Qui es-tu ? : Φ sorcière rouge de 29 ans, constamment en recherche de sensations fortes.
Φ offre son énergie à l'Arch, association ayant pour but d'accompagner les CESS dans leur intégration dans la ville. La fondatrice et chamane Yelena Tehrt, est son mentor.
Φ bien qu'elle l'ignore, fût élevée par des purificateurs. Ceux-ci ont tout fait pour dissimuler la vraie nature de sa magie. Bien que tentant désormais de combler les années perdues, sa maîtrise des arcanes reste instable.
Φ professeure de danse classique, anciennement en tournée avec une compagnie de ballet.
Φ installée à shreveport depuis 2013. habite actuellement mooringsport, à la frontière du triangle de foi.
Facultés : MANIPULATION DES ENERGIES VITALES
Φ Manipulation des émotions. Injection, détection, effacement, remplacement des émotions. maîtrisé
Φ Utilisation des émotions dans sa magie. plutôt bien maîtrisé
Φ Manipulation des auras. Modification, dissimulation de parties d'auras. très peu maîtrisé
______________
Φ Lecture d'auras. Emotion, race, inclinaison, forme d'un thérianthrope.
Φ Capable de sentir les esprits mais mal à l'aise avec tout ce qui y a trait.
L’oeil heurte tour à tour la dragée grêlée au creux de sa main et ses congénères provocateurs sur le visage de Stan. « Ça fait un bail, non ? » Lia réprime un rire moqueur. Tout est subjectif. Certainement pas trop longtemps, si vous lui demandez. Mais peut-être assez. Et la tentation est là, lancinante, insidieuse. Le poids des responsabilités, les larmes de ces derniers mois ont finis par se muer en douleurs sourdes, en cicatrices recouvertes, dérobées. Elle sent encore les chairs écartelées, pourtant, qui peinent à se retrouver, les croûtes qui les recouvrent, purulentes, que les démangeaisons vous font faire sauter. Les siennes ? Les leurs surtout. La douleur partout, la colère, la perdition, toutes ces émotions à portée de main pour elle, ne réclamant qu’à être absorbées, transmutées, usées. Une drogue contre une autre. Un vice comme un autre. Elle se saisit de la bouteille d’eau dans la main de son ami et fait un cul sec. « C’est partiii ! » Stan ne s’était jamais arrêté. Après tous les problèmes que ça lui – leur – avait causé, on aurait pu s’imaginer qu’il aurait fini par se tempérer, ou qu’Odelia aurait fini par se lasser. De toute évidence, ces deux-là étaient plus résistants que résilients, et ils levaient le coude à leur propre perte. Le bras de Stan se glisse derrière son cou et il l’entraîne plus près de la rythmique électronique s’échappant des baffles de l’établissement. La trance avait donné le ton : ils réclameraient l’évasion, à moins qu’ils ne fassent que laisser place à une invasion.
Une vingtaine de minutes plus tard, alors que les corps gentiment s’entassent, des vagues dans l’océan de ses yeux viennent faire trembler le décor. Elles se plongent dans leur hôte, d’une chaleur insoupçonnée, désengourdissant ses membres avant de remonter électriser ses pensées. Les prunelles se dilatent, la pupille s’écarte, croquant le bleu, laissant le noir gagner de la place, invitant en elle un chaos avec lequel elle a une relation d’amour-haine éternelle. A croire qu’au fond, on ne vieillit jamais. Le temps passe, les titres se succèdent. Les yeux attirés par les platines, seul endroit d’où se dégage une faible lumière. De multiples aller-retours aux cabinets, où la tête se retourne, où la langue manque de se plaquer contre le métal froid du robinet, lapant le liquide béni qui devrait être son salut cette nuit. Elle connaissait la chanson, elle faisait attention. L’excès toujours avec modération, franchir les limites sans chercher à se brûler les ailes, flirter toujours avec le mal qui vous ronge, sans jamais pour autant lui donner la possibilité de complètement vous dominer. Contrôler la bête… autant que faire se peut. Prétendre que cela suffirait. Prétendre que c’est possible.
La scène se répète, le motif diffère, l’esprit est plus hagard, aussi, transporté aux frontières du réel. « Ce n’est pas le même. » Elle proteste, sans trop savoir pourquoi. « Bien vu, p’tit génie. » Quelle importance en effet. Le temps s’écoule et le voile s’amincit. Son nuage était confortable, pourtant. Nul besoin de s’attarder sur des détails.
Ou peut-être qu’il aurait mieux valu. Elle n’en était pas bien sûre. Soudain, elle se sent envahie d’une certaine forme d’excitation, tout paraît… différent. Il lui faut un moment pour réaliser ce qui se passe réellement, aller pêcher une conclusion dans la vase dans laquelle baigne son encéphale : ce ne sont pas ses émotions. Tout lui échappe. Attraper Stan. « Tout va bien ? - Je suis au paradis meuf. » Elle devrait probablement rester. Si ça venait du cachet, avec le méta, tout pourrait dégénérer. Ce n’était pourtant probablement pas le cas. Il y avait plus de chances en réalité qu’il s’agisse, comme à chaque fois, de son don qui se foirait. Un putain de danger ambulant. Elle ne pouvait pas rester là. L’équation était vite résolue. 2 – 1 = 0,000003. Cette partie était depuis longtemps maîtrisée, pourtant, B.A.BA, balbutiements originels de sa magie. Mais quelque chose n’allait pas. « J’me casse. Fais gaffe à toi. - T’es sûre ? - Yep. T’inquiètes j’vais pas loin. » Ça dégouline de sentiments, ça lui file la nausée. Elle sait qu’il faut qu’elle se débarrasse de tout ça. Pas sûre pourtant d’arriver à quoique ce soit. Elle les sent se transformer en colère, foutus parasites, en dégoût de soi. La sorcière rouge – si l’on peut l’appeler ainsi - se hâte vers la sortie, puis vers la première portière de taxi à sa disposition. Le cœur au bord des lèvres, expression qui prend dorénavant tout son sens. Balancer une adresse à Stoner Hill au chauffeur. Fixer les yeux qui partent en vrille suffisamment longtemps sur l’écran afin de prévenir la victime sur laquelle elle a jeté son dévolu. Beau tableau qu’il va pouvoir admirer alors.
Elle ne tiendra pas jusqu’à l’arrivée, ça la frappe alors qu’elle tente d’imposer sa présence dans cette sphère d’un regard vers le rétroviseur. Le chauffeur se fait nerveux, agité, et elle réalise qu’emprunter un véhicule, qu’elle le conduise ou non, était une mauvaise idée. « Arrêtez-moi là. » Elle n’est pas certaine de combien elle lui donne, ni même du montant de la course par ailleurs, mais Ode se tire de là. Son front baise le bitume un instant. Court, mais suffisamment long pour écorcher sa dignité. Un par un. Gommer, effacer, faire passer, enchaîner. Elle se hisse sur ses jambes tremblantes, s’appuie sur le capot d’une caisse garée là. La meilleure option contre laquelle s’échouer semble encore être la maison qui lui fait face, progrès par rapport à la roue crade de celle qui lui sort actuellement de support de fortune. Auto-approuvant la suggestion mentale d’un esprit de peu allégé, la catastrophe ambulante traîne alors sa carcasse jusque-là, l’élégance et la délicatesse habituellement associées aux danseuses de ballet l’ayant complètement désertée. Rien qu’une autre de ces soirées qui venaient réchauffer l’image que l’on avait de soi.
Elle était comme une personne qui se noie, battant des bras, cherchant quelque chose à quoi se raccrocher pour se sauver. Sa vie était une lutte urgente, désespérée pour justifier sa vie.
« Sage est vraiment trop adorable ! Et tu as vu son copain ? Il est trop adorable, lui aussi ! » Nejma s’extasie encore et encore sur la soirée venant de se dérouler tandis qu’elle-même peine à parler tant son ventre est plein, l’alcool ayant coulé à flot sans que pour autant elle ne s’en retrouve pas même un peu pompette. L’ivresse peine à la toucher de plus en plus et elle ignore réellement combien de bouteilles il lui faudrait pour toucher le céleste d’une détente que la gnôle offre de temps en temps. « Ouais, ouais, j’étais là, Nejma. » Celle-ci bougonne à ses côtés quand Nadja, toujours un peu plus silencieuse, écoute leurs discussions, tenant les sacs remplis de leurs plats vidés du bout de ses deux mains, laissant cliqueter le verre à chacun de leurs pas. Stoner Hill offre au trio féminin un calme étrange, comme si tout s’était soudainement figé le temps d’une nuit. Surtout, tous ceux ayant l’envie de festoyer se sont agglutinés dans le centre pour s’abreuver de la vinasse et de la bière qui coulent en rivière sur leur langue tendue. Elle cache tant bien que mal tout le mal qui la ronge à l’approche d’une nouvelle lune qui ne la laissera pas tranquille. L’angoisse est toujours la même et personne jusqu’à présent n’est parvenu à l’aider à se sortir de sa situation complexe où la douleur afflux en masse dans ses os, détruisant son corps sous les craquèlements, s’amassant comme des poignards que l’on pointe sous sa peau qui se déchire pour laisser place au reptile hantant son âme et qu’elle sent agité dans la caverne de son poitrail. A peine quelques jours plus tôt, elle a dû quitter son job, relâché comme une malpropre dans le bain de la nuit par un propriétaire aux mains trop curieuses s’étant trop souvent baladées sur elle sans qu’elle n’en dise rien jusqu’à ce soir fatidique où elle dit stop. Où il fallu dire non, de ce mot qui peine à être compris d’autrui lorsqu’il est prononcé.
Nejma continue ses palabres quand elle perçoit la route d’un taxi se poursuivre tout près d’elles, suintant de ses roues contre l’asphalte, roulant sans grande vitesse car il finit par ralentir non loin de là. Suivant le manège du regard, elle ne perçoit pas l’ombre qui échoue sur le bitume, frappe le sol de sa carcasse noyé d’une luxuriante ivresse et de la défonce offerte par les baisers du paradis sous forme de bonbecs acidulés. Elle abaisse un instant la tête, fouillant dans son sac pour y trouver les clés, l’amoncellement d’objets peinant à lui faire trouver le cliquetis victorieux, passant son doigt dans le cercle argenté pour en sortir les clés d’une ouverture vers une antre où elles se sentent le plus souvent en sécurité. Si la Louisiane et la Nouvelle-Orléans ne sont pas leur terre de naissance, elle sent que Nejma s’y est habituée, que Nadja y a pris ses repères, détournant un instant le regard vers elle pour s’assurer que tout va bien. Il suffit souvent d’une simple œillade entre elles pour se comprendre et elle la voit sourire, acquiesçant lentement à sa question silencieuse, continuant d’avancer jusqu’à la porte menant vers leur appartement.
Mais ses pas cessent peu à peu à la vue d’une ombre coincée dans l’alcôve du chambranle. Les sourcils se froncent et ses mains s’agrippent brutalement aux bras d’une Nejma trop bavarde cessant de parler à une Nadja se figeant sous le toucher qu’elle n’accepte que rarement. Il lui semble que la scène la ramène à celle où elles ont rencontrés celui qui l’a mené à être pécheresse, esclave d’un clan dont elle n’a que faire, pointant l’œil de son fusil sur lui. Sauf que cette fois, elle n’est armée de rien d’autre que de ses clés, cillant face à ce qui semble être le corps famélique d’une silhouette féminine enchevêtrée sur elle-même. Esquissant un soupir, elle est prête à vilipender l’intruse de ses mots arides avant qu’un « Odelia ?! » ne sursaute dans la nuit, la faisant se détourner vers Nejma dont elle perçoit toute la surprise et l’horreur qui défigure son visage. Elle sourcille, peinant à comprendre ce qu’il se trame avant de la voir avancer jusqu’à elle, la toge de sa jupe s’étalant en corolle autour d’elle tandis qu’elle s’abaisse vers le corps de la jeune femme presque inerte. « Tu la connais ? » « Mais oui ! On fait de la danse ensemble… Je… J’comprends pas ce qu’elle fait là. » Une main tannée vient jusqu’à la pâleur d’un visage grisé par l’ivresse ou la défonce tandis qu’elle murmure « Odelia ? Tu m’entends ? C’est Nejma. » L’accent chante dans ses moindres palabres paniquées, les pas d’Astaad s’avançant jusqu’à elles pour s’abaisser à son tour. « Elle a l’air mal en point. C’est quoi son problème ? » « Sois gentille, Astaad. » Celle-ci hausse les sourcils, soulignant là qu’elle n’a rien posé de plus qu’une simple question, pleine de mauvaise foi. « On devrait… appeler la police, non ? » La voix de Nadja vient toujours comme le chant d’une lyre entre elles, voix de la sagesse avant que Nejma ne secoue la tête « Non ! Prenons la avec nous. » Là, elle fronce les sourcils, jetant un regard noir vers son amie « Quoi ? Non. C’est mort. On la connait même pas putain. » « Ne commence pas ! Tout le monde n’est pas un ennemi. Et tu as souvent tort en ce qui concerne ce genre de choses. » Les mots la font ciller, blessant un cœur ne cherchant qu'à protéger sa fratrie, la ramenant à ce passé où elle blessa Raphael d’une balle en pleine cuisse, le prenant pour ceux qui les chassaient depuis la veille. Nejma s’en veut, elle le voit mais aucune excuse ne vient border ses lèvres avant qu’elle ne reprenne « Aide moi Astaad. » Et dans un soupir, elle saisit l’un des bras du corps de cette fille dont elle ne sait rien, la redressant sur ses pieds de danseuse qui s’entrecroisent, se décroisent, danse lascive d’une fille trop pleine des conneries d’une nuit d’orfèvre. « On attend qu’elle se réveille, on lui donne à boire et elle se casse. Compris ? » Nejma se tend, sa main aux doigts mordant un bras pâle se plantant presque trop fortement dans la peau sous l’agacement avant qu’elle ne recrache un « Oui cheffe. » ironique qu’elle préfère ignorer.
La porte s’ouvre et elles remontent tant bien que mal les escaliers jusqu’à la porte de leur appartement. Là, elle mène la nymphe ivre jusqu’au canapé où elle la laisse échouer. « Va m’chercher une bassine et un gant avec de l’eau froide. » ordre donné sans qu’il ne puisse se faire contrer d’une quelconque invective avant qu’elle ne se tourne vers l’intruse. Les doigts se tendent vers un visage qu’elle n’a jamais vu, jeune mais semblant pourtant en avoir vu trop pour son jeune âge. « Hé… Tu m’entends ? » Murmuré d’un timbre plus doux car elle sait parfois l’être, jouant de ses doigts délicats pour repousser quelques mèches brunes de son front luisant, reprenant d’un timbre plus doux. « Ouvre les yeux… Tu es en sécurité, ok ? » Elle préfère le lui promettre, sondant son visage de ses yeux moirés d’un vert tirant parfois sur l’azur, yeux de féline méfiante aux poils hérissés d’avoir invité une inconnue en leur antre précieuse mais elles n’ont pas eu le choix, elle le sait. Nejma revenant avec un gant qu’elle lui tend et une bassine qu’elle dépose sur le sol, elle gante sa main pour laisser le tissus effacer les sillons de sueur sur son front, la démaquillant sans le vouloir. Et les yeux toujours fixés sur ce visage inconnu, elle se demande alors si elle est digne de confiance, si elle est un paquet envoyé par l’Église Wiccane pour elle, si tout cela n’est pas un piège pour la mener à sa propre perte.
by delirium
Odelia di Stasio
When witches don't fight, we burn
AB UNO DICE OMNES
En un mot : some ghost
Qui es-tu ? : Φ sorcière rouge de 29 ans, constamment en recherche de sensations fortes.
Φ offre son énergie à l'Arch, association ayant pour but d'accompagner les CESS dans leur intégration dans la ville. La fondatrice et chamane Yelena Tehrt, est son mentor.
Φ bien qu'elle l'ignore, fût élevée par des purificateurs. Ceux-ci ont tout fait pour dissimuler la vraie nature de sa magie. Bien que tentant désormais de combler les années perdues, sa maîtrise des arcanes reste instable.
Φ professeure de danse classique, anciennement en tournée avec une compagnie de ballet.
Φ installée à shreveport depuis 2013. habite actuellement mooringsport, à la frontière du triangle de foi.
Facultés : MANIPULATION DES ENERGIES VITALES
Φ Manipulation des émotions. Injection, détection, effacement, remplacement des émotions. maîtrisé
Φ Utilisation des émotions dans sa magie. plutôt bien maîtrisé
Φ Manipulation des auras. Modification, dissimulation de parties d'auras. très peu maîtrisé
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Φ Lecture d'auras. Emotion, race, inclinaison, forme d'un thérianthrope.
Φ Capable de sentir les esprits mais mal à l'aise avec tout ce qui y a trait.
Il était de ces expériences, sur le fil, flirtant avec le danger, qui vous marquaient et vous laissaient un goût de liberté qui vous faisaient toujours y revenir, sans que vous ne parveniez exactement à retrouver la saveur de la première fois. Bientôt, ils n’étaient que de pâles répétitions de la Grande Première, que vous réalisiez d’une manière robotique, maîtrisée, incapable d’en apprécier les fruits. Oui, il y avait de ces choses que l’expérience n’améliorait pas, mais ne faisait en réalité qu’affadir. Fermer les yeux, juste un instant. Malgré la gerbe de sentiments refoulés qui demeurait bloquée là, faute de victime sur laquelle les relâcher ou de suffisamment de self-control pour s’en débarrasser indépendamment, Odelia parvint à s’assoupir. Au bon moment. Rien n’était pire que la descente d’ecstasy émotionnellement parlant, et elle n’était certainement pas en état d’y faire face à cet instant présent. Dormir demeurait encore la meilleure option pour contrer l’envie de se passer la corde au cou qui n’aurait pas manqué de se faire sentir quelques instants plus tard. En y songeant bien, ça n’aurait probablement pas été la solution choisie pour mener ce macabre projet à bien.
Tout du moins était-ce dans un reposant sommeil qu’elle pensait se laisser enfoncer. « Hé… Tu m’entends ? » Un étrange contact avec son visage finit de la faire émerger de cette phase. « Ouvre les yeux… Tu es en sécurité, ok ? » Elle comprend alors que la voix vient du monde extérieur, du monde réel. Elle sent son esprit combattre pour dissiper le brouillard qui le paralyse, commander à ses paupières bétonnées de s’ouvrir. A peine celles-ci se décident-elles à obéir que son pouls s’accélère. La lumière, d’abord, vive, agressive, qui suffit à lui faire comprendre qu’elle n’est pas là où elle s’est laissée échouer ; le visage qui la scrute, accompagnant la voix se voulant rassurante, mais dont les traits n’évoquent rien en sa mémoire amochée. Sa main s’agrippe à l’accoudoir du canapé et elle tente immédiatement de se relever, n’échappant pas à ce mouvement instinctif qui vous secoue lorsque vous vous réveillez d’un état second, en un endroit dans lequel vous ne devriez être, auprès de gens qui ne savent vous gérer : un mélange d’insécurité et de honte auquel on ne pouvait se soustraire ; le mal était déjà fait, il était temps de payer les frais. Ode repose donc son fessier sur le canapé de l’étrangère – supposément – aussitôt que les vertiges lui ont fait comprendre, comme ils ont coutume de le faire à tout un chacun ayant la prétention de vouloir s’échapper – et se préserver -, qu’elle ne gagnera pas ce round. Ses pupilles agressées tentent de s’acclimater à la violence de l’ampoule illuminant la pièce, contrastant fortement avec les ténèbres dans lesquelles elle a passé sa soirée – il ne suffisait pas d’une grande intensité ici pour détonner, son cerveau à peine réactivé tente de réorganiser les pensées qui cherchent à percer par vagues, filtrant celles qui devraient passer la barrière de ses lèvres ou être retenues au fond de leur antre. Elle passe ses doigts dans ses cheveux et maintient sa tête dans l’espoir d’en atténuer le poids. « Je... » Un peu plus complexe qu’il n’y paraissait. « J’ai blessé ou rendu fou personne ? » Probablement pas. Elle sentait encore sa magie crépiter en elle, à la recherche de l’étincelle qui la délivrerait. Il fallait pourtant s’en assurer. La rouge porte sa senestre à son visage chaud et humide, le sèche comme elle peut tout en profitant de la fraîcheur de ses extrémités coupées du circuit thermique du reste de son corps. Tout semble à sa place – étrange inquiétude qu’on ne saurait expliquer. Alors elle croise le regard de cette femme qui elle l’espère saura lui délivrer de bonnes nouvelles, et poursuit son inspection. Il y a quelqu’un d’autre. Enfin, elle la voit, elle perçoit un repère au milieu de cette incompréhensible scène sur laquelle elle se sent piégée. « Nejma » Elle l’avait rencontrée à la danse, et petit à petit, une complicité s’était créée entre les deux jeunes femmes. « Qu’est-ce que... ? » Pause. Elle n’était pas vraiment en état de briller par son intelligence, d’en arriver à une quelconque conclusion brillante, aussi valait-il sûrement mieux se taire pour tenter de sauver les meubles. Aussi, les explications qu’on pourrait lui apporter maintenant seraient incontestablement d’une importance capitale quand il faudrait plus tard examiner les potentielles bizarreries de la situation dans laquelle elle se trouvait en cet instant. Même si on la prétendait en sécurité et qu’un visage familier se trouvait non loin d’elle – étonnante coïncidence -, l’italienne n’était pas prête à complètement baisser la garde. Elle dissimulait du mieux qu’elle pouvait sur son visage les relents de paranoïa qui subsistaient, assez consciente pourtant pour réaliser que dans le cas où ils n’avaient aucune raison d’être, elle paraîtrait alors probablement un peu folle – ce qui était le cadet de ses soucis en soi, mais pouvait néanmoins la mettre dans une situation délicate face à d’éventuelles autorités si l’on venait à étudier le contenu de son sang -, particulièrement impolie mais surtout ingrate – et cela était un peu plus dérangeant. Quoiqu’il en soit, elle était trop faible pour se battre. « Est-ce que… je pourrai vous demander un verre d’eau, s’il vous plaît ? » Elle se renfonce dans le canapé. L’objectif principal est de reprendre des forces le plus rapidement possible afin de s’extirper de cette situation totalement embarrassante, et ses esprits bien sûr afin de comprendre ce qui se passait, ce qui se jouait là.
Elle était comme une personne qui se noie, battant des bras, cherchant quelque chose à quoi se raccrocher pour se sauver. Sa vie était une lutte urgente, désespérée pour justifier sa vie.
L’inquiétude se terre sous une sévérité malmenant ses traits. Recueillir un corps échoué sur son perron n’est pas légion et elle se demande un instant ce qui a pu mener la naïade jusqu’au bord de ce ruisseau. Elle se souvient trop bien des soirées où elle pouvait rentrer, danseuse ivre sur ses talons hauts ou ses pieds nus foulant la terre sale des rues, où un sourire bienheureux s’étalait sur son visage, où la joie semblait être la seule chose qui irradiait d’elle dans ces instants pourtant nécrosés de désespoir. L’alcool joyeux cachait bien et cache toujours bien toute la misère de son état intérieur. Catacombes de désespoirs, elle est un cimetière où gisent les cadavres de ses rêves de gosse, où se baignent dans l’eau noire les corps flottant des vieilles rancunes, des vieux espoirs qui prennent l’eau au fil du temps. Et dans ces nuits d’ivresses elle cherchait tant à ne plus souffrir, à ne plus morfler sous les à-coups d’une vie pénétrant chaque instant de son quotidien où chaque geste devenait alors un fardeau à porter. Son propre corps est le gite d’un démon qui persiffle sans cesse, jamais réellement endormi, entité sulfureuse née du sang de la haine, de la déveine, de la géhenne d’une femme qu’elle pensait sage et affable. La tromperie pourrait encore la faire sourire amèrement tant elle lui reste en travers d’une gorge qu’elle n’aura pas tranchée. Toutes ses amies n’auront pas eu cette chance. Et ses yeux se laissent guider par les traits d’une fille qui n’a sûrement pas eu de chance ce soir non plus, observant ses traits de lutin, une Nejma agitée allant et venant derrière elle sans cesse, se rongeant les ongles malgré les paroles apaisantes d’une Nadja qui restent vaines.
Brutalement, elle rencontre deux pupilles azurées aux iris éclatées, d’une noir qui manquerait de ronger le bleu, soulignant la défonce et la débâcle de ce qui se trame sous le crâne enivré. Elle cille, la laissant s’éveiller lentement d’un monde de rêve dans lequel il doit faire bon vivre pour revenir à la rude réalité. « Ca y est ! Elle se réveille. » « Chut… Laisse lui le temps. » ordre suintant de douceur pour les deux femmes alors qu’elle observe les traits se crispés sous la lueur qui illumine la pièce, la lueur étant pourtant bien basse. Les ombres tombent sur leurs visages penchés vers elle, Nadja un peu plus loin installé sur un pouf beige à même le sol s’étant penché pour apercevoir le visage de l’endormie se contracter sous l’éveil qui n’a rien de joyeux. L’étreinte de la vie semble la prendre à nouveau dans son giron et si le teint est pâle, elle ne semble pas prête à régurgiter quoi que ce soit. Les yeux scrutent encore et toujours avant qu’un froncement de sourcils ne viennent contrarier ses traits d’un orage d’incompréhension, la piqûre d’une certaine appréhension venant moucheter son cœur. « Quoi ? Non… Non, tu n’as fait de mal à personne. Pas à nous en tout cas. » Son corps se décale pour lui laisser toute la chance de s’élever, en vain et de respirer surtout. Quelques mèches brunes glissent sur un visage blême sous le mouvement d’échec à se redresser et une main douce vient se déposer sur son épaule un bref instant « Reste tranquille. Tu as besoin de temps. » Elle ignore pourtant ce qui a pu mettre cette fille, inconnue ou non, dans cet état. Nejma se ronge davantage les ongles, le bruit de l’émail cassant une griffe l’agaçant assez pour la fusiller du regard et qu’elle cesse, un « Pardon. » murmuré pour simple excuse. Mais elle se fige alors quand le nom de celle qu’elle considère comme une sœur est murmuré, détournant lentement la tête vers celle dont le nom lui échappe encore. « Odelia… C’est moi. T’en fais pas, tu es chez moi. Enfin chez nous. Enfin… peu importe. Tu es en sécurité ici. » Elle répète les mêmes mots qu’elle sans s’en rendre compte, nerveuse et se penchant davantage vers elle avant de se redresser, le corps rongé par l’inquiétude et la peine de voir quelqu’un qu’elle considère comme une amie dans cet état. Astaad ignore ce qui les relie et oscille un instant entre leurs deux visages. Elle n’avait jamais osé s’approcher des amies de Nejma, la sachant plus sociable qu’elle, plus vivante aussi, comme une fleur ne demandant qu’à se baigner du soleil dans un bain d’humains. Elle avait terriblement besoin des autres pour être heureuse et elle ne l’avait jamais empêché d’écrire sa propre histoire à l’encre de ses propres mots malgré tout ce qui la ronge encore d’inquiétude presque maternelle, refusant de voir ses amies souffrir encore du monde cruel dans lequel elles baignent. Mieux que personne, elles savent à quel point l’Homme peut se montrer malfaisant, revenant tout droit des Enfers dans lesquels on les éduqua pour n’être que des animaux jetés en pâtures à la lame d’une Favashi avide de voir un monde brûler dans le chaos. Les frissons d’une nervosité certaine la gagnent tandis qu’elle se morigène intérieurement, espérant simplement que cette fille repêchée d’une ruelle ne serait pas une source de soucis trop grands, ni pour elle, ni pour ses proches. Elle ferait tout alors pour les protéger, capable du pire, ayant même été capable de tirer dans la cuisse d’un homme pour servir de bouclier à celles qu’elle considère comme des sœurs. La question qui survient la fait presque sursauter, détournant un regard perçant vers elle, cillant alors qu’elle acquiesce, une main se déposant sur l’épaule de Nejma « Fais attention à elle. J’reviens. » Et elle voit d’emblée sa sœur de cœur se précipiter vers Odelia, murmurant quelques psaumes rassurant tout près d’elle, osant même lier sa main à la sienne, peut-être trop tactile mais dans le besoin d’apaiser les émotions qui semblent faire rage chez cette victime d’une nuit sauvage. Dans la cuisine, elle laisse glisser un verre sur le plan de travail, une bouteille d’eau crissant sous ses doigts, l’eau dégoulinant dans le lit fragile alors que dans le crâne ricochent trop de pensées. Et si c’était un piège ? Et si Eoghan Underwood avait découvert qui elle était ? Et s’il se vengeait ainsi en lui envoyant cette fille lui-même pour l’égorger de l’intérieur ? La main tremble alors qu’elle dépose brutalement la bouteille, s’empêchant de céder à la panique, refusant de jouer le jeu malsain d’une guerre interne que nul ne voit évoluer mais qu’elle pressent venir et les batailles seront plus sanglantes que la première qui signa la nuit d’Halloween.
Passant une main dans ses cheveux, elle revient dans le salon, verre d’eau à la main, le lui tendant avec un léger sourire. « On t’a trouvé devant chez nous, endormie. Ou assommée. » Elle sourcille, la mirant plus attentivement, croisant les bras sous sa poitrine parée de rouge. « Tu as pris quelque chose ? Ou… on a pu mettre quelque chose dans ton verre ? » Elle se rattrape alors, élevant une main qu’elle veut rassurante. « T’en fais pas. J’ai rien mis dans celui-ci, c’est de l’eau, c’est tout. » Son timbre se pare d’un certain sérieux mêlé à une considération délicate, car pour l’heure elle refuse de faire payer à une amie de Nejma le prix de ses frayeurs infernales hantant même ses nuits. « Tu peux en parler à Nejma si tu préfères pas m’parler à moi. Mais c’est important qu’on sache ce que tu as pris pour te retrouver là. Et tes yeux sont éclatés… J’imagine que c’est pas que l’alcool qui t’a mis dans cet état. » Et un sourire plus profond s’esquisse, compatissant, ne jugeant rien d’elle car elle-même aurait pu sombrer dans les affres de l’extase artificielle il y a bien longtemps. Elle aussi aurait pu se retrouver sur le perron de quelqu’un, défoncée à l’aliénation de son désespoir, navire chavirant coulant sous les yeux de ses proches incapables de la rattraper avant qu’elle ne sombre. Définitivement.
by delirium
Odelia di Stasio
When witches don't fight, we burn
AB UNO DICE OMNES
En un mot : some ghost
Qui es-tu ? : Φ sorcière rouge de 29 ans, constamment en recherche de sensations fortes.
Φ offre son énergie à l'Arch, association ayant pour but d'accompagner les CESS dans leur intégration dans la ville. La fondatrice et chamane Yelena Tehrt, est son mentor.
Φ bien qu'elle l'ignore, fût élevée par des purificateurs. Ceux-ci ont tout fait pour dissimuler la vraie nature de sa magie. Bien que tentant désormais de combler les années perdues, sa maîtrise des arcanes reste instable.
Φ professeure de danse classique, anciennement en tournée avec une compagnie de ballet.
Φ installée à shreveport depuis 2013. habite actuellement mooringsport, à la frontière du triangle de foi.
Facultés : MANIPULATION DES ENERGIES VITALES
Φ Manipulation des émotions. Injection, détection, effacement, remplacement des émotions. maîtrisé
Φ Utilisation des émotions dans sa magie. plutôt bien maîtrisé
Φ Manipulation des auras. Modification, dissimulation de parties d'auras. très peu maîtrisé
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Φ Lecture d'auras. Emotion, race, inclinaison, forme d'un thérianthrope.
Φ Capable de sentir les esprits mais mal à l'aise avec tout ce qui y a trait.
Les deux filles tentent de la rassurer, celle qu’elle ne connaît pas lui assurant qu’elle ne leur a fait aucun mal, lui permettant de relâcher un petit peu la pression, les épaules relevées de ce corps crispé retrouvant doucement de leur souplesse. C’est la sœur de Nejma qui semble dominer la situation. Ça la fait sourire intérieurement, mais ça ne la choque pas vraiment. La demoiselle avait une personnalité éclatante, mais pas pour autant celle d’un leader affirmé. Celle qui mène la danse cette fois – probablement l’aînée ? - se lève et Odelia peut finalement discerner son aura dans son ensemble, étincelantes écailles fluorescentes se dessinant sous sa peau dans un flash. Les prods étaient encore bien présents en elle, et curieusement, ils avaient tendance à amplifier sa vision du monde magique, traduire par des images bien plus nettes et rapides ses instincts, aux formes et couleurs vibrantes qu’elle aurait habituellement dû transformer en mots dans son esprit. Ses sourcils se froncent alors qu’elle repose son regard sur Nejma, trouvant étrange que la jeune femme habituellement si prompte à discuter de détails d’une importance plus ou moins consistante ne lui ait jamais dit qu’elle vivait avec une garou, bien que connaissant sa position à l’Arch. Il pouvait y avoir mille et une raisons après tout, et ce ne serait pas ce soir qu’elle percerait le mystère, aussi décida-t-elle d’aborder ce point plus tard, quand elle saurait peser ses mots et forcer l’attention de son oreille si le besoin s’en faisait sentir. «J’suis désolée Nejma. Vraiment. » Ça a quelque chose d’étrange, un goût amer, ça la met mal à l’aise, et puis elle a l’impression d’être un poids pour ces gens. Foutu boulet. Elle détestait être sauvée – surtout par les femmes, la gente féminine et sa dynamique aberrante collaient souvent mal avec le franc-parler et l’intégrité de l’italienne – elle se sentait toujours redevable, et surtout elle craignait d’être jugée. Pas qu’elle en ait quelque chose à carrer, mais ce n’était simplement pas nécessaire, ça plombait l’atmosphère, saturait son énergie, aussi quand elle pouvait l’éviter… Si peu de mal à donner, tant à recevoir.
La reptilienne revient avec un verre d’eau et la rouge tend la main instantanément avant d’en descendre la moitié. « Merci. » lâche-t-elle pleine d’une gratitude non feinte. Elle commence ensuite à lui expliquer les circonstances de leur découverte de son corps inerte sur leur palier et s’enquérir de ce qu’il a bien pu se passer durant sa soirées. Interrogations faisant sens. « T’inquiètes, j’ai rien à cacher. » Avoir des choses à dissimuler, c’était la première arme que vous pouviez offrir aux autres sur vous. Courber l’échine, se plier aux diktats et aux bonnes mœurs, dissimuler chaque parcelle de sa personnalité, avait été l’une des expériences les plus éprouvantes de son enfance – évidemment, Ilaria ne plaisantait pas avec ça. La discipline de l’Église – celle qu’ils fréquentaient en tout cas - laissait peu de place aux écarts., quels qu’ils soient. Si vous demandiez à l’arcaniste, même l’école militaire lui aurait paru plus douce. « Ecstasy, et j’ai pas arrêté de m’hydrater. Rien qui aurait dû me mettre dans cet état, rien que je ne maîtrise. Soit ça a été coupé avec un truc étrange, auquel cas je suis autant dans le noir que vous sur ce dont il s’agit, soit mon ‘don’ », elle lâche cela sans grande conviction, le faisant presque rimer avec malédiction. C’était loin d’être ce qu’elle pensait de ses facultés, simplement de sa maîtrise de ceux-ci. « a juste complètement pété les plombs au pire moment. C’était sûrement pas très responsable de ma part. » Elle parle doucement, lentement, tentant de maîtriser son souffle et les forces qu’elle dépense alors que sa langue se délie. « J’ai dû m’assommer toute seule. » Un faible rire s’échappe d’entre ses lèvres et lui déclenche une quinte de toux – qui aurait probablement pu faire perler quelques larmes à ses yeux s’ils n’étaient pas aussi secs. Elle reprend une gorgée d'eau. « Je suis vraiment désolée, j’ai dû vous faire une frayeur, et aussi pour m’immiscer chez vous à une heure pareille. Si ça ne vous embête pas, je me casse dès que mes jambes me soutiennent, promis. Sinon vous pouvez me porter jusqu’au perron et me laisser pourrir là-bas, ça fonctionne aussi et c’est au choix. » Elle termine le verre et le pose, vide, sur la surface la plus proche d’elle. Cette mise à jour de l’espace autour d’elle et le rafraîchissement béni apporté par le liquide vital lui permettent de se rendre compte de la présence d’une troisième personne autour d’elle – finalement. Bien sûr, elle s’en souvenait maintenant, elles étaient trois. « Oh, salut. » Son œil glisse sur chacune d’entre elles tour à tour, les connectant peu à peu. Elle ne remarquait pas de particularités physiques similaires particulièrement flagrantes, mais l’exotisme – pour elle – de leurs origines avec lesquelles elle n’était pas bien familière lui suffisait à ne pas se poser de questions qui auraient pu déranger les jeunes femmes. « Trois filles dans la même maison, vous avez du courage. » Mais pourquoi, pourquoi, tant de franchise inutile, toujours ? A peine prononçait-elle ces mots indésirables à chaque fois que l’envie de les ravaler la prenait aussitôt, emprise soudainement d’une vague d’empathie à l’égard de ceux qui pouvaient la trouver irritante – rares étaient ceux à le formuler, malheureusement, cela était souvent pour elle perceptible. Elle décida donc de se taire en attendant le verdict. Si on la foutait à la porte, ce serait probablement mérité.
Elle était comme une personne qui se noie, battant des bras, cherchant quelque chose à quoi se raccrocher pour se sauver. Sa vie était une lutte urgente, désespérée pour justifier sa vie.
Elle s’étonne à peine de la franchise de l’inconnue, la mirant de ses yeux pers, incapable de sentir une quelconque malveillance en elle pour l’heure. Rien ne lui ferait dire que la comédie est bien jouée, se sentant pourtant acculée par la peur de tomber dans un piège mené par Uther, la testant. Mais pourquoi ? Pourquoi ferait-il ça ? La peur se mêle à l’angoisse, à la colère mais elle ne peut la laisser retomber sur celle qui n’est peut-être qu’une innocente jeune fille à la déveine particulièrement lourde. Les années l’ont trop habituées à se méfier d’autrui, la laissant dans une solitude infâme qui la terre parfois dans une mélancolie crasseuse dont elle peine à se dépêtrer certains jours. Ce soir, elle préfère ne pas se laisser noyer dans les eaux noires de ses peurs, grouillant d’une envie de se délester de cette fille qui pourrait être un danger mais à voir le visage de Nejma presque trop penchée vers elle, elle se refuse à briser une amitié naissante ou déjà bien ancrée entre elles. Nejma ne lui pardonnerait pas. Elle cille alors à l’entente du mot « don », tournant vivement ses yeux vers sa sœur de cœur, la vilipendant en silence d’avoir osé s’acoquiner à une fille qui n’est pas humaine. La crainte la percute alors qu’elle souffle « Ton don ? Et c’est quoi ? » Elle se fiche de paraître subitement trop curieuse, ignorant le froncement de sourcils de Nejma à son encontre ou l’agitation nerveuse de Nadja sur son pouf non loin d’elles. Il en va de leur sécurité et le besoin de protéger ses pairs, ses sœurs plus que des amies, la pousserait à foutre dehors cette fille dont elles ne savent finalement rien. Croisant les bras sous sa poitrine, elle tente de garder la tête froide, de ne pas céder à l’émotion vive d’une terreur que lui inspire les CESS dont elle fait malheureusement partie. La Bête pourrait rire d’elle, se moquer de ses peurs terribles qui la hantent, de sa haine envers ce qu’elle est, de ce destin qu’elle aurait pu embrasser autrefois, chassant ceux qui sont comme cette fille échouée sur son canapé. Elle aurait pu être de ceux les étripant pour qu’il ne reste d’eux rien d’autres que des dépouilles. Mais croisant le céruléen, elle se rétracte, se fait percuter par l’humanité qui suinte d’elle, par ce qui semble faire d’elle quelqu’un de normal malgré tout et que la vie ne semble pas davantage épargner que les autres humains. « Tu… T’es sûre que personne ne t’a fait du mal ? » Et par là, elles savent toutes ce qu’elle sous-entend, la drogue du violeur étant toujours comme du sable s’étendant dans les soirées, perlant dans les verres des jeunes filles innocentes faisant confiance ou étant trop absorbées par l’effervescence de la soirée pour ne pas se méfier de ce qui pourrait tomber dans leur verre. « ‘Fin que personne a rien glissé dans ton verre ? » Demande-t-elle sur un ton qui se veut plus doux que sévère, Nejma se faisant plus nerveuse à côté d’elle et peinant à ne pas parler, tentant de lui laisser les commandes de la conversation pour élucider le mystère de cette fille ayant échouée sur leur perron.
La voyant se pencher, Nadja apparait dans son champ de vision et une main discrète s’élève, un sourire timide s’esquissant quand un « Salut… » se dissémine dans le silence entre elles. Un rire lui échappe alors sous la franchise qui semble être celle de leur invitée surprise, acquiesçant doucement « Ouais, c’est pas tous les jours facile mais on s’en sort. On a… l'habitude. » Elle refuse pourtant de trop en dire, les années passées dans la secte les ayant rodées, les colocations forcées ayant fait partie de leur quotidien d’anciennes Élues. « T’as peut-être faim ? J’peux préparer un truc. Parce que j’te préviens, j’te laisse pas repartir d’ici tant que tu tiens pas sur tes deux jambes et que t’es pas certaine d’aller mieux. Ok ? » Et leurs regards s’entremêlent un instant, lui promettant alors de ne pas la laisser croupir dans la nuit d’encre qui se fait reine au-dehors. Soudainement, elle préfère tout de même s’assurer de quelque chose, fixant la fille un bref instant avant d’entrouvrir les lèvres « Les filles, vous voulez bien aller nous préparer quelques trucs ? » Et Nejma comprend, la fixant, troublée, s’élevant pour passer tout près d’elle, murmurant un « Ne lui fais pas de mal. » comme si elle n’était qu’un monstre capable de disséminer la misère autour d’elle. Les molaires se resserrent, s’interdisant de prendre trop mal ces quelques mots qui n’ont pourtant rien d’anodin. Elle sait. Elle sait qu’elle n’est pas faite de douceur, que la brutalité a toujours été en elle, que la franchise est aussi acérée que celle de la jeune fille assise devant elle et vers laquelle elle se dirige de ses pas légers, ses talons claquant sur le parquet usé. La nimbant de son ombre, elle la fixe un instant, peinant à trouver les mots, se refusant à trop la secouer, elle qui semble toujours si pâle, le hâle blême, les yeux esquintés par ses pupilles étalées en corolle dans son iris. « Ecoute, j’vais être franche et cash. » Silence hurle un instant. « Est-ce que quelqu’un t’envoie ? » Tombant comme un couperet vivace dans l’air, le sérieux ayant repris ses droits sur se ses traits, et elle est certaine que Nadja comme Nejma écoute à la porte mais elle décide de ne pas s’en préoccuper, préférant mirer les yeux éclatés à la défonce, soupirant son inquiétude alors qu’un rire nerveux lui échappe, frottant deux doigts contre une tempe douloureuse. « Excuse moi mais je… J’ai besoin de savoir. Et y’a peu de chance qu’on t’envoie, ce serait totalement débile mais… j’ai b’soin de savoir. Et vu que t’as l’air assez honnête, j’pense que tu me le diras. »
by delirium
Odelia di Stasio
When witches don't fight, we burn
AB UNO DICE OMNES
En un mot : some ghost
Qui es-tu ? : Φ sorcière rouge de 29 ans, constamment en recherche de sensations fortes.
Φ offre son énergie à l'Arch, association ayant pour but d'accompagner les CESS dans leur intégration dans la ville. La fondatrice et chamane Yelena Tehrt, est son mentor.
Φ bien qu'elle l'ignore, fût élevée par des purificateurs. Ceux-ci ont tout fait pour dissimuler la vraie nature de sa magie. Bien que tentant désormais de combler les années perdues, sa maîtrise des arcanes reste instable.
Φ professeure de danse classique, anciennement en tournée avec une compagnie de ballet.
Φ installée à shreveport depuis 2013. habite actuellement mooringsport, à la frontière du triangle de foi.
Facultés : MANIPULATION DES ENERGIES VITALES
Φ Manipulation des émotions. Injection, détection, effacement, remplacement des émotions. maîtrisé
Φ Utilisation des émotions dans sa magie. plutôt bien maîtrisé
Φ Manipulation des auras. Modification, dissimulation de parties d'auras. très peu maîtrisé
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Φ Lecture d'auras. Emotion, race, inclinaison, forme d'un thérianthrope.
Φ Capable de sentir les esprits mais mal à l'aise avec tout ce qui y a trait.
Si Odelia fait de son mieux pour ne plus cacher sa nature, son identité, elle est loin d’avoir perdu conscience de ce que son évocation peut déclencher. La réaction des gens devenait la raison pour laquelle il lui fallait se remémorer de ne pas se laisser dompter par la crainte, quand il serait simplement plus simple de nier cette partie de son être. Après plus d’une décennie à le faire, pourtant, après le joug des parents-persécuteurs tentant de noyer cette part d’elle-même, elle s’y refusait désormais, mettait un point d’honneur à ne plus tapisser la vérité. « Manipulation des énergies vitales. Principalement, des émotions. » Elle voit bien dans les yeux de celle qui la recueille que ce n’était pas une information espérée. Ça ne fait plus mal. Elle ne cherche pas à retenir ceux qui ne sont pas prêts à l’accepter. « Sûre? Non. » La métamorphe s’inquiète toujours pour elle, visiblement, malgré la différence qui l’effraie. Toujours est-il que si elle ne peut en être certaine – personne ne peut offrir à son verre une constante vigilance, ou même savoir avec précision la nature des produits sciemment ingérés -, elle n’en est pas vraiment inquiète : si elle serait assurément mieux entre ses draps – principalement parce qu’elle ne représenterait plus un poids pour qui que ce soit -, elle ne se sentait pas en danger immédiat.
« Euh, non merci, vraiment. », répond la fêtarde quand on lui propose un en-cas. On n’accepte pas vraiment sa réponse, ça s’affaire, et alors que Nejma se retire de la pièce, l’arcaniste suivant des yeux son repère qui s’égare à nouveau, elle ne peut s’empêcher de grommeler : « J’pourrai rien avaler. ». C’était vrai. La MD vous coupait toute faim, endormant votre estomac. Elle comprend néanmoins assez vite, bien qu’avec une lenteur excusée par son état, qu’il ne s’agit là que d’un prétexte pour celle dont elle ne connaît toujours pas le nom de l’interroger. D’instinct, elle ne peut s’empêcher d’être un peu sur la défensive, même en sachant qu’elle pourrait outrecuider les règles d’hospitalité. « T’as vu la tête de mes pupilles ? » Elle n’a pas besoin de vérifier son reflet pour savoir que ses pupilles dilatées laissent grand place au bleu de ses yeux. Qui serait assez fou pour entrer en mission d’espionnage drogué à balle ? Elle prend sur elle, pouvant deviner sans même avoir à recourir à son don complètement vidé que la jeune femme ressent le besoin vital d’assurer ses arrières, angoisse à propos de tout ou une part de son identité. Si elle pensait pouvoir la rassurer en faisant part de sa propre différence, elle imagine que cette crainte ne naît pas d’une simple appréhension du regard des gens face à sa nature, comme elle a pu en voir tant passer à l’association et comme la discrétion de Nejma aurait pu le suggérer. Elle regroupe donc ses forces afin de se résumer, espérant qu’une présentation plus élaborée saura l’apaiser. « Je suis sur Shreveport depuis… huit ans maintenant, je suis prof de danse et je fais partie de l’Arch, je bosse avec Yelena Tehrt. C’est une association qui a pour but de protéger et d’aider à l’intégration des CESS. En rapport à cela je lis aussi les auras, je peux discerner de façon très approximative la forme qu’un métamorphe peut prendre par exemple. Personne ne m’envoie. Je n’avais aucune idée de ce que tu étais avant aujourd’hui, ce qui veut dire que Nejma me l’a caché, ce qui j’imagine signifie que vous essayez de le cacher. Je savais même pas que j’avais atterri à votre porte. » Sa bouche est sèche à nouveau, l'hydratation apportée plus tôt se manifestant être de courte durée. Elle sent que ses pensées perdent de leur cohésion. Le produit est encore dans son sang, fait encore vriller ses connexions neuronales, et elle s’épate de faire preuve d’encore tant de sang-froid et de bon sens. « Si je le souhaitais, je pourrais te faire me faire confiance. Si j’en avais la force, ce qui n’est absolument pas le cas. Et j’aurai rien à en tirer. T’as rien à craindre de moi, je passe mon temps à aider les gens comme toi, pas à les piéger. » Elle cale sa tête soudainement incroyablement lourde sur le canapé, s’étant drainée du reste de ses facultés mentales péniblement récoltées. « Et si je peux un jour le faire… hésite pas. » Elle lutte contre le coton de son cerveau, contre ses neurones qui cherchent à s’échapper vers des dimensions éthérées, contre ses poumons qui étouffent face à l’interrogatoire en pareil instant. « J’vais… Pas tarder. Il faut vraiment que je dorme. Ou ça va devenir très moche. » Ce n’est pas une menace, plus une moquerie envers elle-même. Le produit s’évapore et le corps se met à se tendre. Si elle avait tenté d’éviter le pire en s’endormant sous ce porche, elle se trouvait maintenant éveillée depuis un moment, privant son enveloppe de la régénération nécessaire après l’ingurgitation d’un stupéfiant.
Elle était comme une personne qui se noie, battant des bras, cherchant quelque chose à quoi se raccrocher pour se sauver. Sa vie était une lutte urgente, désespérée pour justifier sa vie.
La méfiance couvre le visage de la maudite infernale, troublée par le regard dont les azurs laissent baigner les iris noirâtres à peine perceptibles dans ce grand flot bleu. La paranoïa ne cessera sûrement jamais de la molester de l'intérieur, enfant trahie par ses propres parents, cette sensation pesante et persistante d'être traquée ne la quittant jamais vraiment. Ca hante ses rêves et ses cauchemars, les nuits peu calmes où elle s'éveille brutalement, sans comprendre où elle peut bien être, parfois certaine d'être de retour dans le caveau qu'était sa chambre-prison qui la détenait comme un précieux bijou qu'il fallait polir encore et encore pour être parfaite le jour de sa mort. Nejma et Nadja s'évadent quelques instants vers la cuisine, leurs murmures ricochant jusqu'à elle, sans qu'elle n'en comprenne réellement le sens, certaine pourtant qu'elles s'agitent, se questionnent et s'inquiètent. Elle cille aux mots qui surviennent, écoutant le récit d'une vie sûrement plus mystérieuse qu'elle ne le laisse paraître mais la fille Sayegh ne s'aventurera à poser davantage de questions. Sa tête se détourne à peine vers l'entrée de la cuisine, incertaine quant à ce qu'entendent ou non ses sœurs de cœur et de galères, serrant à peine les dents, inquiète de savoir une pro-CESS sous son propre toit. Ici demeure un cocon dans lequel elle a fait son nid, où elle peut se reposer du temps qui passe mais n'entrave en rien la malédiction et ses tracas quotidiens. Elle n'oserait lui avouer qu'alors, si elle n'était pas de la pire lie qu'est pu créer les dieux, elle ce serait battue contre ceux de sa propre espèce. Certainement qu'Odelia ne le comprendrait pas, ne le saisirait pas. Les sourcils se froncent à peine, l'angoisse montant d'un cran. "Donc… tu sais c'que j'suis ?" La question est idiote mais elle veut en être certaine, laissant ses yeux voguer sur la silhouette malingre de la jeune femme assise sur son canapé, prête à céder à un lourd sommeil. "Qu'est-ce que tu vois de moi ?" ose-t-elle demander, comme pour s'assurer que rien n'est un mensonge, que tout est réel et bien réel.
Les bras se croisent sous sa poitrine, tentant de faire fuir cette vieille anxiété qui ne la quitte jamais vraiment, ses ongles manquant de mordre ses coudes comme pour catalyser un peu de cette peur qui la noie sans cesse. L'Enfer la guette, sans cesse, errant dans son esprit comme des démons rieurs pour lui murmurer qu'elle ne s'en sortira jamais, qu'aucune aide ne pourrait lui être offerte. Sa rencontre avec Eoghan Underwood ne saurait lui assurer que les choses iront mieux, jusqu'à cette nuit promise à ses côtés. Quelle ironie de savoir qu'on l'a envoyé jusqu'à lui pour lui entrouvrir ses cuisses et laisser s'extirper de ses lèvres ses plus sombres secrets mais que la seule nuit qu'elle lui offre sera pour lui dévoiler une partie de son secret, de sa plus ignoble honte. Elle pourrait en sourire mais l'esprit s'évade et revient vers ce présent étrange, la mystique devant elle lui donnant la sensation d'être sur un fil, d'être prête à vaciller vers quelque chose qu'elle ne saurait contrôler. "Tu sais ce qu'est Nejma aussi alors ?" Les mots qui suivent manquent de la faire rire nerveusement, esquissant l'ombre d'un sourire sans joie "Tu ne peux rien pour moi, Odelia. Crois moi, je suis juste un cas désespéré." Cette résignation demeure une façade qu'elle affiche pour ne pas avoir à avouer ses terreurs diurnes et nocturnes à celle qui demeure une inconnue, qu'elle connaisse son nom ou pas. Les dernières paroles la font se raidir, ses bras retombant le long de son corps élancé. "Reste ici." ordonné, habitude persistante d'être écoutée, domination constante sur autrui pour ne pas avoir à être écrasée. L'être se détourne, passant devant la cuisine, jetant un "Laissez tomber la bouffe. Elle a besoin de repos." avant de s'égarer vers la chambre, oscillant devant son placard, hésitante puis elle se détourne et revient vers la jeune femme dont la transe semble doucement s'effacer pour laisser place au trip le plus mauvais. Sa main se tend alors vers la sienne, l'aidant à s'élever "Tu vas prendre mon lit. J'peux pas te ramener maintenant, on risque pas de faire les meilleures rencontres à cette heure-là et j'préfère surveiller ton état." Lentement, dans une douceur presque maternelle jurant avec la dureté de son timbre, elle l'entraîne jusqu'à la chambre, couverture d'un vert sombre couvrant des draps beiges, rappelant ce sable qu'elle ne foulera plus jamais, ayant troqué son désert contre la boue du bayou et le béton gris de Shreveport. Laissant le corps s'alanguir, elle lui entrouvre la couette pour qu'elle s'y glisse, la main se déposant alors en délicate attention sur son front pâle. "Si t'as besoin de quoi que ce soit, tu m'le dis. On s'parlera demain." Et elle se recule, la main glissant hors du visage de celle que la came a empoisonnée. Quelques instants, elle la fixe dans la nuit sombre, lueurs artificielles des lampadaires au-dehors illuminant rien qu'un peu la pièce de cette aura étrange. Saisissant le fauteuil posé dans un coin de la petite chambre, elle le glisse silencieusement jusqu'au chevet d'Odelia pour s'y déposer, refusant de quitter des yeux celle qui semble craindre un danger potentiel. La nuit sera longue ou courte, elle n'en sait rien mais l'aube amènera avec elle d'autres réponses et d'autres questions qui la taraudent toujours.
Es-tu une aide que les dieux m'envoient ? Es-tu l'ange aux ailes rétractées que j'attendais tant ? Es-tu celle qui pourrait me sauver de la condamnation dans laquelle on m'a baigné ? J'ai perdu tout l'espoir qui brillait en moi. Je suis une étoile faiblarde. Un ectoplasme de rien. Mais ce soir, en moi, la lueur tremble un peu. J'espère. Je crois. Je prie.
by delirium
Odelia di Stasio
When witches don't fight, we burn
AB UNO DICE OMNES
En un mot : some ghost
Qui es-tu ? : Φ sorcière rouge de 29 ans, constamment en recherche de sensations fortes.
Φ offre son énergie à l'Arch, association ayant pour but d'accompagner les CESS dans leur intégration dans la ville. La fondatrice et chamane Yelena Tehrt, est son mentor.
Φ bien qu'elle l'ignore, fût élevée par des purificateurs. Ceux-ci ont tout fait pour dissimuler la vraie nature de sa magie. Bien que tentant désormais de combler les années perdues, sa maîtrise des arcanes reste instable.
Φ professeure de danse classique, anciennement en tournée avec une compagnie de ballet.
Φ installée à shreveport depuis 2013. habite actuellement mooringsport, à la frontière du triangle de foi.
Facultés : MANIPULATION DES ENERGIES VITALES
Φ Manipulation des émotions. Injection, détection, effacement, remplacement des émotions. maîtrisé
Φ Utilisation des émotions dans sa magie. plutôt bien maîtrisé
Φ Manipulation des auras. Modification, dissimulation de parties d'auras. très peu maîtrisé
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Φ Lecture d'auras. Emotion, race, inclinaison, forme d'un thérianthrope.
Φ Capable de sentir les esprits mais mal à l'aise avec tout ce qui y a trait.
astaad sayegh & her sisters' appartment 24 mai 2021
L’italienne observe les réactions de la jeune femme, mot après mot, tentant de se reposer sur la seule analyse physique tandis que ses forces s’amenuisent. L’inquiétude, la méfiance, viennent toujours tordre les plis de sa peau, sans pourtant qu’elle ne se résolve à la jeter dehors. La raison de cette obstination, Odelia ne la devinait pas. Elle n’était ni en pleine possession de son esprit, ni de ses moyens. La rouge savait qu’elle aurait les réponses en temps voulu, si elle le souhaitait – souhait sur lequel elle ne parvenait pas même à statuer en cet instant. Le seul qui demeurait : le sommeil ; son contraire qu’elle isolait : la faim, quand l’idée de la bouffe à venir lui foutait toujours la nausée. Son hôte semble finalement le comprendre, ou accepte simplement de mettre fin à la mascarade visant à couvrir son interrogatoire. Devrait-elle s’inquiéter d’être captive en ces lieux ? C’était plus fort qu’elle : la proximité de métamorphes avait sur elle l’effet inverse, la mettait en confiance, l’assurait qu’elle saurait gérer la situation. Présomptueux peut-être - si elle en avait conscience, elle demeurait pourtant tout autant persuadée que cette attitude l’avait aidée maintes fois à désamorcer situations et discussions. Elle ne tenait pas vraiment à rester ici : la pensée de son lit était d’une douceur inouïe, et se réveiller chez soi serait d’une valeur bien supérieure à l’effort que le retour lui demanderait probablement en cet instant. Rester ici pour la nuit, c’était à mi-chemin entre le sacrifice et l’abdication : elle estimait le devoir à Nejma, et le ton autoritaire de sa sœur présageait en cas de refus un potentiel débat qu’elle était certaine de ne pas vouloir à cette heure-là. Elle se demanda si le débat pour le canapé, au moins, valait la peine d’être vécu. La fatigue qui l’emportait la fit taire à nouveau. Alors elle rendait les armes, alors elle se laissait accompagner par sa sauveteuse, la soutenant avec une douceur qu’on ne lui soupçonnerait pas. Là, on la borde, et cette attention qui la ramène à une enfance bien trop éloignée la fait vriller un instant. Elle ferme les yeux très fort et inspire jusqu’à ce que la panique s’évapore. Au milieu du chaos, elle touche l’espoir de l’enfant du désert, et cet espoir la rend triste. Et si, après tout, elle n’était rien d’autre qu’un imposteur ? Si elle lui vendait un rêve qu’elle n’était pas certaine de pouvoir lui livrer ? Ses iris s’ouvrent et malgré la pénombre, savent où se poser. « Nejma est une Eveillée. Mais… pas comme moi. » Elle use ses dernières forces pour faire apparaître à nouveau les filets de couleur. « Ta bête est un serpent. Du venin. » Ces tâches rouges/orangées qu’elle retrouvait. « Ta flamme, ton essence… est complètement paralysée, entravée par la peur. Dissociée… divisée. T’es pas un cas désespéré. » Elle ramène à elle ses jambes, prenant une position fœtale réconfortante. « Bonne nuit. Merci. » Ses paupières s’abaissent une ultime fois, et Lia se raccroche au sentiment doucereux d’un espoir apaisé pour voguer vers les terres de Morphée.
***
La sueur glace le corps secoué de soubresauts qu’elle tente d’apaiser toutes les quelques heures. Elle sait ce qu’elle vit, mais la silhouette sur le fauteuil, bien qu’immobile, bien que probablement assoupie, la convainc à chaque fois de retourner faire de même : reprendre des forces, retrouver autant de ‘normalité’ que possible avant le nouveau face à face. Jusqu’à ce que ce ne soit plus possible. Jusqu’à ce que ce qu’il reste du produit tende ses nerfs et l’emplisse de cette énergie souillée, factice. Les pupilles rencontrant les rayons de soleil ne sauraient elles non plus lui mentir : la mydriase les affecte à chaque fois qu’elle les élève vers la lumière, cette dernière terminant d’activer les neurones déjà en surmenage. Elle tourne la tête vers celle qui l’a recueillie et observe ce faciès finalement paisible à la lueur du jour et de sa sobriété – discutable. Tout de suite, la culpabilité l’envahit, la honte un peu aussi. Elle fait glisser la couverture sur sa peau et s’extirpe le plus discrètement possible du matelas dérobé. Sa préparation mentale ne suffit pas à prévenir l’entrelacs tourbillonnant de lumière qu’elle accuserait de sifflement visuel – sa main s’accroche au mobilier afin d’éviter la chute, et sa panique monte alors qu’elle s’assure de ne pas avoir réveillé Astaad. Astaad. Elle s’en souvient à présent, arraché à des bribes de discussion du passé, auquel la concernée n’a pas participé. L’appartement semble encore assoupi, pas un bruit ne perce, et après un rapide état des lieux au travers du miroir du hall d’entrée – dérider tant que faire se peut ce visage gonflé par les excès -, elle prend la fuite vers la supérette la plus proche où elle espère trouver de quoi étouffer sa culpabilité : une préparation pour pancakes, du sirop d’érable, et des fruits frais pour huit, au moins. La question du bacon avait été soulevée avant d’être remisée au rang de ‘bancale’. Elle passa par les caisses automatiques – bénie soit la technologie, et s’en retourna à l’appartement.