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Per un anello... P.V. Kiernan

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Jeu 1 Juil - 18:06 (#)



Per un anello

« Tutti i guai dell’uomo derivano dal non saper stare fermo in una stanza. » - Blaise Pascal

En huit cents ans d'existence, la magie n'a jamais cessé de l'étonner. Ou plutôt l'inventivité qui se cache derrière. Bon public, même le plus basique des tours suffit pour le surprendre et l'amuser. Les gens rivalisent de créativité et d'esprit pour parvenir à aller plus loin dans l'illusion, à faire plus grand. Il y a une différence fondamentale entre cette magie "matérielle" et celle des véritables arcanistes et sorciers, reliés au monde spirituel : le goût du spectacle.

Nicola préfère cet univers matérialiste, où chaque tour a son explication et son astuce. C'est simple et à la portée de tout le monde, avec un peu d'entraînement. Il reste ancré dans la réalité, loin de considérations éthiques ou de réflexions profondes et philosophiques. C'est un secret connu seulement de quelques proches : la magie effraie Nicola. C'est ironique, venant d'une créature dont l'existence-même confirme la réalité du surnaturel.Pourtant, c'est un univers qui lui échappe totalement, avec lequel il n'a aucun lien direct. Certes, il a croisé le chemin de quelques sorciers, mages et chamans, de ces gens reliés à l'au-delà : ces rencontres l'ont conforté dans sa position de méfiance teintée de crainte envers l'inconnu.

La magie, c'est comme le feu : quand on ne maîtrise pas, on n'y touche pas.

Alors il fait de son mieux pour s'en tenir éloigné. En tout cas, de la magie spirituelle.

Ce soir, il est à peine 23 heures, les rues sont animées, les gens vont et viennent entre les bars et les restaurants. Il flâne accompagné par Anas, qui a accepté de servir de verre par proxy. Ils ne sont pas pressés : ils prennent le temps de s'arrêter devant les démonstrations variées que leur proposent différents artistes. Chanteurs, musiciens, danseurs, jongleurs... Et maintenant, un magicien. Un prestidigitateur en fait, lui souffle à l'oreille son ami en cachant mal son amusement. Nicola hausse les épaules, peu soucieux d'employer le bon terme.

L'Italien, malgré son âge qui défie la nature elle-même, se fond tout à fait dans la masse, avec son petit mètre soixante-dix-huit et sa dégaine passe-partout. Comme l'hiver est là, personne ne s'inquiète de sa peau pâle. De toute manière, ce n'est pas lui qu'on regarde : le prestidigitateur enchaîne les tours, il annonce le prochain à renfort de grands gestes et d'un discours ampoulé. Nicola attend, pressé de découvrir ce qui suivra ce prélude.

Un contact répété avec son coude détourne son attention de la scène improvisée. Il fronce les sourcils alors qu'Anas continue, la tête tournée vers un tout autre spectacle, se moquant de le déranger dans le sien. Après avoir grogné, agacé, il suit le regard de son compagnon.

Un pickpocket s'est glissé parmi les spectateurs et fait sa récolte. L'antiquité arbore une moue appréciative alors qu'il l'observe accomplir sa besogne avec une dextérité louable. ça n'a rien d'une danse, la femme n'hésite pas à bousculer certaines de ses victimes pour ensuite s'excuser platement et repartir un peu plus chargée encore. Après qu'elle ait détroussé une jeune femme, Nicola s'en désintéresse lorsque l'artiste lance sa formule magique sur son chapeau haut-de-forme.

C'est Anas qui le dérange en lui demandant de faire quelque chose. Nicola s'échappe de sa prise sur son coude et râle en arabe que ça ne le concerne pas. Il ne veut pas rater une miette du spectacle. Comment fait-il au juste pour qu'une colombe apparaisse de son chapeau, hein ? L'autre s'offusque. Leur discussion attire des coups d'yeux mécontents, voir carrément soupçonneux. Les deux hommes changent de langue dans un accord tacite pour éviter d'éventuels problèmes. Autour d'eux, les gens détroussés commencent à froncer des sourcils et à tâter leurs poches, à la recherche d'un poids ou d'une forme familière. Anas insiste : apparemment, puisqu'ils ont été témoins, il est de leur devoir de citoyen de faire quelque chose. Nicola lève les yeux au ciel, conscient que ce "on" signifie surtout "lui".

S'ensuit un duel muet entre les deux hommes, pendant que des exclamations outrées ou paniquées se font entendre un peu partout autour d'eux alors que les gens tâtent leurs poches à la recherche d'un poids ou d'une forme en particulier.

Nicola croise les bras. Anas s'étire de tout son long, devenant une liane sèche et solide, pour le toiser de son mètre quatre-vingt-dix. A côté d'eux, les gens s'interrogent mutuellement. Quelqu'un a-t-il vu le coupable ? Quelqu'un peut-il faire quelque chose ?

Il pourrait. Mais pourquoi ?


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Jeu 1 Juil - 23:06 (#)


 
Per un anello

Nicola - Kiernan



Nom sans équivoque, le Bazzart’s Wizard avait tout d’une boutique vaudou cachée entre deux rues peu engageantes. La devanture ne payait pas de mine et il n’aurait pas été étonnant de trouver des pattes de poulets ou des têtes réduites suspendues dans la vitrine. Cependant, le magasin se voulait plus discret ces derniers temps. L’hiver apportait son lot de festivités pour toutes les croyances. Là ou les grandes enseignes brillaient de milles et une guirlande, la boutique de magie n’était éclairé que par quelques lampions aux éclats timides et vacillants. L’intérêt des riverains avoisinait le zéro. Par moment, quelques curieux faisaient une halte devant l’étrange enseigne. Véritable musée des bizarreries, les plus téméraires prenaient le temps de rentrer, flânant à travers les allées, s’arrêtant devant les présentoirs regorgeant de grigri en tout genre : patte de lapins, talisman pour faire fortune ou bien pour trouver l’amour, il y avait même des sachets de toile censés apporter le Mauvais Œil. Des attrapes touristes. Cela fonctionnait … Par crédulité ou simple envie d’un souvenir singulier, la majorité des visiteurs ressortait avec sa petite étrangeté dans la poche.

En dehors de ces néophytes, Kiernan partageait les corridors exigus de la boutique avec une autre cliente. L’inconnue garnissait son panier de bâtons de fumigation fait de pin et de genévrier, de branches de houx, de baies de sorbier et de bougies. Elle y ajoutait des herbes séchées et diverses épices telles que la cannelle et des clous de girofle. A son aura et son choix d’articles – et surtout à la période de l’année - la chamane la devinait wiccane. Bien qu’elle ne soit pas adepte de cette religion, la jeune femme savait que la célébration de Yule battait son plein dans les chaumières wiccanes. Certains fêtaient Noel et la nouvelle année à venir, d’autres célébraient le feu du soleil, la chaleur et la lumière qui revenaient à la terre pour s’éveiller à nouveau. Pour Kiernan, il n’y avait ni l’un, ni l’autre. Bien entendu, comme tout à chacun elle appréciait l’ambiance que ces fêtes apportait. Elle l’appréciait d’autant plus quand la neige commençait à poindre. Elle avait toujours été dans son cœur et elle lui rappelait la terre qui l’avait vu naitre. Mais sa tribu ne célébrait pas les fêtes chrétiennes et c’était une toute autre raison qui l’avait guidée chez Bazzart’s Wizard. Non, ce soir elle était en mission !

Jouant les pieds de grue devant la vitrine de pierres précieuses, Kiernan était indécise comme bien souvent. Elle cherchait une pierre précise ! C’était un problème cornélien pour elle de choisir ! Choisir ne signifiait pas renoncer comme on pourrait le croire pour la jeune femme. Mais elle voulait faire le bon choix, si toutefois il en existait un mauvais. « Mademoiselle, nous fermons dans cinq minutes, vous avez fait votre choix ? » Comment ? Quoi ? Déjà ? Quelle heure était-il au juste ? 22 :55. La Vargamor s’était laissé surprendre par le temps et se retrouver peiner de devoir se tâter, et en même temps elle ne pouvait pas partir sans sa pierre ! Elle en avait besoin pour terminer la confection de son bracelet. A mi-chemin entre le talisman et le cadeau, ce bracelet était destiné à Joaquin. Dans sa culture, offrir un présent avait une signification très importante et lourde de sens. Ce n’était pas simplement pour faire plaisir ou pour dire merci – et encore moins pour s’excuser-, c’était un véritable symbole ! A travers cette possession, on transmettait ses sentiments à l’autre, qu’il soit amoureux ou parfaitement affectif. Ce bijou serait également le support d’un sortilège de protection, aussi le choix du noyau était capital ! La main guidait par sa foi et les esprits, son ongle tapotait la vitre au-dessus d’un lapis-lazuli.

La vendeuse soupirait de soulagement devant son choix ! Foutre une cliente à la porte, ce n’était pas top quand même. Glissant le petit sachet dans la poche intérieur de son sac, Kiernan retrouvait l’air frais, pour ne pas dire froid, de la nuit. Suivant machinalement la rue principale, elle profitait du calme environnant et de la fraicheur hivernale. Enfant de l’hiver, les températures négatives ne l’avaient jamais vraiment gênée. Le sourire aux lèvres, elle adoptait une allure lente, observant les passants qui s’emmitouflaient dans leurs épais manteaux et leur échappe de laines. Elle devait avoir drôle d’allure à côté d’eux, avec sa parka ouverte sur une robe bordeaux, une paire de collant noir en laine et un simple bonnet. Quelque peu nonchalante, elle trainait ses bottes en glissant ses mains dans les poches de son blouson, elle n’avait pas envie de rentrer pour le moment. Elle était bien dehors, bercée par l’agitation de la rue voisine. Ses pas l’y emmenaient presque instinctivement.

La circulation dans la rue avait été coupée pour accueillir une petite troupe de magiciens itinérants. Ce genre de spectacle attirait souvent du monde. Et pour cause, il y avait un joli petit attroupement devant l’estrade principale. Un magicien se tenait en son centre, affublait de son uniforme digne des plus beaux clichés et de son haute-forme. Attirée comme un papillon par la lumière, la Tlingit s’approchait pour se mêler à la foule. Le champ d’auras devant la scène était un véritable kaléidoscope auquel elle fermait la porte. Pour ce soir, elle pouvait bien se passer de savoir qui était quoi. Ce n’était pas tellement important près tout. Sur sa petite estrade, le magicien sortait des lapins de son chapeau et faisait disparaitre des colombes. Alors qu’elle regardait ces illusions d’un œil complètement septique, elle repensait à un film qu’elle avait vu avec Levy il y a quelques années de cela. Le Prestige … Bon antidote contre la bêtise de cette magie factice.

Une bousculade l’arrachait à ses pensées. Elle se stabilisait en faisant un pas un arrière, observant la femme qui venait de la percuter. L’inconnue lui adressait son plus beau sourire avant de s’excuser d’être gauche. Kiernan lui retournait son sourire, lui indiquant que ce n’était rien. L’inconnue s’éloignait sans plus de cérémonie. Rapidement, la Vargamor était envahie par une sensation de …. De vide peut-être ? Elle fronçait les sourcils, regardant la foule avant de passer son pouce sur son annuaire gauche par réflexe. Elle avait gagné cette habitude en même temps qu'elle avait reçue sa bague à l’issue de son voyage initiatique au cœur de son âme. Au bout de sa phalange : rien. Le vide. Comment ça vide ?! Précipitamment, la Tlingit levait sa main à hauteur d’œil, observant son doigt dépourvu de bijou. Ses yeux s’écarquillaient d’effroi. Où ? Ou elle était ?! Elle l’avait perdu ?! Dans la boutique peut-être ?... L’angoisse lui tordait le ventre tandis que la panique affolait son palpitant. Soudainement, la lumière s’allumait. La femme. Çà ne pouvait être qu’elle ! Se frayant un chemin à travers la 'marais humaine', Kiernan empruntait le même chemin que la voleuse, cherchant son visage à travers la foule, repoussant les gens en s’excusant d’un simple murmure inaudible.

Dans la précipitation, elle évitait de justesse un homme pour en percuter un second de plein fouet. Elle grimaçait à l’impact. « Excusez-moi je … Je cherchais quelqu’un … Vous n’auriez pas vu une femme … » Très pertinent comme question ! Kiernan cherchait à rassembler ses souvenirs pour une description plus juste mais tout était allé si vite … « Elle … Elle prenait la fuite, je crois ? »

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Mer 21 Juil - 18:26 (#)



Per un anello

« Tutti i guai dell’uomo derivano dal non saper stare fermo in una stanza. » - Blaise Pascal

Absorbés par leur confrontation muette, Anas et Nicola ignorent la marée montante de panique qui s’empare lentement de la foule. Aucun des deux ne souhaite concéder la victoire à l’autre. De manière tout à fait surprenante, Anas soutient le regard bleu électrique sans frémir. Il a eu le temps de s’habituer à ces yeux froids et durs depuis l’arrivée de leur propriétaire dans le club clandestin. L’humain n’oserait jamais prétendre qu’il se sent en parfaite sécurité avec l’antiquité qui se tient en face de lui, mais il a l’audace de penser qu’il ne lui fera pas de mal. En tout cas, pas devant autant d’humains. Et il aime même croire qu’une amitié virile s’est nouée entre eux. Anas sait, suite à des conjonctures, des hypothèses et des observations, que Nicola apprécie sa compagnie. Il ne l’a vu violent, animal seulement sur le ring de leur club clandestin, face à des cibles désignées et connaissant les dangers.

Le basané réaffirme sa position en relevant légèrement le menton. Il pense être proche du moment où son aîné fléchira et mettra ses dons au service du bien commun. La victoire est là, il peut déjà presque la sentir et… Brusquement, on le bouscule. Le contact visuel est rompu. Anas comprend immédiatement que tout est perdu.

Ce n’est pas lui qui remet d’aplomb la demoiselle qui s’est cognée à lui. Le vampire, serein, la soutient un court instant par le coude, et écoute la description plus que succincte du pick-pocket. A aucun moment il ne donne l’impression de se sentir concerné. La pauvre tient à distance son affolement, Anas se demande immédiatement ce qu’elle a pu perdre. Son porte-monnaie peut-être ? Ses pensées volent vers sa fiancée, avec qui elle partage certains traits physiques : si elle perdait la moindre chose, elle serait dans tous ses états, pire encore que la jeune femme, qui conserve encore un certain calme.

Nicola, bien entendu, ne dit rien, et se tourne vers lui, attendant qu’il prenne les choses en mains. Il le laisse gérer le désarroi de sa congénère. Happé par les grands yeux de la brune, Anas sait qu’il lui est impossible de l’abandonner à sa détresse.

Sans pour autant oser poser sa main sur l’épaule de la créature mythique qui l’accompagne, il redirige l’attention sur le huit-centenaire.

- « Oui, nous l’avons vue. Nicola allait justement se lancer à sa poursuite, on peut compter sur lui pour la rattraper. Merci beaucoup ! »

Le regard assassin qu’il reçoit en réponse peut laisser douter de ce qu’il affirme sur sa démarche désintéressée. Une brève seconde, il craint d’être allé trop loin. Il ne verra probablement jamais sa jolie fiancée le rejoindre devant l’autel.

Et puis la seconde suivante, Nicola s’éloigne et s’efface dans la foule. Anas pousse un discret soupir de soulagement avant de se tourner vers la jeune femme pour lui offrir des paroles rassurantes.

L’antiquité, elle, grommelle et râle à voix basse alors qu’il guette un mouvement rapide, une allure souple qui n’est pas exactement de la marche mais pas non plus de la course. Il sera capable de la reconnaître. Vraiment, se donner du mal pour ça… Il lève les yeux au ciel, ignorant sciemment le frisson que l’anticipation d’une course-poursuite provoque. Son instinct de chasseur finit par prendre le dessus. Il fend la foule, attentif, et finit par repérer la femme, qui vient tout juste de s’extirper de la marée humaine.

En quelques enjambées, il arrive à sa hauteur et la saisit par le bras. Dès que ses yeux verts croisent les siens,  elle est à sa merci, prisonnière comme un insecte dans une toile d’araignée. Le vampire se fend d’un sourire aimable alors qu’il lui ordonne calmement de vider ses poches. Sous la contrainte, la pick-pocket s’exécute. Portes-monnaies, montres et bagues passent dans celles du vieil Italien.

Alors qu’il hésite sur la marche à suivre, s’il devrait se charger lui-même de la punition de la voleuse ou la laisser filer, Anas réapparaît. Nicola, agacé, soupire. Le voilà qui va encore se faire la voix de la raison ? Sans lâcher la voleuse, il agite un des portes-monnaies devant le nez de son compagnon et le prend à partie sur un ton où on sent poindre l’énervement.

- « Voilà, je les ai récupéré… Et comment vas-tu faire maintenant, hein, pour rendre tout ça à leurs propriétaires respectifs ? Bonne chance pour gérer la distribution. - il se tourne ensuite vers la jeune femme qui a sollicité leur aide et fait un geste large de la main, comme s’il l’invitait à choisir parmi les objets. - Qu’avez-vous perdu ? Vous avez de la chance, je viens de renflouer les stocks, le choix est large. - il secoue ensuite le bras de sa prisonnière, qui commence à se débattre contre sa poigne. - De mon temps, on coupait une main au voleur. J’ai cru comprendre que c’est une pratique qui a été abandonnée, n’est-ce pas ? J’en fais quoi ? »


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Mar 27 Juil - 21:48 (#)


 
Per un anello

Nicola - Kiernan



Le palpitant dans tous ses états, Kiernan sentait la panique grimper à mesure que le temps défilait. Plus elle tardait à retrouver son bien et plus il s’éloignait irrémédiablement de son doigt. Perdre cet anneau était véritablement inconcevable pour elle. Il ne valait pas un clou pourtant on prenait la peine – et même le risque – de lui dérober. Pourquoi ? Quel était le but de cet odieux larcin ? Surement pas l’argent car sa seule valeur était celle que la chamane lui accordait. Aux yeux du commun des morts, on y voyait une babiole sans attrait ni pierre précieux. Pour les Kùkhhittàn, c’était le symbole de son ascension au rôle de chaman. Cet anneau à la forme de bois de cerf signifiait : Les ancêtres t’ont vu et t’acceptent. La tradition avait diverses formes en fonction du clan dans lequel on se trouvait. Pour celui des Ata’Halne, il s’agissait du don d’une bague taillée à même l’os d’un animal abattu lors d’un rite de passage. Alors que pour les Yanyèdi ou les Dèshitàn, les futurs chamans faisaient offrande de leur dos sur lequel était encrée une fresque à l’image de leur voyage initiatique. Ces tatouages étaient de véritables œuvres d’arts. Le clan des loups et des castors avaient un savoir-faire ancestral à faire pâlir les plus prodigieux graffeurs modernes. Quant aux tribus Ishkìtàn et Dakhl’awèdi, autrement appelée grenouille et aigle, leur rituel n’avait rien de matériel, c’était plus … trivial. Le récompensé avait gagné le droit de conquérir la femme de son choix. Pour conquête, il fallait comprendre déflorer. Sachant cela, Kiernan était d’autant plus fière d’être née sous le signe du corbeau …

Quoiqu’il en soit, se faire subtiliser son anneau était une honte pour elle. Une source de déshonneur. Déshonneur sur elle, déshonneur sur sa famille, déshonneur sur sa vache. En plus de ce déshonneur maintes fois nommé, la jeune femme se retrouvait devenir gauche. Elle percutait les passants, s’excusant dans un murmure à peine audible, quand elle ne jouait pas des coudes pour se faufiler à travers la foule. Le dernier impact était frontal et la fit chanceler. Fort heureusement, l’homme percutait été assez aimable pour la retenir par le coude au lieu de la laisser choir. Elle lui adressait un sourire de remerciement avant de se confronter à sa presque froideur. Il semblait …. ailleurs, présent sans vraiment l’être, se sentant peu, voir pas, concerné par le remue-ménage soudain. Son manque d’intérêt l’a frappée d’une bien curieuse façon. Elle se sentait presque triste pour lui, le trouvant inanimé et vide parmi la foule grouillante de vie et d’agitation. Contrastant avec le barbu, son acolyte lui accordait son attention, l’interrogeant sur ce qu’elle avait égaré. « Ma bague. » Elle présentait sa main vide de son attirail habituel. « Elle n’est précieuse en aucune façon mais sa valeur sentimentale n’est égale à aucune autre ! » Malgré son angoisse naissante, la chamane faisait preuve d’un calme remarquable. Elle se félicitait elle-même car elle était d’une nature plutôt émotive. Peut-être ne réalisait-elle pas encore l’impact et les conséquences de cette perte.

Sensible à sa detresse, l’individu se tournait vers son comparse, annonçant avoir vu le voleur et que Nicola allait s’en occuper. Oh ? Perdue entre la surprise et l’incrédulité, Kiernan posait ses yeux noirs sur le barbu, les sourcils arquaient et le regard inquisiteur. Son visage exprimait un : Il va vraiment faire cela ? Elle ne s’en cachait pas. Détaché comme il l’avait été, le revirement de situation semblait surnaturel. En guise de réponse, le nommé Nicola assassinait du regard son ami. C’était donc cela. Presque forcé à se mettre en branle, le barbu disparu dans la foule avec une aisance troublante. Curieuse, la chamane se hissait sur le bout de ses bottes en se grandissant, le cherchant du regard à travers la marée humaine. En vain. Seule avec son sauveur du jour, elle lui adressait un sourire doux, réceptive à sa bienveillance et sa gentillesse.  

Suivant docilement l’inconnu hors de la foule, Kiernan s’approchait du grand barbu. Il tenait dans sa poigne son trophée et dans son autre paume le butin de la voleuse. Montres, bijoux clinquants, porte-monnaies … Son petit pécule lui aurait assuré une soirée sereine si elle n’avait pas été prise la main dans le sac. Silencieuse mais attentive, la demoiselle écoutait l’échange entre les deux hommes. Ils se ‘disputaient’ comme un vieux couple et cela lui arrachait un rictus amusé. Après quoi, Nicolas se tournait vers elle, joignant un signe de la main pour l’inviter à se servir. Lui adressant un sourire chaleureux et reconnaissant, la jeune femme tendait délicatement la main pour repousser les objets qui n’étaient pas sien, attrapant la bague en os du bout des doigts. « Votre efficacité est remarquable Monsieur … Nicolas. » A défaut de connaitre son nom. Tirant son anneau du reste du butin, elle soufflait de soulagement. Son cœur reprenait un rythme de croisière. Enfin complète, elle passait la bague de son annuaire, appréciant la sensation rugueuse des aspérités sur sa peau. Chassée de son bonheur soudain Kiernan tiquait à la remarque de Nicolas. « De votre temps ? Vous ne semblez pas si vieux. » Vraiment ? Au risque de paraitre malpoli, la chamane le fixait, contemplant les contours de son aura sombre. Elle en avait déjà vu une semblable pas plus tard que la veille chez un dénommé Monsieur Lanuit. Ainsi, elle avait confirmation : cet homme n’était pas un homme parmi une foule d’autres hommes. Mais une créature hors-humaine comme elle-même. Et donc ? Que faire de cette petite voleuse ? La priver de sa main était bien trop moyenâgeux. « Pas besoin de sortir le couteau je crois. » annonçait-elle d’un air compatissant en désignant du doigt une voiture de police venant de de se parcker près de la foule.

Se tournant à nouveau sur la créature étrange, elle lui accordait sa pleine attention, chaleureuse malgré le froid de l’hiver. « Ce que vous avez fait pour moi est inestimable. Je ne saurais comment vous remercier. » Bien entendu, elle savait qu’elle n’était pas la source de son élan. « Bon il faut reconnaitre que votre ami vous manifestement forcé la main ... Rien ne vous forcer à partir à  la poursuite de cette voleuse. Dans ma culture, tout acte désintéressé porte toute une symbolique très importante. » Elle était son obligée. Sourire charmant aux levres, elle lui tendait la femme. « Faisons les choses dans le bon sens. Je me présente, Kiernan Ata’Halne. » La veille, elle avait également présentée sa main au Monsieur Lanuit. Au lieu d’une poignée traditionnelle, il avait embrassé ses joues en affirmant qu’ils faisaient ainsi en France. Espérons que cet homme soit américain, ou d’un tout autre lieu loin de l’hexagone de l’autre côté de la mer.



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Mar 31 Aoû - 11:32 (#)



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« Tutti i guai dell’uomo derivano dal non saper stare fermo in una stanza. » - Blaise Pascal

Si Nicola apprécia la délicatesse de la jeune femme fit preuve pour écarter les différents objets qu’il lui présentait, il se garda bien d’en laisser paraître quoi que ce soit.

Penchée sur ses mains, ignorant son regard électrique, la demoiselle se mettait sans le savoir dans une position bien vulnérable. Son parfum fleuri et féminin flotta jusqu’au nez fin du vieillard. Elle a une magnifique chevelure, aussi épaisse que feu son épouse. Le sourire chaleureux qu’elle lui avait adressé avant de se pencher avait réussi à atténuer l’agacement d’avoir été forcé à intervenir dans des affaires humaines. Son visage aux traits sévères ne changea pas d’expression, mais il relaxa sa posture.

La jeune femme se redresse avec une bague entre l’index et le pouce. Celle-ci lui tire un haussement de sourcil. Le bijou est en os plutôt qu’en un autre matériau noble, comme l’or ou l’argent. Surprenant, qu’il appartienne à une demoiselle de son genre. Il l’aurait plutôt associé à un homme. Les femmes préfèrent ce qui brillent d’ordinaire. Intrigué, Nicola pencha légèrement la tête sur le côté. Ses yeux bleus croisèrent son regard alarmé. Ah… Sa remarque n’était pas tombée dans l’oreille d’une sourde. Oups. Il tentr un sourire rassurant en fermant ses yeux, conscient du malaise qu’ils pouvaient provoquer chez ses interlocuteurs.

Lorsqu’il les rouvre, la jeune femme pointe du doigt vers une voiture de police, arrivée juste au bon moment. Nicola lance un regard vers Anas, qui hausse les épaules. Il n’est pas à l’origine de l’appel aux forces de l’ordre. Une autre bonne âme se sera dévouée. Un rien déçu de ne pouvoir punir la voleuse lui-même, Nicola tend son bras prisonnier vers son compagnon.

- « Je te laisse gérer la passation, dans ce cas. » - déclare-t-il d’un ton sans appel. Anas pousse un soupir ennuyé mais accepte sans se battre l’injonction. Il s’occupe de la criminelle et récupère également les autres objets volés.

La jeune femme attire son attention en lui offrant des remerciements pour son action alors que le basané s’éloigne d’eux, traînant derrière lui la voleuse outrée. Le vieux lui offre un sourire aimable et les chasse d’un revers de main gracieux. Il n’a pas fait ça par bonté de cœur, c’est plutôt pour avoir la paix. Et de toute façon, ça a été amusant, de jouer au chat et à la souris. Celle-ci resta figée en l’air lorsque la jeune femme lui tendit la sienne, la posture ouverte et l’air bienveillant.

Nicola tourne légèrement la tête, interloqué par le geste. Elle devrait se montrer plus méfiante, la demoiselle Ata’Halne, surtout après avoir entendu sa remarque sur la punition réservée aux voleurs de son temps. Ou est-ce justement parce qu’elle l’a entendu et compris qu’elle tient à créer un lien avec lui ? Oh… A-t-elle deviné sa nature ? Est-elle intéressée parce que sa morsure est capable d’offrir ? L’antiquité sourit avec un air entendu, piqué par la curiosité.

- « Ne me remerciez pas, mademoiselle Ata’Halne. » - prononce-t-il, son accent italien habillant d’un charme coloré les syllabes de ses mots. Il saisit doucement la main qu’elle lui tend et la serre avec délicatesse.

Elle ne porte pas de gants : la différence de température ne peut pas être plus évidente. Peut-être attribuera-t-elle cela au froid de l’hiver. Joueur, Nicola décide de lui offrir un second indice. Plutôt que de relâcher sa main, il la porte à hauteur de son torse et s’incline, effleurant de ses lèvres ses phalanges. Ce n’est pas très protocolaire : de toute évidence, au vu de l’absence d’alliance sur ses mains, la demoiselle n’est pas mariée. Ce geste aurait tout à fait inconvenant de sa part, cependant, il doute qu’elle soit au fait des conventions sociales entourant le baisemain. C’est un usage qui s’est perdu petit à petit, comme beaucoup d’autres.

Après l’avoir libérée, il pose ses mains sur ses hanches et se présente à son tour.

- « Nicola Alighieri. Vous avez eu de la chance, c’est un peu mon métier de jouer au vigilante. Rassurez-vous, je ne vous compterais pas le service. Je suis heureux d’avoir pu vous être utile. »

Il baisse la tête vers le sol, jetant au passage un coup d’œil à l’habillement de Kiernan. Plutôt léger pour un mois d’hiver.

- « Vous n’avez pas froid ? - demande-t-il naturellement en relevant son regard terriblement bleu vers son visage. Elle n’en a pas l’air, mais il ne peut pas s’empêcher de la questionner. - Vous devez être de la région. Je suis Italien, j’envie votre résistance… »

Bien sûr, c’est un beau mensonge. Nicola n’est pas vêtu comme quelqu’un de frileux. Il porte un simple caban noir ouvert sur un pull émeraude. Pas d’écharpe, pas de bonnet, pas de gants. Le froid n’est qu’une simple information pour lui. Et après ces années passées dans des climats plus qu’éprouvants, ce n’est pas Shreveport qui aura raison de lui.

- « Votre bague, c’est un cadeau ? - la questionne-t-il ensuite en pointant du doigt vers l’objet en question. Il ne peut pas s’en empêcher : sa curiosité ne connaît pas de limites. - Vous avez l’air de beaucoup y tenir. »


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