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La solitude est un poison

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Cannot a Beast be tamed
Aodh Moore
Aodh Moore
Cannot a Beast be tamed
ASHES YOU WERE

En un mot : Lycanthrope malgré lui, autrefois milicien du mouvement Shepherd.
Facultés : Tout juste transformé, Aodh ne maîtrise aucune forme à proprement parlé. Deux d’entre elles s’imposent naturellement à lui : l’hispo à la pleine lune ou sous le coup de violentes émotions, ou celle du glabro lorsque la Bête menace de déborder.
ASHES YOU WILL BE

Pseudo : Aodh
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Date d'inscription : 02/05/2023
Crédits : Cece
Mer 2 Aoû - 1:29 (#)

Etouffer la Bête en moi était particulièrement difficile ce jour-là. Je n’arrêtais pas de ressasser la dernière conversation que j’avais eu avec Ciàran, avant de claquer la porte. Pourquoi avait-il décidé de se fier à un parfait inconnu plutôt qu’à moi ? C’était peut-être un ami, selon ses propres dires, mais ce n’était pas son frère. Il ne savait même pas que c’était un loup-garou encore hier ! Que savait-il exactement sur nous, ou même sur moi ? Ciàran m’avait assuré qu’il avait gardé le secret concernant les origines de sa morsure, mais la confiance s’était brisée entre nous. S’il ne se fiait pas à moi pour affronter les conséquences, comment pourrais-je réellement croire qu’il ne me mentait pas ouvertement ?

Je l’avais sans doute bien cherché. A quoi je m’étais attendu exactement ? Que Ciàran me prenne à nouveau dans ses bras en m’assurant que tout irait bien après ce que je lui avais infligé ? Je ne l’avais pas seulement blessé. Je l’avais plongé dans les mêmes tourments que moi. Je pouvais bien me cacher derrière le fait que je l’avais plus qu’averti, que Ciàran devait bien être conscient des risques pour avoir autant remué la merde pour me trouver… les faits étaient là. Et ce ne serait jamais arrivé si j’avais eu le courage de presser la détente.

Peut-être, qu’au fond, une part de moi avait espéré ne pas finir seul. Mais l’entraîner dans ma chute n’avait fait que creuser encore davantage le fossé entre nous. Il n’y avait plus rien à sauver de notre relation. Ciàran ne me laissait même pas une chance de lui venir en aide. La rupture était nette, consommée. Et il me faudrait affronter une nouvelle lune le lendemain, de nouveau dans la plus profonde des solitudes. Rien n’avait changé.

J’avais seulement décidé de me prendre en main en investissant un squat un peu plus à l’écart de l’agitation urbaine. Ce n’était qu’une vieille cabane de chasseur, comme il y en avait bien d’autres autour de Shreveport, à moitié décrépie et recouverte par la végétation environnante. Le bois flairait bon l’humidité, à tel point que l’endroit semblait être sur le point de s’effondrer. Celle-ci était implantée en bordure d’une forêt dense et imposante qui offrait un couvert idéal. Un choix ironique, qui n’était pas sans me rappeler le lieu où j’avais traqué et tué celui qui m’avait contaminé par sa morsure quelques mois plus tôt. Non loin, un brouillard épais recouvrait les marécages où le bayou s’étendait plus en contrebas.

Je chassai quelques moustiques d’un geste rageur, avant de commencer à investir les lieux. Dans l’idéal, j’aimerais autant pouvoir m’enchaîner à l’intérieur sans laisser une chance à la Bête d’aller gambader à l’air libre. Le grondement réprobateur au bord de ma conscience sonnait comme un avertissement, que je tâchais d’ignorer autant que possible. Il n’était pas question que je me laisse commander par cet animal sauvage, qui n’avait clairement pas son mot à dire. La situation me pesait déjà assez pour que je n’ai pas à en supporter davantage.

Cette lutte intérieure me retarda dans mes préparatifs, alors que la Bête tiraillait de plus en plus ma conscience. Je compris un peu trop tard ce qu’elle cherchait finalement à faire, quand l’astre solaire déclina dangereusement, projetant ses ombres colorées au travers des lattes de bois vieillies. « Merde, putain ! » Je n’aurais pas réellement le temps de repartir. On parlait d’une randonnée de plusieurs heures en sens inverse, étant donné que je n’étais toujours pas véhiculé, sauf si j’arrivais à me faire prendre en stop. J’avais entendu le vrombissement caractéristique de véhicules non loin, probablement sur un grand axe qui traversait ces terres désolées. Même si mon ouïe s’était affinée, elle ne devait pas être si loin, non ? La pleine lune était pour le lendemain, ça valait le coup de tenter ma chance.

Je laissais tout en place, récupérant uniquement le strict nécessaire pour me mettre en route. « Tu vas pas me lâcher, hein ? » Soufflai-je entre mes dents serrées, alors que la Bête faisait tout pour forcer l’accès à voir la nuit tomber. Elle était plus forte encore à l’approche de la pleine lune, et peut-être également que les derniers événements avaient créé une brèche plus profonde encore dont elle pouvait allègrement profiter. Le résultat était le même. Je n’étais plus si éloigné de mon objectif quand un hurlement rageur m’échappa, me forçant à plier genoux. « Putain ! Salope ! » Ma colère ne faisait que renforcer encore la sienne, transformant mes cris de protection en cris de douleur, ponctués de grognements frustrés. Je n’allais vraiment pas tenir… Peut-être parce qu’il n’y avait rien pour m’empêcher de céder, et tout pour l’encourager à tenter sa chance. Plus je tentais de serrer la bride, plus la Bête s’appuyait dessus pour me faire céder davantage de terrain.

Jusqu’à ce que je craque, après de longues minutes qui me paraissaient interminables. J’eus l’impression d’être à nouveau tiré en arrière, comme éjecté de mon propre corps. La sensation n’avait rien d’agréable, mais n’était rien en comparaison de la douleur de la transformation. Celle-ci avait une forme de gratuité alors que je n’avais pas de nécessité absolue à revêtir cette apparence qui me dégoutait au plus haut point.

Et, enfin, la délivrance. La Bête souffla avec soulagement, levant son regard doré vers la lune quasiment pleine. Elle poussa un long hurlement, comme pour fêter sa victoire, avant de se mettre à courir à travers bois. Elle n’avait aucun but, aucune envie, si ce n’était celle de pouvoir sentir le vent dans son pelage, la terre qu’elle martelait de ses pattes. Une puissante rage de vivre, tout simplement.

Mais le bonheur fut de courte durée. Un clac retentissant la força à s’arrêter net dans sa course, suivi peu de temps après d’une douleur cuisante et inédite. Il ne s’agissait pas de sa conscience humaine qui la rappelait déjà, mais d’un piège qui s’était refermé sur sa patte postérieure. Le poison insidieux commençait à faire son effet, lui arrachant des grognements frustrés. Elle avait beau tiré dessus, jouer de sa gueule, rien n’y faisait : les crocs de fer refusaient de lâcher prise et le poison continuait d’agir et de faire son œuvre. Pire encore, la plaie s’ouvrait un peu plus à chaque fois qu’elle s’acharnait. Ce piège prélevait peu à peu ses précieuses forces, jusqu’à ce que la Bête ne soit plus en mesure de se débattre. Elle s’effondra, dans des couinements plaintifs. Elle en était au point de vouloir laisser l’humain revenir pour pouvoir s’en débarrasser, mais le retour en arrière ne lui était plus possible.

La liberté, aussi plaisante soit-elle, s’acheva de la pire des façons.
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Daddy's little bloody candy -
Blanche de Lantins
Blanche de Lantins
Daddy's little bloody candy - "Redécore mon intérieur : casse-moé tout là d'dans et repeins tout en blanc"
ASHES YOU WERE

En un mot : Humain
Facultés : Tes capacités, tes dons.
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Pseudo : Blanche de Lantins
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Dim 6 Aoû - 17:07 (#)

Participant 1

"La solitude est un poison - Aodh - Blanche."




Lake Charles, pourquoi faut-il absolument que je traverse la moitié de l’Etat de la Louisiane pour rencontrer un potentiel client ? Deux cent miles ne se font pas en un claquement de doigts. Heureusement que je peux prendre ma propre voiture, nettement plus confortable que celle qu’ils voulaient me fourguer. Partie de bonne heure, je rallie la ville en un peu moins de quatre heures. Le trafic des pendulaires me ralentissant pas mal. Pour le retour, je vais plutôt choisir un itinéraire n’utilisant pas les autoroutes. En plus, ça me permettra de découvrir l’arrière-pays.

Quitter Shreveport pour la journée me fait un bien fou, me débarrassant de ce sentiment lourd et oppressant d’être sans cesse observée. Je ne peux affirmer avec certitude que l’on me suive ou que l’on m’épie, bien que j’aie pu voir quelques silhouettes dans l’obscurité, me confortant dans cette impression. L’autre soir, lorsque ma route a croisé celle de ce petit voleur à la tire, il y avait clairement des gens qui nous suivaient. Après, est-ce ma parano ou est-ce le gars qui était traqué ? Je n’aurai jamais la réponse et quelque part, ce n’est pas plus mal.

Le client, un richissime investisseur dans l’immobilier, au teint orangé ayant très clairement abusé d’une quelconque crème auto-bronzante, m’accueille en personne dans un costume fait sur mesure. Je porte moi-même une création d’un japonais que j’affectionne particulièrement. Tailleur sombre sur un chemisier fantaisiste aux couleurs vives, apportant un peu de gaité dans ma tenue. Comme toujours, je suis juchée sur des talons vertigineux que je maîtrise à la perfection. Il me flatte dès la première minute mais n’a aucun geste ou parole déplacé. La réunion se passe à merveille et Stephen qui nous a rejoint un peu plus tard, parvient à faire signer un très beau contrat. S’ensuit un déjeuner dans un excellent restaurant où le chef est français. Lors de son traditionnel passage auprès de la clientèle, j’échange quelques mots dans ma langue maternelle, me valant un fabuleux moelleux au chocolat, comme si nous étions au cœur de Paris. L’après-midi est consacré aux projets et aux choix des matériaux, aux tableaux et à diverses décorations.

Lorsque je quitte le building, la journée est encore jeune, me confortant dans l’idée de prendre des petites routes. Certes le trajet va s’allonger largement mais qu’importe. Personne ne m’attend. Je quitte Stephen sur le parking pour remonter dans ma voiture où je troque mes escarpins contre des basquets nettement plus confortables pour conduire. Le cœur léger, ravie de cette belle négociation et des futurs projets. L’itinéraire est entré sur mon GPS, évitant tous les grands axes et surtout l’autoroute. Et si je me perds sur les chemins vicinaux, je trouverai bien un motel pour passer la nuit.

Le départ de Lake Charles n’est pas terrible. Des faubourgs accompagnés de leurs traditionnelles zones industrielles mais qui laissent vite place à la campagne. Un rayon de soleil se faufile même à travers les branches vides de feuillages et vient réchauffer l’habitacle. L’autoradio crache ses différents tubes du moment et je me surprends même à fredonner quelques airs. La région est vraiment magnifique et je me promets d’y revenir au printemps. Une enseigne indique un café près d’un lac, avec vue sur les alligators. Sans vraiment réfléchir, je m’engouffre sur le petit chemin de terre et tombe sur une cabane en bois, typique du bayou. Le panneau signale que l’établissement est ouvert. Un sourire accroché aux lèvres, je me prends le temps de consommer une limonade maison en observant l’étang qui dort en contre-bas. C’est charmant et bien loin des palaces que je fréquente habituellement.

Une heure plus tard, je reprends la route en direction de Shreveport. Le jour commence à décliner, assombrissant le paysage, contrariant ma découverte de l’Etat. Je n’aurais pas dû traîner dans le bistrot, mais la tenancière était bien sympathique et avait la langue bien pendue. Il doit me rester environ une heure trente avant d’atteindre ma maison. La nuit est tombée et la forêt borde toujours l’asphalte lorsqu’une envie plus que pressante me fait grimacer. La limonade était délicieuse, deux grandes chopes étaient peut-être un peu trop pour ma vessie.

J’ai beau me focaliser sur la route, rien n’y fait, il va falloir que je me m’arrête pour me soulager. Je scrute le GPS qui, malheureusement, me montre qu’une énorme étendue de forêt, pas la moindre station-service ou autre chose qui pourrait m’offrir des commodités. Même la radio commence à avoir des ratés, étant trop loin de tout. Ne tenant plus, je trouve un minuscule chemin, certainement oublié par l’humanité au vu de la végétation ambiante et arrête rapidement la voiture. Clés en main, je sors précipitamment de la mini, m’éloigne de quelques mètres et me soulage, le dos appuyé contre un arbre. J’ai honte, mais je ne pouvais absolument plus attendre au risque de me faire dessus, ce qui aurait été encore plus gênant.

En me redressant, je sursaute en entendant les bruits que la nature m’offre. Le moteur et les phares sont éteints, permettant à la faune de s’exprimer librement. J’ai l’impression que le son de mes pas est assourdissant. Immobile, à une vingtaine de mètre de la voiture, j’écoute. La Vie palpite. Lorsque j’élève mon regard, je vois la lune ronde et lumineuse, étalant ses rayons argentés sur mon sentier. Un glapissement, suivi d’une plainte et d’un grognement me glace le sang. Quelque chose souffre dans les sous-bois.

Me mordant les lèvres, j’hésite, la peur rythmant les battements de mon cœur. Malgré l’angoisse montant, je suis incapable de partir sans savoir ce qui se passe. Revenant rapidement à la voiture, je prends mon téléphone, grimace devant les 38% restant à ma batterie et verrouille la portière. Nerveuse de ce que je pourrai trouver, je m’enfonce dans la forêt, essayant, inutilement, de prendre des repères même si j’ai mis un point sur mon téléphone pour retrouver, éventuellement, mon chemin.

Je me laisse guider par les sons et me rapproche rapidement, utilisant le moins possible, la lampe de mon smartphone, la lune offrant suffisamment de clarté. Puis je vois. Stupéfaite, j’observe en restant cachée derrière un tronc mousseux. Je ne m’attendais pas à voir ça et je suis outrée que ce genre de pièges puisse être encore utilisé contre des animaux.

Une masse, gigotante, énorme est prisonnière de mâchoires en acier, une patte, aussi épaisse qu'un tronc, n’a aucune chance de s’extraire de là. Qu'est-ce que c'est ? Effrayée, le souffle court, je me mors les lèvres mais la curiosité écrase la crainte. Mes sentiments étant plus forts que la prudence, je dévoile ma présence et m’approche doucement à demi courbée, en parlant à l’animal, restant largement hors de portée de la bestiole. Le faisceau illumine de la fourrure qui, à première vue, ne s'arrête jamais. La respiration est forte et haletante, la souffrance est audible et me transperce le coeur. Oui, ce que j'ai face à moi ressemble vaguement à un canidé, version XXL et je commence à comprendre ce que ça pourrait être. Mon palpitant bat la chamade, la forêt entière doit savoir que je suis là. Et pourtant, malgré l'effroi que me procure cette vision, je fais un pas en avant, tout en restant largement hors de portée de cette gueule écumante remplie de crocs acérés qui serait capable de broyer ma cuisse en une seule bouchée. Les mains moites, les muscles tendus au maximum, je tente de prendre contact. Ma voix ressemble presque à un chuchotement, ne voulant en aucun cas effrayer la bête.

- Hey… Tu t’es mis dans une sale situation, ma cocotte…

Usant de gestes lents, je m’accroupis à quelques mètres de la prisonnière malgré la peur intense que je ressens. J'ai connu des garous mais jamais sous leur forme animale. Papa m'a montré des gravures et ce que j'ai sous les yeux est incontestablement un canidé. Loup, chien ? Je ne suis pas sûre et surtout je connais la dangerosité de la créature.

- Bouge pas, ma Belle, je vais trouver une solution pour te sortir de là. Par contre, va falloir que tu me promettes de ne pas me mordre. J’y suis pour rien, je veux juste t’aider. Allez, calme toi… Oui, je sais, ça doit faire très mal.

A genoux dans les feuilles mortes, je laisse le temps à l’animal de se faire à ma présence, tout en réfléchissant comment libérer la louve géante. Eh oui, j’ai décidé que c’est une femelle, sans avoir la moindre certitude. Je suis terrorisée mais la fascination chasse quelque peu la prudence. Toutefois, hors de question que je m'approche plus, il va falloir user de toute ma réflexion pour parvenir à libérer la captive avant que les chasseurs vérifient leurs prises. Je sais ce que provoque la morsure et les conséquences que cela entraînent.

- T'es quand même une très très grosse boule de poil et je te cache pas que tu me fiches la trouille. Mais je ne peux pas te laisser comme ça. Va falloir qu'on active nos neurones. Je soupire tout en mordillant mon pouce. Tu m'entends ? Tu me comprends ?

Je lève les yeux vers la sphère argentée. Pleine et ronde. J'essaye de me remémorer ce que ce garou m'avait raconté, ce qu'il avait essayé de partager avec moi, cherchant à me convaincre de rejoindre sa meute. Lâcher la bête, lui permettre de vivre sa liberté tout en gardant le contrôle. Ca va être compliqué.


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Aodh Moore
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Jeu 9 Nov - 18:39 (#)

Le poison s’insinuait avec violence dans mes veines, remontant peu à peu le long de ma patte prise au piège. Des couinements plaintifs m’échappaient encore par moment, entre deux grognements frustrés. Je me tus pourtant subitement, quand des sons dissonants me parvinrent. Des pas humains. Il se rapprochaient même.

La colère se disputa bientôt à la peur. Serait-ce mes ravisseurs venus achevés le travail ? Des grondements hostiles filtrèrent, babines retroussées. Je râclai de mes pattes griffues la terre, me débattant à nouveau avec d’autant plus de force. Je devais tout tenter. Fuir ou attaquer ? Peu importait, au fond. Il fallait avant tout que je dégage ma patte de ses crocs de métal. Je m’acharnai sur le mécanisme, jusqu’à ce qu’un flash lumineux me parvienne entre deux arbres. Je me figeai, dans l’expectative. Les crocs dévoilés à la faveur de la lune, le grondement que j’émis fit comprendre à l’intrus que son manège pouvait cesser. Son odeur me parvenait jusqu’ici, trahissant sa présence.

Mes grondements cessèrent pourtant, sous le coup de la surprise, à voir cette silhouette fragile et chétive s’extraire craintivement de derrière le tronc d’arbre. Elle paraissait encore plus petite, à demi-courbée. Ça ne m’empêcha pas de reculer un peu, les oreilles plaquées dans mon pelage gris, le poil hérissé. J’avais encore un doute sur ses intentions réelles et n’était pas vraiment prêt à la laisser approcher. Elle avait étrangement aussi peur que moi. Je pouvais entendre sa respiration s’affoler, l’odeur de sa sueur se faire davantage sentir…

Nous nous fixâmes un moment, dans l’expectative. Quand elle prit enfin la parole, c’était dans un chuchotement doux qui me rappelait le chant d’un oiseau. Je ne la quittai pas du regard, alors qu’elle s’accroupit à bonne distance de moi. Un grondement d’avertissement l’informa de ne pas approcher plus prêt, même si elle ne semblait pas représenter le danger que j’attendais. Je me laissais retomber au sol, les membres tremblants, la fatigue prélevant un lourd tribut sur moi. Je ne comprenais pas un traître mot de ce qu’elle cherchait à me dire, quand elle se remit à parler. Mes oreilles s’agitèrent un peu, pour suivre le débit de sa voix. Elle cherchait à se montrer rassurante, de toute évidence.

Mais il fallait plus d’une heure d’attente insupportable pour que mes grondements d’avertissement se changent de nouveau en gémissements plaintifs. J’avais fini par tolérer sa présence, traquant uniquement d’autres sons dans la forêt, qui pourraient trahir la présence d’autres humains plus hostiles. J’étais surpris. D’habitude les humains prenaient peur et fuyaient, quand ils ne cherchaient pas à me tuer. Pourquoi était-elle encore là ?

Le ton interrogatif qu’elle employa me força à tourner la tête à nouveau dans sa direction, la fixant de mes pupilles dorées. Elle me parlait. Elle essayait d’établir un contact. Je poussai un soupir aussi frustré que las. Je roulai un peu sur le côté, avant de me décider à ronger à nouveau le piège de métal, tirant un peu sur ma patte blessée pour tenter de l’extraire. Les chairs se déchirèrent encore plus douloureusement, me forçant à arrêter de nouveau. Je me couchai sur le côté, haletant, le poil constellé de sueur.
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Jeu 7 Déc - 17:40 (#)

Participant 1

"La solitude est un poison - Aodh - Blanche."




Le poil gris de la louve scintille sous les rayons argentés de ce satané satellite, courant autour de notre planète. Je l’observe, fascinée par l’immensité de la bestiole. Sa mâchoire puissante, ses babines retroussées sur cette dentition acérée, le pelage hérissé, tout dans l’attitude de la bête est menaçant et je ne peux le nier, je suis terrorisée. Toutefois, je ne peux pas laisser l’animal ainsi, c’est plus fort que moi. Sa souffrance suinte par tous les pores de sa peau. Je pourrai attendre que le jour pointe le bout de son nez, puis la délivrer sans peine. Mais le risque que la personne qui a posé le piège vienne le relever avant l’aube est également à prendre en compte.

Je me repositionne plus confortablement prenant assise dans les feuilles morte, callant mon dos contre une vieille souche, pleurant intérieurement pour mes vêtements salis, j’essaye de réfléchir à cette situation scabreuse. Il y a forcément une solution, sauf que je ne la possède pas. La bête grogne et montre les crocs, elle est nerveuse, elle a mal. Mon cœur saigne pour elle, j’aimerai tellement pouvoir intervenir, la libérer mais je connais que trop bien le résultat d’une éventuelle tentative. Sa morsure me condamnerait à l’accompagner dans son calvaire tous les mois et ça, c’est dans le meilleur des cas.

Les minutes fuient et la louve semble, petit à petit, s’habituer à ma présence, même si elle continue à donner de la voix. Avec précaution, je décolle mon dos du bois mort qui me soutien et gagne un centimètre. Doucement, millimètre par millimètre, je me rapproche, prenant garde à rester hors d’atteinte. Ma voix, douce, proche d’un chuchotement, caresse la brise.

- Hey ma belle, écoute-moi. N’aie pas peur. Ça me va bien de dire cela alors que je suis transie par la terreur, mais j’essaye de donner à mon timbre un peu d’assurance, restant toutefois dans le murmure. Je ne suis pas là pour te faire du mal. Au contraire, je veux t’aider même si je ne sais pas bien comment faire pour venir plus près de toi.

Sa grosse tête s’élève vers moi, ses yeux dorés, magnifiques, se posent sur moi, me faisant sentir minuscule. Nos regards se croisent, durant un instant, avant que j’incline lentement ma nuque, abaissant mon visage vers le sol, en signe de rédemption. Je veux lui prouver qu’elle est le maître du jeu, que je ne suis pas là pour la défier, au contraire.

Mes fesses raclent contre les feuilles, je m’approche, encore et encore. La peur que j’éprouve me fait oublier le froid de la nuit, de ce petit vent qui agite parfois les branches au-dessus de nos têtes, engendrant des craquements sinistres. Les battements de mon cœur ne trouvent pas de repos et continuent de tambouriner contre ma cage thoracique.

- Me comprends-tu ? Calme-toi, ma Belle, s’il te plaît. Non ! Ne tire pas sur ta patte, tu vas te faire plus de mal qu’autre chose. Je sais que ce sont des humains qui t’ont fait ça, mais tu sais, on n’est pas tous des méchants.

Elle s’écroule sur le flanc, m’arrachant une inspiration profonde voguant entre l’épouvante du brusque mouvement et l’empathie de la souffrance.

- Tu vois, faut pas faire ça, je te l’avais dit. J’essaye de donner à ma voix un peu d’assurance alors qu’elle chevrote terriblement. Allez, je viens encore un peu plus près, évite de me bouffer et tu seras libre.

Je suis proche, vraiment proche, même si je pense qu'elle ne peut m'atteindre, je reste sur le qui-vive, prête à bondir pour m'éloigner. Sa patte saigne abondamment, je peux voir l'os par l'ouverture béante de la blessure. Les chairs sont déchirées, dévoilant les tendons et les muscles. Je réfute difficilement un haut le coeur en plaçant ma main devant ma bouche. Je vais éviter de lui vomir dessus.

Immobile, j’attends encore un peu, osant à peine respirer. C’est le moment où le vent décide de jouer avec quelques feuilles mortes. Je perds du terrain, reculant en vitesse. Je me dégonfle et couine lamentablement.

- Pardonne-moi, je t’en prie. J’aimerai pouvoir t’aider, ma Belle mais je ne sais pas comment faire sans que tu me bouffes les mains. Je ne sais même pas si tu comprends ce que je te dis.

J’inspire profondément en passant mes mains sales dans mes cheveux, mon visage affrontant les étoiles. Le fond de la toile céleste n’est plus aussi sombre, l’aube repousse les frimas de la nuit, mais cela va prendre encore pas mal de temps et je ne sais pas si nous en possédons.

- Bon… Ecoute moi bien ma Cocotte, tu as cinq secondes pour me dire… heu… me montrer que tu ne veux pas de mon aide. Passé ce délai, je vais venir te délivrer. Adviendra que pourra. Je t’écoute !

L’inconscience repousse la peur, mon corps bascule vers l’avant, afin de reprendre mon avancée à quatre pattes.

- Ok, on y est… Que dis-tu ?


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Dim 10 Déc - 13:36 (#)

La voix de l’humaine s’éleva de nouveau dans la nuit. Je tendis une oreille dans sa direction, sans comprendre un traître mot de ce qu’elle pouvait me chuchoter. Mais le ton qu’elle employait était bien assez suffisant. Doux et calme, il y avait tout de même une pointe de peur qui la trahissait un peu. Je rivai mon regard doré sur elle, mais l’humaine faisait en sorte de ne pas le croiser ni le maintenir. Alors mes grognements de mise en garde se raréfièrent un peu. Je ne la détectais pas comme étant une menace pour moi.

Je me laissais retomber sur le côté, la respiration difficile. Le poison m’empêchait de réfléchir calmement. Mes dernières forces avaient été prélevées dans une tentative inespérée d’extraire ma patte de ce piège de métal. Je relevai la tête, au début, quand l’humaine se rapprochait un peu en faisant bien trop de bruit pour paraître discrète. Mais j’avais fini par ne plus le faire, en trop piteux état pour me battre encore.

Elle cherchait visiblement à me mettre en garde, mais je n’avais aucunement l’envie de l’écouter. Un gémissement long et plaintif filtra entre mes crocs pour seule réponse. Il se fit un peu plus puissant, alors qu’elle se rapprochait encore de moi. J’aurais peut-être pu l’atteindre maintenant, mais je me contentais d’un grognement bas, les oreilles plaquées dans mon pelage gris. Elle n’arrêtait pas de parler, de cette voix douce et calme. Je finis par arrêter, pour tendre les deux oreilles en avant vers elle. Je restais dans l’expectative, sans bien savoir ce qu’elle me voulait exactement. Venait-elle finir le travail ? Elle ne se serait pas donnée autant de peine pour m’approcher. Et elle paraissait si inoffensive… cette humaine n’avait décidément rien à voir avec celui qui hantait mon esprit, ou même ceux qu’il m’arrivait de chasser. Elle n’avait pas aussi peur qu’eux. Et surtout, elle ne cherchait pas à me faire du mal comme eux.

Le ton de sa voix s’était fait plus résolu. Mon regard doré s’éleva au-dessus de la cime des arbres brièvement. Un nouveau gémissement plaintif m’échappa, en songeant que ma liberté ne serait sans doute plus que de courte durée avant le retour de l’humain… si seulement je survivais à cette nuit. J’étais moite de sueur et accablée de fatigue. Ce ne serait peut-être pas si mal de simplement m’endormir…

J’avais fermé les yeux sans m’en rendre compte. Je les rouvris subitement pour me rendre compte que l’humaine s’était encore rapprochée. Désormais, elle pouvait presque me toucher. Je grondai un peu encore, en signe d’avertissement, pourtant sans bouger. A quatre pattes comme elle l’était, la femme ressemblait presque à un curieux animal, pataud et mal proportionné. J’ouvris des grands yeux ronds à entendre l’éclat métallique de la chaîne. Je ne la quittai plus du regard, maintenant qu’elle s’était approchée des crocs de métal. Je ne savais pas vraiment à quoi m’attendre. J’avais subitement peur. Mais si ce petit animal étrange était ma seule chance de survie ?
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Mar 6 Fév - 16:20 (#)

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Le souffle court, le cœur battant tous les records, prêt à imploser, je tends ma main avec une lenteur calculée. J’ai l’impression que le son de mes organes est démesuré, qu’il surpasse le bruissement des feuilles, que la forêt entière entend le tambourinement cardiaque de mon palpitant. Mes doigts tremblent, je retiens mon souffle, respire par saccade. Elle grogne. Me donne t'elle son approbation ou au contraire, est-ce un avertissement. Je n'en sais rien et ne veux le savoir. Enfin, mon index ressent le métal froid tandis que mon regard est braqué sur l’énorme bestiole. Ma silhouette disparaît dans l’ombre massive de la boule de poil. A présent, je suis à sa portée, il suffit qu’elle se redresse pour refermer sa gueule sur mon avant-bras, il n’en restera pas grand-chose.

Il est encore temps de faire marche arrière, de partir en tournant le dos à la louve, le jour va bientôt se lever, elle pourra reprendre forme humaine et se libérer elle-même. Sauf que les sentiments s’en mêlent, prenant le dessus sur la prudence et sur le raisonnement. Qui pourrait laisser souffrir volontairement un animal ? Elle est affaiblie, son souffle est lourd, son poil semble désordonné et elle paraît accablée par la douleur et la fatigue. Un garou est rarement transi par l’épuisement, hormis s’il est en contact avec de l’argent ou d’autres substances qui lui sont néfastes.

Soudain, je comprends et un sentiment d’urgence m’étreint. Au diable l’hésitation ! Tant pis pour mon pull Khaite, la vie de la bestiole est plus importante. Remontant les manches sur mes mains, afin de protéger mes phalanges des griffes argentées, je me positionne perpendiculairement au piège. Plaçant mes doigts d’un côté pour tirer, je pose mes talons sur l’autre partie et pousse de toutes mes forces. Quelques exclamations d’effort emplissent la forêt avant que les dents mortelles cèdent sous la pression. La patte est libre, je coince la semelle de ma chaussure proche du mécanisme pour l’empêcher de se refermer, saisis le membre blessé de l’animal, le maintenant hors du piège et relâche mon effort, retirant mon pied. Un claquement sec ébranle le la forêt lorsque les serres se referment sur le vide.

Patte en main, mon regard affolé croise l’ambre chaude de la bestiole. Avec toute la délicatesse que je dispose, je repose le membre déchiqueté et cherche à reculer. Je suis stoppée nette dans ma tentative d’évasion par ce maudit piège qui a emprisonné l’extrémité de ma veste. Un couinement minable s’échappe de mes lèvres alors que je tire sur mon vêtement comme une désespérée. Le bon sens aurait voulu que je m’en débarrasse simplement mais mon cerveau refuse le bon fonctionnement des synapses. Le tissu se déchire brusquement et je me retrouve à plat dos, mes talons éparpillant les feuilles, creusant la terre, sans grand succès de déplacement. Je me redresse sur un coude, ma poitrine en feu due à une respiration haletante.

- Tu es libre… tu es libre…

Ma voix est étranglée dans une trachée comprimée par la peur, l’air siffle dans mes bronches, qui parvient à peine à former les mots que j’aurai voulu distincts. Je ramène mes jambes contre mon torse, adoptant une position fœtale, craignant une attaque imminente. Courir ne servirait à rien, même blessée, la louve serait bien plus rapide que moi, autant affronter mon sort funeste frontalement.

Toujours en boule, je me redresse d’une main, l’autre emprisonnant mes tibias, je dépose mon menton contre mes genoux, déléguant un regard à la masse poilue qui semble enfler à vue d’œil. Je me mords les lèvres afin de m’empêcher de crier, tandis que mes doigts se serrent de plus en plus autour de mes propres membres. Je suis incapable d’abaisser mes paupières, le besoin impérial de voir ce qui se passe me vrille la conscience. A travers l’effroi, ma voix, proche de l’inaudible, se fraie un chemin.

- Je t’ai libérée, je ne te veux aucun mal.


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Mar 13 Fév - 15:28 (#)

Mes oreilles pointées dans sa direction, je ne la lâchais plus des yeux. Ce petit brin de femme venait d’attraper à pleines mains le piège de métal sans ressentir la moindre brûlure. Elle n’était définitivement pas de mon espèce. Elle paraissait pourtant si faible, si fragile… mais en cet instant, elle faisait preuve d’une force dont j’étais complètement privé. Libérer mon membre meurtri de ce piège de métal lui demanda pourtant un effort certain, avec ses petites pattes mal proportionnées et dépourvues de muscles saillants.

Dès que l’écart fut suffisant, je tirai un bon coup, dans un ultime effort, pour dégager ma patte blessée. Je me relevai d’un bond pour m’écarter précipitamment du piège humain, sans être pour autant capable de m’appuyer sur mon quatrième membre. Trois suffisait en réalité pour me précipiter sur la petite chose fragile, dans un grondement fort et audible. Un couinement minable lui échappa, avant qu’elle ne se renverse en arrière, tirant d’un coup sec sur son vêtement qui l’avait empêché de mieux fuir. Tous ces artifices que les humains utilisaient pour se couvrir n’étaient que des handicaps à mon sens. Aujourd’hui encore, la preuve en était. Mais où aurait-elle pu fuir ? Même avec ma patte blessée, je n’aurais eu aucun mal à la rattraper. Et elle devait le savoir, car la petite chose fragile se recroquevilla sur elle-même.

« Tu es libre… tu es libre… »

La menace de mes grondements se tue peu à peu. Mes oreilles plaquées dans mon pelage gris, pour me donner un air plus intimidant encore, se lèvent doucement sous le signe d’une réelle curiosité. Je comprenais le sens de ses paroles, en fouillant dans ma conscience humaine. Elle était venue… m’aider ? Je la reniflai longuement, avec une certaine méfiance. Il y avait une odeur sur elle qui ne me revenait pas, mais c’était bien une humaine. Et les humains cherchaient toujours à me tuer ou me soumettre. Je les détestais. Jamais aucun ne m’avait promis la liberté, encore moins celui qui constituait ma prison de chair.

Un coup de croc aurait suffi à abréger son existence. Elle n’aurait été ni la première, ni la dernière… mais elle ne cherchait ni à me fuir, ni à m’attaquer. Elle ne se positionnait ni en proie, ni en prédateur. C’était pour le moins déconcertant pour moi. Je décidais de la laisser tranquille, puisqu’elle ne représentait pas une menace directe. Je m’écartai un peu d’elle pour plutôt me soucier de ma patte blessée. Un couinement m’échappa à en voir l’état. Je ne marchai que sur quelques mètres avant de m’effondrer de nouveau de fatigue. Il fallait que je m’en aille d’ici. Cette forêt n’avait rien du refuge tranquille que j’espérais.

Je levai le museau vers la cime des arbres, en sentant une douce lumière tenter de percer à travers. Le jour commençait déjà à se lever, je serais bientôt forcé de rendre la main à l’humain, maintenant que le poison se dissipait peu à peu. Une certaine frustration s’empara de moi quand je fermai les paupières, m’effondrant finalement au sol pour retrouver forme humaine après quelques temps, recroquevillé sur moi-même.
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Ven 23 Fév - 16:47 (#)

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Formant une masse compacte de chair humaine, je suis consciente que je facilite grandement un éventuel repas pour l'imposant prédateur qui se tient devant moi. Mais la terreur qui me hante est tellement puissante qu’elle me paralyse totalement. Et malgré l’effroi, malgré le danger terrible qui plane sur mon existence, je garde mon regard rivé sur l’énorme bête.

Les grondements sourds s’amplifient accompagnés de mes battements de cœur qui, dans mon imagination, emplissent la clairière. L’attitude de la louve est hostile, mais ne serait-ce pas plutôt une tentative d’intimidation ou est-ce une réelle menace ? A-t-elle compris mon geste, a-t-elle réalisé que je l’ai libérée, voir sauvée ? Les oreilles se redressent, imprimant à son attitude plus de la curiosité que ce côté vindicatif qu’elle m’avait témoigné jusque-là. Puis, le désintérêt s'installe.

La blessure brille d’un éclat noirâtre sous les rayons fatigué de la lune. La bête s’éloigne, me permettant de respirer un peu plus librement. J’en suis presque déçue, ce n’est qu’un animal, il ne va pas éprouver de la gratitude à mon égard alors que mes semblables ont posé ces satanés pièges. Un jappement plaintif est émis, me brisant le cœur. Je ne peux pas me permettre d’approcher, la faune sauvage blessée tolèrent que difficilement l’homme.

La garou vacille aux premières lueurs d’un jour nouveau pointant le bout de son nez. Je me redresse lentement, restant vigilante à ses mouvements. A l’aide de gestes extrêmement prudents, je quitte ma position pour une verticalité hésitante. Des sons étranges, d’os brisés, d’organes gargouillant pour retrouver leur forme originale emplis l’espace, provoquant un haut le cœur. Mon estomac s’accroche tant bien que mal pour ne pas régurgiter son contenu. J’inspire et expire profondément, chassant la nausée que les bruits ont fait naître.

Stupéfaite, j’assiste à la métamorphose. Je connaissais la théorie, mais je n’ai jamais assisté à la transformation. J’en oublie toute pudeur et observe avec fascination le changement qui s’opère sous mes yeux. C’est incroyable et j’imagine, avec une grimace, la douleur que doit subir la créature à chaque pleine lune. Une pensée s’échappe vers Jolan, mon frère, qui a embrassé cette voix, sous la forme d’un rat.

Quelques pas de plus sont effectués, me rapprochant, un peu plus, du corps qui termine son opération. L’obscurité, encore présente, couve la femme-bête, préservant jalousement son anatomie. Elle n’est plus un danger pour moi et par respect, je retire ma veste, prête à la couvrir pour son éveil. Quelques mètres de plus, les contours se font plus distincts. Les hanches ne sont pas aussi larges qu’imaginées. Mon front se plisse devant la plastique. Mes pupilles glissent inévitablement plus bas et je comprends, un peu tardivement, qu’il s’agit d’un homme. Un rire rapide, idiot et nerveux, s’échappe de mes lèvres que je mordille, gênée de cette situation.

Qu’importe, ce n’est pas la première fois que je vois la nudité, mais je m’en veux d’avoir genré l’animal au gré de mes envies. A l’aide de gestes doux, je dépose délicatement ma veste au niveau de ses fesses, espérant ne pas commettre un nouvel impair.

Contournant le corps fatigué, je viens prendre place dans les feuilles mortes. La peur m’a totalement quittée. L’aube prend ses droits, dévoilant les traits du visage de l’inconnu. Son physique est agréable, tout comme le reste de son anatomie que j’ai le temps de contempler. Je ne vais pas l’abandonner maintenant, après avoir bravé sa forme lupine. Sa cheville est en vrac, si je peux lui être d’une quelconque aide, je le ferai.

Ses muscles trésaillent, ses pupilles s’agitent derrière ses paupières, l’éveil est proche. Je ramasse mes jambes que j'emprisonne entre mes bras, cherchant à me faire discrète et penche légèrement la tête sur le côté, imprimant à mon faciès, un léger sourire. Je n’ai aucune idée si les souvenirs du loup se mélangent à son humanité.

L’appréhension me gagne. Que va-t-il penser de mon intrusion, de ma présence. D’avoir assister à sa transformation. Oui, j’ai regardé, je ne peux le nier et je n’ai aucune excuse pour ce manque de pudeur. Aucun intérêt scientifique, juste de la curiosité mal placée. Je m’en veux, j’en ai presque honte mais je sais pertinemment que si c'était à refaire, je ne changerai rien et assisterai à cette fabuleuse métamorphose avec autant de fascination.

J’humidifie mes lèvres nerveusement, mon regard perdu dans mes propres pensées. Lorsque je reviens à lui, des billes, aussi noires que des onyx me fixent, faisant manquer quelques battements à mon cœur. Je hoche la tête en guise de salutations et ressers, un peu, mes bras autour de mes jambes. Un murmure timide, à peine plus fort que le bruissement de la nature, s’offre à lui.

- Bonjour.



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Sam 9 Mar - 15:47 (#)

Comme après chaque transformation, surtout non-désirée, je me sentais à fleur de peau au réveil. Le tissu qui avait été jeté plus tôt sur moi agressait mon épiderme, mais son contact étranger n’était rien comparé à la brûlure cuisante que je ressentais à ma jambe droite. Elle m’arracha bien vite aux brumes de l’inconscience, dans un râle de souffrance surpris. Je n’aperçus pas immédiatement la femme à mes côtés, lançant un regard alarmé vers la source de ma douleur. Je sentais encore le poison distillé dans mes veines qui me faisait un mal de chien. Ma respiration s’emballa en entrevoyant la chair déchirée en profondeur au niveau de ma cheville. Horrifié, je constatai que la blessure ne guérissait pas. Dans ces conditions, c’était difficile de réfléchir posément. « Ma jambe… » Lâchai-je, entre mes dents serrées. Je l’attrapai à deux mains, me recroquevillant un peu plus. J’avais sûrement vu bien pire durant mes chasses, mais rarement sur moi. Est-ce que j’allais seulement pouvoir remarcher ? Une peur viscérale et humaine s’emparait de moi, qui était incapable de prendre en considération les capacités conférées par ma nouvelle nature.

« Putain de Bête… » Lâchai-je avec hargne. Ce ne serait sans doute pas arrivé si elle n’avait pas pris le contrôle. Que s’était-il passé exactement pour que je me retrouve nu, en plein milieu des bois, avec une plaie de cette ampleur ? Pas complètement nu, d’ailleurs… Je réalisais avec un temps de retard que je n’étais plus seul, posant mon regard sombre sur la frêle silhouette à mes côtés. C’était certainement sa veste qui recouvrait en partie mon anatomie. Est-ce que c’était une louve-garou ? Ou toute autre créature surnaturelle ? Comment avait-elle fait pour se tenir auprès de la Bête sans que celle-ci ne la massacre ? Elle n’était visiblement pas blessée. Les rôles étaient curieusement inversés. D’habitude, à chaque réveil, quelqu’un en subissait les frais… mais c’était rarement moi. « C’est toi qui m’as fait ça ? » Je levai le regard vers la cime des arbres pour constater que le jour s’était levé, salutaire. Je n’aperçus qu’avec un temps de retard les crocs métalliques visibles plus loin. Les morceaux du puzzle s’imbriquaient à retardement dans mon cerveau qui peinait face à la douleur lancinante. Un piège… un piège à chasseurs. Est-ce que les Shepherds m’avaient retrouvé ? Est-ce que nous étions seuls ?

Mon regard se promena à la ronde, alarmé. J’avais ce besoin idiot de tenter de me redresser, très certainement pour fuir… mais juste m’appuyer sur ma jambe blessée m’arracha un râle de douleur terrible, avant de me faire chuter de nouveau dans les feuilles mortes. « Bordel ! » Le piège devait être enduit d’aconit, ce n’était pas possible autrement. Je saluerai l’astuce du chasseur plus tard. Dans l’immédiat, j’étais bien dans la merde. « S’il te plaît… aide moi. » Soufflai-je, en désespoir de cause. Mon visage était crispé par la douleur. Peut-être qu’elle était restée simplement pour s’assurer que je n’en réchappe pas, ou pour tout autre dessein… mais peu importait. Actuellement, elle était la seule personne capable de me venir en aide.
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Dim 17 Mar - 17:42 (#)

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Des mots, lancés avec hargne, perturbent la quiétude de l’aube. Sa jambe est vraiment dans un sale état. D’après mes maigres connaissances sur les garous, une régénérescence devrait débuter. Un gars s’était intentionnellement tailladé la main, devant moi, pour me prouver ses dires, même si je ne les mettais pas en doute. C’était rapide et terriblement efficace. Pourtant là, rien ne se produit. Pourquoi ?

Je ne bouge pas, inquiète pour lui et craignant sa réaction devant mon flagrant voyeurisme. Sa colère se dirige contre sa Bête, sans que je n’en connaisse les raisons. De mon point de vue, le don qu’il possède est fabuleux, d’autant plus que j’ai pu voir l'animal fantastique qu'il est. Les gens que j’ai connu, étaient tous en parfait accord avec leur Autre, fiers et heureux de leur condition.

Le silence est respecté, il n’y a que les branches qui secouent leurs feuilles, portées par la brise matinale. Je frissonne mais garde le silence, n’étant même pas sûre qu’il m’ait vue. Il semble réfléchir à la situation, me donnant des indices sur les souvenirs que l’humain garde de sa nuit. A défaut d’être surpris, une question simple m’est adressée. Le timbre n’est ni agressif, ni bienveillant. Visiblement, il n’a pas encore compris. Hâtivement, je secoue la tête négativement sans piper mot. Je le laisse émerger, prête à détaller s’il montre la moindre hostilité. Avec sa jambe, jamais il ne parviendra à me rattraper. Supposition hasardeuse, tant que la régénération ne s’opère pas.

- Il n’y a personne, ne t’inquiète pas, que moi.

Ma voix est calme et sereine, cherchant à apaiser l’homme qui commence à s’agiter, se lève et retombe, induisant une grimace compatissante envers lui. Mon aide est sollicité à mon grand soulagement. Je vais enfin pouvoir agir pour ne plus penser, évacuer la peur qui me tenaille. Je n’osai me mouvoir, ne sachant s’il allait mal le prendre ou pas.

Vive, je me relève et m’agenouille à ses côtés après avoir ramassé ma veste qui a glissé. Je me fous de sa nudité, la seule chose que je souhaite, c’est apaiser sa souffrance.

- Je vais t’aider, dis-moi, guide-moi ce que je peux faire. Pourquoi ta blessure ne se referme t’elle pas ?

J’examine sa plaie qui est vraiment hideuse. Est-ce qu’une attelle pourrait le soulager, pourra t’il marcher jusqu’à la voiture ? Les berges déchiquetées de la morsure du piège sont béantes, je peux voir l’os qui semble intact, mais je ne suis pas médecin, loin de là. Et cela saigne, abondamment.

Sans le moindre scrupule, je déchire un morceau de mon chemisier afin d’en faire un bandage serré, malgré les protestations de l’homme. Le tissu s’imbibe rapidement de son sang mais le flux semble se tarir. J’essuie mes paumes sur mon jeans qui est déjà en piteux état et reporte mon attention sur son visage.

- Désolée. J’ai une voiture, un peu plus loin, près de la route.

En fait, je n’ai aucune idée où est le chemin dans lequel j’ai garé la mini. Sortant mon téléphone, je me félicite d’avoir mis un repère sur la carte. Debout, tournant sur moi-même, le nez coller sur l’écran, j’attends de voir le point bleu salvateur sur le plan. Lorsqu'il apparaît, c'est presque un cri de joie qui s'échappe de mes lèvres.

- Là, dans cette direction !

Je sais que nous ne sommes pas loin, à vol d’oiseau, mon gps m’indique 500 mètres, mais avec toute cette végétation, impossible de m’orienter, sans oublier que cet art en pleine nature, ne fait pas vraiment partie de mes qualités. J’ai toujours été une bille pour retrouver mon chemin dès que je quitte la ville. Il me reste 25%, ça devrait le faire.

- Appuie-toi sur moi, on y va tout doucement. On s’arrête dès que tu le veux, d’accord ? C’est toi qui donnes le tempo. Au fait, je m’appelle Blanche.

Je l’aide à se lever et passe ma main autour de sa taille nue. Ca fait un peu bizarre, mais qu’importe, d’ici quelques semaines, lorsqu’il sera rétabli, j’espère que nous rirons de l’incongruité de cette situation.



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