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Two Roses | Anaïs & Heidi

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Anonymous
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Mar 17 Aoû - 22:30 (#)




Two Roses

Le Rising Sun Bar, Novembre 2020
ft. Anaïs Wilhm



I
l aura suffi d’un coup de fil pour te faire mettre le genou à terre. Il aura suffi d’une affiche sur le bord de la route pour t’achever. Après une soirée tellement libératrice, et sur tellement d’aspects, il est douloureux d’observer le juste retour des choses. Il est toujours difficile pour toi d’accepter cette espèce d’équilibre injuste qui ne sait que détruire ce que son autre face a jugé bon de bâtir. La chance n’appelle pas la chance, mais bien sa contrepartie sans merci. Qui est ici la plus cruelle ? Est-ce l’Infortune qui vient faucher le moindre instant de légèreté dans ta vie, ou bien la Fortune elle-même qui continue à t’offrir ses bakchichs tout en sachant qu’ils finiront par t’être enlevés ?

Cependant, tu n’es plus la même aujourd’hui ; plus précisément, tu es la même à un détail près. La même adolescente attardée habitée des pulsions violentes et destructrices nées de la volonté toujours plus exacerbée d’attirer l’attention. La même jeune femme effrayée par la vie et le moindre contact humain, tombée dans un cynisme presque parodique dans lequel elle se complaît puisqu’il est bien plus confortable que l’évolution vers un inconnu terrifiant. Seulement, aujourd’hui, tu as une raison de vouloir t’en sortir. Tu vois, depuis le fond de ce trou aménagé en prison, une lumière vers laquelle t’élever ; un rayon qui ne fanera seulement si tu cesses toi-même de le regarder.
Pourtant, aujourd’hui, tu te sens au plus bas, prise au piège dans le minuscule temple que tu as bâti pour te protéger, n’ayant pas d’autre choix que d’en voir les piliers tomber.

Assise sur ton lit depuis maintenant dix minutes, ton cœur n’arrive pas à reprendre un rythme normal. Tu es prise d’une panique tétanisante, comme si toute l’idylle que tu t’étais écorchée vive à construire partait en lambeaux sous tes yeux impuissants. Tu n’as pas à tourner la tête ni à détourner les yeux de ton plancher, tu sais que tu es seule. Il n’y a personne autour de toi ; constat amer qui te renvoie droit quinze ans en arrière lorsque tu devais encaisser seule, enfermée dans ta chambre, toute la charge que le monde te faisait supporter. La déception de tes parents, le harcèlement invisible à l’école, et surtout, ses sévices à Elle. Elle, elle est là. Tu ne veux pas y croire, tu refuses de voir en face le visage sur cette affiche, ce sourire malin construit sur les ruines encore fumantes du moindre bon sentiment qu’elle a pu arracher.
Tu as besoin d’un verre. Tu as besoin d’oublier, de t’abandonner à un état second pour ne pas avoir à vivre de plein fouet cette expérience cauchemardesque. Mais chez toi, tu n’as rien. Pas une goutte de la moindre liqueur possible. Tu étais si fière de tes progrès, si fière de toi pour avoir réussi à trouver, pas à pas, le chemin de la santé, celui qui t’éloigne de cet alcoolisme qui t’a rongé de l’intérieur depuis des années. Ce besoin, il est viscéral, il est douloureux, il s’approprie ton corps pour réclamer sa dose malgré tout tes efforts pour lutter contre cet ennemi logé dans ta propre peau.

Tu saisis ton visage entre tes mains tremblantes et reste encore quelques minutes ainsi. Tu ne réfléchis pas, tu ne penses pas, tu es simplement incapable de faire autre chose que de te laisser envahir par des sentiments vieux d’une décennie et que tu pensais avoir enterré suffisamment profond pour ne pas qu’ils puissent un jour revoir la lumière pâle de ce jour de la fin d’automne.
Et puis, un espace minuscule se crée, fugace au milieu de la déferlante. Assez grand pour seulement une pensée, en plus de le saisir et de l’agripper fermement, tu dois trouver comment le remplir. Allez, tu n’es plus la même, alors montre le. Que ferait une adulte ? Tu relèves le menton et te mords la lèvre, comme si la gravité allait pouvoir retenir de couler les sanglots qui perlent aux coins de tes yeux. Que ferait une adulte, hein ? Une adulte appellerait une amie, mais la seule que tu as, tu l’as envoyée dans un lit d’hôpital. Tu prends une grande inspiration pour combattre la panique qui ne demande qu’à faire sombrer ton esprit dans un fatalisme mortel, puis ferme les yeux. Que ferait une adulte ?
Alors, tu attrapes le morceau de papier plié en quatre qui traine dans ton porte-monnaie depuis maintenant trois mois. L’encre dessus s’est un peu effacée mais elle reste lisible, et le message inscrit sous le numéro de téléphone t’arrache un pincement particulier au cœur, différent de celui qui le serre depuis que ton regard s’est porté sur cette affiche. Il est un peu plus de dix-huit heures. Tu attrapes ton téléphone sans réfléchir et tapes en vitesse le numéro que tu lis, puis ton message. Si tu réfléchis, tu vas te convaincre de ne pas le faire, alors tu joues contre la montre que tu tiens toi-même.

rising sun bar, 8pm

Il y a ce soir une scène ouverte à laquelle tu voulais te rendre pour dépoussiérer un peu ta plus vieille amie d’argent patiné. Dommage qu’elle ne puisse parler qu’à travers ton souffle. Tu poses, enfin jettes, ton téléphone sur ton matelas en attendant de voir son écran cassé se rallumer avec dessus, la notification d’un nouveau message. Tu réalises, une vingtaine de minutes plus tard, que tu devrais peut-être préciser qui tu es, sans quoi la probabilité de voir ce visage juvénile et agaçant se pointer au bar devait être au mieux, faible.

its heidi btw

Le Rising Sun est un bar discret de Western Hill, proche de Downtown. Un peu à l’écart des jazz clubs concurrents, il est moins plébiscité et forcément, moins fréquenté, et même si c’est un établissement dans lequel tu n’as pas l’habitude de te rendre, le jugeant trop bien pour toi, tu l’apprécies particulièrement. Ça n’est pas un zinc dans lequel on met les pieds par hasard, et de ce fait, le public y est toujours moins nombreux, mais terriblement plus agréable.
Alors, tu as enfilé un manteau, attrapé ta mallette et un sac contenant ton real book volé dans un magasin de musique il y a bien des années de ça, et quelques autres babioles pouvant s’avérer utiles, et tu as mis les voiles hors de ton appartement d’un pas furieux, laissant derrière toi le vent acidulé de la révolte contre cette affiche ayant saccagé ton après-midi. Après tout, ça n’est qu’une affiche, elle ne peut pas te faire plus de mal que ce que tu choisis toi-même de t’infliger.

La particularité du Rising Sun est sa scène en sous-sol, installée dans une ancienne cave à vin. Le plafond vouté reposant sur des murs de pierre brute donne à cette salle intimiste une acoustique que l’on ne retrouve nul-part ailleurs. Les imposants fauteuils en cuir tanné par les années s’accordant parfaitement au bois sombre du reste du mobilier créent une bulle au confort subtil, parfait pour profiter d’un concert aux sonorités blues du jazz, héritage de la Louisiane.
L’heure finit par sonner, et chacun des musiciens présents s’arme de son instrument dans un silence solennel que seule la voix du batteur vient interrompre en donnant le tempo de la première pièce. La lumière tamisée dans la salle faiblit pour que la scène ressorte un peu plus, douchée de la lumière chaude d’une paire de projecteurs.

La musique te fait du bien. Ressentir dans tout ton corps les vibrations de la grosse caisse et de la contrebasse, capter l’écho des interférences entre le piano et la flute, tout ça te permet de te vider momentanément la tête et de te laisser aller à des improvisations libératrices. Mais bientôt, après presque trois heures de musique sans interruption ou presque, l’heure de plier les instruments vient. Ça te fait mal au cœur, littéralement, mais tu le caches tant bien que mal.
Après avoir nettoyé le tien, tu hasardes un regard dans la salle, pour savoir si ton invitation de dernière minute a reçu une réponse positive, puisque tu n’as pas regardé ton téléphone après avoir envoyé le second message. Dans la pénombre, tu aperçois Anaïs, seule à une table. Tu ne sais pas vraiment quoi faire, et l’envie de simplement l’ignorer devient plus pressante de seconde en seconde, mais tu es un adulte, et tu dois agir en adulte. C’est ta seule option. Enfin, la seule qui te permettra de ne pas te sentir plus bas que terre demain matin. Après quelques secondes, ou peut-être une paire de minutes de doute, tu finis par la rejoindre, tirer une chaise et t’y asseoir, sans un mot. Ton visage est neutre, las, désinvolte et désintéressé. Il cache beaucoup de choses, et premièrement le fait que sans le savoir, la petite tête rousse, en venant, t’as évité de commander un verre qui n’aurait su qu’en appeler d’autres.


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Baby Chaos - Là où je passe, la paix trépasse.
Anaïs Wilhm
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A SONG OF BLOOD

En un mot : Outre en perdition
Qui es-tu ? : *Un esprit traumatisé par la cruauté de ceux qu'elle pensait être ses camarades, à jamais marqué par l'absurdité de la violence humaine.
* Fille émancipée d'une famille humaine qu'elle a fui pour sa propre sécurité. Outre dans un monde d'humains qui ne cherchaient pas à la comprendre, juste à la plier au conformisme réconfortant de la normalité.
* Apprentie curieuse et consciencieuse de Daphné Calabrezzi. S'est lancée sur la voie du chamanisme, marchant dans les pas de sa mentore avec patience et détermination, persuadée d'avoir trouvé la voie qu'il lui fallait.
* Inscrite à la LSU, en médecine. Malgré un dossier scolaire chaotique à cause d'une année de fugue, se démène pour prouver, aux autres et à elle-même, qu'elle réussira.
Facultés : *Hémokinésie, contrôle du fluide vital
*Apprentie chamane, amie des loups et des gitans
*Etudiante en médecine, acharnée et consciencieuse, pleine de projets en tête.
*Musicienne et chanteuse amateur ne sortant jamais sans son casque. Danseuse du dimanche. Incollable sur la musique, sa passion, son refuge.
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Thème : Mama Cass Elliot - Make Your Own Kind Of Music
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Jeu 19 Aoû - 15:38 (#)



Its heidi btw

J’avais d’abord cru à une erreur, un doigt qui a glissé pour donner rendez-vous à la mauvaise personne, mais les petits caractères qui restent obstinément sur l’écran m’ont donné tort. J’ai pris un temps d’arrêt, vérifié que je n’avais pas une autre connaissance de ce nom, mais force est de constater que ce n’est pas le cas, que c’est bien elle, la trompettiste râleuse de l’étage du dessus, qui me donne rendez-vous, trois mois après notre presque unique échange. J’ai hésité un moment. Pas que ma soirée soit surbookée au point de ne pas pouvoir lever mes fesses de la chaise sur laquelle je suis assise, mais est-ce que ça vaut vraiment la peine ?

Les choses sont étranges en ce moment. Je sens comme un regard sur moi lorsque le jour n’est plus qu’un souvenir, comme si la nuit me surveillait lorsque j’ai encore un pied en dehors de la sécurité des murs de brique qui m’entourent. Un sentiment parfois absent, mais qui me fait souvent tourner la tête pour regarder derrière mon épaule. Je ne vois jamais rien d’autre que la rue, l’intérieur du bus bondé ou la vitre qui sépare le hall de l’immeuble de l’extérieur, mais pourtant la sensation persiste et j’ai toujours ce frisson qui me parcoure l’échine quand je m’en rends compte. Alors sortir retrouver une presque inconnue dans un bar alors que notre dernière conversation ressemblait davantage à une joute verbale sur le bien fondée de nos deux visions opposées, je ne suis pas certaine d’être tentée par l’expérience. Pas alors que j’ai ce sentiment d’insécurité qui me caresse la nuque.

Un bruit. Sursaut immédiat, le cœur qui bat la chamade alors que le regard tombe sur le chat qui a simplement miaulé pour réclamer une attention que je portais ailleurs. Je soupire, l’attrape et le câline, fermant les yeux quand il commence à ronronner de cette manière si apaisante, avant de partir m’installer près de l’autre boule de poil qui réclame lui aussi quelques caresses. Il ne faut pas longtemps pour que j’oublie ma frayeur passagère pour me lover contre le dossier du canapé, encombrée des deux petits cœurs qui me donnent parfois du fil à retordre. Cela me laisse le temps de penser à tête reposer. Revenir à Heidi.

Je me souviens du message que je lui avais laissé, même si je n’y croyais pas vraiment, pour être honnête. Lui a-t-il fallu trois mois pour réussir à participer à un concert ? Ou bien a-t-elle attendue tout ce temps pour finalement se dire que « hey, peut-être qu’elle voulait vraiment m’aider » ? Le plus simple serait encore d’aller lui demander. Je finis par poser la question au chat qui me regarde avec l’air de me dire « Tu sais que je ne peux pas te comprendre ? t’es cinglée ma pauvre. » Je dois l’être un peu pour décider de finalement quitte l’appartement en début de soirée pour aller en bus jusqu’à un bar paumé au milieu de Western Hill. Au moins les avis étaient positifs et le bar est un lieu à l’ambiance Jazz. Autant dire que ce n’est pas cela qui allait m’aider à refuser. On ne refuse jamais du bon Jazz.

Contrairement à ce que j’aurai pu croire, le bar n’accueille pas foule. Cela ressemble à un repère d’habitués qui apprécient l’ambiance simple et chaleureuse. On me jette vaguement des regards quand j’entre, mais personne ne dit rien. Les nouvelles têtes ne semblent pas déranger. Je commande rapidement en demandant où est la scène et le gérant me pointe le sous-sol en m’assurant qu’il m’apporterait ce que j’ai commandé. Suivant les marches un peu grinçantes se trouve ce qui ressemble à une ancienne cave à vin qui accueille désormais la scène et la salle pour ceux voulant profiter d’une ambiance plus musicale sans que cela dérange ceux voulant plus de calme au-dessus. Je m’assois à une table, jette un œil aux alentours sans apercevoir la raison de ma présence, et finis par m’affaler un peu plus contre le dossier du fauteuil. Je ne suis qu’un peu en avance, elle ne va pas tarder. J’espère.

Ma commande arrive avec un supplément sourire en échange d’un pourboire. L’ambiance vaut bien la dépense. Même si la soirée ne donne rien de concluant, j’aurai au moins découvert un endroit où revenir une autre fois pour y emmener quelqu’un et passer une bonne soirée. Confort et Jazz dans un même bar, que demander de plus ? Musique qui ne va pas tarder lorsque je vois les musiciens monter sur scène. Je ne peux m’empêcher de sourire en la voyant. Pantalons ample noir, haut ample à col roulé noir, bottes noires qui déteignent en comparaison à la pâleur de sa peau et ses cheveux blonds, voilà la raison de ma présence ici, avec son instrument à la main. Difficile à dire si elle m’a vu ou non, avec le peu de luminosité du lieu, mais elle semble dans son élément ici.

Quelques mots échangés, un silence solennel avant que la musique ne démarre et ne me tire un sourire. Un de mes premiers amours du Jazz, découvert grâce à un oncle qui a toujours encouragé ma passion. J’observe un instant une Heidi absorbée par ce qu’elle fait, avant de me laisser porter par la musique. Dans ces moments-là, on en oublie le temps, les obligations, les responsabilités, on se contente de se laisser aller, de se faire guider pas les sons qui s’enchaînent, de sentir les vibrations au sein même de son corps, de voyager dans une autre dimension. Cela faisait un moment que je ne m’étais pas laissée aller ainsi, à laisser ma tête se balancer en rythme, les yeux fermés. Les concerts de ce genre ont toujours un peu plus comparé aux enregistrements en studio. Une sorte d’authenticité qui les rend uniques, même si les chansons sont les mêmes. Le son est moins parfait, plus rugueux, mais plus vivant, presque tangible.

Je ne sais pas combien de temps je reste ainsi, à siroter mon verre en écoutant la musique. J’ai ce petit sourire collé sur mon visage et applaudis en même temps que les autres lorsque cela se termine. C’est comme si on recevait une bouffée d’énergie et de calme dans ce genre de moment. On se sent bien, à la fois reposé et prêt à retourner à notre quotidien avec l’envie de tout réussir sans même imaginer échouer. Les conversations reprennent et je termine mon verre avant de patienter encore un peu. Je ne sais pas si Heidi va me rejoindre ou si elle voulait juste voir si j’allais vraiment venir si elle le demandait. Après tout, j’avais demandé à assisté à un de ses concerts et rien de plus. Ce que je venais de faire et de beaucoup apprécier. La dernière fois que j’avais assisté à quelque chose de ce genre remontait à plus d’un an, avec Hélix. Ça c’était terminé sur une piste de danse improvisée milieu des badauds attirés par la musique qui avaient ensuite suivi le mouvement. Il n’y a rien de mieux que ce genre de moment. Les danses à l’improviste avec Zach à l’appartement, les moments où on chante à tue-tête de la pop avec Lilas, ceux plus calmes où Daphné et moi travaillions ensemble alors qu’elle fredonnait quelques musiques italiennes. Tout cela me manque.

je tourne la tête et ouvre les yeux au raclement d’une chaise en face de moi. Heidi s’est finalement décidée à me rejoindre. Elle a les joues un peu rougies, mais elle semble à la fois plus détendue, mais encore plus sur ses gardes que la dernière fois. Est-ce ma présence qui la rend ainsi méfiante ? Pourquoi m’inviter dans ce cas ? Des questions que je garde en suspens, certaine de ne pas vouloir démarrer la conversation ainsi.

- Vraiment chouette ce concert. T’as du talent. Roy Hargrove a toujours été un petit coup de cœur personnel en plus.

Elle n’a pas encore ouvert la bouche et je ne sais pas si elle attend quelque chose de moi, je n’en suis pas certaine. Par habitude, je tripote la corde attaché à la taille sur mon pull, fais virevolter un peu les pompons qui y sont attachés.

- Merci pour l’invitation en tout cas, ça m’a fait du bien. Comment tu vas ?

Si elle allait bien, je ne serais sans doute pas ici, mais bon, autant essayer de croire qu’elle voulait vraiment me voir parce que ma trogne lui manquait. On peut toujours rêver.
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Jeu 19 Aoû - 17:58 (#)




Two Roses

Le Rising Sun Bar, Novembre 2020
ft. Anaïs Wilhm



I
l n’est pas trop tard pour partir. Tu peux encore décider de la laisser en plan et de faire comme si tu n’avais jamais envoyé ce message. Les raisons de sa présence ici, et de ta nouvelle présence à sa table, te reviennent et te nouent l’estomac sous l’effet de l’angoisse. A quoi est-ce que cette décision va-t-elle t’engager ? De quoi as-tu si peur ? Elle n’est qu’une inconnue, au final, et la brève discussion que vous avez eu le jour de ton déménagement, le premier, n’est en rien un prétexte pour te livrer à elle comme tu en ressens pourtant le besoin. Mais si ce n’est pas à elle, à qui alors ?

Au moins, ton invitée a l’air d’avoir apprécié le concert. Elle a l’air détendue, apaisée peut-être, même. Se pourrait-il qu’elle soit sereine ? La musique peut avoir cet effet là sur le genre humain ; peut-être même sur tout ce qui possède une âme. Après tout, les poètes disaient bien que la musique est le langage des âmes ; peut-être ont-ils simplement raison. C’est une thèse qui n’a pas besoin de se défendre pour que tu l’adoptes. En réalité, tu y crois même dur comme fer.
La musique a sauvé ta vie. Qui sait où et dans quel état tu serais si tu n’avais jamais échoué devant ce magasin, plus jeune. Qui sait si tu serais même encore là pour lui déclarer ton amour si tu n’avais jamais rencontré Chet à cette époque où plus rien n’avait de goût. La musique a pour toi quelque chose de mystique, comme si elle était en elle-même une forme de magie que tu es capable de ressentir, de décrypter et surtout de pratiquer. Ce ne sont que de simples vibrations dans l’air, il n’y a rien de surnaturel là-dedans, et pourtant elles sont bel et bien capables de s’adresser à l’âme. En tous cas à la tienne. Et peut-être à celle de la rouquine qui te fait face.

Son compliment ne semble pas t’atteindre en premier lieu, et pour cause : il te laisse véritablement indifférente. Rien de personnel, il ne faudrait pas qu’elle se vexe, mais pour toi ce ne sont que des mots un peu creux, tu ne fais pas la différence entre la simple politesse et la sincérité. Tu n’as jamais réellement appris non plus à encaisser un compliment, et tu préfères ne pas t’en formaliser plutôt que de laisser place à la gêne qu’il aurait inéluctablement enfanté. Ils te semblent encore si proches, les temps où l’on te refusait encore sur scène, où l’on te traitait d’amatrice, où l’on se moquait presque de toi pour ne pas avoir fait Berklee. Même les plus doux des murmures peuvent blesser.
Pourtant, la suite de sa phrase t’étonne. Serait-elle plus connaisseuse que ce que tu aurais pu le penser ? Si tu te pensais capable de la moindre estime, elle y remontrait sûrement de quelques crans. A défaut, tu te contentes d’afficher au coin de tes lèvres un sourire discret et très bref, à peine le temps d’un battement de cil. Peut-être qu’au final, rester ne te fera pas autant de mal que tu le crois.

Elle te remercie, et arrive la question fatidique. Celle que tout le monde pose en permanence sans jamais que l’on y réponde sincèrement. D’habitude, les rares fois où on te la pose encore, tu te contentes de ne pas répondre. Ça ou un mensonge, quelle différence ?
Tu restes encore muette un moment, le temps de juger s’il est encore préférable de partir maintenant, et sinon de trouver quoi répondre. Tu finis par souffler et te frotter un peu les yeux dans un geste qui, pour une raison tout à fait inconnue, t’aide à rassembler quelques miettes de courage en plus, peut-être décisives.

« On aimerait que ça ne s’arrête jamais, pas vrai ? »

Ta voix est calme, basse, comme si tu livrais une confidence. Elle est aussi teintée d’une mélancolie presque palpable. Pour toi, ça n’est pas une exagération. Là-bas, sur scène, les choses sont bien plus simples ; Xanthe est encore en pleine santé et vous habitez toujours ensemble, et Elle a toujours disparu de ta vie, comme un mirage du passé que tu allais effacer grâce à la bienveillance de ta marraine. Là-bas, sur scène, tu te sens plus légère, et tu te sens à ta place. Tu t’es battue pour avoir le droit de t’y tenir et de fièrement déclamer ton amour infini pour la musique que tu joues. Sur scène, tu aimes, tout simplement.
Alors, tu croises les jambes et déposes ta mallette sur tes cuisses sans en lâcher la poignée. Tu ne vas pas partir, tu ne vas pas fuir. Tu vas affronter ces pensées troubles et fumeuses, et faire ce pourquoi tu es ici : te faire une amie, comme les gens normaux le font. Un silence relatif gagne à nouveau votre table, et tu reprends à nouveau une grande inspiration. Secrètement, tu espères qu’elle réalise à quel point cela te coûte de lui parler ainsi. Aussi... sincèrement.

« Honnêtement, non, ça va pas. Ton regard croise le sien un instant avant de retourner se perdre dans le vague. J’aurais préféré ne pas avoir à te faire venir, mais j’avais personne d’autre à contacter. »

C’est une sensation étrange, d’être honnête. Arrêter de se mentir à soi-même et aux autres, c’est quelque chose de neuf pour toi, c’est effrayant de se jeter ainsi dans le vide sans savoir comment l’autre va réagir, d’être dans cette sorte d’apnée paralysante jusqu’à ce que l’autre réponde, sans savoir s’il va bafouer ou non les sentiments cassés que tu lui demandes humblement de réparer. Ton cœur bat vite, trop vite pour une simple conversation, et la prise que tu as sur la poignée de ta mallette se resserre instinctivement. Sous la table, les doigts de ta main libre tremblent nerveusement.
Maintenant, si tu veux qu’elle t’aide, il faut lui prouver ta bonne foi. Tu espères que ces quelques mots sauront lui suffire.

« C’est… gentil, d’être venue. J’espère que toi ça va. »

Tu imagines que c'est ce que les gens se disent, se répondent. Un jour peut-être, ce sera sincère. En attendant, tu n’as pas pu faire mieux, et l’effort est déjà titanesque. Purement égoïste, mais tu apprends ; tu serais blessée qu’elle te le fasse remarquer, mais tu ne pourrais pas dire qu’elle a tort. Maintenant, rien ne l’oblige à t’aider, et encore plus que de parler de toi, c’est l’idée qu’elle refuse alors que tu te proposes de te livrer à elle qui te terrorise.


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A SONG OF BLOOD

En un mot : Outre en perdition
Qui es-tu ? : *Un esprit traumatisé par la cruauté de ceux qu'elle pensait être ses camarades, à jamais marqué par l'absurdité de la violence humaine.
* Fille émancipée d'une famille humaine qu'elle a fui pour sa propre sécurité. Outre dans un monde d'humains qui ne cherchaient pas à la comprendre, juste à la plier au conformisme réconfortant de la normalité.
* Apprentie curieuse et consciencieuse de Daphné Calabrezzi. S'est lancée sur la voie du chamanisme, marchant dans les pas de sa mentore avec patience et détermination, persuadée d'avoir trouvé la voie qu'il lui fallait.
* Inscrite à la LSU, en médecine. Malgré un dossier scolaire chaotique à cause d'une année de fugue, se démène pour prouver, aux autres et à elle-même, qu'elle réussira.
Facultés : *Hémokinésie, contrôle du fluide vital
*Apprentie chamane, amie des loups et des gitans
*Etudiante en médecine, acharnée et consciencieuse, pleine de projets en tête.
*Musicienne et chanteuse amateur ne sortant jamais sans son casque. Danseuse du dimanche. Incollable sur la musique, sa passion, son refuge.
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Thème : Mama Cass Elliot - Make Your Own Kind Of Music
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Sam 28 Aoû - 2:11 (#)



Tout est une question d’atmosphère. L’obscurité ambiante percée par les lumières des petites lanternes accrochées ça et là, l’odeur du vieux bois, la rumeur des conversations et les derniers murmures de musiques donnent à cet endroit une chaleur et une convivialité apaisantes. Je suis partie sans savoir où j’allais mettre les pieds, le dos et les épaules tendues par la sensation de cette étrange présence fixée sur ma nuque. Mais ici, dans ce lieu dédié à cet art qui me fait voyager juste en fermant les yeux, je me sens bien. Mieux que je ne me sens habituellement. Probablement un des moments les plus apaisants depuis des mois. Je suis dans un élément connu même si le décor n’est pas celui qui me correspond vraiment.
Affaissée contre le dossier du fauteuil, je me sui permise de me laisser aller, de véritablement laisser l’ambiance chasser le reste. Tout le reste s’est envolé pendant quelques heures, juste le temps de profiter d’une liberté familière mais si longtemps mise de côté. Obligations, responsabilités, angoisses. Tout ça cadenassé dans un recoin le temps de quelques mélodies jazz, particularité de cette région qui m’a vue naître et que je n’ai jamais quittée, même pas une seconde. Le soupir que je laisse échapper n’est pas un de ceux lâché par fatigue, frustration ou pour essayer de reprendre contrôle d’émotions parties à la dérive dans ces nuits de cauchemars. Une simple satisfaction qui s’échappe. Petit ilot de bien-être bienvenue.

Alors lorsque la chevelure blonde surmontant le regard émeraude de celle m’ayant invitée se pose enfin face à moi, je lui offre un sourire alors même que je me demande toujours pourquoi elle m’a faite venir ici pour la voir et l’entendre participer à ce petit concert. Elle reste silencieuse pendant un long, très long moment, mais étrangement, ça ne me dérange pas qu’elle ne réponde pas immédiatement à mes interrogations. Je me suis retenue de chuchoter à cause des conversations alentours, mais je n’avais pas envie de casser le petit cocon qui semblait d’être formé autour e moi. Quelque chose de doux et d’incomparable. Seulement dans la chaleur et la douceur des draps et bras qui m’enlacent puis-je me sentir aussi calme. Je ne sais pas combien de temps cet état va durer, mais j’en savoure chaque petite seconde avec bonheur.
Lorsqu’un rictus passe sur ses lèvres, esquisse de sourire qu’un clignement m’aurait fait rater, j’ai le sentiment que j’ai fait un pas sans même le savoir. Quelque chose qui a réduit la distance qui s’était établie entre nous à notre dernier échange qui, avec le recul était aussi maladroit qu’invasif de ma part. Ce soir pourtant, l’atmosphère d notre rencontre, le fait qu’elle soit venue vers moi, m’ait demandé de venir, tout ça change la donne et m’intrigue. Un simple signe de tête appuie et approuve les quelques mots qu’elle parvient à prononcer après son mutisme. Que ça dure ainsi pour toujours, qu’on puisse savourer ces instants indéfiniment. Voilà une idée plaisante. Utopique, mais plaisante.

Je la regarde se collecter, comme en proie à une lutte intérieure pour décider si, oui ou non, elle va parler de quelque chose. Je me demande soudainement si elle m’a appelé non pas pour la voir jouer de cet instrument qui a temps ennuyé le voisinage, mais parce qu’elle a besoin d’aide. J’abandonne le dossier pour me pencher un peu en avant, attentive, essayant de l’inviter, sans rien dire moi-même, à exprimer ce qu’elle souhaite. Nous ne sommes pas amies, à peine des connaissances et je doute qu’elle soit du genre à se confier aisément, mais j’espère qu’elle trouvera la force de le faire ce soir, ne serait-ce qu’un peu. Elle pose la petite mallette sur ses genoux après les avoir croisés et finit par parler.
Je la laisse faire sans l’interrompre malgré l’envie qui me démange. Personne d’autre à appeler ? je ne suis personne à ses yeux. Juste une voisine croisée quelque fois. Un simple numéro griffonné à la va-vite sur un morceau de papier déchiré, offert en dernier recours d’une conversation compliquée et difficile. Que suis-je supposée lui dire, exactement ? Elle demande même comment je vais, après tout. Comme si elle pouvait encaisser la vérité. Que c’est difficile cette période de l’année, que je deviens paranoïaque et que j’aurai préféré que la musique ne cesse jamais. Mais je lui ai tendu la main et elle a décidé de la saisir, des mois plus tard, en espérant qu’il n’y avait pas de date d’expiration à l’offre que je lui avais faite ce jour-là.
Et il n’y en a pas.

- On fait aller, les choses n’ont pas vraiment changé depuis la dernière fois. La routine

Comme il est facile de mentir sur les choses que personne n’a envie d’entendre et de hausser les épaules comme si c'était la plus normale des choses à faire. Ni moi, ni elle, ni personne, en soit, ne veut connaître la vérité. Qui voudrait savoir que la personne en face de nous ne va pas bien, est toujours avec un œil près à regarder derrière son épaule, à se sentir mal à l’aise jusque tard la nuit ou en rentrant chez soi malgré la foule qui nous entoure.
Alors je n’ajoute rien de plus. Aucune de nous n’est là pour parler de ça ce soir. Je suis là parce qu’elle m’a demandé de venir. Elle m’a demandé parce qu’elle a besoin de moi, qu’elle a besin de parler à quelqu’un et que je suis la seule qu’elle puisse contacter. Moi, l’inconnue, la voisine à peine croisée deux fois. Triste constat. Je garde cette réflexion pour moi, sachant très bien que dire quelque chose à voix haute pourrait la blesser et la faire fuir et ne jamais ne serait-ce que penser à me contacter à nouveau.

- Mais on n’est pas là pour parler de moi, ce soir, pas vrai ?

Je ne suis pas une psy, je n’aime pas l’intention d’étudier cette discipline. Je fuis cette porte depuis le début, refusant toujours d’aller parler à un inconnu de problèmes qui le dépasse autant qu’ils me dépassent. Je n’ai aucune idée de quoi dire pour qu’elle parle, qu’elle se sente assez à l’aise pour se confier, dire ce qui l’a poussé à, ce soir de tous les soirs, me demander de venir, me réclamer presque.

- Dis-moi ce qui t’as poussé à m’appeler. Je ne peux rien te promettre, mais je vais essayer de t’aider si c’est ce dont tu as besoin. Je vais écouter ce que tu as à me dire, ce que tu veux me dire et si je peux faire quelque chose, je le ferais. Et si tu te demandes pourquoi…

Je fixai un instant mes mains finalement croisées sur la table de ce bois sombre si lustré qu’il en est brillant au moins de presque pouvoir distinguer mon visage dedans.

- … c’est parce que je t’ai proposé mon aide et que je ne reviens pas sur ma parole. Je suis là et le serais aussi longtemps que tu as besoin de parler. Ou aussi longtemps que tu le souhaites.

je ne sais pas si je pourrais lui donner le moindre conseil, lui dire une seule chose qui va l’aider, ni même si elle va accepter de me parler, mais je suis là maintenant et si elle a quelque chose à dire, je vais l’écouter en silence. La balle est dans son camp et j’espère juste qu’elle saura en faire bon usage.
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Dim 29 Aoû - 21:58 (#)




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Le Rising Sun Bar, Novembre 2020
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L
a routine, bien sûr. Tu aurais aimé pouvoir en dire de même, mais si tel avait été le cas, tu ne serais pas là pour y songer. Tu ne remarques même pas qu’elle ment, et même si tu l’avais deviné, tu n’aurais pas été capable de comprendre ses raisons. Toi, quand tu mens, c’est pour te protéger toi-même, pas les autres. Tu mens parce que ça t’amuse, tu mens parce que tu as encore fait des tiennes, tu mens parce que tu ne supporterais pas ce que tu décrirais sans le faire. Mais elle a raison, vous n’êtes pas là pour parler d’elle. Ce ne sont pas ses problèmes à elle que vous allez disséquer autour de cette table en bois massif, mais bien les tiens. Tu es bien la dernière personne qui quiconque appellerait pour espérer mettre fin à ses tracas, et quelque part, ça te blesse. Un jour, tu aimerais pouvoir aider les autres, peut-être, au lieu de toujours être celle qu’on aide. Simplement prouver, par pure fierté égoïste, que tu es capable toi d’être une de ces personnes que l’on qualifie de « bien ».  

Tu ne comprends même pas sa réaction. Tu te contentes de la subir, peut-être pour le mieux. Vous êtes des inconnues, c’en est presque un hasard que vous connaissiez le nom de celle qui vous fait face, alors pourquoi être prête à sacrifier le reste de sa soirée seulement pour t’écouter livrer avec une difficulté inouïe les confessions de ton esprit tourmenté ? Mais tu veux changer, tu en as un besoin vital, alors pour ça tu dois apprendre à faire confiance et te plier à la normalité pour laquelle tu éprouves des sentiments si ambivalents. Pourquoi est-elle si… attentionnée ? Il n’y a pourtant rien entre vous qui puisse ressembler ne serait-ce qu’à un embryon d’amitié.

Doit pourtant venir l’heure de la plongée. Une apnée angoissante pendant laquelle tu te laisses couler au fond de ce marécage dans l’eau duquel tes larmes se mêlent avec indifférence. Anaïs est jeune, plus que toi, et semble si pure, si bien que tu te sens pincée d’un soupçon de culpabilité à maculer son innocence de la tourbe noirâtre dans laquelle tu t’enfonces un peu plus à chaque instant où tu y songes. Ça n’est pourtant pas ça qui t’empêcherait de parler, ce problème n’est qu’une inconvenance mineure comparé à la terreur qui te saisit déjà lorsque tu penses à prononcer son nom et retourner dix ans en arrière en pleine asphyxie.
Un nouveau silence vous enveloppe lorsque la petite à la crinière flamboyante achève sa réponse, attendant forcément la tienne. Ton regard se fixe sur le reflet d’un luminaire sur le bois lustré de la table, tes pupilles maintenant comme voilée par un linceul assombri par les années. Sur le bois peint de la mallette, ton pouce bat silencieusement une cadence affolante, incontrôlable, et tu te mords la lèvre du bas pour te forcer à garder un visage digne et vierge de la moindre larme. Tu veux te montrer forte, au moins ça, c’est tout ce que tu exigeras de toi ce soir. Tu fermes les yeux un moment, comme si cela allait suffire à réduire au noir aussi les souvenirs que tu laisses te submerger ; ta mâchoire tremble, mais il est temps.

« Tu… tu te souviens, quand ce mec t’emmerdait, devant notre bâtiment, alors que t’avais juste rien demandé ? Bah je sais ce que ça fait. »

C’est bien, tu t’es lancée. Fais une pause, tu l’as méritée. Tu sens déjà tes yeux devenir humides et réclamer de s’ouvrir, eux aussi, mais tu te retiens. Tu resteras silencieuse aussi longtemps qu’il le faudra, mais aucune perle n’ornera ton visage cette nuit. Tu lèves les yeux et le menton, dévoilant à la vue d’Anaïs l’opaline de ta nuque ; changerait-elle d’avis si elle pouvait y distinguer les stigmates élégants des crocs d’Elinor ?
Ta voix est calme et ton ton posé, comme tu viens de te le promettre de le garder.

« Pendant dix-sept ans, sans arrêt. J’ai jamais eu droit au répit. On m’a… »

La douleur de ces moments te revient comme si elle était la même qu’il y a une décennie, elle te submerge, mais tu dois l’exprimer pour t’en libérer. Tu dois finir ta phrase pour avancer, pour ne pas rester coincée ici, prisonnière de ce jubilé cruel.

« On m’a insultée, moquée, ignorée, parfois frappée, on m’a craché dessus, et jamais on m’a défendue. On m’a dit que c’était de ma faute. Ma propre famille. »

Ton corps entier se tend et on peut lire une réelle douleur physique tordre ton visage. Tu évites à tout prix le regard de ton auditrice tandis que tu lui livres un concert bien plus pathétique que celui pour lequel elle avait sans doute mis les pieds ici. Un jour tu seras peut-être en mesure de lui dire que tu es désolée de lui infliger ça, que tu aurais dû aller dans un confessionnal où là, au moins, personne ne peut te voir subir ton calvaire.

« J’ai fugué de chez moi pour venir me réfugier dans cette ville sans prévenir personne, parce que j’aurais pas supporté une année de plus de la vie que je menais à cette époque. J’ai fuit une personne, en particulier, et aujourd’hui, y’a sa putain de tête placardée sur le moindre putain de panneau publicitaire de la ville. »

Ta main libre vient vite essuyer le coin de tes paupières pour ne pas fendre le masque de dignité que tu veux continuer à porter, et qui pourrait se fendre sous le sel d’une seule larme. Tu poses ton coude sur la table et loves ton menton dans le creux de ta paume en fermant un nouvelle fois les yeux un long moment.
Elle a sûrement dû voir aussi ces affiches marquées du nom de ta cousine, montrant sous un jour hypocrite au possible le visage angélique qui dissimule ses actes démoniaques. Peut-être n’a-t-elle pas fait le rapprochement, tu n’en sais rien, mais ça n’a que très peu d’importance.
Tu finis par reprendre la parole, ta gorge complètement nouée par l’émotion et incapable de parler plus fort qu’un murmure.

« Ma cousine. Elle est là, en ville, et ça me… j’ai… je suis… morte de peur. Rien que d’y penser j’ai l’impression d’étouffer. Kurwa »

Tu n’as pas expliqué pourquoi elle te terrorise tant, pourquoi un simple portrait t’inflige un tel supplice, et tu pries pour qu’elle ne pose pas la question. Tu ne sais pas si tu vas avoir la force d’évacuer une telle confession alors que tu n’as même pas été capable de t’étendre à ce propos auprès de ta marraine.
Pourtant, tu sens le regard de ton invitée se poser sur toi, sans que tu n’arrives toi à le croiser une seule fois. Il a quelque chose de différent, quelque chose d’encore inconnu, quelque chose qui te pousse, ou au moins ne te repousse pas, à livrer des détails de ta vie qui avant ce mois-ci n’étaient qu’un secret que seul toi et tes bourreaux partageaient. Tu t’en remets entièrement à elle, au point de presque attendre un miracle en retour de l’effort que t’a demandé ton monologue. Malheureusement, elle l’a dit elle-même, elle ne peut rien te promettre. C’est ce qui rend l’exercice d’autant plus difficile.
Enfin, tu as pourtant terminé, pour l’instant peut-être, et tu laisses le silence vous rejoindre à nouveau alors que tu colles ton dos au dossier de ta chaise pour lui signifier tacitement que tu n’en diras pas plus pour le moment.


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En un mot : Outre en perdition
Qui es-tu ? : *Un esprit traumatisé par la cruauté de ceux qu'elle pensait être ses camarades, à jamais marqué par l'absurdité de la violence humaine.
* Fille émancipée d'une famille humaine qu'elle a fui pour sa propre sécurité. Outre dans un monde d'humains qui ne cherchaient pas à la comprendre, juste à la plier au conformisme réconfortant de la normalité.
* Apprentie curieuse et consciencieuse de Daphné Calabrezzi. S'est lancée sur la voie du chamanisme, marchant dans les pas de sa mentore avec patience et détermination, persuadée d'avoir trouvé la voie qu'il lui fallait.
* Inscrite à la LSU, en médecine. Malgré un dossier scolaire chaotique à cause d'une année de fugue, se démène pour prouver, aux autres et à elle-même, qu'elle réussira.
Facultés : *Hémokinésie, contrôle du fluide vital
*Apprentie chamane, amie des loups et des gitans
*Etudiante en médecine, acharnée et consciencieuse, pleine de projets en tête.
*Musicienne et chanteuse amateur ne sortant jamais sans son casque. Danseuse du dimanche. Incollable sur la musique, sa passion, son refuge.
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Mar 7 Sep - 2:58 (#)



La tension qui s’empare des épaules de Heidi semble tellement forte que j’ai l’impression que l’air lui-même s’est crispé autour d’elle. Je ne sais pas ce qui peut ainsi provoquer chez elle une telle peur, une telle angoisse au point de faire appel à moi, une inconnue croisée dans une situation aléatoire et sans vraiment se finir sur une bonne note. Si elle n’a vraiment personne d’autre, peut-être que c’est sa solitude qui lui pèse trop. Peut-être qu’elle a juste besoin que quelqu’un l’écoute et s’intéresse à elle… Ce numéro, c’était un encouragement à ce qu’elle garde contact, qu’on essaie de trouver un terrain d’entente. C’est une musicienne après tout, pourquoi ne pourrions-nous pas nous entendre ? je pourrais échafauder mille raisons et théories que rien ne sera plus parlant que la vérité. Cette vérité qu’elle semble si réticente à donner alors que c’est elle qui souhaite le faire. Pas besoin d’être devin ou psychologue pour comprendre que tout cela va être dur à dire, dur à entendre.

Pour être parfaitement honnête, je ne sais même pas si j’ai envie d’entendre ce qu’elle a à me dire. J’essaie déjà de gérer ma vie, avec un succès tout relatif aux vues des événements qui s’enchaînent les uns après les autres, provoquant à chaque fois des chamboulements difficile à encaisser ou auxquels s’adapter. Alors en voyant Heidi se sentir aussi mal à l’aise à la simple idée de dire ce quelle a sur le cœur, un infime regret perce et s’insinue. Et si c’était si dur que je ne voyais même pas de solution ? Et si c’était si dur que je ne pouvais même pas l’aider ? Tout est possible et j’ai une infime hésitation en la voyant se préparer à parler. Mais j’ai promis et je suis réellement prête à l’aider, simplement parce que je ne peux pas imaginer l’idée d’abandonner après avoir été si loin, après avoir proposé mon aide.

Je hoche la tête au souvenir de ce type qui m’avait emmerdé devant les Kingston et l’intervention d’Heidi. Fait amusant, il n’est plus jamais venu m’emmerder après cela alors que je n’ai absolument rien fait contre lui. Peut-être que son égo en a pris un coup. Mais entendre Heidi dire qu’elle comprend ce que j’ai vécu me fait hausser un sourcil. Elle a pourtant bien fait comprendre qu’elle n’est pas une Eveillée. Ma curiosité piquée, je l’écoute en silence. Mes mains se crispent de plus en plus à mesure qu’elle évoque tout ce qui lui est arrivé. Elle n’est pas entrée dans le détail et je lui en suis intérieurement reconnaissante. La voir ainsi, prête à s’effondrer, à s’essuyer les yeux pour éviter qu’une larme ne fende le masque de rigidité qu’elle s’est forgé, cela me pince le cœur.
Je n’imaginais pas qu’elle ait pu endurer tant de choses pendant autant d’années et quand même réussir à vivre ici, aujourd’hui. Je ne peux que comparer avec ma situation et, même si nos solutions ont été identiques, l’ampleur de ce qu’on a vécu est très différent. Elle a subi cela pendant tellement longtemps… j’aurai envie de lui dire que je comprends, qu’elle a eu raison de fuir, que tout va s’arranger, mais l’entendre dire d’une voix presque déchirée que celle que j’imagine être son bourreau est arrivée en ville et menace la petite bulle de calme et de sécurité qu’elle a dû vouloir bâtir pendant toutes ces années. Si j’avais le moindre doute sur mes raisons de l’aider, ils se sont envolés.

Elle finit par se taire, par se replier sur elle-même. Elle fait tout pour ne pas croiser mon regard et je ne peux pas lui en vouloir. Sonne n’a envie de voir la pitié dans le regard d’autrui quand elle est dirigée vers vous. C’est ce que j’ai toujours apprécier chez Zach. Il ne m’a pas prise en pitié, il m’a aidé, il a été un pilier comme d’autres l’ont été également et nul doute que c’est ce dont à besoin Heidi. Quelqu’un sur qui compter sans être prise en pitié ou materner comme une enfant en détresse.

- Ce que tu as vécu, ce que tu as fait pour t’en sortir et ce que tu éprouves maintenant… je comprends.

Je m’en suis sortie parce qu’on m’a aidée, qu’on m’a poussé à m’en sortir et que je n’étais pas seule pour faire face aux angoisses, aux cauchemars et aux visages de ceux qui ont ruiné ma vie en une seule petite dizaine de minute après des mois d’insultes et de rejet. Même si je ne peux pas imaginer à quel point ce qu’elle ressent doit-être énorme après dix-sept ans, je peux au moins essayer de l’aider comme on m’a aidée moi.

- Rien de tout cela n’est ta faute et rien de tout cela n’aurait dû t’arriver… Je disais que je voulais t’aider Heidi et je le pensais. Maintenant…

J’essaie de capter son regard, mais elle reste obstinément la tête tournée pour que nos pupilles ne se croisent pas. J’inspire lentement.

- Maintenant, j’ai encore plus de raisons de vouloir t’aider, mais je vais être honnête. Je n’ai pas de solution miracle et une grande part du travail, tu devras le faire toi-même, même si je t’aide.

J’ai l’impression d’être à la place de Daphné ou Rica lorsqu’elles ont décidé de m’aider, chacune à leur façon. Heidi a besoin de quelqu’un qui lui montre qu’elle peut faire face à son passé. Je ne sais pas si j’en suis capable, mais ça ne va pas m’empêcher d’essayer.

- Tu as mon numéro, tu as mon adresse, tu appelles, tu textes, tu passes quand tu veux, quand tu as besoin ou même juste parce que tu en as envie. On peut même se retrouver ailleurs si tu préfères ne pas approcher des Kingston.

Vu à quel point elle voulait s’en éloigner, cela n’aurait rien de surprenant, elle n’était pas spécialement appréciée là-bas, de ce que j’ai vu et rien ne dit que le type qu’elle a corrigé ne pourrait pas soudainement apparaître pour un match retour.

- Malgré tout… Je ne veux pas te forcer la main. Tu n’es pas obligée d’accepter mon aide, mais je pense que tu ne devrais pas vivre ça seule. Tu devrais avoir quelqu’un sur qui compter et qui t’aiderait à surmonter tout ça et faire face à cette connasse que tu appelles cousine. Moi ou une autre, peu importe tant que tu arrives à surmonter tout ça. Je te propose mon aide et je veux sincèrement faire en sorte que tu surmontes ce que tu portes sur ton dos depuis tout ce temps, mais tu dois décider si tu veux mon aide ou pas. Je ne vais pas te forcer à être mon amie, Heidi, c’est à toi de faire ce choix.

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Mer 8 Sep - 1:04 (#)




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Le Rising Sun Bar, Novembre 2020
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E
lle dit qu’elle te comprend, mais est-ce réellement le cas ? Est-ce seulement possible ? Tu as passé toute ta vie à essayer de te convaincre que personne n’en était capable ; vingt-cinq années passées à ressasser inlassablement les mêmes dogmes acerbes. Tu peux encore entendre la voix d’Anna au creux de ton oreille comme si elle datait de la veille : tu ne mérites pas d’avoir des amis, et tu ne feras jamais que les décevoir, au moins seule tu n’es un boulet que pour toi-même.
Ton regard se perd un moment dans le vague, happé par un tourbillon seulement visible par tes yeux, alors que ton invitée tente de te rassurer du mieux qu’elle le peut. Mais tu n’es pas concentrée sur ses paroles, car au fond de ce vortex sombre et opaque se trouvent tous les questionnements que tu avais jusque-là refoulés. Et si elle avait raison ? Et si tout ce que tu faisais à cette gosse en essayant de te rapprocher d’elle, c’était la condamner ? Qu’est-ce que tu as vraiment à offrir, finalement, si ce n’est les débris coupants de ton âme brisée ? Tu n’es pas sympathique, pas drôle, tu n’aimes pas parler, et tu ne sais simplement pas agir en société. Même si tu en avais la volonté, tu ne saurais pas être autre chose qu’une piètre amie, toxique et délétère.

Quelques mots parviennent tout de même à se frayer un chemin jusqu’à ta conscience. Pas ta faute ? Qu’est-ce qu’elle en sait ? Elle n’était pas là pour le voir. Tu aurais aimé que ce soit ta faute, au moins tu n’aurais pas eu à supporter cet étouffant sentiment d’injustice. Tu en as été persuadée si fort et pendant si longtemps qu’il t’a fallu des mois avant de comprendre que rien de tout ça n’était normal, et encore des années ensuite pour commencer à te défaire de cette mentalité.
Alors, pourquoi ces mots font-ils naître de la colère ? Ils se veulent rassurants, tu le sais, mais cette flamme aveugle qui te consume de l’intérieur n’a que faire des bonnes intentions ; elle tord et pervertit le moindre mot pour en faire son propre combustible et s’assurer que jamais elle ne s’éteindra. Tu te mords un instant la lèvre pour réprimer toutes ces pensées malsaines.
Qu’attends-tu d’elle, exactement ? Quelle aide peut-elle bien t’apporter ? De quoi as-tu tant besoin et que tu ne peux pas obtenir par toi-même ? La réponse crève les yeux, si bien que tu n’arrives pas à la voir, ou du moins à l’assumer, et encore moins à exprimer.


Du soutien, voilà tout.
Tu aimerais qu’elle soit ton amie, comme on en voit dans les livres et les films. Bien naïvement, tu veux te remettre à croire en cette idylle, cette chose qui faisait plonger dans la fiction chaque ouvrage que tu avais pu ouvrir et qui contait les histoires de héros inséparables. Tu penses que c’est par ce chemin là que tu pourras enfin devenir adulte et apprendre à gérer toutes tes émotions.
Tu as beaucoup réfléchi à ce que cela pouvait signifier, être adulte. A ce qui doit changer chez toi, ce qui doit mourir et ce qui doit naître. A comment y parvenir. Et bien ironiquement, tu as fini par te dire que pour devenir adulte, tu devais embrasser l’enfant qui est en toi. Jusqu’ici, tu n’as fait que la refouler, étouffer et noyer la moindre de ses demandes sous des litres d’alcool jusqu’à ce que, trop malheureuse pour vouloir s’exprimer à nouveau, elle finisse par se replier dans un coin sombre et oublié de ta psyché, au même endroit que tes rêves et les quelques souvenirs heureux que tu préfères remiser pour ne pas les corrompre.
Renouer avec cette petite fille apeurée, chercher son pardon et la baigner dans assez de lumière pour lui permettre d’enfin fleurir ; voilà pourquoi tu ne voulais pas passer la soirée seule : tu tiens à faire part de ce désir nouveau à quelqu’un, et c’est tombé sur elle.

Un long silence suit une nouvelle fois la réponse d’Anaïs. La salle se faisait un peu plus calme à chaque nouvelle interruption, et les clients, satisfaits de leur soirée, remontaient les escaliers pour retrouver la rue et l’air à peine frais de l’automne en Louisiane. Toi, tu apprécies ce calme. Il est reposant, il fige l’espace et le temps comme si rien ne pouvait t’arriver tant que tu ne parlais pas. Il te laisse avec galanterie réunir tes forces à chaque nouvelle phrase pour te permettre de garder ta dignité si durement acquise. Être musicienne t’a permise d’apprendre à aimer le silence à sa juste valeur, et c’est peut-être là un de tes enseignements les plus précieux.

« Je sais. »

Tu sais que c’est à toi de faire les efforts, et que c’est à toi d’aller de l’avant parce que personne ne le fera à ta place. Tu sais, tout ça, tu as eu tout le temps nécessaire pour y réfléchir. Mais même en sachant, tu n’as encore fait que le premier par d’un périple dont tu ne connais pas le chemin. Voilà pourquoi tu veux t’entourer et enfin réussir à faire confiance : pour ne pas te perdre en chemin.
Tu déglutis, la gorge nouée en anticipant ta prochaine phrase. Un bref instant, tes yeux se posent sur le visage délicat et expressif qui, malgré tout ce que tu dégages, reste devant toi. Ils se détournent presque aussi vite alors que tu essaies de construire mentalement ta phrase pour être certaine de ne pas faire d’erreur en la prononçant, comme on pourrait le faire avec une langue étrangère.

« Je veux bien être ton amie, s’il te plaît. »

Tes mains frottent une nouvelle fois tes yeux alors que tu prends une grande respiration. Tu as la sensation étrange d’un poids qui quitte tes épaules en te laissant dans un déséquilibre dérangeant. Tu souffles, plus reprends une nouvelle inspiration. Tes doigts s’agitent nerveusement alors que tu cherches tes prochains mots.

« Je veux changer, j’en ai besoin. Je veux aller mieux, et… »

Tu prends encore un peu le temps de profiter du silence et d’y puiser la force nécessaire pour achever ta confession.

« Et je veux plus avoir peur. Ni d’Elle, ni de vivre. Mais je peux pas y arriver toute seule. Et… »

Pourquoi est-ce si dur de terminer une phrase ? Peut-être parce qu’il s’agit d’un aveu de faiblesse, et que rien ne demande plus de force que de faire part de sa fragilité. Tu as passé des années et des années à clamer haut et fort que rien ne pouvait t’atteindre même si le contraire semblait être l’évidence même. Toutes ces années, tu les as passées à consolider une armure qui, au lieu de te protéger des assauts de l’extérieur, t’empêchait seulement de laisser échapper tes cris de douleur et de détresse. Aujourd’hui, tu as décidé de la briser, et d’enfin réaliser que ta peur de te mettre à nu ne pouvait pas être plus délétère que ta rétention malsaine.

« Et j’ai besoin d’une amie pour y arriver. J’ai pas envie de replonger dans ma vie d’avant, j’y survivrai pas. »

Presque littéralement. Tu as déjà frôlé la mort de trop nombreuses fois, et si tu devais retomber de là où tu t’es élevée, la chute te serait fatale. Tu finirais sûrement tes jours dans une ruelle avec une aiguille dans le bras sans personne pour te pleurer, et c’est une vision qui aujourd’hui te révulse. Ça n’était pas le cas par le passé, et maintenant tu ne tolèreras pas un retour à cette position. Jamais de la vie.


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En un mot : Outre en perdition
Qui es-tu ? : *Un esprit traumatisé par la cruauté de ceux qu'elle pensait être ses camarades, à jamais marqué par l'absurdité de la violence humaine.
* Fille émancipée d'une famille humaine qu'elle a fui pour sa propre sécurité. Outre dans un monde d'humains qui ne cherchaient pas à la comprendre, juste à la plier au conformisme réconfortant de la normalité.
* Apprentie curieuse et consciencieuse de Daphné Calabrezzi. S'est lancée sur la voie du chamanisme, marchant dans les pas de sa mentore avec patience et détermination, persuadée d'avoir trouvé la voie qu'il lui fallait.
* Inscrite à la LSU, en médecine. Malgré un dossier scolaire chaotique à cause d'une année de fugue, se démène pour prouver, aux autres et à elle-même, qu'elle réussira.
Facultés : *Hémokinésie, contrôle du fluide vital
*Apprentie chamane, amie des loups et des gitans
*Etudiante en médecine, acharnée et consciencieuse, pleine de projets en tête.
*Musicienne et chanteuse amateur ne sortant jamais sans son casque. Danseuse du dimanche. Incollable sur la musique, sa passion, son refuge.
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Mar 28 Sep - 14:04 (#)



L’atmosphère semble s’être légèrement épaissie après les mots que j’ai pu offrir à Heidi. La salle se vie peu à peu, mais aucune de nous deux ne semble s’en plaindre. J’ai appris à apprécier le calme dans les moments où je peux en profiter pour penser, mettre mes idées et mes pensées en ordre. Et ce soir, j’en ai réellement besoin. Depuis le début, j’ai l’impression de devoir aider Heidi, sans même savoir pourquoi. Peut-être est-ce son regard qui me paraît hanté, ses gestes qui me semblent nés d’une défiance si lointaine et ancrée en elle qu’elle fait partie de son être à présent. Je ne sais pas exactement, ni avec certitude, pourquoi je tiens tant à l’aider, mais les faits sont là. J’ai envie de l’aider. Encore plus après ce qu’elle a dit sur son passé, même si les détails sont restés dans l’ombre. Je ne compte pas satisfaire ma curiosité. Pas ce soir en tout cas, pas alors qu’elle semble si nerveuse, presque au bord d’une crise de nerfs.

J’attends, patiemment, silencieusement, qu’elle fasse son choix. Je ne sais pas raiment ce que je suis supposée faire, peu importe sa réponse. Comment on devient amie avec quelqu’un qu’on connaît à peine et qui semble avoir été une solitaire endurcie pendant plus d’années que je n’ai vécu encore ? Et si elle refuse, alors quoi ? Je hausse les épaules et je rentre chez moi en la laissant se démerder avec des problèmes qui semblent la ronger à un point tel qu’elle a laissé sa fierté de côté pour m’appeler ? Je parle, je promets, mais je ne suis même pas certaine de savoir comment faire, passer les premières minutes de réalisation. Des amis, j’en ai, j’en ai eu, mais tout s’est fait avec un tel naturel que l’idée de forcer la main d’Heidi sur ce terrain me laisse un peu perplexe. Me voilà à me triturer les méninges alors qu’elle n’a encore rien dit…

J’inspire longuement, me calme juste à temps pour ne pas nerveusement sursauter lorsque sa voix brise le silence qui s’est installé. Evidemment qu’elle sait. Ce que j’ai dit est d’une banalité sans nom, et pourtant j’ai le sentiment que ça lui a coûté énormément d’avouer cela à quelqu’un. Lorsque ses yeux finissent par remonter et que je peux les apercevoir brièvement, je l’encourage à continuer d’un léger hochement de tête, un sourire d’encouragement non-feint sur le visage. Je ne sais pas ce que je vais faire, mais je sais que j’ai envie de l’aider, et peu importe le reste. Alors, lorsqu’elle demande, de manière presque solennelle, d’être mon amie, j’ai du mal à retenir un sourire plus large. Elle veut avancer, vivre et ça, je peux le comprendre bien plus qu’elle ne l’imagine. Je tais chacune des réflexions qui me viennent en tête à ce sujet et la laisse terminer, la laisse s’ouvrir peu à peu.

Je ne sais pas ce qu’a pu être sa vie et, même si la curiosité me ronge, je garde le silence, captant çà et là quelques informations, ou en tout cas quelques pistes. Sa vie d‘avant, comme elle dit, devait être assez difficile ou horrible pour ne pas vouloir y replonger. Les raisons peuvent être multiples, mais ça me fait penser à de l’alcool ou de la drogue, au vu des termes employés et si je peux lui éviter ça, je n’ai pas à hésiter une seule seconde de plus. J’ai vu les ravages ce que ces horreurs peuvent créer chez quelqu’un et, même si je me trompe, lui éviter cela me semble être une raison plus que suffisante. Je me penche vers elle, essayant de capter son regard.

- Heidi…

Que dire ? Que dire quand on a envie de dire qu’on comprend sans pour autant en être certaine ? Comment expliquer qu’on est prête à l’aider alors qu’on se connait à peine. Amies de circonstance ? Parce que l’une a besoin de l’autre ? Ce n’est pas de l’amitié, c’est de la dépendance et jamais cela ne va l’aider. Si elle s’ouvre, je dois faire de même, lui montrer que la confiance va dans les deux sens. Chaque chose en son temps, cependant.  J’essaie d‘attirer son regard, qu’elle puisse voir à quel point je suis sincère dans ce que j’entreprends, dans ce que je dis.

- J’ai dit que je voulais t’aider et je le ferai. Qu’on soit amies, cela dépend de tout ce qu’on peut se dire ou faire ensemble.

Je réfléchis un instant à quoi lui dire pour qu’elle ne prenne pas cela de travers. Il est important qu’elle puisse se détendre quand elle est avec moi, qu’elle se laisse aller, qu’elle n’ait pas à penser trop longtemps à chaque mot, chaque action.

- L’amitié c’est une question de confiance et de spontanéité. Tu n’as pas besoin de me demander d’être ton amie, Heidi, parce qu’à l’instant où tu me fais assez confiance pour me raconter ce que tu as sur le cœur, à l’instant où tu t’es dit que c’était possible, tu as fait le premier pas. Mais si tu préfères que je le dise, alors, oui, je serai heureuse d’être ton amie, Heidi.

Je m’adosse à nouveau à ma chaise, laissant quelques instants passer pour qu’elle calme son esprit probablement en ébullition. J’ai envie d’en savoir plus sur elle, vraiment. Pas forcément les choses horribles qui lui sont arrivées, mais aussi ce qui la passionne, ce qui la fait avance, où elle vit à présent. Toutes ces choses qu’elle choisira de dévoiler, ou non, au fur et à mesure que la confiance s’installe entre nous.

- Je vais être honnête. On ne se connaît pas. Mis à part que tu es une trompettiste talentueuse et que tu as un passé difficile, je ne sais rien de toi et ça doit être pareil pour toi en ce qui me concerne, alors il va falloir commencer par-là. On ira à ton rythme, mais il faut que tu me connaisses un peu avant de me faire confiance, j’imagine ?

Une relation de confiance ça ne se construit pas d’un simple claquement de doigts parce qu’on l’a décidé, ça prend un peu de temps. Je n’ai aucune idée de ce qu’elle veut ou de ce qu’elle aime ou de ce qu’elle est capable de faire si j’ai un jour besoin de son aide et c’est réciproque. Si je veux l’aider, il va falloir qu’elle me laisse faire et qu’elle me fasse confiance. Et j’ai le sentiment que c’est un défi plus conséquent qu’il n’y paraît au premier abord.

- Je suis loin d’être parfaite, j’ai plein de défauts et de problèmes plus gros que moi, mais je ne te laisserai pas tomber Heidi. Je peux te promettre ça. il faut juste que tu acceptes de me faire confiance.

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Sam 2 Oct - 21:43 (#)




Two Roses

Le Rising Sun Bar, Novembre 2020
ft. Anaïs Wilhm



P
ersonne ne veut passer sa vie dans le noir, enfermé dans une pièce sans fenêtre ni bougie, avec à peine un maigre filet de lumière s’aventurant timidement en dessous de la porte pour sans cesse se rappeler qu’il existe quelque chose au-delà de ces murs dont on ne connait finalement même pas la couleur. A force, on finit par connaître le moindre recoin de cette pièce. On tourne en rond, seul, tout en rêvant de pouvoir s’arracher à la froideur des murs. Seulement, à ce rêve s’entiche une angoisse dès lors que cette question nait : et si ouvrir cette porte était une mauvaise idée ? Et si l’on était pas fait pour vivre au-delà de ce seuil ? Et si l’on ne pouvait pas revenir à la sécurité de sa pièce noire et froide ?
Ce soir, tu as décidé d’ouvrir la porte. Tu as combattu la peur et tu as posé ta main sur la poignée. Tu as combattu l’envie de la lâcher en sentant la morsure froide du métal dans la paume de ta main et tu as combattu tous les démons silencieux qui peuplaient la pièce dans l’espoir qu’une vie meilleure t’attend de l’autre côté et qu’enfin tu pourras voir, encouragée par une voix plus forte que les autres, de l’autre côté. Une voix qui s’adresse à toi, une voix qui te dit que tu n’as rien à craindre.
Elle est enfin ouverte, et tu sens une brise nouvelle caresser ton visage. Tu sens un parfum inconnu venir à ta rencontre alors que tu ne te souvenais même plus que tu étais douée d’odorat. Tu entends distinctement cette voix, ce timbre doux comme il n’en existait que dans tes errances les moments où tu t’autorisais à penser au dehors. Et pourtant, tu ne vois toujours pas. Pas parce qu’il fait noir, mais au contraire parce que tu es aveuglée par la lumière qui baigne maintenant tout ce que tu avais connu. L’angoisse ne meurt pas. C’était sans doute naïf de ta part de penser qu’elle s’échapperait dès que l’air de l’extérieur s’inviterait entre tes quatre murs.

Ton cœur se serre dans votre espace commun. Elle ne répond pas tout de suite à ta demande. Ça dépend. Ça n’est pas ce que tu voulais entendre. Tu te mords la lèvre, déjà persuadée que tu as réussi à la faire revenir sur ses paroles, déjà prête à te résigner et t’enfermer à nouveau. Tu t’enfonces contre le dossier de ta chaise, te maudissant de ne pas pouvoir y disparaître. Tu ne captais déjà pas son regard avant, mais c’est bien pire maintenant, du moins jusqu’à ce qu’elle finisse sa prochaine phrase. Là, tu t’autorises enfin à te détendre. Un sourire discret ourle tes lèvres accoutumées à un moue morne et désabusée, et tu hoches doucement la tête, les yeux fermés. Pour toi, c’est une vraie victoire ; une dont tu es infiniment fière. La brise est chaude et en plissant bien les yeux, tu commences à distinguer dans ce halo de lumière qui t’aveugle la silhouette sibylline et évanescente d’un espoir. Ton sourire, caché par une de tes épaules, grandit et ne veut pas quitter tes lèvres. C’était en fait très exactement ce que tu voulais entendre.

Tu n’arrives toujours pas à croiser son regard. Tu as peur de ce qu’elle pourrait y lire, et tu aurais honte qu’elle devine tout l’orgueil que tu tires d’une interaction sociale si élémentaire. Alors, tu la laisses poursuivre après un temps, ton sourire enfin intériorisé pour te concentrer sur ses propos. Elle a raison, vous ne vous connaissez pas, toi encore moins qu’elle, et tu n’avais même pas pensé à cela. Tu n’avais pas pensé à la suite ; toujours aussi naïvement, tu t’étais dit que les choses s’arrangeraient d’elles-mêmes au moment où tu te ferais une amie. Tu hausses les épaules, après tout c’est elle qui sait comment ces choses fonctionnent.

Elle achève finalement sa réponse, et comme d’habitude maintenant, tu laisses le silence regagner ses droits. Tu agites un instant les épaules et fait un rond de la tête pour faire craquer ta nuque, et fixe de nouveau ton regard sur la table. Tu inspires longuement et expires dans un long soupir pour soulager la tension qui s’était infiltrée malgré tout dans ton dos.

« Je ferai de mon mieux. »

Sincèrement. Tu n’as pas fait tous ces efforts, tout ce chemin pour ne pas faire les choses comme il faut. Tu ne lui demandes pas d’être parfaite, tu aimerais seulement qu’elle te dise comment t’y prendre pour être une bonne amie. Elle a même commencé, mais cette première étape te semble déjà si loin devant. Tu es presque accablée par le vertige de tout le chemin qu’il te reste à parcourir.

« J’ai.. du mal, avec la confiance. C’est dur pour moi de la donner. C’est.. »

Tu cherches un instant tes mots. Ton visage a repris son air bleu, ton sourire a disparu au profit d’un pincement concerné.

« Je ferai de mon mieux pour ça. Je te le promets aussi. »

Tu relèves enfin les yeux et cherches les siens. L’espace de quelques secondes, tu lui permets de lire ce qui se cache au fond de tes iris. Tu pousses un énième soupir discret face à l’effort que cette promesse demande, ne serait-ce que pour la formuler. Tu ne fais que très peu de promesses, et pour toi celles-ci ont énormément de sens. Elle ne le réalisera peut-être pas, mais c’est ici ta manière de lui faire une première démonstration de ta sincérité.

« Si tu as vraiment l’intention de tenir ta promesse.. ça va aller. »

Tu réalises, peut-être un peu tard, qu’elle attendait sans doute que tu lui parles de toi. Après tout, il faut qu’elle te connaisse, tu as consenti à cela, mais tu ne sais pas par où commencer. Tu ne sais pas quoi dire sur toi, tu ne te trouves toi-même pas digne d’intérêt alors comment te présenter. La première chose que tu as envie de lui répondre est que tu n’es pas une musicienne talentueuse. Tu ne te sens légitime nulle part et encore moins dans ce milieu dans lequel plus tu apprends, plus tu réalises à quel point tu n’es personne. Alors, tu préfères t’abstenir. Elle te l’a dit, les choses iront à ton rythme, et tu as besoin de temps pour gagner ta propre confiance. En attendant, il te reste une dernière chose à lui dire ; une chose que tu ne dis que très rarement également, une chose qui en gagne d’autant plus de sens à tes yeux.

« Merci, Anaïs. »


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En un mot : Outre en perdition
Qui es-tu ? : *Un esprit traumatisé par la cruauté de ceux qu'elle pensait être ses camarades, à jamais marqué par l'absurdité de la violence humaine.
* Fille émancipée d'une famille humaine qu'elle a fui pour sa propre sécurité. Outre dans un monde d'humains qui ne cherchaient pas à la comprendre, juste à la plier au conformisme réconfortant de la normalité.
* Apprentie curieuse et consciencieuse de Daphné Calabrezzi. S'est lancée sur la voie du chamanisme, marchant dans les pas de sa mentore avec patience et détermination, persuadée d'avoir trouvé la voie qu'il lui fallait.
* Inscrite à la LSU, en médecine. Malgré un dossier scolaire chaotique à cause d'une année de fugue, se démène pour prouver, aux autres et à elle-même, qu'elle réussira.
Facultés : *Hémokinésie, contrôle du fluide vital
*Apprentie chamane, amie des loups et des gitans
*Etudiante en médecine, acharnée et consciencieuse, pleine de projets en tête.
*Musicienne et chanteuse amateur ne sortant jamais sans son casque. Danseuse du dimanche. Incollable sur la musique, sa passion, son refuge.
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Mar 16 Nov - 11:22 (#)



Un ballet sans fin d’émotions passe sur le visage et dans les mouvements d’Heidi. Le tout offre un spectacle à la fois étrange, inattendu et captivant. Elle se mord la lèvre, tourne la tête, semble éviter mon regard de son mieux, se recroqueville pour s’épanouir peu après, au fur et à mesure de mes déclarations. Difficile de savoir si ce que je dis la touche de la bonne façon. Elle ferme les yeux et je me triture les ongles en cherchant à comprendre ce que tout ce qu’elle fait peut avoir comme sens. Est-ce que je l’ai apeuré ou contrarié avec tout ce que j’ai dit ? Est-ce que c’est ce qu’elle voulait entendre ou au contraire l’exact opposé de ce qu’elle veut vraiment. Difficile à dire et je me dis que pouvoir donner un sens à chacune de ses expressions me serait utile, là tout de suite.

Lorsque le silence s’installe, je le laisse se prolonger, sans chercher à le briser. S’il y a bien une chose que j’ai compris sur elle, c’st qu’elle a besoin de cet espace de calme pour se collecter, poser le problème et décider de la marche à suivre face à quelque chose de nouveau. Cela me peine un peu de me dire qu’elle a toujours dû faire avec. Qu’elle n’a jamais pu spontanément accepter des mots pour ce qu’ils sont, ne voyant que la menace sous-jacente qui pouvait se cacher derrière une vaine promesse destinée à la tromper plus tard. Je ne peux pas la blâmer de douter, même avec le peu que j’ai compris de son passé et je préfère qu’elle fasse son choix et prenne sa décision sans la gêner outre-mesure.

La voir se craquer la nuque en fixant la table me laisse un instant perplexe. Elle inspire, expire longuement, comme pour trouver la force ou évacuer une tension qui s’est accumulée depuis le début de notre conversation. Je devine déjà ce qu’elle va dire avant même qu’elle n’ouvre la bouche et un léger sourire ourle mes lèvres quand elle annonce finalement ce que j’espérais. Je me contente débord de hocher la tête avant de plonger dans son regard. On se promet mutuellement de s’aider l’une l’autre. Je peux lire dans son regard la même sincérité qu’elle peut lire dans le mien. Je n’ai pas besoin de plus pour savoir qu’elle souhaite vraiment aller au bout des choses. Elle a pris sa décision et je dois simplement lui prouver qu’elle n’est pas seule dans tout cela.

- Je ne fais jamais de promesses à la légère et j’ai bien l’intention de les tenir.

Je ne suis pas une hypocrite ou une menteuse et j’ai tout sauf envie de prendre Heidi en traître. Elle semble souffrir déjà suffisamment au quotidien de son passé, il n’est pas question que quelque chose lui arrive par ma faute. Je devrais la prévenir que tout n’est pas simple autour de moi, mais je n’ai pas envie de l’effrayer alors qu’elle parvient tout juste à s’ouvrir d’une manière visiblement toute nouvelle pour elle. Alors je me contente de sourire, d’être cette amie dont elle a cruellement besoin et de m’assurer qu’elle tienne le coup ce soir. Elle me prend de court pendant un instant, à me remercier comme ça, me lissant la bouche ouverte de surprise, échouant à prononcer un mot en retour. Je finis par la refermer malgré tout et inspirer doucement, répondant d’une voix que j’espère calme et apaisée. Je me doute que ça doit lui coûter de dire ce genre de chose et le symbole est d’autant plus important à partir de ce soir.

- Les amies servent à ça, Heidi.

Je pose la main sur la table. Un geste anodin, une proposition pour qu’elle la prenne et la serre doucement. Le contact a toujours quelque chose d’apaisant et voir cette boule de nerfs face à moi me donne simplement envie de calmer sa nervosité alors que tout ce qui se passe ce soir est d’une banalité sans nom, dans le fond. Juste deux personnes discutant autour d’une table, devenant amies et cherchant à apprendre un peu de l’autre alors que la nuit avance de plus en plus. Tout ça devrait être simple, basique, mais rien ne semble l’être pour Heidi. Pas quand il s’agit d’interagir avec des personnes autour d’elle. Je suis pleine de curiosité. J’aimerais savoir ce qu’elle a pu vivre, qui est cette cousine qui la tourmente alors même qu’elle ne l’a pas encore vu. Je garde pourtant mes questions et ma curiosité pour moi, pour une autre fois, lorsqu’elle aura pris un peu plus confiance et qu’elle acceptera de m’offrir cette même confiance.

- Je serai là si tu as besoin de moi. Tu as mon numéro alors s’il y a le moindre problème, tu m’appelles ou tu m’écris et je serai là. D’accord ?

Qu’elle sache qu’elle n’est pas seule, qu’elle peut compter sur moi-même si je ne suis pas avec elle dans l’instant. Parfois le seul fait de savoir qu’on peut parler à quelqu’un, n’importe quand, n’importe où, cela suffit à calmer un peu les problèmes, de les trouver moins insurmontables qu’ils ne pouvaient sembler lorsqu’ils nous sont tombés dessus. J’ai vécu et vis encore ça par moment et si je peux soulager un peu Heidi, quelques mots au bout du fil ce n’est pas très cher payé, au final. Ce ne sera pas quelque chose de joyeux, mais j’espère qu’elle comprendra qu’elle peut me joindre aussi, même si tout va bien, simplement si elle veut parler. Je ne m’attends pas encore à ce qu’elle m’invite à une super soirée, ça me semble un peu prématuré alors qu’elle ne décoche que des phrases de quelques mots à chaque fois qu’elle ouvre la bouche, mais c’est déjà un premier pas.

- Tu veux boire quelque chose ? Pour… célébrer ça ?

Elle n’a rien commandé et je l’imagine avoir la bouche sèche après je ne sais combien de temps à souffler dans sa trompette. Et c’est toujours plus facile de parler lorsqu’on parvient à articuler sans avoir la bouche pâteuse. L’heure file, mais je n’y fais guère attention. Il y a plus important que mon sommeil, là tout de suite.

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Ven 3 Déc - 13:57 (#)




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Le Rising Sun Bar, Novembre 2020
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U
ne amie. C’est donc à ça que ça ressemble. Une main tendue dans la pénombre, éclairée par l’éclat d’un sourire sans condition. Tu la vois, attendant doucement sur le plateau de la table le moment où tu la saisiras. Mais, parce qu’il y a toujours un mais, tu ne te sens pas encore prête pour franchir cette étape. Tu aimerais le faire, sincèrement. Tu aimerais pouvoir attraper sa main et sentir la douce chaleur du réconfort t’envelopper, pouvoir rire et partager avec elle autre chose que tes problèmes. Mais il est trop tôt. Un contact physique, c’est encore autre chose, un nouveau niveau pour lequel tu lui demanderas encore un peu de temps.
Tu n’aimes pas le contact, ça t’effraie. Ça fait si longtemps que cette peur est ancrée en toi que tu as fini par ne plus en discerner les causes et la laisser régner sur la moindre de tes interactions. Aujourd’hui, tu te promets également de venir à bout de cette phobie et de te remettre toi-même sur le trône de ta conscience.
Le regard fixé sur sa main, les yeux désolés, tu espères qu’elle ne t’en voudra pas trop de ne pas la prendre tout de suite. Un jour, ça aussi tu peux le promettre, tu prendras sa main et, un grand sourire aux lèvres, tu lui diras que tout va bien et que si elle a besoin de toi, tu seras là pour elle. Tu as encore un long chemin à parcourir avant que ça n’arrive, mais c’est un espoir que tu refuseras de laisser tomber.

Seulement, pour l’instant, c’est elle qui te fait cette promesse, et tu hoches doucement la tête pour signifier que tu l’as bien comprise. Là encore, tu vas devoir fournir un effort pour changer tes habitudes. D’ordinaire, lorsque quelque chose te travaille, tu es bien trop fière pour ne serait-ce que te l’avouer à toi-même. Tu cherchais à faire disparaître à tout prix ces tracas, et c’est généralement ta dignité et ton foie qui payaient la note. Or, tu as promis de lui accorder autant de confiance que possible. Il s’agit encore d’un concept abstrait pour toi dont tu ne connais l’existence que par le vide que son manque crée en toi. Pour commencer, tu as besoin de concret, d’une chose à laquelle te raccrocher pour être sûr que tu es sur la bonne voie. Pourquoi ne pas commencer par ne plus te demander ce qu’elle pense de toi et accepter ses paroles sans douter de leur sincérité ? Ça semble être un bon point de départ ; peut-être pourra-t-elle t’aider à trouver ensuite ton chemin ?

Boire quelque chose ? Tu n’as jamais commandé dans un bar depuis que tu as décidé d’arrêter l’alcool, tu ne saurais même pas quoi demander. Boire ne revêt plus depuis longtemps cet aspect de célébration, c’est à la place devenu un rituel sordide qui te rappelle aujourd’hui la boue visqueuse de laquelle tu tentes de t’extirper.
Tu finis par t’éclaircir la voix et lui répondre, assez hésitante.

« Est-ce qu’on peut faire ça… plus tard ? »

Ton visage a regagné sa neutralité, mais il est peut-être quelque part subtilement moins tendu. La raison de ta présence ici, de sa présence à elle, elle te revient et tu prends une grande inspiration pour tenter de la gérer.

« Je crois que j’ai besoin de dormir, la journée a été rude. »

Si tu veux célébrer votre nouvelle amitié, tu préfères être dans de meilleures dispositions et surtout ne pas laisser le moindre sentiment négatif polluer ton esprit et maculer à jamais de noirceur le souvenir d’un moment aussi symbolique. C’est peut-être bête, d’une logique qui t’est propre et qui n’a pas de sens dans le monde réel, mais tu ne peux pas te battre que cela.

« Merci encore d’être venue. Ça compte vraiment pour moi. »

Ton regard trouve un court instant le sien et s’en détourne rapidement lorsqu’un voile gris s’étend sur tes orbes de jade. Ta voix baisse et ton visage prend un nouvel instant une teinte sombre.

« Tu m’as empêchée de faire une connerie ce soir, et… je t’en suis vraiment reconnaissante. »

Sombrer à nouveau dans la liqueur et te mettre minable au point d’effacer tout souvenir de cette journée. Prouver à ta marraine qu’elle a eu tort de croire en toi. Tu ne te le serais jamais pardonné. Oh, si seulement tu étais capable d’exprimer correctement ta gratitude, la petite rousse en face de toi serait sans doute bien plus rassurée.


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Qui es-tu ? : *Un esprit traumatisé par la cruauté de ceux qu'elle pensait être ses camarades, à jamais marqué par l'absurdité de la violence humaine.
* Fille émancipée d'une famille humaine qu'elle a fui pour sa propre sécurité. Outre dans un monde d'humains qui ne cherchaient pas à la comprendre, juste à la plier au conformisme réconfortant de la normalité.
* Apprentie curieuse et consciencieuse de Daphné Calabrezzi. S'est lancée sur la voie du chamanisme, marchant dans les pas de sa mentore avec patience et détermination, persuadée d'avoir trouvé la voie qu'il lui fallait.
* Inscrite à la LSU, en médecine. Malgré un dossier scolaire chaotique à cause d'une année de fugue, se démène pour prouver, aux autres et à elle-même, qu'elle réussira.
Facultés : *Hémokinésie, contrôle du fluide vital
*Apprentie chamane, amie des loups et des gitans
*Etudiante en médecine, acharnée et consciencieuse, pleine de projets en tête.
*Musicienne et chanteuse amateur ne sortant jamais sans son casque. Danseuse du dimanche. Incollable sur la musique, sa passion, son refuge.
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Jeu 16 Déc - 16:25 (#)



L’incertitude se lit facilement sur le visage d’Heidi et je finis par retirer ma main en voyant son regard navré. Top tôt peut-être ? ça semble être le cas. Je ne peux pas lui en vouloir, elle semble déjà avoir du mal à appréhender ce qu’il se passe ce soir, je ne vais pas la forcer à faire quoi que ce soit. Je me contente de sourire, essayant d’être rassurante. Je ne sais pas ce qui peut l’effrayer ou l’empêcher de simplement prendre ma main, mais je comprends qu’elle n’est pas prête à franchir ce pas, pour quelque raison que ce soit. Je me contente de croiser les doigts, comme si de rien n’était. Pas la peine de poser des questions, a viendra sans doute en temps voulu. J’ai bien compris que je marchais sur des œufs avec Heidi, alors je dois faire attention à ses réactions, au moins pour le moment.

Je ne sais que faire de plus. Elle semble bien avoir compris ce que je voulais lui dire et elle a, semble-t-il, accepté cela. Je compte bien tenir ma promesse, si elle me laisse faire, si elle me laisse peu à peu entrer dans son territoire sans réagir comme elle l’a fait au tout début. Cela me ferait presque sourire, de repenser à ce moment gênant et empli de malaise. Je me contente de hausser les épaules. Fêter ça, c’était juste pour détendre l’atmosphère qui commençait à s’épaissir lentement, mais sûrement. L’heure a avancé, la nuit également et je commence à sentir ma propre fatigue me rattraper.

- Bien sûr. Quand tu seras prête.

Prête à accepter une main tendue et juste bavasser de tout et de rien, juste pour le plaisir de la chose. Moi-même, cela me manque, parfois. J’ai trop peu de conversations sans aucune arrière-pensée pour telle ou telle chose. Pour les études, l’apprentissage, le futur en général. J’en suis un peu fatigué de cela également. Je voudrais avoir davantage de conversation comme je peux avoir avec Rica lorsqu’elle a une idée en tête. C’est reposant.

- Je t’avoue que ça me ferait du bien, à moi aussi.

Procrastiner et dormir, c’est devenu presque un luxe, à présent. Toujours avec quelque chose à faire, à droite ou à gauche. Parfois j’aimerais plus de temps libre pour ne simplement rien faire du tout, mais même là, je sais que je passerai mon temps dans mes bouquins.
Je relève la tête pour rencontrer fugacement ses yeux alors qu’un nouveau sourire se dessine sur mes lèvres. C’est tout ce que je voulais entendre, honnêtement, que ça comptait pour elle, qu’on se voie. La suite me fait grimacer et je ne sais pas exactement si j’ai envie d’en savoir plus, mais je suis quand même contente d’avoir pu l’aider, même savoir précisément comment et contre quoi.

- Je ne savais pas… mais je suis soulagée de savoir que j’ai pu t’aider simplement en venant.

Le cadre lui-même en valait la peine, mais avoir pu créer un lien avec Heidi ça vaut largement la fatigue et le trajet jusqu’ici. Je ne sais même pas pourquoi j’ai envie de l’aider comme ça, après tout je la connais à peine et rien de ce qu’elle a pu montrer au début n’était engageant. Peut-être que moi aussi, j’ai besoin d’une personne de plus. Peut-être que c’est purement égoïste et que j’espère intérieurement qu’elle pourra m’aider aussi, d’une manière ou d’une autre. Peut-être que je cherche encore un semblant de normalité dans ma vie qui n’a rien de banale malgré la routine qui a fini par s’installer une fois de plus.

J’aurai aimé qu’elle ne m’appelle pas en désespoir de cause, évidemment, mais au moins elle l’a fait et c’est plus que je n’attendais. Jamais je n’attendais sérieusement son message, mais au-delà de la surprise, j’ai eu le sentiment d’avoir pu aider quelqu’un, même un tout petit peu. Et m’aider aussi, par la même occasion.

- Tu sais, je… J’ai pas tant d’amis que ça, même plutôt peu, en fait… Enfin… ce que je veux dire, c’est que je suis réellement contente que tu me fasses assez confiance pour ça et qu’on puisse l’être.

C’est devenu tellement difficile de m’adapter à ceux qui ont mon âge, honnêtement. Je n’arrive simplement pas à m’intéresser à leurs histoires qui me semblent aussi inconsistante que ridicule. T’as couché avec machine, super et alors ? T’as acheté un truc qui a coûté un bras ? Cool, t’aurais dû garder l’argent pour autre chose. T’as séché les cours ? Wow, t’es trop rebelle, putain tu me fais vomir tellement t’es con. Je me secoue un peu. Ce n’est pas le moment de repenser à ces abrutis, plutôt me concentrer sur le présent.

- Tu as mon numéro, mon adresse, alors tu me contactes quand tu veux. On peut aller manger un morceau un de ces quatre, ou autre chose, je ne suis pas difficile.

Loin de là, même. Juste passer l’après-midi à écouter de la musique sans rien faire d’autre de constructif ça constituerait une distraction suffisante pour me donner l’impression que l’a journée était exceptionnelle. Ça en serait presque triste si je le faisais toute seule, ce que je n’ai pas le temps de faire. Peut-être qu’Heidi me servira d’excuse pour ça. L’idée me fait sourire, avant qu’un frisson ne me prenne. Au vu de l’heure, je vais rentrer et m’effondrer tout simplement.

- Je ne vais pas tarder à y aller, je dois encore rentrer… Tu habites dans le coin ? ça va aller pour rentrer ?

je devrais m’occuper de mon cas, plutôt. Parce qu’en voyant l’heure, je ne suis même pas certaine que les bus passent encore et il est bien trop tard pour appeler Rica pour qu’elle passe me prendre comme elle le fait des fois le vendredi en sortant des cours. Dans le pire des cas, je rentrerai à pied. Voilà une idée qui ne m’enchante pas du tout…
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Lun 20 Déc - 12:22 (#)




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Le Rising Sun Bar, Novembre 2020
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C
’est drôle, à défaut d’un autre mot, de voir à quel point une situation peut être aussi rassurante que déprimante à tes yeux. Drôle à quel point tu n’es pas capable de profiter plus de quelques minutes sans ensuite trouver toi-même un moyen de te laisser aller au pessimisme. Pour toi, ce soir, Anaïs brille par sa patience, sa générosité et son abnégation ; et toi, à côté, à quoi est-ce que tu ressembles ? Tu n’as jamais eu aucune de ces qualités, et sans doute aucune de celles que la jeune femme devant toi possède et que tu n’as pas citées. Elle est une meilleure personne que toi, et tu la jalouses pour ça, et alors tu te détestes pour la jalouser tout en te détestant de te détester. C’est un cycle qui semble sans fin et duquel tu n’arrives pas à te sortir malgré tous les efforts que tu y emploies.
Tu chasses de ton mieux ces idées vaporeuses de ton esprit comme on chasse une fumée maligne à mains nues. On brasse de l’air, on s’épuise, tout ça pour une maigre bouffée d’oxygène avant que l’on se retrouve à nouveau en apnée, entouré de chimères toxiques.

Lorsqu’elle t’avoue ne pas avoir beaucoup d’amis, ton regard cesse de s’égarer dans le vide et trouve un court instant le visage de ta nouvelle amie. Tu es sincèrement surprise, tu t’étais imaginé pendant les quelques minutes durant lesquelles tu n’as pas été hostile à son égard qu’une fille comme elle devait en avoir des tas, peut-être même trop. Jamais une seconde tu n’as pensé qu’elle pourrait elle aussi manquer de contact amical. Au final, ça ne fait que renforcer ce sentiment de redevance. Un jour toi aussi tu seras là pour l’aider.
Un jour, toujours un jour. Il faudra bien que ce jour vienne. Un jour.

La soirée touche à sa fin, et il va donc être temps de rentrer, comme Anaïs le souligne.

« T’en fais pas pour moi, je suis pas loin mais j’ai pas peur de me balader seule la nuit. Je sais me défendre. »

Un sourire un peu forcé apparaît sur tes lèvres un bref instant en te rappelant comment tu as obtenu son numéro, la démonstration de violence banalisée que tu lui as offerte sans la consulter. Tu es dérangée, mais c’est pour ton propre bien, tu le seras jusqu’à ce que tu n’aies plus à l’être.
Or, tu songes ensuite à ses propos précédents. Son adresse, bien sûr que tu la connais. Elle ne te l’a jamais donnée, bien parce que vous étiez voisines, tout simplement. Tu as eu tendance à laisser de côté tous les souvenirs relatifs à ta vie de misère dans ces bâtiments crasseux où elle doit sans doute encore résider. Ils sont loin d’ici, et tu réalises enfin tout l’effort que ça a été pour elle que de passer te voir.

« Tu es toujours aux Kingstons ? »

La question est rhétorique, seulement existante pour te donner un peu plus de temps pour penser à la bonne chose à faire et à dire. Si tu ne crains pas pour ta propre sécurité, tu crains pour celle de la jeune rousse qui te fait face. Elle a l’air innocente, frêle, presque sans défense. Peu sûre de toi, tu reprends tout de même la parole.

« Tu… veux que je te raccompagne ? Au moins jusqu’au bus, et jusque chez toi s’il y en a plus. »

C’est un peu ta responsabilité, au final. En fait, c’est totalement ta responsabilité. Tu es sur le chemin pour devenir une adulte, et c’est ce que les adultes font : prendre leurs responsabilités. Tu enchaînes rapidement, anticipant déjà une potentielle réponse et une politesse que paradoxalement tu n’aurais pas été capable d’avoir.

« Si je te le propose c’est que ça me dérange pas, à toi de voir. »

Faire le chemin toutes les deux à pied dans le silence tout relatif de la nuit, simplement vous trouver côte à côte et vous accoutumer l’une à l’autre, ça ferait sans doute progresser un peu ta mentalité. C’est un premier pas vers un potentiel rapprochement. Un premier pas prudent, opportuniste, mais un premier pas tout de même.


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Baby Chaos - Là où je passe, la paix trépasse.
Anaïs Wilhm
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Baby Chaos - Là où je passe, la paix trépasse.
A SONG OF BLOOD

En un mot : Outre en perdition
Qui es-tu ? : *Un esprit traumatisé par la cruauté de ceux qu'elle pensait être ses camarades, à jamais marqué par l'absurdité de la violence humaine.
* Fille émancipée d'une famille humaine qu'elle a fui pour sa propre sécurité. Outre dans un monde d'humains qui ne cherchaient pas à la comprendre, juste à la plier au conformisme réconfortant de la normalité.
* Apprentie curieuse et consciencieuse de Daphné Calabrezzi. S'est lancée sur la voie du chamanisme, marchant dans les pas de sa mentore avec patience et détermination, persuadée d'avoir trouvé la voie qu'il lui fallait.
* Inscrite à la LSU, en médecine. Malgré un dossier scolaire chaotique à cause d'une année de fugue, se démène pour prouver, aux autres et à elle-même, qu'elle réussira.
Facultés : *Hémokinésie, contrôle du fluide vital
*Apprentie chamane, amie des loups et des gitans
*Etudiante en médecine, acharnée et consciencieuse, pleine de projets en tête.
*Musicienne et chanteuse amateur ne sortant jamais sans son casque. Danseuse du dimanche. Incollable sur la musique, sa passion, son refuge.
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Lun 10 Jan - 16:22 (#)



Le bilan de cette soirée est positif. Bien plus que je ne l’avais imaginé en venant. Un moment loin de mes problèmes, à écouter de la musique puis cette jeune femme qui m’a bien vite donné envie de proposer mon aide. Et plus que cela, maintenant. Peut-être que le comportement de certains commencent à déteindre sur moi, mais je n’avais pas envie de la laisser seule avec ses problèmes, même si je ne connais que ce qu’elle veut bien me dire. Pas grand-chose, en définitif. Elle reste en partie une énigme, mais une énigme qui se dévoile peu à peu d’elle-même ; C’est la seule chose qui compte, honnêtement.

Je ne peux m’empêcher de sourire lorsqu’elle me fixe un instant, surprise par mes propos. Ai-je vraiment cette aura d’avoir énormément d’amis ? Comme ces types qui semblent attirer la sympathie de n’importe qui partout où il pose le pied. Ce n’est pas mon cas, ça ne l’a jamais été à vrai dire. Avant, je me forçai presque pour être avec celles que je voyais comme des amies. Je me conformais à ce qu’elles imaginaient, mais je restai la rouquine cachée sous son casque et derrière ses bouquins, plutôt que la fille populaire à qui on cherche tout le temps à parler avec. Ça n’a jamais été mon truc. J’aime mon confort rassurant, encore plus aujourd’hui.

Un rictus amusé étire mes lèvres lorsqu’elle affirme être capable de se débrouiller. Je n’en ai pas vraiment douté, à vrai dire. J’ai encore le souvenir de son arrivée héroïque quand ce type est venu m’ennuyer devant les Kingston. Peut-être que je devrais sérieusement songer à prendre des cours de self-défense, ne serait-ce que pour rassurer tout le monde lorsque je rentre alors que le soleil est couché. La ville n’a jamais été sûre, et l’atmosphère qui y règne depuis ces derniers mois n’arrange rien à la paranoïa ambiante. Ça et ma propre paranoïa et cette constante impression d’avoir des yeux vissés sur ma nuque chaque fois que je mets le moindre orteil dehors. Je ne sais me pas si j’ai envie de vraiment découvrir si tout cela est réel ou une simple réaction nerveuse sans fondement dû au manque de sommeil et à la crainte constante que quelque chose me tombe encore sur le coin de la figure.

- Oui, j’y suis toujours.

Je n’ai pas vraiment le choix à vrai dire. Je n’ai pas envie de déménager et pas sûre d’avoir les moyens de le faire de toute façon. J’ai mes marques sur place et, aussi pourri que le quartier soit, j’ai un endroit à moi et ça me convient très bien. Peu importe que l’immeuble soit vieux, la douche minuscule et que les fenêtres dissipent bien mal la rumeur de la rue. J’aime cet appartement.

- Oh euh… ouais, d’accord. C’est gentil.

Je ne m’y attendais pas vraiment, mais la surprise est bienvenue. Fouillant dans mon sac, je tire de quoi payer ma consommation avant de me lever. J’apprécie l’effort d’Heidi, sur ce coup. Non pas que l’arrêt d bus soit loin, mais le simple fait qu’elle me propose de m’accompagner en dit suffisamment. Je n’ajoute rien avant qu’on ne soit finalement dehors, dans la rue éclairée par les lumières blafardes des lampadaires et les devantures parfois encore éclairées de certaines enseignes. De nuit, al ville a une atmosphère encore plus inquiétante que de jour et j’ai beau avoir eu l’occasion de sortir de nuit, je le fais de moins en moins. Par peur, par prudence. Accompagnée ou non, j’aurai toujours en tête cette nuit qui ne cesse de remonter à la surface et qui me fait parfois me figer au milieu de la rue en ayant l’impression d’y être à nouveau sans raison.

Je cligne des yeux, frissonne et resserre mon manteau autour de moi, remontant le col pour couvrir mon cou avant d’entamer le chemin jusqu’à l’arrêt de plus le plus proche. Je ne sais pas trop quoi dire de plus à présent. Je ne sais pas si elle attend quelque chose de moi alors qu’on marche dans le silence parfois perturbé par le passage d’une voiture. Je la regarde en biais, mais cela ne m’apprend rien de particulier. Je soupire lentement, un fin sourire étirant tout de même mes lèvres.

- Dis… la prochaine fois que tu rejoues, tu pourras me prévenir ? Que je vienne.

Je n’ai pas envie de définir une date précise ou e lui dire qu’on se verra souvent, parce que rien n’est moins sûr. Elle a sa vie, j’ai la mienne et aucune de nous deux ne pourra être tout le temps libre pour voir l’autre, mais si je peux la voir jouer et profiter du moment comme ce fut le cas ce soir, ce serait une bouffée d’air nouveau dans mon quotidien. Heidi est musicienne, j’adore la musique, on doit bien pouvoir s’entendre sur au moins ce sujet-là.

- C’était vraiment chouette ce soir, j’aimerais retenter l’expérience, surtout si tu m’accompagnes à l’arrêt de bus après.

Je souris en la regardant, sincèrement reconnaissante qu’elle ait eu ce petit geste de rien alors que je sentais bien qu’elle ne savait pas trop comment agir. C’est presque trop vite que l’arrêt de bus se profile, et avec lui la fin de la soirée et de la bulle qu’a été la fin de cette journée. Encore quelques minutes avant de repartir et de reprendre la routine habituelle. Juste assez pour terminer la soirée sur une note douce.

- Merci, de m’avoir contacté. J’avais besoin de changer d’air et ça m’a fait plaisir d’avoir de tes nouvelles après ton départ. Je sais qu’on n’a pas été sur la même longueur d’onde au début, mais… je suis contente qu’on puisse discuter maintenant.

Même si elle n’est guère bavarde et que j’ai l’impression d’avoir fait la plus grande partie de la conversation. C’est elle qui a pris la décision la plus délicate, pas moi. Ça ne me coûte rien de lui parler, alors que j’ai bien vu à quel point cela semblait lui écorcher la gorge, au début. Ce qui n’est plus le cas. Il y a encore cette hésitation latente qui imprime certains de ses gestes ou la façon dont elle semble mesurer soigneusement ce qu’elle veut dire avant de parler. J’espère qu’elle saura être plus libre au fur et à mesure. Qu’elle saura se lâcher, et être elle-même quand elle est avec moi. C’est tout ce que je lui souhaite. Et c’est pourquoi je suis venue ce soir.  Pour l’entendre. Et qu’elle joue du jazz, c’est juste une plaisante surprise.
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Anonymous
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Ven 21 Jan - 15:14 (#)




Two Roses

Le Rising Sun Bar, Novembre 2020
ft. Anaïs Wilhm



C
’est triste qu’elle soit encore dans ce trou à rats. Les Kingston Buildings sont un taudis empestant la pisse, la bière tiède et encore beaucoup d’autres effluves qui te donneraient la nausée rien que de les nommer. Une gamine comme elle ne devrait pas avoir à connaître cette atmosphère ; à cet âge, tout ce que l’on devrait avoir à penser c’est à quoi faire à la place de ce cours que l’on vient de sécher et quand programmer sa prochaine fête. Tu en sais quelque chose, toi qui étais là avant elle. Tu avais l’âge qu’elle a aujourd’hui quand tu as emménagé, fuyant d’abord ta famille puis ce foyer qui t’a pourtant ouvert les bras lorsque personne d’autre ne l’a fait et qui t’a évité bien des nuits à la belle étoile. Tu te demandes s’il est toujours ouvert, et si les jeunes là-bas ont toujours les mêmes cicatrices ; si le bruit des pleurs hante toujours les couloirs du dortoir.

Le prix de l’indépendance est élevé, et plus les années passent, plus cet investissement te semble futile.
 
Et alors, vous voilà dehors. Vous prenez la direction de l’arrêt de bus tandis que le silence relatif du bar laisse la place au silence relatif de la rue. Que serait-il normal de faire dans un moment pareil ? Parler pour combler le vide ? Et pour dire quoi ? Tu n’en as aucune idée, et tu préfères encore de très loin le silence à la parole. Peut-être ironique pour une musicienne d’apprécier à ce point les moments où il n’y a rien à entendre d’autre que le vague fond sonore de la ville. Finalement et sans énormément de surprise, c’est Anaïs qui se charge de prendre la parole en laissant quelques mots aimables s’évaporer dans l’atmosphère presque hivernale. Il te faudra bien quelques dizaines de mètres avant de lui répondre ; le temps de trouver les mots justes et peut-être aussi pour ne pas parler par-dessus les échos de sa voix juvénile.
Du coin de l’œil, tu la vois sourire, et ça te déstabilise, en un sens. Tu n’es pas capable de le faire aussi souvent et aussi naturellement. La plupart du temps, ce sera pour afficher une fierté bien dérisoire après t’être targuée d’une remarque sarcastique cinglante ; et dans d’autres rares occasions, ce sera pour manifester quelque chose qui ressemble à un peu de bonheur, comme avec elle ce soir. Un sourire tel que le sien se serait chez toi bien caché derrière une épaule et une paire de bras croisés.
 
« D’accord. »
 
Un seul mot, mais qui a le mérite de constituer une phrase complète. As-tu pourtant besoin d’en dire plus ? D’accord ça veut dire oui, ça veut dire que tu veux bien, ça veut dire que tu t’engages et que tu te portes garante de ce futur en commun auquel tu as consenti et que tu as appelé de tes vœux. D’accord, c’est tout simplement tout. Tu la préviendras, et peut-être que cette fois vous pourrez discuter d’autre chose.
Ça n’est pas souvent qu’on demande à te revoir, tu pourrais presque t’y habituer. Il faut dire que c’est peut-être la première fois en dix, sinon quinze ans que tu ne fais pas en sorte de paraître absolument antisociale. La marche à suivre pour se faire des amis n’est pas longue, finalement. Il se trouve juste que la seule étape requiert de toi des efforts dont tu es terrifiée qu’ils soient balayés.
 
Pas sur la même longueur d’onde, est-ce là un euphémisme pour te signifier que tu as été une sale conne ? Possiblement, et elle aurait sans doute raison de le penser. Mais sous la lumière pâle des réverbères ce soir, tu peux enfin dire que tu as changé, et les mots d’Anaïs en sont la preuve. Une récompense immédiate pour avoir réussi à t’ouvrir à une autre mortelle. Longuement, tu expires en guettant les environs du coin des yeux. Tu ferais mieux de t’habituer à la douceur, parce que c’est pour ça que tu t’es battue.
Tu finis par retrouver son regard alors que tu vois les phares du bus balayer le lointain.
 
« Contente d’avoir pu t’aider aussi. A une prochaine fois alors, j’imagine ? »
 
Et alors qu’elle embarque dans l’engin, tu restes un instant sur place, la tête enfoncée dans les épaules pour te tenir chaud. Brièvement, tu sors ta main de ta poche pour lui faire signe à travers la vitre, et tu reprends la direction opposée pour rentrer chez toi. Une prochaine fois, tu as vraiment dit ça ? Qui aurait cru que les gens étaient capable de changer autant ? 

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