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Window of Opportunity [Moustachu & Cafard]

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MJ ۰ Trop de DC, pas assez de décès.
Rhys Archos
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MJ ۰ Trop de DC, pas assez de décès.
L'IVRESSE SOLAIRE DU CRÉPUSCULE

Window of Opportunity [Moustachu & Cafard] S83t

« Wild men who caught and
sang the sun in flight,
And learn, too late, they
grieved it on its way,
Do not go gentle
into that good night. »

En un mot : Émeute, Sang et Fiel
Qui es-tu ? : Sans visage, une force animale grouillant sous une peau humaine qui s'étire, trop étriquée, n'attendant que de jaillir à l'intérieur du monde pour le ravager.
Facultés :

Trouble à l'ordre public ;
Outrage à agents ;
Attentat à la pudeur ;
Violation de propriété privée ;
Ivresse sur voie publique ;
Expert du pistolet à clous ;
Vol de voitures ;
Briseur de vitrines ;
Bagarres ;
Vol de poules ;
Thème : /watch?v=L7a8hmoOsx0
SOONER OR LATER
YOUR HUMAN SIDE LOSES.
IT HAS TO

Window of Opportunity [Moustachu & Cafard] Fdel
Window of Opportunity [Moustachu & Cafard] Lol7
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Crédits : © Internet
Mar 8 Aoû - 23:22 (#)

WINDOW OF OPPORTUNITY

A black cat went past us.
And then another.         

Début Décembre 2021 Lancé à vive allure dans les rues de Shreveport, je filais à contresens d'une rue presque déserte, accompagné seulement du bruit profond et régulier de mon souffle ainsi que du cliquetis bien huilé de la chaîne de métal. Vite, toujours plus vite. Il y avait une urgence là dans le geste - une panique, presque -, qui poussait à pédaler avec toute la puissance possible que mes jambes pouvaient fournir. Une excitation certaine et insensée, explosive, qui me prenait toujours lorsqu'à vélo, la nuit, j'approchais de cette sensation brûlante où les poumons réclamaient sans cesse plus d'oxygène. Sentir le vent sur mon visage. Courir avec lui. Filer sur les trottoirs et entre les voitures, laissant la silhouette des passants ne plus devenir que des figures éphémères aussitôt oubliées. Endolorir des muscles trop longtemps contenus, épuiser ce corps en lequel trépidait un trop plein d'énergie, jusqu'à cette limite où même respirer paraissait brûler. Il y avait là-dedans un petit quelque chose de salvateur, un ersatz précieux de ces instants où tout le corps mutait en une douleur cruelle mais fascinante, un compromis à cette forme de chairs et d'os qui se tenait sur deux pattes.

Un putain de mensonge.

Devant, soudain, une personne surgit sans crier gare, qui prend presque toute la place sur le trottoir. Dans un crissement désagréable je ralentis brusquement, jouant de toute la dextérité dont il m'est possible de faire preuve pour éviter de la percuter. Pourtant, je ne m'arrête pas. Rien n'arrête le vent disait mamie, et ce soir c'est moi le putain de vent. J'essuie les protestations par un Casse-toi agacé avant de repartir à fond la balle.

Il n'est pas si tard que ça mais on se croirait en période de pleine lune, tant les rues laissent d'espace aux ténèbres. Les gens restent chez eux, la nuit, et encore plus l'hiver. Par précaution ou par peur, par habitude presque maintenant.

Mais toutes ces choses paraissent loin, si loin, et l'image des flammes ravageant une devanture où, dit-on, on y crucifie les monstres comme on y accrocherait de mauvais tableaux n'est plus qu'un vague fond d'angoisse, indistinctement mêlé aux tirs de roquettes, attentats divers et autres fusillades sauvages.

Qu'ils se fassent la peau.

Qui ? Tous autant qu'ils sont. Et pourtant, ouais, faut pas être bête comme son étron pour comprendre que y a là un problème bien plus grand encore. Une tempête qui s'accumule, prête à frapper tout et tout le monde, sans distinction, indifférente d'empathie ou de contexte. Nous, les vieilles reliques d'un monde qui, avant, vivait, pourquoi on échapperait à leur génocide ? La pensée, amère, moite, reste collée là un moment encore avant que je ne finisse par arriver chez Bobby's. Un supermarché plein de lumières et de néons, une enseigne pas changée depuis des lustres mais qui tient encore là comme un vieux souvenir auquel les gens sont attachés. Le parking sent le bitume et la poussière. Le temps d'attacher mon vélo et me voilà qui pénètre à l'intérieur.

***********

Déambulant dans les allées de ce magasin presque désert, lui conférant par effet de contraste l'impression d'être encore plus gigantesque qu'il ne l'est, je renifle avec un jugement certain en passant devant les articles et les rayons. Un tas de merdes en plastique et de mauvaise bouffe, voilà ce qui fait bien la moitié de ce supermarché. Un petit panier accroché sous le coude, celui-ci est rempli de divers accessoires. La plupart sont des décorations de Noël, des machins en plastique qui brillent et pleins de paillettes, pour égayer l'Artspace et le mettre au goût du jour. C'est sûr que c'est pas dans ma caravane que je vais accrocher des guirlandes du petit Jésus et des boules à facette avec un gros Santa dessiné dessus. Un instant, le souvenir du marché de Noël me revient en mémoire, me faisant échapper un petit Ew. Ouais, au moins, j'ai plus besoin de me déguiser en Père Noël pour donner des bonbons aux enfants, c'est pas une mauvaise chose.

Fouinant du côté des articles d'occasion, j'y trouve déjà un peu plus mon bonheur : un pistolet à clous bon marché, des petits figurines d'animaux sculptées dans un bois exotique, un ou deux outils de jardinage usés et ce qui s'apparentait à... Un xylophone pour poules ? Fronçant les sourcils, j'inspecte la chose, avant de finalement choisir de ne garder que l'instrument de musique.

soudain, un hurlement retentit, mais c'est à peine si l'instinct a le temps de me faire redresser la tête que tout disparaît, sombre dans des ténèbres opaques où plus rien n'existe. Même pas le son de mon rythme cardiaque, même pas le froissement de mon souffle, véritablement rien.

L'incident dure quelques secondes, ou beaucoup plus, je ne sais pas, je n'ai pas le temps de me poser la question qu'émerge alors la lumière et les sensations avec autant de violence que si j'avais heurté une eau dure et glacée. L'espace d'une seconde, plus rien n'a de sens, plus rien n'existe tant tout semble irréel. Et pourtant s'offre devant moi la vision familière du magasin, avec ses mêmes lumières blanches cliniques, sa même musique blues indifférente, les mêmes bruits occasionnels de bips et autre roulettes de caddies.

Une vague de chaleur envahit mon corps, mon cou, mon visage. Une adrénaline soudaine qui rend presque fébrile. Tous mes instincts hurlent, à l'intérieur, hérissent le sauvage en moi, agitent la conscience pour se mettre aux aguets. Un frisson remonte le long de mon échine, et ce n'est que le bruit métallique de clefs qui tombent au sol qui me ramène à moi. Mes yeux descendent sur ma main, ouverte, et mon trousseau par terre. Je suis à côté de l'entrée du magasin.

Lentement je les ramasse, sans les regarder, mes yeux allant et venant avec frénésie sur les alentours. À la recherche d'une anomalie, d'un truc, de n'importe quoi qui ait pas l'air normal. Personne ne fait attention à moi, personne ne croise mon regard. Vaguement, je me palpe, comme si je m'étais attendu à trouver autre chose que moi-même. Tout est là, à sa place : mes deux bras, mes deux jambes, le petit Jésus en argent autour du cou et le T-shirt « Les plantes sont nos amies ». Mon cœur bat à un rythme beaucoup trop rapide, mais je me force à respirer normalement. Inspirer, expirer. Inspirer... Par réflexe, je tâte l'arrière de mon pantalon. Là dans la poche se trouve une des flashlight 3000 que j'ai faites acheter par Dana pour l'Artspace. Vous savez, ces machins qui vous envoient un soleil dans la figure, et qui peuvent vous taser la gueule si vous approchez trop. Ouais, c'est pas ça qui va me sauver, c'est sûr, mais ça me rassure un peu, bêtement.

Je fais un pas en arrière. Personne ne me regarde, personne ne crie, personne ne panique. Tout ça fait qu'ajouter un contraste encore plus terrible à la scène, une horreur sous-jacente qui n'attendrait que de se mettre à courir après toi dès l'instant où tu paniques et t'enfuis.

Je fais demi tour, quelques mètres et voilà les doubles portes automatiques du magasin qui s'ouvrent. Dehors, un parking bitumé éclairé par le secret de ténèbres soudainement hostiles. Je sors, mais tout redeviens noir, encore, partout.

Nouveau saut, nouvelle angoisse, et tout recommence.

Me revoilà au même endroit, au même moment, les bips et la musique blues toujours diffusées dans les hauts parleurs.

_ Putain de merde....

Je déglutis. Une lancinante angoisse se réveille, familière, au goût ensanglanté d'un Halloween déjà lointain. Un mauvais pressentiment, l'instinct qui se réveille, acéré. Je serre la mâchoire, fais demi tour encore, et tente d'avancer lentement au travers du sas de sortie des double portes, mon rythme cardiaque battant furieusement dans mes tempes.

Mais au moment où je pensais poser le pied sur le parking...

Tout recommence, encore. »


Spoiler:




Adopte ces beaux scénarios !
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Papy-Daddy Moustache
Jenaro Silva
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Sam 23 Sep - 18:15 (#)



Window of Opportunity



Jenaro avait eu un mauvais pressentiment pendant quelques jours, à la fin du mois de novembre. Un malaise qui le saisissait à chaque fois qu’il sortait de sa Torpeur, toutes les nuits sans exception. Rien n’indiquait que quoique ce soit se préparait sinon les fêtes de fin d’année qui arrivaient à grand pas, même si les températures de la Louisiane n’autorisaient pas de Noël blanc contrairement au Montana dont il venait. L’instinct de l’ancien corsaire déchiffrait des indices que son cerveau conscient avait encore du mal à saisir mais qu’il prenait au sérieux. La dernière fois qu’il avait étouffé cette sensation, il avait croupi deux ans dans une geôle quelque part dans les Caraïbes. L’ancien corsaire avait été bien plus prudent ensuite, attentif à ce que son instinct espérait désespérément de lui faire comprendre. Chaque intervention pour le compte de l’Essaim avait été encore plus soigneusement préparée et tout aussi soigneusement nettoyée. Aucune trace de son passage si ce n’étaient les grossiers indices laissés pour justifier certaines scènes impossibles à simplement faire disparaître.

Ce mauvais pressentiment avait trouvé justification dans les soulèvements qui avaient explosé dans la ville de Shreveport quelques jours plus tard, au début du mois de décembre. Assassinats, identités révélées, manoirs détruits… La bulle de tension qui avait grandi et mûri au-dessus de la ville avait soudain explosé pour couvrir tout et chacun d’une couche de méfiance et de suspicion. Les pires individus de toutes les races humaines ou surnaturelles prospéraient dans un climat de peur qu’ils prenaient plaisir à nourrir. Désormais, en plus de son travail de Nettoyeur, on assigne à Jenaro la surveillance des jeunes vampires les plus turbulents pour éviter que la réputation des enfants de la nuit n'en subisse les conséquences. L’un d’eux d’entre eux s’est fait remarquer, quelques nuits plus tôt, en attaquant le fils d’un ponte du mouvement anti-CESS. Jenaro devait le retrouver, le tuer mais aussi collaborer avec la NRD pour le débusquer et le punir selon les nouvelles lois humaines établies pour les vampires. Une gymnastique de l’esprit stimulante pour l’espagnol surtout face à une femme de caractère comme l’agente responsable de l’enquête.

Ce soir-là, chez Bobby’s, Jenaro n’a besoin que d’une chose : un paquet de cigarettes pour survivre à la nuit. L’un des – seuls, dira l’espagnol – avantages de la Révélation qu’il osera admettre est la facilité avec laquelle les humains et ses propres semblables s'étaient accordés à leur mode de vie. Établissements ouverts toute la nuit, services administratifs disponibles 24h/24, bars à sang – même les concepts les plus bobos avaient trouvé leur pendant nocturne. Les santiags du caïnite claquent contre le lino presque neuf. À une heure si avancée de la nuit, le magasin est relativement peuplé. Humains, vampires et – qué mal olor – autres CESS erraient les yeux vides et brillants entre les rayons du supermarché. Le Nettoyeur n’en a que pour quelques secondes pour attraper son paquet de Pall Mall, il n’en a jamais acheté d’autres depuis les années soixante-dix, mais traîne dans les rayons à la recherche d’un paquet de seringues en verre vides. Il se laisse distraire par des articles inattendus, réveillant de nouvelles idées à tester sur les prochaines victimes de ses nettoyages. L’heure tourne et Jenaro se souvient qu’il est attendu. Il dépose son seul article devant un caissier à peine majeur et pas tout à fait sobre s’il en déduit l’odeur de marijuana restée accrochée à ses vêtements. « Ça fer-… » Sa nuque le picote, un hurlement retentit et soudain Jenaro est impuissant face à la vague d’obscurité qui déferle sur lui. Il croit d’abord au Voile de la Nuit d’un autre vampire mais efface vite cette hypothèse. Il aurait senti, reconnu le goût du pouvoir qui coule aussi dans ses veines. Ce pouvoir-là est ancien et ne ressemble à rien de ce que connaît le vampire.

Les santiags du caïnite claquent contre le lino presque neuf. À une heure si avancée de la nuit, le magasin est relativement peuplé. Humains, vampires-… Jenaro s’arrête en une fraction de secondes, s’attirant les foudres puis les minauderies de la cliente quarantenaire derrière lui qui manque lui rentrer dedans. Il ignore sa voix de crécelle qui s’éloigne, vexée d’avoir été ignorée, et s’abime dans l’immobilité propre à sa race, un frisson glacé dévalant sa nuque. Dans son dernier souvenir, avant l’obscurité, il se préparait à payer son paquet de Pall Mall. Il n’a pas besoin de baisser les yeux pour savoir que sa main est vide. Pas besoin de regarder autour de lui pour reconnaître la scène qu’il avait vue en arrivant chez Bobby’s une trentaine de minutes plus tôt. ¿ Que mierda es eso ? Personne ne semble s'en être rendu compte et continue de vaquer aux mêmes occupations que trente minutes plus tôt. Mais parmi cette scène, quelque chose cloche. Une odeur d’adrénaline et le tambourin d’un cœur angoissé qu’il n’a pas senti la première fois. Soit le coupable est encore ici, soit quelqu’un venait de vivre la même expérience que lui. Le Nettoyeur reprend vie devant les yeux curieux d’un gamin d’une dizaine d’années que sa mère pousse vivement devant elle pour l’empêcher de regarder le vampire trop longtemps. Il fait un pas vers ce cœur en panique et voit son détenteur courir à travers les double-portes. Jenaro se met à courir lui aussi mais…

Les santiags du caïnite claquent contre le lino presque neuf. À une heure si avancée de la nuit, le magasin est relativement peuplé. Humains, vampires-… ¡ Hostia puta ! . Il est coincé dans une boucle temporelle. Il faut qu’il retrouve l’autre… Les santiags du caïnite claquent contre le lino presque neuf. À une heure si avancée de la nuit, le magasin est relativement peuplé. Humains, vampires-… Cette fois, il court déjà à une vitesse surhumaine pour se planter devant la porte. Pour sortir d’une boucle temporelle, il faut d’abord en connaître les règles et ils – qui que les autres prisonniers soient – en connaissent au moins une. À chaque fois que quelqu’un sort du supermarché, la boucle recommence. Jenaro repère le deuxième survivant de cette boucle, à quelques mètres de l’entrée et l’attrape par le col en jouant de sa vitesse et de sa force vampirique amplifiées par ses pouvoirs. « C’est toi qui nous a enfermé dans cette merde ? » Il plisse le nez au-dessus de sa moustache, montre même les dents pour effrayer l'humain un peu plus.  

Spoiler:


(code) awona (icons) horrorhooligans & gar6agef1r3

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NAPALM ROACH : j'adore l'odeur du non-respect au petit matin
Alexandra Zimmer
Alexandra Zimmer
NAPALM ROACH : j'adore l'odeur du non-respect au petit matin
FULL DARK NO STARS
En un mot : We're all mad here. I'm mad. You're mad.
Qui es-tu ? :
- Infréquentable et associable romancière pleine de mauvaises humeurs, d'ironie cinglante et d'indifférence, cachant une âme noire et liée aux enfers.
- Allergique à l’autorité avec une langue trop bien pendue pour sa propre sécurité, elle cherche à fuir ce monde humain dans lequel elle se sent étrangère.
- Écrivaine autrefois invisible dont seul le site internet attestait de son existence, elle est l'auteur anonyme d'un livre étrange et dérangeant, dicté par son propre père.
- Américaine et pourtant guère attachée au moindre patriotisme, elle erra longtemps sans attaches ni allégeances, avant d'être l'alliée forcée du plus terrifiant des Princes.
- Une antre modeste dans les Kingston Buildings masque ses noirceurs, ses poches trouées, ses écrits en vrac et une Honda 350 récemment achetée.

Facultés :
- Fille longtemps ignorante du Prince Hornet, l’ombre de celui-ci a influé sur sa vie, en étouffant une à une les dernières lueurs de son âme.
- Au gré des rencontres, des créatures de la nuit et du rêve d'une sorcière noire, ses perceptions se sont aiguisées et lui ont révélé bien des choses.
- Monstrueuse créature, la forme du cafard l'habite depuis toujours, bientôt sublimée et portée à son paroxysme par l'influence d'Hornet.
- Remarquable plume, ses mots sonnent justes, acérés, et empreints d'une ombre beaucoup plus grande qu'elle-même.
- Une insupportable teigne dont les répliques teintées de fiel déclenchent vexations, colères et peines autour d'elle.

Thème : Nick Cave & The Bad Seeds : Red Right Hand
You'll see him in your nightmares
You'll see him in your dreams
He'll appear out of nowhere but
He ain't what he seems
You'll see him in your head
On the TV screen
Hey buddy, I'm warning
You to turn it off
He's a ghost, he's a god
He's a man, he's a guru
You're one microscopic cog
In his catastrophic plan
Designed and directed by
His red right hand

Pseudo : Achab
Célébrité : Rooney Mara
Double compte : Elinor V. Lanuit & Inna Archos
Messages : 1558
Date d'inscription : 28/03/2019
Crédits : Lyrics: Nick Cave & The Bad Seeds ; Avatar: @vestae-vocivus
Sam 18 Nov - 23:05 (#)

Window of Opportunity

Le Bobby’s avait l’allure d’un néon jeté dans un baril de pétrole. À cette heure avancée, les lueurs vives de la devanture à la blancheur clinique se déversaient sur le bitume à l’extérieur, créant des cônes électriques blêmes sur les carrosseries des rares voitures stationnées là. Quelques sachets de plastiques voletaient ici et là, derniers témoins de l’activité de la journée, tandis que les chauves-souris colonisaient les airs, sous l’œil poché d’un quartier de lune. L’activité économique nocturne s’était raréfiée ces temps-ci. Même le Bobby’s, d’habitude bondé de monde jusqu’à pas d’heure, subissait les affres de la peur qui prenait la ville aux tripes. Un étau de froid et de silence avait chassé une partie des habitués nocturnes, et sur cette étendue de béton uniforme, seuls le halo et le vacarme de ma moto crevaient le calme incertain des lieux. Pourtant, l’enseigne était là, devant moi, un atoll de consommation moderne, obstinément illuminé en dépit de tout ; le Bobby’s aurait survécu aux dix plaies d’Égypte, que cela n’aurait finalement étonné personne.

Quelque chose clochait, toutefois. J’avais coupé le moteur de la Honda sitôt arrivée, alors que les néons des vitrines lacéraient l’obscurité autour de moi. Une fois mon casque retiré, le silence se révélait assourdissant. Une épaisseur d’ouate bouchait mes oreilles, comme lors de ces moments déstabilisants où l’ouïe cessait de percevoir la réalité, ne laissant qu’un sifflement bas et suraiguë à l’intérieur de l’oreille. Je suis restée assise un bon moment sur la selle de ma moto, à attendre que cette sensation s’estompe et que le nœud au creux de mon ventre cesse. Même le vent retenait son souffle et, durant un court instant, j’ai fixé ces morceaux de plastique se disperser dans une brise que je ne sentais même pas. Face à moi, derrière des parois de verre, les rayons du Bobby’s abritaient les clients poussant des caddies le plus normalement du monde.

Bizarre.

Difficile de dire mieux. Ce tableau de banal surconsommation à l’américaine formait un contraste surréaliste avec l’immobilisme extérieur ; non un vide, mais l’absence de tout et de rien, que mes sens n’arrivaient pas à quantifier. J’ai finalement haussé les épaules, et suis descendu de ma moto, le casque sous le bras. Je n’en avais pas pour longtemps, d’ailleurs. Je n’avais qu’un fer à souder et une paire de pinces crocodile à trouver, pour terminer les petits travaux électriques que Dana m’avait demandé au Artspace. Rien de pharamineux. Ce job ressemblait à un service rendu, à la voir m’amener du café et me couver de sourires, plutôt que de bosser pour une véritable patronne. Qu’importe, ça me convenait, tout comme bosser la nuit. Mes clés en poche et l’antivol en place, j’ai passé mon bras dans mon casque et remonté l’allée de dalles bétonnées, qui étaient recouvertes de cette même lumière blanchâtre comme un foutu tapis de néons criards.

La sensation viscérale, elle, persistait. Ces intuitions, je les connaissais. Ces sens surnaturels me hurlant des indices que mes yeux ne devinaient pas ; j’avais appris à les prendre au sérieux et même à les craindre. Ainsi à remonter l’allée, j’observais ici et là avec attention, m’attendant à voir les buissons rachitiques bordant les allées s’ouvrir sur un monstre quelconque. N’importe lequel : vampires déments, lycanthropes, voire même un nouvel insecte titanesque, pourquoi pas un SCP. La ville avait son vaste choix de bizarreries. Mais rien de tout cela n’apparut. Au contraire, mes bottes complétant ma tenue de moto franchirent le seuil du magasin sans encombre, déclenchant l’indéboulonnable tintement de clochette qui signalait ma présence. Sous mes semelles, le tapis de l’entrée émettait un froissement doux, aussitôt couvert par des éclats de voix.

Je me suis arrêtée net. L’afflux soudain de luminosité m’avait empêché de les voir. À environ deux mètres de moi, un latino moustachu, apparemment furieux, criait sur un hipster portant un t-shirt écolo et un crucifix en pendentif, en le tenant fermement par le col. Non que les altercations musclées me fassent peur, c’était une coutume dans ce pays, mais le quarantenaire énervé exhibait deux canines protubérantes bien visibles sous la clarté puissante des néons, dessous la moustache épaisse qui accentuait son nez busqué.

Je les ai fixés un moment, hésitante sur l’attitude à adopter devant un tel spectacle, avec toute l’expressivité de Bill Murray découvrant le fantôme de la bibliothécaire. Une soirée normale dans une ville normale.

« OK, » ai-je fait en tournant les talons, décidant que finalement les travaux de Dana pouvaient attendre un jour de plus. D’un pas décidé, j’ai franchi dans l’autre sens le seuil du Bobby’s.


Une demi seconde plus tard, les ténèbres les plus opaques de ma vie s’abattaient sur moi. Ce fut comme me noyer dans un cauchemar. Non une simple perte de la vision, mais un plongeon dans une abîme de vide, où plus rien n’existait : ni mes sens, ni mon corps, ni ma conscience. Une totale déconnexion. Durant ce laps de temps infime, Alexandra a cessé d’exister, et lorsque que les réalités physiques ont repris leurs droits, je me trouvais à nouveau sur le tapis de l’entrée, momentanément désorientée. J’ai titubé un instant en proie à un vertige soudain, en manquant de lâcher mon casque. Et face à moi, le moustachu avait disparu, ne laissant que son adversaire qui venait de lâcher ses clés, apparemment aussi décontenancé que moi.

Hein ?

J’ai cherché une réplique de circonstance. Ma bouche s’est ouverte et refermée, comme celle d’un poisson cherchant l’air, et j’ai observé frénétiquement autour de moi. J’étais de retour sur le tapis de l’entrée. Les autres clients vaquaient à leurs achats, à priori indifférents à ce phénomène inexplicable, conférant un côté surréaliste et franchement terrifiant à la sensation que je venais de vivre. J’ai reculé lentement. Dans mon dos, les battants automatiques se sont ouverts, si bien que j’ai fait volte-face, poussée par un violent besoin, comme une frayeur instinctive, de fuir à toute vitesse cette diablerie à l’allure de consumérisme américain.

J’ai franchi le seuil, le cœur battant à toute allure.
La même chose. Alexandra a cessé d’exister. Totale déconnexion. Noyade dans le vide.
Retour sur le tapis.
Putain de merde.

« Merde, quoi ?! » J’ai crié de frustration, de nouveau étourdie par cette brève perte de conscience. J’étais à nouveau dans l’entrée et, face à moi, l’autre avait encore fait chuter ses clés. « Bordel, mais... »

Les mots m’échappaient. Partout autour, encore une fois, les autres vaquaient à leurs occupations, comme si moi et l’autre hipster étions coincés dans je ne sais quelle anomalie inexplicable. À croire que nous étions les seuls à se souvenir de cette perte de conscience, tant le reste des clients paraissaient indifférents à nos airs estomaqués. J’ai écarté les bras, dans un mouvement vain d’incompréhension, titubant en tournant sur moi-même, à la recherche d’un indice, n’importe quoi qui puisse expliquer cette sorcellerie.

Rien. Je n’entendais que les couinements des roues des caddies, et les bip-bips des caisses. L’humanité avait ces moments de pure normalité, et à cet instant, ils étaient plus terrifiants que n’importe quel monstre.

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