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North to South | feat. Luther

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Anonymous
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Mer 24 Mai - 15:07 (#)



North to South
Atelier de lutherie, automne 2021
ft. Luther



L
a Louisiane est une terre de jazz. En près d’un siècle d’histoire, les mélodies des cuivres ont eu le temps d’imprégner de manière indélébile l’argile rouge du Dixie. Si aujourd’hui, la culture populaire a poussé en marge cette musique si chère à ton cœur même dans son berceau, et les clubs de la Nouvelle-Orléans misent dorénavant en majorité sur le touriste inculte pour survivre, il reste çà et là quelques enclaves d’authenticité prises d’assaut par des générations de musiciens ambitieux. Finalement, le paradoxe est là : il est plus difficile de faire décoller une carrière de jazzeux ici que partout ailleurs. Or, la question se pose aussi : où commence la carrière, et surtout où s’achève le rêve ?
Ce soir, l’After Dark Orchestra se produit sur la scène d’un théâtre de la ville. La salle est humble, très loin d’être la plus grande du coin, mais pour la première fois de l’histoire de votre formation, le public paiera pour vous voir et pour rien d’autre. Pas un bar ouvert aux quatre vents, pas un restaurant guindé ; ce soir sera une bulle muette de deux heures où toute la salle vibrera au son de ce répertoire arraché du fin fond de ton âme.

L’ingénieur du son t’approche et te confirme que les balances vont pouvoir commencer d’ici quelques minutes. Depuis le fond de la salle, tu hoches la tête en silence, sondant le parquet de la scène sur lequel se sont rassemblés tes musiciens, impatients. Tous ont répondu présent et sont honorés par leur ponctualité, sauf Sam. Le grand contrebassiste mal rasé et membre de la première heure manque à l’appel, et ça ne lui ressemble pas. Rapidement, tu jettes un coup d’œil à ton téléphone, pour la troisième fois en une minute, pour vérifier s’il ne t’a pas envoyé un message. Rien. Ca ne lui ressemble pas. S’il est d’un naturel blasé et nonchalant, tu as depuis longtemps compris que cela ne compromet en rien son amour de la musique et surtout, celui qu’il porte à ce projet. Bien trop de choses se sont passées pour que tu puisses mettre cela en doute.
Tu n'es pas en colère. Un an auparavant, tu aurais sans doute été folle de rage et tu aurais ruminé de plus belle ta haine de l’humanité, mais c’est un tout autre sentiment qui te serre le palpitant en cet instant. De l’inquiétude ? Tu détestes ça, mais tu ne peux pas nier que quelque part au fond de toi, tu espères qu’il ne lui est rien arrivé.
Que pourrait-il y avoir de pire que le sentiment de devenir humaine après vingt-six ans à chercher à ne pas l’être ? Sans doute la confirmation. Après l’inquiétude, le soulagement détend les quelques nœuds qui s’étaient formés bien malgré toi dans tes épaules lorsque tu vois ton collègue franchir les portes du théâtre, complètement en nage et le visage rougi par l’effort. Ironiquement, quelques soufflants à l’autre bout de la salle se mettent à l’applaudir alors qu’il s’approche de toi en tâchant de reprendre son souffle. « Désolé, Heidi… Je me suis fait rentrer dedans par un de ses… petits cons en trottinette électrique. » Un véritable fléau des temps modernes, tu en conviens. En tâchant de garder ton flegme de plus en plus raffiné, tu lui indiques d’aller se préparer pour les balances.

Il n’aura fallu que deux minutes pour que tes épaules ne se retendent. La rumeur nait de l’autre côté du rideau. « Non, non, non, non, non… » Encore la voix de Sam, comme tu ne l’as jamais entendue. « C’est pas possible… Non… » Malgré ta légère sociopathie, tu comprends aisément que quelque chose de grave est arrivé et tu comprends rapidement de quoi il s’agit avant même d’avoir franchi le seuil de l’arrière-salle. « Elle est fêlée, c’est pas possible… » Voir un homme de sa trempe retenir ainsi ses larmes est un spectacle particulier, et particulièrement émouvant. Son instrument endommagé gît devant lui dans son cercueil tapissé de velours noir. C’est un drame, et tu le penses sincèrement. S’il arrivait la même chose à ta trompette, tu ne sais toi-même pas si tu serais capable de garder un semblant de constitution.
Le reste de l’orchestre s’est regroupé autour de leur collègue en un arc de cercle, observant une distance respectueuse de quelques pas. En tant que chef, tu as fait un pas vers le contrebassiste et t’es accroupie devant lui en tâchant de l’interpeler de ta voix la plus douce. « Sam… » Mais son regard ne dévie pas de son instrument chéri. « Sam, » réitères-tu ton appel. Les mots se perdent dans la bouche du quasi-quarantenaire. « Sam, maintenant tu me regardes ! » Autoritaire, ton ton est monté pour être certaine d’obtenir son attention ; ça a marché. Le regard rougi de Sam plonge dans le tien alors que tu as fait taire par la même occasion le tapis de murmures autour de vous. « Ferme la boîte, mets-la de côté. On va trouver une solution, ok ? On va jouer ce soir, tout va bien se passer, et demain à la première heure tu iras apporter ton bébé à un bon luthier. D’accord Sam ? » finis-tu alors que ta voix a repris la douceur ferme que si peu ont la chance d’entendre. Le grand barbu hoche la tête en se pinçant l’arrête du nez, et tu te relèves. Quelques camarades viennent lui apporter du réconfort, tandis que tu t’éloignes de la scène de crime pour faire une recherche sur ton téléphone.
Est-ce seulement possible de trouver un luthier ouvert à Shreveport un vendredi soir à cette heure-ci ? Etonnamment, oui.

La portière de ta berline claque sèchement, et quelques secondes après, le bruit subtil d’une cloche signale ta présence au boutiquier. Pas d’autre client à l’horizon ; l’échoppe semble être un tertre de calme et de solitude, et c’est une atmosphère que tu apprécies tout particulièrement. Le tenancier n’est pas dans la pièce, alors tu prends le temps de perdre ton regard sur les courbes élégantes de instruments exposés en appréciant l’odeur délicate du bois et de la colophane.
Arrivant finalement au niveau du comptoir, tu poses une main dessus en attendant le luthier, l’autre restant au fond de la poche de ton pantalon. Une fois celui-ci apparu, tu lui exposes ta demande. « Bonsoir, j’ai besoin d’une contrebasse. » Simple et concis, tu n’es pas là pour perdre de temps.

CODAGE PAR JFB / Contry.
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Anonymous
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Sam 8 Juil - 21:33 (#)

Le calme règne en maître, au sein de la boutique Allegro: au vu de l’heure avancée, rares sont les clients passant le pas de la porte, la plupart se ruant plutôt dans les bars du quartier. Un silence des plus bienvenus pour Luther, retranché dans son atelier en compagnie de Louise. Le vampire guide sa Marquée dans la fabrication d’un violon, attentif au moindre de ses gestes: si cette dernière n’en est pas à son premier instrument entièrement fabriqué par ses propres soins, cette commande est suffisamment pointilleuse pour qu’il reste à ses côtés. Appuie légèrement plus fort, quand tu sculptes la courbe.

Appuyant ses paroles par des gestes, Louise l’observe avant de les reproduire, attentivement. Comme ceci ? Le moindre de ses conseils, l’ancienne violoniste le suit sans hésitation, s’appliquant tout particulièrement dans son exécution: cela a toujours été sa manière d’apprendre, acceptant sans aucun mal les commentaires et conseils lui étant donnés. Excellent, concède Luther, allant de nouveau s’installer à sa table de travail. Tu n’auras bientôt plus besoin de mes conseils, commente-t-il avec un sourire: son intuition à son propos ne s’était pas trompée, des années plus tôt, en prenant la décision de lui venir en aide.

Un léger rire échappe à cette dernière. Pas encore, ne t’en fais pas. Il lui faudra encore une bonne semaine pour achever cette commande, tout l’enjeu étant de suivre les nombreux critères du client, demandeur d’un violon de grande qualité. Alors si Luther peut lui apporter son aide sur certains points de la fabrication, c’est sans le moindre refus. Comment se présente la réparation de cet alto ? lui demande-t-elle ensuite. Louise avait récupéré l’instrument deux jours plus tôt, non sans noter l’empressement certain de la cliente pour le ravoir le plus rapidement possible. Elle est terminée. Passons aux vérifications.

Elle l’observe s’emparer de l’instrument et le poser sur son épaule, avant de lui tendre un archet. L’ouïe décuplée de l’immortel s’attarde avec attention sur chacune des notes émises, vérifiant dans un même temps l’ajustement des cordes tout en jouant. Le son remplit la pièce pendant un long instant, avant que le silence ne revienne de nouveau. Parfait, commente-t-il simplement, reposant délicatement l’alto à sa place. Peu de temps après, c’est un tout autre bruit qui attire son attention: celui de la porte d’entrée et de la clochette accrochée juste au-dessus, annonçant l’arrivée d’un potentiel client.

Je m’en occupe, dit-il, sans lui laisser le temps de répondre. Enfilant sa veste, il lui suffit de faire quelques pas pour arriver dans la pièce principale de la boutique, derrière le comptoir. Bonsoir. Décidément, cette cliente ne perd pas de temps à expliquer la raison de sa venue... ça l’arrange, lui évitant ainsi tout un temps d’hésitations interminables. Dans l’immédiat, je suppose ? Sa demande rapide et concise ne laissent aucun doute là-dessus, mais autant la laisser confirmer ce fait. Je peux vous proposer ces modèles ci, pour d'éventuelles locations.

Sans plus la faire patienter, il contourne le comptoir, invitant silencieusement la jeune femme à venir voir les quatre contrebasses en question. Leur qualité est irréprochable, quoique différente de celles réservées à la vente, ces dernières étant plus travaillées: il serait impensable de les rendre disponibles à la location, au vu de la méticulosité de leur fabrication. Sans mot dire, l’immortel la laisse les jauger, attendant qu’elle précise un peu plus sa demande.
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