ADMIN ۰ Spirit l'étalon des plaines:crack boom hue!
❂ONLY GOD FORGIVES❂
"It was your doom."
En un mot : Patron du Syndicat du String.
Qui es-tu ? :
"No solo de pan vive el hombre."
❂ Proxénète, tenant en longe les filles mues par la loyauté pour les unes, le besoin de protection pour les autres. Chef d'un cartel restreint mais uni.
❂ Descendant d'un père et homme fou, voué au mauvais sort des griffes d'une sorcière furieuse ; malédiction transmise dans le ventre de la mère : garou-étalon à la robe sombre.
❂ Né au Mexique, dans la terrible Ciudad Juarez. A grandi parmi ces terres arides, au sable rendu gluant par le sang des sacrifiées massacrées à la frontière. Orphelin abandonné par le père ; Christa Reyes est venue grossir la liste des disparues.
❂ Jeune pousse cultivée par la bonté des hommes et femmes d'un presbytère qui ne le fait pas rêver, bien que sa Foi persiste. Ses songes se tournent vers les terres d'Amérique. La fougue de l'adolescence le pousse à se saigner aux quatre veines pour un voyage sans retour.
❂ Feu bout de chair à canon ; prostitué par les ritals du gang de San Diego : le prix à payer pour la traversée infernale. Retrouvé par Miguel de Castro, chef du cartel de Phoenix et oncle bienfaiteur.
❂ Habitué à vivre parmi les hommes vulgaires, bavards et brailleurs ; parmi les filles impudiques, jalouses et bruyantes. Se sent à l'aise partout et nulle part, capable de se fondre dans la masse comme de s'imposer dans une foule.
❂ La fuite précipitée d'Arizona et la mort du Parrain l'ont conduit à diriger là où il n'aspirait qu'à obéir. Ses ambitions demeurent encore modestes ; recruter cerbères et fleurs des pavés. Reconstruire.
❂ Hanté par le secret qu'il ne partageait avec personne d'autre que Miguel. Se débat jusqu'à l'épuisement à chaque pleine lune sans qu'aucun espoir ne vienne briser cette roue de torture.
❂ Parasite une partie de Stoner Hill et ses ruelles pourries par le stupre et la misère (Phoenix street). QG presque chaleureux, dans un immeuble cédé une bouchée de pain par la ville. Bureau, cantine, lupanar et seconde demeure, quand il ne réside pas à Pinecrest.
❂ Aime la nuit, les balades en moto, partager du temps avec les filles et les hommes autrement que pour aboyer des ordres et prendre les choses en main. Timidité masquée de détermination et d'humour.
❂ Supérieur d'Erynn Driscoll, Sumire Matsuhime, Maria Parado et Zach Solfarelli. Ami d'enfance d'Honor Mercant.
❂ LOS MUERTOS VIVOS ESTAN ❂
"Ay amor me duele tanto."
Facultés : ❂ Il fend l'air depuis tout gosse. Pour les courses les plus innocentes entre les cultures de Ciudad, comme pour attraper un train en marche, filant vers des cieux espérés moins cruels.
❂ Force légèrement accrue de par sa nature de garou, planquée derrière une silhouette haute et longiligne.
❂ Formé à la mécanique par les gars de son oncle ; capable de démonter et remonter un moteur les yeux fermés. Préférence pour les deux-roues, mais amateur de belles bagnoles.
❂ Toujours armé. Répugne à tuer, mais n'hésite pas à se servir d'un flingue. Réputé pour l'élégance étrange de ses meurtres, pendant la "guerre" de Phoenix.
Thème : Land of All ❂ Woodkid
❂ SMOOTH CRIMINAL ❂
"Could I ever call this place home?"
Pseudo : Nero
Célébrité : Jon Kortajarena.
Double compte : Eoghan Underwood, Aliénor Bellovaque, Ian C. Calloway & Gautièr Montignac.
Les trois putains s’étaient faites avoir comme des jeunettes balancées sur le trottoir à seize ans à peine. Certaines règles étaient immuables, éternelles. Dans le monde de la prostitution, les rituels étaient aussi importants que les prières marmonnées par le curé à l’église. On ne dérogeait pas aux règles élémentaires de sécurité : prévenir son souteneur si quelque chose se passait mal, se prémunir de la mauvaise hygiène des clients autant que faire se pouvait, ne jamais être en rade de préservatifs, et toujours sourire, surtout si le bonhomme en face commençait à manifester des signes inquiétants de sociopathie et autre symptômes annonciateurs d’un Gary Ridgway en puissance. La plus importante consistait néanmoins à se faire payer avant. Toujours attendre que le client dépose le fric sur la table, dans la chaussure, sur un buffet, dans le soutif, voire le balance par terre pour voir la catin ramper comme une merde et récupérer ses précieux billets. Elle ne devait jamais se déshabiller avant. Jamais promettre quoi que ce soit. L’argent d’abord. Toujours. Timidité, incompétence ou crainte de se faire tabasser, ces trois-là, désormais plantées dans son bureau, l’œil hagard, angoissé ou buté, n’avaient pas su se faire entendre pour réclamer leur pognon en temps et en heure. Or, niveau honoraires, le manque à gagner était suffisamment significatif pour qu’il se sente perdre patience. Le jour s’était levé, et les rayons transperçant les carreaux des fenêtres au vitrage simple rendaient plus évidents encore les traces de fatigue ainsi que les premières rides sur le visage de l’une d’entre elles. Pour une autre, ses yeux bordés de noirs témoignaient d’un maquillage de mauvaise qualité que quelques larmes de rage avaient aidé à faire couler, lui donnant un faux-air de raton-laveur malade, car trop pâle, malgré la lumière chaude et orangée de l’aube. Quant à la troisième, sa coiffure savante ne ressemblait plus qu’à un amas de cheveux en bordel, ses boucles défaites ou emmêlées. Les types s’étaient fait plaisir, avec ça.
« Je peux savoir, du coup, pourquoi vous n’avez pas appelé ? » « On ne pouvait pas… Ils étaient complètement pétés ces types, ils m’ont menacé de me casser les dents ! » « C’est vrai, j’les ai entendus… Ils disaient qu’elle leur ferait des pipes de v’lours comme ça… » « Alors moi j’ai pas voulu prévenir Gabriel, ni Zach. Ni toi. » La troisième demeurait muette, leur jetant un coup d’œil en coin, comme si elle les jugeait ou les méprisait en silence, de chercher à se justifier ainsi. Pour sa part, il ignorait quelle attitude l’agaçait le plus. Il n’était pas réputé pour abandonner son calme facilement, mais sa personnalité nerveuse de nature ressurgissait parfois sans qu’il ne puisse la faire taire. Surtout lorsque les explications relevaient d’un tel manque de professionnalisme. « Vous ne les avez pas sentis, les mecs ? Vous et votre soi-disant instinct de merde qui vous fait vous pisser dessus à moitié quand on vous demande de couvrir tel ou tel secteur alors que ça craint rien ? Là, comme par hasard, un hangar avec six mecs alcoolisés, vous les avez pas sentis venir ?! » « Mais c’est un gang ! » « NOUS AUSSI. »
La gueulante stoppa net toute nouvelle tentative de piaillement. Ces gagneuses avaient été recrutées à Shreveport, récemment et dans le même temps. Et c’était exactement ce pourquoi il préférait recruter au compte-goutte que de rameuter des putains à la pelle dans l’immeuble qui leur servait de bordel de fortune. Une par une, les putains avaient l'occasion de s’imprégner progressivement de leurs mœurs, de leur passif. Initiées par les histoires racontées çà et là, désormais hermétiques à ce qui n’était pas leur version. Arrivées ensemble, celles-ci avaient préféré se faire leur propre opinion, sous-estimant leur organisation modeste, mais qui, pour l’heure, leur avait encore permis de survivre. Ils avaient beau se montrer discrets, ils étaient là. Ancrés. Et depuis leur installation, personne n’avait encore jamais osé revendiquer le territoire de l’ancien cartel d’Arizona. Il fulminait donc, faisant les cent pas dans le bureau qu’il commençait à apprécier, au sein duquel il trouvait un véritable réconfort, un isolement réparateur ou, au contraire, une compagnie agréable auprès de Maria, de Gabriel, voire même parfois d’Erynn. Il n’avait pas l’intention de gueuler outre-mesure. Ce n’était pas comme ça que Miguel se faisait obéir. Ce ne serait donc pas ainsi qu’il poursuivrait cette reprise du flambeau. Il se rapprocha d’elles, les toisant l’une après l’autre. Elles étaient encore nouvelles, oui. Elles pouvaient apprendre. Mais s’il ne serrait pas la vis dès maintenant, alors elles lui échapperaient, deviendraient des fortes têtes, bourriques incontrôlables, semeuses de zizanie. S’il y avait bien une chose dont il n’avait pas besoin, c’était bien ça. « Si vous n’êtes pas foutues de vous faire payer la prochaine fois, c’est dehors. En attendant, dégagez de là et allez vous laver. Autant vous dire que la paye que je vais devoir récupérer, vous n’en verrez pas la couleur. Ça vous apprendra à me faire perdre mon temps à réparer vos conneries. » Si la plus fébrile baissa humblement les yeux et acquiesça, obéissante, les deux autres se firent moins dociles, s’armant d’une fierté difficilement compatible avec la nuit passée. Elles chuchotaient déjà, s’estimant flouées, injustement réprimandées. À peine la vingtaine entamée, et déjà la gueule aussi large que celle d’un four. Après une demi-heure de récits à la con et de justifications vaseuses, il en avait plus que sa claque de ce genre de comportement. Il se détourna lui aussi, non sans lâcher :
« Et si ça ne vous plaît pas, vous me libérez les locaux d'ici à demain soir. Vous savez où est la porte. »
Début juin 2019.
Gabriel Renales fumait tranquillement aux côtés de celui qui fut son protégé, puis son homme de main, avant de prendre la place de grand patron. Du haut de sa jeune cinquantaine, lui aussi avait eu affaire à des prostituées trop arrogantes, incapables de reconnaître qu’elles avaient foiré. Miguel De Castro n’avait pas la gifle facile, à l’époque. D’ailleurs, il s’arrangeait pour éviter de se salir les mains. Une histoire de statut, d’image, d’intouchable. Il ordonnait alors à Gabriel de s’en occuper pour lui. L’une d’elles surtout, à Phoenix, avait suffisamment dépassé les bornes pour qu’il lui arrache une boucle d’oreille, déchirant son lobe au passage. Elle l’avait ainsi gardé fendu jusqu’à la fin de ses jours, comme une preuve éternelle de sa désobéissance, un message universel circulant parmi les rangs des gagneuses : Voilà ce qu’on gagne à force de pas savoir la boucler alors qu’on a tort. Chaque fois qu’elle l’avait croisé depuis, elle n’avait pu soutenir le regard, marquée à vie. Il n’en avait tiré aucune satisfaction morbide : il n’avait pas de problème avec son slip, comme il aimait à le répéter, contrairement à la majorité des gars de l’époque – tous ceux qui passaient les journées à retaper de la mécanique entre deux ordres, deux missions, deux transactions. Il aimait simplement à se faire respecter comme le type de confiance qu’il avait toujours été, faisant passer le clan au-dessus de tout le reste. Sa foi envers une certaine idée de la justice était inébranlable. Il était persuadé que tout se payait un jour. Pour sa part, la dette était soldée. Sa femme était morte des mains mêmes de l’amant qu’elle s’était dégoté. Étranglée dans une salle de bain à la déco merdique. Il n’avait pas cherché à poursuivre le type en question d'une vengeance inutile : il l’avait après tout débarrassé d’une fleur de vice, se complaisant dans un adultère qu’il n’avait jamais compris, et qu’il n’avait découvert que le jour de son enterrement. Et puis, de toute manière, l’amant était mort peu de temps après, lui aussi. Pris dans une fusillade, lors d’un règlement de comptes banal. Une histoire de came, peut-être. Le ventre de sa défunte épouse était resté creux : tous deux visiblement incompatibles, incapables de donner la vie. Il avait dû se faire une raison, digérant son deuil au rythme de deux morceaux de barbaque aussi larges que l’assiette par jour, pendant plusieurs années. Il avait pris une dizaine de kilos qu’il avait tenté de convertir pour la plus grosse partie en muscles, et avait enterré dans son esprit toute idée de devenir père un jour. Il s’était trouvé une explication, quelque chose, ou du moins quelqu’un à blâmer. Lui-même. Sûrement que le pater là-haut, il avait dû estimer qu’un homme comme ça, ça devait pas laisser le fruit de ses entrailles engendrer un peu plus d’amoral. Ce monde en supportait bien assez comme ça. Quant à la fille qu’il avait mutilée, elle était morte dans l’incendie qui avait précédé leur chute, puis leur fuite. Pas une grande perte.
Il tourna la tête vers Sanford, lui-même appuyé contre la bagnole, occupé à jauger l’espèce d’entrepôt assez vaste, aux abords du Shreveport Canal. En pleine après-midi, la chaleur devenait intolérable. Ses avant-bras libérés des manches d’une chemise retroussée, un simple jean délavé tombant sur une paire de pompes au cuir fatigué qu’il se traînait depuis des années, il ne ressemblait pas au mac ayant pris les rênes de leur petite communauté. Gabriel voyait en lui le gamin récupéré à San Diego par ses soins, paniqué et affolé, mais désormais grandi et apaisé. Du moins, en apparence. Il ne le questionnait jamais sur le fond ; il avait bien trop peur de le brusquer ou de réveiller du mauvais, du tourment, du « pas besoin ». Cela ne voulait pas dire pour autant qu’il ne sentait pas, cette tension permanente qui agitait le corps mince et longiligne de Sanford.
« Tu es sûr de ne pas vouloir que je t’accompagne ? » « Certain. Tu leur as fait passer le message, de toute façon ? » « Oui. » « Alors on ira avec Zach. Je préfère savoir que quelqu’un reste disponible pour les filles. C’est une situation exceptionnelle, et puis cela me permettra de… de nouer un peu avec lui. De voir si j’peux compter sur lui, même pour ce genre de trucs. Ça se passe toujours bien, sur le terrain ? » « Il est réglo. Il fait le taff et il la ramène pas trop. Tu as bien choisi. » Les prunelles du garou se déportèrent du côté de Gabriel. Il le savait avare de compliments, et celui-ci était surtout destiné à le rassurer. À l’aider à prendre confiance, à rester droit sur ses bases. En cela, il lui était plus reconnaissant que jamais. Il hocha la tête. « Okay… C’est bien. Demande-lui de se pointer au bas de l’immeuble à 22h, ce soir. Je lui donnerai plus de détails en route, mais je compte sur toi pour qu’il comprenne que c’est du sérieux, et que je ne repartirai pas sans mon fric. Que ça risque de dégénérer mais qu’a priori on va négocier avec deux mecs pas trop cons, et c’est tout ce qu’on veut. » « T’en fais pas. »
Pourtant, derrière cette assertion optimiste, les deux hommes sentaient planer au-dessus de leur tête la même vague incertitude, la même crainte un peu stupide mais irrépressible. Ils n’avaient pas besoin de se faire de nouveaux ennemis, et cependant ils n’avaient pas le choix : s’ils laissaient passer un coup pareil venant d’une bande de tocards en comité restreint, autant plier bagages et se trouver un nouveau gourbi encore plus moisi que ne l’était Shreveport avant la Révélation. Ils restèrent là un moment, en dépit de la température qui leur faisait presque regretter l’Ouest américain. Fomentant chacun dans un coin de leur tête les mille scénarios possibles pour la nuit à venir.
21h40, Stoner Hill.
Quelques heures plus tard, il abandonnait la « maison » à Renales, et assistait au départ de certaines gagneuses, parties se répandre dans les ruelles alentours, pour rabattre le chaland. Il observa la démarche de quelques-unes, la tenue d’autres, attrapant ici ou là l’image d’une jupe indécente, de talons si vertigineux et soutenant des chevilles si fragiles qu’il admirait leur faculté à marcher un tant soit peu avec des chaussures aussi bancales. Oui, il les admirait. Il n’avait jamais méprisé ces femmes dont les rires, les cris et les pleurs hantaient sa vie depuis plus de dix ans maintenant. Il admirait leur charme, en dépit de leur possible vulgarité. Leur courage. Pour s’aventurer dans la nuit, seules ou accompagnées. Pour prendre entre leurs lèvres ou leurs cuisses des chairs parfois malodorantes, parfois malpropres, parfois brutales. Pour garder le sourire sur leurs lèvres rougies de fards. Il y avait du mérite, à tapiner en cette époque étrange. Le monde surnaturel avait ouvert une brèche significative, levant le voile sur certains mystères jamais résolus, sur des disparitions, des meurtres et des enlèvements. Comment savoir, si l’on n’allait pas tomber sur un vampire enragé ? Sur une créature monstrueuse ? Sur un arcaniste mal intentionné ? Alors, chaque fois qu’il les voyait partir et s’éloigner, une peur sourde le gagnait, rongeait son estomac comme le cancer avait peu à peu rongé Miguel de Castro. Il comprenait plus que jamais ce paternalisme inconscient, cette volonté de protéger à la fois son gagne-pain, mais avant tout des humaines. Des humaines avec certaines desquelles il mangeait, partageait un toit. Il n’arrivait pas encore à mettre cette distance parfaite entre elles et lui. Il s’en voulait de ressentir ce qu’il considérait être une faiblesse parfois difficilement compatible avec sa fonction. Mais c’était plus fort que lui. L’écho de leurs conversations s’évaporait dans la nuit, disparaissait petit à petit, pour ne plus laisser qu'un silence inquiétant derrière elles. Dans ces instants-là, la fragilité de leur existence, à tous, le frappait de plein fouet aussi sûrement qu’un coup de pied dans les reins. Et il connaissait parfaitement la douleur éprouvée, lorsqu’on recevait un coup de pied dans les reins. Les ritals de Californie s’en étaient assurés, pour toujours. Il fumait encore, toujours appuyé contre le flanc d’une bagnole noire, lustrée par Gabriel avec un amour maniaque incompréhensible. La carlingue luisait aussi sûrement que ses propres Versace. Son jean était plus sombre, de meilleure facture que celui porté dans l’après-midi. Une autre chemise, noire également, soulignait l’étrangeté de sa silhouette. Homme trop grand, au poitrail dessiné mais dont l’allure si élancée le haussait encore de quelques centimètres illusoires. Rien à voir avec Solfarelli. Ce dernier paraissait taillé dans de la pierre brute. Chaque fois que ses yeux curieux se laissaient aller à le détailler tout son saoul, il n’en revenait pas des muscles qu’il devinait rouler sous la chair : dorsaux, trapèzes, pectoraux et tant d’autres zones dures comme le marbre. Le genre de type qui rassurait les putains, comme Gabriel. Avec eux, on ne craignait rien. S’il n’était pas du genre à se comparer systématiquement à ces deux-là, il savait que seule sa taille le sauvait de possibles complexes superflus. Il dissimula un sourire adressé à personne d’autre qu’à lui-même : finalement, peut-être que lui aussi, comme les putains, était rassuré de savoir que Zach Solfarelli l’accompagnerait, cette nuit.
ADMIN ۰ Spirit l'étalon des plaines:crack boom hue!
❂ONLY GOD FORGIVES❂
"It was your doom."
En un mot : Patron du Syndicat du String.
Qui es-tu ? :
"No solo de pan vive el hombre."
❂ Proxénète, tenant en longe les filles mues par la loyauté pour les unes, le besoin de protection pour les autres. Chef d'un cartel restreint mais uni.
❂ Descendant d'un père et homme fou, voué au mauvais sort des griffes d'une sorcière furieuse ; malédiction transmise dans le ventre de la mère : garou-étalon à la robe sombre.
❂ Né au Mexique, dans la terrible Ciudad Juarez. A grandi parmi ces terres arides, au sable rendu gluant par le sang des sacrifiées massacrées à la frontière. Orphelin abandonné par le père ; Christa Reyes est venue grossir la liste des disparues.
❂ Jeune pousse cultivée par la bonté des hommes et femmes d'un presbytère qui ne le fait pas rêver, bien que sa Foi persiste. Ses songes se tournent vers les terres d'Amérique. La fougue de l'adolescence le pousse à se saigner aux quatre veines pour un voyage sans retour.
❂ Feu bout de chair à canon ; prostitué par les ritals du gang de San Diego : le prix à payer pour la traversée infernale. Retrouvé par Miguel de Castro, chef du cartel de Phoenix et oncle bienfaiteur.
❂ Habitué à vivre parmi les hommes vulgaires, bavards et brailleurs ; parmi les filles impudiques, jalouses et bruyantes. Se sent à l'aise partout et nulle part, capable de se fondre dans la masse comme de s'imposer dans une foule.
❂ La fuite précipitée d'Arizona et la mort du Parrain l'ont conduit à diriger là où il n'aspirait qu'à obéir. Ses ambitions demeurent encore modestes ; recruter cerbères et fleurs des pavés. Reconstruire.
❂ Hanté par le secret qu'il ne partageait avec personne d'autre que Miguel. Se débat jusqu'à l'épuisement à chaque pleine lune sans qu'aucun espoir ne vienne briser cette roue de torture.
❂ Parasite une partie de Stoner Hill et ses ruelles pourries par le stupre et la misère (Phoenix street). QG presque chaleureux, dans un immeuble cédé une bouchée de pain par la ville. Bureau, cantine, lupanar et seconde demeure, quand il ne réside pas à Pinecrest.
❂ Aime la nuit, les balades en moto, partager du temps avec les filles et les hommes autrement que pour aboyer des ordres et prendre les choses en main. Timidité masquée de détermination et d'humour.
❂ Supérieur d'Erynn Driscoll, Sumire Matsuhime, Maria Parado et Zach Solfarelli. Ami d'enfance d'Honor Mercant.
❂ LOS MUERTOS VIVOS ESTAN ❂
"Ay amor me duele tanto."
Facultés : ❂ Il fend l'air depuis tout gosse. Pour les courses les plus innocentes entre les cultures de Ciudad, comme pour attraper un train en marche, filant vers des cieux espérés moins cruels.
❂ Force légèrement accrue de par sa nature de garou, planquée derrière une silhouette haute et longiligne.
❂ Formé à la mécanique par les gars de son oncle ; capable de démonter et remonter un moteur les yeux fermés. Préférence pour les deux-roues, mais amateur de belles bagnoles.
❂ Toujours armé. Répugne à tuer, mais n'hésite pas à se servir d'un flingue. Réputé pour l'élégance étrange de ses meurtres, pendant la "guerre" de Phoenix.
Thème : Land of All ❂ Woodkid
❂ SMOOTH CRIMINAL ❂
"Could I ever call this place home?"
Pseudo : Nero
Célébrité : Jon Kortajarena.
Double compte : Eoghan Underwood, Aliénor Bellovaque, Ian C. Calloway & Gautièr Montignac.
Sensible à la poésie de cette nuit, il gardait la tête levée vers le candélabre le plus proche de leur immeuble de Phoenix Street. On entendait çà et là les rumeurs habituelles qui secouaient le quartier, et peut-être un peu du côté de Dalzell, principalement. Pour lui, ce n’était qu’un bruit de fond. Que la symphonie habituelle qui hantait ses divagations nocturnes, auxquelles il s’était accroché, habitué. Il ne se voyait pas œuvrer de jour comme le quidam habituel. Ça, ce n’était pas pour lui. Il laissait aux braves gens, aux honnêtes gens, le fruit de leur labeur accompli durant les heures conventionnelles. Lui avait croisé le fer avec l’amoralité depuis presque toujours, puisque né au cœur même du vice : humain et inhumain à la fois. Il observait la danse gracieuse des moucherons, moustiques, papillons de nuits et autres créatures volantes bien au-dessus de son crâne. Tout en fumant, il projetait avec une délicatesse presque respectueuse les bouffées de poison gris n’entravant en rien leurs évolutions plaisantes. Libéré de l’influence lunaire, il pouvait presque éprouver un peu de cette douce adrénaline, euphorisante, doper ses nerfs, ses membres et son palpitant avant de partir récupérer ces tendres billets verts manquant à sa caisse déjà bien garnie. Il voulait croire que tout se passerait bien. Il voulait songer au futur, à la délectation d’un retour au bercail victorieux, ne faisant qu’entériner davantage sa présence, leur présence, en ces lieux. Il n’avait pas le droit à l’erreur et, en cela, il décida de couper court au doute qui menaçait d’entraver son intelligence, son sens logique et les observations leur permettant de s’en sortir en un seul morceau.
Il manqua de se faire surprendre par l’allure étonnamment discrète de Zach Solfarelli. Il tourna la tête vers son homme de main, le dévisageant rapidement des pieds à la tête ; œil de scanner étonnamment semblable à celui de Maria. Et pour cause. Il avait été à bonne école. Si Miguel s’était chargé de veiller à son bon goût et de distribuer les éventuels et indispensables conseils masculins, c’était bien la putain qui s’était chargé du reste. Plutôt satisfait de la mise de son subalterne, il lui offrit un sourire pudique et réservé, assorti d’un hochement de tête en guise de salut. Zach était un drôle de gars. Il pouvait casser la mâchoire de n'importe quel abruti des environs, mais se déplaçait, parlait et se comportait comme s'il s'attendait à tout moment à recevoir un abattage en règle. Au fil des mois, son attitude ne changeait pas. Le mac s'interrogeait, et se demandait régulièrement s'il lui parlait ou se comportait à ses côtés de façon à entraîner ce qui ressemblait étonnamment à un manque d'assurance. Il tira une dernière fois sur sa clope, longuement, avant de l’expédier d’une pichenette dans le caniveau à ses pieds. « Tu es en avance. C’est bien. » Il se dispensa, par cette remarque, de se coller un ton péremptoire soulignant un peu plus leur différence de statut. Rien de tout ça. Juste un constat agréable. Ce moment de solitude lui avait fait du bien ; à force de rester collé au groupe en permanence, il en oubliait les bienfaits du calme, du silence et d’une séance de réflexion bienvenue en-dehors des quatre murs de son bureau.
« J’voulais m’assurer en effet que tout était au clair pour toi. T’es au courant, j’suppose, pour les filles qui se sont pas faites payer. Bon, on part récupérer le fric ce soir. Gabriel a fait l’intermédiaire en nous négociant un face à face. Ils seront deux de l’autre côté. Normalement. » Il émet un haussement de sourcils évocateurs ; le mensonge était monnaie courante, lors de tels échanges. « J’ai besoin de m’assurer que tu paniqueras pas une fois qu’on sera sur place. J’sais pas si t’as déjà été dans ce genre de situation. Les types penseront que, comme eux, on bluffe et qu’on a une armada prête à débarquer en cas de pépin. » Il retint un soupir. Sa paranoïa finirait par avoir raison de leur sécurité. Et même s’il s’était secrètement promis de recruter de nouveaux gars d’ici à la fin de l’année afin de leur permettre de souffler et d’organiser une rotation plus sereine de ce qu’il nommait « permanences de sécurité », passer à l’acte demeurait compliqué pour lui. Toutefois, il n’était pas dupe : ce genre de situation était l’argument-clé, décisif, le dernier atout à abattre s’il restait encore à convaincre, qu’ils ne pourraient faire autrement. « T’es un dur, j’en doute pas, sinon tu serais pas là. Mais cette fois, j’ai vraiment besoin que tu me sortes le grand jeu. L’actor studio de ta vie, si c’est nécessaire. » Il se redressa, se détachant de la voiture pour se poster devant lui, les mains à demi-enfoncées dans ses poches. « J’crois qu’on aura des amateurs, en face. Pas du gros bonnet. Mais des gars comme ça ont parfois tendance à paniquer, et c’est là que les emmerdes commencent, en général. Gabriel s’est déjà chargé de nous coller une image assez solide. S’ils sont pas trop cons, ça devrait pouvoir se régler. Ils auront trop peur d’un règlement de comptes, autrement. Et personne n’a le temps ni le fric pour ça. »
D’un mouvement du menton, il le désigna avec sérieux, même si aménité : « Tu as de quoi… ? Niveau matos. » Il espérait qu’aucune balle ne finirait projetée dans la chair d’un autre homme, ce soir. Pourtant, c’était une possibilité à prendre en compte, au même titre que le reste. « Tu as des questions ? C’est maintenant ou jamais. J’veux être sûr que tu sentes bien les choses et qu’on soit raccord, toi et moi. On n’a jamais bossé ensemble pour de bon, et c’est maintenant que ça devient sérieux. Je veux pouvoir me reposer sur toi, si les négociations partent en vrille. »