Pas de sentiments, juste des centimètres ! [Ft. Lizzie & Jane]

S'il y a bien un truc chiant avec la mort, c'est qu'elle ne vous rend pas plus riche. Bon... C'est sûr que Zelda n'a jamais roulé sur l'or mais devenir une créature immortelle trop stylée et ne pas pouvoir en profiter à cause du dieu Dollar, c'est quand même vachement craignos. Surtout qu'elle ne demande pas grand chose dans le fond. Juste un portable capable de faire tourner des jeux et d'occuper la fin de ses nuits.

Après l'ennui c'est qu'avec 52 dollars en poche elle ne risque pas non plus d'aller très loin... Elle pensait trouver son bonheur sur Wish, la jeune caïnite. Wish ou n'importe quel autre site de l'Empire du Milieu. Mais même la Chine est hors de son budget !

- Allez bien niquer votre race, les communistes ! C'est des conneries en fait leurs délires de tout partager, là, non ? Pfffffff ! souffle-t-elle dans la foulée, agacée par sa pauvreté manifeste.

Et elle ne peut même pas demander à Myrtle de lui offrir ça puisqu'elle lui livre déjà une féroce bataille de sape pour obtenir la PS5. Car oui, on peut courir plusieurs lièvres à la fois.

- Ouais ! Ca c'est bien ! enchaîne-t-elle une poignée de minutes plus tard après avoir créé un faux compte sur le facebook des vieux, mis une enfant du yemen en photo de profil et lancé un appel aux dons pour remplacer sa jambe qui a sauté sur une mine. Et on rajoute un p'tit sida par dessus, aussi ! Par-fait ! Y'a forcément des cons qui vont remplir sa cagnotte, non ?

Il suffit d'une ou deux minutes supplémentaires pour que la caïnite oublie son plan. Elle vient de trouver mieux. Beaucoup mieux ! Un sac qui traîne sous le bureau d'a côté, aux pieds d'une jeune femme. Et dedans, ce qui semble tout être un ordinateur portable. En se penchant un peu elle en obtient la confirmation. C'est peut-être même un Asus, non ? Ou un de ces trucs avec la tête d'Alien dessus ? Un truc de gameuse trop badass ! Cool !

Bon, maintenant, il reste quand même à le voler...

Dans un monde parfait elle pourrait user de ses dons de métamorphose pour la pétrifier et s'en aller comme une princesse. L'ennui, bah... C'est qu'elle est encore super nulle dans tout ce qui est maîtrise de ses pouvoirs. Alors il va falloir agir à l'ancienne. Comme les humains normaux. Enfin les humains normaux qui volent. Mais ça fait quand même un bon paquet de monde.

- Oh miiiince ! L'adolescente vient de laisser tomber son téléphone à ses pieds. Ca justifie le fait qu'elle glisse de sa chaise pour se retrouver sous le bureau. J'suis maladroite, p'tain ! Elle exagère ou ça sonne naturel ? Dur à dire...

N'empêche qu'elle tâtonne de la main jusqu'à rencontrer le sac qui a retenu son attention. Ses mains se referment dessus et elle tire. Normalement, là, sa prise aurait dû suivre. Seulement c'est pas le cas et quelque chose coince. Alors Zelda se penche un peu pour jeter un oeil à ce qui bloque.

Ah, ben... C'est une autre main ! Et au bout de cette main, un bras. Suivi d'une épaule, un cou et - bah oui - un visage. Et enfin, un regard dardé droit sur elle. Ca, clairement, ça n'était pas du tout prévu. Mais alors pas. du. tout.

- Hum.. C'est gênant, un peu ! avoue-t-elle. Sans juger utile, toutefois, de lâcher elle-même sa prise. J'ai l'sida ! Du Yémen !

C'est sortit tout seul. Faut dire qu'elle n'avait pas beaucoup de temps pour trouver une excuse. Et puis avec un peu de chance elle peut espérer une forme de pitié, ou quelque chose du genre. Dans tous les cas ce sera toujours mieux qu'un Obéis-moi morteeeelle sinon tu vas souffrir ! Ca, Jane et Myrtle le lui ont interdit !

J’ai vaguement jeté un coup d’œil dehors quand la luminosité à commencer à baisser, me rendant compte que ça faisait un petit moment que j’étais là, mais je me suis contentée de commander un autre truc à boire. J’en suis à mon troisième café au caramel glacé, et à mon premier cinnamon roll. C’est que la deuxième pâtisserie depuis que je suis là. Franchement, même là-dessus, je suis raisonnable je trouve, je m’épate. En comptant les sandwichs avant, ça fait juste un repas sur le pouce. Et le paquet de bonbons ne compte pas.

Casque vissé sur les oreilles, je continue de coder sans trop prêter attention à ce qui m’entoure. Je fais rien que de très légal de toute manière, je suis pas inconsciente au point de faire n’importe quoi dans un cybercafé… même si ça m’est déjà arrivé… plus d’une fois. En même temps, il y a tellement de monde qui va et vient que ça change pas grand-chose. Personne fait attention à personne, et c’est très bien comme ça. Et puis… c’est un peu l’intérêt des cybercafé, non ? Je viens assez souvent, et je flirte assez avec la légalité, pour savoir que je suis loin d’être la seule à squatter ici pour ça… Mais comme je disais, je fais pas ça si souvent… Hum. Mais là, je suis sage pour de vrai. Pour la simple et bonne raison que je bosse et que j’ai des délais assez court pour rendre ce projet. Délais qui n’étaient pas si courts à l’origine, mais j’ai un peu procrastiné je le reconnais. Mais ça va, si je boucle ça d’ici demain soir, je serais dans les temps et c’est tout ce qui compte.

D’autant que j’ai pas trop besoin d’être attentive à autre chose, on est dans un espace public et je suis une habituée ici, je fais presque partie des meubles quoi. Et surtout, accessoirement, elle est toujours un peu à l’affût. Si je n’y prête pas vraiment attention dans un premier temps, elle, de son côté, ne manque pas de remarquer la jeune fille qui s’est installée à côté. Jeune fille qui râlote dans son coin, comme tout bon ado qui se respecte, mais ce n’est pas ce qui l’interpelle. Son odeur, c’est son odeur. Comme si… elle n’avait pas d’odeur. C’est super bizarre. Ça me fait froncer les sourcils, sans que je sache trop quoi en penser, sans que je m’y attarde forcément.

Par contre, quand elle bouge, je retire mon casque pour l’entendre réciter son texte digne d’une télénovela. D’accord. La louve grogne et pare mes yeux d’ambre alors que je me penche à mon tour. Moins joueuse, plus dominante, la louve est également plus possessive que je ne le suis. Si mon regard reprend sa teinte habituelle rapidement, ça l’empêche pas de pas apprécier la suite et de pas être bien loin. Et de toute manière, je n’apprécie guère que l’on me vole, d’autant plus quand il s’agit de mon PC perso.

Je fixe la gamine, qui doit avoir quoi ? 15-16 ans ? Et je penche la tête sur le côté quand elle prend la parole, sans lâcher le sac. Qu’est-ce qu’elle raconte ? Elle est sérieuse là ?

« J’aurais pas exactement utilisé ce terme, mais on peut dire que c’est gênant en effet. Aurais-tu l’obligeance de lâcher mon sac avant que je t’arrache la main qui y est attaché ? » Je lui souris et, sans attendre sa réponse, tire d’un coup sec, ramenant l’ordinateur contre moi. Je me redresse sans la quitter des yeux et je hausse un sourcil. « Je suis curieuse petite fille sidéenne du Yemen. Tu pensais vraiment pouvoir l’attraper et sortir en marchant tranquillement ? Que je n'allais rien faire ou rien dire ? Qu’est-ce qui m’empêche là de suite d’appeler les flics ? Ou pire, papa et maman ? »