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What's Going On ? - Yago & Aurora

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Anonymous
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Dim 13 Juin - 19:34 (#)

What's Going On ?
 
J’avais passé mes nuits à cela depuis maintenant des semaines. J’étais obnubilé par l’idée de le retrouver. Mais il était discret. Il me fallait me la jouer fine, être discrète, ne pas attirer l’attention. Mon pouvoir d’occultation avait été d’une grande aide. J’avais pu me tapir dans le moindre recoin des rues malfamées de Shevreport pour pouvoir suivre sa trace et finir par savoir où il s’établissait.

Pourquoi voulais-je le voir, me demanderez-vous ? Mon besoin obsessionnel de contrôle. Je voulais absolument ne pas perdre pied, garder les choses en main, ne pas me laisser surprendre, avoir dix coups d’avance sur tout le monde. J’y arrivais dans tous les aspects de ma vie, qu’il s’agisse de mes frères que je ne connaissais que trop bien, de mon clan, de Zayd, de mes rapports aux autres en général. Sauf Nicola. Impossible de savoir comment il allait réagir. Quand je le pensais content, je ne sais quel événement lui ferait prendre la mouche, et l’inverse est aussi vrai. Mais Nicola ne m’inquiétait pas trop pour le moment. Celle qui m’inquiétait le plus en ce moment est Aliénor. Une femme que je connais trop peu, qui est à la tête d’un clan qui prend de l’ampleur. Et cela ne m’enchante pas non plus. Je ne pouvais rien prévoir la concernant. Quelle pièce allait-elle jouer au prochain tour ? Était-elle de ceux à faire n’importe quoi pour réussir ? Est-elle prête aux sacrifices, ou au contraire, est-elle prudente ? Quelles sont ses motivations ? Trop de flous la concernant, ce qui m’empêche de la voir venir et de protéger mes arrières et ceux de mon clan.

J’étais beaucoup plus sereine d’avoir Salah à la tête du clan du Chaos. Je le connaissais, je connaissais ses buts, ses motivations, même si c’est un homme imprévisible, je sais comment appréhender ce chef de clan et prévenir les problèmes. Pas avec elle. Il était parti depuis bien trop longtemps. Je n’arrivais pas à le retrouver. Où était-il passé ? J’avais dans l’idée d’envoyer quelqu’un retrouver sa trace et lui faire passer un message, mais pour lui dire quoi ? Me risquerai-je à mettre en danger l’avenir de mon clan pour un message à Salah ? Face à tous, je suis contre les agissements de son clan. Dans l’ombre, j’ai suggéré à Zayd de me laisser garder le contact avec lui parce que je savais qu’il nous serait utile. Il le sera. J’ai un bon flair pour ce genre de choses.

Alors j’ai dû faire la sale besogne seule. Personne ne pouvait aller aux informations pour moi. Et s’il ouvrait un peu trop la bouche, j’étais fichue. Je me suis contenté de prévenir Jones que je serai occupée ces jours-ci, qu’il s’occupe de tout à ma place, sans donner plus d’explications. Si on en demandait, j’avais toujours des excuses toutes faites et personne ne se poserait de questions.

Après des heures d’attente, un petit bruit au loin. Un homme qui approche. C’est lui, Yago, l’enfant de Salah. Si quelqu’un savait ce qu’il faisait et où, c’était lui. J’avais enfin pu mettre la main sur lui. J’attendais de le voir rentrer dans l’immeuble où il logeait. Encore un peu de patience… Je fixais la façade de l’immeuble vétuste pour enfin voir des lumières s’allumer : il habitait donc au dernier étage.


Enfin devant la porte, j’hésitais à entrer. Habitait-il avec un humain ? Si c’était le cas, il me serait impossible d’entrer. Je regardais la porte avec un certain agacement. L’immeuble était pitoyable. Comment pouvait-on vivre dans un logement pareil ? On ne le choisit pas, on le subit. Je l’avais déjà vécu au cours de ma longue existence, il était hypocrite de ma part de prendre Yago de haut. Il n’est certainement pas responsable de la manière dont il vit. Peut-être. J’appuie sur la poignet et ouvre la porte à la volet : une entrée fracassante était le minimum pour une personne telle que moi. J’entre comme s’il s’agissait de mon propre appartement, grand sourire, les bras grand ouvert, comme si j’ouvrais le show d’un spectacle de cirque :

« Bonsoiiiiiiiiiiiiiir mon cher Yago, je t’ai manqué ? »

Bien évidemment que la réponse serait non. Nous ne nous sommes jamais apprécié. J’envie profondément le lien qu’il entretient avec son Sire. Mais je ferai comme si de rien était pour le bien de ma mission. Quelques pas et je me retrouve vite face à un sol encombré où il est presque impossible de poser mes escarpins hors de prix. Je grommelle, essaie de pousser deux, trois trucs avec mon pied, en vain : c’est encore pire que ce n’était. J’attrape une pièce d’horloge qui traîne à côté de moi pour l’analyser : elle est pleine de poussière. Un humain ne pourrait même pas respirer dans un endroit comme celui-ci.

« Je vois que pour la propreté, ça ne s’est toujours pas arrangé… Sinon, comment se porte mon petit Yago ? »
(c) AMIANTE

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Anonymous
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Mer 16 Juin - 16:00 (#)


Get out of here.

Fin Août 2020.

Bientôt trois mois.
Trois mois à attendre, à craindre le retour du Sire comme à le désirer, tiraillé entre sa peur de le décevoir, et son incapacité fondamentale à exister autrement qu'à travers lui. Dépassé par les enjeux politiques, il avait depuis longtemps perdu le contrôle sur une situation qui lui avait, avec le recul, toujours échappé. Le motel désormais sous le joug de celle qu'il considérait encore, malgré tout, comme une mère adoptive, il s'était réfugié tantôt chez Eoghan, pour ne pas sombrer, tantôt dans son atelier sombre et poussiéreux. Cette nuit faisait partie de celles-là, où sa carcasse maudite échouait entre ces quatre murs bruyants, où des centaines d'horloges et de montres bourdonnaient en asymétrie, dans une cacophonie difficilement soutenable pour une oreille vampirique, dont l'horloger paraissait toutefois étonnamment s'accommoder. Ici, dans ces quelques mètres carrés où désordre et illogisme régnaient en maître, il était libre. Libre de se cacher, libre de penser, libre de ne pas culpabiliser pour avoir été incapable de diriger le Clan en l'absence de son Sire. Ici, il pouvait être une ombre, un anonyme, un voisin taciturne dont personne ne connaissait le nom véritable.
Ici, il se reposait.

La chasse s'était révélée fructueuse ce soir-là, puisque le cadavre d'un adolescent nourrissait désormais la végétation du parc pour enfants où, une nuit, Dillon avait failli mettre fin prématurément à son existence. Pas de sépulture ou même de marquage pour ce fumeur de crack, de peut-être quinze ou seize ans à peine, dont le corps juvénile reposait désormais sous terre pour l'éternité. Pour lui, la mort avait été aussi douce que rapide, silencieuse, sous les volutes de substance illicite dont son être tout entier s'encrassait jour et nuit. Peut-être ne s'était-il même pas rendu compte qu'il s'était endormi à tout jamais, lorsque l'Immortel l'avait enterré, la face tournée contre terre, le firmament par-dessus sa nuque encore chaude, l'astre lunaire pour unique témoin de l'atrocité du crime.
Ses babines sont encore barbouillées de rouge lorsqu'il retrouve le chemin de son appartement, sentinelle des hauteurs de Stoner Hill, sautant de toit en toit avec une souplesse féline, pour finalement retrouver son logis, ce semblant de foyer où il aimait oublier jusqu'à son nom.

Une pipe à opium l'attend sur l'accoudoir d'une méridienne à la couleur outrepassée, jadis d'un élégant rouge vermillon, tandis qu'à même le sol, il s'installe en tailleur. De sa main amputée, il dispose autour de lui plume, encrier et papier à lettre, ainsi que le dernier pli décacheté en provenance de l'Azerbaïdjan. Avec soin, ses dextres déplient à nouveau le courrier relu maintes et maintes fois, et son pouce frôle l'écriture fine et élégante de son Sire, redessine les phonèmes arabes. D'un geste emprunt de déférence, il porte le message à son visage pour le humer longuement, comme pour extraire de la missive le moindre indice olfactif, la moindre information lui en apprenant davantage sur l'état d'esprit de Salâh ad-Dîn. Puis, paupières closes, il dépose le papier ancien sur ses genoux, saisit sa pipe pour inhaler longuement la fumée blanchâtre et la recracher vers le plafond, la tête rejetée en arrière.

Ses sens au repos ne détectent que tardivement la présence importune dans la montée d'escalier. Lorsque son ouïe et son odorat l'avertissent de l'imminence de l'intrusion, elle a déjà la main sur la poignée, barrant toute retraite ou toute fuite immédiate. Avec précipitation, son réflexe premier est de dissimuler les feuillets manuscrits, emplis de l'écriture de son Sire, sous une horloge éventrée et de les glisser sous la méridienne.
Lorsque Aurora pousse la porte avec théâtralité, il se redresse avec hâte, quitte sa position courbée pour se redresser face à elle, l’œil aussi surpris que mauvais face à cette apparition saugrenue.
« Comment as-tu… »
Il fulmine contre lui-même d'avoir manqué de prudence, d'avoir diminué sa vigilance habituelle en regagnant la crasseuse Stoner Hill. Nul doute qu'elle l'avait suivi jusqu'ici sans la moindre difficulté. Peut-être même campait-elle depuis des nuits entières, à l'observer, à se rire de lui, pauvre Infant perdu et désorienté en l'absence de son Créateur.

Malgré leur différence d'âge, il se tient droit face à elle, s'efforçant de paraître le plus intimidant possible ; le port de tête altier, le menton fier, les prunelles furibondes. Il feule à son encontre lorsqu'elle ose approcher ses phalanges impies de l'une de ses précieuses horloges, et se précipite à son encontre pour lui arracher la pièce et la replacer à son emplacement approximatif d'origine. La joue encore souillée par son méfait de la soirée, il peste à son égard, détestant ses manières. Aurora et son arrogance. Aurora et son égocentrisme. Aurora et sa prétention de se sentir partout chez elle. Aurora et son désir absolu de tout savoir, Aurora et sa curiosité maladive.
Aurora Lane, je te hais. Peut-être même autant que Dillon, et c'était peu de le dire, considérant les rapports bien peu cordiaux qu'il entretenait avec l'Irlandaise.
Ignorant royalement sa remarque sur l'état de son logement, il se contente de répondre à sa première question d'un ton glacial, particulièrement mécontent de subir cet interrogatoire.
« Non, Aurora, tu ne m'as pas manqué le moins du monde. Et tu n'as rien à faire ici. C'est chez moi. »
C'était évidemment l'hôpital qui se foutait de la charité, étant donné sa détestable manie d'épier la moindre parcelle de vie des humains, mais cela, il se gardait bien de le lui préciser.

Par d'amples mouvements circulaires, il la contourne, et applique un soin particulier à éviter scrupuleusement de se tenir à portée de main, la sachant provocante et démesurément excessive. Il la toise avec prudence, le regard mauvais, bien décidé à la chasser hors de chez lui, dans l'espoir de préserver son havre de paix et de retourner vaquer à ses occupations. Même si, il le sait, elle ne démordra pas de sitôt, dans ses tendances obsessionnelles à envahir l'existence d'autrui.
« Si tu souhaitais me rencontrer, tu aurais pu appeler. Nous nous serions retrouvés… ailleurs. »
Le dernier mot tombe lourdement, haché par son accent oriental, étonnamment mélodieux, contrastant avec sa mauvaise humeur.
« Ne me fais pas perdre mon temps. Que veux-tu ? Certainement pas savoir comment je me porte. Viens-en aux faits. »
La pipe à opium reposée sur le moelleux de la méridienne, il croise les bras d'impatience, et la darde de ses prunelles courroucées.
Sors de chez moi.

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Anonymous
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Jeu 17 Juin - 19:51 (#)

What's Going On ?
 
Ma tête bascule sur le côté, à l’image d’un chiot curieux d’une chose qu’il n’a jamais vu auparavant. Mais ici, c’est Yago que j’analyse. Il n’a même pas pris la peine de s’essuyer le visage. J’ai presque l’impression de voir Salah dans ses jeunes années. Je fronce les sourcils à cette pensée et secoue légèrement la tête pour chasser ce souvenir, revenant à l’Israélien avec un grand sourire de façade.

Il est visiblement très surpris que je sois ici. Il est vrai qu’il y a très longtemps que nous nous sommes pas parlé, mais, ne s’est-il jamais imaginé qu’un vampire, un jour, le retrouverait en le prenant en chasse comme j’ai pu le faire ces derniers jours ?

« Un conseil, pour qu’on ne rentre pas facilement avec toi, hypnotise un humain chez qui tu habiteras. Sans autorisation, on reste au pas de ta porte. Et c’est un bonus, il peut servir de poche de sang. »

Je hausse les épaules, nonchalante, comme si mon conseil était naturel. Comme si c’était un tutoriel sur comment enlever une tache de vin sur un vêtement blanc. Je ris à cette idée. Vous pensez que dans plusieurs années, les vampires les plus aguerris en matière d’informatique pourraient faire des tutoriels pour apprendre aux plus jeunes à contrôler sa Bête ? Je ris intérieurement à cette idée ridicule, mais reviens rapidement sur terre lorsqu’il m’arrache avec violence la pièce que j’avais dans les mains. D’un geste du plus agaçant, je nettoie le bout de mes doigts sur ma veste de blazer, comme si j’avais eu à toucher une immondice.

Je ne peux pas lui reprocher sa franchise. Elle m’arrache un sourire sincère qui fait immédiatement place à une grimace quand je vois qu’il s’agite. Qu’est-ce qui lui prend ? Il brasse de l’air et je le regarde faire, les sourcils froncés, essayant de comprendre le mystère Yago, sans succès.

Appeler ? Je lâche un hoquet de rire. Vraiment, appeler ? A-t-il seulement un téléphone ? Aurait-il décroché ? Il m’aurait royalement ignoré, je ne suis pas dupe. Je sors mon téléphone et pianote dessus quelques secondes.

« Tu n’as qu’à me donner ton numéro, que je cesse de t’embêter. Nous ne sommes pas copains comme cochons, de ce que je sache, donc j’ai pas tes coordonnées… Tu as un téléphone, au moins ? »

J’affiche un sourire moqueur avant de ranger mon téléphone, persuadée qu’il ne me le donnera pas. Je pointe mon doigt sur ma propre joue, en continuant de garder cet air dédaigneux.

« Au fait, tu en as encore, là… Sur la joue… Yago, enfin ! »

Pourquoi est-ce que je suis si pénible avec lui ? Je ne sais pas. Peut-être parce que je suis jalouse. Jalouse de voir tout l’intérêt que Salah lui porte, que son Sîre lui porte, tandis que je me suis construite seule. Que le mien, qui est mon propre frère, avait mieux à faire. Que je n’ai jamais pu Infanter. J’envie leur relation. Je n’ai jamais connu ce lien si fort qu’ils partagent. Je soupire un instant, essayant d’être sérieux, pour une fois, face à Yago. Juste un peu.

« Je veux voir Salah. Où est-il ? Cela fait des mois qu’il est parti, je suis incapable de savoir où il est. Tu es son Infant, je suis sûre que tu sais ce qu’il fait et où. Il faut absolument que je lui parle. »

Je m’approche de lui et me penche avec ce superbe sourire en biais dont seule moi ai le secret :

« Je suis sûre que tu as besoin de lui, toi aussi. Il est dans ton intérêt de me dire où il se trouve. »

(c) AMIANTE

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Sam 19 Juin - 19:51 (#)


Get out of here.

Ses iris roulent d'épuisement lorsqu'elle lui assène des conseils de bas-étage, s'adressant à lui comme elle le ferait avec un Nouveau-Né à l'efficience intellectuelle limitée. En écho à la suffisance ostentatoire d'Aurora, il ne lui dissimule pas son mépris pour ses grands airs, pour tous ces artifices et pour toutes ces manières factices dont elle se pare, son goût pour la mise en scène frôlant le ridicule aux yeux de l'Oriental. Il ne la connaît que peu, essentiellement par l'intermédiaire de Salâh ad-Dîn, mais jusqu'alors, il avait toujours veillé à se tenir loin d'elle, à ne pas se retrouver dans la même pièce qu'elle s'ils n'étaient que tous les deux. Autant dire qu'il exécrait ce face-à-face qu'elle lui imposait et dont elle se délectait visiblement, tandis que la patience du cadet s'émiettait au profit d'une colère véritable, une colère qu'il parvenait encore à contrôler pour l'heure. Il suffisait de trouver les bons mots, les paroles adéquates, et alors il parviendrait à la chasser de chez elle. Reprendre le courrier, répondre à son Sire, fumer l'opium. Il suffirait de quelques minutes à peine pour qu'il oublie cette détestable intrusion, pour qu'il efface le visage d'Aurora Lane de sa mémoire.

Excédé, il ne relève même pas la comparaison saugrenue avec un animal qu'il se garderait bien de toucher, et ses billes se déplacent lentement, décortiquent le moindre mouvement de son Aînée, éternellement sur le qui-vive. Il sait que l'équilibre simulé de cet échange ne tient qu'à un fil, et qu'il suffirait de peu pour précipiter sa chute et renouer avec leur nature profonde.
A sa requête, il se contente de hausser un sourcil courroucé, et la moue dédaigneuse qu'il arbore confirme effectivement à Aurora que tout bien considéré, il n'est certainement pas disposé à lui confier son numéro de téléphone. Et puis, quelle utilité en aurait-elle ? Il la savait perpétuellement aspirée par les intrigues politiques de son propre Clan, uniquement animée par ses intérêts personnels, comme la plupart des Antiques. Alors que pouvait-il bien apporter à celle qui paraissait déjà tout posséder ?
« Plutôt que de me houspiller, ne pourrais-tu pas plutôt nuire à ton Infant ? Ah… j'oubliais. Il me semble que tu n'en as pas. »
Une pique sévère, qui siffle durement aux oreilles de celle qui l'importune, uniquement vouée à la décourager de poursuivre cette vaine altercation.

Sa remarque l'agace, lorsqu'elle pointe l'incohérence de son visage et il s'empresse de se débarbouiller la joue avec le dos de sa main, se contentant ainsi de déplacer le méfait rouge de sa figure à sa dextre. Les joues gonflées d'embarras, sa colère reflue enfin lorsque la raison de la présence d'Aurora s'éclaire, alors qu'elle se décide enfin à lui confier le véritable motif de sa présence en ces lieux qu'elle abhorre, sans chercher à le lui cacher. Un silence s'étire, où la requête résonne dans la poussière et le désordre de l'atelier ; puis, lentement, un rictus déforme le faciès de l'ancien horloger, lorsqu'il comprend qu'il est en position de force. En possession de l'information exigée, il a désormais le pouvoir de faire pencher la balance de son côté. Mais il se devait d'abord de découvrir la raison d'un tel acharnement de sa part. Car il n'en doutait plus une seule seconde désormais : elle le suivait depuis un moment déjà, jusqu'à avoir provoqué la rencontre de ce soir, nécessaire pour décrocher cette réponse à laquelle elle aspire tant.
Une réponse qu'il ne lui accordera pas sans qu'elle ne se dévoile davantage, sans user de ses frasques habituelles.

Il s'écarte d'elle vivement lorsqu'elle tente une approche, et entame alors d'effectuer les cent pas, évolue dans l'atelier ravagé par le désordre avec la souplesse d'un félin. La démarche aérienne, il est ici maître des lieux, alors il prend son temps pour concocter les phrases qu'il lui délivrera avec une suffisance évidente.
« Salâh ad-Dîn, Salâh ad-Dîn… il n'y en a toujours que pour lui. Mais très chère, si je peux me permettre, je doute sincèrement qu'il ne te porte une attention similaire. »
Un regard vertical pour son corps aux courbes féminines, pour ses vêtements de luxe, pour ce port de tête altier qu'elle arbore naturellement. Il fronce légèrement le nez sous la puissance d'un parfum qu'il devine exorbitant. Mais qu'importe.
« Aurora, Aurora… la vérité est que j'ignore parfaitement où il se trouve. J'en suis navré. »
Il ment éhontément, ralentissant sa progression pour pouvoir admirer à loisir, il l'espère, la déception dans le regard de la multicentenaire. Et puisqu'elle insistait sur le caractère impérieux de rencontrer son Sire, il se ferait un malin plaisir de la faire tourner bourrique, tant qu'il ignorerait de quoi il en ressortissait réellement.

« Et je te trouve bien sûre de toi à mon égard. Je ne suis plus un Nouveau-Né. Je sais subvenir à mes propres besoins sans mon Sire. Mais cela me touche que tu t'en inquiètes. Puisque nous en sommes aux politesses d'usage, comment vont tes frères ? »
Il cesse alors de tournoyer dans la pièce et s'assied avec élégance dans sa méridienne. Sa main amputée attrape la pipe à opium qu'il porte lentement à ses lèvres. La fumée inhalée est recrachée après quelques secondes en direction d'Aurora. Provocante.
« Si tu as un message à délivrer à Salâh ad-Dîn, confie-le moi. Je me ferai un plaisir de le lui transmettre dès lors que je l'aurai localisé. »
Avachi comme un pacha entre le moelleux des coussins, il la dissèque de ses prunelles amusées, ravi de la narguer, et impatient de la voir choir de son piédestal.

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Dim 5 Sep - 20:05 (#)

What's Going On ?
 
La petite entrevue avec mon cadet m’amuse. J’essaie de le faire sortir de ses gonds, traînant mes mains dans son bordel, me permettant des remarques déplacées, me croyant toujours au-dessus de tout. Persuadé qu’un accord tacite entre moi et tous les petits vampires qui n’ont pas connu l’ère où je suis née existe. Qu’ils me doivent respect et obéissance, même si je ne leur rends pas. Ce qui est assez hypocrite de ma part, je le conçois : je ne respecte ni mes frères qui sont plus âgés, ni même Nicola avec qui j’ai été particulièrement insolente lors de nos premières rencontres. Mais cela, ils ne le sauront jamais… du moins, je l’espère. Alors je taquine un peu trop, je dépasse les limites, persuadée d’être la seule à jouer avec mon interlocuteur qui tente de se débattre. Jusqu’à ce qu’il me morde aussi. Mon problème d’Infant est visiblement connu de tous. Mais ce petit impétueux se permet de me le rappeler. De me narguer comme si j’étais son égal et qu’il pouvait dépasser la limite à ne pas franchir.

Il ne s’agit que d’un petit oiseau en colère qui tente quelques coups de becs pour me faire fuir. Ne sait-il donc pas que je suis le félin qui le gobera s’il s’évertue à s’approcher ? Il reste tout de même méfiant, continuant à me tenir en joue, sa langue acérée étant sa seule arme face à moi. Salah m’en voudrait-il réellement, si je lui arrachais les yeux ? Ou juste un doigt ? Seulement pour lui donner une leçon, me dis-je. Me croyant juge et bourreau dans l’atelier de mon pair.

Mais il continue à me narguer, me prendre pour une idiote. Je serre les dents, essayant de garder mon calme et d’éviter toute guerre ouverte, que ce soit avec Aliénor et Salah. Me le voilà, inconscient qu’il est, à dire le mot tabou. A-t-il si peu d’instinct de survie pour oser me provoquer ainsi ? Ose-t-il réellement évoquer mes frères ? J’affiche un sourire dément. Mes yeux s’écarquillent, mon sourire est si large que s’en est presque physiquement impossible. Je vais détruire chacun de ses os sous mes doigts jusqu’à ce qu’il me supplie d’arrêter. Je pensais que cette idée en resterait une, mais je ne me contrôle plus : je lui saute dessus, agrippe sa nuque pour lui faire embrasser le sol. Mon genou sur le dos, je le contrains à rester dans cette position tandis que ma main libre virevolte vers ses longs doigts fins qu’ils possèdent. Quelles mains délicates. Est-ce la raison pour laquelle il est si doué dans son domaine ? Je lui brise d’abord le poignet gauche. J’attrape son auriculaire et un bruit sourd se fait entendre. Je continue ainsi jusqu'à ce que tous les doigts de sa main soient brisés.

« Peut-être que je devrais continuer ainsi, j’ai toute la nuit. Et je sais à quel point tes mains te sont précieuses. Je continuerai inlassablement de les briser s’il le faut, ainsi que tous les autres os que tu possèdes, juste pour entendre le doux son de ces derniers qui se brisent. Et si tu t’évertues à me prendre de haut et te permettre de parler de choses fâcheuses… »

Mon corps se colle contre le sien et je glisse lentement ma langue sur sa jugulaire qui palpite.

« Je pourrais peut-être tenter la frénésie. A qui tu manquerais, toi qui es si indépendant et si… seul ? Mais si tu coopères, peut-être que je pourrais être plus clémente... »

(c) AMIANTE

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Sam 11 Sep - 16:03 (#)


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L'Israélite est confiant. Trop. Peut-être que la mégalomanie de son Sire a fini par l'atteindre lui aussi, avec les décennies, à s'infiltrer et à empoisonner son système, tant et si bien qu'il en a oublié jusqu'au danger de l'âge avancé d'Aurora. Une autre donnée sur laquelle il l'aurait titillée avec un plaisir non-feint, si elle lui en avait laissé le temps. S'il l'avait jaugée avec davantage de prudence.
Lorsqu'elle s'élance sur lui, ses pupilles se dilatent d'étonnement, et aucun réflexe suffisamment vif ne lui permet d'échapper à l'ouragan qui s'abat sur lui. La dextre contre sa nuque n'a rien de féminin, et lorsque l'emprise se resserre, il comprend qu'elle va lui faire regretter ses malheureuses paroles. Précipité contre le sol poussiéreux de son atelier, la main qui tenait la pipe à opium relâche l'objet qui s'écrase contre les lattes du plancher dans un bruit mat. Sous la furie qui l'écrase, il se démène, bien qu'il comprenne rapidement que chaque mouvement sera vain, que chaque tentative de se soustraire à sa poigne s'achèvera par un échec cuisant. Il tente toutefois l'irréalisable, se désarticule avec souplesse sous le genou qui le maintient cloué au sol, tâchant de ramper loin d'elle, d'étirer le plus de distance possible entre leurs deux corps. Mais elle le tenaille, crucifié contre le bois, à l'horizontal, dans une position de soumission qu'il exècre, en particulier avec une femme.

Le craquement ignoble de son poignet lui arrache une longue plainte sourde, tandis qu'il feule à l'égard de la tortionnaire. Des insultes en arabe sont aussitôt crachées dans sa direction, des mots outrageants qu'elle ne comprendra pas, mais qui l'aident à canaliser la douleur à laquelle il ne peut se soustraire. A nouveau, il se démène vainement pour tenter de lui échapper ; ses lèvres hargneuses vocifèrent à son attention, lorsqu'il comprend qu'elle ne compte pas en rester là. Le poignet disloqué git, immobile, sous la main féminine, lorsque les doigts sont brisés un à un, sans la moindre émotion. La douleur lancinante lui arrache un nouveau grondement d'animal blessé, en écho aux sinistres craquements équivoques, qui sonnent le glas de la destruction de sa chair par son Aînée. Il se mord les lèvres pour étouffer les gémissements déchirants qui tentent de s'extirper de sa gorge, trop fier pour abdiquer face à elle, même s'il n'a aucune chance de retourner la situation à son avantage.

La langue de glace blasphématrice transforme la douleur en colère noire, et il feule de rage en direction d'Aurora, les prunelles animées d'une fureur qui ne tarira que difficilement.
« Espèce de… »
Les paroles suivantes sont un mélange confus de borborygmes et de nouvelles insultes en arabe, et il ne mâche pas ses mots pour lui témoigner toute la haine qu'il éprouve pour elle en cet instant précis. Il se tord sous sa poigne, grimaçant sous ses os brisés, sous la douleur fantôme de l'annulaire gauche amputé qui se réveille au contact de l'embrasement des doigts voisins. Un court instant, malgré la folie des actes, il se surprend à se demander si Salâh ad-Dîn apprécierait le tableau : son Infant dominé par celle qu'il considère comme une amie de longue date, qui a osé répéter la douleur initiale de l'amputation, en brisant ses phalanges sans sourciller.

La joue contre le plancher, son regard s'accroche aux feuillets vieillis de l'échange épistolaire, encore dissimulés sous la méridienne. Il doute qu'Aurora parvienne à décrypter les filigranes de la langue arabe qui emplissent la correspondance, mais elle dénicherait probablement quelqu'un dans son entourage capable de traduire les missives. Conscient qu'il ne se soustraira pas à l'emprise d'Aurora, il cesse de se débattre et tente d'argumenter, abandonnant l'idée de la provoquer délibérément.
« Lâche-moi… tu n'as pas le droit… de me toucher… »
Le dégoût est évident lorsqu'il use de son verbe acerbe pour l'éloigner de lui, s'écarter de cette langue féminine répugnante, incapable de remporter la lutte physique.
« Je ne Le trahirai jamais. Tu peux me briser… tous les os… si tu ne m'expliques pas pourquoi tu souhaites le contacter… je ne te dirai rien. »
Malgré les heurts, malgré certaines disputes déchirantes avec Salâh ad-Dîn, elle pouvait mettre sa fidélité à l'épreuve : il serait mort avant d'avouer quoi que ce soit, si elle décidait réellement de le torturer toute la nuit pour lui faire avouer.

Quel genre d'allié userait de telles méthodes pour arracher la vérité ? La violence d'Aurora ne fait qu'amplifier sa méfiance à son égard, et malgré la douleur qui irradie toute sa main gauche, il lui tient tête, s'efforce de la raisonner.
« Si tu es là ce soir, si tu en es réduite à me torturer pour m'arracher la vérité, c'est que tu as un besoin crucial de cette information… Et tant que je ne connais pas les motifs de ta requête, je ne te la cèderai pas. »
Dans la mesure du possible, il tourne lentement la tête vers elle. Il cherche son regard, ses prunelles démentes cognent contre la folie de celles d'Aurora.
« Salâh ad-Dîn ne tolèrerait jamais que tu me traites de la sorte. Si tu veux continuer à le compter parmi tes proches, je te conseille de me relâcher. »
Toujours immobile, il patiente, mesure ses propos, obsédé par ce besoin grandissant de ne plus sentir cette poigne surhumaine sur son corps, de ne plus la savoir dangereusement penchée par-dessus lui. Alors il insiste, son regard la transperce de lucidité malgré la position qu'elle lui impose, bien décidé à ne pas vaciller.
« Lâche-moi, et explique-moi ce que tu lui veux. Sinon, brise-moi. Mais sache qu'il te tuera pour cet affront. Tu le connais aussi bien que moi, tu sais qu'il en est capable. Ce n'est pas une menace. »
Lâche-moi avant de dépasser les limites.
Si tant est que tu ne sois pas déjà allée trop loin.


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Anonymous
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Dim 12 Sep - 15:11 (#)

What's Going On ?
 
Je n’ai pas le droit de le toucher ? Et qui a bien pu donner cet ordre ? J’ignore cette information que je juge inutile, continuant de lui faire voir le parquet sale de plus près. Le jeune vampire gémit sous mes mains et je me délecte du spectacle. J’ai toujours aimé montré ma supériorité, encore plus quand ils font les malins avec moi. Il crache des mots en arabe, langue que je reconnais mais que je ne comprends pas. Et vu son ton, je devine qu’il ne s’agit pas de mots d’amour. Je lui laisse un moment, tandis qu’il se « calme » lentement, m’éclairant sur un point. Il est vrai que si une personne se ramène chez vous sans autorisation et exige quelque chose, vous serez peu enclin à le lui donner. D’autant plus lorsqu’il s’agit d’informations sur son propre Sire. Je lâche un petit éclat de rire en voyant les choses d’un regard extérieur. Le petit marque un point, mais il faut avouer qu’il m’a particulièrement tapé sur le système.

Un besoin crucial. Je pèse à nouveau le pour et le contre, exerçant toujours cette pression sur son dos. Est-ce vital ? Non. J’ai juste besoin de remettre les choses en ordre pour le moment, mais plus le temps passera, plus ce besoin sera urgent. Je ne supporte pas ne pas avoir le contrôle. Et Aliénor m’agace particulièrement ces mois derniers. Mais puis-je réellement dire tout haut ce que je redoute ? Qui me dit que ce petit effronté n’irait pas dire à la terre entière ce que je prépare ? Je grogne un instant, partagée entre l’idée de lui expliquer pour retrouver Salah et l’idée de me débarrasser de cet idiot. La dernière est particulièrement tentante.

Mais il est loyal. Voilà, il possède finalement une qualité dans cette montagne de défauts. Quel Infant agaçant… Il me jette à la figure ce que je ne suis pas pour Alaric. Sa tête se tourne vers moi pour me chercher du regard. Quel être misérable. Impassible, je le regarde se débattre comme le ferait une gazelle sous les crocs de la lionne. Mais il connaît bien son Sire et ses remarques sont justes. Si je suis trop violente avec son Infant, il me le reprochera. Tsss. Ils m’énervent tous autant qu’ils sont, ces vampires et leurs faux liens familiaux qu’ils font mine de respecter et qu’ils brisent à la minute où ça ne sert plus leurs intérêts. Ils sont tous hypocrites.

J’attrape une poignet de ses cheveux pour tirer sa tête un peu plus en arrière et avoir accès à ses yeux. Mes pupilles dans les siennes, je lui dis lentement que s’il se permet à nouveau de parler de ma vie, de mon Sire ou que sais-je encore, le dernier visage qu’il verra sera le mien, après quoi, je lui arracherai les yeux. Il sera toujours vivant, Salah ne pourra rien me reprocher, n’est-ce pas ? Les yeux sont un bon prix à payer pour s’être foutu de moi. Je le lâche finalement et le laisse prendre de la distance avec moi.

« Je dois lui parler de ce qu’il se passe ici, puisque, visiblement, tu ne le fais pas. Il a fait des promesses qu’il ne tient plus aujourd’hui. Il doit rattraper ses erreurs. Et je peux l’y aider. Je veux qu’il revienne ici et qu’il vienne me voir, MOI. Je le connais peut-être bien, mais lui aussi, me connaît. Ce petit périple dans le désert nous a rendu service autant à l’un qu’à l’autre. En souvenir de ce bon vieux temps, je veux l’aider. Et si tu ne lui dis rien, je n’hésiterai pas à te tuer, peu importe qu’il soit furieux et qu’il me fasse la guerre, au moins, il aura ramené son cul en Amérique. »

Je lâche un long soupire, traduisant mon agacement, massant mes tempes pour essayer de me calmer. Puis, lunatique, comme toujours, j’affiche soudainement un grand sourire rayonnant en ajoutant :

« Oh ! Et dis lui qu’il me manque terriblement. »

(c) AMIANTE

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Anonymous
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Dim 12 Sep - 19:50 (#)


Get out of here.

Il éprouve toutes les difficultés du monde à ne pas lui cracher son mépris à la figure. Il n'y a que son instinct de survie qui l'empêche de projeter sa salive vers le visage féminin, de l'entacher de sa haine, détaché de toute règle de bienséance. Elle les avait abattues, dès lors qu'elle avait décidé de le projeter au sol et de lui briser les phalanges une par une. S'il n'a pas failli face à la poigne multicentenaire, il rêve pourtant de disposer de la même force de l'âge, de se battre à armes égales avec celle qui use injustement de son ascendant pour le maîtriser. Comme si ses siècles d'existence avaient effacé toute patience, comme si elle s'était érodé avec le temps. Alors il ne subsistait que la beauté d'un corps, mensonge enveloppant une âme fanée, une personnalité disparue, dont il ne demeurait que la colère et les caprices. Car c'était cela qui le maintenait cloué au sol, la bouche contre la poussière, dans son propre atelier. L'impatience capricieuse d'une Immortelle qui exige et revendique son droit, sur un terrain qu'elle n'a pourtant nullement conquis. S'il ne la portait pas initialement dans son cœur, même si sa sympathie pour son Sire l'avait jusque là empêché de crier haut et fort son ressentiment, désormais, il affichait ostensiblement sa hargne envers celle qui se croyait tout permis.

Enragé, il feule lorsqu'elle le force à la regarder en l'empoignant par les cheveux, craignant un nouveau déferlement de violence de sa part. La mâchoire crispée, il maintient le contact visuel, laisse déferler les promesses de torture sans paraître les relever. Mais les paroles s'impriment dans sa mémoire, tout comme le visage démoniaque qu'elle lui présente alors, bien différent de son angélique apparence lorsqu'elle avait franchi la porte, pleine de cet enthousiasme qu'il savait désormais factice.
Le faciès déformé par la rancune, il se retient de ne pas d'exprimer sa colère lorsqu'elle ose le menacer une fois encore, visiblement gorgée d'assurance quant à la puissance de son amitié avec Salâh ad-Dîn.
« Me tuer ne résoudra aucun de tes problèmes, peste. »
Le dernier mot est éructé en arabe, et le ton méprisant employé trahit le venin du phonème.
Enfin, il se décroche d'elle, et ne se fait pas prier pour s'éloigner dès que l'étau se desserre, titubant sous la douleur des os brisés. Instinctivement, il se réfugie de l'autre côté de la pièce, l'échine courbée, le plus loin possible d'elle et de ses gestes destructeurs, elle et sa langue répugnante. Une fois provisoirement à l'abri, il frotte  vigoureusement sa gorge de sa manche pour se débarrasser du sillon salivaire de la traîtresse, puis il inspecte les dégâts de la main en charpie. Ses doigts intacts s'attèlent à effleurer les abominations des angles tortueux, et il tremble de rage devant le macabre spectacle des phalanges martyrisées.  

Entre deux grimaces, il relève la tête vers elle, sur le qui-vive, et tâche d'interpréter sa diatribe comme il le peut, au travers des éléments qu'il possède sur la relation entre les deux Aînés. Ses sourcils se froncent légèrement, tant de courroux que d'une réflexion qu'il précipite, pour vociférer une réponse orgueilleuse, le menton fièrement relevé vers elle.
« Si tu parles du motel, je l'en ai déjà informé. »
Un regard noir appuie ses dires, dirigé contre celle qui doute visiblement tant de la force du lien qui l'unissait à son Sire. Que croyait-elle ? Qu'il se terrait dans l'ombre dès que le Maître quittait le territoire ?
« J'ignore à quelles promesses tu fais allusion. Mais je sais que vous étiez proches, toi et lui. Je sais qu'il t'estime. »
Un attachement qu'il ne partage pas avec son Sire, encore moins après la violence gratuite qui s'était abattue sur lui sans crier gare.
Mais s'il savait qu'ils avaient traversé le désert ensemble, il ignorait dans quelles conditions la sœur Lanuit avait rencontré le Perse. Salâh ad-Dîn avait toujours fait preuve de réserve, et même d'une pudeur étonnante, quant à certaines parcelles de son existence, et ce malgré l'insistance tenace de son Infant.

L'air revêche, il longe le mur et veille à ne jamais lui tourner le dos lorsqu'il la contourne pour se diriger vers sa chambre, où le capharnaüm semble ne pas s'être invité. Si le bureau est lourdement chargé de bibelots et de dessins et lettres variées, il est néanmoins plus aisé de circuler sur ce sol débarrassé de toute babiole. D'un pas agacé, il accède à son secrétaire et trie sa correspondance de sa main valide, écartant les lettres de Fadia ou encore celles de Nicola, toutes rédigées en arabe, qu'il range dans l'un des tiroirs. D'un autre, il extirpe de l'encre et du papier à lettre, et appelle Aurora de la pièce voisine. S'il n'est pas enchanté à l'idée qu'elle pénètre dans son sanctuaire, là où il trouve le repos, il avait compris qu'elle était du genre à forcer le passage. À contrecœur, il l'invite donc à s'installer à son bureau et lui désigne le papier vierge qu'il a disposé pour elle, ainsi que le stylo-plume.
« Dis-le lui toi-même. Je ne suis pas ton scribe. Encore moins en étant privé d'une main. »
Un rictus amer tandis qu'il s'efface pour la laisser prendre place. Plus vite elle s'exécutera, plus vite il se débarrassera d'elle.
« Écris-lui. Ce que tu veux. Tes caprices, tes remontrances, les souvenirs du bon vieux temps, tes promesses d'alliance, mon effronterie… qu'importe. Je le lui enverrai. Puisque visiblement, je ne suis qu'un vulgaire messager à tes yeux. »
Il se garde bien de lui rappeler qu'en l'absence du Maître, la tâche de diriger le Clan lui incombe. Une responsabilité qu'il n'avait honorée que quelques semaines, avant le soulèvement d'Aliénor et des autres rebelles. Par-delà la douleur de sa dextre broyée, par-delà la colère qu'il porte à Aurora, la culpabilité le ronge. Celle d'avoir peut-être déçu le Perse en révélant son incapacité à endiguer la Révolution.
Le visage morne, il l'abandonne et retourne dans la pièce principale, abandonne sa carcasse poussiéreuse sur la méridienne, dont l'assise s'affaisse dans un soupir fatigué. Son visage échoue dans sa paume intacte et s'abîme au contact de la peau froide. Salâh ad-Dîn lui manque.

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Anonymous
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Jeu 17 Mar - 18:34 (#)

What's Going On ?
 
Il m’a fallu faire preuve de “persuasion” pour que le petit Yago se décide à être coopératif. Quelques phalanges cassées, quelques noms d’oiseaux et menaces échangés et le voilà libre de mon emprise. Il ne cesse pas de rétorquer, mais au moins, il n’est plus aussi insolent qu’il a pu l’être. Quelle idée de piquer là où ça fait mal. Ne sait-il pas à quel point je suis sensible, en ce qui concerne mes frères ? Je le laisse mettre de la distance entre nous pour voir l’étendue des dégâts. Il faut dire que je ne l’ai pas raté. Mais si Salâh l’avait mieux éduqué, on n’en serait pas là. Je jette un coup d’œil à ma manucure, l’air de rien tandis ses doigts à lui souffrent. Pourquoi est-ce qu’il en fait tout un plat ? Il va les retrouver comme neuf, ses doigts, ce n’est pas un humain... Quelle drama queen.

Finalement, il bouge à nouveau pour se diriger vers une autre pièce, ce qui semblerait être sa chambre. Cet homme a sérieusement besoin d’une aide-ménagère, son bureau est un sacré bordel, bien qu’il y ait un léger effort au niveau du sol. Est-ce que c’est cette période et cette situation qui font que sa tête est si embrumée au point de laisser cet appartement dans cet état, ou a-t-il toujours été comme ça ? De loin, je l’écoute, n’ayant pas un champ de vision optimal pour voir ce qu’il y fabrique. C’est comme s’il m’était encore plus de désordre dans sa chambre. Va-t-il me chercher une adresse ou un numéro qui me permettrait de le joindre ou l’y rejoindre ? Il finit par m’appeler. Etonnant. Je fronce des sourcils en m’approchant prudemment. Peut-être qu’il est allé chercher une arme pour se venger ?  

Il me montre son bureau et me dit de lui écrire. Qu’il lui enverra la lettre. Vraiment ? Des lettres ? Ils sont coincés en 1830 ? Pourquoi mes compères sont si traditionnalistes ? Je soupire en voyant la lettre et m’installe à son bureau pour rédiger une lettre à Salâh, le tant attendu Salâh. J’analyse quelques secondes le stylo plume, réfléchissant à ce que je pourrais dire dans ma lettre. Je finis par poser la pointe sur la feuille pour y écrire une lettre brève et concise de ma plus belle écriture. Elle ressemble en tout point à une évocation de souvenir et une invitation à un bal. C’est un message caché. Elle y inviterait un certain Sîmorgh à se joindre à des festivités, pour qu’il en soit l’invité d’honneur, afin d’évoquer cette fameuse traversée du désert qui fut bénéfique autant à l’un qu’à l’autre. Qu’il pourrait compter sur moi pour voir les plus belles œuvres de l’Etat grâce à mon mécénat et que je l’attendais avec une grande impatience. Salâh comprendrait automatiquement que je lui propose une alliance contre ses ennemis et que je l’attendais de pied ferme à Shreveport.  

J’agite lentement le papier pour que l’encre sèche, comme je le ferai avec un éventail, tout en observant la chambre dans laquelle il vit. C’est comme si tout son appartement était un endroit de passage. Qu’il n’y était pas par choix. Quelle pauvre situation... Comment est-ce que j’aurais réagi à sa place ? Avoir failli à mon devoir, attendre mon Sire avec grande impatience tout en ayant peur de le décevoir. Je soupire et pose la feuille à l’encre sèche sur le bureau. Je me dirige vers lui pour lui signaler que j’ai terminé. Je m’agenouille en face de lui, assis sur la méridienne, et le fixe droit dans les yeux. Je réfrène un sourire qui aurait, pour une fois, été naturel. Je ne veux pas qu’il me pense faible.  

“Il va revenir, ma lettre va le faire venir à Shreveport aussi vite que n'importe quel américain dans un fastfood. Et même s’il est fâché, ça ne durera pas longtemps. Je sais à quel point c’est dur d’être à la tête d’un clan. Si tu te comportes mieux avec moi à l’avenir, j’apaiserai la colère qui t’est destinée.”

Je me relève, lâchant un petit soupire, comme si j’avais fini de faire un ménage intensif dans mon appartement. J’époussette mes vêtements et regarde autour de moi pour retrouver la sortie.  

“Sérieusement, prends une aide-ménagère, c’est plus possible.”


J’affiche une moue dépitée avant de me diriger vers la porte.  

“Et Yago, lorsqu’il sera là, peu importe ce que je fais, où je suis, rejoins-moi et informe-moi. Je dirai à mon clan de te laisser passer.”

J’ouvre la porte avec une moue enfantine, comme si je quittais un ami de longue date, alors même que je ne le porte pas dans mon cœur, lui fais un petit coucou charmant comme si nous étions des amants qui avions hâte de nous retrouver, riant légèrement en imaginant sa mine de dégoût face à mon comportement.  

“A bientôt mon chaton !”

(c) AMIANTE

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