit avoisiner les trois ou quatre milles. "

Si on reste cohérent, entre ce qu'ils me filent et ce qu'ils cherchent à retrouver. Il se peut que Tobias n'ai pas volé plus du double de mes frais néanmoins le monde de la drogue est sans pitié : il a joué, il a perdu. Ils lui feront payer et la sanction ne se mesure jamais en dollars dans ces cas là.
Il est question de leur fierté, leur honneur, leur réputation.
Ce sera moche.

A sa question suivante, je fixe le jeune homme avec amusement. Sa déduction n'est pas mauvaise, cependant j'y mets fin en secouant la tête :

" Pas vraiment. J'ai été mis sur l'affaire ce matin même. "

Dis-je comme s'il s'agissait d'un dossier police. Les vieilles habitudes collantes.
J'ai pris les premières données et me suis retrouvé à discuter avec la petite-amie, mais Tobby a sans doute pris la poudre d'escampette... A moins que ?

" Qu'avez-vous cerné de la relation avec sa mère ? Je pense que la copine n'était pas assez chère à son cœur pour lui faire faire les bons choix. Mais peut être est-il trop proche de ses vieux pour envisager l'exil ? "

On pourrait trouver de nouvelles pistes et collaborer, se répartir le travail, emprunter chacun une voie et progresser en binôme. Tss. Si c'était si simple de donner sa confiance.
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Anonymous
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Sam 5 Juin - 20:20 (#)

Je ne parviens pas à réfréner une expression de surprise quand il annonce la somme que l’autre con a volé. Sérieusement quel genre de débile peut voler aussi peu de thunes à des – et je cite – mauvaises fréquentations ? Tant qu’à prendre ce risque autant que ça vaille le coup. Cela dit j’ai eu un aperçu de la stupidité de Toby via le récit de sa mère et des gens que j’ai rencontré, mais tout de même. La stupidité a des limites. Cela dit ça répond à ma question : non, il n’a pas assez de thunes pour se barrer loin d’ici. Ce n’est pas si mal, ça restreint le périmètre de recherche. Sa remarque sur la relation de Toby et sa copine me fait presque rire, s’il savait.

« Clairement, c’est pas vraiment le genre à faire le bon choix. » C’est le moins que l’on puisse dire. Est-ce que Jones est suffisamment proche de sa mère pour ne pas vouloir s’éloigner ? Je hausse les épaules. « Je sais pas vraiment, ça a pas l’air d’être le genre fils modèle. » Je réfléchis un instant. « Mais sa mère a cherché de l’aide au bout de seulement une semaine, donc j’imagine qu’ils devaient quand même être assez souvent en contact. »

Difficile à dire, je n’ai pas vraiment de point de référence en termes de relation parent-enfant. A partir de quand on peut dire que quelqu’un est proche de sa famille ? S’ils se téléphonent tous les jours ? S’ils se voient toutes les semaines ? Tous les mois ? J’en ai aucune idée.

« De toutes façons avec une somme pareil on fuit pas bien longtemps. » Et clairement il n’est pas assez malin pour rentabiliser cette somme. « Et puis ça a pas l’air d’être le genre de gars à être assez raisonnable pour faire durer la somme. » Nouveau haussement d’épaule. Qu’est-ce qu’on peut faire avec moins de cinq milles dollars ? « Mais c’est peut-être assez pour payer une autre dette. »

Ça ne me semble pas impossible, mais il n’y a aucune information pour étayer cette idée. Tout juste une supposition. Je jette un œil à mon téléphone en espérant avoir obtenu quelques réponses de la part de mes contacts de la Horde mais il n’y a rien pour le moment. Des bruits de pas claquent sur le trottoir et un groupe de quatre personnes tournent à l’angle et se rapprochent. Ils nous passent devant en nous jetant un regard mi-hostile mi-curieux puis finissent par ouvrir sans délicatesse la porte du bar pour s’engouffrer dedans. Il commence à faire sombre et les clients ne vont pas tarder à affluer pour venir boire leur coup pour mieux supporter leur vie jusqu’au moins le lendemain matin. Je reporte mon attention sur l’autre gars et enchaine :

« La question c’est de savoir s’il est suffisamment stupide pour voler trop peu d’argent pour fuir, ou suffisamment nul pour se dire que c’est une bonne idée de voler quelqu’un pour rembourser quelqu’un d’autre. » Je marque une pause, envisageant d’autres options. « Ou suffisamment camé pour n’avoir absolument pas réfléchi. » Je sais déjà qu’il est porté sur la bouteille, mais je ne sais pas grand-chose sur sa consommation d’autres substances – sa mère n’a pas jugé bon de m’en parler ou peut être qu’elle ignore certaines choses. « Ils ont dit quoi d’autre ? C’est un toxico ? Il a déjà posé problème ? »

Je suis quasiment sûr que oui mais ce serait pas mal d’en savoir plus. Les lampadaires s’allument brusquement et éclairent le bitume d’une lumière blafarde pour contrebalancer le soleil déclinant. Mon téléphone vibre et m’indique deux nouveaux messages. Les deux me disent ne pas connaître Toby. Soupir. Plus que trois réponses à attendre, avec un peu de chance on en saura plus.
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Anonymous
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Dim 13 Juin - 10:06 (#)

La petite amie en détresse, la mère éplorée qui contacte un privé moins d'une semaine après la disparition de son gamin, la somme modeste du larcin, la jeunesse du type... L'histoire est pathétique et sans intérêt. Il n'y a là derrière sans doute rien de transcendant. Il s'est emballé, a récupéré cet argent sale pour finalement le regretter et sans doute aller se planquer ;
Quant à savoir où ...

Quoiqu'il en soit nous sommes payés, ce blondin et moi. Bien sûr les proches n'ont pas contacté la police, ce qui prouve que maman en larmes et chérie-chérie savent pour la drogue.
Au moins assez pour éviter d'alerter les autorités.

« Ils ont dit quoi d’autre ? C’est un toxico ? Il a déjà posé problème ? »

Je hausse les épaules, sceptique. L'idée d'une autre dette pourrait tenir la route, dans d'autres circonstances. Mais aucune piste ne laisse penser que le disparu avait une source de dépense différente. La drogue suffit généralement à tout pomper.

" Bien sûr qu'il était toxico. Il a fini par goûter la marchandise et est devenu dépendant... Mais ça arrange mes clients. Plus facile de tenir en laisse les revendeurs quand ils ont besoin du produit. "

Et s'il avait changé de camp ? Si d'autres dealers lui avait proposé meilleure offre ? Meilleur pourcentage sur ses ventes ? Céder à de telles propositions c'est clairement suicidaire mais personne n'a dit que Toby était intelligent ;

" Il va falloir qu'on fouille du côté des autres trafiquants. "

J'ai bien quelques noms en tête. Avoir trempé là dedans en Irlande m'a donné un accès si facile avec les délinquants de ce coin du monde, c'est inquiétant. Je n'avais pas nécessairement envie de rejouer à ça. Je n'ai jamais été consommateur et la revente des saisies m'a coûté si cher... Mais voilà, pour chasser le diable, il faut savoir collaborer avec les pires réseaux.

" Tu as des pistes ? "

Dis-je en désignant son téléphone puisqu'il a visiblement reçu des nouvelles.
La nuit tombe et le nombre de pistes reste réduit. J'ai peur qu'on perde trop de temps et que le pauvre Jones ne soit jamais retrouvé vivant...
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Anonymous
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Lun 14 Juin - 19:32 (#)

La réponse n’a rien de réellement étonnante en soi. C’est sûr que – vu la description qu’on ne cesse de nous faire de Tobias – le fait qu’il puisse se shooter avec tout ce qui passe n’a rien de nécessairement surprenant. Rendre accros ses vendeurs pour mieux les contrôler ça a le mérite d’être efficace à défaut d’autre chose. Notre disparu arpentait un monde bien glauque. Donc s’il faut il est juste en train de faire une overdose quelque part après avoir sniffé l’équivalent de plusieurs milliers de dollars de came. Super. En y repensant, c’est vrai que je n’ai téléphoné qu’aux hôpitaux, pas aux morgues.  Même sans aller jusque-là, il pourrait très bien être juste entrain de se faire la plus longue et chère fête de sa vie avec des amis aussi débiles que lui.
Visiblement on n’arrive pas aux mêmes conclusions en ayant les mêmes informations, je pense à chercher du côté de ses potes tandis que sa logique le tourne vers d’autres trafiquants. Rapport à son addiction j’imagine. D’ailleurs, pourquoi voler de l’argent si au final c’est pour s’acheter de la drogue ? Pourquoi ne pas voler de la drogue dès le départ ? C’était bien un dealer, il devait en avoir à disposition. Ou alors c’est pour acheter une drogue qu’il n’avait pas sous la main?  C’est toujours difficile de comprendre un con. Essayer de comprendre un con qui se drogue c’est encore pire.

L’autre gars attire mon attention sur mon téléphone affichant une notification et j’y jette un œil. Espérons que ce n’est pas encore quelqu’un qui me dit qu’il n’a jamais vu Toby. Je vire l’écran d’accueil. Deux messages. Le premier ne m’apprend rien de plus, le deuxième en revanche est un peu plus intéressant. Joe a toujours tendance à en savoir un peu plus que les autres. ’Oui.’ C’est déjà un début. C’est bien son style ça, répondre factuellement à la question de base en ignorant le sous-entendu. ’Tu peux développer ?’ Trois petits points tressautants s’affichent pendant qu’il écrit son message. ’Il traine beaucoup à Stonner Hill.’ Jusque là rien de bien nouveau. ’Et tu l’as vu récemment ?’ On ne sait jamais. ’Je crois pas.’ Nouveau soupir. Un autre message est arrivé entre temps, le dernier espoir possible d’avoir un peu plus d’informations sur toute cette affaire. Mais là non plus, rien. On ne peut pas gagner à tous les coups.

« Rien d’intéressant. »

Je range le téléphone en soupirant et me sors une nouvelle clope – et en propose une à mon confrère au passage – pour contrebalancer l’agacement de n’avoir rien obtenu d’intéressant. Retour à la case départ. Le bar derrière nous continue de se remplir. La porte s’ouvre de temps à autres à l’entrée d’un client, crachant sur la voie publique le vacarme d’un groupe de tocards qui s’imbibent allégrement.

« Donc on en est là ? A devoir chercher de la logique chez un junkie ? » Une question rhétorique plus qu'autre chose. On n’est pas sortis du sable. « T’as trouvé ses potes ? Ils avaient des trucs à raconter ? »

Le téléphone vibre à nouveau. Pourtant les cinq personnes que j’ai contactées m’ont déjà répondu. Je ressors le portable et découvre un autre message de Joe. ’Demande à Ruby.’ Intéressant, quoi que pas très exhaustif. ’C’est qui Ruby ?’ Pas sa copine ni son ex et ce nom n’est apparu nulle part pendant mes recherches. ’C’est une pute qui traine à Dalzell Street. Il allait souvent la voir.’ Peut-être qu’on va avancer finalement. Je glisse le portable dans ma poche et me tourne vers mon interlocuteur.

« On a peut-être quelque chose au final. Visiblement il voit souvent une pute de ce quartier. Peut être qu’elle en saura plus. » C'est un peu léger, mais ce n’est pas comme s’il y avait beaucoup d’autres options à l’heure actuelle. Enfin, on peut encore chercher auprès des autres dealers – comme il disait. « Ou alors tu vas chercher du côté des dealers, moi je suis cette piste là et on s’appelle. »

A quel point je peux faire confiance à ce type pour m’appeler s’il trouve quelque chose ? Aucune idée. Cela dit, on n’est pas en concurrence, ce sont deux personnes différentes qui nous payent. On ne perd rien à s’entraider. Et de toute façon au mieux je gagne du temps, au pire s'il n'appelle pas je devrais simplement me taper la tournée des vendeurs de drogues. Je n’ai rien à perdre sur ce coup-là.

« Qu’est-ce que t’en dis ? »
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Anonymous
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Invité
Ven 25 Juin - 17:01 (#)

Les messages défilent sur le téléphone du privé mais, aux expressions de son visage, je devine sa déception. Rien de la part de ses sources. Sources qui, au passage, paraissent nombreuses. J'aimerai pouvoir en dire autant des miennes ;
Mon arrivée en Louisiane semble encore si récente. Comme si je débarquais tout juste alors que près de deux années se sont écoulées.

« T’as trouvé ses potes ? Ils avaient des trucs à raconter ? »

Je secoue la tête, on ne peut pas dire que le type a beaucoup d'amis, pas même des potes. Sa nana, c'est tout ce que j'ai trouvé - après tout la signature sur le contrat qui me lie à la pègre locale est encore chaude.

" Rien. Les gens du milieu sont indifférents à son sort, on dirait. "

Tyler observe à nouveau son portable et cette fois la discrète lumière d'espoir brille dans son regard. Pas trop tôt.
Ça circule vite du coté de ses indics. Je me demande d'où lui viennent ces informations, combien de gars bossent pour lui ou qui sont ces amis à ce point disponibles et efficaces ?

Après avoir accepté la clope offerte, j'analyse les quelques billes dont nous disposons. Le compte est vite fait. On n'a rien, juste deux pistes qui pourraient s'avérer utiles :

« Ou alors tu vas chercher du côté des dealers, moi je suis cette piste là et on s’appelle. »

Les volutes de tabacs s'échappent d'entre mes lèvres et j'acquiesce lorsqu'il demande validation du plan. Soit. Lui la pute, moi les drogués. J'aurai préféré interroger une jeune femme mais je viens de me farcir les larmes de la petite amie... Autant lui céder la libertine probablement ravagée ;

" Ça me va."

La cigarette coincée entre les lèvres, j'attrape dans la poche arrière de mon jean une petite carte avec mes coordonnées professionnelles ainsi que mon nom. C'est un peu risqué, mais si on veut inspirer confiance et obtenir un retour positif : il faut se mouiller.

" Appelle-moi quand t'auras vu la catin ; on fera un point sur ce que j'ai récolté... Bonne chance ? "

Dis-je pour clôturer cette rencontre ma foi intéressante et lui tends la main pour une poignée d'au-revoir conventionnelle.
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Anonymous
Invité
Invité
Dim 27 Juin - 20:01 (#)

Il m’apprend qu’il n’a rien trouvé de très intéressant sur l’entourage de Toby. En soi, c’est déjà étonnant que Jones ait des potes aux vues du caractère qu’on nous a dépeint. Donc on en est vraiment réduit à deux pistes uniquement : les dealer et Ruby. En vrai ce n’est peut-être pas si mal, et puis on a tout de même pu croiser nos informations et en apprendre plus sur ce petit con.

Finalement, il accepte l’idée d’essayer de collaborer. Le plan lui convient. Tant mieux, ça nous fera sans aucun doute économiser pas mal de temps à tous les deux. C’est bien la première fois que je me retrouve à travailler avec un autre détective privé pour retrouver quelqu’un. En soi ce n’est pas si étonnant, c’est quand même assez rare que deux personnes soient engagées pour retrouver le même gars. Je récupère la carte de visite qu’il me tend, apprenant enfin son nom. Ni lui ni moi n’avions jugé utile de nous présenter jusque-là. Visiblement je ne suis pas le seul à apprécier la discrétion. Je serre la main qu’il me tend et me présente au passage pour un peu de réciprocité.

« Moi c’est Tyler Frisk. »

C’est plutôt rare pour moi de donner mon vrai nom aux gens que je croise sur une enquête, mais les choses sont un peu différentes cette fois-ci. Je range la carte de visite dans mon manteau et finis ma clope, jetant le mégot parterre au milieu d’une dizaine d’autres surement abandonnés ici par les clients du bar. J’écrase le mégot rougeoyant tandis qu’un autre groupe de clients rentre dans l'établissement, la porte qui s’ouvre laisse entendre un début de dispute entre gens probablement bien bourrés. Le ton est monté assez vite on dirait, il n’est même pas si tard que ça. On est visiblement au moment de la soirée où les choses peuvent vite dégénérer chez les poivrots. Au loin une sirène de police retentit. Je ne suis pas mécontent de me barrer d’ici, les choses peuvent vite partir en vrille dans ce quartier. Je me tourne vers mon nouveau collègue et lui assure :

« J’appellerai. »

En espérant que j’aurais trouvé quelque chose d’intéressant à partager. Normalement la fameuse Ruby ne devrait pas être trop compliqué à trouver et l’avantage des prostituées c’est qu’on peut les faire parler facilement en leur filant de la thune. J’espère juste qu’elle aura des choses pertinentes à raconter pour ne pas devoir repartir du point de départ.

« Et bonne chance avec les dealers. »

Et de la chance, il va nous en falloir. Un petit dealer qui disparait en volant une somme d’argent pas si terrible – quoi que j’imagine que ça reste quand même une somme intéressante si on ne prend pas en considération le risque que représente le fait de voler un putain de trafiquant de drogue –, aucune information intéressante de la part de la famille, des amis ou de sa copine et des pistes qui ne sont pas forcément pertinentes. On en est là. Parfois j’ai l’impression que c’est plus difficile de retrouver les crétins, ils font n’importe quoi et ce n’est pas nécessairement simple de comprendre ce qu’ils foutent. Alors un crétin qui en prime se drogue… ça n’arrange vraiment pas nos affaires.

J’adresse un vague signe d’au revoir à Faolan et remonte la rue miteuse accompagné des lampadaires fatigués qui ne parviennent plus tout à fait à éclairer correctement la chaussée. Au moins je n’ai pas complétement perdu mon temps, j’en ai quand même beaucoup appris au court d’une seule soirée. Et j’ai même gagné un collègue provisoire.
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