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Duel au sommet (ou rencontre de courtoisie au Royal Lodge, tout dépend du point de vue) • Aurora

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Jeu 3 Juin - 0:10 (#)

Duel au sommet (ou rencontre de courtoisie au Royal Lodge, tout dépend du point de vue)

aurora ft. alaric




Un message.

Tout ce qu’a reçu Alaric est un message. Pire encore, une convocation. Comme s’il n’est pas digne de plus de cinq mots, il a reçu une demi phrase le sommant de se rendre au Lodge. Soit. Loin de se vexer d’un tel manque de respect de la part d’une personne se voulant pourtant si distinguée, le vampire a pris plusieurs jours avant de finalement se décider à céder à ce qui ne peut qu’être un nouveau caprice. Ce n’est pourtant pas si compliqué, un coup de fil, non? Il faut croire que même la technologie et les nouveaux moeurs ont fini par le rattraper.

Cette invitation tombe à vrai dire à pic. Le français commence à tourner en rond, enfermé dans ce nouveau pan de son existence auquel il doit encore s’habituer. Moins d’une année s’est pourtant écoulée depuis l’accord passé avec son frère; un accord qui l’a privé des seuls plaisirs de la vie auxquels Alaric peut encore goûter avec excitation. Rien n’y fait, il ressent toujours la même euphorie à chacune des marques qu’il laisse, chaque transformation qu’il exécute. Cette euphorie s’est cependant transformée en un amer souvenir qui le laisse frustré, même s’il continue à laisser paraître cette même façade qu’il arbore depuis maintenant sept siècles et demi. Soixante-cinq ans, pour être exact. Bien que quelconque inconnu aurait certainement pu croire se trouver en face d’un adolescent en pleine crise.

Il déteste se rendre dans cette partie de la ville, mais il semblerait qu’il n’en ait pas vraiment le choix; il ne compte de toute manière pas passer sa nuit ici. Des connaissances l’attendent dans un de ces clubs privés dans lesquels ils ont pour habitude de se rassembler. Alors qu’il se retrouve devant cette immense porte d’entrée, dans le hall de cet immeuble démesurément grand, Alaric se demande l’entrée qu’il a envie d’effectuer. Il est attendu, de toute manière. Enfin. Il était attendu. Il y a une semaine. Mais ce n’est qu’un détail. Le vampire décide finalement d’opter pour l’option la plus certaine et pose simplement la main sur la poignée, qui, comme il s’en doutait, tourne facilement et lui laisse entrevoir l’intérieur d’un appartement décoré avec goût. Il ne s’en étonne pas, cependant. La famille a toujours eu un sens aiguisé de l’art. Il ne sait pas vraiment ce qui l’attend et n’est même pas au courant des raisons de sa venue. Cela ne l’empêche cependant pas de s’aventurer dans la première pièce comme s’il se rendait à un repas de famille, plus à l’aise que jamais dans cet appartement qu’il ne connait pourtant pas.

Au bout de quelques secondes, il la voit.

Elle est installée dans son canapé. A priori, elle ne s’attendait pas à recevoir sa visite. Ses sourcils sont froncés et elle le dévisage alors que cet air hautain et empli de haine qui ne semble l’habiter que dès lors qu’elle pose son regard sur lui fait son apparition. Alaric lui, lui envoie son plus beau sourire, et les mains dans les poches, il s’appuie contre l’encadrement de la porte donnant sur le salon.

- Un message? C’est tout ce à quoi j’ai le droit? - entame-t-il sans ménagement. - Toi aussi tu m’as manqué, petite soeur. Comment vas-tu? Ton appartement est charmant. Un peu trop voyant, mais charmant. C’est un Renoir?

Il s’est redressé et se dirige à une vitesse humainement lente en direction du tableau qui trône à l’autre bout de la pièce. Un sens aiguisé de l’art, c’est certain. C’est d’ailleurs certainement pour cela que la petite soeur qui le déteste a décidé de s’orienter dans un métier artistique, tout comme lui. Mêmes si leurs travails possèdent tous deux un aspect de chasse impossible à ignorer. Ils se ressemblent plus qu’Aurore n’aurait aimé le laisser croire.

- Pourquoi voulais-tu me voir, Aurore? - demande-t-il en se tournant vers elle, un délicieux sourire affiché au coin des lèvres.

Cela fait des semaines qu'il n'a pas de nouvelles de sa soeur, même si ses faits et gestes ne relèvent pas du mystère pour lui. Si Gabriel aime garder la seconde des Coleman dans son collimateur, Alaric lui se croit toujours obligé de jouer au grand frère model. Ce qui est une véritable ironie du sort, si l'on connait le passif du benjamin.

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Jeu 3 Juin - 21:50 (#)

Duel au sommet (ou rencontre de courtoisie au Royal Lodge, tout dépend du point de vue)
 
Je pianotais sur mon bureau, furieuse. Encore un nouveau-né qui n'avait pas de Sire. Qui avait été soigneusement transformé, soigneusement abandonné. Sérieusement... Cela commençait à me taper sur le système. Bien que ce Nouveau-Né ne soit pas de mon clan, on m'appelait. Puisque que, figurez-vous, je suis une pro quand il s'agit de nettoyer les saletés de ce genre. J'ai été à bonne école avec le frère et Sire que j'ai. J'ai passé des siècles à nettoyer derrière lui. En quittant les Lanuit, je me suis dit qu'au moins, je n'aurais plus à m'en soucier. Que nenni... On m'associe toujours à ces idiots de frères. J'aimerais qu'ils n'existent plus. Mais j'étais encore et toujours là, à ramasser leurs conneries. Il fallait que j'y mette un terme...

J’avais donc sommé Alaric de se rendre chez moi pour que l’on discute. Que je lui demande qui est ce nouvel Infant. Celui qui a osé avoir le même privilège que moi : tant dans la transformation que dans l’abandon. Suis-je un simple inconnu comme tous ceux qui m’ont précédé sous ses crocs ?

Jones replace ses lunettes sur son nez tandis que je remplis nerveusement un chèque en vue de mon futur gala. J’avais d’autres choses plus importantes que de faire la morale à Alaric. Gabriel ne pouvait-il pas faire son travail ? Je suis si furieuse que j’en casse mon stylo. Encore. J’aurais aimé remplacer mon stylo par leur colonne vertébrale. Ils ne m’estiment même pas. Jones essaie de me calmer, en vain. Il m’a rarement vu dans cet état. Je préfère le congédier plutôt que de me défouler sur lui. Il est idiot mais utile, je ne vais pas m’en séparer bêtement à cause d’un coup de sang dû à mes frères… Et je l’attends, ce frère, sans grande conviction. Je pense que Gabriel a dû lui interdire de venir me voir. S’il pense que je suis enchantée de le faire…

« Tous des idiots qui ont osé me sous-estimer. Je vaux bien mieux qu’eux... »


***

Une semaine passe et j’étais largement passée à autre chose, persuadée qu’il ne viendrait définitivement pas. Et je devais avouer que j’étais soulagée de ne pas avoir à lui faire face. Je savais qu’au contact de mes frères, j’étais rapidement à fleur de peau. Et j’aime avoir le contrôle de moi-même. Plus je reste éloignée, moins de soucis j’ai à me faire. Mais aujourd’hui, j’eus une désagréable surprise. Lorsque la poignet de ma porte bouge, je me dis qu’il s’agit certainement de Jones. Ce qui est étrange, c’est qu’il frappe toujours trois coups avant d’entrer et m’appelle dès qu’il ouvre. Mais personne ne m’appelle.

L’odeur qui vient jusque mes narines et une odeur familière. Douloureusement familière. Serait-ce Alaric ? A demi-allongée sur mon canapé, je me crispe, tandis que le bruit de pas se rapproche. J’essaie d’être optimiste, de me dire que je me trompe, que dans l’encadrement de cette porte va apparaître Jones qui me fera le point sur la journée. Mais non. Ce visage insolent apparaît, toujours aussi agaçant malgré les années qui se sont écoulées. Et il ose être naturel et détendu face à moi. Je serre les dents, fronce les sourcils face à ce visage que j’exècre. Que veut-il ? A ce stade, venir suite à mon invitation n’est plus une visite de courtoisie mais une opportunité pour venir me chercher des noises.

Et il ose me faire des reproches. Si je devais déballer la longue liste de ses fautes envers moi, je mettrai deux ans à toutes les citer. Comment peut-il se permettre de venir chez moi et faire comme si tout allait bien ? Et il ose pointer du doigt mon Renoir. Ecarte

« - …tes sales doigts de mon tableau. »

Sans que je ne puisse m’en empêcher, j’ai dit ces mots à voix haute. Et il m’appelle Aurore… Je déteste qu’il me nomme ainsi. Je me mords la lèvre pour retenir une nouvelle réplique cinglante. Retire ce sale sourire de ton visage idiot. Le magazine que je lisais se froisse sous mes longs doigts tandis que j’essaie de rester calme.

« - Waw, j’ai l’honneur d’avoir ta visite avec une semaine de retard ! Je suis si chanceuse… »

Cynisme de mise face à cette situation grotesque. Je me prends une grande inspiration, lente et mesurée, inspiration dont je n’ai pas besoin mais que je pense nécessaire pour garder mon sang-froid.

« - Je te rappelle que je ne suis plus ta sœur. Je suis AurorA, dorénavant et tu ne peux pas entrer chez les gens comme s’il s’agissait de ton propre appartement. Si tu étais entrée comme ça au Palazzo Viglione, tu aurais déclaré la guerre. J’ai vraiment l’impression de parler à un mur avec toi. »

Je resserre mon peignoir de soie et contourne mon canapé pour aller vers mon bar. Je sors quelques poches de sang pour me servir un verre. Evidemment que je ne lui propose rien. Il peut mourir assoiffé. Ça lui fera les pieds.

« - Alors, quels catin ou gigolo as-tu eu l’honneur de trouver au coin du caniveau ? Encore une transformation que je dois gérer, je n’en attendais pas moins de toi, Alaric. Tu as toujours été une déception, mais ce n’est plus une surprise, je dois avouer. Quel honneur d’être sœur d’Infants dépravés. On devrait tous les inviter à une soirée pour la fête des Sires, en ton honneur. Mince, quel dommage qu’ils soient tous morts. Je dois avouer que j’ai pris un malin plaisir à leur enfoncer à tous une dague en argent dans le cœur. C’est ce que j’ai toujours rêvé de vous faire à Gabriel et toi. »

Je sirote lentement le liquide carmin, lui lançant un regard par-dessus mon verre. Oserai-je seulement un jour ? Pour l’instant, je sais que j’en suis capable. Je les déteste de tout mon être mais je suis bien consciente que la haine est alimentée par l’amour que je leur porte. J’attends le jour où je ne les aimerai plus avec impatiente et où je pourrai enfin me débarrasser définitivement d’eux.

(c) AMIANTE

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Mar 8 Juin - 14:24 (#)

Duel au sommet (ou rencontre de courtoisie au Royal Lodge, tout dépend du point de vue)

aurora ft. alaric




Elle le dévisage comme si elle était à deux doigts de se jeter sur lui. Ce qui ne serait en soi pas une première. Excessive, Aurore l’est, aucun doute là dessus. Surtout en présence de son frère. Alaric sait qu’il ne devrait certainement pas cultiver sa haine de la sorte, mais il ne peut s’en empêcher. Il se dit que c’est au fond la seule manière d’obtenir une réaction de sa part. Il préfère qu’elle le haïsse plutôt qu’elle ne soit indifférente. « … tes sales doigts de mon tableau. » Le regard de l’aîné, qui s’est entre temps tourné en direction dudit tableau, reprend contact avec celui de sa cadette. Sa main, levée du direction de l’oeuvre d’art, se rétracte alors qu’il obtempère sans opposer de résistance. Là n’est pas le moment de provoquer un autre excès de sa part. Les mains rangées dans ses poches, il se tient face à elle alors qu’elle reprend la parole.

- Que veux-tu, je suis un homme occupé. - répondit-il en souriant.

Ceci n’est pas un mensonge. Alaric fait de son mieux pour occuper ses nuits afin de ne pas tomber dans le genre d’ennui qui le mène à un doigt de craquer, et d’arpenter les rues à la recherche d’une proie facile dans laquelle il pourrait enfoncer ses crocs. Ou ses doigts, à défaut. La façade calme qu’a jusqu’alors affiché sa soeur ne tarde pas à se fissurer. « Quarante-six secondes, » se dit-il. « Un nouveau record. » Alors qu’elle lui envoie en pleine figure tout le bien qu’elle pense de lui de la manière enfantine qu’il lui a toujours connu, il reste de marbre, et ne se départit pas de son sourire. Il n’est que trop habitué à ce genre de réflexions.

- Cela tombe bien, dans ce cas, puisque je ne suis pas entré chez « les gens », mais bien chez toi, Aurore, - dit-il en appuyant sa dernière syllabe de son accent le plus français qui soit. - Rassure-toi, je ne compte pas déclarer la guerre à ton équipe de nouveaux-nés. Je réponds seulement à ta demande. Je suis poli, n’est-ce pas?

Elle s’est éloignée et se dirige vers son bar. Une poche de sang ne tarde pas à faire son apparition, et même si elle avait eu la décence de lui proposer un verre, il ne l’aurait de toute manière pas accepté. Alaric n’était pas de ceux qui se réduisaient à consommer de la globule rouge en poche. Ses poches de nourriture à lui se promenaient dans les rues de la ville. Finalement, elle reprend la parole, et cette fois-ci, son sourire disparaît presque de son visage. Est-ce vraiment là l’opinion qu’elle a de lui? Il doit dire qu’il le mérite très certainement. Alaric n’a jamais été un frère exemplaire, encore moins Sire parfait. La seule personne dont il a daigné s’occuper a pris la poudre d’escampette en pensant qu’il ne la retrouverait pas. Elle n’a pas mis longtemps à retrouver l’état de poussière.

- Une fête en mon honneur? Je ne pourrais refuser. - répondit-il en haussant un sourcil. - Je suis navré d’encore une fois te décevoir, mais je ne suis pas celui qui te recherche. J’ai mis un terme à tout cela. Tu sais à quel point notre frère peut se montrer persuasif. Par contre, si tu es toujours partante pour une fête, je suis sûr que je pourrais trouver un ou deux infants ayant survécu à tes crises de jalousie.

Il ne prête pas attention à sa dernière remarque. Malgré tout ce qu’il s’est passé, tous les mots échangés, les erreurs commises, Alaric sait pertinemment que sa soeur ne pourrait leur enfoncer une dague en plein coeur. Du moins, c’est ce dont il essaie de se convaincre. Lui ne pourrait le faire. Malgré toute la haine qu’elle leur porte, lui l’aime. Même s’il ne sait pas bien le montrer. Finalement, rebondissant sur la première remarque qu’elle lui a faite, il fait un pas en avant.

- Malgré tout le mal que tu te donnes pour essayer de devenir quelqu’un d’autre, tu es une Lanuit, et tu resteras une Lanuit, Aurore. Toutes les syllabes que tu tentes d’ôter à ton identité n’y changeront rien. Tu peux duper qui tu veux, mais pas moi.

« Surtout pas moi, » dit-il silencieusement à son attention, sachant pertinemment qu’elle déteste qu’il emploie ce moyen de communication avec elle.

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Mar 15 Juin - 11:34 (#)

Duel au sommet (ou rencontre de courtoisie au Royal Lodge, tout dépend du point de vue)
 
Je le regarde afficher ce sourire qui me crispe. Il se fiche clairement de moi. Je rêve de lui lancer à la figure ce vase si beau qui m’a coûté une fortune. Je refuse de gâcher une telle œuvre d’art pour lui. Pour quelqu’un qui ne s’est jamais pris la peine de prendre du temps pour moi, de me considérer. Celui qui suit aveuglément Gabriel. Celui qui m’a abandonné plus d’une fois.

Occupé ? Mon œil. Je sais exactement comment il fonctionne. Il passe son temps en soirée pour occuper sa misérable vie. Marquer, transformer des humains qui ont le malheur de l’intéresser quelques secondes. Qui l’occuperait un tout petit instant sur son immense existence. C’est du gâchis. Il perd son temps à papillonner à droite à gauche pour se sentir exister. Il y a bien d’autres moyens, pour se sentir exister. Mais il n’a pas choisi la meilleure voie. Son manque d’ambition finira par avoir raison de lui.

Mes nouveau-nés ? Et il ose insulter mon clan. Je serre les dents pour ne pas éclater. Il peut bien la garder, sa politesse, je n’en veux pas. Mon verre de vin entre les mains, je le fixe, me demandant bien ce qu’il fait ici. Qu’il soit coupable ou pas, il ne se serait jamais pointé. A-t-il été envoyé par Gabriel ? Cherche-t-il à savoir quelque chose ? Mais quoi ? Quel plan fomentent-ils ensemble ?

Il répond à mon sarcasme par du sarcasme. Il n’est pas responsable du nouveau-né ? Est-ce qu’il se moque de moi où est-ce qu’il dit vrai ? Je fronce les sourcils face à cette information. Comment s’est-il, du jour au lendemain, arrêté de marquer et transformer des humains ? Notre frère, persuasif ? Je lâche un léger éclat de rire.

« Tu as été puni par Gabriel comme un gamin de dix ans, c’est ça ? Mon Dieu… C’est pas croyable. Mais pour qui se prend-il ? Enfin, tu me diras, ce n’est pas plus mal, c’est la seule décision censée qu’il a pu prendre jusqu’ici. Les Lanuit finiront par avoir une encore plus mauvaise presse avec tes débordements. Gabriel n’est déjà pas très apprécié… Pour la fête, tu n’as qu’à demander à Gabriel le boute-en-train, vous allez vous éclater, j’en suis certaine. »

Alaric a toujours été plus apprécié que Gabriel, s’il fait un faux pas, le clan est cuit. Voilà pourquoi Gabriel garde Alaric en laisse. Il est un moyen, comme nous l’avons toujours été, pour nourrir ses ambitions politiques. Il prend sans donner en retour. Lui aussi, comble sa misérable vie par la politique et les magouilles. Je ne m’y suis mise que pour lui faire plaisir. Je suis naturellement douée, mais mon cœur n’aime que l’art. Et aujourd’hui encore, je continue la politique pour lui faire barrage. Je subis, moi aussi, cette longue et pénible existence. S’ils n’étaient pas là, si j’avais su m’en détacher plus tôt, je serais certainement une artiste qui ferait le tour du monde. J’ai parfois envie de tout abandonner pour vivre comme je l’entends. J’en ai assez de toutes ces règles et cet Essaim. Mais je continue de le faire pour Zayd. Et pour le plaisir de voir Gabriel devenir fou. Je me suis promis d’être son fardeau.

Je suis une Lanuit, vraiment ? Je bois nonchalamment en lui lançant un regard assassin. Jamais plus je ne serai une Lanuit. Ce nom m’a porté malheur toute mon existence, je m’en suis libérée et je vis enfin pleinement. Je ne suis plus reconnue pour être la sœur de quelqu’un, mais pour être une personne à part entière, pleine de talents. Pas le vulgaire pion de Gabriel.

J’ai été trop distraite par Alaric. Il s’est approché un peu trop vite de moi, sans que je puisse m’en rendre compte. Trop près, il peut, comme n’importe quel Sire, entrer dans ma tête. J’ai un mouvement de recul : comment ose-t-il s’immiscer dans mon cerveau, jouer au Sire, lui qui n’en avait rien à faire durant des siècles.

« ARRÊTE ÇA. »

Je serre si fort mon verre qu’il se brise entre mes doigts, tandis que je recule rapidement pour être hors de portée. Veut-il entrer dans ma tête pour rapporter des informations à Gabriel ? Savoir quelque chose pour mieux me briser ? La colère me prend aux tripes. Je ne le supporte plus, je ne supporte plus cette situation. Je veux qu’il parte, loin, qu’il s’en aille, ne plus le revoir lui et son foutu sourire.

« Tu viens ici pour sonder mon esprit et rapporter tes petites trouvailles à Gabriel ?! Comme d’habitude, vous voulez vous servir de moi, c’est ça ?! Qu’est-ce qui peut bien intéresser le petit Napoléon qui attend sagement que le petit pion Alaric remplisse sa mission ?! Va au diable avec ce cher frère qui te prend pour un imbécile ! »

Je passe une main sur mon visage pour essayer de me calmer. Appuyée contre le mur, j’agite ma main pleine de sang, continuant de me torturer l’esprit à savoir ce qu’il peut bien faire ici.

« Vous êtes tous les deux pitoyables. Vous étiez si condescendant d’être des vampires, de croire que l’éternité vous appartenait, de penser que vous alliez conquérir le monde. Tu le suivais comme un toutou, lui et Héloïse, jusqu’à ce qu’il te la retire, cette chère Héloïse. Après, il a retiré tous tes Infants, c’est lui qui m’a dit de m’en débarrasser. Je ne vais pas être stupide au point de dire que je l’ai fait par pure bonté d’âme, mais il est celui qui a pris la décision. Maintenant, il t’oblige à être Juge et te tient en laisse en t’interdisant d’Infanter. Ta vie est pitoyable avec lui et tu continues de le suivre et appliquer le moindre de ses ordres pour qu’il puisse jouer au chef et se prouver je ne sais quoi. Depuis que je vous ai quitté, je suis heureuse. On me respecte, on me reconnaît à ma juste valeur, on me fait confiance. Et notre bonne entente avec ces Nouveau-Nés, comme tu l’as dit, a fini par payer. Je suis mieux sans vous. Alors restez loin de moi. Tu m’entends, Alaric ? Reste loin de moi, toi, Gabriel et les Lanuit. Vous êtes maudits et votre existence continuera d’être pitoyable ! »
(c) AMIANTE

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Mar 15 Juin - 19:36 (#)

Duel au sommet (ou rencontre de courtoisie au Royal Lodge, tout dépend du point de vue)

aurora ft. alaric




Faire sortir Aurore de ses gongs paraît parfois si simple que c’est à se demander pourquoi Alaric y prend encore ce malin plaisir, même après tant de siècles. Toute sa vie durant, le Français a aimé prendre, tester les limites pour voir jusqu’où peut se déplacer le point de rupture de ses interlocuteurs. Celui d’Aurore est bien trop proche pour son propre bien, mais également savamment contrôlé lorsqu’elle y met du sien. L’aîné sait qu’il est celui qui a créé cette situation, et il sait également qu’il est celui qui aurait dû s’excuser au moment opportun. Mais il arrive sept siècles trop tard, et ne compte de toute manière pas le faire. Car malheureusement, si les choses avaient été à refaire, Alaric les aurait reproduites de la même façon. Il aurait simplement abattu l’homme qui lui servait de mari avant qu’elle ne le fasse, peut-être. Mais tout serait revenu au même. Aurore aurait continué de le supplier pour une éternité qu’il était incapable de lui offrir.

C’est à se demander comment peuvent-ils être si différents, eux qui étaient pourtant si semblables, dans une autre vie. Tous deux entêtés, adeptes de frasques en tout genre. Alaric est celui qui entraînait sa soeur, mais elle le suivait volontiers. Pourquoi est-elle devenue si austère? Certainement car elle possède une raison dont son aîné n’a jamais été doté. A ses yeux, il est un incapable qui ne passe son temps qu’à s’amuser sans s’alourdir de responsabilités. Il est vrai qu’Alaric n’a jamais aimé rester sérieux trop longtemps. L’éternité est faite pour être appréciée, et non pas endurée. Il n’a été catapulté dans tous ces schémas politiques qu’à la demande de son frère, à qui il n’a jamais rien pu refuser. C’est peut-être ça, son point faible, au final. Son statut de juge lui plaît, même s’il l’a accepté à contre coeur. Il se demande seulement combien de temps cela lui prendra-t-il avant de s’en lasser, aussi.

Les pensées dans lesquelles s’est plongé le vampire sont brisées quand la voix acerbe de sa soeur parvint jusqu’à ses oreilles. Alors, il la regarde sans ôter ce sourire de son visage. Alaric ne s’est jamais vexé de rien, et même la méchanceté avec laquelle Aurore prononce ces paroles ne l’atteint pas.

- Il a tendance à croire que la vie se résume à contrôler les choses autour de lui, - répond-il en haussant les épaules. - Là-dessus, il semblerait que vous ayez un point commun. Si ça peut lui faire plaisir, ainsi soit-il. J’ai toujours été le plus gentil de la fratrie, je ne peux rien vous refuser. Absolument rien, - reprend-il d’un ton appuyé en la regardant, faisant référence au premier caprice de sa soeur auquel il a cédé, des siècles plus tôt, et qui l’a propulsée dans l’immortalité.

Elle a à présent retrouvé un faciès qui se veut détendu, mais à travers lequel Alaric voit clairement. Elle le hait tellement qu’elle a du mal à le cacher, même dissimulée derrière cette coupe de sang qu’elle s’applique à boire de manière nonchalante. S’il se posait quelques instants pour y réfléchir, le Français serait sûr de pouvoir trouver ce qui s’apparente à une pointe de peine en voyant la manière dont elle souhaite le voir mort. Il ne prend pas le temps d’y réfléchir, cependant. Cela nécessiterait de réfléchir à l’ensemble des actes commis au cours de sa non-vie. Celui qui pèse le plus sur sa conscience est d’avoir choisi de suivre son frère au lieu de rester auprès de sa soeur, mais encore une fois, si c’était à refaire, Alaric reproduirait certainement le même schéma. Autant ne pas s’y attarder.

Ils sont à présent à moins de deux mètres l’un de l’autre. Alors qu’elle le toise du regard et lui ordonne de cesser, il sourit. Son rictus s’estompe cependant quand elle reprend la parole, remplacé par un froncement de sourcils qui lui ôte sa bonne humeur. Il la laisse cracher son venin, cette attitude nonchalante qui ne le quitte jamais toujours présente. Finalement, quand elle finit sa tirade, il ne bronche pas durant quelques secondes. Cette fois-ci, il ne s’approche pas, et laisse une distance respectable entre eux. Il résiste à l’envie de communiquer avec elle par la pensée, et prend à la place la parole à voix haute.

- Est-ce vraiment là tout le bien que tu penses de moi? Je ne devrais peut-être pas être déçu. Mais, après tant de siècles, et malgré tous les défauts que je peux avoir, je pensais que tu saurais que je ne suis pas un traître. A la différence de toi, Aurore, - dit-il en s’avançant finalement. - Si j’avais voulu avoir des informations au sujet de tes petits amis et toi, je ne me serais pas donné tant de mal. Je n’aurais eu qu’à te poser la question. - Il est à présent proche d’elle, et la fixe droit dans les yeux. Son don de Domination lui offre la possibilité de contrôler des vampires plus jeunes que lui, et elle le sait pertinemment, pour l’avoir vu à l’oeuvre de nombreuses fois. - Le plus simplement du monde.

Finalement, il brise le contact visuel et se retourne, lui offrant son dos alors qu’il s’éloigne. Un long soupir traverse son corps. Le peu d’estime qu’Aurore a pour lui ne devrait pas l’énerver de la sorte, et pourtant, sa voix est légèrement moins enjouée que quelques instants plus tôt. Elle pense détenir la clé pour atteindre ce point de rupture qui sommeille quelque part en lui. Elle est pourtant bien loin du compte. Tout ce qu’elle n’a de cesse de lui répéter n’est que le reflet de ce qu’Alaric a eu toute une éternité pour laisser miroiter dans un coin de son esprit.

- Tu m’as non pas demandé, mais sommé de venir, et je suis là. Tu veux recracher toute la haine que tu possèdes sur moi, ne te gêne pas, Aurore, je suis habitué. Mais ne me prends pas pour ce que je ne suis pas. C’est-à-dire un idiot. Si je souhaite des informations sur cette seconde famille que tu sembles avoir trouvé, je n’ai qu’à demander.

Son regard se tourne une nouvelle fois vers ce Renoir, accroché au fond de son salon. Elle a toujours possédé un goût certain en matière d’art, ce qui aurait sûrement pu être la source de longues discussions intéressantes, si elle ne l’avait pas haï, et s’il avait été un frère digne de ce nom. Quand ses yeux la trouvent de nouveau, il est de nouveau détendu. Ce fameux sourire a refait son apparition sur visage, alors qu’il se rapproche.

- Mais si tu veux que je sonde ton esprit, je le peux tout à fait, - dit-il sur un ton taquin. Rapidement, il se concentre, et entraperçoit quelques bribes d’images avant qu’elle ne lui ferme son esprit pour de bon. - Plait-il, Aurore, si tu ne veux pas m’offrir tes pensées, tu m’offres tout de même un bouquet d’émotions. Qui est cet homme qui a l’air de te retourner la tête et qui peint ton aura de rouge? Dois-je lui briser la nuque?

Sa tête s’est penchée sur le côté et patiemment, il attend qu’elle ne réponde.

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Jeu 17 Juin - 19:16 (#)

Duel au sommet (ou rencontre de courtoisie au Royal Lodge, tout dépend du point de vue)
 
Contrôler les choses autour de lui. C’est une très bonne manière de définir Gabriel. Mais moi ? Il a tort. Le fossé se creuse un peu plus, il est de plus en plus loin dans mon esprit. Il croit que je n’ai pas évolué. Que je suis toujours la chose fragile qui l’a supplié de me transformer. Mais j’ai grandi, j’ai mûri ces sept siècles derniers. J’ai vu le monde, j’ai rencontré des gens différents, vu des événements que je ne pensais pas réalisables. Tandis que Gabriel et lui restaient immuables. Toujours ces mêmes objectifs, toujours ces mêmes manières de fonctionner, toujours ces mêmes habitudes qui me rendent malade rien que d'y penser. Je revenais toujours déçue : déçu que rien n’est changé, déçue d’avoir trop d’attente les concernant. Il m’a fallu un très long moment pour comprendre que je n’étais plus comme eux. Mais la solitude m’effrayait.

Alors, non, je ne suis pas comme Gabriel. Je laisse les gens s’épanouir autour de moi, je ne les mets pas en laisse comme mon cher frère. Ce que je me contente de faire, c’est d’anticiper. Je prévois la moindre éventualité et le plan à suivre pour chacune d’entre elle. Et puis, je guide les gens là où je veux qu’ils aillent. Libre à eux de m’écouter. Je ne joue pas au petit tyran pour rassurer mon ego. Ce que j’ai obtenu, je l’ai eu à la sueur de mon front. Le plus gentil de la fratrie… Je lâche un hoquet de rire à cette phrase. Il n’a jamais rien pu refuser à Gabriel. Sois plus précis, Alaric. Il a fallu que je sois à deux doigts de me faire bouffer par un inconnu pour qu’il daigne céder.

Me voilà traître, à présent. Se voilent-ils autant la face ? Même un aveugle est plus clairvoyant. Qu’il est facile de reporter le problème sur le dos des autres. J’ai supporté sept siècles de mauvais traitements, maintenant que j’ai pris mon envol, je suis une traître. Il s’approche à nouveau. Je plisse les yeux, restant immobile, montrant que je ne le crains pas. Me poser la question. Il ne daigne même pas venir jusque chez moi pour l’Essaim, il pense que de passer prendre une coupe de sang me rendrait heureuse de le voir et que je serai encline à discuter ? Il se leurre. Il vit dans une immense illusion de ce que je suis et ce que je peux lui apporter. Mes sourcils se froncent, ma tête bascule légèrement sur le côté, donnant l’impression que j’ai pitié de lui. Peut-être qu’au fond, c’est le cas. Il est avec Gabriel, devant obéir au moindre de ses caprices, encore plus coincé depuis mon départ et la peur de cet aîné de se faire trahir à nouveau.

Je continue de rester silencieuse, tandis qu’il s’éloigne. Non pas parce qu’il a raison, mais parce que je veux m’économiser. J’ai l’impression de perdre mon temps depuis des centaines d’années à leur donner mon point de vue, mon avis, mes conseils, en vain. Je ne suis, pour eux, qu’un moulin à paroles pour les distraire. Ils n’ont jamais considéré la personne que je suis, pourquoi commenceraient-ils à le faire maintenant ? Comme un lion en cage, il fait des allers-retours dans mon appartement. Est-ce que je le fais sortir de ses gonds ? C’était presque le cas, il y a quelques secondes, jusqu’à ce qu’il m’offre son plus beau sourire hypocrite, signe qu’il a repris le contrôle de lui.

Moi qui avais calmé ma colère, il m’annonce qu’il va de nouveau jouer avec mon esprit. J’ai peur qu’il découvre ma relation fraternelle avec Zayd, mes éclats de rire avec mes confrères Coleman, le baiser de Nicola… J’essaie de rapidement lui fermer l’accès, mais c’est trop tard. Il a entraperçu des sentiments envers Nicola. En ai-je ? Il menace de le tuer. Je serre les dents et, prise d’une pulsion que je saurai expliquer, je réduis l’espace entre nous en quelques pas, ma main se lève et le bruit de ma gifle raisonne dans mon immense appartement.

Je suis sous le choc. Mes yeux s’écarquillent de surprise. Mon cœur bat si vite que je lâche un soupire inutile qui soulève l’une de mes mèches de cheveux, traduisant ma stupeur. Deux pas en arrière, les bras ballants, j’essaie de reprendre le contrôle de moi. J’ai commis une erreur gravissime. J’ai laissé transparaître mes émotions. Je lui ai laissé croire que j’appréciais quelqu’un. Est-ce que je l’apprécie ? Je n’en sais rien. Je suis tentée de dire que non, mais ma réaction est peut-être un peu trop excessive pour affirmer le contraire. Alors j’essaie de me persuader que j’aurais agi de la même manière pour n’importe quel membre de mon clan.

« Tu dépasses les bornes, Alaric. Arrête de me traiter comme une gamine. Je ne suis plus la jeune fille larmoyante que vous avez abandonné à un salaud, lorsque nous étions encore humains, pour que je lui ponde une ribambelle d’enfants aussi laids que lui. »

Je le fixe, refusant de le quitter des yeux, sachant pertinemment qu’il répliquerait à mon geste. Et j’attends les conséquences de mes actes. Mais je n’ai pas peur. Il ne m’impressionne plus. J’ai vu pire que lui durant mes explorations. Je suis reprise d’un élan de courage pour lui rire au nez.

« Je n’ai pas peur de toi, je ne suis pas non plus impressionnée. Si c’est pour me blesser ou me menacer, je te prierai de dégager de mon appartement. »
(c) AMIANTE

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Ven 18 Juin - 11:56 (#)

Duel au sommet (ou rencontre de courtoisie au Royal Lodge, tout dépend du point de vue)

aurora ft. alaric




Au fil des siècles, la situation ne s’est ni modifiée, ni améliorée. Le jeu auquel tous deux s’adonnent ce soir est le même. Elle le foudroie du regard, il fait en sorte de la faire enrager, ça marche, elle est acerbe, il n’en tient pas compte et recommence. Elle a changé, il en est certain, mais préfère faire comme si ce n’était pas le cas, car admettre la différence lui ferait trop mal. Le monde d’Alaric tourne autour de sa famille, et savoir que le monde d’Aurore ne tourne pas autour de lui est une des seules choses capables de le faire sortir de ses gongs à son tour. Alors il joue la carte de l’indifférence, et la pique pour obtenir une réaction de sa part qui lui fera espérer qu’elle lui porte toujours une once d’intérêt. C’est également pour cela qu’il fait en sorte de ne jamais relâcher le lien qui le lie à son Infant, une des seules qui soient encore en vie. C’est ironique, vraiment. Lui qui ne s’est jamais occupé d’elle ne supporte pas l’idée de la voir disparaître. Mais, encore une fois, si les choses étaient à refaire, Alaric commettrait sûrement les mêmes erreurs à nouveau de son plein gré.

Il aurait suivi son frère, refusé de transformer sa soeur. Il l’aurait congédiée de la même manière pour qu’elle tire un trait sur eux, et quand elle serait revenue, il ne se serait pas occupé d’elle. Entre Gabriel et elle, il aurait choisi Gabriel, encore une fois. Contre vents et marées, il n’aurait pas délaissé les côtés de son frère. Car, au fond, son aîné a toujours été le seul en mesure de contrôler le vampire, et Alaric le sait. Conscient de ses défauts et de ses limites, il s’est volontiers laissé modéré par son frère, car sans ce dernier rempart, Dieu sait ce qu’il serait advenu de lui. Alors il a tout accepté. Il l’a suivi, s’est brimé, a fait le nécessaire pour rester à ses côtés. Alaric n’est pas fait pour une vie de solitude, encore moins une vie de décadence. Gabriel est celui qui le maintient sain. S’il n’était plus là, le Français aurait déjà fait les frais d’une mesure de mise en Torpeur, ou pire, il en est certain. Cela n’empêche pas qu’il ne supporte pas l’idée de ne plus pouvoir voir sa soeur. Si la plupart du monde pense que cette relation n’existe qu’à des fins politiques, la réalité en est tout autre.

Une nouvelle fois, et encore plus que d’habitude, ses paroles irritent Aurore. Il ne s’y attend pas. En moins d’une seconde, elle a franchi la distance qui les sépare. Sa main s’abat sur sa joue avec une force abrutissante; un geste humain qui témoigne de son agacement. Aussitôt claqué, elle fait deux pas en arrière, les yeux exorbités face à ce qui vient de se produire. Alaric non plus, n’en revient pas. Il la regarde, et comme un réflexe, sa respiration s’accélère. Il se concentre sur ses expirations. Quelconque autre personne aurait certainement signé son arrêt de mort, traité ou non, promesse ou non. Mais elle a de la chance de posséder ces grands yeux bleus qui ont toujours eu le don de l’amadouer. Il garde le silence quelques instants, et finalement, se calme. Il n’a pas le temps de prendre la parole puisqu’elle le devance, faisant de son mieux pour détourner l’attention de l’homme qui semble occuper ses pensées. Voilà un sujet sur lequel Alaric se pencherait plus tard. C'est bien la première fois qu’une intrusion dans son esprit provoque une réaction aussi violente.

- Tu es ma soeur, et tu resteras ma soeur. Plus que ma soeur, tu es mon Infant, Aurore, - dit-il en sachant pertinemment que c’est sûrement la phrase de trop, mais il ne peut s’en empêcher. - J’ai le devoir de veiller sur toi.

Il affiche un sourire hypocrite. Elle lui rit au nez, lui signifiant qu’elle ne le craint pas. Tant mieux; il n’a pas envie qu’elle ait peur de lui. A une vitesse invisible à l’oeil nu, il s’est rapproché d’elle, leurs visages à quelques centimètres. A présent, il communique avec elle par la pensée.

« Fais tout de même attention à ce que tu fais. Je ne voudrais pas avoir à arracher quelques-uns de tes doigts, ton nouveau jouet serait certainement déçu. »

Il remet de la distance entre et se tourne encore une fois, observant son appartement en silence. Au loin, il aperçoit une petite poterie trônant sur une étagère. Il n’a pas besoin de s’approcher pour en apprécier les moindres détails.

« Charmant. De qui est-ce? »

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Dim 20 Juin - 13:43 (#)

Duel au sommet (ou rencontre de courtoisie au Royal Lodge, tout dépend du point de vue)
 
Je m’en sors plutôt pas mal, vu le geste que je viens de faire. Si je n’avais pas été sa sœur, je n’existerais certainement plus. Mon attitude est surprenante, ceci dit. Est-ce que je me permets d’agir ainsi parce que je ne me considère plus comme leur sœur, ou bien est-ce parce qu’il a abordé un sujet qui semble sensible ? Penser que je ne les considère plus est faux : ils sont mes frères, et même si je les déteste du plus profond de mon âme, même si je rêve de leur faire payer tout ce qu’ils m’ont fait subir, je n’arriverai jamais à pleinement m’en détacher. Ils sont une partie de moi que je le veuille ou non. Et ça me fait enrager.

Plus encore, ses paroles m’irrite. Comment peut-il me dire ça ouvertement. J’affiche un de mes sourires malicieux, mon sourire en coin, ma marque de fabrique. Son Infant, vraiment ? Il se sent l’âme d’un Sire, subitement ? Quelle ironie. C’est quand il sent qu’il me perd qu’il vient me chercher. Comme d’habitude.

« Mon Sire, Alaric, vraiment ? »

Je m’approche de lui, très près, ne craignant plus qu’il vienne s’immiscer dans mes pensées. Et toute proche de lui, je lui dis avec un calme inquiétant :

« Tu as sept cents ans de retard, mon cher frère. Arrache donc mes doigts si ça peut te faire sentir puissant, te faire croire que tu as un quelconque ascendant sur moi. Si ça peut te faire plaisir. »

Je hausse les épaules, l’air indifférente. Que pourrait-il faire de pire ? L’Essaim m'a fait vivre un enfer durant des décennies pour contrôler ma Bête. Pense-t-il que je suis faible face à la douleur ?

« Tu sais pourquoi je me suis faite une joie d’accepter la mission de Gabriel ? Celle de tuer les Infants que tu abandonnais ? »

Ma tête se penche, comme celle d’un chiot face à une curiosité. Mon sourire ne s’efface pas, il s’agrandit même, à mesure que je lui expose mes pensées. Je tourne autour de lui comme un félin prêt à bondir sur sa proie. Je sais qu’il pense que je fais un énième caprice. Mais ça m’amuse. Je veux le toucher, je veux qu’il sache comme j’ai été blessé. Je veux qu’il comprenne. Qu’il cesse cette hypocrisie. Qu’il avoue enfin qu’il se fiche de moi, qu’il agisse comme Gabriel, qu’il soit indifférent. Que je puisse enfin passer à autre chose. Mais il ne cesse de s’accrocher, de revenir, de me torturer. Je voudrais juste en finir avec eux pour enfin passer à autre chose : prendre un chalet, isolé et peindre jusqu’à ce que je n’en puisse plus.

« Parce qu’à chaque fois que j’en tuais un, je savais que tu le ressentais. Je savais qu’à chaque fois, tu perdais une partie de toi. C’était le meilleur moyen pour moi de te faire ressentir tout le mal que tu m’as fait subir en me laissant de côté. »

Je regarde la poterie qu’il me montre et glisse mes doigts dessus.

« Un nouvel artiste en ville que j’ai pris sous ma coupe. Encore un nouvel artiste que tu vas vouloir me voler, je suppose ? Vu que tu aimes t’accaparer tout ce qui m’appartient. »
(c) AMIANTE

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Lun 21 Juin - 17:19 (#)

Duel au sommet (ou rencontre de courtoisie au Royal Lodge, tout dépend du point de vue)

aurora ft. alaric




Alaric semble avoir atteint son but, puisqu’une nouvelle fois, Aurore perd son sang froid. A chaque fois, il semble repousser les limites de sa soeur, et à chaque fois, celle-ci semble perdre pied. Ce manège aurait pu se révéler ennuyant depuis bien des siècles mais le Français y prend toujours autant de plaisir. Cette fois-ci, c’est elle qui s’est approchée. Elle se retrouve pratiquement collée à lui, et il a le loisir de voir toute la rage qui se reflette dans le bleu de ses yeux.

- Je ne prétends pas avoir quelconque ascendant sur toi, Aurore, bien au contraire. Je te demande seulement de te rappeler que si j’ai sept cent ans de retard, comme tu aimes à dire, c’est que je t’ai donné la possibilité de les vivre.

A nouveau, elle lui pose une question. Il hausse les sourcils, et attend patiemment une explication qu’il ne connait que trop et qui semble tourner en boucle dans la bouche de sa petite soeur. Il reste silencieux et l’écoute, cependant. Il sait après tout qu’il ne sert à rien de l’interrompre, car elle trouvera le moyen de lui faire entendre ce qu’elle a à dire. Elle se met à tourner autour de lui, et seuls les yeux d’Alaric se mettent en branle pour la suivre du regard. Elle pense avoir pris l’ascendant sur lui, et il ne dit rien. C’est peut-être vrai. Avec le temps, il a appris à enfouir les émotions négatives au fin fond de son corps. Quand Aurore est là, pourtant, elles semblent ressortir. Peut-être qu’elle a le monopole de leur relation.

Quand elle reprend la parole, il reste impassible. Il sait qu’elle a toujours pris un malin plaisir à détruire les Infants qu’il laissait dans son sillon, et il ne lui en jamais voulu. C’était plutôt lui rendre service, à vrai dire. Il a ressenti chacun de leur mort, certaines cruelles, d’autres non. Il a senti la vie quitter ses engeances les unes après les autres, et n’a jamais bronché. C’était une douleur presqu’agréable. Le genre de courant électrique qui le paralysait pendant quelques secondes pour le laisser glacé jusqu’aux os deux secondes plus tard. Une douleur qui lui agrippait la gorge et qui le figeait. Elle lui faisait fermer les yeux, froncer les sourcils, cesser de respirer. Ses poumons dénués de vie se rétractaient, et une brûlure lui traversait l’échine.

Puis Alaric rouvrait les yeux. Et c’était presque s’il en voulait encore.

Avec le temps, il a appris à dompter cette douleur, à la faire sienne, à l’aimer. Car cette douleur est la seule chose qui lui appartient et qui provient de sa soeur, de son essence même. Elle est la chose qui la laisse enchaînée à lui, qui lui montre que malgré sa haine, elle est toujours prisonnière de sa famille.

Elle s’est éloignée. Alaric ressent le vide autour de lui, alors qu’il se tourne dans sa direction. Ses paroles sont emplies d’un venin mortel. Il hausse les épaules, ne se départit pas de ce sourire.

- Peut-être bien. Un nouveau de tes caprices? As-tu seulement prévu ce pauvre garçon que tu risques de le mener à sa perte?

Il sait que c’est faux. Il aime voir sa soeur comme cette petite gamine qui lui court après en criant dès qu’elle en a l’opportunité, mais il sait pertinemment que c’est une femme accomplie qui effraie la plupart de ses congénères et qui laisse dans son sillon un élan d’admiration mêlé à la crainte; il le sait, et il en est presque fier. Cela n’empêche pas qu’il aime la titiller comme si elle avait encore huit ans. Lui rappeler qu’elle n’en serait pas là s’il n’avait pas été là, aussi mauvais Sire eut-il été.

- Je ne souhaite pas m’accaparer tout ce qui t’appartient, puisque tu m’appartient, Aurore.

« Toute entière. » dit-il en infiltrant une nouvelle fois ses pensées. Cette fois-ci, il ne cherche pas à savoir ce qu’elle y voit. La conception de la famille qu’a Alaric est désarticulée et profondément sordide, mais elle est tout de même la chose qui a le plus d’importance à ses yeux. Alors malgré tout, il s’accroche.

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Dim 12 Sep - 13:18 (#)

Duel au sommet (ou rencontre de courtoisie au Royal Lodge, tout dépend du point de vue)
 
Pourquoi n'arrivais-je pas à rester calme en sa présence ? Il aime à me rappeler que je suis là grâce à lui. Il m’a, certes, fait bénéficier de sa Vitae, mais contrairement à tous ses Infants, je suis l’une des rares encore de ce monde, et je ne lui dois pas. J’ai su me dépêtrer des pires situations, gérer ma Bête seule, faire face à l’Essaim, seule. Je n’ai ni été par lui, ni par qui que ce soit. Et tout ce que j’ai bâti aujourd’hui, c’est grâce à la sueur de mon front. Ma richesse, mon Clan, ma notoriété.

Me prend-il encore pour une enfant ? Il est vrai que mon caractère n’est pas facile, surtout lorsqu’un Lanuit est dans les parages, mais il se trompe à nouveau. Il ne me connaît pas, j’en fais la conclusion pour la énième fois. Je lâche un long soupire d’exaspération. Pense-t-il réellement que tout ce que je touche se transforme en poussière ? Il verra bien que ce Ozios deviendra un majestueux cygne grâce à moi, le dernier artiste à la mode que tout le monde s’arrachera et pas par caprice : parce qu’il a un réel talent. J’en ai vu des milliers, je sais reconnaître le génie artistique qu’en j’en vois un. Ses blessures, ce passé qu’il ne me dévoile pas l’ont chamboulé et font qu’il crée des merveilles. Alaric se jettera dessus dès qu’il saura de qui il s’agit. La preuve, s’il m’a demandé l’origine de cette sculpture, c’est qu’elle lui a tapé dans l’œil.

Je préfère, pour une fois, garder le silence plutôt que je répondre à ses provocations. Nous continuerons éternellement à nous renvoyer la balle. Ça ne m’intéresse plus. Je ne parle plus, j’agis. Et le clan Lanuit n’a pas fini d’en voir de toutes les couleurs. À cette pensée bien personnelle – car encore trop éloignée de lui – je souris. À nouveau, ils ne me verront pas venir et à nouveau, je leur volerai leurs ambitions pour Zayd. Pour le seul frère que j’ai.

Je lui appartiens ? Beaucoup trop près, soudainement, il refait son chemin dans mon esprit tortueux dont il est le seul à connaître le moindre de ses recoins. J’évite d’abord son regard, dégoûtée, puis reviens encrer mes yeux dans les siens pour répondre, par télépathie, avec un large sourire de défis : « Tu es un être malsain et abject. »

Je finis par m’étirer lentement comme le ferait un chat qui sort de sa sieste et jette un coup d’œil à l’horloge de mon salon. Ma tête roule lentement sur mes épaules, passe une main dans mes cheveux dorés pour y mettre de l’ordre et le regarde de haut en bas comme pour lui signifier qu’il me dérange. Comme si je lui demandais ce qu’il peut bien faire encore ici. Comme si je ne le savais pas déjà...

« Tu devrais déguerpir, mon frère Zayd ne va pas tarder à me rendre visite. Je ne voudrais pas qu’il y ait un incident diplomatique ce soir. Tu es connu pour avoir du mal à te contrôler. Gabriel te connaît finalement mieux que personne, te tenir en laisse est la meilleure décision qu’il ait prise depuis nos transformations. Toi, tu n’en as pris que des mauvaises. »

L’un de mes bras s’allonge comme pour lui montrer le chemin vers la sortie et je me laisse lourdement tomber sur mon canapé, croisant les jambes, un sourire hypocrite sur le visage.

« À bientôt, monsieur Lanuit. »
(c) AMIANTE

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