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Soirée cocktail au Paradise [Yago, Zach, Anaïs, Astaad][Fil de RP]

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Soirée cocktail au Paradise [Yago, Zach, Anaïs, Astaad][Fil de RP] YXpWPvj
En un mot : An eye for an eye leaves the whole world blind
Thème : Witchcraft - Akira Yamaoka
WITHER AND DIE

Soirée cocktail au Paradise [Yago, Zach, Anaïs, Astaad][Fil de RP] I2XukXq
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Date d'inscription : 27/03/2017
Mar 4 Mai - 17:56 (#)

Soirée cocktail au Paradise
Ashes, Ashes. We all fall down.


L’enseigne s’allume tandis que le soleil tombe dans le ciel. « Paradise », en voilà un nom tout indiqué pour ce restaurant-hôtel non loin du centre-ville de la ville aux ponts. Tout y est feutré, mesuré, afin de satisfaire le client d’une nuit ou de longue date. Un bâtiment solide, qui s’élève sous la voûte azurée du crépuscule.

Locaux comme touristes se mélangent dans les allées du restaurant, qui propose un menu plus qu’acceptable. Cette soirée, comme bien d’autres, commence bien. Le premier service s’engage, remplissant les assiettes et les verres. Dans les hauteurs de la tour, les aller et venues sont nombreuses, comme ce businessman venu juste pour une nuit, qui appelle les services d’une call-girl, pour ne pas se retrouver seul, oubliant un instant sa femme laissée dans le Delaware.

A l’abri des regards, pourtant, dans les sous-sol du bâtiment, Sanchez tourne de la tête. Son sommeil l’a abandonné depuis des semaines. Il n’a pas les moyens de se payer l’aide à laquelle il souhaiterait se soumettre, se contentant d’augmenter sa consommation de drogue douce, fuyant la réalité toujours plus difficile de ce nouveau monde.

Sanchez, comme bien d’autres enfants, a grandi dans les rues sans connaître son père ; et quelle serait sa surprise en découvrant sa parenté. Ce soir, tandis que sa migraine s’intensifie, il ne pense pas à son géniteur, il pense à partir, tout lâcher pour tenter de trouver le sommeil fuyant.

Appuyé sur le mur, il ne réalise pas qu’il s’agit du monte-charge, qui se fait appeler dans les étages. Trop fatigué, trop drogué, il ne réalise pas tout de suite qu’il chute, dans une spirale sans fin. Son esprit éteint disparaît tandis que roulent ses yeux dans leurs orbites. Lorsque le corps touche le sol, tête la première, le sang et les viscères recouvrent le sol, dont les lézardes noires se gorgent.




Le lobby de cet hôtel aux allures de film d’horreur des années 70 est vide; si l’on tend l’oreille, on peut presque entendre les cris de ses habitants qui se fanent dans les airs. Le valet, pourtant, reste droit comme un i sur sa chaise, le regard rivé sur la porte de l’entrée. Samuel déteste son job. Vêtu d’un accoutrement des plus ridicules, il est payé à porter les valises de clients trop fainéants pour le faire eux-mêmes. S’accrochant aux maigres pourboires qu’il reçoit lors de soirées chanceuses, il espère réunir assez d’économies pour pousser la porte du bureau de son manager, lui envoyer son majeur en pleine face, ainsi que son uniforme, et tourner les talons. Perdu dans ces pensées alléchantes, il ne voit pas le nouveau client accoudé au comptoir jusqu’à ce que celui-ci ne sonne la petite sonnette.

Il n’a cependant pas le temps de le saluer. Un cri le fait se lever rapidement. Les étoiles qui dansent devant ses yeux suite à ce mouvement brusque lui font fermer les yeux quelques secondes, pour reprendre ses esprits. Quand il les rouvre, la porte d’entrée a disparu. Ses sourcils se froncent. Il tourne la tête. Plus de fenêtres. Samuel passe une main sur son visage, se donne une claque, dans l’espoir de se réveiller. Rien à faire. Il est dans le noir complet. Déjà, son cœur commence à s’emballer. Il traverse le lobby, tape contre les murs. Ce n’est que quand l’un d’entre eux sort de ses gonds dans un grincement assourdissant que le premier cri s’échappe de sa gorge. Le lobby est immense. Plus pour longtemps.

Le pauvre garçon se retourne. La porte donnant sur les escaliers menant aux chambres n’est plus. Il fait demi-tour, encore une fois. Le mur face à lui est bien plus proche que quelques secondes auparavant. C’est alors que Samuel comprend ce qui est en train de se dérouler sous ses yeux. Comme dans un film d’action de second plan aux effets spéciaux lamentablement exécutés, les murs sont en train de se refermer sur le hall d’entrée. Le cri qui s’échappe de Samuel résonne dans la pièce, rebondit contre les murs, et s’épanouit dans l’air.



Hanaé et Naoki, jeune couple japonais en lune de miel. Il tire la chaise pour son épouse, la parant de compliments. Ils sont tellement amoureux. Le serveur emplit les flûtes d’un liquide soyeux, pétillant sur la langue. Le mari a spécialement commandé un menu gastronomique de Louisiane, ils aiment connaître la nourriture locale. La musique est douce, à peine perceptible, les pas des employés sont feutrés, absorbés par l’épaisse moquette.

Horace, notre homme d'affaires ne souhaite pas faire un grand repas, il veut remplir son estomac d’un hamburger bien gras, accompagné de frites dégoulinantes d’huile.

Le vieux Edward regarde sa sixième épouse, Rosa, de 40 ans sa cadette. Il a intérêt à assurer ce soir sinon, elle le quitte. La salope, pense-t-il, en avalant sa troisième pilule de Viagra.

Un cri transperce l’univers velouté du restaurant. Hanaé n’a plus de lèvres, son visage est ravagé, le sang ruisselle de ses nombreuses blessures, elle vient de se faire dévorer par une horde de langoustines. Naoki est, lui, maintenu sur son siège par des morceaux de poulpes grillés. Les moules marinières quittent l’assiette du japonais se repaissant du jeune homme.

Rosa admire l’immense diamant qui orne son annulaire, se demandant si c’est un vrai. Le vieillard garde un œil attentif sur elle pourtant lorsqu’elle tourne son regard sur lui, elle a l’impression que son épiderme parcheminé s’étiole lentement, semblable à des grains de sable portés par le vent. Edward disparaît sous ses yeux, laissant derrière lui, qu’un squelette aux os nacrés. Un plateau en argent est déposé devant elle, la tête d’Edward trônant au milieu, du persil sortant par les oreilles et une pomme serrée entre les dents. Le maître d’hôtel découpe soigneusement quelques lambeaux qu’il dépose délicatement sur l’assiette devant elle.




Horace, retourné dans sa chambre, attend que l’on toque à la porte. Quand cela se fait, il est persuadé qu’il s’agit de son escorte de la soirée. Lorsqu’il ouvre la porte cependant, le couloir semble désert. Un pas en dehors de sa chambre, pour vérifier. Personne. Pestant de la mauvaise, il se retourne, et passe à nouveau l’encadrement de porte. Il se frotte les yeux, ne comprenant pas comme il peut toujours se trouver dans le couloir. La fatigue, probablement. Une nouvelle fois, il essaye, puis une troisième fois, une quatrième. Au bord de la crise d’angoisse, il prend son visage dans le creux de ses mains et tente de s’agenouiller. Il trébuche, les talons et la jupe courte qu’il porte ne sont pas les plus appropriés pour ce genre de mouvement quand l’habitude n’est pas présente. Tombé au sol, il pousse un cri en voyant les bas résilles, le haut léopard.

Lorsqu’il relève les yeux, l’ombre de la chambre tend vers lui une main opaque, étrange, qui le saisit par la cheville. Il tente d’accrocher la moquette au sol de ses faux ongles qui cassent comme une brindille de paille quand il se fait tirer à l’intérieur de sa chambre, les cris disparaissant quand claque le bois de la chambre 8041.

Partout sur l’étage, les cauchemars prennent forment, happant les plus faibles esprits sans concession. Les araignées, rats et autres nuisibles se baladent en horde sombres et ignobles. Les couloirs se tordent, abandonnent toute conception réelle. Plusieurs se retrouvent sans culottes. On tambourine sur les fenêtres, cherchant une sortie à l’Enfer qui se déchaîne, sans succès, sans espoir. La Mort même ne semble pas porter son regard sur le Paradise, qui se tord et souffre dans les affres de la nuit.




Partout, les cauchemars prennent forment, tandis que les stries noires boivent le sang de Sanchez. Au réveil, personne ne se souviendra de rien, et en réponse à la frappe de son ennemi au soir de la Samain, le Dévoreur de Cauchemar sera pour un temps repu des terreurs de la nuit.

Grand mal vous à pris de réserver votre repas et/ou votre nuit dans cet hôtel au nom surfait.
Pour les bénis qui s’éveilleront, vous serez livré aux mains du Destin. Sera-t-il assez clément pour vous effacer la mémoire, dont ne subsistera de cette nuit qu’un sentiment de malaise à l’évocation du nom de cet hôtel, un malaise tout aussi palpable au moment de vous coucher. Votre esprit aurait-il compris, finalement, que les monstres que vous voyez dans les journaux et à la télévision ne sont pas les seuls qui existent ? Qu’un mal bien plus insidieux se cache sous les lits et dans les placards ?  Peut-être aurez-vous moins de chance, assaillis des flash de cette nuit torturée, aux évocations d’un Enfer qui grouille sous le bitume des rues, tourbillon infernal de pensées sauvages. Encore, peut-être, serez-vous les damnés, réveillés à l’aube, tremblants, noyés dans votre sueur et chaque instant craignant de fermer les paupières, de revoir ces abominations.

Attention à vous, ne pas réussir à survivre aux frayeurs de l’obscurité jusqu’à ce que pointe l’aube vous vaudra de vous perdre à jamais dans les songes du Prince des Ténèbres en personne.


“Une nuit de folie que vous n’êtes pas prêts d’oublier, bienvenue au Paradise”.

Spoiler:
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Anonymous
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Mer 5 Mai - 6:42 (#)

SOIRÉE COCKTAIL AU PARADISE
Well, clean up the dirt, there's just more dirt to clean up tomorrow. The world keeps growing and feeding. Doesn't feed you, does it? Lying on your bed looking at the ceiling, waiting for something to happen. Feeling it, wanting it. How much can you take, before you snap ?
La nuit perpétuelle avait tapissé toutes les dimensions de sa cervelle. Plus de perspectives, plus de motivation à rien. Plus d'humour, plus de gaieté. Même plus vraiment l'envie de grogner contre les petites contrariétés. Le seul feu qui le faisait tenir debout, c'était la haine. Un lit de braises profondément enfoui, qui le maintenait brûlant et mu par la fièvre d'une revanche tardive, chaque fois que ses yeux s'ouvraient sur un monde qu'il ne pouvait plus voir qu'en ruines, étalage nauséeux de teintes fadasses. Les représailles se faisaient attendre. Au nom de quoi ? Il n'aurait su le dire.
Des mois de cela, beaucoup trop de mois, après la descente en flammes de tout ce qu'il avait cru acquis, ou à portée de ses mains caleuses, aujourd'hui toujours tremblantes du vide laissé par toutes ces gorges qu'il aimerait serrer jusqu'à l'extinction du souffle qui s'y loge. La tension permanente de son corps appelant à tuer. A détruire, à venger. Et tantôt, improbable, le calme factice, le repos du monstre fatigué de tourner dans sa cage. Attendre. Une justice qui ne viendrait pas. Une vengeance qui n'avait pas sa place. Parce que tout était étouffé, toujours, tout était maquillé en surface pour camoufler les dégâts, et des milliers d'âmes comme autant de murs lézardés se pressaient dans cette ville de merde en direction d'un oubli piteusement salvateur.
Lui n'oublierait pas.

Aujourd'hui, un an après, on pouvait faire le choix de vivre comme si tout allait mieux. Comme si tout pouvait enfin recommencer à rouler bien tranquillement comme ç'avait toujours été le cas. On se relevait toujours, finalement, de ces sinistres qui finissaient bien par disparaître à coup de pelles et de béton, à coups de pansements et de pilules. Les gens n'en parlaient plus. Ils allaient bosser, bouffer, baiser, faire la bringue, vivre, parce qu'il ne fallait pas rester là sur le bas-côté pendant que le monde continuait de tourner, parce que personne ne vous remettrait en selle et parce que de toute façon, qu'est-ce qu'on peut bien faire d'autre ?
Les yeux ouverts sur ses insomnies, il avait pléthore d'autres ambitions, que la raison lui refusait toutes. Et quand il se tournait sur le corps amaigri qui gisait près de lui comme le fantôme d'une autre vie, toute cette saloperie se serrait en lui pour lui filer des rêves et des cauchemars où le rouge se mêle au rouge, l'absence au dégoût, la terreur aux remords, la fureur à l'impuissance, le désir et l'amour à leurs pendants mortifères.
Il rêvait d'incendies, pour chasser les ténèbres.

* * *

That fucking time of the year.

C'était venu après mûre réflexion, il n'avait pas voulu céder immédiatement à la lubie pressante de coller un flingue dans les mains de la gosse, mais il avait fini par le faire tout de même. Il fallait qu'elle sache. Quelque part, elle savait déjà : pour avoir envie d'apprendre à se servir de ces outils de mort, à lui il n'avait pas fallu le quart des traumatismes qu'ils accumulaient tous les deux désormais. Alors sur le coup, il n'avait pas compris sa réaction. Il n'avait pas su entendre qu'elle ne voyait pas les choses de la même façon que lui. Que ce n'était pas aussi simple.
Lui qui avait si vite pris sur lui de tolérer qu'elle pratique son don - qu'il exécrait pourtant, sans jamais rien en dire - parce qu'elle n'y pouvait rien et qu'il fallait bien qu'elle sache se contenir ; pourquoi n'était-elle pas capable de simplement soupeser la crosse contre sa paume ? C'était pourtant si facile… Née de l'esprit humain, l'arme à feu était à la portée de n'importe qui, on savait jusqu'où elle allait, quelle était sa promesse. Rien de sorcier là-dedans. Fiable. Honnête. Egalitaire.

Un jour comme un autre, fait de gris, de tensions, de contrastes auxquels il se heurtait comme un taureau contre les barreaux du block avant un rodéo qui ne vient jamais. Il avait cru s'en faire une petite porte de sortie, quelque chose qui lui donne une voie à suivre, un rien de motivation divergeant un peu des tisons qui l'alimentaient. Il pensait pouvoir respirer un peu mieux, une fois qu'elle saurait manier la mort comme lui, au moins un peu.
Elle n'en voulait pas. Et il ne comprenait pas. Il ne comprendrait probablement jamais, et il n'avait plus la force d'accepter simplement ce qui lui commandait de regarder vers l'avant, sans se retourner. Faire confiance ? Pourquoi ? Comment ? Bien sûr qu'il lui faisait confiance, à elle - il mentait, parce que jamais plus il ne ferait confiance à ce qu'il y avait en elle et dont elle n'était pas responsable. Au fond, il n'avait jamais pu.
Il s'était menti, à lui-même, également. Et il n'en pouvait plus.

Il n'en pouvait plus de faire patte de velours et toutes ses ressources étaient entièrement mobilisées dans la comédie du quotidien dont il enrobait celle que sa folie avait brisée. La poupée pansait encore des fêlures que la ligne argentée barrant ses traits opalins ne pouvait qu'à peine esquisser, et il s'était fait le cocon de sa restauration, dont on ne voyait pas le bout. Peu importe, pour elle il aurait attendu jusqu'à n'avoir plus rien d'humain à puiser nulle part. Par culpabilité, par amour fou, par la force du déni. Et il essayait, pour la gamine. Il faisait tout ce qu'il pouvait, même s'il ne comprenait rien et se sentait souvent plus con qu'il n'était. Il voyait bien que ça ne suffisait pas, et pour une fois, il aurait voulu qu'elle aille dans son sens et qu'elle voie le monde à travers son regard de verre éclaté et de suie tenace. Elle n'en voulait pas.

Alors voilà, même s'il n'était qu'une idée, le flingue s'était interposé entre eux deux. Ils s'étaient vigoureusement engueulés, et pendant plusieurs heures en étaient restés là. Il avait remballé ses idées à la con, ses noirceurs, son opinion dégueulasse sur le monde de maintenant qu'il ne s'amuserait même pas à déballer en détails au risque de se retrouver définitivement tout seul comme le dernier des trous du cul qu'il n'encadrait plus, et il était sorti prendre la moiteur gluante de l'air à peine respirable d'un quartier à l'agonie.

It's that fucking time of the year again.

* * *

Des excuses, une tentative d'explication, et une proposition d'aller noyer tout ça dans l'exceptionnelle diversion d'une sortie en ville plus tard, les voilà déambulant dans Downtown alors que le soleil disparaît lentement sous la ligne d'horizon, masqué depuis longtemps déjà par le paravent d'aiguilles inégales disposé par la forêt urbaine. Le spectacle est absurde : on se croit transporté dans le temps. Les stigmates, on ne les voit plus, les fêlures, il faut être attentif pour les deviner dans les regards qui se perdent dans le vide, dans les sourires qui s'émoussent sitôt les conversations closes, et le garou s'accroche à son sentiment de voir à travers le filtre exhibé par ceux qui font semblant de rien depuis bien plus longtemps que lui. Pour s'en imprégner. Pour imiter leur jeu. Pour essayer de s'en foutre, quelques heures durant.

Dans ses poches il n'y a pas une abondance folle de billets verts, mais il a décidé que c'était trop rare, un instant comme celui-là, pour ne pas se débarrasser de ses responsabilités. Ils marchent, ils contemplent, ils commentent, elle sourit même et il ne lui en veut pas parce qu'il sait qu'elle ne ment pas, elle. Anaïs. Son fil d'Arianne depuis le début. La chair de sa chair ne l'aurait pas mieux enraciné au pays damné qu'il ne sait pas faire autrement que d'aimer, parce que c'est chez lui - c'est chez eux - maintenant et depuis aussi longtemps qu'il peut dire "nous". Il veut qu'elle sourie encore, parce que c'est elle la coloriste, elle qui rend la lumière vivante, et c'est pour ça qu'il claquera toute la thune qu'il a sur lui avant de rentrer au bercail.
Puisqu'ils rentreront, n'est-ce pas ? Il est si las d'en douter tous les jours.

Posés quelque part à regarder la nuit qui s'empare doucement de l'espace abandonné à sa soie grise, ils ont faim. Ils échafaudent monts et merveilles, s'imaginant des mets que les finances leurs refusent sempiternellement, s'amusant à se faire mal par l'évocation de saveurs qu'il a oubliées, mais qui font pétiller ses yeux à elle. Un peu plus tard, complètement à l'improviste, il décide de la pousser à travers les portes du Paradise. Ce sera un peu leur Grand Soir, leur incartade au vieux credo de leur duo inespéré : on s'en fout, viens, on a pile assez pour deux menus et de toute façon, j'ai pas envie de picoler.
Incroyable, putain. Elle a dû croire qu'il déconnait.

* * *

« J'reviens, j'vais pisser. »

Il se lève et son énorme carcasse, trop solide pour un restaurant si feutré, se porte avec une droiture qui doit tout au bien-être de ne se soucier de rien, le ventre satisfait, vers une porte ornée d'une élégante figure surannée en queue de pie. Il la passe, il avise les gogues, il fait ce qu'il a à faire, il se lave les mains. Tout va bien dans le meilleur des mondes.

Sous ses doigts qu'il secoue son œil surprend un détail ridicule. Une petite chose qui ressemble un peu à un ver, un minuscule tortillon qui glisse lentement dans la bonde, s'efface, fluide, exposant sur une face des points blanchâtres qui lui semblent être des ventouses.
Il se fige à peine, le guerrier. Cligne des yeux. Il n'y a rien. C'est con, cette manie de voir toujours les mêmes images là où il n'y a en fait rien. Ca le poursuit, ça le fatigue. Il attrape du papier et tout en se séchant les mains, jette un regard dans le miroir. Dans son dos il y a les pissotières et là, en train de se soulager, il y a… un type pas vraiment vieux, mais plus tout jeune. Petit, trapu, avec des cheveux un peu bouclés, gris, sous une sorte de béret ou de casquette. Il porte une chemise de coton épaisse à bandes rouges et un pantalon brun. Zach le zyeute, comme on guette le moment où quelque chose de potentiellement problématique se produirait. Le papier humide tourne et se chiffonne dix ou vingt fois de trop entre ses paluches agitées par les nerfs qui instantanément se tendent.
Un bruit de braguette. Le type se tourne. Il a l'air éteint et Zach le reconnait. Mais non, ça n'a pas de sens. Au pire, pense-t-il en baissant les yeux vers la vasque, c'est un sosie, c'est pas possible.

Dans la bonde, les langues visqueuses commencent à remonter. Zach sent quelque chose près de sa cheville et recule brusquement : sous le lavabo deux bras luisants dégueulent du siphon, exhibent leurs auréoles caoutchouteuses et se tendent vers ses jambes avec une insupportable lascivité. Le vieux arrive près du second lavabo, il enlève son couvre-chef pour arranger ses boucles ternies. Pleines du sang de son crâne explosé que l'accessoire ne retient plus en place.
Des monceaux de cervelle s'épanchent, ruissellent, dans son cou, sur son col, le long de son dos, et ce con se penche vers l'arrière en poussant une espèce de soupir benêt, les yeux révulsés, comme s'il perdait soudain l'équilibre, et Zach se jette en arrière, médusé. Son dos heurte le mur, il sait qu'il y a la porte à côté, il ne veut pas quitter ce truc des yeux, les tentacules, le vieux dans la bouche duquel il a enfoncé la gueule de son 9mm il y a à peu près un an, repeignant un pan de mur avec le contenu de sa tête de gland qui essayait de lui baragouiner des saloperies, de sa voix répercutée partout dans les 5m² d'un monte-charge où sa vie d'avant s'est écroulée. Littéralement.

Le vétéran attrape la poignée de porte, s'enfuit d'un pas bien trop raide, se foutant de passer pour un dingue, happé par les lumières dorées du couloir. Et la petite musique en sourdine qu'il n'entend pas, la faute au sang qui bat comme un forcené contre ses tempes. Contre ça, il ne peut pas lutter. Il a essayé. Il a échoué, si douloureusement.

Anaïs. Retourne à table, elle t'attend. Tu payes, tu te casses. De toute manière t'auras plus un rond sur toi après. Vous rentrez direct. Tu te fais un joint. Tu vas te coucher.

Puisqu'ils rentreront, cette fois.
N'est-ce pas ?

bat'phanie • #898961
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Baby Chaos - Là où je passe, la paix trépasse.
Anaïs Wilhm
Anaïs Wilhm
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A SONG OF BLOOD

En un mot : Outre en perdition
Qui es-tu ? : *Un esprit traumatisé par la cruauté de ceux qu'elle pensait être ses camarades, à jamais marqué par l'absurdité de la violence humaine.
* Fille émancipée d'une famille humaine qu'elle a fui pour sa propre sécurité. Outre dans un monde d'humains qui ne cherchaient pas à la comprendre, juste à la plier au conformisme réconfortant de la normalité.
* Apprentie curieuse et consciencieuse de Daphné Calabrezzi. S'est lancée sur la voie du chamanisme, marchant dans les pas de sa mentore avec patience et détermination, persuadée d'avoir trouvé la voie qu'il lui fallait.
* Inscrite à la LSU, en médecine. Malgré un dossier scolaire chaotique à cause d'une année de fugue, se démène pour prouver, aux autres et à elle-même, qu'elle réussira.
Facultés : *Hémokinésie, contrôle du fluide vital
*Apprentie chamane, amie des loups et des gitans
*Etudiante en médecine, acharnée et consciencieuse, pleine de projets en tête.
*Musicienne et chanteuse amateur ne sortant jamais sans son casque. Danseuse du dimanche. Incollable sur la musique, sa passion, son refuge.
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Thème : Mama Cass Elliot - Make Your Own Kind Of Music
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Mer 5 Mai - 14:33 (#)

Soirée cocktail au Paradise


Fil Rp – Zach, Astaad & Yago


La toile du monde, déchirée par le sang et le son des âmes happées par l’obscurité, semble s’être reprisée elle-même. Comment est-ce arrivé ? Un clignement d’œil et le monde semble avoir oublié, être passé à autre chose avec une indifférence qui force presque un respect morbide. Il a continué de tourner sans se retourner et j’ai été forcée de suivre le cours, de faire au mieux, faire comme si les choses qui s’étaient produites n’avaient, au final, pas tant d’importance. Me voiler la face est devenue une seconde nature à présent. Un problème n’en est plus un si on cesse d’y penser suffisamment fort, si on l’occulte au mieux pour le faire disparaître à tout jamais. J’en viens presque à me mentir à moi-même, à me dire que tout n’était qu’illusion, que rien n’a existé et que, un an plus tard, je ne fais que ressasser le souvenir d’un rêve si terrible que je l’ai cru réel. Oui, mais voilà, tout ça c’était bel et bien réel. Le sang et la mort, les corps et les âmes, le démon et l’abysse, tout ça, c’était réel et ça me hante encore. Dans mes songes, dans mes pensées, jusque dans les moments les plus anodins. Une simple lueur bleutée peut suffire à me replonger dans cette nuit de cauchemar.
Malgré l’épuisement, malgré la culpabilité et la peur tenace qui me broie les entrailles, j’ai avancé, comme tout le monde. Je ne sais pas trop comment j’y suis parvenu, comment j’ai tenu, si ça va durer et pour combien de temps. J’ai franchi des pas. Certains dont je suis fière, d’autres que j’aimerais enterrer dans ma mémoire tant leur existence m’embarrasse. Mais rien n’a vriller. Les sourires ont fini par refleurir peu à peu, la vie a repris, pleine de cicatrices, visibles ou non. Mais elle a repris, avec ses hauts et ses bas, avec ses espoirs qu’on souffle près d’une âme endormie, avec ses promesses qu’on prononce face à un cœur meurtri qu’on veut voir guérir, avec ses projets qu’on élabore en compagnie d’un corps lové contre soi et avec ses attentes qu’on souhaite voir devenir réalité face à un sourire tendre. La vie a repris et j’ai survécu. C’est le plus important non ?

C’est parti de rien, tout cela. Une volonté qu’il avait, de me protéger, de me donner de quoi me défendre lorsque lui n’est pas là. Lui, qui a accepté mon don sans jamais vraiment vouloir en savoir trop non plus, n’a pas compris à quel point ce qu’il a fait m’a profondément perturbé. Lorsqu’il a tendu l’objet vers moi, je me suis gelée sur place, les yeux rivés non pas sur la crosse tendue vers moi, mais vers le bout du canon qui se dirigeait vers lui. Et j’ai vrillé. J’ai revécu la course, les tirs, le verre qui explose autour de nous, le bruit du tir, le son terrifiant des balles qui nous frôlent, le cliquetis du chien et du tir que l’on prépare en pointant son arme sur le visage terrifiée de celle avec qui je partage plus qu’un amour d’adolescentes. Je ne pouvais pas tenir cette chose entre mes mains. Voir la mort était une chose horrible. La donner était encore plus terrible. Mais la tenir dans le creux de ma main, je ne pouvais pas m’y résoudre une seule seconde. Pas après tout ça, pas alors que ses pleurs résonnaient encore parfois au milieu de mes songes, même lorsqu’elle était là, étendue et vivante, à mes côtés.
Lui semblait trouver ça si simple, expliquait avec une telle désinvolture comment tenir l’arme que je me refusais à toucher. Il ne comprenait pas et je n’avais pas la force de lui expliquer, je ne voulais pas qu’il sache, qu’il découvre ce que j’avais fait. Même des mois après, je n’avais pas su parler avec lui, incapable d’assumer la réalité, de voir en face la réalité et de dire que j’avais pris une vie de mes propres mains. Sans magie, sans arme, juste avec la peur et l’adrénaline. Un geste instinctif qui a coûté une vie et qui a détruit quelque chose. Je n’ai pas parlé du rituel non plus. Lui qui ne semble pas plus que ça aimé la magie, je l’ai laissé en dehors de ça. Je ne sais même pas comment il réagirait s’il savait. Et s’il m’abandonnait à son tour, incapable de supporter que celle qu’il appelle sa fille soit devenu le monstre qu’elle craignait d’être un jour, juste sous son nez…
Les mots avaient alors fusé, le ton était monté et les paroles ont dépassé nos pensées. Je l’ai blâmé pour quelque chose que j’avais commis, lui rejetant la faute de vouloir me faire faire la seule chose que je me refusais à faire tout en ayant déjà appuyé sur la détente pour prendre une vie. C’était la première fois que c’était aussi virulent, de ma part et de la sienne. J’avais compris qu’il ne pouvait pas accepter pleinement ce que j’étais, pas après tout ça. Et ça m’avait rendu encore plus furieuse de voir que la seule personne en qui j’avais une confiance absolue n’avait pas la même confiance en retour. Le souffle court et le visage rouge, on en était arrivé à un point mort et chacun avait regagné ses pénates avec frustration.

La colère s’était calmée quelques heures plus tard, transformée en tristesse et lassitude. Je comprenais finalement que, si j’avais réussi à m’accepter moi-même, lui n’avait jamais pu le faire, pour lui ou pour moi. Au final, on ne se comprenait pas. On parlait, on s’adorait, mais on ne s’était jamais vraiment compris. Je ne parvenais pas à voir le monde comme lui. Lui avait vu tant de choses, tant de lieux et de personnes différentes, il avait eu des années en plus pour apprendre et accepter que le monde n’était que gris et que la vie n’avait rien d’une chose agréable. Moi cela ne faisait que deux ans que je l’avais vu. Pas compris, vu. La noirceur des âmes alentours, le gris terne du monde, cela m’était connu depuis seulement deux ans, et il espérait que je comprenne ce que lui avait vu pendant des dizaines d’années ? Je ne pouvais simplement pas. Une part de moi espérait encore, quelque part, que ce n’était pas ça, la vie, que ce n’était qu’une passade déroutante et affreuse qui finirait par s’effacer pour laisser place à quelque chose de plus clair et coloré que le gris terne du béton et de la dépression. J’en étais venue à espérer m’étouffer dans l’oreiller que je malmenai depuis quelques heures pour finalement retourner vers lui, incapable de m’imaginer m’éloigner de celui qu’il était devenu pour moi.

Les excuses avaient fusé et j’avais compris ce qu’il avait essayé de faire. Je ne lui en voulais pas, honnêtement, et je le lui ai répété plusieurs fois. Je ne voulais pas qu’il croit que cela allait changer l’affection que j’avais pour lui. Puis la proposition était sortie, inattendue, surprenante, mais bienvenue. Downtown nous a accueilli pendant le reste de la soirée, déambulant parmi les rues en parlant de tout, de rien, de ce qu’on voyait, m’arrachant un sourire face à la désinvolture et le regard cynique qu’il peut avoir parfois. Je lui montrai des trucs de la main ou racontait une bêtise parfois, essayant de le dérider le temps d’un rictus sans attendre un vrai sourire que je n’avais pas vu depuis des mois. Il devait les réserver pour quelqu’un d’autre. Cette sortie, c’était comme un bol d’air frais qu’on se voit offrir à l’improviste et je profitai de chaque seconde en sa compagnie. On n’avait rien en commun, ni le même sang, ni les mêmes racines, les mêmes idéaux ou les mêmes hobbies, mais c’était lui ma famille, peu importe ce que les gens pouvaient penser.
J’avais haussé un sourcil lorsqu’il avait pointé du doigt la devanture éclairée du Paradise alors qu’on venait de s’imaginer manger les plats les plus cher et les plus exotiques dont il avait réussi à me dresser le portrait et à me faire imaginer les saveurs que lui avait connu, lorsqu’il vadrouillait dans des lieux dont le récit semblait aussi douloureux qu’important. Un menu chacun, pas d’alcool, et j’avais souris, incrédule et ravie à la fois. C’était comme si on mettait tout de côté le temps d’un repas au milieu d’un endroit où je n’imaginais pas poser les pieds. C’était ces petites discussions légères qu’on a partagé le long du repas, dans une ambiance étonnante, non loin d’un étrange couple dépareillé. Je n’aurai jamais pensé atterrir ici avec lui. En tout cas pas maintenant, même si l’idée de l’inviter au restaurant me trottait dans la tête depuis un moment. Histoire de lui changer les idées.

***

« Je ne bouge pas. »

En le voyant s’éloigner, je ne peux m’empêcher de sourire bêtement en sirotant le verre d’eau qui accompagnait sagement le plat principal. Je crois que c’est la première fois qu’on occupe une soirée ainsi, loin de chez nous pour aller manger dans un restaurant après avoir flâner dans les rues comme si c’était la chose la plus normale du monde à faire. Parce que ça devrait l’être. Ça ne devrait pas être une chose si extraordinaire que je doive encore me demander si j ne suis pas en train d’imaginer tout ça. Je feuillette les instants capturés ce soir, souriant face aux photos qu’essaie toujours d’éviter Zach. Je fixe, un peu étonnée, mon propre visage détendu et souriant sur les quelques images prises à la dérobée ou plus élaborée. J’immortalise aussi notre présence au Paradise et garde le téléphone sous la serviette, attendant le retour de Zach avec un sourire difficile à masquer.

Je retire brusquement la main du couteau avec lequel je jouais, retenant de justesse un juron en me suçotant le doigt. Le couvert est brûlant, soudainement. Sourcils froncés, je tapote à nouveau l’ustensile, ne ressentant plus l’étrange et soudaine sensation de chaleur intense qu’il dégageait pourtant juste avant. Bizarre. Je dois être fatiguée et peut-être que j’ai confondu une brûlure avec un simple coup de jus ? Une nouvelle gorgée d’eau et je m’appuie sur le dossier de la chaise, jouant négligemment avec mes ongles en attendant le retour de Zach qui semble prendre son temps. Puis un grésillement attire mon regard alors que mon nez se fronce. Sans raison, le couteau prend soudainement feu et, par réflexe, je vide le verre dessus, l’éteignant aussitôt en en mettant partout, attirant l’attention d’un des serveurs qui arrive à grandes enjambées.
Prête à me confondre en excuse sans vraiment pouvoir expliquer le pourquoi du comment se couteau se met à prendre feu comme un morceau chardon, je lève les yeux pour voir Zach, habillé en serveur, un plateau en argent orné d’une cloche dans la main. Je le fixe un instant, complètement ahurie de le voir comme ça. Il me fait une blague ? Il veut me faire comprendre qu’il a trouvé un travail ici ? Avant que je n’ouvre la bouche, il me présente le plat comme si je l’avais commandé et, de l’autre main, retire la cloche, dévoilant une arme à feu. L’engin de mort repose là, au beau milieu du restaurant et mon regard passe du visage de Zach au canon de l’arme. Mes sourcils se froncent, mais bras se croisent, mais je ne lâche pas l’arme des yeux, mal à l’aise

« Si c’est une blague, c’est franchement nul, Zach, sérieusement. »

Sans répondre, il pose la cloche et se saisit de l’arme, me faisant relâcher un souffle que je ne pensais pas retenir. Souffle qui se bloque à nouveau lorsque le canon se pointe vers moi. Par réflexe, je me lève vivement, renversant la chaise alors que lui ne bouge pas, un air froid et impassible sur le visage. Je tends les paumes de mes mains vers lui.

« O... okay Zach, j’ai compris… je… »

Le cliquetis du chien qui s’amorce me fige et je sens mes mains trembler alors qu’une sueur froide glisse long de mon dos. Il en fait trop, j’en peux plus. D’un mouvement vif, je tape dans l’arme. Un bruit me vrille les tympans et je fixe, incrédule, le canon de l’arme qui vient de tirer alors que mes oreilles sifflent douloureusement. Mes yeux passent alors sur le regard de Zach et je recule en découvrant la froideur et la haine qui se dégage de ses prunelles. Autour de nous, rien ne bouge, tout le monde semble se ficher complètement que quelqu’un vienne de tirer avec une arme. Je tremble, incapable de bouger lorsque sa main accroche ma mâchoire et la serre douloureusement pour me pousser jusqu’au mur où un sourire se peint sur son visage. Un sourire loin de ceux que je connais. Un sourire dément, orné de dents tout sauf humaine, pointues et rougie par un sang sorti de nulle part.
Il me fait mal. Mes jambes sont du coton et je n’ai même pas la force de de retirer sa main de ma mâchoire avant qu'elle ne dévie vers ma gorge. Je n’arrive pas çà comprendre ce qu’il se passe. Tout allait si bien et là… il est devenu comme fou. Mes yeux embués ne peuvent que fixer son regard glacial, incapables de se détourner de la haine que je ne voulais jamais voir dans ses prunelles.

« Zach.. lâche-moi .. ZACH ! ZACH PITIE LÂCHE-MOI !»


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Anonymous
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Mer 5 Mai - 18:05 (#)


And then we all die.

« Horace Goldman. Le bougre porte bien son nom. Issu d'un milieu modeste, désormais homme d'affaires, la quarantaine. Marié, mais un sévère penchant pour les aventures d'une nuit avec des call-girls dans des hôtels de luxe. Apparition télévisée récente, où il se serait exprimé autour de l'inflation dans l'immobilier au Texas. De nombreuses actions dans une des plus grosses industries pharmaceutiques du pays. Mais je suppose que tout cela ne t'intéresse pas ? »
« Habile déduction. »
Lumières éteintes, seul l'écran éclaire de sa teinte blafarde le visage d'Ashkan par intermittence. Quelques touches pressées percent parfois le silence, entrecoupées par les échanges verbaux des deux hommes, l'un penché sur son ordinateur, l'autre vissé devant la fenêtre. La Bête scrute.
« Ce type est plein aux as. Et comme tout nouveau-riche dont l'argent brûle les doigts, il veut se faire passer pour un grand de ce monde. »
Dos tourné à lui, l'Infant ne le regarde pas. Immobile, il guette la fenêtre d'en face, là où Horace Goldman effectue nerveusement les cent pas dans sa chambre du Paradise Hotel. L'échine légèrement courbée, le faciès impassible, seules ses pupilles se déplacent au rythme de la démarche saccadée du golden boy américain. Et lorsque les lèvres articulent tout bas dans la pénombre, elles exigent des réponses.
« Je suppose que tu n'en veux pas à son argent. Alors je t'écoute, Ashkan. »
L'Iranien lisse longuement sa barbe noire impeccablement taillée, et édicte patiemment la raison de leur présence en ces lieux, au neuvième étage de l'hôtel opposé au Paradise, avec vue plongeante sur la chambre de leur cible.
« Notre Occidental a la folie des grandeurs, et il participe de plus en plus régulièrement à des enchères, pour acquérir des objets divers, dont il ne connaît en réalité nullement la valeur. Tableaux, vases, objets de collection essentiellement, mais aussi issus du folklore vaudou louisianais. Cet imbécile doit probablement trouver cela exotique. »
« Hum. Cela devient intéressant. »
Nuque immobile, l'Ombre capture le moindre mouvement de l'autochtone à travers la vitre, et de son voyeurisme, dérobe les secrets et les manies. L'homme a l'air nerveux. Le pas est irrégulier, sa tempe le démange. Il semble hésiter à passer à l'acte. Parfois, sa silhouette s'extirpe du champ de vision de l'Immortel, mais revient inlassablement au centre de la pièce, là où il se ronge les ongles. La main gauche, toujours.

Le sorcier noir, comprenant que l'Infant chaotique ne délogera pas de son poste d'observation, se déplace alors jusqu'à lui, à travers la chambre au décor vétuste – tissus roses d'un goût douteux, rideaux trop lourds et trop poussiéreux, guéridons bancals surplombés par des lampes de chevet recouvertes d'un velours à l'aspect discutable.
« Ce qui nous intéresse, c'est ça. Enfin, ça ne sera pas exactement celui-là, mais ça y ressemblera. »
Sur l'écran apparaît une statuette de bois miniature, des figurines curieusement enchevêtrées et bariolées. Il distingue un bec, ou peut-être une bouche curieusement déformée, parmi l'amas de parcelles corporelles taillées à la main. La prunelle d'ambre étudie quelques secondes seulement l'étrange objet présenté par l'arcaniste, avant de retourner à son intérêt principal.
« De quoi s'agit-il ? »
« Un totem. »
« Un totem ? Mais cet objet a l'air ridicule. Es-tu sûr qu'il te soit d'une quelconque utilité ? »
« C'est à vérifier, mais oui. Mes sources sont fiables. Et cet idiot doit probablement le garder comme grigri ou comme porte-bonheur dans son porte-feuilles ou dans la poche de sa veste, sans en comprendre ni la signification, ni l'utilisation. C'est du gâchis. Il faut que nous allions le récupérer. »
Cette fois, le sourcil de l'Infant se hausse, et il tourne lentement le visage vers le premier Conseiller de Salâh ad-Dîn, seul sorcier rescapé du massacre du motel orchestré par Aliénor.
« Nous ? »
D'un coup de menton, il désigne l'ordinateur et le casque-micro installés sur le bureau qu'Ashkan occupe à nouveau, l'interrogeant sur la sédentarité de son poste actuel.
« Oui. Enfin, moi d'ici, et toi là-bas. Je serai tes yeux et tes oreilles. »

Cette fois il se décroche de sa contemplation statuesque pour se redresser, et jauger l'Iranien de toute sa hauteur, bras croisés sur sa poitrine, ce qui incite son interlocuteur à justifier cette décision.
« En restant ici, je garde un œil sur lui. Tu pourras plus facilement le surprendre. On restera en contact téléphonique tout du long, avec l'oreillette que je vais te donner. Je te guiderai. Et tu es meilleur grimpeur que moi, Yago. »
« Je ne peux pas escalader à mains nues le Paradise Hotel. Il n'y a pas de prise, aucune corniche où je puisse m'agripper. C'est trop… Oh, Ashkan, je crois qu'il téléphone à quelqu'un. »
Le sorcier relâche ses tempes qu'il massait comme pour accélérer sa réflexion et se redresse alors, visiblement traversé par un éclair de génie.
« Mais oui ! Une call-girl ! A tous les coups, il va s'offrir une escort ! »
« Hum, oui, enfin, cela ne va pas m'aider à entrer, et je ne pense pas avoir l'air d'une escort… »
« Mais pas toi. Cette fille va rappliquer d'une minute à l'autre. Elle t'ouvrira la voie. Tu l'attends au bas du building, tu la suis, elle te mènera à notre homme. »
L'Infant hausse les épaules, moyennement convaincu par cette perspective.
« Admettons. Et après ? »
« Après, à ta convenance. On peut soudoyer la fille pour qu'elle cherche le totem sans nous salir les mains. Ou on se sert d'elle pour débusquer Horace dans sa chambre. Libre à toi d'utiliser la méthode qu'il te plaira. »
« Tu veux que je paye une escort ? »
L'Iranien a du mal à contenir un sourire goguenard.
« Eh bien, ce sera innovant pour toi. Allez, descends ! C'est notre seule chance. Tu devrais facilement la reconnaître. On reste en contact. »

Tu parles d'un plan.
Une moue contrariée sur le visage, le vampire patiente à l'angle de la rue et s'efforce de ressembler à ce qu'il est censé être : un type banal, qui a l'air de savoir ce qu'il fout là. Ce qui n'était pas le cas.
A l'écart des lampadaires, il étudie les visages féminins et les accoutrements, et ce n'est que lorsqu'il repère une jeune femme perchée sur des talons aiguilles, vêtue d'un haut léopard et d'une jupe trop courte pour être décente, qu'il se met discrètement en mouvement pour s'approcher de l'intéressée. Peut-être trop. Car elle le repère, et ses faux ongles cessent alors de pianoter sur son téléphone portable. Une bulle de chewing-gum éclate au coin de ses lèvres tandis qu'elle le dévisage de haut en bas, avant d'afficher un sourire satisfait.
« Ah, garçon ! Parfait ! Tenez, portez-moi ça jusqu'à la chambre 8041, c'est que ça pèse une tonne ces accessoires et ces costumes. Ou plutôt, suivez-moi. »
« Je ne suis pas… »
La voix à l'accent persan grésille dans son oreille.
« Suis-la, Yago ! Elle te prend pour un groom ! »
« Un quoi ?! »
« Pardon ? Y'a un problème ? »
Hébété par la tournure que prennent les événements, il cligne des yeux, puis finit par se racler la gorge pour reprendre contenance, comprenant que l'occasion ne se présenterait pas deux fois.
« Hum, non, je regardais vos chaussures. Très jolies. Je vous suis, Mademoiselle. »

La fille de joie était visiblement une habituée des lieux, à en croire le discret salut de tête qu'elle adresse au réceptionniste en pénétrant dans l'hôtel, l'Oriental à sa suite, dont les prunelles étudient aussitôt la configuration des lieux. Il la suivait aisément au bruit de ses talons, aussi s'amusa-t-il à s'arrêter quelques secondes pour contempler la salle de restauration, où un visage juvénile attira aussitôt son attention. Attablée seule. Deux assiettes, vidées. Un selfie par-dessus la vaisselle sale. Seize ou peut-être dix-huit ans, tout au plus. L'Antique penche lentement la tête sur le côté tout en se léchant les babines, enfant gourmand derrière la vitrine d'un magasin de friandises, charmé par cette apparition inattendue qui, l'espace d'un instant crucial, le détourne de sa mission première.

Une erreur fatale. Déjà, il n'entend plus le claquement régulier des escarpins de son accompagnatrice.
Avec déception, il s'arrache à la vision contemplative de cette proie juvénile pour reprendre sa route à travers le Paradise.
Je reviendrai pour toi plus tard.
Trop tard. Les bruits de pas se sont évaporés, tout comme la silhouette de la dispensatrice des plaisirs et des joies. Un silence oppressant l'entoure, que ses pieds nus ne troublent guère lorsqu'ils s'impriment dans le sol poreux. Il accélère l'allure, ouvre précipitamment les portes, dont aucune ne débouche sur le moindre escalier. Il n'y a rien, ici. Encerclé par l'absence d'informations cohérentes, il croit à un énième soubresaut de sa psyché défragmentée, et à la mobilisation inconsciente de ses illusions.
« Mademoiselle ? »
Sa voix retentit en écho, de plus en plus lointain, dans le couloir interminable. Lentement, il pose la valise à ses pieds et pivote pour revenir sur ses pas, tout en regardant prudemment autour de lui. Le réceptionniste a quitté son poste. Il est seul. La voix d'Ashkan ne résonne plus dans l'oreillette. Et le silence gargouille, désormais.

De moins en moins confiant, il s'approche d'un mur à pas feutrés, dont il frôle avec précaution la rugosité de la pulpe de ses doigts. Mais ce qui lui paraissait robuste s'effrite lorsqu'il le touche, alors il essaie de creuser, ses doigts s'enfoncent absurdement dans la paroi et lorsqu'il les extirpe, il a du sable coincé sous les ongles.
« … Salâh ad-Dîn ? »
Il est parti. Depuis des mois. Il ne reviendra peut-être pas.
Médusé, il regarde les grains de sable s'écouler du mur jusqu'à sa paume de main. Il aurait juré que la voix ne venait pas de sa tête, mais plutôt de…
Reprends-toi.
L'Oriental tâche de garder la tête froide malgré les murmures dont s'emplissent les murs, tout autour de lui. Les chuchotements clapotent, encore incompréhensibles, mais il a le désagréable sentiment d'être observé. Alors il s'éloigne, repasse devant la vitrine du restaurant où il aperçoit l'enfant, cette fois acculée, en étau entre le mur et une forme indistincte.
« Non ! Elle est à moi ! A moi ! »
Il s'élance vers la silhouette humanoïde qu'il percute de plein fouet, après avoir traversé la salle de restauration à grandes foulées sans prêter attention aux autres bizarreries environnantes. Il chute avec ce qu'il croyait être un homme, mais la chose se désintègre à la collision et, sous son poids, se renverse et se transforme à son tour en une traînée de sable. Hébété, ses mains tâtonnent frénétiquement la poussière dorée jusqu'à ce qu'une forme trop familière ne se dessine à travers la coulée ocre.

Stupéfait, il se recule précipitamment face à cet annulaire tranché qui le nargue, sous ce sable illusoire, l'ongle presque arraché, la base sectionnée par les crocs vampiriques dont il devine encore la trace. Une douleur fantôme l'assaille aussitôt, la béance de l'amputation se réveille et hurle, et il ne peut que s'écarter de cette vision d'horreur pour accrocher le regard de la jeune fille qui se tient là, celle qu'il avait repérée, la raison de toutes ces incohérences.
« C'est toi… c'est toi qui provoques cela ? »
Ses prunelles d'ambre se figent dans son regard candide et il s'approche, il s'approche jusqu'à l'indécence pour la humer et détecter la moindre interférence, le plus petit élément indiquant qu'elle est bien la source de toutes ces transformations.
« C'est toi… »
Autour d'eux, le vent se lève, annonciateur d'une tempête désertique à l'approche.
« ARRÊTE. TOUT DE SUITE. »
Si tu avais fait les bons choix, Yago, Il ne serait pas parti.
« ARRÊTE ! »
Le dos de sa main s'écrase contre la joue juvénile et propulse la frêle silhouette contre la petite dune à ses pieds, mais derrière lui, le sable ne cesse pas de tourbillonner.

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Anonymous
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Jeu 6 Mai - 2:21 (#)


welcome to paradise


« C’est un thon. Un gros thon. »
La réplique acérée de Sage bouscule les pensées occupées d’une Astaad relevant ses yeux de l’écran où elle mire encore et encore le faciès souriant d’un type croisé plusieurs fois. Les conversations avaient commencées sur la plus idiote des applications de rencontres où le pouce sert de juge, un oui ou un non, un match et un éclat d’étoiles pour supposer que deux âmes se sont belles et bien rencontrées pour le meilleur et surtout pour une nuit. Il fut bien le seul, dans un moment d’ennui profond et des mois à ne rencontrer personne, qui l’intéressa un tant soit peu. Il suffit de la faire sourire parfois, attirant l’attention des compagnes de galère qui ne quittent presque jamais son flanc, Nejma s’intéressant bien davantage à la vie amoureuse (désertique) de celle qui fut la plus encline à s’échapper de l’Ordre lorsque le Caire était encore leurs racines pour aller s’enivrer et retrouver des hommes, voyageurs pour la plupart et s’enticher d’eux pour une nuit, les délaissant bien avant l’aube pour que Youssef ne se doute de rien. L’homme a la tête d’un blond au visage polaire, ces traits norvégiens jurant avec les siens soulignant ses origines orientales. L’homme semble impatient et elle put entendre sa voix dans quelques appels qui durèrent une heure ou deux, une belle conversation, assez pour se laisser tenter pour une soirée peu digne d’elle qui se contente bien souvent d’une bière décapsulée, d’un repas préparé et d’un écran diffusant une série divertissante. Elle essayait plus que tout de demeurait normale, d’être celle qui n’était pas hanté par une malédiction qui lui rongeait les os et les muscles, lui piquait parfois les yeux, l’ensevelissait derrière un amoncèlement de colère que peu pouvaient comprendre. La pleine lune était loin en cet instant, bien heureusement et elle n’avait pas à s’inquiéter de souffrir quoi que ce soit ce soir. Cette soirée serait sous le signe d’un amusement d’adolescente voulant oublier qu’elle n’avait plus le droit qu’à la souffrance tous les mois, qu’à hurler lorsque la Bête appelait à persiffler à la surface, aucune solution trouvée par l’Underwood depuis et cette idée parvient à la rendre toujours plus malade, craignant de la voir vaciller. Quelques fois, en croisant le regard de Sage, l’unique amie qui demeure dans son sillage, elle aimerait se confier, voyant dans ses prunelles à elle, jeune fille encore fleurie de bonheur, qu’elle dissimulait pourtant un passif peu glorieux. Comprendrait-elle seulement ce qu’elle lui dirait ou partirait-elle en courant ? Assise face à la psyché de la coiffeuse où la jeune fille s’occupe de ses doigts des longs cheveux de sa collègue et plus proche alliée, elle la toise un instant d’un œil absent avant de soupirer « J’sais, ça doit faire dix fois qu’tu m’le dis. » « Alors pourquoi tu y vas ? J’ai cru… Bah j’ai cru que t’avais meilleur goût qu’ça. » Troublée et presque vexée, elle élève à nouveau son attention vers la fille tout droit sortie de Manhattan, sourcillant sans comprendre alors qu’elle hausse une épaule, comme si ses mots exploitaient une évidence « Bah t’es canon. Tu pourrais t’offrir tellement mieux. J’me demande pourquoi t’es pas encore mariée ou même installée ? » Ses doigts enserrant son téléphone qui vibre au rythme des messages du potentiel amant impatient se resserrent, sa gorge gangrénée par une envie de tout lui déballer.

Le dernier a avoir eu la malchance de partager sa vie avait eu le bras fracturé, parti en courant mais amoureux malgré tout. Il était revenu, son bras en écharpe, le regard noir, l’esprit mâtiné, insistant pour qu’ils renouent quelque chose, venant jusqu’au devant de son miteux motel, l’air d’un grand prince assis sur le pare-choc de sa belle bagnole. Et elle avait su qu’elle n’avait plus rien à faire avec lui. « Ca m’intéresse pas, c’est tout. » Laconique, elle préfère quitter le visage intrigué de Sage qui s’active de nouveau, retenant certainement un défoulement de questions qu’elle sait qu’elle trouvera sans réponses car Astaad ne répond jamais lorsqu’elle ne le souhaite pas, se fermant aussi sûrement qu’une porte d’acier renfermant un précieux secret. Elle ment pourtant. Elle ment, quelques fois l’envie d’être aimée et d’aimer en retour chatouille son esprit mais elle ne pourrait l’avouer, trop indépendante, bouffie de sa fierté de femme s’en étant sortie seule pour arriver à poser un pied sur le sol américain, à ne pas crever ce soir où la première transformation l'avait matérialisé en Méduse hurlante, se souvenant des moindres bruits où son corps se métamorphosait, se tordait, où le squelette se déformait, se fissurait pour laisser toute sa place à quelque chose de tellement plus souple et fin. La nausée manque de l’achever alors elle presse le pas, s’élève « C’est bon, faut que je m’habille maintenant. » Sage reste pourtant plantée là, plus petite que celle qu’elle voit comme une femme trop élégante pour se tuer à la tâche d’un motel, princesse d’un autre temps, danseuse ondulant de ses hanches sans le vouloir avant que le sourcil qui se hausse ne la fasse hocher vivement la tête « Ah ! Oh ! Ouais, j’te laisse… t’habiller. » Et elle s’échappe, gênée de ce moment de silence. Jetant une œillade sans âme à son écran de téléphone, elle y voit défiler les messages sans smileys - bien heureusement - de l’homme qu’elle espère dévorer pour une nuit seulement. C’est le contrat. Rien de plus, rien de moins. Et avec ça un bon repas qu’elle espère bien modeste et à un prix non-ahurissant. Elle déteste jouer le jeu de la galanterie de celui devant payer pour la femme qui l’accompagne alors qu’elle ne sera qu’une femme de plus qu’il culbutera quelque part entre la banquette arrière ou dans les hautes tours d’un hôtel où il aura loué une chambre. Jetant l’écran noir sur le lit il s’y dépose en un bruit discret où s’étale le blanc nacré d’une robe qui dévoilera tout d’elle, de ses cuisses à son décolleté, peu importe qu’il y voit la cicatrice qui serpente entre les deux monts tendres, signature d’une chaman ayant pour seule envie de la voir souffrir pour une éternité car oui, le temps se fait long. Car elle se voit mourir de l’intérieur sans se rider encore, car elle se sent forte et faiblarde à la fois.

Refusant de se laisser prendre par un sentiment loin d’être salvateur pour une soirée bien légère et une nuit luxuriante, elle commence enfin à retirer le t-shirt qui l’habille pour se vêtir de son déguisement, sentant que la soirée sera loin d’être désagréable. Du moins, elle tente de s’en convaincre.

***

Les candélabres lui paraissent de trop sur la table, expiant une douce chaleur sur leurs visages mais elle n’a pas osé refuser la décoration lorsque celui qui se prénomme Lazare exigea quelque chose de romantique pour la table où ils furent placés. Elle avouera avoir perdu son sourire en voyant la devanture du Paradise, connu pour son haut-standing et sa bonne réputation mais surtout pour ses plats bien trop chers pour elle seule. Se sentant comme une princesse d’un mauvais Disney emmené là de force, elle eut l’envie de lui proposer un autre lieu avant d’apprendre qu’il avait trimé quelques jours avant d’obtenir une place pour eux deux par ici. Ne cherchant pas à jouer à la fine bouche, elle était entrée, vêtue de sa robe qui n’était faite que pour provoquer et les œillades de l’éphèbe immense car la taille de l’homme est titanesque ne s’arrêtent jamais bien longtemps dans le ciel de ses yeux où s’emmêle maintes couleurs, du bleu au vert trop clair, descendant sur les épaules dénudées comme sur l’échancrure dévoilant la peau sablée. L’homme dévore déjà un met qui n’est pas posé dans son assiette mais sur le siège de velours en face de lui. Si elle aime attiser les regards et l’attention graveleuse qui y couve, cette fois, elle sent bien que Sage n’avait pas tort. Lazare est un homme qui l’ennui et l’alcool qui coule sur sa langue ne pourrait le rendre davantage intéressant car rien ne l’enivre assez pour faire de ses mots autre chose que des palabres qui arrivent même à attiser son rire. Elle esquisse à peine un sourire crispé, tentant de réfléchir à une manière malhabile de s’échapper de ce traquenard étrange. Elle n’est pas une femme aimant l’ivoire et le coton des hôtels si confortables, elle aime sa simplicité et sa vie plus simple encore. Lazare est d’un autre monde et elle aurait dû le comprendre bien rapidement. Un geste maladroit arrive à lui faire bousculer un couvert qui retombe mollement sur le sol qui étouffe le bruit métallique. Sans rougir ni s’excuser, elle mire la fourchette qui s’est déposée à ses pieds sous la nappe blanche, s’abaissant à peine quelques secondes pour la saisir, sourcillant lorsqu’elle sent un étrange vertige lui faire papillonner des paupières, un trouble qui étrangle toute sa tête. Elle sent là l’occasion parfaite de prendre congés, ne serait-ce qu’un instant, dans les toilettes.

Elle se redresse, le sourire bienveillant déjà ancré sur ses paupières à peine voilées de quelques mèches brunes avant qu’elle ne se fige dans une expression interdite. Les tables sont toutes vides, toutes et elle n’entend que son propre souffle dans ce profond silence. Lazare n’est plus et la table s’est allongée aussi longue qu’une table de banquet. Son regard s’est déposé dans un œil unique et noir, un œil qui la jauge, cerclé de peau brûlée, la chair sanguinolente et encore fumante n’empêchant pas celle qu’elle reconnait comme sa mère, en bout de table, trônant en reine silencieuse, de demeurer bien calme. Yamina ne hurlait jamais, elle ordonnait d’un ton sec, elle giflait de sa langue mais ne criait jamais. Son œil encore valide la fixe sans mot dire « Ma…Maman ? » Sa propre voix est embuée d’un chagrin ignoble, de celle de l'enfant qui réclamait la marâtre auparavant, d’une peur terrible alors qu’elle sent s’écouler une douce chaleur jusqu’à elle, des serpentins pourpres s’écoulant jusqu’à sa robe. Le corps entier se met à trembler alors qu’elle découvre peu à peu, déposées comme de précieux plats sur les assiettes blanches entourés de jolis couverts, les têtes aux gorges tranchées de Sadia, Nejma, Nadja et même Sage. Un hurlement enfle lentement en elle alors qu’elle s’empresse de se lever, dans un gémissement de peur qu’elle ne peut réfréner, sous la panique, relâchant la fourchette qui disparait en un feu-follet à ses pieds. Lèvres entrouvertes, ses yeux s’embuant malgré elle, elle voit le regard vide de Sadia, sa joue collée à la porcelaine, la jaugeant, sans vie, Nejma ayant perdue sa joie de vivre mais la fixant elle aussi de ses orbites vidées et Nadja qui demeure plus flétrie encore par une sorte de mélancolie qui n’est plus digne d’être appelée ainsi. Le sang de leurs gorges tranchées laissent voir les artères sectionnées et s’écoule le sang, toujours plus, tachant ses pieds arqués sous des escarpins dont les pointes mordent le sol en silence et à peine recule-t-elle d’un pas, manquant de faire vriller sa cheville, qu’à l’unisson, ses sœurs de secte entament le chant le plus effrayant « Tu nous as tués. Tu nous as tués. Tu nous as tués. » Leurs voix et leurs timbres si différents s’emmêlent en un macabre opéra atone qui la fait flancher, blêmir, faisant ressortir le rouge qui maquille ses lèvres et elle émet un cri lorsqu’elle sent la brûlure significative de la cicatrice entre ses seins hurler. Le feu bourgeonne et elle dépose sa main en voyant un même flot de sang s’en échapper, comme si la plaie venait de se rouvrir. « Reviens. Reviens parmi nous. » Cette fois, c’est sa mère qui, au travers de la mélodie mortuaire, l’accable, lui ordonne encore, faisant remonter jusqu’à elle ses yeux qui pourraient perler de larmes sous le choc, elle qui ne sait plus pleurer. « Non… Non… » Ce n’est qu’un cauchemar comme un autre mais la douleur ne lui a jamais paru si réel et le sang chaud s’écoulant des rives des gorges béantes continuent de noyer le sol et l’ourlet de sa robe. Dans la panique, elle bouscule la chaise sur laquelle elle était assise, fuit les cris qui se font plus pressants, de ses alliées de fortune, errant entre les tables vidées, sa grande robe blanche souillée de pourpre, murmurant les mêmes mots, la négation de la réalité, son épaule, comme cette nuit terrible, s’éraflant contre un mur, alors qu’elle cherche à fuir vers les toilettes mais les couloirs s’allongent et elle voit, dans un mouvement oculaire hasardeux, ses paumes souillées de rouille, perdant toute son indifférence pour laisser apparaître sa détresse si bien cachée depuis son départ du Caire. Et les voix la poursuivent, la forçant à déposer ses paumes sur ses oreilles « La ferme. La ferme. LA FERME ! » La langue maternelle se dépose hors de sa bouche alors qu’elle échoue comme une naufragée dans un bateau prenant l’eau à l’orée des chiottes qu’elle ignore pour homme ou femme. C’est son regard embué de larmes qui tombent sur celui d’un autre, écarquillant les yeux en craignant qu’il soit à son tour un rêve. « Vous… Vous entendez ? » Elle, elle ne perçoit rien de l’homme à la cervelle éclatée. Elle, elle ne voit qu’une ombre et l’homme qui est tout pr!s des lavabos se redresser, détourner la tête pour dévoiler le visage d’un père qui, comme à son habitude, ne lui dit rien, la fixe sans l'aimer. Et les traits fondent, comme s’ils étaient fait de cire pour laisser paraître le visage du pire. Du démon lui-même. Youssef, celui qui la condamna à devenir sacrifiée, la fixe et esquisse le plus horrible des sourires. Son épaule fondant contre le mur, elle recule mais se voit arrêter par un mur. La porte menant à la sortie ayant disparue. Où est le réel ? Où est Lazare et son blablatage ennuyant ? Où sont les autres ? Ses sœurs sont-elles réellement mortes sur la table qu’elle vient de quitter ? Ses paumes ensanglantées se déposent contre les carreaux blanc y laissant la trace de son crime sanglant, expiant un cri silencieux tant le choc est grand, la folie se mettant à hanter ses yeux avant qu’elle ne sente le souffle bien connu de celui qui ne la toucha jamais vraiment contre sa nuque, qu’elle ose se détourner pour faire face à son pire ennemi, censé être mort, ignorant qu’elle n’est pas seule dans cette pièce. Et la rage l’emporte, la faisant trembler de tout son long, son dos rencontrant le mur, se retrouvant sans arme et sans rien, le fiel prêt à s’écouler de sa bouche quand sa poitrine saigne encore, pour elle, quand le blanc, lentement, se teinte de rouge, comme pour maquiller la pureté par la souillure de son âme. C'est dans un mouvement vif qu'elle échappe à la main qui se tend vers elle comme pour l'attraper, qu'elle retrouve la porte qui réapparait, poursuivant son chemin en courant dans le long couloir où la grande ombre de l'homme croisé est à nouveau là, venant saisir sa manche, presque heureuse de la sentir réelle sous ses doigts mouillés de pourpre, ses lèvres sèches ne pouvant rien dire, la voix éteinte car toute son attention est prise par autre chose...

Tu nous as tués, chantent encore les femmes qui ont bâtis sa vie.
Tu parles trop, murmure encore sa mère dans le fond et son père n’est plus,
craignant que Youssef ne la rattrape. Cauchemar ou réalité, elle l’ignore, ivre de haine et bêtement figée quand elle a toujours fantasmé de lui donner la mort, serrant ses doigts sur la manche qu'elle voit se teinter de rouge à son tour, ne comprenant rien à ce qui est en train de défiler sous ses yeux brumeux.  


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Forgive me, Father, for I am sin
Le mauvais oeil
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Soirée cocktail au Paradise [Yago, Zach, Anaïs, Astaad][Fil de RP] YXpWPvj
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Thème : Witchcraft - Akira Yamaoka
WITHER AND DIE

Soirée cocktail au Paradise [Yago, Zach, Anaïs, Astaad][Fil de RP] I2XukXq
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Ven 7 Mai - 15:55 (#)

Soirée cocktail au Paradise
Ashes, Ashes. We all fall down.


La tête du jeune homme oscille de plus en plus dangereusement, la fatigue prend le pas. Ses paupières, lourdes, se ferment un instant et son épaule vient s’appuyer sur le mur. Juste quelques instants, pour se reposer, pour lutter contre ces dernières nuits, passées à contempler les craquelures du plafond, à dormir sans repos.

« Juan ! »

La voix de M. Wilkinsen l’arrache à sa somnolence, à temps, avant que le monte-charge ne se mette en marche. Juan Sanchez renifle, se frotte le bout du nez. Il louche quelques instants, se concentrant sur l’un des responsables qui vient de l’interpeller.

« On t’attend pour prendre ton service, magne-toi. »

Juan opine du chef, regardant le vide sur sa gauche. Il pense à la chance qu’il a eu, une chute ici aurait été mortelle. Il renifle à nouveau, essuyant le bout de son nez avec sa veste, du côté intérieur de l’avant-bras. Il en a plus que marre, de ce boulot minable. Engagé pour son expérience dans un restaurant luxueux de Jacksonville, il a vite regretté ce choix. Malgré l’augmentation, rien ne justifie de se faire aboyer dessus comme cela lui arrive depuis qu’il est de service avec M. Wilkinsen.

Marchant d’un pas las, se redressant un petit peu, Sanchez ne remarque pas les aberrations qui tournoient autour de lui. Plutôt, il les voit, mais les trouve normales. Il ne voit d’ailleurs pas quand le visage de Bill Wilkinsen se couvre de poils. L’homme, d’un certain âge, aux cheveux grisonnants, voit ses jambes raccourcir, se tordre, son buste se rétrécir de moitié. La gravité le rappelle à l’ordre et l’oblige à se mettre à quatre pattes. Il veut appeler à l’aide, mais sa voix n’émet désormais plus qu’un aboiement pathétique.




Les pas de Zach sont difficiles dans ce couloir, qui se tord sous ses pieds. La distance qui s’installe plus vite qu’il ne parvient à la réduire. Comme une spirale infernale, le vétéran titube, piétine, comme une ivresse qu’il n’aurait pas demandée, imposée par une volonté le dépassant. Lorsqu’il attrape le tissu de la manche d’Astaad, il réalise que ce n’est pas Anaïs. Les traits de sa protégée s’éparpillent en poussière, balayée par un vent chaud qui semble provenir de la pièce principale.

La chaleur étouffe les deux pauvres âmes, comme si elles venaient de quitter les salles climatisées de Las Vegas pour s’enfoncer dans le désert alentour. Ils ne comprennent pas, tandis que leurs regards hagards se croisent, dans un mélange d’émotions indescriptibles. La robe n’est couverte d’aucun sang, remarque la jeune femme en baissant les yeux. Pourtant, quelques secondes avant, elle se rappelle le tissu poisseux collant à sa peau. Zach réalise que son bras n’est couvert d’aucun débris de cervelles ni de viscères. Il sent pourtant encore l’impact des morceaux d’os sur ses bras, son torse.

Désorientés, suspendus là comme deux biches dans les feux d’une voiture, ils ne comprennent pas. Ils se sondent, comme pour s’assurer que rien ne se passe.

« Laissez-moi vous raccompagner à votre table. » La voix les arrache à ce moment suspendu, et ils remarquent alors le serveur, dont la tenue semble à peine entretenue.




Encore un couple improbable. pense Sanchez en tendant le bras vers la grande salle. Il est habitué à ce genre de chose, le Paradise se vante d’un certain standing, d’une apparence que l’hôtel se plaît à entretenir, mais la réalité est quelque peu différente. Outre les touristes et les nouveaux riches, le Paradise fonctionne grâce à la discrétion dont fait preuve le staff. Suffisamment loin du centre pour ne pas être réellement huppé, suffisamment proche pour être en vogue, la réputation s’est construite autour d’un mensonge, d’une campagne agressive de ses administrateurs.




Les esprits confus, Astaad et Zach suivent le majordome qui les guide jusqu’à une table qui n’était ni à l’un ni à l’autre. Ils s’assoient là, une brume nébuleuse ankylosant les pensées. Quelque chose ne colle pas avec ce qu’ils faisaient ici. Autour d’eux, pourtant tout semble correspondre : pas de tentacules, pas de torrent de sang, aucun mort revenu d’un passé lointain. Seulement ce restaurant au velours aussi feutré qu’oppressant.




Anaïs se retrouve à quelques centimètres du sol, par une force qui dépasse de loin l’entendement. Le visage de Zach est déformé par une haine qu’elle ne connaissait pas. Il répond à ses supplications, mais sa voix se meut, étrangère. Les mots qu’elle entend n’ont aucun sens, hurlés dans une langue qu’elle ne connaît pas.

Elle se débat, avec violence, griffant le bras qui la tient, mais la gifle est violente, laissant une marque douloureuse à la surnaturelle. Le choc est suffisant pour dissiper l’illusion de ses yeux. Ce n’est pas Zach qui la tient, mais un homme qu’elle ne connaît pas.




Yago ne réalise pas de suite qu’il s’exprime dans la langue de son ancien maître. Alors que l’enfant se calme après son revers, il regarde à gauche, à droite, mais la tempête menace encore, toujours plus, faisant tournoyer le sable de plus en plus rapidement.

Revenant à la gamine, il réalise que ses pupilles ont disparu derrière un voile grisâtre, l’expression sur son visage livide. Du sang s’écoule d’une narine, du côté qu’il a frappé.

« Un doigt, ça ne t’a pas suffi ? » Il connaît cette voix, cette langue, qui danse comme le sable autour de lui. « J’aurai dû partir plus tôt. » Un rictus méprisable se dessine sur le visage. Il n’a pas le temps d’assimiler ce qu’il se passe qu’une main tapote de son épaule.

« Monsieur ? Tout va bien ? »

Clignant des yeux un instant, Yago se retourne, tombant nez à nez avec l’indolent serveur. Plus de sable à l’horizon, à peine quelques pellicules qui tombent de ses épaules et des plis de ses vêtements, comme des traces prouvant la réalité de ce qu’il vient de se passer.

Définitivement, quelque chose ne tourne pas rond en ces lieux.

« Voici votre table, elle est prête. Désolé pour l’attente, M. Mustafaï. »

Les pensées de l’enfant de Caïn sont troubles, et comme contre sa volonté, il s’assied tout en essayant de comprendre ce qu’il vient de se passer. Levant la tête, il remarque la gamine, celle-là même qu’il tenait du bout des mains. Qu’est-ce qu’il venait faire là déjà ?

« Nous sommes désolés, mais nous avons eu un appel de M. Amjad, il ne viendra pas ce soir. Je vous laisse consulter le menu avant de prendre votre commande. »




Anaïs ne comprend pas. Elle se redresse à table, assise à côté de Zach. Elle tousse, un râle douloureux tandis qu’elle passe le bout des doigts sur sa trachée. En face d’eux, une femme qu’elle ne connait pas, un visage qui ne lui rappelle rien. Un cauchemar ? Elle se serait endormie à table ? Son regard parcourt la salle, et un détail se remarque, qui lui glace le sang.

Tous les serveurs sont identiques, cette allure patibulaire, absente. Les cheveux courts, de petits yeux verts, sans intensité. Une tenue qui n’a rien d’un service professionnel.




Astaad guette les alentours. Le vertige, ses sœurs, sa mère. Où sont-elles ? Malgré l’absence de sang, la cicatrice la tiraille toujours, chauffant son torse d’une douleur légère, discrète, mais qui ronge, petit à petit, la patience. L’homme qui lui fait face, est-ce vraiment avec lui qu’elle avait rendez-vous ? La mémoire se trouble. S’endormir à table, ce n’est pas vraiment son genre ; mais le cauchemar qu’elle vient de vivre, il semblait si réel.

Elle baisse les yeux, à un moment, remarquant cette pièce froide dans la main, une babiole de bois au bout d’un cordon de lin, qui s’effrite sous ses doigts. Une babiole sculptée à l’effigie d’Hathor.




Sanchez roule des yeux, en attendant les commandes de ces deux tables. Les clients de ce service sont insupportables, pense-t-il. Ils rêvent n'importe quoi. L’homme ne comprend même pas l’incohérence de cette pensée, parfaitement logique pour lui, dont le corps gît au fond d’un gouffre étroit. Il ne réalise pas qu’il n’est plus qu’un souvenir, un écho persistant et involontaire dans l’expérience de son père. Il ne réalise pas qu’il sauve ceux qu’il croise, les destituant au sombre dessein de celui qui l’a sacrifié. Il n’a conscience de rien, et encore moins des effets de son comportement.

Autour de lui, les rêveurs se calment, respirent l’air imaginaire, dans un monde où il n’y a pas besoin de respirer. Une habitude de vivant. Chacun d’entre eux réalise que rien n’est réel, mais que la douleur l’est. Chacun d’entre comprend que ce sont leurs pensées qui se sont matérialisées, la pire crainte, cachée, tapie dans le cœur qui a surgit, hurlant de tout son saoul.

Quelque chose de brisé, dans leur esprit, par le Prince des Ténèbres, libéré, torturé par la malice d’un être corrompu. Sauvés, également, par cette corruption, inaltérée par l’enfant qui s’ignore.

Ils ne savent pas pourquoi, mais la peur ne les quitte pas ; cependant, ils ont compris quelque chose : à trop errer dans les idées noires, elles risquent de prendre le pas. Ils savent qu’ils ne sont pas réveillés, qu’il y a trop d’incohérences, comme ces fenêtres opaques et ces portes murées.

Ils comprennent que leurs pensées se mêlent au réel. Du moins, à ce qui semble réel.



Spoiler:


Got the evil eye. You watch every move, every step, every fantasy. I turn away but still I see that evil stare. Trapped inside my dreams I know you're there. First inside my head, then inside my soul.
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Baby Chaos - Là où je passe, la paix trépasse.
Anaïs Wilhm
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A SONG OF BLOOD

En un mot : Outre en perdition
Qui es-tu ? : *Un esprit traumatisé par la cruauté de ceux qu'elle pensait être ses camarades, à jamais marqué par l'absurdité de la violence humaine.
* Fille émancipée d'une famille humaine qu'elle a fui pour sa propre sécurité. Outre dans un monde d'humains qui ne cherchaient pas à la comprendre, juste à la plier au conformisme réconfortant de la normalité.
* Apprentie curieuse et consciencieuse de Daphné Calabrezzi. S'est lancée sur la voie du chamanisme, marchant dans les pas de sa mentore avec patience et détermination, persuadée d'avoir trouvé la voie qu'il lui fallait.
* Inscrite à la LSU, en médecine. Malgré un dossier scolaire chaotique à cause d'une année de fugue, se démène pour prouver, aux autres et à elle-même, qu'elle réussira.
Facultés : *Hémokinésie, contrôle du fluide vital
*Apprentie chamane, amie des loups et des gitans
*Etudiante en médecine, acharnée et consciencieuse, pleine de projets en tête.
*Musicienne et chanteuse amateur ne sortant jamais sans son casque. Danseuse du dimanche. Incollable sur la musique, sa passion, son refuge.
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Sam 8 Mai - 22:48 (#)

Soirée cocktail au Paradise


Fil Rp – Zach, Astaad & Yago


Ses doigts enserrent ma gorge. J’étouffe, me débat, cherche vainement de l’air alors que je sens mes pieds quitter le sol. J’ai mal… Ce n’est pas possible, Zach ne ferait pas ça… pas lui. Je frappe, griffe, mais rien à faire, je n’arrive pas à me dégager. Je ne vois plus rien à travers les larmes qui emplissent mes yeux. J’entends sa voix gronder, hurler, dans une langue inconnue que je imaginer. Je n’arrive plus à respirer, ma voix n’est qu’un souffle à peine audible, mes suppliques plus qu’une brise évacuée par ses cris. Pu la douleur fuse, soudaine et intense, ma tête tourne violemment sous la baffe qui fait naître un goût métallique dans ma bouche.

Je redresse la tête soudainement, inspire, tousse violemment, massant ma gorge qui me brûle, agrippe la nappe de la table devant laquelle je suis assise. Je ne comprends plus rien. Juste avant de me redresser, j’ai vu l’homme. Ses yeux, son visage. Ce n’était pas Zach. C’est comme si j’avais rêvé, mais le goût du sang dans ma bouche, la douleur qui me brûle la gorge et celle qui pulse sur le côté de mon visage sont bien réelles. Trop réelles. Je chasse l’eau emplissant toujours mes yeux et mon regard tombe sur Zach, assis à mes côtés. Je me fige, perdue. Il est revenu ? Me suis-je endormie ? Ma gorge douloureuse et le sang dans ma bouche m’affirment que non, ce n’était pas un rêve, mais alors comment ? Je jette des coups d’œil anxieux autour de moi, observant avec angoisse les serveurs tous identiques, tels des clones. Ma main tremble, mon souffle s’accélère. Rien ne va, rien du tout. Ça recommence.
Ma main agrippe désespérément la manche de Zach, mais mes yeux ne font que s’affoler d’un serveur à l’autre. Tout le même visage, les mêmes cheveux courts, le même regard vert absent, les mêmes habits dénotant dans ce lieu. Y’en a -t-il plusieurs ou est un seul multiplié ? Et qui est cette femme assise face à Zach ? Rien n’a plus de sens. Pas même la certitude que tout cela n’est pas vraiment réel, mais que mes pensées s’y mêlent et les font vivre, je crois. Pourquoi cette certitude ? Cela me rappelle douloureusement autre chose et je refuse. Je ne veux pas revivre ça une nouvelle fois, pas alors que j’essaie encore de m’en sortir, pas alors que, peu à peu, on gravissait la pente pour remonter, pour s’en tirer.

Mon regard accroche finalement le profil de Zach, s’y fixe une fraction de seconde alors qu’un infime soulagement ne s’intègre à la palette de l’angoisse et de la peur. Il n’a plus cet air effrayant ou ce regard empli de haine dans le regard. Une haine dirigée contre moi. Ma pire crainte serait que cela devienne réalité, qu’il me haïsse à un tel point que toute l’affection qu’il a pour moi disparaisse, métamorphosée en une détestation à la hauteur de cette affection qu’il ressent. J’ouvre la bouche, tousse, la gorge encore douloureuse, incapable de sortir un son plus élaboré qu’un râle de souffrance, j’inspire longuement, arrivant à grogner plus qu’à articuler convenablement

- Zach…

Je tousse à nouveau, remarque une perle de sang tombée sur la nappe d’ivoire. Mon nez saigne légèrement, probablement dû au coup. Instinctivement, je porte ma main à mon nez, et observe avec un mélange d’angoisse et de stupéfaction le sang s’y étaler comme si un peintre se mettait à créer une toile sur ma main. Je renifle, tente de calmer mon souffle. Je déglutis, apaisant lentement ma gorge d’où s’échappe une supplique donnée d’une voix rauque.

- Je veux rentrer…

Fenêtres et portes sont murées, mais je n’en ai cure, je veux juste sortir d’ici, je veux juste retourner dehors, rentrer à la maison et être en sécurité. Ignorer ce qu’il se passe, c’est tout ce à quoi je pense. Juste ignorer que quelque chose se passe. Passer au travers et retourner au réel, c’est la seule chose qui compte. Est-ce que je suis condamnée à toujours subir les affres magiques qui se déclenchent sans raison apparente ?  Est-ce que, pour une fois, je ne pourrai pas juste me réveiller, voir que cela n’était qu’un cauchemar, un jeu idiot de mon subconscient et sortir de ma chambre pour trouver Zach enlaçant Sumire, lui murmurant quelque chose à l’oreille qui la fait sourire. Juste une vie banale, est-ce que c’est trop demandé ? Ma main n’a pas lâché la manche de Zach, comme si c’était la seule chose qui me retenait de sombrer dans je ne sais quel abysse dont je ne voulais même pas connaître l’origine ou le but. Je bridai ma magie, refusant de l’utiliser à nouveau dans une situation comme celle-ci, préférant encore saigner du nez que de refaire une horreur comme celle d’octobre dernier. Plus jamais.

- Zach, tu as raison de me haïr après ce que j’ai fait.

Ma voix s’élève, mais je suis persuadée de ne pas avoir ouvert la bouche, et surtout pas pour dire une chose pareille avec une voix aussi claire. Mes yeux se baissent en captant un mouvement et le sang sur ma main s’est étalé pour former une bouche ornée d’un sourire malsain. Je plaque mon autre main dessus, mais elle glisse sur ma peau, voyageant sur mon autre main, tout sourire.

- Tu ne sais faire que ça, haïr. Pourquoi ce serait différent avec moi ? Je suis comme ceux que tu hais, comme ceux qui t’ont condamné à être une bête, comme ceux responsables des malheurs d’Halloween. Pire, même, car c’est moi qui…

Incapable de supporter ça une seconde de plus, je plante mes ongles dans ma main et laisse ma magie irradier, agglomérant le sang en un petit orbe écarlate que je lance telle une bille à travers la pièce, ne l’entendant même pas s’écraser. Mes mains tremblent, je sens mon cœur tambouriner contre mes côtes, le sang pulser dans mes veines à un rythme effréné. Tout va de mal en pis et je n’ose pas regarder celui qui se trouve à côté de moi, me contentant de souffler.

- Je veux juste rentrer…



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la bouche de vérité:
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Mer 19 Mai - 2:06 (#)

SOIRÉE COCKTAIL AU PARADISE
Well, clean up the dirt, there's just more dirt to clean up tomorrow. The world keeps growing and feeding. Doesn't feed you, does it? Lying on your bed looking at the ceiling, waiting for something to happen. Feeling it, wanting it. How much can you take, before you snap ?
Les lumières semblent gagner en intensité à chaque pas. Il trébuche, sans comprendre pourquoi sa jambe a ainsi fléchi pour le forcer à prendre appui contre le mur voisin, et sa vision blanchie infuse un vertige dans ses méninges tourmentées par un léger mal de crâne. Pourtant il n'a pas ingurgité une goutte d'alcool depuis un bail, alors qu'est-ce qu'il lui prend ? Inspirant il chasse la cécité cotonneuse en se pinçant l'arrête du nez, ne voulant pas céder à l'élan contraire il croit pouvoir faire confiance à la trajectoire rectiligne du couloir, mais titube à nouveau comme si le carrelage avait fait place à une masse gonflable à la fixité indocile. Un peu plus loin il est de nouveau déséquilibré et c'est sans l'avoir vue qu'il s'accroche à la silhouette providentielle passant près de lui, et sent des mèches de cheveux noirs sur l'épaule à laquelle il s'est ancré malgré lui.
Bredouillant des excuses et contrant derechef sa propre chute pour ne pas peser de trop sur le corps qu'il n'a pas encore identifié, il opte pour un arrêt, quand enfin le visage de l'autre lui apparaît.

« … Mais ? »

Arranger les événements selon une logique vraisemblable devient de plus en plus complexe et c'est sans doute là que son cerveau s'est proposé une solution de facilité. Se laisser porter.
Car c'est Sumire qui se tient là devant lui, vêtue de ce qui lui semble être une tenue vaguement lestée d'un traditionalisme discret, entièrement noire et d'une sobriété qu'il ne lui a jamais connue. Austère, la mise de la japonaise lui inspire un sentiment qu'il n'est pas sûr de comprendre pour le moment. Pourquoi porte-t-elle le deuil ?

« T'es sortie de l'hôpital ? Pourquoi tu m'as pas appelé… ? »

Elle le regarde avec des yeux de stupeur et ses lèvres entrouvertes sur le silence paraissent hésiter sur l'explication à donner, ce qui renforce l'inquiétude montant des entrailles de l'homme qui a tant attendu son réveil, il y a un an de cela.
Au moment où son esprit menace de détecter l'anachronisme absolu d'une situation qui par plus d'un aspect ne fait aucun sens, c'est la voix de Sanchez qui les cueille tous les deux, et ne leur laisse pas d'autre choix que de revenir dans la salle précédemment visée. Plus dépourvus de libre arbitre que dociles, ils suivent et s'installent où leur est indiquée leur place. Digne et impavide, la belle d'orient siège à sa gauche, tandis qu'à sa droite il y a une forme qu'il ne voit pas tout de suite. Il a la vague intuition d'une présence, ou plutôt du sentiment qui lui est rattaché : celui d'une filiation. Pourtant son attention est absorbée par la contemplation interrogative de la figure de plus en plus rigide au visage blême qui a détourné son regard de lui pour le jeter en un puits indéfini, devant elle, un peu plus bas. Lui ne peut empêcher son cœur de cogner sourdement contre ses côtes. Souhaitant l'ancrer à lui, la faire revenir, il tend une main pour enserrer sa dextre, prononce son prénom, s'y essaye à plusieurs reprises sans jamais s'entendre. Le dit-il seulement ? Elle non plus n'a pas l'air de percevoir son appel. Elle retire sa main pour la joindre avec l'autre sur ses genoux, ses lèvres sont closes et son visage se peint de l'ombre de la peine. Un chagrin inextinguible, muré dans le mutisme prude d'une statue tout juste vivante et toutefois aussi ardent qu'au premier jour de sa mort.
Celle de qui ? s'interroge le guerrier qui a perdu le compte des vies éteintes.
À cet instant il réalise enfin qu'une main tiraille sa manche depuis quelques secondes ou quelques minutes déjà. Il y a cette petite voix qui lui parle et réclame avec véhémence son écoute et qu'il avait jusque là ignorée sans s'en rendre compte. Il daigne tourner la tête et voit l'enfant, si petit comparé à sa carrure de géant, qui à bout de bras le sollicite en débitant un charabia auquel il n'entend rien, mais qui lui semble lourd de supplications. Le gosse, il ne l'a jamais vu. Mais il le reconnaît instinctivement, par son type asiatique et par cette langue inconnue que le garou assimile par ses sonorités au japonais qu'il a parfois entendu prononcé par son amante.

« J'suis désolé, p'tit chat, j'comprends rien à c'que tu prêches… »

Le jargonnage s'amplifie, l'enfant parait comprendre que le dialogue ne passe pas mais butant contre cet état de fait, il ne voudrait rien en savoir, se rebellant contre la barrière invisible de langues qui ne s'entendent pas. Des perles de sel affleurent aux coins des billes noires et Zach comprend, à travers le mur des sonorités, l'expression universelle des émotions et des douleurs. Les larmes emplissent les yeux du petit ; désarçonné, pris par l'urgent besoin d'y répondre, celui qui n'est pas son père tourne à nouveau son regard vers la mère qui ne bouge pas d'un iota. Pas même un clignement des yeux. Elle regarde toujours dans cet abîme de douleur qui n'est pas là, bien loin au-delà de toute forme - rigide et blanche et noyée dans l'immobilité de sa mémoire traumatique. Zach ne saisit pas comment il est possible qu'elle ne réagisse pas à ce qu'il se passe. Alors, perdu, il regarde à nouveau le petit, qui est toujours là et dont les pleurs sont bien réels maintenant, alors que ses vêtements roussissent et que sa peau rougit de manière inquiétante, sur ses menottes si petites - et Zach qui pose des mains protectrices sur l'enfant tourne la tête vers Sumire, essaye à nouveau de prononcer son nom, il l'appelle, l'invective presque, elle qui n'a pas l'air de réaliser que son enfant est juste là et a besoin d'elle. Le nom aimé ne retentit pas.

Piqué au vif, le vétéran sent le coup d'élan au fond de ses tripes, celui qui le frappe quand il faut prendre les choses en main parce que personne d'autre n'a l'air d'en être capable. Il aboie en direction de Sanchez :

« S'il vous plaît, apportez-moi de l'eau froide, ou de la glace, n'importe quoi, le p'tit a mal, il brûle !... HO ! Ca urge, allez ! »

Il s'excusera plus tard pour le ton adopté. Avec lui, c'est généralement comme ça : parer d'abord au plus pressé, quitte à écorcher la sensibilité des uns et des autres. Il est toujours temps de faire amende honorable une fois qu'on a sauvé tout le monde. Après tout, c'est son job. C'est sa place. Sa raison de vivre.

Les dents serrées, comme ses bras autour du gosse qu'il a finit par prendre sur ses genoux dans une tentative incertaine de calmer ses plaintes, il gronde à l'adresse de la femme gisant près d'eux dans sa dignité de pierre :

« Va vraiment falloir que tu te réveilles. »

Sa voix de rocaille tant érodée par les reproches que par la peine résonne à la façon de miroirs entre présent et passé, entre rêve et réalité, et l'œil morne et fixe de la mère orpheline se déleste sans ciller d'une larme glissant sur sa joue d'opale lisse.

bat'phanie • #898961


De la perspective du détraqué:
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Jeu 27 Mai - 14:30 (#)


And then we all die.

Il savait.
Par une conviction aussi absurde qu'ancrée en lui, malgré le socle instable sur lequel les vérités se bâtissaient tant bien que mal, il savait qu'elle était la clé de cette étrangeté.
Et lorsque sa psyché malade se persuadait d'une information, chimère ou avérée, il n'en démordait plus.
L'avoir envoyée au sol ne l'avait pas affecté le moins du monde, pas plus que d'avoir fait gicler son sang contre le mur. Déshumanisé, il la fixe d'en haut, et ce n'est qu'une question de secondes avant qu'il ne fonde sur elle pour la décortiquer, la disséquer, la fendre afin de lui extirper ce qui deviendrait son salut.
S'il n'y avait pas eu cette voix, reconnaissable entre toutes, il l'aurait écartelée.
Il était déjà penché sur elle lorsque le geste se suspend, tétanisé, et il contemple ces orbes grises et vitreuses, anonymes. L'arabe gronde entre les tourbillons sablonneux, tout comme la menace, matérialisée par les mots de pierre. La sentence. L'Oriental se fige et observe, médusé, le visage juvénile qu'il ne reconnaît plus, dont s'échappe la voix du Sire pourtant absent, de cette bouche qu'il souhaitait meurtrir quelques instants auparavant. Extorquer la vérité.

Un battement de cils et tout s'efface.
La main sur son épaule n'est pas celle de son Créateur.
Lentement, il se retourne vers l'inconnu, le visage interdit. La méfiance le plonge dans un dangereux mutisme tandis qu'il tâche de décrypter ce visage insaisissable. Est-il vivant, mort ? A-t-il déjà rencontré cet homme ? Pourquoi est-il ici ? Aucune question ne se forme avec précision dans son esprit fracturé, les tourbillons d'incertitude demeurent et s'entrechoquent, même si le vent brûlant ne souffle plus.
Sans réellement savoir pourquoi, il suit l'inconnu et se place dans son sillage, s'installe avec une docilité étonnante pour un être aussi sauvage que lui à l'emplacement indiqué. Une posture qui le froisse aussitôt, trop ridicule pour être sienne. Les Éternels ne siègent pas parmi les Éphémères. Patiemment, il regarde autour de lui, enveloppe son environnement immédiat d'une analyse prudente. Un restaurant. Une seule autre table occupée, un couple et leur enfant. Il ne reconnaît aucun visage. Les silhouettes sont des ombres anonymes. Personne. N'importe qui.
Lorsqu'il se penche sur le menu que lui propose le serveur, du sable tombe dans son assiette creuse.
Hébété, il tend la main vers cette énième absurdité ; les grains encore tièdes roulent sous la pulpe de son index.
Salâh ad-Dîn ne l'aurait jamais emmené dans un lieu tel que celui-ci. Salâh ad-Dîn répudiait la vanité de l'existence des mortels.
Les pensées en désordre, il reporte son attention sur la seule table occupée de l'étrange restaurant. Les orbes ambrés se promènent lentement d'un visage à l'autre. Cet enfant. Il a le sentiment de la connaître. Est-il ici à cause d'elle ? Ses paupières se plissent tandis qu'il se concentre sur son sens olfactif pour tenter de l'identifier. Mais les odeurs sont trop étranges, ici. Il ne parvient pas à capter son essence. Je dois m'approcher.

L'inconnu insiste, ridiculement vêtu, et semble ne pas avoir compris la nature vampirique de l'hôte attablé. Visiblement décidé à ne pas déloger de sa position statique tant qu'aucune commande ne sera passée, son immobilisme oppresse le Caïnite.
« Ce que je souhaite manger ? Avez-vous conscience que je ne suis pas… »
Stupeur. Silence. Révélation.
« Eoghan Underwood. C'est mon plat préféré. Apportez-le moi. »
Sentiment aussi soudain qu'évident qu'il lui fallait trouver un échappatoire. Et dans l'urgence, seuls les concepts les plus immédiats remontent à la surface, afin d'éviter la dérive. Eoghan. Fenêtre. Ashkan. Fuir.
Il se redresse précipitamment et manque de peu de renverser la table, et n'accorde plus la moindre once d'attention au serveur onirique, car déjà ses folles prunelles se cognent contre les coins de la pièce. Fenêtre, cherche une fenêtre. Comme un animal en cage, il s'éloigne de sa table et longe les parois, accélère la cadence lorsqu'il prend conscience de l'impossibilité de la fuite. Il y a toujours un échappatoire. Mais les murs paraissent si hauts, toujours trop hauts lorsqu'il lève les yeux vers le plafond afin d'étudier l'architecture. Cherche la faille. Tout est si réel et si dissonant à la fois. Je ne suis pas au bon endroit. Une évidence qui enfle sous son derme, ronge la douleur qui se dissout au profit d'une peur réelle, celle de rester coincé dans cette étrange réalité.

Il s'immobilise contre la barrière de briques désormais érigée là où il croit être entré, en tâte la solidité, comprend que ce n'est pas par là qu'il fuira le piège.
Qu'importe. Si sa vue s'amuse à le duper, alors il se fiera à son odorat.
Paupières mi-closes, il choisit de s'éloigner du mur continu pour revenir lentement vers le centre de la pièce. Comme une chauve-souris, il évolue souplement entre les tables vides, la démarche lente mais certaine, et se dirige vers la source du signal, guidé par un sonar infaillible. Les voix lui sont étrangères mais elles demeurent les seules présentes. Elles esquissent l'unique pan de réalité à laquelle se raccrocher. La fenêtre. Et le sang. Il reconnaît l'odeur sans parvenir à l'identifier, elle forcit sous une table vide ; un concentré d'essence juvénile. Pas de corps. Il poursuit sa route, remonte le fil d'Ariane, les formes olfactives se dessinent sous la brume : le couple, l'enfant, plus petit mais aux contours davantage marqués. Il avance vers elle, sans comprendre le sens de cette rencontre, uniquement persuadé qu'elle est nécessaire à sa survie.

Lorsqu'il ouvre les yeux, il est assis entre l'homme et la femme, invité malvenu de ce rendez-vous galant, créature voyeuriste et non-conviée. Qu'importe. C'est à l'enfant sur les genoux de l'homme qu'il s'adresse : visage poupon, silhouette menue, déjà presque adulte. Le sang provient d'elle. Une trace carmine barbouille sa joue, mais il ne se souvient pas en être à l'origine. Contrairement à sa première approche dont il a oublié jusqu'à la raison, il n'est plus cette créature violente et intimidante. Au contraire, sa voix mélodieuse s'ourle d'une inquiétude réelle lorsque les lippes de glace s'entrouvrent pour lui parler.
« Enfant. Il faut partir. Tu ne peux pas rester ici. Et moi non plus. »
Je suis si proche, je devrais désirer la mordre.
Mais les effluves sanguines n'attisent nullement l'instinct de prédation du Maudit. Une anormalité dont il ne cherche guère à percer le mystère, trop terrifié à l'idée de demeurer prisonnier de cet endroit infernal pour l'éternité.
« Partons. Maintenant. »
Les orbes immortels se logent dans le regard juvénile. Ils n'accordent nulle attention aux deux autres silhouettes autour de la table, machinations de sa psyché maltraitée. Sa réalité tient en ce seul prisme : l'enfant, et le sang. Alors il lui tend la main, guidé par l'unique obsession. Fuir.

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Voyage en terre autistique:
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Sam 14 Aoû - 18:37 (#)


welcome to paradise

Vermeille disparu, voix éteintes et suffocations sèchement interrompues. Le calme s’impose soudainement en laissant derrière le vacarme mort une impression de vertige, de chute, tanguant sur les aiguilles qui vrillent ses chevilles douloureuses, la forçant à crisper davantage ses phalanges sur le tissus qui ne lui appartient pas, se découvrant aussi retenue par l’inconnu. Elle cille, les iris voilées de larmes qui ne s’écoulent plus, croisant le regard d’un cerbère à l’air patibulaire, ne comprenant pas ses mots. Il lui semble bien connaître la langue mais il lui semble impossible d’en déchiffrer les mots, comme si une main céleste s’amusait à en mélanger les lettres, un brouhaha de mots qui ne semblent plus vouloir rien dire à son oreille. Le visage ne lui est pas connu et alors même que ses pas semblent bien vouloir la mener à sa table, guidé par le serveur croisé plus tôt, elle sent toujours brûler la peau entre ses seins, crier à l’agonie d’une nuit infernale où elle hurla tout son soûl en prenant la forme de l’étrange. Il lui semble que parfois sa peau se pare d’écailles, frottant ses bras nus mais n’y trouvant rien, l’air sonné sous ses cheveux embrouillés. L’esprit dans la ouate, elle s’avance et tente d’observer les lieux qui sont semés d’un brouillard pas réellement présent mais rien n’est perceptible dans le décor, rien à part cette table où elle consent à s’asseoir « Mais ce n’est pas… » Son murmure cassé, comme si des caillots s’étaient imbriqués dans sa gorge, n’atteint pas le serveur qui s’en va déjà, sans remarquer que l’arabe a sonné plutôt que l’anglais, observant la silhouette famélique aux apparats poisseux s’éloigner parmi les tables vides, sourcillant encore sans comprendre pourquoi la crasse s’accumule ainsi sur lui, jurant avec la chaleur

Sa sénestre prête à s’élever vers la brûlure qui irradie dans la chair, elle cesse tout mouvement en sentant le poids froid mais léger d’un objet rude, son visage froissé de contrariété se lissant peu à peu sous le choc, blême. Hathor entre ses mains, ses cornes entourant l’astre solaire et ses yeux vides d’iris qu’on a taillé avec délicatesse la fixant de cet air froid. Lentement, le buste se repli, presque prostrée sur son propre sort et l’image horrifique de ce simple objet collé à sa paume, un hurlement voulant remonter de sa trachée, enragée des jeux de passe-passe qui semblent rire tout autour d’elle. Et les rires ne sont-ils que dans sa tête ou réels ? Les murmures des esprits de son passé sanglant semblant vouloir jouer le rôle de musique d’ambiance pour ce dîner qui demeure un fiasco ? Manquant de s’étouffer sous une déglutition difficile, elle s’étonne encore de sa robe immaculée, observant pourtant la ligne granuleuse et blanche qui semble vouloir lui crier qu’elle va s’entrouvrir comme elle en a toujours eu si peur. Dans un mouvement de paume bien sec, elle relâche la figurine qui roule dans un bruit mate jusqu’au centre de la table, terminant face contre la nappe.

Sumire !

Sursaut brutal l’appelant à la surface d’une réalité tissée à l’aide du lin et du coton de ses cauchemars, elle se souvient qu’elle n’est pas seule à table, l’attention attirée vers celui qui semble être son rencard puisqu’il est en face d’elle, puisqu’il ne semble pas décidé non plus à se relever pour partir. Ses paupières battent bêtement « Quoi ? » Et le prénom surgit à nouveau, méconnu mais c’est bien elle qu’il fixe ainsi, mélange d’inquiétude, d’un sentiment la mettant mal à l’aise et sa tête se détourne malgré tout sur le côté comme pour percevoir s’il n’est pas question de quelqu’un d’autre ou s’il lui fait l’insulte de ne pas même se souvenir de son prénom « J’connais pas ta Soumire. Moi, c’est Astaad. » souffle-t-elle de cette voix qui semble parfois à la lisière de la blase, profonde et grivoise sans le vouloir, rictus jaune étirant ses lèvres pourpres. Elle demeure pourtant intriguée. Elle ne parvient pas à se souvenir de qui lui faisait face quelques minutes auparavant mais il lui semblait moins imposant alors, loin de ces types qui ont l’air d’avoir trop vécu, pris en âge sans ridules, ses yeux portant les mystères d’une vie dont elle ne veut rien savoir, des psychés striées de rayures prouvant à quel point l’âme est abîmée. Il suffit d’un coup d’œil pour le comprendre, l’homme n’est pas heureux. Pas plus qu’elle ne pourrait se vanter de l’être. Et elle l’observe, le fixe même, le vert assailli par le bleu tentant à nouveau de lire sur les lèvres, de comprendre le sens de ce qu’il lui dit, ses paroles tintant comme une langue de plus en plus méconnaissables, laissant rugir de plus en plus la colère. Les traits se durcissent alors qu’elle recrache, vipère « J’comprends rien à c’que tu m’dis. » Il poursuit, sans sembler l’entendre et un soupir sec né de l’agacement grandissant, de cette haine givrée qui manquerait de lui faire envoyer valser la table qui les sépare manque de précéder des paroles le vilipendant davantage la avant qu’elle n’entende l’écho de quelques sanglots, se figeant à nouveau, tendant l’oreille au chagrin qui couvrirait presque les murmures qui n’ont jamais cessés.

Un mouvement l’attire juste aux côtés de l’homme, se dépose sans rien y voir de plus qu’une ombre, un forme esquissée d’un enfant sans traits. Mais le chagrin s’intensifie, la prend à la gorge au point de la clouer à sa chaise, ses ongles raclant le bord de la table au fil des secondes qui trépassent, laissent venir peu à peu la lumière sur l’enfant qui révèle peu à peu le hale d’une peau qui ne connaissait alors que peu de fêlures dues aux aléas d’une vie monstrueuse. Astaad, jeune adolescente aux yeux encore innocents, à la tenue de pieuse de ce beige qu’il fallait toujours porter, se tient auprès de l’homme. Et elle ne voit pas frémir le bois de la statuette, hypnotisée par la vision d’elle-même bien avant que ne l’attaque la terreur, les prières, les mains baladeuses de Youssef, ses promesses de faire d’elle une reine lorsqu’elle serait revenue d’entre les morts. Le visage pris dans les longues mèches de ses cheveux, l’effroi se dépeint peu à peu quand elle voit le sourire de celle qu’elle fut et n’est plus se donner à l’inconnu - ou elle-même ne se souvient-elle pas de son nom - et elle s’avance d’un pas, voyant ses cheveux toujours emmêlés parce que trop longs que sa mère refusait de couper, sa joue barbouillée de la poussière du sable, les pieds nus, le genoux encore écorché. Et des mains se tendent enfin vers elle, répondent à ses appels incessants. Enfin. Enfin quelqu’un semble l’entendre dans son besoin d’un amour simple et profond.

Des mains aux phalanges parcheminées, plissures et cornes, chevalière d’un or où un rubis brille et le sourire bien faible qui avait pu s’esquisser retombe, fond comme de la neige pour que dans un mouvement ralenti par l’effarement, elle ne retrouve le visage de celui qui lui promit surtout et avant tout de faire de sa vie un enfer sur Terre.

Je prendrai ton bonheur, Astaad,
Et j’en ferai quelque chose de plus grand, tu m’entends ?
Je le prendrai et ferai de toi une femme conquise.
Hathor a eu raison de te choisir.


Regard de tyran, la silhouette masculine qui hurlait son nom… Non, le nom d’une autre, semble avoir disparu pour laisser la place à l’éternel cauchemar. « Pas toi… » Et l’Astaad enfant ne semble même pas percevoir qu’elle est entre les mains du danger, secouée par les mouvements erratiques et se succèdent les visages, se métamorphosent les traits en un imbroglio immonde qui danse entre le faciès de l’inconnu et celui du gourou. Se redressant lentement, elle voit bien une lame s’approcher du petit cœur battant sous la frêle poitrine, la gamine bavassant toujours trop. Dans un temps reculé, elle pouvait bien parler des heures sans s’arrêter, poser maintes questions mais Youssef et sa longue barbe, sa toge, ses bijoux le travestissant en pharaon qui ne mériterait pas de l’être, se fiche bien de ce qu’elle baragouine, élevant une lame vers sa poitrine. « Arrête ça. » Le jupon blanc s’agite comme des rideaux bouleversés par la brise sous ses pas se précipitant vers lui, attrapant l’argent d’un couteau qui vrille sa peau « Arrête putain ! » Un cri de désespoir suivi d’un gémissement de douleur sous le baiser de l’argent, elle élève le bras pour se débarrasser, enfin, de ce démon la poursuivant aussi sûrement que le serpent sifflant sous sa peau. Saisissant le poignet tenant l’arme prête à s’abattre sur l’enfant entre sa poigne féroce, elle le menace de sa propre lame contre son cou, la peau grésillant sous la brûlure qui achève sa paume, ronge le sang, les muscles, les tendons, l’odeur rance de la chair mutilée ne lui faisant pas froncer le nez pour autant, les molaires serrées à en entendre les grincement de l’émail, tremblante sous la furieuse envie meurtrière qui la saisit « Lâchez le. » Et il lui semble presque que ce n’est pas sa voix qui parle, que c’est un sanglot désespéré qui en ressort, abattue par cette perte.

Laquelle ?

De ses yeux glisse le sang de son deuil, rivières d’iodes sillonnant ses joues pleines alors même que sa lame tremble de plus en plus fort, s’approchant du cou, pour détruire la jugulaire, le faire baigner dans le sang. Mais son esprit perturbé continue de valser d’un visage à un autre, de Youssef à l’autre et elle-même se confond, s’abreuve du rêve de quelqu’un, étouffant brutalement pour baisser les yeux vers l’enfant tenu entre les bras du ravisseur… ou du père. « Il a assez souffert. Il a assez souffert… » Et la pointe du couteau fond lentement dans la chair pour faire perler le sang, hantée par l’esprit errant de celle qui fut nommée, le roi des rêves l’enrobant du noir du deuil, lui laissant son visage et ses gestes, faisant de son esprit un tableau où le noir et le gris de deux personnes s’emmêlent alors.

Amour.
Désir.
Désespoir.

Deuil.
Rêve.
Haine.


« Pardonne moi. » comme un dernier murmure, fait à l’enfant perdu sans pour autant cesser de fixer l’homme dont elle aimerait pouvoir dire le nom, saisir l’existence, recracher quelque chose, n’importe quoi, comme s’il y avait tant à dire. Et tandis que le fil rouge d’une sordide histoire se crée aussi facilement que le sang s’écoule de la plaie qu’elle forme, elle cille, la taille cintrée dans le kimono noir « Je veux juste rentrer. » Et se mélangent trois voix à cette dernière supplique abandonnée à l’homme sans nom qui enrobe son cœur qu’elle croyait mort d’une chaleur ignoble.



(c) corvidae


Bienvenue à Yololand:
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Baby Chaos - Là où je passe, la paix trépasse.
Anaïs Wilhm
Anaïs Wilhm
Baby Chaos - Là où je passe, la paix trépasse.
A SONG OF BLOOD

En un mot : Outre en perdition
Qui es-tu ? : *Un esprit traumatisé par la cruauté de ceux qu'elle pensait être ses camarades, à jamais marqué par l'absurdité de la violence humaine.
* Fille émancipée d'une famille humaine qu'elle a fui pour sa propre sécurité. Outre dans un monde d'humains qui ne cherchaient pas à la comprendre, juste à la plier au conformisme réconfortant de la normalité.
* Apprentie curieuse et consciencieuse de Daphné Calabrezzi. S'est lancée sur la voie du chamanisme, marchant dans les pas de sa mentore avec patience et détermination, persuadée d'avoir trouvé la voie qu'il lui fallait.
* Inscrite à la LSU, en médecine. Malgré un dossier scolaire chaotique à cause d'une année de fugue, se démène pour prouver, aux autres et à elle-même, qu'elle réussira.
Facultés : *Hémokinésie, contrôle du fluide vital
*Apprentie chamane, amie des loups et des gitans
*Etudiante en médecine, acharnée et consciencieuse, pleine de projets en tête.
*Musicienne et chanteuse amateur ne sortant jamais sans son casque. Danseuse du dimanche. Incollable sur la musique, sa passion, son refuge.
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Mar 24 Aoû - 4:16 (#)

Soirée cocktail au Paradise


Fil Rp – Zach, Astaad & Yago


What the fucking fuck is going on ?

Est-ce moi qui perd le fil de la réalité par moment, ou bien le monde saute des étapes ? L’instant d’avant, j’étais installée sur ma chaise, parlant à un Zach muet, lui demandant de rentrer, et l’instant d’après, je suis sur ses genoux, collée à son torse, repliée sur moi-même comme une enfant. Quand m’a-t-il installée là ? Pourquoi je ne me souviens pas ? Je perçois sa voix par-delà mes questions, mais elle semble lointaine, étouffée alors qu’il est à côté de moi. Il semble inquiet, presque angoissé, s’adressant à un autre. Se passe-t-il quelque chose ? Il se passe toujours quelque chose. Je suis tellement lasse de tout ça par moment. J’aimerais que tout s’arrête, parfois, qu’on efface tout et qu’on recommence à zéro. La sensation de sécurité des bras de Zach est devenue si illusoire en cet instant, même en m’y noyant de toutes mes forces.

Il y a une autre voix qui parvient à mes oreilles. Une invitation soufflée tel un murmure sur les dunes. D’où me vient cette voix ? Un instant mon regard balaie la pièce, tombant dans un autre, fixé sur moi. D’où vient-il ? Je ne parviens pas à le reconnaître, mais les mots qui s’échappent de ses lèvres me parlent, eux. Partir. Sortir d’ici. Que ne donnerai-je pas pour voir cela se réaliser ? Rentrer, oublier, vivre loin de tous ces dérangements magiques et dérèglements métaphysique qui ne cessent d’avoir lieu dans mon sillage. Les attiré-je ou bien suis-je si malchanceuse que chaque pas que je fais me lance dans la direction d’un plan ourdit par Dieu savait quoi ou qui pour des raisons obscures. Alors la main tendue vers moi me semble soudainement comme une alternative. Bonne ou mauvaise, je ne sais pas, mais est-ce que j’en ai quelque chose à faire quand tout semble n’avoir aucun sens autour de nous ? Alors tendre la main vers un parfait inconnu ne semble pas une si mauvaise idée, étrangement.

Mais le monde bascule soudainement lorsqu’une ombre se jette sur Zach qui réagit aussitôt. Se perçois l’éclat de l’argent, la sensation du sang qui se libère avant que le sol ne se dérobe sous moi lorsque je pensais le heurter. La chute semble durer une éternité tandis que la scène se joue et se rejoue devant mes yeux. L’argent, le sang, l’ombre qui est une femme aux formes changeantes, tantôt une inconnue au teint d’orient, tantôt un visage connu encore intact. La scène a lieu, encore et encore, avec chaque fois un détail différent. Là le couteau qui s’enfonce davantage, là le bras de Zach qui réagit plus vite, ou encore ici une goutte de sang qui s’écarte des autres. J’ai beau hurler, leur crier d’arrêter, rien ne semble leur parvenir et même ma propre voix n’a pas l’air de quitter mes lèvres. Je m’échine en vain, une fois de plus.

Je finis par heurter le sol, le choc me coupant la respiration alors que ma tête semble décider à se faire marteler de l’intérieur. Tout semble flou autour de moi et je me redresse, essayant de récupérer vue et ouïe alors que mes oreilles sifflent, que mon cœur tambourine dans ma poitrine et que mon corps proteste face à tout ce qui peut bien se passer. Quoi que cela puisse être. Je me redresse, un peu groggy. Zach est toujours là, mais indemne et la femme n’a pas bougé. J’essaie de rassembler mes pensées sans comprendre ce qu’il peut bien se passer. Une voix me fait tourner la tête alors qu’une main se tend vers moi. Un visage inconnu aux reflets d’orient. Une voix douce, cherchant elle aussi à fuir. J’attrape sa main sans réfléchir, me relève, chancelle un peu.

- Merci…

Sa peau est froide, si froide. Un instant, je reste bloquée sur cette sensation étrange, serrant sa main dans la mienne en plongeant mon regard dans le sien. Son pouls… je ne perçois rien. Un silence abyssal entouré d’une carapace froide qui me fait frissonner tant les choses sont anormales. C’était comme si la vie l’avait en partie abandonné… ou l’abandonnait en ce moment même. Je pouvais agir, faire quelque chose pour cet homme qui semblait coincé ici avec nous. Alors je lui serre le poignet malgré la froideur de sa peau et laisse ma magie se déverser en lui en passant de mes veines aux siennes. Le fluide coule, arpente le labyrinthe de cet inconnu avant d’atteindre le palpitant dysfonctionnel. Il ne faut que quelques secondes pour que la première pulsation résonne dans sa cage thoracique. Je peux lire la surprise dans son regard tandis que son corps tout entier se crispe. Je lâche son bras, laissant perler quelques gouttes sur sa peau hâlée. Pourquoi était-ce si facile ? C’était comme si je savais faire ça dit toujours et que je n’avais même pas eu à réfléchir pour y parvenir.

- Comment vous vous sentez ?

Vivant, j’espère, c’était le but. Je ne parviens pas à comprendre les choses qui se produisent ici. Elles n’ont pas de sens et essayer d’en donner semble impossible. J’ai envie de partir, de suivre cet homme, mais je ne peux pas abandonner Zach derrière, pas alors que je suis persuadée qu’il y a encore une connerie magique à l’œuvre, quelque part. Où ? Comment ? Pourquoi ? Toutes ces questions fusent sans jamais trouver la moindre réponse, mais mon esprit est rapidement interrompu dans sa réflexion par autre chose.

- ZACH !

La folle a finalement décidé de lui sauter dessus. Il y a l’éclat d’une lame, la sensation du sang qui s’échappe d’une plaie, mes yeux qui s’écarquille sur la vision de cette scène surréaliste. De l’argent. Qui se balade avec une arme en argent ? Certainement pas quelqu’un qui a l’esprit tranquille. Je réagis pour virer cette cinglée, pour m’occuper de Zach, empêcher le sang de quitter la plaie. Je ne sais pas ce qu’il peut se passer dans cet endroit où tout semble décidé à parti à vau l’eau. Je dois être ridicule à coller mon poing dans la tempe de cette femme. Ridicule et en plus souffrante parce que c’est douloureux, mais je m’en fiche. Il y a des choses qu’on ne fait pas devant moi, et c’en est complètement une.

- Touche pas à mon père, sale grognasse peinturlurée !

J’oublie tout le reste. Que je ne sais pas frapper, que le type à côté est peut-être en train de mourir, qu’on est encore probablement dans un cataclysme magique d’ampleur et coincé tant qu’on en trouve pas l’origine. Je ne pense qu’à une chose. Virer la harpie qui s’en prend à Zach et lui faire passer l’envie de recommencer. Le reste on verra plus tard.
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