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sumire ☾ sous les poèmes de maïakovski

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Anonymous
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Lun 16 Nov - 0:44 (#)


( Sous les poèmes de Maïakovski )


La crise avait été plus violente qu’à l’accoutumée. Et la belle de la Toundra ne sait plus comment gérer tout ça. Et c’est sans compter cette fouine de Maria, qui est toujours là, toujours derrière son dos, toujours à foutre son nez dans les affaires qui ne la concernent pas sous couvert de « paix sociale entre les filles ». Tout ça parce qu’elle s’est décrétée être la madone des lieux. Erynn est jalouse du statut de la belle brune. Bien que vieillissante, Maria sait encore se tenir et tenir des lieux, et il est clair qu’elle est plus à même d’avoir ce rôle, aussi important soit-il. Mais Erynn n’aime pas ses phrasés autoritaires, ses palabres incessantes, ni ses remarques cassantes et encore moins ses sous-entendus bien trop proches de la vérité.
Erynn a peur, elle a peur pour elle, pour sa vie, pour Sanford. Il ne faut pas que Maria puisse dire quoique ce soit, même si elle sait que c’est trop tard, même si elle sait pertinemment qu’elle va retourner le cerveau de Sanford. Depuis le début elle ne peut pas se l’encadrer, la fille de l’Est l’a tout de suite vu dans ses yeux : Erynn lui fait de l’ombre. Et Maria n’aime pas ça. Elle aime être aux devants de la scène, les projecteurs pointés sur elle. Elle aime jouer la patronne, avoir les papiers importants entre ses mains, jouer à la working-girl d’exception. Erynn avait cru pouvoir se la mettre dans la poche le soir de l’incendie, quand elle s’était jetée dans ses bras, quand elle avait pleuré avec elle la mort de Marisol mais il n’en était rien.
Maria Parado vouait une haine inexpliquée envers Erynn.
Et cela rendait l’ukrainienne totalement folle.

Folle de se sentir ainsi épiée, espionnée, traquée.

Alors quand ces pensées traversaient son esprit, Erynn avait du mal à contenir son anxiété. Cela se traduisait par des scènes de violence, pouvant très bien la blesser elle-même. La dernière fois, elle avait cassé un miroir et s’était coupée la main. La jolie blonde avait beau essayer de se calmer, de respirer, de compter jusqu’à 3, de jouer de ses doigts, rien n’y avait fait. Plus rien n’y faisait.

La princesse des rues devait faire face à ses propres démons. Alors comme une lionne en cage, elle faisait les cent pas au sein de sa chambre. Elle aurait voulu qu’une session de maquillage lui permette de se calmer, mais cela lui rappela cette fois où Maria l’avait sommé de se dépêcher. Maria, toujours Maria, toujours là pour lui pourrir la vie et l’esprit.
Si seulement…
Si seulement un accident pouvait se produire. En réalité, peut-être qu’Erynn avait tué la mauvaise fille.

Se rendant compte de cette horrible pensée, la jeune femme se pinça. Elle faisait toujours cela quand elle commençait à vriller, quand ses songes étaient obscurs, quand son imaginaire frôlait le sadisme. Elle se pinçait pour voir si elle avait toujours le contrôle, si c’était bien elle qui était là. Et dans cette spirale infernale, où Erynn en se sentait plus Erynn, elle éprouvait une furieuse colère qui ne demandait qu’à sortir. Et c’est bien souvent pour cela qu’elle chopait le premier objet qui trainai près d’elle et qu’elle le jetait de toutes ses forces contre un mur.
Cette fois-là, c’était une petite statuette qu’un chien de client lui avait offert pour ses services de qualité. Elle qui n’avait pas l’habitude de se faire offrir de jolie chose l’avait accepté volontiers. Elle avait aimé la statuette de l’Archange Gabriel, messager de Dieu, porteur de bonnes nouvelles et d’espoir. Mais finalement, comme toutes choses auxquelles elle pouvait croire dur comme fer, ce n’était jamais assez bien. Alors le simple fait de briser cette statuette relevait d’une rébellion pour elle.
Les filles de la villa n’osait interrompre la folie de l’ukrainienne. Et heureusement pour elle, Maria était absente, surement à minauder auprès de Sanford, à l’affut d’un intérêt masculin pour sa vieille carcasse. C’était sans compter la présence de Sumire. Sumire la discrète, Sumire la silencieuse, Sumire la douceur. Sumire, Sumire, Sumire. Sumire que l’on entend pas. Sumire qui écoute. Sumire qui devait la détester, tout comme les autres la détestaient.

« - C’est pas le moment Sumire. »

Froide et cassante, Erynn se chargea de se mettre à genoux pour ramasser les morceaux de la statuette. La crise d’hystérie passée, elle reprenait doucement ses esprits et se rendait compte de tout le mal qu’elle venait de causer. Pour elle-même et pour les autres. Et l’insupportable image de Marisol qui revenait sans cesse dans sa mémoire, toujours dans ces moments-là, comme pour lui rappeler inlassablement qu’elle n’était qu’une meurtrière et que, toute cette tristesse et cette colère, elle la méritait.


( Pando )
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Anonymous
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Sam 27 Mar - 16:53 (#)


SOUS LES POÈMES DE MAÏAKOVSKI

Les soliloques internes ne s’épuisent jamais, étouffant les bruits extérieurs, la menant à des pensées mûrissant le passé déjà gorgé de noir. Elle n’est pas dans la meilleure des humeurs lorsqu’elle se présente à l’appartement où les nymphes se bousculent, rient, se chamaillent sur se réconcilier grâce à un bout de tissus ou une tasse de café, saluant en silence toutes les femmes qu’elle croise, se laissant étreindre par une Maria qui demeure un soleil mais s’échappe aussi vite qu’elle apparait, la laissant dans un mouroir où la chaleur l’étouffe. Elle a prit soin de plier soigneusement la robe qu’on lui prêta des jours plus tôt, son sac d’un vieux magasin de vêtements tenu au bout de ses doigts, espérant trouver la chambre de celle qui lui fit don de cette robe après qu’elle ait malencontreusement tachée la sienne. Sur le pas de la porte, elle n’a pas besoin de frapper que déjà la brune aux yeux éclatant et souriant sans qu’elle n’ait besoin d’en esquisser un se présente à elle. Un crépuscule sombre et maronné qui parvient à l’enchanter, elle qui s’est laissé prendre au jeu d’une nouvelle vie. Cillant face aux bavardages intempestifs, elle ne fait qu’hocher la tête, pleine de son mutisme qui ne semble jamais la déranger, comme si elle la savait déjà attentive malgré tout, curieuse de ce qu’elle est, de ce qu’elle renferme. Quelques sourires s’échangent car la femme qui semble à une enfant peu à sa place est emplie de sagesse, d’une empathie mesurée et qu’elle se refuserait à fermer une énième fois la porte à une main qui s’est tendue vers elle à de maintes reprises. Le monde semble lui crier d’accepter enfin cette vie qui démarre, qui suinte d’amour et de bienveillance. Elle aimerait y croire, se débarrasser de la crasseuse mélancolie qui parfois hante ses nuits mais elle s’est étonnée elle-même à s’entendre parfois souffler un rire dans les nuits où Zach demeure auprès d’elle, à parler, beaucoup trop, se faire aussi bavarde que ces femmes énamourées, au cœur entiché qui aimerait ouvrir bien des portes à l’homme qui leur fait face, se dénudée de tout son mystère pour qu’il n’ait plus la crainte de voir en elle une énigme froide et rigide.

Elle promet de revenir, promet sans savoir si la promesse sera tenue, sa zone de confort semblable à un cocon dont elle ne semble pas vouloir sortir, reculant de quelques pas sur ses hauts talons qui minent ses chevilles mais ne les tordent pas, éprise d’habitude depuis toutes ces années à en porter pour charmer en laissant croire que ses jambes sont longues, fines quand elle ne mesure pas grand-chose. S’inclinant comme elle l’aurait fait dans son Japon qui lui manque tant, elle voit la confusion se peindre sur le visage de sa collègue-fée avant qu’un sourire n’éclose, qu’un rire ne se partage et qu’elle s’incline à son tour, cherchant dans ses yeux une approbation. Elle cille avant d’hocher la tête, de murmurer un « A bientôt. » bien timide pour mieux se détourner, prête à s’enfuir pour ne pas avoir à discutailler de banalités, n’ayant jamais su le faire auprès des femmes de ce monde qui peuvent devenir de vraies vipères lorsqu’elles vous sentent plus inquiétantes, dangers pernicieux sous couverts de quelques sourires et mots doux. Les femmes se mordent et se tordent le cou entre elles, combien de fois l’a-t-elle vu au sein même de sa famille ? Parcourant un couloir, elle entend déjà le vacarme, s’arrête, le claquement de ses hauts talons noirs cessant peu à peu, ses yeux d’encres s’évadant vers une porte entrouvertes. La furie, elle pourrait bien la reconnaître, se souvenant de l’escarpin prêt à se lever au-dessus de sa tête, à tomber sur la coupole de sa joue, sur son visage rigidifié par une impassibilité qui n’est qu’une armure contre la violence qui lui fait tend de tort, la rappelle à l’essence même de ses craintes. Elle ne supporte ni les cris, ni l’hystérie qu’elle vienne des ombres féminines ou masculines. La robe d’une soie noire cachant bien ses cuisses pour cette fois oscille sur ses mouvements hésitants, refusant d’entrer dans l’œil de la folie d’une Erynn dont elle a reconnu la voix, le timbre à l’accent d’ailleurs, roulant quelques r, charmant les clients par ses airs de pin-up insolente, des femmes qui auraient pu enflammer les reins des clients japonais à qui elle servait la saveur du thé et la soie sucrée de sa peau ensuite. Plus putain que geisha, elle pourrait rire de ses rêves détruits et se voit presque dans les hurlements qui esquintent le silence de la demeure, détournant le regard vers ce qui la mènerait à l’extérieur. Prête à déguerpir, n’ayant rien à faire dans ce cyclone qui tournoie et ne manquera pas de la heurter si elle demeure planter ici, elle tente de se détourner avant que la porte ne se rouvre, que les éclats cristallins de viennent et qu’une nuée de femmes se dérobent de la pièce sous les yeux balbutiants de la japonaise qui demeure muette. Quelques regards la scrutent mais toutes sont plus inquiètes pour elles-mêmes, des « Salope. », « Quelle grosse tarée … » flottent auprès d’elle et on lui souffle en chemin « Tu d’vrais pas rester là. Attends qu’elle s’calme. » Un conseil acéré d’une fille qu’elle n’a vu que peu de fois et elle sourcille, se demandant bien ce qu’Erynn a bien pu faire pour attiser autant l’aigreur, la crainte, la voyant alors aussi isolée qu’elle parmi le nid d’abeilles qui déploient leurs ailes ailleurs pour se déposer dans leurs alvéoles de fausses princesses.

Restant un instant de ce silence qui siffle comme un après un énorme vacarme, elle hésite mais finit par n’écouter qu’elle-même, refusant de délaisser cette fille qui semble emplie de souffrance, qui n’attise pas que son mépris par ses sautes d’humeurs mais sa curiosité aussi. Erynn Driscoll est de ces héroïnes qui souffrent dans les romans noirs, qui se torturent pour elle ne sait quelle raison, qui sont habillées de mystère, d’une colère d’adolescente capricieuse qui pourrait la mener à avoir une quelconque sympathie malgré le coup qu’elle manqua de lui mettre, peu rancunière, simplement parfois trop rigide face à la douleur humaine, égoïste et transie d’un esprit qui semble parfois presque cartésien quand tout en elle est bien loin de l’être, auréolée de son mysticisme, de son odeur de sauge, de cire, de son parfum de rose qui se dessine dans les creux de ses poignets et de son cou qu’un seul peut bien toucher quand le soir tombe sans bruit sur Shreveport. La femme ravie et bénie par un nouvel amour se présente alors à l’orée de la pièce nue de toute présence, sauf celle d’un ange déchu, à terre, ramassant les morceaux de ses méfaits, comme elle pourrait récolter les quelques monceaux de sa psyché brisée.

Leurs yeux se rencontrent sur une brève seconde et Erynn ne manque pas de la châtier d’un bonjour à sa manière, de cette aigreur qui devrait sûrement la faire fuir comme toutes ces femmes de tout âges qui se sont décidées à partir à l’aventure d’autre chose pour ne pas être dans le sillage pourpre de la colère noire de la princesse russe. « Ce n’est que rarement le moment avec toi … » Aucune accusation, aucune attaque mais elle regrette déjà ses mots même s’ils sont prononcés de cette voix murmurant à l’oreille des esprits pour en apaiser les plaies. Elle se voit presque en cette fille plus jeune qu’elle, à la chevelure pâle, à la peau sillonnée de tatouages dont elle aimerait parler auprès d’elle, elle-même passionnée par les gravures que l’on peut sur le corps mais Erynn la rejettera, elle la rejettera quoi qu’il en soit, ayant décidé de voir en elle une rivale, comme toutes les autres. Après un court silence, elle se détourne rien qu’un peu, déposant son sac à main sur un fauteuil pour s’approcher, ses talons fracassant le néant qui suinte entre les deux femmes comme plusieurs coups de gongs qui font sursauter les cœurs, une menace mais elle finit par échouer à ses côtés, le noir de sa robe brodée de ruisseaux d’or acheté dans une friperie s’étalant en corolle autour d’elle alors qu’elle ose tendre la main la peau froide et opaline. « Arrête, tu vas finir par te couper. Ca peut bien attendre un peu, non ? » La poigne autour de l’articulation n’est pas mauvaise, cherche à transmettre un apaisement loin d’être liée aux arcanes. Elle se voit bien incapable d’apaiser la douleur, simple chaman que les esprits ne visitent plus et elle cherche les prunelles de son vis à vis, tente de se tourner vers elle en un sourire que l’on ne devinerait que de près tant il est mince. Le contact se brise pour ne pas tenter le diable qui hante le corps menu de la femme près d’elle, nouant ses doigts entre eux avant de les déposer sur ses cuisses, image d’une sage femme qui viendrait apaiser une enfant après une crise de colère. « Qu’est-ce qu’il se passe ? Quelqu’un t’a mise en colère ? » On sent toute la douceur de la mère qu’elle fut et voudrait encore être dans les quelques mots qui sortent de sa gorge nouée, car elle n’oublie pas que l’inquiétante putain n’est pas connue pour sa douceur, que la nymphe pourrait se transformer en dragon hurlant, la saisir pour achever ce qu’elle ne put faire, arrêté en pleine danse macabre par la main de Maria. Abaissant à peine ses paupières, elle s’affaire elle-même à récolter les plus gros morceaux au creux de sa paume « Je te prie de m'excuser. » Leurs accents peu communs se conjugueront dans les ruissellements de cet échange étrange, elle le sait. Quelques morceaux de plus qu’elle cueille précautionneusement, avant d’élever à nouveau les orbes noirs vers elle « Pour ta robe, la dernière fois. » Excuse sincère, une main tendue vers elle comme un acte de paix qu’elle aimerait signer auprès d’elle, les querelles l’ayant lassées depuis longtemps mais elle n’est pas trop pleine d’espoir. Face à elle, Eryn Driscoll pourrait se murer dans son obstination, lui rire au nez, se servir des morceaux de cette statuette qui est peut-être un présent important du décor pour la marteler. Elle sent bien en elle une noirceur dont elle fut capable un jour, obstinée par la vengeance, par l’envie de tuer quiconque se dresserait sur sa route, par cette puissante agressivité qui inspira la mise en vente de son corps à ceux qui méprisèrent la mort de son fils et de tous les enfants et professeurs décédés dans ce qui ne fut jamais vraiment un accident. Et alors, elle aussi, se promit de faire crever ces hommes mais n’en eut jamais l’occasion. Et peut-être est-ce mieux ainsi, murmure toute sa sagesse de femme et mère lasse, endeuillée.


(c) corvidae
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