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MILD WATERS - Alexandra & Anaïs

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Baby Chaos - Là où je passe, la paix trépasse.
Anaïs Wilhm
Anaïs Wilhm
Baby Chaos - Là où je passe, la paix trépasse.
A SONG OF BLOOD

En un mot : Outre en perdition
Qui es-tu ? : *Un esprit traumatisé par la cruauté de ceux qu'elle pensait être ses camarades, à jamais marqué par l'absurdité de la violence humaine.
* Fille émancipée d'une famille humaine qu'elle a fui pour sa propre sécurité. Outre dans un monde d'humains qui ne cherchaient pas à la comprendre, juste à la plier au conformisme réconfortant de la normalité.
* Apprentie curieuse et consciencieuse de Daphné Calabrezzi. S'est lancée sur la voie du chamanisme, marchant dans les pas de sa mentore avec patience et détermination, persuadée d'avoir trouvé la voie qu'il lui fallait.
* Inscrite à la LSU, en médecine. Malgré un dossier scolaire chaotique à cause d'une année de fugue, se démène pour prouver, aux autres et à elle-même, qu'elle réussira.
Facultés : *Hémokinésie, contrôle du fluide vital
*Apprentie chamane, amie des loups et des gitans
*Etudiante en médecine, acharnée et consciencieuse, pleine de projets en tête.
*Musicienne et chanteuse amateur ne sortant jamais sans son casque. Danseuse du dimanche. Incollable sur la musique, sa passion, son refuge.
MILD WATERS -  Alexandra & Anaïs Homepics

Thème : Mama Cass Elliot - Make Your Own Kind Of Music
MILD WATERS -  Alexandra & Anaïs Beverly-marsh-wink
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Sam 28 Jan - 23:35 (#)

Anaïs illustration

Des années que je vis à Shreveport, et c’était la première fois que je viens ici, au bord du Cross Lake. L’endroit tranche nettement avec la ville qui se trouve juste à côté. L’air y semble plus frais, plus agréable qu’au milieu des immeubles et entouré de ce béton étouffant. Je suis presque étonnée de me trouver là, au bout du ponton de Moss Point, les jambes pendant dans le vide, mes pieds effleurant la surface de l’eau. Je profite de l’occasion pour un bain de soleil. Le ciel est bleu et dégagé, les températures commencent à grimper sans devenir intenables et la fraicheur de l’eau donne des airs de vacances à ce moment. Le lieu me donne des idées. Peut-être qu’Heidi aimerait venir ici quand il n’y a pas trop de monde. Je l’imagine mal se baigner et il faudrait moins de soleil, mais sans doute que j’arriverais à la convaincre d’essayer.

Mais ma présence ici ne vient pas de mon fait. C’est Alex qui a eu l’idée d’une virée au lac. Une idée je n’avais pas vu venir, mais que je n’avais pas pu, ni voulu, refuser. Mes distractions étaient trop rares en ce moment et je passais trop de temps le nez dans mes cours. C’est un peu l’occasion de faire autre chose, de changer d’air. Et d’enfin utiliser ce maillot de bain jamais mis, pour le moment savamment caché sous mon débardeur et mon short. Je ne sais pas trop ce qu’Alex a prévu, mais elle m’a demandé tout un tas de trucs et j’imagine qu’on ne va pas rentrer tout de suite. Les souvenirs des dernières soirées avec elle me font craindre un peu ce qu’il pourrait se passer, mais je m’en suis néanmoins remise à elle. Elle a l’art de trouver la pire meilleure idée au bon moment, à vrai dire.

Un coup de vent m’oblige à tenir fermement mon chapeau sur le haut de ma tête et j’entends quelques cris de joie alors qu’un petit voilier accélère sur l’eau, des étudiants profitant eux aussi du beau temps pour naviguer sur le lac. Il n’y a guère de monde encore, en ce milieu d’après-midi. Les cours ayant fini tôt, j’ai pu venir ici pour décompresser en entendant Alexandra. Elle m’a donné spécifiquement donné rendez-vous au bord du ponton de Moss Point, mais il n’y a pour le moment aucune trace d’elle dans les environs. La route se trouve dans mon dos et il n’y a pas eu le moindre véhicule depuis les 10 dernières minutes. J’entendrai sa moto bien avant de la voir, donc je me relaxe et m’allonge sur le ponton, mes jambes battant dans le vide, laissant mes pieds entrer et sortir de l’eau. C’est tellement agréable que je me demande pourquoi je n’ai jamais eu l’idée de venir ici plus tôt.

J’entends des voix s’élever et relève la tête pour voir le groupe dans le voilier me héler. Je lève les yeux au ciel et décide de les ignorer simplement. Mais les choses ne se passent pas exactement de la façon dont je l’imaginais. Le son d’un moteur approche à toute vitesse  et un jet ski passe au ras du voilier, déclenchant quelques cris étouffés par le bruit de l’engin et rapidement interrompu par l’eau que le groupe se prend dans la tronche. Je pouffe face à leur infortune et au timing avant de voir le jet ski tourner soudainement dans ma direction et foncer pleine balle vers le ponton.

Un peu inquiète en voyant cet énergumène foncer ainsi avec son engin dans ma direction, je me lève et recule un peu avant de plisser les yeux. De plus près, cette silhouette me dit quelque chose. Ce n’est quand même pas…

- Alex ?!

Cachée derrière des lunettes de soleil et portant un maillot de bain sous un gilet de sauvetage, je finis par la reconnaître et lui fait un signe de la main avant de comprendre ce qu’elle est en train de faire. Elle arrive en trombe et s’arrête à l’extrémité du ponton dans une espèce d’embardée contrôlée. Non sans m’arroser copieusement au passage, sans doute volontairement, la connaissant, mais je suis trop médusée pour lui en tenir rigueur. Je comprends d’un coup bien mieux pourquoi elle m’a demandé de l’attendre ici et m’approche du bord en lui offrant un large sourire.

- Wouah Alex, c’est trop cool ! Je ne savais pas que tu pouvais conduire un truc pareil.

Il y a décidément beaucoup de choses que je ne sais pas sur Alex. Qu’elle portait des bikinis par exemple, ou que ça la bottait de faire ce genre de sortie. Je ne vais certainement pas m’en plaindre, c’est une surprise de taille et je compte bien en profiter au maximum. Je m’accroupis au bord du ponton en examinant un peu le jet ski avant de reporter mon attention sur elle.

- T’es complétement cinglée ma parole, mais ça me plaît tellement ! Attends, je me change et j’arrive !

J’ouvre mon sac et retire mes vêtements trempés, ne gardant que mon maillot de bain et rangeant le reste. Je sors une paire de lunette de soleil et la colle sur mon nez avant de fermer mon sac. Elle me lance un gilet de sauvetage, apparemment obligatoire, et je l’enfile avec une moue un peu dégoûtée. La sensation est vraiment désagréable, mais bon si c’est pour éviter de finir au fond de l’eau, je peux faire un effort. Et tandis que je l’enfile avec plus ou moins de facilité, je la questionne.

- C’est quoi le programme alors, on fait le tour du lac ? T’as trouvé un coin sympa où passer la soirée ? J’ai empaqueté de quoi manger, mais je ne sais pas ce que tu veux qu’on fasse.

J’ai les mains un peu fébriles tellement je suis excitée par ce qu’il se passe. Pas le genre de choses que j’ai pu faire jusque-là. C’est totalement nouveau et inattendu et j’adore ça. Cela fait longtemps que je n’ai pas ressenti ça de cette manière. Une fois le gilet enfilé, j’embarque prudemment sur le jet ski, veillant à pas me casser la figure avec mon sac dans l’eau du lac et m’installe derrière Alex sans me départir de mon sourire.

- Let’s fucking goooo !

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NAPALM ROACH : j'adore l'odeur du non-respect au petit matin
Alexandra Zimmer
Alexandra Zimmer
NAPALM ROACH : j'adore l'odeur du non-respect au petit matin
FULL DARK NO STARS
En un mot : We're all mad here. I'm mad. You're mad.
Qui es-tu ? :
- Infréquentable et associable romancière pleine de mauvaises humeurs, d'ironie cinglante et d'indifférence, cachant une âme noire et liée aux enfers.
- Allergique à l’autorité avec une langue trop bien pendue pour sa propre sécurité, elle cherche à fuir ce monde humain dans lequel elle se sent étrangère.
- Écrivaine autrefois invisible dont seul le site internet attestait de son existence, elle est l'auteur anonyme d'un livre étrange et dérangeant, dicté par son propre père.
- Américaine et pourtant guère attachée au moindre patriotisme, elle erra longtemps sans attaches ni allégeances, avant d'être l'alliée forcée du plus terrifiant des Princes.
- Une antre modeste dans les Kingston Buildings masque ses noirceurs, ses poches trouées, ses écrits en vrac et une Honda 350 récemment achetée.

Facultés :
- Fille longtemps ignorante du Prince Hornet, l’ombre de celui-ci a influé sur sa vie, en étouffant une à une les dernières lueurs de son âme.
- Au gré des rencontres, des créatures de la nuit et du rêve d'une sorcière noire, ses perceptions se sont aiguisées et lui ont révélé bien des choses.
- Monstrueuse créature, la forme du cafard l'habite depuis toujours, bientôt sublimée et portée à son paroxysme par l'influence d'Hornet.
- Remarquable plume, ses mots sonnent justes, acérés, et empreints d'une ombre beaucoup plus grande qu'elle-même.
- Une insupportable teigne dont les répliques teintées de fiel déclenchent vexations, colères et peines autour d'elle.

Thème : Nick Cave & The Bad Seeds : Red Right Hand
You'll see him in your nightmares
You'll see him in your dreams
He'll appear out of nowhere but
He ain't what he seems
You'll see him in your head
On the TV screen
Hey buddy, I'm warning
You to turn it off
He's a ghost, he's a god
He's a man, he's a guru
You're one microscopic cog
In his catastrophic plan
Designed and directed by
His red right hand

Pseudo : Achab
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Crédits : Lyrics: Nick Cave & The Bad Seeds ; Avatar: @vestae-vocivus
Mar 31 Jan - 23:10 (#)

Mild Waters

« Bon, alors ça sera quoi, hein ? »

Il y avait moi et moi. Autrement dit, moi ruminant à cette buvette estivale, avec son comptoir en plastique, son barman étudiant raclant un salaire de misère, et ses hauts tabourets. Et il y avait moi, l’indifférente qui se demandait encore la raison de sa présence dans cet endroit tout sourire, maillots de bain et bronzette. J’étais venue en avance. Suffisamment pour remuer la canette d’Ice Tea presque vide, perdue dans mes pensées, tandis que les étudiants et les vacanciers grassouillets venaient collecter leurs doses de sucre. J’ai fini par terminer d’une traite la boisson industrielle, et j’ai levé les yeux vers le barman face à moi.

« Bon, alors ça sera quoi, hein ? » a-t-il répété encore une fois, avec sa mâchoire carrée et ses cheveux d’un blond trop brillant, modèle surfeur exotique.

J’ai fixé son collier de coquillages moches qui oscillait sur ses pectoraux. « Rien, j’ai fini. Garde la monnaie pour ton loyer. »

« Ok, merci... Hé, on fait une soirée d’enfer ce soir, près de Moss Point, ça te dit de venir ? On manque de nanas mignonnes... »

J’ai relevé mon poncho et remis ma casquette, décorée d’une main squelettique au majeur relevé, et je me suis levée dans le même mouvement. « J’peux pas, j’ai soirée Knacki avec ma petite copine. »

J’ai ramassé mon sac, et je suis partie aussitôt, sans même attendre sa réaction. L’air plus frais remontant du lac contrastait délicieusement avec les chaudes températures de saison, qui s’abattaient sur ce lieu de plaisance artificiel. J’ai traîné mes crocs en plastique blanc sur le chemin de planches de bois délavé qui louvoyait entre les cabanons et les stands de nourritures grasses à l’américaine. Mon vieux poncho d’été avait depuis longtemps viré au jaune paille, et ses pans virevoltaient au soleil, dévoilant un peu de mon bikini blanc, aussi dépourvu de fioritures que mon corps. Mes tatouages me manquaient.

Bon, alors ça sera quoi, hein ? Ai-je ruminé en évitant les touristes et les locaux qui s’assemblaient en une foule caquetante, huilée de crème solaire, et foutrement bruyante. Ce sera du calme pour moi. Ce sera une dose de tranquillité, avec supplément d’alcool, mais sans graisse américaine rajoutée. À voir la charcuterie qui cuisait sur les chaises longues, j’étais plutôt placée au mauvais endroit, si bien que je me suis dépêchée de franchir les derniers mètres jusqu’au magasin de location de jets-ski repéré une heure auparavant.

Alors, ce sera de la vitesse. De l’oubli et de la déconnexion. Une pause dont j’avais bien besoin, loin de mon bouquin, de ma vieille mère tarée, et du paternel encore pire. Je voulais m’aérer le crâne quelques temps, réfléchir à la direction que prenait ma nouvelle vie, et renouveler, si possible, mon inspiration littéraire ; ce qui était actuellement loin d’être le cas. J’ai évité de justesse, et avec un net dégoût, un bambin bedonnant s’empiffrant d’un cornet de glace industrielle, et je suis rentrée dans la boutique louant les jets-ski.

Le vendeur feuilletait une brochure au comptoir, l’air de sèchement s’emmerder. Je me suis approchée, en prenant dans mon sac un petit carnet de cuir, qui renfermait le sésame du marin d’eau douce.

« Salut, je prends un jet ski pour la journée, » ai-je fait aussitôt, très peu motivée à entamer une discussion avec un être vivant à ce moment-là.

Il m’a fixé d’un air bovin, la joue appuyée dans sa paume, au point de déformer sa voix et de le rendre plus stupide qu’il n’en avait l’air. « Bonjour, il faut un permis bateau en règle et... »

« Ouais, c’est bon. » Je l’ai interrompu en posant tout le nécessaire sur le comptoir. « Je l’ai. Permis et tarifs pour la journée. Je connais les consignes, la navigation, le gilet, blabla... »

Le type s’est redressé, l’air à la fois surpris et vexé. Il a examiné mes papiers et l’argent avec une mauvaise volonté évidente, puis a sorti un formulaire de réservation et un stylo.

« Nom, prénom, numéro de téléphone. Valable jusqu’à vingt heures, les heures en retard seront déduites en supplément, » m’a-t-il précisé avec toute la motivation d’une nouille trop cuite.

Je n’ai fait aucun commentaire. J’ai rempli son formulaire rapidement, en écrivant le nom d’Emma Zimmer, avec le numéro de téléphone et l’adresse de sa résidence, et j’ai terminé avec une signature inventée à la volée au nom de ma mère. Je lui ai rendu son formulaire, tandis qu’il quittait son fauteuil d’un pas balourd, et me conduisait à l’extérieur, vers mon placebo motorisé du jour. Tout au long du ponton extérieur, des jets-ski oscillaient paresseusement dans la brise fraîche qui suivait les contours ensoleillés du Cross Lake.

Des senteurs d’herbes chaudes et de tourbes m’entouraient. Le loueur de jet-ski s’était accroupi devant un engin jaune avec des bandes blanches pour y brancher la clé de contact, tandis que son short laissait apparaître sa raie du cul. J’ai fixé les rives du lac alourdies des silhouettes humaines braillant et s’entassant les unes avec les autres et, comme la nausée me prenait, j’ai retiré mon poncho, que j’ai bourré dans mon sac, avant d’enfiler le gilet de sauvetage qu’on me tendait. Bon, alors ça sera quoi, hein. Une rouquine dans la flotte, probablement, et une Alexandra qui se cherche une raison de rester encore un peu humaine, au moins quelques temps.

« Il m’en faut un deuxième, » ai-je fait en montrant le gilet de sauvetage. « J’vais emmener mon grand-père vivre des sensations fortes avec sa p’tite fille sexy. »

Le vendeur m’a fixé bizarrement, en soupirant. Deux minutes plus tard, j’avais un second gilet de sauvetage que j’ai enfoncé dans le compartiment sous le siège, au même titre que mon sac à dos. J’ai démarré le jet-ski sous l’œil suspicieux du type, et suis partie en trombe, laissant l’humanité en goguette derrière moi.

Le calme et la vitesse. Enfin.

J’étais libérée du vacarme des conversations, des odeurs de viande humaine, et du désarroi du vendeur, au milieu du Cross Lake, le vent sifflant à mes oreilles, et l’eau éclaboussant mes cuisses.  Il n’y avait alors plus que moi et moi. Le bruit du moteur avait avalé mes pensées parasites, si bien que je me suis vite retrouvée en train d’accélérer au-delà du raisonnable. L’écume s’écrasait à l’avant du jet-ski, recouvrant mes lunettes de soleil d’une myriade de gouttelettes brillantes, et la brise hurlait à mes oreilles, emportant avec elle mes questionnements sur moi-même. J’ai eu l’impression d’être sur ma moto, en plus humide.

J’ai traversé la distance vers Moss Point en trombe. Je sentais mon maillot déjà imbibé d’humidité, mais à ce stade, je n’avais plus aucune pensée à l’esprit. Bon, alors ça sera quoi, hein. Je n’en avais foutrement pas la moindre idée ; tout ce qui comptait, était la vitesse. Raser les canoës et les voiliers. Je me suis levée sur le jet-ski lancé à toute allure, inspirant voracement cet air frais qui me battait furieusement les cheveux. Au loin, le ponton de Moss Point se profilait, où un petit voilier moche s’évertuait péniblement à prendre le vent, juste à côté de l’endroit où se trouvait une petite silhouette. J’ai accéléré une dernière fois.

En réalité, mon permis bateau datait. Il était issu d’un pari sous l’influence de substances, une aventure que je n’avais jamais raconté à personne, et je n’avais rien conduit de nautique depuis au moins cinq ans. Pourtant, les sensations me plaisaient. Je ressentais cette même ivresse de la vitesse que sur ma moto, avec la fraîcheur de l’eau autour de moi, et l’immensité d’un lac sous le soleil d’été. J’ai alors dépassé le voilier des étudiants, que l’échappement du jet-ski ont arrosé copieusement, m’attirant des hurlements idiots, avant de foncer vers le ponton où je devinais la petite silhouette d’Anaïs qui m’attendait.

La manœuvre fut parfaite. J’ai braqué le jet-ski en profitant d’une petite vague, dérapé dans le creux de celle-ci, et fait virer l’engin selon un remarquable glissement contrôlé, que n’aurait pas renié James Bond, au lieu de percuter le ponton, et Anaïs en même temps. Un mini raz-de-marée a submergé la rouquine qui, au lieu de protester, a hurlé d’un enthousiasme exagéré en me reconnaissant moi, sa fidèle meilleure pote. J’ai arrêté le jet-ski, sous les invectives lointaines des étudiants qui cherchaient à se remettre en ligne.

« Ouais, ça m’arrive souvent qu’on me dit tarée. » J’ai décroché le second gilet que je tenais autour de mon cou. « Attends, prends ça. C’est bien si tu tombes à la flotte, les alligators mordent dedans plutôt que sur ta tête. »

Je lui ai lancé le matériel de sécurité, tandis qu’elle retirait ses vêtements. Je l’ai attendu, en examinant son maillot d’un œil expert, plutôt pas mal à vrai dire, et j’ai jeté un regard vers les étudiants qui ramenaient avec fureur leur voilier vers nous. J’ai réajusté ma casquette, en haussant les épaules à sa question.

« J’sais pas trop. J’avais vaguement idée de trouver un coin peinard, mais rien de précis. Monte et on verra bien. Pas mal ton maillot, il te moule bien. »

J’ai attendu qu’elle monte derrière moi, tandis que le voilier de la fureur se rapprochait lentement, mené par la bande d’étudiants manifestement en colère de ma prestation. Ils savent plus s’éclater ces jeunes…

« Parée ? Accroche-toi bien à moi, mais pas à mes seins d’préférence, j’suis assez trempée comme ça. Ah, et si tu veux qu’on s’arrête, tire-moi l’oreille. J’sais pas si j’vais bien entendre autrement. »

Le voilier s’était encore rapproché. Anaïs a hurlé son enthousiasme juste derrière mon oreille, j’ai perdu environ un tiers de mes capacités auditives, et le moteur du jet-ski a rugit. Une nouvelle gerbe d’eau a été catapultée en l’air, atterrissant à nouveau sur le radeau de la fureur, et j’ai démarré en trombe, le majeur levé en direction de nos étudiants favoris. Le Cross Lake était offert devant nous, plutôt vide, si bien que j’ai accéléré déraisonnablement, en louvoyant entre les bouées qui marquaient la circulation nautique.

Un troupeau de canards s’est profilé au loin. J’ai continué à accélérer, alors que les premiers palmipèdes affolés par le bruit décollaient, et le jet-ski s’est enfilé à toute allure entre les groupes restant. Un concert de coins-coins paniqués nous ont entouré, en même temps que les rugissements du moteur, le sifflement du vent et les éclaboussures d’eau. Je sentais les bras d’Anaïs qui me tenaient la taille, et probablement ses cris de joie aussi, camouflés sous le vacarme, tandis que nous traversions le Cross Lake comme une flèche.

À quoi bon louer un jet-ski, si ce n’est pour aller vite ? La vitesse folle avait un effet cathartique sur moi. Je laissais dans ce sillage d’écume tous mes questionnements, mon devenir, mes ordres, ma mère et mon père, et quelques plumes de canards… Il n’y avait que moi et moi. Bon, alors ce serait quoi, hein ? Rien, simplement rien.

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En un mot : Outre en perdition
Qui es-tu ? : *Un esprit traumatisé par la cruauté de ceux qu'elle pensait être ses camarades, à jamais marqué par l'absurdité de la violence humaine.
* Fille émancipée d'une famille humaine qu'elle a fui pour sa propre sécurité. Outre dans un monde d'humains qui ne cherchaient pas à la comprendre, juste à la plier au conformisme réconfortant de la normalité.
* Apprentie curieuse et consciencieuse de Daphné Calabrezzi. S'est lancée sur la voie du chamanisme, marchant dans les pas de sa mentore avec patience et détermination, persuadée d'avoir trouvé la voie qu'il lui fallait.
* Inscrite à la LSU, en médecine. Malgré un dossier scolaire chaotique à cause d'une année de fugue, se démène pour prouver, aux autres et à elle-même, qu'elle réussira.
Facultés : *Hémokinésie, contrôle du fluide vital
*Apprentie chamane, amie des loups et des gitans
*Etudiante en médecine, acharnée et consciencieuse, pleine de projets en tête.
*Musicienne et chanteuse amateur ne sortant jamais sans son casque. Danseuse du dimanche. Incollable sur la musique, sa passion, son refuge.
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Lun 6 Fév - 0:55 (#)

Anaïs illustration

Je n’arrive pas à savoir si c’est la surprise, l’idée de ce qui va suivre ou les deux à la fois, mais je n’ai pas la moindre seconde d’hésitation à suivre Alex dans son idée d’enfourcher ce jet ski pour aller je ne sais où. Encore une de ses idées sorties de nulle part, mais qui tombe à pic. À croire qu’elle a un don pour savoir ce dont j’ai besoin pour me sentir mieux.

- Si les alligators pouvaient s’en prendre aux voiliers plutôt qu’à moi ce serait mieux, surtout.

En parlant de voiliers, celui qui a subi l’arrivée d’Alex arrive avec fureur vers nous, manœuvré par une bande de type mécontentes d’avoir été arrosés malgré la chaleur qui rend el tout agréable. Ils pourraient un peu se dérider, non ? J’enfile en vitesse le gilet de sauvetage, m’arrêtant suite à son compliment des plus inattendu. Je le fixe une seconde, incertaine se ma réponse. Cela fait longtemps depuis le motel et la soirée un peu honteuse qu’on a faite toutes les deux et mon corps a un peu changé depuis, mais qu’elle fasse ce genre de remarque maintenant me laisse soudainement immobile et incertaine, avec mon corps exposé de cette façon face à son regard.

- Euhm je… merci ? Le tien est sympa aussi.

Enfin le peu que je vois, caché derrière le gilet de sauvetage, jumeau de celui que j’enfile, avant de grimper derrière elle en m’agrippant à ses hanches qui sont incroyablement fermes et douces. Au point que j’hésite une seconde à trouver un autre endroit, mais finis par m’y tenir malgré tout. Ça n’a rien de bizarre, après tout. Pas vrai ? Je pouffe un peu faussement à sa remarque en ignorant le sous-entendu salace qui se cache derrière. Merde, pourquoi ça me touche ce genre de propos maintenant ? Elle en faisait déjà avant et j’avais aucun problème à en rire alors qu’elle me lançait un sourire entendu.

- T’es sûre pour l’oreille ?

Pas de réponse autre que le moteur qui vrombit et la soudaine sensation de partir à toute vitesse, mes mains se cramponnant à Alex comme si ma vie en dépendait. Ce qui est peut-être le cas. Et puis je me fais une remarque. Une remarque qui fait la pendant une fraction de seconde avant que je me laisse aller.

C’était quand la dernière fois ?

La dernière fois que j’ai ri aux éclats comme ça, sans m’inquiéter de rien ni de personne. La dernière fois que je me suis laissée aller, que j’ai profité de quelque chose de foncièrement nouveau et amusant. Que je me suis sentie autrement qu’à la lisière d’un gouffre dont je n’arrivais pas à détourner les yeux. Là, sur ce jet-ski laissé au bon vouloir d’Alex, j’ai l’impression de revivre. Il n’y a rien d’autre que le vent, l’eau qui vole autour de nous et le bruit du moteur. Même pas la moindre culpabilité d’avoir emmerdé ces gars sur leur voilier. Même pas la moindre gêne à voir Alex leur faire un geste obscène en retour de leur cri. Juste un sentiment d’abandon instantanée une fois l’engin démarré en trombe.

Une fois les premières minutes d’euphorie passées, j’inspire plus calmement, profitant du moment un peu improbable qui s’est lancé. La surprise a été de taille et j’ai réagi comme une enfant un matin de noël, mais ça m’a fait du bien. C’est un peu moins drôle quand un groupe de canards affolés se tient sur notre route et qu’Alex fonce en plein milieu. L’un d’eux réussi miraculeusement à me rentrer dedans et j’ai le plus grand mal à m’en débarrasser, l’animal me filant des coups d’ailes alors qu’il tente de s’échapper en caquetant comme un dément. Je finis par l’attraper et le lancer sur le côté avant qu’il ne commence à s’en prendre à Alex qui semble avoir pour projet de traumatiser la population aviaire de la région. L’animal, dans un concert de coin outré et effrayé, finit par s’éloigner avec ses congénères, me laissant avec un nez qui saigne et des plumes dans les cheveux.

- Putain de merde... Alex ! Evite les canards la prochaine fois !

J’espère qu’elle m’entend, parce que je vais pas commencer à la pincer pour chaque remarque que je veux lui dire. Je fais rapidement cesser mon saignement de nez alors qu’elle croise d’un peu trop près la route d’un autre voilier et passe quelques instants à retirer les plumes qui se sont emmêlés dans mes cheveux. Ça devait me donner un air vraiment bizarre. Je finis par lui tapoter sur le bras avant de pointer du doigt une des petites îles qui parsèment le lac.

- Pourquoi on n’irait pas sur une des îles ? Je pense pas qu’il y aura trop de monde, les gens restent sur la berge.

Sans doute parce que les îles sont moins facile d’accès et que payer un bateau ou jet ski nécessite d’avoir le permis et en plus l’argent pour la location. Ou peut-être parce qu’il y a des alligaarr qui s’y prélassent tranquillement alors qu’on longe l’une. Enfin, un en tout cas, bien allongé sur la berge, profitant des rayons du soleil comme un chat sur le rebord d’une fenêtre. L’image est assez incroyable et je regrette de ne pas avoir un appareil photorésistant à l’eau pour immortaliser l’instant. J’espère juste qu’Alex n’aura pas la fausse bonne idée d’aller voir de plus près. De trop près.

La monté d’adrénaline du début est un peu redescendue et je finis par capter un truc évident tandis qu’on bifurque sur la gauche et que me cramponne un peu plus à Alex. J’aurais sans doute dû m’en apercevoir avant, mais c’est un détail que je n’ai pas pris le temps de remarquer. Où sont ses tatouages ? Sa peau est immaculée comme si elle avait mué. Plus de trace du dragon sur son omoplate ou des tatouages sur ses bras. Ça ne ressemblait pourtant pas aux tatouages qu’on peut effacer simplement et sans laisser la moindre marque. Je patiente jusqu’à ce qu’elle ralentisse près d’une des îles, profitant du bruit plus ténu du moteur tournant au ralenti.

- Hey, Alex, il est arrivé quoi à tes tatouages ?

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- Fille longtemps ignorante du Prince Hornet, l’ombre de celui-ci a influé sur sa vie, en étouffant une à une les dernières lueurs de son âme.
- Au gré des rencontres, des créatures de la nuit et du rêve d'une sorcière noire, ses perceptions se sont aiguisées et lui ont révélé bien des choses.
- Monstrueuse créature, la forme du cafard l'habite depuis toujours, bientôt sublimée et portée à son paroxysme par l'influence d'Hornet.
- Remarquable plume, ses mots sonnent justes, acérés, et empreints d'une ombre beaucoup plus grande qu'elle-même.
- Une insupportable teigne dont les répliques teintées de fiel déclenchent vexations, colères et peines autour d'elle.

Thème : Nick Cave & The Bad Seeds : Red Right Hand
You'll see him in your nightmares
You'll see him in your dreams
He'll appear out of nowhere but
He ain't what he seems
You'll see him in your head
On the TV screen
Hey buddy, I'm warning
You to turn it off
He's a ghost, he's a god
He's a man, he's a guru
You're one microscopic cog
In his catastrophic plan
Designed and directed by
His red right hand

Pseudo : Achab
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Double compte : Elinor V. Lanuit & Inna Archos
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Crédits : Lyrics: Nick Cave & The Bad Seeds ; Avatar: @vestae-vocivus
Mar 14 Fév - 23:04 (#)

Mild Waters

J’avais la tête vide.
Les sifflements stridents du vent s’y précipitaient, hurlant comme à l’intérieur d’une cosse de fruit vidée de sa chair, et mes pensées se dévidaient en traînées d’écumes derrière le jet-ski. La surface miroitante, calme et bleutée du Cross Lake se brisait devant nous, fendue par la vitesse déraisonnable. Je sentais mes bras se couvrir d’humidité fraîche, que le soleil d’été parvenait à peine à chasser. Mes cheveux déliés claquaient à chaque accélération, et je percevais ma casquette qui se dévissait peu à peu. Je l’ai attrapé d’un geste précipité, et l’ai enfoncé sur mon crâne, rattrapant en même temps une embardée incontrôlée du jet-ski.

J’entendais le rire d’Anaïs derrière moi. Je l’avais presque oubliée. C’était un plaisir amnésique qui m’avait envahie, au point d’oublier le contact de ses mains sur mes hanches, et ses jérémiades à propos de la faune aviaire. J’ai observé l’horizon brillant en louvoyant entre quelques rares voiliers. Le ciel avait la couleur d’un vieux jean, un bol bleu délavé au milieu des forêts basses alentours, avec des fils de nuages blancs à haute altitude. Le soleil se reflétait violemment sur la surface immense du lac, et la vitesse, additionnée au bruit du moteur, étouffait le vacarme lointain du tourisme américain. J’avais presque l’impression d’être seule.

Seule, enfin, dans ma tête en tout cas. Qui est ta mère ? Personne. Qui est ton père ? Personne. Cela aurait pu être le début d’un poème, mais je n’étais ni douée pour les vers, ni pour la délicatesse syntaxique.

« Quoi ? » ai-je hurlé à l’encontre d’Anaïs, avant de comprendre son idée. « Ah. Ouais. Si c’est pas plein de bestioles... »

Au minimum des moustiques, au mieux des serpents. Au pire, des alligators. Nous étions dans un secteur assez touristique du lac mais, si mes souvenirs étaient bons, certains coins hébergeaient encore un bayou sauvage. Avec ses herbes hautes, ses buissons épineux, ses algues poisseuses, et tout un tas de saloperies naturelles qui vous accrochaient la viande, en essayant de vous sucer le sang. Je n’aimais pas la nature. Ça puait la boue, la chlorophylle, et tout un tas de trucs crevés cachés sous les feuilles, les ornières, partout. J’ai orienté le jet-ski vers l’îlot le plus proche, un lopin de de terre vide et parsemé de quelques arbres.

L’endroit semblait désert. Une ceinture d’herbes folles entourait ses rives, décorée de quelques rares conifères, desséchés pour certains, comme l’on trouvait aux abords des bayous. Aucun lézard en vue. De rares buissons parsemaient l’ombre des cyprès, au sein desquels on devinait quelques couleurs vives, de fleurs ou de baies. Des rochers moussus brisaient la monotonie d’herbe abondante et de morceaux de bois morts, délavés par l’humidité, que le soleil d’été inondait d’un éclat brûlant J’ai ralenti le jet-ski, en nous laissant flotter à proximité des lieux afin de vérifier que nous n’abordions pas un nid à serpents.

Je me suis soudainement rappelée la question d’Anaïs. « Version courte, effet secondaire de mes capacités. Version longue, erhm… Je te raconterai plus tard. »

J’ai coupé le moteur. Le jet-ski a continué à se rapprocher du bord lentement et, en m’assurant de la faible profondeur, j’ai sauté à l’eau. Mes crocs en plastique se sont remplis d’eau troublée par mes pas, et j’ai tiré l’amarre attachée à l’arrière du jet-ski ; le niveau d’eau ne m’arrivait qu’en dessous de la poitrine.

« Attends, si un truc me mord, j’risque pas grand-chose, » lui ai-je intimé en tirant l’amarre jusqu’à l’arbre le plus proche de la rive.

La terre était molle. J’ai escaladé la barrière moutonneuse d’herbes, de mousses et de racines qui ceinturait la petite île, et j’ai entouré le tronc de l’arbre avec le corde du jet-ski. Le contact de la brise fraîche sur mon corps encore trempé m’a faite frissonner. J’ai ôté mon gilet de sauvetage rêche, et franchement moche, en le laissant tomber au pied de l’arbre, avant de revisser une énième fois ma casquette.

« Si m’dame la princesse des canards veut bien descendre, » Je suis redescendue dans l’eau, dans une énorme éclaboussure, qui a sûrement touché Anaïs. « Faut que je récupère mon sac dans le compartiment situé sous son postérieur. »

Le bikini me collait. Je l’avais acheté il y a au moins cinq ans de cela, et les machines successives avaient un peu réduites l’amplitude du tissu. Je n’avais pas vraiment grossi ; le cocon du paternel avait tout refait à neuf. J’ai pataugé jusqu’au jet-ski en attendant que Anaïs en descende et, une fois sa manœuvre faite, j’ai ouvert le petit coffre sous le siège pour récupérer mon sac de provisions et mon poncho d’été.

« T’as pris de la bouffe, alors ? J’en ai sinon, et de quoi faire un feu, » lui ai-je demandé en levant les bras pour conserver au sec mon sac à dos.

J’ai suivi Anaïs à nouveau jusqu’à la rive. Les reflets du soleil sur la surface miroitante du lac me faisaient plisser les yeux, et m’empêchaient d’observer la tenue de la rouquine avec plus d’attention. On dirait qu’elle a pris de la viande aux bons endroits, ai-je noté en tapant une fois ou deux fois mes orteils contre des bouts de bois ou des galets sous l’eau. Saleté de nature préservée. Quel plaisir les humains pouvaient-ils tirer à se tordre les chevilles et se taper les tibias dans des randonnées, je n’en avais aucune idée.

J’ai ronchonné en heurtant les obstacles sur le fond du lac. À défaut d’être accueillant à mes yeux, l’îlot renfermait un calme notable. Quelques écharpes de brume flottaient au-dessus de la surface de l’eau, comme la chaleur déclinante de l’après-midi perdait lentement son emprise sur les recoins les plus fangeux. Mis à part les clapotis du lac, et les stridulations des insectes, seul le silence habitait les lieux. Les senteurs de mousses et de tourbes saturaient les lieux, éclipsant complètement les relents humains d’essence, de métal, de sueur et de viande. Tant mieux. Je supportais mieux les moustiques que les américains.

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Baby Chaos - Là où je passe, la paix trépasse.
Anaïs Wilhm
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A SONG OF BLOOD

En un mot : Outre en perdition
Qui es-tu ? : *Un esprit traumatisé par la cruauté de ceux qu'elle pensait être ses camarades, à jamais marqué par l'absurdité de la violence humaine.
* Fille émancipée d'une famille humaine qu'elle a fui pour sa propre sécurité. Outre dans un monde d'humains qui ne cherchaient pas à la comprendre, juste à la plier au conformisme réconfortant de la normalité.
* Apprentie curieuse et consciencieuse de Daphné Calabrezzi. S'est lancée sur la voie du chamanisme, marchant dans les pas de sa mentore avec patience et détermination, persuadée d'avoir trouvé la voie qu'il lui fallait.
* Inscrite à la LSU, en médecine. Malgré un dossier scolaire chaotique à cause d'une année de fugue, se démène pour prouver, aux autres et à elle-même, qu'elle réussira.
Facultés : *Hémokinésie, contrôle du fluide vital
*Apprentie chamane, amie des loups et des gitans
*Etudiante en médecine, acharnée et consciencieuse, pleine de projets en tête.
*Musicienne et chanteuse amateur ne sortant jamais sans son casque. Danseuse du dimanche. Incollable sur la musique, sa passion, son refuge.
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Lun 6 Mar - 18:36 (#)

Anaïs illustration

La coupure soudaine du moteur et le calme qui s’ensuit dénote tellement avec les dernières minutes que la sensation de retombée est presque physique. Fini les sensations de vitesse, le vent qui me souffle sur le visage, l’eau qui m’éclabousse et l’impression que plus rien n’a d’importance. Pendant un instant je serai tentée de dire Alex de repartir, qu’on n’a pas besoin de s’arrêter tant qu’il reste du carburant. Mais la voilà qu’elle saute à l’eau une fois près de la rive et l’idée disparaît bien vite. Je me contente de scruter l’eau à la recherche d’une éventuelle menace suite aux quelques mots qu’Alex a sorti. Je n’imagine que quelque chose vienne vraiment. Mais dans le doute…

Je l’observe avec attention pendant une seconde, curieuse. Sa réponse n’en a pas vraiment été une et il est difficile de trouver une explication à ce soudain changement sur son corps. Ses tatouages semblaient une part intégrante de son être. Qu’ils aient disparu c’est étonnant. Et ce n’est pas comme si elle les a volontairement effacés, visiblement. Les capacités dont elle parle, je les ai brièvement aperçu. La première fois lorsqu’elle s’est fait poignarder pour sortir finalement indemne, si ce n’est chamboulée par l’expérience. Et l’autre fois, pendant cette rave party vampirique qui a salement mal tourner. Je me souviens que son bras a changé, un peu comme le ferai un garou, mais en plus localisé. Serait-elle un garou depuis tout ce temps ? Sans qu’elle en ait conscience, c’est tout de même difficile à avaler…

- Faut que tu me racontes ce qu’il s’est passé. C’est dommage, ils t’allaient bien.

Même si les circonstances dans lesquelles j’avais vu certains d’entre eux étaient quelque chose que je voulais globalement oublier. Au moins je n’avais pas fini dans le même état lors de la rave party. Difficile d’imaginer ce qui aurait pu se passer alors. Les choses auraient pu encore plus mal tourner…
Je lui jette un regard plissé, mais m’exécute lorsqu’elle me demande de bouger avec ses mots à elle. Je vais finir par croire qu’elle fait que regarder mes fesses…

- Tu sais ce qu’elle te dit la princesse des canards ?

Honnêtement pas grand-chose. Se prendre un canard dans la figure était plutôt humiliant. Je me contente de patauger dans l’eau jusqu’à la rive, mon sac au-dessus de la tête, mes pied s’enfonçant dans la terre molle ou dans d’autres trucs moins identifiables et parfois un peu douloureux. J’aurai peut-être dû garder mes chaussures, mais j’avais trop l’habitude de marcher pieds nus maintenant. Je tourne la tête vers Alex pour la voir galérer bien plus que moi. Je retiens un rire en me pinçant les lèvres et finis par débarquer sur l’île.

- Tu as dit que ce serait après-midi au lac et barbecue, donc oui j’ai pris de quoi manger. J’ai du poulet, des chips et des brochettes. Par contre j’ai que de l’eau pour aller avec ça.

Je finis par me débarrasser du gilet de sauvetage encombrant et peu agréable à porter avant d’observer les alentours. L’ilot n’est qu’un bout de terre couvert de rochers, d’herbes et d’arbustes. Certes pas le lieu le plus glamour du coin, mais c’est un spot idéal pour un moment de calme. On n'entend que vaguement la civilisation, tel un lointain bourdonnement. A moins que ce ne soit les quelques insectes qui vivent ici et qui se disent qu’on peut faire un met de choix. Le premier subit un mort tragique d’un revers de main, mais je doute que ça réduise les ardeurs des autres.

Ne nous reste donc plus qu’à dénicher un coin pas trop envahi de moustiques, pas trop loin de l’eau et avec de quoi s’asseoir sans patauger dans la boue. C’est étonnamment facile à dénicher. Entre quelques rochers de tailles variable, il y a un spot parfait et, au vu des traces, déjà été utilisé par d’autres groupes avant nous. Et si les restes d’un feu ne suffisent pas comme indice, le sac plastique laissé là en offre un autre, en plus de me faire grincer des dents. Fichus irresponsables. Ça coûte quoi de ranger vos déchets pour les jeter ensuite ? Je suis sûr qu’on trouvera d’autres trucs plus ou moins dégueu dans el coin, puisque ce n’est apparemment pas un endroit inconnu pour ceux qui veulent faire un peu de camping sauvage ou des barbecues comme nous.

- Ce coin-là a l’air bien. En plus c’est sec, parfait.

Je pose mon sac sur un rocher et en sors rapidement de quoi éloigner les moustiques. Pas très fan de l’odeur quand j’allume le mèche, mais si ça fonctionne, je ne ressemblerait pas une plaque rouge géante qui ratte et c’est tout ce qui compte. Je dois déjà lutter avec le soleil pour ne pas ressembler à une écrevisse, je ne peux pas en plus affronter des hordes de moustiques affamés. Moustiques qui ont l’air de bien ficher la paix à Alexandra, en plus. La génétique est sacrément injuste… ou alors sa peau résiste aussi aux moustiques. J’en tue un autre qui s’aventurait un peu trop sur ma cuisse et soupire. Si ça continuait comme ça, j’allais les faire exploser à distance par magie, ça ferait un bon entrainement, sans doute. Et peut-être que ça, ça les éloignerait. Enfin si on est ennuyé seulement par des moustiques, je n’allais pas m’en plaindre. Aucun alligator à l’horizon, au moins.

- Je te pensais pas du genre à vouloir faire du camping en pleine nature.

Vu la tête qu’elle a tiré en marchant dans l’eau puis sur l’îlot, je suis prête à parier que ce n’est pas le genre de choses qu’elle fait habituellement. Je commence à avoir l’habitude de vadrouiller en forêt et de suivre Daphné pieds nus en aimant vraiment ça, mais je n’imaginais pas Alexandra se dire que ce genre de choses pourraient être amusantes. Pour elle, en tout cas. Je me sens personnellement comme un poisson dans l’eau. Ça n’aurait sans doute pas été le cas il y a quelques années de ça, mais maintenant, les choses ont bien changé.

- Tu veux un coup de main pour le feu ? J’en ai jamais fait, mais j’ai vu d’autres le faire, je dois avoir les bases.

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NAPALM ROACH : j'adore l'odeur du non-respect au petit matin
Alexandra Zimmer
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FULL DARK NO STARS
En un mot : We're all mad here. I'm mad. You're mad.
Qui es-tu ? :
- Infréquentable et associable romancière pleine de mauvaises humeurs, d'ironie cinglante et d'indifférence, cachant une âme noire et liée aux enfers.
- Allergique à l’autorité avec une langue trop bien pendue pour sa propre sécurité, elle cherche à fuir ce monde humain dans lequel elle se sent étrangère.
- Écrivaine autrefois invisible dont seul le site internet attestait de son existence, elle est l'auteur anonyme d'un livre étrange et dérangeant, dicté par son propre père.
- Américaine et pourtant guère attachée au moindre patriotisme, elle erra longtemps sans attaches ni allégeances, avant d'être l'alliée forcée du plus terrifiant des Princes.
- Une antre modeste dans les Kingston Buildings masque ses noirceurs, ses poches trouées, ses écrits en vrac et une Honda 350 récemment achetée.

Facultés :
- Fille longtemps ignorante du Prince Hornet, l’ombre de celui-ci a influé sur sa vie, en étouffant une à une les dernières lueurs de son âme.
- Au gré des rencontres, des créatures de la nuit et du rêve d'une sorcière noire, ses perceptions se sont aiguisées et lui ont révélé bien des choses.
- Monstrueuse créature, la forme du cafard l'habite depuis toujours, bientôt sublimée et portée à son paroxysme par l'influence d'Hornet.
- Remarquable plume, ses mots sonnent justes, acérés, et empreints d'une ombre beaucoup plus grande qu'elle-même.
- Une insupportable teigne dont les répliques teintées de fiel déclenchent vexations, colères et peines autour d'elle.

Thème : Nick Cave & The Bad Seeds : Red Right Hand
You'll see him in your nightmares
You'll see him in your dreams
He'll appear out of nowhere but
He ain't what he seems
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On the TV screen
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He's a ghost, he's a god
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Lun 13 Mar - 18:16 (#)

Mild Waters

Quelque part, cette absence me contrariait.
Et la sensation onctueuse au toucher de cette peau, aussi lisse et douce que celle d’un bébé, comme si tout mon vécu avait été balayé d’un revers de truelle. Toutes ces années de souffrance humaine, évaporées, jetées aux ordures de l’oubli, tandis que le ciment de ma vie était réappliqué, couche après couche, avec un soin dément. Adieu les cicatrices. Adieu mes tatouages et mes bijoux. Place à la carrosserie neuve, qui ne souffrait d’aucune marque vivante, et sous laquelle se cachait toute cette mécanique infernale. J’ai eu le sentiment d’avoir perdu un morceau de moi-même. Ce n’était, somme toute, que de l’encre sous la peau, trivial sans doute, mais cette impression de perte me harcelait comme un moustique autour d’une rousse.

Bon alors, ce sera quoi ? Quelque chose de travers, quelque chose d’imparfait. Une brutale traînée d’encre sur une toile vide. Un seau de pétrole sur une sculpture de marbre blanc. Un zeste de vécu. Une marque de souffrance. De l’arithmétique sur le corps. Années + années = moi. Une putain de philosophie.

J’ai ravalé l’amertume. Elle venait trop tard. « Elle me dit que c’est un joli coin-coin, j’imagine ? » lui ai-je répondu en emboîtant le pas à Anaïs.

Contre mauvaise fortune, faisons des grillades. J’ai laissé tomber mon énorme sac à dos sur le sol de pierres moussues, produisant un bruit de casseroles et de bouteilles entrechoquées. L’îlot contenait cette bulle de calme, que la désormais lointaine civilisation bruyante ne menaçait plus d’éclater, et qui nous séparait du monde extérieur, moi, Anaïs et ses moustiques. J’ai chassé d’un revers de main distrait les bestioles. J’ai suivi pensivement Anaïs au milieu des rochers et des herbes folles, à la recherche d’un coin au sol égal et dégagé pour y déposer notre équipement de fortune. Les clapotis de l’eau heurtaient les rives avec une régularité de métronome et, malgré mon absence de passion pour la nature, ce bruit avait quelque chose d’apaisant.

« J’ai un genre de kit de camping dans mon sac, avec de quoi démarrer le feu, » ai-je expliqué en explorant l’autre côté. « J’voulais pas me faire chier avec des brindilles détrempées au milieu d’un lac. »

Un saule mort était accroché à la rive de mon côté. Quelques rondins de bois séchaient au soleil, dont j’ai noté la présence et l’emplacement pour plus tard. Les herbes rases me chatouillaient les orteils au travers des crocs en plastique, mais rien n’accrochait véritablement cette fichu peau lisse et résistante. J’ai suivi les contours de la rive, en escaladant les souches grinçantes, tandis que Anaïs semblait avoir découvert un coin correcte pour y faire cuire nos en-cas graisseux. J’ai ramassé quelques brindilles sèches sur le retour, l’esprit ailleurs, et le soleil irradiant ma peau et mon maillot, où séchait les dernières éclaboussures d’eau du lac.

« J’ai pris du rhum cette fois. J’ai aussi un paquet de guimauves et des saucisses. J’sais que t’es pas orientée saucisses, mais tu verras, c’est pas si... »

Mon pied a heurté un truc froid et mou. Un soudain sifflement reptilien est monté d’entre les souches, et j’ai ravalé ma vanne débile en apercevant, du coin de l’œil, les herbes hautes bruisser et remuer à moins d’un mètre de moi. À mes pieds, l’obstacle froid, mais souple, a serpenté à mesure que le sifflement se faisait plus fort, en même temps que mes yeux captaient l’éclat noir et émeraude d’écailles luisantes au soleil. J’ai mis trois secondes à comprendre. L’alligator s’est enroulé sur lui-même, dérangé par ma présence, la gueule sifflante ouverte en grand vers moi, son long corps souple ramassé en arrière, comme un ressort.

Oh, oh.

J’ai reculé doucement, en lâchant les brindilles. « Hé, Anaïs ? Tu t’souviens de ma blague sur les alligators ? Bon, pas de panique, je gère. »

Enfin, en théorie. L’alligator en question faisait, à vue de nez, près de deux mètres, et j’étais moi-même avec des crocs en plastique aux pieds, et en bikini pour le reste. J’ai reculé très doucement, tandis que la bestiole continuait de chuinter vers moi, en position défensive, la tête désormais bien visible au milieu des fourrés qui l’avaient auparavant dissimulé à nos yeux. J’ai battu en retraite jusqu’à un ou deux mètres de distance, avant de remarquer une longue branche au sol ; une idée stupide m’est venue. Je l’ai ramassé en la pointant vers l’avant, droit vers le reptile, et je me suis approchée doucement vers sa mâchoire bien ouverte.

Finalement, c’est cool cette sortie, ai-je pensé bêtement en marchant à pas feutrés. J’aurais très bien pu tuer la bestiole une fois transformée , et causer un AVC à Anaïs, mais je n’en avais aucune envie. Du calme, voilà tout ce qu’il fallait ; un endroit paisible, sans ma famille, sans alligator, sans créature infernale et sans envies de meurtre, à faire cuire un bout de viande sur un réchaud de camping. J’ai donc tendu le bâton devant moi, jusqu’à le heurter contre les dents de l’animal, qui a aussitôt renfermé ses mâchoires dessus dans un violent claquement réflexe. Le bâton a tenu, fort heureusement. L’alligator a continué à siffler de plus belle, mais son réflexe carnassier avait solidement ancré le bâton dans sa gueule, tandis qu’il me fixait du regard.

Idée brillante d’Alex, 1. Nature prédatrice, 0. « Je gère, t’as vu. Tombe pas amoureuse, j’suis venue que pour les saucisses. »

Vantardise mise à part, la bestiole était encore là. J’ai commencé à le traîner sur le ventre vers la rive, tandis qu’il sifflait comme une conduite de gaz percée, remuant hostilement sa queue. Je me suis arc-boutée sous l’effort, il était lourd ce con, et j’ai réussi à le tirer jusqu’au bord de l’eau, sans que le bâton ne se brise. Il n’a pas semblé vouloir partir. L’alligator est resté immobile, continuant à siffler avec son bout de bois bêtement planté dans la gueule, à me fixer haineusement, comme si c’était ma faute. Quel culot. C’était à croire qu’on ne pouvait plus être libre de virer les animaux de leur écosystème pour s’empiffrer de merde industrielle.

« Bon. Un coup de main ? » ai-je demandé à Anaïs. « Tu peux lui attraper la queue et le basculer dans l’eau avec moi ? Il devrait se barrer après ça. »

Nous étions en Amérique après tout. Le pays où l’honnête citoyen peut conchier la nature, ruiner la flore et exterminer la faune juste pour allumer son barbecue en paix. Non que j’éprouvai un amour patriotique pour cet État de parasites graisseux, ou une fidélité quelconque envers une constitution humaine, l’alligator était simplement un obstacle entre moi et ma bouffe. Et je n’avais aucune intention de lui refiler mes saucisses.

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En un mot : Outre en perdition
Qui es-tu ? : *Un esprit traumatisé par la cruauté de ceux qu'elle pensait être ses camarades, à jamais marqué par l'absurdité de la violence humaine.
* Fille émancipée d'une famille humaine qu'elle a fui pour sa propre sécurité. Outre dans un monde d'humains qui ne cherchaient pas à la comprendre, juste à la plier au conformisme réconfortant de la normalité.
* Apprentie curieuse et consciencieuse de Daphné Calabrezzi. S'est lancée sur la voie du chamanisme, marchant dans les pas de sa mentore avec patience et détermination, persuadée d'avoir trouvé la voie qu'il lui fallait.
* Inscrite à la LSU, en médecine. Malgré un dossier scolaire chaotique à cause d'une année de fugue, se démène pour prouver, aux autres et à elle-même, qu'elle réussira.
Facultés : *Hémokinésie, contrôle du fluide vital
*Apprentie chamane, amie des loups et des gitans
*Etudiante en médecine, acharnée et consciencieuse, pleine de projets en tête.
*Musicienne et chanteuse amateur ne sortant jamais sans son casque. Danseuse du dimanche. Incollable sur la musique, sa passion, son refuge.
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Ven 14 Avr - 1:38 (#)

Anaïs illustration

Une île perdue au milieu d’un lac avec pour seuls voisins les éventuelles embarcations qui la contournent, quoi de mieux pour passer une journée au calme ?  Le soleil brille, il fait bon et le coin-coin est sympa… je fronce les sourcils en m’arrêtant une seconde. Voilà que les conneries d’Alex me rentrent dans le cerveau. Je secoue la tête et commence à sortir quelques bricoles de mon sac histoire qu’on s’installe confortablement pour le reste de la journée. L’idée de faire du camping sauvage -ou presque – m’a plusieurs fois traversé l’esprit, surtout depuis que j’arpente la forêt aux côtés de Daphné et avec quelques jeunes du camp de gitans. S’échapper de la ville a toujours quelque chose de vivifiant et reposant. Même si on voit l’immense pont qui enjambe le lac, l’ile offre un sentiment similaire. Loin du bruit et de l’urgence.

Un long soupir m’échappe alors que je m’assois sur un rocher en fermant les yeux, me laissant aller sous le soleil et le vent. Le calme n’est qu’à peine perturbé par les lointaines voix des autres baigneurs, quelque part sur les berges du lac ou sur des embarcations qui sillonne l’endroit. Une chance que personne d’autre n’ait décidé de faire vrombir le moteur d’un jet ski, c’est beaucoup plus calme. D’ailleurs la responsable transport attire mon attention et je suis très étonnée qu’elle possède un kit de camping. Vraiment pas le genre de choses avec lesquelles j’associe Alexandra. Enfin c’était ça ou se taper la création d’un feu à la sauce néanderthalienne, et je n’ai vraiment pas les compétences pour faire quelque chose de cet acabit.

- T’as pensé à tout !

Je l’observe un instant alors qu’elle farfouille de l’autre côté de l’ilot. Plus le temps passe et plus je me rends compte à quel point je la connais peu. On se croise parfois dans les escaliers des Kingston, on papote un peu, on s’échange des messages débiles et c’est globalement tout. Elle me surprend un   plus à chaque fois. Ce qui ne me surprend pas, en revanche, c’est l’entendre parler du rhum qu’elle a ramené. Je ne peux m’empêcher de lever les yeux au ciel en souriant. Je sais très bien que j’en boirai, ne serait-ce pas curiosité, ou bien parce que j’ai depuis quelques temps compris que boire n’avait rien e débilitant. L’excès était nocif, mais boire un peu d’alcool avait plus de sens que de transporter un flingue. Je pouvais faire le deuxième, mais pas le premier, allez comprendre.

Si elle savait où elle pouvait se les mettre ses saucisses… Enfin peut-être qu’elle le faisait, ça ne me regardait pas. Je me contentai d’un geste grossier dans sa direction approximative, trop occupée à prendre un bain de soleil dont j’avais terriblement besoin. Non pas que je sois une grande fan du soleil et de la chaleur, mais j’avais presque l’air cadavérique à force de rester enfermée à étudier. Sans les sorties avec Daphné, je serai probablement devenue translucide. Je rouvre juste un œil lorsqu’elle m’interpelle, haussant un sourcil.

- Euh… ouais je me rappelle…

Comment ça elle gère ? Je saute de mon rocher et m’approche d’elle alors qu’elle ramasse un bâton et le pointe vers le sol. Ne me dites pas… j’entend un claquement sec et finis par voir que, non, elle ne plaisantait pas, et qu’elle fait face à un bel alligator de deux bons mètres à la mâchoire agrippée à un bâton qu’elle tient à bout de bras. Question situation étrange, ça se pose là. Ce n’est pas la première fois que je vois un alligator sauvage, mais d’aussi près et en portant rien d plus qu’un maillot de bain, ça c’est une première. Je fixe Alex et la panique qui commençait à monter redescend quelque peu. Paniquer ne va clairement pas aider dans la situation actuelle.

- Je vois ça, quel courageux chevalier tu fais. Dommage que tu sois portée plus sur la saucisse que sur la pêche.

Si elle croit être la plus maligne à ce petit jeu… Elle a sans doute raison, mais ça ne va pas m’empêcher de jouer un peu. Reste qu’on a un alligator sur les bras et pas de moyen concret de se débarrasser d’un truc plein de dents et pesant, aux bas mots, plusieurs centaines de kilos. Et à part le regarder dans le blanc des yeux, je ne sais pas trop ce qu’on peut faire face une bestiole de cette taille. Les moustiques c’est une chose, mais un reptile avec une mâchoire capable de couper une jambe en deux, c’est quand même complètement autre chose. L’idée me vient de lui filer à manger histoire qu’il fiche la paix, mais je ne suis même pas sûre que ça fonctionne. Au pire ça le rendra plus enclin à venir nous piquer notre nourriture. Et Si Alex n’a pas ses saucisses…

J’ai beau me creuser les méninges je ne vois pas trop comment nous sortir de cette situation sans nous mettre toutes les deux en danger ou… Peut-être qu’avec un peu de magie je peux faire quelque chose ? Autant je connais l’anatomie humaine et je peux plus facilement qu’avant, utiliser la magie de cette manière, autant sur un truc de ce genre, c’est quand même autre chose. Je ne sais même pas si je peux atteindre ses vaisseaux sanguins, à cette bestiole. Alors j’observe avec un certain scepticisme et un peu d’admiration Alex trainer l’animal vers la rive. Lui n’a pas l’air content et le montre bien en balayant les alentours avec sa longue queue qui a l’air d’être capable de casser un os. Alors qu’Alex me demande de m’en saisir pour le mettre à l’eau, j’ai l’impression que c’est une blague. Mais apparemment non.

- J’ai pas l’habitude de saisir des queues…

Serguey serait fier de ma vanne. Mais reste que je m’approche avec hésitation de notre ami alligator. Je ne pense pas qu’il m’ait vraiment remarqué. Toute sa haine semble dirigée vers Alex qui s’en sort vraiment comme une cheffe, il faut l’avouer. Je prends malgré tout mon courage à deux mains, puis en fait de même avec la queue de l’animal… Qui ne se laisse pas faire évidemment, manquant de de claquer la figure avec. Réflexe ou chance, j’en sais rien, mais j’évite le coup et me jette presque dessus pour l’empêcher de bouger, suivant le mouvement d’Alex pour rapidement basculer l’animal dans l’eau avant de regagner la rive en vitesse, histoire que le truc ne nous boulotte pas les chevilles. Il nous faut quelques secondes, mais on finit par le voir s’éloigner, probablement mécontent. Je soupire, laissant mon cœur reprendre des battements plus réguliers. tu parles d'une frousse... En voilà une expérience que je n’étais pas prête à revivre de sitôt.

- Il a de la chance, je suis sûr que d’autres l’auraient mis à griller pour le manger. Et on a de la chance que ce n’était pas un gros, j’aurai pas voulu faire face à un truc faisant deux fois sa taille.

On aurait probablement mis une fin nette à cette excursion. Celui-là était relativement petit et visiblement pas des plus réactifs et Alex l’avait géré comme une pro, mais un truc de quatre mètres, je ne m’en serais même pas approché à moins de dix mètres.

- Bon, on se les fait ces saucisses ? Vu à quel point tu y tiens, j’imagine qu’elles sont incroyablement délicieuses.v

Moi aussi je peux avoir un sourire narquois en faisant des blagues sous la ceinture. C’est pas la spécialité Zimmer.


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NAPALM ROACH : j'adore l'odeur du non-respect au petit matin
Alexandra Zimmer
Alexandra Zimmer
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En un mot : We're all mad here. I'm mad. You're mad.
Qui es-tu ? :
- Infréquentable et associable romancière pleine de mauvaises humeurs, d'ironie cinglante et d'indifférence, cachant une âme noire et liée aux enfers.
- Allergique à l’autorité avec une langue trop bien pendue pour sa propre sécurité, elle cherche à fuir ce monde humain dans lequel elle se sent étrangère.
- Écrivaine autrefois invisible dont seul le site internet attestait de son existence, elle est l'auteur anonyme d'un livre étrange et dérangeant, dicté par son propre père.
- Américaine et pourtant guère attachée au moindre patriotisme, elle erra longtemps sans attaches ni allégeances, avant d'être l'alliée forcée du plus terrifiant des Princes.
- Une antre modeste dans les Kingston Buildings masque ses noirceurs, ses poches trouées, ses écrits en vrac et une Honda 350 récemment achetée.

Facultés :
- Fille longtemps ignorante du Prince Hornet, l’ombre de celui-ci a influé sur sa vie, en étouffant une à une les dernières lueurs de son âme.
- Au gré des rencontres, des créatures de la nuit et du rêve d'une sorcière noire, ses perceptions se sont aiguisées et lui ont révélé bien des choses.
- Monstrueuse créature, la forme du cafard l'habite depuis toujours, bientôt sublimée et portée à son paroxysme par l'influence d'Hornet.
- Remarquable plume, ses mots sonnent justes, acérés, et empreints d'une ombre beaucoup plus grande qu'elle-même.
- Une insupportable teigne dont les répliques teintées de fiel déclenchent vexations, colères et peines autour d'elle.

Thème : Nick Cave & The Bad Seeds : Red Right Hand
You'll see him in your nightmares
You'll see him in your dreams
He'll appear out of nowhere but
He ain't what he seems
You'll see him in your head
On the TV screen
Hey buddy, I'm warning
You to turn it off
He's a ghost, he's a god
He's a man, he's a guru
You're one microscopic cog
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His red right hand

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Lun 24 Avr - 18:22 (#)

Mild Waters

La brise fleurait bon la résine et la vase. Au bourdonnement des insectes se mêlaient les clapotis de l’eau, et les craquements du bois sous l’effet brûlant du soleil. Quelques oiseaux rythmaient la quiétude des lieux de trilles mélodieuses, et parfois, un batracien entonnait une hymne champêtre. Tout autour de l’îlot, les eaux émeraude du lac répandaient une fraîcheur vaporeuse, qui alternait avec la chaleur printanière. Un vrai tableau idyllique. Paradisiaque. Au milieu de ce décor foutrement bucolique, on entendait l’écorce du bâton que je tenais à deux mains craquer et gémir, tandis que l’étau des mâchoires de l’alligator le compressait.

Parmi les mélodies des oiseaux, et la berceuse des vaguelettes du Cross Lake, l’animal émettait un vieux bruit de baudruche percée, en sifflant entre ses dents de manière menaçante. Ça ressemblait à un pet soufflé. Je me suis cramponnée au bâton, les pieds calés contre des pierres, tandis que la bestiole remuait la queue et me faisait osciller de droite à gauche. Ce truc ne voulait pas coopérer. Quelle plaie, j’voulais juste bouffer en paix, ai-je râlé intérieurement. Qui aimait cette faune, sérieusement ? Ces machins à sang froid increvables qui n’attendaient qu’un moment d’inattention pour vous arracher une jambe et vous emporter dans la flotte ?

« Ouais bah c’est jamais trop tard pour s’y mettre... » ai-je ronchonné en tenant le bâton tant bien que mal, alors que Anaïs se risquait à de l’humour au mauvais moment.

Je n’avais rien contre les vannes d’Anaïs. Au contraire, l’humour beauf était la bienvenue dans sa bouche de fille sérieuse, première de la classe, qui paniquait au moindre pépin. J’aurais aimé saluer cette nouveauté à l’aide d’une bonne rasade de rhum brûlante, mais hélas, un saurien de deux mètres se tenait toujours entre moi et mes provisions. J’ai désigné d’un mouvement sec du menton la queue d’écailles qui battait l’herbe.

« C’est plus facile là. T’as juste à la tenir fermement, elle est déjà dure celle-ci. On fait ça ensemble, OK ? À trois ? »

La bestiole furieuse était déjà au bord de l’eau. J’ai pris appui sur de solides mottes d’herbes épaisses et de boue colmatée, afin de repousser au bon moment l’alligator vers son fichu milieu naturel. Avec toutes les activités nautiques et les bancs de canards, il aurait de quoi s’occuper. Seulement, je n’avais pas l’intention de basculer en même temps que lui, et de me retrouver en bikini avec deux mètres d’écailles sur le râble.

« Un... »

« Deux... »

J’ai commencé à imprimer un mouvement de balancier au bâton. Le bois a protesté en craquant, tandis que l’alligator sifflait de plus belle ; il était temps de conclure ce safari avec le milieu reptilien louisianais.

« Alors, ta première queue ça va ? OK, je déconne, trois ! »

J’ai tout lâché. Le ventre lisse de la bestiole a dérapé sur le bord friable de la rive, et le bâton a basculé dans l’eau, emmenant en même temps son heureux propriétaire à sang froid. Comme la surface de l’eau crevait au contact lourd de l’animal, celui-ci a battu furieusement de la queue, avant se propulser dans les remous, le plus loin possible de nous. Nous avons observé le cône de son crâne fendre le liquide, sous la lumière du soleil de fin d’après-midi qui se reflétait sur le lac. Les mains sur les hanches, j’ai repris mon souffle, avant de chasser les mèches de cheveux noirs qui s’étaient écrasées sur mon visage légèrement transpirant.

« Ouais, allez. J’ai la dalle. »

J’ai tourné les talons en dépassant Anaïs. À deux mètres de là, nos sacs et mon nécessaire de camping nous attendaient, alors que les rayons du soleil commençaient déjà à ternir à l’approche de la fin de journée. J’ai ramassé le petit tas de branches sèches, ramassées juste avant l’épisode nature sauvage, et j’ai tout posé au centre du petit espace dégagé de terre battue, qui avait déjà servi de campement auparavant.

« Attention, t’es en train de prendre goût à mes vannes, » l’ai-je averti en m’asseyant sur une vieille souche, repérée un instant plus tôt. « La dernière fois ça s’est terminé à un love motel. »

Un sourire tout aussi narquois s’est dessiné au coin de mes lèvres. J’ai extirpé le petit réchaud à gaz de mon sac, et l’ai disposé au centre de l’espace nu, en l’encerclant de petites pierres pour le faire tenir debout. Puis j’ai sorti la boîte d’allumettes, celle plastifiée des saucisses, la bouteille de rhum et le paquet de guimauves. Tout le gras de la soirée était là. J’ai disposé une petite grille au sommet du kit de cuisine, et j’ai craqué l’une des allumettes pour allumer le tout ; une odeur de feu de camp a vite remplacé celle du gaz.

« Alors, contente de ta virée ? Admirative de mon talent pour gérer les lézards de plusieurs mètres ? Ah, et si t’as des brochettes à faire griller, balance. »

J’ai réajusté les bretelles de mon maillot de bain, et à l’aide d’une fourchette issue de mon sac, j’ai piqué une à une les saucisses hors de leur pochette, pour les disposer avec précaution sur la grille de métal. Le feu a léché la viande, diffusant aussitôt un succulent parfum de grillades. J’comprends ce que ressentaient les hommes des cavernes après la chasse, ai-je pensé en observant les saucisses cuire. Le combat donnait faim.

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Baby Chaos - Là où je passe, la paix trépasse.
Anaïs Wilhm
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A SONG OF BLOOD

En un mot : Outre en perdition
Qui es-tu ? : *Un esprit traumatisé par la cruauté de ceux qu'elle pensait être ses camarades, à jamais marqué par l'absurdité de la violence humaine.
* Fille émancipée d'une famille humaine qu'elle a fui pour sa propre sécurité. Outre dans un monde d'humains qui ne cherchaient pas à la comprendre, juste à la plier au conformisme réconfortant de la normalité.
* Apprentie curieuse et consciencieuse de Daphné Calabrezzi. S'est lancée sur la voie du chamanisme, marchant dans les pas de sa mentore avec patience et détermination, persuadée d'avoir trouvé la voie qu'il lui fallait.
* Inscrite à la LSU, en médecine. Malgré un dossier scolaire chaotique à cause d'une année de fugue, se démène pour prouver, aux autres et à elle-même, qu'elle réussira.
Facultés : *Hémokinésie, contrôle du fluide vital
*Apprentie chamane, amie des loups et des gitans
*Etudiante en médecine, acharnée et consciencieuse, pleine de projets en tête.
*Musicienne et chanteuse amateur ne sortant jamais sans son casque. Danseuse du dimanche. Incollable sur la musique, sa passion, son refuge.
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Thème : Mama Cass Elliot - Make Your Own Kind Of Music
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Mer 10 Mai - 15:22 (#)

Anaïs illustration

Des blagues, une balade en jet-ski et un combat contre un alligator de deux mètres. Une après-midi banale en Louisiane, au final, sous un soleil qui me faisait me sentir à l’étroit dans mon maillot de bain. J’en tire les extrémités pour essayer de le détendre un peu alors qu’on se prépare enfin ce repas tant attendu et retardé par ce crocodile de malheur. Ça a quelque chose d’assez gratifiant de se dire qu’on a repoussé une bestiole pareille pour avoir l’opportunité de manger en paix. Plus de peur que de mal, heureusement. Je n’avais pas imaginé qu’Alex soit aussi calme face à une bestiole pareille, malgré les moments merdiques qu’on avait eu l’occasion de vivre ensemble. La rave party en tête de liste.

Installée sur un rocher, j’observe Alex mettre en place le réchaud et tout le matériel qui va avec. Cela fait si longtemps que je n’ai pas eu l’occasion de faire quelque chose qui ressemble à du camping. La dernière fois remonte à ce week-end avec Sumire, l’année passée. Une idée complètement ahurissante venue d’elle et qui nous avait valu quelques moments un peu nuls, ni elle ni moi n’tant versées dans l’art du montage de tente et de la préparation de feu de camp. Zach a bien rigolé à notre retour… Au moins aujourd’hui, il ne s’agit que d’un repas, d’un feu préparé et d’un barbecue sauvage sur une île au milieu d’un lac. Entourées de moustiques voraces et d‘alligators incommodants. Les aventurières de l’extrême, version citadines pas bien débrouillardes.

Pour toute réponse à son sourire narquois, je lui envoie une grimace, sentant mes joues chauffer au souvenir de cette nuit et ce matin peu glorieux. Aucune chance que ça n’arrive ce soir, aucun love motel à l’horizon. Même si, au final, on est plus ou moins aussi peu habillée que ce matin-là. Je n’arrive pas à comprendre quel genre de pirouette mon cerveau arrive à faire, mais malgré le fait que le bikini qu’elle porte est aussi révélateur que les sous-vêtements qu’elle avait ce jour-là, ça me dérange moins. Et ce n’est même pas une question d’habitude, parce que voir Alex aussi peu habillée, ce n’est pas quelque chose de récurrent.

- J’ai toujours apprécié tes vannes, c’est juste que maintenant j’ai arrêté de prétendre le contraire.

D’année en année, j’ai le sentiment que je me détache de plus en plus des règles qu’on m’a enfoncé dans le crâne quand j’étais gosse. Une partie en tout cas. A force de côtoyer tout un tas d’adultes bien plus ouverts que ne l’étaient mes parents, ça a fini par m’ouvrir les yeux. J’ai pas besoin de la rigidité dont mon père faisait preuve face à tout un tas de choses. Je peux juste apprécier ce qu’il se passe autour de moi sans avoir à me conformer à un modèle qui, de toute façon, n’est même pas là pour s’en apercevoir. J’ai changé. Je change encore et c’est une bonne chose.

- Franchement ouais, tu m’as impressionnée. Je saurai qui appeler si jamais une grosse bestiole vient fureter sur mes plates-bandes.

J’ouvre mon sac et commence à sortir ce que j’ai ramené. Des brochettes, du poulet, quelques épices, et un paquet de chips, tendant les première à Alex pour qu’elle les mette à cuire après les saucisses. L’odeur de grillades commence à se faire sentir et me donne l’eau à la bouche. J’inhale, savourant le mélange des odeurs et le calme qui nous entoure. Ce n’est pas coutumier, ce genre d’ambiance, mais ça me convient. Je n’ai jamais imaginé Alex être le type à s’improviser des barbecues en pleine nature, mais bon, après tout, je ne la connais pas tant que ça. On a partagé quelques trucs, dont un lit et une bouteille d’alcool, mais ça ne va pas beaucoup plus loin que ça.

- Je me demande quand même ce qui t’es passé par la tête pour proposer une sortie de ce genre. Pas que je me plaigne, j’adore, mais ça m’a surpris. Espère pas me trainer dans un love motel cette fois par contre, on est vraiment trop loin.

Ce qui est moins surprenant, c’est la bouteille de rhum qui accompagne le gras et le sucre que va être le repas. Je vais y aller doucement. Mes précédentes aventures alcoolisées ne se sont jamais très bien terminées. Ou trop bien, suivant le point de vue, quand on parle de l’expédition au motel. Première cuite, premier trou noir, premier love motel, premier réveil nue à côté de quelqu’un d’absolument pas prévu. J’ai enchainé les premières fois étranges, ce soir-là. Heureusement que je n’en ai parlé à personne, j’en aurai entendu parler pendant des années…

- Et donc ?

Je hausse un sourcil en la désignant d’un signe du menton. Quelque soit la raison, que tous ses tatouages et piercing disparaissent sans laisser de trace, ça relève de quelque chose de particulièrement inattendu. De sa part, si c’est volontaire, mais aussi sur le fait qu’il n’en reste pas la moindre trace. Je sais que c’est possible de retirer des tatouages, mais que la peau reste aussi parfaitement lisse ensuite, c’est impossible. Or, là, Alex a la peau impeccable, comme si rien ne l’avait jamais touché, comme si tout ce qu’elle avait pu y graver n’avait jamais existé. Etrange… De la magie ? Tout était possible, mais c’était la raison la plus permissive. Sauf s’il y avait autre chose qui se cachait derrière tout ça.

- Il est arrivé quoi à tes tatouages ? T’en as eu marre ou c’est autre chose ?


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- Américaine et pourtant guère attachée au moindre patriotisme, elle erra longtemps sans attaches ni allégeances, avant d'être l'alliée forcée du plus terrifiant des Princes.
- Une antre modeste dans les Kingston Buildings masque ses noirceurs, ses poches trouées, ses écrits en vrac et une Honda 350 récemment achetée.

Facultés :
- Fille longtemps ignorante du Prince Hornet, l’ombre de celui-ci a influé sur sa vie, en étouffant une à une les dernières lueurs de son âme.
- Au gré des rencontres, des créatures de la nuit et du rêve d'une sorcière noire, ses perceptions se sont aiguisées et lui ont révélé bien des choses.
- Monstrueuse créature, la forme du cafard l'habite depuis toujours, bientôt sublimée et portée à son paroxysme par l'influence d'Hornet.
- Remarquable plume, ses mots sonnent justes, acérés, et empreints d'une ombre beaucoup plus grande qu'elle-même.
- Une insupportable teigne dont les répliques teintées de fiel déclenchent vexations, colères et peines autour d'elle.

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Dim 14 Mai - 18:43 (#)

Mild Waters

Tout ce dont je désirais était là. La paix et la barbaque.
Un filet transparent de fumée s’est élevé dans la brise légère, en décrivant des cercles évanescents sous les lumières mourantes de cette fin de journée. Le crépuscule s’approchait lentement. Déjà, l’îlot commençait à se couvrir des crissements des insectes à mesure que les chants des oiseaux diminuaient en intensité ; par contraste, les lueurs du feu se faisaient plus vives et plus présentes désormais. Non que la nature détenait subitement un quelconque effet apaisant sur moi, mais l’isolement de cet endroit, la coupure franche avec mon quotidien étaient plus que bienvenus. Ce mois de Juin avait été particulièrement éprouvant. Or, dans les flammes du réchaud, mes pensées brûlaient à leur tour, et mon esprit se vidait progressivement de ses préoccupations parasites, de la même manière que le gras des saucisses fondait sous la chaleur du feu.

J’ai saisi les brochettes que me tendait Anaïs et, sans d’abord lui répondre, les ai déposées avec précaution sur la grille de métal, à l’opposé des saucisses. Un soupir a ponctué mon geste. J’ai piqué mollement la viande, sans quitter des yeux la naissance bleutée des flammes, comme si mon inspiration au mensonge se dissimulait là, au sein de la combustion du gaz. Peut-être était-ce le cas. Peut-être brûlais-je aussi ma vie dans une course effrénée, sans but, sans victoire, victime de l’ivresse de la nouveauté et d’une liberté fraîchement acquise. Peut-être me posais-je trop de questions, ou peut-être trop peu. Je suis restée ainsi un moment, silencieuse, immobile, à fixer le chatoiement fluctuant du feu, au milieu des relents de grillades.

J’ai frissonné. Comme sortie d’une plongée dans un bain d’eau froide, j’ai retourné saucisses et brochettes, avant de me lever pour récupérer et enfiler mon poncho fourré dans mon sac.

« J’ai revu ma mère, » ai-je prononcé subitement. Un nouveau soupir. « Si t’avais une mère comme elle, toi aussi tu voudrais te barrer au milieu de nulle part. »

J’ai tiré légèrement vers moi l’une des souches poncées par les fessiers des campeurs, et je me suis assise là, en jetant un regard ambigu vers la rousse et son paquet de chips.

« Pourquoi ? T’as peur de ce qui pourrait arriver au prochain love motel ? »

Un rictus narquois a marqué le coin de ma bouche. Puis, la provocation et l’humour se sont évaporées, aussi vite que les fumerolles de la cuisson, et un voile de mélancolie teinté de mauvaise humeur s’est reposé sur mes épaules. J’ai fixé ma main qui tenait la fourchette. Le tatouage d’une araignée marquait autrefois le dos de cette même main, aujourd’hui remplacé par une peau beaucoup trop lisse, nette et parfaite à mon goût.

J’ai encore soupiré. Ce tic s’aggravait. Qu’est-ce que j’suis censée lui raconter ?

« La vérité ? L’année dernière, j’ai parlé de mon pouvoir à une pote. Surprise, c’était une sorcière. Elle m’a alors proposé un coup de main pour m’aider à comprendre ce pouvoir, ce que j’étais, etc. »

J’ai marqué une pause pensive. Mon regard s’est attardé sur la bouteille d’alcool déposée à côté de mon sac à provisions, et j’ai tendu la main pour la ramener entre nous. Une brise plus fraîche a soufflé autour du feu, j’ai frissonné une seconde fois et resserré les pans de mon poncho. La lumière du soleil avait décru, tandis que l’horizon arboré et la surface miroitante du lac se coloraient de nuances d’ambre et de rouge.

« Elle m’a fait faire un rituel, ou un truc de ce style. J’sais pas exactement ce qu’elle a fait. Mais mon pouvoir s’est beaucoup amplifié depuis. J’peux transformer ma peau en une sorte de cuirasse, encore plus dure, et quoique ça fasse, ça efface tout une fois revenue à la normale. »

J’ai débouché la bouteille de rhum, reniflé l’intérieur, et avalé une toute petite rasade. L’alcool a enflammé l’intérieur de mon palais et ma gorge, me procurant une brève sensation de chaleur. J’ai reposé la bouteille entre nous, au cas où la Princesse des Canards aurait décidé de se laisser aller pour cette nuit.

« Du coup, fini les tatouages et les piercings. Ça m’fait d’ailleurs bien chier. Et j’peux pas lui demander une solution contre ça, elle a disparu de la ville. Pourquoi ? J’sais pas du tout. »

J’ai haussé les épaules. En même temps, j’ai retourné une dernière fois les brochettes et les saucisses, qui se coloraient les unes et les autres d’appétissantes couleurs caramel. L’eau me montait à la bouche.

« Ça et j’ai réussi à publier un bouquin. Puis ma mère, cette connasse modèle géant, s’est imposée dans ma vie. Autant dire que j’avais un putain de besoin d’une pause ce mois-ci, » ai-je terminé d’une voix morne.

Ça, et le reste. La découverte de moi-même. Les pulsions. La violence. Mon Père. Toute ma vie s’était muée en une spirale incontrôlée, où les vieilles rancunes, les colères refoulées, se mêlaient à un brutal besoin de liberté, comme si l’on venait de m’ôter mon harnais de sécurité. J’étais une chienne trop longtemps muselée dont mon Père avait soudainement ouvert le chenil. Et cette facette atroce de moi-même, ce qui séjournait autrefois dans les abîmes de mon âme, en avait profité pour escalader les parois de mon inconscience pour se révéler elle-aussi au grand jour. Ou bien celle-ci avait toujours été là, en sommeil, et n’était rien d’autre que moi-même ; l’horreur que j’étais, l’horreur que ma mère haïssait, l’horreur que mon Père demandait.

« Vas-y, sers-toi en bouffe, » ai-je fait en désignant le réchaud du menton. « Tu veux une fourchette ou t’as prévu de manger avec les doigts comme une plouc ? »

D’un mouvement précis, j’ai transpercé une saucisse cuite avec ma fourchette, avant de souffler dessus tout en diminuant la puissance du feu. Fort heureusement, les sordides pensées familiales n’avaient pas encore ruiné mon appétit, ni l’envie de me défoncer le crâne à coup de whisky.

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Baby Chaos - Là où je passe, la paix trépasse.
Anaïs Wilhm
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En un mot : Outre en perdition
Qui es-tu ? : *Un esprit traumatisé par la cruauté de ceux qu'elle pensait être ses camarades, à jamais marqué par l'absurdité de la violence humaine.
* Fille émancipée d'une famille humaine qu'elle a fui pour sa propre sécurité. Outre dans un monde d'humains qui ne cherchaient pas à la comprendre, juste à la plier au conformisme réconfortant de la normalité.
* Apprentie curieuse et consciencieuse de Daphné Calabrezzi. S'est lancée sur la voie du chamanisme, marchant dans les pas de sa mentore avec patience et détermination, persuadée d'avoir trouvé la voie qu'il lui fallait.
* Inscrite à la LSU, en médecine. Malgré un dossier scolaire chaotique à cause d'une année de fugue, se démène pour prouver, aux autres et à elle-même, qu'elle réussira.
Facultés : *Hémokinésie, contrôle du fluide vital
*Apprentie chamane, amie des loups et des gitans
*Etudiante en médecine, acharnée et consciencieuse, pleine de projets en tête.
*Musicienne et chanteuse amateur ne sortant jamais sans son casque. Danseuse du dimanche. Incollable sur la musique, sa passion, son refuge.
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Lun 29 Mai - 18:04 (#)

Anaïs illustration

Un îlot perdu au milieu d’un lac, loin de tout et de rien, la cille juste à quelques minutes. On était bien, au final, avec ce feu, cette odeur de viande et le chant des insectes et des oiseaux se préparant à faire leurs nids. IL y avait un air de vacances, de calme et d’évasion que je n’avais pas ressenti depuis longtemps. Depuis sans doute trop longtemps, même. Tout ça est venu d’un coup de tête, mais le résultat en vaut largement la peine, au final. De la viande, des chips, du rhum – encore que ça, ça reste à voir si c’est une bonne idée – et un coin magnifique où personne vient nous déranger. Enfin sans compter les moustiques et l’alligator qu’on a dérangé un peu plus tôt.

En voyant Alex s’occuper des grillades au-dessus du feu, je me suis mise à l’aise, en tailleur sur mon rocher, ma tête reposant sur la paume de ma main, me demandant encore pourquoi, de toutes les personnes qu’elle aurait pu inviter, c’était moi, la rouquine pas très dégourdie, à qui elle avait demandé de passer ce moment avec elle ; Peut-être qu’elle n’avait pas grand monde d’autre, mais je trouvais ça étonnant. Alex était facile à apprécier, pour peur qu’on lui laisse plus de cinq minutes et qu’on voit au-delà du cynisme qui la caractérisait. J’en connaissais d’autres comme ça, donc je n’y faisais plus vraiment attention. Je l’aimais bien, même si on était vraiment très différentes sur plein d’aspects. Ça ne me dérangeait pas, c’était même plutôt l’inverse. Je ne m’attendais simplement pas à ce que ce soit une soirée de révélations. Et je n’avais aucun problème à jouer le jeu, j’avais assez mûri pour prendre du recul, aussi douloureux que ce soit d’en parler, même encore aujourd’hui.

- Comment tu crois que je me suis retrouvée à Shreveport, aux Kingston, de tous les endroits possibles ?

Concours de circonstances plus ou moins malheureux. Fugue, tentative de suicide, succès à remonter la pente pour réussir à avoir un toit sur la tête, un foyer aimant et de quoi manger. Une période de ma vie que j’aime penser qu’elle est loin, très loin derrière moi, mais ça fait à peine trois ans. Trois petites années que je tiens le coup, envers et contre tout. Mon histoire se serait brutalement arrêtée en cette fin d’année 2018 si je n’avais pas rencontré ceux qui m’ont poussé à me sortir du trou dans lequel j’étais trop profondément enterrée pour en sortir moi-même. Un long soupir m’échappe. En voyant le chemin parcouru, je me dis que j’ai eu de la chance. Et sans être totalement heureuse, la vie n’est pas si mal, à Shreveport. Et avoir le visage qui s’embrase est à la fois une bonne et une mauvaise chose qui penchent sévèrement dans la balance.

- Ce n’est pas ce que j’ai dit…

Je sais qu’elle me taquine, mais même si ça arrivai – ce qui n’arrivera pas… je pense – je n’aurai pas la culpabilité de la dernière fois. Je peux faire ce que je veux sans conséquences, même si ça ne me ressemble pas tant que ça, d’agir sans réfléchir.
Mais ce n’était qu’une boutade et l’explication de la disparition de ses tatouages me laissa… perplexe. Ça sonnait comme quelque chose d’extrêmement dangereux, de particulièrement étrange et quelque chose dont je n’avais jamais entendu parler. Je n’étais clairement pas une référence sur tout ce qui concernait la magie, mais amplifier le pouvoir de quelqu’un par un rituel ? C’était à se demander pourquoi tout les sorciers ou arcanistes ne le faisaient pas…

- C’est… étonnant, ton histoire…

Mais ç explique pas mal de chose. Notamment l’apparence de son bras lors de la rave party. J’avais cru halluciner, mais la solution la plus logique est juste sous mon nez. Alex est quoi alors ? Un genre de métamorphe ? Je n’ai jamais entendu parler de métamorphe qui résistaient aux couteaux sous quelques formes que ce soit. Peut-être qu’elle-même ne le sait pas. Elle en parlera si elle en a envie, mais rien qu’écouter son histoire a été une série de surprise. Mais je peux au moins lui donner un semblant de bonne nouvelle. Enfin j’espère.

- Je ne sais pas trop quoi te dire concernant ce que ta pote de sorcière a fait ou ce qu’est ton pouvoir. Mes connaissances des arcanes sont balbutiantes, je débute à peine. Mais ! J’ai peut-être une idée pour tes tatouages.

C’était pas vraiment sûr que ce soit possible, mais s’il y avait une chose qui pouvait fonctionner, c’était bien celle-là.

- Je connais des garous. Des garous tatoués. Et eux, leurs tatouages ne disparaissent pas à chaque fois qu’ils se transforment, ils ont toujours les mêmes, parfois depuis longtemps. Je sais juste que c’est un genre de tatouage magique. Tu veux que je me renseigne ? Peut-être que tu pourras refaire quelques tatouages si tu en as envie et eux ne devraient pas disparaître.

C’est idiot mais ça ne ma coûte rien et peut-être qu’Alex se sentira mieux si elle peut à nouveau sentir l’encre sous sa peau et voir les dessins qui la parsème. Je me souviens de tatouage de son dos et celui sur sa main et c’est étrange de se dire que tout ça a disparu.

- Par contre pour les piercings, j’ai pas de solution, navré. Mais félicitations pour ton bouquin ! faut que tu me donnes le nom, que j’aille voir en librairie !

Je me souviens qu’elle en avait vaguement parlé, sans jamais entrer dans le détail. Elle avait l’air e ne pas avoir spécialement envie d’aborder le sujet et je n’avais pas poussé. Apprendre soudainement qu’elle a réussi à le finir et le publier, c’est là aussi assez étonnant. J’espère qu’il va marcher et qu’elle pourra en faire d’autre, si c’est ce qu’elle aime.
J’attrape entre mes doigts une saucisse, lui jetant un regard narquois en commençant à la manger malgré qu’elle me brûle littéralement les lèvres.

- Vu le décor, on peut bien se passer de formalités et de couverts. C’est pas comme si quelqu’un allait nous faire chier parce qu’on mange avec les doigts. Et au pire, je les emmerde.

Je reprends une bouchée, pas mécontente d’avoir accepté cette invitation. C’est toujours quelque chose de plaisant et inattendu, avec Alex. Et avec de l’alcool. Mes parents seraient fous. Zach me tapoterait dans le dos avec un sourire et Lilas aurait demandé combien j’avais réussi à boire. Le plus important, c’est que je pouvais manger et boire sans que personne ne soit là pour me dire quoi faire.
Et si secouer ma saucisse en lançant un sourire narquois à Alex fait de moi une beauf, je peux bien en être une de temps en temps.

- Pas de remarque sur la saucisse que je mets dans ma bouche ? Tu te ramollis, Alex.

Je vais peut-être arrêter, finalement. J’ai pas encore bu pour justifier un tel taux de connerie si tôt dans la soirée.



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NAPALM ROACH : j'adore l'odeur du non-respect au petit matin
Alexandra Zimmer
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FULL DARK NO STARS
En un mot : We're all mad here. I'm mad. You're mad.
Qui es-tu ? :
- Infréquentable et associable romancière pleine de mauvaises humeurs, d'ironie cinglante et d'indifférence, cachant une âme noire et liée aux enfers.
- Allergique à l’autorité avec une langue trop bien pendue pour sa propre sécurité, elle cherche à fuir ce monde humain dans lequel elle se sent étrangère.
- Écrivaine autrefois invisible dont seul le site internet attestait de son existence, elle est l'auteur anonyme d'un livre étrange et dérangeant, dicté par son propre père.
- Américaine et pourtant guère attachée au moindre patriotisme, elle erra longtemps sans attaches ni allégeances, avant d'être l'alliée forcée du plus terrifiant des Princes.
- Une antre modeste dans les Kingston Buildings masque ses noirceurs, ses poches trouées, ses écrits en vrac et une Honda 350 récemment achetée.

Facultés :
- Fille longtemps ignorante du Prince Hornet, l’ombre de celui-ci a influé sur sa vie, en étouffant une à une les dernières lueurs de son âme.
- Au gré des rencontres, des créatures de la nuit et du rêve d'une sorcière noire, ses perceptions se sont aiguisées et lui ont révélé bien des choses.
- Monstrueuse créature, la forme du cafard l'habite depuis toujours, bientôt sublimée et portée à son paroxysme par l'influence d'Hornet.
- Remarquable plume, ses mots sonnent justes, acérés, et empreints d'une ombre beaucoup plus grande qu'elle-même.
- Une insupportable teigne dont les répliques teintées de fiel déclenchent vexations, colères et peines autour d'elle.

Thème : Nick Cave & The Bad Seeds : Red Right Hand
You'll see him in your nightmares
You'll see him in your dreams
He'll appear out of nowhere but
He ain't what he seems
You'll see him in your head
On the TV screen
Hey buddy, I'm warning
You to turn it off
He's a ghost, he's a god
He's a man, he's a guru
You're one microscopic cog
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Sam 3 Juin - 18:29 (#)

Mild Waters

Laisser la bouche vomir ses mots.
Laisser l’esprit diluer ses fantômes.
Laisser l’âme suinter ses tourments.

Alors, c’était cela la sociabilité. Cet épanchement de l’âme dont les humains raffolaient tant. Ce mécanisme hypocrite de primate craintif, qui déversait ses propres démons sur autrui, les laissant s’infiltrer et escalader la conscience d’autrui. Cela faisait du bien de faire du mal. Je le comprenais mieux, désormais. On articulait les termes avec un air contrit, plaintif, on faisait mine d’écouter l’autre, et on attendait son tour pour parler. L’humain n’écoutait rien. L’humain dégueulait ses souffrances ailleurs, se fermait à celles de ses semblables, et se soulageait la vessie mentale sur un coin de nature, que l’humanité avait mis en pot. Barbecue, viande, et alcools, dans un cadre à la verdure sous cloche, encadrée de plastique et de métal lisse et travaillé.

J’ai poinçonné une saucisse. Un moustique a tourbillonné contre mon oreille droite ; je n’ai même pas pris la peine de l’en chasser, tandis que ses pattes tâtaient vainement ma peau immunisée aux piqûres.

Moi aussi, j’empruntais les méthodes humaines. N’étaient-elles pas les mieux adaptées ? N’étaient-elles pas la meilleure manière de ruiner l’existence, cracher sur ce qui était beau ? Je réfléchissais souvent à cet état de fait. L’humain, en fin de compte, n’avait-il pas inventé ses propres monstres ? Avait-on vraiment besoin de créer le mal, quand l’humanité faisait de son mieux pour matérialiser ses cauchemars ? N’avaient-ils pas relevé leurs propres morts de leurs tombes, n’avaient-ils pas créé des horreurs hybrides entre humains et animaux ? Qu’un monstre telle que moi emprunte les mécanismes de l’être humain, voilà un concept qui n’était ni dépourvu de cynisme, ni de pertinence ; c’était du moins, ma vision du monde d’aujourd’hui.

Une sacrée philosophie. J’ai mordu dans une saucisse, les yeux fixés sur les flammes bleutées du réchaud, et j’ai hoché mollement la tête, en écoutant la proposition d’Anaïs. Est-ce que mes tatouages me manquaient ? Oui, mais à qui manquaient-ils ? À quelle partie de moi, à cette monstruosité dissimulée sous ma peau, ou bien à l’Alexandra humaine, cet être squelettique dévoré par la vermine, qui n’était qu’un souvenir ?

« Toi, tu connais des garous ? » ai-je fait, en réalité sincèrement étonnée. « Tu dis ça comme si tu vivais avec eux, ça m’semble encore plus étonnant que mon histoire. »

À croire que Anaïs menait une double vie. Je l’ai scruté un instant, à la recherche d’une ombre de duplicité, ou d’une étincelle de mystère que je n’aurais jamais remarqué. À croire que non, elle était toujours la même simple rouquine, capable d’embarquer sans broncher dans mes plans les plus hasardeux.

« Mais ça pourrait être cool, ouais. J’te passerai une version dédicacée de mon livre en cadeau, ça s’appelle les Innommables. »

L’ombre d’un sourire a glissé sur mes lèvres. J’ai mastiqué pensivement ma saucisse, en piochant de temps à autre des chips dans le paquet entrouvert que ma camarade d’aventure avait emporté. Mes pensées ont de nouveau dérivé vers ce mois de Février 2020, dans mon appartement douteux et renfermé, où Morgane et moi-même avions déchiré le voile. Les sensations persistaient encore aujourd’hui. Les visions, aussi. L’odeur du désert, la texture de la créature, la chaleur qui n’existait nulle part, et sa voix… Une voix qui ne résonnait que dans mon crâne, mais dont le timbre indescriptible écrasait l’âme dans un étau de froid, d’immobilisme, et de crainte ; si la mort avait une intonation, alors celle-ci ressemblait à un frottement d’ailes translucides.

La mort est un trip LSD à base de papillons, ai-je pensé en terminant la saucisse d’une bouchée. J’ai frotté mes bras, comme une sensation de froid m’envahissait, en dépit de la moiteur brûlante de cette fin d’été.

« Écoute, pour revenir à mon histoire, j’ai pas plus d’explications. J’y connais rien en machins magiques. Elle m’a fait brûler des herbes partout dans mon appart, puis elle a tracé un cercle par terre, où elle m’a dit de me coucher. D’après elle, j’devais être plongée dans une sorte de transe, ou de rêve. Pari réussi. J’ai fait des putains de cauchemars, un mélange de souvenirs et de visions horribles, c’était vraiment malsain. À mon réveil, elle s’était barrée et je n’ai plus eu de nouvelles depuis. »

Ma main a saisi la bouteille de rhum. Je l’ai porté machinalement à ma bouche, et une rasade de réconfort brûlant a irradié mon ventre quelques secondes plus tard. Une chaleur alcoolisée s’est diffusée jusque dans mes os, sans pour autant dissiper totalement cette sensation de froid qui habitait mon âme.

J’ai jeté un coup d’œil à Anaïs, et à sa saucisse fièrement dressée. « Désolé, j’pète l’ambiance. Qu’est-ce que tu veux que j’te dise ? T’as une saucisse entre les lèvres et un peu de graisse qui coule sur ton menton, ça commence à devenir carrément cochon. »

J’ai ricané. Quelque part, dans les rideaux de joncs que les lumières crépusculaires commençaient à peindre en nuances dorées, le croassement d’un crapaud a appuyé mon point de vue. L’eau du lac avait la texture du fer rouillé, et quelques étoiles avaient tâché le ciel de minuscules éraflures brillantes. J’ai reposé la bouteille entre Anaïs et moi, comme une incitation à lâcher la rampe, et j’ai repris une poignée de chips.

« Vas-y, sers-toi. Mange avec les doigts, picole, emmerde le reste du monde. C’est ta vie, et elle se termine à chaque minute qui passe, » ai-je placé en guise de conclusion.

Certaines minutes dévoraient plus de vies que d’autres. J’ai pris une autre saucisse sur le réchaud, et porté un toast silencieux à ma philosophie décadente.

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Baby Chaos - Là où je passe, la paix trépasse.
Anaïs Wilhm
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En un mot : Outre en perdition
Qui es-tu ? : *Un esprit traumatisé par la cruauté de ceux qu'elle pensait être ses camarades, à jamais marqué par l'absurdité de la violence humaine.
* Fille émancipée d'une famille humaine qu'elle a fui pour sa propre sécurité. Outre dans un monde d'humains qui ne cherchaient pas à la comprendre, juste à la plier au conformisme réconfortant de la normalité.
* Apprentie curieuse et consciencieuse de Daphné Calabrezzi. S'est lancée sur la voie du chamanisme, marchant dans les pas de sa mentore avec patience et détermination, persuadée d'avoir trouvé la voie qu'il lui fallait.
* Inscrite à la LSU, en médecine. Malgré un dossier scolaire chaotique à cause d'une année de fugue, se démène pour prouver, aux autres et à elle-même, qu'elle réussira.
Facultés : *Hémokinésie, contrôle du fluide vital
*Apprentie chamane, amie des loups et des gitans
*Etudiante en médecine, acharnée et consciencieuse, pleine de projets en tête.
*Musicienne et chanteuse amateur ne sortant jamais sans son casque. Danseuse du dimanche. Incollable sur la musique, sa passion, son refuge.
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Lun 5 Juin - 23:37 (#)

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A mesure que la température baisse, le moment se transforme. Les soirées sous les étoiles, autour d’un feu, c’est surtout réservé au camp. Partager ça avec Alex, c’est assez inattendu et … bienvenue. On se connaît sans se connaître. On se croise, on échange des banalités ou, surtout venant d’elle, des conneries par messages ; ça semble être une redite de cette soirée dépressive qui s’est tinée en beuverie improvisée pour terminer au pire endroit possible. Aucune conséquence autre qu’une jolie gueule de bois et une histoire marrante, dont on se souvient à peine, à raconter. Au final, c’est plus une excuse pour apprendre l’une de l’autre. Elle me raconte ses déboires avec une arcaniste irresponsable et elle apprend que je connais des garous.

Comme si je vivais avec eux. Je retiens de justesse un rire, me mordant la lèvre à la place. Cela fait trois ans que je vis au quotidien avec un ours garou, et je passe tous mes week-ends et mes vacances dans un camp de gitans à côtoyer chamanes, arcanistes et thérianthrope de tous poils, sans compter ma récente introduction à la meute et à une partie de ses membres. Je me garde bien d’en parler. Zach ne veut pas que ça se sache, les gitans n’ont pas besoin que des étrangers soient au courant de leur mode de vie et la Meute… est la Meute. Les non-lycans n’y ont pas leur place et si j’ai un statut d’invité privilégié c’est grâce au rôle de Daphné qui sera peut-être le mien un jour aussi. Alex me rappelle que ces facettes de ma vie amènent énormément de secrets que je ne dois pas et ne peux pas partager avec tout le monde. Qui pourrait croire que je suis aussi proche de communautés aussi diverses et hétéroclites ? Pas moi il y a deux ans, en tout cas.

- Tu ne connais pas toute ma vie, Alex…

Voilà que j'essaie d'avoir l'air mystérieuse... Jamais elle va tomber dans le piège. Et mieux vaut ne pas raconter de trop gros mensonge. Une demi vérité sera idéale dans cette situation.

- Mais non, je ne vis pas avec des garous, j’ai juste des connexions avec eux. Je me renseignerai pour les tatouages, je ne pense pas que ce soit un secret. J’attendrai ton livré dédicacé avec impatience. C’est quoi le sujet ?

Innommables… C’était un peu léger comme indice, ça pouvait parler de tellement de trucs que juste le titre n’allait pas me donner une idée précise. Je me demandais quel genre d’écriture pouvait avoir Alexandra… Un truc sans doute un peu sombre et déprimant, la connaissant. Peut-être qu’elle va me surprendre et que je me trompe, mais la première chose qui me vient en tête, c’est vraiment ça. Avec une touche de cynisme et un peu d’humour graveleux. Si Alex se projetait dans son livre, ce serait amusant de remarquer les similitudes. Moi qui n’avais aucun talent pour écrire des histoires, c’était intéressant de voir qu’Alex avait ça en elle. Ça et.. autre chose.

La description qu’elle me fait de ce rituel avec cette... arcaniste, qui a ensuite disparu, me laisse un sentiment bizarre. Une sorte de mauvais pressentiment qui ne niche dans ma nuque et alourdit mes épaules. Cette histoire n’a aucun sens à mes yeux. Je ne suis quun’ novice, la magie c’est encore très abstrait et on commence à peine à effectuer des rituels de concert avec Daphné, mais ce que me décrit Alex, ça ressemble à quelque chose que je connais. Des plantes hallucinogènes pour entrer en transe, un cercle de pouvoir pour invoquer une grande puissance magique. Ça colle, mais le but m’échappe complètement. Peut-être qu’il est possible de faire ressurgir la nature endormie de quelqu’un avec un rituel de ce genre. Je sais que la magie du Caern est importante pour les lycans de la meute, c’est peut-être lié… mais je ne suis pas certaine qu’Alex soit une thérianthrope. Je n’ai jamais entendu parler d’un garou qui peut transformer uniquement son bras et pas le reste… Je dois demander à Daphné, elle aura sûrement des réponses.

- Pour être honnête, ça ressemble à un rituel, mais le but et la magie employée m’échappent complètement. Les plantes qu’on brûle pour entrer en transe, c’est assez commun, donc je pense que c’est le sort qui a dû déclencher le… reste. Tu as encore ces cauchemars ? Ces sensations ? Ou bien c’est uniquement à ce moment-là et depuis tu n’as plus jamais ressenti ça ?

Si elle n’a aucun effet secondaire, j’imagine qu’il ne faut pas s’alarmer, mais tout ça est quand même très bizarre. Surtout la disparition de l’arcaniste. Si le sort avait mal tourné, Alex aurait pu mourir et personne n’aurait été là pour lui venir en aide… Vraiment tout ça ne ma plaît pas. Je fixe un instant les flammes en essayant de trouver ce qui aurait pu créer quelque chose de ce genre, mais rien ne me vient en tête. Les quelques rituels que j’ai fait n’ont rien à voir avec ça et même la catastrophe d’halloween n’a absolument aucun rapport. Sauf le cercle, mais c’est tellement commun à nombres de rituels. Et je ne pense pas qu’elle se souvienne des détails dudit cercle.

- Si tu te rappelles un détail, n’hésite pas. La magie peut faire des trucs dangereux, je préfèrerai qu’on soit sûr que ce rituel ne soit pas une bombe à retardement… mais si tu ne te sens pas mal, j’imagine que… c’était pour le mieux ?

Difficile de trouver une explication à tout ça avec le peu d’information que j’ai et le peu de connaissances dont je dispose. Je reprends une bouchée d ma saucisse et m’essuie le menton en lançant une grimace à Alex, jetant un œil à la bouteille qu’elle pousse négligemment vers moi après en avoir pris une gorgée pour elle. J’observe un instant les flammes qui se reflètent dans la bouteille avant de la saisir d’une main tandis qu’Alex déblatère une espèce de philosophie un peu déprimante. Je lui jette un regard accompagné d’un sourcil haussé. Vraiment pessimiste comme façon de voir mais… Je hausse les épaules en portant le goulot de la bouteille de rhum à mes lèvres.

- Amen.

Le liquide me brûle la gorge en descendant et je ne peux retenir une grimace et un frisson en écartant le tout de ma bouche. Au moins je ne tousse pas, contrairement à la fois avec le whisky. Et le goût n’est franchement pas atroce, cette fois.

- Pfouah… c’est meilleur que la dernière bouteille, mais ça brûle quand même.

Je prends une poignée de chips pour faire passer le goût, suivi du reste de la saucisse qui a encore meilleur goût après l’alcool. Soit parce que les deux vont bien ensemble, soit parce que l’amertume rend les choses meilleures en bouche. Allez savoir.

- C’est quand même dingue qu’à chaque fois que je picole, c’est parce que t’as proposé un truc. A croire que ça t’amuse.

Ce qui est sans doute le cas. Ça n’amuserait pas tout le monde, loin de là, mais j’imagine sans mal Alex rire intérieurement à mesure que l’alcool prendre le pas sur la logique et l’habituelle Anaïs. On va essayer d’être raisonnable. Même si c’est foutu d’avance, vu où on se trouve et au vu de la soudaine réalisation qui me frappe tel un canard en panique.

- Tu vas réussir à piloter le jet ski après ça ?

C’est quand même assez stupide de ma part de ne pas y avoir pensé plus tôt…

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NAPALM ROACH : j'adore l'odeur du non-respect au petit matin
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- Allergique à l’autorité avec une langue trop bien pendue pour sa propre sécurité, elle cherche à fuir ce monde humain dans lequel elle se sent étrangère.
- Écrivaine autrefois invisible dont seul le site internet attestait de son existence, elle est l'auteur anonyme d'un livre étrange et dérangeant, dicté par son propre père.
- Américaine et pourtant guère attachée au moindre patriotisme, elle erra longtemps sans attaches ni allégeances, avant d'être l'alliée forcée du plus terrifiant des Princes.
- Une antre modeste dans les Kingston Buildings masque ses noirceurs, ses poches trouées, ses écrits en vrac et une Honda 350 récemment achetée.

Facultés :
- Fille longtemps ignorante du Prince Hornet, l’ombre de celui-ci a influé sur sa vie, en étouffant une à une les dernières lueurs de son âme.
- Au gré des rencontres, des créatures de la nuit et du rêve d'une sorcière noire, ses perceptions se sont aiguisées et lui ont révélé bien des choses.
- Monstrueuse créature, la forme du cafard l'habite depuis toujours, bientôt sublimée et portée à son paroxysme par l'influence d'Hornet.
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Ven 16 Juin - 23:02 (#)

Mild Waters

Une amertume ruinait mon appétit.
Une saveur mentale, l’ombre d’un doute.
Un brin de colère.

J’ai fixé un moment le réchaud allumé. Anaïs riait, déblatérait et claironnait à côté de moi, alors qu’un début d’irritation escaladait l’arrière de mon crâne, comme une mite rampant dans un bout de tissu sale. Je fixais la danse des flammes, que l’obscurité environnante rendait plus fines et plus courbes, à la manière de lianes qui dessinaient des ombres filiformes sur le vert brillant des herbes hautes. Le crépuscule tombait. Ma main a repris mécaniquement des chips, que j’ai mâchonné sans vraiment d’entrain, en examinant la rouquine de la tête aux pieds. Elle babillait avec enthousiasme, l’œil rendu pétillant par les calories qu’elle venait d’avaler et la fausse amitié qui s’était blottie entre nous, comme un ver laiteux dans le cœur d’une pomme.

Tu ne connais pas toute ma vie, Alex…
Je t’ai donné l’impression que ça m’intéressait ?


Les humains. Sérieusement.
Durant un instant, j’ai tenté de dépeindre l’expression de pure horreur que cette gosse aurait, à le voir, ce beau cadeau dont Père m’avait gratifié. J’ai caressé l’idée de le faire, par simple dépit, et de livrer son corps au fond du lac, avant de me raviser. À la place, j’ai à nouveau fixé les flammes, en essayant de résumer mon livre en moins d’une phrase, de crainte de revivre moi-même l’abomination dormant entre ces pages.

J’ai haussé les épaules. « C’est une quête d’identité. » Rien que ça. « Ça, c’est le fond. Le reste, c’est un livre d’aventures, mais sous un angle ésotérique. Mystique. Avec sa propre mythologie et ses principes. »

Ma voix était morne. La flamme de l’intérêt pour cette œuvre maudite s’était éteinte, arrachée aux forceps. Ne subsistait de cette fièvre créative qui m’avait étreinte, qu’un trou à l’âme, une déchirure dans le tissu de l’imaginaire. Je n’écrirai plus ainsi. Pas encore, et pas comme ça. Dans l’encre de ces mots étaient serties des souffrances, bien nécessaires, le carburant qui avait alimenté le moteur d’un drame à venir ; je n’avais nullement envie de revivre semblable épreuve, ni cette œillade forcée vers les profondeurs scrutatrices.

N’est-ce pas, Père.
Hmm.

« Donc, attends. » Un air perplexe a changé mon expression. Une autre curiosité s’animait au fond de moi. Lente et mécanique. « Je m’étais arrêtée à ton simple don, moi. Depuis quand tu t’y connais en magie ? »

J’ai passé sur sa prétendue connexion aux bestioles velues. Paye-toi ma tronche. À l’écouter, ces machins se rassemblaient en club, où mademoiselle Anaïs se trouvait au centre ; que leur faisait-elle au juste ? Leur brossait-elle les poils ? Leur lançait-elle des os en plastique ? Les fourrures anonymes, le club des garous en goguette. J’ai repris un morceau de poulet, tandis qu’une curiosité maligne troublait la surface de mon apparente bienveillance sociale. Qu’était Anaïs au juste ? Faisait-elle partie de ces êtres, dont Il m’avait ordonné d’ausculter les faits et gestes ? Ça bouleversait ma vision de cette soirée en pleine nature.

« Les cauchemars, c’était surtout sur le moment, ouais. Depuis, j’ai... » Cherché à mentir. Ma voix a marqué une hésitation. J’ai saisi un fil que je sentais se dévider dans mon esprit, fait de semi-vérités et d’un tissu d’artifices. « Qu’un seul cauchemar qui persiste. Exactement le même. »

J’ai pris une inspiration. Le moment de l’artiste.
Ma main a saisi la bouteille de rhume pour m’enfiler une nouvelle rasade de réconfort brûlant, celui dont je n’avais nul besoin, et j’ai entrepris d’épancher les remords d’une fille qui n’avait jamais vraiment existé.

« J’vois un désert. Il y a une éclipse et le sable est noir. J’entends une voix, quelque part, mais impossible de comprendre ce qu’elle dit. Je sais qu’elle me parle. Mais je n’arrive pas à me décider si je dois essayer de lui répondre, ou juste m’enfuir. Avant de décider, le cauchemar s’arrête de toute façon. »

J’ai eu un hoquet. La bouteille a retrouvé le sol battu entre nous, et un lourd soupir a franchi mes lèvres. J’ai jeté un coup d’œil éteint, sincèrement épuisé toutefois, vers Anaïs, avant de poursuivre.

« Ça revient sans arrêt. Honnêtement, ce cauchemar me rassure pas, surtout avec ce pouvoir qui évolue en parallèle. » J’ai secoué la tête. « Non, ça n’aide pas. »

L’intérêt de mentir, c’est que je lui retournais une certaine vérité.
Après tout, cette fameuse vérité est une pute. Elle a l’habitude qu’on lui passe dessus.

Comme saisie d’un besoin anxieux de marcher, je me suis levée, un bout de poulet coincé entre les dents, et les pans de mon poncho voletant contre mes fesses. Le reflet du soleil sur le lac s’était éteint. Le crépuscule avait écrasé la chaleur de la journée dans un étau d’ors et d’azur, et les animaux nocturnes commençaient à diffuser leur concert de crissements stridents. J’ai déambulé un instant, la main dans les cheveux, l’autre sur mon poncho, ne sachant que faire de ces deux membres trop roses, tendres et doux. Je me suis appuyée contre un arbre tout proche, en oubliant totalement sa question sur la conduite de jet ski bourrée, et j’ai réfléchi sur la meilleure manière de raconter une belle histoire ; une qui se termine mal, les meilleures.

« Tu vois le truc ? Ça me donne l’impression que cette… ce... » J’ai balayé l’air d’un revers de main. « Rituel ou je sais pas quoi, m’a ajouté quelque chose. Ajouté, ou infecté. Comme je te disais, je me sens normale d’un point de vue physique, mais… J’sais pas. »

J’ai réussi à décoincer le morceau de poulet du bout de l’index. Ma langue a claqué contre mon palais. « Tu vois, comme si ce machin magique avait mis quelque chose dans ma tête, et que je l’entends. » J’ai affiché un rictus, dont j’avais à peine besoin de mimer l’amertume. « Quelque chose. C’est bizarre dit comme ça. »

J’ai émis un rire bête. Le même qu’Anaïs, en fait. Un peu nerveux, un peu optimiste. Totalement désemparé, que l’Alex humaine n’aurait pas renié. « Je sais même pas si ça existe ces pratiques-là. Avant, je pensais qu’il y avait juste les Wiccans pour vendre des potions de fertilité aux touristes. Apparemment pas. »

J’ai soupiré. Une humeur lasse a voilé mes traits un court instant, alors que ma voix baissait d’un ton. « Tu crois que c’est possible ? Tu crois que c’est dangereux ce qu’elle m’a fait ? »

Tout au fond de moi, une voix avait déjà répondu.
Non.
Devenir soi-même n’avait rien de dangereux. Pas pour moi.

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Baby Chaos - Là où je passe, la paix trépasse.
Anaïs Wilhm
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A SONG OF BLOOD

En un mot : Outre en perdition
Qui es-tu ? : *Un esprit traumatisé par la cruauté de ceux qu'elle pensait être ses camarades, à jamais marqué par l'absurdité de la violence humaine.
* Fille émancipée d'une famille humaine qu'elle a fui pour sa propre sécurité. Outre dans un monde d'humains qui ne cherchaient pas à la comprendre, juste à la plier au conformisme réconfortant de la normalité.
* Apprentie curieuse et consciencieuse de Daphné Calabrezzi. S'est lancée sur la voie du chamanisme, marchant dans les pas de sa mentore avec patience et détermination, persuadée d'avoir trouvé la voie qu'il lui fallait.
* Inscrite à la LSU, en médecine. Malgré un dossier scolaire chaotique à cause d'une année de fugue, se démène pour prouver, aux autres et à elle-même, qu'elle réussira.
Facultés : *Hémokinésie, contrôle du fluide vital
*Apprentie chamane, amie des loups et des gitans
*Etudiante en médecine, acharnée et consciencieuse, pleine de projets en tête.
*Musicienne et chanteuse amateur ne sortant jamais sans son casque. Danseuse du dimanche. Incollable sur la musique, sa passion, son refuge.
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Mer 21 Juin - 15:27 (#)

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Est-ce que c’est moi ou bien est-ce qu’il y a eu un changement dans l’atmosphère au milieu de notre conversation ? J’ai ce sentiment étrange que quelque chose m’échappe. Il y a peu, elle me venait au sujet des canards, on se débarrassait d’un alligator et on faisait des blagues pas très haut perchées au sujet des saucisses, et là, elle s’est brusquement renfermée en évoquant son bouquin. A croire qu’en parler l’ennuyait dans sa description restait vague et passepartout. C’est comme si elle n’a pas vraiment envie d’en parler. En y repensant, c’est normalement le genre de projet qui, une fois sorti, est partagé autant que possible, mais même pas la moindre allusion à ce sujet avant ce soir. Elle doit avoir envie qu’il se vende pourtant, non ? Je n’arrive pas bien à comprendre ce brusque changement d’attitude et hausse un sourcil en me gardant bien d’émettre un quelconque avis. Ce n’est pas inconnu que des artistes rejettent leur création, mais tout de même. Je lirai le livre avec intérêt, histoire de voir si j’ai juste ou si je me fais de sacrés films.

ce qui l’intéresse plus, étonnamment, ce sont les changements que j’ai évoqué brièvement. Il est vrai qu’entre le moment où je l’ai rencontré et aujourd’hui, ma vie a radicalement changé. Passé d’une vendeuse non déclarée en pan avec ses pouvoirs à une étudiante en médecine suivant un apprentissage chamanique avec un mentor qui m’enseignait aussi à la suivre dans le territoire de la Meute et au cœur de ses membres…  Personne ne l’aurait vu venir à l’époque et j’aurai traité de cinglée la personne qui serait venu me raconter tout ça.
Reste que dévoiler tout à Alex est hors de question. ; moins concernant ma relation avec la Meute locale. Même si je doute qu’elle veuille du mal aux garous, Daphné m’a très longuement expliqué – rabâché même - que mon lien avec les poilus devait rester secret. Personne n’était véritablement au courant. Zach avait de vagues soupçons, sans doute à cause de l’odeur que je portais en rentrant le dimanche soir, mais ça n’allait pas au-delà de ça. C’était un secret de plus, mais ça devenait compliqué, à la longue. Ne pas mentir, mais ne pas dévoiler quoi que ce soit, voilà qui est un exercice aussi chiant qu’il en a l’air.

- J’ai un professeur qui m’enseigne comment m’en servir, de ce don, ainsi que la voie des arcanes. Je débute tout juste.

Je hausse les épaules. Pas la peine de lui cacher cette partie-là, elle sait pour mon pouvoir et je n’ai pas vraiment essayé de cacher mon lien avec la magie.

- Je ne suis pas une experte, ça fait même pas un an que j’ai commencé, je suis encore dans les bases, alors ne t’attends pas à ce que je dise tout ce que ce rituel peut vouloir dire. Au mieux j’ai des pistes et c’est seulement parce que ça me rappelle un truc que j’ai lu.

Les chamanes sont de tradition orale et Daphné ne me fait tout apprendre de vive voix, mais ça ne m’empêche pas de fouiner au Juggler tant c’est fascinant. Je sais globalement à quoi m’attendre dans le futur. Les rites, les transes, l’initiation, le voyage dépaysant pour m’imprégner d’autres traditions et d’autres visions, le totem. Tout un tas de choses qui ne sont encore que des mots pour un futur que j’entrevois à peine, mais qui me poussent à toujours vouloir apprendre davantage. Ce n’est pas quelque chose que je pensais un jour toucher du doigts, alors savoir que je l’effleure et m’en rapproche, ça a toujours quelque chose d’excitant.

Je suis Alex du regard alors qu’elle déambule au milieu des herbes, des rochers et des morceaux de bois sec. Toute son histoire me laisse perplexe et avec un étrange sentiment d’inconfort dans la poitrine. Je suis hémokinésiste, pas psychologue, alors son rêve, je vois pas trop ce qu’elle veut que je lui dise, mais le fait qu’il soit aussi récurrent…

- Je m’avance sans doute beaucoup, mais ça peut être lié à une chose de ton passé, mais alors je suis pas psy donc tu peux aussi me dire que c’est des conneries. Ou alors… je sais que c’est possible d’avoir des genre des rêves prémonitoires super cryptique qui ont aucun sens avant que tu le comprenne le moment venu. C’est peut-être ça que le rituel a fait aussi. Mais là aussi, je m’avance quand même pas mal.

Autant dire que je n’ai aucune idée concrète de ce que tout ce bordel peut bien signifier pour elle. J’ai envie de lui dire que l’idée de base de laisser quelqu’un faire un rituel chelou dans ta chambre, c’est quand même tendre le bâton pour se faire refaire la tronche, mais je me retiens. Cette histoire la met visiblement sur les nerfs, pas envie de plomber l’ambiance avec ce genre de remarque de merde. De toute façon, niveau rituel foireux effectué sans savoir, j’ai la palme d’or, alors…

Elle le dit elle-même, tout ça est bizarre. Qu’elle entende une voix dans sa tête depuis ce rituel… ça c’est encore plus bizarre. Ça fait un peu psychopathe schizophrène dis comme ça, mais avec les histoires de garou qui doivent lutter comme leur bête ou les voix sortis de nulle part qui ont l’air bienveillante et bien présente, je ne sais plus trop quoi penser. Et je n’ai aucun réel moyen de la rassurer concernant la dangerosité de tout ça. Je doute que ce soit quelque chose de bénin ou qu’il faut ignorer, mais encore une fois…

- Je ne sais pas, Alex, je t’ai dit, je débute, je suis pas capable de te donner de réponse bien tranchée.

Je me gratte la tête, essaie de formuler des hypothèses qui pourraient tenir la rout. Et aucune ne fait plaisir à entendre.

- Tu as dit pouvoir transformer ton corps et avec ce que tu entends, ça correspond à ce que les garous évoquent. Si tu as mal en touchant de l’argent tu serais fixée, mais je doute que ce soit ça… sinon tu te couvrirais de poil ou d’autres trucs à la peine lune. Sinon… je sais qu’on peut enfermer des... trucs, des choses dans des objets genre sa magie ou son essence, mais c’est peut-être aussi possible de le faire dans des gens. Peut-être que c’était ça, le rituel… Honnêtement j’en sais rien et je veux pas te donner une réponse franche alors que c’est complètement foireux, ça va pas t’aider. Attends.

Je farfouille dans mon sac, sortant mon téléphone pour allumer la lampe torche histoire de trouver ce que je cherche. Je griffonne quelques bricoles sur un papier de mon carnet, déchire la page et la lui tend.

- L’adresse du Juggler’s Bazaar. C’est un… disons une boutique qui ressemble un peu à un attrape touriste, mais il y a de vrais ouvrages et de vrais spécialistes sur place. Peut-être que l’un d’eux pourra t’aider. En tout cas certainement mieux que moi. Désolée de pas pouvoir être plus utile, mais si quelqu’un peut avoir une idée précise de ce que c’est que tout ça, c’est sans doute là-bas. Ou alors ils auront un nom à te donner pour en savoir davantage.

Je n’ai pas vraiment de problème à admettre mon manque total d’expérience et de connaissance. Je ne suis pas née dans le surnaturel, j’y ai été propulsée du jour au lendemain et essaie de rattraper une décennie d’information que n’importe quel arcaniste ayant vécu au milieu des siens sait. Autant dire que je suis loin d’avoir une quelconque réponse à quelque chose de ce genre. Et c’est pas en grignotant quelques chips que l’illumination viendra. Je comprends l’angoisse d’Alex, et je n’aimerais pas être à sa place.

- Peut-être que c’est dangereux, peut-être pas. Je peux pas dire. Peut-être que ça a simplement éveillé quelque chose qui était là mais que tu ne percevais pas, tout comme mon pouvoir s’est révélé à cause d’un moment de stress intense.

Je ne sais toujours pas si ce moment fut une bonne ou une mauvaise chose pour moi, même près de trois ans après…

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NAPALM ROACH : j'adore l'odeur du non-respect au petit matin
Alexandra Zimmer
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FULL DARK NO STARS
En un mot : We're all mad here. I'm mad. You're mad.
Qui es-tu ? :
- Infréquentable et associable romancière pleine de mauvaises humeurs, d'ironie cinglante et d'indifférence, cachant une âme noire et liée aux enfers.
- Allergique à l’autorité avec une langue trop bien pendue pour sa propre sécurité, elle cherche à fuir ce monde humain dans lequel elle se sent étrangère.
- Écrivaine autrefois invisible dont seul le site internet attestait de son existence, elle est l'auteur anonyme d'un livre étrange et dérangeant, dicté par son propre père.
- Américaine et pourtant guère attachée au moindre patriotisme, elle erra longtemps sans attaches ni allégeances, avant d'être l'alliée forcée du plus terrifiant des Princes.
- Une antre modeste dans les Kingston Buildings masque ses noirceurs, ses poches trouées, ses écrits en vrac et une Honda 350 récemment achetée.

Facultés :
- Fille longtemps ignorante du Prince Hornet, l’ombre de celui-ci a influé sur sa vie, en étouffant une à une les dernières lueurs de son âme.
- Au gré des rencontres, des créatures de la nuit et du rêve d'une sorcière noire, ses perceptions se sont aiguisées et lui ont révélé bien des choses.
- Monstrueuse créature, la forme du cafard l'habite depuis toujours, bientôt sublimée et portée à son paroxysme par l'influence d'Hornet.
- Remarquable plume, ses mots sonnent justes, acérés, et empreints d'une ombre beaucoup plus grande qu'elle-même.
- Une insupportable teigne dont les répliques teintées de fiel déclenchent vexations, colères et peines autour d'elle.

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You'll see him in your nightmares
You'll see him in your dreams
He'll appear out of nowhere but
He ain't what he seems
You'll see him in your head
On the TV screen
Hey buddy, I'm warning
You to turn it off
He's a ghost, he's a god
He's a man, he's a guru
You're one microscopic cog
In his catastrophic plan
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Sam 1 Juil - 18:27 (#)

Mild Waters

Que faisais-je avec cette humaine ?
Avais-je toujours besoin de liens humains autour de moi ? Ces ancres qui avaient autrefois reliés l’Alexandra humaine à cette société d’hypocrites, de débauchés et de menteurs, à quoi me servaient-elles aujourd’hui ?

Aujourd’hui, j’étais en dehors de ça. Ni au-dessus, ni en dessous, mais dans un espace entre les espaces, où je voulais me faire une place, tout en cherchant à comprendre l’ampleur de ce qui sommeillait en moi. Je ne désirais rien de moins que me départir de ces restes de chair humaine, qui s’accrochaient encore à moi, par lambeaux de merdes collées à mon âme renaissante. Alors, à quoi bon cette interlude avec Anaïs ? À quoi bon rire, à quoi bon plaisanter, à quoi bon mentir ? Il n’y avait là rien de bien nécessaire, et pourtant, quelque chose au fond de moi m’incitait à profiter de ces instants sans culpabilité, sans humanité non plus.

Mentir. Picoler. Baiser. Tuer. Pourquoi pas ?
Ma culpabilité était morte, en même temps que ma morale.
Je me suis murée dans le silence en l’écoutant. L’obscurité s’est approchée.

L’îlot était encore douché par les lumières du crépuscule mais, déjà, des ombres distendues contaminaient les hautes herbes, en rampant dans les interstices moussues que la clarté du jour avait abandonnés. Quelque part, un animal aquatique a sauté dans le lac, tandis que les insectes nocturnes entonnaient leur sarabande. Une mélopée aux multiples musiciens qui se renforçait avec la pénombre. Le vent était tombé, lui aussi. Un silence étonnant s’était subitement installé, comme si l’obscurité elle-même écoutait notre conversation.

Pour moi, la réalité s’est estompée.
Mon esprit avalait ces mots avec avidité.

La voix d’Anaïs était alors seule à troubler ce silence ; ce frêle timbre soucieux et empathique que l’obscurité ambiante semblait ridiculiser, comme un agneau bêlant au sein d’une meute de loups. Moi, je ne disais rien. Je suis restée appuyée contre cet arbre, dont la dureté de l’écorce pesait contre mon dos ; je n’ai rien senti, pourtant. Pas seulement à cause de ma peau surnaturelle, mais parce que cette discussion, l’évocation de la magie et des loups, avait éveillé une froide mécanique d’analyse dans mon esprit. Tout cela était-il valable ? Ces informations que mes piètres manipulations avaient pressées, avaient-elles une quelconque valeur ?

Une ombre a traversé la lueur du feu.
Un phalène s’est posé sur le tissu de mon poncho.

Anaïs avait donc une mentor, elle aussi. Tout comme Morgane Wuntherson avant elle, cette ville renfermait donc bien un système d’apprenti à mentor ; une confirmation qui n’avait rien de spectaculaire. J’ai froncé les sourcils, mes idées saisies d’inspiration à la possibilité que l’on puisse enfermer des choses, de la magie, à l’intérieur de réceptacles ; était-ce un moyen d’emprisonner, ou bien de préserver ? Je me suis passée une main dans les cheveux, en réfléchissant à l’importance de ce nouveau morceau d’information.

« Non, j’ai tenté l’argent, mais rien. » J’ai hoché la tête, pensive. « Enfermer des choses dans des objets ? Ça fait vraiment fantasy. On dirait les urnes dans Hellboy, avec le démon Samael à l’intérieur. T’as vu ce film ? »

L’ironie fit renaître un sourire sur mes lèvres, en dépit de tout ; de cette obscurité qui se penchait sur cette discussion, et des enjeux secrets qui se tramaient derrière le voile de ce monde. J’ai observé patiemment la rouquine noter quelque chose sur un bout de papier, avec l’espoir malsain qu’elle me révèle quelque chose de capital, qui aurait pu donner un coup de pouce à ma tâche ; ce but insurmontable, que ce Père maudit m’avait assigné. J’ai tendu la main pour déchiffrer l’écriture de travers sur le morceau de carnet déchiré.

« D’accord. » J’ai hoché la tête à nouveau, tandis que mon humeur s’améliorait. « Non mais j’comprends, je m’attendais pas à des réponses directes. Merci de m’avoir écouter me plaindre déjà. »

J’ai plié le précieux papier. Le phalène a papillonné autour de moi, tandis que je suis revenue m’asseoir près du réchaud, en piochant un nouveau morceau de poulet.

« J’ai aussi pensé que ça pouvait être un genre de nouveau niveau à mon pouvoir. Mais je t’avoue que les cauchemars, les transformations subites et la disparition de la sorcière, ça m’a fichu la trouille. Comme si c’était pas suffisant de ne pas connaître ce que t’es vraiment. »

Ah, mentir. Cela donnait même une meilleure saveur au poulet.
Pas étonnant que les humains mentent sans arrêt.

« D’ailleurs. » J’ai tourné la tête avec Anaïs, en levant l’index. « C’est marrant comme coïncidence. Elle aussi était une apprentie. Elle m’avait dit qu’elle avait un mentor, mais j’sais pas son nom. Avec du bol, peut-être qu’il fait partie de ton Juggler truc ? Elle m’a dit qu’ils faisaient partie de… J’sais pas comment ça se dit, un autre groupe que les Wiccans. »

J’ai haussé les épaules. Aussi croustillantes que pouvaient se révéler les révélations d’Anaïs, je ne voulais pas non plus éveiller sa méfiance, et me priver de cette source intarissable de naïveté. J’ai attrapé avec adresse la bouteille de rhum entre nous, et me suis enfilée une nouvelle rasade de brûlure liquide.

« Ah et pour ton information, j’ai passé le permis bourrée. Je conduis mieux comme ça. Tu verras, au retour, on se prendra même pas un seul canard. »

J’ai levé la bouteille, en une sorte de toast tardif, avant de le reposer entre nous.
Aux plaisirs humains et à la naïveté.
Amen.

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Baby Chaos - Là où je passe, la paix trépasse.
Anaïs Wilhm
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Qui es-tu ? : *Un esprit traumatisé par la cruauté de ceux qu'elle pensait être ses camarades, à jamais marqué par l'absurdité de la violence humaine.
* Fille émancipée d'une famille humaine qu'elle a fui pour sa propre sécurité. Outre dans un monde d'humains qui ne cherchaient pas à la comprendre, juste à la plier au conformisme réconfortant de la normalité.
* Apprentie curieuse et consciencieuse de Daphné Calabrezzi. S'est lancée sur la voie du chamanisme, marchant dans les pas de sa mentore avec patience et détermination, persuadée d'avoir trouvé la voie qu'il lui fallait.
* Inscrite à la LSU, en médecine. Malgré un dossier scolaire chaotique à cause d'une année de fugue, se démène pour prouver, aux autres et à elle-même, qu'elle réussira.
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*Apprentie chamane, amie des loups et des gitans
*Etudiante en médecine, acharnée et consciencieuse, pleine de projets en tête.
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Mar 29 Aoû - 20:26 (#)

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Si le vent est frais, je dois bien avouer que je ne le sens pas vraiment. La faute au feu qui crépitait entre Alex et moi. La faute à l’alcool que je ne tiens toujours pas et qui a le don de rapidement faire son petit chemin dans tout mon système. Tout semble plus léger, plus simple. Le corps plus mou, l’esprit moins clair et le froid qui aurait pu surgir ne devient qu’une faible brise à peine ressentie. Il n’y a qu’avec Alex que je me permets de boire. Je ne sais même pas pourquoi moi-même. Peut-être que je me fiche de l’image qu’elle perçoit, au vu de ce qu’elle a déjà eu l’occasion de vivre avec moi. Ou bien est-ce parce que c’est la seule personne qui ne va pas me lancer un regard réprobateur. Tu n’as pas l’âge, qu’on me répète. Et alors ? Il faut avoir 21 ans pour avoir el monopole des raisons de boire un coup et essayer d’échapper à ses propres pensées ? Est-ce que ce n’est pas mieux qu’une boite de pilules colorés censées faire disparaître l’anxiété ? Entre un mal ou un autre, au moins j’ai le choix de passer un moment un peu sympa, ça devrait compter.

Il faut néanmoins avouer que je ne pensais pas que la discussion prendrait cette tournure. Je ne sais même plus trop comment on en est arrivées à parler de ça, mais je suis contente qu’Alex s’exprime sur le sujet. Je sais à quel point ça peut être terrifiant de se voir changer, de ressentir qu’on a aucun contrôle sur notre propre corps, notre propre psyché. Si je peux l’aider et lui éviter, ne serait-ce qu’un peu, de vivre ce que j’ai vécu, ce sera une petite victoire. Le genre de victoire qui ne fait aucun bruit sinon au plus profond de moi-même et laisse un sentiment qui apaise un peu plus la sensation de toujours faire les choses de travers.

J’inspire lentement, les yeux levés vers la lune qui se dresse dans la nuit, au milieu de ce ciel noir d’encre. Ici les étoiles ne sont pas visibles, il n’y a pas la beauté que je peux trouver au camp, loin de la ville. J’aimerais que tout soit si simple, que tout s’illumine et devienne évident quand on s’éloigne un peu. J’espère qu’Alex trouvera les réponses à ses questions. Celles que je suis incapable de lui donner, celles qui sont les plus importantes. Vitales, même. Savoir qui on est, c’est de loin le plus important et c’est une chose qui devient parfois trop flou pour véritablement réussir à la distinguer. Come une étoile cachée par la lumière de la ville. Elle est là, mais nos yeux ne la perçoivent plus. Je comprends Alex et ça me donne envie qu’elle trouve ce qui lui manque. Même si ce n’est qu’en étant une intermédiaire. C’est suffisant. C’est mieux que rien.

- Non, je ne la connais pas. Je n’ai pas de liens avec les Wiccans ou tout autre forme de groupe d’arcaniste ou de sorciers. Ma mentore tient à notre indépendance et ça me convient bien comme ça.

L’Eglise ou les Covens, peu importe. Daphné est liée à la Meute et je suis liée à elle. Apprentie chamane d’une Vagramor. Cela me convient parfaitement. Du peu que j’ai compris sur les groupes magiques et leurs enseignements, je n’aurai pas la liberté que m’offre Daphné dans son enseignement. Je doute qu’il y aurait cette proximité, cette relation familiale qui nous lie et à laquelle je tiens tant. Je n’échangerai ça pour rien au monde.

- Tu as dit qu’elle s’appelait Morgane, c’est ça ? Je peux essayer de me renseigner. Qui sait, peut-être que quelqu’un saura où elle est et que tu auras les réponses à tes questions.

Si ça arrive, je serai ravie pour elle. En espérant que les réponses soient réconfortantes ou qu’elles l’aident à trouver ce qui est en elle et qui semble tant la tourmenter. Je l’observe un instant, alors qu’elle s’enfile une rasade de rhum à même la bouteille. Je ne peux empêcher un sourire d’ourler mes lèvres.

- Bizarrement, je n’ai aucun mal à te croire. C’est presque dommage, je suis sûr qu’un canard à la broche aurait été délicieux.

D’un geste plus incertain que le sien, j’attrape la bouteille à mon tour et prends une gorgée, sentant encore et toujours cette brûlure liquide qui me descend dans l’estomac et s’y installe. Je ne réprime pas une grimace en écartant la bouteille, mais elle disparaît bien vite au profit d’un sourire léger. Je l’imite, porte un toast à mon tour.

- Puisse-tu trouver les réponses à tes questions.

Un hoquet m’échappe et je me mets à ricaner bêtement en reposant la bouteille. Une brise légère m’entoure, juste de quoi dresser les poils de mes bras nus. Je frisonne une seconde, expire lentement, lève à nouveau les yeux vers le ciel. La lune nous observe toujours, seule dans le ciel.

- Elles sont forcément là, quelque part.

Comme quoi la philosophie de comptoir, ce n’est pas forcément qu’une expression. On réfléchit de manière bien différente quand on a un coup dans le nez. Pour le meilleur ou pour le pire. Au moins, ce soir, je peux me dire que c’est pour le meilleur.

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