Le Deal du moment : -20%
Ecran PC GIGABYTE 28″ LED M28U 4K ( IPS, 1 ms, ...
Voir le deal
399 €

Fin de Partie • Yago

Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Aller en bas 
ADMIN ۰ Dalida - Elle devra choisir entre son amour et sa mort.
Aliénor Bellovaque
Aliénor Bellovaque
ADMIN ۰ Dalida - Elle devra choisir entre son amour et sa mort.
♚ TAKE AWAY THE COLOUR ♚

Fin de Partie • Yago  OGUkIML Fin de Partie • Yago  4q8vfGT Fin de Partie • Yago  RORgjLL

"Eh bien ; la guerre."

En un mot : La Vipère sous la rose.
Qui es-tu ? :
"Don't die with a clean sword."

♚ Caïnite âgée de trois siècles ; Accomplie du bel âge à portée d'ongles carmins.
♚ L'Ambition la ronge, mais laquelle ? ; le vide de nuits interminables la détruit plus sûrement que n'importe quelle balle en argent. L'Ennui pour seul véritable danger.
♚ Gorgone gauloise, sa réputation parle pour elle, surnommée Mère sanglante ou Reine rouge. Nombre d'enfants sont tombés sous ses crocs.
♚ Fille de corsaire, héritière de ses lettres de Marque ; navigua au service de Louis XV dans les eaux des Caraïbes à la tête de l'Espérance, frégate à l'équipage composé de deux centaines d'hommes.
♚ Trahie par un Britannique ; capturée et ramenée de force sur l'île de Mona, torturée , abusée, échappée - mourante (malaria). Transformée par un autre, à l'aube de sa trentaine.
♚ Éprise de coups d'État et féroce opposante à l'Essaim. Antique imperméable à l'ordre. À la tête du clan du Chaos. Danseuse sur le fil acéré de leur rigueur.
♚ Maudite ; aucun enfant n'a pu sortir de son ventre. Aucun Infant n'a pu résister à son vice, transmis tel un fléau. Sire matricide par deux fois. Échec toujours en gestation.
♚ Sang turc dans les veines, manie les us et coutumes perses. Son réseau d'Orient et d'Occident est dessiné comme une arachnide file sa soie.
♚ Incapable d'aimer son époque ; craintive pour l'avenir, répudiant son passé.
♚ Se joue d'une beauté en laquelle seuls les autres croient. Ancienne compagne de Serguey Diatlov, mère de substitution de Yago Mustafaï, protectrice de Mei Long et amante éternelle de Jenaro Silva.
♚ Pie voleuse, elle a dérobé le Clan du Chaos aux mains trop glissantes de Salâh ad-Dîn Amjad, qu'elle compte bien refonder en un ordre sérieux pour s'opposer à la Mascarade ainsi qu'au dictat de l'Essaim en place.

♚ SLAVE TO DEATH ♚

Fin de Partie • Yago  FASlTSW Fin de Partie • Yago  UByGHjO Fin de Partie • Yago  W6JtYIp

"I know where you sleep."

Facultés : ♚ Vicissitude (niveau III)
♚ Mains de la destruction (niveau I)
♚ Chimérie (niveau I)
♚ Stratège. Rapide. Teigneuse.
Thème : Sleep Alone ♚ Bat for Lashes
Fin de Partie • Yago  X13YkvN
♚ CANNIBAL ♚

Fin de Partie • Yago  9KgtXIf Fin de Partie • Yago  7iJSCrv Fin de Partie • Yago  6gla5CK

"Mind if I cut in?"

Fin de Partie • Yago  BFJjZXP


Pseudo : Nero.
Célébrité : Laetitia Casta.
Double compte : Eoghan Underwood, Sanford R. De Castro, Ian C. Calloway & Gautièr Montignac.
Messages : 1631
Date d'inscription : 14/07/2017
Crédits : LUNAR (ava') ; Amiante (signa')
Ven 12 Fév - 6:34 (#)

♛ « Si je ne tue pas ce rat il va mourir. »
« L'infini du vide sera autour de toi, tous les morts de tous les temps ressuscités ne le combleraient pas, tu y seras comme un petit gravier au milieu de la steppe... Oui, un jour tu sauras ce que c'est, tu seras comme moi, sauf que toi tu n'auras personne, parce que tu n'auras eu pitié de personne et qu'il n'y aura plus personne de qui avoir pitié. »

▼▲▼

Juillet 2020.

En l’absence du Maître parti trop longtemps – une fois de plus – une tempête faite d’un sable plus dangereux que celui d’Orient est venue s’abattre sur le motel miteux du North. Le Lucky Star Motel s’apprête à subir un renversement total, un ravalement qui pourrait jusqu’à lui en faire perdre son nom. Mais la vipère à l’origine du déferlement est bien trop conservatrice pour priver l’endroit de son titre bien connu.

Qu’ils sachent, tous.
Qu’ils sachent que les déchues ne craignent plus de se rouler dans la fange dans laquelle on les a jetées.
Qu’ils sachent qu’elle n’a nul besoin de catacombes pour reformer une Cour.
Qu’ils sachent que les lois de la Mascarade n’ont guère à souffrir d’une longévité aussi intense que la leur.
Eux.
Caïnites.

Lois faites pour être renversées.
Révélation chaotique choisie par des pontes qu’elle a refusé.
Elle leur apprendra, elle, quelle est donc la véritable essence du Chaos.

Lentement, elle s’est vengée.

Ire personnelle ou véritable esprit de communauté, elle sait jouer des deux, flatter les bas instincts pour atteindre l’ambition suprême qu’elle espère, en réalité, ne jamais accomplir dans son entier. Que vaudrait de « vivre » encore, sans but magistral à brandir devant une horde d’ennemis horrifiés ?

Ceux de leur race, hostiles, ont suivi leur mentor, sont partis pour la ville, quelques rares sont restés. Tant mieux. Tant pis. Et les absents ont toujours tort. Les mortels de leur côté se sont vus boutés hors du motel. Sur ses ordres. La nuit est encore jeune, lorsqu’Ysian et Orhan la suivent, descendus de l’énième berline volée à un propriétaire inconscient, depuis le Shreveport Regional Airport d’où elle a abandonné Serguey. Il ne sait rien. Préservé, il n’a pas à se voir mêlé aux complots qu’elle fomente dans les méandres de son esprit cabossé. Il ne pourra être condamné qu’en temps qu’amant, et non pas de complice. Elle sauvera sa tête, l’expédiera à l’autre bout du monde s’il le faut, là où Salâh ne pourra jamais le toucher. Elle se changera en chimère monstrueuse, si on lui ôte celui pour lequel son cœur croit encore battre, stimulation illusoire d’une vie qu’elle a trahi depuis trois siècles maintenant. Le parking étroit est rapidement traversé par le trio, dont elle compose le centre, le palpitant. Le calme qui règne encore est une insulte au tumulte qu’il précède. Personne ne pourrait se douter alors, du massacre qui s’apprête à inonder les abords de Shreveport, à peine plus de deux ans après qu’un brasier ait rayé de la carte une demeure vétuste, sectaire QG, scandale rapidement étouffé. D’autres mourront maintenant. Et personne ne pourrait non plus soupçonner ces trois êtres paisibles, dont la démarche n’a rien d’héroïque, rien de terrifique, d’être les auteurs d’un coup d’État radical ; changement de propriétaire, de politique au détriment d’une autre trop famélique.
Orhan demeure le visage fermé, mangé par une barbe noire, aussi sombre que sa chevelure courte de Turc transformé alors qu’on nommait encore ses terres « empire », fils guerrier ottoman. Ses yeux au céruléen dangereux le trahissent, lui qui est prêt à en découdre, redoutant plus que les deux autres une possible révolte née d’un plan peut-être mal préparé. Ysian, quant à lui, ne souffre d’aucune appréhension. Il n’en peut plus d’attendre, ses sourires révélant des canines humaines déjà taillées pour sa destinée, alors, insupportable de prétention et d’une immaturité factice. Les orbes verdâtres se déportent vers l’arrière de la bâtisse et le voilà qui appelle les sympathisants à la peau autrefois bronzée, pâlie par la Mort et les années. Ils ne sont pas tous venus d’Istanbul, ceux qui constituent le socle de ses alliés. Pourtant, l’empreinte laissée par ses relations venues d’ailleurs est restée forte, marquée. Aujourd’hui, elle se dit merci, encore vêtue de son tailleur professionnel au bleu marine propret. Jupe crayon trop sage et à la fois provocante, blazer impeccable contrastant avec les tenues, plus ordinaires, des hommes et des femmes mordus par l’éternité. Talons parfaits pour fouler et crever les poitrines de ceux qui oseraient la contrecarrer. Avec eux, elle pénètre dans le hall, où seules deux corneilles conversent encore, force maigrement armée d’Amjad, ancien sorcier.

Les siens savent.
Ils connaissent les noms à rayer de la surface de cette terre damnée.
Aucun vampire ne sera saigné : elle craint encore l’Essaim et sa dominance, ne souhaite pas leur donner les cartes qui leur offriraient l’opportunité de l’abattre.
Malheureusement pour ceux qui manient les arcanes, aucune autorité suprême ne sera là pour pleurer leur âme.
La surprise se lit sur le visage des sbires de Salâh, qui ne comprennent guère pourquoi cette assemblée se tient là.

Un fragment d’instant réduit à néant par la poigne d’un Antique fondant sur un arcaniste. Les mâchoires plongent dans la gorge offerte pour s’abreuver de sang noir, brutales au point de décapiter la victime dont les hurlements maudits ne préserveront pas la vie. Le second obtient un sort à peine plus enviable, giflé à la volée par l’une des rares sylphides à marcher dans les traces de la Reine folle, bien nommée. Cogné contre le mur de nouveau, juste sous cette télévision maintes fois contemplée, le crâne cède, rendant inutile toute imprécation, toute magie dont elle a toujours haï et redouté les filaments imprévisibles.

Ils se déversent comme des eaux furieuses dans la bâtisse, tsunami fait de poussière rouge ; vapeurs de sang tapissant les murs, le sol et le bois.
Ceux qui ont choisi le camp de l’honni périssent.

Plusieurs combats éclatent dans les étages, n'épargnant les Antiques que pour les inciter à partir, fuir, courber l'échine. Leur force numérique la rassure, et pourtant ; paranoïa profonde qui la pousse à se montrer minutieuse, ce n'est pas une sinécure. Elle déambule, elle, spectatrice invisible de la zizanie qu’elle a semée et de la guerre dont elle a déjà planté les graines sans regret, encaissant les chocs, les débris et les râles, feulement furieux. On l'apostrophe, on l'appelle, on la maudit et on la conspue, elle n'y répond que par un sourire malvenu. Pas un regard n’est accordé au butin des humains rapatriés au rez-de-chaussée. Peu à peu, tout se colore, se pare de ce cramoisi qu’elle verrait bien se tatouer à même la peau, et l’odeur de rouille lui apparaît comme le plus délicieux des fumets.



Elle ne sait pas quand ses pieds nus se sont mis à fouler le carrelage frais du motel qu’elle vient de dérober. Elle ne sait pas où sa veste s’en est allée promener, où sa jupe s’est étalée. L’orgie est bien gardée. Personne ne rentre. Personne ne sort. Les cerbères qu’elle a posté aux portes sauront préserver le sens de la fête qu’elle compte bien incarner.
Scène d'Apocalypse.
Elle bondit et danse, parfaitement dénudée, et ses rires d’ivresse ne cèdent la place qu’au nom des crocs qu’elle fiche dans les cous des mortels ramassés là ; calices, propriétés des fidèles ou de ceux qui auront eu le malheur de s’absenter, squatteurs insupportables, toxicos et mordus invétérés. Réunis, rassemblés dans la vaste salle commune faisant office de salon, de restauration, les épargnés sont là, vociférant ou gueulant suppliques, qu’elle n’entend pas. Sacrifices livrés à la masse des opposants couronnés de succès. Messe noire.

Femelle primitive, la Reine rouge tourne, vole, s’abreuve et se gorge de sang à se demander si elle pourrait jamais se voir emplie jusqu’à la lie. Elle se fait coupe, calice – pas celui que l’on croit –, superbe, sublime, Première femme et Dernière condamnée. Les pensées et les délires se cognent et s’entrelacent en des arabesques sans fin, comme les murs abandonnés par les Arabes en terre d’Espagne, comme les éclaboussures cruoriques que l’hémoglobine peint sur son corps menu et dévoyé. Son ventre luit, tout comme ses seins, son menton et les cuisses qu’elle ouvrirait à tous, se voulant Mère maquerelle, Mère puissante, entre les bras desquels elle les conforterait en une étreinte si profonde qu’elle pourrait les en étouffer. Les clameurs l’emportent au loin, dans les sous-sols de Paris où leur avenir s’avérait tout aussi incertain. La Guerre faisait rage, et tandis que les bottes des Allemands claquaient fort sur les pavés de la capitale, ils étaient là : toute une foule de créatures se réunissant pour célébrer des Sabbat acharnés, convolant autour de proies récupérées, faisant leur joie, comme autant de Docteurs Petiots sans nul besoin de chaux pour se débarrasser des preuves, des os et des cadavres laissés à pourrir çà et là. Ponction prévenante, rassurante, époque bénie où la surveillance se voyait contredite par les remous des humains, par les millions de morts, de disparus, que réclament toujours les surnats trop avides, incapables de mettre un frein à leur vice et à leur faim. Elle savait alors, doser entre besoin et prudence, entre obéissance feinte quant aux élites les gouvernant, et fronde menée sous les manteaux scandinaves, partant chercher des appuis plus solides ; Oswald Landgraf en avait fait partie.

Comme Jahad lui-même avait été témoin des sévices infligés aux Éphémères, la ferveur cruelle agitant ses semblables alimente sa joie folle, et tant pis si les parois ne sont plus faites de roche ancienne au parfum d’Histoire. Ceux qui n’auraient jamais dû se voir tenus en laisse par un Ordre décati, désuet et castrateur se délectent, cette nuit, de cette liberté entravée. Ysian fait partie des déchaînés, et les dons accordés aux Morts-Qui-Marchent se déchaînent sur les victimes toutes désignées. Les dernières putains ne verront jamais l’aube : elle seule sera couronnée Lilith, au risque d’en terroriser Yago Mustafaï. Ses cheveux poissent d’un rouge gluant qui, à leur tour, ornent de parures nouvelles son dos parfois caché par eux. Les cicatrices immondes qui déforment son derme sont là ; deux initiales grossièrement tracées, boursouflées, hideuses. Elle simule un baiser à la fille qu’elle n’a jamais pu, ou du moins jamais su (garder), sa princesse orientale. Plus loin, la crinière noire de Nina, sa dernière corrompue, énième Infante qu’elle n’a pas eue, lui est un délice à contempler, malgré quelques poignées d’autres délirants qui se sont eux aussi mis nus. Les lourdes basses venues rythmer cette attaque, ne sont rien face à la passion qu’elle éprouve pour ceux qui ont marché dans ses pas, répondant à l’appel, à l’opportunité d’égayer leur immortalité d’un peu de mal et de révolution disséminée. Anciens comme nouvelles ouailles, Aliénor envoie un signe à sa dernière beauté recueillie dans son Nid. Dillon est peut-être là, elle n'a pas vu l'ange blond ; mais certes guère le protégé de Salâh. Elle ne redoute pas la réaction de ceux qui ne s’attendaient pas à une invasion comme celle-là. Au contraire, gamine insupportable, elle n’attend que de se délecter de la réaction de stupeur, du choc et de l’horreur.

Yago.
Verras-tu les cadavres ?
Verras-tu leur tombeau ?
Elle est heureuse que Serguey ne soit pas là.
Elle n’aurait pas voulu qu’il la voie dans cet état.
Il l’aurait repoussé, n’aurait peut-être pas cautionné le meurtre des corbeaux de Salâh.
Et ce soir, elle bénit le North et ses terrains désertiques, tournoie entre les bras d’un vampire qu’elle ne connaît pas.
Sous ses plantes, tout glisse ; pisse, sang, merde et fluides, elle ne sait pas.

Le Vice est partout.


♛♛♛


« Ne rentre pas. »

Un jour ?
Plusieurs ?
Elle ne se souvient plus.

Elle n’est pas certaine de comprendre les chiffres qui jouxtent le message envoyé à son amant.
Ne rentre pas.
Oh, elle lui fait confiance. Il ne doit pas manquer d’amants dans les tanières desquels se cacher.
Elle repose le téléphone, comme si elle craignait d’en fissurer l’écran à le serrer trop fort, et le pose sur le bureau, près du rebord.

Derrière elle, le lit dont on a changé les draps. Elle n’a passé qu’un frêle déshabillé, nuisette très légère au satin blanc ; pas comme elle. Dans la baignoire encore humide, les pigments ont tâché l’émail. Ses cheveux ne poissent plus, et la propreté est revenue – en surface. Elle ferme les yeux, écoute, dans cette chambre où l’on étouffe. Sans humain à proximité, elle s’est abstenue de faire voleter l’air climatisé, bringuebalant poussières et miasmes. Elle écoute. Elle écoute le grand ménage, les couloirs lessivés à grandes eaux. Moquettes sur le sol et les murs, dans les étages, seront arrachés puis remplacés. Elle écoute. Les voix, des Longues-Vies comme des autres, sympathisants offrant leur aide pour reconstruire, pour nettoyer, pour se débarrasser de la moindre trace de l’ancien Roi, à qui elle vient de dérober la place. Elle a décidé de se séparer des bêtes, du souk, des odeurs et relents qu’ils trimballaient avec eux en permanence. Le motel doit retrouver un peu de sa discrétion. Pour être pris au sérieux, par les élites et leurs factions. Elle repeindra tout, réparera, fixera ce qu’il faudra. Elle n’écrira point de manifeste, ses intentions sont suffisamment claires et ne valent pas de noircir des pages d’une confession que trop peu liront. Elle écoute. Elle pense. Elle s’est couronnée, pour la seconde fois. Maigre royaume, mais elle veillera à en faire fructifier territoire et relations. Elle songe à l’Après. Pas le temps de profiter d’une gloire absente que déjà, les projections à venir. Devant sa coiffeuse bien garnie, elle contemple sans la voir une palette de fards dont elle hésite à couvrir ses paupières. Elle visualise les Landgraf, et surtout Jürgen. Elle esquive soigneusement d’invoquer Oswald, et plaque aussitôt une main contre son ventre, à deux doigts de hoqueter dans le vent au souvenir du don qu’il avait retourné contre elle. Non. Pour elle, Oswald Landgraf est mort. Elle ne le craint plus comme avant, lorsqu’elle se demandait quelle serait sa réaction, s’il apprenait la traîtrise dont elle est seule coupable. Non. Elle s'en débarrasserait comme des autres, ou mieux, ne perdra pas son temps à se salir les mains. Ses lèvres se pincent, et ses orbes se plongent dans la glace au reflet curieusement sombre. Comme une envie de changer de face, ainsi qu’elle l’a fait si souvent. De se confondre en une autre apparence, brouillant les cartes, n’ayant aucun scrupule à remodeler face, chair, os et cartilage, à se blesser elle-même, si cela devait servir ses desseins à bon escient. L’Essaim. Il faudra naviguer sur une mer enragée, et pas seulement à vue. Elle se sait à la hauteur, mais la moindre faute lui sera fatale, et il faudra jouer la carte de la réserve, de la pudeur. Tout le contraire du spectacle qu’elle a donné à ses affiliés.

Pinceau en main, elle se cache derrière les poudres et les crèmes. Elle se maquille trop pour se voir. Aucune autre étoffe ne s’ajoutera à l’unique. Les femmes sont toujours beaucoup trop habillées, mais jamais assez élégantes. Le rouge d’une pâte Chanel s’étale sur ses lèvres repues du festin de la veille, en plusieurs couches épaisses, jusqu’à ce que le carmin éclate à en être indécent. Oh, comme elle voudrait gâcher le travail, laisser les traces du liner couler sous ses yeux, faire riper de son pouce une commissure pour étaler le rouge. L’étaler encore. Démone, elle se détourne, arrange ses mèches de quelques mouvements de main lasse et fatiguée, pour s’approcher de la baie vitrée. On s’agite dehors, en contrebas. Elle le sent.

Peut-être que les travaux en cours de chemin ne conviennent pas tout à fait à quelqu’un.
Enfin.

Elle sourit, diablesse impatiente.
Sublimée par son aura inquiétante.

CODAGE PAR AMATIS



Before I'm dead

Revenir en haut Aller en bas
Anonymous
Invité
Invité
Sam 17 Avr - 19:54 (#)


Fin de partie.

Jour de Colère.
Il s'était préparé à beaucoup de scénarios, en s'enrôlant auprès de Salâh ad-Dîn, mais certainement pas à cette nuit de Juillet 2020, où tout avait sombré.
Un massacre dont il ne ressortirait pas indemne.
Tout juste vivant, l'unique rescapé de la rafle n'avait obtenu son salut qu'à son intelligence et à sa réactivité. La magie noire l'avait sauvé. Pour ne pas être assassiné, il faut soi-même être empilé parmi les cadavres. Faire illusion entre les corps jetés à la Fosse, exsangues. N'être plus que chair mortifiée, impropre à la consommation. Échapper au carnage, sauver sa peau, au péril de son équilibre mental déjà précaire. Pour, dès l'aube, s'échapper et courir auprès de l'Infant pour lui rapporter la nouvelle.
Les images de la nuit de cauchemar le hantent, tandis qu'un chirurgien clandestin rafistole son épaule presque arrachée par les crocs sanguinaires, sans trop poser de questions.
La Valse Sanglante, la Reine Rouge, le Soulèvement.
Jamais il n'oublierait les visages des traîtres et de tous ceux dont il ne s'était pas assez méfié.
La nudité de la Trahison. Le vrai visage d'Aliénor Bellovaque.
L'absence de son amant.
L'orgie impie, calvaire des mortels encore rescapés, tout du moins avant qu'il ne s'endorme lui-même.
Désormais, ils devaient tous être morts.
En fuite, ralliés, ou morts.
Il était le seul à s'en être échappé. Il était le seul à savoir.
Fuyard, traître à sa façon, condamné à revivre cette nuit d'horreur lorsqu'il le conterait à l'Infant.
En l'absence de Salâh ad-Dîn, il fallait tout lui confier. N'omettre aucun détail.
Sauver sa peau, d'abord. Survivre. Puis raconter.
Conter pour que rien ne sombre dans l'oubli, pour que rien ne soit pardonné, lorsque sonnerait l'heure de la Vengeance.

*
* *

Anormalement calme, l'Israélite écoute, tirant de temps à autre sur sa pipe à opium.
Il fallait au moins cela pour supporter les révélations d'Ashkan, échoué dans son antre, véritable miraculé.
Les yeux rivés sur le premier Conseiller de Salâh ad-Dîn, il ne l'interrompt à aucun moment. Ses lippes closes ne tremblent pas. Les prunelles de sable ne vrillent pas. Aucune réaction ne semble parcourir ce corps inquiétant – déjà mort depuis près d'un siècle – et la nouvelle, en surface, paraît tout juste l'effleurer.
Ashkan, cependant, ne connaissait que trop bien ce trait de caractère commun au Sire comme à l'Infant : l'apparente placidité ne signifiait nullement l'absence de colère.
Bien au contraire.
Elle glapissait déjà, dans les bas-fonds de l'âme damnée, là où la rage véritable purule avant l'éruption. Et le déferlement serait sans précédent.
Mais il était encore trop tôt. Il le devinait, en observant la silhouette étrange de l'Hébreu, assis en tailleur à même le sol, faussement inatteignable.
Il le savait aussi précisément qu'il avait failli périr, la nuit précédente. Aussi fort que son palpitant saturé de Noir le lui rappelait sans cesse, malgré son sang-froid habituel.
Et à entendre les palpitations terrifiées du myocarde de l'arcaniste, il ne vint pas à l'esprit de l'Infant de remettre en cause la moindre de ses paroles.
Lentement, insidieusement, il comprenait et intégrait la nouvelle réalité. La trahison de celle qu'il considérait comme une seconde mère. Les mensonges de celle qu'il n'avait, finalement, jamais véritablement appris à connaître.

Lorsqu'il brise le silence, le timbre est bas, presque voilé, d'une doucereuse pudeur.
L'Iranien cligne lentement des yeux, foudroyé par le contraste entre la violence du massacre, et l'étonnante sérénité de l'Infant.
« Comment leur as-tu échappé ? »
L'Immortel tâche de s'attarder sur ce détail, plutôt que sur la vision de la Reine nue tournoyant parmi les suppliciés.
« Magie noire. Je me suis nécrosé moi-même. Ils m'ont cru mort. Ils m'ont empilé parmi les cadavres. »
« Salâh ad-Dîn aurait adoré. »
Un compliment sincère, presque malvenu étant donné les circonstances, transperce les sens du sorcier encore tourmenté. Le pouce de glace se porte avec délicatesse jusqu'au visage tuméfié, livide. Ashkan disait vrai : la magie l'avait flétri, fané, et ainsi diminué, il paraissait moins vivant encore que le vampire lui-même. Le trépas l'avait ravagé, tant et si bien que l'Antique s'attendait à le voir s'effriter d'une seconde à l'autre, redevenir poussière ; cela l'aurait attristé, mais certainement pas étonné.

Avec gravité, l'Infant énonce les évidences, veille à ordonner ses priorités.
« Ainsi, ils te croient mort, mais ils pourraient s'apercevoir de la disparition de ton cadavre. Nous ne pouvons pas prendre le risque. Tu dois te cacher. Et pas ici, elle connaît cet endroit. »
Le Perse acquiesce, soulagé d'entendre des directives, trop épuisé pour prendre des décisions lucides. Accourir dans le grenier poussiéreux avait été sa dernière action raisonnée.
« Je connais quelqu'un. Il m'a déjà recousu, tout à l'heure. Il m'aidera à ne pas finir six pieds sous terre. »
« Bien. Je t'y conduis. Ne prends jamais le risque de revenir ici, c'est moi qui te visiterai. Prends le temps de revenir parmi les vivants, Ashkan. Je me charge de prévenir Salâh ad-Dîn. »
Un instant qu'il redoutait, mais dont il ne pouvait confier la responsabilité à Ashkan. Comme s'il devançait ses inquiétudes, il ajoute, dans une rare confession.
« N'aie crainte, il n'y aura pas de remontrance à ton égard. Tu as prouvé ta loyauté. »
Et le sorcier oriental avait toujours été le favori de son Sire, tant et si bien qu'il avait toujours refusé d'en faire son calice, comme s'il l'élevait au rang d'Immortel, ou comme s'il le respectait trop pour s'adonner à une telle bassesse. Car pour Salâh ad-Dîn, tous les mortels se valaient ou plutôt, n'équivaudraient jamais aux Immortels.
Dans un souffle étranglé, le sorcier éructe, sa carne blême ne rendant que peu honneur à ses origines.
« Sommes-nous à l'aube d'un renouveau ? Cet effondrement était-il nécessaire, afin d'atteindre notre réel dessein ? »
Silence. Quelques mesures battent le vide avec régularité.
« Peut-être, Ashkan. Peut-être. »

*
* *

La mise soignée, le visage sombre, il se présente au motel trois nuits après le Massacre, la nuque piquée d'une légère tension. Si le parking presque désert n'avait visuellement pas changé, il remarque en revanche immédiatement la disparition du souk, en l'absence de ses bruits caractéristiques, de ses odeurs si particulières. Un pincement au cœur, durant une fraction de seconde. Déjà, on l'accoste – peut-être que les sentinelles postées à l'entrée du Lucky Star avaient des directives précises le concernant. Probablement.
Mauvais, il précède toute question ou toute requête de leur part, et mieux valait qu'on le laisse parvenir sans encombre jusqu'à Aliénor.
« Je viens seulement la voir. »
Le fait d'avoir été épargné le renforçait dans la conviction qu'on l'autoriserait à l'atteindre, peut-être une dernière fois.
D'un coup de menton, il désigne l'un des deux sbires avec autorité.
« Toi. Va m'annoncer. »
Rebuffades, moqueries. On lui rappelle sans y mettre les formes qu'il n'a, pour l'heure, plus aucun droit ici. Il n'en fallait guère plus pour irriter l'Infant, déjà de mauvaise humeur.
« Eh bien, tu ne manques pas de toupet. Dois-je te rappeler à qui tu avais juré allégeance, il y a quelques années de cela ? Non, tu ne m'escorteras pas jusqu'à sa chambre, misérable infidèle. C'est moi qui t'ai tendu la main, moi qui t'ai proposé un nouvel horizon, moi encore qui t'ai arraché à ton lamentable quotidien. Et c'est ainsi que tu me traites ? Comme si je ne connaissais pas le chemin ? Comme un étranger ? En m'escortant ?! »
La colère s'abat, sentencieuse, tandis qu'il se retient de ne pas lui faire passer définitivement l'envie de sourire.
« Annonce-moi avant que je ne décide de reprendre ce que je t'ai donné, traître.»

Il n'attend pas d'ordre de leur part. Il ne les écoutera pas. Personne ne lui fera courber l'échine. Il avancera, droit, jusqu'à ce qu'on l'arrête, jusqu'à ce qu'on l'abatte, Marcheur de l'Ombre, renégat parmi les renégats.
Et comme il ne se donne pas la peine de patienter sagement devant les portes du motel comme un vulgaire visiteur, il entre, et les prunelles se cognent aussitôt contre les silhouettes qui nettoient, arrachent, transforment. Des pans de moquettes arrachées, des toiles que l'on déplace, des bibelots que l'on transporte ailleurs, dont on se débarrasse. Hébété, il s'arrête quelques instants devant ce spectacle, comme si observer les mouvements de déménagement était nécessaire pour réaliser ce qu'il s'était produit, entre ces murs.
Il le savait de la bouche d'Ashkan. Il le constatait désormais de ses propres yeux.
Empire déchu, une nouvelle fois, enclave américaine démantelée, putsch finement mené.
Si ses orbes tremblaient de rage, il ressent, en arrivant devant la porte d'Aliénor, une incommensurable tristesse à l'idée de cette confrontation.
Derrière lui, sous lui, autour de lui, les lambeaux du motel se détachent, et retombent dans ses entrailles. Viscères souillées. Il souffre de cette destruction.

Il ne frappe pas, on l'a déjà annoncé.
Il ne salue pas, on l'a déjà trahi.
La porte se referme, il entre, s'arrête, regarde autour de lui, frappé par les effluves malodorantes : sang, poisse, immondices. Trop d'incohérences avec cette nuisette blanche, trop innocente. L'ironie du vêtement achève de le décontenancer. La scène, grotesque et irréelle, le révulse. Il ne devrait pas être ici, chassé de ses propres terres, à devoir réclamer audience comme un vaurien.
« J'aimais ce tableau. Celui en face de ta chambre. »
Celui que tu as décroché. Comme tout le reste.
« Il représentait le désert du Néguev. Au Sud de Jérusalem. C'est moi qui l'avais accroché là. Je pensais que cela te plairait. »
Les yeux plantés dans le sol, il peine encore à la regarder, ne sachant trop ce qu'il éprouvera, lorsque l'ambre croisera le bleu.
« Je me suis fourvoyé. Comme depuis toujours, à ton propos. »
Une amertume nouvelle l'étrangle, mais il avance tout de même, et ose enfin redresser la tête pour réclamer la confrontation visuelle. Pour la regarder admettre la trahison. Car les justifications ne l'intéressent pas, et il en devine assez aisément les contours, pour avoir à maintes reprises échangé avec elle autour de la politique de Salâh ad-Dîn.
S'il s'en veut pour ne pas avoir été attentif aux signes ? Pour ne pas avoir alerté son Sire quand il en était encore temps ? Evidemment. Mais ce n'est pas cela qui le ravage, alors qu'il se tient debout devant elle, chemise blanche, trop propre elle aussi. Hurler serait inutile. Rien ne le libérerait de la douleur de l'injustice.

« Les murs chuchotaient, le brouillard s'épaisissait, mais j'ai toujours cru que la main tenant le poignard appartiendrait à Dillon. »
Et la lame s'enfonçait encore entre ses omoplates, contre ses reins, sous son derme, tandis qu'il la regardait avec douleur, le visage déformé par l'incompréhension.
Une seule question, la même qui le hantait depuis le retour d'Ashkan, inlassablement.
« Pourquoi m'avoir épargné ? »
Par affection pour lui ? Cela n'existait pas, dans la caste politique vampirique.
Par stratégie ? Quelle serait-elle, alors ?
Par facilité ? Frapper en l'absence des pièces maîtresses ? Une forme de couardise que Salâh ad-Dîn lui attribuerait probablement.
« Je représente un danger, pour ton nouveau royaume. Pourquoi ne pas m'abattre ? »
Si elle le connaissait vraiment, elle savait qu'il n'abdiquerait pas face à elle. Alors pourquoi ?
Pour que je vois l'Empire brûler ?
« Je veux savoir.»


code by EXORDIUM. | imgs by tumblr



Revenir en haut Aller en bas
ADMIN ۰ Dalida - Elle devra choisir entre son amour et sa mort.
Aliénor Bellovaque
Aliénor Bellovaque
ADMIN ۰ Dalida - Elle devra choisir entre son amour et sa mort.
♚ TAKE AWAY THE COLOUR ♚

Fin de Partie • Yago  OGUkIML Fin de Partie • Yago  4q8vfGT Fin de Partie • Yago  RORgjLL

"Eh bien ; la guerre."

En un mot : La Vipère sous la rose.
Qui es-tu ? :
"Don't die with a clean sword."

♚ Caïnite âgée de trois siècles ; Accomplie du bel âge à portée d'ongles carmins.
♚ L'Ambition la ronge, mais laquelle ? ; le vide de nuits interminables la détruit plus sûrement que n'importe quelle balle en argent. L'Ennui pour seul véritable danger.
♚ Gorgone gauloise, sa réputation parle pour elle, surnommée Mère sanglante ou Reine rouge. Nombre d'enfants sont tombés sous ses crocs.
♚ Fille de corsaire, héritière de ses lettres de Marque ; navigua au service de Louis XV dans les eaux des Caraïbes à la tête de l'Espérance, frégate à l'équipage composé de deux centaines d'hommes.
♚ Trahie par un Britannique ; capturée et ramenée de force sur l'île de Mona, torturée , abusée, échappée - mourante (malaria). Transformée par un autre, à l'aube de sa trentaine.
♚ Éprise de coups d'État et féroce opposante à l'Essaim. Antique imperméable à l'ordre. À la tête du clan du Chaos. Danseuse sur le fil acéré de leur rigueur.
♚ Maudite ; aucun enfant n'a pu sortir de son ventre. Aucun Infant n'a pu résister à son vice, transmis tel un fléau. Sire matricide par deux fois. Échec toujours en gestation.
♚ Sang turc dans les veines, manie les us et coutumes perses. Son réseau d'Orient et d'Occident est dessiné comme une arachnide file sa soie.
♚ Incapable d'aimer son époque ; craintive pour l'avenir, répudiant son passé.
♚ Se joue d'une beauté en laquelle seuls les autres croient. Ancienne compagne de Serguey Diatlov, mère de substitution de Yago Mustafaï, protectrice de Mei Long et amante éternelle de Jenaro Silva.
♚ Pie voleuse, elle a dérobé le Clan du Chaos aux mains trop glissantes de Salâh ad-Dîn Amjad, qu'elle compte bien refonder en un ordre sérieux pour s'opposer à la Mascarade ainsi qu'au dictat de l'Essaim en place.

♚ SLAVE TO DEATH ♚

Fin de Partie • Yago  FASlTSW Fin de Partie • Yago  UByGHjO Fin de Partie • Yago  W6JtYIp

"I know where you sleep."

Facultés : ♚ Vicissitude (niveau III)
♚ Mains de la destruction (niveau I)
♚ Chimérie (niveau I)
♚ Stratège. Rapide. Teigneuse.
Thème : Sleep Alone ♚ Bat for Lashes
Fin de Partie • Yago  X13YkvN
♚ CANNIBAL ♚

Fin de Partie • Yago  9KgtXIf Fin de Partie • Yago  7iJSCrv Fin de Partie • Yago  6gla5CK

"Mind if I cut in?"

Fin de Partie • Yago  BFJjZXP


Pseudo : Nero.
Célébrité : Laetitia Casta.
Double compte : Eoghan Underwood, Sanford R. De Castro, Ian C. Calloway & Gautièr Montignac.
Messages : 1631
Date d'inscription : 14/07/2017
Crédits : LUNAR (ava') ; Amiante (signa')
Ven 9 Juil - 20:28 (#)

♛ « Si je ne tue pas ce rat il va mourir. »
« L'infini du vide sera autour de toi, tous les morts de tous les temps ressuscités ne le combleraient pas, tu y seras comme un petit gravier au milieu de la steppe... Oui, un jour tu sauras ce que c'est, tu seras comme moi, sauf que toi tu n'auras personne, parce que tu n'auras eu pitié de personne et qu'il n'y aura plus personne de qui avoir pitié. »

▼▲▼

Elle assiste à l’échange musclé entre Yago et les gardiens de l’entrée. Elle s’est raidie, bien que curieusement lointaine, comme préparée à la conversation sensible qui s’amorce. De là où elle se trouve, la colère de son protégé flamboie, lui conférant encore un peu plus de charisme, le rendant plus adulte, déterminé. Elle le trouve beau, ainsi revêtu de cet orgueil qu’elle a bafoué par la mise en place de cette sécurité illusoire ; elle ne craint personne. Pas encore. La pulpe de ses doigts s’appuie sur la vitre, la voyant se pencher, imperceptiblement, vers l’avant. Elle ne veut pas perdre une miette de l’échange, et l’ordre de l’hébreu claque dans l’air, tandis qu’elle cherche du regard celui qui a osé contrarier sa volonté. Yago entre, et elle capte à temps l’attention de son soldat, lui faisant signe que tout va bien. Elle l’attend. Pour la première fois depuis qu’elle l’a rejoint sur le sol américain, leurs échanges se feront plus graves que jamais. Enfin. Elle tourne le dos à la fenêtre, et le tissu doux chatouille agréablement ses cuisses pleines, sans qu’elle ne fasse quoi que ce soit pour se vêtir d’autre chose. Elle se moque bien de cette fausse pudeur arborée par l’horloger. Elle n’en peut plus de ses mines offusquées, de sa sensibilité heurtée par son corps de femme. Elle se tiendra ainsi. Ni habillée, ni dévêtue.  
Elle ne sursaute pas lorsque Yago entre sans même frapper à la porte. Elle l’accueille sans effusion, sans amorcer le moindre geste. Son visage reste froid. Masque d’une neutralité qu’il a lui-même provoqué. Sa langue, déjà, se charge de venin. Elle piquera s’il ose la mordre. Elle ne se fera pas tendre, s’il la pousse à la rage. Il devra choisir soigneusement ses mots, la tenue de ses propos, s’il ne veut pas se voir frappé d’un revers pour lequel il n’est pas préparé. La façon dont il la contemple amorce mal l’échange. Elle lit sans mal le dégoût qu’elle lui inspire. Blessée, mais pas suffisamment pour oublier qui elle est. Elle ne lui doit rien. Elle n’a aucun compte à lui rendre, en vérité. Puis, très vite, il lui échappe, baisse les yeux, réveillant un peu plus sa colère.

Lâche. Tu n’es qu’un sombre lâche.

Il détruit déjà le portrait charismatique précédemment érigé. Il l’attaque en cherchant à toucher une corde sensible. Technique déloyale et, malheureusement pour lui, basée sur un préjugé qu’elle se fera un plaisir de démonter. Peu à peu, les traits de la Bellovaque se durcissent, se font plus sévères, révélant inexorablement l’âge et l’expérience qui sont siens, le résultat d’une longévité extrême, dangereuse, et guère souhaitable. Il finit par s’approcher et, finalement, recrée un lien visuel entre eux deux. Elle accueille la démarche par un sourcil légèrement haussé ; oh ? Retrouverais-tu un semblant de courage ? Inamovible, rien ne la fait réagir, avant les questions insupportables qu’il étale à ses pieds. Alors, seulement, un frisson mauvais, annonciateur du pire, ébranle la succube.

« Tu ne sais donc que geindre ? »

Déçue. Elle le caresse de prunelles méprisantes, cherchant à lui faire comprendre qu’il n’est pas digne de ce qu’elle croyait acquis, chez lui. Jeune, mais conscient de la gravité du monde, de sa beauté comme de sa laideur, pourvu d’une sensibilité que même la Mort ne lui a pas ôté. Mais l’homme n’a jamais réellement grandi. Jamais. Même Salâh n’a pas réussi à tuer l’enfant qui se cache derrière le poitrail immaculé. « N’essaie pas de larmoyer pour m’atteindre. N’utilise pas de faux arguments pour me faire éprouver la moindre culpabilité. » D’un geste de la main, elle désigne le mur, et par-delà, le corridor derrière lui. « Je n’ai jamais ordonné qu’on décroche le tableau pour toujours. Ne sois pas idiot et réfléchis : tu vois bien que le motel est en train d’être nettoyé. Alors épargne-moi ton cinéma et tes violons, Yago. Ça ne marche pas, avec moi. Je ne suis pas Eoghan. » L’attaque est dure, concise, mais elle le sait : efficace. Depuis son arrivée en Louisiane, elle ne rêve que de le secouer, de le provoquer sur ces défauts si terribles entretenus par un Sire incompétent et une ambiance vouée à l’indolence pure, au laxisme crasseux. Yago n’a pas assez appris. Yago n’est qu’un électron libre balloté par un vent disparate. « Es-tu sûr et certain de vouloir t’engager sur le terrain du sentimentalisme avec moi ? Un conseil : n’essaye pas. Qui de nous deux a tenté de retrouver l’autre, en fin de compte ? Qui a cherché l’autre ? Qui l’a rejoint au mépris de sa fierté, de ses ressentiments ? Ma venue ici valait bien un tableau, il me semble. »

Amère, elle se remémore l’angoisse ; sur la route aux côtés de Serguey, puis au moment de poser leurs valises dans ce nouvel endroit. Retrouver l’Infant était alors devenu le cœur de ses préoccupations. Pendant un laps de temps indéfinissable, il avait même réussi à lui faire oublier ses désirs de vengeance avec Salâh. Il y avait tant à rattraper. Pourtant, il avait fui dès qu’il l’avait vue. Cette poursuite demeure encore férocement ancrée dans sa mémoire. Sentiment de se voir écartelée de l’intérieur, giflée par la détestation de son petit qu’elle n’avait jamais oublié. « Tu es à ce point inattentif, incapable de cerner correctement ceux qui t’entourent que tu as réellement cru Dillon capable de cela ? Si c’est vrai, alors je suis plus déçue encore, Yago. Dillon n’est qu’un chiot perdu cherchant désespérément à trouver un sens à son éternité. Rien de plus. Elle n’y connaît pas grand-chose aux nuances de la politique vampirique. Un point commun supplémentaire entre vous deux, j’imagine. » Elle sait que la comparaison le rendra furieux. Il déteste la Longue-Vie aux cheveux d’un blond polaire. Les raisons lui échappent encore. Elle n’y a toujours vu que des chamailleries adolescentes, à peine dignes d’attention, ou de se voir comprises.  

Elle lui tourne le dos brièvement, le temps de se laisser choir au fond de son fauteuil, les jambes croisées. Elle se fiche du tissu qui remonte pour dévoiler haut ses jambes. Impudique. « Pourquoi t’avoir épargné ? Tu ne mérites même pas que je réponde à une interrogation aussi insultante. Bénis mon affection pour toi. Car un autre aurait déjà regagné le couloir, et pas en passant par la porte, si tu vois ce que je veux dire. » Elle se tient le front du bout des doigts, accablée par le mélange de naïveté, de mauvaise foi et de bêtise qui accablent l’homme qu’elle a connu enfant. « Je te conseille cependant sérieusement d’arrêter de poser des questions d’un tel niveau. Tu vaux mieux que ça. Tu es largement plus intelligent que ça. Alors cesse de miauler, essaye de voir plus loin que le bout de ton nez et les lubies de Salâh, et comporte-toi enfin EN HOMME pour l’amour du ciel !! » Ses cuisses se serrent l’une contre l’autre. Elle doit se retenir pour ne pas bondir, saisir quelque chose et l’envoyer se fracasser à l’autre bout de la pièce.

« Ton Sire… Ton imbécile de Sire n’a que ce qu’il mérite. Il était plus que temps de lui rappeler qu’il n’est pas aussi Tout-Puissant qu’il veut bien le croire. Qu’il s’amuse à se croire à la tête d’un empire principalement peuplé par des éleveurs de chameaux et des baiseurs de chèvres, s’il le souhaite. Ici, c’est l’Occident. Les États-Unis d’Amérique. De la même manière qu’il n’a jamais su comment s’imposer en Europe, je ne me contenterai pas de le regarder pavaner en Louisiane sans lui rappeler qu’il est loin, très loin d’être infaillible. »

CODAGE PAR AMATIS



Before I'm dead

Revenir en haut Aller en bas
Anonymous
Invité
Invité
Mer 4 Aoû - 18:00 (#)


Fin de partie.

Il ne s'attendait à nul traitement de faveur, en venant ici la confronter. Regard tantôt fuyant, tantôt courageux pour de rares secondes, il était surtout venu quérir sa voix. Pas des aveux, non. Malgré son jeune âge, il avait déjà suffisamment épousé les mœurs vampiriques et les règles de l’Éternité pour s'abaisser à une telle manœuvre. Il ne désirait nulle confession de sa part. S'il avait (trop) souvent l'impression qu'elle lui échappait, il possédait au moins une certitude tenace à son égard : elle n'éprouverait nul regret. L'acte avait été prémédité, et demeurerait assumé, peu en importait les conséquences. Et elle se dresserait, belle et fière, sans courber l'échine, face à toute revendication. Même s'il ne cautionnait pas ce que son ascendance l'obligerait à qualifier de trahison, il se devait de reconnaître la fougue et l'habileté de la Rebelle. Une forme d'admiration indicible, inavouable, se loge malgré lui dans sa poitrine, prémisse du futur déchirement qu'il éprouverait, lorsque le choix serait exigé. En admettant qu'il dispose réellement de la liberté d'aller où bon lui semble. L'avenir était déjà écrit, et aussi instable et immature qu'il l'était, il ne le savait pourtant que trop bien. Comme si son esprit défragmenté, insaisissable, lui conférait cette étonnante lucidité, dans des moments de destruction comme celui qu'ils vivaient tous deux actuellement. Car il avait suffisamment intériorisé les deux figures principales de son Immortalité pour savoir comment les choses se dérouleraient, à partir de cet instant précis, où les silhouettes s'affrontent, où les phrases cinglent l'air. Il a une pensée pour Jürgen, retourné en Allemagne depuis trop longtemps déjà. Quel regard porterait-il sur ces événements ? Prendrait-il parti pour Aliénor ? Il en doutait. Même si la Révolution menée plaçait désormais la Française en parfaite Némésis de son Sire, Jürgen n'aurait jamais cautionné un tel renversement. Tout bouleversement à l'ordre établi lui aurait arraché une grimace désagréable, accompagnée de quelques paroles aussi sages que cyniques à l'encontre des fauteurs de trouble. Pour l'une des figures de proue de l'Essaim, Aliénor Bellovaque et Salâh ad-Dîn Amjad étaient des agitateurs, des perturbateurs de l'homéostasie du système. Des nuisances à la vie des Hommes. Et cela n'aurait plu ni à l'un ni à l'autre, mais Jürgen Landgraf les aurait tous deux rangés dans le même panier.

Peut-être est-ce l'image du géant germanique qui l'aide à ne pas flancher. A ne pas détourner le regard une fois de trop, à ne pas fuir lâchement un affrontement qu'il redoute, comme il craindra les retrouvailles avec Salâh ad-Dîn, quelques semaines plus tard. L'Enfant de Jérusalem n'est pas fait pour les collisions titanesques – au cœur desquelles il se retrouve un peu trop souvent, malgré lui – et ne le sait que trop bien. Son myocarde mort aspire à une sérénité dont il a été privé depuis bien longtemps.
Au travers des paroles acerbes d'Aliénor, l'image de son échoppe dans la ville sainte s'impose à son esprit. Un commerce honnête. Une maison sans prétention, bien entretenue. La splendeur de la cité millénaire, la chaleur d'un foyer. Il bat lentement des paupières, se souvient de la forme exacte de la silhouette de la Dame de la fenêtre. L'alliance orpheline. Sa main gauche intacte. Les palpitations de sa poitrine, lorsqu'il songeait à elle. L'impatience et l'excitation de la voir apparaître, la nuit tombée, de l'autre côté de la pièce.

Il pourrait céder à la mélancolie, à ce qu'Aliénor appelle peut-être à raison du sentimentalisme, mais son esprit défragmenté scie sa mémoire, lui impose une dichotomie salvatrice. Alors lorsque l'ambre se fond dans le bleu, il ne sombre pas dans un désarroi lancinant. Non. Étrangement immobile sous les reproches, impassible face à la colère latente, il devient face à elle ce détestable personnage, diamétralement opposé à ce qu'elle avait toujours chéri chez lui : froid, aliéné, définitivement prisonnier des limbes où il s'égarait un peu plus chaque nuit, sans en avoir conscience.
Lorsqu'il brise le silence, c'est un rire fou qui lui crève la poitrine. Un de ces rires grinçants qui accompagne son immortalité, et déforme horriblement son faciès. Dans ces moments, il n'est même plus l'ombre de lui-même. Il n'est plus qu'une projection de ce monstre intérieur, tapi dans la psyché de chaque maudit, de chaque condamné à errer sur le chemin poussiéreux l'éternité.
Ni enfant, ni homme. Seulement cet être immonde et impossible à aimer, dont la mâchoire se disloque pour se fendre de ce son inhumain, abomination qui troue le silence. Rien de joyeux dans ce crissement de dents et dans ce raclement de gorge. C'est tout juste s'il n'éructe pas de toute cette crasse qui tapisse ses organes depuis près d'un siècle.

Le rire s'interrompt aussi brutalement qu'il avait commencé, et son faciès s'immobilise alors, recouvrant ce masque figé et imperturbable. Ses yeux s'enfoncent douloureusement dans les siens lorsqu'il s'approche, à peine, simplement pour souligner ce qui s'impose à lui comme une évidence.
« Tu parles exactement comme Lui. »
Le timbre brisé ne la caresse nullement, pas plus que son regard qui la contourne désormais, tout comme sa silhouette qui l'évite pour poursuivre la marche jusqu'à la fenêtre. Il se perche sur le châssis, le corps trompé par une habitude immuable, et pendant un court instant, les orbes paraissent rêveurs tandis qu'ils se fondent dans l'épaisse obscurité, par-delà le verre. Sa silhouette évanescente s'efface, à peine, sans qu'il n'en ait conscience ; les contours de son être s'estompent, il devient presque flou. Comme une partie intégrante d'un décor qu'on remarque à peine.
« A vous entendre, vous passez votre éternité à me traquer, à me retrouver, à tout mettre en œuvre pour jouir de ma présence. Alors que vous me reprochez ma passivité, ma lâcheté, ainsi que ma tendance à prendre la fuite, dès que les choses ne se déroulent pas comme je l'entends. »
Les doigts se tendent pour frôler la vitre. Toucher irréel. Absurde.
« Je suis comme Dillon, tu as raison. Et peut-être aussi comme Mei, Nina, et tous ces chiots chiots perdus que tu recueilles dans ton royaume de dégénérés. Des éleveurs de chameaux et des baiseurs de chèvres ? Réellement ? Tu sais pertinemment que l'Empire Oriental est bien plus que cela. Je ne comprends pas ton fiel. Tu le hais peut-être, mais Salâh ad-Dîn a bâti une véritable dynastie au Moyen-Orient. »
Il prononce l'évidence sans fierté particulière, énonce simplement les faits incontestables. Si le désaccord avec la politique menée par son Sire pouvait être argumenté, personne ne pouvait contester sa suprématie au sein des terres orientales.

Lentement, ses yeux se décrochent du décor extérieur pour revenir à la chambre. Ils paraissent chercher la silhouette maternelle, comme s'ils avaient oublié son emplacement exact dans la pièce. Qu'importe.
« Je ne te pose pas la question par manque de discernement. Je te pose la question car Il me demandera des comptes. Ce n'est pas toi qui essuieras sa Colère, Aliénor. »
Un autre fait énoncé avec neutralité, sans qu'il ne s'apitoie particulièrement. Il aura tout le temps de craindre ces retrouvailles plus tard. Et il ressentait d'avance une profonde lassitude pour cet énième affrontement à venir. Contrairement à ses Aînés, il n'était pas fait pour les guerres. Inadapté à la politique. Bringuebalé malgré lui dans le sillage de considérations qui le dépassaient. Et pourtant, il semblait au centre d'un échiquier dont il peinait encore à comprendre les enjeux.
« Ne dis pas que tu as fait tout cela pour moi, Aliénor. Je ne te croirais pas. »
Une jambe indolente pend dans le vide, bat une mesure qui n'existe dans aucune partition. Mouvement de balancier imprévisible. Indice de sa psyché malade.
« Car tu sais que je ne ploierai pas le genou. Et il n'est là nulle question d'orgueil. Je ne peux tout simplement pas Lui tourner le dos. Pas moi. Alors qu'en sera-t-il, de toi et moi ? L'as-tu anticipé, lorsque tu as décidé de mener ta Révolution ici-bas ? »
Il l'ignorait, et peinait à le deviner. Cela faisait partie des nombreuses choses qu'il ne comprenait pas. Trop jeune, trop insouciant. Trop désintéressé. Il n'était qu'un mirage. De passage.
« Tu L'as chassé d'ici. Admettons qu'Il le mérite, puisque tels sont tes propos. Soit. Et ensuite ? »

Ses billes roulent, démentes, ne la lâchent plus. Il ne sera plus jamais cet enfant qu'elle a aimé. Il ne sera plus jamais la promesse de cet époux qu'il aurait pu devenir, pour elle. Cet homme aimant, protecteur et rassurant. Il n'est plus rien de tout cela. Pourri jusqu'à la moelle, corrompu par le vice et le péché. Oublié du Très-Haut depuis bien longtemps.
S'il avait été son Infant, et qu'elle l'avait épargné par sa folie meurtrière habituelle, peut-être aurait-il lui aussi dansé nu sur les dépouilles des arcanistes. Il ne le saura jamais.
« Si tu avais mis ta rancœur de côté, si tu avais accepté l'alliance qu'Il te proposait, malgré vos différends… toi et moi, nous aurions pu nous retrouver. »
Ce qu'ils avaient commencé à faire, au détour de nuits devenues chaleureuses, où ils se tenaient parfois flanc contre flanc. Des nuits où ils rattrapaient le temps perdu.
Pour lui avoir arraché cela, il lui en voulait. Il lui en voulait terriblement.
« Tu sais bien que ton acte me chasse également d'ici. Je ne peux pas rester. Ce serait te prêter allégeance. Nous ne nous verrons pas, ou peu. Était-ce cela que tu désirais ? Pourquoi m'avoir rejoint, si c'est pour mieux m'évincer ? »
Peut-être que ta quête du pouvoir était, finalement, plus importante que ton envie de me retrouver. Peut-être que ta haine envers lui a surpassé l'amour que tu me portes.

Par-delà son aliénation, il a retrouvé sa froideur. Il est brisé, brisé de savoir que l'équilibre précaire difficilement instauré volait à nouveau en éclats. Éreinté d'avance de devoir se bâtir de nouveaux repères. Encore. De quitter ce motel qui était devenu, malgré lui, un semblant de foyer. Même s'il était vétuste. Bruyant. Dysfonctionnel. C'était devenu chez lui.
Un lourd soupir pèse sur sa poitrine ; souffle artificiel, aussi inutile qu'absurde.
« Je suis fatigué, Aliénor. Fatigué de vos sempiternels affrontements. Tu n'es pas Eoghan, c'est certain. Auprès de lui au moins, je peux trouver le repos. La quiétude. Un peu d'harmonie. Il me tempère. Il m'aide à être cet homme que tu voudrais que je sois plus souvent. »
Un énième reproche qu'il a du mal à assimiler. Une pensée fugace pour le géant slave. Enfin, le visage se craquelle en une grimace douloureuse.
« Je n'ai jamais été le genre d'homme dont tu avais besoin. »
Une évidence. Une vérité cruelle, mais qu'il avait comprise, en les voyant tous les deux. En observant la façon dont ses prunelles féminines se posaient sur cette silhouette masculine. Même s'il ne l'appréciait que moyennement, il reconnaissait qu'il n'y avait qu'un homme comme Serguey Diatlov, pour compléter la femme interdite.
Affaibli par cette pensée, il s'émousse face à elle ; les prunelles se voilent de tristesse, ainsi que de cette éternelle lucidité qui le traverse encore.
« S'Il me demande de lui faire du mal, par vengeance envers toi… je refuserai. »
Par abnégation de ce qu'il était et de ce qu'il avait ressenti, un jour, à l'endroit d'Aliénor Bellovaque, c'était une promesse qu'il pouvait lui offrir. A défaut de parvenir à lire dans ses iris conquérants, une fierté pour celui qu'elle aurait peut-être souhaité élever elle-même.

code by EXORDIUM. | imgs by tumblr



Revenir en haut Aller en bas
ADMIN ۰ Dalida - Elle devra choisir entre son amour et sa mort.
Aliénor Bellovaque
Aliénor Bellovaque
ADMIN ۰ Dalida - Elle devra choisir entre son amour et sa mort.
♚ TAKE AWAY THE COLOUR ♚

Fin de Partie • Yago  OGUkIML Fin de Partie • Yago  4q8vfGT Fin de Partie • Yago  RORgjLL

"Eh bien ; la guerre."

En un mot : La Vipère sous la rose.
Qui es-tu ? :
"Don't die with a clean sword."

♚ Caïnite âgée de trois siècles ; Accomplie du bel âge à portée d'ongles carmins.
♚ L'Ambition la ronge, mais laquelle ? ; le vide de nuits interminables la détruit plus sûrement que n'importe quelle balle en argent. L'Ennui pour seul véritable danger.
♚ Gorgone gauloise, sa réputation parle pour elle, surnommée Mère sanglante ou Reine rouge. Nombre d'enfants sont tombés sous ses crocs.
♚ Fille de corsaire, héritière de ses lettres de Marque ; navigua au service de Louis XV dans les eaux des Caraïbes à la tête de l'Espérance, frégate à l'équipage composé de deux centaines d'hommes.
♚ Trahie par un Britannique ; capturée et ramenée de force sur l'île de Mona, torturée , abusée, échappée - mourante (malaria). Transformée par un autre, à l'aube de sa trentaine.
♚ Éprise de coups d'État et féroce opposante à l'Essaim. Antique imperméable à l'ordre. À la tête du clan du Chaos. Danseuse sur le fil acéré de leur rigueur.
♚ Maudite ; aucun enfant n'a pu sortir de son ventre. Aucun Infant n'a pu résister à son vice, transmis tel un fléau. Sire matricide par deux fois. Échec toujours en gestation.
♚ Sang turc dans les veines, manie les us et coutumes perses. Son réseau d'Orient et d'Occident est dessiné comme une arachnide file sa soie.
♚ Incapable d'aimer son époque ; craintive pour l'avenir, répudiant son passé.
♚ Se joue d'une beauté en laquelle seuls les autres croient. Ancienne compagne de Serguey Diatlov, mère de substitution de Yago Mustafaï, protectrice de Mei Long et amante éternelle de Jenaro Silva.
♚ Pie voleuse, elle a dérobé le Clan du Chaos aux mains trop glissantes de Salâh ad-Dîn Amjad, qu'elle compte bien refonder en un ordre sérieux pour s'opposer à la Mascarade ainsi qu'au dictat de l'Essaim en place.

♚ SLAVE TO DEATH ♚

Fin de Partie • Yago  FASlTSW Fin de Partie • Yago  UByGHjO Fin de Partie • Yago  W6JtYIp

"I know where you sleep."

Facultés : ♚ Vicissitude (niveau III)
♚ Mains de la destruction (niveau I)
♚ Chimérie (niveau I)
♚ Stratège. Rapide. Teigneuse.
Thème : Sleep Alone ♚ Bat for Lashes
Fin de Partie • Yago  X13YkvN
♚ CANNIBAL ♚

Fin de Partie • Yago  9KgtXIf Fin de Partie • Yago  7iJSCrv Fin de Partie • Yago  6gla5CK

"Mind if I cut in?"

Fin de Partie • Yago  BFJjZXP


Pseudo : Nero.
Célébrité : Laetitia Casta.
Double compte : Eoghan Underwood, Sanford R. De Castro, Ian C. Calloway & Gautièr Montignac.
Messages : 1631
Date d'inscription : 14/07/2017
Crédits : LUNAR (ava') ; Amiante (signa')
Mer 18 Aoû - 2:11 (#)

♛ « Si je ne tue pas ce rat il va mourir. »
« L'infini du vide sera autour de toi, tous les morts de tous les temps ressuscités ne le combleraient pas, tu y seras comme un petit gravier au milieu de la steppe... Oui, un jour tu sauras ce que c'est, tu seras comme moi, sauf que toi tu n'auras personne, parce que tu n'auras eu pitié de personne et qu'il n'y aura plus personne de qui avoir pitié. »

▼▲▼

Elle sait l’image qu’elle lui donne.

Elle ne tentera pas de simuler un portrait plus doux que cette image de dame vampirique au cœur gelé.
Parfois, la cruauté s’avère plus que nécessaire dans leur monde : elle demeure indispensable.
Par ailleurs, il ne vaut pas mieux qu’elle. À le voir là, figé dans une posture statuaire qui lui est presque dérangeante, elle ne reconnaît en effet plus le petit d’homme certes dans son monde bien à lui, mais vivace et plein d’énergie, parfois, qui avait su redonner un peu de calme et d’amour à la harpie tueuse d’enfants qu’elle était devenue à cette époque. Ce n’est pas que de sa faute à elle. L’éternité les fige. Elle les rend plus prompts à se fondre dans les ombres, pouvoir d’illusion ou non. Ils font partie des murs, se répandent sur terre au point de s’y confondre. C’est la seule chose qui la réconforte un peu : les fantasmagories conviennent parfaitement à la personnalité de l’Hébreu. Elle n’aurait pas voulu le voir hériter de la vicissitude, ou autre capacité écoeurante que certains des leurs possèdent, et dont ils abusent à tort et à travers. Si elle l’avait eu pour Infant, elle n’aurait eu de cesse que de l’éduquer à la parcimonie, de changer en art cette faculté répugnante, dont elle ne parle jamais avec Serguey. Elle aurait voulu jouer sur la corde de l’horloger minutieux qu’il était alors pour le pousser à persévérer sur cette voie, tissant un fil ténu entre son existence passée, présente et future. Jamais elle ne l’aurait obligé à rompre aussi violemment avec ce qui composait son quotidien, malgré la déchirure inévitable qui l’aurait éloigné de Jérusalem. Elle, si mauvaise pour ce qui est de faire croître des Infants sains et durables, aurait trouvé en lui un compromis acceptable. Yago ne cesse de frôler la folie, mais cette dernière reste encore acceptable, et n’aurait jamais menacé son existence comme ce fut le cas pour les deux pousses transformées par ses soins. Ils auraient pu former une paire viable. Tendre, malgré tout. Qui sait ce qu’aurait donné leur association au fil des décennies ?
Peut-être n’aurait-elle jamais convoité la cour de Paris. Ou peut-être qu’au contraire, l’envie de briller dans ses yeux ne l’aurait rendue que plus acharnée. Les choses auraient été différentes avec Jürgen, Oswald, Barbra. Salâh aurait brillé par son éloignement qu’elle aurait dédaigné, se contentant de le moquer de loin et de ne réserver ses occurrences qu’en de rares circonstances. Elle aurait bien entendu surveillé la curiosité de Yago à l’encontre des arcanistes (elle avait déjà échoué une fois, avec Lui), mais voulait croire qu’entre eux, la confiance serait restée maîtresse, prédominante. Autant de contes dont il lui était agréable de se bercer par leur douce et impossible incursion dans une réalité bien plus traîtresse.

Elle déteste son rire. Elle le mitraille de ses orbes froids, se retenant d’afficher plus ouvertement son mépris. Ne joue pas à ça avec moi. Ne te donne pas un air. Ne joue pas un rôle. Elle le regarde s’approcher comme une bestiole à l’affût, tapie et prête à bondir, à quitter cette posture en apparence trop confortable pour en bouger. Insensible à la pique de bas étage, elle ne le suit pas du regard lorsqu’elle le sent se faufiler presque derrière elle, grimpant contre la fenêtre comme elle le faisait tant auprès de la sienne, un siècle plus tôt. Cela lui convient, de ne pas l’avoir sous les yeux. Elle n’aura alors qu’à se focaliser sur l’essentiel, sur le propos. Elle fixe un coin de sa chambre, une table de chevet trop vide, car les affaires de son amant n’y figurent pas. Il n’y a rien qui trahit son passage. Pas une montre laissée là pendant que l’eau coule, dans sa baignoire. Pas de billets, ni de pièces de monnaie. Aucun ticket de parking. Aucun papier d’identité. En l’absence du mortel, la chambre lui semble presque inhabitée. Elle n’a pas assez de consistance, elle, pour la remplir convenablement.

De plus en plus exaspérée par les propos de l’Infant qui plongent tantôt dans l’inexactitude crasse qu’elle ne supporte pas, tantôt dans la mauvaise foi ou le pathétisme, elle doit puiser dans son affection à son égard pour ne pas perdre patience, même si elle ne dissimule pas le caractère acerbe de ses réponses.

« Tu oses me parler de rancœur, toi ? Toi, dont le Sire est l’un des plus haineux que je n’aie jamais connu ? Il conspue tout ce qui ne lui ressemble pas. De plus, aux dernières nouvelles, Salâh ad-Dîn n’est pas du genre à offrir son pardon à qui le demande, j’en serais bien étonnée. » Elle se lève finalement, ne pouvant contenir son énervement sans délier ses jambes. « Pff. Il n’y a jamais eu de proposition d’alliance, ne te fais pas plus idiot que tu ne l’es déjà. Salâh ne m’a pas invité à proprement parler ici. C’est moi qui ai fait la démarche de le rejoindre. Il me déteste. Il m’a toujours détesté. » La réciproque est vraie, bien qu’elle ne ressente pas le besoin de l’exposer plus longuement. « Je suis arrivée depuis deux ans. Si tu avais réellement voulu y mettre du tien, nous nous serions retrouvés depuis longtemps. Mais ça ne t’intéressait pas, ou du moins pas assez, visiblement. C’est un peu trop tard pour le déplorer. Alors ne me mets pas cela sur le dos non plus. Je t’ai maintes fois donné l’occasion de venir parler, passer plusieurs nuits avec moi. » Elle se rappelle des lettres restées enfermées dans leur carcan de papier. Celles qu’elle n’avait jamais eu le courage de lui envoyer. Celles où elle racontait l’indicible. De profil, les bras croisés, elle ne le regarde toujours pas. Peu à peu, ses prunelles océanes se font plus vitreuses, témoin de la désillusion qu’elle ne pensait pas si terrible. Elle ne l’intéresse pas. Aucunement. « Oh, je te connais. Tu vas t’empresser de dégainer l’argument de la pudeur. Tu n’osais pas, c’est ça ? Tu n’as pas osé poser les questions qui ont dû, je l’espère, au moins t’effleurer pendant les cent ans qui viennent de s’écouler ? C’est ça ? Tu penses que je vais gober une ineptie pareille ? » Ses lèvres se pincent, son mollet se tend, et la pointe de son pied dessine un arc de cercle contre la moquette étonnamment propre, compte tenu du carnage qui a eu lieu quelques mètres par-delà les murs.

« Il n’y a pas d’Ensuite. Tu te crois peut-être perspicace de me demander quels sont mes plans ? » Cette fois, elle a tourné la tête dans sa direction, intransigeante. « Et toi ? Quels sont tes plans ? Qu’est-ce que tu penses me répondre, confronté au vide de l’éternité devant toi ? Quel immortel pourrait décemment répondre à cette question ? Toi et tes angoisses, comment comptez-vous occuper le temps qu’il vous reste, dis-moi ? » Un sourire perfide affiché, elle arque un sourcil bourré d’un sarcasme qu’elle n’a pas à forcer. « Pour un dissident, un chaotique, je te trouve bien culotté de me demander le calendrier de mes prochaines actions et projets. Mais il est vrai que votre vision de la chose a toujours été… intéressante, disons. » Un rire avorté, et la voilà qui s’écarte de lui, contournant le lit pour préférer le côté qui sied d’ordinaire à son amant. « Tu t’égares. Tu dis des absurdités. Je n’ai jamais dit que j’avais fait tout ça pour toi. Je l’ai fait pour moi. »

Elle touche du bout du doigt la taie d’oreiller, se retenant de s’en emparer pour enfouir son nez dans le coton et y chercher l’odeur du géant slave. Il lui manque plus qu’elle ne saurait le dire, et l’éloigner de l’épicentre de la tuerie lui en a coûté. Elle se sent terriblement seule, sans lui. Elle ne s’épanouit pas sans ses commentaires tantôt grivois, tantôt complices. Sans l’entendre grogner du bazar qu’elle occasionne en disséminant ses vêtements ou accessoires un peu partout.

« Je n'ai jamais été le genre d'homme dont tu avais besoin. »

« Tu as des réclamations à faire, encore ? Vas-y. Qu’est-ce que tu vas me reprocher, maintenant ? De ne pas avoir pu t’avouer immédiatement, à l’époque, pourquoi je ne pouvais accepter ta demande ? Ce ne serait pas raisonnable, même venant de toi. Je ne pouvais pas. Je ne m’y attendais pas. » Lorsqu’elle le perce de ses iris désoeuvrés, c’est avec une authenticité que personne ne pourrait honnêtement lui refuser : « Je t’ai connu petit. Tu as pris une place démesurée dans ma vie. Tu ne t’en es jamais rendu compte. Tu étais jeune. Tu ne savais pas que chaque retour à Jérusalem pour moi m’était précieux. » Elle repousse une mèche de cheveux, abandonne la vision de celui qui l’imite plus qu’il ne doit s’en apercevoir. « Maintenant, il est trop tard. Et c’est moi que tu blâmes pour tout ça ? T’est-il seulement arrivé de te mettre à ma place ? De réaliser ce que tu me demandais, compte tenu du fait que tu ne… pouvais pas savoir ? » Et comment aurait-il pu continuer, s’il avait su ? S’il avait su alors qu’elle représentait tout ce que les autorités de son Très-Haut repoussaient, chassaient pour écarter les influences mauvaises des têtes de leurs ouailles ? « J’espère que tu n’envies pas Serguey. Il a choisi en connaissance de cause. Vous êtes tous les deux tellement différents… ça ne sert à rien d’essayer de refaire l’Histoire, tu m’as bien fait comprendre de ton côté que ce qui était fait était fait, après tout. » L’inverse serait même plus approprié. « Mais je te remercie. Je sais que tu ne le toucheras pas. Je te crois, et je n’oublierai pas. »

La mauvaise foi n’est pas son vice. Elle trompe, joue avec certaines vérités, mais quelque chose l’a toujours profondément dérangé, dans le mensonge qui s’entête consciemment. « Salâh et moi ne sommes pas si différents. Je parle comme Lui, parfois, car nous sommes issus d’une génération similaire. Nous avons… une vision du monde qui se complète, à défaut de se comprendre. Ça ne veut pas dire que je lui ressemble. Car à rôles inversés, jamais je ne m’en serais prise à mon Infant. S’il le fait, s’il laisse sa colère s’abattre sur toi, alors il ne s’agira que d’une preuve de plus. » Elle se rapproche de nouveau, le cherchant des yeux. « La preuve qu’il ne pense qu’à lui, et pas à ton bien-être. J’aurais pu comprendre la position inconfortable dans laquelle tu te trouves. Mais s’il a tellement confiance en toi, si tu restes sa création, alors il n’est pas censé te faire payer ses erreurs. » Le bouton de rose de sa bouche pleine arbore toutefois une moue désapprobatrice. « Pourtant, tu continueras de lui rester fidèle. Tu courras te réfugier sous ses jupes, au nom de je ne sais quelle loyauté imbécile. Les quelques rares moments de bonheur qu’il te donne valent donc vraiment toutes les contreparties ? Je ne te pensais pas autant dépendant de quoi que ce soit, mais je ne peux te blâmer pour ne pas être aussi fort que moi, là-dessus. C’est dommage. » Mei. Mei possède cette force. Toutes deux arrachées à leur Sire, toutes deux épargnées, leur vie sauvée par eux. Elles s’étaient forgées différemment, mais au moins n’avaient pas cultivé cette invraisemblable attachement, demeurant lucides, et ne laissant pas des sentiments dangereux prendre le dessus, écrivant leur histoire d’une seule main. Aucune autre, masculine ni plus large, ne la recouvrait pour leur dicter la tournure des lignes. Yago, lui, n’est visiblement guère capable de marcher dans ses pas. Est-ce parce qu’il est né homme ? Ou en raison de la douceur de son tempérament initial ? Elle ne le saura jamais.

« Personne ne te chasse. Personne ne te demande de prêter allégeance. Je ne te demande rien. Tu t’es monté la tête tout seul, en te basant sur des a priori éculés. Et sur quoi se baseraient-ils ? Tu ne me connais pas vraiment. Tu ne t’es jamais intéressé qu’à la surface, en moi. Rien d’autre. Pas étonnant que tu paniques et que tu appréhendes plus mal encore ce qu’il s’est produit, en fin de compte. » La menace, sous-jacente. « Alors ne tente pas de lire dans mes pensées. Tu échouerais douloureusement. Je t’ai déjà dit d’arrêter d’insinuer des sornettes, et toi tu continues à m’insulter. Je t’ai rejoint, oui. Et puis ? Tu me fuis, tu esquives, tu préfères les pattes des hommes aux mains des femmes, oui, c’est une évidence. Tant pis pour toi. Tu as eu ta chance. Si tu décides de couper court à notre relation, je ne pourrai pas t’en empêcher. Tu n’es plus un enfant, et tu n’es plus un vampire nouveau-né. Tu assumeras tes décisions, je suppose, et je prendrai sur moi pour assumer les miennes. Souviens-toi simplement que je ne t’ai jamais fui, moi. »

Elle aimerait qu’il cesse de s’acharner. Qu’il réalise enfin la contradiction dans laquelle il s’embourbe. Elle n’a jamais voulu que les voir réunis. C’est bien pour cette raison qu’elle a attendu que sa rancune passe. Pour que leurs retrouvailles se déroulent au mieux. Au final, elle avait été la seule à s’imaginer cette éventualité, et rien ne s’était produit comme elle l’avait imaginé, ou désiré. « Anticiper a ses limites. J’anticipe les coups politiques. Pas les fluctuations d’affection entre toi et moi, quand tu es d’humeur à m’accorder de ton attention sans te plaindre, sans me voler régulièrement ce qui m’appartient, ou sans te tenir invisible quelque part dans ma chambre à violer mon intimité. »

Elle voudrait le provoquer. Le mettre mal à l’aise. Soulever chez lui une réaction plus virulente, le faire sortir de sa zone de confort. « Tu t’aveugles. Tu emploies des mots dont tu ne maîtrises même pas la portée. Une dynastie ? Dynastie il y aurait si le fameux empire oriental s’était transmis, était passé de main en main dans la lignée de Salâh. Il est le seul despote à en tenir les rênes. Qui en hériterait ? Toi, peut-être ? Il n’y a pas d’empire. Rien qui ne puisse être détruit en quelques années. Tout est friable. Tout s’élève puis retombe. Tu es tellement sous sa coupe que tu n’es même plus capable de le remarquer… Ce n’est pas du fiel. C’est une analyse basée sur les dizaines d’autres Caïnites qui, comme lui, se sont crus souverains sans partage d’une région du monde en prenant leur pouvoir pour acquis. »

Derrière elle, quelque part, son téléphone vibre. Elle devine qui est à l’origine des messages qui l’accablent. Elle pivote, récupère rapidement l’objet dont l’écran s’illumine de ces missives textuelles alarmées. De son pouce, elle en efface les notifications, fataliste. « Moi aussi, je suis fatiguée. Fatiguée de devoir me justifier auprès de toi. Tu es un petit garçon capricieux. Pire, tu es devenu prétentieux. Je n’ai aucun compte à te rendre. Si tu n’es pas satisfait de qui je suis sans même vraiment avoir tenté de gratter le vernis, je ne te courrai pas après. Je ne te courrai plus après. Tu vas pouvoir te reposer. »  
Elle se redresse, le darde une dernière fois de cette évidence même pas foncièrement faite pour blesser : « Tu n’aimes plus les femmes à cause de moi, j’ai saisi. C’est ta façon de me punir ? Parfait. J’ai connu pire. J’ai connu bien pire que le ressentiment d’un gamin ingrat dans ton genre. »

Sois un homme.

CODAGE PAR AMATIS



Before I'm dead

Revenir en haut Aller en bas
Anonymous
Invité
Invité
Ven 27 Aoû - 21:59 (#)


Fin de partie.

Tu es un petit garçon capricieux.
Il fronce le nez, d'une contrariété qu'il ne cherche même plus à lui dissimuler, ayant paradoxalement passé l'âge de se métamorphoser pour correspondre à l'idéal parental projeté sur l'enfant encore difforme et malléable. Il n'est, et ne sera jamais, ce qu'elle paraît attendre de lui. Il ne sera plus jamais ce petit garçon qui avait été son salut, il y a plus d'un siècle. Il ne sera jamais cet homme solide et robuste, sur lequel elle pourrait s'appuyer en cas de crise et de cataclysme. Il ne sera jamais ce soutien indéfectible, cet amant courageux et qui jamais ne ploie l'échine. Il est un éternel fuyard, perdu dans le monde trop vaste, banni du ventre maternel de sa Jérusalem natale. L'immortalité pour un damné tel que lui ne se résume qu'à une errance infinie, ponctuée de rocs auxquels il tente de s'accrocher parfois, parmi la tempête de vacuité qui l'emporte toujours plus loin de là où il désirait être réellement. Balayé par des vents dont les puissantes déferlantes le chassaient sempiternellement hors des nouvelles frontières qu'il établissait, il prend conscience, entre ces quatre murs nus et dont la blancheur illusoire ne dupe personne, qu'il ne s'est jamais senti chez lui depuis qu'il a perdu la vie. Ni le désert, ni la vaste demeure de Salâh ad-Dîn à Ispahan, ni même ce motel ne lui avaient jamais apporté la sécurité et la chaleur d'un foyer. Il n'y avait qu'entre les remparts de la Ville Sainte qu'il aspirait à se lover, échouer et mourir, comme Eoghan Underwood le lui confierait quelques mois plus tard à propos de la Nouvelle-Orléans. Mais toute idée de retour était proscrite, depuis la nuit où il avait lui-même signé son trépas.

La blâmer pour lui avoir subtilisé cette demeure qui n'en était pas une ne constituait qu'une injustice supplémentaire. Une énième attaque dirigée envers celle qu'il adulait pourtant, celle contre laquelle il souhaitait retrouver la paix, car elle était tout ce qu'il lui restait. Tout ce qui n'avait pas été enfoui sous le sable, à jamais hors d'atteinte. Elle était la rescapée de la plus grande perte de son existence, le vestige de sa vie avortée trop tôt. Si jeune. Il éprouve difficilement de la pitié pour cet homme mort dans le désert à l'aube de ses vingt-cinq ans, pour cet homme qui s'était sacrifié et avait offert sa nuque au couperet de l’Éternité, abandonnant derrière lui mère et échoppe, ainsi que des enfants qui ne verraient jamais le jour. Des enfants qu'il ne se souvient plus avoir désiré, pour combler ce ventre vide et inhumainement déserté de vie, qu'elle portait en deuil à chacune de ses visites nocturnes. De rares lambeaux de mémoire flottaient aujourd'hui encore dans sa conscience, mais il se remémore pleinement cette sensation vertigineuse et douloureuse face à la cruelle béance qu'il aurait souhaité remplir. Pour lui faire oublier les horreurs du passé, les injustices de l'existence. Pour lui offrir ce qu'elle avait toujours mérité de posséder.

Alors les mots frappent et atteignent le cœur fatigué de décevoir, sans que la silhouette ne flanche ni ne s'anime d'un mécanisme défensif salvateur. Face à elle, il demeure encore cet être passif, trop effacé pour réagir comme pour être réellement bouleversé par les propos tenus. Car les paroles acerbes en auraient soulevé plus d'un, aurait provoqué la colère ou tout du moins la protestation. Mais là où elle semble parfois attendre une réponse entre deux répliques cinglantes, elle ne cueille qu'un silence fantomatique, face à ce visage absent et défiguré par l'impuissance. Car c'est probablement ce qui résume le mieux l'état d'esprit tourmenté de l'Oriental : un abattement fataliste, face à ces vérités qu'il serait vain de contredire. Argumenter face à cette diatribe ne constituerait qu'un acte de mauvaise foi qu'il ne souhaite nullement lui imposer. Il se rend à l'évidence : elle est meilleure oratrice que lui, et tout comme trop souvent face à son Sire, il accepte d'avoir perdu la bataille d'avance, dans son éternel manque de zèle et de cet esprit conquérant qui lui fait tant défaut. Était-ce cela qu'ils lui reprochaient alors tous deux ? Son indolence était-elle le cœur de leur déception mutuelle ? Cette absence récurrente d'affirmation de soi, de prise de position dans la houle des débats, lui qui préférait si souvent observer l'existence défiler et n'infléchir le cours des choses qu'en de rares moments de grâce ?
Allait-il finir seul, par manque d'audace ?

C'est de cette pensée qu'éclot le cran nécessaire à ce qui s'ensuivra.
La pensée que sans le Culot d'Eoghan Underwood, bien peu de choses auraient troublé son existence. Cette conviction qu'il lui fallait, à cet instant précis, faire preuve du même Culot qui les avait si souvent portés, les amants maudits, vers un resserrement de leur lien, vers un après toujours plus complexe, toujours plus fusionnel. Ce courage et ce goût du risque, qui lui manquaient tant lorsqu'il s'agissait d'Elle.
Alors enfin, il se décroche de la fenêtre et s'arrache à son immobilisme, et l'ambre s'épaissit au contact de l'océan qu'il rencontre enfin pleinement. Sans voile d'absentéisme. Sans brouillard insondable. Sans fuite.

Je serai un homme.

Les quelques pas qu'il assène contre la moquette suffisent à lui conférer cette fougue qui le déserte trop souvent, à lui octroyer le courage d'accomplir ce qu'il n'avait jamais osé faire, un siècle auparavant.
La démarche décisive, son élan se transfère à travers ses mains qui se portent aussitôt au visage féminin, sans temps mort, sans s'accorder à lui-même le moindre répit susceptible de le faire flancher.
Les dextres en coupe autour de la figure chérie, la prunelle déterminée, il ne ferme pas immédiatement les yeux lorsqu'il se penche pour l'embrasser.
Ses gestes, jamais aussi tendres et réels qu'en cet instant de suspend, où se concrétise le refoulement d'un désir séculaire, enferment Aliénor dans une étreinte sincère.
Il la touche comme jamais il n'a osé la toucher, soulève le voile pour entrevoir une réalité qui aurait pu être leur et qu'il n'avait peut-être jamais eu le courage d'assumer. Car là résidait toute la source de son malheur. L'éternel regret de n'avoir jamais été capable de surmonter sa lâcheté à son égard. Les affres du tourment d'une éternité passée à imaginer ce qu'il n'avait pas eu la patience d'attendre. Son retour. Ses visites. Elle.
Ses mains la caressent avec lenteur, chaque cellule imprime sous le derme le souvenir de ce toucher tout sauf spectral. De la ligne des épaules à la rondeur d'un sein qu'il a l'audace de souligner, il l'enveloppe d'une tendresse qu'il ne lui a jamais accordée, par peur des lendemains incertains. Il l'embrasse pleinement, comme un homme éperdu embrasserait sa compagne d'une vie, avec la sincérité d'une affection trop souvent dissimulée, mais jamais disparue, qu'il lui porte depuis le premier jour.
Lorsque sa bouche s'écarte enfin de la sienne, le souvenir du baiser unique capturé entre ses lèvres audacieuses, ce n'est que pour lui murmurer cette vérité enfin assumée, cette vérité qu'elle était en droit d'attendre, peut-être espérée depuis des années.
« Je n'aime plus les femmes car il m'aurait été impossible d'en aimer une autre que toi. »

La promesse de cet amour avorté est morte en même temps que moi, dans ce désert.
Tu es la seule qui ne sera jamais digne des sentiments que j'ai nourris à ton encontre. De cette flamme qui jamais ne s'éteindra.
Et je veux qu'il en soit ainsi pour l’Éternité.
Ô Souvenir charmant.
Ma Terre Promise.


Ses doigts abandonnent l'audace des caresses pour se réfugier dans le creux de ses reins et l'attirer contre lui, dans le cocon d'une étreinte-foyer, et l'enfant niche son visage dans l'alcôve du cou maternel, pour respirer le parfum de la femme dont il n'avait jamais osé partager la vie.
« Pardonne-moi… »
La voix tremble mais jamais ne faiblit, plus émue qu'indécise, sous la prise de conscience de la révélation.
« J'ai été lâche. Je suis lâche. Je t'ai accablée de tant de choses, de toutes ces choses que je n'ai jamais accepté de reconnaître. »
La prise de ses phalanges se raffermit doucement contre les hanches féminines, pour ne plus être ce toucher spectral et éphémère dont elle avait dû se contenter, depuis leurs retrouvailles.
« Tu as raison. Je ne suis pas aussi fort que toi. Je n'ai rien fait pour préserver, pour approcher cette Lumière que tu m'as apportée en venant ici. J'avais peur. Peur qu'Il ne me prive du dernier vestige de Là-Bas. De Toi. »
Il avait cru absurdement qu'il devait rester, pour elle, ce petit garçon qui refusait de grandir. Puisque l'homme l'avait déçu, n'avait pas attendu le retour de sa Promise, alors il avait préféré inconsciemment raviver le souvenir de cet enfant qu'elle avait choyé. Peut-être pour lui faire oublier la lâcheté de l'époux, lorsque l'alliance avait été refusée.

La gorge serrée d'émotion, il hume ses cheveux, le nez plongé dans les boucles qu'il n'avait jamais osé faire siennes. Il s'imprègne de son parfum chargé de souvenirs, de ces nuits passées à converser avec elle à la fenêtre de sa chambre, à braver le sommeil pour émietter des instants entiers de son existence contre elle, seulement contre elle. Puis, l'étreinte se desserre lentement et son visage se recule, le regard chargé d'une tristesse nostalgique, et ses yeux incapables de pleuvoir cherchent le réconfort des prunelles océanes. Le chagrin prisonnier de l'aridité de sa condition s'effrite sous le bleu maternel tant sollicité, malgré ses fuites permanentes.
« Je crois que te décevoir Toi m'est encore plus douloureux que de le décevoir Lui. »
Il baisse les yeux vers ses mains, en saisit une avec délicatesse, de ses doigts d'horloger toujours soucieux de ne pas précipiter, de ne pas heurter. Le geste est amorti de tendresse lorsqu'il porte la paume féminine à ses lèvres et en embrasse le cœur avec dévotion. Une hésitation fugace lui murmure de ployer le genou, pour elle. Mais il ne s'exécutera pas. Pas par orgueil. Mais parce que leur histoire ne pouvait accueillir qu'une seule demande en mariage.
« Je n'ai que faire de votre guerre. Je veux simplement avoir une place à tes côtés. Pas une place politique. Je vous laisse ces enjeux qui me dépassent. Un jour, peut-être cernerai-je davantage ces desseins stratégiques. Mais pour l'heure, je ne réclame qu'un creux contre ton flanc. Je sais que je ne le mérite pas. Mais je prends le risque de te le demander tout de même. Si tu veux encore de moi. »

Il tourne le visage vers le téléphone qui vibre encore, devine la signification de ces alarmes récurrentes.
« Il s'inquiète pour toi. »
Plus que je ne l'ai jamais fait. De la manière dont j'aurais dû le faire. Sans pudeur, sans crainte, avec cette entièreté que je lui envie. Oui, je lui envie cette facilité qu'il a à te faire rire, à se lier à toi, à te rassurer comme je n'y parviendrai jamais.
Puis son regard migre vers la porte, vers le chemin tout tracé vers le bureau et la chambre qu'il partageait avec son Sire, vers la cachette que ce dernier n'avait jamais décelée, sous le lit, ultime provocation face à la toute-puissance revendiquée par son Aîné.
« Je peux te rendre tes affaires, si tu le désires. Un seul mot de toi, et je pars les chercher. »
Le murmure est sincère, dépossédé de toute fatalité, et les mots s'articulent avec l'unique ambition de la contenter. Si elle désire récupérer les biens dérobés, à défaut des moments qu'il aurait dû lui accorder sans chercher à rester le spectateur de son existence, qu'elle exige, et il s'exécutera. Car il ne craint plus le courroux, seulement l'indifférence.

code by EXORDIUM. | imgs by tumblr



Revenir en haut Aller en bas
ADMIN ۰ Dalida - Elle devra choisir entre son amour et sa mort.
Aliénor Bellovaque
Aliénor Bellovaque
ADMIN ۰ Dalida - Elle devra choisir entre son amour et sa mort.
♚ TAKE AWAY THE COLOUR ♚

Fin de Partie • Yago  OGUkIML Fin de Partie • Yago  4q8vfGT Fin de Partie • Yago  RORgjLL

"Eh bien ; la guerre."

En un mot : La Vipère sous la rose.
Qui es-tu ? :
"Don't die with a clean sword."

♚ Caïnite âgée de trois siècles ; Accomplie du bel âge à portée d'ongles carmins.
♚ L'Ambition la ronge, mais laquelle ? ; le vide de nuits interminables la détruit plus sûrement que n'importe quelle balle en argent. L'Ennui pour seul véritable danger.
♚ Gorgone gauloise, sa réputation parle pour elle, surnommée Mère sanglante ou Reine rouge. Nombre d'enfants sont tombés sous ses crocs.
♚ Fille de corsaire, héritière de ses lettres de Marque ; navigua au service de Louis XV dans les eaux des Caraïbes à la tête de l'Espérance, frégate à l'équipage composé de deux centaines d'hommes.
♚ Trahie par un Britannique ; capturée et ramenée de force sur l'île de Mona, torturée , abusée, échappée - mourante (malaria). Transformée par un autre, à l'aube de sa trentaine.
♚ Éprise de coups d'État et féroce opposante à l'Essaim. Antique imperméable à l'ordre. À la tête du clan du Chaos. Danseuse sur le fil acéré de leur rigueur.
♚ Maudite ; aucun enfant n'a pu sortir de son ventre. Aucun Infant n'a pu résister à son vice, transmis tel un fléau. Sire matricide par deux fois. Échec toujours en gestation.
♚ Sang turc dans les veines, manie les us et coutumes perses. Son réseau d'Orient et d'Occident est dessiné comme une arachnide file sa soie.
♚ Incapable d'aimer son époque ; craintive pour l'avenir, répudiant son passé.
♚ Se joue d'une beauté en laquelle seuls les autres croient. Ancienne compagne de Serguey Diatlov, mère de substitution de Yago Mustafaï, protectrice de Mei Long et amante éternelle de Jenaro Silva.
♚ Pie voleuse, elle a dérobé le Clan du Chaos aux mains trop glissantes de Salâh ad-Dîn Amjad, qu'elle compte bien refonder en un ordre sérieux pour s'opposer à la Mascarade ainsi qu'au dictat de l'Essaim en place.

♚ SLAVE TO DEATH ♚

Fin de Partie • Yago  FASlTSW Fin de Partie • Yago  UByGHjO Fin de Partie • Yago  W6JtYIp

"I know where you sleep."

Facultés : ♚ Vicissitude (niveau III)
♚ Mains de la destruction (niveau I)
♚ Chimérie (niveau I)
♚ Stratège. Rapide. Teigneuse.
Thème : Sleep Alone ♚ Bat for Lashes
Fin de Partie • Yago  X13YkvN
♚ CANNIBAL ♚

Fin de Partie • Yago  9KgtXIf Fin de Partie • Yago  7iJSCrv Fin de Partie • Yago  6gla5CK

"Mind if I cut in?"

Fin de Partie • Yago  BFJjZXP


Pseudo : Nero.
Célébrité : Laetitia Casta.
Double compte : Eoghan Underwood, Sanford R. De Castro, Ian C. Calloway & Gautièr Montignac.
Messages : 1631
Date d'inscription : 14/07/2017
Crédits : LUNAR (ava') ; Amiante (signa')
Ven 24 Sep - 4:25 (#)

♛ « Si je ne tue pas ce rat il va mourir. »
« L'infini du vide sera autour de toi, tous les morts de tous les temps ressuscités ne le combleraient pas, tu y seras comme un petit gravier au milieu de la steppe... Oui, un jour tu sauras ce que c'est, tu seras comme moi, sauf que toi tu n'auras personne, parce que tu n'auras eu pitié de personne et qu'il n'y aura plus personne de qui avoir pitié. »

▼▲▼

Le silence.

Il ne débat pas.
Il ne fuit pas.
Il reste là.

Elle a presque froid tout d’un coup. Sensation fantôme, inexistante. Elle ne se sent glacée que par l’absence de son homme dont elle voudrait se parer des bras forts et rassurants. Déjà presque nue, indécente, elle se sent dépourvue du moindre tissu protégeant pourtant sa pudeur. Par cette logorrhée dure et intransigeante, elle s’est dénudée face à celui qui la courtisait autrefois. Elle s’est fait mal autant qu’elle l’a probablement blessé. Dans sa tête, la scène est terminée. Yago s’en ira, peut-être sans se retourner cette fois, et ne lui accordera plus la moindre occasion de lui prouver que Salâh a tort, depuis toutes ces années. Tort d’annihiler tout ce qui constituait autrefois l’identité du vampire, le changeant en cette coquille presque vide, cette carcasse mince mais qui lui semble si difficile à porter, visiblement. Elle n’a plus la foi de mener pareille bataille. Elle ne peut surtout toutes les mener de front en même temps. Elle a perdu celle de l’intime. Dans un bruit mat, son téléphone retombe contre le bureau, sans qu’elle ne réponde aux messages qui s’empilent, qui s’accumulent dans la partie « Messagerie ». Serguey. Serguey l’appelle, l’attend, prêt à voler jusqu’à elle au moindre signe. Bientôt, elle le sent, cette inquiétude légitime se changera en colère. Bientôt, elle aussi devra affronter la déception du mortel qui compte le plus à ses yeux. Sa paume échoue contre son front, repoussant une mèche rebelle et témoin de sa lassitude. Elle voudrait que l’aube soit déjà là. Qu’elle se vautre dans les draps, seule mais échappant au moins à la vue des uns et des autres, aux conséquences de ses actes. Se recroqueviller dans les ténèbres et y rester. C’est tout ce qu’elle demande pour l’heure. Ses trois siècles de vie l’écrasent et la clouent au pilori. Il lui arrive de se sentir dépassée par le nombre de nuits traversées sans personne pour lui tenir la main, pour la guider ou la réconforter. Yago ne peut décemment la soutenir. Seule.

Presque par mégarde, elle accroche le regard de son fils spirituel, et remarque aussitôt la lueur plus perceptible qui brille dans les miroirs de son âme. Elle ne sait pas à quoi elle s’attend. Aliénor demeure simplement droite au milieu de cette chambre qu’elle affectionne, dans laquelle elle s’est bâtie nombre de repères, de souvenirs, où l’écho de ses rires reste plus fort que les hurlements des morts de l’autre côté des murs. Longtemps, elle a fantasmé les retrouvailles avec le jeune hébreu. Elle tentait d’imaginer le cadre de scènes dantesques, terribles, émouvantes. Certaines se sont réalisées. Elle garde en mémoire précieusement la visite de son atelier. Fumer l’opium sur les toits de Stoner Hill en devisant sur le monde, la vie et les mortels en contrebas, contempler la lune sans mot dire, se sentant heureuse rien que de pouvoir tendre la main et toucher l’un des nombreux fantômes qui hantaient son existence. Cette scène ne sera pas oubliée, elle non plus. Le temps ralentit sa course quand il s’approche enfin d’elle, sans qu’elle ne puisse prédire ses intentions. Elle n’affiche aucune émotion particulière, attentive, un peu subjuguée par la beauté féline de son cadet. Les paumes fraîches sur ses joues la déstabilisent, sans qu’elle ne cherche à s’extraire de son emprise. Les prunelles océanes se noient dans l’or liquide. Si elle respirait encore, son souffle se serait brutalement tu, quand leurs lèvres se rencontrent en un baiser interdit, impudent et imprévisible. Tout le corps de la succube se tend sous le geste tendre, dépourvu d’hormones, de ce parfum de sexe si prompt à s’éveiller chez les vivants. Elle ne réfléchit pas, et ses bras se nouent autour du cou de celui qui aurait pu tout être, si leur destin en avait décidé autrement. Elle se hisse sur la pointe des pieds, plaquant avec une innocence étrange ses courbes et son corps contre le sien. Elle l’éprouve comme jamais elle ne l’a fait auparavant. Du point d’ancrage de sa nuque aux reliefs qu’elle peut distinguer sans mal, jusqu’à son odeur qui envahit ses narines en la plongeant dans un état de délectation rare. Apaisée, elle incline à peine son visage pour mieux lui donner ses lèvres, paupières closes depuis longtemps. Elle n’a jamais refusé cette langueur qui a toujours fait partie d’elle, et que sa nature de Caïnite complique sans jamais la freiner totalement. Aucun remous n’agite son ventre, mais son esprit, lui, demeure parfaitement lucide sur ce qu’ils sont en train d’accomplir.
Sous ses paumes d’artiste, elle s’épanouit comme elle n’a jamais eu l’occasion de le faire à ses côtés. Elle n’aurait pu devenir sa femme. Elle l’aurait dévoré, aurait tordu sa personnalité malléable au point d’en devenir mauvaise. Elle bénit ce qu’ils ont, ici et maintenant, et qui lui permet de recevoir la tendresse de celui qu’elle a pourtant crucifié par les tempêtes politiques dont l’écume l’a giflé. Par sa douceur, son inclinaison naturelle à répondre à ses attentions, elle tente de se faire pardonner pour sa langue vive, par ses actes cruels. Elle regrette presque de ne pas disposer d’une gorge à proximité. Elle se demande ce que cela ferait, d’être prise par lui. De le découvrir sous ce jour nouveau. De sentir ses reins prendre leur élan pour mieux la frapper tel le ressac. Elle tremble de caresser du bout des doigts cette infamie, scandale incestueux, délire né de son esprit malade. Elle n’a pas le droit de le vouloir sous cette forme-là. Ils vont déjà bien trop loin par cette incartade qu’elle n’aurait jamais pu soupçonner, ni en deviner la venue en cette nuit de deuil.

Il s’arrache à elle, et l’immortelle contient une plainte infime, désolée d’avoir à se séparer de sa bouche plus puissante et déterminée qu’elle le pensait. Poupée de chiffon remuée, elle se laisse attirer plus proche encore, aimant la pression des doigts tout près de sa croupe, là où jamais il ne l’a encore touchée. Un peu perdue, une main se glisse dans les cheveux châtains et soyeux pour le garder là, en une posture douloureusement semblable à celle qu’adopterait son colosse aux pieds d’argile. Petit bout de femme faite pour inciter les géants à ployer ; confessions de tous leurs aveux de faiblesse. Clé de leur passé comme de leur future. Pythique. Les lèvres entrouvertes sous la stupeur de ses excuses, elle panique, s’affole d’avoir brisé quelque chose en Yago. Elle ne pensait pas l’impact de sa diatribe si violent. Il s’évade d’elle, mais pas longtemps. Leurs phalanges se retrouvent nouées, et la voilà à contempler un peu stupidement leurs dextres enlacées brièvement, avant qu’il ne porte sa paume à son visage pour en baiser l’épicentre. Elle se sent si faible. Emportée par ces preuves d’un amour qui ne portait de nom dans aucune langue de sa connaissance, elle sent quelque chose vaciller en elle.  

« Yago… »

Elle ferme de nouveau les yeux. Vertigineuse descente, comme une cabine dont les câbles auraient lâché. Grisante. Mais effrayante, aussi. « C’est moi qui suis désolée, pour tout ça. Tu es un dommage collatéral entre Salâh et moi. Cela n’aurait jamais dû être. » De sa main libre, la voilà qui caresse cette joue adorée, dessinant prudemment les contours de sa cicatrice avec une affection impossible à imiter. « Tu méritais bien mieux que nous deux. Même si une part de moi, la plus égoïste, est heureuse de t’avoir à mes côtés. » Son sourire est dépourvu cette fois de toute la mesquinerie qu’elle affichait quelques minutes plus tôt. « Je suis honorée. Tu étais une âme si pure, alors. Un homme de bien. J’ai eu beaucoup de chance de voir ma route croiser la tienne. Mon chaton. Mon fils. Mon bel hébreu. » Elle se surélève de plus belle pour l’enlacer plus étroitement, respirant le parfum de sa chemise, lui dont l’élégance n’a jamais cessé d’être de mise. « Je ne te demanderai jamais de prendre mon parti. Je ne te mêlerai pas à la politique. Tu auras toujours une place à mon flanc. Toujours. Je veux de toi. Aujourd’hui comme dans mille ans, s’il le faut. Je ne retire pas ce que je viens de te dire, mais je sais que je suis dure et exigeante avec toi. Je le fais au nom de tout ce qui me retient encore liée à ton futur. Je ne peux changer ce que je suis, mais cela ne veut pas dire que je n’éprouve aucune estime pour toi. Bien au contraire. »

La pression de ses bras se resserre encore davantage.

« Garde-les. Garde mes affaires autant que tu le voudras. Je ne t’en veux pas pour ça, tu le sais très bien. » Ses griffes se plantent dans le tissu. « Yago… Je t’aime. Je t’aime, et rien ni personne ne changera quoi que ce soit à cela. Je t’aime comme si je t’avais vu naître, comme si je t’avais élevé et regardé vivre depuis toujours. Dans mon cœur, tu seras toujours un peu mon Infant. Mon petit. » Elle a du mal à le relâcher. Elle craint de ne plus le revoir avant longtemps. Elle redoute l’intransigeance de Salâh, probablement pas aussi tolérant quant à la neutralité réclamée par le Longue-Vie. « Tu es devenu si beau. Si fort. Tu finiras par t’endurcir encore… j’en suis sûre. Tu affronteras tes peurs ou tu sauras les esquiver avec adresse. »

Chuchotement. « Tu pourras venir me voir chaque fois que tu en auras envie. Le tableau aura retrouvé sa place. Je te le promets. »

CODAGE PAR AMATIS



Before I'm dead

Revenir en haut Aller en bas
Anonymous
Invité
Invité
Mar 25 Jan - 20:48 (#)


Fin de partie.

Rêve effleuré, divin fantasme, idylle jalousement cadenassée dans son inconscient. Amours impossibles, et pourtant rendues uniques par leur non-accomplissement. Comme un coin de paradis qu'il gardait égoïstement en tête, une réalité alternative dans laquelle il avait tout le loisir de se réfugier, lorsque les choses tournaient mal. Oui, ils ne seraient jamais amants. Il avait manqué le rendez-vous du siècle précédent, et il ne cherchait nullement à provoquer de nouveau le Destin.
Toi et moi sommes une histoire fanée.
Une histoire qu'il entretenait pourtant, enfouie en lui, comme la rose éternelle que l'on conserve sous verre, comme la plante immortelle à jamais figée dans l'herbier soigneusement entretenu. Après tout, peut-être que leur relation n'en était que plus belle de ne pas avoir été consommée. Elle resplendissait dans cette promesse interdite, dans cette certitude qu'ils ne s'appartiendraient jamais.
Pas de magnificence sans tristesse.
A l'instar d'une divinité à laquelle l'on se contentait de croire sans jamais l'apercevoir, Elle flamboyait dans son cœur comme le printemps dans une ville fantôme. Elle ponctuait de couleurs cette zone morte et désertée depuis trop longtemps.
Elle l'aidait à tenir le cap.

Elle était la boussole dans la tourmente.

S'il était un dommage collatéral entre les deux Immortels ? Peut-être. Souvent, il avait ressenti les secousses, les séismes d'enjeux qu'il ne maîtrisait pas. Conscient qu'une joute opérait au-dessus de lui, mais trop humble pour en accepter le sens. Le temps où il ne se désignait que comme un modeste horloger, dans son échoppe sans prétention de Jérusalem, était définitivement révolu. Malgré son acharnement à en entretenir l'illusion, à amasser pléthore de cœurs artificiels et à s'en entourer jusque dans son sommeil, la fatalité le rattrapait. Il était pire que mort : il était évanescent, absent à lui-même depuis trop longtemps ; un spectre décoloré, condamné à errer autour du berceau originel sans jamais pouvoir y retourner.
Heureusement, la voix d'Aliénor l'accrochait au réel. Ancre de son existence, proue d'un navire qu'il menait péniblement à l'aveugle depuis près d'un siècle, elle avait toujours été la sirène qu'il avait cherché sans se l'avouer. Et, en refusant ce mariage invraisemblable, elle avait renoncé à l'entraîner au fond de l'océan.

Soupir factice entre les corps enlacés.
Lentement, il se détache, désireux de croire en cette promesse qu'il s'endurcira avec le temps, comme elle l'affirme sans crainte. La tendresse sincère et maternelle qu'Aliénor lui porte le touche plus que de raison. S'il était encore en vie, ses joues rosiraient de ce bonheur indicible, de cette fierté toute enfantine, même pour un homme d'âge avancé, d'être regardé et cajolé de la sorte par une femme comme elle. La sensation qu'il croyait enfouie à tout jamais remonte à la surface de sa conscience : celle de la première émotion qui l'avait traversé, petit garçon, lorsqu'il l'avait aperçue perchée sur les toits de Jérusalem. Un mélange d'admiration, de curiosité et surtout, cet élan presque surréaliste qui les avait poussés l'un vers l'autre. L’Évidence. Avec le recul, il avait pris conscience que les événements auraient pu se dérouler de mille autres façons.
Mais elle avait choisi de l'épargner et de l'élever, lui, son petit, son Hébreu, son unique, et sa vie s'était dès lors habillée de cet éclat incorruptible : la fierté d'un petit garçon d'être un Tout dans les yeux aimants et maternels.

Elle avait tout fait pour lui, et avait tant donné.
A présent, il désirait le lui rendre. Enfin, il se sentait prêt à assumer auprès d'elle ce rôle qu'elle avait longtemps espéré.

Alors, malgré la maladresse de son timbre quelque peu vacillant, il se risque à une nouvelle audace. Détaché d'elle, seules leurs phalanges les unissent.

« Que dirais-tu d'un… rendez-vous en ma compagnie ? »
Il prononce le mot en français, vestige de la guerre, comme tant d'autres. Il ignore pourquoi, mais ce sont ces souvenirs-là, criblés d'horreur et d'incompréhension, qui resurgissent pourtant en cet instant crucial et guident la conversation. Parmi les réminiscences des charniers et des fusillades, des traces mnésiques plus légères éclosent, coquelicots parmi les débris de chair humaine et de métal.

Le rouge sur la cendre.
Il n'est jamais trop tard pour déclarer son amour à une femme.

« Allons danser. Ce soir. »
Il s'attend à ce que la surprise trouble le visage féminin lorsqu'il lui propose, la voix doucereuse :
« Pendant la Guerre, lorsque j'ai vécu aux côtés de Jürgen et qu'il fallait que je passe inaperçu, il a jugé bon de m'enseigner quelques… bonnes manières occidentales, et comme nous sortions parfois ensemble, il avait estimé nécessaire de me transmettre les rudiments de quelques… danses de salon. »
Une lueur de reconnaissance passe sur son visage, un instant fugace, presque impossible à saisir. Jürgen. Sans cette rencontre, il serait mort. Oublié. Comme les autres. Énième anonyme parmi les dépouilles. Ou assassiné par l'Essaim, pour servir d'exemple. Mort, définitivement. Mort.
Cette nuit, il voulait se sentir vivant. Il voulait être avec elle.
« Oh, je n'aurais nullement la prétention d'affirmer que je sois un bon danseur, et je dois probablement être quelque peu rouillé… sans compter que tu préfères peut-être ces musiques criardes et synthétiques de nos siècles, tu as toujours été plus moderne que moi. Mais, si tu le désires, et si tu connais un endroit… je serais ravi d'être ton cavalier, pour cette nuit. »

Et pour toutes les autres, lorsque les hommes te feront du mal. Lorsque la tempête menacera de t'ébranler. Lorsque tu te lasseras de toutes ces batailles à mener.
Je serai là.


code by EXORDIUM. | imgs by tumblr



Revenir en haut Aller en bas
ADMIN ۰ Dalida - Elle devra choisir entre son amour et sa mort.
Aliénor Bellovaque
Aliénor Bellovaque
ADMIN ۰ Dalida - Elle devra choisir entre son amour et sa mort.
♚ TAKE AWAY THE COLOUR ♚

Fin de Partie • Yago  OGUkIML Fin de Partie • Yago  4q8vfGT Fin de Partie • Yago  RORgjLL

"Eh bien ; la guerre."

En un mot : La Vipère sous la rose.
Qui es-tu ? :
"Don't die with a clean sword."

♚ Caïnite âgée de trois siècles ; Accomplie du bel âge à portée d'ongles carmins.
♚ L'Ambition la ronge, mais laquelle ? ; le vide de nuits interminables la détruit plus sûrement que n'importe quelle balle en argent. L'Ennui pour seul véritable danger.
♚ Gorgone gauloise, sa réputation parle pour elle, surnommée Mère sanglante ou Reine rouge. Nombre d'enfants sont tombés sous ses crocs.
♚ Fille de corsaire, héritière de ses lettres de Marque ; navigua au service de Louis XV dans les eaux des Caraïbes à la tête de l'Espérance, frégate à l'équipage composé de deux centaines d'hommes.
♚ Trahie par un Britannique ; capturée et ramenée de force sur l'île de Mona, torturée , abusée, échappée - mourante (malaria). Transformée par un autre, à l'aube de sa trentaine.
♚ Éprise de coups d'État et féroce opposante à l'Essaim. Antique imperméable à l'ordre. À la tête du clan du Chaos. Danseuse sur le fil acéré de leur rigueur.
♚ Maudite ; aucun enfant n'a pu sortir de son ventre. Aucun Infant n'a pu résister à son vice, transmis tel un fléau. Sire matricide par deux fois. Échec toujours en gestation.
♚ Sang turc dans les veines, manie les us et coutumes perses. Son réseau d'Orient et d'Occident est dessiné comme une arachnide file sa soie.
♚ Incapable d'aimer son époque ; craintive pour l'avenir, répudiant son passé.
♚ Se joue d'une beauté en laquelle seuls les autres croient. Ancienne compagne de Serguey Diatlov, mère de substitution de Yago Mustafaï, protectrice de Mei Long et amante éternelle de Jenaro Silva.
♚ Pie voleuse, elle a dérobé le Clan du Chaos aux mains trop glissantes de Salâh ad-Dîn Amjad, qu'elle compte bien refonder en un ordre sérieux pour s'opposer à la Mascarade ainsi qu'au dictat de l'Essaim en place.

♚ SLAVE TO DEATH ♚

Fin de Partie • Yago  FASlTSW Fin de Partie • Yago  UByGHjO Fin de Partie • Yago  W6JtYIp

"I know where you sleep."

Facultés : ♚ Vicissitude (niveau III)
♚ Mains de la destruction (niveau I)
♚ Chimérie (niveau I)
♚ Stratège. Rapide. Teigneuse.
Thème : Sleep Alone ♚ Bat for Lashes
Fin de Partie • Yago  X13YkvN
♚ CANNIBAL ♚

Fin de Partie • Yago  9KgtXIf Fin de Partie • Yago  7iJSCrv Fin de Partie • Yago  6gla5CK

"Mind if I cut in?"

Fin de Partie • Yago  BFJjZXP


Pseudo : Nero.
Célébrité : Laetitia Casta.
Double compte : Eoghan Underwood, Sanford R. De Castro, Ian C. Calloway & Gautièr Montignac.
Messages : 1631
Date d'inscription : 14/07/2017
Crédits : LUNAR (ava') ; Amiante (signa')
Mar 19 Avr - 2:42 (#)

♛ « Si je ne tue pas ce rat il va mourir. »
« L'infini du vide sera autour de toi, tous les morts de tous les temps ressuscités ne le combleraient pas, tu y seras comme un petit gravier au milieu de la steppe... Oui, un jour tu sauras ce que c'est, tu seras comme moi, sauf que toi tu n'auras personne, parce que tu n'auras eu pitié de personne et qu'il n'y aura plus personne de qui avoir pitié. »

▼▲▼

« Allons danser. Ce soir. »

Elle ne peut que lui sourire. Il ne se trompe pas en appréhendant la surprise de l’immortelle. Surprise, elle l’est. Mais la courbe délicate de ses sourcils ne s’en fait que plus ravissante, enfin, accompagnant l’inclinaison de son minois émerveillé. Se pourrait-il qu’une fois de plus ce soit lui, l’enfant de Jérusalem, qui parvienne à déposer une fleur sur ce tapis de cendres ? Yago, capable de lui faire surmonter toutes les guerres ; humaines, vampiriques, intérieures… Il est son drapeau blanc, sa trêve bienvenue. Si elle est son ancre, il demeure son étoile. Une étoile tombée du ciel pour elle, dénotant si fort avec la nuit embrumée qu’elle a traversé sans lui, des siècles et des siècles durant, lui semble-t-il. Car Yago est peut-être le seul capable de lui faire oublier tous les charniers. Yago, malgré son âme détruite, corrompue, ne pourrait perdre cet éclat infime d’innocence qui ne cessera jamais de le hanter, même lorsque le vice l’habitera à son paroxysme. Elle le regarde. Elle le regarde et son portrait sublimé par l’amour qu’elle éprouve à son égard l’emplit de nouveau, efface le vide revenu l’envahir depuis que les morts avaient jonché les couloirs. Il n’y en avait plus trace que dans sa tête, désormais. On avait déjà emporté loin, destinées à brûler, les carcasses des arcanistes et autres mortels assassinés. Elle ne reviendrait pas sur sa culpabilité absente, hormis en face d’un autre homme pilier de son existence, dans un café du Downtown. Auprès de l’Oriental, celui qu’elle pourrait sans mal considérer comme sa chair et son sang, elle embrasse sa nature vampirique sans remords. Auprès de lui, elle peut enfin être elle, totalement elle, sans avoir plus peur qu’il ne l’abandonne, à présent. Elle ne s’attendait pas à ce revirement sublime. Elle ne croyait pas que sa propre cruauté suffise à les ramener l’un vers l’autre, à réveiller une part de ce cœur glacé et paraissant répugner son contact. Jusque dans l’horreur la plus noire, Yago a su allumer des chandelles vacillantes. Similaires à celles qui, un jour, avaient orné le rebord d’une fenêtre en son honneur. Après le chaos des dernières nuits, une paix réelle se répand de nouveau dans la chambre servant de scène à leur duo intimiste. Son sourire se renforce. Oui. La Gorgone dansera bien avec lui.

D’un acquiescement discret, elle complète par quelques pas de cette danse qui n’en est pas, se faufilant derrière un paravent aux motifs érubescents. Elle se défait de la soie sans pudeur, mais sans vouloir provoquer la gêne de son cadet. Qu’il contourne la mince barrière qu’elle a dressée entre eux, et elle s’offrira à lui, comme elle l’a toujours fait aux hommes qui, à ses yeux, le méritaient. Elle se glisse dans une robe de coton noir aux motifs floraux ajourés, sa taille cintrée pour mieux nimber les rondeurs de ses hanches et de ses seins. Elle se veut belle pour lui, sans atours exagérés. Elle ne profanera son teint que d’un peu de crayon noir, ne parera ses lèvres que d’une pâte aux reflets d’ocre et d’ambre. Ses chevilles soutenues de talons plus sages que ceux qu’elle arbore d’ordinaire, elle ressemble aux femmes girondes des années d’après-guerre. Une tresse épaisse car guère stricte, nonchalante, pend sur son épaule lorsqu’elle enroule son bras autour de celui de l’horloger.

De leur allure jumelle, ils foulent le sol souillé par la mort ; elle ne se retourne pas. Pas un instant il ne lui prendrait l’envie de s’attarder sur tel ou tel stigmate qu’une main habile n’aura pas eu le temps d’effacer. Pas une seconde elle ne s’attarde sur les effluves de sang humain qu’elle distingue toujours çà et là. Du sang, il y en aura ailleurs. Elle n’entend plus les hurlements des défunts autrement que par l’éternelle litanie qui ne l’a jamais vraiment quittée, depuis l’incendie de L’Espérance. Elle ne voit plus que lui, auquel elle se cramponne sans tenaille, et sa tempe vient parfois s’abandonner contre l’épaule de son garçon, amant de rêve et esprit éthéré ; il est Ariel, elle est Sycorax, et Salâh serait-il alors Prospero ? Ses lippes qui s’étirent, songeuses, la font ressembler à une femme amoureuse, à une mère rassurée. On s’écarte sur leur passage, car personne ne saurait douter alors de l’aura d’étrangeté qui anime ces deux êtres faits pour rester liés.

La nuit d’été finit de l’enchanter. Le silence est revenu, uniquement crevé par le chant infini des insectes bordant le bitume du parking déserté. La télévision du hall a cessé de déblatérer ses informations stupides, entêtantes, sans intérêt.

Elle ne sait pas qu’il s’agit de l’une des dernières nuits de sérénité.
Bientôt, elle devra affronter Serguey, lui exposer la vérité hideuse de ce qu’elle est. De ce qu’elle n’a jamais cessé d’être.
Hideuse, sphinge aux crocs empoisonnés et à la parole fielleuse, se laissant emporter dans le sillage d’un Non-Mort aux Mains grises.

Ne rentre pas.

CODAGE PAR AMATIS



Before I'm dead

Revenir en haut Aller en bas
Contenu sponsorisé
(#)

Revenir en haut Aller en bas
Page 1 sur 1
 Sujets similaires
-
» What's Going On ? - Yago & Aurora
» Ne pleure pas, Bambino • Yago
» It All Ends Now ☽☾ Yago
» Somewhere over the Rainbow - Yago
» Above us, only sky. ♦ Fadia & Yago

Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
-
Sauter vers: