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Nos deux coeurs sous la terre • Mei

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ADMIN ۰ Mignon comme Tchoupi, aussi vnr que Moundir : le Loup d'la Vieille (la chair vivante, c'est gourmang-croquang)
Gautièr Montignac
Gautièr Montignac
ADMIN ۰ Mignon comme Tchoupi, aussi vnr que Moundir : le Loup d'la Vieille (la chair vivante, c'est gourmang-croquang)
◖ INACHEVÉ ◗

Nos deux coeurs sous la terre • Mei WjqXz0V Nos deux coeurs sous la terre • Mei 7dbuIBt Nos deux coeurs sous la terre • Mei A4xF6gr

"C'est une histoire de dingue.
Une histoire bête à pleurer."

En un mot : Meursault d'Occident. Sorel d'Amérique.
Qui es-tu ? :
"J'irais bien voir la mer.
Écouter les gens se taire."

◖◗ Homme du pays occitan, dans le Sud de la France. Né au cœur des Pyrénées aux sommets blanchis, entre le soleil et la rocaille du mois de juillet 1898.
◖◗ Loup-garou Bêta condamné à fuir famille et village, jeté sur les voies forestières d'un exil, des frontières d'Espagne aux vallées de Lozère. Voyageur infatigable, jusqu'au Nord de la France et la côte est américaine.
◖◗ Relation d'amour et de haine pour cette France ingrate. Son sang a coulé pour des généraux dont le pied n'a jamais foulé le no man's land de la Grande Guerre. Membre d'un réseau clandestin dans les années 40.
◖◗ Rêveur misanthrope à la philosophie d'un autre temps. Passe sans mal de l'empathie au jugement, de la tolérance au dégoût. Aide lorsqu'il le peut. Tue quand il le doit. Bestiole dans le crâne qui commandite d'étranges désirs.
◖◗ Homme à tout faire : capable de nettoyer les chiottes, de garder un musée, de balayer la rue ou de tenir une caisse. Prédilection pour les postes de serveur, aidé par ses hanches étroites et ses bras solides. Poste d'observation privilégié pour tous les comportements humains et non-humains.
◖◗ Rebut. Incapable de s'adapter pleinement à une meute. Chaque tentative se solde par un échec plus ou moins pénible. Solitaire, se protège derrière la barrière de mensonges qui résistent encore aux outrages du temps. Prétend n'être rien d'autre que la Bête du Gévaudan. S'en convainc parfois, ou bien d'être un descendant.
◖◗ A subi les affres du sang et de la rumeur capable de frapper tous les bourgs et hameaux des campagnes profondes. Accusé de crimes qu'il n'a pas commis. N'a jamais eu l'occasion de racheter son honneur parmi les siens.
◖◗ Amant de Mei Long, poupée chinoise de sang royal. La rencontre entre deux écorchés de la vie, entre deux psychés abîmées, vouées à toutes les folies et aux errances mortifères dans les bois du Maryland.
◖◗ Poursuivi par des flics qui n'ont pas pour habitude de lâcher prise. Connu des autorités américaines depuis les années 70. En cavale permanente. Passé maître dans l'art des identités plastiques, artificielles. Espère trouver à Shreveport l'abri de la dernière chance, en incorporant les rangs de la meute. Tueur de flics et de femmes. Traqueur traqué de Medea Comucci.
◖◗ Mélancolique. Dans ses bons jours, capable de déceler la beauté dissimulée derrière tous les aspects de l'existence. Amoureux d'Histoire et de littérature, lecteur infatigable de Camus et de Céline.
◖◗ Dérangeant. Par ses regards perçants, par ses paroles sans filtre, par ses rires grinçants : inadapté, mais sympathique, si son interlocuteur s'y prête.

◖BÊTE DU GÉVAUDAN◗

Nos deux coeurs sous la terre • Mei S6v5sWR Nos deux coeurs sous la terre • Mei N1Hqv8C Nos deux coeurs sous la terre • Mei TlIINL9

"L'a pas tellement changé la France.
Passent les jours et les semaines,
Y'a qu'le décor qui évolue.
La mentalité est la même.
Tous des tocards, tous des faux culs."

Facultés : ◖◗ Faiseur d'histoires. Capable d'inventer mythes et récits sans effort. Charmant ou effrayant tour à tour. Se réinvente sans cesse, personnage protéiforme.
◖◗ Passé maître dans l'art de dissimuler un corps et d'en ôter la vie. Tous les moyens sont bons.
◖◗ Sait comment survivre face au froid, à la pluie, à la grisaille et à la brume, aux mers, aux monts et aux coups bas. Aux morsures, aux traîtrises, aux caresses, aux promesses.
Thème : Le Fleuve ◖◗ Noir Désir
Nos deux coeurs sous la terre • Mei L4AOxKs
◖MINDHUNTER◗

Nos deux coeurs sous la terre • Mei M70Ex1d Nos deux coeurs sous la terre • Mei IfwWWwA Nos deux coeurs sous la terre • Mei QeVIwzX

"Je vais les rues je vais les lieux où on ne m'attend pas. Ceux que je croise au fond des yeux, non, ne me voient pas. Je parle à des gens comme moi qui n'ont l'air de rien. Des esclaves en muselière qui n'en pensent pas moins."

Nos deux coeurs sous la terre • Mei WdHxnMJ
Pseudo : Nero
Célébrité : Harry Lloyd.
Double compte : Eoghan Underwood, Sanford R. De Castro, Aliénor Bellovaque & Ian C. Calloway
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Date d'inscription : 04/11/2019
Crédits : Elrem95 (ava') ; Wiise (Signa')
Lun 8 Aoû - 2:38 (#)


Au milieu des failles et des ressacs
Novembre 2020.

« M’sieur, vous êtes arrivé. Ce fut un plaisir. »

Le Loup redresse le museau, sortant de son cercueil de rêverie comme un vampire se rend de nouveau à la nuit. Le moteur du taxi ronronne doucement, tandis que le compteur du chauffeur a établi sous ses yeux un prix presque raisonnable. Il s’en sortira pour une trentaine de dollars. Repoussant les mèches brunes et lisses qui menacent comme souvent de lui tomber devant les yeux, il fouille dans la poche d’une veste de cuir qu’il ne sort que rarement du placard. Elle aurait pu lui coûter une petite fortune, s’il n’avait pas eu l’intelligence de fureter dans la boutique de fripes installée près de son domicile, peu de temps après sa dernière évasion. Une pièce unique, arrivée le matin même, et probablement dans des circonstances peu reluisantes. La tenancière du commerce, une pure Latina, n’avait paru que trop heureuse de la lui céder à un tarif ridiculement bas. Entre deux jurons et prières marmonnées à voix basse pour conjurer il ne savait trop quel sort, il s’était amusé à en déduire que ce fameux cuir avait dû appartenir à un trafiquant local, reposant désormais entre six planches. Gautièr Montignac n’étant ni superstitieux ni détenteur d’un compte en banque bien rempli, il avait compris que cette opportunité ne se représenterait pas avant un bon moment. En outre, il n’avait jamais eu à regretter son achat. Malgré son affection pour les mises impeccables coïncidant avec un vocabulaire soutenu, il ne lui déplaisait pas toujours de se mêler à la foule plus subtilement, plus aisément. Il savait comment moins attirer les regards sur sa personne, en dépit de ce que pouvait redouter Kaidan. Ce soir en est l’exemple le plus parfait. Depuis sa poche, il extirpe une poignée de dollars qu’il tend à la main quémandeuse, sans se soucier de la monnaie rendue. Il n’en récupérera pas. Le pourboire est depuis longtemps devenu une habitude, dans ce pays.

« Si vous avez b’soin que j’vienne vous chercher, j’vous laisse mon numéro… Pis on sait jamais, vous pourriez avoir b’soin d’moi un de ces quatre. » Le chauffeur de taxi est typé. Un métis, à n’en pas douter, peut-être lointain descendant de l’histoire tragique de cette région. Il est aussi sympathique. Discret, bien que n’ayant pas pu résister visiblement à l’envie de faire un brin de causette à son passager, au moins sur le début du trajet. Les réponses de plus en plus monosyllabiques de ce dernier ont été suffisamment éloquentes pour l’inciter à une retenue pour laquelle le garou lui est étrangement reconnaissant. Tandis qu’il récupère la carte professionnelle de son guide, il songe avec sincérité qu’il ferait volontiers appel à ses services une prochaine fois. « Merci. Je n’y manquerai pas. » Il quitte l’habitacle en souplesse, un sourire absent aux lèvres, en attrapant à la volée : « Passez une bonne soirée et une bonne nuit, m’sieur, et faites bien attention à vous. » Debout à la lisière du parking, il regarde le taxi et les loupiotes rougeoyantes des phares arrière s’éloigner dans la nuit. Au fur et à mesure que la mécanique se fait oublier, un silence lourd retombe aux abords du Lucky Star Motel. Il n’a pas besoin de vérifier l’adresse que lui a laissé Mei. Il sait qu’il se trouve au bon endroit. Curieux emplacement, d’ailleurs, pour installer un motel. Il prend le temps d’en examiner la devanture. Une petite dizaine de véhicules sont garés là. D’autres semblent installés sur le parking à l’arrière du bâtiment. Une ancienne cahute de surveillance est visiblement abandonnée. En revanche, l’établissement tout entier semble éclairé et bien vivant, comprenant de nombreuses chambres, en ce début de soirée. On n’entend rien à des miles à la ronde. Il n’y a rien, dans le North. Rien que le rappel de l’isolement de ce coin de Louisiane, et du contraste saisissant entre ses étendues champêtres et la ville de Shreveport qui ne cesse de croître en hauteur comme en superficie. Il se demande si de simples humains logent là. Et, si oui, s'ils se sentent en sécurité. Rien n’est moins sûr, d’autant que le motel grouille de vampires.

Et lui, dans ce cas ? Pourquoi se tient-il là ?
Pensif, il sait qu’il n’est déjà plus question de faire demi-tour. Le taxi est loin, et il ne compte pas souiller ses Richelieu noires bien cirées en marchant au bord du chemin, soulevant poussières et herbes folles.
Cela fait des mois qu’elle n’est pas venue. Des mois depuis qu’elle l’a pris par surprise, créatrice d’une traque sur plusieurs semaines, dans le cadre malodorant d’une ruelle on ne peut plus banale. Si ce n’était elle. Sentir son odeur de nouveau l’a troublé. Il a longtemps essayé de s’accrocher à ce parfum retrouvé. Il a tenté de s’en concocter une image, afin de l’aider à garder le souvenir intact plus durablement dans son crâne perforé. En vain. Au fur et à mesure, la trace olfactive s’est dissoute. La cruelle a tenu sa parole : pour le punir de ses caprices insatisfaits, elle n’est plus jamais revenue quêter sa présence. Il est resté seul, seul avec ce bout d’aventurine se balançant comme un pendule, retenu par sa corde à la poignée de la porte. Une corde qu’elle avait portée durant des lustres à son cou. Une corde qui avait accompagné son Grand Sommeil comme le terrible réveil, deux décennies plus tard. Et elle la lui avait rendue. Le symbole, d’une lourdeur terrible, l’égratigne chaque fois qu’il y songe. La pierre est là, bien enfoncée dans la poche de son jean. Il espère pouvoir lui rendre le présent offert un demi-siècle plus tôt.

Il est venu chercher le goût doux-amer de ses retrouvailles. Par amour, par désir, par pur besoin de retrouver l’une de ceux qui marchent depuis trop longtemps sur cette terre avec lui. Fatigué de se sentir seul, incompris, isolé parmi cette masse de mortels qui gravitent autour de lui. Ce soir, il aurait aimé retourner dans les forêts du Maine avec elle. Ce soir, le seul chant des feuilles mortes, de la brise, des insectes et de la faune lui aurait suffi, s’il avait pu se fondre dans les bras de Mei Long, en attendant que la pluie vienne.

Il s’attend bien sûr à la rebuffade. À la violence, peut-être. Il ne s’attardera pas, si elle ne le souhaite pas. Il se laisse uniquement porter par son instinct, par plusieurs mois d’une nouvelle absence qu’il ne digère pas comme il l'a fait de la première. Leur conversation inachevée lui semble infecte, avec le recul. Ils se sont tout dit et rien dit à la fois. Elle était ardente, et si glaciale en même temps. Il soupire. Ce ne sera pas facile. Rien ne l’a jamais été, avec elle. Rien ne l’a jamais été, avec les femmes de son existence. Fatigué de rester là planté comme un piquet, l’homme plus si jeune s’avance enfin, et en quelques pas déterminés, s’approche du battant de l’entrée. Ce n’est qu’à quelques centimètres, au moment où ses phalanges manquent d’effleurer la poignée de la porte, que l’avertissement retentit.

“Ne rentre pas. Je saurai que tu es là.

Il s’interrompt, alors, en proie au doute. L’ordre est-il toujours valable ? Que craint-il à pénétrer à l’intérieur ? Il pourrait s’en affranchir, mais il décide d’attendre un peu. De ne pas risquer de provoquer une catastrophe inutile. Il se recule, et ses yeux se lèvent vers les étages, comme pour espérer y apercevoir le visage de son ancienne amante.

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Le Temps qui reste

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Anonymous
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Mar 23 Aoû - 12:48 (#)


Chuter ou se noyer


Absente ton absence, j’ai des yeux pour pleurer quelle que soit la chambre.

Les bras légèrement tendus de chaque côté de son corps, elle maintient un parfait équilibre, le talon de ses bottines tintant sur le métal de la ligne de chemin de fer abandonnée. Aussi loin que son regard se porte dans cette nuit, elle a ce repère aux allures d’infini qui scintille selon l’humeur de la lune. L’odeur de métal rouillé et de caillasse la force à inspirer dans ce geste devenu si peu naturel avec le temps. Nul besoin de cet oxygène vitale pour se mouvoir, pour penser, ressentir, vivre, déambuler telle une vipère perdue dans les hautes herbes, attendant qu’on la traque, attendant de mordre. Elle n’est qu’un pantin se voulant funambule, patientant jusqu’à la chute. Tout de noir vêtue, les cheveux se balaçant dans son dos, l’Immortelle est invisible, fondue dans ses précieuses ténèbres, coule le long de cette ligne interminable, se demandant un instant où ses pas la conduiraient si elle se décidait à en suivre le tracé. Où ils la perdraient.
S’arrêtant brusquement, le menton relevé vers le ciel, la créature inspire de nouveau, gonfle à leur maximum ces poumons inertes et, serrant les poings, les ongles s’enfonçant dans la paume de ses mains jusqu’à sentir le sang perler, desserre les mâchoires crispées et… hurle.

Porté par une haine viscérale, par un désespoir abyssal et une frustration sadique, il ne reste guère de l’humaine qu’elle a un jour été dans ce hurlement. Il dure, résonne, fait se taire le champ des quelques criquets belliqueux ayant cru bon de défier le silence de la nuit, s’envoler dans une nuée invisible les étourneaux à la cime des arbres, au loin, accompagnés de quelques coassements mortuaires. Elle hurle, rage sournoise qui suppure et la corrompt de l’intérieur, jusqu’à ce que le souffle lui manque, que l’énergie l’abandonne. Son corps chute lourdement vers l’avant, les genoux percutent les tronçons de bois usés et envahis de vermines et seules ses mains la retiennent, se refermant sur les cailloux qu’elle agrippe férocement pour les balancer avec hargne aussi loin que sa colère peut les porter. Le jeu dure une fraction de seconde et une éternité jusqu’à ce qu’un sanglot la force à l’immobilité, là, ombre paumée parmi les ombres, à quatre pattes dans l’abandon le plus total, laissant une larme humidifier le sol chargé des volutes de poussière que le spectacle vient d’achever.

***

L’ombre se meut de nouveau, coupant à travers champs, automate fantomatique sans autre but que celui de survivre à cette nuit pour peut-être succomber à la prochaine. La vampire a préféré la solitude de la nuit à l’inconfort de l’habitacle du véhicule d’Eoghan, ne supportant plus les milles pensées transpirées, les mille idées échangées. L’échec devient plus incisif que l’argent sur la chair et la silhouette du motel qui se profile à l’horizon où elle retrouvera une chambre vide la contrit un peu plus.
La silhouette se précise et elle peut déjà sentir les embruns familiers aux origines diverses. La terre sous ses godasses cède au bitume une résonance nouvelle et à peine ses pas l’ont porté sur un mètre ou deux qu’ils stoppent toute avancée, la trahissant probablement.

Gautièr

Alors que ce dernier tourne son visage vers elle, l’Immortelle cligne à plusieurs reprises des paupières pour se rassurer sur l’absence d’un songe éveillé sadique et tortueux. Combien de temps depuis leur dernière rencontre? Elle en a perdu toute notion avec les derniers événements, n’en a jamais réellement eu une acuité tangible. Immobile, figée, l’asiatique se contente de le fixer, en attente d’un quelque chose qui ne vient pas. Tout est flou, confus, seules des bribes de conversation lui reviennent en mémoire pour la maintenir dans une réalité qui lui échappe pourtant. Les vêtements poussiéreux, le tissu du genou droit déchiré, les paumes ensanglantées de son propre sang et le bout de ses doigts de celui d’un autre, elle se refuse à penser à l’énième victime de sa folie. Pas ici. Pas maintenant. Et d’ailleurs, pourquoi maintenant?
Elle s’imagine courir vers lui et le frapper, encore et encore. Pour le temps qu’il lui a fallu. Pour son absence. Pour l’idée sinistre gravée dans sa psyché qu’il ne voulait finalement pas d’elle, qu’il ne voulait pas d’eux. Imaginer ses mains se refermer sur sa gorge pour y emprisonner le dernier souffle de vie n’est pas chose compliquée mais elle reste là, sans broncher. Au-delà de la colère, du ressentiment, de tous les sentiments qui l’assaillent et la meurtrissent, une vérité surpasse toutes les autres, la seule et unique à laquelle Mei a envie de se raccrocher cette nuit. La seule dont elle ait besoin. Il est là.

Mais la créature ne court pas. Quand son corps semble se remettre en action, ce sont des pas prudents qui la rapprochent de son ancien amant, baissant même la tête quand elle parvient à sa hauteur pour le contourner sans un mot, sans un regard. Ce n’est pas de l’indifférence, pas cette fois, pas plus que la véhémence d’une supériorité pleinement assumée en d’autres circonstances. Elle se refuse simplement à ce qu’il voit ce qu’elle est, présentement. Ouvrant la porte du motel à la volée, elle la retient du pied, s’assurant simplement que son loup la suit dans l’antre qu’est sa demeure. Le sentant derrière elle, cette dernière relâche le battant et retire d’un geste las ses bottines crottées, lançant un regard noir aux quelques curieux daignant leur accorder un semblant d’intérêt, les défiant silencieusement d’émettre le moindre commentaire, avant de grimper les marches menant à l’étage.

Le couloir longé, elle pousse la porte qui est sienne et le laisse pénétrer dans sa chambre, laissant ses chaussures à côté de la porte. Cette nuit, elle se moque bien que l’on sache qu’il était là. La porte refermée, la vampire se contente de l’halogène pour une clarté tamisée et jette un rapide coup d’oeil à ses mains tachées de sang avant retirer la boucle de ceinture qui maintient le pantalon noir, se contorsionnant quelques instants pour laisser finalement ce dernier choir le long de ses jambes. Dos tourné au loup, elle attrape le bas du haut poussiéreux qui recouvre son corps et le fait passer par-dessus sa tête. Durant quelques secondes, les balafres informes et grossières qui strient la peau de son dos apparaissent, rapidement cachées sous sa tignasse de jais qui retombe en même temps que le vêtement rencontre le sol.
Toujours sans un mot, c’est la salle d’eau qui est son prochain point de chute. Le robinet ouvert, le savon entre ses paumes, elle efface les dernières traces de sa victime et de son abandon au désespoir et se rafraîchit le visage, profitant de ces derniers instants de solitude pour expirer longuement dans le linge avec lequel elle s’essuie. Pas un seul regard au miroir et attrapant un t-shirt trop grand qui lui arrive à mi-cuisse et la plonge dans un modernisme qui lui sied guère, elle revient enfin dans la chambre, restant contre l’embrasure de la porte, le regard fixé sur lui.

Oui, le frapper serait aisé et elle est certaine d’y trouver ce réconfort qui lui manque tant. Mais pas autant que…

Avalant la distance qui les sépare, ses bras se referment sur sa taille et la harpie qu’elle est se fond contre son torse, la joue contre son cœur, le serrant plus qu’un simple mortel ne pourrait le supporter, fermant les yeux pour mieux inspirer son odeur.

… comme ça.

“Serre-moi”

Deux mots. Pas un de plus. Dans une supplique qui ne lui ressemble pas. Sans jeu, sans acidité, sans tentation.

Pendant presque deux-cents ans, Mei Long était restée debout. Même après la chute de sa dynastie, la trahison de Jian, les champs d’opium, les japonais, les frénésies, Jenaro, la torpeur, l’éveil….

Cette nuit, elle ne rêvait que de s’effondrer.


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"C'est une histoire de dingue.
Une histoire bête à pleurer."

En un mot : Meursault d'Occident. Sorel d'Amérique.
Qui es-tu ? :
"J'irais bien voir la mer.
Écouter les gens se taire."

◖◗ Homme du pays occitan, dans le Sud de la France. Né au cœur des Pyrénées aux sommets blanchis, entre le soleil et la rocaille du mois de juillet 1898.
◖◗ Loup-garou Bêta condamné à fuir famille et village, jeté sur les voies forestières d'un exil, des frontières d'Espagne aux vallées de Lozère. Voyageur infatigable, jusqu'au Nord de la France et la côte est américaine.
◖◗ Relation d'amour et de haine pour cette France ingrate. Son sang a coulé pour des généraux dont le pied n'a jamais foulé le no man's land de la Grande Guerre. Membre d'un réseau clandestin dans les années 40.
◖◗ Rêveur misanthrope à la philosophie d'un autre temps. Passe sans mal de l'empathie au jugement, de la tolérance au dégoût. Aide lorsqu'il le peut. Tue quand il le doit. Bestiole dans le crâne qui commandite d'étranges désirs.
◖◗ Homme à tout faire : capable de nettoyer les chiottes, de garder un musée, de balayer la rue ou de tenir une caisse. Prédilection pour les postes de serveur, aidé par ses hanches étroites et ses bras solides. Poste d'observation privilégié pour tous les comportements humains et non-humains.
◖◗ Rebut. Incapable de s'adapter pleinement à une meute. Chaque tentative se solde par un échec plus ou moins pénible. Solitaire, se protège derrière la barrière de mensonges qui résistent encore aux outrages du temps. Prétend n'être rien d'autre que la Bête du Gévaudan. S'en convainc parfois, ou bien d'être un descendant.
◖◗ A subi les affres du sang et de la rumeur capable de frapper tous les bourgs et hameaux des campagnes profondes. Accusé de crimes qu'il n'a pas commis. N'a jamais eu l'occasion de racheter son honneur parmi les siens.
◖◗ Amant de Mei Long, poupée chinoise de sang royal. La rencontre entre deux écorchés de la vie, entre deux psychés abîmées, vouées à toutes les folies et aux errances mortifères dans les bois du Maryland.
◖◗ Poursuivi par des flics qui n'ont pas pour habitude de lâcher prise. Connu des autorités américaines depuis les années 70. En cavale permanente. Passé maître dans l'art des identités plastiques, artificielles. Espère trouver à Shreveport l'abri de la dernière chance, en incorporant les rangs de la meute. Tueur de flics et de femmes. Traqueur traqué de Medea Comucci.
◖◗ Mélancolique. Dans ses bons jours, capable de déceler la beauté dissimulée derrière tous les aspects de l'existence. Amoureux d'Histoire et de littérature, lecteur infatigable de Camus et de Céline.
◖◗ Dérangeant. Par ses regards perçants, par ses paroles sans filtre, par ses rires grinçants : inadapté, mais sympathique, si son interlocuteur s'y prête.

◖BÊTE DU GÉVAUDAN◗

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"L'a pas tellement changé la France.
Passent les jours et les semaines,
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La mentalité est la même.
Tous des tocards, tous des faux culs."

Facultés : ◖◗ Faiseur d'histoires. Capable d'inventer mythes et récits sans effort. Charmant ou effrayant tour à tour. Se réinvente sans cesse, personnage protéiforme.
◖◗ Passé maître dans l'art de dissimuler un corps et d'en ôter la vie. Tous les moyens sont bons.
◖◗ Sait comment survivre face au froid, à la pluie, à la grisaille et à la brume, aux mers, aux monts et aux coups bas. Aux morsures, aux traîtrises, aux caresses, aux promesses.
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"Je vais les rues je vais les lieux où on ne m'attend pas. Ceux que je croise au fond des yeux, non, ne me voient pas. Je parle à des gens comme moi qui n'ont l'air de rien. Des esclaves en muselière qui n'en pensent pas moins."

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Mer 26 Oct - 3:00 (#)


Au milieu des failles et des ressacs
Le son des talons ne lui échappe pas.
Il se retourne, elle se trouve là.

Doucement, il pivote pour la regarder, et repère aussitôt une foule de détails symptomatiques de l’état déliquescent d’une immortelle désincarnée. Si ses cheveux sont presque impeccables, il repère les échasses comme les plateformes boueuses, hume d’ici le sang qui salit ses paumes, mais par-dessus tout, c’est bien l’odeur d’une tristesse incommensurable qu’il respire, au fur et à mesure que Mei s’approche. Il s’attend à tout, droit et raide, mais pas tendu ni sur ses gardes. Il se contentera de prendre ce qu’elle voudra bien lui donner. Plus préoccupé par l’état de son ancienne amante que par ce qu’il pourra lui arriver, il prend à peine le temps de cligner des yeux, l’observant le contourner tout en saisissant l’invitation muette. Il ne dit pas un mot. Il la suit. Il pénètre dans ce hall aux murs refaits à neuf mais qui n’ont pas réussi à se déparer de ce sentiment de vétusté agréable qu’il ne retrouve que dans les motels américains. Le hall n’est qu’un rectangle que la teinte des lustres comble d’une lueur jaunâtre, n’étant pas sans lui rappeler les lointains souvenirs de Paris, dans les années trente. Une télévision bourdonne, quelques sièges ont été installés pour l’accueil, et derrière le long comptoir de bois, personne ne se tient pour accueillir de potentiels visiteurs. L’endroit semble vivre et se gérer par lui-même, avec une harmonie étonnante. Mei perd quelques centimètres en ôtant ses chaussures. Là encore, il ne s’abaisse pas à l’interroger. Il la suit. C’est tout. Il monte dans les étages derrière elle, frissonne quant à l’apparition d’une autre porte ; la sienne, cette fois. Il ne s’agira pas d’une chambre impersonnelle dans laquelle elle l’abandonnera après s’être montrée cruelle. Ils pénètrent dans l’intimité, la vraie. Une intimité pleine d’un confort qui leur avait été refusé, et qu’ils avaient eux-mêmes repoussé pendant leurs interminables pérégrinations. Derrière lui, le battant se referme. Aucun mot n’a été prononcé, et il devine que l’immortelle ne compte pas se montrer plus prolixe, même à l’abri des regards. Il demeure tout près du seuil, sans oser s’avancer trop loin dans l’espace à la taille correcte qui lui a été attribué. Elle se déshabille, et il ne détourne pas le regard. Il observe tout. Ses jambes qu’elle a toujours eu belles, son dos scarifié dont il osait à peine toucher les stigmates, la chevelure de jais que même l’hémoglobine et la nature du North ne peuvent dépourvoir de leur parfum comme de leur satin. Elle va et vient, ne lui reparaît que vêtue d’un bout de tissu qui ne rend pas honneur à sa silhouette splendide. Lui n’a pas bougé.

Il ne bouge pas avant qu’elle ne s’approche pour mieux se fondre dans une étreinte qu’il ne lui refuse pas. Le cuir crisse doucement lorsqu’il referme à son tour ses bras sur elle. La force qu’il perçoit dans ceux de la Chinoise avive une chaleur familière. Il lui obéit, l’enlace sans savoir quelle peine lui mord le cœur ; et cela importe peu. Que sa douleur soit futile ou issue d’une brûlure des plus profondes, il ne l’en aimera pas moins, pas plus. C’est ainsi qu’ils auraient dû se retrouver. Ainsi, et pas autrement. Le nez fin et pointu du lycan retrouve les tiges raidies et délicieusement odorantes. Il y enfouit ses narines un moment, puis il n’y tient plus. Sans prendre le temps de se reculer pour se dévêtir en partie, il n’impulse qu’un élan infime pour la soulever de terre. Son amour terrible blottie contre son torse, il avance de quelques pas supplémentaires, la calfeutrant ainsi en lui murmurant quelques mots doux dans son français natal. Il la couvre de syllabes que ce pays a oublié malgré quelques racines latines, l’embaume de la même tendresse et affection dont il l’enveloppait si mal dans le Maryland. Encore trop jeune, encore inconscient de ce qui naissait entre eux dans ces abris de fortune. Gautièr Montignac a traversé de nouveaux enfers, depuis. Souvent, perpétuellement, l’ombre de la Longue-Vie est venue hanter ses nuits. Allongé auprès d’une autre femme, au fond d’une cage épié par des blouses blanches immondes, sous le pelage de cet Autre à qui il refuse de laisser la place pour le moment, Mei est toujours restée avec lui. Son empreinte est aussi palpable que les cicatrices qui courent entre les omoplates féminines, aussi réelle que les déchirures ayant lézardé la cuisse et le flanc de l’ancien Poilu.

Il s’assied sur le lit, rassemblant les cuisses de la créature d’un seul côté pour mieux la maintenir dans une posture qui lui permettra de s’abandonner autant qu’elle le voudra. Il n’est plus question d’orgueil, de distance ou de dignité. Même s’il doit payer plus tard les vexations par un nouvel acte d’indifférence, il se raccrochera à ce souvenir. À lui, qui murmure, presque chantonnant, la berçant d’un sourire qui ne s’efface plus de son visage aux traits presque lumineux. Qu’importe qui l’a blessée, qu’importe qui la menace ; il le tuera quand même. Sa joue, sa mâchoire, se heurtent gentiment à la pommette ronde de l’Asiatique, à la tempe fraîche contre laquelle il ne décèle aucun pouls. Avec une délicatesse issue d’un autre temps, la longue main du garou recueille le visage de porcelaine de son impératrice déchue, l'incitant à relever ses yeux si noirs vers les siens. Son sourire s’affadit, mais demeure, comme promis. Il la contemple, ému par sa beauté, par la faille vertigineuse de cette âme tourmentée, à l’image de la sienne. Ils sont si seuls, tous les deux. Si marqués par une ère qui n’en finit pas de mourir.

Leur Guerre n’en finit pas de finir.

Elle n’aura pas à en réclamer davantage. D’un pouce précautionneux, il redessine le contour d’une lèvre inférieure au rose fané. Sa bouche s’empare de la sienne, conquérante sans se montrer trop autoritaire. Il l’embrasse avec la ferveur qu’il ne pouvait pas manifester avant cette nuit. Il l’embrasse pour lui dire qu’il l’aime, qu’il ne l’a jamais oublié, et qu’elle aurait dû remiser au fond d’un placard les hypothèses mauvaises qui l’ont conduite à divaguer, à ressasser le pire. Évidemment, qu’il l’aime. Car deux damnés comme eux ne pouvaient que se trouver, perdus dans la même nuit abjecte et renforcée par leurs propres cauchemars.

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Le Temps qui reste

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Lun 31 Oct - 22:20 (#)


Chuter ou se noyer


Les lois de la pesanteur bafouées, elle se laisse diriger telle une poupée docile, moins ancrée dans cette réalité tortueuse et assassine, loin du firmament souhaité, dans un entre-deux qui l’anesthésie comme ces psychotiques sous traitement. La cervelle déconnectée, bercée sur un nuage cotonneux et brumeux que tous addicts côtoient et recherchent sans y trouver refuge, elle abandonne cette lutte éternelle. Que lui a apporté la retenue? Que lui a apporté la folie? Un boulevard de regrets, une avenue sanglante, un torrent de larmes, de cris intérieurs et une rivière de tristesse. Usée par des décennies de combat silencieux, traumatisée par les vices des autres donnés en pâture pour alimenter les siens, aveuglée par des photographies qu’elle n’a jamais souhaité garder en mémoire et par les stigmates qui ont fait la créature immonde qu’elle est aujourd’hui, elle n’aspire qu’au repos, même le plus éphémère.
Jamais l’Immortelle n’aurait pensé le trouver dans ces bras. Dans les siens. En tout cas en avait-elle abandonné l’idée et s’était résignée face à ce souvenir vaporeux aux allures parfois irréelles. Dans sa morale nauséabonde, elle avait fini par préférer l’idée qu’il n’avait jamais existé. Il est pourtant là. Sa chaleur irradie sa peau glacée, son odeur s’insinue par ses sens surdéveloppés, le grain de son épiderme sous la pulpe de ses doigts résonne d’un écho bien trop familier pour reconnaître qu’un demi-siècle les a séparés. Impossible de nier l’effet ressenti, ce que son loup ravive, attise, la renaissance de cendres jamais totalement consumées. Le vent a porté avec lui mille pages d’histoire, mais pas la leur. Ils sont un chapitre jamais clos, des lignes qu’eux seuls peuvent comprendre, dans cette langue qu’est la leur et que les autres n’ont jamais déchiffré, qu’ils ne déchiffreront jamais. Deux entités ignobles que rien ne prédestinait à réunir, à unir, ou que tout prédisposait à ne faire qu’une. Pourquoi lui? De tous les pauvres hères dont les pas ont foulé ce sol, pourquoi ce simple paysan d’une terre oubliée - au moins l’âme -  du Sud de la France a-t-il fracassé son monde telle une vague déferlante impossible à dompter, impossible à stopper. Qu’aurait pensé l’impératrice déchue d’un Gautièr encore préservé de la présence de la Bête, les mains calleuses du travail de la terre, l’odeur trop significative de la faune locale, encore empêtré des problèmes insignifiants du commun des mortels? Et lui, quel jugement aurait-il porté sur elle, dans ces champs d’opium, les mains poisseuses de sève, les doigts meurtris de milles coupures, le dos voûté mais fière d’être encore debout? Mais le destin avait choisi un autre temps pour les faire se rencontrer. Aux abois, au bord de ce précipice que trop peu connaissent, leurs âmes s’étaient trouvées. Loin des contes de fées désuets dépeignant des fantasmes trop féminins, aux antipodes de l’héroïsme et du romantisme que les grands poètes ont un jour soulignés, ils seront possiblement imités, jamais égalés. Leur histoire, qu’elle soit retranscrite d’encre ou de sang, ne donnera jamais la mesure et la puissance de ce lien hors du temps.

La tourmaline coule dans la clarté de son regard, les paupières manquent à maintes reprises de se clore sous la douceur de gestes calculés mais dont la résonance lui apparaît naturelle. Parfois, elle regrette de ne plus ressentir l’affolement de quelque battement de cœur, ne s’en émeut pourtant pas davantage. Le pouce contre sa lèvre, elle retient le réflexe animal qui l’habite une fraction de seconde, devinant des intentions que la succube ne cherche aucunement à freiner.

Si chaudes, si vivantes.
Ses propres lèvres s’animent au contact des siennes, entourant ses épaules de ses bras encore tremblants de sa nuit agitée. Dans un des désespoirs les plus horribles qu’elle ait eu à expérimenter, dans la solitude la plus ultime qu’elle ait eu à vivre, faille béante et faiblesse la plus sournoise, Mei Long n’a jamais été aussi vraie qu’à cet instant. Dans une pulsion de préservation, dans un mouvement de recul devenu réflexe, la paume de ses mains vient d’abattre contre le torse masculin et elle s’écarte. Sa vieille amie la peur remonte à la surface telle la lave d’un volcan depuis trop longtemps endormi. Ses yeux se ferment et les images l’assaillent. Sa jumelle menace de reprendre le dessus, alimentée par la dernière victime en date, griffe de ses ongles crochus l’intérieur de ses entrailles, hurle et gronde pour ne pas qu’elle emprunte ce sentier.

Pas cette fois. Pas ce soir. La Caïnite le sait, les dernières semaines d’errance et d’abandon ont été salutaires. Elle sait. Que le présent lui demande d’être plus forte qu’elle ne l’a jamais été par le passé. Qu’elle se doit de l’être. Qu’ils l’ont assez possédé. Qu’il est temps pour elle de reprendre pleinement le contrôle. Sa vie n’est qu’un cercle vicieux que la créature n’a que trop répété. Une autre boucle signifie replonger dans ses travers, dans ses démons, prendre le risque d’une mort qu’elle n’est pas prête à affronter. Pour Aliénor, pour elle-même, pour Gautièr. Apprendre pour avancer. Ne plus les trahir, ne plus se mentir. Ne plus prendre autrui pour prétexte, ne plus s’abandonner à la facilité.

Les yeux de nouveau dans les siens, dans une fragilité que le Français ne lui connaît pas, elle fait glisser ses mains entre le tissu doux de son haut et le cuir froid de sa veste et l’en déleste lentement. Se redressant, elle modifie légèrement sa position et fait passer l’une de ses cuisses de l’autre côté du bassin de son loup, lui faisant pleinement face dans des gestes malhabiles qui trahissent sa nervosité. D’ordinaire, c’est son Autre qui prend les devants, harpie sans morale à l’appétit insatiable. Passion dévorante et bestiale, prédatrice assumée, bête enragée et possessive. Si loin des habitudes trop solidement ancrées, loin des cicatrices qui les ont marqués. “Tu es revenu…” Un murmure alors qu’elle embrasse sa tempe, qu’elle décore son front de mille caresses de sa bouche. “Pardonne-moi.” Les lèvres contre son cuir chevelu, elle le force à relever son minois vers elle, le dominant de sa hauteur sans chercher, pour une fois, cette position. “Je t’ai haï si fort.” Mots mystérieux pour une image d’elle qui doit l’être tout autant. “Haï si fort pour ne pas posséder le pouvoir de les effacer de ma mémoire, ces souvenirs, ces visages, ces mains, ces odeurs d’homme.” Elle se refuse aujourd’hui, après sept décennies d’un combat intérieur sans fin, à les laisser gagner encore. À leur céder ce pouvoir plus longtemps. Son calvaire a assez perduré. Au moins celui-ci. “Je n’ai compris que trop tard que la seule qui t’empêchait de les repousser, c’était moi.”

Pour le perdre…
Pour qu’il l’abandonne.

Tous l’avaient laissé. Jian. Jenaro. Gautièr. Aliénor.

Le premier était mort de la main d’elle ne savait qui, ou peut-être le savait-elle trop bien. Le second avait failli au rôle qu’il s’était attribué. Aliénor lui avait été enlevée sans certitude de lui être rendue. Son loup, quant à lui, n’avait jamais été aidé. Par sa faute. Oh, nul doute qu’elle regretterait ses mots dans quelque temps. Ainsi était faite l’impératrice à l’orgueil exacerbé. Leur poids n’en restait pas moins impactant. “Je ne veux plus être elle avec toi. Je veux que tu les effaces, tous ceux qui m’ont marqué. Je ne veux plus être celle qui t’éloigne. J’ai besoin de toi Gautièr. Cette nuit. Dans cette vie maudite. Ton âme m’appartient et tu le sais. Tout comme la mienne, même s’il te faudra me le répéter au besoin.” Lui volant un baiser, oubliant ce qui n’est pas eux, elle se laisse convaincre par cette possibilité. Elle n’a que ça, présentement. Que ce faible espoir, que cette infime ouverture vers demain. Elle n’a que lui. “Dis-moi que tu resteras. Dis-moi que tu ne m’abandonneras pas. Dis-moi que tu tueras pour moi, n’importe qui. Dis-moi que tu mettras ce monde insensé à feu et à sang si je te le demandais. Dis-moi que tu me détesteras pour ça mais que tu le feras tout de même. Dis-moi que tu m’aimes.” Et avant qu’il ne puisse répondre quoi que ce soit, elle appose son index sur ses lèvres. “Non, ne le dis pas, montre moi”



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ADMIN ۰ Mignon comme Tchoupi, aussi vnr que Moundir : le Loup d'la Vieille (la chair vivante, c'est gourmang-croquang)
Gautièr Montignac
Gautièr Montignac
ADMIN ۰ Mignon comme Tchoupi, aussi vnr que Moundir : le Loup d'la Vieille (la chair vivante, c'est gourmang-croquang)
◖ INACHEVÉ ◗

Nos deux coeurs sous la terre • Mei WjqXz0V Nos deux coeurs sous la terre • Mei 7dbuIBt Nos deux coeurs sous la terre • Mei A4xF6gr

"C'est une histoire de dingue.
Une histoire bête à pleurer."

En un mot : Meursault d'Occident. Sorel d'Amérique.
Qui es-tu ? :
"J'irais bien voir la mer.
Écouter les gens se taire."

◖◗ Homme du pays occitan, dans le Sud de la France. Né au cœur des Pyrénées aux sommets blanchis, entre le soleil et la rocaille du mois de juillet 1898.
◖◗ Loup-garou Bêta condamné à fuir famille et village, jeté sur les voies forestières d'un exil, des frontières d'Espagne aux vallées de Lozère. Voyageur infatigable, jusqu'au Nord de la France et la côte est américaine.
◖◗ Relation d'amour et de haine pour cette France ingrate. Son sang a coulé pour des généraux dont le pied n'a jamais foulé le no man's land de la Grande Guerre. Membre d'un réseau clandestin dans les années 40.
◖◗ Rêveur misanthrope à la philosophie d'un autre temps. Passe sans mal de l'empathie au jugement, de la tolérance au dégoût. Aide lorsqu'il le peut. Tue quand il le doit. Bestiole dans le crâne qui commandite d'étranges désirs.
◖◗ Homme à tout faire : capable de nettoyer les chiottes, de garder un musée, de balayer la rue ou de tenir une caisse. Prédilection pour les postes de serveur, aidé par ses hanches étroites et ses bras solides. Poste d'observation privilégié pour tous les comportements humains et non-humains.
◖◗ Rebut. Incapable de s'adapter pleinement à une meute. Chaque tentative se solde par un échec plus ou moins pénible. Solitaire, se protège derrière la barrière de mensonges qui résistent encore aux outrages du temps. Prétend n'être rien d'autre que la Bête du Gévaudan. S'en convainc parfois, ou bien d'être un descendant.
◖◗ A subi les affres du sang et de la rumeur capable de frapper tous les bourgs et hameaux des campagnes profondes. Accusé de crimes qu'il n'a pas commis. N'a jamais eu l'occasion de racheter son honneur parmi les siens.
◖◗ Amant de Mei Long, poupée chinoise de sang royal. La rencontre entre deux écorchés de la vie, entre deux psychés abîmées, vouées à toutes les folies et aux errances mortifères dans les bois du Maryland.
◖◗ Poursuivi par des flics qui n'ont pas pour habitude de lâcher prise. Connu des autorités américaines depuis les années 70. En cavale permanente. Passé maître dans l'art des identités plastiques, artificielles. Espère trouver à Shreveport l'abri de la dernière chance, en incorporant les rangs de la meute. Tueur de flics et de femmes. Traqueur traqué de Medea Comucci.
◖◗ Mélancolique. Dans ses bons jours, capable de déceler la beauté dissimulée derrière tous les aspects de l'existence. Amoureux d'Histoire et de littérature, lecteur infatigable de Camus et de Céline.
◖◗ Dérangeant. Par ses regards perçants, par ses paroles sans filtre, par ses rires grinçants : inadapté, mais sympathique, si son interlocuteur s'y prête.

◖BÊTE DU GÉVAUDAN◗

Nos deux coeurs sous la terre • Mei S6v5sWR Nos deux coeurs sous la terre • Mei N1Hqv8C Nos deux coeurs sous la terre • Mei TlIINL9

"L'a pas tellement changé la France.
Passent les jours et les semaines,
Y'a qu'le décor qui évolue.
La mentalité est la même.
Tous des tocards, tous des faux culs."

Facultés : ◖◗ Faiseur d'histoires. Capable d'inventer mythes et récits sans effort. Charmant ou effrayant tour à tour. Se réinvente sans cesse, personnage protéiforme.
◖◗ Passé maître dans l'art de dissimuler un corps et d'en ôter la vie. Tous les moyens sont bons.
◖◗ Sait comment survivre face au froid, à la pluie, à la grisaille et à la brume, aux mers, aux monts et aux coups bas. Aux morsures, aux traîtrises, aux caresses, aux promesses.
Thème : Le Fleuve ◖◗ Noir Désir
Nos deux coeurs sous la terre • Mei L4AOxKs
◖MINDHUNTER◗

Nos deux coeurs sous la terre • Mei M70Ex1d Nos deux coeurs sous la terre • Mei IfwWWwA Nos deux coeurs sous la terre • Mei QeVIwzX

"Je vais les rues je vais les lieux où on ne m'attend pas. Ceux que je croise au fond des yeux, non, ne me voient pas. Je parle à des gens comme moi qui n'ont l'air de rien. Des esclaves en muselière qui n'en pensent pas moins."

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Ven 25 Nov - 23:43 (#)


Au milieu des failles et des ressacs
Ce n’est qu’une trêve. Rien de plus. Et pourtant. Une nuit vaudra bien des décennies de silence et de rancœur. Une seule nuit. Il respire contre sa bouche, se fichant comme d’une guigne de celui, de celle, de ce contre quoi elle est venue repaître sa faim. Sentirait-il encore le goût de rouille contre la langue qu’il invite de la sienne qu’il s’en délecterait avec le même plaisir mauvais qu’à l’époque. Il n’y a rien de trop vicieux, rien de trop monstrueux, pour eux deux. Sans limites et pourtant si sages, si réservés, en décalage avec ce monde trop bavard  et exubérant. Leur propre exubérance ne se délie que dans l’ombre, et leurs seuls témoins meurent, ou sont prêts à mourir, la plupart du temps de leur patte griffue, de leurs crocs hargneux. C’est ainsi qu’il l’aime. Elle est la seule femme de sa vie capable d’embrasser corps et âme ce qu’il est, ce qu’il fut. Même leur âge est quasi-similaire. Rien ne les sépare autrement que leur nature différente, et encore ; bercés tous les deux par ce monde surnaturel qu’ils ont embrassé par la force du destin. Et c’est bien dans l’amour comme dans la mort qu’il se sent à sa place, définitivement à sa place, entre les bras de l’immortelle, qui le repousse pourtant. Surpris, il sépare sa bouche de la sienne, l’interrogeant d’un œil curieux, mais sans révolte. Il attend. Il ne s’inquiète pas outre-mesure. Il a senti la passion qu’elle lui donne, éprouve avec force la manière dont elle se cramponne à lui. Ils ne réitéreront pas la même comédie que précédemment à Western Hill. Il ne la laissera pas faire. Il ne la laissera pas couper les ponts branlants et fragiles qui les maintiennent réunis dans cette chambre. Il contemple la beauté de ses paupières closes, de son visage tendu vers lui, et néanmoins réclamant une pause, un souffle qu’il lui accorde bien volontiers. Lui ne cesse pas de la calfeutrer au plus près, de la bercer lentement. Consacré à elle, absolument et sans réserve, se détachant de toute stimulation sensorielle autre que son corps sans pouls.

Lorsque les deux billes noires et brillantes reparaissent, il ne montre rien de l’affect qu’elles produisent sur lui. Mei est brisée. Elle est brisée comme il ne l’a en effet jamais vue avant cela. Il ne la relâche qu’à peine, le temps de répondre à sa demande muette. Le cuir s’évade de ses épaules, s’échoue derrière lui, sur le lit, tandis que sa reine d’Orient se juche sur ses cuisses en une posture beaucoup moins pudique. Là encore, il ne montre rien. Hormis, peut-être, l’ombre d’un sourire encore caché, qu’elle saura trouver si elle creuse suffisamment. Si elle érafle d’un ongle toujours cruel le vernis qui n’a jamais su tenir bien longtemps, en sa compagnie. Il voit en effet, comme elle fait attention. Elle n’a rien à voir avec la harpie qui le tordait selon ses désirs, qui faisait preuve d’une violence perpétuelle, pendant leurs moments d’une exaltation barbare et purement sexuelle. Il n’avait pas voix au chapitre alors, et ne souhaitait rien d’autre qu’être le piédestal de sa gloire, lorsque le stupre l’emportait loin de lui, de la forêt, de tout ce qui n’était pas cet état d’achèvement sanguinaire, venant clore le chapitre d’une chasse victorieuse. Ici, Mei fait attention. Elle n’en est que plus touchante, que plus surprenante. Lui, en revanche, n’aurait jamais profité de cette occasion pour souligner la différence avec la femme rencontrée auparavant. Sa main en profite pour caresser son dos couvert, ne songeant qu’aux cicatrices dont il n’a jamais connu l’origine, et qu’elle lui permettait à peine d’effleurer, lorsque sa peau était nue. À son tour, il ferme les yeux, se laissant cajoler par des baisers amplifiés par le crissement soyeux de la chevelure noire, du tissu moins doux, de la moindre vibration de l’air qu’elle provoque par ses gestes amoureux.

Le vert retrouve le sombre, lorsqu’il obéit à l’impulsion, relevant la tête dans sa direction.
Épris, autant que le loup ayant retrouvé sa plus vieille amie. Il la couvre de ce regard pur, dont seuls les canidés sont capables. Un regard d’une loyauté sans commencement ni fin. L’homme qui se soumet à la main impériale ne laisse planer aucun doute sur son inclinaison envers elle, et tout ce qu’elle représente. Elle n’avait rien à se faire pardonner. Pourtant, quelque part, il comprend que le baume de ces paroles rares trouve la plaie asséchée autrefois causée par elle. Elle promet, implore, ordonne, murmure. Elle lui demande un serment, qu’elle refuse finalement de le voir professer. Docile, il se penche alors, abandonne son visage dans sa gorge, et d’une langue avide, lape longuement le grain de peau cuivrée qui s’offre à lui. Ses soupirs se font d’abord lascifs, avant que son souffle ne paraisse gagner en puissance. Ses paumes se faufilent sous le tissu dissimulant ses courbes, jusqu’à s’emparer des seins cachés par la dentelle. Est-ce qu’il redoute un mauvais coup, de sa part ? Peut-être. Il connaît trop bien Mei pour ne pas s’attendre à une surprise de taille, à un changement d’avis, à un revers de la part de la furie. Sans même avoir à la déshabiller, il fait sauter les agrafes, et libère sa poitrine pour happer entre ses dents l’une des pointes affleurant sous la surface.

« Tu as assez bu… ? »

Il gagne en impatience, et tout le désir qu’il croyait atrophié, repoussé loin au fond de ses entrailles faute de chercher à s’unir avec une autre, paraît imploser entre ses reins, manquant de le faire gémir. Ses ongles à peine plus pointus qu’à l’ordinaire accrochent l’arrondi d’une fesse, la déparant à nouveau de cette lingerie dérangeante, tendant l’oreille en ignorant si la condition de la Longue-Vie lui permettra de l’aimer autant qu’elle le lui demande.

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Le Temps qui reste

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Sam 4 Fév - 19:49 (#)


Chuter ou se noyer


Les mots deviennent superflus, ils sont leur propre carcan.
Dans cette bulle intime et encore préservée de la marque des profanes, le miroir offert par ces deux aventurines lui souffle la seule réponse dont elle a besoin. Loin de la maladresse de l’oralité qui porte en son sein les pieux mensonges et les tentatives de manipulation les plus viles, elle ne se fie qu’à tout ce que les étincelles dans ses iris affirment par ce simple regard. Aux allures de soumission se sont substituées les rênes du commandement qu’elle lui glisse silencieusement. Aveu de faiblesse à peine déguisé, c’est un encouragement muet à ce que son être renferme de pire, à ce que son esprit façonne de plus infâme. En a-t-il seulement conscience? Heureux ignorant des derniers événements, incapable de supposer ce que les sentiments contradictoires qui la portent la poussent vers un chemin à l’issue incertaine, la rapprochant inexorablement d’une fin à laquelle l’immortelle a trop souvent échappée. Ignoble faucheuse, bourreau fantomatique. Pleinement consciente des risques encourus pour le prix d’une amitié inexpliquée, c’est peut-être la valeur des derniers instants qui lui ouvre la possibilité de cette liberté jamais gagnée et pourtant dûment méritée. La Vampire n’a jamais été aussi fataliste que cette nuit.

Noyée dans l’émeraude, Mei ne peut que constater ce piédestal sur lequel son loup s’entête à la placer. D’ordinaire enorgueillie, quelque chose se brise, là, dans ses entrailles. Morceau de carapace forgée par des décennies de combat intérieur, éclat de métal rouillé dans ses chairs, elle ne sait ce qui l’émeut autant à cet instant, refuse sans pouvoir le contrôler l’effet produit sur son être meurtri. Peu de créatures en ce bas monde ont eu le pouvoir de la faire se sentir grande autrement que par le mépris nourri sur leur personne. Seulement deux, finalement. Pour des raisons diamétralement opposées sans doute, pour des résultantes qui l’ont été tout autant. Deux prodiges défiant les lois de la Nature et qui ont, un jour, volé une partie de sa raison pour un lien unique d’exception. Deux échos à son âme, dont l’un lui avait été arraché.

Bercée par l’instant présent, l’immonde créature qu’elle est se raccroche aux bras qui la maintiennent hors de l’eau, aux battements de coeur qui résonnent dans sa caboche, à l’infime sourire se profilant sur les lèvres de Gautièr, à ses mains qui cajolent un dos à la fois source d’une honte innommable et d’une fierté sans égale. La langue qui goûte et fait frémir le grain de sa peau s’accompagne d’une invitation franche et impudique, les yeux fermés. Si chaud, si vivant. Il a pourtant subi, comme elle, le destin sadique que d’autres leur ont imposé. Pourtant, son être est une balance fragile à l’équilibre néanmoins parfait entre une humanité sauvegardée et une extraordinaire bestialité. Il est un tout et son contraire, un atome isolé cherchant ancrage sans se résoudre à trouver racine et elle l’aime pour ça. Pour tout ce qu’il représente, tout ce qu’il cache sous ses allures d’homme, tous les souvenirs associés, les regrets, la rancune, la passion, la violence, cet instant.
Les mains se font plus aventureuses, plus téméraires et un soupir s’extirpe de sa bouche alors qu’elle se refuse à affronter la réalité en rouvrant les yeux. Plus qu’une envie, cet interlude éphémère revêt des allures de nécessité. Sa poitrine faussement libérée, cette bouche qui s’invite, elle prend conscience, par la voix dans le creux de sa tête qui la pousse à interrompre le moment, qu’elle doit se réapproprier un corps dont elle n’a qu’une vision biaisée par trop d’abus. Il lui faut faire abstraction d’un nombre incalculable de parasites pour apprécier son toucher pour ce qu’il est. Car de tous les amants qui ont peuplé sa vie de femme, un seul l’a vraiment respecté, celui à qui, cette nuit, elle offre une partie d’elle morte dans cette cellule sinistre d’un complexe japonais d’une partie de l’Histoire trop souvent oubliée. Une page qu’il lui fallait tourner, coûte que coûte. Pour avancer, pour tenir droite, pour se relever, pour tenir debout.

Ses genoux avaient fléchi mais jamais ployés.
Son dos s’était courbé mais elle s’était toujours redressée.
Souvent brisée, jamais vaincue.

Et elle avait envie de lui. Elle avait envie d’eux.

Brisant le silence imposé involontairement, sa question la pousse à sonder de nouveau ses prunelles claires alors que l’une de ses mains remonte lentement l’intérieur de sa cuisse, joueuse. Là, elle se heurte à la preuve flagrante de son appétit d’elle, toujours aussi vivace bien que cinquante années les aient séparé. Un simple hochement de tête à l’affirmative, lent, tout comme ses doigts qui insistent et ses ongles qui crissent sur la surface de son vêtement là où elle le sait sensible.
Taquine mais pas trop, dans une réserve que d’autres pourraient lui attribuer comme timidité, Mei agrippe le bas de ce t-shirt informe et décidément trop large et le fait passer par-dessus sa tête, l’envoyant valser plus loin sans se préoccuper de l’endroit où ce dernier atterrit. Le sous-vêtement, déjà habilement entamé par le français, glisse le long de ses bras et elle s’en déleste dans la même sobriété.

À présent quasiment nue, elle ne peut que se confronter au regard de son partenaire, relevant inconsciemment le menton de ce port altier dont elle n’a même pas conscience. Quelques secondes, c’est là tout ce que Mei offre à Gautièr avant de venir réclamer ses lèvres, s’acharnant sur le premier bouton de sa chemise. Ce soir, elle annihile le passé. Cette nuit, elle fait fi de toutes ces mains crasseuses, de toutes ces bouches malodorantes, de tous ces coups de butoirs encaissés, des insultes, des crachats, de tout ce que sa mémoire refuse de faire remonter à la surface. Aujourd’hui, elle oublie.

Demain….

Les deux derniers boutons ont raison de sa patience et ils sautent, perdants du geste rageur qui les fait sauter plus loin. Les mains deviennent fébriles, les gestes se font urgents alors qu’elle fait glisser le vêtement le long de ses bras et que sa bouche invite plus férocement la sienne à suivre le mouvement. À peine celui-ci rejoint la veste abandonnée plus tôt qu’elle s’attèle à son pantalon. Elle aurait dû lui céder les rênes plus tôt, dans cette cabane isolée témoin de leurs vices, de leurs crimes, de leur luxure. Elle aurait dû s’abandonner à son étreinte, flancher devant son autorité. Elle aurait dû faire un tas de choses. Mais il lui avait fallu vivre une moitié de siècle supplémentaire loin de lui pour enfin le laisser… “Prend” souffle-t-elle contre sa bouche, sachant que qu’ils ralentissaient la cadence, elle ferait marche arrière.



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ADMIN ۰ Mignon comme Tchoupi, aussi vnr que Moundir : le Loup d'la Vieille (la chair vivante, c'est gourmang-croquang)
Gautièr Montignac
Gautièr Montignac
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Nos deux coeurs sous la terre • Mei WjqXz0V Nos deux coeurs sous la terre • Mei 7dbuIBt Nos deux coeurs sous la terre • Mei A4xF6gr

"C'est une histoire de dingue.
Une histoire bête à pleurer."

En un mot : Meursault d'Occident. Sorel d'Amérique.
Qui es-tu ? :
"J'irais bien voir la mer.
Écouter les gens se taire."

◖◗ Homme du pays occitan, dans le Sud de la France. Né au cœur des Pyrénées aux sommets blanchis, entre le soleil et la rocaille du mois de juillet 1898.
◖◗ Loup-garou Bêta condamné à fuir famille et village, jeté sur les voies forestières d'un exil, des frontières d'Espagne aux vallées de Lozère. Voyageur infatigable, jusqu'au Nord de la France et la côte est américaine.
◖◗ Relation d'amour et de haine pour cette France ingrate. Son sang a coulé pour des généraux dont le pied n'a jamais foulé le no man's land de la Grande Guerre. Membre d'un réseau clandestin dans les années 40.
◖◗ Rêveur misanthrope à la philosophie d'un autre temps. Passe sans mal de l'empathie au jugement, de la tolérance au dégoût. Aide lorsqu'il le peut. Tue quand il le doit. Bestiole dans le crâne qui commandite d'étranges désirs.
◖◗ Homme à tout faire : capable de nettoyer les chiottes, de garder un musée, de balayer la rue ou de tenir une caisse. Prédilection pour les postes de serveur, aidé par ses hanches étroites et ses bras solides. Poste d'observation privilégié pour tous les comportements humains et non-humains.
◖◗ Rebut. Incapable de s'adapter pleinement à une meute. Chaque tentative se solde par un échec plus ou moins pénible. Solitaire, se protège derrière la barrière de mensonges qui résistent encore aux outrages du temps. Prétend n'être rien d'autre que la Bête du Gévaudan. S'en convainc parfois, ou bien d'être un descendant.
◖◗ A subi les affres du sang et de la rumeur capable de frapper tous les bourgs et hameaux des campagnes profondes. Accusé de crimes qu'il n'a pas commis. N'a jamais eu l'occasion de racheter son honneur parmi les siens.
◖◗ Amant de Mei Long, poupée chinoise de sang royal. La rencontre entre deux écorchés de la vie, entre deux psychés abîmées, vouées à toutes les folies et aux errances mortifères dans les bois du Maryland.
◖◗ Poursuivi par des flics qui n'ont pas pour habitude de lâcher prise. Connu des autorités américaines depuis les années 70. En cavale permanente. Passé maître dans l'art des identités plastiques, artificielles. Espère trouver à Shreveport l'abri de la dernière chance, en incorporant les rangs de la meute. Tueur de flics et de femmes. Traqueur traqué de Medea Comucci.
◖◗ Mélancolique. Dans ses bons jours, capable de déceler la beauté dissimulée derrière tous les aspects de l'existence. Amoureux d'Histoire et de littérature, lecteur infatigable de Camus et de Céline.
◖◗ Dérangeant. Par ses regards perçants, par ses paroles sans filtre, par ses rires grinçants : inadapté, mais sympathique, si son interlocuteur s'y prête.

◖BÊTE DU GÉVAUDAN◗

Nos deux coeurs sous la terre • Mei S6v5sWR Nos deux coeurs sous la terre • Mei N1Hqv8C Nos deux coeurs sous la terre • Mei TlIINL9

"L'a pas tellement changé la France.
Passent les jours et les semaines,
Y'a qu'le décor qui évolue.
La mentalité est la même.
Tous des tocards, tous des faux culs."

Facultés : ◖◗ Faiseur d'histoires. Capable d'inventer mythes et récits sans effort. Charmant ou effrayant tour à tour. Se réinvente sans cesse, personnage protéiforme.
◖◗ Passé maître dans l'art de dissimuler un corps et d'en ôter la vie. Tous les moyens sont bons.
◖◗ Sait comment survivre face au froid, à la pluie, à la grisaille et à la brume, aux mers, aux monts et aux coups bas. Aux morsures, aux traîtrises, aux caresses, aux promesses.
Thème : Le Fleuve ◖◗ Noir Désir
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"Je vais les rues je vais les lieux où on ne m'attend pas. Ceux que je croise au fond des yeux, non, ne me voient pas. Je parle à des gens comme moi qui n'ont l'air de rien. Des esclaves en muselière qui n'en pensent pas moins."

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Pseudo : Nero
Célébrité : Harry Lloyd.
Double compte : Eoghan Underwood, Sanford R. De Castro, Aliénor Bellovaque & Ian C. Calloway
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Sam 4 Mar - 2:43 (#)


Au milieu des failles et des ressacs
Comme si c’était la première fois.
Ils auraient dû prendre leur temps. Ils auraient dû se réhabituer, l’un à l’autre.
Prendre leur temps. Leur temps n’a rien de précieux. Leur temps, ils ont passé leur vie à le gâcher consciencieusement, à en faire une longue litanie de malheurs, parfois par leur propre faute.
Il aurait dû l’aimer avec la conscience désormais plus claire, dans un endroit plus propre, plus net. Ils auraient alors pu parler. Se parler réellement, maintenant que la barrière de la langue ne les réduisait plus à de longs échanges douloureux, laborieux, faits de mimes, de ressentis, de dessins gribouillés dans la terre meuble, de silences et de non-dits. Il aurait pu, peut-être, se résoudre enfin à lui demander l’origine de ces cicatrices dont le relief s’étale partout sur le dos qu’il a caressé quelques instants plus tôt. Ils auraient dû faire, dire, évoquer tellement de choses.

Cependant, la patience n’a jamais été le point fort de Mei. Mei qui se dévoile, se révèle sous un nouveau pan qu’il ne lui a encore jamais connu. Ainsi que lors de leur première rencontre, c’est à la dure que le loup l’apprend, la reconnaît. Les vibrations qui agitent les membres morts et pourtant bien réels tremblent de cette pulsion qui anime les femmes avides, celles dont le ventre creux appelle le vit ; exigence qui ne souffrira d’aucune latence. S’il reconnaît que sa brutalité gratuite s’est pour l’heure amoindrie, il y a encore, dans la remise de ces rênes autoritaires, une péremption qu’il aurait tort d’oublier. Alors qu’elle l’effeuille, le Français cabre gentiment sa silhouette, la laisse le délester de tout textile capable de les séparer. Il se souvient. Des heures à demeurer nus l’un contre l’autre, elle gourmande de sa chaleur, lui rassuré par sa présence inquiétante. Il entend son téléphone échouer dans un bruit étouffé, sur la moquette. Il entend par-delà les murs les clameurs, les échanges, le son lointain d’une télévision, peut-être même la sonnerie d’un autre mobile. Le monde autour d’eux est devenu si bruyant. Et pourtant, il n’aura aucun mal à l’aimer. Dans le silence relatif de la forêt comme en pleine place publique, l’autel qu’il lui a construit dans son esprit ne résiste à aucune frontière de l’espace ou du temps.

Il entend.
Il entend le doute qui subsiste derrière la volonté affichée de le laisser mener la danse. Il ne doit plus attendre.
Il comprend, et une griffe vient, sans la blesser, rompre, déchirer sans aucune pitié la lingerie qui la couvrait encore. Dans un mouvement souple et vipérin, il entraîne son amante à rouler sur ce dos saigné par les mains ennemies. Il les aurait bouffées ces phalanges honnies, les unes après les autres, broyant les os, mâchonnant les ligaments, se nourrissant des hurlements de ceux qui ont osé profaner une telle enveloppe. Ses propres cicatrices apparaissent, dans la confusion générée par leurs mouvements, par le froissement des draps. Celles de la Guerre, et puis toutes celles qui ont suivi. Les plus récentes – du moins celles qui importent vraiment – remontent à un certain laboratoire new-yorkais ; les noms de ceux qui l’ont torturé se sont dissipés. Il ne pourrait s’en rappeler seul, et peut-être est-ce encore le mieux. L’Impératrice qui s’échoit au creux du matelas les aurait alors traqués, happés, réduits en poussière avec la même hargne que celle, vengeresse, de la Bête.
Il ne prend qu’une seconde ou deux pour la contempler d’en haut. Il fige dans son esprit malade le visage aux traits enflammés et pourtant si placides ; la beauté brute dont la bouche impérieuse ne cesse de le rappeler à l’ordre. Ils sont là, comme autrefois, et le glissement qu’il opère pour la posséder le surprend par son automatisme.

Il la prend.
Il n’y a presque pas de sentiment, dans l’accouplement que son amour exige. Ils savent quelle affection les lie intrinsèquement l’un à l’autre. Ils ont trop vécu pour se laisser aveugler par l’entrechoc violent de leurs silhouettes entremêlées. Il la prend comme elle le lui demande, comme s’il avait pu toucher du doigt le rêve de devenir son Alpha. Les lèvres qui fondent sur elle ne se contentent pas de ravager leurs jumelles. L’angle de sa mâchoire si particulière, sa gorge à portée de crocs, ses seins arrogants aux baies durcies ne résistent pas sous l’appendice qui s’en empare, qui les nargue et les invite à s’ériger plus encore. Il s’enfonce en elle jusqu’à l’outrage, relâchant une plainte révélant toute la frustration causée par son absence. Son front touche le sien, salut, contact bref à la dévotion muette, mais palpable. L’étreinte est immonde, contre-nature, et cependant rarement il s’est senti aussi conforté par la certitude de se trouver à sa place. La seule qui en vaille encore la peine, malgré la longue errance.

Il l’emplit, elle l’avale.
Faire l’amour à une Antique n’a jamais suscité de dégoût, à ses yeux. Il ne savait pas que c’était interdit. Unique Morte qui Marche à réveiller une telle attirance, ce n’est que l’expérience qui lui a appris la rareté de ces unions maudites.

Lui s’est toujours émerveillé de la disharmonie entre son corps et le sien. Il ne leur manquait que du sang frais, de quoi nourrir sa terrible Gorgone pour qu’enfin, la magie opère. Qu’elle le détruise de ses volontés hystériques. Dans ses cheveux noirs s’est attardée l’odeur de la nuit, du Sud des Etats-Unis qui, ce soir, leur offre l’asile. Chaque va et vient de ses reins contre elle l’honore comme si elle était une femme de chair et de sang véritables, comme s’il pouvait faire bruire les poumons affolés, propulsant des ondes bouleversant toutes leurs alvéoles. Il lui fait l’amour comme si elle pouvait entendre son propre cœur trébucher à vouloir battre trop vite. Comme si elle n’avait jamais été tuée par mille lames, immatérielles ou non. Il l’aime comme personne ne lui a appris à le faire. Il s’enfouit entre ses cuisses pleines que, parfois, ses ongles taillés en griffes éraflent comme pour l’inciter à s’ouvrir davantage, pour mieux se refermer sur ses hanches en attente. Qu’elle se referme, mygale carnassière, Drosera vénéneuse, sur lui qui pourrait bien s’arrêter là, son arc accompli, d’avoir enfin retrouvé la reine à qui il confierait sa vie.  

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Le Temps qui reste

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Sam 4 Mar - 23:04 (#)


Chuter ou se noyer


Cent-trente-quatre années de vie résumées à cet instant.
Rapport erroné à ce qui lie pourtant naturellement des millions d’êtres depuis la nuit des temps, elle se sent toujours étrangère. Aussi loin que s’envole son esprit tourmenté, dans lequel les plus vieux souvenirs prennent des allures de nuages fantomatiques, sa vision de l’acte charnel est biaisée. Loin dans les contrées aujourd’hui oubliées, au temps où Empire et Dynastie revêtaient encore un sens pour le commun des mortels, son éducation se réduisait à la pureté de sa virginité. Coquille aux apparats de soie et au visage de porcelaine, traits à la beauté hors-norme, elle ne se résumait alors qu’à la future union à laquelle on la destinait et au devoir que sa condition de femme impliquait. Quelques explications expéditives sans jamais dévoiler ce qui devait rester secret dans une pudeur malhonnête que maintes filles ont expérimenté dans l’Histoire. Nul plaisir, alors, n’était envisagé, envisageable. Elle n’était pas ici pour ça. Contenter l’ensemenceur, et devenir matrice d’une graine aux promesses d’héritage. Sauvegarder la pureté d’une lignée alors même que l’envahisseur occidental gagnait du terrain. Préserver une culture que la modernité bientôt, menacerait.

Était venu le temps de la rébellion, sa fuite en avant avec Jian, les promesses d’une vie que sa condition ne pouvait envisager. Chaque mot susurré vantant monts et merveilles lui avait laissé espérer le meilleur, pour ne se résumer finalement qu’à la douleur. Ce moment hautement sacralisé par ses pairs, par la littérature, par tant de femmes avant elle, avait été horriblement… banal. Cette pureté placée sur un piédestal réduite à la déchirure d’un morceau de chair, voilà tout. Le reste, ma foi, n’avait été que possessivité et, sans comparaison possible, la jeune femme qu’elle était encore s’était raisonnée quant à la normalité de ces échanges. Un soupçon de plaisir, une soumission assumée.

La prison dorée s’était mue en geôle sordide. Aux mains possessives mais passionnées de Jian s’étaient substituées celles de ses bourreaux. Deux, dix, cinquante? Au cours des mois elle en avait perdu le compte. Dans un sursaut de survie, son esprit s’était évadé, loin de cette cellule, loin de ses violeurs. Une autre avait pris sa place, accusant les coups de butoir, refusant de crier ou de geindre, focalisée sur une vengeance dont elle serait pourtant privée. Elle avait encaissée ce qu’aucune femme n’aurait pu, les coups, les insultes, les humiliations, le foutre entre ses cuisses, priant que la graine ne prenne pas. Souillée de toutes les façons qu’un homme peut concevoir de bafouer une femme et à jamais marquée par les sévices.

Vampire, créature nouvellement née, shootée au sang volé de gorges faussement innocentes, elle avait enfin goûté à l’extase, dans cet état second qui ferait partie d’elle pour les décennies à venir. Jian, puis Gautièr. Les deux hommes de sa vie. Le premier avait fait d’elle sa marionnette, elle s’était jurée de mater le second, de ne jamais lui céder ce que son prédécesseur avait forcé. Mais ça n’avait jamais été qu’un éclat d’elle, cette jumelle invoquée dans le moment le plus sordide de sa vie, qui l’avait sauvée au pire instant de son existence pour lui en voler ensuite les meilleurs morceaux.

Il prend, comme elle le lui a demandé quelques instants plus tôt. Il prend, dans une habitude qui les a liés un demi-siècle plus tôt et dans cette dynamique pourtant nouvelle. Mais… rien. Aux vagues traumatiques auxquelles l’Immortelle s’attendait, au tsunami des mille sévices que sa mémoire porte, il n’y a qu’un faible ressac seulement alimenté par les craintes de son âme torturée. Si la peur l’abandonne, nul plaisir ne vient la soustraite à ses pensées. Spectatrice désillusionnée, elle ne peut nier que la communion retrouvée de leurs deux corps lui fait oublier tout ce qui n’est pas lui. À l’absence de plaisir s’entrechoque l’odeur de Gautièr qui ensorcelle ses sens. Forçant une inspiration profonde, elle s’enivre de cette fragrance qui n’appartient qu’à lui et lui fait tourner la tête, se concentre sur la chaleur que dégage son épiderme, antithèse parfaite à la froideur du sien qui porte les stigmates d’une demie-vie et réchauffe un coeur inactif depuis trop longtemps déjà. Les battements du sien, saccadés, la conforte dans l’idée qu’il est son contraire et son absolu le plus imparfait. Son souffle contre sa peau, ses lèvres qui meurtrissent les siennes dans une passion oubliée, les ongles qui raclent ses cuisses et la définissent comme sienne, le temps que leur conférera cet instant, la possessivité de cette prise contre ses hanches qui répondent bien que partiellement absentes de l’échange. Tout n’est qu’oubli entre ses bras potentiellement amoureux et rien que pour ça, elle l’aime, lui, son loup, ennemi mortel lui offrant plus que le plus banal humain ou l’immortel le plus puissant. Si son corps ne peut encore accéder à cette liberté des sens, si ses reins refusent de faire écho à cette source devenue familière chez la plupart des êtres vivants doués de raison et de sentiments, si rien ne fourmille dans son ventre autre que l’intrusion volontaire de son amant, elle ne peut que se gorger de tout ce que fait naître cette réunion. Là, dans cette chambre, bercée par les soupirs de son Français, ses mains redécouvrent son corps, partent à la conquête de cicatrices nouvelles et grossières que leur séparation rend tout bourreau anonyme. Ils restent un océan de secrets l’un pour l’autre et pourtant, dans cette union malsaine, dans ce lien qu’eux seuls peuvent comprendre et apprécier, dans cette appartenance indéfectible, elle en est certaine, il donnerait sa vie pour elle et pour ça, elle l’aime aussi.

Tant de choses à rattraper, de non-dits à dévoiler, de barrières à briser, de remous à apaiser. Prisonnier de ses bras, de ses cuisses, maître de l’instant, elle refuse de se laisser à la désillusion que l’absence de plaisir emporte avec lui. Mei le sait, rien ne pourra être réglé en une seule tentative. Sa vie entière n’est qu’une suite d’échecs. Pour chaque effort fourni, pour chaque sacrifice fait, une gifle que la vie lui a asséné. Elle a confiance en lui et pour la première fois de sa longue existence, elle a confiance en eux. Ses lèvres trouvent sa gorge, le flatte de mille caresses. S’il n’était pas loup, nul doute que ses crocs acérés auraient déjà forcé le passage pour s’abreuver de son essence. Non, elle ne goûtera pas à l’extase ce soir, mais elle y gagnera plus que les mots ne peuvent exprimer.
C’est une contradiction étrange, douloureuse même. Celle de subir un nouvel échec et d’y trouver pourtant mille choses positives pour se relever et se maintenir droite. C’est finalement la seule certitude dont elle a besoin pour avancer. Nombreux étaient ses ennemis mais ce soir, elle s’assurait au moins un allié de taille.

Incapable d’un abandon sincère elle n’en reste pas moins actrice et accompagne son vieil amant vers une délivrance dûment méritée. Le contraste est une nouvelle fois saisissant, entre le martèlement de son cœur, le rythme de son souffle, la chaleur de sa peau que l’afflux sanguin rend presque brûlante, quand elle n’est que calme inquiétant. Aucun pouls ne vient déranger la placidité de son être, aucune exaltation d’un souffle inutile à sa vie. La Chinoise cède tout le temps nécessaire dont Gautièr a besoin pour reprendre ses esprits. Il la connaît trop bien pour s’illusionner d’un quelconque accomplissement ce soir et elle le respecte trop pour lui mentir. Il suffirait d’un regard pour communiquer la résultante de leur ébat mais elle préfère le serrer un peu plus contre elle et le maintenir quelques secondes en elle. Elle le sait, si cette dernière ne lui dit pas, il se méprendra sur tout.

Au diable le pathétique jubilé que les autres vénèrent dans ce genre d’instant. Ce soir, son loup lui avait offert précisément ce qu’elle attendait. Au moins la première étape à la réappropriation de son corps, et, à l’avenir, de sa vie.

“J’ai besoin de toi” souffle-t-elle contre sa bouche en lui volant un énième baiser. Les encres noires plongées dans les siennes, encore prisonnière de son étreinte, elle lui avoue ce que le futur lui interdira de prononcer à haute et intelligible voix. “Ne laisse pas la harpie de demain te souffler le contraire. Ne me laisse pas anéantir l’importance que cet instant revêt. Lutte. Contre moi. Contre mes mots, contre mon entêtement, contre ma cruauté. Lutte et ressort vainqueur de ce combat. J’ai besoin de toi Gautièr. Maintenant plus que jamais.”

Un allié de plus contre mille ennemis à l’extérieur de ce cocon. Un allié contre un ennemi invisible qui lui avait arraché l’un des êtres les plus chers à son existence.

Son loup.
Gautièr.
Celui qu’elle méritait.
Et qu’elle briserait, consciemment ou pas.





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◖◗ Loup-garou Bêta condamné à fuir famille et village, jeté sur les voies forestières d'un exil, des frontières d'Espagne aux vallées de Lozère. Voyageur infatigable, jusqu'au Nord de la France et la côte est américaine.
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◖◗ Rêveur misanthrope à la philosophie d'un autre temps. Passe sans mal de l'empathie au jugement, de la tolérance au dégoût. Aide lorsqu'il le peut. Tue quand il le doit. Bestiole dans le crâne qui commandite d'étranges désirs.
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◖◗ A subi les affres du sang et de la rumeur capable de frapper tous les bourgs et hameaux des campagnes profondes. Accusé de crimes qu'il n'a pas commis. N'a jamais eu l'occasion de racheter son honneur parmi les siens.
◖◗ Amant de Mei Long, poupée chinoise de sang royal. La rencontre entre deux écorchés de la vie, entre deux psychés abîmées, vouées à toutes les folies et aux errances mortifères dans les bois du Maryland.
◖◗ Poursuivi par des flics qui n'ont pas pour habitude de lâcher prise. Connu des autorités américaines depuis les années 70. En cavale permanente. Passé maître dans l'art des identités plastiques, artificielles. Espère trouver à Shreveport l'abri de la dernière chance, en incorporant les rangs de la meute. Tueur de flics et de femmes. Traqueur traqué de Medea Comucci.
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Mer 15 Mar - 3:31 (#)


Au milieu des failles et des ressacs
Inerte.
Il ressent avec une acuité dérangeante la froideur de l’amante qui se fait si distante, si faiblement réceptive à la vie qui bouillonne en lui. Il ne ralentit pas sa progression en elle, veille à ne pas marquer la moindre hésitation. Ils ne peuvent se le permettre. Si quelque chose vient s’infiltrer dans le système de leurs rouages rouillés, si le moindre grain de sable se fait sentir dans cette mécanique fragile, alors ils ne se retrouveront plus. Il en est sûr, persuadé, et la terreur qui l’accable à cette idée décuple la force de ses reins, la puissance de ses butées en elle. Il y a un peu de désespoir dans la façon dont il lui fait l’amour, fuyant le regard d’obsidienne pour se réfugier dans l’ombre de sa gorge de cygne. Partout, il la cherche. Ses paumes l’enserrent, la caressent, cherchent à la réveiller, comme pour la ramener véritablement à la surface de l’existence. Il en vient à regretter la violence dont elle faisait preuve autrefois. Au moins semblait-elle éprouver ce quelque chose qui la rendait pareille aux humaines ou aux louves qu’il avait connu avant cela. Il la frictionne, l’enserre, la blottit comme pour ranimer un petit corps endormi par la glace.

Reviens.

Il l’implore en silence, ou bien par ses soupirs, incapable de chanter la moindre parole qu’il craindrait trop se voir changée en une fausse note criminelle pour eux deux. Il n’a pas le droit de dire quoi que ce soit. Il n’a pas le droit de lui adresser le moindre reproche. Elle a menti, songe-t-il. Malgré la relative aisance avec laquelle il l’a possédée, elle n’a pas bu depuis trop longtemps pour que son organisme se ravive comme il en rêvait. Il se sent seul, plus seul que jamais entre les bras d’Orient. À peine rassuré de la voir le chercher un peu en retour, il incline son visage, laisse libre cours à une carotide qu’elle ne pourfendra pas. Il s’agit de l’un de ses plus grands regrets. C’est ensemble qu’ils ont découvert le goût immonde que son sang revêt, pour la Longue-Vie. Pourtant, il aurait presque pu la supplier d’essayer encore, de leur donner une seconde chance, comme celle que tous deux s’offrent à s’unir dans ce lit étranger. Il n’en fera rien. Il ne veut guère raviver le masque de dégoût qui l’avait agité, lui faisant craindre le pire. Ils s’étaient contemplés alors avec la même stupéfaction presque comique, et il avait immédiatement pensé que la poupée de Chine quitterait leur abri de fortune dès la prochaine nuit tombée. Qu'elle l'abandonnerait.

Elle n’en avait rien fait.

Il se mène seul jusqu’à l’orgasme, trouvant dans l’acmé un soulagement palpable ; le corps lupin se redresse, s’appuie contre le mur en une inclinaison souple, et raide à la fois. Une plainte lui échappe, et les pupilles se piquettent d’or l’espace d’un instant, quand il écoute son corps frémir, résonner de la jouissance qui n’en finit pas de répandre les endorphines partout dans ses veines fouettées par la sève. Il ne tarde pas plus que nécessaire, se rallonge avec une certaine délicatesse contre elle. Déglutissant avec lenteur, son souffle saccadé peine à reprendre un rythme plus paisible. Ses mâchoires se serrent, et il ferme les yeux, trouvant le repos contre une Antique aussi vieille que lui, réconforté de ne pas se savoir le plus ancien à fouler ces terres. Il l’écoute, prend le temps de digérer ces ordres mystérieux qui ne revêtent d’aucune réalité concrète pour le moment. Il ne la contredit pas. Mais il ne peut se contenter d’acquiescer pour autant.
Sa bouche embrasse la rondeur d’un sein, quand le garou se retire d’elle sans gestes brusques. Il se dérobe, se retrouve assis sur le bord du matelas, presque sonné. L’interroger sur ce qu’il vient de se produire n’est pas la chose la plus intelligente à faire. Il se débat avec ses doutes, ses hésitations.

Elle ne l’aime pas.
Elle avait besoin de lui, sûrement.
Mais elle ne l’aimait pas.
Ce verdict, il ne le lui infligera pas. Lui tournant le dos, il se contente d’encaisser cette morsure mauvaise, sa gorge se serrant d’une émotion étrange, qu’il a si peu eu le loisir d’éprouver, dans sa vie de maudit. Il devine que la ligne de ses muqueuses s’embue. Aussitôt, ses cils chassent la faiblesse, obligent l’iode à rebrousser chemin. Il ne sait même pas quel est le combat qu’il doit affronter. Il ignore s’il s’agit d’un acte de barbarie, d’une torture au raffinement suprême que Mei s’apprête à lui faire subir. Il se relève, n’effectue qu’un pas ou deux avant de trouver sa veste, dont il s’empare. Plutôt que de se rhabiller, il fouille à l’intérieur de la poche au cuir crissant légèrement sous ses ongles redevenus pleinement humains. Puis, faisant demi-tour, il retourne s’asseoir près d’elle, présentant au creux de sa paume ouverte le pendentif muni de la pierre d’aventurine. Offrande qu’il compte bien lui rendre, et qu’elle n’aurait jamais dû lui laisser.

« Tu as l’air triste. Tu es absente. Et tu avais l’air mal en point, quand je t’ai vue tout à l’heure. »

Son sourire aussi se fait triste, sans pour autant la condamner. « Tu m’apprécies donc moins qu’avant ? Je sais que j’ai changé. Toi aussi, tu as changé. » La pierre luit toujours entre eux deux. Il ne compte pas abandonner son intention de lui prouver que le cadeau est sien. Qu’il est sien pour toujours, et qu’il ne compte pas le conserver comme le souvenir douloureux de leur lien passé.

« Je ne compte pas m’en aller de Shreveport, en tout cas. Je serai là, avec toi, chaque fois que tu le voudras ou que tu m’appelleras. Je voulais que tu le saches. Je voulais que tu ne gardes pas de moi l’idée que tu t’en étais faite. » Son regard se dérobe, observant la chambre et les quelques détails trahissant l’intimité de son amante. Un kimono rouge. Quelques effets personnels servant à son maquillage. Des chaussures. Autant d’indices qui le font persister à sourire, même lorsqu’il saigne à l’intérieur. « Je n’avais jamais vu autant d’objets qui t’appartenaient, avant. »    

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Le Temps qui reste

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Lun 20 Mar - 18:08 (#)


Chuter ou se noyer


Aux eaux bouillonnantes qui agitent son esprit, aux remous du torrent glacial qui inonde son chi, aux échos de la respiration saccadée de l’homme satisfait d’un plaisir qu’elle ne peut qu’associer à de brumeux souvenirs ne résulte que l’inertie de son propre corps. Poumons atrophiés, cage thoracique immobile, température inchangée, la dernière marque d’affection dont il la flatte clôt ses paupières alors qu’il s’échappe. C’est un contraste étonnant, assurément dérangeant. Perdue dans ce tourbillon, elle ne sait qui, entre cette liberté retrouvée ou la froideur que son recul provoque la noie le plus. Déçue. Non pas de ce qu’il lui a offert mais de ce qu’elle a été incapable de lui donner. Prisonnière de ses propres limites. Indomptable furie qui avait toujours pris plaisir à faire s’envoler les barrières, à déjouer les règles, à se tordre dans les flammes ardentes du jeu de la vie au risque de s’y brûler, restreinte au carcan par elle-même imposé. Mei avait passé tellement de temps à combattre les autres qu’elle n’avait pas réalisé que le seul ennemi dont elle avait à se méfier était sa propre personne. Bornée, borderline, l’humeur inconstante et le caractère redoutable, vipère assassine et poison déguisé en les apparats de ces fleurs exotiques, vicieuse, perfide, cruelle. Honnie. Étrangère à une mortalité dont le souvenir s’érode, inadaptée à cette modernité, bombe à retardement dans ce surnaturel exaltant. Sa place avait constamment été discutable, discutée.
En ces heures sombres où il lui semblait si impossible de trouver ancrage, l’idée d’abandon associée à la main ferme de son ancien bourreau lui avait fait miroiter la paix que lui aurait apporté le courage qui lui avait manqué à l’époque, la sottise de l’acte inachevé. Ici, sans repère, elle n’était finalement qu’une parmi les autres, sans importance, sans supériorité autre que celle qu’elle s’était créée. Un pantin articulé dont un maître anonyme s’amusait à tirer les ficelles. Poupée de chiffon oubliée dans un coin par un môme quelconque dont la maturité l’avait extirpé de l’innocence de l’enfance. Automate sans âme.

Dans ces vides abysses pourtant, la peur et la paranoïa s’invitent. Déjà son loup part en quête de vêtements inutiles dans l’idée sans doute de quitter ce corps à la passion absente. Le doute s’immisce, se distille dans de tortueuses connexions et fait naître la vexation et la douleur cuisante de la déception. Contrairement aux mots d’antan, bafouant les vieilles promesses comme les plus récentes, elle meurt un peu plus avec la résolution qu’il ne peut l’aimer elle.
La passion dévorante qu’ils ont connue jadis, la violence de leur amour dont seule l’orée d’une forêt a pu percevoir les échos. Leur forêt. Deux démons qui s’étaient trouvés. Putrides, mais vivants. Mais ça n’avait jamais été totalement elle, dans ces moments-là. Son Autre avait plié la Bête comme l’on dresse un chiot. Ployant sous le joug d’une furie, docile canidé ne soufflant aucune protestation quand l’ouragan s’abattait sur lui à son bon vouloir. Quand elle voulait, où elle voulait, sans marge de manœuvre, sans lui offrir ne serait-ce que l’illusion d’une infime goutte de contrôle. Le sien avait été absolu, dans ces instants de chair, dans ces nuits de vices. Une Autre, qu’il avait détesté et aimé probablement au même niveau.

Mais de cette ancienne amante ne restait que des miettes ce soir, piètre consolation pour satisfaire un appétit animal. La regrettait-il? Sûrement, sa fuite valait plus qu’un long discours ponctué de banales excuses. Et comment lui en vouloir, quand toutes ces résolutions terminaient leur course par un échec cuisant. Comment lui expliquer, alors qu’elle le savait non prêt à écouter ce que d’autres avaient pris de force et volé sournoisement, dans ce que la guerre pouvait révéler de pire en chacun. Dans ce que les vices des hommes, trouvant écho en leurs pairs, trouvaient une justification et un dédouanement salutaires. Il avait connu les obus, la boue, le froid, les tambours assassins. Mais le ressenti n’était pas le même, une fois que la barbarie prenait le visage de l’aimée. Ce miroir brisé reflétant ses failles les plus silencieuses, ses secrets les plus honteux. Comment lui conter ce qu'elle le jugeait depuis tout ce temps inapte à encaisser? Sans ce féminisme qu’elle méprisait autant que leur porte parole, il y avait des sujets que seules les femmes pouvaient comprendre.

Résolue, elle se redresse lentement, se couvrant avec le drap couleur crème et le regard porté sur la fenêtre, leur intimité préservée par d’opaques voilures. Aucun froissement de tissu, pas de tintement de boucle ce ceinture… rien. Seuls ses pas résonnent, atténués par la discrétion de prédateur qu’elle lui connaît. Le matelas reçoit son assise et les sourcils froncés, elle porte de nouveau son attention sur lui. L’éclat qui brille au creux de sa paume lui serre la gorge. Loin des pierres précieuses ornant le cou de certaines femmes, sans cette valeur monétaire que l’on avait attribuée arbitrairement à certains cailloux, trône dans sa main l’un de ses biens les plus précieux. Celui-là même que Mei lui avait rendu de manière dédaigneuse dans une chambre miteuse quelques mois plus tôt et réveille en elle des sentiments enfouis plus profonds encore que ce que cette dernière avait souhaité combattre trop hâtivement. Sans le recueillir, la pulpe de son index et son majeur vient frôler la pierre. Toucher familier. Elle en connaît chaque aspérité, chaque craquelure, chaque endroit où le frottement de ses doigts l’a érodée. Touchée sans qu’elle ne puisse, cette fois-ci, le cacher de son masque inexpressif. Trop faible, trop épuisée. Sa voix la force à la réalité mais elle se refuse à répondre. Récupérant enfin le collier entre ses doigts et le serrant contre sa poitrine au travers du drap comme pour y trouver l’écho d’un cœur mort depuis trop longtemps, elle réfute mentalement ses propos avant que son corps ne réponde le premier dans une négation spontanée. Et enfin, ce “non” presque inaudible pour contrer ses propos.

Le reste de son discours lui insuffle en semblant d’espoir, celui auquel pourtant, la Vampire refuse de se raccrocher de peur de le voir s’envoler. Voilà ce qu’on gagnait à s’attacher aux autres. Mais qu’avait-elle gagné à s’en préserver? Suivant son regard, l’asiatique évalue le degré d’appropriation de l’endroit, coquille vide à son arrivée et d’une identité assumée maintenant. Un mince sourire étire sa bouche alors qu’elle se redresse davantage pour ressentir encore, la chaleur se dégageant du loup. “Je n’avais jamais vraiment eu d’endroit à moi.” Souffle-t-elle doucement. Seulement des lieux partagés. “Gautièr je…” Les mots lui manquent, lui semblent faux ou superflus. Mais comment pallier cet inconfort quand son corps refusait également de transmettre ses sentiments? Comment communiquer quand l’oralité devenait plomb et le silence risque d’abandon? “Je ne demande qu’à découvrir. Celui que tu es devenu je veux dire, pas seulement le souvenir que j'ai conservé de toi.” Confesse cette dernière dans une timidité qui ne lui ressemble guère. “Tu as raison, j’ai changé. Je ne sais encore si c’est pour un meilleur ou pour un pire. Je crois que j’essaie encore de me trouver dans cette modernité décadente. Tout me semblait plus facile, avant.”

Sa main trouve la sienne et l’ancrage visuel opère. La taiseuse à laquelle la créature se résume se fait affront. Il persiste, comme cette nuit, des moments hors du temps et cette dernière compte bien offrir une chance à celui-ci. “Ne va pas fantasmer de façon masochiste que tu es la cause de… ce qui vient de se passer. Certains démons demandent plus de temps que les autres et j’ai hâté ce combat.” Le sien. Personne d’autre qu’elle ne pouvait les renier une bonne fois pour toutes. La tombe que la Caïnite leur avait offert n’avait pas été creusée assez profondément et les spectres dansaient inlassablement. Spectacle macabre dont il était temps de faire tomber le rideau. “Je ne t’apprécie pas moins qu’avant. Je dois juste trouver un nouvel équilibre sans me laisser submerger par les frénésies d’une furie qui me condamnerait précipitamment. Je connais la finalité. Je ne la connais que trop bien. Je suis Vampire depuis mille neuf cent quarante quatre et j’ai valsé sur le même cercle inlassablement. Il y a une place pour moi ici, à condition que je parvienne à briser cette boucle.”

Profitant que sa main soit toujours dans la sienne, Mei lui rend le collier, seulement pour lui offrir son dos balafré et sa nuque, une fois ses longs cheveux d’ébène relevés. C’était son cadeau. Son bien le plus précieux. “Je ne te ferai pas l’affront de prétendre que je serai toujours aussi docile et abordable. Ça ne rend pas moins réelle la véracité de mes propos.” Confie l’Immortelle alors qu’elle ne peut plus se noyer dans la clarté de ses iris. “Pourquoi être venu? Pourquoi ce soir?”
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Gautièr Montignac
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◖ INACHEVÉ ◗

Nos deux coeurs sous la terre • Mei WjqXz0V Nos deux coeurs sous la terre • Mei 7dbuIBt Nos deux coeurs sous la terre • Mei A4xF6gr

"C'est une histoire de dingue.
Une histoire bête à pleurer."

En un mot : Meursault d'Occident. Sorel d'Amérique.
Qui es-tu ? :
"J'irais bien voir la mer.
Écouter les gens se taire."

◖◗ Homme du pays occitan, dans le Sud de la France. Né au cœur des Pyrénées aux sommets blanchis, entre le soleil et la rocaille du mois de juillet 1898.
◖◗ Loup-garou Bêta condamné à fuir famille et village, jeté sur les voies forestières d'un exil, des frontières d'Espagne aux vallées de Lozère. Voyageur infatigable, jusqu'au Nord de la France et la côte est américaine.
◖◗ Relation d'amour et de haine pour cette France ingrate. Son sang a coulé pour des généraux dont le pied n'a jamais foulé le no man's land de la Grande Guerre. Membre d'un réseau clandestin dans les années 40.
◖◗ Rêveur misanthrope à la philosophie d'un autre temps. Passe sans mal de l'empathie au jugement, de la tolérance au dégoût. Aide lorsqu'il le peut. Tue quand il le doit. Bestiole dans le crâne qui commandite d'étranges désirs.
◖◗ Homme à tout faire : capable de nettoyer les chiottes, de garder un musée, de balayer la rue ou de tenir une caisse. Prédilection pour les postes de serveur, aidé par ses hanches étroites et ses bras solides. Poste d'observation privilégié pour tous les comportements humains et non-humains.
◖◗ Rebut. Incapable de s'adapter pleinement à une meute. Chaque tentative se solde par un échec plus ou moins pénible. Solitaire, se protège derrière la barrière de mensonges qui résistent encore aux outrages du temps. Prétend n'être rien d'autre que la Bête du Gévaudan. S'en convainc parfois, ou bien d'être un descendant.
◖◗ A subi les affres du sang et de la rumeur capable de frapper tous les bourgs et hameaux des campagnes profondes. Accusé de crimes qu'il n'a pas commis. N'a jamais eu l'occasion de racheter son honneur parmi les siens.
◖◗ Amant de Mei Long, poupée chinoise de sang royal. La rencontre entre deux écorchés de la vie, entre deux psychés abîmées, vouées à toutes les folies et aux errances mortifères dans les bois du Maryland.
◖◗ Poursuivi par des flics qui n'ont pas pour habitude de lâcher prise. Connu des autorités américaines depuis les années 70. En cavale permanente. Passé maître dans l'art des identités plastiques, artificielles. Espère trouver à Shreveport l'abri de la dernière chance, en incorporant les rangs de la meute. Tueur de flics et de femmes. Traqueur traqué de Medea Comucci.
◖◗ Mélancolique. Dans ses bons jours, capable de déceler la beauté dissimulée derrière tous les aspects de l'existence. Amoureux d'Histoire et de littérature, lecteur infatigable de Camus et de Céline.
◖◗ Dérangeant. Par ses regards perçants, par ses paroles sans filtre, par ses rires grinçants : inadapté, mais sympathique, si son interlocuteur s'y prête.

◖BÊTE DU GÉVAUDAN◗

Nos deux coeurs sous la terre • Mei S6v5sWR Nos deux coeurs sous la terre • Mei N1Hqv8C Nos deux coeurs sous la terre • Mei TlIINL9

"L'a pas tellement changé la France.
Passent les jours et les semaines,
Y'a qu'le décor qui évolue.
La mentalité est la même.
Tous des tocards, tous des faux culs."

Facultés : ◖◗ Faiseur d'histoires. Capable d'inventer mythes et récits sans effort. Charmant ou effrayant tour à tour. Se réinvente sans cesse, personnage protéiforme.
◖◗ Passé maître dans l'art de dissimuler un corps et d'en ôter la vie. Tous les moyens sont bons.
◖◗ Sait comment survivre face au froid, à la pluie, à la grisaille et à la brume, aux mers, aux monts et aux coups bas. Aux morsures, aux traîtrises, aux caresses, aux promesses.
Thème : Le Fleuve ◖◗ Noir Désir
Nos deux coeurs sous la terre • Mei L4AOxKs
◖MINDHUNTER◗

Nos deux coeurs sous la terre • Mei M70Ex1d Nos deux coeurs sous la terre • Mei IfwWWwA Nos deux coeurs sous la terre • Mei QeVIwzX

"Je vais les rues je vais les lieux où on ne m'attend pas. Ceux que je croise au fond des yeux, non, ne me voient pas. Je parle à des gens comme moi qui n'ont l'air de rien. Des esclaves en muselière qui n'en pensent pas moins."

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Sam 25 Mar - 2:43 (#)


Au milieu des failles et des ressacs
Elle se tourne, lui offrant la vision de son dos défiguré par des cicatrices immondes. Ce n’est pas la première fois qu’il les contemple. Il ne les a jamais oubliées, ces scares qui tranchaient si fort avec les origines prétendues de sa princesse Chinoise, jamais remises en question. Mal renseigné sur les turpitudes propres à l’empire du milieu, il est incapable d’imaginer de quelles mains elle a souffert de pareils sévices. Les revoir lui fait mal pour elle. Sensible au geste, il se rapproche encore et s’emploie à repasser à son cou la pierre d’aventurine. Le contraste avec la peau blême, avec ses cheveux noirs, réveille en lui une tendresse toujours à portée de main, envers elle. Charmé par les mots et l’attitude rassurante de Mei, il s’autorise à effleurer ses hanches du bout des doigts, avant d’accorder à ses lèvres la bénédiction d’un contact, au creux de l’épaule. De baiser en baiser, il remonte le tracé délicat pour mieux couler auprès d’une omoplate. Sa bouche dépose de son affection sur les stigmates de ses tortures, avec tout le respect dont il est capable de faire preuve.

« Nous ne sommes pas doués pour l’équilibre, ni toi, ni moi. Nous ne savons pas ce qu’est le juste milieu… »

Aucun reproche ne plane dans sa voix. Sa joue s’accorde une caresse entre deux vertèbres, et le lycan la respire, massant de la pulpe de ses phalanges le pli de la taille, les flancs veloutés, comme on chercherait à polir d’admiration une statue nouvelle-née. Le marbre frais, immaculé, sans défaut. Encore épargné par le temps. Il aime la savoir Caïnite. Il aime savoir que rien ne sera capable d’atteindre de nouveau son écorce, quand son humanité la rendait si vulnérable. Il n’aurait pas supporté de la savoir mortelle. « Je suis sûr pourtant, que tu vas y arriver. » Il aime cette chambre. Même si les lieux grouillent de vampires. Il aime cette pièce, qui s’est partout imprégnée du parfum de Mei. Il aime entendre la vie résonner par-delà les murs, par-delà l’enceinte. Il aime, les savoir à l’abri dans cette bulle emplie d’êtres à peine civilisés, comme eux. Il a appris à ne plus s’émouvoir quant aux mœurs des Longues-Vies. Il pourrait apprécier de la rejoindre ici, dans un cadre privilégié, et qui n’appartient qu’à eux. Fini les pérégrinations froides dans une nature hostile. Terminé, les pièces anonymes et sans âmes ayant abrité trop d’inconnus avant eux.
La pointe de son nez suit la courbe irrégulière d’une empreinte couturée, jusqu’à lui donner un coup de langue bref et délicat.

« Certains démons mettent du temps à mourir. Je ne t’en veux pas. Merci, de me l’avoir expliqué. » Il ne ressent plus désormais qu’une douce fatigue, propre à ces instants suspendus après l’amour, même suite à cette étreinte avortée. « Je compte bien retrouver ma furie. Je compte bien retrouver ta poigne. Tu m’as manqué. Tellement manqué. » Il se redresse, se retenant de poser la question fatidique. Jamais elle n’a voulu lui expliquer l’origine de ce tableau sinistre. Jamais elle n’a voulu lui parler de ce qu’elle avait subi, avant de tomber sur lui, dans le Maryland. Aujourd’hui encore, la curiosité le démange. Sa paume remonte, du bas de ses reins jusqu’à sa nuque, comme pour chercher à effacer symboliquement les vestiges de ce passé de cauchemar dont il ignore tout. « Moi aussi, j’ai envie de te redécouvrir. J’ai envie de t’aider. De… sinon reprendre, du moins construire quelque chose. J’ignore si cela est possible. Mais je ne veux pas que nous nous retrouvions séparés une fois de plus. »

Avec révérence, il se penche et invite son amante à lui faire face de nouveau. Sa beauté le subjugue avec une régularité effarante, et il dépose un autre baiser, pudique, à la commissure de ses lèvres. « Je suis venu parce que je ne supportais plus de ne pas savoir… J’avais besoin d’obtenir une réponse définitive. De savoir s’il était possible de… de renouer, ou s’il s’agissait de la fin, une bonne fois pour toutes. Je crois… Je crois que je me sentais seul. Et que je voulais retrouver l’Unique à n’avoir jamais exigé de moi ce que je ne pouvais lui donner. » Avec un calme serein, il s’empara d’une mèche noire, en vénérant la soie, la couleur, la longueur. « Tu es ma Terrible. Mais c’est comme ça que je te veux. Tu es forte. » Même à la voir ainsi, plus fragile, jamais elle ne descendrait du piédestal sur laquelle il l’avait juchée. « Tu as raison. Tout était plus facile, autrefois. Moi aussi, j’étouffe. J’ai du mal avec nos contemporains. Avec… la transparence permanente que nous impose ce monde. Je n’ai plus envie de l’affronter seul. Et je n’ai pas envie de te laisser seule non plus. » Il songe à tous les motifs capables de frapper d’un coup du sort leur destin. Un écart de trop, de la part de l’Antique. Une frappe parfaite, provenant de la NRD. Leur position est si friable. Pourtant, il sait que la savoir à proximité, la savoir de retour dans sa vie, est capable de changer la donne.

« Laisse-moi t’aider. Laisse-moi rester là, et te rejoindre chaque fois que tu en auras besoin. Je ne partirai plus. Je te promets sur ma vie, sur la tombe de tous ceux que j’ai aimé avant toi, que je ne partirai plus. »

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Le Temps qui reste

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Dim 26 Mar - 21:25 (#)


Chuter ou se noyer


Douceur infinie du toucher, mille frissons dressent son épiderme alors que son esprit s’évade en des contrées inatteignables. Au sommet de la tour d’ivoire qu’il lui offre, les inquiétudes planent trop bas pour l’atteindre, la terreur s’émousse sur la porte trop solide, la culpabilité se meurt sur les parois trop lisses. Divin échappatoire, au moins pour quelques heures encore. Les entrailles tordues par le profit de ce moment égoïste alors qu’un ouragan déferle sur eux, elle s’en veut, en saisissant pleinement toute la nécessité de l’instant. Comment continuer et rester debout, si tout était perdu? Que Gautièr lui offre ce royaume aux limites floues, un autre ne tarderait pas à le piétiner, de toute façon. Seul homme à lui avoir donné sans exercer sur elle la pression d’un quelconque retour. Mei l’avait privé de tant de choses, apposant des règles strictes, des limites à ne pas dépasser, refusant toute intimité non initiée, bloquant toute avancée sentimentale, rejetant tout questionnement trop profond. Océan de secrets jalousement gardés, elle lui avait rendu impossible tout espoir et l’avait justement condamné pour ça. Harpie impitoyable, garce sans scrupules, précipitant la fuite de son loup pour mieux se nourrir de la haine que l’abandon avait produit. Contradiction masochiste, justifiée mais pas justifiable.
Chaleur de ces lippes qui pansent les boursouflures de vieux stigmates cicatrisés mais aux plaies mentales encore purulentes. Vicieuse, viciée. Pourrie, salie. Aucun recul, son corps répond à la caresse buccale et aux mains qui s’aventurent, redécouvrent, s’approprient de nouveau. Jamais elle ne lui avait appartenu. Jamais elle ne l’avait laissé faire. Ce n’est pas faute de l’avoir voulu. Et si un demi-siècle ponctuait leur séparation, pourquoi ce sentiment d’appartenance si absolu? Comment, après tout ce temps, parvenait-il avec une déconcertante facilité, à évincer tous les autres?

Ses mots la font se tendre imperceptiblement, au moins le temps qu’ils reflètent la confiance qu’il place en elle. Troublée, touchée. Après tout ce que la Vampire lui avait fait subir, alors qu’il avait été le témoin privilégié de sa folie la plus pure, de sa méchanceté la plus vile et de sa faiblesse la plus sanguinaire, il nommait une certitude qui prenait des allures de délivrance. “Je ne veux pas que tu attendes de la retrouver elle, Gautièr. J’ai besoin que tu me veuilles…moi” souffle-t-elle par peur d’une future déception que la belle n’est assurément pas prête à encaisser. La même crainte que durant leur étreinte, la même peur viscérale quand elle l’a pensé fuir, quelques minutes plus tôt. Dépendance malsaine et besoin impérieux d’être désirée, elle se refuse à l’associer au seul qui avait compté avant lui. Marionnette d’un maître et créateur, antithèse la plus parfaite, Mei sait que jamais son amant n’arrivera à la cheville du sadisme de Jian et de la manipulation par laquelle il l’avait retournée. Tournant sur elle-même, la clarté de ses yeux miroir de la pierre qui a retrouvé sa place lui fait retrouver leur bulle. “Je te promets de ne plus t’en empêcher.” La découvrir. “Au moins d’essayer.” Précise cette dernière de façon plus mesurée mais plus juste.

Il est encore moins aisé de préserver son ressenti maintenant que les deux aventurines la sondent avec une sincérité et une forme de révérence qui n’appartient qu’à son Français. Parce que ses promesses, contrairement à celles des autres, sonnent justes. Convaincue qu’il s’y tiendra, qu’il ne trahira ni cet instant, ni sa personne, ni tout ce qu’ils sont l’un pour l’autre. Envoyant valser ces odieuses règles qui les ont un jour décidé ennemis mortels, se foutant du regard teinté de jugement que leurs congénères respectifs apposeront sur eux, défiant les lois d’une Nature trop cruelle et leurs propres limites. Laissant un instant le silence reprendre ses droits, les yeux plongés dans les siens, nul besoin de peser le pour et le contre. La réponse lui vient d’une spontanéité qu’elle n’aurait soupçonnée. “Ce royaume est vôtre, mon roi.” Avec moins de pudeur qu’il n’en a eu précédemment, sa bouche retrouve la sienne pour sceller ce pacte indélébile. Son mauvais caractère ne saurait écraser une telle promesse et elle fait confiance au loup pour la lui rappeler, si le besoin s’en faisait ressentir.

Sur une impulsion, la créature se redresse, laissant le drap retomber et prend place sur ses cuisses, enroulant telles deux vipères ses bras autour de ses épaules. “Nous ne sommes pas fait pour ce siècle, mon loup. Mais je me refuse à le traverser sans toi.” Susurre-t-elle contre ses lèvres avant de se reculer légèrement. Le temps est encore suspendu pour quelques heures et il lui faut maintenant ouvrir la porte qu’elle a jusqu’ici résolument conservée close. Les secondes s’égrènent, hésitante, non pas sur sa volonté mais sur la façon d’y parvenir et la maladresse que l’absence de ce genre de moments accompagne. “Je… je te promets de te laisser la chance d’obtenir la place que tu désires à mes côtés. De connaître ce que j’ai jugé bon de taire, il y a longtemps. Les secrets, les fantômes, mon créateur, les traumatismes, ma vie et pas seulement les épisodes que je t’ai comptés. Tout, absolument tout ce que tu voudras savoir.” Son sort était scellé, la boîte de Pandore avait été ouverte et avec elle tous les risques d’une telle décision. “Mais…” Un index vient se poser sur les lèvres du lycan, resserrant son étreinte tout contre lui. “Je ne te demande qu’une chose en échange.” Ses lèvres sur son front, elle inspire son odeur, enivrante, entêtante, ensorcelante. “Tu dois me promettre de ne jamais poser une question si tu n’es pas certain d’être prêt à entendre la réponse."

Le défi visuel était celui de trop ce soir, elle enfouit son visage dans son cou et disparaît, accroché à lui comme l’on se raccroche à la lumière d’un phare en pleine nuit. “Reste. Cette nuit. Les autres. Toutes celles que tu voudras. Et ne m’abandonne plus. Je ne te pardonnerai pas un autre abandon. Pas après ça.”

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Gautièr Montignac
Gautièr Montignac
ADMIN ۰ Mignon comme Tchoupi, aussi vnr que Moundir : le Loup d'la Vieille (la chair vivante, c'est gourmang-croquang)
◖ INACHEVÉ ◗

Nos deux coeurs sous la terre • Mei WjqXz0V Nos deux coeurs sous la terre • Mei 7dbuIBt Nos deux coeurs sous la terre • Mei A4xF6gr

"C'est une histoire de dingue.
Une histoire bête à pleurer."

En un mot : Meursault d'Occident. Sorel d'Amérique.
Qui es-tu ? :
"J'irais bien voir la mer.
Écouter les gens se taire."

◖◗ Homme du pays occitan, dans le Sud de la France. Né au cœur des Pyrénées aux sommets blanchis, entre le soleil et la rocaille du mois de juillet 1898.
◖◗ Loup-garou Bêta condamné à fuir famille et village, jeté sur les voies forestières d'un exil, des frontières d'Espagne aux vallées de Lozère. Voyageur infatigable, jusqu'au Nord de la France et la côte est américaine.
◖◗ Relation d'amour et de haine pour cette France ingrate. Son sang a coulé pour des généraux dont le pied n'a jamais foulé le no man's land de la Grande Guerre. Membre d'un réseau clandestin dans les années 40.
◖◗ Rêveur misanthrope à la philosophie d'un autre temps. Passe sans mal de l'empathie au jugement, de la tolérance au dégoût. Aide lorsqu'il le peut. Tue quand il le doit. Bestiole dans le crâne qui commandite d'étranges désirs.
◖◗ Homme à tout faire : capable de nettoyer les chiottes, de garder un musée, de balayer la rue ou de tenir une caisse. Prédilection pour les postes de serveur, aidé par ses hanches étroites et ses bras solides. Poste d'observation privilégié pour tous les comportements humains et non-humains.
◖◗ Rebut. Incapable de s'adapter pleinement à une meute. Chaque tentative se solde par un échec plus ou moins pénible. Solitaire, se protège derrière la barrière de mensonges qui résistent encore aux outrages du temps. Prétend n'être rien d'autre que la Bête du Gévaudan. S'en convainc parfois, ou bien d'être un descendant.
◖◗ A subi les affres du sang et de la rumeur capable de frapper tous les bourgs et hameaux des campagnes profondes. Accusé de crimes qu'il n'a pas commis. N'a jamais eu l'occasion de racheter son honneur parmi les siens.
◖◗ Amant de Mei Long, poupée chinoise de sang royal. La rencontre entre deux écorchés de la vie, entre deux psychés abîmées, vouées à toutes les folies et aux errances mortifères dans les bois du Maryland.
◖◗ Poursuivi par des flics qui n'ont pas pour habitude de lâcher prise. Connu des autorités américaines depuis les années 70. En cavale permanente. Passé maître dans l'art des identités plastiques, artificielles. Espère trouver à Shreveport l'abri de la dernière chance, en incorporant les rangs de la meute. Tueur de flics et de femmes. Traqueur traqué de Medea Comucci.
◖◗ Mélancolique. Dans ses bons jours, capable de déceler la beauté dissimulée derrière tous les aspects de l'existence. Amoureux d'Histoire et de littérature, lecteur infatigable de Camus et de Céline.
◖◗ Dérangeant. Par ses regards perçants, par ses paroles sans filtre, par ses rires grinçants : inadapté, mais sympathique, si son interlocuteur s'y prête.

◖BÊTE DU GÉVAUDAN◗

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"L'a pas tellement changé la France.
Passent les jours et les semaines,
Y'a qu'le décor qui évolue.
La mentalité est la même.
Tous des tocards, tous des faux culs."

Facultés : ◖◗ Faiseur d'histoires. Capable d'inventer mythes et récits sans effort. Charmant ou effrayant tour à tour. Se réinvente sans cesse, personnage protéiforme.
◖◗ Passé maître dans l'art de dissimuler un corps et d'en ôter la vie. Tous les moyens sont bons.
◖◗ Sait comment survivre face au froid, à la pluie, à la grisaille et à la brume, aux mers, aux monts et aux coups bas. Aux morsures, aux traîtrises, aux caresses, aux promesses.
Thème : Le Fleuve ◖◗ Noir Désir
Nos deux coeurs sous la terre • Mei L4AOxKs
◖MINDHUNTER◗

Nos deux coeurs sous la terre • Mei M70Ex1d Nos deux coeurs sous la terre • Mei IfwWWwA Nos deux coeurs sous la terre • Mei QeVIwzX

"Je vais les rues je vais les lieux où on ne m'attend pas. Ceux que je croise au fond des yeux, non, ne me voient pas. Je parle à des gens comme moi qui n'ont l'air de rien. Des esclaves en muselière qui n'en pensent pas moins."

Nos deux coeurs sous la terre • Mei WdHxnMJ
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Jeu 6 Avr - 4:33 (#)


Au milieu des failles et des ressacs

Un peu de sa dureté se délite.
Un peu de son irascibilité, face au monde qu’il défie de sa seule existence, s’est dissoute entre ses bras de glace.
Ils sont bouleversés, tous les deux. La faute à leur parcours, mais il pressent que leurs retrouvailles, plus tendres que les précédentes, les ont entaillés à un point qu’ils ne l’imaginaient pas. Ils ont beau avoir prouvé durant le siècle dernier la puissance de leur caractère impitoyable, leurs sentiments mutuels les écorchent, les exposent l’un à l’autre, et surtout, les exposent à eux-mêmes. Ils sont là, mis nez à nez face à leur faiblesse, incarnée dans les traits du loup pour l’une, de la vampire pour l’autre. Il tente de mettre la sienne de côté. Il tente de la rassurer, la confortant de ses prunelles de jade attentives, totalement acquises à son hégémonie. Reine, elle restera. Elle règnera pour toujours sur les neiges éternelles qui ont glacé ses facultés d’empathie, de compassion, pour tout ce qui ne lui apparaît pas comme crûment essentiel. Shreveport est leur dernière chance. Ils ne connaîtront plus de séparation, et encore moins de nouveaux chemins croisés. Ils périront ensemble, ou perdureront jusqu’à ce que la mort le prenne. Ils tangueront ensemble, liés sur le même socle d’instabilité, nourri par les milliers d’impondérables prêts à saccager une voie foutrement mal pavée.
Elle l’embrasse, après l’avoir à son tour placé sur un trône dont il ne veut pas. Il n’a jamais été fait pour diriger autre chose que le fil maladroitement tissé de sa propre existence. Il ne la contredit pas, cependant. Il lui rend un baiser profond, presque solennel, prêt à tout concevoir, si cela peut lui plaire.
La créature se redresse et se juche sur lui. Il accueille son corps nu contre le sien, l’enlaçant de ses bras minces mais robustes. Sa main plonge dans les mèches de jais, les phalanges glissant pour menacer les moindres nœuds qui oseraient perturber le cours parfait de la chevelure. Les murmures planent, occultant tout le reste. Il la contemple d’un œil doux, qui se colore parfois d’une malice brève et auréolée de sa tendresse ordinaire, lorsqu’il s’agit de Mei. Elle se blottit et il la calfeutre au plus près, le bout de ses doigts libres dansant toujours contre les cicatrices de son dos.

« J’entendrai tout. Mais pas cette nuit. »

Il ne brusquera rien. Il peut attendre. La nature l’a fait si patient. Si résigné à ronger son frein. Cette attente-là n’est rien, comparé à toutes celles, si cruelles, dont le passé lui a permis de goûter les cendres. Attendre que le ventre s’arrondisse. Que l’enfant naisse en santé. Attendre dans la boue et le froid. Attendre la mort. Attendre les verdicts. Attendre les ordres. Attendre la belle saison. Attendre les vêlages. Attendre les récoltes. Attendre la pleine lune. Attendre la métamorphose. Attendre le FBI. Attendre la NRD. Attendre que la guerre finisse. Attendre de prendre son service. Attendre la torture. Attendre pour l’amour. Attendre, attendre, attendre…  

Né pour cela.
Chair à canon qui continue de ployer l’échine pour offrir ses reins vulnérables aux coups d’un avenir tortueux.
Non. Cette attente n’est rien. La main de Mei, si le coup devait venir d’elle, n’est rien.

« Je suis là. Je suis là. Je ne pars plus… »

Il lui murmure, psalmodie cette étrange prière qui n’appartient qu’à eux. Tout en la gardant intrinsèquement liée à lui, le lycan bascule sur le côté, les fait rouler sur ce matelas plus confortable que les anciennes couches de bois et de fange qui accueillaient leurs carcasses éprouvées. Un sourire l’étreint. Celui-ci reste, durablement. Il savoure. Il savoure comme rarement ce goût de récompense, cette sensation d’avoir enfin mérité un peu de repos, un peu de paix. Le mot sonne étrangement, paradoxale, quand c’est une telle Amazone qui s’alanguit ainsi contre lui. Pourtant, il en est convaincu. Il lui chuchote à son tour mille promesses. Mille vœux faits de conversations plongées dans l’obscurité. Mille étreintes, mille baisers, mille caresses. La pulpe de son index ne se lasse pas de parcourir les steppes jalonnées par les vertèbres centenaires.

Il lui chante dans le calme de la nuit tombée tout ce qu’il n’aurait jamais su professer auparavant.
Il modèle la glaise du verbe et de l’éloge pour lui rendre cette assise de marbre, cette aura statuaire dont elle ne se dépouillera jamais, à ses yeux.
Elle ne serait jamais sa louve.
Elle demeurerait bien plus.

Mei Long tutoie des confins qui lui resteront à jamais inaccessibles.
Et lui, simple dévot, continue de l’aimer pour tout ce qu’elle fut, est, puis sera.

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Le Temps qui reste

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