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Above us, only sky. ♦ Fadia & Yago

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Mer 2 Juin - 14:01 (#)


No hell below us.

Fin Août 2020.

« Montre-moi encore. »
L'exaspération s'exprime en un soupir, agrémenté d'un haussement de sourcils désobligeant.
« S'il te plaît. »
La politesse n'est pas naturelle chez le Fils de Caïn, mais il la feint tout de même, ayant conscience d'épuiser la patience de son interlocuteur.
« Yago. Pour la dernière fois. »
Les phalanges basanées pianotent à grande vitesse sur l'écran tactile du téléphone portable. Trop vite pour l'Immortel, qui peine à accrocher à cette époque trop moderne, à cette technologie qui le dépasse. Il n'est pas de ce monde, et le monde le lui fait ressentir chaque nuit. Il est un étranger dégobillé sur le bitume de Shreveport.
Mais désire-t-il réellement appartenir à cet univers trop factice pour lui ?
« Ceci est un GPS. Ca s'appelle Google Map. Je te passe les détails, sinon on va y rester toute la nuit. Ca te géolocalise, grâce à la puce qu'il y a dans ton téléphone. Et ça t'indique le chemin à suivre. Tu écoutes la voix, tu suis la ligne. Pigé ? Bon. »
Lorsque l'Iranien lui remet le gadget d'un geste ferme, il comprend qu'il serait inutile d'insister. Le sorcier noir a épuisé ses ressources, dans un exercice trop souvent répété, à se heurter contre l'esprit réfractaire de l'Infant récalcitrant.
« Salâh ad-Dîn et toi, vous refusez catégoriquement de vivre avec votre temps. Sérieusement, on dirait deux vieux réac'. La technologie fait partie des mœurs actuelles. Que ça te plaise ou non, il va bien falloir que tu comprennes que tu ne peux pas faire sans. Arrête de la voir comme un blasphème, d'accord ? Mais plutôt comme un outil pour parvenir à tes fins. Tu verras, le quotidien deviendra plus agréable. »
Un semblant de sourire écorché, de la part de l'unique rescapé du putsch d'Aliénor Bellovaque. Malgré l'étrangeté de l'ancien Second du Clan, il ne peut s'empêcher de ressentir pour lui une certaine sympathie. De son point de vue d'arcaniste, les vampires demeurent des êtres fascinants, aux coutumes certes excentriques, mais face auxquelles il éprouve une curiosité insatiable. Nombre de ses semblables se méfient pourtant des Morts-qui-marchent, mais s'il entend leurs arguments, il a néanmoins choisi d'imprimer ses pas dans les leurs. Et notamment dans ceux du Renégat Salâh ad-Dîn Amjad, ainsi que de son Infant, Yago Mustafaï.

Le vampire contrarié se contentera de ces explications bâclées, conscient que la compréhension ne le touchera pas de sa lumière dans les instants qui suivront. Et malgré son rapport au Temps défragmenté, il ne souhaite pas être en retard. Ce qui serait un comble, pour un ancien horloger.
Et ce qui ne ferait pas honneur à son invitée.

L'horizon a avalé l'astre solaire depuis une heure, peut-être un peu plus.
Il est en avance. Il attend, au pied de l'immeuble de Fadia, dans le quartier de Mansfield. Le temps de parvenir à taper quelques mots sur les touches de son téléphone, configuré en arabe – des sèmes qu'ils partagent, des segments de similitudes entre eux – l'heure aura déjà tourné.
« Je suis en bas. »
A défaut d'être autorisé à grimper jusqu'à chez toi.
Frustration fugace, tandis qu'il scrute la fenêtre éclairée de l'enfant du monde, à travers le pare-brise. Cette lucarne demeure probablement l'une des rares à laquelle il ne puisse se percher. Il avait bien tenté l'escalade, plusieurs fois même, mais l'aura du logis était-elle qu'il avait été contraint de rebrousser chemin. Et l'Immortel ne supportait pas d'être repoussé par cette Force qui le dépasse, celle d'une Foi inébranlable, une Foi qu'il avait autrefois lui-même épousée. Injustice. Sa main amputée pianote impatiemment contre le volant de la voiture volée, pour évacuer la colère de l'impuissance, le temps que Fadia ne descende jusqu'à lui. Tributaire du bon vouloir de la mortelle, il se résigne à tenter d'invoquer les souvenirs des explications d'Ashkan quant à l'application, et lorsque Fadia se présente devant la portière côté passager, il est toujours absorbé par cette interférence dans son monde sauvage.

Il relève la tête, sans sourire ; quelques secondes sont consacrées à l'étude du faciès de la jeune femme, de son accoutrement. Puis, après cette auscultation muette, il se penche enfin, et tend les doigts pour déverrouiller la portière et la laisser entrer dans la vieille berline, un modèle américain pas des plus récents, dont il s'accommode sans broncher. Après tout, ce n'est pas sa voiture.
Comme toujours lorsqu'ils se rencontrent, il l'accueille tout d'abord par un silence, détaché des coutumes humaines depuis déjà trop longtemps, et de toute façon trop accaparé par la curiosité qu'il éprouve à son égard. Discrètement, il la hume, la décortique, s'emplit des informations nécessaires, préambule de cette nuit qu'ils passeront ensemble.
Sa voix est grave et mélodieuse, mais sans excès de charme lorsqu'enfin, il s'adresse à elle, dans cette langue bien différente de l'anglais, qu'il chérit à employer avec elle.
« Bonsoir. »
Déjà, les prunelles d'ambre se décrochent des iris humains pour se heurter de nouveau à l'abomination technologique, qu'il n'hésite pas à lui tendre avec humilité, s'avouant bien incapable de se remémorer les manipulations d'Ashkan.
« Il faudrait que tu t'occupes de… » Comment cela se nommait-il, déjà ? « … de dessiner le chemin bleu, pour nous conduire au concert. »
Ah, il en oubliait presque.
« S'il te plaît. »

Peu gêné à l'idée de dépendre d'elle quant à l'usage de l'application, il entrouvre les fenêtres de l'habitacle, tant pour lui offrir une parenthèse dans cette chaleur moite que pour se nourrir des bruits et des odeurs de la ville. Il remonte lentement les manches d'une chemise ocre découpée à l'orientale sur ses avant-bras, geste purement esthétique pour celui qui n'a pas à s'inquiéter de la hausse des températures estivales. Le reste de son accoutrement tranche tout autant avec l'activité à laquelle ils s'apprêtent à s'adonner tous deux : pantalon beige, tissu raffiné, chaussures de cuir. Nul doute qu'il était hors de son élément, et qu'il jurerait probablement avec le reste de la foule. Un détail dont il peinait à se rendre compte, en fracture avec le monde des vivants depuis des décennies.
Elle représente alors son ancrage, le modèle à suivre pour quelques heures, l'âme à imiter pour se fondre dans la masse. Un sacrifice essentiel, s'il souhaitait maintenir l'illusion avec elle. Car de lui n'émane aucune impatience à l'idée de rejoindre cette foule au bord du lac, là où peu de choses raviront ses sens. Si ce n'est elle. Pour elle, il s'adaptera. Pour elle, il s'intéressera.
Pour espérer une nuit frôler ce qu'elle porte autour du cou, il pourrait la conduire au bout du monde.
« Es-tu prête ? »
En sa présence, il est de nouveau cette créature calme et froide, aux orbes troublants. Chaque silence hameçonne la proie, est une tentative pour la rapprocher de lui, abattre sa méfiance. Car il le sait, des années de correspondance épistolaire n'effaceront pas la réticence primitive. Celle de leurs natures contradictoires, et de la Chute de ses semblables.

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Mer 2 Juin - 23:06 (#)

Yago
&
Fadia
Above us, only sky
S
2013, dans la banlieue de Bagdad.
aïd t’arrête d’un geste de la main. Tu ne comprends pas ce changement soudain dans son comportement. Du coin de l’œil, tu vois l’homme qu’il doit recevoir. Quelque chose te chiffonne sur cette réunion.

« Tu sauras plus tard, Fadia. Pour le moment, c’est trop tôt. » Ton regard passe de l’inconnu à ton mentor. Plus d’un an qu’il partage tout ce qu’il sait volontairement avec toi. Tu as rarement vu une telle expression sur le visage du vieux sage que lorsque le visiteur a été annoncé au téléphone.

« Qui est-il ? » Ta voix est basse, comme pour ne pas attirer l’attention. Tu n’as pas les accréditations, encore, mais ce n’est qu’une question de semaines avant de recevoir ce qu’il faut pour être officiellement membre de l’équipe. Ils sont si peu à connaître cette planque, dissimulée dans les ruines d’un quartier abandonné depuis une précédente guerre. Il s’est présenté comme si de rien n’était, comme s’il avait toujours été le bienvenue ici.

« Il est… un informateur. » La voix de Saïd trahit son manque de confiance face à ce mot, qui sonne comme usurper. Un informateur qui se présente au milieu de la nuit, sans être annoncé, surprenant même ton superviseur. « Tu en sauras plus, je te le promets, petite. »

Un dernier regard, vers la pièce, tandis que Saïd t’abandonne, et ferme la porte derrière lui. Un frisson, qui te parcourt l’échine, tandis que Yago Mustafaï relève les yeux vers toi, pour la première fois.

Août 2020, Shreveport.
Tu t’observes dans le miroir. La semaine n’a pas été difficile, mais tu as eu du mal à trouver le sommeil, perdue dans tes pensées depuis l’annonce de Yago pour te voir. Lire les mots d’arabe sur ton téléphone a réveillé en toi une vague de mélancolie ; une nostalgie d’une époque peut-être moins simple, mais dans laquelle tu te sentais bien mieux.

Après une lutte difficile, tu es parvenue à trouver un compromis avec lui ; un concert en plein-air sur les abords du lac de Pinecrest, le Cross Lake. Une aubaine, pour toi. Il est toujours plus facile d’apprécier l’immortel quand il ne s’agit que de lettres. Sa correspondance, tu la converses dans ta chambre, dans une petite boîte fermée d’un cadenas, dissimulée sous ton lit. Tu te mords la lèvre intérieure en dévisageant ton reflet.

Il n’est jamais de bonne augure d’entendre parler de Yago Mustafaï, disait le chef des Gardiens, comme il n’est jamais bon d’être dans le désert quand le vent de la tempête se lève. Pourtant, chacune de ses lettres est un trésor que tu gardes précieusement, une hymne à ce désert qui te manque. Sous sa plume, les mots prennent vie, ils chantent une symphonie douce, mélancolique, d’un monde arabe disparu depuis longtemps ; que tu ne pourras jamais connaître qu’à travers les livres et les fouilles.

Sous le châle léger aux imprimés floraux, un simple débardeur blanc, qui laisse deviner tes formes agréables. Un short de jean, à la ceinture sombre, et des sandales. Une tenue simple, pour une soirée que tu espères l’être tout autant. Tu hésites, pourtant, à te couvrir plus, à risquer de suffoquer. Tu ne sais jamais te positionner avec lui.

La chaîne fine descend depuis ton cou, dont l’extrémité vient se dissimuler entre tes seins. Tu l’as compris depuis longtemps, cette pointe de flèche te préserve, tant qu’il l’aura décidé. Peut-être au début, penses-tu, naïvement. Tu l’as senti, ce changement, imperceptible, dans sa manière d’être, ce changement qui a tout fait, qui t’as fait accepter de le revoir, d’entretenir cette compagnie monstrueuse. Naïvement, un euphémisme. J’aimerai que tu saches, Fadia, l’étendue de l’ombre que projette Yago sur ta vie ; je ne peux pas, cependant, te livrer les secrets qui me sont confiés.

Tu saisis ton téléphone, les mots s’affichent, de droite à gauche. Je suis en bas. Un dernier regard vers ton reflet. Est-ce la dernière fois que tu le vois ? Ce soir, a-t-il décidé que c’était la fin du parcours ? Non, pas ce soir, comme ça n’a été aucun autre soir. Tu as encore ton utilité, tu as encore cette relique précieuse, tu as encore ta Foi.

Tu penses que tout le monde peut trouver la rédemption, même quelqu’un comme Yago Mustafaï. Tu descendes les escaliers deux à deux, ton petit sac à la main, suffisant pour y mettre ton téléphone et tes papiers, si importants papiers. Tu as attaché tes cheveux d’une simple pince, relevant les mèches avant, laissant tomber dans ton dos cette cascade brune, légèrement ondulés. Pour peu, on pourrait dire que tu t’es fait coquette.

La voiture est là, son moteur ronronne dans la nuit déjà bien avancée. Tu te présentes à la porte passagère, et toque doucement à la vitre. Il t’ouvre, nonchalamment, tandis que tu prends place. La tension dans tes veines monte, comme elle monte toujours. Ton cœur te dit t’avoir confiance ; ton corps, lui, sait. Il sait se trouver en face d’un prédateur, d’une créature que tu ne devrais pas côtoyer. La belle et la bête. Le silence pèse dans la voiture, moment indécis. Dès les premiers mots, pourtant, tu oublies la peur. Les mots chantent dans sa bouche, d’une langue si proche de la langue de ta mère.

«Wa aleykoum salam. » Tu lui réponds, fébrile. Les mains jointent devant toi, tu acceptes le téléphone qu’il te tend. Tu doutes sur les mots qu’il utilise, tant tu uses peu des mots du désert. En voyant Google Maps ouvert sur le téléphone, tu comprends. « Pas de soucis. » Un sourire, timide, se dessine sur tes joues. Ce n’est pas grand-chose, bien sûr, mais assez pour te donner confiance, au moins, le concert est toujours de mise, malgré sa réticence initiale.

Un nouveau silence, pendant que tu prépares la carte, puis une question, qui vient le briser. Tu souris à nouveau, lui montres l’écran qui affiche désormais un chemin bleu, tandis que la voix numérique indique la route à suivre.

« Je le suis, et le chemin est tracé. » Tu décales ta tête légèrement sur le côté, toujours ce sourire timide en réponse au froid qu’il te laisse transparaître. « Merci d’avoir acceptée. » dis-tu finalement, après que la voiture ne se soit mise en route, laissant le vent balayer tes cheveux. Les saveurs de miel et de lavande se répandent dans la voiture, se mélangent à l’odeur du bitume chaud, balayé dans l’après-midi par une pluie fine d’été.

Le décor défile sous tes yeux, éloignant les bâtiments mornes de Mansfield vers le beau Pinecrest, vers le lac où se tient ce concert, mini festival annonçant la fin de l’été, une fête aux accords de jazz et de blues, aux cordes vibrantes des guitares, au long souffle des saxophones, à la voix du bayou encore intact. Tes yeux sombres s’émerveilleront toujours des villes vivantes, des villes vibrantes.

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Sam 19 Juin - 17:40 (#)


No hell below us.

Le parfum de miel, de lavande et de méfiance alourdit l'air déjà pesant de l'habitacle.
Un simple hochement de tête est adressé à Fadia afin de la remercier de sa manipulation, des gestes qui demeurent bien obscurs pour le Fils de Caïn, qui accroche calmement le téléphone dans l'emplacement réservé à cet effet. Aucun mot n'est de trop lorsqu'il lui répond tout en démarrant le véhicule, et les sèmes sont prononcés avec une lenteur presque agaçante. A quoi bon se presser, lorsque l'éternité se déroule à vos pieds ?
« Je t'en prie. Tu sais que vos mœurs attisent ma curiosité. »
Des paroles criantes de vérité, même si elle lui connaît également une aversion ostentatoire pour certaines habitudes humaines, trop humaines, auxquelles il peinait à s'accoutumer. Certains de ses semblables ne comprenaient pas une telle réticence de sa part, lui conseillaient d'épouser cette époque comme la précédente, pour ne pas subir constamment cette modernité qu'il exécrait. Il en demeurait toutefois incapable, l'esprit têtu et revêche, et peut-être également un brin nostalgique d'un siècle désormais englouti par les sables du temps.
Alors, même si la perspective d'un tel rassemblement en plein-air ne l'avait guère enchanté de prime abord, il avait fini par céder, après avoir compris l'engouement de la jeune Fadia pour ce type d'événement, auxquels s'adonnaient la plupart des gens de son âge. Et puis, il fallait relativiser : au moins, il n'aurait pas à l'accompagner à un match de ce sport étrange, et à feindre un enthousiasme qui ne la duperait pas le moins du monde.

La musique, même si celle de ce soir s'annonçait ravageuse pour son ouïe vampirique, disposait au moins de cette faculté de rapprocher les cœurs, de tisser entre les individus cette connexion invisible, à travers les mécanismes de défense. Et s'il avait finalement accepté la requête, il avait évidemment bon espoir que les notes déversées éroderaient quelque peu la méfiance de son accompagnatrice à son égard. Juste un peu. Il n'avait pas besoin de plus. Elle était jeune, il avait le temps. Et il savait qu'il devrait s'armer de patience avant d'atteindre son but ultime.
Si seulement tu l'avais tuée cette nuit-là, elle aussi.
Une ombre de rictus déforme son visage plongé dans la pénombre, tandis que la voiture avale les premiers mètres de bitume, les pneus crissant sur l'asphalte lorsque l'Oriental accélère pour doubler le premier traînard qu'ils croisent. S'il avait su décimer les autres Gardiens, il n'y avait aucune raison pour qu'elle ne lui échappe à son tour. Tu as eu de la chance la première fois, Gamine. Son esprit centenaire se refusait obstinément à croire à une quelconque intervention divine là-dedans, même si au fond de lui, il savait que le Très-Haut veillait sur l'Enfant-monde. Une injustice, qu'il enterrait soigneusement au fond de sa caboche, pour ne pas, une nuit, vriller et commettre l'irréparable trop tôt, trop violemment.

Le silence s'étire entre eux sans le déranger le moins du monde, et il ne fournit aucun effort afin de le briser. Seule la voix numérique distribue parfois une consigne qu'il suit scrupuleusement, sans toutefois respecter aucune limitation de vitesse ou semblant de règle de la route. Mais ils ont tous deux grandi dans des endroits sur Terre où l'on s'encombre bien peu de ce genre de futilités.
De temps à autre, il lui jette de brefs regards, peinant à contenir la fascination qu'elle exerce sur lui, malgré son apparente simplicité. En dépit de son jeune âge, elle paraît receler en elle des histoires d'un autre monde, des secrets bien gardés, qu'il rêverait de pouvoir frôler une nuit. Mais elle demeure ce coffret cadenassé dont il ne possède pas encore la clé. Leur correspondance les lie l'un à l'autre, articule entre eux ce contact nécessaire, qu'il s'évertue à perpétrer depuis la Chute des autres. Et même si son dessein premier n'est autre que de la maintenir sous son joug jusqu'à lui arracher son trésor, il se devait d'admettre qu'il s'était pris au jeu de l'écriture et parfois même des confessions, et qu'il se plaisait à se noyer dans ces mots qu'ils s'écrivaient. Des lettres réconfortantes, pour celui qui ne s'était jamais véritablement débarrassé de son mal du pays, d'un pays trop bétonné et trop individualiste.

Elle sentira peut-être qu'il la regarde parfois avec plus d'insistance, et que cette observation silencieuse le décide finalement à reprendre la parole, et à tendre les doigts vers elle.
« Oh, j'allais oublier. J'ai quelque chose pour toi. »
Ses phalanges halées se dirigent alors vers boîte à gants afin de l'ouvrir et d'en dévoiler le contenu à la passagère. Il veille à ne jamais frôler ses genoux, par crainte de l'effrayer et qu'elle ne se ravise et lui réclame de rebrousser chemin.
A l'intérieur du rangement exigu reposent un petit récipient de métal, recouvert d'un torchon propre, ainsi qu'un écrin d'une simplicité écrasante, humble réceptacle de bois gravé d'ornements discrets et circulaires.
Sans paraître manifester le moindre empressement quant aux gestes de Fadia, il la laisse découvrir le contenu des présents à son rythme, sous ses phrases à la cadence apaisée.
« Ce sont les baklavas dont je te parlais, dans nos lettres. Ceux que je préparais pour ma mère. »
La jeune femme reconnaîtra aisément les parfums d'amande et de fleur d'oranger des pâtisseries orientales que l'Immortel avait confectionnées à son intention.
« Cela fait bien longtemps que je ne me suis pas essayé à l'art culinaire, alors… ne te force pas si ce n'est pas à ton goût. »

Empreint d'une étonnante sollicitude à l'égard de l'ancienne Gardienne, il se contente de guetter discrètement ses réactions, désireux de ne pas l'écraser sous une pression quelconque. Tout comme il lui laisse le choix de révéler immédiatement ou non le contenu du coffret de bois rangé dans la boîte à gants, tandis qu'après un trajet effréné et lui ayant probablement valu bon nombre d'insultes de la part des automobilistes qu'ils avaient croisés, il se gare sur le terre-plein bordant le lac, déjà presque entièrement rempli par des véhicules hétéroclites, tout sauf alignés proprement les uns par rapport aux autres.
Enfin, il pivote le buste vers elle, et toute son attention converge désormais vers le moindre de ses gestes, la moindre de ses décisions. Car lorsqu'elle découvrira que sous le couvercle de bois repose, sur un socle de velours pourpre, un pendentif de petite taille, aux arceaux entrelacés protégeant une discrète médaille poinçonnée d'un Rub El Hizb, peut-être entreverra-t-il ce qu'il convoite ardemment.
Le bijou, pas plus gros que l'ongle, est fabriqué en argent, et le choix de ce métal qu'il ne peut toucher sans douleur n'est pas anodin. Peut-être le comprendra-t-elle. Probablement notera-t-elle l'absence de chaînette accompagnant l'ornement.
Dehors, les basses résonnent déjà, les derniers réglages s'effectuent avant le début du concert.
Mais pour l'heure, les pupilles rivées à Fadia, l'Immortel n'éprouve pas la moindre hâte à quitter le cocon de l'habitacle et à se mêler à la foule.

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Ven 30 Juil - 11:01 (#)

Yago
&
Fadia
Above us, only sky
T
on regard se porte sur la ville qui défile sous ton regard. Les lumières dansent dans les rues, avalées par la voiture de ton conducteur. Les genoux rapprochés, tu as joint tes mains par-dessus. La vitesse pourrait en rebuter certains, les pousser à vociférer, à se confondre dans d’inutiles mots pour convaincre ton partenaire de ralentir. Un trou, dans la route, et te voilà ramenée des années dans le passé. A l’arrière de la vieille Citroën XM de ta tante, les vitres ouvertes, le courant d’air soulevant tes mèches tandis qu’elle filait en direction de Béziers pour des vacances improvisées chez une ancienne amie. Puis passagère, sur les routes désertiques des Balkans, lors de ta dernière année de master, sur la route même prise par tes parents pour fuir le pays. La Jeep, puissante, ronflante, survolant les nids de poule. Tu te souviens ce sentiment plein de nuance lorsque tu vis pour la première fois les monstres de bétons de la ville qui t’avais vu naître. Une joie personnelle d’entrer dans la ville qui t’as vu naître ; une douleur partagée, de voir les ruines aux abords de la ville, banlieue désertée, apocalyptique.

C’est ce même sentiment qui t’anime ce soir, tandis que vous filez au travers de la ville louisianaise. Une joie sobre, de partager du temps avec quelqu’un qui te comprend. Peut-être pas sur tout, probablement pas même ; ce qui compte, c’est qu’il te comprenne là où cela compte. Il pourrait choisir d’en finir à n’importe quel moment, mais ne le fait pas. Tu crois, au fond de toi, qu’il ne le fera pas, qu’il résistera, une minute de plus, une heure de plus, une nuit de plus.

Il comprend la langue de ta mère, il ne veut parler que celle-ci. Il pèse chacun des mots qu’il te porte, par la langue, par la plume. Inexorable, un homme devenu autre chose. Il t’effraye, qui serait stupide pour ne pas craindre ceux qui vivent au cœur de la nuit, mais il t’attire également, par les longues lettres que tu reçoies, par la langoureuse danse des syllabes qui virevoltent de sa bouche. Un sentiment tout de nuance, inextricable envie de savoir, de comprendre, ce cœur qui réside dans les ténèbres.

Le silence pèse, lourd, sur vos épaules, et tu sais qu’il fera le premier pas ; il le fait toujours. C’est lui qui mène la danse, depuis le premier jour où tu l’as vu, jusqu’à ce qu’il se lasse un jour. Dans les nuits américaines, tu laisses voyager des pensées, ose un regard vers lui, pour voir son regard fuir en direction de la route. Fuir, le mot n’est pas adapté, et tu le sais ; il se concentre simplement, conscient de la fragilité de ta condition d’humaine.

Il brise finalement le voile silencieux, guide sa main vers la boîte à gants, te laisse découvrir le contenu. Doucement, tu tires le linge et son contenu vers toi. Ses mots accompagnent tes gestes méticuleux. Tu retiens tes cheveux, tendit que tu te penches pour sentir les parfums doux qui s’élèvent. Le miel et l’amande s’élèvent à toi, suivi par d’agréables touches de fleurs d’oranger, une pointe de cannelle qui retombe ensuite. Un sourire s’élève sur ton visage, contenté par le cadeau, par l’affection de l’immortel.

« Merci à toi, ils sentent très bons. » Du bout des doigts, tu arraches un morceau du biscuit, dont tu sens le miel coller à ta peau. Tu n’as pas eu l’occasion de manger d’autres pâtisseries d’orient que celles que tu as pu confectionner. Doucement, tu places le morceau de baklava dans ta bouche, puis la cache de ta main. Un geste courtois, tandis que tu mâches lentement, laissant les parfums enivrés ton palais. Fermant les yeux, savourant chaque mouvement, chaque nouvelle libération de saveur, ton sourire s’élargit encore, tandis que tu te souviens, que tu continues ton voyage, réalisant par là également à quel point ton monde te manque. Les pâtisseries de ta tante, le vieux Yaasir et ses histoires, le thé de Saïd. Tu tentes, tant bien que mal, de retenir la larme qui naît au coin de tes yeux. Une larme, non pas de tristesse, mais de tendresse, d’une vie si proche, mais qui te parait désormais si lointaine. Tu refermes le linge, doucement, après avoir manger une seconde bouchée. Peut-être pourrait-on trouver à redire dessus, peut-être ne sont-ils pas assez cuits, ou le dosage mal habile ; tu n’en a cure, ils sont parfaits à tes yeux.

« Je suis bénie que tu m’aies apporté ces baklavas. Ils sont délicieux. Ta mère en avait de la chance, d’en avoir régulièrement. » Tu sais que ta phrase n’est pas la plus parfaite, mais ton arabe est quelque peu rouillé, alors tu fais le maximum, pour exprimer ta gratitude. La fleur d’oranger et le miel s’attardent sur ta langue, et tu ne souhaites pas les voir disparaître, pas de suite. Un plaisir retrouvé après une longue absence. « Ils m’ont transporté loin d’ici. »

Ces moments, avec Yago, tu les apprécies, si rares soient-ils. Tu n’oublies pas la tempête qui se cache sous la surface du visage halé de ton conducteur, mais tu ne serais pas Fadia si tu ne t’attardais pas sur les détails que d’autres ne souhaitent pas voir. Il n’est pas le monstre que les autres voient à tes yeux, c’est peut-être pour ça que tu papillonnes sur proche du danger, une corde fine au-dessus du vide. Ces moments, tu les apprécies pour ce qu’ils sont, et pour ce qu’ils représentent : si ce n’était que de la manipulation, prendrait-il le temps de préparer les pâtisseries qu’il faisait pour sa mère ? Le temps n’est rien pour lui, une simple composante qu’il doit prendre en compte lorsqu’il côtoie les mortels, comme toi, Fadia. Quid des souvenirs ? Du lien qu’il tisse en te rapprochant un peu plus de l’humain qu’il a été.

La course prend fin, sur le parking aux abords du lac où se tient le festival estival, alors que tu saisis le petit coffret de bois. Léger, sans fioriture particulière, tu hésites à l’ouvrir, à découvrir son contenu. Tant que le bois du couvercle n’a pas été dégagé, il peut y avoir n’importe quoi dans cette boîte. L’attention que Yago t’a déjà porté avec les pâtisseries est suffisante, et tu n’arrives pas à voir pourquoi il voudrait t’offrir plus. Les baklavas sont si personnels, une fenêtre dans le passé de l’enfant de Caïn, une preuve de votre existence commune loin de l’Amérique et de sa vie.

Doucement à nouveau, tu lèves le petit loquet, et laisse l’intérieur de la boîte se découvrir à toi. Sur l’étoffe de velours pourpre se tient un minuscule bijou d’un ouvrage remarquable. Tu portes à nouveau la main devant ta bouche, venant dissimuler ta surprise. Le Rub El Hizb est finement tracé sur l’argent, qui se reflète aux lumières du parking où vous vous trouvez.

« Je ne peux pas accepter… » Ta voix est à peine plus qu’un murmure, mais tu sais qu’il saura l’entendre. Tu portes ton regard vers Yago, qui se tient désormais en ta direction, libéré de la tâche de te conduire sur les rives du lac. Le monde extérieur ne semble pas exister pour vous, une bulle d’orient au milieu du monde occident. Tu reprends un petit peu d’aplomb, te redresse dans le siège. Malgré ton effort, tu sais que tu n’as pas la même aura sur lui qu’il peut avoir sur toi.

Le Rub El Hizb est une lettre de l’alphabet, deux carrés entrecroisés, avec au centre, un petit cercle. La marque de fin d’un chapitre, c’est son usage premier. Les restes du sourire tendre se dissipent sur ton visage, tandis que tu te rappelles une sourate du Coran. L’ego de l’immortel le pousse-t-il à se comparer au Tout-Miséricordieux ? Le regard perdu sur le bijou, à peine plus qu’un ongle, tu hésites. De la part d’un de tes contemporains, tu n’y aurais vu qu’un geste pour te faire plaisir, un symbole connu. De sa part à lui, tu doutes de ses motivations.

« Pourquoi le Rub El Hizb ? Marquons-nous la fin du voyage, Yago ? Es-tu Gabriel, venu me chercher pour me conduire vers al-Aqsa ? » Les mots sortent sans animosité, une simple curiosité, des pensées qui viennent gâcher le plaisir de recevoir. Tu ne réalises pas que l’argent est dangereux pour lui. Son ego est-il si grand qu’il puisse penser à te comparer au Prophète, se plaçant lui à la place d’un serviteur du Très-Haut. « J’aime beaucoup ce bijou, mais j’aimerai savoir… Pourquoi. »

Tu aimerais avoir l’assurance dont tu fais naturellement preuve ; et ta force d’esprit te permet déjà de prendre la parole, vos échanges te permettent d’atteindre l’enfant du chaos, ce lien qui vous unit, tissé de nombreux fils, dont certains t’autorisent de répondre. Il ne peut porter la Relique sans toi, tu ne peux trouver ton destin sans lui. Mortelle face à l’éternité, une rose dans le désert. Tes yeux viennent se placer dans les siens, soutenir ces yeux céruléens qui te hantent parfois.  
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Jeu 26 Aoû - 15:06 (#)


No hell below us.

L'emportement allègre et le voyage provoqué par les saveurs sucrées et épicées retombent bien vite, dans la lourdeur de l'habitacle. Le leurre du lien qu'il tentait désespérément de créer entre eux, ponctuant le silence de quelques attentions savamment dosées à l'égard de l'Enfant-Monde, s'effritait sous les coups de mâchoire, cadeau trop cuit et maladroit qu'il lui avait servi. Peut-être se fourvoyait-il dans une approche trop matérielle, auprès de celle qui pourtant s'absorbait dans l'Être et dédaignait l'Avoir. Une erreur qu'il ne cessait de commettre, comme s'il oubliait à chaque rencontre qu'il pouvait lui parler de cœur à cœur, qu'elle n'était pas comme tous ces anonymes individualistes et consuméristes qui peuplaient ce pays. Avec elle, tout était différent. Et pourtant, il s'acharnait à se comporter comme si elle n'était qu'une humaine parmi les autres, comme si elle ne se distinguait pas de la masse indifférenciée de tous ces inconnus. La cruelle vérité s'abat sur ses épaules, dissipe le discret plaisir qu'il avait éprouvé à la voir apprécier les pâtisseries de son enfance : elle demeurait inatteignable. Et cette prise de conscience l'agiterait de tremblements de frustration, si l'être séculaire n'avait pas appris avec les années à contrôler de telles impulsions. C'était bien plus que sa fenêtre qui lui était proscrite. Il était condamné à patienter sur le parvis, incapable de pénétrer dans son existence, devant les hautes portes qui s'acharnaient à demeurer closes. Les seuls secrets qu'il lui connaissait, c'était parce qu'elle avait décidé de les lui offrir, de les déclamer au compte-goutte à travers cet étrange échange épistolaire qu'ils entretenaient, en dépit de toute logique. Sa Foi comme sa méfiance à l'égard du Noctambule le privaient d'une réelle proximité à laquelle il aspirait pourtant, pour des desseins plus ou moins discutables.

Répudié en arrière-plan, relégué aux abords d'une vie dont il ne pouvait qu'effleurer les contours, il était tributaire du bon vouloir de la jeune femme, recluse derrière une forteresse qu'il ne détruirait peut-être jamais.
Protégée par ses croyances, elle était la seule humaine à laquelle il ne pouvait rien dérober, rien arracher de force. La seule à rester hors de portée, alors qu'il désirait de plus en plus ardemment se tenir proche d'elle, être l'intrus de son intimité, caresser ce qu'aucun autre n'avait frôlé avant lui.
Et il détestait cela.

Alors, lorsqu'elle questionne, lorsque son geste se suspend d'hésitation, lorsqu'elle lui refuse sans le savoir ce plaisir de la voir porter le bijou sélectionné, son faciès se déforme. Le visage autrefois accueillant et rêveur, dans une vie qu'elle ne lui connaîtrait jamais, s'assombrit davantage, et se fige dans cette froideur détestable qu'il s'empêche d'ordinaire avec elle. Si sa silhouette demeure cruellement immobile, le ton n'en est que plus sec lorsque la voix s'élève entre eux, pour claquer contre cette main gracile qui refuse encore de céder à la tentation.
« Non. »
L'ire latente gronde sous le verbe abrupt, mais n'éclatera pas sous le dôme de métal. Il n'est pas de ceux qui s'emportent gratuitement, et tout comme sa figure, ses colères sont de glace.
Les pupilles contrariées luisent dans la pénombre du véhicule, accrochées à celles de son interlocutrice. Il baisse encore d'un ton, et sa voix se mue presque en un grondement qui ferait frémir les plus téméraires.
« J'apprécie la référence, mais il ne s'agit nullement de cela. »

Conscient de la dangerosité qui peut émaner de son être dans de tels moments, il choisit raisonnablement de détourner le regard, le posant sans intention sur la foule qu'il aperçoit un peu plus loin. Le ton, redevenu relativement neutre, énonce l'évidence tandis que l'image de cette main hésitante par-dessus l'écrin s'imprime sur sa rétine.
« Tu as peur, Fadia. »
La méfiance et la crainte sont des crépitements perceptibles par un odorat damné. Un des avantages de sa nature vampirique, qu'il maudit en secret, pour ne cesser de lui rappeler combien elle se tient sur ses gardes, lorsqu'il s'agit de lui.
« Je ne crois pas que cela soit dans tes intentions, mais tu ne cesses de me renvoyer à ma nature. J'ai conscience de ne pas être comme tes amis. Je ne le serai jamais, et ce n'est pas là mon désir. Mais trop souvent, tu me prives de cette lumière, dont tu inondes tant les autres. Ma différence est évidente, et je suppose que je ne peux te blâmer pour ta méfiance à mon égard. Mais, parfois, cela me peine. »
Nul pathos dans la voix qui énonce avec calme, laissant planer le doute sur ses réelles intentions. Une telle créature peut-elle réellement souffrir de la prudente distance qu'érige la mortelle entre eux ? Ou n'est-ce là qu'un subterfuge pour espérer s'approcher encore un peu plus de ce qu'il convoite réellement ?

Son regard se reporte sur le bijou, voilé de ce qui pourrait s'apparenter à de la tristesse, ou peut-être à de la nostalgie. Feinte, ou sincèrement éprouvée. Le faciès énigmatique de l'Immortel n'offre aucune prise suffisamment solide pour y bâtir des interprétations fondées. Tout comme elle, il demeurera incorruptible, drapé de ces mystères qui s'épaississent, plutôt que de chuter à ses pieds.
« Je désirais, au-delà de la fin d'un chapitre, marquer le commencement d'un autre. Si cela ne tenait qu'à moi, je voudrais que cette nuit, tu enterres tes dernières réticences à mon égard. Ici. Tu acceptes de me voir, et je t'en suis reconnaissant, tu sais que j'apprécie ta compagnie. Mais je te sens parfois crispée, comme si tu craignais quelque chose de moi. Est-ce le cas ? »
Il savait qu'il se risquait sur un terrain scabreux, et que selon les informations dont elle disposait à son égard, notamment grâce aux anciens Gardiens, la discussion comme l'état actuel de leur relation pouvait prendre une toute autre tournure. Mais s'il aspirait à l'approcher davantage, il devait prendre le risque d'être repoussé.

Sa main se porte au tableau de bord pour déverrouiller les portières. Lorsqu'il pose à nouveau ses iris sur elle, son regard s'est alourdi de tous ces secrets indicibles, des mensonges mêlés aux promesses qu'il ne tiendrait peut-être jamais, de toute cette étrangeté qui le caractérisait aux yeux de la jeune femme.
« Tu n'as pas besoin de me punir, Fadia, le Très-Haut s'en charge déjà. Et à moins que tu n'aspires secrètement à être Sa main armée, je souhaiterais que tu apprennes à me faire confiance. »
Sa voix a retrouvé naturellement le chemin de l'anglais, peut-être pour faciliter la compréhension de Fadia ou au contraire, afin d'élimer ce lien déjà fragile entre eux et revêtir cette carapace revêche à son égard, pour devenir aussi insaisissable qu'elle ne s'obstinait à l'être en sa compagnie.

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